LES AMOURS TRAGIQUES DE PYRAME ET L’AMORE TRAGICO DI PIRAMO E
THISBE’ TISBE
I I
I1
THISBÉ, BERSIANE
THISBÉ
Du bruit et des fâcheux aujourd’hui sèparée,
Ma seule fantaisie avec moi rétirée,
Je puis ouvrir mon âme à la clarté des Cieux,
Avec la liberté de la voix et des yeux ;
Il m’est ici permis de te nommer, Pyrame,
Il m’est ici permis de t’appeler mon âme,
Mon âme, qu’ai-je dit ? c’est fort mal discourir.
Car l’âme nous fait vivre et tu me fais mourir.
Il est vrai que la mort que ton amour me livre
Est aussi seulement ce que j’appelle vivre ;
Nos esprits sans l’Amour assoupis et pesants,
Comme dans un sommeil passent nos jeunes ans.
Auparavant qu’aimer on ne sait point l’usage
Du mouvement des sens ni des traits du visage ;
Sans cette passion les plus lourds animaux
Connaîtraient mieux que nous et les biens et les maux.
Notre destin serait comme celui des arbres,
Et les beautés en nous seraient comme des marbres
En qui l’ouvrier gravant l’image des humains
Ne saurait faire agir ni les yeux ni les mains.
Un bel oeil dont l’éclat ne luit qu’à l’aventure,
C’est comme le soleil qui cachait la nature
Auparavant qu’il fût entré dans ses maisons
Et qu’il pût discerner la beauté des saisons.
Mais je crois seulement depuis l’heure première
Que l’Amour me toucha d’avoir vu la lumière,
Et que mon coeur ne vint à respirer le jour
Que de l’heure qu’il vint à soupirer d’amour ;
Et combien que le Ciel fasse couler ma vie
Dans cette passion avec un peu d’envie,
Que mille empêchement combattent mes désirs,
Et qu’un triste succès menace nos plaisirs,
Que les discords mutins d’une haine ancienne
Divisent la maison de Pyrame et la mienne,
Qu’Hommes, Ciel, temps et lieux, nuisent à mon dessein,
Je ne saurais pourtant me l’arracher du sein,
Et quand je le pourrais je serais bien marrie
Que d’un si cher tourment mon âme fût guérie.
Une telle santé me donnerait la mort,
Le penser seulement m’en fâche et me fait tort.
BERSIANE
Comment vous être ainsi de nous éloignée !
Osez-vous bien aller sans être accompagnée ?
Tout le monde au logis est en peine de vous,
Et surtout votre mère en est en grand courroux.
THISBÉ
Pourqoui cela? Ma vie est-elle si suspecte ?
BERSIANE
Non ! mais tousjours les vieux veulent qu’on les respecte ;
Vous deviez pour le moins un de nous avertir,
Faire quelque semblant que vous alliez sortir.
THISBÉ
Sais-tu pas bien que j’aime à rêver, à me taire,
Et que mon naturel est un peu solitaire?
I1
TISBE, BERSIANA
TISBE
Quest’oggi liberata da frastuoni e molestie,
qui sola in disparte con la mia fantasia,
posso aprire il mio animo alla chiarezza dei cieli,
con la libertà della voce e dei miei occhi alfine;
qui m’è permesso di nominarti, o Piramo,
qui m’è permesso di chiamarti, anima mia,
anima mia, che ho mai detto? Come ho parlato male
perché l’anima ci fa vivere e tu mi fai morire.
E’ vero che la morte che il tuo amore mi dà,
è anche solamente quello ch’io chiamo vivere;
finché pesanti e torpidi restano i nostri spiriti,
come in un sonno passano senz’amore i verdi anni.
Prima d’amare, noi non sappiamo il fine
dell’impulso dei sensi né dell’aspetto del viso;
senza questa passione gli animali più bruti
meglio di noi conoscerebbero il bene dal male.
La nostra sorte sarebbe come quella degli alberi,
e le bellezze in noi uguali a quei marmi
nei quali il lapicida, l’immagine degli uomini abbozzando,
non riesce a far muovere né le mani né gli occhi.
Un bell’occhio che splenda soltanto per caso,
è come il sole che la natura celava
prima che fosse nelle sue case entrato
e che delle stagioni la beltà discernesse.
Ma più di tutto credo che dopo la prima ora
l’amore mi colpì al vedere la luce,
e che il mio cuore prese a respirar la vita
sol dal momento in cui d’amore sospirò;
e benché il Cielo con alquanta invidia
dentro questa passione faccia fluir la mia vita,
e mille impedimenti frenino il mio anelito,
e un triste esito minacci il nostro bene,
e la discorde lotta d’un antico odio
di Piramo la casa divida dalla mia,
e uomini, Cielo, tempo e luogo, contrastino il mio scopo,
io non riuscirei pertanto a strapparmelo dal seno,
e se anche lo potessi ben triste diverrei
se d’una sì cara pena guarisse la mia anima.
Una tale salvezza mi darebbe la morte,
il pensiero soltanto m’inquieta e mi fa torto.
BERSIANA
Com’è che vi siete da noi allontanata!
Osate andar tranquilla senz’essere accompagnata?
A casa tutti quanti sono in pena per voi,
e soprattutto in gran collera è la madre vostra.
TISBE
E perché mai? Tanto fa dunque la mia vita sospetto?
BERSIANA
No! Ma i vecchi vogliono sempre rispetto;
qualcuno di noi dovevate almeno avvertire,
mostrare qualche segno che stavate per uscire.
TISBE
Eppure sai che mi piace sognare e starmene in silenzio,
e che la mia natura è un poco solitaria?
Que je cherche souvent à m’ôter hors du bruit ?
Alors, pour dire vrai, je hais bien qui me suit,
Quelquefois mon chagrin trouverait importune
La conversation de la bonne Fortune,
La visite d’un Dieu me désobligerait,
Un rayon de soleil parfois me fâcherait.
BERSIANE
La chute d’une feuille, un zèphir, un atome ?
THISBÉ
Je te laisse à juger que ferait un fantôme,
Et de quelle façon je me verrai punir,
Qu’un esprit des Enfers me vînt entretenir.
BERSIANE
A ce compte je suis déjà parmi ce nombre.
THISBÉ
Jamais rien de vivant me sembla mieux une ombre.
BERSIANE
D’où viennent ces dédains?
THISBÉ
Vieux spectre d’ossements,
Vraiment je cherche bien tes divertissements.
BERSIANE
Je connais bien que c’est de moi qu’elle murmure,
Je suis donc cet objet d’Infernale figure.
THISBÉ
Je ne dis pas cela, mais tu peux bien penser...
BERSIANE
Que de mon entretien on se pouvait passer.
THISBÉ
Justement.
BERSIANE
Je connais ou je suis peu sensée...
THISBÉ
Qu’autre chose que toi me tient dans la pensée.
BERSIANE
Ce n’est pas sans sujet, Thisbé, que nos soupçons
Vous ont fait tous les jours ouïr tant de leçons,
Votre mère a raison d’avoir l’oeil et l’oreille
Dessus vos actions.
THISBÉ
N’importe qu’elle y veille,
Je n’ai rien fait jamais à craindre des témoins,
Mon innocent humeur se moque de vos soins,
J’en suis émue autant que du bruit d’une feuille,
Car je vis sans reproche.
BERSIANE
Hé! Le bon Dieu le veuille.
THISBÉ
Adieu, cherche quelqu’un à qui te faire ouïr.
BERSIANE
On a beau tel secret dans les os enfouir,
L’amour, l’ambition, l’orgueil, et la colère,
Sont tousjours sur nos fronts d’une apparence claire.
J’espère en peu de jours que nous viendrons à bout
De cette confidence, et que nous saurons tout.
I2
NARBAL, LIDIAS
NARBAL
Malgré moi persister en ce funeste Amour!
Après les droits du Ciel l’ingrat me doit le jour.
Toi qui si lâchement flattes sa fantaisie,
Che spesso io cerco di sottrarmi al rumore?
Allora, a dire il vero, detesto chi mi segue,
talvolta la mia tristezza troverebbe importuna
l’intimità della buona Fortuna,
la visita d’un Dio mi contrarierebbe,
un raggio di sole forse m’irriterebbe.
BERSIANA
Una foglia che cade, un alito di vento, un atomo?
TISBE
Ti lascio immaginare l’effetto d’un fantasma,
ed in che modo e quanto mi vedrei punita,
se uno spirito infernale venisse a intrattenermi.
BERSIANA
A tal conto son io già in quel numero.
TISBE
Mai niente di vivo mi parve di più un’ombra.
BERSIANA
Da dove quel disdegno?
TISBE
Vecchio spettro di ossa,
per davvero io cerco i tuoi sotterfugi.
BERSIANA
Intendo molto bene quel ch’ella sta mormorando,
son io dunque l’oggetto in figura infernale.
TISBE
Non dico proprio questo, ma puoi bene pensare...
BERSIANA
Che del mio intrattenimento ci si potrebbe privare.
TISBE
Appunto.
BERSIANA
Intendo o sono poco sensata...
TISBE
Che altra cosa da te mi viene nel pensiero.
BERSIANA
Non è senza motivo, Tisbe, che i nostri sospetti
tutti i giorni vi faccian sentir tante lezioni,
vostra madre ha ragione d’aver occhio ed orecchio
intenti a quel che fate.
TISBE
Non serve che stia in ansia,
niente ho mai fatto che tema testimoni,
il mio umore innocente ride dei vostri scrupoli,
che mi turbano quanto il fruscio d’una foglia,
perché io vivo senza colpa.
BERSIANA
Il buon dio lo voglia.
TISBE
Addio, va, cerca qualcuno che ti voglia ascoltare.
BERSIANA
Per quanto un tal segreto si seppellisca dentro,
l’amore, l’ambizione, l’orgoglio e l’ira
sempre in fronte si mostrano con assoluta chiarezza.
Del segreto spero fra qualche giorno
noi verremo a capo e che sapremo tutto
I2
NARBALO, LIDIASPE
NARBALO
Mio malgrado insiste in quest’amor funesto!
Salvi i diritti del cielo la luce deve a me l’ingrato.
Tu che obliquamente assecondi le sue voglie
Tu veux que ma raison cède à ta frénésie,
Et me remémorant ce qu’autrefois je fis,
Tu me veux conseiller la perte de mon fils.
Il est vrai qu’autrefois j’ai senti cette flamme
Lorsqu’un sang plus subtil faisait agir mon âme ;
Esclave que je suis des naturelles lois,
Comme un autre en mon temps de ce feu je brûlais,
Mais tousjours mes desseins étaient avec licence,
Et mes justes désirs pleins d’heur et d’innocence.
LIDIAS
Vous en avez depuis perdu le souvenir,
Mais si les mêmes ans pouvaient vous revenir,
Et qu’en votre faveur la Loi de la Nature,
Vous effaçant l’horreur que fait la sépulture,
A vos membres cassés leur force rapportât,
Et remît vos esprits en leur premier état,
Je crois que vos rigeurs changeraient bien des termes,
Et que vos sentiments ne seraient plus si fermes ;
Ce pauvre fils à qui vous voulez tant de mal,
Vous verrait transformé de censeur en rival.
On ne saurait dompter la passion humaine,
Contre Amour la raison est importune et vaine,
Toujours l’objet aimable a droit de nous charmer,
Lorsqu’on est on état de le pouvoir aimer,
L’âme se voit bientôt d’une beauté forcée,
Par le rapport des yeux avecque la pensée.
NARBAL
Ton esprit tient encor un peu de la saison,
Qui ne voit point mûrir les fruits de la raison ;
Moi qui suis bien guéri de cette humeur volage,
Ayant déjà passé tous les degrés de l’âge,
Je connais mieux que toi la vie et le devoir,
Et bientôt mieux que toi je lui ferai savoir.
Aimer sans mon congé et s’obstiner encore
D’un amour qui le perd et qui me déshonore!
D’un ennemi mortel la fille rechercher!
Je t’aime mieux le coeur hors du sein arracher.
Tu démordras, mutin, je te ferai connaître
Le respect que tu dois à ceux qui t’ont fait naître,
Et que tu ne dois point suivre ta passion,
Ni faire des desseins sans ma permission.
LIDIAS
Quand on s’engage au sort d’une pareille affaire,
Une permission n’est jamais nécessaire,
On n’y saurait pourvoir quand c’est un accident,
A cela le plus fin est les plus imprudent ;
On ne demande point congé d’une aventure :
S’il en faut demander c’est donc à la nature,
Qui conduit notre vie, et s’adresser aux Dieux,
Qui tiennent en leurs mains nos esprit et nos yeux.
NARBAL
Ne sait-il pas qu’il est obligé de me plaire,
Que cet amour furtif irrite ma colère,
Qu’il va dans ce projet mes jours diminuant
Et fait un parricide en le continuant?
Les Dieux trouvent-ils bon, puisqu’ils sont équitables
Qu’on fasse des forfaits?
LIDIAS
S’ils sont inévitables,
Les Dieux ne veulent point en retirer nos pas ;
Même, puisqu’en Amour le crime a des appas,
vuoi che la mia ragione ceda alla tua pazzia,
e rammentando quello che una volta io ho fatto,
vuoi di mio figlio consigliarmi la rovina.
E’ vero che ho sentito, altro tempo, la fiamma
che un sangue più reattivo mi agitava nell’anima;
schiavo come sono delle leggi naturali,
al mio tempo come tutti d’amore io bruciavo,
ma sempre i miei progetti erano autorizzati,
le mie giuste brame piene di fortuna e d’innocenza.
LIDIAS
Ne avete poi perduto il ricordo,
ma se gli stessi anni potessero ritornare,
e che a vostro vantaggio la legge di natura,
cancellando l’orrore che fa la sepoltura,
restituisse vigore alle vostre membra rotte,
e rendesse com’erano le vostre facoltà,
credo che il vostro rigore per certo cambierebbe,
e che il vostro sentire un po’ vacillerebbe;
quel povero figliolo al quale volete così male,
vi vedrebbe trasformato da censore in rivale.
Non si doma la passione umana,
contro l’amore la ragione è importuna e vana,
sempre l’oggetto d’amore riesce ad affascinarci,
quando di amarlo siamo in condizione,
da una bellezza l’anima si vede presto obbligata,
per il rapporto che agli occhi il pensiero unisce.
NARBALO
La tua mente è ancora in parte posseduta da quell’età
che della ragione i frutti vede ancora non maturi;
ben guarito da questo spirito incostante,
siccome ho superato tutti gli stadi del tempo,
meglio di te conosco la vita e il dovere,
e presto meglio di te glielo farò sapere.
Amare senza il mio permesso ed ancora ostinarsi
in un amore che lo perde e che mi disonora!
D’un nemico mortale la figlia ricercare!
Meglio vorrei strapparti il cuore fuor dal petto.
Demorderai, ribelle, conoscer ti farò
il rispetto che devi a chi t’ha fatto nascere,
e che non devi seguir le tue passioni,
né fare alcun progetto senza il mio permesso.
LIDIAS
Quando si prende l’alea d’un simile progetto,
un permesso non è per nulla necessario,
come fare a procurarselo nel caso contingente,
in questo il più acuto è colui che è imprudente;
non si chiede permesso per un’avventura:
se occorre domandarne è dunque alla natura,
che la nostra vita conduce, e rimettersi agli Dei,
che mente e occhi nostri dirigono con mano.
NARBALO
Non sa che è obbligato a compiacermi,
che quest’amore furtivo infiamma la mia collera,
che in questo affare mi accorcia la vita
e che, continuandolo, si macchia d’empietà?
Trovano giusto gli Dei, poiché sono equanimi,
che si commettano simili misfatti?
LIDIAS
Se sono inevitabili,
gli Dei non vogliono di certo il nostro passo deviare;
Persino, siccome in Amore il crimine è allettante,
Que la riguer des lois l’entretient et l’augmente,
Les Amans trouvent grâce auprès de Rhadamante;
Mais une noire humeur qui meut des assassins,
Une nature lâche encline à des larcins,
C’est ce qui fait horreur au Ciel et à la terre,
Et sur quoi justement doit tomber le tonnerre,
Où la nécessité d’un amoureux désir,
Qui de l’âme et du corps n’aspire qu’au plaisir,
Mérite qu’on l’assiste, et vouloir sa ruine
Tient un peu d’une humeur envieuse et chagrine.
NARBAL
Tes discours ne sont pas assez persuasifs ,
Ce mal ne prend qu’aux coeurs mols, délicats, oisifs,
Où jamais le bon sens n’a choisi sa demeure,
Où jamais la vertu ne trouve une bonne heure.
Suffit. Quand la raison le contraire voudrait,
L’Empire paternel conservera son droit,
Mon pouvoir absolu rompra cette entreprise
Et mon autorité lui fera lâcher prise.
