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THINK

Une revue IBM France

Maîtriser
la complexité
Mode d’emploi
à destination des dirigeants
Synthèse de l’IBM Global CEO
Study 2010.
Contributions d’Alain Bénichou,
Chantal Jouanno,
François-Daniel Migeon,
Luc Montagnier
et Jean-Louis Le Moigne.
En 1911, lors d’une réunion avec ses équipes, celui qui va
présider aux destinées d’IBM pendant plus de quarante ans,
Thomas J. Watson Sr., déclare : “Nous avons tous le même
problème. Nous ne pensons pas assez. Penser a rendu
possibles tous les progrès depuis la nuit des temps.” Puis, il
se saisit d’un crayon bleu et écrit 5 lettres sur un tableau :

( P-E-N-S-O- N-S )

THINK. Bureaux, usines, publications… Très vite, le slogan


se diffuse chez IBM. Chaque collaborateur reçoit un petit
carnet, sur lequel est inscrit le mot THINK, pour noter
ses idées. Des panneaux “THINK” traduits dans toutes
les langues sont affichés dans les locaux de l’entreprise,
dans le monde entier.
THINK symbolise depuis la culture d’IBM. Plus qu’un mot
d’ordre, c’est une philosophie ancrée dans le travail
quotidien des IBMers : réfléchir, sans cesse réfléchir, à la
valeur ajoutée qu’IBM apporte à ses clients, et innover,
réinventer l’entreprise en permanence, pour bâtir une
planète plus intelligente.
THINK est aujourd’hui un magazine de réflexion ouvert
sur les grands enjeux de société. Sa vocation : donner aux
lecteurs les clés pour prendre un temps d’avance. Les
futurs lecteurs de THINK seront plus riches d’idées, de
points de vue, de bonnes pratiques qui les aideront à se
poser les bonnes questions, avant d’agir. Car comme le
disait aussi Thomas J. Watson Sr. : “La phrase ‘Je n’y avais
pas pensé’ a coûté au monde des millions de dollars”.

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Miser sur la transparence


pour maîtriser la complexité
Par Benoît Raphaël
On a la mauvaise habitude de croire couvrir lui-même sur Twitter, en direct, de mal à organiser leur veille d’information
qu’Internet est un “nouveau média”, alors l’audition de Raymond Domenech, qui et à contrôler ce qui se dit sur elles.
qu’il est un espace public qui redessine avait été fermée à la presse ! Quelle réponse apporter ? Cloisonner le
notre relation aux produits, à l’information, Dans le domaine de la santé, par exemple, Net et ses contenus n’est ni réaliste ni
à nos amis. 71 % des Français utilisent Internet comme souhaitable, mais Internet a besoin d’être
Tandis que les médias se battent pour source d’informations, juste après leur “nervuré”. Pour cela, les seuls journalistes
produire toujours plus d’histoires et médecin. Le besoin d’échanger et de ne suffisent pas. Ils doivent s’appuyer sur
d’analyses, tandis que les marques tentent partager, de trouver des informations utiles les internautes et les médias sociaux afin de
de toucher un public de plus en plus pour mieux vivre sa maladie semble plus détecter les bons experts qui opèrent déjà,
infidèle, il s’échange quotidiennement important que ce que les médias tradi- dans leurs communautés professionnelles
plus d’1,5 million de contenus sur Facebook, tionnels ont à offrir sur le sujet. Il existe ou quotidiennes, un filtrage de l’information.
90 millions de “tweets” sur le service de ainsi plus de 2000 groupes Facebook sur Et se concentrer sur leur mission : sortir
micro-blogging Twitter, alors que presque la seule polyarthrite. des informations mais surtout “faire sortir”
autant d’articles sont publiés sur les blogs. Qu’est-ce que cela signifie ? Que nous l’information. C’est-à-dire la vérifier, puis la
On a la mauvaise habitude de croire que sommes entrés dans un monde de plus mettre en scène pour la rendre intelligible
les contenus produits par les internautes en plus complexe, où chaque individu et utile.
ne sont pas des informations de première peut devenir émetteur et producteur De leur côté, les entreprises ne doivent
main, qu’ils ne font “que” commenter des d’information et de sens. Que dans cet plus tant se tourner vers les médias
informations produites par les grands univers, les internautes ne remplacent traditionnels que vers les utilisateurs.
médias. pas les journalistes : ils se tournent les L’entreprise peut ainsi elle-même devenir
La réalité est plus nuancée : de plus en uns vers les autres et s’approprient collec- média. Elle peut alors aider ses clients à
plus de professionnels, hommes politiques tivement une ou plusieurs parties de leurs mieux s’informer, et leur permettre de
compris, partagent leurs données et leurs fonctions. mieux l’informer en retour.
analyses sans passer par le filtre des Cette complexité génère une confusion Car maîtriser la complexité, c’est accepter
médias traditionnels. En juin 2010, le croissante. Pour les utilisateurs, mais aussi d’abandonner la communication, ce “graal”
député UMP Lionel Tardy décidait de pour les entreprises, qui ont de plus en plus des années 1980, pour la transparence. •

Benoît Raphaël a été Directeur Adjoint de la rédaction du quotidien Vaucluse Matin, avant de piloter la stratégie
Internet du groupe Dauphiné Libéré. En 2007, il a fondé Le Post (www.lepost.fr), un média en ligne participatif
et communautaire lancé par le Monde Interactif. Aujourd’hui, consultant en médias sociaux, il explore, sur son blog
“La Social Newroom” (www.benoitraphael.com), les nouveaux usages de l’information et la monétisation digitale.

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Sommaire
—Décembre 2010

6-7 Quand la complexité est une force 24 Un supermarché qui vous comprend
Éditorial d’Alain Bénichou, Le Centre de Solutions Métiers
Président IBM France. de l’IBM Forum La Gaude imagine
le supermarché du futur.
8-15 La complexité. Mode d’emploi
à destination des dirigeants 25 Les futurs managers aux manettes
Avant-propos de Raphaël Capelli, General Préparer les étudiants à leurs futures
Manager d’IBM Global Business Services. responsabilités grâce aux jeux vidéo ?
Synthèse de l’IBM Global CEO Study 2010. C’est le principe des serious games.
Interview de Michel Meunier, Président
du Centre des Jeunes Dirigeants 26-27 Roland-Garros : la technologie
Retour sur l’IBM Global Student Study 2010. au service du spectacle
IBM accompagne la FFT pour offrir
16-17 “Agir et penser en complexité aux internautes la même émotion
dans l’entreprise” qu’au stade. Fabrice Santoro raconte
Décryptage par Jean-Louis Le Moigne, comment la technologie améliore
animateur du Réseau Intelligence les performances.
de la Complexité – MCX-APC.
28 Ailleurs
18-19 “Assumer la complexité IBM intervient dans le monde entier
du développement durable” dans des domaines insoupçonnables
Analyse de Chantal Jouanno, avec un seul mot d’ordre : rendre la planète
ancienne Secrétaire d’État chargée plus intelligente.
de l’Écologie.
29 Quand la French Touch de l’animation
20-21 “Une succession de solutions rejoint les géants d’Hollywood
à inventer pour moderniser l’État” S’appuyant sur IBM, le studio français
Témoignage de François-Daniel Migeon, Mac Guff a animé la nouvelle
Directeur Général de la Direction Générale superproduction américaine en 3D relief
de la Modernisation de l’État. Moi, moche et méchant.

22 “Une vision simplifiée de la médecine 30 Lecture – La société s’immisce


ne permet pas de traiter des maladies dans la fabrique des décisions
toujours plus complexes” Agir dans un monde incertain,
Interview du Professeur Luc Montagnier, un essai sur la démocratie technique.
Prix Nobel de médecine 2008 pour
l’identification du virus responsable du SIDA.

23 Le Centre Hospitalier d’Avignon


soigne son système d’information
L’établissement de santé a révolutionné
son infrastructure informatique et
a amélioré ainsi la qualité des soins
et le confort des patients.

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Alain Bénichou
Président IBM France

Quand la complexité est une force


La complexité est devenue la préoccupation numéro un des dirigeants d’entreprise et des
hauts responsables du secteur public. Pourtant, d’après la dernière étude Global CEO Study
publiée en 2010 par IBM, des solutions existent : le leadership créatif, l’approfondissement
de la relation client et la dextérité opérationnelle. Des principes qu’IBM connaît et applique
depuis dix ans, explique Alain Bénichou, Président d’IBM France.

“La complexité Concurrence accrue, volatilité des marchés, Nous voulons leur dire que les solutions existent.
peut être transformée incertitudes économiques, évolution des Oui, la complexité peut être transformée en
en avantage publics… Tout concourt à faire de la complexité avantage économique. C’est possible et nous
économique.” le défi majeur de la décennie 2010. Dans le l’avons constaté. Certains dirigeants ont su
cadre de notre Global CEO Study, à laquelle prendre les mesures de long terme nécessaires.
ce deuxième numéro de Think est consacré, Ils l’ont fait selon trois grands axes : le leadership
nous avons cherché à savoir comment les créatif, l’approfondissement de la relation client
dirigeants d’entreprise et les hauts responsables et la dextérité opérationnelle.
publics réagissaient face à cette complexité.
Notre première conclusion est que ces dirigeants Les dirigeants les plus performants pratiquent
ont conscience du problème. Mais qu’ils sont le leadership créatif. Ils expérimentent de
inquiets. Ils sont près de 80% à estimer que la nouveaux modèles de business. Ils privilégient
complexité va s’accroître au cours des années les innovations radicales. Ils prennent des
à venir, et 50 % à estimer que leur organisation risques, certes calculés, pour atteindre leurs
n’est pas prête à relever le défi. objectifs stratégiques. Ils gèrent intelligemment

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l’information pour nourrir une connaissance an à réfléchir aux nouveaux usages et concevoir,
approfondie, voire une intimité avec leurs clients. avec nos clients, les innovations qui changeront
Enfin, ils revisitent leurs modes opératoires, notre quotidien.
pour gagner en rapidité et en flexibilité.
Nous n’oublions pas que l’innovation est aussi
La réinvention permanente managériale. IBM a défini, en 2003, trois valeurs
partagées par l’ensemble des salariés d’IBM :
Ces conseils, nous nous les sommes d’abord se mobiliser pour le succès de chacun de nos
appliqués à nous-mêmes. IBM est confrontée, clients ; innover pour que l’entreprise progresse,
comme toutes les autres entreprises, à une et le monde avec elle ; fonder toutes les relations
complexité sans précédent. La mondialisation sur la confiance et la responsabilisation. Car
de l’économie, l’émergence des standards nous pensons que c’est en développant une
ouverts et l’évolution du comportement de nos vraie culture de collaboration, d’innovation et
clients ont représenté autant de défis, auxquels d’excellence qu’IBM peut aider ses clients à
nous avons dû faire face, en nous transformant. créer de la valeur.

