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Le 21/01/11
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Paragraphe 2: La protection des domaines respectifs de la loi et du règlement.
Tout en mettant en place un mécanisme qui repose sur une séparation des domaines, le constituant a mis en
place des mécanismes protecteurs des domaines, et plus précisément du domaine du règlement.
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qui est compétent pour les ordonnances. L'autre chef de compétence du président concerne les décrets
délibérés en conseil des ministres.
Le 25/01/11
Pour les décrets, le texte constitutionnel pose le principe d'une compétence du président, qui est une
compétence procédurale. La C° ne réserve pas au président un champ de compétence en fonction des
matières, des domaines concernés. Le président sera compétent pour adopter un texte règlementaire, non pas
en raison de l'importance de la question traitée, mais en raison du fait que le texte aura été délibéré en conseil
des ministres. Le critère de répartition des pouvoirs entre le président et le 1er ministre dépend de la
procédure applicable et non pas de la question traitée.
Il n'y a pas de liste d'hypothèses dans lesquelles un décret doit ou ne doit pas être délibéré en conseil des
ministres. Le champs réel de la compétence règlementaire du président n'est pas facile à déterminer puisque
tout va dépendre de la configuration politique.
Qui décide de ce qu'un texte va ou ne pas passer en conseil des ministres? Cette décision est prise d'un
commun accord entre le président et le 1er ministre. De cette détermination va dépendre la compétence
règlementaire.
Plus il y a un accord entre le président et le 1er ministre, plus on fera passer de textes en conseil des
ministres, plus le président aura une compétence règlementaire. Si l'on est en période de cohabitation, la
tendance sera l'inverse, la tentation pour le 1er ministre sera de ne rien faire passer comme texte
règlementaire en conseil des ministres, la totalité du pouvoir règlementaire sera dans les mains du 1er
ministre.
Tout va dépendre de l'accord politique entre le président et le 1er ministre.
La question ne porte pas simplement sur l'adoption d'un texte donné, elle a des conséquences pour l'avenir,
puisque le CE a indiqué dans un arrêt de 1992 (arrêt Meyet), que l'autorité compétente pour modifier ou
abroger un texte règlementaire est nécessairement celle qui a adopté le texte règlementaire en question.
Cela signifie que si un texte a été adopté par le président de la république, il ne peut plus être modifié ou
abrogé que par cette même autorité.
Le président peut ainsi verrouiller des textes, dés lors qu'il sait que lorsqu'il aura signé un texte en conseil des
ministres, il ne pourra plus être modifié ou abrogé sans son accord.
Cette disposition a pu être utilisée en période de cohabitation.
La règle est que le 1er ministre est compétent par principe sauf dans les cas visés à l'article 13. Le président
est compétent dés lors que le décret est délibéré en conseil des ministres.
La répartition des rôles en matière administrative n'est pas définitivement tranchée, cela relève de pratiques
politiques et de la manière dont les pouvoirs sont distribués dans notre ordre constitutionnel.
Ces règles sont totalement bouleversées lorsqu'il est fait application de l'article 16 C°. Dans ce cas, c'est le
président qui va concentrer tous les pouvoirs. Le 1er ministre s'efface devant le président de la république.
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• Les ministres responsables pour le président pcq le président n'est pas responsable, alors que le
gouvernement l'est.
• Le contre-seing n'a aucun effet sur la compétence. Certes, les ministres signent les textes, mais ça ne
les rend pas compétents pour modifier ou adopter les dits textes, le contre-seing n'est rien d'autre
qu'une formalité, qui n'a pas d'incidence sur les règles de compétence.
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Cette question a des incidences contentieuses très lourdes.
S'il est des cas ou l'administration est obligée d'exercer son pouvoir règlementaire, les citoyens vont pouvoir
aller devant le JA et la contraindre à agir si elle ne le fait pas.
Il est des cas ou l'administration va être obligée d'édicter une norme règlementaire, dans d'autres cas, elle a
l'obligation de supprimer une ou des normes règlementaires.
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L'administration ne peut pas laisser dans l'ordonnancement juridique une règle de droit illégale. S'il y a un
règlement illégal, les citoyens peuvent demander à l'administration de le supprimer. Si elle ne le fait pas, les
citoyens demandent au JA d'annuler la décision de refus.
Cette décision permet de contourner les règles sur les délais administratifs.
Que faut-il entendre par acte pris par l'administration? Problème de détermination du champs
personnel de l'acte administratif. Que faut-il englober sous l'appellation « administration »?
Le problème se pose pour des structures qu'on ne présente pas traditionnellement comme relevant de
l'administration et qui sont pour autant des organismes relevant de l'administration, notamment pour le
parlement et les juridictions.
Le parlement, au delà de sa mission d'élaboration de la loi, est aussi une administration, qui doit vivre
comme vit toute administration. Les responsables de cette administration vont devoir prendre des décisions
qui ne sont pas des actes législatifs, mais des actes administratifs. Au delà de la fonction législative du
parlement, il y a une fonction administrative.
Le problème a été de savoir s'il était possible que le JA connaisse de la fonction administrative du
parlement, ou est ce que le JA ne pouvait pas connaître de ce qui pouvait être considéré comme
relevant de la fonction administrative du parlement?
Pouvait-on admettre que le JA connaisse des litiges relatifs aux concours de fonctionnaires de
l'administration parlementaire?
L'état du droit sur cette question a évolué. Pendant longtemps, les actes du parlement ont été considérés
comme échappant totalement à la compétence du JA.
Il a d'abord évolué à propos du personnel des assemblées parlementaires. Le JA a accepté de connaître des
litiges relatifs au recrutement des agents de la fonction publique.
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Dans un arrêt du CE, 1999, Président de l'A.N, le CE a jugé que les actes administratifs relatifs à la
passation de marchés publics pouvaient relever du champ de sa compétence. Dorénavant, il y a une
dissociation entre la fonction législative du parlement et la fonction administrative des assemblées.
Le même type de question s'est posé pour les juridictions. Le problème va être de distinguer l'acte
juridictionnel de l'acte administratif.
Le JA n'a pas à connaître de l'acte juridictionnel, ou bien uniquement pcq il est JA, mais les juridictions sont
également des administrations. Le JA a dû déterminer quelle était la ligne de partage entre la décision
juridictionnelle (qui ne pouvait pas faire l'objet d'un contrôle) et ce qui pouvait être considéré comme étant
l'émanation d'une décision administrative.
Le critère dégagé est que sont des actes administratifs les actes relatifs à l'organisation du SP de la justice.
Lorsque l'on est face à un acte qui apparaît comme étant un acte relatif à l'organisation du SP de la justice, le
JA aura compétence.
Cette jurisprudence a posé problème pour le conseil constitutionnel. Le CE peut-il avoir à juger de
certaines décisions prises par le conseil constitutionnel, non pas en tant que juridiction
constitutionnelle, mais en tant qu'organe administratif?
Le CE s'est montré extrêmement prudent. Pour l'instant, il a systématiquement refusé de connaître de
décisions prises par le conseil constitutionnel alors même que certaines d'entre elles pouvaient apparaître
comme étant très éloignées de l'exercice d'une fonction juridictionnelle.
→ arrêt de 2002, Brouant: étaient en jeu les règles fixées par le conseil constitutionnel pour l'accès à ses
archives. M. Brouant considérait qu'il devait avoir accès aux archives du Conseil constitutionnel, qui lui
refusait cet accès. Il a contesté devant le CE ce refus et les règles posées par le conseil constitutionnel.
Le CE refuse de se prononcer sur les règles posées par le conseil constitutionnel pour l'accès à ses archives
en jugeant que ces règles ne sont pas détachables de l'exercice de ses missions juridictionnelles.
→ arrêt de 2005, Moitry: un requérant avait contesté le fait que soit publié sur le site du conseil
constitutionnel les décisions de ce dernier et les commentaires faits par le secrétaire général du conseil
constitutionnel.
Le CE a considéré que la décision n'était pas un acte administratif, pcq non détachable de l'exercice de la
fonction juridictionnelle du conseil constitutionnel.
La solution dégagée par le CE à propos du conseil constitutionnel est beaucoup plus prudente que celle
dégagée pour les autres juridictions.
Le 1/02/11
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Section 2: le critère matériel.
Qu'est ce qu'une décision administrative? Qu'est ce qu'un acte administratif susceptible de recours?
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Il existe un cas dans lequel un acte préparatoire peut faire l'objet d'un recours contentieux, c'est le cas des
délibérations des assemblées locales, qui ne sont donc pas des décisions à proprement parle et qui seront
donc considérés comme des actes préparatoires. Ces actes non-décisoires peuvent faire l'objet d'un déféré
préfectoral, càd qu'ils seront transmis au juge administratif. (arrêt CE, 1996, Syndicat CGT des
hospitaliers de Bédarieux).
C) Les circulaires.
L'administration française raffole des circulaires, elle en produit énormément. Les circulaires ont pour objet
de préciser au service administratif comment telle ou telle disposition doit être appliquée. Les circulaires sont
le plus souvent émises par les ministres; les services du ministre vont adresser à l'ensemble des services
dépendant du ministère des consignes sur l'application d'un texte.
Ce sont des textes un peu internes à l'administration.
Souvent, les circulaires sont autre chose. La question s'est posée de savoir quel devait être le statut juridique
de ces circulaires. Doit-on considérer qu'il s'agit de décisions administratives ou non?