LIDIAS
Vous voulez qu’Ixion, lié dans les Enfers,
S’arrache de sa roue, et qu’il brise ses fers,
Qu’un homme déjà mort sa guérison reçoive,
Que Sisyphe repose, et que Tantale boive.
Tous nos efforts ne sont que d’un pouvoir humain,
Qui tend à l’impossible, il se travaille en vain.
I 
Le Roi, Syllar
LE ROI
C’est trop faire des voeux, c’est trop verser de larmes,
Il faut avoir recours à de meilleures armes ;
Cette ingrate farouche, avecque ses mépris,
A donné trop longtemps la gêne à mes esprit :
La qualité de Roi, l’éclat de ma fortune,
Au lieu de l’attirer la choque et l’importune ;
Elle aime mieux, ignoble et honteuse qu’elle est,
Un simple citoyen.
SYLLAR
Son semblable lui plaît.
LE ROI
Je le renderai pourtant, si le Soleil m’éclaire,
Seulement aujourd’hui peu capable de plaire.
SYLLAR
A quel bon moyen pouvez-vous recourir
Pour le rendre odieux ?
LE ROI
Je le ferai mourir,
Toute autre invention est douteuse et grossière ;
Lorsqu’elle le verra sanglant sur la poussière,
Que les yeux en mourant, les regards à l’envers,
Hideux sans mouvements resteront ouverts ;
Il faut que l’amitié soit bien dans la pensée,
Si par un tel objet elle n’en est chassée.
Je sais bien que Thisbé sans des vives douleurs
Ne verra point sa mort, ni sans beaucoup de pleurs ;
Mais avecque le temps jusqu’à la moindre trace,
La plus forte douleur se dissipe et s’efface.
Ayant vu que l’objet de son premier Amour
N’aime plus, ne sent rien, n’a plus de part au jour,
Elle encore vivante et encore sensible,
A mon affection sera plus accessible.
e il rigore delle leggi lo mantiene e lo accresce,
trovano gli amanti fascino in Radamanto;
ma l’indole nera che arma gli assassini,
la natura vile incline a derubare,
questo fa orrore al cielo ed alla terra,
e su questo giustamente il fulmine s’abbatta,
mentre il fatale amoroso desiderio,
che al piacere anima e corpo aspira,
dev’essere aiutato, e volerlo annientare
dimostra una crudele e gelosa bramosia.
NARBALO
Affatto persuasivo mi sembra il tuo discorso,
il male di cui parli attacca i cuori molli, imbelli, delicati,
lì il buon senso mai ha trovato casa,
né la virtù mai la sua fortuna.
Basta. Se anche la ragione il contrario volesse,
il dominio paterno conserva i suoi diritti,
il mio potere assoluto spezzerà quest’impresa
e la mia autorità gli farà mollar presa.
LIDIAS
Voi volete che Issione, incatenato negli Inferi,
si strappi alla sua ruota, e che spezzi i suoi ferri,
che un uomo di già morto riceva guarigione,
che Sisifo riposi e che Tantalo beva.
Tutti i nostri sforzi son soltanto da uomini,
chi tende all’impossibile, invano s’affatica.
I 
Il Re, Sillaro
IL RE
Basta far giuramenti, basta versare lacrime,
è tempo di ricorrere ad armi d’altro tipo;
questa ingrata selvaggia, con tutti i suoi disdegni,
ha dato troppo a lungo tortura alla mia mente:
la qualità di Re, la splendida mia sorte,
invece che attirarla la importuna e la agita;
ed ella preferisce, tanto è volgare e oscura,
un comune cittadino.
SILLARO
Il suo simile le piace.
IL RE
Eppure lo farò, se il sole mi dà vita,
già da quest’oggi poco adatto a piacere.
SILLARO
A quali giusti mezzi potete far ricorso
per renderlo detestabile.
IL RE
Lo farò morire,
ogni altro ritrovato è incerto e grossolano;
quand’ella lo vedrà sanguinante nella polvere,
e i suoi occhi, morendo, rovesciati all’indietro,
orrendi senza moto resteranno sbarrati;
dev’essere l’amore ben dentro la sua mente,
se da un tale oggetto non è ella scacciata.
So bene che Tisbe senza vivi dolori
non vedrà la sua morte, né senza tante lacrime;
ma con il tempo anche la minima traccia
del più forte dolore si dilegua e scompare.
Vedendo che l’oggetto del suo primo amore,
più non ama, e niente sente più, gli occhi spenti,
poiché è ancora viva ed è ancora sensibile,
al mio affetto sarà ben più accessibile.
SYLLAR
L’aimez vous jusqu’au point de violer la Loi?
LE ROI
Tu sais que la justice est au-dessous du Roi ;
La raison défaillant, la violence est bonne
A qui sait bien user des droit d’une couronne.
SYLLAR
Mais tousjours vous savez que l’équité vaut mieux.
LE ROI
Les grands Rois doivent vivre à l’exemple des Dieux.
SYLLAR
Aussi vous ont-ils faits leurs Lieutenants en terre.
LE ROI
Leur colère à son gré fait tomber le tonnerre,
Et quoi qu’ils soient portés, ce semble, à nous chérir,
Pour montrer leur puissance il nous font tous mourir ;
Et moi je tiens du Ciel ma meilleure partie,
Mon âme avec les Dieux a de la sympathie,
J’aime que tout me craigne, et crois que le trépas
Tousjours est juste à ceux qui ne me plaisent pas,
Car déplaire à son Roi, c’est avoir fait un crime.
Il n’es pas innocent. Ceux que la loi du sort
Rend mal voulus du Prince, il sont digne de mort.
Mon Amour l’a conclu. Ce tyran implacable
En donne avecque moi l’arrêt irrévocable,
Il sera ma victime, et je jure devant
Qu’aucun ait jeté l’oeil sur le Soleil levant,
Dussé-je par ma main exécuter ma haine,
Son trépas résolu me tirera de peine ;
Ici me fera voir cet acte officieux
Celui de tous les miens qui m’aimera le mieux,
Ici dois-je tirer un preuve assurée
De la fidélité qu’on m’a cent fois jurée.
SYLLAR
Le temps et la raison pourraient-ils point ôter
Ces violents désirs ?
LE ROI
Rien que les augmenter.
Le temps et la raison feront du feu la glace,
Et m’ôteront plutôt le coeur hors de sa place.
SYLLAR
Puisque c’est un dessein qu’on ne peut divertir,
A quel prix que ce soit, il en faut donc sortir.
Sire, me voici l’âme et la main toute prête,
A quoi que vos desseins aient destiné ma tête.
LE ROI
Comment ! Tu me préviens ! ha ! véritablement
Je vois bien que tu veux m’obliger doublement.
Un plaisir est plus grand qui vient sans qu’on y pense,
Qui souffre qu’on demande a pris sa récompense,
Même quand le besoin de nos désirs pressés,
A qui ne fait le sourd, se fait entendre assez.
SYLLAR
Je m’en vais de ce pas vaquer à l’entreprise.
LE ROI
O qu’en ton amitié le Ciel me favorise !
SYLLAR
Dans deux heures d’ici nous y mettrons la main.
LE ROI
Il est vrai qu’il vaut mieux aujourd’hui que demain.
Je ne te parle point encore du salaire.
SILLARO
Dunque l’amate al punto da violar la Legge?
IL RE
Non sai che la giustizia al Re è assoggettata;
se manca la ragione, la violenza è adatta
a chi della corona sa utilizzare il diritto.
SILLARO
Ma pur sempre saprete che è meglio l’equità.
IL RE
Vivere devono i gran re sull’esempio degli dei.
SILLARO
Per questo degli dei siete in terra i sostituti.
IL RE
A lor piacere la lor collera fa cadere la folgore,
e benché siano inclini, così sembra, ad amarci,
per mostrarsi possenti tutti ci fan morire;
e io prendo dal cielo la mia migliore parte,
la mia anima con gli Dei ha molta affinità,
mi piace incuter paura, e penso che la morte
sia sempre il giusto premio per chi mi è sgradito,
ché spiacere al suo re, è aver commesso un crimine.
Egli non è innocente. Coloro che la sorte
rende mal voluti dal Principe, son degni della morte.
Il mio amore l’ha disposto. Quel tiranno implacabile
ne dà insieme a me il decreto irrevocabile,
egli sarà la mia vittima, e io giuro che prima
che alcuno l’occhio apra sul sole che si leva,
dovessi di mia mano attuare il mio odio,
la sua morte deliberata mi toglierà d’affanno;
qui io vedrò per quest’atto compiacente
colui fra tutti i miei che mi saprà più amare,
qui dovrò avere la prova garantita
della fedeltà cento volte giurata.
SILLARO
Il tempo e la ragione potranno mai strappare
questi violenti desideri?
IL RE
Niente se non aumentarli.
Il tempo e la ragione di fuoco faranno il ghiaccio,
e piuttosto strapperanno il mio cuore fuor dal petto.
SILLARO
Siccome è un progetto che non si può deviare,
quale ne sia il prezzo, se ne deve sortire.
Sire, eccomi pronto l’animo e la mano,
a quel che i vostri piani mi abbian destinato.
IL RE
Come! Mi previeni!ah! veramente
vedo che vuoi obbligarmi doppiamente.
E’ più grande il piacere che giunge inavvertito,
chi tollera che si chieda ha già preso compenso,
anche quando il bisogno dei nostri urgenti desideri,
a chi voglia sentire, si fa intendere assai.
SILLARO
Vado dunque via di qui per cominciar l’impresa.
IL RE
Che nella tua amicizia mi favorisca il Cielo!
SILLARO
Entro un paio d’ore noi vi metteremo mano.
IL RE
E’ ver che farlo oggi è meglio di domani.
Ancora niente ti ho detto del salario.
SYLLAR
Sire, tout mon espoir est l’honneur de vous plaire.
LE ROI
Je sais que tout service est digne de loyer.
SYLLAR
Il sait bien comme il faut les hommes employer ;
Un telle action dessus le gain se fonde ;
C’est le plus libéral de tous les Rois du monde,
Il en est mieux servi. L’argent a des ressorts,
Qui font aller partout nos esprit et nos corps.
SILLARO
Sire, tutta la mia speranza è l’onor di compiacervi.
IL RE
So ch’ogni servizio è degno di compenso.
SILLARO
Bene egli sa come impiegare gli uomini;
una tale azione si fonda sul guadagno;
è il più generoso di tutti i re del mondo,
così è meglio servito. Il denaro ha risorse,
che fanno andare ovunque lo spirito e il corpo.
 II 1
PYRAME, DISARQUE
PYRAME
Je sais bien, cher ami, que ton sage dessein
Est de m’ôter la flâme et la mort hors du sein,
De ramener à soi ma pauvre âme égarée,
Qui s’est depuis deux ans d’avec moi séparée ;
Mais sache que mon âme abhorre ta raison,
Que je prends tes conseils pour une trahison,
Et d’abord que tu viens à me parler d’éteindre
Ce feu dont nuit et jours je ne fais que me plaindre,
Malgré le sentiment que j’ai de mon erreur,
Et de ton amitié, ta voix me fait horreur ;
Je te hais si tu es ennemi de mon aise ,
Il faut que ton esprit à mon humeur se plaise,
Que tu perdes le soin de censurer mes pleurs,
Que ton affection consente à mes malheur,
Et que ton jugement mette son industrie
A conserver mon mal.
DISARQUE
Mon Dieu quelle furie!
PYRAME
Autrement je te tiens barbare et sans pitié.
DISARQUE
Que vous connaissez mal les fruits de l’amitié!
PYRAME
Je veux que mon ami, sans feinte et sans réserve,
Dedans ma passion me complaise et me serve.
DISARQUE
Et quoi, si votre ami vous avait vu courir
Dans un danger mortel?
PYRAME
Qu’il me laissât mourir.
Le plus sanglant dépit que la Fortune livre
A des désespérés, c’est les forcer de vivre.
DISARQUE
Il est vrai qu’un désir une fois emporté
Vers un funeste Amour a plus de fermeté,
On rétracte plutôt le dessein légitime
Dune bonne action que le projet d’un crime.
Le mal a plus d’appas, et ce qui nous nuit,
Avecque plus d’adresse et de vigueur nous suit.
Vous courez obstiné, ce semble, à votre perte,
Quelque difficulté qui vous y soit offerte ;
Vos parents, obligés d’un naturel devoir,
Vous opposent ici leur absolu pouvoir.
PYRAME
C’est par où mon désir davantage se pique,
J’aime bien à forcer une lois tyrannique,
Amour n’a point de Maître, et vos empêchements
Ne me sont désormais que des alléchements.
C’est une occasion de me montrer fidèle,
C’est prouver à Thisbé que j’ose tout pour elle.
N’as-tu point quelquefois pris garde à sa beauté,
Toi qui par dessus tous aimes la nouveauté,
Toi qui depuis les bords où le soleil se lève,
Jusqu’aux flots reculés où la clarté s’achève,
Des objets les plus beaux as fait juges tes yeux,
En as-tu reconnu qui puissent plaire mieux ?
DISARQUE
Il est certain qu’elle a quelque chose de rare.
II 1
PIRAMO, DISARCO
PIRAMO
So bene, caro amico, che il tuo saggio proposito
amore e morte vuole strapparmi fuor dal petto,
e rendere a se stessa l’anima mia smarrita,
che da due anni oramai si è da me separata;
ma sappi che la mia mente la tua ragione detesta,
che i tuoi consigli per me son come un tradimento,
ed appena tu giungi a chiedermi di spegnere
il fuoco di cui notte e dì mi lamento,
malgrado il sentimento che ho del mio errore,
e della tua amicizia, la tua voce mi fa orrore;
ti odio se tu avversi ostile il mio piacere,
la tua mente deve al mio umore adattarsi,
e la cura perder di censurar le mie lacrime,
e il tuo affetto consentir infine ai miei dolori,
e il tuo giudizio ingegnarsi a far sì
che il mio male si conservi e perduri.
DISARCO
Mio Dio che follia.
PIRAMO
Altrimenti ti avrò per barbaro e spietato.
DISARCO
Come mal conoscete i frutti d’amicizia!
PIRAMO
Io voglio che il mio amico, senza finte e riserve,
dentro la mia passione mi compiaccia e mi serva.
DISARCO
Come, e se il vostro amico correr vi vedesse
dentro un mortal pericolo?
PIRAMO
Lasciarmi morire dovrebbe.
Il più insultante dispetto che la fortuna assegna
ai disperati, è costringerli a vivere.
DISARCO
E’ vero che un desiderio, una volta scatenato,
verso un amore funesto è più determinato,
si ritratta piuttosto il legittimo proposito
d’una buona azione che d’un crimine il progetto.
Il male ha più fascino, e quel che ci nuoce,
con più astuzia ci segue e con più vigore.
Voi correte, ostinato, alla vostra rovina,
qualunque avvertimento vi venga messo avanti.
I vostri genitori, costretti dai doveri naturali,
vi oppongono qui il lor potere assoluto.
PIRAMO
Per ciò il mio desiderio ancor più si determina,
mi piace infrangere questa legge tirannica,
l’amor non ha padrone, e i vostri impedimenti
per me sono oramai soltanto allettamenti.
E’ questa l’occasione di mostrarmi fedele,
di provare a Tisbe che oso tutto per lei.
Non hai considerato talvolta come è bella,
tu che su tutti quanti ami la novità,
tu che dai bordi dove il sole si leva,
fino all’onde remote dove il giorno si spegne,
degli oggetti più belli hai reso giudici gli occhi,
ne hai mai veduti altri che possan di più attrarre?
DISARCO
E’ certo ch’è in lei qualcosa di raro.
PYRAME
Dis qu’elle a quelque chose à tenter un barbare.
Celui que ses regards ne peuvent pas toucher,
Il a de duretés de souche et de rocher.
DISARQUE
Voilà bien des discours de la mélancolie.
PYRAME
Je crois que ta raison vaut moins que ma folie,
Et que tu viens à tort me plaindre et m’accuser
D’une erreur où les Dieux se voudraient abuser ;
Ne m’en parle jamais, ta résistance est vaine,
Et si tu n’as pas juré de t’acquérir ma haine,
Si tu n’as résolu de rompre avecque moi,
Dedans ma passion ne me fais plus la loi.
Tu voudrais que j’aimasse à la façon commune,
Et qu’un lâche dessein de faire ma fortune
M’amenât dans le but de tes intentions.
DISARQUE
Je voudrais gouverner un peu vos passions,
Et vous sauver l’esprit du danger et du blâme.
PYRAME
Est-ce à toi, je te prie, à gouverner mon âme ?
Ce coeur fut-il par toi là-dedans enfermé?
Laisse faire à la Nature, elle me l’a formé,
C’est d’elle dont Thisbé se vit aussi formée
Pour enflammer ce coeur et pour en être aimée,
N’ayant tous deux qu’un but de peine et de plaisir,
Semblables de l’humeur, de l’âge et du désir ;
Et si j’osais flatter encore mon visage ,
On nous pourrait tous deux connaître en une image.