Cette culture se traduit dans le comportement


des équipes IBM, qui combinent un goût pour
“Global CEO Study” les grands défis et la résolution de problèmes
complexes, la prise de risques à bon escient et
IBM a interrogé plus de 1 500 dirigeants la recherche permanente de nouvelles idées.
et hauts responsables des secteurs
public (20 %) et privé (80 %) à travers Ainsi, pour les cinq prochaines années, nous
le monde, dont 140 en France continuerons sur cette lancée en investissant
dans des domaines à fort potentiel : le “Cloud
computing” et la nouvelle génération de centres
de données, capables de répondre aux attentes
IBM a anticipé l’évolution du marché, en de nos clients en matière de réduction des coûts,
investissant dans des domaines à très forte d’amélioration de la qualité de services et de
valeur ajoutée et en repositionnant son cœur sécurité ; l’analyse prédictive pour transformer
de métier vers les services et les logiciels. les masses de données en informations
Par ailleurs, nous avons pertinentes, et bien sûr les
accéléré l’adaptation de
“Nous vivons un moment marchés de croissance,
nos opérations pour devenir critique. Nous sommes comme l’Inde, le Brésil et
la première entreprise glo- convaincus, chez la Chine.
balement intégrée. Ce IBM France, que c’est
qui s’est traduit par des aujourd’hui qu’il faut agir, Nous vivons un moment
résultats concrets pour et agir vite, pour gagner critique. Nous sommes
nos clients, en termes ensemble la bataille convaincus, chez IBM
d’efficacité et de qualité de la complexité”. France, que c’est aujour-
de service. d’hui qu’il faut agir, et agir
vite, pour gagner ensemble la bataille de la
Notre culture est fondée sur l’innovation et la complexité et contribuer à bâtir une “planète
transformation permanentes. IBM est la plus plus intelligente”, en améliorant la vie de nos
grande organisation de R&D privée. Nous concitoyens et en répondant aux grands enjeux
consacrons plus de 6 milliards de dollars par de notre société. •

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La complexité.
Mode d’emploi
à destination des dirigeants
COMPLEXITÉ : De Paris à New York, de Pékin à Rio de Janeiro,

pour les dirigeants de la planète, c’est LE mot de la décennie qui vient

de commencer. Un mot qui pourrait sonner comme une promesse

d’opportunités mais qui, à l’heure de la globalisation et des nouvelles

technologies, est encore souvent synonyme d’inquiétude, de plongée dans

l’inconnu. Un leader sur deux est d’ailleurs convaincu que son organisation

n’est pas suffisamment préparée à y faire face. Pour autant, les motifs

d’optimisme ne manquent pas. Le cru 2010 de l’IBM Global CEO Study,

qui a interrogé quelque 1 500 dirigeants à travers le monde, dont près de 150

en France, ouvre quelques pistes plutôt stimulantes. Les firmes françaises

qui sortent du lot savent capitaliser sur la complexité en pariant sur

la créativité, la qualité de la relation client et l’agilité de leur organisation.

Surtout, la génération tricolore montante, auscultée pour la première fois

par la Global Student Study, ne doute pas de savoir l’apprivoiser pour la

mettre au service de l’avenir de la planète et des hommes qui l’habitent.

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La nouvelle donne
du management créatif

Par Raphaël Capelli,


General Manager d’IBM Global Business Services

Lors de la Global IBM CEO Study 2010, organisations. Elle a confirmé, par exemple, premier lieu, savoir se défaire du passé
nous avons eu l’occasion de partager l’importance primordiale de la relation au pour envisager l’avenir et ne pas hésiter
avec de nombreux dirigeants des plus client : où qu’il se trouve dans le monde, à se remettre en cause pour faire face au
grandes entreprises et des plus grandes chaque client doit se sentir unique et être changement. Ensuite, par de nouveaux
organisations publiques du monde entier traité en tant que tel. La crise a également modes de communication managériale,
nos réflexions concernant le nouvel souligné l’importance de la dextérité être capable d’expliquer plutôt que
environnement économique né de la crise. opérationnelle. Pour tirer parti d’un environ- d’imposer, afin de susciter plus efficacement
nement difficile, un dirigeant doit savoir l’adhésion. Pour conclure, le management
Ces échanges ont abouti au constat faire évoluer son entreprise et l’adapter créatif repose sur la capacité à prendre
suivant : un ensemble de mouvements aux constants changements des marchés. des décisions rapides, sans attendre d’avoir
interagissent et s’interpénètrent de réuni 100 % des informations. En résumé,
manière toujours plus imprévisible face bien savoir vaut mieux que tout savoir.
aux bouleversements constants des
tendances économiques. Ces mouvements Le défi est donc de pouvoir transformer
sont portés par un ensemble de facteurs en informations pertinentes les données
tels que l’accélération de la mondialisation, brutes sur les clients, sur le marché, sur
la montée en puissance des pays les risques et, plus généralement, sur
émergents, la hausse de la réglementation, l’activité de l’entreprise elle-même. Nous
les nouveaux impératifs de la gestion des sommes persuadés que cet enjeu est vital
ressources humaines ou encore l’explosion pour les entreprises et les organisations
du “tout numérique” et les questions publiques. Nous avons à ce titre fortement
environnementales. investi dans ce domaine pour proposer
des logiciels, des offres et des services
Dans un tel contexte, nous ne pouvions qui permettent aux dirigeants de prendre,
que nous interroger sur la réussite et la non seulement de bonnes décisions, mais
performance de certaines entreprises et surtout les meilleures décisions compte
tenter de comprendre comment elles Raphaël Capelli tenu de l’information à leur disposition.
étaient parvenues non seulement à General Manager
affronter cette complexité mais surtout d’IBM Global Business Services Nous tirons, comme principale leçon de
à en faire un facteur de différenciation et notre étude, que la complexité doit être
de croissance. Nous avons pu retirer de Derrière ces enjeux se dessine une considérée comme une opportunité pour
notre étude plusieurs éléments de réponse. nouveauté majeure : ce que nous appelons les entreprises dont elles se doivent de
Tout d’abord, il apparaît clairement que le “management créatif” apparaît désor- •
tirer le meilleur parti.
la crise a servi de catalyseur en opérant mais comme une nécessité pour l’entreprise.
un tri entre les multiples priorités des Il repose sur trois grands principes. En

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La complexité,
facteur d’innovation
et de croissance
pour les entreprises
Impossible d’y échapper. Entre globalisation et nouvelles technologies, les entreprises
et leurs dirigeants sont entrés de plain-pied dans l’ère de la complexité. Comment ne pas
la subir, mais au contraire la transformer en levier de croissance et de création de valeur ?
En cultivant comme jamais créativité, intimité avec le client et dextérité opérationnelle, répondent
les dirigeants interrogés à la faveur de la grande enquête IBM Global CEO Study 2010.

Complexité. Le mot revient en boucle dans et expriment l’intuition que la nouvelle et l’idée qu’ils se font de leur capacité à y
les entretiens de la grande enquête qu’IBM donne requiert un nouveau style de faire face) pourrait être inquiétant. Il est
a menée cette année auprès de plus de leadership. Tous voient surtout stimulant dès lors
1 500 dirigeants à travers le monde (1 541 particulièrement dans “Pour gérer la complexité, que l’on prend la peine de
exactement), dont quelque 140 en France. la complexité une sorte quatre qualités me regarder les choses de
Dans les trois précédentes éditions de de “nouvelle frontière”. paraissent essentielles : plus près.
l’IBM Global CEO Study, le changement Près de huit dirigeants la vision, la volonté, L’étude IBM s’intéresse
faisait figure de défi numéro un. Désormais, sur dix (79 %) estiment en la capacité à créer ainsi particulièrement à
c’est le sentiment d’un monde de plus en effet que le niveau de de la valeur, la vitesse ” la famille de ceux que
plus incertain qui domine, un monde de plus complexité auquel ils Denis Kessler, Président nous appellerons les “sur-
en plus “volatil”, où la complexité est partout. seront confrontés sera du Groupe Scor performeurs”. Autrement
Au moment même où les entreprises luttent encore plus élevé demain dit, les organisations qui
pour émerger d’une des plus graves crises tandis qu’un sur deux pense que son ont montré leur aptitude à sortir du lot en
économiques et financières de l’après- entreprise n’est pas préparée à y faire face. “majorant” leurs marges de manœuvre
guerre, leurs dirigeants confient leur Ce “complexity gap” (la différence entre opérationnelles. Certaines entreprises
désarroi : ils nagent en pleine incertitude la complexité anticipée par les dirigeants ont en effet réalisé au cours des cinq

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dernières années de belles performances


(y compris pendant la crise) et leurs
dirigeants se sentent plutôt armés pour
affronter le monde qui vient. Il ne s’agit pas
là d’une question d’activité ou de zone
géographique, puisque ces bons élèves
se trouvent dans tous les secteurs et aux
quatre coins de la planète. Le cru 2010
de l’IBM Global CEO Study révèle plutôt
que les clés du succès sont à portée de tous
dès lors que les organisations se donnent
les moyens de s’adapter en permanence
aux chambardements du monde. Les
“sur-performeurs” sont confiants dans leurs
propres capacités à prospérer dans la
complexité. Et, mieux encore, grâce à elle.

79 % des dirigeants anticipent


un niveau de complexité
élevé/très élevé dans
les cinq prochaines années.
49 % seulement se sentent prêts
à y faire face.

