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2010-2011
Rapport d’enquête
Sommaire
Introduction! 3
I. Phase de pré-enquête! 4
II. Méthode! 6
B. Données quantitatives! 9
Tableaux croisés! 10
b. Seconde hypothèse : Les lycéens (15-18 ans) sont plus narcissiques que
les étudiants! 19
Conclusion! 30
Bibliographie ! 31
Webographie ! 31
Annexes ! 32
Carte heuristique : Lʼidentité psychosociologique selon Alex Mucchielli :! 32
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Introduction
Notre enquête s’intéresse au phénomène de l’identité numérique sur le réseau social
Facebook.
La création du terme “Web 2.0“ par Dale Dougherty en 2003 et sa consécration en
2005 par Tim O’Reilly dans son article intitulé “What is Web 2.0“ introduit une nouvelle
dimension d’Internet. En effet, le Web, qui n’est autre qu’une application d’Internet, est
aujourd’hui devenu participatif comme l’illustre la mention “2.0“. Cette deuxième
dimension de la Toile permet une meilleure interconnexion des usagers d’Internet
notamment grâce à la création de réseaux sociaux virtuels.
Parmi des réseaux sociaux tels que Myspace, Trombi.com, Twitter, Foursquare,
Habbo ou encore Xing, Facebook représente un acteur majeur de la sociabilisation sur le
Web. En effet, ce site Internet, ouvert au public en 2006, comprend plus de 500 millions
d’utilisateurs actifs à l’échelle mondiale et chaque jour plus de 700 000 personnes s’y
inscrivent. Les membres de la communauté Facebook publient, partagent, regardent, et
taguent (néologisme signifiant indexer) du contenu informationnel sur eux et sur ce qui les
entoure, mais ils rejoignent aussi des groupes, deviennent fans de pages consacrées à un
sujet, une personne, une entité.
Mais qu’en est-il de la place de l’utilisateur au sein de ce réseau social virtuel ?
Facebook est-il une simple dématérialisation du réseau social propre à chaque internaute ?
Comment un membre de Facebook constitue t-il son identité sur ce réseau social ? Et cette
identité numérique est-elle la même que l’identité telle que définit au sens psychosocial ?
Cette enquête tend à apporter des éléments de réponse à ces questions devenues récurrentes
de par le développement du Web 2.0 et des réseaux sociaux.
La notion de l’identité numérique est devenue un enjeu important du Web. La
maîtrise et la gestion de sa présence et de son identité sur Facebook devient une
problématique clé, comme l’illustrent les nombreux cas de licenciement dus en partie à
l’utilisation de ce site. En effet, l’idée que Facebook est un espace clôt et donc privé est
illusoire. Mais l’important ici est de comprendre comment se construit l’identité numérique
des jeunes de 15 à 25 ans.
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I. Phase de pré-enquête
La phase exploratrice s’est principalement articulée autour de deux grands axes, que
sont des recherches documentaires en sciences humaines et sociales ainsi que des recherches
orientées vers les technologies de l’information et de la communication et les médias
sociaux.
Tout d’abord, en sciences humaines et sociales, le principal thème de recherche fût
l’identité. Cette recherche nous a permis de la définir d’un point de vue psychosocial et ainsi
de distinguer l’identité personnelle, aussi dite subjective, de l’identité sociale qui la
représentation qu’un individu se fait de son identité, identité qui est dépendante des rôles et
statuts qu’il occupe dans une société donnée.
Egalement en sciences humaines et sociales, l’importance des interactions sur Facebook
dans la construction d’une identité numérique nous a amené à aborder ce thème en prenant
en compte les travaux d’Erving Goffman sur la représentation de soi. Ce représentant de
l’Ecole de Chicago pensait que les interactions sont un jeu de dissimulation de soi. En ce
sens, on manipule l'expression de soi de manière à ce qu'elle devienne une impression pour
l'autre. Ainsi il y a confrontation entre la représentation qu'on à de nous même et celle que
l'autre a de nous.
Après cette première étape de la phase exploratrice, nous nous sommes intéressés
aux médias sociaux. Différents ouvrages nous ont permis de renforcer et d’affiner nos
connaissances concernant les nouvelles pratiques qui ont émergé grâce aux médias sociaux.