C’est le premier appas dont mon coeur soupira,
C’est le premier espoir dont Amour m’attira,
Cher espoir dont mon âme heureusement se flatte,
Car son oeil favorable à mes regards éclate,
Me comble de faveur. Bref je suis assuré
D’un amour mutuel : elle me l’a juré,
Mes lèvres dans ses mains en ont cueilli le gage,
Et pour le confirmer d’un plus pressant langage,
Ses pensers me l’ont dit, ses yeux en sont témoins:
Car dans tous nos discours , la voix parle le moins.
Nous disons d’un trait d’oeil à nos âmes blessées
Bien plus qu’un livre entier n’exprime de pensées.
Et des soupirs de feu, d’elle à moi repassant,
Mieux que nul confident s’expliquent à nos sens.
Nous n’avons pas besoin que d’autres s’introduisent.
A traiter nos amours, les arbitres nous nuisent,
Le meilleur confident ne sert jamais si bien
Que dans notre intérêt il ne mêle le sien ;
Selon sa faintasie il avance ou recule
L’aveugle mouvement d’un pauvre esprit qui brûle ;
Pour moi je ne saurais souffrir un Gouverneur,
J’aime mieux réussir avec moins de bonheur.
Le soins de la prudence ont trop d’inquiétude,
Mon âme n’a d’objet sinon ma servitude,
Où je trouve mon bien mieux qu’en ma liberté,
Et que j’aime sans doute autant que la clarté.
DISARQUE
Puisque c’est un peste à vos os attachée,
Une flèche nortelle en votre coeur fichée,
C’est en vain que l’on prend le soin de vous guérir.
PYRAME
PIRAMO
Dì ch’ella ha qualcosa da tentare un selvaggio.
Colui che i suoi sguardi potessero non scuotere,
la durezza avrebbe del ceppo e della roccia.
DISARCO
Mi sembrano discorsi dettati da follia.
PIRAMO
Credo che la tua ragione men valga della mia follia,
e che a torto tu venga ad accusarmi e compiangere
d’un errore in cui gli Dei vorrebbero cadere;
non parlarmene più, vana è la tua insistenza,
e se non hai giurato d’acquistarti il mio odio,
e se non hai deciso di rompere con me,
non provarti a dar legge ai miei sentimenti.
Tu vorresti ch’io amassi al modo comune,
e che il vile disegno di garantirmi fortuna
converger mi facesse sulle tue intenzioni.
DISARCO
Io vorrei governare un po’ le vostre passioni,
e salvarvi l’anima da pericolo e biasimo.
PIRAMO
Dunque spetta a te di governar la mia anima?
Questo cuore da te fu là dentro rinchiuso?
Lascia far la Natura, essa lo ha formato,
e da essa anche Tisbe fu in tal modo formata
per infiammare il mio cuore e per esserne amata,
ché entrambi un fine abbiamo, di pena e di piacere,
simili d’indole, d’età e di desiderio;
e se al mio volto osassi fare qualche lusinga,
tutti e due potresti vederci in un’immagine.
E’ la prima bellezza per cui il mio cuor sospirò,
è la prima speranza in cui l’amor mi attirò,
cara speranza di cui felicemente l’animo mio si vanta,
perché il suo occhio benevolo ai miei sguardi risplende,
mi colma di favore. Sì, sono sicuro
d’un amore scambievole: ella me l’ha giurato,
le mie labbra nelle sue mani il pegno hanno colto,
e per confermarlo con più stringente linguaggio,
i suoi pensieri me l’hanno detto, testimoni i suoi occhi:
sì, in tutti i nostri discorsi la voce non parla.
Con rapido sguardo diciamo alle nostr’anime offese
più pensieri che dire non può un libro intero.
E sospiri di fuoco, che da lei a me passano e ripassano,
più d’ogni confidente parlano ai nostri sensi.
Non abbiamo bisogno ch’altri s’intromettano.
Gli arbitri sono nocivi negli affari d’amore,
il miglior confidente sol si rende utile
allor che il suo interesse non confonde col nostro;
secondo fantasia avanza o indietreggia
il cieco movimento d’una mente che brucia;
sopportar non potrei qualcun che mi governi,
più mi piace riuscire con minore fortuna.
Le cure di prudenza danno troppa apprensione,
altro scopo non ho se non la servitù
dove trovo il mio bene più che nella libertà,
e che amo senza dubbio più della luce.
DISARCO
Siccome è una peste che vi si attacca addosso,
una freccia mortale che vi si è fitta in cuore,
vanamente pensiamo come fare a guarirvi.
PIRAMO
Guérir, on le peut sans me faire mourir.
DISARQUE
Au moins prenez bien garde, en cette amour furtive,
Qu’un funeste succès à vos desseins n’arrive.
Vous êtes épié, et de loin et de près,
Par des yeux vigilants qu’on y commet exprès.
PYRAME
Toute diligence est assez inutile,
L’âme des Amoureux n’est pas si peu subtile,
Nous savons bien choisir et le temps et le lieu
Où même ne saurait nous découvrir un Dieu.
Ne t’en mets point en peine , et seulement endure,
Si tu me veux aimer, que ma fureur me dure.
Adieu, laisse-moi seul m’entretenir ici.
Voici la nuit qui vient, le Ciel est obscurci,
Ma maîtresse m’attend. Afin de me complaire,
L’autre soleil s’en va quand celui-ci m’éclaire.
Privés de tous moyens de nous parler ailleurs,
Et ne pouvant venir a des accès meilleurs,
Une petite fente en cette pierre ouverte,
Par nous deux seulement encore découverte,
Nous fait secrètement aller et revenir
Les propos dont Amour nous laisse entretenir ;
Car c’est le lieu par où nos passions discrètes
Donnent un peu de jours à nos flammes secrètes.
Ici, cruel parents, malgré vos dures lois,
Nous faisons un passage à nos timides voix ;
Ici nos coeurs ouverts malgré vos tyrannies
Se font entrebaiser nos volontés unies.
Conseillers inhumains, pères sans amitié,
Voyez comme ce marbre est fendu de pitié,
Et qu’à notre douleur le sein de ces murailles,
Pour receler nos feux s’entrouve les entrailles,
Que l’air se prostitue à nos consentements :
L’air, le plus rigoureux de tous les éléments,
Le père des frimas, la source des orages,
A plus d’humanité que vos brutaux courages.
Mais j’entends quelques bruit, c’est elle sans faillir.
Je sens tous mes esprit d’aise me défaillir.
Elle ne ment jamais, et ferait conscience
De charger son Amant de trop de patience ;
Je vois comme elle approche et marche à pas comptés,
Supçonneuse, élançant ses yeux de tous côtés.
II 2
THISBÉ, PYRAME
THISBÉ
Es-tu, mon souci ?
PYRAME
Qui vous a retenue?
Aujourd’hui pour le moins vous êtes prévenue,
Vous arrivez plus tard que je ne fis hier.
THISBE
Il est vrai que j’ai tort, je ne le puis nier,
Mais quand je t’aurai dit ce qui m’a dû contraindre,
Je crois que tu seras obligé de me plaindre ;
Je te ferai pitié, car je ne pense pas
Que le mal qu’on m’a fait soit moins que le trépas.
PYRAME
Comment ! vous a-t-on fait quelque injure, mon âme ?
Quelqu’un en son absence a-t-il blessé Pyrame ?
Un Dieu ne le pourrait avec impunité.
Guarirmi non potresti senza farmi morire.
DISARCO
Per lo meno guardatevi, in quest’amor furtivo,
che un funesto successo al vostro piano arrida.
Vi si spia, da lontano e vicino,
con occhi vigilanti, per espresso comando.
PIRAMO
Ogni e qualunque zelo inutile è del tutto,
la mente degli amanti non è così leggera,
ben sappiamo il tempo scegliere ed il luogo
dove perfino un dio non potrebbe scoprirci.
Non darti tanta pena, e solamente sopporta,
se veramente mi vuoi bene, che il mio furore persista.
Addio, lasciami solo trattenermi qui.
Ecco, la notte viene, il cielo si è oscurato,
il mio amore mi aspetta. Proprio per compiacermi,
l’altro sole va via, quando questo m’illumina.
Privati d’ogni mezzo d’incontrarci altrove,
e non potendo trovare dei migliori passaggi,
una piccola fessura aperta in questa pietra,
soltanto da noi due per ora conosciuta,
ci fa segretamente giungere e restituire
i propositi che amore ci lascia coltivare;
è il luogo dove le nostre passioni discrete
mettono alla luce le nostre fiamme segrete.
Qui, parenti crudeli, malgrado le vostre dure leggi,
noi apriamo un passaggio alle nostre timide voci;
qui i nostri cuori aperti malgrado le vostre tirannie
fanno così congiungere le nostre volontà.
Consiglieri inumani, padri senza amore,
guardate come il marmo s’è aperto per pietà,
e come ai nostri dolori il seno delle mura,
per celare i nostri fuochi socchiuda le sue viscere,
come l’aria si pieghi ai nostri consensi:
l’aria, il più rigoroso di tutti gli elementi,
il padre dei geli, la culla delle tempeste,
ha più umanità dei vostri cuori brutali.
Ma sento qualche rumore, è Tisbe senza errore.
Tutte le mie facoltà sento venir meno al sollievo.
Ella non inganna mai, e si farebbe scrupolo
di chiedere al suo amante un eccesso di pazienza;
vedo come s’avvicina e avanza a passi accorti,
sospettosa, lanciando gli occhi da ogni parte.
II 2
TISBE, PIRAMO
TISBE
Sei tu, amore mio?
PIRAMO
Chi vi ha trattenuta?
Oggi, almeno, siete stata anticipata.
Arrivate più tardi di quel che feci io ieri.
TISBE
È vero, sono in torto, come posso negarlo?
Ma quando t’avrò detto che cosa mi ha costretta,
sarai, credo, a compiangermi obbligato.
Ti muoverò a pietà, perch’io poco meno
della morte penso sia il male che mi han fatto.
PIRAMO
Come! Vi hanno dunque offesa, anima mia?
Qualcuno in sua assenza Piramo ha ferito?
Un dio non lo potrebbe impunemente.
THISBÉ
Cette offense n’était que l’importunité
D’une vieille hideuse et sotte créature,
Qui m’a tout aujourd’hui mis l’âme à la torture,
Qui m’a fait tant de lois, donné tant d’avis,
Et tant réitéré d’inutiles dévis,
Qu’on tarirait plutôt l’humidité de l’onde
Que cette humeur chagrine en caquets si féconde.
PYRAME
Dites-moi, je vous prie, encore en quoi
Le discours où plus fort la vieille s’étendait ?
THISBÉ
De rendre une parfaite et pleine obéissance
A ceux à qui je dois le bien de ma naissance,
De ne me dispenser de prendre aucun plaisir
Que leur commandement ne me le vînt choisir,
Surtout de bien défendre, et l’esprit, et l’oreille,
Des pointes dont Amour un jeune sang réveille,
Que les jeunes esprits n’ont rien de dangereux
Au prix que d’écouter un conseil amoureux,
Que même au plus heureux cet appas est funeste,
Que c’est un précipice, un poison, une peste.
PYRAME
Elle vous a donc fait l’amour bien odieux.
THISBÉ
Elle me l’a dépeint comme il est dans ses yeux.
PYRAME
Etranges changements où tombe la Nature !
Un pauvre corps usé qui n’est que pourriture,
Une vieille à qui l’âge a séché les humeurs,
A qui les sens gâtés ont perverti les moeurs,
Un sang gros et pesant, toujours froid comme glace,
Qui ce n’est qu’une fièvre échauffe un peu sa masse,
Un tronc de nerfs et d’os d’artifice mouvant,
Qu’on ne saurait nommer qu’un fantôme vivant,
Persécute tousjours d’une jalouse envie
Le passe-temps heureux de notre jeune vie.
Ces vieillards dont l’esprit et le corps abattu
Erigent l’impuissance en titre de vertu,
Eux-mêmes qui le cours de la Nature suivent,
Qui selon l’appétit de leur vieillesse vivent,
Prétendent contre nous forcer l’ordre du temps
Et que nous soyons vieux en l’âge de vingt ans,
Nos moeurs par leur exemple imprudemment censurent,
Alléguant ce qu’ils sont et non pas ce qu’ils furent.
Au moins, ma chère vie, en ce sot entretien,
Je crois que cet esprit n’a rien pu sur le tien.
THISBÉ
Ces discours m’ont passé plus loin qu’une nuée.
PYRAME
Ta bonne volonté n’est pas diminuée ?
THISBÉ
Elle a crû davantage, on n’a fait que jeter
Du soufre dans la flamme afin de l’irriter.
Je suis d’un naturel à qui la résistance
Renforce le désir, l’espoir et la constance ;
Je crois qu’on me verrait mourir autant de fois
Qu’on me force d’ouïr ces importunes voix,
Sinon que mon Amour de plus en plus persiste,
Et brûle davantage alors qu’on lui résiste.
Et je n’ai rien de cher comme une occasion
TISBE
L’offesa non era che l’assillo
d’una vecchia orrenda creatura,
che mi ha tutto il giorno messa alla tortura,
facendomi tanti doveri, dandomi tanti consigli,
ripetendomi tanti inutili avvertimenti,
che si seccherebbe piuttosto l’umidità dell’onda
che quell’umore molesto sì fecondo in discorsi.
PIRAMO
Ditemi, vi prego, a cosa dunque
più di tutto tendeva la vecchia nel discorso.
TISBE
A osservare perfetta e piena obbedienza
a coloro cui devo il bene della mia nascita,
a non consentirmi di prender alcun piacere
che su loro ordine non sia stato scelto,
soprattutto a chiudere e la mente e l’orecchio
ai concetti con cui amore un giovin sangue risveglia,
ché le giovani menti non corrono pericolo
fuor che quando ascoltano un colloquio amoroso,
ché anche ai più fortunati questa esca è funesta,
che è un precipizio, è un veleno, è una peste.
PIRAMO
Vi ha dunque l’amore reso tanto odioso?
TISBE
Ella me l’ha dipinto come appare ai suoi occhi.
PIRAMO
Strani rivolgimenti in cui cade la Natura!
Un povero corpo logoro in piena corruzione,
una vecchia cui l’età gli umori ha disseccato,
cui i sensi rovinati i costumi hanno alterato,
un sangue denso e pesante, ormai freddo come ghiaccio,
di cui solo una febbre può riscaldare la massa,
un tronco di nervi e d’ossa che si muovono per artificio,
che chiamarsi potrebbe sol fantasma vivente,
sempre perseguita con invidia gelosa
il felice piacere della nostra giovane vita.
Questi vecchi il cui spirito ed il cui corpo prostrato
erigono l’impotenza al rango di virtù,
essi stessi che seguono della Natura il corso,
e vivono secondo tendenza della loro vecchiezza,
pretendono contro di noi forzar la legge del tempo
e renderci vecchi all’età di vent’anni,
con il loro esempio i nostri costumi censurano,
allegando quel che sono e non quel che furono.
Almeno, vita mia, in questo sciocco discorso,
io credo che il suo spirito niente poté sul tuo.
TISBE
Quei discorsi son volati più lontano d’una nuvola.
PIRAMO
La tua volontà benigna non è diminuita?
TISBE
Essa è cresciuta di più, non si è fatto altrimenti
che zolfo lanciare sulla fiamma al fin di ravvivarla.
La mia indole è tale che la resistenza
rafforza il desiderio, la speme e la costanza;
credo mi si vedrebbe morire tante volte
quante mi si costringa voci udir sì assillanti,
se non fosse che il mio Amore sempre di più persiste,
e brucia ancor di più quando gli si resiste.
E niente mi è più caro come ogni occasione
De tout ce qui saurait nourrir ma passion,
Puisqu’au divin objet dont je suis amoureuse,
Le sort veut que je suis parfaitement heureuse,
Que tu merites bien l’inviolable foi
Que jusques au tombeau je garderai pour toi.
PYRAME
Et moi, si le tombeau laissait encor aux âmes
Quelque petit rayon de leurs défuntes flammes,
Je n’aurais autre feu que toi dans les Enfers,
Et dedans leurs prisons je n’aurais que tes fers ;
Mais parmi nos discours nous ne prenons pas garde
Que ce doux entretien dont Amour nous retarde,
S’il n’est bien ménagé nous manquera bientôt.
THISBÉ
Hélas ! ne pourrons-nous jamais dire qu’un mot ?
Les oiseaux dans les bois ont toute la journée,
A chanter la fureur qu’Amour leur a donnée :
Les eaux et les zéphirs quand il se font l’Amour,
Leur rire et leurs soupirsfont durer nuit et jour.
PIRAMO
Il se faut retirer de crainte qu’il n’arrive
Que de ce peu de bien encor on ne nous prive.
TISBE
Dans une heure au plus tard je reviens donc ici.
PIRAMO
Et moi je serai mort, si je ne viens aussi.