Le CE a élaboré un véritable statut juridique des circulaires.
L'arrêt de principe jusqu'en 2002 était l'arrêt Notre Dame du Kreisker, 1954. dans cet arrêt, le CE avait
opéré une distinction selon que la circulaire était ou non dotée d'un caractère règlementaire. Si elle est dotée
d'un caractère règlementaire, elle peut faire l'objet d'un recours contentieux. Si, au contraire, il s'agit
seulement d'une circulaire interprétative, elle ne pouvait pas être contestée devant le juge.
Intervient en 2002 un nouvel arrêt, l'arrêt Duvignères, 18 décembre 2002, qui va modifier le critère de
départ entre les différentes circulaires. Ce critère n'est plus son caractère règlementaire, mais son caractère
impératif. Vont être considérées comme décisoires, normatives les circulaires qui présentent un caractère
impératif, càd celles qui obligent l'administration à adopter un comportement déterminé, qui obligent les
agents à tenir une conduite particulière.
En 2004, a été adoptée la loi prohibant le port de signes religieux dans les établissements scolaires. Les
ministres concernés ont, par circulaire, précisé comment la loi devait être interprétée. La circulaire va fournir
une liste des signes qui doivent être considérés comme manifestant de manière ostensible l'appartenance à
une religion.
Le CE a été saisi d'un recours contre cette circulaire. Le 1er problème qui se posait était de savoir si le
recours était possible. Le CE a répondu que oui, pcq il y avait un texte qui imposaient aux directeurs
d'établissement de suivre les dispositions de la loi. (arrêt CE, 2004, Union française pour la cohésion
nationale).
Si la circulaire n'est pas impérative, s'il s'agit simplement d'un conseil, la circulaire est considérée comme
n'étant qu'indicative. Dans ce cas, elle ne peut pas faire l'objet d'un recours.
Si la circulaire est impérative, il y a 3 cas de figure:
⁃ la circulaire est impérative. On peut former un REP. La circulaire se contente de reprendre les textes
applicables et d'en prescrire l'application, elle ne rajoute rien au droit existant. Dans ce cas, le REP
peut être formé contre la circulaire mais le recours ne pourra pas prospérer, pcq considéré par le juge
comme dépourvu de fondement pcq la circulaire ne soulèvera pas de problème quant à sa légalité.
⁃ (arrêt Union française pour la cohésion nationale, le REP était recevable mais le juge a considéré que
la circulaire ne rajoutait rien au droit français. Elle a été jugée légale.)
⁃ la circulaire est impérative et va obliger les administrés à qqc qui n'est pas prévu par les textes.
Dans la circulaire, le ministre prévoit une obligation qui n'avait pas été posée par les textes
applicables.
⁃ Dans ce cas, la circulaire est un acte qui est adopté par le ministre, or les ministres n'ont pas de
pouvoir règlementaire, ils n'en ont que si le 1er ministre leur a exclusivement délégué. Les ministres
vont donc édicter des normes qu'ils n'ont pas le pouvoir de prendre. La circulaire ne peut être
régulière que si elle a trait à l'organisation des service relevant dudit ministre
→ arrêt Mme Lavergne, 2009: il s'agissait d'une circulaire relative à la loi sur la transmission des noms du
père et de la mère.
Une circulaire précisait la manière dont cette transmission devait se faire. Le ministre a voulu éviter qu'il
puisse y avoir des confusions, la circulaire imposait donc que soit ajouté entre le nom de la mère et le nom
du père un double tiret.
Le CE a eu à se prononcer sur la légalité de cette circulaire. Elle a été annulée pour incompétence.
L'incompétence peut venir de 2 choses, de ce que le ministre qui est auteur de la circulaire était incompétent,
ou à ce que la circulaire empiétait sur le champs de l'article 34 C°.
⁃ la circulaire est impérative, elle se contente de reprendre le droit existant, mais ce qui pose
problème, c'est ce droit existant, qui apparaît incompatible avec des normes supérieures.
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⁃ La circulaire va reprendre un droit contraire au principe de légalité.
⁃ Dans ce cas, il est possible de faire un recours contre la circulaire. Même si la circulaire n'a pas en
tant que telle de portée normative, la jurisprudence Duvignères va imposer l'annulation de la
circulaire pour illégalité interne, la violation d'une norme supérieure.
Le problème est que les circulaires ne sont pas forcément connues. Les circulaires sont des actes qui ont,
normalement, pour vocation d'être interne à l'administration, sans que les citoyens en aient forcément
connaissance.
Des textes sont intervenus pour développer l'information en matière de circulaires. Un décret de 2008 (8
décembre) a posé pour principe que « les circulaires adressées par les ministres à ses services sont tenues à
la disposition du public sur un site internet ».
www.circulaires.gouv.fr
une circulaire ne figurant pas sur le site n'est pas applicable. L'administration ne doit pas pouvoir s'en
prévaloir à l'encontre d'un administré. Le site est plus ou moins opérationnel, on ne trouve pas toutes les
circulaires, et en réalité, l'administration applique parfois des circulaires qui ne figurent pas sur le site
internet.
D) Les directives.
La directive ressemble à certains égards à la circulaire, c'est également une instruction donnée par un chef de
service à ses subordonnés mais la directive n'a pas pour objet d'interpréter de manière générale un texte
donné, l'objet de la directive est de déterminer dans des hypothèses précises la réponse que l'administration
doit donner à des questions, des demandes présentées par les citoyens.
La directive est une ligne de conduite pour traiter des cas personnels. Son but est d'harmoniser la réponse de
l'administration, notamment lorsque les textes applicables laissent une certaine marche de manœuvre à
l'autorité administrative.
La question s'est posée de savoir quel devait être le régime juridique des directives.
→ arrêt Crédit Foncier de France, 1970.
La directive n'est pas considérée comme une décision administrative, elle ne peut donc pas, en tant que telle,
faire l'objet d'un recours. Mais il est possible de contester l'application ou la non-application qui en est faite
par l'administration, càd que l'on va pouvoir, lors d'un recours dirigé contre la décision administrative qui
nous concerne, invoquer l'illégalité de la directive si elle a été appliquée, soit invoquer l'application de la
directive si elle ne nous a pas été appliqué.
On peut donc se prévaloir de la directive de 2 manières.
Ce recours est différent de celui qui existe pour les circulaires.
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On rencontre les mesures d'ordre intérieur dans les principaux secteurs de l'activité administrative, qui
mettent en œuvre un pouvoir quotidien sur les administrés.
Il y 2 hypothèses dans lesquelles, en tant que citoyen, nous sommes dans une situation de rapport quotidien
avec l'administration.
⁃ c'est le cas lorsque l'on se trouve dans un établissement scolaire.
⁃ C'est le cas lorsque l'on se trouve dans un établissement pénitentiaire.
Les champs dans lesquels on rencontre les mesures d'ordre intérieur sont ces 2 champs.
• le secteur scolaire:
en matière scolaire, l'administration est amenée à prendre des décision très fréquentes, qui sont des décisions
de gestion au quotidien.
Ex: le fait d'être affecté en 6°D au lieu de 6°C est une mesure d'ordre intérieur.
La seule limite en la matière tient à ce qu'il ne faut pas que ces décisions sur l'affectation puissent avoir des
répercussions sur l'orientation professionnelle des élèves.
Ce n'est pas dans ce domaine que la question des mesures d'ordre intérieur a posé le plus de problèmes.
• Le secteur pénitentiaire.
Le 2nd secteur dans lequel on rencontre des mesures d'ordre intérieur est le secteur pénitentiaire, pcq on est
face à une hypothèse dans laquelle l'administration est en contact quotidien avec les administrés.
Il y a eu, jusqu'au milieu des années 90, un véritable scandale, pcq la jurisprudence administrative
considérait que les décisions prises par le SP pénitentiaire à l'égard des administrés étaient systématiquement
des mesures d'ordre interne. Si l'on était condamné à une peine, on allait en prison et était placé dans les
mains de l'administration pénitentiaire. L'administration avait le pouvoir de donner des sanctions à l'encontre
des prisonniers. L'organisation de la peine, les modalités d'exercice de la peine relèvent de l'administration
pénitentiaire.
Si un prisonnier décidait de contester une décision prise par l'administration pénitentiaire, il ne pouvait pas
avoir accès au juge.
Le droit de la CEDH a entrainé de profondes évolutions. La France a été condamnée à plusieurs reprises. Un
des chefs de condamnation le plus fréquent reposait sur l'article 6§1 CEDH.
Le CE a fait évoluer sa jurisprudence, en 1995, avec l'arrêt Marie. Dans cet arrêt, le JA a considéré que les
sanctions infligées aux détenus ne pouvaient plus être considérées comme des mesures d'ordre intérieur.
Elles sont par principe des actes faisant grief, susceptible de faire l'objet d'un REP.
La seule limite à cette jurisprudence va concerner les sanctions dont les effets sont limités à la fois dans leur
contenu et dans le temps.
→ arrêt CE, 2003, Ministre de la Justice contre Frerot, le CE a jugé que le placement d'un détenu dans
une cellule disciplinaire pendant 3 jours est une mesure d'ordre intérieur puisque la mesure est provisoire et
d'une durée brève.
