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Deux voiliers de grand voyage aux essais

Avant-propos
Nous vous proposons ce mois deux essais de voiliers de grand voyage en insistant sur
le fait qu’il ne s’agit pas d’un comparatif. Si ces deux voiliers ont des points communs
comme le fait qu’ils soient tous deux en aluminium et tous deux traités en dériveurs
lestés, ils gardent cependant chacun leur charme particulier et leurs caractéristiques
propres. Notre démarche n’est donc pas la quête du voilier de grand voyage idéal
parce que, si celui-ci existait, il n’y aurait qu’un modèle au monde. Disons que le
Boréal 44 a beaucoup d’allures et que l’Allures 40 pourra affronter sans crainte les
latitudes boréales. Mais à chacun son essai et à chacun son voilier.
ESSAI

ALLURES 40
Le grand voyage se prépare, c’est le dernier trajet en voiture,
chargée à bloc, de Bruxelles vers Cherbourg. La prochaine fois,
c’est en train qu’ils prendront la route de la cité des parapluies
avant de larguer les amarres pour quelques mois, voire quel-
ques années. Une semaine avant ce jour J pour les nouveaux
propriétaires de ce voilier tout neuf, Yachting Sud a le plaisir de
pouvoir embarquer à bord pour un trip vers Aurigny et retour,
de quoi pouvoir bien s’imprégner de l’ambiance, du charme et
des performances de ce dériveur intégral en aluminium.

ESSAI RÉALISÉ PAR CHARLES BERTELS

Photo © Allures-Yachting

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Allures 40
Le ponton H est le dernier des pontons de Port
Chantereyne et, tout au bout de celui-ci, c’est non
moins d’une dizaine de voiliers de chez Allures,
chantier local, qui sont alignés, déclinés en 40, 44 ou
51 pieds. Notre dévolu s’est porté sur le plus petit
de la gamme, choisi par un couple qui naviguera
en majeure partie à deux, ce qui est le cas le plus
fréquent pour des plaisanciers jeunes retraités ou
retirés des affaires qui rêvent depuis longtemps de

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partir au large. Leur choix s’est porté sur la version
deux cabines, il faut penser aux enfants et aux amis
qui viendront parfois les rejoindre au fil des escales.
Ma jambe raide apprécie d’emblée ce pare battage
qui sert aussi de marche pour monter à bord par • Une cuisine bien équipée surplombée de nombreux équipets
le balcon du maître-bau. La coque en formes, en

A L L U R E S
aluminium brossé sur les œuvres vives et protégée
d’anti-fouling sur ses œuvres mortes confère à l’en-
semble l’élégance d’un bel allongement. Le pont est
parqueté par des bandes de liège synthétique façon
teck où la semelle tient particulièrement bien. Pas
question de prendre la mer ce soir sous ce crachin,
donc nous commencerons par l’inventaire des amé-
nagements intérieurs.

UN CONFORT DOUILLET

L a descente dans le carré nous plonge dans l’ambiance


confortable d’un espace à vivre qui séduit au premier
coup d’oeil. La partie centrale du carré est séparée sur pres-
que toute sa longueur par une console centrale qui sert avant

E S S A I
• La table à cartes pourvue de deux banquettes face à face
tout à vaigrer le puits de dérive, mais qui est astucieusement
derie. L’autre cabine sur le bâbord arrière, offre un large lit
double et une penderie, avec hauteur sous barrots dans le
dégagement devant la couchette. Nous avons regretté que
ses hublots s’ouvrent vers l’intérieur, ce qui est un peu déran-
geant lorsqu’il pleut. L’arrière tribord est dévolu au cabinet
de toilette avec douche séparée. Une petite penderie à cirés
y est aménagée, dans le vaigrage. Un portillon donne aussi
accès à une zone technique aménagée sous la banquette
du cockpit. Elle est très appréciable pour les rangements
et, si on ouvre le banc de cockpit, on peut s’y tenir debout.
L’ensemble des boiseries est de belle facture et il faudra voir
à l’usage si les vernis les protègent suffisamment. Les repri-
ses des haubans sont soudées à la coque. Un large hublot au
dessus de la table à cartes permet une excellente vision sur
• Le carré, un espace de vie confortable la voilure, un autre au dessus de la cuisine assure une bonne
mise à profit pour y intégrer quelques équipets et les rabats
de la table du carré pour six personnes, renvoyée vers l’avant
aération. L’intérieur est particulièrement lumineux. >>>
de cet espace. La partie cuisine s’intègre sur bâbord avec
une glacière, un frigo, un réchaud avec four et un double
évier, le tout surplombé d’une profusion d’équipets. Sur la
partie tribord, juste après la descente, une ingénieuse table à
cartes offre l’originalité d’être pourvue de deux banquettes,
face à face, autour du plan de travail. C’est esthétiquement
très réussi et parfaitement convivial. Nous avons un peu
Photos © Charles Bertels