III
III 1
DEUXIS, SYLLAR, PYRAME
DEUXIS
Syllar, je suis troublé d’un funeste présage,
un glaçon de frayeur m’étreint tout courage,
Pensant à tel dessein je me remets aux yeux
Les justes jugements des hommes et des Dieux
SYLLAR
Quoi ! tu manques de coeur !
DEUXIS
Je sens de la contrainte
En ce que j’entreprends, et non pas de la crainte.
SYLLAR
Je connais ton courage, et c’est la cause aussi
Qui fait que je t’emploie en cette affaire ici.
DEUXIS
Il est beaux de tenter une morte légitime
Pour quelque grand exploit et qui se fait sans crime ;
On appelle courage un esprit généreux,
Qui n’est point inhumain comme il n’est point peureux,
Qui meurt sur une brèche, et dont les funérailles
Se font chez l’ennemi sous un bris de murailles ;
Le trépas est louable ou ignominieux,
Selon que le sujet est lâche ou glorieux ;
Mais pense à quelle fin nous avons pris l’épée,
A quel exploit sera notre main occupée !
Quoi ! sans être offensés nous nous voulons venger !
Quand on n’a point de haine on n’en saurait forger.
SYLLAR
Notre commission nous donne toute licence.
DEUXIS
On ne peut sans remords s’en prendre à l’innocence,
Il ne nous a rien fait, nous le voulons tuer.
che dia nutrimento a tutta la mia passione,
poiché del divino oggetto di cui sono innamorata,
vuol la sorte che felice io sia perfettamente,
perché ben sei degno della fede inviolabile
che fino alla tomba conserverò per te.
PIRAMO
Ed io, se la tomba ancora lasciasse all’anime
qualche piccolo raggio delle loro spente fiamme,
altro fuoco non avrei fuor che te giù negli inferi,
e nelle lor prigioni non avrei che i tuoi ferri;
ma in mezzo a questo dire noi non prendiamo cura
che il dolce colloquio in cui Amore ci attarda,
se non è ben condotto ci verrà meno ben presto.
TISBE
Ahimé, mai non potremo dirci che una parola?
Nei boschi gli uccelli han tutta la giornata,
per cantare il furore che amore ha lor dato:
le acque e gli zefiri quando si corteggiano,
le loro risa e i sospiri fan durar notte e giorno.
PIRAMO
Dobbiamo ritirarci per tema non accada
che di questo poco bene anche non ci si privi.
TISBE
Entro un’ora al più tardi di nuovo sarò qui.
PIRAMO
Ed io sarò morto se anche me non vedrai.
III
III 1
DEUSIO, SILLARO, PIRAMO
DEUSIO
Sillaro, mi turba un presagio funesto,
un gelo di paura mi leva ogni coraggio.
Pensando a quest’azione mi tornano alla mente
degli dei e degli uomini i giusti precetti.
SILLARO
Come, il coraggio ti vien meno!
DEUSIO
Io sento coercizione
in quel che sto per fare, non certo del timore.
SILLARO
Conosco il tuo coraggio, ed è proprio per questo
che mi servo di te in una tal faccenda.
DEUSIO
E bello ricercare una morte legittima
per qualche grande impresa che non richiede crimini;
si chiama coraggioso un animo generoso,
che non sia inumano e nemmeno pauroso,
che muore su una breccia, e i cui funerali
si fanno dal nemico sotto rovine di mura;
mirabile è la morte oppure ignominiosa
secondo se il motivo è vile o glorioso;
ma pensa per che scopo abbiamo preso la spada,
a quale impresa sarà la nostra mano data!
Come! Vogliamo vendicarci sebbene non offesi!
Quando odio non c’è, non si sa fabbricarlo.
SILLARO
L’incarico ricevuto ci accorda ogni licenza.
DEUSIO
Non si può senza rimorso attaccare l’innocenza,
niente ci ha fatto, e uccider lo vogliamo.
SYLLAR
La volonté du roi se doit effectuer.
DEUXIS
Si quelque excès léger contentait sa colère,
Je crois que justement on lui pourrait complaire,
Mais en un fait semblable , en une trahison,
Chacun le peut dédir avec trop de raison.
SYLLAR
En dédisant son roi, quelque juste apparence
Que puisse prendre un peuple, il commet une offense ;
Comme les Dieux au Ciel, sur la terre les Rois
Etablissent aussi les souveraines Lois,
Ils partagent egaux ce que le monde enserre :
les Dieux sont Rois du Ciel, les Rois Dieux de la terre,
Jupiter d’un clin d’oeil fait les astres mouvoir,
Et nos princes sur nous ont le même pouvoir,
A la grandeur des Dieux leur grandeur se figure
Comme au vouloir des Dieux leur vouloir se mesure.
DEUXIS
Il faut leur obéir, si leur commandement
Imite ceux des Dieux qui font tout justement.
SYLLAR
Enquérir leur secret tient trop du téméraire,
C’est aux Rois à le dire, et à nous de le faire,
S’il a mal commandé, l’homicide commis
Tombera sur sa tête, et nous sera remis ;
Le devoir ignorant rend une âme innocente.
DEUXIS
Mais connaissant le mal, il faut qu’elle y consente.
Un devoir ignorant ? Et quoi, ne vois-tu pas
Qu’on brasse à l’innocent un perfide trépas?
Que l’Enfer un pareil n’en saurait faire naître ?
SYLLAR
Sache qu’un serviteur doit obéir au Maître.
Considérant de près et l’honneur et le droit,
Tout le monde sans doute ici nous reprendrait :
Mais nous sommes forcés, le Prince le fait faire,
Il faut obéir, c’est un point nécessaire.
DEUXIS
Et pourquoi nécessaire ? Il vaut mieux encourir
Sa disgrâce éternelle.
SYLLAR
Il vaut donc mieux mourir.
DEUXIS
J’aimerais mieux la mort que’une honteuse vie
De remords criminels incessamment suvie ;
Quand le chien des Enfers avcque ses abois
Vient troubler les vivants, ils sont morts mille fois ;
Mais mourant pour l’honneur, on court par les brisées
D’un bienheureux repos dans les Champs Elysées ;
Les esprits dépêtrés de vicieux discords
Qu’ils ont avec nos sens, joyeux quittent nos corps.
SYLLAR
Quelque si doux accueil que Mercure prépare,
Crois qu’un homme se trouble alors qu’il se sépare,
Que les corps trépassés, d’une pierre couverts,
Changent les os en poudre, et la charogne en vers,
Que les esprits errant par les rives funèbres
D’un Cocyte enconnu, ne sont plus que ténèbres ;
Qu’on soit bien dans ce règne où Pluton tient sa Cour,
C’est un conte, il n’est rien de si beau que le jour,
SILLARO
La volontà del re si deve eseguire.
DEUSIO
Se qualche lieve eccesso bastasse alla sua collera,
credo che giustamente potremmo compiacerlo,
ma in un fatto del genere, un puro tradimento,
ciascun può sciogliersi con assoluta ragione.
SILLARO
A contraddire il poprio re, per sembianza di giustizia
che assumere si voglia, offesa si commette;
come gli dei nel cielo, sulla terra i re
stabiliscono anch’essi le leggi superiori,
si dividono da eguali quel che il mondo contiene:
gli dei son re del cielo, i re dei della terra,
Giove d’un batter d’occhio fa muovere gli astri,
i nostri principi su di noi hanno lo stesso potere,
alla grandezza degli dei la loro grandezza si uguaglia
come al voler degli dei il lor voler si misura.
DEUSIO
Bisogna obbedir loro, se con i loro ordini
come gli dei giustamente tutto operassero.
SILLARO
Indagarne i segreti è troppo temerario,
ai re spetta parlare, a noi di eseguire,
s’egli ha sbagliato, l’omicidio commesso
ricadrà sulla sua testa e ci sarà rimesso;
rende il dovere ignaro ogni anima innocente.
DEUSIO
Poiché conosce il male, l’anima vi acconsente.
Dovere ignaro? Ma come non vedere
che all’innocente s’appresta una perfida morte?
Che il demonio non saprebbe immaginarne una eguale?
SILLARO
Sappi che un suddito deve obbedire al padrone.
Considerando da presso l’onore e il diritto,
tutti quanti senza dubbio in ciò ci accuserebbero:
ma noi siamo obbligati, il principe lo chiede,
obbedire si deve, è un punto necessario.
DEUSIO
E perchè necessario? E’ come andare incontro
alla propria dannazione.
SILLARO
E’ dunque meglio morire!
DEUSIO
Mi piacerebbe la morte più d’una turpe vita
da crimini e rimorsi in eterno inseguita;
quando il cane degli inferi con i suoi latrati
viene a turbare i vivi, morti son mille volte;
ma morendo onorati, si corre per il premio
d’un riposo meritato nei campi elisei;
gli spiriti liberati da viziose discordie
con cui i sensi li sfidano, lieti lasciano i corpi.
SILLARO
Per dolce sia l’accoglienza che Mercurio prepara,
sappi che un uomo s’altera quando si separa,
che i corpi trapassati, coperti dalla lapide,
cambiano le ossa in polvere, e la carogna in vermi,
che gli spiriti erranti lungo le funebri rive
d’un Cocito sconosciuto, non sono più che tenebre;
che si stia bene nel regno dove Plutone ha la corte,
è una favola, niente della luce è più bello,
Le moindre chien vivant vaut mieux que cent cohortes
De tigres, de lions, ou de panthères mortes,
Bien que pauvre sujet, je préfère mon sort
A celui-là d’un Prince ou d’un Monarque mort.
Crois-moi, suis mon conseil, ne donnons pas nos têtes
Pour préserver autrui ; ne soyons pas si bêtes.
DEUXIS
Mourrions-nous pour cela ?
SYLLAR
Crois-tu vivre un moment,
Après t’être moqué de son commandement ?
DEUXIS
Mais le Roi craint-il point la justice plus haute ?
En nous faisant mourir il découvre sa faute ;
Nos têtes ne sauraient venir sur l’échafaud,
Sans y faire montrer son criminal défaut.
SYLLAR
Pour nous exterminer quand ils en ont envie,
Les Rois ont cent moyens pour ôter la vie,
Nos jours sont dans leur mains, il les peuvent finir,
Ils peuvent le plus juste innocemment punir ;
Quelque tort que ce soit quand un Roi nous accuse,
Sa grande autorité ne manque point d’excuse ;
Contre le Prince, aux droits, il ne se faut fier,
Le prétexte plus faux le peut justifier.
Outre qu’au Souverain la perte de deux hommes
Ne se doit reprocher de deux tels que nous sommes ;
Plusieurs qui ne sont point ainsi réligieux,
Et qu’un si grand secret rendrait trop glorieux,
Ces mouvements du Roi ne craindront pas de suivre.
Après cela croi-tu qu’il nous souffrît de vivre ?
Nous ne saurons fuir de son bras irrité,
L’injure d’un supplice à demi mérité.
DEUXIS
Il faut donc se bannir, et bien loin, d’un Empire,
A tous les gens de bien le moins sûr et le pire.
SYLLAR
Voyageant l’Univers de l’un à l’autre bout,
Nous ne saurons fuir, les Rois courent partout,
Ils ont de longues mains qui par tout ce bas monde,
Sans se mouvoir d’un lieu touchent la terre et l’onde.
DEUXIS
Tus dis vrai, ta raison me rend ores confus.
SYLLAR
Coupables vers le Roi de ce couard refus,
C’est fait de nous aussi ; faisant ce qu’il commande,
Sans doute après cela notre fortune est grande ;
Ces royales faveurs nos esprits soûleront,
Et dans nos cabinets des flots d’or couleront.
DEUXIS
L’or, ce métal sorcier, corrompt tout par ses charmes,
Devant lui prosterné, l’honneur mets bas les armes,
Il n’est si fort rempart de justice ou de foi
Qu’il ne brise ; il ne craint ni piété, ni loi.
L’or peut tout, même alors que son appas s’adresse
A des homme vaillants que la misère presse,
Comme moi, malheureux, que l’horreur de la faim
Contraint à désirer ce détestable gain.
Monstre de pauvreté, ta dent est plus funeste
Que le feu plus cuisant et la plus fort peste ;
Le meurtrier que la peur bourrelle incessamment,
il più piccolo cane vivo val più di cento coorti
di tigri, di leoni o di pantere morte,
benché povero suddito, preferisco la mia sorte
a quella d’un principe o d’un monarca morto.
Credimi, il mio consiglio segui, non diamo le nostre teste
per salvar qualcun altro; non siamo così bestie!
DEUSIO
Moriremmo per questo?
SILLARO
Credi di poter vivere un solo momento
dopo aver preso in burla quel ch’egli ha ordinato?
DEUSIO
Non teme dunque il re la giustizia suprema?
Facendoci morire rivela la sua colpa;
sul patibolo non potrebbero le nostre teste salire,
senza così mostrare il crimine del re.
SILLARO
Per poterci distruggere quando ne hanno voglia,
i re hanno cento modi per toglierci la vita,
i giorni nostri sono dentro alle loro mani, e possono finirli,
il più giusto essi possono punire senza pena;
per quanto a mal proposito, se un re ci accusa,
la sua grande autorità non manca mai di scuse;
contro il principe non puoi appellarti al diritto,
ogni falso pretesto può giustificarlo.
Inoltre ad un sovrano la morte di due uomini
non può rimproverarsi per due quali noi siamo;
moltissimi che non sono talmente religiosi,
e che un così gran segreto farebbe ben gloriosi,
gli intenti del re non tremeranno a seguire.
Dopo di ciò crederesti che sopporterebbe vivessimo?
Non potremmo sfuggire del suo braccio adirato
l’ingiuria d’un supplizio per metà meritato.
DEUSIO
Si deve dunque fuggire, e ben lontano, da un regno
per tutti i galantuomini il più funesto e il peggiore.
SILLARO
Trascorrendo l’universo dall’uno all’altro termine,
non potremmo fuggire, i re giungono ovunque,
essi hanno lunghe mani che in questo basso mondo,
senza doversi muovere toccano la terra e il mare.
DEUSIO
E’ vero, il tuo parlare mi rende ora confuso.
SILLARO
Colpevoli verso il re del codardo rifiuto
è finita per noi; se seguiamo il suo comando
senz’altro ne verrà per noi grande fortuna;
i favori reali la nostr’anima inebrieranno,
e nelle nostre case scenderà a fiotti l’oro.
DEUSIO
L’oro, metallo incantatore, col suo fascino tutto corrompe,
davanti a lui prosternato l’onore le sue armi abbassa,
non c’è sì forte scudo di giustizia o di fede
ch’esso non spezzi; pietà non teme né legge.
L’oro può tutto, anche quando le sue lusinghe si dirigono
a uomini valorosi che la miseria incalza,
come me, sventurato, che l’orror della fame
costringe a concupire questo vile guadagno.
Mostro della povertà, il tuo morso è più funesto
del fuoco più cocente e della più forte peste;
l’assassino incessantemente perseguitato dalla paura,
Aux prix de tes forçats est puni doucement ; a paragon dei tuoi forzati è punito dolcemente;
Dans le plus grand remords des faits les plus infâmes, nei più grandi rimorsi per le azioni più infami,
Savoir qu’on a du bien console fort les âmes ; saper che si hanno beni consola molto gli animi;
L’argent purge le crime, et nous guérit de tout. il denaro purga il crimine, e di tutto risana.
SYLLAR SILLARO
A la fin tout va bien, je vois qu’il se résout. Infine tutto va bene, vedo che si decide.
DEUXIS DEUSIO
La sorte en est jeté, mon âme est exposée I dadi sono tratti, il mio animo è disposto
A ce qu’il te plaira, je vois l’affaire aisée. a quel che tu vorrai, l’azione mi par facile.
SYLLAR SILLARO
Il ne faut pas seulement que le guetter ici. Basta soltanto fargli agguato qui.
DEUXIS DEUSIO
Le voilà, ce me semble. Eccolo, mi pare.
SYLLAR SILLARO
Il me le semble aussi. E così pare a me.
DEUXIS DEUSIO
Donnos en même temps. Colpiamo tutti insieme.
PYRAME PIRAMO
On ne me peut surprendre, Non mi potete sorprendere,
Assassins, vous saurez si je me sait défendre, assassini, or vi farò vedere se mi saprò difendere,
Bien que seul contre deux, je vous ferai sentir benché da solo sia contro voi due, io vi farò sentire
Qu’on ne se prend à moi qu’avec du repentir. che non mi si può attaccare senza pagarne il fio.
DEUXIS DEUSIO
O Dieux ! Je suis blessé. O dei ! Sono ferito.
PYRAME PIRAMO
Si ta main n’est meilleure, Se la tua mano non è migliore,
Ce lâche et traître sang tu vomiras sur l’heure, subito vomiterai il tuo sangue vile e traditore,
Ton sort comme le sien pend au bout de ce fer. dalla punta di questa spada pende la tua sorte e la sua.
