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UNIVERSITÉ LYON 2

FACULTÉ DE DROIT ET DE SCIENCE POLITIQUE VINCENT SOUBISE

PRÉPARATION C2I DROIT - 2011

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L'informatique dans l'entreprise : conséquences juridiques sur les relations de travail


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BIBLIOGRAPHIE :

Forum des droits sur internet


« Relations du travail et internet »
Dossier « Relations du travail et internet »
Malheureusement, le Forum est dissout depuis le 31 décembre 2010, mais certains documents restent à disposition sur le site.
Commission nationale Informatique et Libertés (C.N.I.L.)
- Rapport relatif à « La cybersurveillance sur les lieux de travail » (mars 2004)
- « Guide pratique pour les employeurs » («édition 2008)
Cour de cassation,
Rapport annuel 2005 (avril 2006) : « L'innovation technologique »
plus particulièrement :
L'innovation technologique appréhendée par le juge : Innovation technologique et droit du travail

JURISPRUDENCE

Les risques pour l'entreprise d'une utilisation de l'outil informatique par les salariés

COUR D'APPEL de Toulouse, 4e chambre, 4 société Aventis dans ce pays a commencé à recevoir de
novembre 2004 nombreux appels extérieurs à ce sujet et a du mettre en
place un comité de gestion de crise et élaborer un plan
Extraits de la décision
d'action avec "publication sur INTRANET d'un avis aux
« En créant et en envoyant ce type de message, Cyril V. associés de la situation et permettre de répondre
ne pouvait écarter d'emblée le risque de diffusion au- adéquatement aux questions qu'ils reçoivent des
delà de la sphère interne de l'entreprise car il y était clients/fournisseurs, ajout sur le site Internet Aventis
intrinsèquement attaché. Canada d'une question pour indiquer que ce courrier est
Par son contenu même qui identifiait clairement l'entre- un canular et que l'offre n'est pas valide, communication
prise, il était de nature à porter atteinte à son image et à avec les associés de l'équipe de sécurité mondiale des
ses intérêts d'autant qu'il faisait référence aux pratiques systèmes afin d'obtenir le nom de la personne respon-
supposées d'un laboratoire concurrent et invitait à un sable de gérer la situation en France pour vérifier ce qui
envoi en copie à l'adresse e-mail professionnelle véri- a été fait au niveau de la communication et afin d'expli-
table d'un directeur régional, modalité qui était suscep- quer l'impact de la situation au Québec" […]
tible de lui conférer quelque crédibilité et surtout de Présent depuis plusieurs années dans l'entreprise, ce
provoquer des dysfonctionnements dans l'entreprise ne salarié était nécessairement sensibilisé à ces problèmes
serait ce que par l'encombrement de la messagerie. de sécurité informatique. » […]
Cette chaîne de messages a connu une grande ampleur Ainsi, le licenciement de Cyril V., intervenu dans ces
à partir de la mi-août 2002, date à partir de laquelle elle circonstances, est légitime. Ce salarié doit donc être
s'est diffusée par Internet au CANADA où le siège de la

1
débouté de toutes ses demandes financières (indemnité COUR ADMINISTRATIVE D'APPEL de Paris, 4e
de rupture et dommages et intérêts). chambre B, 24 janvier 2002
Extraits de l'arrêt
TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE de Marseille, 11
Considérant que, par son arrêté du 23 décembre 1996,
juin 2003
le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement
confirmé en appel par CA AIX-EN-PROVENCE, 13
supérieur et de la recherche a infligé à M. O, adjoint
mars 2006
technique de recherche et de formation affecté à l'École
Note : Un salarié crée, depuis son lieu de travail, un site nationale des arts et métiers (ENSAM), une exclusion
internet dénommé « ESCROCA » dans le but de dénigrer le temporaire de fonctions d'une durée de six mois
site de la société Escota. Il est condamné pour contrefaçon assortie d'un sursis partiel de trois mois; que M. O.
de marque et du site de la société ESCOTA. Ci-dessous, les relève appel du jugement du 3 juin 1999 par lequel le
principaux attendus du jugement rendu par le TGI de
tribunal administratif de Paris a rejeté sa demande
Marseille qui viennent d'être confirmés par la CA d'Aix-en-
Provence par arrêt du 13 mars 2006... tendant à l'annulation de cette sanction disciplinaire;
Sur la responsabilité de la société LUCENT en sa qualité "Considérant que si M. O. soutient que le courrier élec-
d'employeur de Nicolas B tronique présente le caractère d'une correspondance
privée protégé par le secret de la correspondance émise
Il n'est pas contesté que le site litigieux a été réalisé sur par voie de télécommunications, il est constant que le
le lieu de travail grâce aux moyens fournis par l'entre- serveur de l'Eglise de l'Unification sur lequel il a fait
prise, Nicolas B. ayant pour fonction d'effectuer des figurer son adresse électronique à l'ENSAM était destiné
tests de qualité et de fiabilité du matériel fabriqué, et à la consultation du public ; que pour prononcer à l'en-
ayant utilisé le matériel mis à sa disposition à cette fin. contre de M. O. la sanction litigieuse, l'autorité investie
Une note du directeur des ressources humaines de l'en- du pouvoir disciplinaire s'est exclusivement fondée sur
treprise en date du 13 juillet 1999 précise que les sala- les informations mentionnant l'Eglise de l'unification
riés peuvent désormais utiliser les équipements informa- diffusées par l'intéressé au public avec les moyens du
tiques mis à leur disposition et les accès réseau exis- service et portées à la connaissance de l'établissement
tants pour consulter d'autres sites que ceux présentant public à la suite de leur consultation par un tiers ; qu'il
un intérêts en relation directe avec leur activité au sein résulte des pièces du dossier que l'utilisation faite par
de la société, dès lors que ces utilisations demeurent M. O. de la boite aux lettres électronique attribuée à M.
raisonnables, s'effectuent en dehors des heures de Baptiste sur le serveur de l'ENSAM a également été
travail, et respectent les dispositions légales régissant portée à la connaissance de la direction de l'école par
ce type de communication et les règles internes de la ce dernier le 16 février 1996 ; que, dès lors, M. O. n'est
société, l'accès aux sites à caractère explicitement pas fondé à soutenir que les faits pour lesquels il a fait
sexuel et contrevenant aux valeurs de LUCENT TECH- l'objet d'une sanction disciplinaire étaient couverts par le
NOLOGIES étant prohibé. secret de la correspondance ou auraient été recueillis et
détenus par des moyens de preuve illicites passibles
Ainsi, la libre consultation des sites Internet était auto- des sanctions pénales prévues à l'article 226-15 du
risée et aucune interdiction spécifique n'était formulée nouveau code pénal;
quant à l'éventuelle réalisation de sites Internet ou de
fourniture d'informations sur des pages personnelles. Considérant que les faits reprochés au requérant ont
porté préjudice, contrairement à ce qu'il soutient, tant à
Il y a donc lieu de constater que la faute de M Nicolas l'établissement public dans lequel il exerce ses fonctions
B , a été commise dans le cadre des fonctions qu'au directeur du laboratoire microstructure et méca-
auxquelles il était employé et de déclarer la société nique des matériaux de cet établissement; que. malgré
LUCENT TECHNOLOGIES responsable sur le fonde- le déroulement de la carrière de M. O., dont la manière
ment de l'article 1384 alinéa 5 du code civil. de servir n'a précédemment encouru aucun grief. le
La demanderesse reproche encore à la société la ministre de l'éducation nationale s'est livré, en pronon-
communication avec retard du nom de son employé ; çant à raison de ces faits la sanction de l'exclusion
celui-ci ayant été toutefois identifié suffisamment tôt temporaire de fonctions pour une durée de six mois
pour être attrait à la présente procédure, aucun préju- assortie d'un sursis partiel de trois mois, conformément
dice ne résulte de ce fait pour la société ESCOTA, qu'il à l'avis émis par le conseil de discipline à l'unanimité de
y a lieu de débouter de sa demande. ses membres, à une appréciation qui n'est pas entachée
Sur l'appel en garantie de la société LUCENT à l'en- d'erreur manifeste ;
contre de Nicolas B. Considérant qu'il suit de là, sans qu'il soit besoin de
Nicolas B a reconnu avoir commis le fait qui lui est procéder à la mesure d'expertise sollicitée par le requé-
reproché à l'insu de son employeur et il y a lieu de le rant. que M. O. n'est pas fondé à soutenir que c'est à
condamner en raison de ce comportement fautif à tort que, par le jugement attaqué. le tribunal administratif
relever garantie la société LUCENT de toutes les de Paris a rejeté sa demande ; (...)"
condamnations prononcées à son encontre y compris
au titre des frais de procédure."