regretté la différence de niveau entre la partie arrière et la


partie avant de ce carré. C’est une petite marche à laquelle il
faudra s’habituer mais elle a sa raison d’être technique : sous
elle se trouve le lest en plomb (3,8 tonnes) et les généreux
réservoirs d’eau et de fioul, de façon à centrer les poids au
maximum. La cabine avant, la plus spacieuse, sera dévolue
• La cabine du propriétaire, spacieuse et munie de nombreux rangements
aux propriétaires, avec équipets, petite bibliothèque et pen-

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Allures 40
>>> LA DÉRIVE ET LES SAFRANS le petit clapot en puissance, l’erre des presque 9 tonnes de
C’est une tôle d’alu usinée sur le bord d’attaque et sur le déplacement donne un réel sentiment de puissance. Notre
bord de fuite et plate en son centre qui pivote sur un axe route, en fonction de la marée, nous place un peu comme
intégré et qui est maintenue latéralement par des coussi- si nous étions à la surface d’un évier qui se vide vers le raz
nets de friction. Elle pèse une centaine de kilos et se relève Blanchard. Force nous est donc de serrer vers le nord. Le vent
moyennant une vingtaine de tours au winch. Son tirant monte à 16 noeuds et, à 40° du vent, le speedo accuse main-
d’eau cale à 2,60 mètres en position basse, ce qui est un tenant une vitesse de 6,1 nœuds sur le fond. Après une nuit
gage de très bon cap au près et, en position haute, elle doucement bercée dans la rade d’Aurigny, nous reprenons le
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permet au voilier d’échouer dans 95 cm, bonjour les petites cap sur Cherbourg en arrondissant à nouveau vers le nord,
criques peu profondes. Nous avons été étonnés par la lar- mais cette fois, les deux tiers de la route devront se faire au
geur du puits de dérive dans lequel on peut constater, par moteur, faute de vent et courant contre. Le Volvo 40 Ch Sail
la trappe transparente d’accès, un bel effet de lessiveuse. Drive et le pilote automatique nous remplacent très efficace-
La transmission de barre vers les deux safrans se fait par une ment, à 5,5 nœuds sans monter dans les tours. En vue de
A L L U R E S

tringlerie rigide et des cardans d’une appréciable précision. Cherbourg, nous touchons la renverse avec une belle bascule
au portant. Branle-bas sur le pont pour envoyer le gennaker
SUR LE PONT sur les derniers milles et, le courant aidant, nous dépassons 8
Le cockpit est généreusement protégé par des hiloires et par nœuds sur le fond. Cet Allures va à très bonne allure.
une capote, les passavants sont bien dégagés et pourvus de
mains courantes et nous avons particulièrement apprécié LE SOIN DES DÉTAILS
la solution du palan d’écoute de grand-voile sur le rouf, ce Nous avons été particulièrement impressionnés par le soin
qui dégage idéalement le cockpit. On y dîne à 6 autour de apporté à tout le câblage électrique en bipolaire (12 et
la table. Les commandes reviennent de part et d’autre de 220 Volts) et doubles gaines pour parer à tous les problèmes
la descente et un winch électrique sur tribord permettra à d’électrolyse. Le chauffage Webasto dispense une agréable
madame de raidir les drisses à bloc sans se casser les ongles chaleur dans l’ensemble du bateau. Il faut signaler que la
sur la manivelle. La barre à roue est sur console avec les répé- coque est en alu en forme, à épaisseurs dégressives vers les
titeurs des instruments de navigation. Un portique arrière hauts, de même que les passavants. L’hélice est protégée par
supporte l’éolienne, les panneaux solaires, les antennes et un skeg pour l’échouage. Le rouf et le cockpit sont, pour leur
E S S A I