SYLLAR SILLARO
Fuyons, je crois que c’est un fantôme d’Enfer. Fuggiamo, è uno spirito dell’Inferno.
DEUXIS DEUSIO
O Dieux ! que je fais bien ici l’expérience, O dei! Ben mi tocca fare l’esperienza
Qu’il ne faut rien tenter contre sa conscience. che niente s’ha da fare contro la coscienza.
PYRAME PIRAMO
Conscience ! voleur, je crois que le remords Coscienza ! Bandito, credo che il rimorso
Ne te presse qu’en tant que tu va voir les morts, sol t’incalza perché or tu vedi la morte,
Que tu sens la frayeur d’une peine éternelle che tu senti l’orrore d’un’eterna pena
Recueillir en mourant ton âme criminelle. che accoglie morendo la tua anima assassina.
DEUXIS DEUSIO
Ha ! si vous me laissiez un peu de liberté Ah! Se mi lasciaste un po’ la libertà
De vous parler avant de perdre la clarté... di parlarvi prima di perdere la luce...
PYRAME PIRAMO
Que me saurais-tu dire ? E che avresti da dire?
DEUXIS DEUSIO
Une chose sans doute Senza dubbio una cosa
Qui vous pourrait servir. Che vi potrebbe servire.
PYRAME PIRAMO
Il faut que je l’écoute. Bisogna che lo ascolti.
Qu’est-ce ? Che cos’è?
DEUXIS DEUSIO
Ce qu’on pourrait à peine deviner, Quel che si potrebbe appena indovinare,
Le Roi nous a contraints de vous assassiner. il re ci ha costretti ad assassinarvi.
PYRAME PIRAMO
O Ciel ! que m’as-tu dit ! mais fait-il croire un traître ? O cielo! Che hai detto! Ma come credere a un traditore?
DEUXIS DEUSIO
Je vous dis ce qui est. Vi dico quel che è.
PYRAME PIRAMO
Mais ce qui ne peut être. Ma quel che non può essere.
Dieux ! tout mon sang se trouble ; il est vrai que le Roi Dio! Tutto il mio sangue si agita; è vero che il re
Aime, à ce qu’on m’a dit, en même lieu que moi. ama, a quel che m’hanno detto, nel mio stesso posto.
Hélas ! je suis perdu, mon mal est sans remède ; Ahimé! Sono perduto, la mia disgrazia è senza rimedio;
Contre mon Roi, quel Dieu puis-je trouver qui m’aide ?
DEUXIS
Voyez de vous conduire en cela sagement,
Maintenant je trépasse avec allégement.
PYRAME
L’Enfer te soit propice, et sa nuit malheurese,
Pour un si bon remords, te soit moins rigoureuse.
Au reste il faut fuir, c’est le meilleur conseil,
sans faire plus ici, ni repos ni sommeil.
Quand le courroux des Rois fait éclater leurs âmes,
C’est pis mille fois que torrents et que flammes.
Il faut s’ôter de là, mais de nécessité.
Thisbé, vous m’en avez souvent sollicité,
Vous m’avez dit cent fois que vous seriez heureuse
De suivre loin d’ici ma fortune anoureuse,
Que vous craigniez ce Prince, et que de son amour
Quelque malheur au nôtre arriverait un jour.
Il y faudra pourvoir, et si l’humeur hardie
De ce courage ardent ne s’est pas refroidie,
Nous nous affranchirons de ses cruelles lois
Et nous n’aurons que nous, de parents, ni de Rois.
III 2
LE ROI, MESSAGER, SYLLAR
LE ROI
A cet affront, le sang au visage me monte ;
Que ma condition souffre aujourd’hui de honte,
Sachant que de ma part tu lui voulais parler.
MESSAGER
En vain cent fois le jour vous m’y feriez aller.
LE ROI
Que Thisbé n’a point fait semblant de te connaître
MESSAGER
Sire, tout aussitôt qu’elle m’a vu paraître,
Détournant ses regards, surprise à l’impourvu,
Ainsi qu’elle aurait fait d’un serpent qu’elle eût vu,
Elle s’est engagée en une compagnie,
A faire des discours d’une suite infinie,
Jusqu’à tant qu’elle a pu se dérober de moi.
LE ROI
Traiter si durement la passion d’un Roi !
Faut-il que nous ayons, fils des Dieux que nous sommes,
Le sentiment semblable au vulgaire des hommes ?
Ingrate ! si faut-il que je te mette un jour,
Dans le choix d’éprouver ma haine ou mon Amour,
Tu sauras que je règne, et que la tyrannie
Me peut bien accorder ce que l’Amour me nie.
Ce beau fils dépêché, si ton coeur ne démord,
Tu te pourras bien voir compagne à la mort.
Mais voici de retour mon fidèle ministre,
Je lis dessus son front quelque rapport sinistre,
Il craint de m’aborder. Parle et lève les yeux.
SYLLAR
L’affaire va très mal.
LE ROI
Je n’attendais pas mieux.
SYLLAR
Mon compagnon est mort et moi couvert de plaies
Vous viens faire rapport de ces nouvelles vraies.
Nous avions à peu près l’ouvrage exécuté,
Que le peuple en fureur dessus nous s’est jeté,
Et d’armes et de cris une croissante suite
contro il mio re, quale dio posso trovare in aiuto?
DEUSIO
In questo adoperate la massima saggezza,
adesso io muoio sollevato davvero.
PIRAMO
Ti sia propizio l’inferno, e la sua notte triste,
per un sì buon rimorso, men dura ti sia.
Ora bisogna fuggire, è la cosa migliore,
senza qui dimorare in riposo od inerzia.
Quando l’ira dei re fa esploder le lor anime,
è mille volte peggio di torrenti e di fiamme.
Occorre allontanarsi, è proprio necessario.
Tisbe, mi avete molto spesso così sollecitato,
cento volte m’avete detto che felice sareste
lungi da qui di seguire la mia fortuna amorosa,
che temevate il principe, e che da quel suo amore
qualche disgrazia al nostro arriverebbe un giorno.
Si dovrà provvedere, e se l’ardito umore
del tuo coraggio ardente non si è raffreddato,
allor ci affrancheremo dalle sue leggi crudeli
e ci sarem sol noi, senza padri, né re.
III 2
IL RE, MESSAGGERO, SILLARO
IL RE
A un tale affronto mi monta il sangue al viso;
quanto la mia condizione oggi si sente offesa
sapendo che da parte mia parlare le volevi.
MESSAGGERO
Invano cento volte mi mandereste ogni giorno.
IL RE
E Tisbe ha fatto finta di nemmeno conoscerti.
MESSAGGERO
Sire, non appena giunger mi ha veduto,
distogliendo lo sguardo, presa alla sprovvista,
come avrebbe fatto vedendo un serpente,
si è subito messa in una compagnia
a fare discorsi senza fine
fin quando ha potuto allontanarsi da me.
IL RE
Trattar sì duramente la passione d’un re!
Dovremo dunque avere, figli di Dei come siamo,
dei sentimenti uguali agli uomini del volgo?
Ingrata! Se un giorno ti dovrò mettere
nella scelta di provare il mio odio o il mio amore,
allor saprai ch’io regno, e che la tirannia
mi può ben accordare quel che l’amor mi nega.
Il bel drudo spacciato, se il tuo cuore non molla,
vedere ti potrai compagna della morte.
Ma ecco di ritorno il mio fedele ministro,
leggo negli occhi suoi qualcosa di sinistro,
teme d’avvicinarsi. Parla e alza gli occhi.
SILLARO
L’affare va malissimo.
IL RE
Non m’aspettavo meglio.
SILLARO
Il mio compagno è morto e io coperto di piaghe
vengo a fare rapporto di queste vere novelle.
Quasi avevamo l’opera eseguita,
quando il popol furente su di noi s’è gettato,
e d’armi e grida in crescente seguito
A peine m’a donné le loisir de la fuite.
LE ROI
C’est trop, je vois qu’Amour se moque de mes voeux,
Que le Ciel par dessein défend ce que je veux ;
Je suis au désespoir, mon âme est trop gênée,
J’ai gardé dans le sein la mort toute une année,
Mes malheurs vont sans fin l’un et l’autre suivant ;
La saison de l’Hiver n’a jamais tant de vents,
Jamais tant de frimas, ni de froid, ni de grêle,
Qu’il ne fasse en trois mois quelque beau jour pour elle;
Jamais vieillard caduc ne s’est si mal porté
Qu’il n’ait eu dans l’annèe quelque heure de santé ;
Eole quelquefois tient tous les vents en bride
Et fait voir aux nochers le front des eaux sans ride ;
Et l’astre le plus fier et plus malin des Cieux
Jamais de mon destin n’a détourné ses yeux :
Ce traître me donna le sceptre et le courage,
Pour me donner les maux avecque plus d’outrage.
Mais je me plains en vain, le Ciel n’a point de tort ;
Tout homme de courage est maître de son sort,
Il range la Fortune à son obéissance,
Son devoir ne connaît de loi que sa puissance,
Même quand c’est un Roi qui n’a d’autre devoir,
Que de jouir des droits d’un souverain pouvoir.
Non, non, mon jugement n’est plus sur la balance.
Syllar, tous mes conseils vont à la violence ;
Retente une autre fois encore tout le dessein,
Va dans son lit lui mettre un poignard dans le sein,
Dis que c’est de ma part, fais-toi donner main forte
Pour forcer la maison, dis que c’est moi, n’importe,
Controuvre quelque crime afin de l’accuser,
En mon nom tu pourras tout dire et tout oser.
SYLLAR
Que la fureur des Rois est une chose étrange !
Ils veulent que le Ciel à leur humeur se range,
Que tout leur fasse joug ; en ce cruel désir
S’il se servait d’un autre, il me ferait plaisir.
IV
IV 1
PYRAME, THISBÉ
PYRAME
Tu vois en quel danger notre fortune est mise,
Que même la clarté ne nous est pas permise.
Enfin ne veux-tu point forcer cette prison ?
Ici l’impatience est jointe à la raison.
Le tyran qui déjà fait éclater sa rage,
Afin de l’assouvir mettra tout en usage,
Et possible devant que le flambeau du jour
Ne fasse voir demain ses coursiers de retour,
Nous saurons ce que peut une fureur unie
Avec l’autorité d’une force impunie.
THISBÉ
Le conseil en est pris : sans attendre demain
Il faut résolument s’affranchir de sa main.
Je serai bienheureuse, ayant de la Fortune,
Et disgrâce et faveur avecque toi commune,
Lorsque je n’aurai plus d’espions à flatter,
Que je n’aurai parents ni mère à redouter,
Et qu’Amour ennuyé de se montrer barbare
Ne nous donnera plus de mur qui nous sèpare,
Que sans empêchement nos yeux pourront passer
appena mi ha concesso la fortuna di fuggire.
IL RE
Basta, vedo che amore deride i miei voti,
che il cielo a bella posta impedisce quel ch’io voglio;
sono alla disperazione, troppo è turbato il mio animo,
ho conservato in seno per un anno la morte,
senza fine s’inseguono l’un dopo l’altro i rovesci;
la stagione d’inverno mai ha tanto vento,
mai tanta tempesta, né grandine o freddo,
che non le arrivi in tre mesi qualche bella giornata;
mai un vecchio cadente si è così mal portato
da non avere in un anno qualche ora di salute;
Eolo talvolta tiene i venti in catene
e al marinaio mostra del mar la fronte senza rughe;
ma l’astro più feroce e più maligno in cielo
distolto non ha mai gli occhi dal mio destino:
mi diede il traditore lo scettro e l’ardire
sol per darmi i suoi mali con tanto più d’oltraggio.
Ma mi lamento invano, il cielo non ha torto;
ogni uomo coraggioso padrone è di sua sorte,
alla sua obbedienza dispone la Fortuna,
il suo dovere ha soltanto la potenza per legge,
anche quando è un Re non ha altro dovere
fuor che gioire dei diritti del potere sovrano.
No, no, il mio giudizio ormai più non tentenna.
Sillaro, tutti i miei pensieri vanno alla violenza;
prova un’altra volta il progetto fallito,
va nel suo letto a mettergli un pugnale nel petto,
dì che proviene da me, fatti dare man forte
a sforzar la sua casa, dì che son io, non importa,
escogita qualche crimine che lo possa accusare,
tutto potrai dire in mio nome, tutto potrai osare.
SILLARO
Come dei re il furore è cosa strana!
Al capriccio loro vogliono che il cielo si disponga,
che tutto a lor si aggioghi; sarei ben più felice
se si servisse d’un altro per questo duro scopo.
IV
IV 1
PIRAMO, TISBE
PIRAMO
Vedi in che pericolo è messa nostra sorte,
che nemmeno la luce a noi non è permessa.
Alla fine non vuoi forzar questa prigione?
Qui l’impazienza s’unisce alla ragione.
Il tiranno che già proromper fa sua rabbia,
certo per soddisfarla tutto metterà in atto,
e forse ben prima che la torcia del giorno
faccia vedere domani i suoi cavalli al ritorno,
sapremo quel che può un furore congiunto
con l’autorità d’una forza che non si può frenare.
TISBE
La decisione è presa: senza aspettar domani
si deve di gran fretta sfuggire alle sue mani.
Solo sarò felice, avendo Fortuna,
e disgrazie e favori insieme a te comuni,
quando non avrò più spioni da blandire,
nè parenti avrò più né madre da temere,
e quando Amore stanco di dimostrarsi barbaro
non ci darà più un muro che entrambi ci separi,
e senza impedimenti potranno i nostri occhi
Partout où sont venus la voix et le penser.
Lors d’un parfait plaisir entre tes bras comblée,
Lors je n’aurai personne à respecter que toi.
PYRAME
Lors tu n’auras personne à commander que moi ;
Dessus mes volontés, la tienne souveraine
Te donnera tousjours la qualité de Reine.
Thisbé, je jure ici la grâce de tes yeux,
Serment qui m’est plus cher que de jurer les Dieux,
Que ton affection aujourd’hui me transporte ;
Je ne la croyais pas être du tout si forte,
Je doutais que l’on pût aimer si constamment,
Et que tant d’amitié fût pour moi seulement,
Que des objets plus beaux...
THISBÉ
N’achève point, Pyrame,
Un si mauvais soupçon ; tu blesserais mon âme.
Autre objet que le tien ? C’est me désobliger,
Mon coeur, et quel plaisir prends-tu de m’affliger ?
PYRAME
Ne crois pas que cela trouble ma fantaisie,
Mais laisse à tant d’amour un peu de jalousie,
Non pas pour les mortels, car j’ose m’assurer
Que tu n’aimes que moi.
THISBÉ
Tu le peux bien jurer.
PYRAME
Mais je me sens jaloux de tout ce qui te touche
De l’air que si souvent entre et sort par ta bouche ;
Je crois qu’à ton sujet le Soleil fait le jour
Avecque des flambeaux, et d’envie, et d’Amour ,
Les fleurs que sous tes pas tous le chemines produisent,
Dans l’honneur qu’elles ont de te plaire me nuisent ;
Si je pouvais complaire à mon jaloux dessein,
J’empêcherais tes yeux de regarder ton sein ;
Ton ombre suit ton corps de trop près, ce me semble
Car nous deux seulement devons aller ensemble.
Bref, un si rare objet m’est si doux et si cher ,
Que ta main seulement me nuit de te toucher.
THISBÉ
Hors de l’empêchement qui nous sépare ici,
Tu sauras que tes voeux sont mes désirs aussi,
Que ton mal est celui dont je me sens pressée ;
Mais la course du jour s’en va déjà passée,
La lune se confond avecque sa clarté,
Il est temps de pourvoir à notre liberté,
Il faut que notre fuite à la nuit se hasarde,
Car avec trop de soin tout le jour on me garde.
PYRAME
C’est très bien avisé : quand d’un sommeil profond,
La première douceur dans nos veines se fond,
Qu’en ce pesant fardeau tout taciturne et sombre,
On n’ouït que le silence, on ne voit que l’ombre,
Il se faut dérober chacun de sa maison,
Ou plûtot se sauver chacun de la prison.
THISBÉ
Mais au sortir d’ici pour nous voir en peu d’heure,
Quelle assignation trouverons nous plus sûre ?
PYRAME
En attendant le jour, un lieu propre et bien près,
Il semble que l’Amour me le découvre exprès,
passare dove strada hanno il pensiero e la voce.
Quando un perfetto piacere fra le tue braccia mi colmi,
allora non avrò nessun altro che te da rispettare.
PIRAMO
Allora non avrai nessun altro che me da comandare;
sopra la mia volontà, la tua sovrana
sempre ti darà la qualità di regina.
Tisbe, io giuro qui sulla grazia dei tuoi occhi,
giuramento a me più caro che quello sugli dei,
che l’amore per te oggi mi trasporta;
non credevo del tutto che fosse così forte,
dubitavo si potesse amar costantemente,
e che tanta amicizia fosse solo per me,
e che oggetti più belli...