Cette jurisprudence Marie a été confirmée et étendue par plusieurs arrêts, dont 3 arrêts rendus le 14
décembre 2007. Dans ces 3 arrêts, l'administration va prendre des mesures qui ne sont pas à proprement
parler des sanctions, mais elle va prendre des mesures qui relèvent de la gestion administrative de la prison.
→ arrêt Boussouar: le détenu avait fait l'objet d'un changement d'affectation. Il était passé d'un
établissement pour peine à une maison d'arrêt, non pas pour le sanctionner, mais à titre de gestion
administrative du service. Ce changement d'affectation avait des conséquences.
Le CE a jugé que ce changement d'affectation était une mesure susceptible de recours.
→ arrêt Payet: le détenu faisait l'objet d'une rotation de sécurité, càd un changement d'affectation régulier.
Le CE a considéré que la décision était une mesure faisant grief.
→ arrêt Planchenault: l'administration avait privé le détenu de l'emploi qu'il exerçait pendant son
incarcération. Le CE a considéré qu'il y avait là un acte susceptible de donner prise à un contrôle
juridictionnel.
Ces 3 arrêts ont considérablement accru les droits des personnes détenues, puisque la plupart des décisions
prises par l'administration pénitentiaire vont pouvoir donner lieu à un contrôle juridictionnel.
La tendance lourde est donc à la réduction des mesures d'ordre intérieur, notamment dans le secteur
pénitentiaire.
Le champs du contrôle du JA s'étend.
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Les critères de distinction tiennent au destinataire de l'acte.
Les actes règlementaires ont une portée générale et abstraite, ils ne s'adressent pas à une personne en
particulier mais à un ensemble de personnes non désignées, ils vont poser des règles qui sont générales.
L'acte individuel va viser une ou des personnes spécifiquement désignées.
Il arrive que l'on supprime des séries de médicaments de la liste de médicaments remboursables.
Ces arrêtés sont-ils des actes règlementaires ou des actes individuels?
Si l'on se place du coté des laboratoires, l'acte peut apparaître comme étant individuel. Si l'on se place du
coté des assurés sociaux, l'acte peut apparaître comme étant règlementaire.
La distinction doit être opérée pcq le régime juridique de ces actes n'est pas le même. Il y a une distinction
quant aux modalités en vigueur de l'acte, les actes règlementaires doivent être publiés et les actes individuels
doivent être notifiés.
En matière de contentieux, celui des actes individuels est encadré par la règle selon laquelle on ne peut
attaquer un acte que dans le délai de 2 mois suivant la notification de l'acte. Pour les actes règlementaires,
l'état de droit est plus complexe. Le délai est de 2 mois à compter de la publication mais il est possible de
dépasser ce délai, soit en excipant de l'illégalité de l'acte règlementaire, soit en demandant l'abrogation d'un
acte règlementaire illégal.
Le 8/02/2011
La distinction acte règlementaire/ acte individuel ne couvre pas tous les actes administratifs puisqu'il existe
des actes administratifs qui ne sont ni règlementaires ni individuels. Ce sont des actes qui vont emprunter à
certains égards au régime des actes règlementaires et à d'autres égards au régime des actes individuels.
Ce sont des actes qui n'ont pas une portée individuelle, en ce sens qu'ils ne précisent pas le champs de leur
destinataire.
Cette catégorie des actes dits « mixtes » est symbolisée par un acte, la déclaration d'utilité publique. Elle
intervient dans le cadre de la procédure d'expropriation, qui déclare le projet d'expropriation comme étant
d'utilité publique, et qui va permettre à l'administration d'exproprier, mais elle n'identifie pas les personnes
qui vont effectivement être expropriées.
Le juge considère que dans la mesure ou il ne s'agit pas d'un acte individuel, la déclaration d'utilité publique
n'a pas besoin d'être notifiée aux personnes qui entrent dans le champs d'application de l'opération, mais pour
autant, comme il ne s'agit pas d'un acte règlementaire, l'exception d'illégalité n'est pas perpétuelle, en
principe, contre cet acte.
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été reconnue. Les actes administratifs unilatéraux ne peuvent être adoptés que par des autorités
administratives qui ont compétence pour les prendre.
Ces questions de compétence relèvent du champs des moyens d'ordre public, càd que le juge administratif
pourra les sanctionner, même si les parties ne lui auront pas demandé de le faire.
Un moyen d'ordre public est un moyen que le juge peut relever d'office.
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D'un point de vue contentieux, les règles de forme et de procédure sont moins importantes que les règles de
compétence.
Les règles de compétence constituent des moyens d'ordre public, le juge pourra les sanctionner même si le
requérant n'a pas pensé à les soulever.
Les règles de forme et de procédure ne donneront pas systématiquement lieu à une sanction du juge,
puisqu'elles ne seront sanctionnées que si le juge considère que les règles violées étaient des règles
substantielles.
Le juge va hiérarchiser les règles, certaines seront considérées comme substantielles, leur violation
entrainera donc l'annulation de l'acte, d'autres seront considérées comme n'étant pas substantielles et ne
justifiant pas la remise en cause de l'acte.
Les exigences formelles et procédurales ont tendance à se développer, le but étant de renforcer la
transparence administrative, mais également de renforcer la participation, l'information des administrés.
Se développent de plus en plus des formules de consultation des administrés.
A) La consultation.
Les organismes consultatifs prolifèrent, et il y a très peu de décisions administrative qui peuvent être
adoptées sans la consultation d'organismes spéciaux, de conseils ou des citoyens eux-mêmes.
C'est le cas pour les grands projets d'aménagement, pour l'adoption des règles d'urbanismes, on organise une
procédure qui repose sur la consultation des administrés.
La consultation des administrés:
Ces procédures de consultation peuvent prendre différentes formes, cela peut être un débat public, une
enquête publique, une procédure de concertation qui doit être suivie lors d'un certain nombre de projets
d'aménagement qui ne relèvent pas du débat public.
Ces procédures ont pour objet de garantir une certaine information des administrés et leur permettre de faire
valoir leurs arguments.
La consultation peut aussi être la consultation d'organismes experts. Dans un grand nombre de domaines,
l'administration doit solliciter l'avis d'organismes spécialisés. C'est principalement le cas en matière
d'hygiène.
Une distinction doit être faite entre la portée de ces procédures de consultation.
3 hypothèses:
⁃ la consultation est facultative:
C'est l'hypothèse la plus simple et la plus confortable, puisque les textes permettent à l'administration de
consulter si elle le souhaite, mais elle n'est pas tenue de le faire. Si elle le fait, elle n'est pas obligée de suivre
l'avis qui aura été rendu.
⁃ la consultation donne lieu à ce que le juge appelle un avis simple:
l'avis simple suppose pour l'administration l'obligation de solliciter l'avis, mais elle n'est pas obligée de
suivre l'avis qui aura été rendu. C'est la procédure la plus courant dans le droit administratif.
Le fait de devoir demander un avis implique pour l'administration un certain nombre de contraintes
politiques et médiatiques, pcq si un avis négatif est rendu par un organisme expert et que l'administration
décide de passer outre, cela fait mauvais effet.
D'un point de vue juridique, une fois que l'administration a sollicité l'avis et qu'il a été rendu, elle ne peut
plus modifier de manière trop substantielle son projet. Si elle veut modifier son projet, elle va devoir
solliciter un nouvel avis, puisque dés lors que l'avis aura été rendu, il l'aura été à propos d'un projet donné.
⁃ la consultation donne lieu à un avis conforme.
La procédure d'avis conforme va correspondre au cas dans lequel l'administration doit solliciter l'avis, mais
elle doit aussi le suivre. Dans ce cas, son pouvoir décisionnel est très limité, puisqu'elle doit nécessairement
suivre l'avis de l'organisme qui aura été consulté.
On rencontre cette hypothèse dans le cadre de la consultation des architectes des bâtiments de France pour
tout ce qui concerne les travaux sur les monuments.
Dans ce cas de figure, l'administration est obligée de suivre l'avis. La jurisprudence va en tirer la
conséquence suivante, elle va considérer que dans ce cas de figure, il y a pour l'adoption de l'acte un partage
de compétences. L'acte va être considéré comme adopté conjointement par l'autorité administrative et
l'organisme qui aura été consulté. L'autorité administrative est tenue par les termes de l'avis.
Cela se traduit par le fait que l'absence d'avis conforme ou le fait pour l'administration de ne pas respecter les
termes d'un tel avis constitue un vice de compétence. La conséquence en est qu'il va s'agir d'un moyen
d'ordre public.
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B) La contradiction.
Dans un certain nombre de cas, l'administration va devoir respecter une procédure contradictoire.
La contradiction a d'abord fait son entrée dans la procédure administrative contentieuse, et on l'a
progressivement vu apparaître dans la procédure non contentieuse,
Dans l'arrêt de 1944, Dame Veuve Tronpier Gravier, le juge administratif a dégagé le PGD selon lequel
l'administration doit respecter les droits de la défense.
La contradiction a connu une consécration textuelle avec la loi du 12 avril 2000 sur les rapports entre
l'administration et les citoyens. Elle impose dans son article 24 qu'un certain nombre de décisions
individuelles ne puissent être adoptées sans respect du contradictoire.
Le champs exacte de l'application renvoie aux décisions individuelles soumises à l'obligation de motivation.
Sont concernées, à priori, les décisions administratives défavorables.