En ce sens, les réseaux sociaux tels que Facebook ont réinventé le concept d’amitié. “Se
faire des amis“ devient ainsi l’activité de friending qui se traduirait littéralement par le
néologisme “amitier“. Mais parler d’amitié virtuelle implique de définir l’amitié “réelle“.
Pour ce faire, nous avons choisi de retenir la distinction conceptuelle d’Aristote, philosophe
grec né en -384. Dans Ethique à Nicomaque, celui-ci proposait une distinction entre l’amitié
fondée sur le plaisir, l’amitié fondée sur l’utilité et l’amitié par vertu. Cette dernière est une
autre appellation de l’alter-ego, l’autre moi. Mais dans les acceptions contemporaines,
l’amitié qualifie une relation basée sur les affinités et la sympathie. Sur Facebook, le
friending correspond, selon le sociologue Antonio A. Casilli, à un lien public entre deux
profils d’usagers qui peut être unidirectionnel ou bidirectionnel ainsi qu’à l’autorisation à
accéder à des contenus. Selon l’auteur des Liaisons numériques, le friending est un nouveau
type de lien s’ajoutant aux autres liens existant dans la vie réelle.
Facebook, comme tous les autres réseaux sociaux, permet la mise en scène et la
virtualisation de son corps. Selon Antoni A. Casilli, les « corps virtuels deviennent miroir de
ce que nous attendons aujourd’hui de nos corps réels. ». Mais par quoi se traduisent ces
corps virtuels ? Par l’image que l’on présente de nous : photographie de profil,
photographies et vidéos “taguées“, description corporelle, profil, biographie, page
personnelle, smileys utilisés.
Facebook permet également d’appartenir à pléthore de communautés. Le terme de «
communauté virtuelle » désigne des personnes réunies via Internet par des valeurs ou un
intérêt commun et se traduit, sur Facebook, par l’adhésion à des groupes créés par d’autres
utilisateurs du réseau social, mais aussi l’appartenance à des réseaux (villes, écoles ou
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autres) et l’adhésion à une page “fan“ qui n’est autre qu’une page présentant une valeur ou
un intérêt dans le but d’obtenir des “fans“ qui adhérent à celle-ci. D’autres aspects de
l’utilisation de Facebook seront développés au fil de ce rapport.
Justification des hypothèses émises et du choix de la
population d’enquête
Notre enquête se déroule de cette manière :
Le sujet est : l’identité numérique sur Facebook
La problématique générale : Comment les jeunes construisent-ils leur identité numérique sur
Facebook ?
L’hypothèse générale, quant à elle, est « Le statut (lycéen ou étudiant) influence la
construction de l’identité numérique »
- Première hypothèse : Le processus de socialisation chez les lycéens est différent de celui
des étudiants.
L’opérationnalisation de cette hypothèse se traduit par le nombre d’amis, les relations
entretenues avec eux, l’adhésion à des groupes, des fan-pages
- Seconde hypothèse : Les lycéens (15-18 ans) sont plus narcissiques que les étudiants.
L’opérationnalisation de cette hypothèse se traduit par le nombre de photos où les interrogés
sont “tagués“ (c’est à dire marqués), le nombre de vidéos où les interrogés sont tagués,
l’ajout de photos et vidéos par les amis, la photo de profil, les attentes liées aux interactions
sur Facebook (notifications, commentaires)
- Troisième hypothèse : Lycéens et étudiants n’ont pas la même vie sociale sur Facebook.
L’opérationnalisation de cette hypothèse se traduit par le nombre d’événements auxquels ils
participent, la représentation qu’ils se font de leur vie sociale grâce à Facebook, mais aussi
leur attitude par rapport aux événements sur Facebook.
- Quatrième hypothèse : Les lycéens sont davantage égocentriques sur Facebook que les
étudiants.
L’opérationnalisation de cette hypothèse se traduit par la fréquence d’alimentation du mur
grâce à la publication de statuts et au contenu de ces statuts, ainsi que la mesure du ressenti
face aux commentaires de ces statuts.
Ces hypothèses découlent de plusieurs éléments. Tout d’abord, notre utilisation
personnelle de Facebook. Nous avons tous les deux des utilisations distinctes de ce réseau
social. En effet, l’un de nous deux dévoile davantage sa vie privée sur Facebook (par des
photos, des vidéos, des statuts) tandis que l’autre contrôle plus son identité numérique.