Trois enseignements majeurs émergent


de l’étude. Le premier consacre le rôle
essentiel de la créativité. Plus encore que
leurs pairs, les dirigeants qui tirent parti de
la complexité placent celle-ci au-dessus
de tout et mobilisent leur énergie à traduire
cette conviction dans leur action quoti- Une attitude qui leur permet d’apprivoiser La qualité de celle-ci a bien entendu
dienne. Pour mener à bien leur stratégie, l’incertitude, sans craindre d’aménager leur toujours été centrale, mais la multiplication
nos champions de la créativité n’hésitent plan stratégique et de prendre rapidement des sources d’information, l’irruption de
pas à remettre en cause le statu quo, à une décision chaque fois que nécessaire nouveaux canaux d’échanges, notamment
prendre des risques calculés, à encourager (43 % d’entre eux privilégient la rapidité de avec les réseaux sociaux, ont tendance à
l’expérimentation à tous les niveaux (la décision contre 28 % seulement pour les la fragiliser en modifiant radicalement les
créativité est l’affaire de tous), à innover autres dirigeants). habitudes des clients. Imaginons que si
dans leur mode de management et de Deuxième enseignement de l’étude : les Facebook était un pays, il serait – avec
communication (plutôt la conviction que organisations les plus performantes sont 500 millions d’utilisateurs à fin juillet 2010
l’autorité), et par-dessus tout à réinventer aussi celles qui n’hésitent pas à revisiter – le troisième au monde par la taille ! Une
en permanence leur business model. de fond en comble la relation client. révolution. Désormais, il ne s’agit plus

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seulement d’être proche de son client, de produits et services, en cultivant l’efficacité


mais de le faire littéralement entrer dans d’une approche différenciée, à la fois
l’entreprise, d’en faire un membre de “globale” et “locale” (d’où l’irruption et la
l’équipe, en l’associant étroitement à la pertinence du terme “glocal”), l’adaptabilité
création de nouveaux produits et services permanente (aux nouveaux marchés, aux
(on parle de plus en plus de “co-création”).nouvelles méthodes de production et
de management) et la
88 % des dirigeants “Nous concevons nos flexibilité des coûts Quand les
interrogés (et 95 % des produits avec nos clients. (à la baisse, bien sûr !). “sur-performeurs”
“sur-performeurs”) voient C’est un point clé Davantage encore que font la différence,
dans cette capacité à de notre stratégie. leurs pairs, ils en attendent ils sont...
devenir en quelque sorte Nous passons beaucoup des nouveaux produits
l’intime de chaque client
la priorité des priorités.
C’est notamment la clé
de temps à les écouter
avec en tête le souci
et services, sources d’un
supplément substantiel
permanent de l’innovation” de chiffre d’affaires
95%
à prioriser l’intimité avec le client
du succès auprès des Jean-Paul Hamon, (20 %) au cours des cinq
nouvelles générations. Vice-président exécutif
Les nouvelles techno- France d’Amadeus
logies facilitent cette
prochaines années.

Pour les organisations


61%
à jouer la simplification
intimité nouvelle à condition de savoir comme pour leurs dirigeants, la question pour mieux gérer la complexité
transformer la profusion d’informations n'est donc pas d'éviter la complexité mais
en “intelligence” des nouveaux besoins de se donner les moyens d’y faire face
et comportements.

Le troisième enseignement de l’IBM Global


et, mieux encore, de s’en servir pour
l’apprivoiser et en tirer parti. L’IBM Global
Study 2010 montre clairement que,
43%
à décider rapidement
CEO Study met en valeur la capacité à faire maîtrisée, celle-ci devient un levier de en dépit des incertitudes
de la dextérité opérationnelle la meilleure croissance et de création de valeur
réponse possible à la complexité et à inestimable dès lors qu’elle est saisie
l’hyper-concurrence dans un monde global. comme une occasion de briser le statu
Là encore, les “sur-performeurs” sortent
du lot en pariant sur la simplification des
quo, d’innover à tous les niveaux et de
se donner les moyens – en réactivité, en
38%
à faire de l’innovation
processus de production comme de l’offre agilité – de faire la différence. • “la” priorité absolue

“ Nous devons bâtir une nouvelle stratégie plus que jamais centrée sur le consommateur
et mettre en place le bon système de distribution multi-canal avec le meilleur
mix produits/services possible en s’appuyant sur la connaissance intime de nos clients.


Arnaud Mulliez, Président d’Auchan Hypermarchés France et de la division e-commerce du Groupe Auchan

Gérer la complexité est pour nous une priorité, ce qui n’est pas contradictoire avec
la nécessité de simplifier en permanence l’organisation et l’offre de produits et services.

Paul Delaoutre, Directeur Général, branche grands magasins du Groupe Galeries Lafayette

L’IBM L’étude “IBM Global CEO Study” a été dirigée aux États-Unis par
Saul Berman, Global & Americas Leader pour le IBM Strategy
Institute for & Change Consulting group d’IBM Global Business Services, et
Business Peter Korsten, Vice-président et Global Leader de l’IBM Institute
Value for Business Value.
Pour consulter l’étude complète et visionner des témoignages
de dirigeants, rendez-vous sur ibm.com/ceostudy2010/fr

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“Nous sommes à la veille


d’un basculement de modèle
économique”
Michel Meunier, 37 ans, a pris ses fonctions de Président du
CJD (Centre des Jeunes Dirigeants) le 26 juin dernier à l’occasion
du congrès de Nantes. Il explique comment les Jeunes
Dirigeants veulent faire de la complexité un atout au service
de la “performance globale”.
Michel Meunier
Quel regard portez-vous mais si l’on veut comprendre et intégrer Président du CJD
sur l’irruption de la complexité la complexité dans une approche straté-
dans la vie des entreprises ? gique, il faut s’en donner les moyens. un rôle à jouer en créant de la richesse
Depuis 2000, le Centre des Jeunes mais aussi en assumant sa responsabilité
Michel Meunier. Le monde devient de Dirigeants (CDJ ) a développé un cursus sociale au sens large du terme. La soli-
plus en plus complexe, il y a de plus en de formation au métier de dirigeant- darité est inscrite dans les gènes des
plus d’interactions, de facteurs extérieurs entrepreneur baptisé Copernic. Jeunes Dirigeants. Nous avons été les
susceptibles de venir impacter à tout Le premier module lui propose un cadre premiers, il y a près de vingt ans, à lancer
moment la vie et la stratégie de l’entreprise. et une méthodologie pour “diriger et l’idée d’entreprise citoyenne ! Aujourd’hui,
Tout dirigeant doit désormais intégrer ces entreprendre par la complexité” car en passer du solitaire au solidaire, c’est
facteurs (globalisation, nouvelles tech- appréhender les enjeux, imaginer les troquer une gouvernance qui ne servirait
nologies, réglementations, rareté des outils d’accompagnement et le pilotage que les actionnaires pour prendre en
ressources naturelles, enjeux environne- au quotidien sont devenus aussi essentiels compte l’intérêt de tous les acteurs,
mentaux, etc.) dans sa réflexion stratégique, que la compréhension de l’environnement salariés et partenaires. C’est aussi initier
apprendre à vivre avec l’improbable économique, social et sociétal. des modes de management collaboratifs
(souvenons-nous de l’épisode du volcan à tous les niveaux, et d’abord dans les
islandais !) et affronter une accélération Votre dernier congrès était placé territoires où l’échange avec l’ensemble
de la complexité économique mais aussi sous le signe de l’entreprise des acteurs favorise un développement
sociale, et sociétale. solidaire. En quoi la solidarité plus harmonieux. Notre mot d’ordre,
est-elle une réponse au défi “réveiller les consciences pour changer
Quel est l’impact de la complexité ? d’ère (aire, air)”, fait écho à cette volonté
de la complexité sur le métier de gérer la complexité dans toutes ses
de dirigeant ? M.M. Complexité et solitude ne font guère dimensions, en mettant l’économie au
bon ménage. La crise a montré la fragilité service de la vie. Nous sommes à la veille
M.M. Il y a encore quelques années, on du système. Face à cette fragilité croissante, d’un basculement de modèle économique
pouvait se permettre de gérer “au feeling” la solidarité est une force et l’entreprise a et les plus jeunes l’ont bien compris. •

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Think 15

La complexité menée par IBM auprès de quelque 3 600


étudiants du monde entier, est particuliè-
et dans les nouvelles technologies les deux
grands défis auxquels leurs organisations

en héritage
rement féconde pour comprendre ce qui seront confrontées dans les prochaines
se prépare dans les têtes bien faites de années, la relève insiste sur la globalisation
nos enfants : mettront-ils leurs pas dans et le développement durable. Elle s’inquiète
Pour la première fois, ceux de leurs aînés ou auront-ils une vision de la rareté annoncée des ressources,
sensiblement différente de leur rôle au plébiscite le “socialement responsable”
les chercheurs d’IBM
service des entreprises et de la planète ? et affirme sa volonté de “repenser la notion
ont complété leur enquête
de richesse” pour reprendre les mots d’un
auprès des dirigeants par Premier constat : si les étudiants portent étudiant français. Une évolution des esprits
une plongée dans les têtes sur la situation économique mondiale un qui va de pair avec l’idée que les futurs
et les cœurs des étudiants, regard proche de celui de leurs prédé- dirigeants se font des qualités d’un bon
autrement dit de ceux cesseurs, notamment en ce qui concerne leadership.
qui demain incarneront son évidente (et croissante) complexité,
la relève. Quelle est ils n’en tirent pas les mêmes conclusions. Certes, sur un point essentiel, la génération
leur manière de concevoir Le monde global et interconnecté est leur du Millénaire se situe dans la continuité
le leadership, leurs priorités ? univers. Ils sont tombés dans la “marmite” parfaite de ses illustres prédécesseurs :
quand ils étaient petits. Non seulement elle place la créativité en tête des qualités
La génération du Millénaire
la complexité ne leur fait pas peur mais d’un bon leader. Mais pour le reste, elle
laisse entrevoir l’émergence ils sont confiants dans leurs capacités à exprime une aspiration nouvelle à “devenir
d’un nouveau système s’en faire une alliée grâce à l’abondance un citoyen global, responsable vis-à-vis
de valeurs. et à la qualité de l’information désormais des autres et vis-à-vis de la planète” selon
disponible. la formule d’un étudiant américain. Bref,
Dans quelques années, pratiquement un en pleine crise des valeurs, nos futurs
salarié sur deux dans le monde sera issu Mais, et c’est l’enseignement essentiel, la leaders se voient bien investis de la lourde
de la génération du Millénaire*. Cette relève, Global Student Study 2010 révèle aussi tâche d’en inventer de nouvelles. Idéalisme
qui démarre sa carrière, voire hante encore l’émergence d’une nouvelle hiérarchie propre à la jeunesse ou réalisme précoce ?
les bancs de l’université et des grandes des préoccupations et, in fine, d’un nouveau L’avenir le dira... •
écoles, va donc bientôt imprimer sa marque système de valeurs au sein de la future
sur le management des entreprises. Voilà génération de leaders. Quand les dirigeants
* Ceux qui sont nés entre la fin de la décennie 70
pourquoi la Global Student Study 2010, en poste voient dans l’évolution des marchés et le milieu des années 90.