Il y a un type de décisions individuelles défavorables qui ne relèvent pas du champs d'application de la loi, ce
sont les décisions relatives aux relations de l'administration avec ses agents.
La loi du 12 avril 2000 impose que la décision ne puisse être adoptée sans que la personne concernée ait été
mise à même de présenter des observations écrites.
A sa demande, la personne concernée doit pouvoir présenter des observations orales, avant la prise de
décision. Elle doit pouvoir être entendue par l'administration. Dans ce cas de figure, la personne peut être
représentée par un conseiller juridique.
Cette obligation d'être entendue va pouvoir être écartée en cas d'urgence mais le principe est que si
l'administration veut prendre une décision défavorable à l'encontre d'une personne qui n'est pas un agent, elle
doit lui permettre d'être entendue.
Cette règle ne joue pas dans les relations de l'administration avec ses agents.
Le juge considère qu'un ordre verbal donné par une autorité administrative peut constituer une décision
administrative.
L'autre hypothèse est le cas des décisions implicites. En effet, le droit administratif a réglé la question du
silence de l'administration.
Lorsque l'administration garde le silence sur une demande qui lui est faite, ce silence vaut décision de rejet.
Le silence gardé par l'administration pendant un délai de 2 mois sur une demande qui lui a été faite vaut
décision de rejet.
Cette règle est très importante.
L'administration ne peut pas se cacher derrière son silence. Le délai est de 2 mois.
Il existe à cette solution de principe un certain nombre d'exceptions, càd d'hypothèses dans lesquelles le
silence gardé par l'administration pourra valoir décision positive.
Ex: le permis de construire. Le silence gardé par l'administration vaut acceptation du permis et non refus.
L'article 4 de la loi du 12 avril 2000 précise que toute décision prise par une autorité administrative doit
comporter, outre la signature de son auteur, la mention en caractère lisible du prénom, du nom et de la qualité
de celui-ci. La règle a été posée pour vérifier la compétence de l'auteur de l'acte. Pour assurer le contrôle des
règles de compétence, il faut que les citoyens sachent à qui rattacher l'acte.
B) La motivation de l'acte.
Cette question de la motivation est importante pcq c'est le seul moyen pour les citoyens de savoir pourquoi
l'administration a pris une décision donnée. La motivation est donc essentielle pour permettre aux citoyens
de contester une décision, au titre de la légalité interne de la décision.
La motivation participe de la légalité de l'état de droit, et de la transparence du droit administratif.
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L'exigence de motivation a été posée par une loi du 11 juillet 1979, qui va obliger l'administration à préciser
la motivation d'un certain nombre d'actes administratifs.
La loi de 1979 ne concerne que les décisions individuelles, les actes règlementaires de l'administration n'ont
donc jamais besoin d'être motivés. On considère que l'administration doit pouvoir poser des règles générales
sans avoir besoin de les justifier.
Elle ne vaut pas pour toutes les décisions individuelles. Si la décision individuelle est favorable, elle n'aura
pas besoin d'être motivée, l'idée étant qu'un citoyen n'a pas besoin de savoir pourquoi l'administration prend
une décision qui le satisfait.
Les hypothèses dans lesquelles l'administration va devoir motiver vont concerner les décisions individuelles
défavorables et plus précisément, l'administration devra motiver:
⁃ les décisions par lesquelles elle inflige une sanction,
⁃ les décisions de police,
⁃ les décisions subordonnant l'octroi d'une autorisation à des conditions restrictives,
⁃ les décisions refusant un avantage à un administré lorsque l'octroi de cet avantage constitue un droit
pour la personne remplissant les conditions légales permettant d'obtenir l'avantage.
Les décisions négatives de l'administration vont devoir faire l'objet d'une motivation, sauf dans les cas dans
lesquels l'administration va pouvoir invoquer le secret de la défense nationale, les atteintes possibles au
secret médical et l'urgence absolue.
Cette motivation va devoir comporter les considérations de fait et de droit qui constituent le fondement de la
décision administrative. L'administration ne peut pas, lorsque l'on est dans un cas de décision négative, se
contenter d'une motivation standard, elle doit adapter sa motivation à la situation.
Une décision administrative qui n'aurait pas été motivée et qui aurait du l'être est illégale. Cela constitue un
vice de forme substantiel, entrainant la remise en cause de l'acte.
Les décisions implicites sont normalement des décisions de refus, elles devraient être motivées en
application de la loi de 1979. Ce qui est imposé à l'administration, c'est l'obligation de communiquer à
l'administré qui en ferait la demande les raisons ayant motivé la décision implicite négative.
Dans ce cas, la demande de l'administré doit être formulée dans le délai de recours contentieux.
La loi va dresser une liste de documents qui ne seront pas communicables, elle va distinguer 2 cas.
Dans un certain nombre de cas, le document est non-communicable. D'autres documents ne peuvent être
communiqués qu'à la personne concernée.
Pour les 1ers, sont visés de manière assez évidente les documents protégés par le secret défense, les
documents dont la consultation pourrait porter atteinte à la conduite de la politique extérieure de la France,
les documents pouvant porter atteinte à la monnaie, les documents relatifs à la sureté de l'état.
Ne peuvent également être communiqués les avis du Conseil d'état. L'avis du conseil d'état sur les textes n'est
pas public, et l'on ne peut pas demander à ce que nous soit transmis les avis.
Pour les 2es, on retrouve des documents administratifs dont la communication pourrait porter atteinte à la
protection du secret médical, des documents dont la divulgation porterait atteinte à la protection de la vie
privée, des documents administratifs portant un jugement de valeur sur une personne donnée.
Tout autre document administratif doit être communiqué à toute personne qui en ferait la demande.
17
Paragraphe 2: La procédure applicable.
Le principe est que le droit d'accès aux documents administratifs va pouvoir s'exercer de différentes
manières, au choix du demandeur.
→ Celui-ci doit pouvoir consulter le document sur place, cette consultation devant nécessairement être
gratuite.
→ Le demandeur doit également pouvoir bénéficier d'une copie du document. Si l'on se fait envoyer le
document, on doit payer les frais si l'administration le demande.
→ Si le document existe sous forme électronique, il doit être possible d'en avoir communication par mail,
sans frais possible.
Le 15/02/2011
18
Paragraphe 2: Les mesures de publicité.
L'entrée en vigueur d'un acte administratif unilatéral dépend de l'accomplissement de mesures de publicité.
Les règles applicables en la matière ont varié selon la nature juridique de l'acte, selon qu'il s'agit d'un acte
règlementaire ou individuel.
Pour les actes règlementaires, le principe est que nous devons tous connaître les mesures générales qui ont
vocation à s'appliquer. L'administration est tenue d'une obligation de publication des actes règlementaires
(arrêt Syndicat des commissaires et des hauts fonctionnaires de la police nationale, 2003, le CE a
consacré comme un PGD l'obligation de publier dans un délai raisonnable les règlements édictés par
l'administration). Faute de publication des actes règlementaires, ils ne peuvent pas entrer en vigueur.
Le principe est que la plupart des actes pris par les autorités administratives centrales vont être publiés au JO.
Il en va ainsi, en application d'une ordonnance du 20 février 2004, pour les ordonnances, les décrets et les
autres actes administratifs lorsqu'une loi ou un décret le prévoit.
Il existe un mode de publicité particulier pour les circulaires, le principe étant que la circulaire doit se
retrouver publiée sur un site internet.
S'ils ne sont pas publiés au JO, on les retrouve dans les bulletins officiels des différents ministères.
Pour les actes administratifs locaux, il y a 2 modes de diffusion. Il y a un recueil d'actes locaux, les actes
règlementaires sont publiés dans ce recueil. L'autre mode de diffusion est l'affichage.
Ce mode de diffusion est plus confidentiel que le mode de publication des actes généraux.
Pour les actes individuels, les règles sur l'entrée en vigueur dépendent du point de savoir si l'acte est
favorable ou non à l'administré.
⁃ Si l'acte individuel est défavorable à l'administré, il n'entrera en vigueur qu'à compter de sa
notification à l'intéressé. Inversement,
⁃ si l'acte administratif est favorable à l'administré, la règle est que cet acte entrera en vigueur dés sa
signature. Cette personne va pouvoir bénéficier des effets positifs de l'acte immédiatement, sans
avoir à attendre que cet acte lui soit formellement notifié.
Certains actes individuels sont également soumis à une obligation de publicité à l'égard des tiers, il s'agit des
autorisations d'urbanismes (les permis de construire). Le Code de l'urbanisme impose que cette décision
individuelle fasse l'objet d'une publicité à l'égard des tiers, et notamment un affichage sur le terrain et en
mairie pendant 2 mois, pour permettre aux tiers d'attaquer la décision administrative. En effet, les règles sur
l'entrée en vigueur conditionnent l'effectivité de l'acte administratif mais elles ont aussi une autre fonction.
C'est à partir du moment ou les mesures de publicité auront été accomplies que les tiers pourront attaquer la
décision.
Si la décision individuelle n'a pas fait l'objet d'une mesure de publicité, les tiers ne pourront pas se voir
opposer un délai de recours.
19
Ces dérogations ont été identifiées dans un arrêt du Tribunal des conflits, 1902, Société immobilière Saint
Juste, qui va identifier les hypothèses dans lesquelles l'administration va pouvoir user d'un pouvoir
d'exécution forcée.
