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Citations Conférence n°1 : L’énigme du féminin : un paradoxe des

Lumières et de la Révolution (1760-1800).

1) Le XVIIIe siècle assiste à une découverte de la féminité que l’on peut considérer comme une mutation
décisive dans l’histoire de la civilisation. Au XVII e siècle, […] un code théologique, légal et moral a défini une
fois pour toutes les rôles et fonctions attribués à l’être féminin, sous le regard du Seigneur Dieu, et de l’homme,
son seigneur terrestre. La femme classique ne peut guère choisir qu’entre la consécration à Dieu et la
consécration à l’homme. […] Le siècle des Lumières dédie à la femme un nouveau regard. […]. Cette mutation
du regard accompagne un renouvellement de l’intelligence ; le dix-huitième siècle est le siècle de l’avènement
des sciences humaines. Dans le cadre de cette révolution épistémologique, la femme idéale en sa stylisation
mystique cède la place à une femme naturelle dont la nature est étudiée selon les approches convergentes de la
recherche positive. [HOFFMANN (Paul), La Femme dans la pensée des Lumières (1977), réed. Slatkine
Reprints, 1995, p. 12].
2) Les vérités physiques, au contraire, ne sont nullement arbitraires et ne dépendent point de nous, au lieu
d’être fondées sur des suppositions que nous ayons faites, elles ne sont appuyées que sur des faits. […] En
mathématique on suppose, en physique on pose et on établit ; là ce sont des définitions, ici ce sont des faits ; on
va de définitions en définitions dans les sciences abstraites, on marche d’observations en observations dans les
sciences réelles ; dans les premières on arrive à l’évidence, dans les dernières à la certitude. [Buffon, « Premier
discours », Histoire naturelle générale, Pléiade, Gallimard, 2007, p. 60-61]
3) Il en est de l’âme des femmes comme de leur beauté ; il semble qu’elles ne fassent apercevoir que pour
laisser imaginer. Il en est des caractères en général, comme des couleurs ; il y en a des primitives, il y en a des
changeantes ; il y a des nuances à l’infini, pour passer de l’une à l’autre. Les femmes n’ont guère que des
caractères mixtes, intermédiaires ou variables ; soit que l’éducation altère plus leur naturel que le nôtre ; soit que
la délicatesse de leur organisation fasse de leur âme une glace qui reçoit tous les objets, les rend vivement, et
n’en conserve aucun. Qui peut définir les femmes ? Tout à la vérité parle en elle, mais un langage
équivoque. […] Il y a trois choses, disait un bel esprit, que j’ai toujours beaucoup aimées sans jamais y rien
comprendre, la peinture, la musique et les femmes. [Article « Femme », signé par le Chevalier de Jaucourt,
Encyclopédie ou Dictionnaire raisonnée des sciences et des arts, 1750-1765].
4) Femmes, vous nous ravissez notre raison, notre liberté, notre repos, vous nous ravissez à nous-mêmes,
et vous nous laissez vivre : ne voilà-t-il pas des hommes en bel état après ? Des pauvres fous, des hommes
troublés, ivres de douleur ou de joie, toujours en convulsions, esclaves et à qui appartiennent ces esclaves ? À
des femmes ! Et qu’est-ce que c’est qu’une femme ? Pour la définir, il faudrait la connaître : nous pouvons
aujourd’hui en commencer la définition, mais je soutiens qu’on n’en verra le bout qu’à la fin du monde.
[MARIVAUX, La Surprise de l’amour (1722), Lélio à Arlequin, I1.]
Marguerite : Comment ! à ton âge tu ne saurais ce que c’est qu’une femme ? Jacques : Pardonnez-moi, dame
Marguerite. Marguerite : Et qu’est-ce que c’est qu’une femme ? Jacques : Une femme ? Marguerite : Oui, une
femme. [DIDEROT, Jacques le fataliste (1760), réed. L. Versini, « Bouquins », R. Laffont, t. II, p. 865.]
5) L’accouplement est absolument nécessaire pour que la génération ait lieu. Celui de l’homme et de la
femme produit un individu qui sera l’un ou l’autre ; mais, qu’est-ce qui le produit particulièrement cet individu ?
Était-il dans la liqueur que le mâle a dardée pendant la copulation ? Cette liqueur a-t-elle trouvé dans la matrice
un œuf prêt à être fécondé ? La femme en partageant les transports de l’homme a-t-elle mêlé à l’humeur
séminale de celui-ci un fluide capable de produire un être organisé comme elle ? Ces questions doivent rester
insolubles tant que les plus grands physiciens ne s’accorderont pas sur l’essence absolue de la liqueur séminale.
6) Ce n’est que lorsqu’on est parvenu à la matrice, que commence le mystère de la génération ; jusqu’alors
tout est fourni aux sens, mais ici les ténèbres remplacent la lumière ; et l’homme, en marchant dans cette
obscurité, essaie différents systèmes, qu’il s’efforce d’étayer par des observations, que chacun tourne
favorablement, et adapte à l’hypothèse qu’il propose. [De Lignac, De l’homme et de la femme, considérés
physiquement dans l’état du mariage, 1772, t. 2, p. 207]
7) Les Latins eurent bien raison d’appeler du nom de mère la matrice, puisque c’est elle qui donne
naissance à tous les hommes. Il faut tous passer par là. […] C’est un lieu véritablement fort, soumis et situé au
plus bas étage, mais d’une si grande considération, que les esprits les plus sublimes confessent ingénument qu’on
peut l’admirer, mais non pas le comprendre. [Barles, Les Nouvelles découvertes sur les organes des femmes, p.
110].
8) C’est une maladie qui est une espèce de délire attribué par cette dénomination aux seules personnes du
sexe, qu’un appétit vénérien démesuré porte violemment à se satisfaire, à chercher sans pudeur les moyens de