le bimini de toile qui protégera du soleil, ce qui ne fut pas part, réalisés en sandwich balsa. Ces deux parties essentielles
nécessaire dans notre cas. Le gréement 9/10e à deux étages sont collées et boulonnées avec un soin qui ne laisse apparaî-
de flèches poussantes est complété par un étai largable tre nulle part la liaison. On appréciera aussi, à chaque endroit
pour la trinquette et deux enrouleurs pour le génois et le où des cordages peuvent raguer sur des angles, une jolie
gennaker amuré sur une petite delphinière. La grand-voile protection en latte d’inox arrondie et nous avons eu le
est entièrement lattée et se range dans un lazy jack. Une plaisir d’apprendre que cela s’appelait des «martyrs».
jupe arrière fait parfaitement l’affaire pour la plage de bain,
avec une douchette de rinçage à l’eau douce et des mains CONCLUSION
courantes latérales. Le logement pour le canot de survie y est Prétendre que l’Allures 40 est le bateau idéal de grand
intégré, de même qu’un davier pour un ancrage de poupe. voyage serait faire affront à d’autres unités qui s’inspirent
Les deux premières prises de ris sont automatiques et le mât des mêmes concepts. Celui-ci a cependant la patte du
est sécurisé par un double pataras. cabinet d’architectes Berret-Racoupeau et nous avons eu
l’impression que cela se sentait dans ses performances et
SOUS VOILES dans la douceur à la barre. Cette unité allie avec bonheur
Nous quittons la rade de Cherbourg avec un vent apparent une carène de bon marcheur et un confort intérieur prévu
de 6,2 nœuds, cap à 60° du vent, sous génois de 55 m2 et pour satisfaire une clientèle exigeante, le tout sécurisé par
grand-voile haute de 78 m2. Nous atteignons rapidement une robustesse qui nous paraît à toute épreuve.
5,8 nœuds sur le fond et, à la barre tenue entre deux doigts,
nous apprécions le passage caractéristique d’un dériveur pur
www.allures-yachting.com

qui n’accuse pratiquement pas de tangage. La carène perce Fiche technique :


Longueur hors tout : 12.48 m
www.westdiep.com

Longueur à la flottaison 10.59 m


•Madame est servie ! Bau : 4.80 m
Tirant d’eau : 0,95 / 2.60 m
Déplacement lège : 8.800 kg
Surface voiles (grand-voile lattée) : 80 m2
Motorisation : 40 CV
Gasoil : 450 L
Eau : 450 L
Prix : NC
Architecte : Cabinet Berret-Racoupeau

Importateur : WestDiep Nieuport 058/23.40.61


VISITE TECHNIQUE

Un chantier qui ne manque pas d’Allures


Dans le Cotentin, il doit bien y avoir un village de l’outillage lourd. Un autre intérêt de ne pas produire en
sur trois dont le nom se termine par «ville». grande série stéréotypée est une personnalisation plus souple
Tourlaville n’échappe pas à la règle, avec sa zone en fonction de certains souhaits particuliers des clients pour
industrielle en banlieue de Cherbourg. Et c’est des adaptations de détails. Ce n’est plus du prêt-à-porter
là qu’on découvre les toute nouvelles installa- mais, dans une certaine limite, du sur-mesure.
tions du chantier Allures, dans une infrastruc-
ture moderne et rationnelle. Il ne s’agit pas, à Des choix bien pensés
proprement parler, d’un chantier de construction Quel que soit le modèle, le concept reste le même, à savoir
des voiliers Allures 40, 44 et 51, mais bien d’un une coque en aluminium pressée en formes avec les passa-
chantier d’assemblage et d’ingénieurie de cette
vants intégrés, un rouf en sandwich balsa et un dériveur pur
gamme de voiliers de grand voyage.
à fort tirant d’eau garantissant un très bon cap au près tout
en restant échouable sur un talon de quille et sur la forme