⁃ L'hypothèse dans laquelle la loi prévoit ce pouvoir d'office. La loi peut doter l'administration d'un
pouvoir d'exécution d'office.
⁃ Ex: la fourrière en cas de mauvais stationnement. L'administration impose par le retrait du véhicule
mal garé le respect d'une décision administrative.
⁃ L'hypothèse dans laquelle il y a urgence ou péril immédiat. Dans ce cas, l'administration va pouvoir
s'affranchir de l'obligation de recourir au juge pour procéder à l'exécution d'office.
⁃ L'urgence permet la régularité des mesures, qui sans cette urgence, seraient entachées d'illégalité.
⁃ L'hypothèse dans laquelle il n'y a pas de texte législatif spécifique, pour autant l'exécution forcée va
être admise pcq la décision dont l'administration veut obtenir l'exécution, il n'y a pas d'autre moyen
d'en obtenir l'exécution que de procéder à l'exécution d'office. Cela correspond au cas de figure dans
lequel la violation de la décision administrative n'est assortie d'aucune sanction pénale ni
administrative. L'administration ne peut pas se tourner vers le juge pour obtenir l'exécution de sa
décision.
⁃ Ex: si l'on brûle un feu rouge, une décision administrative n'aura pas été respectée, mais il y a une
sanction pénale. S'il n'y avait pas de mécanisme de sanction pénale, l'administration n'aurait d'autre
moyen que de procéder à une exécution forcée.
Si l'administration utilise l'exécution d'office, elle doit respecter le principe de proportionnalité. Le juge va
vérifier que l'exécution d'office est possible mais aussi que les moyens mis en oeuvre ne sont pas
disproportionnés par rapport à la décision administrative qu'il s'agit de faire respecter.
Il convient de distinguer 2 hypothèses, selon que la disparition décidée par l'administration sera rétroactive
ou non. L'administration peut avoir 2 tentations, elle peut vouloir remettre en cause cet acte dans le passé,
certains actes ne peuvent être remis en cause que de manière rétroactive (retrait de l'acte), elle peut
également vouloir remettre en cause l'acte pour l'avenir (l'abrogation de l'acte).
Une distinction doit être opérée selon que l'acte est ou n'est pas créateur de droit. En effet, le problème du
retrait va surtout concerner les actes que le juge considère comme étant des actes créateurs de droit au profit
des administrés, càd des actes qui sont considérés comme octroyant qqc aux administrés, comme les plaçant
dans une situation de créancier à l'égard de l'administration.
20
Quels sont les actes considérés comme créateurs de droit?
Un acte règlementaire n'est jamais créateur de droit. S'agissant des actes individuels, dés lors qu'ils sont
favorables, ils sont le plus souvent des actes créateurs de droit.
Il existe des actes individuels qui ne seront pas créateurs de droit. C'est le cas notamment des autorisations
d'occupation du domaine public.
Une catégorie a longtemps posé problème, ce sont les décisions pécuniaires de l'administration, notamment
les décisions par lesquelles l'administration octroie un avantage financier. Depuis un arrêt Soulier, 2002, le
CE considère qu'une décision accordant un avantage financier est systématiquement une décision créatrice
de droit.
À partir de 2000, l'état du droit va être modifié de manière assez brutale. On arrive à un état de droit
particulièrement mouvant.
La loi du 12 avril 2000 concerne les décisions implicites d'acceptation, càd les cas dans lesquels le silence
de l'administration vaut décision d'acceptation. Elle pose le principe selon lequel le retrait d'une décision
implicite d'acceptation est possible pendant un délai de 2 mois suivant l'émission de l'acte, ou pendant le
délai du recours contentieux s'il y a eu une mesure d'information des tiers. Cette règle avait vocation à régir
les permis de construire. Jusqu'en 2006, le retrait des permis de construire illégaux a été régi par cette loi.
Cette solution continue à coupler le délai de recours contentieux ou le délai de retrait.
Le juge est ensuite intervenu avec un arrêt du 26 octobre 2001, Ternon. Avec cet arrêt, le CE va totalement
oublier l'arrêt Dame Cachet. Le juge ne pouvait pas s'intéresser à l'hypothèse posée par la loi du 12 avril
2000. L'arrêt ne va concerner que les décisions explicites créatrices de droit et illégales.
Dans cet arrêt, le JA va retenir un délai totalement différent du délai classique. Pour les décisions explicites,
le retrait est possible pendant un délai de 4 mois suivant l'édiction de l'acte.
• 1ere remarque: le point de départ du délai de retrait.
Il s'agit de l'émission de l'acte et non pas l'accomplissement des mesures de publicité.
• 2e remarque: l'effet principal de cet arrêt est de rompre le couplage qui existait entre délai de retrait
et délai de recours contentieux.
• Dans certains cas, le délai de retrait va être plus long que le délai de recours contentieux. Dans
d'autres cas, il sera plus court que le délai de recours contentieux, selon le moment de notification de
l'acte.
La solution posée par l'arrêt connait un certain nombre d'exceptions.
⁃ l'hypothèse du retrait d'un acte sur demande du bénéficiaire. La jurisprudence considère ce retrait
peut intervenir à tout moment, au delà du délai de 4 mois, pour autant que cet acte n'a pas crée de
21
droit au profit des tiers. S'il a crée des droits au profit des tiers, il ne pourra être remis en cause que
dans le délai de 4 mois.
⁃ L'hypothèse d'un acte obtenu par fraude. Un acte obtenu par fraude peut être retiré à tout moment
(arrêt CE, 2002, Assistance publique- Hôpitaux de Marseille, le JA a considéré qu'un acte obtenu
par fraude peut être remis en cause à tout moment).
⁃ L'hypothèse d'un retrait imposé par le droit communautaire. Il s'agit de l'hypothèse dans laquelle une
collectivité publique verse à une entreprise une somme d'argent. Le droit communautaire prohibe par
principe les aides d'états, et impose, lorsqu'une aide d'état a été illégalement versée, la restitution de
l'aide d'état, ce qui n'est rien d'autre que le retrait de la décision octroyant l'aide. L'administration
retire avec effet rétroactif l'aide qu'elle a versé à l'entreprise en question.
⁃ Normalement, dans notre système juridique, le retrait des actes illégaux est encadré par la
jurisprudence Ternon, mais le droit communautaire n'accepte pas que des règles internes relatives au
retrait des actes administratifs puissent mettre en échec des obligations communautaires, et
notamment la restitution des aides d'état.
⁃ La cour de justice et le CE ont été saisi de la question de savoir s'il fallait faire primer les règles
nationales ou les règles communautaires. Dans un arrêt de 2006 du CE, Centre d'exportation du
livre français, le CE a jugé que les règles nationales relatives au retrait des actes administratifs
devaient être écartées lorsqu'il s'agit de faire prévaloir une obligation communautaire.
Intervient le 13 aout 2006 une loi dite « engagement national pour le logement » (13 aout 2006), qui
comporte une disposition relative au retrait des permis de construire. La règle va concerner les permis de
construire tacites et les permis de construire expresses. Les permis de construire tacites étaient régis par la loi
de 2000 et les permis de construire expresses par la jurisprudence Ternon.
Le législateur pose pour règle que le retrait d'un permis de construire est possible pendant un délai de 3 mois
suivant la date de l'édiction du permis. Passé ce délai, le permis ne pourra être retiré que sur demande du
bénéficiaire.
La jurisprudence est à nouveau intervenu sur la question, en 2007, dans un arrêt SAS Kaefer Wanner. Cet
arrêt va concerner le cas des décisions implicites de rejet créatrices de droit. Le problème ne se pose pas
souvent pcq il est rare qu'une décision implicite de rejet soit créatrice de droit.
Le CE devait indiquer dans quelle mesure l'administration pouvait retirer une décision implicite de rejet
créatrice de droit. Dans cet arrêt, le CE considère que le retrait d'une décision implicite de rejet créatrice de
droit illégale est possible pendant le délai de recours contentieux contre cette décision.
L'arrêt de 2007 reprend pour les décisions implicites de rejet créatrices de droit la jurisprudence Dame
Cachet.
L'état du droit est tous sauf satisfaisant. Il y a un désordre dans les solutions adoptées par la jurisprudence et
la loi.
Le 23/02/2011
Pour les actes légaux créateurs de droit, le principe est que l'abrogation est impossible, c'est l'intangibilité
des actes créateurs de droit légaux. Si un acte n'est pas entaché d'illégalité, l'administration ne peut pas le
remettre en cause pour l'avenir.
Il existe une exception à ce principe, qui est ce que l'on appelle la théorie des actes contraires. L'idée est
que dans certains cas, l'administration va pouvoir adopter un acte contraire à l'acte créateur de droit initial.
Cet acte contraire va avoir pour effet de remettre en cause la situation juridique née de l'acte initial.
Ex: la révocation d'un fonctionnaire intervient nécessairement après la nomination du fonctionnaire, elle a
bien pour objet de remettre en cause pour l'avenir la situation juridique née de l'acte de nomination.
Cette théorie des actes contraires est la seule hypothèse dans laquelle l'administration peut revenir pour
l'avenir sur un acte créateur de droit légal.