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parvenir à ce but ; à tenir les propos les plus obscènes, à faire les choses les plus indécentes pour exciter les
hommes qui les approchent à éteindre l’ardeur dont elles sont dévorées ; à ne parler, à n’être occupées que des
idées relatives à cet objet ; à n’agir que pour se procurer le soulagement dont le besoin les presse, jusqu’à vouloir
forcer ceux qui se refusent aux désirs qu’elles témoignent. [Article « Fureur utérine », Encyclopédie.]
9) La femme porte au-dedans d’elle-même un organe susceptible de spasmes terribles, disposant d’elle et
suscitant dans son imagination des fantômes de toute espèce. C’est dans le délire hystérique qu’elle revient sur
son passé, qu’elle s’élance dans l’avenir, que tous les temps lui sont présents. C’est de l’organe propre à son sexe
que partent toutes ses idées extraordinaires. La femme hystérique dans sa jeunesse, se fait dévote dans l’âge
avancé ; la femme en qui il reste quelque énergie dans l’âge avancé était hystérique dans sa jeunesse. Sa tête
parle encore le langage des ses sens, lorsqu’il sont muets. Rien de plus contigu que l’extase, la vision, la
prophétie, la révélation, la poésie fougueuse et l’hystérisme. […] La femme dominée par l’hystérisme éprouve je
ne sais quoi d’infernal ou de céleste. Quelquefois elle m’a fait frissonner. C’est dans la fureur de la bête féroce
qui fait partie d’elle-même que je j’ai vue, que je l’ai entendue. […] Comme elle s’exprimait ! Ce qu’elle disait
n’était pas d’une mortelle. [Diderot, Sur les femmes, 1772, in Qu’est-ce qu’une femme, P.O.L., 1989, p. 170]
10) S’agit-il de talent et d’esprit, il faudrait distinguer l’esprit philosophique qui médite, l’esprit de mémoire
qui rassemble, l’esprit d’imagination qui crée, l’esprit politique ou moral qui gouverne. Il faudrait voir ensuite
jusqu’à quel degré ces quatre genres d’esprit peuvent convenir aux femmes ; si la faiblesse naturelle de leurs
organes, d’où résulte leur beauté ; si l’inquiétude de leur caractère, qui tient à leur imagination ; si la multitude et
la variété des sensations, qui fait une partie de leurs grâces, leur permet cette attention forte et soutenue qui peut
combiner de suite une longue chaîne d’idées. [A.L. THOMAS, Essai sur le caractère, les mœurs et l’esprit des
femmes, 1772, p. 109.]
11) C’est le caractère surtout qui gouverne, c’est la vigueur de l’âme qui donne du ressort à l’esprit, qui
affermit et étend les idées politiques. […] Leur imagination rapide, et qui fait quelquefois marcher le sentiment
au-devant de la pensée, ne les rend-elle pas dans le choix des hommes, plus susceptibles, ou de prévention ou
d’erreur ? [Thomas, Essai sur le caractère, p. 122-123]
12) D’ailleurs dans un état de société où il y a un mouvement rapide, et une succession éternelle d’ouvrages
et d’idées, les femmes occupées à suivre ce tableau qui change et fuit sans cesse autour d’elles, doivent plus
connaître dans chaque genre l’idée du moment, que celle de tous les temps, et celle qui domine, que celle qu’on
doit se former. Elles doivent donc savoir plus la langue des arts que leurs principes, et avoir plus d’idées de
détail, que de systèmes de connaissances. [Thomas, Essai sur le caractère, p. 199.]
13) Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, le savoir concédé au deuxième sexe ne connaît pas d’extension
qualitative, seulement une extension quantitative due à la multiplication des écoles de filles. Au sortir des Temps
Modernes, les rangs de la population féminine scolarisée ont grossi, mais les écolières en savent toujours aussi
peu. Quelque école que l’on fréquente, on ne risque guère d’en sortir savante. Le couvent comme la petite école
n’offrent qu’une expérience limitée du savoir, par le temps qui lui est consacré comme par le maigre menu des
connaissances proposé. Seules les éducations familiales bien conduites sont susceptibles de produire des femmes
à la culture comparable à celle que le collège dispense aux garçons. Le bagage de la « commune des mortelles »
ne s’embarrasse pas de curiosités académiques, il est bourré de pieuses vérités et de travaux d’aiguille. [Martine
SONNET, « Une fille à éduquer », in Georges DUBY et Michelle PERROT (dir.), Histoire des femmes en
Occident, t. III (XVIe-XVIIIe siècle), 1991, réed. Perrin, 2002, p. 157.]
14) L’inégalité féminine, les différences de « nature » et de « comportement » que tant de philosophes ont
soulignées à plaisir ne sont que les effets de l’éducation vicieuse que les filles ont reçue et qui les empêche de
faire les progrès dont elles sont parfaitement capables dans les sciences, dans les arts, etc. [Michèle CRAMPE-
CASNABET, « Saisie dans les œuvres philosophiques (XVIIIe siècle), » in Histoire des femmes en Occident, op.
cit., p. 395.]
15) Si les femmes avaient étudié dans les universités, avec les hommes, ou dans celles qu’on aurait établies
pour elles en particulier, elle pourrait entrer dans les degrés et prendre le titre de Docteur et de Maître en
théologie, et en Médecine, en l’un et l’autre droit : et leur génie qui les dispose si avantageusement à apprendre,
les disposerait aussi à enseigner avec succès. [Poullain de la Barre, De l’égalité des deux sexes, 1673, p. 162-
163.]
16) Toute l’éducation des femmes doit être relative aux hommes. Leur plaire, leur être utile, se faire aimer
et honorer d’eux, les élever jeunes, les soigner grands, les conseiller, les consoler, leur rendre la vie agréable et
douce : voilà les devoirs des femmes dans tous les temps, et ce qu’on doit leur apprendre dès leur enfance.
[ROUSSEAU, Emile ou de l’éducation, Paris, GF, 1966, p. 465].
17) La recherche des vérités abstraites et spéculatives, des principes, des axiomes dans les sciences, de tout