Lors des cours d’enquête, nous avons pu également questionner les différents
étudiants de notre classe. Cette prenait la forme, soit d’un entretien, soit d’un questionnaire.
Nous avons utilisés pour mieux comprendre la position des étudiantes qui n’utilisent pas
Facebook. Dans le groupe de TD, elles étaient deux et leurs réponses étaient consensuelles.
En ce sens, à la question «Pourquoi n’utilisez vous pas de réseau sociaux ?», l’une évoque le
problème de la publicité (caractère de ce qui est public) des informations publiées ainsi que
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la superficialité, et l’autre reprend cette dernière idée tout en évoquant un manque d’intérêt
pour les réseaux sociaux en général. L’une des autres questions intéressante à traiter dans ce
rapport est celui de la représentation que se font les non-utilisateurs des réseaux sociaux. La
première étudiante évoque la dépendance des utilisateurs et la superficialité, alors que
l’autre mentionne l’omniprésence des réseaux sociaux sur le Web mais aussi dans les
discussions quotidiennes.
Toujours lors des cours d’enquête, nous avons également effectués une pré-enquête
sous forme de questionnaire. Simon et moi avons interrogés dix étudiants de la classe afin
de mieux cerner leur utilisation de Facebook et surtout pour se rendre compte qu’il n’existe
pas une utilisation archétypale de Facebook, mais pléthore d’utilisations. En ce sens, nous
avons pu dégager une hétérogénéité au niveau de la fréquence d’utilisations, du nombre
d’amis, de la représentation que les étudiants se faisaient de leur propre identité sur
Facebook (similaire à leur vraie identité ou plutôt “fake“, c’est-à-dire truqué), de la
fréquence d’alimentation de leur profil, de l’adhésion à des communautés (principalement
les groupes). Certains points étaient consensuels, tels que le contrôle des photos et vidéos
publiées par les amis des interrogés, le ressenti par rapport aux notifications (gratification,
plaisir d’en avoir).
Enfin ces hypothèses découlent également d’observations que nous avons pu mener
sur le thème de l’identité numérique afin de pallier au manque d’informations sur
l’utilisation de Facebook par les lycéens. Pour ce faire, nous avons observé les profils
Facebook de cinq étudiants et cinq lycéens durant une semaine afin de déterminer les usages
et pratiques de ces deux groupes distincts. En ce sens, nous avons défini une grille
d’observation comprenant :
- le nombre d’amis à l’instant t et t+7,
- le nombre de photos à l’instant t et t+7,
- le nombre de photos à l’instant t et t+7,
- la fréquence de changement de statut,
- le nombre d’informations à caractère personnel diffusées sur le profil à l’instant t et t+7
- le sérieux de ces informations et leur fiabilité (les observés figurent parmi nos “amis“ sur
Facebook)
- le nombre de groupes à l’instant t et t+7
- le nombre de pages dont les sujets étaient “fan“ à l’instant t et t+7
Ces observations, malgré le fait qu’elles n’aient durées que peu de temps de par le court
délai qui nous était imparti, ont étés concluantes puisqu’elles nous ont permis de mettre en
évidence des pratiques virtuelles qui seront développées dans la suite ce rapport
II. Méthode
La construction du questionnaire s’est avérée longue et délicate. En effet, il a fallut tout
d’abord retranscrire en questions tous les différents aspects des utilisations de Facebook,
que ce soit au personnel ou au niveau interactionnel, tout en les mettant en relation avec
l’identité, qu’elle soit psychosociale ou numérique. Pour ce faire, l’élaboration de cartes
heuristiques furent de grande utilité. En effet, elles nous ont permis de mieux appréhender
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les différents pôles de Facebook, de l’identité psychosociale et de l’identité numérique (voir
annexes).