TISBE
Non terminare, Piramo,
un sì brutto sospetto; mi feriresti l’animo.
Altro oggetto da te? Mi vuoi turbare,
amore mio, ma come può piacerti di affliggermi talmente?
PIRAMO
Non credere che questo turbi il mio pensiero,
ma lascia a tanto amore un po’ di gelosia,
non per i mortali, perch’io oso confidare
che solo me tu ami .
TISBE
Giurare lo puoi bene.
PIRAMO
Ma mi sento geloso di tutto quel che ti tocca
dell’aria che sì spesso t’entra ed esce di bocca;
penso che per te il sole faccia luce
con fiaccole e d’invidia e d’amore,
i fiori che ai tuoi passi i sentieri producono
nell’onore che provan di piacerti mi nuocciono;
se potessi compiacere al mio geloso piano,
impedirei ai tuoi occhi di guardare il tuo seno;
l’ombra segue il tuo corpo troppo da presso, mi sembra,
perché soltanto noi due dobbiamo andare insieme.
Basta, un così raro oggetto m’è tanto dolce e caro,
che anche la tua mano mi nuoce che ti tocchi.
TISBE
Fuori dall’ostacolo che qui ci separa
saprai che i tuoi voti uguali sono ai miei,
che il tuo male è quello da cui sono assillata;
ma la corsa del giorno se ne va ormai passando,
la luna si confonde insieme alla sua luce,
è tempo oramai di badare alla nostra libertà,
bisogna che la nostra fuga nella notte si arrischi,
perché con troppa cura tutto il giorno mi guardano.
PIRAMO
E’ molto ben pensato: quando per fondo sonno,
la prima dolcezza nelle nostre vene si fonde,
e sotto questo manto sì fosco e taciturno,
non s’ode che silenzio, non si vede che l’ombra,
dovremo dileguarci ognuno da sua casa,
o meglio salvarci ognun dalla prigione.
TISBE
Ma uscendo di qui per vederci fra poco,
quale località troverem più sicura?
PIRAMO
Per aspettare il giorno, un luogo bello e prossimo,
sembra che l’Amore me lo consigli apposta,
Le tombeau de Ninus.
THISBÉ
Il est vraiment bien proche.
PYRAME
Là coule un clair ruisseau tout au pied d’une roche,
Qui de ses vives eaux entretenant le fleurs,
Maintient à la prairie et l’âme et les couleurs;
Un arbre tout après, fertile en mûres blanches,
Nous offre le couvert de ses épaisses branches ;
Saurons-nous rencontrer un lieu plus à souhait ?
THISBÉ
Il est le mieux du monde; allons cela vaut fait.
IV 2
LA MÈRE, SA CONFIDENTE
LA MÈRE
Encore de frayeur tous mes cheveux se dressent,
Ses farouches regards encor à moi s’adressent,
Ha ! sommeil malheureux en ce songe trompeur,
Que m’as-tu fait, ô Dieux ! que tu m’as fait de peur !
De cette vision l’image triste et noire,
Avecque trop d’horreur s’attache à ma mémoire,
J’ai rêvé tout le jour dans l’appréhension
De ma mauvaise nuit.
LA CONFIDENTE
Ce n’est qu’illusion.
LA MÈRE
Cette frayeur me tient pourtant dans les esprits
Trop avant pour avoir son présage à mépris ;
Jamais une si triste et si pâle figure
Ne se présente à nous sans un mauvais augure,
Une pareille nuit ne me vient pas souvent.
LA CONFIDENTE
A qui suit la raison , le songe n’est que vent,
Il est bon ou mauvais, feint, vrai ou variable,
Selon l’erreur douteux de notre esprit muable.
LA MÈRE
Si tu savais comment ce songe est apparu,
Comment cent fois la mort par mes os a couru,
De quelque fermeté que ta raison se vante,
Possible prendrais-tu part de l’épouvante.
LA CONFIDENTE
S’il ne vous est pas fâcheux de me le faire ouïr...
LA MÈRE
Si cette ombre en parlant pouvait s’évanouir,
Et que sa forme errante encore dans ma couche,
Pût sortir de mon âme en sortant de ma bouche,
Tu me verrais très prompte à te faire savoir
Ce que mes yeux fermés m’ont clairement fait voir.
LA CONFIDENTE
“Déchargeant sa douleur dedans l’âme fidèle
De quelqu’un que l’on aime on la sent moins cruelle”,
Le plus faible secours que l’on nous puisse offrir,
Nous fait le mal au moins plus doucement souffrir ;
S’il en faut soupirer, qu’avec vous je soupire.
LA MÈRE
Ta curiosité me presse de le dire.
L’heure où nos corps chargés de grossières vapeurs
Suscitent en nos sens des mouvements trompeurs
Était déjà passée, et mon cerveau tranquille
S’abreuvait des pavots que le sommeil distille,
la tomba di Nino.
TISBE
E’ proprio assai vicino.
PIRAMO
Lì scorre un chiaro fonte al piede d’una roccia,
che delle sue acque vive alimentando i fiori
alla prateria conserva l’anima e i colori;
un albero proprio accanto, fertile di more bianche,
il tetto ci offre delle sue spesse fronde;
dove poter trovare altro luogo più adatto?
TISBE
E’ il migliore del mondo; andiamo, questo si deve fare.
IV 2
LA MADRE, LA CONFIDENTE
LA MADRE
Ancora di spavento i miei capelli si drizzano,
i suoi sguardi feroci ancora a me si fissano,
Ah, sonno sciagurato, in quel sogno ingannevole,
che paura, o Dei, che paura m’hai fatto!
Di questa visione la triste e nera immagine,
con assoluto orrore mi si attacca alla mente,
ho quasi tutto il giorno delirato nell’ansia
della mia notte cattiva.
LA CONFIDENTE
E’ soltanto illusione.
LA MADRE
Eppure lo spavento mi tiene in suo potere
così tanto che non posso ignorare il presagio;
mai una così triste e pallida figura
a noi si presenta priva di malaugurio,
una simile notte non mi viene sovente.
LA CONFIDENTE
Per chi segue ragione, il sogno è solo vento,
è buono, o cattivo, finto, vero o variabile,
secondo l’incerto errare della nostra mente mutevole.
LA MADRE
Se sapessi come questo sogno m’è apparso,
come nell’ossa cento volte mi è corsa la morte ,
di qualunque saldezza si vanti la ragione,
forse tu stessa proveresti spavento.
LA CONFIDENTE
Se pur non vi disturba di farmelo sentire...
LA MADRE
Se quest’ombra parlando potesse svanire,
e la sua forma errante ancora nel mio letto,
uscir mi potesse dall’animo mentre m’esce di bocca,
mi vedresti ben pronta a farti sapere
quel che i miei occhi chiusi m’han fatto veder chiaramente.
LA CONFIDENTE
“Deponendo il dolore nell’anima fedele
di qualcuno che s’ama, lo si sente men crudele”,
il più piccolo soccorso che ci si possa offrire,
almeno ci fa il male patir più dolcemente;
se c’è da sospirare, ch’io sospiri con voi.
LA MADRE
La tua curiosità mi spinge a parlartene.
L’ora in cui i nostri corpi, presi da rozzi ardori,
suscitano nei nostri sensi dei movimenti falsi,
era di già passata, e il mio quieto cervello
s’abbeverava ai papaveri distillati dal sonno,
Sur le point que la nuit est proche de finir,
Et le char de l’Aurore est encore à venir.
LA CONFIDENTE
Environ ce temps-là, l’opinion vulgaire
Tient que les songes ont la vision plus claire.
LA MÈRE
Plusieurs événements me sont déjà temoins,
Que leurs incertitude alors trompe le moins.
LA CONFIDENTE
Nous préserve le Ciel que celui-ci persiste
A nous pronostiquer son aventure triste !
LA MÈRE
Sache que jamais songe en son obscurité,
N’a fait voir tant d’horreur, ni tant de vérité.
LA CONFIDENTE
Vraiment à vous ouïr j’en suis déjà touchée.
LA MÉRE
Le voici, Dieux ! Mon âme en est effarouchée.
J’ai vu tout à travers du bandeau du sommeil,
Au milieu d’un désert l’Eclipse du Soleil ;
C’est le premier objet de la funeste image,
Qui marque à mon destin un assuré dommage.
En cette nuit épaisse où par tout l’Univers
Les objets demeuraient également couverts,
J’ai senti sous mes pieds ouvrir un peu la terre
Et de là sourdement bruire aussi le tonnerre ;
Un grand vol de corbeaux sur moi s’est assemblé,
La lune est dévalée, et le Ciel a tremblé,
L’air s’est couvert d’orage, et dans cette tempête,
quelques gouttes de sang m’ont tombé sur la tête ;
Un Lion, l’oeil ardent, et le crin hérissé,
Dessus son large col hideusement pressé,
Rugissant sans me voir auprès de la caverne,
a fait autour de moi deux ou trois fois un cerne ;
Certains cris souterrains rompus par des sanglots,
Comme un mugissement de rivage et de flots,
Au travers le silence, et l’horreur des ténèbres,
M’ont transpercé le coeur de leurs accents funèbres.
LA CONFIDENTE
O Dieux ! Tant seulement à vous ouïr parler,
Je sens que tout d’horreur mon coeur se va geler.
LA MÈRE
De là tombant à coup dans des frayeurs plus vives,
Il m’a semblé d’errer aux inferrnales rives,
Où d’une nuit plus noire encore m’aveuglant,
J’ai rencontré d’abord un corps pâle et sanglant
Qui me représentait d’un objet lamentable,
De ma fille Thisbé, le portrait véritable.
Le corps avait le sein de trois grands coups ouvert,
Qui teignait le linceul dont il était couvert.
Aussitôt que ses yeux ont connu mon visage,
Quoiqu’ils ne fussent plus que d’ombre et de nuage,
M’élançaient des regards avec un tel effort,
Qu’ils me semblaient des traits que décochât la mort.
Puis m’approchant me dit d’une voix aigre et forte :
Que cherche-tu tigresse ? et bien, me voilà morte
Tu viens donc, inhumaine, en ces bords malheureux,
Pour encore épier nos esprits amoureux.
Et me prenant la main tire hors de ma place,
Pour me montrer Pyrame étendu sur la glace,
Qui par le même endroit d’autant de coups blessé,
allorquando la notte è quasi ormai passata,
e sul suo carro l’aurora ancor non è arrivata.
LA CONFIDENTE
Crede in quei momenti l’opinione del volgo
che i sogni sian più chiari.
LA MADRE
Parecchi avvenimenti già m’hanno mostrano
meno ingannevole in quel momento la fallacia dei sogni.
LA CONFIDENTE
Il Cielo ci preservi che questo sogno persista
nell’augurio d’un sì triste presagio.
LA MADRE
Sappi che mai un sogno, in tanta oscurità,
tanto orrore ha mostrato, nè tanta verità.
LA CONFIDENTE
Invero ad ascoltarvi ne sono già commossa.
LA MADRE
Eccolo, Dei! La mia anima già si raggela.
Ho veduto attraverso la benda del sonno,
nel mezzo d’un deserto l’eclissi del sole;
è questo il primo oggetto della funesta immagine
che assegna al mio destino un sicuro disastro.
In questa fonda notte dove nell’universo
gli oggetti permanevano egualmente coperti,
ho sentito ai miei piedi aprirsi la terra,
e dal fondo sordamente brontolare il tuono;
un gran volo di corvi su di me s’è raccolto,
la luna è scivolata, il cielo si è scosso,
l’aria del turbine s’è gonfiata, e in questa tempesta
delle gocce di sangue mi son cadute sulla testa;
un leone, l’occhio ardente, la criniera eretta,
sopra il suo largo collo orribilmente folta,
senza vedermi ruggendo presso la caverna,
attorno a me due o tre volte ha fatto un cerchio;
grida sotterranee rotte da singhiozzi,
come un muggito di rive e di onde,
attraverso il silenzio e l’orrore delle tenebre,
il cuore m’han trafitto coi loro accenti funebri.
LA CONFIDENTE
Dei! Appena soltanto a sentirvi parlare,
sento tutto il mio cuore d’orrore agghiacciare.
LA MADRE
Da lì cadendo a un tratto nel terrore più vivo,
mi è sembrato di perdermi nelle rive infernali,
dove accecata da una ancor più nera notte,
d’improvviso ho incontrato un corpo pallido ed esangue
che mi rappresentava con un oggetto pietoso,
di mia figlia Tisbe il ritratto verace.
Il corpo aveva il seno aperto da tre colpi,
che insanguinava il drappo da cui era coperto.
Non appena i suoi occhi il mio viso han conosciuto,
benchè altro non vedessero fuor che ombre e nebbie,
mi lanciavano sguardi con uno sforzo tale,
da sembrarmi dardi scoccati dalla morte.
Poi avvicinandosi mi dise con voce amara e forte:
che cerchi mai, tigre? Ebbene eccomi morta.
Tu vieni dunque, belva, in queste rive sciagurate,
ancora per spiare i nostri cuori innamorati.
E prendendomi la mano, mi tira fuor dal luogo
Per mostrarmi Piramo disteso sul ghiaccio@,
che nello stesso posto d’altrettanti colpi ferito,
Montrait qu’un même esprit l’avait aussi poussé.
Vois, dit-elle, barbare, en ce piteux spectacle,
De quoi nous a servi ton envieux obstacle !
Qui te meut de venir troubler notre amitié ?
Ici notre destin abhorre ta pitié,
L’Enfer plus doux que toi laisse vivre nos flammes.
Va, ne reviens plus importuner nos âmes.
Là son bras m’a poussée ; aloirs tout en sursaut,
Je me suis éveillée avec un cri fort haut.
N’est-ce pas là de quoi me donner de l’ombrage ?
LA CONFIDENTE
Mais bien de quoi troubler le plus hardi courage.
LA MÈRE
Vraiment je me repens d’avoir tancé si fort
Une si bonne fille, et connais que j’ai tort ;
Je veux dorénavant d’une bride moins forte
Retenir les désirs où son âge la porte.
LA CONFIDENTE
Madame, il est bien vrai qu’un peu moins rudement,
Vous la gouvernerez bien plus commodément.
Comme elle est de bon sang, elle a l’humeur altière,
La force en un bon coeur fait moins que la prière.
En cette âge à peu près il me souvient qu’un jour
Mon père me voulut détourner d’un amour
Qu’il jugeait peu sortable, et moi bien à ma sorte.
Sa défense rendit ma passion si forte,
Que dedans peu de jours il vit bien qu’il fallait
A la fin s’accorder à ce qu’Amour voulait.
Ni le respect d’autrui, ni notre âme elle-même
Ne se peut empêcher de suivre ce qu’elle aime.
LA MÈRE
Assure-toi d’avoir désormais le plaisir
De me voir indulgente à son jeune désir.
IV 3
THISBE, seule.
Déesse de la Nuit, Lune, mère de l’ombre,
Me voyant arriver sous ce feuillage sombre,
Tiens-toi dans ton silence, et ne t’offense pas
De l’Amour effronté qui guide ici mes pas;
Ne me regarde point pour envier mon aise,
C’est assez qu’ici bas Endymion te baise,
Et sans me quereller d’aucun jaloux soupçon,
Demeure toute seule avecque ton garçon,
Et crois qu’en ce dessein que mon amour hasarde,
Je n’ai d’intention pour rien qui te regarde ;
Celui qui maintenant me fait ici venir,
N’a que trop dans ses yeux de quoi m’entretenir.
Et toi, sacré ruisseau, dont le plaisant rivage
Semble plus accostable en ce qu’il est sauvage,
Redouble à ma faveur le bruit de ton cours,
tant que tous les Sylvains en puissent être sourds,
Et que la vaine Echo de ton bruit assourdie
Mes amoureux propos à ce bois ne redie.
Mais non, va doucement de peur de réveiller
Les Nimphes de tes eaux, laisse-les sommeiller ;
L’onde ne leur met tant de froideur dans l’âme
Qu’elle ne s’embrasât en regardant Pyrame.
Mais quoi, ce paresseux est encore à venir ;
Je ne sais quel sujet le peut tant retenir ;
Il a bien de l’amour, mais il n’est pas possible
Qu’il le ressent au point où je me vois sensible.
mostrava che uno stesso intento così l’aveva spinto.
Vedi, barbara – ella ha detto – in così pietosa scena,
di cosa ci ha servito il tuo invidioso ostacolo!
Chi ti ha detto di venir turbare la nostra amicizia?
Qui il nostro destino odia la tua pietà,
l’inferno, più di te dolce, lascia vivere le nostre fiamme.
Va, non tornar più a importunare le nostre anime.
Qui il suo braccio m’ha respinta; allor, di soprassalto,
mi sono svegliata gridando forte e alto.
Non credi sia materia da farmi ben paura?
LA CONFIDENTE
Sì, qualcosa da confondere il coraggio più ardito.