Les cinq principaux facteurs qui vont “impacter” les entreprises dans les années à venir
Pour un dirigeant actuel... Pour un étudiant...
L’évolution des marchés 56 % La globalisation 55 %
Les nouvelles technologies 39 % Les nouvelles technologies 46 %
La situation macro-économique 38 % L’évolution des marchés 46 %
Les compétences 37 % La question environnementale 42 %
La réglementation 35 % La situation macro-économique 39 %

Les cinq principales qualités d’un leader


Pour un dirigeant actuel... Pour un étudiant...
Créativité 60 % Créativité 63 %
Intégrité 52 % Capacité à “penser global” 51 %
Capacité à “penser” global 35 % Intégrité 37 %
Capacité d’influence 30 % Capacité à “penser durable” 35 %
Ouverture d’esprit 28 % Ouverture d’esprit 29 %

Source. Inheriting a Complex World: Future Leaders Envision Sharing the Planet, IBM Institute for Business Value, 2010.

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16 Think

Jean-Louis Le Moigne
Animateur du Réseau Intelligence
de la Complexité

“Agir et penser
en complexité
dans l’entreprise”
Piloter une entreprise dans toutes ses complexités, c’est ajuster en permanence ses objectifs et
ses process aux évolutions de son environnement, en sachant qu’il n’y a pas de vérité absolue
en la matière. Et c’est aussi, pour ses responsables, permettre à tous les collaborateurs de l’entreprise
d’exercer leur intelligence afin de comprendre ce qu’ils font individuellement et collectivement,
argumente le professeur et ingénieur Jean-Louis Le Moigne, animateur du Réseau Intelligence
de la Complexité – MCX-APC.

Comment définiriez-vous La solution ne consiste-t-elle Diriez-vous que l’entreprise est


la complexité ? pas à simplifier ? une organisation complexe ?

La complexité désigne ces enchevêtre- Tout le monde croit que simplifier, c’est L’entreprise est un concept qui n’a pas
ments de multiples processus irréguliers produire une représentation non fausse, de réalité tangible. Les Anglo-Saxons
et inséparables au sein desquels les orga- pas exhaustive, de la situation. n’utilisent pas le terme d’entreprise, mais
nisations humaines agissent en tentant Mais s’interroge-t-on sur les critères et plutôt de business organisation, pour
de les comprendre. Ce fut longtemps en les méthodes de simplification ? Découper désigner ce magma d’êtres humains en
cherchant à réduire la complexité à la un poulet comme on coupe un saucisson, interactions avec des magmas de projets.
complication : tout découper en autant de en tranches parallèles ? Chacun cite des
parcelles qu’il se pourra, parcelles que l’on exemples : pour simplifier sa gestion, cette Toute entreprise peut être vue comme
relie en longues chaînes linéaires de raisons grande entreprise décide que chaque un vortex : on ne peut pas la prendre dans
toutes simples. Ne pouvons-nous restaurer cadre se comportera à l'avenir comme la main et pourtant elle agit sans cesse.
aujourd’hui les méthodes de raisonnement un entrepreneur individuel. Ne peut-on penser l’entreprise comme une
pragmatique : dans l’incertain, chercher à organisation vivante, système ouvert qui
relier pour comprendre et créer ? S’attacher Vision simpliste qui engendre de mortelles fonctionne et se transforme, et non comme
d’abord à décrire, à réfléchir sur les modèles guerres de baronnies dont on sait les une structure mécanique représentée par
et à délibérer, tout en restant modeste. effets pervers. Ceci alors que ces cadres un organigramme figé ?
Edgar Morin nous le rappelle : “comprendre peuvent exercer l’intelligence de leur action
ce n’est pas tout comprendre, c’est recon- collective en co-élaborant ces “rich pictures”
naître qu’il y a de l’incompréhensible”. des contextes dans lesquelles ils agissent.

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Think 17

Ne peut-on caractériser seul quantitatif qui appauvrit la compré- de disposer de représentations riches de
de façon plus spécifique la hension des phénomènes. Pourtant ils l’action collective dans laquelle leur propre
complexité des entreprises ? sont trop souvent victimes du syndrome activité s’inscrit.
GI-GO ( Garbage In, Garbage Out ) en
Une organisation humaine doit sans cesse n’enrichissant pas assez les données des Le principe récursif
se définir à la fois par ses points de vue problèmes. (les produits sont eux-même producteurs
sur ses contextes (un tapis de processus de ce qui les produit) permet de rendre
divers) et par ses projets, eux-mêmes compte des phénomènes de transformation
divers et évoluant en fonction, en particulier, interne. Il exprime l’effet du comportement
des résultats de ses actions en cours. du système sur sa structure interne propre.
Surtout lorsque la mise en œuvre En transformant leur environnement,
de nouveaux moyens suggère de les entreprises se transforment aussi.
nouvelles possibilités d’action et Ainsi se comprennent les effets
par là suggère de nouvelles fins. d’apprenance organisationnelle.
D’où des appels de plus en
plus fréquents à une réflexion Le principe dialogique
éthique sur l’action de l’entre- (l’association consciente de
prise. Le possible n’est pas deux logiques qui à la fois
nécessairement le souhaitable, s’excluent et nourrissent mu-
d’autant plus que l’action collec- tuellement) est une manière de
tive conduit à des situations reconnaître qu’on ne peut séparer
irréversibles, une des caracté- l’antagoniste du complémentaire,
ristiques essentielles de l’action la compétition de la coopération.
en complexité. Comme il faut une source chaude
et une source froide pour le travail
Quels repères pour agir d’une machine, il faut une tension entre
et penser en complexité ? ordre et désordre pour qu’une organisation
soit active. Ce qui conduit sans cesse
“La complexité n’est pas un mot solution, l’entreprise à des comportements non
c’est un mot problème”, rappelle E. Morin. Pour s’exercer à cette intelligence de la optimum (mono-critère), mais pragmatiques,
En revanche, ajoute-t-il, “la façon de penser complexité, Edgar Morin a dégagé trois “satisficing”, selon Herbert Simon.
complexe se prolonge en façon d’agir principes de la Pensée Complexe :
complexe”. Et la façon de penser complexe Yves Barel disait que “la complexité est
commence par la façon de décrire la Le principe hologrammatique en attente de bricoleurs”, et pour faire
situation dans laquelle on se propose (le tout est inscrit dans la partie qui est avec la complexité d’une entreprise, ne
d’agir intentionnellement : elle n’est jamais inscrite dans le tout) permet d’éclairer la faut-il pas éclairer plusieurs domaines
complètement donnée puisqu’elle dépend complexité des phénomènes d’émergence à la fois, prendre des détours, ruser ?
des points de vue que chaque responsable créative dans l’entreprise. Si le tout est
adopte. On comprend que les dirigeants plus que la somme des parties, la partie “La complexité appelle la stratégie” (Edgar
de l’entreprise soient particulièrement est plus qu’une fraction du tout. Manager, Morin), et elle se construit toujours chemin
attentifs à la qualité et à la richesse des ce n’est pas seulement coordonner le tout, faisant.•
processus informationnels qui s’y déve- c’est aussi inciter ses collaborateurs à
loppent : ils ne sont nullement réduits au exercer leur intelligence en leur permettant

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18 Think
Chantal Jouanno
ancienne Secrétaire d’État
chargée de l’Écologie
et Ministre des Sports
depuis novembre 2010

“Assumer
la complexité
du développement
durable”
Le développement durable constitue un défi partagé par l’ensemble de la société,
des particuliers aux entreprises, en passant par les pouvoirs publics. Pour Chantal
Jouanno, ancienne Secrétaire d’État chargée de l’Écologie et Ministre des Sports
depuis novembre 2010, la mise en place d’une vraie économie verte peut permettre
de le relever collectivement dès aujourd’hui, malgré sa complexité. L’enjeu est
de taille : assurer l’avenir.

Comment gérer la complexité résoudre les crises environnementales C’est tout l’objet de la Stratégie Nationale
du développement durable auxquelles nous sommes confrontés : de Développement Durable 2010-2013
en tenant compte du diviser par cinq la consommation d’un (SNDD) adoptée cet été : donner à chacun,
réchauffement climatique, équipement électrique ou électronique entreprises ou autres organisations, le
de la raréfaction des ressources est tout à fait méritoire… mais si, dans le cadre nécessaire à structurer sa démarche
énergétiques et du besoin même temps, on décuple le nombre d’unités de développement durable, pour l’aider
de développement économique vendues, soit par augmentation du nombre à en gérer la complexité et à identifier ses
des entreprises ? d’acheteurs soit par raccourcissement propres enjeux et leviers d’action. Neuf
de la durée de vie des équipements, les défis communs ont ainsi été définis, dont
Le développement durable peut encore problèmes restent identiques. D’autant le premier est celui d’une production et
apparaître comme une notion complexe, plus qu’au-delà de la consommation d’une consommation durable.
et j’en conviens. Mais il ne faudrait surtout d’énergie, tout produit génère d’autres Cette économie verte ouvre à tous les
pas que cette complexité soit facteur impacts, consomme des ressources et secteurs des opportunités en matière
d’immobilisme. C’est trop facile. Le pro- génère des déchets. d’innovation et, bien menée, sera source
grès de l’humanité, c’est d’assumer sa de compétitivité pour les entreprises. En
complexité. Le développement durable Quelles solutions effet, en les incitant à être plus sobres en
est avant tout une nécessité : nous ne peut-on proposer pour répondre carbone et moins génératrices d’impacts
pourrons dans le futur continuer à vivre, à ces attentes parfois sur l’environnement, elle pourra renforcer
produire et consommer comme nous le contradictoires ? leur robustesse face aux variations et
faisons aujourd’hui et ce, encore moins, augmentations des coûts de l’énergie et
quand neuf milliards d’hommes et de Il nous faut nous orienter, pas à pas mais à la pression croissante exercée sur les
femmes aspireront, eux aussi, à une qualité toujours résolument, vers une économie matières premières… tout en répondant
de vie et de confort comparable à la nôtre. plus verte et plus équitable : c’est-à-dire à aux attentes naissantes de leurs clients
Il ne s’agit bien entendu pas de se priver de la fois décarbonée et sobre en ressources, ou de leurs consommateurs, eux aussi
tous les apports de notre société moderne quelles qu’elles soient (ressources non en quête de modes de production et de
mais de fuir ses excès. Les progrès renouvelables, espace, air, eau,…), et plus consommation plus durables.
technologiques sont et seront toujours juste, tant dans la répartition des richesses
nécessaires mais ils ne suffiront pas à que des efforts à fournir.