Concernant le recueil de données, au début de notre enquête nous avions choisi de le faire
passer de façon directe. Pour cibler les lycéens et étudiants cela aurait été sûrement plus
simple, mais le court délai pour la réalisation de cette enquête nous a poussé à nous orienter
vers un autre mode de passation : Internet. Pour ce faire, nous avons utilisé Google Docs
pour la création du questionnaire, puis nous avons transmis ce dernier sur Facebook, via des
publications de liens ainsi que sur des pages et groupes dédiés aux lycéens, ce qui a permis
d’accroître le nombre de réponses, ainsi que sur Twitter et sur des forums tels que
CommeUnCamion (pour les étudiants) et SortirEnsemble (pour les lycéens). Cependant,
l’inconvénient de ce mode de passation est le relatif anonymat des interrogés, dans le sens
où il est aisé de se faire passer pour quelqu’un que l’on est pas. En ce sens, les résultats qui
suivront sont à prendre avec du recul.
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B. Données quantitatives
Ce tableau représente
les réponses à la
question : “Via mon
téléphone portable, je
vais sur Facebook :“.
Les 43,4% de non-
réponses correspondent
au pourcentage de
personne n’allant pas
sur Facebook via leur
téléphone portable.
Comment expliquer la
différence entre le nombre de personnes n’utilisant pas leur téléphone portable pour accéder
à Facebook (60, cf tableau précédent) et le nombre de non-réponses légèrement inférieur
(53) ? Il est probable qu’il y ai eu confusion dans la compréhension des questions, à moins
qu’elles ne soient pas bien formulées ? Mais ces deux variables ne sont de toute façon pas
retenues pour la suite de notre enquête.
La fréquence d’utilisation de Facebook montre ici une tendance intéressante. En effet, nous
pouvons constater que la fréquentation du réseau social se rapproche de la courbe de la loi
normale (ou courbe de Gauss) dont la densité de probabilité dessine une courbe en cloche.
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Ce graphique et ce tableau mettent en avant le fait que que le premier réflexe des étudiants
et lycéens en arrivant sur leur compte Facebook est de consulter leurs notifications.
Rappelons le, une notification est une formalité par laquelle l’on informe une personne d’un
acte auquel elle n’a pas été partie. En ce sens, le Moi y est prépondérant. Pourtant, un site de
réseautage social tel que Facebook est censé placer les interactions au premier plan, mais la
pratique dominante est de se focaliser sur soi de prime abord.
2) Tableaux croisés
Pour commencer, analysons le rapport entre le statut (lycéen, étudiant) et le nombre d’amis.
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existe entre ces deux variables. Le teste du Khi 2 consistant à calculer la somme des
différences entre effectifs réel « Khi 2 » et effectifs théorique « Ddl ». Dans notre cas Khi 2
étant supérieur à Ddl, il existe une relation entre les deux variables. Et « P » étant égale à
99,31% nous pouvons dire que la dépendance est significative et que le nombre d’amis sur
Facebook dépend bien du statut de lycéen ou d’étudiant. En ce sens, comme nous pouvons
le constater, les lycéens sont davantage enclin à avoir entre 400 et 500 amis que les
étudiants, alors qu’ils sont moins susceptibles d’avoir entre 200 et 249 amis. En ce sens, le
tableau et le graphique montrent bien l’écart entre lycéens et étudiants concernant le nombre
d’amis, puisque les lycéens ont davantage tendance à avoir plus d’amis que les étudiants.
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En ce qui concerne l’amitié, seules ces hypothèses opérationnelles sont vérifiées. Mais ces
éléments appuient le concept de friending mentionné précédemment.
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À la question « le statut (lycéen ou
étudiant) influence t-il la fréquence
d’adhésion à des “fanpages“ ?», ce test
répond affirmativement. En effet, avec
une dépendance de plus de 99,99%, le
lien entre cette variable indépendante et
cette variable dépendante est très
significatif. Ainsi, les lycéens sont plus
susceptibles d’adhérer à des pages de
façon très fréquente, contrairement aux
étudiants.
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Essayons de comprendre pourquoi les étudiants et lycéens adhèrent aux “fanpages“
Seconde raison : les fanpages correspondent aux intérêts des utilisateurs de Facebook
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À cette question, nous ne pouvons
établir de lien significatif entre VI
et VD que dans le cas des
réponses négatives. En effet, les
étudiants sont plus enclins à
trouver que les fanpages
auxquelles ils adhèrent ne
correspondent pas à leurs intérêts.