LA MADRE
Davvero mi pento d’aver tanto ripreso
una figlia così buona, e vedo che ho torto;
voglio d’ora innanzi con briglia meno stretta
trattenere le voglie che la sua età le porta.
LA CONFIDENTE
Signora, è vero certamente che con meno rudezza
guidarla potrete ben più facilmente.
Siccome è di buon sangue, il suo umore è superbo,
la forza in un buon cuore ottiene men della preghiera.
Alla sua età all’incirca mi ricordo che un giorno
mio padre mi volle distoglier da un amore
ch’ei giudicava male, ed io invece bene.
Il suo divieto rese la mia passione sì forte,
che in pochi giorni ei vide che doveva alla fine
consentire a quello che l’amore voleva.
Nè il rispetto degli altri, nè la stessa nostr’anima
può impedirci di seguire quello ch’essa ama.
LA MADRE
Sii da adesso ben certa che avrai il piacere
di vedermi indulgenteal suo giovane desiderio.
IV 3
TISBE, sola
Dea della notte, luna, madre dell’ombra,
vedendomi arrivare sotto le foglie brune,
resta in silenzio e non ti risentire
per l’amore sfrontato che guida qui i miei passi;
non guardare ad invidia la mia felicità,
ti basti che qui Endimione ti baci,
e senza contrastarmi con gelosi sospetti,
restati tutta sola insieme al tuo ragazzo,
e credi che in questo piano che il mio amore azzarda,
non v’è intenzione che possa riguardarti;
colui che qui mi fa venire,
moltissimo ha nei suoi occhi di che affascinarmi.
E tu, ruscello sacro, la cui aggraziata riva,
sembra più accogliente perché è più selvaggia,
raddoppia a mio favore il brusio del tuo corso,
fino a che i Silvani tutti ne restino sordi,
e che la vana eco assordata dal brusio
non ripeta al bosco i miei discorsi d’amore.
Ma no, vai pur lentamente per tema di svegliare
le ninfe delle tue acque, lasciale dormire;
l’onda non mette loro tanta freddezza nell’anima
quant’essa non si infiamma Piramo guardando.
Ma come, l’ infingardo ancora deve giungere;
non so che cosa mai può tanto trattenerlo;
è certo innamorato, ma non è possibile
ch’egli senta l’amore quant’io ne son sensibile.
Je ne le dis qu’à vous, ruisseaux, antres, forêts,
A qui même Diane a commis ses secrets.
A ma faveur, Echo, commande à cette roche
De lui toucher un mot d’un amoureux reproche.
Mais n’ois – je pas de loin , ce semble, un peu de bruit ?
J’entrevois la clarté comme d’un oeil qui luit.
Helas ! Qu’ai-je aperçu ! Dieu ! L’effroyable bête!
Un Lion affamé qui cherche ici sa quête.
Fuis, Thisbé, les horreurs d’un si mauvais destin.
Dieux ! Que Pyrame au moins n’en soit pas le butin !
V V
V1
PYRAME, seul
Enfin je suis sorti ; leur prudence importune
N’a plus à gouverner ni moi ni ma fortune,
Mon Amour ne suit plus que le flambeau d’Amour,
Dans mon aveuglement je trouve assez de jour.
Belle nuit qui me tends tes ombrageuses toiles,
Ha! Vraiment le Soleil vaut moins que tes étoiles,
Douce et paisible nuit, tu me vaut désormais
Mieux que le plus beau jour ne me valut jamais,
Je vois que tous mes sens se vont combler de joie,
sans qu’ici nul des Dieux, ni des mortels me voie.
Mais me voici déjà proche de ce tombeau,
J’aperçois le mûrier, j’entends le bruit de l’eau,
Voici le lieu qu’Amour destinait à Diane,
Ici ne vint jamais rien que moi de profane.
Solitude, silence, obscurité, sommeil,
N’avez-vous point ici vu luire mon Soleil?
Ombres, où cachez-vous les yeux de ma maîtresse?
L’impatient désir de le savoir me presse :
Tant de difficultés m’ont tenu prisonnier,
Que je mourais de peur d’être ici le dernier ;
Mais à ce que je vois, je m’y rend de bonne heure,
Puisqu’encore en son lit mon Aurore demeure ;
Attendant qu’elle arrive ici bien à propos,
Le reste de la nuit m’offre son doux repos ;
Mais pourrais-je dormir en mon inquiétitude,
Quelque sommeil qui règne en cette solitude?
Depuis que je la sers, Amour m’a bien instruit
A passer sans dormir les heures de la nuit.
Le murmure de l’eau, les fleurs de la prairie,
Cependant flatteront un peu ma rêverie.
O fleurs, si vos esprits jamais se transformant,
Dépouillèrent les corps des malheureux amants,
S’il en est parmi vous qui se souvienne encore
D’avoir souffert ailleurs qu’en l’Empire de Flore,
Doux objets de pitié, ne soyez point jaloux,
Si la faveur d’Amour m’a traité mieux que vous,
Et si du temps passé le souvenir vous touche,
Prêtez-nous sans regret votre amoureuse couche.
Mais déjà la rosée a vos tapis mouillés ;
Que dis-je ? C’est du sang qui vous les a souillés !
D’où peut venir ce sang? La troupe sanguinaire,
des Ours et des Lions, vient ici d’ordinaire :
Une frayeur me vient dans l’âme repassant,
Je songe aux cris affreux d’un hibou menaçant,
Qui m’a tousjours suivi ; ces ombrages nocturnes
Augmentent ma terreur en ces lieux taciturnes.
Dieux ! qu’est-ce que je vois? J’en suis trop éclarci :
Sans doute un grand Lion a passé par ici,
Lo dico solo a voi, ruscelli, antri, foreste,
ai quali anche Diana ha dato i suoi segreti.
A mio favore, o Eco, ordina a questa roccia
di lanciargli una parola d’amoroso rimprovero.
Ma non sento da lungi – mi sembra – un po’ di rumore?
Intravedo la chiarezza d’un occhio che risplende.
Ahimé! Che vedo! Dio! L’orrenda fiera!
Un leone affamato che cerca qui la preda.
Fuggi, Tisbe, gli orrori d’una sì dura sorte.
Dei! Che Piramo almeno non ne cada preda.
V1
PIRAMO, solo
Sono uscito finalmente; la loro saggezza importuna
guidar non dovrà più né me né mia fortuna,
il mio amor segue solo la fiamma d’amore,
nel mio accecamento c’è molta luce in più.
Bella notte che m’abbracci coi tuoi ombreggiati veli,
ah! Veramente men vale delle tue stelle il sole,
dolce e tranquilla notte, tu mi appari oramai
meglio del più bel giorno che m’apparì giammai,
vedo tutti i miei sensi colmarsi d’ogni gioia,
senza che alcun dio o mortale vedere qui mi possa .
Ma eccomi di già presso la tomba,
vedo il moro, sento il fruscio dell’acqua,
ecco i luoghi che amore destinava a Diana,
fuor che me qui mai venne nessuno a profanare.
Solitudine, silenzio, oscurità, sonno,
per caso non vedeste il lume del mio sole?
Ombre, dov’è che nascondete gli occhi del mio amore?
L’impaziente desiderio di saperlo m’incalza:
tante difficoltà m’hanno trattenuto,
che di paura morivo di giungere per ultimo;
ma a quel che vedo arrivo di buon’ora,
perchè ancor nel suo letto la mia aurora è distesa;
aspettando che arrivi qui con tutto agio,
il resto della notte m’offre il suo dolce riposo;
ma come potrei dormir con tanta inquietudine,
qualunque sole regni in questa solitudine?
Da quando io la servo, l’amor mi ha ben insegnato
a passar senza sonno le ore della notte.
Il mormorio dell’acqua, del prato la fioritura,
tuttavia culleranno la mia fantasticheria.
O fiori, se i vostri spiriti mai trasformandosi,
spogliarono i corpi degli amanti infelici,
se v’è fra di voi chi ancora si ricordi
d’aver sofferto altrove che nel regno di Flora,
dolci oggetti di pietà, non siate affatto gelosi,
se il favor dell’amore meglio di voi m’ha trattato,
e se del tempo andato il ricordo vi tocca,
prestateci senza rimpianto il vostro amorevole giaciglio.
Ma di già la rugiada v’ha bagnato i tappeti;
che dico? E’ il sangue che ve li ha macchiati !
Quel sangue da dove può venire? La torma sanguinaria
degli orsi e dei leoni viene qui d’ordinario:
un terrore mi esce ed entra nell’anima,
ripenso le grida orrende d’un gufo minaccioso,
che mi ha seguito sempre; quest’ombre notturne
m’accrescono il terrore in questi luoghi silenti.
Dei! Che cosa vedo? E’ anche troppo chiaro:
senz’altro un gran leone è passato di qui,
J’en reconnais la trace et vois sur la poussière
Tout le sang que versait sa gueule carnassière.
O Ciel ! en quelle horreur enfin je suis tombé !
Détestable, j’arrive aux traces de Thisbé.
Ces traces que je vois son pied les a formées,
Et celles du Lion pêle-mêle imprimées,
Parmi cela du sang abondamment épars.
Ha ! je ne vois qu’horreur et mort de toutes parts .
Il n’en faut plus douter, mon oeil me dit ma perte.
Justes Dieux se peut-il que vous l’ayez souffert ?
Mais vous n’en saviez rien, vous êtes de faux Dieux.
C’est moi qui l’ait conduite en ces coupables lieux,
Moi, traître, qui savais qu’auprès de cette source,
Les Ours et les Lions font leur sanglante course,
Que la commodité de ce frais abrevoir,
Et de ce lieu désert, tousjours les y fait voir.
Infâme, criminel et déloyal Pyrame,
Qu’a tu fait de Thisbé, qu’a tu fait de mon âme ?
Comment me suis-je ainsi de moi-même privé ?
Elle m’a prévenu, le jour est arrivé.
Vois-je pas que l’aurore, en sa pointe première,
Epanche au Ciel ouvert sa confuse lumière ?
Soleil, voudrais-tu luire après cet accident ?
Cherche pour te cacher un plus noir occident ;
Toutefois montre-toi, tu le pourras sans honte,
Il n’est plus de Soleil ça bas qui te surmonte,
Thisbé n’est plus au monde ; ô bel arbre ! ô rocher !
O fleurs ! en quel endroit me la faut-il chercher ?
Beau cristal innocent dont le miroir exprime,
Sur mon front pâlissant, l’image de mon crime ;
Toi qui dessus tes bords la voyais déchirer,
N’en as-tu quelque membre au moins su retirer ?
Traître, tu n’as servi qu’à refraîchir la gueule
Du Lion lui laissant ma Thisbé toute seule.
Mais pourquoi les cailloux veux-je ici quéreller ?
C’est à mon imprudence à qui je dois parler,
C’est à mes cruautés à qui je dois de la peine
De la mort la moins juste, et la plus inhumaine,
C’est moi de qui les bras la devaient secourir
Et qui ne l’ont pas fait, c’est moi qui dois mourir.
Sortez à ma faveur de vos demeures creuses
Pour déchirer ce corps, venez troupes affreuses,
Mon juste désespoir vous presse, il vous attend,
Sans défense un butin ce pauvre corps vous tend ;
Cruels, ne cherchez point que dans les bergéries
Quelque innocent agneau s’immole à vos furies,
Détournez désormais le cours de vos larcins,
Mangez les criminels, tuez les assassins.
En toi, Lion, mon âme a fait ses funérailles,
Qui digères déjà mon coeur dans tes entrailles,
Reviens et me fais voir au moins mon ennemi,
Encore tu ne m’a dévoré qu’à demi,
Achève ton repas ; tu seras moins funeste,
si tu m’es plus cruel, achève donc ce reste,
Ote-moi le moyen de te jamais punir ;
Mais ma douleur te parle en vain de revenir ;
Depuis que sa belle âme est ici répandue,
L’horreur de ces forêts est à jamais perdue,
Les Tigres, les Lions, les Panthères, les Ours,
Ne produiront ici que de petits Amours,
Et je crois que Vénus verra bientôt écloses
riconosco la traccia e vedo nella polvere
tutto il sangue versato dalla gola omicida.
O Cielo! in quale orrore sono infine caduto!
Detestabile che sono, giungo sulle tracce di Tisbe.
Le tracce che io vedo il suo piede le ha formate,
e quelle del leone confusamente sovrimpresse,
ed in mezzo del sangue abbondantemente sparso.
Ah! Vedo soltanto orrore e morte da ogni parte.
Più dubitar non posso, la mia perdita mi dice il mio occhio.
Giusti dei può darsi che l’abbiate tollerato?
Ma niente potevate saperne, siete dei falsi dei.
Son io che l’ho condotta in luoghi sì colpevoli,
io, traditore, sapevo che presso questa fonte,
fanno i leoni e gli orsi le loro cruente scorrerie,
che la facilità della fresca sorgente,
e del luogo deserto, sempre ve li fa giungere.
Infame, criminale, Piramo sleale,
che hai fatto di Tisbe, che hai fatto della mia anima?
Come ho fatto a privarmi di me stesso così?
Ella è giunta per prima, il giorno è arrivato.
Non vedo che l’aurora, al suo primo apparire,
distende al cielo aperto la sua luce confusa?
Sole, vorrai tu splendere dopo questa sciagura?
Cerca per nasconderti un più nero occidente;
mostrati tuttavia, potrai farlo senza onta,
non v’è più qui alcun Sole che possa superarti,
Tisbe non vive più; o bell’albero! o roccia !
o fiori! In qual luogo dovrò dunque cercarla?
Bel cristallo innocente il cui riflesso esprime
sulla mia fronte ormai livida, l’aspetto del mio crimine;
tu che sopra il tuo bordo la vedevi sbranare,
non hai tu qualche parte potuto conservarne?
Traditore, non hai servito ad altro che a rinfrescar la gola
del leone, a lui lasciando Tisbe tutta sola.
Ma perché me la prendo con i sassi di qui?
Alla mia imprudenza devo muover l’accusa,
alla mia crudeltà devo la pena
della morte men giusta e la più inumana,
son io le cui braccia dovevano soccorrerla
e che non l’hanno fatto, son io a dover morire.
Uscite a mio favore dalle dimore oscure
a lacerarmi il corpo, venite torme orrende,
il mio giusto sconforto v’incalza, vi attende,
senza difesa un bottino questo corpo vi tende;
crudeli, non cercate che negli ovili
qualche innocente agnello s’immoli alle vostre furie,
deviate ormai il corso delle vostre rapine,
mangiate i criminali, uccidete gli assassini.
In te, leone, la mia anima è stata sepolta,
e il mio cuore è digerito nelle tue interiora,
ritorna e fammi almen vedere il mio nemico,
ancor mi hai divorato soltanto per metà,
finisci il tuo pasto; sarai meno funesto,
se mi sei più crudele, finisce dunque questo resto,
toglimi il mezzo di poterti mai punire;
ma il mio dolor ti parla in van di ritornare;
poi che la sua bell’anima quivi è irrorata,
l’orrore delle foreste per sempre è allontanato,
le tigri, i leoni, le pantere, gli orsi,
non produrranno qui che piccoli amori,
e credo che Venere presto vedrà dischiuse
De ce sang amoureux mille moissons de roses ;
Mon sang dessus le sien par ici coulera,
Mon âme avec la sienne ainsi se mêlera,
Qu’il me tarde déjà que mon ombre n’arrive
Rejoindre son esprit sur la mortelle rive !
Au moins si je trouvais, d’un chef d’oeuvre si beau,
Quelque sainte relique à mettre en un tombeau,
Je ferais dans mon sein une large ouverture,
Et sa chair dans la mienne aurait sa sépulture.
Toi, son vivant cercueil, reviens me dévorer,
Cruel Lion, reviens, je te veux adorer ;
Sil faut que ma Déesse en ton sang se confond,
Je te tiens pour l’autel le plus sacré du monde.
O Dieux ! si je ne vois rien d’elle à mon trépas,
Ua moins je baiserai la trace de ses pas,
Et ma lèvre en suivant cette sanglange route,
Cent fois rebaisera son sang goutte à goutte.
Ah ! beau sang précieux qui tout froid et tout mort
Faites dedans mon âme encor un tel effort,
Vous avez donc quitté vos délicates veines
Pour achever enfin mes tourments, et mes peines !
Puisque le sort me dit que vous l’avez voulu,
Il ne m’y verra pas moins que résolu.
Mais que trouve-je ici ? cette toile,
A la pauvre defunte avait servi de voile.
O trop cruel témoin de mon dernier malheur,
Témoin de mon forfait, soi-le de ma douleur.
Mais quoi ? Dedans l’objet d’un sort si déplorable,
Sanglante et déchiré tu m’es encor aimable.
Le faut-il adorer ? Il le faut, je le veux ;
Il a touché jadis l’or de ses blonds cheveux :
Ce voile à nos amours prêtant son chaste usage,
Défendait au Soleil de baiser son visage,
Il fut en ma faveur soigné de son beau teint
Sois-tu dorénavant révéré comme saint,
Et qu’en faveur du sang qui peint notre infortune
La nuit te daigne mettre avec sa robe brune !