2
LES INSTITUTIONS REPRÉSENTATIVES DU PERSONNEL

Élections du 10 décembre 2001 le président du tribunal de grande


instance de Bobigny a constaté l'existence d'un trouble
manifestement illicite et a ordonné la mesure d'interdic-
Cass. Soc., 8 décembre 2004
tion corrélative, au motif qu'il convenait de prévenir le
Bull. n°321
dommage imminent que représente le risque de réitéra-
Attendu que, selon le jugement attaqué (tribunal de tion du procédé de communication litigieux consistant à
Paris 8e, 24 octobre 2003) le premier tour des élections envoyer des tracts syndicaux dans des conditions
professionnelles, organisées au sein de la banque contraires aux dispositions légales ;
NSMD selon un protocole préélectoral unanime Attendu qu'il est fait grief à l'arrêt attaqué (Paris, 31 mai
prévoyant un vote électronique du 26 mai au 2 juin 2002) d'avoir confirmé l'ordonnance en toutes ses
2003, a été reporté par avenant également unanime du dispositions, alors, selon le moyen :
28 mai 2003 à la suite de la diffusion sur la messagerie
de l'entreprise, le premier jour du vote, d'un appel de M. 1 / qu'il résulte des constatations de l'arrêt attaqué que
X... à ne pas voter au premier tour; que ce dernier a la diffusion d'un tract syndical par courrier électronique
sollicité l'annulation des élections ainsi reportées ; est assimilable à l'expédition par voie postale à
l'adresse des salariés dans l'établissement où ils sont
Sur le premier moyen : employés ; qu'elle relève donc de la correspondance
Attendu qu'il est fait grief au jugement, pour les motifs privée ;
exposés au mémoire et tirés d'une violation des articles que l'employeur ne saurait ni interdire, ni contrôler une
L. 423-15 et L. 433-11 du Code du travail, d'avoir validé telle correspondance ; qu'en décidant autrement, la cour
les élections ; d'appel a violé tant les articles 8 de la convention euro-
Mais attendu que l'employeur et les organisations syndi- péenne de sauvegarde des droits de l'homme et des
cales peuvent décider à l'unanimité de reporter la date libertés fondamentales, 9 du Code civil et L. 120-2 du
des élections ; que le moyen n'est pas fondé ; Code du travail, que l'article L. 412-8 dudit Code ;
Et sur le second moyen : 2 / que les messages électroniques envoyés depuis un
Attendu qu'il est encore fait grief au jugement d'avoir, en site extérieur ne sauraient être assimilés aux tracts
violation des articles L. 423-1 et L. 433-9 du Code du diffusés dans l'enceinte de l'entreprise tel que prévu par
travail, validé les élections alors que le protocole l'article L. 412-8 du Code du travail, ainsi violé par
préélectoral, selon lequel le vote devait se dérouler de fausse application ;
façon électronique, ne comportant pas de dispositions 3 / qu'il résulte encore des constatations de l'arrêt
permettant d'assurer l'identité des électeurs et la publi- attaqué qu'il y avait éclatement géographique de la
cité du scrutin sous leur contrôle et celui des délégués collectivité de travail pour les salariés de la société Clear
des listes électorales, n'était pas conforme au principe Channel France qui compte 47 sites, et qu'il y avait des
du droit électoral ; horaires individualisés pour les commerciaux et les
Mais attendu qu'en constatant que les dispositions du techniciens chargés de l'affichage ; que, dès lors, la
protocole préélectoral permettaient d'assurer l'identité cour d'appel ne pouvait ainsi statuer sans rechercher si
des électeurs ainsi que la sincérité et le secret du vote cet éclatement géographique et ces horaires individua-
électronique, comme la publicité du scrutin, conformé- lisés ne faisaient pas obstacle à la diffusion de publica-
ment aux principes généraux du droit électoral, le tions syndicales prévue par l'article L. 412-8 du Code du
tribunal a légalement justifié sa décision ; travail, nécessitant un autre mode de communication
syndicale, sauf à entraver l'exercice du droit syndical ;
PAR CES MOTIFS : que, de ce chef, la cour d'appel n'a pas, en tout cas,
REJETTE le pourvoi ; légalement justifié sa décision au regard des disposi-
tions susvisées ;
Utilisation des moyens informatiques de l'entreprise Mais attendu que la diffusion de tracts et de publications
syndicaux sur la messagerie électronique que l'entre-
prise met à la disposition des salariés n'est possible
Cass. Soc., 25 janvier 2005 qu'à la condition, soit d'être autorisée par l'employeur,
soit d'être organisée par voie d'accord d'entreprise ;
Fédération des services CFDT c/ Société Clear Channel
France D'où il suit que l'arrêt attaqué n'encourt pas les griefs du
moyen ;
Sur le moyen unique :
PAR CES MOTIFS :
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 31 mai 2002), que REJETTE le pourvoi ;
le 8 octobre 2001, le secrétaire national de la branche
"serviciel" de la Fédération des services CFDT a
adressé, depuis un ordinateur dont dispose la Fédéra- Cass. soc., 22 janvier 2008
tion, un message syndical à l'ensemble des salariés de N° de pourvoi : 06-40514 – Rejet
la société Dauphin communication qui disposent d'une Sur le moyen unique :
messagerie électronique à leur poste de travail dans
Attendu, selon l’arrêt attaqué (Paris,29 novembre 2005),
cette entreprise ; que par ordonnance de référé en date
que M. X. , représentant du personnel élu et délégué

3
syndical au sein du Crédit industriel et commercial, a, le salarié, a ainsi caractérisé une faute disciplinaire ; que le
24 juin 2003, diffusé sur le réseau intranet de l’entre- moyen n’est pas fondé ;
prise, un courriel de protestation contre l’arrestation d’un PAR CES MOTIFS :
militant syndicaliste paysan ; que, pour ce fait, un aver-
tissement lui a été notifié le 21 juillet 2003 ; REJETTE le pourvoi ;
Attendu qu’il est fait grief à l’arrêt infirmatif d’avoir dit n’y
avoir lieu à annulation de l’avertissement notifié à Cass. Soc., 6 avril 2004
M. Stéphane X. le 21 juillet 2003 et de l’avoir débouté de N° 02-40498 / Bulletin n° 104 - Cassation
ses demandes tendant au paiement de dommages-inté-
rêts et à la publication de la décision à intervenir, alors, Sur le moyen unique pris en ses deux branches :
selon le moyen : Vu les articles L. 412-17, L. 424-3, L. 481-2 et L. 482-1
1° / qu’il résulte des constatations de l’arrêt attaqué que, du Code du travail, l'article 6 de la délibération n° 94-113
selon l’article 6-2-1 de l’accord du 3 avril 2001, relatif à du 20 décembre 1994 de la Commission nationale de
l’exercice du droit syndical et aux institutions représen- l'informatique et des libertés, ensemble les articles 6, 17
tatives du personnel au Crédit industriel et commercial, et 21 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'in-
l’utilisation de l’intranet par les organisations syndicales formatique, aux fichiers et aux libertés ;
est soumise aux mêmes règles que l’emploi de supports Attendu qu'il résulte de la combinaison des textes
classiques (tracts, affichages) et le contenu des commu- susvisés que pour l'accomplissement de leur mission
nications syndicales est librement déterminé par les légale et la préservation de la confidentialité qui s'y
organisations syndicales sous réserve de l’application attache les salariés investis d'un mandat électif ou
de l’article L. 412-8, alinéa 5, du code du travail, en syndical dans l'entreprise doivent pouvoir y disposer
matière d’exercice du droit d’expression syndical ; que, d'un matériel ou procédé excluant l'interception de leurs
par suite, en l’état de ces dispositions, parfaitement communications téléphoniques et l'identification de leurs
claires, la restriction ultérieurement apportée relative au correspondants ;
lien nécessaire entre le contenu de ces publications et la Qu'encourt dès lors la cassation l'arrêt attaqué qui a
situation sociale existant dans l’entreprise était inopé- décidé que la société BDI constructions n'était pas
rante, de sorte qu’en retenant une faute de la part du tenue de mettre à la disposition de l'un de ses salariés,
salarié, de ce chef, la cour d’appel a méconnu les dispo- M. X..., délégué syndical et délégué du personnel dont
sitions susvisés et violé l’article L. 412-8 du code du le poste téléphonique était desservi par l'autocommuta-
travail ; teur de l'entreprise, un tel matériel ou procédé ;
2° / que le salarié jouit de sa liberté d’expression au sein PAR CES MOTIFS
de l’entreprise à laquelle seules des restrictions justi-
fiées par la nature de la tâche à accomplir et proportion- CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,
nées au but recherché peuvent être apportées ; qu’en l'arrêt rendu le 22 novembre 2001, entre les parties, par
l’espèce, il résulte des constatations de l’arrêt attaqué la cour d'appel de Nîmes ; remet, en conséquence, la
que la diffusion du courriel litigieux avait été faite à cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient
quelques dizaines de salariés, de sorte qu’elle était avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant
limitée et en dehors des horaires de travail ; que, faute la cour d'appel de Lyon ;
d’avoir apprécié l’exercice du droit d’expression du
salarié au regard de ces circonstances, la cour d’appel Cass. Soc., 5 mars 2008
n’a pas légalement justifié sa décision au regard de l’ar-
ticle L. 120-2 du code du travail ; Société TNS Secodip c/ Fédération CGT des sociétés
d’études
3° / que l’employeur, s’il a le libre choix d’une sanction,
commet toutefois un détournement de pouvoir et une Sur le moyen unique :
discrimination quand il sanctionne un salarié pour la Vu l’article 10, § 2, de la Convention européenne de
diffusion d’un courriel de solidarité à l’égard d’un syndi- sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fonda-
caliste incarcéré tout en tolérant, ainsi qu’il résulte des mentales, ensemble l’article 1 de la loi n° 2004-575 du
constatations de l’arrêt attaqué, des courriels de nature 21 juin 2004 ;
humoristique, humanitaire et pornographique ; qu’en
Attendu que selon le premier de ces textes, des restric-
décidant autrement, la cour d’appel a violé les articles
tions peuvent être prévues par la loi lorsqu’elles sont
L. 412-2 et L. 122-45 du code du travail ;
nécessaires à la protection des droits d’autrui notam-
Mais attendu qu’après avoir relevé qu’un accord d’entre- ment pour empêcher la divulgation d’informations confi-
prise du 3 avril 2001 relatif à l’exercice du droit syndical dentielles, de telles restrictions devant être proportion-
dans l’entreprise mettait à la disposition des organisa- nées au but légitime poursuivi ; que, selon le second,
tions syndicales représentatives la messagerie électro- l’exercice de la liberté de communication électronique
nique interne pour la publication d’informations syndi- peut être limitée dans la mesure requise notamment par
cales, la cour d’appel a retenu que, selon l’article 6-2-1 la protection de la liberté et de la propriété d’autrui ; qu’il
de l’accord, cette faculté était subordonnée à l’existence en résulte que si un syndicat a le droit de communiquer
d’un lien entre le contenu et la situation sociale existant librement des informations au public sur un site internet,
dans l’entreprise ; d’où il suit que, faisant application de cette liberté peut être limitée dans la mesure de ce qui
cet accord au litige, dans lequel l’intéressé se prévalait est nécessaire pour éviter que la divulgation d’informa-
de sa fonction syndicale, la cour d’appel, qui a constaté tions confidentielles porte atteinte aux droits des tiers ;
qu’il n’y avait aucun lien entre la situation sociale de
Attendu, selon l’arrêt attaqué, que la fédération CGT des
l’entreprise et le contenu du courriel litigieux, et que
sociétés d’études a ouvert un site internet sur lequel ont
celui-ci était sans rapport avec l’activité syndicale du