Mais cette conclusion est à
prendre avec parcimonie car les
effectifs sont peut nombreux dans
le cas des réponses négatives. Ici,
la significativité statistique est de
98,04%
Troisième raison : les fanpages sont amusantes
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Concernant l’influence que
l’image qui est renvoyée par les
fanpages peut avoir sur les
adhésions, nous pouvons
constater que les lycéens seront
plus enclin à adhérer aux
fanpages parce qu’elles
renvoient une image positive
d’eux mêmes, que les étudiants.
Ici, la significativité est de
99,31%.
Le nombre de groupes
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à 49 groupes, l’effectif est inférieur à l’effectif théorique. En ce sens, nous pouvons dire que
les lycéens auront tendance à appartenir à davantage de groupes que les étudiants.
La deuxième raison est parce que les groupes reflètent la personnalité des utilisateurs de
Facebook
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Ce test montre que le fait que les groupes reflètent la
personnalité des lycéens a un caractère décisif dans leur
adhésion à des groupes. En effet, avec une dépendance
entre les deux variables de 99,56%, ainsi qu’un effectif de
lycéen supérieur à l’effectif théorique à la réponse “Tout à
fait“, nous pouvons constater que les lycéens sont plus
enclins à trouver que les groupes auxquels ils adhèrent
reflètent complètement leur personnalité.
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En somme, les différents indicateurs mis en place pour la vérification de cette hypothèse se
sont révélés relativement efficaces. En effet, la notion de friending est bien justifiée, tout
comme la différence significative entre les lycéens et les étudiants.
b. Seconde hypothèse : Les lycéens (15-18 ans) sont plus narcissiques que les
étudiants
Concernant l’ajout de photographies de soi sur Facebook par les usagers eux même, voici
les données :
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L’ajout de photographies de soi sur son profil Facebook
permet d’alimenter son profil et donc de se créer une
certaine présence virtuelle. En ce sens, les lycéens ajoutent-
ils des photos plus souvent que les étudiants ? Le test du
Khi 2 a trouvé une dépendance très significative,
puisqu’égale à 99,99%. Nous pouvons constater que
l'effectif réel de lycéens déclarant ajouter souvent des
photographies sur leur profil est supérieur à l’effectif
théorique. Dans cette continuité, l’effectif d’étudiants
déclarant ajouter peu souvent des photographies est
supérieur à l’effectif théorique, alors que l’effectif de
lycéens répondant par cette même modalité de réponse est
inférieur à l’effectif théorique. Ainsi, 25,9% des lycéens
déclarent ajouter souvent des photographies sur leur profil,
alors que seuls 6,8% déclarent le faire.
Concernant le nombre de photos où les différents groupes de sujets sont “tagués“ (dans le
sens d’identifiés) :
La question étant :
«Approximativement, le
nombre de photos où je suis
taggué est de», il est important
de souligner que le lien entre
variable dépendante et
variable indépendante est
vérifiée grâce au test de Khi 2.
En effet, l’effectif réel de
lycéens ayant de 250 à 300 est
supérieur à l’effectif théorique
ainsi qu’à l’effectif réel
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d’étudiants ayant choisi cette même modalité de réponse. Dans cette même optique,
l’effectif réel d’étudiants étant marqués sur environ 0 à 49 photographies est supérieur à
l’effectif théorique et l’effectif de réel de lycéens concernant cette même modalité de
réponse est inférieur à l’effectif théorique. En ce sens, les lycéens seront plus enclins à être
“tagués“ sur plus de photographies que les étudiants.
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À l’item «Grâce à Facebook, j’ai une meilleure image de moi»,
la dépendance est très significative puisqu’égale à 99,99%. En
ce sens, l’effectif d’étudiants ayant répondu «Plutôt non» est
supérieur à l’effectif théorique, alors que l’effectif de lycéens
ayant répondu par la même modalité de réponse est inférieur à
l’effectif théorique. De plus, à la modalité de réponse «Plutôt
oui», l’effectif de lycéens est supérieur à l’effectif théorique.
Ainsi, nous pouvons dire que les lycéens sont plus enclins à
penser que Facebook leur apporte une meilleure image que les
étudiants.