Mais je crois que mon coeur se flatte en sa languer,
Il est temps que ma vie achève sa riguer.
Au dessein de mourir dois-je chercher qui m’aide ?
Rien que ma main ne s’offre à ce dernier remède.
Terre, si tu voulais t’ouvrir dessous mes pas,
Tu me ferais plaisir, mais tu ne le fais pas,
Il semble que ton flanc davantage se serre ;
Dieux ! si vous me vouliez envoyer le tonnerre,
Je vous serais tenu ; mais, ô propos honteux,
Mon trépas à m’ouïr est encore douteux,
Mon désespoir encor en moi se délibère ;
Mai l’étourdissement, non la peur, le diffère.
Voici de quoi venger les injures du sort.
C’est ici mon tonnerre, et mon gouffre, et ma mort.
En dépit des parents, du Ciel, de la nature,
Mon supplice fera la fin de ma torture.
Les hommes courageux muerent quand il leur plaît.
Aime ce coeur, Thisbé, tout massacrè qu’il est ;
Encor un coup, Thisbé, par la dernière plaie,
Regarde là-dedans si ma douleur est vraie.
V2
THISBÉ, seule
A peine ai-je repris mon esprit et ma voix ;
Cette peur m’a fait perdre un voile que j’avais,
da questo sangue amoroso mille messi di rose;
il mio sangue sul suo quivi scorrerà,
la mia anima alla sua così si unirà,
che impaziente io sono che la mia ombra arrivi
a raggiungere il suo spirito sulla mortale riva!
Se almeno io trovassi, d’un così bel capolavoro,
qualche santa reliqua da porre in un sepolcro,
io farei nel mio seno una larga apertura,
e la sua carne nella mia avrebbe sepoltura.
Tu, sua bara vivente, ritorna a divorarmi,
crudele leone, ritorna, ché voglio adorarti;
se deve la mia dea nel tuo sangue confondersi,
ti prendo per l’altare più sacro del mondo.
O Dei! Se nel morire niente potrò di lei vedere,
almeno bacerò la traccia dei suoi passi,
e il mio labbro seguendo la sanguinante strada,
cento volte bacerà il suo sangue goccia a goccia.
Ah! Bel sangue prezioso che benché freddo e morto
porti nel mio cuore ancora un tale affanno,
hai dunque lasciato le tue delicate vene
per terminare infine i miei tormenti e le mie pene!
Poiché il destino mi dice che tu l’hai voluto,
non mi vedrà altrimenti che del tutto determinato.
Ma che vedo qui adesso? Questo drappo
alla povera morta serviva da velo.
O crudelissimo teste della mia ultima sciagura,
testimone della mia perdita, siilo del mio dolore.
Ma come? Dentro l’oggetto d’una sorte sì pietosa,
sanguinante e lacero ancora mi sei amabile.
Devo adorarlo? Devo, lo voglio;
un tempo ha toccato l’oro dei suoi capelli:
quel velo al nostro amore prestava il suo uso,
impediva al sole di baciare il suo viso,
curò a mio vantaggio il suo bell’incarnato,
sii d’ora in poi riverito come santo,
e che a favor del sangue che colora la nostra sorte
la notte degni d’indossarti sulle sue vesti brune!
Ma credo il mio cuore nel suo languor s’illuda ,
è tempo che la mia vita termini il suo rigore.
Al fine di morire debb’io cercare aiuto?
Nulla fuor che mia mano s’offre all’ultimo rimedio.
Terra, se tu volessi aprirti sotto i passi miei,
mi faresti piacere, ma tu non lo fai,
mi sembra anzi che il tuo fianco ancor più si rinserri;
Dei! Se voleste inviarmi la folgore
grato ve ne sarei; ma, che intenzione vergognosa,
la mia morte, a sentirmi, ancora è dubbiosa,
la mia disperazione ancora in me si agita;
ma lo stordimento, non la paura, ancora la rimanda.
Ecco come vendicare le ingiurie della sorte.
Qui è la mia folgore, il mio abisso, e la mia morte.
A dispetto dei parenti, del cielo, della natura,
porrà il mio supplizio fine alla mia tortura.
Gli uomini coraggiosi muoiono quand’essi vogliono.
Ama questo cuore, Tisbe, anche se è massacrato;
una volta ancora, Tisbe, per l’ultima ferita,
lì dentro guarda ancora se è vero il mio dolore.
V2
TISBE, sola
Appena ho ripreso lo spirito e la voce;
la paura m’ha fatto perdere un velo che avevo
Et m’a fait demeurer assez longtemps cachée ;
Possible mon amant m’aura depuis cherchée,
Il doit être arrivé s’il n’a perdu le soin
De me venir trouver, car le jour n’est pas loin ;
Je n’entends plus que l’eau que verse la fontaine,
Le silence profond me rend assez certaine
Que je puis approcher la tombe, où cependant
Mon Pyrame languit sans doute en m’attendant.
La bête qui cherchait l’eau de cette vallée,
Ayant éteint sa soif, ores s’en est allée ;
Autrement j’entendrais qu’elle ferait du bruit,
Et ses yeux brilleraient à travers de la nuit.
O nuit ! je me remets enfin sous ton ombrage ;
Pour avoir tant d’amour, j’ai bien peu de courage.
Mais, ou mon oeil s’abuse en un objet trompeur,
Voici de quoi rentrer en ma première peur,
Une subite horreur me prend à l’imporvue,
Et si l’obscurité peut assurer ma vie,
Un augure incertain, mes soupçons me dementent :
Certains pas dans les miens mêlés confusement,
Cette place partout sanglante et si foulée,
Montre qu’ici la bête a sa fureur soûlée.
Dieux ! je vois par la terre un corps qui semble mort.
Mais pourquoi m’effrayer ? C’est Pyrame qui dort.
Pour divertir l’ennui de son attente oisive,
Il repose au doux bruit de cette source vive.
Ce sera maintenant à lui de m’accuser.
Mais ce lieu dur et froid, mal propre à reposer,
Que déjà la rosée a rendu tout humide,
M’oblige à l’éveiller ; Dieux ! que je suis timide !
J’ai son contentement et son repos si cher,
Que ma voix seulement a peur de le fâcher ;
il dort si doucement qu’on ne saurait à peine
Discerner parmi l’air le bruit de son haleine.
Mais d’où vient qu’immobile et froid dessous ma main,
Il semble mort ? Pyrame ! ô Dieux ! j’appelle en vain,
Il ne respire plus, ce beau corps est de glace,
Hélàs ! je vois la mort peinte dessus sa face,
d’une éternelle nuit son bel oeil est couvert,
Je vois d’un large coup son estomac ouvert.
Hé ! ne meurs pas si tôt, ouvre un peu la paupière,
Respire encore un coup, je mourrai la première,
Ne t’en va point sans moi, ne me fais point ce tort.
Tu ne me rèponds rien, mon coeur ! tu n’es pas mort,
Les Dieux ne meurent point, la nature est trop sage
Pour laisser ruiner son plus aimable ouvrage.
Mais, ô faible discours ! ô faux soulagement !
La perte que je fais m’ôte le jugement.
Pyrame ne vit plus, ah ! ce soupir l’emporte.
Comment, il ne vit plus et je ne suis pas morte ?
Pyrame, s’il te reste encore un peu de jour,
Si ton esprit me garde encore un peu d’amour,
Et si le vieux Charon, touché de ma misère,
retarde tant soit peu sa barque à ma prière,
Attende-moi, je te prie, et qu’un même trépas
Achève nos destins ; je m’en vais de ce pas.
Mais tu ne m’attends point, et si peu que je vive
En ce dernier devoir mon sort veut que je suive.
Coupable que je suis de cette injuste mort,
Malheureux criminel de la fureur du sort,
Quoi ? je respire encore et regardant Pyrame
e a lungo nascosta m’ha fatta rimanere;
forse il mio amore mi avrà di poi cercato,
dev’essere arrivato se non ha perduto la cura
di venirmi a trovare, poichè non è l’alba lontana ;
sento soltanto l’acqua che versa la fontana,
il profondo silenzio mi rende assai sicura
che posso alla tomba accostarmi, dove frattanto
il mio Piramo senza dubbio langue nell’attesa.
La fiera che cercava l’acqua di questa valle,
dissetata oramai, oramai se n’è andata;
altrimenti sentirei echeggiarne il rumore,
e i suoi occhi brillerebbero attraverso la notte.
O notte ! infine io ritorno sotto la tua ombra;
per aver tanto amore, ho ben poco coraggio.
Ma se il mio occhio non sbaglia per una vista ingannevole,
ecco di che tornare alla prima paura,
un repentino orrore mi prende all’improvviso,
e se l’oscurità può rassicurar la mia vista,
un incerto presagio, i miei sospetti mi smentiscono:
certi passi ai miei mischiati confusamente,
questo luogo ovunque sanguinante e calpesto,
dice che qui la bestia ha saziato il suo furore.
Dei, vedo per terra un corpo che par morto.
Ma perché spaventarmi? E’ Piramo che dorme.
Per ingannar la noia dell’inerte attesa,
egli riposa al suono di questa fonte viva.
Spetterà a lui, adesso, di accusarmi.
Ma il luogo freddo e duro, improprio a riposare,
che la rugiada ha reso di già tutto bagnato,
m’obbliga a risvegliarlo; Dei come son timida!
La sua gioia, la sua quiete mi sono così care,
che la mia voce teme solo di disturbarlo;
dorme sì dolcemente che appena si potrebbe
sentire nell’aria il soffio del suo alito.
Ma come mai immobile e freddo alla mia mano,
egli sembra morto? Piramo! O Dei! Invano io lo chiamo,
ei non respira più, il bel corpo è di ghiaccio,
ahimé, vedo la morte dipinta sulla sua faccia,
d’una notte eterna il suo bell’occhio è coperto,
vedo d’un grande colpo il suo petto aperto.
Eh! Non morir così presto, apri un poco la palpebra,
respira ancora un po’, morrò io per prima,
non partir senza me, non farmi questo torto.
Non mi rispondi niente, cuor mio! Tu non sei morto,
non muoiono gli dei, la natura è troppo saggia
per lasciar perire il suo bel capolavoro.
Ma, che debole discorso! Che falso sollievo!
La perdita che ho avuto m’impedisce il giudizio.
Piramo non vive più, ah! Il sospiro mi abbatte.
Come, non vive più e io non sono morta?
Piramo, se ancora ti resta un po’ di luce,
se la tua anima mi serba ancora un po’ d’amore,
e se il vecchio Caronte, dalla mia miseria commosso,
ritarda appena un poco la sua barca ai miei preghi,
aspettami, ti prego, e che una stessa morte
chiuda i nostri destini; ma ne vado da queste porte.
Ma tu non mi aspetti, e per poco ch’io viva
in quest’ultimo debito vuol la mia sorte ch’io segua.
Colpevole come sono di questa ingiusta morte,
criminale sciagiurato del furor della sorte,
come? ancora respiro e Piramo guardando
Trépassé devant moi je n’ai point perdu l’âme !
Je vois que ce rocher s’est éclaté de deuil
Pour répandre des pleurs, pour m’ouvrir un cercueil ;
Ce ruisseau fuit d’horreur qu’il a de mon injure,
Il est sans repos, ses rives sans verdure,
Même au lieu de donner de la rosée aux fleurs,
L’Aurore à ce matin n’a versé que des pleurs,
Et cet arbre touché d’un désespoir visible,
a bien trouvé du sang dans son tronc insensible,
Son fruit en a changé, la Lune en a blêmi,
Et la terre a sué du sang qu’il a vomi.
Bel arbre, puisqu’au monde après moi tu demeures
Pour mieux faire paraître au ciel tes rouges mûres,
Et lui montrer le tort qu’il a fait à mes voeux,
Fais comme moi, de grâce, arrache tes cheveux,
Ouvre-toi l’estomac et fais couler à force
Cette sanglante humeur par toute ton écorce.
Mais que me sert ton deuil ? Rameaux, prés verdissants,
Qu’à soulager mon mal vous êtes impuissants !
Quand bien vous en mourriez on voit la destinée
Ramener votre vie en ramenant l’année :
Une fois tous les ans nous vous voyons mourir,
Une fois tous les ans nous vous voyons fleurir,
Mais mon Pyrame est mort sans espoir qu’il retourne
De ces pâles manoirs où son esprit séjourne.
Depuis que le Soleil nous voit naître et finir
Le premier des défunts est encore à venir,
Et quand les Dieux demain me le feraient revivre,
Je me suis résolue aujourd’hui de le suivre.
J’ai trop d’impatience, et puisque le destin
De nos corps amoureux fait son cruel butin,
Avant que le plaisir que méritaient nos flammes,
Dans leurs embrassements ait pu mêler nos âmes,
Nous les joindrons là-bas et par nos saints accords,
Ne feront qu‘un esprit de l’ombre de deux corps ;
Et puisque à mon sujet sa belle âme sommeille
Mon esprit innocent lui rendra la pareille ;
Toutefois je ne puis sans mourir doublement ;
Pyrame s’est tué d’un soupçon seulement,
Son amitié fidèle un peu trop violente,
D’autant qu’à ce devoir il me voyait trop lente,
Pour avoir soupçonné que je ne l’aimais pas,
Il ne s’est pu guérir de moins que du trépas.
Que donc ton bras sur moi davantage demeure,
O mort ! et s’il se peut que plus que lui je meure,
Que je sente à la fois, poison, flammes et fers !
Sus, qui me vient ouvrir la porte des Enfers ?
Ha ! voici le poignard qui du sang de son maître
S’est souillé lâchement ; il en rougit le traître !
Exécrable bourreax, si tu te veux laver
Du crime commencé, tu n’as qu’à l’achever,
Enfonce là-dedans, rends-toi plus rude et pousse
Des feux avec ta lame ! hélas ! elle est trop douce.
Je ne pouvais mourir d’un coup plus gracieux,
Ni pour un autre objet haïr celui des Cieux.
davanti a me trafitto non ho perduto l’anima!
Vedo che questa roccia s’è aperta dal dolore
per spandere le lacrime, per aprirmi una bara;
il ruscello fugge dall’orrore che prova al mio dolore,
senza quiete sobbalza, spoglie son le sue rive,
perfino l’aurora al posto della rugiada
ha versato ai fiori soltanto le sue lacrime,
e quest’albero afflitto da visibile angoscia,
del sangue ha trovato nel suo tronco insensibile,
il suo frutto è cambiato, la luna è impallidita,
e la terra ha sudato il sangue che vomitò.
Bell’albero, poiché dopo di me nel mondo tu rimani,
per meglio mostrare le tue rosse more al cielo,
e dimostrargli il torto che ha fatto ai miei voti,
fai come me, ti prego, strappati i capelli,
apriti il prtto e fai colare a forza
questa sanguinante linfa su tutta la tua scorza.
Ma a che mi serve il tuo dolore? Rami, verdi prati,
come siete impotenti ad alleviarmi il male!
Se anche voi moriste si vedrebbe natura
riportarvi in vita ritornando l’anno:
una volta ogni anno vi vediamo morire,
una volta ogni anno vi vediamo fiorire,
ma il mio Piramo è morto e non c’è speme che torni
dai lividi manieri dove il suo spirito dimora.
Dopo che il sole ci vede nascere e finire
il primo dei defunti ancor deve tornare,
e se domani gli dei pur lo facesser rivivere,
io sono oggi decisa a volerlo seguire.
Sono troppo impaziente, e poiché il destino
dei nostri corpi innamorati fa la sua crudele preda,
prima che il piacere riservato al nostro amore,
abbia nei loro abbracci unito le nostre anime,
noi le congiungeremo laggiù e per i nostri santi accordi,
faranno un solo spirito dell’ombra di due corpi;
e poiché verso di me la sua anima dorme
il mio spirito innocente gli restituirà la pariglia;
tuttavia non posso senza morire due volte;
Piramo s’è ucciso soltanto per un sospetto,
il suo amore fedele un po’ troppo violento,
poiché al mio dovere troppo lenta mi vedeva,
per aver dubitato ch’io non l’amassi,
non ha trovato rimedio fuori che nella morte.
Che dunque il tuo braccio su di me si distenda,
o morte! E se per me è possibile morire più di lui,
ch’io senta ad un tempo veleno, fiamme e ferri!
Su, chi viene ad aprirmi le porte dell’inferno?
Ah! Ecco il pugnale che del sangue del suo padrone
vilmente s’è macchiato; ne arrossisce il traditore!
Esecrabile assassino, se ti vuoi lavare
del crimine cominciato, non hai che da finirlo,
affonda qui dentro, renditi più duro e metti
dei fuochi in cima alla tua lama! Ahimé ! è troppo dolce.
Non potevo morire d’un colpo più gentile,
né per un altro oggetto odiare quello dei cieli.