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Think 19

En tant que partenaires, Dans d’autres occasions, les pouvoirs publics


régulateurs et faciliteurs, accompagnent la formalisation de politiques
en quoi les pouvoirs publics et d’objectifs quantifiés en matière de dévelop-
peuvent-ils aider les entreprises pement durable par les différents secteurs
à relever ces défis ? professionnels. C’est le cas notamment des
conventions sur les engagements pris, dans le
Au-delà de leurs rôles traditionnels de régulateurs, cadre du Grenelle Environnement, par des
les pouvoirs publics sont des catalyseurs. Ainsi, secteurs professionnels. Ces “conventions
ils agissent pour mettre en place et pérenniser d’engagement Grenelle”, signées par plus de
Cette économie verte de nouveaux modes de gouvernance, comme vingt secteurs à ce jour, sont la preuve par
ouvre à tous les secteurs par exemple en instituant le tout récent CNDDGE l’exemple que le Grenelle Environnement n’est
des opportunités (Conseil national du développement durable pas qu’une affaire de pouvoirs publics ou de
en matière d’innovation et du Grenelle Environnement). Il réunit cinq missions régaliennes : le Grenelle est avant tout
et, bien menée, sera collèges représentant la société civile (élus, l’engagement de toutes les parties de la société.
source de compétitivité employeurs, salariés, ONG Environnementales L’action des pouvoirs publics ne relève pas
pour les entreprises. et autres parties prenantes) afin d’éclairer ou que de l’interdiction ou de la limitation éventuelles
d’analyser les choix des pouvoirs publics en en termes de composition et de caractéristiques
matière de développement durable. des produits. Elle peut aussi accroître la trans-
parence de l’offre afin d’orienter le choix des
acteurs et leur permettre de prendre en compte
de nouveaux facteurs de décision telle la
protection de l’environnement.

Une application concrète et emblématique


du Grenelle Environnement est la mise
en place d’un affichage généralisé des
caractéristiques environnementales
des produits, ce qui permettra, à
terme, aux consommateurs qui le
souhaitent de mieux prendre en
compte l’environnement dans
leurs actes d’achat. Du côté des
producteurs et des distributeurs,
cela induira aussi de nouveaux
facteurs concurrentiels. Ce
nouvel affichage commencera
par une phase d’expérimen-
tation fixée par la loi “Grenelle
2” (loi d’engagement national
en faveur de l’environnement) :
j’ai souhaité que cette expérimen-
tation soit volontaire, ouverte aux
entreprises de tous secteurs ou à
leurs groupements pour créer et
optimiser les systèmes d’information
environnementale futurs !

Interview réalisée le 20 octobre 2010

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20 Think

“Une succession
de solutions à inventer
pour moderniser l’État”
Rendre l’administration plus rapide et plus efficace pour les
usagers, tout en optimisant les coûts. Pour mener à bien cette
mission, la Direction Générale de la Modernisation de l’État
(DGME ) aide les ministères à mettre en œuvre la Révision
Générale des Politiques Publiques (RGPP)1. Elle implique aussi
François-Daniel Migeon l’ensemble des acteurs dans la transformation de l’État,
Directeur Général de la DGME explique son Directeur Général, François-Daniel Migeon.

1  En quoi la RGPP1
a-t-elle mieux intégré
la complexité de
vocation à transformer l’administration
pour la rendre à la fois plus agile, plus
simple, plus efficace, plus réactive et plus
principaux acteurs par des experts et des
spécialistes. La DGME effectue, donc, des
missions auprès des ministères pour les
l’administration publique économe des deniers publics. Il s’agit in aider, faciliter la mise en œuvre de la moder-
que les autres réformes fine de proposer aux usagers des services nisation et leur transmettre des méthodes
de l’État conduites à ce jour ? accessibles, innovants et fiables. organisationnelles. C’est cette démarche et
La force première de la RGPP réside dans cette gouvernance qui permettent de bien
Comme toute organisation, l’administration l’implication du plus haut niveau de l’État : intégrer la complexité de l’administration
est vivante. Elle doit évoluer au rythme de le Comité de suivi de la RGPP est conjoin- dans le mouvement de réforme.
son environnement, s’adapter à l’évolution tement présidé par le Secrétaire Général
de la société, se transformer pour répondre
aux attentes nouvelles des usagers (43 %
des entreprises jugent complexes les
de l’Élysée et le Directeur de cabinet du
Premier ministre.
La DGME veille à l’avancée effective
2  Comment définiriez-vous
la complexité propre
à votre mission de
démarches administratives, et 70 % des des mesures décidées. Elle identifie les modernisation de l’État ?
usagers se plaignent de la longueur des blocages éventuels, afin d’y remédier sans
délais ), tout en prenant en compte les délai. L’accompagnement est fondamental La complexité est avant tout liée à une
contraintes de financement. La RGPP car un mouvement de transformation de question d’échelle : comparez simplement
répond à cette double exigence : elle a l’ampleur de la RGPP implique l’appui des la taille de l’administration et ses 2,5 millions

7c

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Think 21

d’agents, à celle des entreprises du l’État ; nous devons proposer des solutions Les usagers constituent également un
CAC 40 ! Ensuite, l’État s’adresse à tous de transformation adaptées le plus soutien précieux. Ils guident notre action
les Français, aux usagers de tous les finement possible aux problématiques en exprimant leurs attentes sur des services
secteurs, qu’ils soient des particuliers, des administrations concernées. Il n’existe dont ils sont les premiers bénéficiaires.
des entreprises, des collectivités locales pas une solution unique mais plutôt une En termes de moyens, les nouvelles
ou des associations. Ces attentes sont succession de solutions à inventer pour technologies ont révolutionné le rapport
très diversifiées, mais exigent toutes une moderniser l’État. C’est pourquoi les aux usagers. Elles ont créé de nouvelles
fiabilité totale de la part des services principes de méthode comme ceux de interactions et contribué à décloisonner
publics. Par ailleurs, moderniser et innover la méthode Lean2, par exemple, sont l’organisation de l’administration. Elles
supposent d’être en prise directe avec particulièrement adaptés : ils permettent ont permis de se poser des questions
les usagers. C’est ce que fait la DGME, d’optimiser sur le terrain les pratiques en essentielles sur le partage des données
avec d’une part un panel de plus de s’appuyant sur l’expérimentation et et leur confidentialité.
5 000 usagers susceptibles de “tester” l’expertise des agents, assurant une bonne À cet égard, le succès de mon.service.
des nouvelles propositions, et d’autre compréhension des multiples métiers de public.fr (MSP), développé par la DGME,
part en proposant à chacun de contri- l’administration, et de ses missions. permettant un accès rapide, simple et
buer directement, sans filtre, via le site : sécurisé aux services administratifs en
www.ensemble-simplifions.fr.
Plus de trente mesures répondant aux
priorités des Français ont déjà été
4  Sur quels soutiens et sur
quels moyens pouvez-vous
compter pour mener à bien
ligne, a valeur de symbole.
À la fin septembre 2010, un million de
Français avaient choisi de gérer leurs
engagées : la suppression des demandes votre mission ? démarches administratives en ligne via
de copies d’état-civil, le suivi en ligne du MSP ! C’est la preuve de l’appétence
traitement des plaintes, la possibilité de La DGME est organisée pour piloter la des Français pour l’administration élec-
demander en ligne son inscription sur RGPP et mener à bien la transformation, tronique, et la preuve de la capacité de
les listes électorales, etc. pour accompagner les ministères dans l’État à répondre à ces nouveaux défis. •
leurs projets, proposer de nouvelles pistes

3  Comment répondez-vous
à la double demande
d’offrir “une meilleure qualité
d’amélioration de la qualité de service.
Outre le soutien politique dont nous béné-
ficions, notre premier soutien provient des
de services tout en réalisant agents publics eux-mêmes, car ils sont les [1] Lancée en juin 2007, la Révision Générale
des économies budgétaires” ? premiers acteurs de la transformation. C’est des Politiques Publiques (RGPP) est un
programme de modernisation de l’action
pour cette raison que nous lançons, sous de l’État. Après une phase d’audits approfondis
Il ne faut jamais perdre de vue que l’action l’autorité de François Baroin, Ministre du dans l’ensemble des ministères, plus de 300
réformes ont été engagées pour recentrer l’État
de l’État trouve tout son sens dans la Budget et de la réforme de l’État, une École sur ses missions prioritaires et améliorer la qualité
qualité du service rendu à nos concitoyens. de la Modernisation de l’État. Sa vocation du service rendu à l’usager.
Nous devons dorénavant le faire en sera de développer le potentiel des [2] Méthode d’organisation issue de l’industrie
contribuant à la maîtrise des dépenses responsables administratifs, pour réussir automobile qui recherche l’accroissement de
la performance, de la productivité et de la qualité
publiques. La DGME doit donc agir comme la mise en œuvre des transformations par l’amélioration continue et l’élimination
un catalyseur de la transformation de issues, notamment, de la RGPP. des gaspillages.

