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Au jour où le gouvernement ordonne le démantèlement des camps établis illégalement et la
reconduite à la frontière de certains de leur membres, cet arrêt concernant le "droit à une vie
familiale normale" pour les ressortissants étrangers travaillant légalement sur le territoire français,
traité par le Conseil d'Etat alors réuni en Assemblée en date du 8 décembre 1978, prend toute sa
dimension.
En ce qui concerne la procédure à l'issue de laquelle trône cet arrêt, elle est relative a trois
requêtes émanant de sources distinctes, tout d'abord du Groupe d'information et de soutien des
travailleurs immigrés (GISTI), puis de la Confédération démocratique française du travail, et, enfin, de
la Confédération générale du travail. Toutes ces requêtes s'attaquant au même décret, datant du
10 novembre 1977, le Conseil d'Etat considère "qu'il y a lieu de les joindre pour qu'elles fassent
l'objet d'une même décision."
Le problème de droit tend, d'une part, à l'existence d'un principe général de droit consacrant
le droit à une vie familiale normale, notamment au travers du droit au "regroupement familial", et,
d'autre part, à la question de savoir si le décret attaqué méconnais ou non ce principe général. Ainsi,
nous pourrions le formuler de cette manière : Le droit à une vie familiale normale, et plus
particulièrement celui au regroupement familial pour les travailleurs étrangers légalement autorisés
à résider en France, est-il méconnu par le décret du 10 novembre 1977 ?
La solution retenue par le Conseil d'Etat réside tout d'abord en la reconnaissance de ce
principe général qu'est le droit à une vie familiale normale dans le préambule de la Constitution de
1946, pris en son dixième alinéa, qui dispose que : "La nation assure à l'individu et à la famille les
conditions nécessaires à leur développement", "préambule auquel se réfère la constitution du 4
octobre 1958". Il note cependant deux exceptions, qui constituent les limites de ce principe : "l'ordre
public et la protection sociale des étrangers et de leur famille". Après avoir reconnu ce principe et ses
limites, le Conseil juge que le "gouvernement ne peut interdire [͙] l'occupation d'un emploi par les
membres des familles des ressortissant étrangers". En effet, il faut mettre en lumière que la France
s'est engagée, par le biais d'accords internationaux telle que la Charte sociale européenne par
exemple, à faciliter le droit au regroupement familial. Ainsi, Le Conseil d'Etat considère que le décret
du 10 novembre 1977 viole la loi, ou tout du moins un principe général de droit, et par conséquent,
procède à son annulation.
Ensuite, il faut mettre en avant l'aberration juridique qu'aurait produit la non annulation de
ce décret, en ce que le rapprochement familial aurait été plus ou moins mis en place, mais, les
proches des travailleurs étrangers régulièrement autorisés à travailler en France, n'auraient pas eu le
droit d'occuper une place au sein de la société en ce qu'ils n'auraient pas pu exercer de profession.
Cet arrêt GISTI a connu des prolongements en ce qui concerne la jurisprudence relative au "statut
des étrangers". Ainsi, le Conseil d'Etat a condamné la politique du gouvernement en matière
d'immigration en annulant par exemple les circulaires Marcellin-Fontanet des 24 janvier et 23 février
1972. Enfin, il faut mentionner que le pouvoir jurisprudentiel du Conseil d'Etat en la matière s'est
tellement accru au fil des années qu'il exerce désormais même un "contrôle normal", en ce qu'il peut
juger lui-même de la qualité d'un ressortissant étranger à constituer ou non une menace pour l'ordre
public (arrêt Bouhsane rendu par le Conseil d'Etat réuni en section le 17 octobre 2003).

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