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Les bases de la pensée de René Guénon –

Introduction à la Tradition.

Quelques éclaircissements pour éviter les erreurs les plus courantes sur les
sujets relatifs à la Tradition, aux religions et à l’ésotérisme. Ces points sont
développés plus en profondeur dans le premier livre de Guénon : Introduction
générale à l’étude des doctrines hindoues.

La Métaphysique

- La métaphysique est la connaissance de ce qui vient après la physique,


celle-ci se définissant comme l’ensemble des sciences de la nature.
- Elle est la connaissance des principes d’ordre universel.
- Elle n’est pas irrationnelle mais supra-rationnelle, elle n’est pas contraire à
la raison mais au-delà de la raison.
- Elle n’est pas une science. Il n’y a pas de découvertes possibles en
métaphysique (au sens classique), car tous ses principes sont
susceptibles d’avoir été connu dans le passé. Il n’y a donc pas recherche
mais apprentissage.
Exemple de principe métaphysique: le Kairos. Le Kairos est le temps de
l'occasion opportune. Dans le langage courant, on parlerait de point de
basculement décisif avec toujours cette notion d'un avant et d'un après. In
fine, l'expression " instant d'inflexion " semble convenir : « Maintenant est le
bon moment pour agir. » Le Kairos, une dimension du temps n'ayant rien à
voir avec la notion linéaire Chronos (temps physique), pourrait être
considérée comme une autre dimension du temps créant de la profondeur
dans l'instant. Une porte sur une autre perception de l'univers, de
l'événement, de soi. Une notion immatérielle du temps mesurée non pas par
la montre, mais par le ressenti.

Les mathématiques

- Les mathématiques sont une forme particulière de métaphysique liée à la


quantité
- Les règles mathématiques sont universelles.
- Ces règles sont susceptibles d’avoir étés connues dans le passé. Il n’y a
pas de recherche possible en mathématique (au sens classique, elle n’est
pas basée sur l’expérimentation).
- Contrairement à la métaphysique “pure”, les mathématiques sont
accessibles à la logique.

Philosophie et pseudo-métaphysique
- La philosophie est le domaine du rationnel.

- La pseudo-métaphysique est une philosophie qui se croit métaphysique


dans le sens où elle est une recherche par la raison de ce qui vient après
le physique, après le matériel.
- C’est une recherche de la connaissance de choses ou d’êtres qui
existeraient en dehors du sensible, c’est une superstition.
Exemple: Les pensées métaphysiques de Descartes.

Théologie

- La théologie est une réduction de la métaphysique à son point de vue


sentimental (un peu comme les mathématiques sont une réduction de la
métaphysique au domaine de la quantité).
Exemple: Le Saint-Esprit. C’est le feu intérieur et le sentiment d’élévation
spirituelle que ressent tout homme proportionnellement à la piété de sa vie. Le
but de la vie chrétienne est de faire de son corps un temps spirituel pour le
Saint-Esprit, c’est la quête de la Sainteté.

Éternité, infinité

- Le domaine de la métaphysique est radicalement séparé de celui de la


physique, ses principes sont donc en dehors du temps et de l’espace :
éternels et infinis.
- Les difficultés de l’homme occidental à penser la métaphysique l’ont
amené à se représenter l’éternité comme l’existence sans limite dans le
temps, et l’infini comme l’existence sans limite dans l’espace. Ce sont des
non-sens, en physique tout est limité dans le temps et l’espace.
- Dans la métaphysique rien n’existe ni dans le temps ni dans l’espace, par
définition.

La Tradition, les traditions

- La Tradition (avec une majuscule) est l’ensemble des principes


métaphysique universels, éternels et infinis.
- Universelle, éternelle et infinie, elle ne peut pas être découverte ou
soumise au progrès mais simplement redécouverte. Sa vocation est donc
d’être transmise.
- Les traditions sont les formes particulières que prend la Tradition dans les
diverses cultures à travers le temps et l’espace.

Langues traditionnelles
- Les divers exemples précédents (confusion sur les définitions de
métaphysique, d’éternité, d’infinité) permettent de se faire une idée de
l’importance d’une langue figée(Latin, Hébreux, etc.), à l’abris des
mutations que subissent nécessairement toutes les langues usuelles,
pour la préservation d’une tradition.

Doctrine, dogme

- Le doctrine est l’ensemble des concepts métaphysique d’une tradition


particulière et constitue sa partie intellectuelle, sa base.
- Lorsque ces concepts sont essentiellement de nature théologique, on
parle de dogme.

Morale religieuse

- Une morale religieuse est un code de conduite qui repose sur un dogme.
- Sur le plan personnel, la mise en application de la morale religieuse qui
permet de faire l’expérience de Dieu. Cette méthode s’appelle le
mysticisme.
Morales religieuses:
- Judaïsme: les 613 commandements
- Christianisme: l’imitation du Christ
- Islam: la Sharia

Morale philosophique

- Une morale philosophique est un code de conduite élaboré de manière


rationnelle.
- Elle est relative.
- Elle sert souvent un but.
Exemple: Les Droits de l’Homme.