Cette question a, par la suite, connu des évolutions législatives. Depuis une loi de 2007 (Simplification du
droit) modifiant la loi du 12 avril 2000, le principe est que l'autorité administrative est tenue d'office ou à la
demande d'une personne intéressée d'abroger expressément tout règlement illégal ou sans objet, que cette
situation existe depuis la publication du règlement ou qu'elle résulte de circonstances de droit ou de fait
postérieurs à cette date.
On retrouve une obligation d'abrogation des actes règlementaires illégaux qui recouvre l'hypothèse de l'arrêt
Alitalia. L'administration est tenue d'abroger ces actes d'office ou à la demande d'une personne intéressée.
Cela permet aux citoyens d'obtenir de l'administration qu'elle fasse disparaître les actes règlementaires
illégaux, qui n'ont pas fait l'objet d'un recours dans le délai prévu.
Un arrêt a apporté une précision assez importante, CE 2007, ordre des avocats du barreau d'Evreux. Dans
cet arrêt, un texte règlementaire était illégal, l'ordre des avocats demande l'abrogation du texte. Le texte
illégal est abrogé mais l'administration reprend dans un autre texte règlementaire la même disposition. Le CE
a condamné cette pratique. L'administration avait dans un 1er temps refuser l'abrogation. Le requérant forme
un REP contre ce refus. En cours d'instance, l'administration abroge le texte. Dans ce cas, le REP devient
sans objet. Cependant, tout en abrogeant le texte règlementaire, l'administration a immédiatement repris la
disposition dans un autre acte règlementaire.
23
Pour condamner cette pratique, le CE précise que dans ce type d'hypothèse, le juge va assouplir les règles
relatives à la recevabilité des recours, en considérant que le recours qui avait été initialement dirigé contre le
refus d'abroger le 1er acte règlementaire ne va pas être irrecevable simplement du fait de l'abrogation, le CE
considérant que dans la mesure ou la même disposition a été reprise dans un acte règlementaire ultérieur, le
recours va être considéré comme dirigé contre ce nouvel acte règlementaire.
La loi de 2007 prévoit également l'obligation d'abrogation des actes règlementaires sans objet. L'idée du
législateur avait été qu'il fallait permettre à l'administration d'abroger des textes dont l'objet était peu
important ou inexistant.
L'acte règlementaire sans objet n'a pas vocation à s'appliquer aux citoyens. Il n'y a donc pas d'intérêt à en
demander l'abrogation.
Pourquoi, en droit français, a-t-on jugé qu'il était nécessaire de consacrer cette notion de contrat
administratif?
Cette solution était loin d'être évidente, et en réalité, il y a très peu de systèmes juridiques qui consacrent
cette notion de droit administratif. La solution qui prédomine ailleurs est que lors que l'administration décide
de passer par la voie contractuelle, c'est qu'elle accepte de se soumettre au droit commun et que le contrat de
droit privé répond à ses besoins.
Cette solution n'est pas celle adoptée en droit français, puisque nous avons considéré qu'un régime particulier
devait être réservée aux contrats passés par les personnes publiques, pour des raisons historiques (arrêt
24
Blanco, 1873, le tribunal des conflits dit clairement que la responsabilité de l'administration ne pouvait pas
être régie par les règles posées par le Code civil).
Ce raisonnement qui repose sur l'idée selon laquelle le droit administratif est différent selon la nature. Le JA
n'a eu d'autres buts que se démarquer des règles du droit civil.
Petit à petit, s'est construit un droit des contrats administratifs différent de celui du droit civil.
L'administration, les personnes publiques ne peuvent pas être des cocontractants comme les autres. Une
personne publique a pour rôle la protection et la satisfaction de l'intérêt général, elle doit pouvoir bénéficier
de moyens juridiques qui lui permettent de satisfaire au mieux la cuisine. L'administration ne doit pas être
empêchée de réaliser cette mission pcq elle a délégué.
Ces critères sont au nombre de 2, mais jouent de manière alternative. Ces critères s'imposent aux parties. Les
parties ne peuvent pas choisir leur juge.
1) L'exorbitance.
Un arrêt de 1912, CE, Société des granites porphyroïdes des Vosges consacre l'idée selon laquelle,
lorsqu'il existe dans le contrat passé entre une personne privée et une personne publique, une clause
exorbitante du droit commun, ce contrat sera un contrat administratif.
Tout le problème va être de savoir ce qu'est une clause exorbitante du droit commun. La jurisprudence
administrative a évolué. Dans un 1er temps, la clause exorbitante du droit commun correspondait à des
clauses qui ne pouvaient pas se retrouver dans des contrats de droit privé, pcq ce sont des clauses qui
traduisent l'exorbitance des pouvoirs de l'administration.
Ex: une clause octroyant une exonération fiscale.
La difficulté vient de ce que la jurisprudence a évolué, et la notion de clause exorbitante du droit commun a
été entendue comme couvrant également des stipulations non usuelles dans les rapports entre particuliers. Le
raisonnement est de dire que c'est une clause que l'on ne va pas souvent rencontrer dans les contrats entre
particuliers.
Ex: les clauses de contrôle.
Cette notion de clause exorbitante est très bien cernée lorsqu'elle est totalement impensable dans les contrats
entre particuliers.
La clause de résiliation unilatérale pour motif d'intérêt général est considérée comme exorbitante du droit
commun, on ne la retrouve pas dans les contrats entre particuliers.
1) L'objet du contrat.
Ce critère a été consacré par le CE, dans un arrêt de 1956, époux Bertin. Il s'agit de considérer comme
administratif un contrat qui va porter sur l'exécution du service public. On voit réapparaitre le service public.
Le critère de l'objet du contrat va tenir au lien qu'entretient le contrat avec la réalisation d'une mission de
service public. Tous les contrats en rapport avec un service public ne sont pas nécessairement des contrats
administratifs. Il faut qu'il y ait un lien suffisamment fort.
On retrouve ce lien dans 2 séries d'hypothèses:
⁃ le contrat apparaît comme étant une modalité d'exécution du service public, càd que le service public
ne peut être réalisé que pcq ce contrat a été signé. Il faut absolument que le contrat soit signé pour
exécuter le service public.
25
⁃ Le contractant de l'administration se voit confier la gestion du service public. C'était le cas dans
l'arrêt époux Bertin. Le contrat confiait à ces contractants l'exécution d'une mission de service
public.
La difficulté de ce critère tient à ce que le juge est allé plus loin, en admettant que la simple association du
cocontractant au service public sans que l'on ait nécessairement confier la gestion du service à cette personne
privée pouvait suffire à qualifier un contrat administratif.
Au delà des agents publics, cette jurisprudence pouvait soulever des difficultés en toute hypothèse.
Jurisprudence relative à la location de poste de télévisions.
Dans certains cas, l'administration a besoin de passer des contrats avec des contractants privés pour la
location de télévisions, notamment pour les hôpitaux et les prisons.
L'administration passe un contrat avec un prestataire, il revient ensuite à l'usager d'acheter la prestation.
Pour les hôpitaux, la jurisprudence considérait que le contrat associait le prestataire à la mission de service
public. Il y avait donc contrat administratif.
Dans les prisons, la jurisprudence considérait que le contrat n'était pas administratif pcq la location de
télévision n'avait aucun rapport avec la mission de service public pénitentiaire.
26
Cette jurisprudence a été consacrée par un arrêt de 1963, du tribunal des conflits. Dans cet arrêt, le
tribunal des conflits pose le principe selon lequel un contrat passé par une société concessionnaire
d'autoroutes avec un entrepreneur pour la réalisation de l'autoroute est qualifié de contrat administratif, pcq
la construction d'autoroutes relève par nature de l'état.
Cette jurisprudence s'explique par le fait que, pour le juge, les constructions autoroutières relèvent du champ
de compétence naturel de l'état. L'objet du contrat en fait un contrat administratif.
Cette jurisprudence a été confirmée pour les travaux relatifs à la construction de tunnels, à la construction
des routes nationales (on a procédé à un transfert de compétence en faveur des départements). Tout ce qui
touche à des constructions autoroutières va être considéré comme relevant par nature de l'état.
La jurisprudence a admis que la construction des murs anti-bruits ou l'édification des aires de restauration
relevaient des constructions autoroutières pcq ils étaient utiles à l'autoroute.
Le 01/03/2011
La difficulté va être de savoir ce qui signifie agir au nom et pour le compte d'une personne publique. Le
mandat dont il s'agit n'est jamais un mandat explicite. C'est un mandat implicite, le juge va aller chercher si
derrière une personne privée ne se dissimule pas une personne publique.
C'est un travail de qualification.
Comment savoir si une personne privée doit être considérée comme agissant pour le compte d'une
personne publique?
Les critère pris en compte vont tenir à plusieurs éléments:
⁃ le contrôle opéré par la personne publique sur la personne privée contractante. Si la personne privée
est totalement dépendante de la personne publique pour laquelle elle agit.
⁃ dans l'arrêt de 1975, le contrat portait sur la réalisation d'un ouvrage qui avait vocation à être remis à
la collectivité publique. L'objet du contrat répond à un besoin public. La personne privée recevait des
subventions publiques pour passer ce contrat. La personne publique avait imposé un cahier des
charges pour la construction en cause.
⁃ Le juge a donc pu considérer que ce contrat satisfaisait un intérêt public et devait être considéré
comme un contrat administratif pcq l'un des cocontractants agissait pour le compte d'une personne
publique.