C
’est dans une quête du voilier idéal que la démarche a plane de la partie avant du fond de la coque. Les réservoirs
suivi son cours et a abouti à ce programme. Les choix de fioul et d’eau sont très généreux pour permettre le long
de base se sont imposés grâce à l’expérience marine cours. Le choix de l’aluminium, dix fois plus résistant aux
de ses dirigeants. Une coque en aluminium pour la robustesse chocs et quarante fois plus résistant au déchirement que
et la longévité, un rouf en composite pour alléger les hauts, le polyester, s’imposait sur ce programme. Les problèmes
un dériveur pour accéder aux petites criques et un mobilier d’électrolyse sont aujourd’hui parfaitement maîtrisés et le
d’excellente facture pour se sentir chez soi à bord. Ces divers chantier se montre inflexible sur les soins apportés aux câbla-
paramètres auraient exigé un personnel et un savoir-faire hau- ges, aux gainages et aux détecteurs de fuites. Les épaisseurs
tement compétents dans des domaines aussi différents que de la coque passent de 8 mm sur les fonds à 6 mm et enfin
la chaudronnerie et la soudure sur aluminium, la stratification à 4 mm sur les hauts. Les tôles sont traitées à l’anti-oxydant,
en composite, la menuiserie marine. Aussi, chez Allures, on a enduites et peintes à l’époxy à l’intérieur, l’extérieur pouvant
préféré confier la sous-traitance de ces différents postes très être, au choix, peint ou laissé en aluminium brossé. Le mon-
techniques à des spécialistes extérieurs dans une optique de tage des éléments est d’abord fait à blanc pour vérifier tous
partenariat. Chez eux, le travail débute donc à l’assemblage les ajustements. Les deux safrans sont en composite sur profil
des ces différents éléments, jusqu’à la finition. Naca. L’isolation intérieure est assurée par de la mousse de
polyuréthane souple à cellules fermées.
Bureau d’études et personnalisation
Cette jeune et dynamique entreprise propose une gamme de Une petite entreprise qui ne connaît pas la crise
trois pointures conçues dans la même philosophie. Le premier Le chantier occupe aujourd’hui 35 salariés et est ouvert aux
modèle fut décliné en 44 pieds. Puis, vinrent s’ajouter un 40’ jeunes qui souhaitent suivre une formation spécialisée dans un
et un 51’ pour étoffer la gamme et l’adapter aux demandes des domaines spécifiques. Il est présent dans trois grands salons
des candidats acheteurs. Le moins qu’on puisse dire est que nautiques : Paris, Cannes et le Grand Pavois de La Rochelle. Il a
la ligne générale et le concept global sont les mêmes pour produit 27 unités l’an dernier. Le temps moyen de fabrication
les trois pointures. En collaboration avec le cabinet réputé par unité est de 7 mois et il faut compter aujourd’hui six mois
d’architectes Berret/Racoupeau, toutes les études et les plans de délai pour prendre rang dans le planning de fabrication, ce
cotés par ordinateur en 3 dimensions sont finalisés sur place qui leur assure un confortable carnet de commandes à moyen
dans leur bureau d’études, avant d’envoyer les commandes terme, malgré la crise économique qui règne aujourd’hui dans
des divers éléments chez les sous-traitants. Cette politique ce secteur d’activités comme dans tant d’autres.
commerciale permet à l’entreprise de produire en harmo-
nie avec l’offre sans devoir investir dans les stocks et dans • Charles Bertels

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ESSAI

Le Boréal 44
en première mondiale

Dans notre numéro de


février 2007 nous vous
présentions Boréal, ce
chantier installé à Tréguier
(Bretagne du Nord), créé
et dirigé par le Liégeois
Jean-François Delvoye.
Dans cet article nous
déplorions qu’il n’y ait
Photos © Jean-François Eeman

pas de Boréal de moins


de 50 pieds. Aujourd’hui
Yachting Sud se voit convié
en première mondiale au
lancement et à la première
sortie du Boréal 44.