Symbolisme

- Le symbolisme est un langage pictographique dont la forme permet de


mieux exprimer le métaphysique que les simples mots ne peuvent le faire.
Exemple : Dans le christianisme, la foi est généralement représentée par une
ancre, parce que c’est le sentiment auquel le croyant s’accroche durant les
épreuves.
Exemple: La lumière est le symbole courant de la Vérité. Même dans le
langage courant il est difficile d’exprimer un tel concept sans recourir à des
métaphores relatives à la lumière. (“S’éclaircir les idées”, “Faire la lumière
dans une affaire”).
- De même que dans un langage classique un mot peut avoir plusieurs
sens, et un sens exprimé par plusieurs mots –notamment en passant d’un
langage à un autre-, en métaphysique un principe peut être exprimé par
des symboles différents – notamment en passant d’une tradition à l’autre.
- Bien sur plus un symbole est complexe, plus son usage est exclusif.
Exemple de symbole complexe: Le Chrisme ☧. Constitué d’un P et d’un X,
deux lettres extraites du nom grec du Christ (Χριστός). Il représente
également une clef dans une serrure. Ce symbole représente donc le Christ,
mais d’une manière telle qu’il exprime simultanément que le Christ est la
Voie, le Chemin, l’exemple dont l’imitation est la clef pour le royaume des
cieux.

Idolâtrie

- L’incapacité à penser le métaphysique (qui est la norme en Occident)


conduit souvent à prendre le symbole pour ce qu’il représente par
incapacité à s’élever à son sens métaphysique. Ceci s’appelle l’idolâtrie,
c’est une forme de superstition.
- L’idolâtrie est la raison pour laquelle certaines traditions interdisent le
symbolisme.
- Cette méprise est particulièrement facile lorsque les symboles sont de
nature anthropomorphique (anges, dieux grecs, djinns...).
- Paradoxe: Cette forme particulière de superstition a souvent contribué à
diffuser concrètement des traditions, notamment les religions, tout en
appauvrissant leur contenu intellectuel.
Exemple: La tradition grecque est l’exemple type d’une tradition dans
laquelle l’idolâtrie est généralisée. Les Grecs ne concevaient plus leurs dieux
comme des symboles représentants des principes métaphysiques mais
comme des humanoïdes agissants et doués de sentiments.

Rituels

- Un rituel est un symbole “agi”.


Exemple: Le baptême. Il symbolise l’entrée dans la vie chrétienne.
L’immersion dans l’eau représente l’immersion dans le Saint-Esprit qui est
le vrai début de la vie chrétienne. Le baptême d’eau symbolise le baptême
d’Esprit-Saint.
- L’incompréhension du sens métaphysique d’un rituel entraine une forme
de superstition : la croyance en la magie, c’est-à-dire la croyance que le
but du rituel est d’agir sur la matière par le biais de forces invisibles.

Culte
- Un culte est l’ensemble des rituels propres à une tradition.

Religions et Traditions

- Une religion est une tradition qui comprend un dogme (une doctrine
théologique, la partie intellectuelle), une morale (sa partie sociale) et un
culte. Il n’y a donc que trois traditions réellement religieuses: le judaïsme,
le christianisme et l’Islam.
- Une tradition religieuse ne comprend pas de morale, et surtout sa partie
instinctuelle – sa doctrine – n’est pas théologique mais purement
métaphysique.
- De la même manière que le point de vue métaphysique est étranger à
l’Occident (à telle point que même la théologie est malmenée, sujette à la
pseudo-métaphysique et aux interprétations superstitieuses), le point de
vue métaphysique est quasi-inconnu en Orient.

Cas particulier du protestantisme

- Le protestantisme n’a pas de dogme, chacun est libre d’interpréter les


écrits et de se forger sa propre doctrine.
- Sans dogme le symbolisme, les rituels et le culte – perdent tout leur sens
profond.
- Le protestantisme n’est donc techniquement pas une religion puisque
réduite à son élément moral. De plus la morale protestante, ne reposant
pas sur un dogme, n’est plus une morale religieuse. C’est une morale
philosophique de culture chrétienne.
- Le protestantisme est l’exemple extrême de l’incapacité occidentale à la
métaphysique, de son matérialisme.

Esotérisme et exotérisme

- L’ésotérisme et l’exotérisme sont deux aspects d’une même doctrine.


- Ce ne sont pas deux aspects égaux, parallèles ou indépendants. Ils
s’organisent sous la forme d’une écorce et d’un noyau. Ils sont
complémentaires.
- L’aspect extérieur exotérique est la partie la plus élémentaire, accessible,
et compréhensible d’une doctrine. Elle est susceptible d’être mise à la
portée de tous.
- L’aspect intérieur ésotérique de niveau plus élevé est réservé aux
disciples réguliers et préparés à comprendre. L’ésotérisme développe et
complémente, donne un sens plus profond.

- Le cœur métaphysique de toute doctrine est de nature inexprimable. C’est


quelque chose que chacun doit concevoir par lui-même avec l’aide des
mots et symboles comme appui. Cette partie inexprimable est universelle
et éternelle, c’est la même dans toutes les traditions, c’est la Tradition.
- Comme en mathématiques, les signes et formules ne sont que les outils
pour exprimer une réalité qui peut être pensée sans eux.
- Comme en mathématique, la compréhension de la vérité demande des
capacités intellectuelles particulières pout appréhender la réalité
représentée par les signes et formules et utiliser ceux-ci de manière
purement mécanique.

Sociétés traditionnelles

- Au sens guénonien, une société traditionnelle est une société dans


laquelle la vie sociale et les institutions sont englobées dans une tradition.
Exemple: La république islamique d’Iran.
- Ne pas confondre les sociétés dans lesquelles l’influence de la tradition est
forte, mais où c’est celle-ci qui dépend des institutions.
Exemples: Gallicanisme sous Louis XIV, Anglicanisme.

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