<< //

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22 Think

Luc Montagnier
Prix Nobel de médecine 2008

“Une vision simplifiée


de la médecine
ne permet pas de traiter des maladies
toujours plus complexes ”
Alors que les nouvelles maladies sont de plus en plus complexes peut retrouver instantanément toutes les
à diagnostiquer et à traiter, les nouvelles technologies données dont il a besoin et ces outils
deviennent indispensables pour agréger et partager les permettent de dresser un profil de l’état
informations. Une nouvelle médecine est nécessaire pour des patients.
s’adapter à cette nouvelle donne, explique le Professeur Luc
Les nouveaux outils
Montagnier, Prix Nobel de médecine 2008 pour l’identification
technologiques ne risquent-ils
du virus responsable du SIDA. pas d’effacer le lien entre
le médecin et son patient ?
Comment percevez-vous diagnostiquer à leur stade précoce et
la complexité propre à réversible, ce qui serait nécessaire pour Le danger serait d’utiliser toutes ces
la médecine ? prévenir leur évolution. informations sans savoir les interpréter.
Le praticien doit faire la synthèse, les
C’est la complexité du monde vivant et Quelle solution ordinateurs restant des outils. L’accès
de l’Homme en particulier qui induit la préconisez-vous pour adapter via Internet à des bases de données
complexité de la médecine. Seulement la la médecine à cette nouvelle mondiales, particulièrement celles des
médecine moderne a du mal à la prendre donne ? séquences d’ADN, donne aux chercheurs
en compte puisqu'elle s’est attachée à les moyens de créer des passerelles entre
compartimenter, en créant de nombreuses Il faut une nouvelle médecine qui intègre disciplines et de déterminer des corré-
spécialisations. Elle analyse de plus à la fois les causes, notamment la persis- lations. De plus, la télémédecine accélère
en plus finement mais fait rarement la tance d’agents infectieux, et l’hôte, la également la formation des praticiens,
synthèse, comme peut encore le faire la personne. C’est une médecine “P4” : surtout dans les pays en développement.
médecine chinoise ou indienne. préventive, prédictive, personnalisée,
Les maladies, elles, se sont complexifiées : participative. En résumé, les technologies rendent la
elles sont multifactorielles (sociétales, Pour la mettre en œuvre, une révolution médecine plus collective et entraînent
psychologiques, environnementales). mentale est nécessaire : des patients qui des gains de temps considérables.
Par conséquent, la vision simplifiée et doivent consulter avant d’être vraiment Dans le cadre de mes travaux, j’aurai pu
analytique de la médecine, à travers les malades, et du praticien qui doit être un démontrer plus rapidement qu’il y a dix
concepts de type pasteurien “une maladie médecin de la santé et non de la maladie. ou quinze ans l’existence de co-facteurs
– un agent infectieux – un médicament”, Un dialogue permanent et archivé doit lui infectieux du virus du Sida. Ces facteurs
ne permet pas toujours de les traiter. permettre de connaître l’environnement de favorisent le développement de l’épidémie
Les maladies chroniques et persistantes son patient, afin d’aboutir à une médecine dans certaines régions du monde. Ils
comme Alzheimer ou Parkinson sont, personnalisée. La révolution technolo- doivent donc être identifiés pour être
par exemple, des maladies difficiles à gique favorise ces processus : le praticien neutralisés.•

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Think 23

Le Centre Hospitalier d’Avignon


soigne son système d’information
Avec l’aide d’IBM, l’établissement de santé a révolutionné son infrastructure informatique.
Le Centre Hospitalier d’Avignon est maintenant prêt pour absorber la centaine de projets en
cours – dossier médical partagé, gestion des rendez-vous, des lits, des blocs opératoires…
– et améliorer ainsi la qualité des soins et le confort des patients.

Et si la qualité d’un établis- la dictée numérique allège


sement de santé dépendait considérablement la tâche des
autant de l’expertise de son comptes rendus médicaux.
pôle informatique que de la “En supprimant la logique un
réputation de ses chirurgiens ? serveur/une application, nous
Avec le développement des sommes parvenus à condenser
technologies, le système 80 serveurs sur 4 supports
d’information prend une place seulement, réunis dans une
non négligeable au cœur du seule armoire, se réjouit Hélène
processus de soin. C’est Sol, Directrice des Systèmes
grâce à lui que les films de d’Information (DSI) du Centre
radiologie disparaissent au Hospitalier d’Avignon.
profit d’images numériques L’encombrement est sans
en temps réel capables de commune mesure, la consom-
déceler des tumeurs de la mation d’énergie a diminué
taille d’une lentille. Grâce à lui et la maintenance se trouve
que de grands écrans faci- allégée”. Pour le bénéfice de
litent le travail de précision tous, car “sans informatique,
dans les blocs opératoires ; l’activité de l’hôpital est forte-
grâce à lui, toujours, que vous êtes pris en L’opération consiste à faire fonctionner ment perturbée, de l’accueil des patients
charge plus rapidement. Aussi la Direction sur un seul ordinateur plusieurs systèmes jusqu’au bloc. Notre but ultime était
des Systèmes d’Information du Centre d’exploitation comme s’ils fonctionnaient d’assurer une continuité de service, avec
Hospitalier d’Avignon ( 3 000 employés sur des ordinateurs distincts. des performances élevées et une forte
pour 900 lits) a-t-elle pris le parti de réactivité, dans l’intérêt du patient”, précise
développer une infrastructure suffisam- L’hôpital peut désormais installer en moins la DSI. Dernière exigence de l’hôpital : la
ment agile pour évoluer au rythme de son de deux heures n’importe quelle nouvelle sécurité. L’infrastructure est répliquée à
environnement. application ou allouer des ressources l’identique dans une deuxième salle
machines susceptibles de faciliter le informatique, chargée de prendre le relais
L'informatique au chevet travail du personnel soignant. Sont ainsi en cas de panne. La baisse des coûts
des patients optimisées la gestion des rendez-vous était également l’un des moteurs de cette
des patients et la réservation, dès la initiative : “Cette technologie permet
Cette souplesse exige un niveau élevé consultation de chirurgie, de la plage de d’optimiser la gestion de l’argent public.
d’intégration que seule la virtualisation bloc opératoire et du lit, mais aussi la C’est un argument très fort pour l’ensemble
des serveurs et des données dédiées gestion des stocks de médicaments ou des établissements hospitaliers de
aux soins et aux patients pouvait offrir. la prescription de traitements. De même, France”. •

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24 Think

ª8

Un supermarché
qui vous comprend
Des milliers de produits, avec chacun sa priori. Plus de chances alors d’être satisfait au moment
provenance, ses processus... Le supermarché d’acheter ! Pas de surprises en caisse : votre reçu est déjà
est le point de convergence de la complexité tout prêt sur votre mobile.
et sa vitrine la plus voyante.
Aujourd’hui, les nouvelles technologies de Au-delà de l’amélioration de l’expérience d’achat individualisée,
l’information permettent de mieux maîtriser le Centre de Solutions Métiers de l’IBM Forum La Gaude
cette complexité pour gagner en productivité (voir encadré) travaille sur deux chantiers : l’intelligence du
et offrir aux consommateurs une expérience marketing et de la chaîne logistique, et l’optimisation des
d’achat individualisée et plus agréable. opérations. Car pour les groupes de la grande distribution,
le passage au supermarché intelligent est un enjeu de taille.
L’année : 2012. Le lieu : un supermarché. Bienvenue dans La concurrence s’intensifie. Le commerce électronique est
l’ère des courses 2.0. Finies les errances interminables entre en plein essor : +22 % en Europe en 2009 et probablement
les rayons à la recherche du vinaigre balsamique, de la lessive +20 % cette année. Il représentait déjà en France 4,9 % des
écologique, ou de l’employé qui pourrait vous renseigner. ventes au détail en 2009. Les supermarchés “en dur” doivent
Place au supermarché intelligent. s’adapter. La géolocalisation des clients par mobile permet
déjà d’identifier les zones de chalandise non utilisées.
Votre téléphone mobile, en identifiant votre présence en Et pour que les produits ne manquent jamais en rayon et
magasin et en le couplant avec votre profil, vous guide qu’ils ne périment pas, les transactions sont analysées – et
directement jusqu’au produit souhaité. Dès que vous le personnel alerté – en temps réel. Idem en entrepôt : chaque
le soulevez, l’étagère intelligente produit déplacé est scanné et les
vous dit tout : d’où il vient, qui est le inventaires mis à jour.
Le Centre IBM de La Gaude
producteur, ce qu’il contient, et bien
dédié aux Solutions Métiers s’est
sûr combien il coûte. Mieux, elle vous La planification des achats des lots
doté en 2005 d’un environnement
suggère des produits alternatifs ou est optimisée de A à Z : la production,
immersif représentant l’ensemble
complémentaires. Vous scannez le le transport, les stocks et la livraison.
de la chaîne de valeur de l’industrie
produit avec votre téléphone, qui En aval, le centre de distribution doit
de la distribution : domicile
coche la case sur votre liste de gérer chaque jour des centaines de
du consommateur, espace urbain,
courses – ou vous rappelle que vous commandes passées par Internet.
magasin de nouvelle génération,
l’avez déjà commandé en ligne la Aucun souci, un logiciel aide l’employé
arrière boutique, entrepôt, siège
semaine dernière. Le petit fondant au à préparer les paquets à l’aide de
social, etc. Plus récemment,
chocolat ? “Pas touche”, vous annonce voyants lumineux. Le système passe
cet espace s’est enrichi en plaçant
votre smartphone. “Il contient de la également les ventes au peigne fin
le magasin au cœur d’une ville
poudre d’amandes”. pour gérer les promotions ou les
plus intelligente (“Smarter City”).
cartes de fidélité.
Plus loin, la balance intelligente
reconnaît les pommes Cox et les étiquettes. Après avoir Quant au consommateur prévenant, après dégustation de
analysé la fraîcheur du stock, les étiquettes digitales se feront la salade aux endives, il ne lui reste plus qu’à donner une
également l’écho de toute baisse de prix ou de promotions. note à cette nouvelle marque de vinaigre balsamique sur
Les technologies de reconnaissance morphologique vous son application de courses. •
permettent d’essayer des vêtements ou des accessoires a