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c. Troisième hypothèse : La vie sociale des étudiants et des lycéens ne sʼorganise
pas de la même façon sur Facebook
Maintenant, analysons les réponses à l’item «Quand mes amis participent à un événement
Facebook, j’y participe aussi» :
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À cet item, le test de Khi 2 fait apparaître une dépendance très
significative, puisqu’égale à 99,72%. En ce sens, nous pouvons
constater que l’effectif réel de lycéens ayant choisi la modalité de
réponse «Tout à fait» est supérieur à l’effectif théorique, alors
que l’effectif d’étudiants pour cette même modalité est inférieure
à l’effectif théorique. Ainsi, 30,4% des lycéens ont répondu
«Tout à fait» alors que le pourcentage d’étudiants est de 9,9%.
Nous pouvons donc dire que, dans ce contexte, les lycéens sont
plus enclins que les étudiants à participer à un événement quand
leurs amis y participent.
Conclusion de la troisième hypothèse : Il est important de souligner le fait que les lycéens
ne construisent pas leur vie sociale sur Facebook de la même que les étudiants. En ce sens,
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Facebook devient un véritable vecteur de d’événements qui occupe une place plus
importante dans la vie sociale des lycéens.
Il est nécessaire de préciser que le terme “égocentrique“ n’a aucune connotation négative.
“Egocentrisme“ signifie : tendance à tout centrer sur soi-même, à tout orienter en fonction
de soi et de ses intérêts.
Mais il est bien délicat de mesurer un telle tendance. Malgré tout, nous avons défini
quelques indicateurs qui pourraient s’avérer utiles dans la vérification de cette hypothèse : la
fréquence de changement de statut, la satisfaction ressentie lorsque les publications sont
commentées, mais aussi l’orientation des statuts publiés (orientation vers soi-même ou
plutôt vers ses amis).
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Qu’en est-il de la satisfaction ressentie face aux commentaires des publications ?
Après avoir observé les utilisations de Facebook par les lycéens et étudiants, nous avons
constaté que certains utilisaient leurs statuts comme un journal intime voire un exutoire.
N’est-ce pas paradoxal d’utiliser un espace public pour exprimer son Moi intérieur ?
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À l’échelle d’attitude « Mes statuts Facebook peuvent être
assimilés à un journal intime », nous pouvons constater qu’il
existe une dépendance très significative puisque « p » est égal
à 99,71%. Il est intéressant de noter que l’effectif de lycéens
ayant répondu « Plutôt oui » est supérieur à l’effectif
théorique, alors que l’effectif d’étudiants ayant répondus par
cette même modalité est inférieur à l’effectif théorique. En ce
sens, nous pouvons mettre en évidence que les lycéens ont
davantage tendance à considérer leurs statuts comme des
journaux intimes que les étudiants. Cette interprétation est
soulignée par le graphique ci-joint : 30,4% des lycéens ont
répondu « Plutôt oui » alors que seuls 5,1% des étudiants ont
répondu par la même modalité.
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À l’item « Mes statuts me sont destinés », le test du Khi 2
révèle une dépendance significative puisque : p = 99,99%. À
la modalité de réponse «Pas du tout», l’effectif d’étudiants est
supérieur à l’effectif théorique, alors que l’effectif de lycéens
est inférieur à l’effectif théorique. Pour 40,7% des étudiants,
leurs statuts Facebook ne leurs sont pas destinés, alors que
cette même modalité n’est vraie que pour 6,9% des lycéens.
En ce sens, nous pouvons dire qu’une part plus importante
d’étudiants que de lycéens ne considèrent pas leur statut
comme destinés à eux-mêmes.
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Enfin, intéressons nous à la satisfaction ressentie par les utilisateurs de Facebook lorsque
leurs amis commentent leurs publications.
Conclusion de la quatrième hypothèse : les différents indicateurs mis en place pour évaluer
l’égocentrisme se sont révélés incomplets et insuffisants. En effet, seule la fréquence de
changement de statuts est significative dans le sens où nous l’entendions. Mais encore une
fois, le postulat que le changement de statut est la conséquence d’une volonté d’attirer
l’attention n’implique que nous et peut se révéler erronée.