Le législateur est intervenu pour qualifier législativement un certain nombre de contrats.
Dans quels cas va-t-on se trouver face à des contrats qui auront été qualifiés par la loi?
• les contrats portant occupation du domaine public.
• La règle a été posé par un décret-loi de 1938. Elle se trouve désormais reprise dans le code général
de la propriété des personnes publiques, à l'article L.2331-1, qui prévoit que les contrats portant
occupation du domaine public sont des contrats administratifs.
27
• Une loi du 11 décembre 2001, dite « Murcef » prévoit que les marchés passés en application du
code des marchés publics ont le caractère de contrat administratif.
• Tous les marchés publics sont des contrats administratifs par détermination de la loi.
• En réalité, c'était pour cette catégorie de contrat que des problèmes de qualification se posaient,
notamment pour les marchés de fourniture. Le législateur a donc décidé de simplifier les choses.
• En 2004, avec une ordonnance du 17 juin 2004, texte relatif aux contrats de partenariat public-
privé, le législateur a qualifié les contrats de partenariat de contrats administratifs.
• Avant son passage au CE, le contrat de partenariat était qualifié de contrat privé.
• Une ordonnance du 15 juillet 2009, concernant les concessions de travaux , a considéré que ces
contrats étaient des contrats administratifs par détermination de la loi.
Les autres cas, non couverts par la détermination de la loi, vont correspondre aux contrats de délégation de
SP, mais l'application des critères jurisprudentiels ne pose aucun problème avec ces contrats.
Autre hypothèse non couverte par la loi, les contrats de recrutement d'agents publics. Depuis la
jurisprudence Berkani, il y a une solution très simple pour ce cas.
Les contrats relatifs aux domaines privés des collectivités publiques ne sont pas visés par la détermination
de la loi. Qu'en est-il lorsque l'administration autorise une personne privée à occuper son domaine privé? il
faut mettre en œuvre les critères jurisprudentiels.
28
Chapitre 2: Le régime des contrats administratif.
Cet acte contractuel va être soumis à un régime juridique spécifique. L'administration n'est pas toujours un
cocontractant comme un autre, il est des hypothèses ou elle ne peut pas se voir appliqué le droit commun,
elle doit pouvoir bénéficier de règles particulières, qui s'expliquent par le fait que la mission de
l'administration est de répondre à des besoins d'intérêt général, elle ne peut donc pas être placée sur un pied
d'égalité avec un contractant qui répond à des besoins privés.
Ce régime est-il fondamentalement différent?
Il est différent, pour autant, il n'y a pas de rupture fondamentale. Le contrat administratif répond bien à la
définition donnée par l'article 1101 C.C. Cette définition vaut pour les contrats privés comme pour les
contrats publics.
Pour autant, il va obéir à des règles spécifiques, qui vont se traduire dans l'exécution du contrat, mais que
l'on va voir apparaître dés la formation du contrat.
Les 2es types de contrats concernés sont les contrats de délégation de SP. En application de la loi de 1993,
les conventions de délégation de SP obéissent à des règles de transparence. La loi Sapin impose avant la
conclusion d'une convention de délégation de SP, de mettre en oeuvre une procédure formalisée qui
commence par la publication d'un avis par lequel la personne publique manifeste son intention de conclure
une convention de délégation de SP. Il y a nécessairement une publicité préalable organisée par les textes.
Une fois cette publicité organisée, les règles applicables sont beaucoup moins rigides que celles qui régissent
les marchés publics, et notamment une des grandes différence, c'est que la personne publique peut négocier
29
avec les candidats une fois la publicité passée. Ce faisant, la jurisprudence a indiqué que la négociation était
possible mais qu'elle devait respecter l'égalité de traitement entre les candidats.
C'est une procédure qui va conduire à un choix formalisé.
Les derniers contrats concernés sont les contrats de partenariat. L'ordonnance de 2004 organise pour ces
contrats une procédure de passation, elle indique d'abord que la passation d'un contrat de partenariat est
soumise au principe de liberté d'accès, d'égalité de traitement des candidats et d'objectivité des procédures.
Il y a donc une procédure formalisée qui repose sur une publicité préalable, l'obligation d'alerter.
Dans un 2e temps, la personne publique aura le choix entre 2 procédures, la procédure d'appel d'offre ou une
procédure plus souple pcq permettant la négociation (procédure de dialogue compétitif).
Pour les principaux contrats d'achat des collectivités publiques, il existe une procédure de passation
formalisée. Le système juridique français repose sur la transparence dans les contrats passés par
l'administration, pcq il s'agit d'envisager de dépenser de l'argent public. On cherche à favoriser la
concurrence, et on essaie de protéger les entreprises, mais il n'est pas possible de passer ce type de contrat
sans respecter un minimum de transparence.
La 2e question va être de savoir qui est compétent au sein d'une collectivité pour passer le contrat. Le
problème ne se pose pas pour l'état, les choses étant simples, puisque sont signataires des contrats passés par
l'état le préfet et les ministres ou le 1er ministre s'il s'agit d'un contrat important.
Le problème se pose pour les CT, puisqu'il y a 2 organes à la tête d'une CT, l'exécutif local et l'assemblée
délibérante.
La question qui se pose est de savoir qui signe le contrat. Est ce que c'est le maire? Est ce que c'est
l'assemblée délibérante? Est ce que c'est le maire sur délibération de l'assemblée locale?
Le principe est que l'exécutif local n'est pas compétent pour conclure les contrats, il doit préalablement à la
conclusion du contrat obtenir l'habilitation de l'assemblée locale. Seul le maire ne peut pas intervenir.
30
La signature des contrats ne constitue pas un pouvoir propre du maire.
La jurisprudence est allée plus loin.
→ arrêt Commune de Montélimar, 2004: le CE a indiqué que l'assemblée locale ne pouvait autoriser le
maire à signer un contrat qu'à un moment ou l'identité du cocontractant et le montant du contrat sont connus.
Cela signifie que la conclusion d'un contrat administratif est très rigide, puisqu'il faut lancer une procédure
de passation, faire une publicité préalable, entendre les candidats, faire un choix, et réunir l'assemblée locale
pour autoriser le maire à apposer sa signature sur le contrat.
Au terme de la jurisprudence de 2004, on exige une délibération du conseil municipal après le choix du
candidat, càd en fin de procédure de passation.
On a décidé de simplifier les choses, notamment en 2009, la loi du 17 février 2009 dite « Pacte de relance »
est intervenue pour venir limiter les effets de la jurisprudence Commune de Montélimar. Le législateur a
autorisé les assemblées locales à procéder en la matière à une délégation de compétences en début de
mandature. Ce texte autorise qu'intervienne une délibération du conseil municipal qui, de manière générale,
va donner compétence au maire pour la signature de tous les marchés publics. Il ne sera plus nécessaire de
faire une délibération du conseil municipal en fin de procédure de passation.
Cette possibilité de délégation de compétence ne joue que pour les marchés publics.
Si le maire signe sans délibération du conseil municipal, le marché est nul puisque signé par une autorité
incompétente.
1) La modification unilatérale.
Dans tout contrat administratif existe au profit de l'administration un pouvoir de modification unilatérale du
contrat. Le CE, dans un arrêt de 1983, Union des transports publics, a consacré le pouvoir de modification
unilatérale comme un principe général applicable aux contrats administratifs.
Ce pouvoir existe, qu'il ait ou n'ait pas été stipulé dans le contrat. L'administration peut décider de modifier
le contrat.
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La mise en œuvre de ce pouvoir va être limitée:
⁃ la jurisprudence considère que l'administration ne doit pas aller trop loin dans l'usage qu'elle fait de
son pouvoir de modification unilatérale du contrat. Les modifications apportées au contrat ne doivent
pas conduire à en bouleverser l'économie générale. Ce qui interdit normalement de toucher aux
clauses financières du contrat.
⁃ L'usage du pouvoir de modification unilatérale est limité par le fait que le cocontractant bénéficie
d'un droit à indemnisation intégrale.
1) La résiliation unilatérale.
La résiliation unilatérale existe aussi en droit privé en cas de faute du cocontractant. Elle existe aussi en droit
administratif.
Le CE, depuis un arrêt de 1958, Distillerie de Magnac-Laval, a indiqué que le pouvoir de résiliation
unilatérale hors de toute faute du cocontractant pour un motif d'intérêt général est une règle générale
applicable aux contrats administratifs.
Le 8/03/2011
Ce pouvoir existe qu'il ait été prévu ou non dans le contrat. Dés lors que le contrat est un contrat
administratif, l'administration dispose du droit de résilier unilatéralement le contrat.
Si le pouvoir de résiliation est prévu dans le contrat, la clause est qualifiée de clause exorbitante du droit
commun. Si la clause ne se retrouve pas dans le contrat, le fait que le contrat soit administratif suffit pour
conférer à l'administration ce pouvoir de résiliation unilatérale.
Dans un arrêt de 1985, Association Eurolat, le CE a indiqué qu'il n'était pas possible d'écarter
conventionnellement ce pouvoir de résiliation unilatérale. L'administration ne peut pas consentir à ne pas
utiliser le pouvoir de résiliation unilatérale.
Il y a 2 limites à l'exercice de ce pouvoir.