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Think 25

Les futurs managers


aux manettes
Proches des jeux vidéo, les “serious games” Conçu comme un jeu de piste, Innov8 2.0 facilite le
sont utilisés pour former et préparer les développement d’une vision globale et transversale de
étudiants à leurs futures responsabilités. l’organisation. Un atout confirmé par Daniel Bretonès : “les
C’est précisément l’objet d’Innov8 2.0, un outil règles se découvrent au fur et à mesure du jeu. Les gagnants
pédagogique qu’IBM fait découvrir à plusieurs ne sont pas forcément les plus forts en thème mais ceux qui
Grandes Ecoles. sont capables de se débrouiller en terrain inconnu”. Ils
découvrent ainsi “la logique d’organisation flexible qui leur
Votre nom est Logan. Vous venez d’être embauché dans permettra de faire face à l’imprévu, de traverser une crise et
une entreprise qui fusionne avec une autre. Votre mission d’évoluer dans l’entreprise”, remarque Jean-Louis Pierrel.
principale : optimiser les coûts et la qualité de service. Voilà
le principe d’Innov8 2.0, le serious game lancé par IBM en Pour des étudiants en dernière année, c’est donc déjà un
mai 2009. Interactif et intuitif, le “serious game” est une pas vers la vie professionnelle. Ce qui explique le succès de
application informatique qui associe un objectif “sérieux” ces ateliers, qui seront d’ailleurs reconduits en 2011 avec
(informatif ou pédagogique) à un jeu vidéo. Apparu au début des nouvelles promotions.
des années 2000, il est utilisé en entreprise pour communiquer,
motiver ou former les salariés. Les “serious games”devraient ainsi
poursuivre leur essor avec l’arrivée
L’objectif principal d’Innov8, celui dans l’entreprise de la génération
qu’IBM a fait naître en 2007, est Internet et jeux vidéo. Selon l’Idate
précisément de faire comprendre ( Institut de l’audiovisuel et des télé-
les fondamentaux du Business communications en Europe), le chiffre
Process Management (BPM), une d’affaires mondial du secteur (1,5
méthode pour aligner une organisation milliard d’euros en 2010) pourrait être
avec les désirs et les besoins des multiplié par sept en 2015. •
clients. Selon Jean-Louis Pierrel, des
relations universitaires d’IBM, “la * Supélec : école Supérieure d’électricité/
compréhension des processus et des ESCEM : école Supérieure de Commerce
et de Management de Tours-Poitiers/
outils susceptibles d’optimiser une
ESIAL : école Supérieure d’Informatique
organisation sont des compétences et Applications de Lorraine de l’Université
primordiales pour de futurs managers”. Henri Poincaré de Nancy.
C’est pourquoi ils sont aussi utilisés dans les écoles comme ** école Centrale de Paris, Mines Nancy,
un complément pratique aux cours. Les étudiants de Grenoble école de Management, ITIN (Institut des Techniques
SUPELEC, de l’ESCEM, de l’ESIAL* et d’autres grandes INformatiques), ESIEE (école Supérieure d’Ingénieurs en
électrotechnique et électronique), TEM (Télécom école de
écoles françaises** ont testé la version 2.0 d’Innov8 lors
Management), ESCT (école Supérieure de Commerce de Toulouse).
d’ateliers organisés l’année dernière.
Daniel Bretonès, professeur de management à l’ESCEM de
Poitiers, qui y a participé avec ses étudiants en Master de Pour en savoir plus et jouer à Innov8 2.0 gratuitement en ligne,
“Management and ICT Consulting”, souligne que ce jeu visitez le site ibm.com/innov8
“permet d’introduire de nouveaux outils dans la pédagogie”.

CityOne : bâtir une ville intelligente. Lancé le 4 octobre dernier, CityOne est le nouveau serious game
conçu par IBM. Eau, énergie, distribution, banque : le joueur doit résoudre les problématiques environnementales,
économiques et logistiques d’une grande ville. Un défi pour les prochaines années puisque les experts prévoient
que 70 % de la population mondiale vivra en zone urbaine en 2050. Avec CityOne, IBM enrichit sa mission
Smarter Planet (“Pour une planète plus intelligente”) et complète sa gamme de serious games à destination des
entreprises et des universités. Dès sa disponibilité, le 4 octobre, les étudiants de l’ESIEE ont pu le découvrir.
L’ESCT, l’ITIN, SUPELEC et l’ESCEM le découvriront cet automne. Pour jouer à CityOne gratuitement en ligne,
visitez le site ibm.com/cityone

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26 Think

Roland-Garros :
la technologie
au service du spectacle
Passer une journée à Roland- Garros est un “Souvent la victoire se joue au détail près, d’où l’intérêt pour les
rêve pour tout fan de tennis. Si le tournoi spectateurs de disposer d’un maximum de données, afin de
peut accueillir 450 000 spectateurs, il mieux comprendre les performances” remarque Michel Grach,
entend faire vivre la même émotion aux Directeur des Médias et Partenariats de la FFT. L’application
millions d’internautes qui vivent le sport Turning Points répond à ce besoin. Elle analyse en temps
à distance. Pour cela, IBM accompagne la réel chaque point et chaque moment clé du match pour mettre
Fédération Française de Tennis (FFT) avec en évidence sous la forme d’un graphique le déroulement
des innovations offrant toujours plus de précis de la partie, ses tendances et les phases de dominations
personnalisation, d’interaction et d’immersion successives des deux joueurs. Car pour Alex Loth, Directeur
dans le tournoi. des Systèmes d’Informations de Roland-Garros, l’objectif est
de “rendre une statistique compréhensible immédiatement”.

Des serveurs
toujours plus
rapides
L’Américain Taylor Dent détient
depuis 2010 le record de vitesse de
service avec une balle enregistrée
à 240 km/h. À l’image des joueurs qui améliorent leurs
performances, le socle technologique de Roland-Garros
progresse constamment. Si en 2006, il fallait 60 serveurs
pour faire face à l’explosion de l’activité pendant les quinze
jours du tournoi, IBM est parvenu à réduire le parc à
seulement 6 serveurs. Notamment grâce au Cloud
Computing, qui permet de s’appuyer sur des centres de
stockage de données situés aux quatre coins du monde.

La FFT et IBM n’ont cessé de faire évoluer les technologies


Comment faire tenir des millions de fans dans un court de depuis leur première collaboration en 1985. 25 ans de
14 845 places ? C’est l’équation apparemment insoluble que partenariat qui démontrent que “les technologies font parties
doit résoudre chaque année l’organisation de Roland- Garros. de l’ADN du tournoi” selon les mots de Michel Grach.
Que les amateurs de balle jaune se rassurent, des solutions
existent. Le Slam Tracker donne aux fans un véritable siège Côté court, des radars identiques à ceux utilisés pour les
virtuel. En passant la souris sur un plan interactif, ils peuvent contrôles routiers mesurent la vitesse de la balle, tandis que
connaître l’évolution des scores en temps réel sur chaque des radars à effet vidéo, couplés à des technologies 3D,
court, ainsi que des aspects détaillés du jeu comme le nombre permettent de reconstituer la vitesse de déplacement du
de balles de break gagnées, les aces… joueur sur le terrain ainsi que la trajectoire des coups. “Nous
Il a fallu par exemple 41 coups gagnants à Roger Federer continuons à travailler sur d’autres statistiques pour calculer
pour remporter sa première finale. les effets par exemple”, confie Alex Loth. Autour du court,
des marqueurs renseignent ainsi une multitude d’informations
liées au jeu, comme les nuances entre fautes directes et
fautes provoquées.

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Think 27

Le principal défi pour alimenter d’abord la télévision puis traiter en temps réel, puis de les distribuer dans différents
internet : traiter, analyser et distribuer ces données toujours formats (audio, vidéo, textes) sur différents supports (TV,
plus nombreuses. En 2009, pour les simples Dames et web, mobile).
Messieurs, plus de 45 000 points ont été enregistrés.
Des informations à l’infini qui font le bonheur des joueurs
Côté coulisses “nous travaillons avec des technologies (voir l’interview de Fabrice Santoro) et qui permettent aux
proches de celles d’une salle de marché” selon Alex Loth. spectateurs “d’être en immersion totale dans le tournoi mais
Des logiciels et des serveurs (voir l’encadré) se chargent de aussi de décupler leur expérience en connaissant chaque
récupérer l’ensemble des données, de les stocker, de les détail du jeu”, se félicite Michel Grach.•
Pour en savoir plus, visitez le site ibm.com/rolandgarros

Fabrice Santoro
Ancien tennisman
professionnel

“Il n’y a pas de limite


“Il
à ce que la technologie
peut apporter au sport !
sport !”
Depuis 2006, la Fédération Française de
Tennis (FFT) et IBM mettent à la disposition
des joueurs un DVD récapitulatif de chacune
de leur rencontre : le DVD IBM Match Analysis.
Fabrice Santoro, ancien tennisman profes-
sionnel, nous explique en quoi cet outil lui
a permis d’améliorer ses performances.

Comment utilisiez-vous Vous a-t-il aidé à gagner


le DVD IBM Match Analysis ?  certains matchs ?
Fabrice Santoro. J’étais souvent l’un des premiers à vouloir F.S. Je pense bien sûr à Marat Safin. Si j’ai eu une si belle
le récupérer à la fin de mes matchs. Il arrivait même que je réussite contre ce joueur, ce n’est pas un hasard ! Son jeu
refuse de commencer une conférence de presse si je ne m’impressionnait beaucoup, un mélange détonnant de vitesse
l’avais pas visionné ! Je le regardais ensuite à nouveau dans et de puissance. En regroupant des données précises sur
la tranquillité de ma chambre d’hôtel, avec ou sans mon ses armes et les miennes, j’ai réussi à m’imposer en mettant
entraîneur, pour digérer le match passé et me concentrer en place un schéma qui le déstabilisait. Je suis en effet parvenu
sur le prochain. Au-delà des statistiques récapitulatives du à le faire déjouer en lui proposant beaucoup de variété dans
match, je regardais comment j’avais joué à certains moments les effets, les longueurs de balle et les zones jouées.
clés, lors des balles de break ou des fins de set, par exemple.
Comment pourrait-il encore
Quels ont été les bénéfices concrets être amélioré ?
de cet outil ? F.S. Si je n’ai pas participé directement à son élaboration, je
F.S. Il m’a permis de faire un vrai travail d’analyse sur mes conseille aujourd’hui IBM sur les données supplémentaires
forces et mes faiblesses, et sur celles de mes adversaires. qui pourraient être captées et analysées, comme la distance
J’ai pu décrypter des informations difficilement perceptibles parcourue sur le court ou encore la vitesse des coups gagnants.
pendant un match, comme la façon dont les autres joueurs Il serait aussi intéressant de pouvoir à terme modéliser
aiment jouer sur les balles de break, et ainsi anticiper leurs l’enchaînement favori de chaque joueur. Il n’y a pas de limite
enchaînements de coups favoris dans les moments clés. à ce que la technologie peut apporter au sport !