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Conclusion
En somme, il est, selon nous, important de mener une réflexion critique sur notre
travail. En effet, bien que certaines de nos hypothèses soient vérifiées, il demeure que le
temps imparti pour effectuer cette enquête était court et ne nous a pas permis d’appréhender
le phénomène de l’identité numérique de façon globale. De plus, l’échantillonnage ne
comprenant que 122 personnes, il est nécessaire de préciser que nos conclusions ne sont ni
représentatives des populations interrogées, ni généralisables. Malgré tout, nous pensons
que ce travail peut apporter des pistes de travail intéressantes dans le domaine de l’identité
numérique car l’appréhension de cette dernière sous un autre angle que celui de l’e-
réputation peut s’avérer intéressante pour une meilleure compréhension de cet enjeu du Web
2.0.
Lors de l’avancée de notre enquête, nous nous sommes penchés sur différents aspects
des sciences de l’information et de la communication qui seraient intéressants à traiter par
rapport à l’identité numérique. Par exemple, la représentation de soi goffmanienne, que
nous n’avons pas vraiment pu exploiter dans ce dossier à cause de sa complexité. De plus,
bien que le concept d’Erving Goffman soit très intéressant, il aurait été nécessaire de
l’adapter complètement aux réseaux sociaux car, rappelons le, la représentation de soi
nécessite une interaction en face à face.
L’une des autres pistes qui aurait été intéressante à exploiter est celle des inférences
psychosociales. En effet, comment les usagers de Facebook adaptent-ils leurs messages en
fonction de leur réseau social ? En effet, ces inférences se forment-elles de la même manière
que lors d’une interaction entre deux individus ? Après tout, Facebook étant un espace
public au sens d’Habermas, c’est à dire un espace partageable par l’ensemble de la cité (ici
le réseau social), les discours donnent-ils lieu à des débats ou les utilisateurs cherchent-ils
plutôt à établir un consensus ?
L’idée du consensus pourrait être reprise en exploitant le phénomène de mèmes qui
existent sur Internet. Un mème, dans son sens littéral, désigne un élément de culture
transmis par différents individus en imitant un individu. L’élément culturel, selon les lois de
la mémétique définies par Dawkins dans la Mémétique, est considéré comme un gène, qui
mute, qui se croise, qui se clone. Dans son acception contemporaine, un mème désigne, sur
le Web, un élément culturl persistant dans une communauté virtuelle. En ce sens, il est
habituel de voir des mèmes sur Facebook, tels que des vidéos humouristiques, des epic fails,
c’est à dire des images jouant sur le comique de situation, ou encore des expressions telles
que DTC, lol (Laughing out loud, ce qui signifie “mort de rire“), owned (“il s’est fait
avoir“), pwned (“il s’est fait parfaitement avoir“), ou encore des modes d’expressions tels
que le “kikoolol“ (alliance des termes «Coucou» et «lol», ce mode d’expression est
caractérisé par l’omniprésence de fautes d’orthographe, comme le langage sms, ainsi que
l’utilisation d’ersatz de lettres tels que des « 0 » pour des « o »). Sur Facebook, ces mèmes
sont omniprésents, ce qui pourrait amener à penser une utilisation consensuelle de ce réseau
social.
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Bibliographie
•
Blanchet Alain, Ghiglione Rodolphe, et al. Les techniques d'enquête en sciences
sociales : Observer, interviewer, questionner. Paris : Dunod, 2005. ISBN :
978-2100490363
•
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Seuil, 2010. 2020986373.
•
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ISBN : 2200351763.
•
De Singly, François. L’enquête et ses méthodes : Le questionnaire. Paris : Armand
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•
Ertzscheid Catherine, Faverial Benoît, Guéguen Sylvain. Le Community
Management : Stratégie et bonnes pratiques pour interagir avec vos communautés.
Paris : Diateino, 2010. ISBN : 2354560184.
•
Fayon, David. Le Web 2.0 et au delà : Nouveaux internautes : du surfeur à l'acteur.
Deuxième édition. Paris : Economica, 2010. ISBN : 2717858648.
•
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16, octobre 2010. [Dossier extrait d’un magazine]
•
Millerrand Florence, Proulx Serge, Rueff Julien, et al. Web social : Mutation de la
communication. Paris : Presses de l'Université du Québec, 2010. ISBN :
I2760524973
Webographie
•
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interactifs : l’hexis numérique. Paris : Université Paris Sorbonne, 2007. [Thèse
consultable en ligne sur : http://fannygeorges.free.fr/FGeorges_These_0108.pdf]
• Pierre, Julien. « Fanny Georges ». Identite-numeriques.net.
http://www.identites-numeriques.net/dossiers/notes-de-lecture/fanny-georges.