4
été publiées des informations relatives à la société TNP identité de personnes entre eux, et que si une obligation
Secodip ; que, faisant valoir que cette diffusion portait de confidentialité s’étend également aux experts et tech-
atteinte à ses intérêts et constituait une violation des niciens mandatés par le comité d’entreprise, aucune
règles légales de confidentialité dès lors que, contraire- disposition ne permet de l’étendre à un syndicat, de
ment à un site intranet réservé au personnel de l’entre- surcroît syndicat de branche, n’ayant aucun lien direct
prise, les informations publiées étaient accessibles à avec l’entreprise, et ce, alors même que la diffusion
tous, notamment aux concurrents et clients ; que la contestée s’effectue en dehors de la société ;
société a saisi le tribunal de grande instance pour que Qu’en se déterminant ainsi, sans rechercher si les infor-
soit ordonnée la suppression des rubriques intitulées mations litigieuses avaient un caractère confidentiel et si
« syndicat », « rentabilité Secodip », « négociations », ce caractère était de nature à justifier l’interdiction de
« travail de nuit » et « accords 35 heures » ; leur divulgation au regard des intérêts légitimes de l’en-
Attendu que pour rejeter cette demande, la cour d’appel treprise, la cour d’appel n’a pas donné de base légale à
retient qu’un syndicat comme tout citoyen a toute lati- sa décision au regard des textes susvisés ;
tude pour créer un site internet pour l’exercice de son PAR CES MOTIFS :
droit d’expression directe et collective, qu’aucune
restriction n’est apportée à l’exercice de ce droit et CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,
qu’aucune obligation légale ou de confidentialité ne l’arrêt rendu le 15 juin 2006, entre les parties, par la cour
pèse sur ses membres à l’instar de celle pesant, en d’appel de Paris ; remet, en conséquence, la cause et
vertu de l’article L. 432-7, alinéa 2, du code du travail, les parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit
sur les membres du comité d’entreprise et représentants arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour
syndicaux, quand bien même il pourrait y avoir une d’appel de Paris, autrement composée ; »

*
* *

LES RELATIONS INDIVIDUELLES DE TRAVAIL

Les limites du droit de l'employeur à exercer une COUR D'APPEL de Besançon, 9 septembre 2003
surveillance sur les salariés
Extraits de la décision
« Attendu qu'au travers de ses explications Monsieur H.
Cass. Soc., 23 novembre 2005 ne conteste pas la matérialité des faits et se borne à
soutenir que l'activité personnelle qui lui est reprochée
Sur le moyen unique : n'a pas été réalisée pendant les heures de travail et que
Vu l'article 9 du nouveau Code de procédure civile ; l'interdiction d'utiliser le matériel de l'entreprise à des
Attendu que si l'employeur a le droit de contrôler et de fins personnelles ne lui a jamais été notifiée par l'em-
surveiller l'activité de son personnel durant le temps de ployeur ;
travail, il ne peut mettre en œuvre un dispositif de Attendu toutefois que le relevé des dates et heures de
contrôle qui n'a pas été porté préalablement à la téléchargement des logiciels et fichiers sur l'ordinateur
connaissance des salariés ; du salarié révèle que ces opérations ont été réalisées
Attendu que Mme X..., employée de M. Y... en qualité pendant les heures de travail ;
de commis de bar, a été licenciée le 25 octobre 1995 Que l'obligation de loyauté lui incombant implique que
pour faute lourde, consistant à ne pas enregistrer des Monsieur H. ne pouvait utiliser le matériel de l'entreprise
consommations dont elle s'appropriait le montant ; à des fins personnelles, peu important que l'employeur
Attendu que pour décider que les faits reprochés à l'inté- ne lui ait pas notifié préalablement cette prohibition ;
ressée n'étaient pas prescrits et juger que son licencie- Attendu que si l'interdiction de porter atteinte à la vie
ment était justifié par une faute lourde, l'arrêt retient que privée du salarié interdit à l'employeur de prendre
six rapports de deux détectives privés engagés par l'em- connaissance de ses fichiers personnels, tel n'est pas le
ployeur en établissent les dates et la réalité ; cas lorsque l'employeur, en droit de contrôler et de
Qu'en statuant ainsi, sans rechercher si la salariée avait surveiller l'activité de ses salariés pendant le temps de
été informée de ce dispositif de contrôle, la cour d'appel travail, s'est borné en dehors de tout moyen illicite, à
n'a pas donné de base légale à sa décision ; constater que son subordonné a ouvert un site informa-
tique personnel, et à prendre connaissance de la chro-
PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur nologie et de la nature des opérations effectuées, sans
les autres branches du moyen : qu'il ait accédé à l'insu du salarié au contenu d'un fichier
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, désigné comme personnel ;
l'arrêt rendu le 19 mars 2002, entre les parties, par la Attendu que la traçabilité des opérations effectuées est
cour d'appel d'Aix-en-Provence connue de tous les utilisateurs de systèmes infor-
matiques, sans qu'il y ait lieu pour l'employeur d'in-
former préalablement ses salariés eux-mêmes spécia-
lisés ;