ESSAI RÉALISÉ PAR JEAN-FRANÇOIS EEMAN


30
Boréal 44
CONCEPT

R appelons que les Boréal font partie de cette dernière


génération de bateaux de voyages en aluminium conçus
pour aller loin. Ainsi, le 44 s’inscrit dans la lignée de ses
deux grands frères : dériveur lesté à bouchains, salon de
pont, casquette rigide et
doghouse hébergeant
un poste de veille avec
vue sur 360°, assis à la
table à cartes. Et alors
• Des appendices étudiés et très soignés
même que les calculs de
structure et de stabili- pas besoin du moindre gramme d’enduit pour récupérer ou
té sont vérifiés par des cacher un travail de chaudronnerie imparfait. Le lest est logé
bureaux internationaux, dans des compartiments au fond de l’embryon de quille,
c’est Jean-François mais, contrairement à la technique habituellement utilisée
Delvoye qui est au cœur (pose de petits lingots entassés), les masses de plomb sont
de la conception de ses moulées d’une pièce, puis posées dans la quille, isolées de
bateaux. Ce qui n’est pas celle-ci par une résine d’isolement. Résultat de la technique :
pour nous déplaire. Enfin un gain de 20 % en densité. Et de bonnes idées comme
un patron de chantier dont les réponses sentent le vécu. « Il cela nous pourrions en citer des dizaines comme celle de la
est rare de voir un bateau forgé par autant d’expérience en chaîne de mouillage qui revient sous le pont en pied de mât.
mer et de réflexions en situation », écrira Alexis Guillaume Tous ces détails font du Boréal un dériveur bien plus raide
dans l’Écho du 3 janvier 2009 à ce sujet. que la moyenne. La dérive principale, pivotante est soi-
gneusement profilée et logée dans l’embryon de quille. On
UNE ÉQUIPE SOUDÉE ! est bien loin de la tôle plate avec (ou sans !) bords arrondis

E n visitant le chantier, s’il n’y avait pas cette ambiance


familiale où le vendredi après-midi « les boiseux »
affrontent les « ferreux » au ping-pong, on se dirait que le
qu’on trouve d’ordinaire sur les dériveurs.

Nous attendions avec impatience de pouvoir monter à


mot « usine » est plus approprié. En effet, dès la concep- bord et de pouvoir larguer les amarres. Jean-François aussi
tion de son premier bateau, Jean-François a modélisé tout est impatient. Impatient, mais confiant. Pour lui c’est un
(tout !) en 3D sur son ordinateur. Évident dans une logique moment clef. Le bateau a été mis à l’eau la veille et personne
industrielle, çà l’est moins dans le monde de la plaisance. ne l’a encore validé en navigation. C’est l’aboutissement de
Ici personne n’a le mètre qui dépasse de la poche. Les tôles plus de deux années de travail. L’heure de vérité… Une vraie
sont livrées découpées et l’ébénisterie est réalisée dans la première, que le chantier nous permet de partager en live…
partie menuiserie avant d’être montée toute assemblée à Chapeau bas…
l’intérieur. Ce n’est qu’au moment de la mise à l’eau que l’on
retrouve l’esprit chantier et petite équipe où tout le monde En attendant la fin des derniers coups de brosse, nous nous
est au four et au moulin pour que tout baigne. plongeons à l’intérieur pour une inspection des aménage-
ments. Toute personne ayant l’habitude de faire des quarts
dehors dans le froid ne peut que s’émerveiller devant
le concept du doghouse du Boréal 44 (qui est d’ailleurs
identique à celui du 50 et 53 pieds – encore cette logique
d’efficacité industrielle) : quel bonheur de veiller assis, à l’aise
(et au chaud !) dans un poste de veille qui embrasse les 360
Photos © Jean-François Eeman

DU SOLIDE !

L a coque est en aluminium 5086 et 5083 à triple bou-


chain sur membrures et lisses flottantes. Le fond plat
et la quille sont en 12mm, le bouchain inférieur en 8mm,

>>>
les bouchains moyens et supérieurs en 5 mm et le pont en
• Le poste de veille panoramique avec sa table à cartes
4 mm. Les soudures sont d’une qualité remarquable. Ici

31
Boréal 44
>>> degrés et contient la table à cartes. Nous ne demandons
qu’à essayer de nuit avec du vent et des vagues…
une petite soufflerie est installée dans la seconde salle d’eau
pour sécher les cirés. Fini de remonter sur le pont dans un
Grâce au doghouse, la zone de vie en contrebas est libérée ciré froid et humide. Ça aussi, cela sent le vécu.
du matériel de navigation. Les deux niveaux du carré per-
VOILÀ LE MOTEUR QUI DÉMARRE
Contrairement à la majorité des bateaux de cette taille, la
vision du poste de barre vers l’étrave est entièrement
dégagée. Pour un contrôle accru lors des manœuvres
de port, il suffit de monter d’un étage sur la très grande
plate-forme arrière. La position, peu élégante, est pourtant
résolument efficace. C’est une faible brise de 6 à 8 nœuds
(et un petit crachin bien breton) qui nous accueille à la sortie
Photos © Jean-François Eeman