Consulté le 1er décembre 2010
•
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http://www.identites-numeriques.net/dossiers/notes-de-lecture/la-presentation-de-soi-erving-
goffman. Consulté le 1er décembre 2010
•
Pierre, Julien. « L’avatar ». Identites-numeriques.net. http://www.identites-
numeriques.net/dossiers/lavatar
Consulté le 1er décembre 2010
•
Rosen Christine. « Amitié virtuelle et nouveau narcissisme ». Nonfiction.fr. http://
www.nonfiction.fr/article-360-amitie_virtuel_et_nouveau_narcissisme__1.htm
Consulté le 2 décembre 2010
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Carte heuristique : Lʼidentité psychosociologique selon Alex Mucchielli :
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Conscience de son identité idéale
Consciences de ses caractéristiques individuelles
L'identité psychosociologique
Résultat d'une comparaison Le Moi communautaire
Identité différentielle Identité communautaire
Appartenance et participation à une communauté
Identité proposée et manipulée par un individu
Sert à se faire définir d'une certaine Autres identités
manière par Autrui Critères permettant une définition sociale de
Identité de façade Identité sociale l'individu
Peut être éloignée de l'identité réelle
Identité sociale dans le sens où elle est Identité attribuée
destinée à Autrui
Annexes
L'identité numérique
selon Fanny Georges
L'hexis numérique : sculpture agissante de soi dans le monde virtuel
Carte heuristique : Lʼhexis numérique selon Fanny Georges (2007)
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Profil Nombre de groupes et de
Publications pages "fan"
Informations personnelles
Tags
Partage de photographies,
liens, vidéos
Alimentation du "mur" Facebook
Communautés
Amis
Groupes
Pages "fan"
Questionnaire extrait de Google Docs
Facebook et vous
Ce questionnaire est strictement anonyme.
Il est realisé dans le cadre d'un DUT Information et Communication. Nous vous demandons d'y répondre sincèrement, il n'y a
pas de bonne ou de mauvaise réponse.
* Required
Vous êtes *
Un homme
Une femme
Où vivez vous ? *
Ville
Périphérie
Campagne
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Facebook est toujours allumé
Dans la vie, le cercle dʼamis que vous fréquentez régulièrement est composé de
Ici, cercle d'amis signifie "bande de potes"
1 à 3 personnes
4 à 9 personnes
10 à 19 personnes
Supérieur à 20 personnes
Jʼai déjà rencontré au moins une fois mes amis Facebook dans la vie réelle
Aucun - un peu - la majorité - tous
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Aucun Tous
Aucun Tous
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Associez trois termes (noms, adjectifs ou verbes) aux relations que vous entretenez
avec vos amis sur Facebook
J'aime des pages Facebook parce qu'elles donnent une bonne image de moi-même
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Je possède une page fan consacrée à un autre sujet
Oui et elle est sérieuse
Oui et elle est ludique
Non mais je vais m'en créer une
Non et je n'en veux pas
J'adhère à ces groupes Facebook parce qu'ils donnent une bonne image de moi-
même
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1 2 3 4
Quand mes amis participent à un événement sur Facebook, j'y participe aussi
1 2 3 4
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Si votre profil n'est pas complet, pour quelle(s) raison(s) n'avez vous pas complété
entièrement votre profil ?
Si votre profil comporte de faux éléments, pour quelle(s) raison(s) avez vous falsifié
ces informations ??
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Pas du tout Tout à fait
En moyenne, je reçois
0 notification / jour
1 à 3 notifications / jour
4 à 8 notifications / jour
Supérieur ou égal à 9 notifications / jour
Quand mes amis commentent mes publications sur Facebook, je suis satisfait
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Il est plus facile de contacter une personne grâce à Facebook que par un autre moyen
1 2 3 4
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Pas du tout d'accord Tout à fait d'accord
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Mon profil Facebook pourrait me porter préjudice si j'entrais dans le monde du travail
1 2 3 4
Je trouve qu'être ami avec ses parents sur Facebook est dérangeant
1 2 3 4
Submit
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