5
Qu'aucune irrégularité ne peut donc être reprochée à la Cass. Soc., 12 octobre 2004
S.A. Online Formapro ;
(...)
Attendu qu'il s'ensuit que les premiers juges ont, à juste
Sur le moyen unique pris en sa première branche :
titre, retenu que le manquement de Monsieur H. à ses
obligations contractuelles rendait, compte tenu des fonc- Vu l'article 8 de la Convention européenne de sauve-
tions exercées, impossible son maintien dans l'entre- garde des droits de l'homme et des libertés fondamen-
prise pendant le temps limité du préavis et justifiait son tales, l'article 9 du Code civil, l'article 9 du nouveau
licenciement pour faute grave [?] » Code de procédure civile et l'article L. 120-2 du Code du
travail ;
La protection des libertés individuelles Attendu que le salarié a droit, même au temps et au lieu
de travail, au respect de l'intimité de sa vie privée ; que
celle-ci implique en particulier le secret des correspon-
TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE DE PARIS, 19 dances ; que l'employeur ne peut dès lors sans violation
avril 2005 de cette liberté fondamentale prendre connaissance des
(extrait du site de la C.N.I.L.) messages personnels émis par le salarié et reçus par lui
grâce à un outil informatique mis à sa disposition pour
Le contrôle des horaires des salariés par l’empreinte son travail et ceci même au cas où l'employeur aurait
digitale est jugé disproportionné par le tribunal de interdit une utilisation non professionnelle de l'ordina-
grande instance de Paris teur ;
Par un jugement du 19 avril 2005, le tribunal de grande Attendu que pour décider que la mise à pied discipli-
instance de Paris a interdit la mise en place d’un naire de Mme X... était justifiée, la cour d'appel a notam-
système de contrôle biométrique des horaires utilisant ment retenu que la salariée a entretenu une correspon-
l’empreinte digitale de salariés bagagistes chargés de dance avec une ex-salariée de l'entreprise, au moyen de
prestations d’accueil et d’accompagnement dans les la messagerie électronique, pendant son temps de
gares ferroviaires. Cette décision confirme la nécessité, travail avec le matériel de l'entreprise, qu'elle s'est
déjà exprimée par la CNIL, de prendre en compte les fondée pour établir ce comportement sur le contenu de
principes de proportionnalité, de finalité et de pertinence messages émis par la salariée que l'employeur avait
pour la mise en place d’un dispositif biométrique à des découverts en consultant l'ordinateur mis à la disposi-
fins de contrôle des horaires. tion de celle-ci par la société ;
Une société assurant des prestations de portage de Qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violé les textes
bagage dans les gares, d’accueil de passagers et d’as- susvisés ;
sistance d’usagers à mobilité réduite, avait mis en place
sur l’ensemble de ses sites un système biométrique utili- PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, dans toutes
sant l’empreinte digitale, afin de mieux contrôler les ses dispositions, l'arrêt rendu le 20 novembre 2001,
horaires de travail de ses salariés. Ce dispositif avait été entre les parties, par la cour d'appel de Besançon ;
déclaré à la CNIL et sa mise en place précédée d’une
consultation du comité d’entreprise et d’une information Cass. Soc., 30 mai 2007
individuelle des salariés. Le tribunal a estimé que les
Sur le moyen unique :
conditions préalables de mise en œuvre avaient été
respectées mais néanmoins fait interdiction à la société Vu les articles 8 de la Convention européenne de
de mettre en place ce sytème. sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fonda-
mentales, 9 du code civil, 9 du nouveau code de procé-
La décision s’inspire des principales analyses et recom-
dure civile et L. 120-2 du code du travail ;
mandations de la CNIL en la matière. En effet, le
tribunal considère, dans sa décision du 19 avril 2005, Attendu, selon l’arrêt attaqué, que M. X., engagé le 5
que l’utilisation de l’empreinte digitale peut se justifier décembre 2001 par la société The Phone house en
lorsqu’elle a une "finalité sécuritaire ou protectrice de qualité de responsable de centre, a été licencié pour
l’activité exercée dans des locaux identifiés". Mais cette faute grave le 13 novembre 2002 ;
technique, "qui met en cause le corps humain et porte Attendu que pour juger le licenciement sans cause
ainsi atteinte aux libertés individuelles" n’est pas justi- réelle et sérieuse, la cour d’appel a retenu que les deux
fiée lorsqu’elle est utilisée aux seules fins de contrôler messages électroniques du 16 avril 2002 adressés par
les horaires de salariés. M. X. à une de ses collaboratrices sur le lieu de travail
Dès lors qu’il ne répond pas à une telle finalité sécuri- ne comportant aucun élément professionnel, constituent
taire, et dans la mesure où la mise en place d’un autre de la correspondance privée ; qu’il n’appartient pas à
dispositif de « badgeage » permettrait de contrôler tout l’employeur de prendre connaissance des messages
aussi efficacement les horaires des salariés, un tel personnels émis ou reçus grâce à l’outil informatique
système ne peut être considéré comme justifié ni mis à la disposition du salarié pour son travail
proportionné au but recherché et doit donc être interdit.
Qu’en statuant ainsi, sans rechercher si les fichiers
La décision du tribunal se fonde sur une référence ouverts sur le matériel mis à sa disposition par l’em-
expresse à l’article L. 120-2 du code du travail (principe ployeur avaient été identifiés comme personnels par le
de proportionnalité du contrôle de l’employeur à l’objectif salarié, la cour d’appel n’a pas donné de base légale à
poursuivi) et à l’article 6 de la directive européenne sa décision ;
95/46/CE du 24 octobre 1995 (conditions de licéité des
traitements de données à caractère personnel), pour PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, dans toutes
interdire à l’employeur d’utiliser un système biométrique ses dispositions, l’arrêt rendu le 21 avril 2005, entre les
de contrôle des horaires utilisant l’empreinte digitale parties, par la cour d’appel de Versailles ;

6
Cass. Soc., 17 mai 2005 afin qu'il soit ordonné à l'employeur de procéder avec
eux à une enquête relative aux conditions de consulta-
Sur le moyen unique :
tion des messageries électroniques des salariés
Vu les articles 8 de la Convention européenne de concernés ;
sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fonda-
Sur le premier moyen :(non-reproduit))
mentales, 9 du Code civil, 9 du nouveau Code de procé-
dure civile et L. 120-2 du Code du travail ; Et sur le second moyen :
Attendu, selon l’arrêt attaqué, que M. X..., engagé Attendu que la société fait grief à l'arrêt de lui avoir
comme dessinateur le 23 octobre 1995 par la société ordonné d'organiser une enquête avec les délégués du
Nycomed Amersham Medical Systems dénommée personnel sur les conditions dans lesquelles avaient été
désormais Cathnet-Science, a été licencié pour faute consultées et exploitées, en janvier 2006, les message-
grave le 3 août 1999 au motif qu’à la suite de la décou- ries de 17 salariés, et notamment de rechercher si des
verte de photos érotiques dans un tiroir de son bureau, il messages qualifiés de personnels ou pouvant, de par
avait été procédé à une recherche sur le disque dur de leur classement, être considérés comme tels, avaient
son ordinateur qui avait permis de trouver un ensemble été ouverts dans le cadre de la mission confiée à l'admi-
de dossiers totalement étrangers à ses fonctions figu- nistrateur des systèmes réseaux ou s'ils l'avaient été par
rant notamment sous un fichier intitulé « perso » ; l'employeur, et de vérifier, dans les deux cas, dans
quelles conditions lesdits messages avaient été ouverts,
Attendu que pour dire que le licenciement reposait sur
alors, selon le moyen :
une faute grave, la cour d’appel énonce qu’il apparaît en
l’espèce que l’employeur lorsqu’il a ouvert les fichiers de 1° / qu'en cas de risque ou d'événement particulier, l'em-
l’ordinateur du salarié, ne l’a pas fait dans le cadre d’un ployeur est en droit d'ouvrir les fichiers et courriels,
contrôle systématique qui aurait été effectué en son même identifiés par le salarié comme personnels, et
absence et alors qu’un tel contrôle n’était permis ni par contenus sur le disque dur de l'ordinateur mis à sa
le contrat de travail, ni par le règlement intérieur, mais disposition ; qu'en l'espèce, la cour d'appel a relevé que
bien à l’occasion de la découverte des photos érotiques l'employeur avait reçu des lettres anonymes « fai sant
n’ayant aucun lien avec l’activité de M. X..., ce qui état du contenu de courriels ultraconfidentiels et
constituait des circonstances exceptionnelles l’autori- verrouillés et accompagnées de la copie d'un tel cour-
sant à contrôler le contenu du disque dur de l’ordinateur, riel », lequel avait un libellé « sécurité-sûreté », ce dont il
étant rappelé que l’accès à ce disque dur était libre, résultait que le système de cryptage et de protection
aucun code personnel n’ayant été attribué au salarié des données de l'entreprise avait été forcé et ce en
pour empêcher toute autre personne que son utilisateur méconnaissance de sa charte informatique ; que par
d’ouvrir les fichiers ; ailleurs, il était constant que l'entreprise était classée
SEVESO, toutes circonstances dont il s'évinçait néces-
Attendu, cependant, que, sauf risque ou événement
sairement l'existence d'un risque pour l'entreprise ou à
particulier, l’employeur ne peut ouvrir les fichiers identi-
tout le moins d'un événement particulier ; que l'em-
fiés par le salarié comme personnels contenus sur le
ployeur était donc en droit de confier à l'administrateur
disque dur de l’ordinateur mis à sa disposition qu’en
réseau la mission de lui transmettre les données issues
présence de ce dernier ou celui-ci dûment appelé ;
des disques durs des ordinateurs mis à la disposition
Qu’en statuant comme elle l’a fait, alors que l’ouverture des salariés et « destinées à permettre d'identifier l'au-
des fichiers personnels, effectuée hors la présence de teur de la copie d'écran d'une part, et l'auteur des lettres
l’intéressé, n’était justifiée par aucun risque ou événe- anonymes d'autres part » ; qu'en décidant le contraire, la
ment particulier, la cour d'appel a violé les textes cour d'appel a méconnu l'article L. 120-2 devenu l'article
susvisés ; L. 1121-1 du code du travail, l'article L. 422-1-1 devenu
PAR CES MOTIFS : l'article L. 2313-2 du code du travail, les articles 8 de la
Convention européenne de sauvegarde des droits de
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'homme et des libertés fondamentales et 9 du code
l'arrêt rendu le 6 novembre 2002, entre les parties, par la civil ;
cour d'appel de Paris ;
2° / en tout état de cause qu'il résulte de l'article L. 422-
1-1 devenu l'article L. 2313-2 du code du travail que le
Cass. Soc. 17 juin 2009 juge prud'homal saisi sur le fondement de ce texte doit
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Aix-en-Provence, 20 se prononcer sur la réalité de l'atteinte aux libertés
novembre 2007), qu'en janvier 2006, des lettres fondamentales alléguée, et qu'il peut, le cas échéant,
anonymes ont été adressées à des responsables de la prescrire toutes les mesures propres à la faire cesser ;
société Sanofi chimie comportant des renseignements que ce texte a pour objet de mettre un terme à une
démontrant que leur auteur avait eu accès à des cour- atteinte avérée aux libertés, non de permettre la
riers confidentiels et verrouillés de l'entreprise classée recherche de son existence éventuelle ; qu'en l'espèce,
Seveso ; que la direction a demandé en conséquence à la cour d'appel a retenu qu'il était « possible » qu'en
l'administrateur chargé du contrôle du service informa- procédant à une enquête sur les ordinateurs mis à la
tique de contrôler les postes informatiques de dix-sept disposition des salariés par l'entreprise, l'employeur ait
salariés susceptibles d'avoir eu accès auxdites informa- eu accès à d'éventuels messages personnels pour lui
tions afin de rechercher l'auteur des courriers enjoindre de procéder à une enquête aux fins de déter-
anonymes ; que MM. X... et Y..., délégués du personnel miner si tel avait bien été le cas ; qu'en statuant de la
au sein de la société, estimant qu'il y avait là atteinte sorte, la cour d'appel a prescrit des mesures ne relevant
aux libertés individuelles, ont saisi le bureau de juge- pas de son office et violé l'article L. 422-1-1 du code du
ment de la juridiction prud'homale sur le fondement de travail devenu l'article L. 2313-2 du code du travail ;
l'article L. 422-1-1 du code du travail (devenu L. 2313-2)