de l’estuaire du Jaudy. Même si ce n’est pas aujourd’hui que


nous aurons l’occasion d’essayer le Boréal 44 dans du vent et
des vagues, la grand-voile monte, hissée par le guindeau qui
se trouve en pied de mât. Le génois est déroulé. Enfin !
Premier constat : la qualité du jeu de voiles Tasker avec
doubles coutures et finitions en cuir cousues main est de
très bonne facture. Des détails qui ne trompent pas. Deuxiè-
me constat : le bateau est vivant et a du répondant à la
barre. Comme il est difficile de se fier à un log pas encore
• Un carré vaste et convivial agrémenté de nombreux hublots étalonné, nous naviguons au feeling. Et un petit tour dans
le Zodiac pour un point de vue extérieur confirme nos bon-
nes impressions : le bateau « glisse » bien. Le spi de brise de
130 m2 monte. Nous partons au reaching histoire de créer
un peu de vent apparent. Le barreur sourit. Le bateau se
barre du bout des doigts. Quel plaisir à la barre ! Oublié
l’a priori du dériveur lourd et pataud…
Nous aurions aimé tester le système des deux dérives sabres
arrière inclinées à 14 °. Cet astucieux système permet, par
l’incidence de quelques degrés des dérives, de faire abattre
le bateau au fur et à mesure qu’elles sont abaissées ou que
le bateau se met à gîter… L’équilibre du bateau permet
• La cabine arrière babord et la cabine du propriétaire, alors d’économiser le pilote. Voilà un bon prétexte pour
toutes deux très confortables et équipées de chauffage, demander un nouvel essai !
comme à la maison !

mettent de voir dehors par les nombreux « Ne faites pas de rêves médiocres,
hublots, que l’on soit debout ou assis. Le ce sont les plus difficiles à réaliser »
tout est clair et lumineux et respire la fonctionnalité. Pratique Cette citation du Général de Gaulle est devenue le slogan du
d’ailleurs le trou dans la table pour récolter les miettes ! Les chantier. On se prend à rêver d’horizons lointains et de vie à
vrais Bocuse du bord vous diront peut-être que les range- bord, voire même de contrées difficiles et de glace. Le Boréal
ments de la cuisine sont un peu chiches tandis que d’autres 44 répond à cette ambition : un bateau de voyage solide,
vanteront les grandes surfaces de travail. Faire un bateau volumineux et passe-partout, confortable en mer comme au
E SS A I B O R É A L 44

n’est-ce pas par excellence pratiquer l’art du compromis ? mouillage. Un dériveur lesté qui remonte au vent sans taper
et dont la barre reste douce...
La version essayée est aménagée avec trois cabines doubles.
www.voiliers-boreal.com

La cabine avant est destinée au propriétaire et dispose de Fiche technique :


sa propre salle d’eau et d’un bureau. Même si la couchette Longueur hors tout : 13.80 m
Longueur à la flottaison 11.63 m
avant n’est jamais la plus confortable du bord en navigation,
Bau : 4.30 m
on peut dire qu’ici le chantier a particulièrement soigné le Tirant d’eau : 1.02 / 2.48 m
calage latéral. Dormir à l’avant dans le sens contraire à celui Déplacement lège : 10.250 kg
de la marche ? À essayer. Mais il en est ainsi sur tous les Grand-voile : 45 m2
bateaux modernes. Génois : 55 m2
Les deux cabines arrière sont spacieuses. Elles sont conçues Motorisation : 55 CV (75 en option
pour accueillir un petit bureau où les enfants « globe flot- Gasoil : 600 L
Eau : 760 L
teurs » s’appliqueront sur leurs cours du CNED. Boréal pro-
Prix : 376.900 % TTC
pose un système de chauffage central avec radiateurs prêt à naviguer, voiles comprises
sur base d’un poêle à fioul Refleks. Simple mais efficace, peu (GV,génois,trinquette)
gourmand en électricité et surtout infaillible. Une astuce :

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