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ce qui tend à généraliser les idées n’est point du ressort des femmes : leurs études doivent se rapporter toutes à la
pratique ; c’est à elles de faire l’application des principes que l’homme a trouvés, et c’est à elles de faire les
observations qui mènent l’homme à l’établissement des principes. [ROUSSEAU, Emile, Pléiade, t. IV, p. 736]
18) Il faut donc oser le dire : il n’est aucun moyen de perfectionner l’éducation des femmes. […] Mais
souvent le paradoxe est le commencement d’une vérité. Celui-ci en deviendra une si je parviens à trouver que
l’éducation prétendue, donnée aux femmes jusqu’à ce jour, ne mérite pas en effet le nom d’éducation, que nos
lois et nos mœurs s’opposent également à ce qu’on puisse leur en donner une meilleure et que si, malgré ces
obstacles, quelques femmes parvenaient à se la procurer, ce serait un malheur de plus ou pour elles ou pour nous.
[LACLOS, Discours sur la question proposé par l’Académie de Châlons sur Marne, in Œuvres complètes,
Pléiade, p. 390].
19) Si l’on voulait que le principal mobile de la république française fût l’émulation des lumières et de la
philosophie, il serait très raisonnable d’encourager les femmes à cultiver leur esprit, afin que les hommes pussent
s’entretenir avec elles des idées qui captiveraient leur intérêt. Néanmoins, depuis la Révolution, les hommes ont
pensé qu’il était politiquement et moralement utile de réduire les femmes à la plus absurde médiocrité. […] Le
mal des lumières ne se peut corriger qu’en acquérant plus de lumières encore. [Germaine DE STAËL, De la
littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales, (1800), réed. Garnier-Flammarion, 1991,
IIe partie, chap. IV, p. 335-336.]

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