7
3° / que seuls les mails identifiés par le salarié comme contrat de travail à durée indéterminée à compter du 29
personnels relèvent de sa vie privée ; que dès lors, en novembre 2006 en qualité de chargée de recrutement,
enjoignant à l'employeur de mener une enquête sur les statut cadre.
courriels qui, indépendamment de leur qualification de
Les relations de travail étaient régies par la convention
« personnels », seraient susceptibles d'être « consi-
collective des bureaux d’Etudes Techniques dite
dérés comme tels du fait de leur classement », la cour
“Syntec”.
d'appel a violé l'article L. 120-2 devenu l'article L. 1121-1
du code du travail, l'article L. 422-1-1 devenu l'article Par lettre du 8 décembre 2008, la société Alten Sir a
L. 2313-2 du code du travail, les articles 8 de la Conven- notifié à Madame M. B. une mise à pied conservatoire
tion européenne de sauvegarde des droits de l'homme dans l’attente d’une mesure disciplinaire.
et des libertés fondamentales et 9 du code civil ;
Par courrier recommandé présenté le 12 décembre
Mais attendu d'une part qu'aux termes de l'article 2008, Madame Morgane B. a été convoquée à un
L. 2313-2 du code du travail, si un délégué du personnel entretien préalable fixé au 19 décembre 2008 avec mise
constate qu'il existe une atteinte aux droits des à pied à titre conservatoire.
personnes, à leur santé physique ou mentale ou aux
libertés individuelles dans l'entreprise qui ne serait pas Par lettre du 21 janvier 2009, Madame M. B. a été
justifiée par la nature de la tâche à accomplir ni propor- licenciée pour faute grave, aux motifs “d‘incitation à la
tionnée au but recherché, il en saisit immédiatement rébellion contre la hiérarchie et dénigrement envers la
l'employeur et, en cas de carence de celui-ci ou de société “sur le site Facebook de Monsieur François C.,
divergence sur la réalité de cette atteinte et à défaut de salarié de la société Alten Sir, la lettre de licenciement
solution trouvée avec lui, il saisit le bureau de jugement étant ainsi libellée :
du conseil de prud'hommes qui peut ordonner toutes "Le 1er décembre 2008, des salariés choqués par des
mesures propres à faire cesser cette atteinte ; que, propos tenus sur le site Facebook de Mr C. François,
d'autre part, sauf risque ou événement particulier, l'em- nous ont édité puis communiqué les conversations
ployeur ne peut ouvrir les messages identifiés par le échangées.
salarié comme personnels contenus sur le disque dur de
l'ordinateur mis à sa disposition qu'en présence de ce Le contenu de ce site est une incitation à la rébellion
dernier ou celui-ci dûment appelé ; envers voire hiérarchie, le fait d’avoir pris part à cet
échange, démontre que vous cautionnez la teneur de
Et attendu que la cour d'appel a retenu que si, à la suite ces conversations. En effet, après le commentaire
d'un " incident de sécurité ", l'employeur avait pu confier, suivant d‘une ancienne salariée :
conformément à sa charte informatique, une enquête
spécifique à l'administrateur des systèmes soumis à une “Sans déconner... et puis je savoir qui vous a intronisé
obligation de confidentialité sur les ordinateurs mis à la dans ce club très fermé monsieur (C.), parce que
disposition des salariés, il était toutefois possible qu'au normalement il y a tout un rite, tout d’abord vous devez
travers d'une telle enquête de grande amplitude et en vous foutre de la gueule de votre supérieure
l'absence de référence aux courriels personnels, l'em- hiérarchique, toute la journée et sans qu’elle s‘en rende
ployeur ait eu accès à des messages personnels ; qu'en compte.
ordonnant à l'employeur d'organiser une enquête avec Ensuite il vous faudra lui rendre la vie impossible
les délégués du personnel sur les conditions dans pendant plusieurs mois et seulement là nous pourrons
lesquelles avaient été consultées et exploitées en considérer votre candidature” ;
janvier 2006 les messageries de 17 salariés et notam-
ment de rechercher si des messages qualifiés de Vous n‘avez pas hésité à surenchérir :
personnels ou pouvant, de par leur classement, être “Et oui François, va falloir respecter ce rite dicté par
considérés comme tels avaient été ouverts dans le seul notre grand gourou Stéphanie. Dès lundi S. et moi
cadre de la mission confiée à l'administrateur réseaux allons voir si tu respectes bien tout ça “
ou s'ils l'avaient été par l'employeur, la cour d'appel s'est
bornée à permettre tant à l'employeur qu'aux représen- Nous vous rappelons qu‘au regard de votre poste, vous
tants du personnel d'être éclairés sur la réalité de l'at- vous devez à un droit de réserve. Que vous devez à
teinte portée aux droits des personnes et aux libertés tout moment agir conformément aux intérêts de la
individuelles dans l'entreprise et d'envisager éventuelle- société et que vous ne pouvez impunément dénigrer
ment les solutions à mettre en oeuvre pour y mettre fin ; votre hiérarchie et de ce fait votre société."
que le moyen n'est pas fondé ; Madame M. B. a saisi le Conseil de Prud’hommes de
PAR CES MOTIFS : Boulogne Billancourt le 20 février 2009 et a demandé
REJETTE le pourvoi ; devant le bureau de jugement, sous le bénéfice de
l’exécution provisoire, la condamnation de la société
Alten Sir :
Distinction vie professionnelle / vie personnelle
- au paiement des sommes suivantes : (...)
Par décision du 20 mai 2010, le Conseil de
Conseil de prud'hommes de Boulogne, 19 Prud’hommes s’est mis en partage de voix et a renvoyé
novembre 2010 l’affaire à l’audience de départage du 12 octobre 2010.
FAITS ET PROCEDURE Par conclusions écrites et reprises oralement à
Après avoir été engagée par contrat de travail à durée l’audience, Madame M. B a maintenu ses demandes et
déterminée à compter du 29 mai 2006, Madame M. B. a a soutenu que : (...)
travaillé pour la société Alten Sir dans le cadre d’un