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Ailleurs fonctionner à la vitesse de 67 téraflops,


soit 67 000 milliards d’opérations
à la seconde. La machine servira à la
IBM intervient dans le monde entier dans des domaines modélisation du climat. Elle récupérera
insoupçonnables avec un seul mot d’ordre : rendre la les données transmises par satellite
planète plus intelligente. pour analyser les répercussions des
problèmes climatiques sur la planète.
Souriez, vous Au chevet
êtes flashés ! du chocolat… Sur les traces
Transport Australie Agroalimentaire États-Unis de l’Homme
À Brisbane, les automobilistes Le département américain de Anthropologie États-Unis
ne s’embarrassent plus aux péages. l’agriculture fait équipe avec Mars National Geographic et IBM ont lancé
Un dispositif intelligent enregistre et IBM pour améliorer la qualité du une étude anthropologique destinée
le numéro d’immatriculation cacao. Le décryptage de son génome à retracer les chemins empruntés
quelle que soit l’allure du véhicule permet de le modifier pour le rendre par l’Homme pour peupler la planète.
et envoie la facture à domicile. plus résistant à la sécheresse, aux Pendant cinq ans, le projet Genographic
Les 70 millions d’usagers annuels champignons et aux maladies. Les a analysé, en laboratoire et par
du réseau autoroutier qui dessert la attaques de parasites provoquent ordinateur, des centaines de milliers
troisième ville du pays sont conquis : chaque année des pertes évaluées d’échantillons d’ADN prélevés auprès de
temps de trajets améliorés, à 700 millions de dollars alors que populations indigènes et du grand public.
encombrements réduits, sécurité la demande dépasse toujours Il s’agit de la plus grande collection
renforcée et réduction des émissions l’offre sur le marché international. d’ADN existant au monde.
à effet de serre ! Les résultats de cet effort
de recherche sont rendus publics Venise dans
Diagnostic pour l’intérêt commun, via le site votre portable
en un click www.cacaogenomedb.org.
Culture Italie / Chine
Santé Danemark
À l’hôpital Thy-Mors de Copenhague
Des étiquettes Muni d’un simple portable connecté au
wi-fi, Venise s’offre à vous. L’application
les consultations ne s’éternisent plus. intelligentes TagMyLagoon permet de découvrir
Face au médecin, votre avatar Distribution Allemagne les sites réputés comme les recoins
se présente en 3D à l’écran. Vouées à remplacer le code barre, secrets de la ville, d’éviter la foule et les
En un clic, les résultats de laboratoire, les étiquettes d’identification embouteillages piétons, de recevoir des
radiographies et antécédents par radiofréquence ont fait leur informations sur les sites historiques ou la
concernant la zone sélectionnée apparition au rayon boucherie liste des hôtels alentours. Photographier
apparaissent pour un diagnostic rapide des magasins Metro. De minuscules les petits logos noirs et blancs
et précis. Cette interface permet même puces électroniques permettent accrochés partout dans la ville permet
d’effectuer des prescriptions en tenant d’identifier le rôti dans un rayon de vous “géolocaliser” pour recevoir la
compte de l’état de santé général et d’action de 50 cm à 1,5 mètre avec bonne information au bon moment.
le dialogue avec le patient est facilité. quantités d’informations spécifiques
comme sa date de fabrication, Bienvenue
Une son origine ou ses conditions de à la Cité
administration conservation. Grâce aux alertes
Interdite
rapide ? automatiques, les produits périmés
sont identifiés, les achats Fruit d’une coopération entre
Service public Arabie Saoudite le Musée du Palais et IBM, un logiciel
sont repérés en temps réel,
Adieu les longues procédures et le renouvellement des stocks permet de visiter virtuellement la Cité
administratives, l’Arabie Saoudite est instantané. Interdite telle qu’elle existait sous
a fait appel à IBM pour simplifier la dynastie Qing (1618-1912). Il a fallu
les démarches de ses citoyens. Super trois ans pour reconstituer les détails
Admissions à l’université, délivrance
de permis de travail ou enregistrements
ordinateur de cet univers reproduit en 3D. Votre
avatar interagit avec d’autres visiteurs
d’entreprises sont accessibles pour la NASA virtuels venus du monde entier
en quelques minutes seulement, Environnement États-Unis et participe à des activités comme
à n’importe quelle heure et depuis IBM a conclu un accord avec l’Agence le tir à l’arc ou le jeu de Go… tout en
n’importe où, grâce au système spatiale américaine pour concevoir approfondissant ses connaissances
d’accès en ligne, vocal et mobile. un ordinateur ultra-puissant capable de à l’aide de guides virtuels. •

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Think 29

Si “Moi, moche
et méchant”
est sorti le 9 juillet dernier
aux États-Unis,
le public français
découvre la cruauté
sympathique de Gru
Quand la French Touch dans les salles françaises
depuis le 6 octobre.

de l’animation rejoint
les géants d’Hollywood
Animée par le studio français Mac Guff, la nouvelle pouvait répondre à nos contraintes de
super production américaine en 3D relief Moi, moche façon flexible et efficace”. Armés de plus
et méchant est une véritable prouesse technique. de 6 500 cœurs de processeurs insérés
Les solutions sur mesure d’IBM, ont permis aux créateurs dans des serveurs refroidis par un
de révéler tout leur potentiel artistique. Le film s’est glissé système de circulation d’eau permettant
en tête du hit-parade américain dès son lancement d’économiser jusqu’à 40 % d’énergie,
et s’impose, à sa sortie en Europe, comme l’un des plus les équipes ont pu affronter la complexité
grands succès de l’histoire de l’animation 3D. d’un projet d’une telle ampleur et la
transformer en véritable source de
Difficile d’imaginer que le nouveau Bruno Mahé, Head of Technology chez créativité.
fleuron du cinéma d’animation en relief Mac Guff. Afin de réaliser le projet, 330
a été réalisé au fond d’un parking du 15e artistes et autres collaborateurs ont “L’étroite collaboration avec Illumination
arrondissement. Pourtant, c’est bien là, travaillé sur le film. Entertainment nous a familiarisés avec
dans les locaux parisiens de Mac Guff que les méthodes de travail des monstres
Gru, le héros aussi méchant qu’attachant Des machines au service hollywoodiens. Plus largement, réussir
du film Moi, moche et méchant a com- de la création à faire travailler autant de talents nous
mencé à se mouvoir. a permis d’atteindre le plus haut niveau
Pour réussir à coordonner tous leurs d’exigence que nous pouvions espérer”,
La gestation a été longue. Pas moins travaux et obtenir la puissance de calcul conclut Bruno Mahé.
de douze mois ont été nécessaires pour que nécessite la 3D relief, l’équipe a dû
réaliser l’ensemble de l’animation du configurer dans les meilleurs délais une Outre-Atlantique, Chris Meledandri,
film, de la pré-production à la livraison batterie de serveurs dédiés : mémoire producteur de Moi, moche et méchant
des images finales. Il faut dire que les gargantuesque, machines peu consom- et fondateur du studio Illumination
besoins étaient colossaux : “Avec Moi, matrices en énergie, émettant le moins Entertainment se félicite d’avoir choisi
moche et méchant, nous avons dû de chaleur possible, le tout tenant sur Mac Guff : “nous avons pu donner vie
changer d’échelle et mettre en place quatre places de parking… “Notre choix à notre vision créative en réalisant un
de véritables process industriels pour s’est vite porté sur les solutions IBM film merveilleusement divertissant et
tenir la cadence et réaliser quelque car lorsque nous avons commencé à ouvrir la voie à de nombreux projets qui
500 000 images par semaine” explique travailler, aucun autre fournisseur ne pourront être ainsi développés”. •

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30 Think

Lecture

Quand la société s’immisce


dans la fabrique des décisions
OGM, vache folle, déchets Les règles du jeu entre scientifiques, politiques
nucléaires, amiante ou encore et société civile semblent en passe d’évoluer.
tabac... Autant de débats D’abord biaisées, en faveur d’une monopolisation
des décisions par le duo experts/gouvernants
qui ne sont plus le monopole
(démocratie délégative), elles requièrent
des experts scientifiques. désormais le concours de la société (démocratie
Les “profanes” ont désormais dialogique). Le point de vue et les attentes de
aussi leur mot à dire. cette dernière sont de plus en plus pris en
Le temps où les dirigeants compte, notamment sur les sujets qui font
politiques s’appuyaient polémiques, dans une démarche d’acceptabilité
sur la seule caution technique sociale.
pour justifier leurs actions
est révolu ou du moins atténué. Les “forums hybrides” (conférences de citoyens,
Le pouvoir croissant de la Commission nationale du débat public, etc.), “Agir dans un monde
lieu naturel où s’opère cette confrontation entre incertain : essai sur
société dans les processus de
experts, profanes et décideurs, permettent la démocratie technique”,
décisions soulève de nouvelles d’établir une véritable gouvernance publique Yannick Barthe,
questions. Mais il constitue où la société contribue à la fabrique des décisions. Michel Callon,
aussi une ressource précieuse Dans ce cadre, les incertitudes sont prises en Pierre Lascoumes,
que ne peuvent ignorer charge par de multiples groupes qui explorent, Editions du Seuil, 2001,
les décisionnaires de demain. discutent et négocient. 358 pages, 23 euros.

Un public de non-experts peut-il contribuer Construire une nouvelle conception de la


efficacement à l’élaboration des règles sur des décision, renouvelable, réversible et engageant
sujets aussi techniques que les biotechnologies des individus d’horizons divers, doit permettre
par exemple ? Les sociologues Michel Callon, aux politiques comme aux entrepreneurs d’agir
Pierre Lascoumes et Yannick Barthe en font dans un monde de plus en plus complexe.
le pari dans Agir dans un monde incertain, un L’écoute et l’expérience du terrain, à l’opposé
essai ambitieux et stimulant sur la démocratie du dirigeant caché dans un laboratoire ou
technique. Leur objectif : légitimer les aspirations derrière son bureau, constituent les fondements
des citoyens à s’immiscer dans les processus d’une action mesurée et ancrée dans la réalité.
de décisions, et promouvoir une façon éclairée Face aux nouvelles incertitudes, l’apport que
de penser les actions politiques et leur genèse. constituent les aspirations de la société n’a
jamais été aussi précieux. La remise en cause
constante des théories établies doit permettre
aux décisionnaires de demain d’aller plus loin,
plus intelligemment. •

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