8
- le licenciement est dépourvu de cause réelle et Sur la mise à pied à titre conservatoire
sérieuse car, d’une part, la société Alten Sir lui a infligé
Après avoir eu connaissance des faits, la société Alten
deux sanctions pour les mêmes faits en lui notifiant
Sir a, par courrier remis en main propre à Madame
deux mises à pied à titre conservatoire en quatre jours,
Morgane B. le 8 décembre 2008, notifié une mise à pied
les 8 décembre et 12 décembre 2008 et, d’autre part,
conservatoire jusqu’au 9 décembre dans l’attente d’une
une mise à pied à titre conservatoire est par nature
décision.
indéterminée alors que celte du 8 décembre 2008 était
fixée jusqu’au 9 décembre inclus, Dans la mesure où la société Alten Sir a engagé la
procédure de licenciement immédiatement en
- s’agissant de la procédure de licenciement, le délai de
convoquant Madame M. B. à un entretien préalable par
5 jours pour la convocation à l’entretien préalable n’a
un courrier daté du 9 décembre 2008, présenté le 13
pas été respecté et plus d’un mois s’est écoulé entre
décembre 2008, la mise à pied du 8 décembre 2008
l‘entretien préalable du 19 décembre 2008 et la date de
prononcée dans I‘attente de sa décision a un caractère
présentation de la lettre de licenciement du 21 janvier
conservatoire.
2009,
En conséquence, Madame M. B. n’a pas été
- la faute grave invoquée dans la lettre de licenciement
sanctionnée deux fois pour les mêmes faits.
n’est pas établie car les faits reprochés concernent des
propos échangés un samedi soir sur un forum de Sur la demande d’indemnité pour procédure irrégulière
discussion privé du site internet Facebook et sur la page
Il convient de constater que le délai de convocation de
personnelle de Monsieur François C., salarié de la
cinq jour avant l’entretien préalable prévu à l’article
société Alten Sir, cette page n’étant pas accessible à
L. 1232-2 du code du travail a été respecté car la lettre
l’ensemble des internautes ; si ces propos pouvaient
de convocation à cet entretien fixé au 19 décembre
être un motif de licenciement, ils ne constituaient pas un
2008 a été présenté à Madame M. B. le 13 décembre
dénigrement de l’entreprise et n’avaient qu’un but
2008.
humoristique démontré par l’usage de “smiley” et
d’onomatopées dans le cadre d’échanges entre des Par ailleurs, conformément aux dispositions de l’article
salariés et d’anciens salariés de la société Alten Sir. Elle L. 1332-2 du code du travail, aucune sanction ne peut
estime que le trouble causé à l’entreprise n’est pas intervenir moins d’un jour franc, ni plus d’un mois après
démontré. l’entretien préalable.
Par conclusions écrites et reprises oralement à En l’espèce, l’employeur n’a pas respecté ces
l’audience, la société Alten Sir a demandé que Madame dispositions car le licenciement a été notifié le 21 janvier
M. B. soit déboutée de ses prétentions et condamnée à 2009, soit plus d’un mois après l’entretien préalable.
lui verser la somme de 2500 € en application de I‘article
II s’ensuit que la société Alten Sir sera condamnée à
700 du code de procédure civile et aux dépens.
verser à Madame M. B. une indemnité d’un mois de
La société Alten Sir expose que : (...) salaire, soit 2516 € en application des dispositions de
l’article L. 1235-2 du code du travail.
- même si la première mise à pied conservatoire a été
fixée pour une durée déterminée, elle ne perd pas sa Sur le licenciement
nature conservatoire dans la mesure où elle a été
La faute grave résulte d’un fait fautif ou d’un ensemble
immédiatement suivie de la convocation à l’entretien
de faits fautifs imputables au salarié qui constitue une
préalable en vue du licenciement pour faute grave,
violation des obligations découlant du code du travail ou
- la procédure de licenciement est régulière, Madame M. des relations de travail d’une importance telle qu’elle
B. ayant été convoquée à un entretien préalable dans le rend impossible le maintien du salarié pendant la durée
délai de 5 jours et une première lettre de licenciement a du préavis.
été adressée le 31 décembre 2008 à une adresse
En premier lieu, il est fait observer que Monsieur
inexacte, la deuxième lettre ayant été en tout état de
François C. a choisi dans le paramètre de son compte,
cause envoyée le 20 janvier 2009, soit dans le délai
de partager sa page Facebook avec “ses amis et leurs
d’un mois,
amis”, permettant ainsi un accès ouvert, notamment par
- le licenciement pour faute grave est justifié et elle n’a les salariés ou anciens salariés de la société Alten Sir ; il
pas violé le droit au respect de la vie privée de Madame en résulte que ce mode d’accès à Facebook dépasse la
M. B., l’usage de Facebook permettant d’avoir accès à sphère privée et qu’ainsi la production aux débats de la
des informations sur la vie privée lues par des page mentionnant les propos incriminés constitue un
personnes auxquelles elles ne sont pas destinées ; elle moyen de preuve licite du caractère fondé du
a eu en effet connaissance de la discussion sur le site licenciement.
Facebook par l’intermédiaire d’un de ses salariés qui a
Dès lors, l’employeur n’a pas violé le droit au respect de
fait une copie d’écran sur le profil de Monsieur François
la vie privée de la salariée.
C. En outre, les propos tenus concernaient Madame
D. qui dirigeait le service dans lequel travaillaient ou En outre, s’agissant des propos échangés sur Facebook
avaient travaillés les participants à la discussion. Ces le 22 novembre 2008, il est précisé que Monsieur
propos visant à inciter à une rébellion contre la François C. intègre “le club des néfastes”, club virtuel
hiérarchie et à dénigrer l’entreprise ne peuvent pas être destiné à rassembler les salariés de la société Alten Sir
qualifiés de plaisanterie. respectant le rite consistant à se “foutre de la gueule” de
Madame D., leur supérieure hiérarchique “toute la
DISCUSSION
journée et sans qu’elle s’en rende compte” et ensuite “lui
(...) rendre la vie impossible pendant plusieurs mois”.

9
Madame Morgane B. ne conteste pas ces propos mais Attendu que l'employeur fait grief à l'arrêt attaqué
considère qu’il s’agit d’une plaisanterie, alors qu’elle a (Orléans, 9 janvier 2003) de l'avoir condamné à payer à
cautionné ces propos dénigrants et a incité à la rébellion M. X... 3 050 euros de dommages-intérêts pour non-res-
contre la hiérarchie eu écrivant qu’elle allait s’assurer pect de l'article L. 212-4-9 du Code du travail et de
que Monsieur Français C. respecte le “rite” l'avoir pour l'avenir, condamné à porter à la connais-
précédemment décrit, dès le lundi suivant ; dans ce sance de M. X... la liste des emplois disponibles (ou les
contexte, cette phrase qui se termine par les mots “hi hi emplois individuels) à temps complet ressortissant à sa
hi" ne peut être interprétée comme étant humoristique. catégorie professionnelle ou les emplois équivalents
sous astreinte, alors, selon le moyen :
En participant à cet échange, Madame Morgane B. a
abusé de son droit d’expression visé à l’article L 1121-1 1° que l'article L. 212-4-9 du Code du travail ne prévoit
du code du travail et a nui à l’image de la société Alten aucune modalité particulière concernant l'obligation pour
Sir en raison des fonctions qu’elle exerçait en sa qualité l'employeur de « porter à la connaissance » des salariés
de chargée de recrutement la conduisant à être en à temps partiel qui souhaitent occuper un poste à temps
contact avec des candidats et des futurs salariés. plein, la liste de ces derniers, et que satisfait pleinement
à cette obligation, le procédé moderne qui consiste à
Il convient en outre de préciser que sur la liste des diffuser sur «l'intranet» une liste exhaustive et perma-
“amis” Facebook que comprend le profil de Monsieur nente, comportant le titre, la nature du travail, la localisa-
François C.., 11 personnes étaient salariés de la société tion et la date de disponibilité dans préjudice d'observa-
Alten Sir et ont eu accès la page Facebook du 22 tions détaillées accessibles au moyen d'un code, toutes
novembre 2008, ce qui a porté atteinte à son image ; de données permettant amplement à chaque intéressé
même, par le mode d’accès choisi, cette page était d'identifier les postes « correspondants » au sien ; que
susceptible d’être lue par des personnes extérieures à dès lors, en exigeant au contraire de l'employeur qu'il
l’entreprise, nuisant à son image. établisse au profit de chaque personne demandant un
Enfin, il est établi que Madame Morgane B. a porté changement d'horaire, une liste personnalisée se
atteinte à l’autorité et à la réputation de sa supérieure restreignant aux postes correspondant à l'emploi occupé
hiérarchique, Madame D. ; en effet, cette dernière a écrit par le salarié demandeur (arrêt p. 4, avant-dernier
un courrier le 4 décembre 2008 en précisant avoir été alinéa), la cour d'appel a violé le texte susvisé en y ajou-
profondément choquée et perturbée après avoir pris tant une exigence qu'il ne contient nullement ; qu'il en
connaissance des propos tenus à son encontre le 22 est d'autant plus ainsi que l'injonction faite à la société
novembre 2008. IBM de porter à l'avenir à la connaissance de M. X... la
liste des emplois disponibles à temps complet ressortis-
En conséquence, le licenciement de Madame M. B. pour sant à sa catégorie professionnelle ou les emplois équi-
incitation à la rébellion contre la hiérarchie et pour valents se trouve déjà satisfaite par la base de données
dénigrement envers la société Alten Sir repose sur une BPFJ versée aux débats qui comporte effectivement
cause réelle et sérieuse ; le comportement de la salariée « des emplois disponibles par métier et par niveau de
étant constitutif d’une faute grave ne permettait pas son responsabilité » ;
maintien dans l’entreprise pendant la durée du préavis.
2° la simple « priorité d'emploi » instaurée par l'article
Sur les demandes d’indemnité de préavis et de congés L. 212-4-9 du Code du travail au profit de salariés dont
payés afférents et de dommages et intérêts pour le poste de travail n'est pas menacé mais qui souhaitent
licenciement sans cause réelle et sérieuse seulement passer d'un temps partiel à un temps complet
Madame M. B. sera déboutée de ces demandes, le et vice versé, ne saurait prévaloir ni même égaler
licenciement pour faute grave étant justifié. « l'obligation de reclassement » dont est individuelle-
ment bénéficiaire, le salarié dont le poste est supprimé,
Sur la demande d’article 700 du code de procédure civil en vertu des articles L. 321-1 et L. 321-4 du Code du
L’équité commande d’allouer à Madame M. B. la somme travail en cas de suppression de son poste ; de sorte
de 1000 € en application de l’article 700 du code de qu'en mettant sur le même pied ces deux institutions
procédure civile. pour reprocher à la société IBM de ne pas avoir porté à
la connaissance de M. X... des emplois qu'elle destinait
à des salariés dont les postes avaient purement et
Les informations que l'employeur doit donner aux simplement été supprimés, la cour d'appel a perdu le
salariés sens des priorités en violation des textes susvisés ;
Mais attendu que si l'employeur peut porter à la
connaissance de ses salariés les emplois disponibles
Cass. Soc., 20 avril 2005
par voie de communication électronique, notamment sur
Sur le moyen unique : le réseau intranet de l'entreprise, il est tenu, en applica-
Attendu que M. X..., salarié de la société IBM France tion de l'article L. 212-4-9 du Code du travail, de
depuis le 20 octobre 1966 en qualité d'aide opérateur procéder à une diffusion spécifique concernant les
puis de programmeur analyste, a travaillé, à sa emplois pouvant correspondre à la catégorie profession-
demande, à temps partiel à partir de juillet 1993 ; qu'il a nelle, ou à un emploi équivalent, des salariés à temps
postulé depuis décembre 1998 pour un emploi à temps partiel souhaitant occuper un emploi à temps complet,
plein ; qu'estimant que son employeur n'avait respecté ou des salariés à temps complet souhaitant un emploi à
ni l'obligation de porter à sa connaissance la liste des temps partiel ; que l'arrêt n'encourt dès lors pas le grief
emplois disponibles ni la priorité d'emploi dont il bénéfi- du moyen ;
ciait, le salarié a saisi la juridiction prud'homale de PAR CES MOTIFS :
diverses demandes de dommages-intérêts ; REJETTE le pourvoi ;

10
Sur le plan pénal du Code du travail, défaut de motifs, manque de base
légale ;
Attendu que, pour déclarer Jean-François X... coupable
COUR D'APPEL DE VERSAILLES, 3 mars 2003 d'abus de confiance, l'arrêt énonce, par motifs adoptés
(extrait du site de la C.N.I.L.) des premiers juges, que son employeur avait mis à sa
disposition, pour les besoins de son activité profession-
LE DÉTOURNEMENT DE FINALITÉ PÉNALEMENT
nelle, un ordinateur et une connexion internet qu'il a
SANCTIONNÉ
utilisés pour visiter des sites à caractère érotique ou
Le détournement de finalité est pénalement sanctionné pornographique et pour stocker, sur son disque dur, de
à l’occasion de la production par l’employeur, dans le très nombreux messages et photographies de même
cadre d’un litige prud’homal, d’un état de compte de nature ; que les juges ajoutent que Jean- François X...
cotisations retraite (Cour d'appel de Versailles 3 mars utilisait la messagerie ouverte à son nom au sein de la
2003) société qui l'employait pour des envois ou des récep-
Un arrêt définitif de la Cour d’appel de Versailles du 3 tions de courrier se rapportant à des thèmes sexuels et
mars 2003 a reconnu deux employés du service qu'il alimentait et consultait, depuis son ordinateur
ressources humaines d’EDF coupables de détourne- professionnel et aux heures de travail, le site personnel
ment de la finalité d’un traitement automatisé d’informa- à caractère pornographique qu'il avait créé ;
tions nominatives sur la base de l’article 226-21 du code Attendu qu'en l'état de ces énonciations, qui établissent
pénal. que le prévenu a détourné son ordinateur et la
Une procédure prud’homale opposait EDF à une connexion internet de l'usage pour lequel ils avaient été
employée qui demandait à bénéficier du droit à réinté- mis à sa disposition, la cour d'appel a justifié sa décision
gration à l’issue d’un congé sans solde prévu par le sans méconnaître les dispositions conventionnelles
règlement intérieur d’EDF. invoquées ;
Ce règlement subordonne ce droit à une interdiction Qu'il s'ensuit que le moyen doit être écarté ;
d’exercer, sauf autorisation, une autre activité profes- Sur le second moyen de cassation, pris de la violation
sionnelle en dehors d’EDF pendant la période dudit des articles 2, 591 et 593 du Code de procédure pénale,
congé. défaut de motifs, manque de base légale ;
Deux agents du service de gestion du personnel d’EDF Attendu que, pour condamner Jean-François X... à
ainsi que l’avocat conseil d’EDF pour cette affaire ont payer, à son ancien employeur, la somme de 20 000
alors produit aux débats un état du compte de cotisa- euros à titre de dommages-intérêts, toutes causes de
tions retraite établi année par année de l’employée en préjudice confondues, l'arrêt énonce, par motifs adoptés
cause, obtenu par l’entremise des services gérant le des premiers juges, que, pour prendre contact avec les
régime spécial de retraite d’EDF (IEG Pensions), afin de internautes consultant son site, Jean-François X... utili-
démontrer que l’employée n’avait pas respecté durant sait une adresse électronique comportant le nom de la
son congé sans solde, l’interdiction qui lui était faite par société Nortel Europe et que cette association du nom
le règlement intérieur. d'une société renommée dans le monde de l'informa-
Le fait de produire ce document, établi par la Caisse tique à des activités à caractère pornographique ou
régionale d’assurance maladie (CRAM) à partir du échangiste a indéniablement porté atteinte à l'image de
fichier géré par la Caisse nationale d’assurance marque et à la réputation de l'entreprise ;
vieillesse des travailleurs salariés (CNAVTS) aux fins de Que les juges ajoutent que le préjudice économique est
calculer les droits à retraite, au Conseil des constitué par le coût des connexions télématiques ;
prud’hommes afin de prouver que l’employée avait
Attendu qu'en l'état de ces motifs, relevant de son
transgressé le règlement intérieur d’EDF et était ainsi
pouvoir souverain d'appréciation, la cour d'appel a
déchue du droit à réintégration « constitue le détourne-
justifié sa décision ;
ment de finalité du traitement automatisé qu’ils avaient
demandé ». Qu'ainsi le moyen ne peut être accueilli ;
Ainsi, « les besoins de la défense d’EDF devant les Et attendu que l'arrêt est régulier en la forme ;
prud’hommes ne peuvent pas excuser le fait d’avoir REJETTE le pourvoi;
commis sciemment ce détournement de finalité ».
La décision confirme la condamnation pénale des Les déclarations à la C.N.I.L.
employés d’EDF à respectivement 6800 et 4500 €
d’amende mais assortit toutefois ces peines du sursis
ainsi que de la non-inscription au bulletin n°2 du casier Cass. Soc., 6 avril 2004
judiciaire.
N° 01-45227 / Bulletin n° 103 - Rejet
COUR DE CASSATION, Chambre criminelle, 19 mai Sur le moyen unique :
2004 Attendu que la société Allied signal industrial Fibers,
Sur le premier moyen de cassation, pris de la violation devenue par la suite Honeywell Longlaville, et ci-après
des articles 314-1 du Code pénal, 591 et 593 du Code dénommée la société, a mis en oeuvre un système de
de procédure pénale, ensemble articles 8 de la Cour badges géré par des moyens automatisés et permettant
européenne de sauvegarde des droits de l'homme et d'identifier les salariés à leur entrée et à leur sortie des
des libertés fondamentales, 9 du Code civil et L. 120-2 locaux de l'entreprise, mais que le traitement automatisé
aboutissant à la mise en place de ce système n'a fait

11
l'objet d'une déclaration à la Commission nationale de sorte que cette violation de l'article 16 de la loi du 7
l'informatique et des libertés que le 17 juillet 2000, étant janvier 1978 privait l'employeur de la possibilité d'op-
précisé qu'une disposition du règlement intérieur de la poser au salarié le non respect du règlement intérieur
société, portée à la connaissance de tous les salariés, sur ce point ; qu'en statuant par ce motif inopérant
leur faisait obligation d'utiliser le badge ; que M. X..., quand il résultait de ses propres constatations que M.
salarié de la société depuis 1993, a été licencié le 30 X... ne contestait pas avoir eu préalablement connais-
avril 1998 en raison de son refus à 19 reprises entre sance de ce mode de contrôle des entrées et des
février et avril 1998 d'utiliser son badge à la sortie de sorties du personnel, la cour d'appel a violé les articles
l'entreprise ; que l'arrêt attaqué (Nancy, 25 juin 2001) a L. 121-8 et L. 122-14-3 du Code du travail ;
dit que le licenciement était sans cause réelle et Mais attendu qu'il résulte de la combinaison des articles
sérieuse en raison du défaut de déclaration du traite- 16, 27 et 34 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative
ment à la Commission nationale de l'informatique et des à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, 226-16 du
libertés ; Code pénal, L. 121-8 et L. 432-2-1 du Code du travail,
Attendu que la société fait grief à l'arrêt attaqué d'avoir qu'à défaut de déclaration à la Commission nationale de
ainsi statué alors, selon le moyen, que l'employeur peut l'informatique et des libertés d'un traitement automatisé
mettre en œuvre un dispositif de contrôle électronique d'informations nominatives concernant un salarié, son
d'entrée et de sortie du personnel à la condition d'en refus de déférer à une exigence de son employeur impli-
informer préalablement les salariés concernés ; que quant la mise en oeuvre d'un tel traitement ne peut lui
pour déclarer le licenciement de M. X... dépourvu de être reproché ; que le moyen ne peut dès lors être
cause réelle et sérieuse, la cour d'appel a retenu que le accueilli ;
procédé de badgeage obligatoire à l'entrée et à la sortie PAR CES MOTIFS
de l'usine n'a été enregistré par la CNIL que le 17 juillet
2000, soit plus de deux ans après le licenciement, de REJETTE le pourvoi ;

*
* *

TEXTES

Extraits du Code du travail

Article L1321-1 en raison de leur origine, de leur sexe, de leurs moeurs,


de leur orientation sexuelle, de leur âge, de leur situa-
Le règlement intérieur est un document écrit par lequel
tion de famille ou de leur grossesse, de leurs caractéris-
l'employeur fixe exclusivement :
tiques génétiques, de leur appartenance ou de leur non-
1° Les mesures d'application de la réglementation en appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une
matière de santé et de sécurité dans l'entreprise ou nation ou une race, de leurs opinions politiques, de leurs
l'établissement, notamment les instructions prévues à activités syndicales ou mutualistes, de leurs convictions
l'article L. 4122-1 ; religieuses, de leur apparence physique, de leur nom de
2° Les conditions dans lesquelles les salariés peuvent famille ou en raison de leur état de santé ou de leur
être appelés à participer, à la demande de l'employeur, handicap.
au rétablissement de conditions de travail protectrices
de la santé et de la sécurité des salariés, dès lors Article L1321-4
qu'elles apparaîtraient compromises ; Le règlement intérieur ne peut être introduit qu'après
3° Les règles générales et permanentes relatives à la avoir été soumis à l'avis du comité d'entreprise ou, à
discipline, notamment la nature et l'échelle des sanc- défaut, des délégués du personnel ainsi que, pour les
tions que peut prendre l'employeur. matières relevant de sa compétence, à l'avis du comité
d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail.
Article L1321-3 Le règlement intérieur indique la date de son entrée en
vigueur. Cette date doit être postérieure d'un mois à
Le règlement intérieur ne peut contenir : l'accomplissement des formalités de dépôt et de publi-
1° Des dispositions contraires aux lois et règlements cité.
ainsi qu'aux stipulations des conventions et accords En même temps qu'il fait l'objet des mesures de publi-
collectifs de travail applicables dans l'entreprise ou l'éta- cité, le règlement intérieur, accompagné de l'avis du
blissement ; comité d'entreprise ou, à défaut, des délégués du
2° Des dispositions apportant aux droits des personnes personnel et, le cas échéant, du comité d'hygiène, de
et aux libertés individuelles et collectives des restrictions sécurité et des conditions de travail, est communiqué à
qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à l'inspecteur du travail.
accomplir ni proportionnées au but recherché ; Ces dispositions s'appliquent également en cas de
3° Des dispositions discriminant les salariés dans leur modification ou de retrait des clauses du règlement inté-
emploi ou leur travail, à capacité professionnelle égale, rieur.

12
Information et consultation du comité d’entreprise L'accord d'entreprise définit les modalités de cette mise
sur les techniques de contrôle des salariés à disposition ou de ce mode de diffusion, en précisant
notamment les conditions d'accès des organisations
syndicales et les règles techniques visant à préserver la
Article L2323-13 liberté de choix des salariés d'accepter ou de refuser un
Le comité d'entreprise est informé et consulté, préala- message.
blement à tout projet important d'introduction de
nouvelles technologies, lorsque celles-ci sont suscep- Article R. 2262-1
tibles d'avoir des conséquences sur l'emploi, la qualifi-
cation, la rémunération, la formation ou les conditions A défaut d’autres modalités prévues par une convention
de travail. ou un accord conclu en application de l’article L. 2262-5,
l’employeur :
Les membres du comité reçoivent, un mois avant la
réunion, des éléments d'information sur ces projets et 1° Donne au salarié au moment de l’embauche une
leurs conséquences sur chacun des sujets mentionnés notice l’informant des textes conventionnels applicables
au premier alinéa. dans l’entreprise ou l’établissement ;
2° Tient un exemplaire à jour de ces textes à la dispo-
Article L2323-14 sition des salariés sur le lieu de travail ;
Lorsque l'employeur envisage de mettre en oeuvre des 3° Met sur l’intranet, dans les entreprises dotées de ce
mutations technologiques importantes et rapides, il dernier, un exemplaire à jour des textes.
établit un plan d'adaptation.
Ce plan est transmis, pour information et consultation, Restriction aux libertés individuelles et collectives
au comité d'entreprise en même temps que les autres
éléments d'information relatifs à l'introduction de Article L1121-1
nouvelles technologies.
« Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux
Le comité d'entreprise est régulièrement informé et
libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne
consulté sur la mise en oeuvre de ce plan. seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accom-
plir ni proportionnées au but recherché ».
Article L2323-32
Le comité d'entreprise est informé, préalablement à leur Article L2313-2
utilisation, sur les méthodes ou techniques d'aide au Si un délégué du personnel constate, notamment par
recrutement des candidats à un emploi ainsi que sur
l'intermédiaire d'un salarié, qu'il existe une atteinte aux
toute modification de celles-ci. droits des personnes, à leur santé physique et mentale
Il est aussi informé, préalablement à leur introduction ou aux libertés individuelles dans l'entreprise qui ne
dans l'entreprise, sur les traitements automatisés de serait pas justifiée par la nature de la tâche à accomplir,
gestion du personnel et sur toute modification de ceux- ni proportionnée au but recherché, il en saisit immédia-
ci. tement l'employeur. Cette atteinte peut notamment
Le comité d'entreprise est informé et consulté, préala- résulter de toute mesure discriminatoire en matière
blement à la décision de mise en oeuvre dans l'entre- d'embauche, de rémunération, de formation, de reclas-
prise, sur les moyens ou les techniques permettant un sement, d'affectation, de classification, de qualification,
contrôle de l'activité des salariés. de promotion professionnelle, de mutation, de renouvel-
lement de contrat, de sanction ou de licenciement.
Article L2314-21 : L'employeur procède sans délai à une enquête avec le
délégué et prend les dispositions nécessaires pour
L'élection a lieu au scrutin secret sous enveloppe ou par remédier à cette situation.
vote électronique, dans les conditions et selon les
En cas de carence de l'employeur ou de divergence sur
modalités définies par décret en Conseil d'Etat.
la réalité de cette atteinte, et à défaut de solution
La mise en oeuvre du vote par voie électronique est trouvée avec l'employeur, le salarié, ou le délégué si le
subordonnée à la conclusion d'un accord d'entreprise. salarié intéressé averti par écrit ne s'y oppose pas,
saisit le bureau de jugement du conseil de prud'hommes
Affichage syndical qui statue selon la forme des référés.
Le juge peut ordonner toutes mesures propres à faire
cesser cette atteinte et assortir sa décision d'une
Article L2142-6 astreinte qui sera liquidée au profit du Trésor.
Un accord d'entreprise peut autoriser la mise à disposi-
tion des publications et tracts de nature syndicale, soit Transparence des dispositifs de collecte
sur un site syndical mis en place sur l'intranet de l'entre- d’information concernant le salarié
prise, soit par diffusion sur la messagerie électronique
de l'entreprise. Dans ce dernier cas, cette diffusion doit
être compatible avec les exigences de bon fonctionne- Article L1222-4
ment du réseau informatique de l'entreprise et ne doit
Aucune information concernant personnellement un
pas entraver l'accomplissement du travail.
salarié ne peut être collectée par un dispositif qui n'a
pas été porté préalablement à sa connaissance.

13
Extrait du Code civil

Article 9 séquestre, saisie et autres, propres à empêcher ou faire


cesser une atteinte à l'intimité de la vie privée : ces
« Chacun a droit au respect de sa vie privée.
mesures peuvent, s'il y a urgence, être ordonnées en
Les juges peuvent, sans préjudice de la réparation du
référé ».
dommage subi, prescrire toutes mesures, telles que

Extraits du Code pénal

Atteinte à l’intimité de la vie privée l'évidence qu'il s'agit d'un montage ou s'il n'en est pas
expressément fait mention.
Lorsque le délit prévu par l'alinéa précédent est
Article 226-1 commis par la voie de la presse écrite ou audiovisuelle,
les dispositions particulières des lois qui régissent ces
Est puni d'un an d'emprisonnement et de 45000 euros
matières sont applicables en ce qui concerne la détermi-
d'amende le fait, au moyen d'un procédé quelconque,
nation des personnes responsables.
volontairement de porter atteinte à l'intimité de la vie
privée d'autrui :
1º En captant, enregistrant ou transmettant, sans le Secret des correspondances véhiculées par des
consentement de leur auteur, des paroles prononcées à réseaux de télécommunications
titre privé ou confidentiel ;
2º En fixant, enregistrant ou transmettant, sans le
consentement de celle-ci, l'image d'une personne se Article 226-15
trouvant dans un lieu privé. Le fait, commis de mauvaise foi, d'ouvrir, de supprimer,
Lorsque les actes mentionnés au présent article ont de retarder ou de détourner des correspondances arri-
été accomplis au vu et au su des intéressés sans qu'ils vées ou non à destination et adressées à des tiers, ou
s'y soient opposés, alors qu'ils étaient en mesure de le d'en prendre frauduleusement connaissance, est puni
faire, le consentement de ceux-ci est présumé. d'un an d'emprisonnement et de 45000 euros d'amende.
Est puni des mêmes peines le fait, commis de
Article 226-8 mauvaise foi, d'intercepter, de détourner, d'utiliser ou de
divulguer des correspondances émises, transmises ou
Est puni d'un an d'emprisonnement et de 15000 euros
reçues par la voie des télécommunications ou de
d'amende le fait de publier, par quelque voie que ce soit,
procéder à l'installation d'appareils conçus pour réaliser
le montage réalisé avec les paroles ou l'image d'une
de telles interceptions.
personne sans son consentement, s'il n'apparaît pas à

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