⁃ la résiliation unilatérale doit être justifiée par un motif d'intérêt général. Il faut qu'il existe un motif
d'intérêt général justifiant l'usage du pouvoir de résiliation. Le juge vérifie qu'il existe effectivement
un tel motif.
⁃ L'exercice du pouvoir de résiliation unilatérale entraine pour le cocontractant un droit à
indemnisation intégrale.
Le régime des contrats administratifs a pour objectif de garantir la satisfaction de l'intérêt général.
L'administration ne doit pas être liée par des liens contractuels dont elle n'a plus besoin pour la satisfaction
de l'intérêt général. L'administration ne doit pas lier sa volonté pendant une durée sur laquelle elle n'a pas de
maitrise. L'administration doit disposer du pouvoir de mettre fin aux contrats. D'où ce pouvoir de résiliation
unilatérale.
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En théorie, ces pouvoirs existent, mais en pratique, ils ne sont que très rarement mis en œuvre, pcq cela coute
cher à la collectivité publique.
Le déséquilibre n'est alors plus si manifeste que cela, puisque le cocontractant touche finalement ce qu'il
aurait du toucher s'il avait exécuté le contrat.
On voit apparaître un régime du contrat administratif plus avantageux.
B) La théorie de l'imprévision.
L'imprévision est le cas dans lequel survient au cours de l'exécution du contrat des éléments imprévus et
extérieurs à la volonté des parties.
Elle est apparue en droit administratif pendant la 1ere guerre mondiale. Les effets de ce conflit sur certains
contrats passés par les collectivités publiques ont pu être très importants.
→ arrêt de 1916, compagnie d'éclairage de Bordeaux: il s'agissait d'une concession de SP concernant
l'éclairage de la ville de Bordeaux. Le cout dépendait directement du prix du charbon, prix du charbon qui
avait totalement explosé en raison de la GM.
Il y avait donc un contrat dont l'exécution devenait impossible. La question était de savoir si on allait
admettre que ces événements imprévus puissent se répercuter sur le contrat.
Le CE a accepté de faire jouer la théorie de l'imprévision, il a accepté selon différentes modalités de
répercuter la hausse exceptionnelle du prix du charbon sur l'équilibre contractuel.
Question du pétrole?
Depuis la 1ere crise pétrolière, la jurisprudence considère que la hausse du prix du pétrole est tellement
fréquente que les parties doivent prévoir cette hausse. On ne peut plus considérer que cette hausse est
imprévisible.
C'est au contrat de comporter des clauses d'indexation, càd qui vont suivre le cours du pétrole si celui-ci
augmente spontanément.
Les événements doivent être extérieurs à la volonté des parties. L'imprévision joue lorsque les événements
proviennent de faits extérieurs aux contractants.
Ex: l'intervention de l'état qui a des répercussions sur un contrat passé par une collectivité publique est un
événement susceptible de rentrer dans le cadre de la théorie de l'imprévision.
Les événements doivent avoir pour effet de bouleverser l'économie générale du contrat. Il faut
véritablement que l'exécution du contrat apparaisse comme étant rendu quasiment impossible par
l'intervention des événements en cause.
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Quelles sont les conséquences de l'imprévision?
Lorsque les conditions de l'imprévision, le juge va allouer au cocontractant de l'administration une indemnité
d'imprévision. La théorie de l'imprévision en droit public ne conduit pas à une réécriture du contrat, mais le
juge va allouer, reconnaître au cocontractant de l'administration une indemnité d'imprévision, càd le droit de
recevoir une somme particulière, qui aura nécessairement un caractère temporaire. Il s'agit d'essayer de
rétablir l'équilibre du contrat.
L'indemnité d'imprévision ne répare pas toutes les pertes, puisqu'un partage est opéré entre les 2
cocontractants, avec une part prépondérante à la charge de l'administration, puisqu'en règle générale,
l'indemnité va être répartie à 90% à l'administration, le cocontractant n'ayant à assurer que 10%.
L'imprévision est une situation temporaire. En droit public, elle ne conduit pas à une réécriture du contrat, on
est censé y revenir lorsque les choses seront redevenues normales.
Si on se rend compte que la situation perdure, ce n'est plus l'imprévision dont il va s'agir, on va se retrouver
dans un cas de force majeure.
C) La force majeure.
Elle joue peu en droit public, pcq elle a des effets tout à fait définitifs, radicaux. En cas de force majeure, le
cocontractant de l'administration peut demander au juge la résiliation du contrat.
La force majeure se rencontre lorsque l'on est face à des circonstances imprévisibles, qui ont pour effet de
bouleverser définitivement l'économie générale du contrat. Le cocontractant ne peut plus et ne pourra jamais
plus exécuter le contrat prévu.
Dans ce cas, le cocontractant de l'administration peut demander au juge que la force majeure soit constatée et
que la résiliation du contrat soit prononcée.
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La procédure n'est utilisable qu'à l'égard de certains contrats. Ne vont être concernés que les contrats dont la
passation est règlementée et donne lieu à une procédure transparente. Cela va viser les marchés publics, les
contrats de partenariat ou encore les conventions de SP.
Cette procédure de recours ne peut jouer qu'au bénéfice de personnes ayant intérêt à conclure le contrat. Ce
sont 2 types de requérants, les entreprises qui participent à la procédure de passation et qui se rendent compte
d'irrégularité, et des entreprise qui n'ont pas pu participé à la procédure de passation pcq elle n'a pas fait
l'objet d'une procédure de transparence.
La procédure de référé pré-contractuel n'est pas ouvert aux contribuables locaux. Cette procédure est
réservée aux personnes ayant intérêt à conclure le contrat.
Le CE a limité les possibilités de recours en référé pré-contractuel dans un arrêt Smirgeomes, de 2008. Le
CE est venu limiter la recevabilité des demandes en référé pré-contractuel, il précise qu'un requérant qui agit
dans le cadre de ce référé ne peut se prévaloir que de manquements aux obligations de publicité et de mise en
concurrence qui sont susceptibles de le léser personnellement ou qui risquent de le léser.
Cela signifie que l'on ne peut pas invoquer n'importe quelle violation des règles de passation d'un contrat
administratif. On ne peut invoquer que la violation d'une règle qui a des conséquences négatives pour nous.
Le juge, dans une procédure de référé pré-contractuel, peut ordonner à l'auteur du manquement de se
conformer à ses obligations, il peut suspendre la passation du contrat, il peut annuler la procédure de
passation. Il peut imposer une reprise ab initio de la procédure de passation.
La grande limite de cette procédure est qu'elle ne va pouvoir être engagée que si le contrat n'est pas conclu.
Dés lors que le contrat est signé, le juge ne peut plus rien faire au titre du référé pré-contractuel.
On a modifié la procédure en posant le principe selon lequel, à partir du moment ou le TA est saisi d'un
référé pré-contractuel, la personne publique ne peut pas signer le contrat. Elle doit suspendre la signature du
contrat.
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L'acte détachable va servir au juge pour lui permettre de recevoir les recours formés par des tiers au contrat,
qui n'ont pas en principe accès au juge du REP. Les tiers vont pouvoir former des REP contre l'acte
détachable du contrat.
L'acte détachable est un artifice, une construction. Le CE considère que l'acte détachable va par exemple être
la délibération d'une assemblée locale qui accorde la signature du contrat.
Le juge a considéré que la signature-même du contrat constitue un acte détachable du contrat lui-même.
Naturellement, lors du recours contre l'acte détachable, il est possible d'invoquer des irrégularités liées au
contrat lui-même.
Le problème qui se pose est de savoir à quoi aboutit ce contentieux. Ici, on obtient l'annulation de l'acte
détachable du contrat. Le problème est de savoir si cette annulation entraine la remise en cause du contrat.
De ce point de vue, la jurisprudence a fortement évolué.
→ arrêt de 2003, Institut de recherche pour le développement. Cet arrêt systématise les conséquences de
l'annulation d'un acte détachable du contrat.
« l'annulation d'un acte détachable n'implique pas nécessairement la nullité du contrat. Il appartient au juge
saisi d'une demande d'un tiers d'enjoindre à une partie au contrat de saisir le juge compétent afin d'en
constater la nullité, de prendre en compte la nature de l'acte annulé ainsi que le vice dont il est entaché et de
vérifier que la nullité du contrat ne portera pas, si elle est constatée, une atteinte excessive à l'intérêt
général ».
Le contrat ne peut en principe être remis en cause que par le juge du plein contentieux. Les tiers au contrat ne
peuvent normalement pas le saisir.
La solution de principe est de demander à ce que le juge de l'excès de pouvoir utilise son pouvoir
d'injonction afin qu'il enjoigne à une des parties au contrat de saisir le juge du plein contentieux, qui
prononcera la nullité du contrat.
Cette 2e phase de la procédure n'est pas obligatoire, puisque l'arrêt réserve le cas dans lequel la nullité du
contrat porterait une atteinte excessive à l'intérêt général. Si le juge de l'excès de pouvoir considère que la
nullité du contrat porterait atteinte à l'intérêt général, seul l'acte détachable sera annulé.
C'est un contentieux que nous pouvons tous former mais dont les conséquences ne sont pas clairement
balisées.
Le 15/03/2011
Le juge doit prendre en compte l'intérêt qui s'attache à la poursuite du contrat. L'injonction ne sera prononcée
que si la nullité du contrat apparaît comme ne portant pas une atteinte excessive à l'intérêt général.
Si le juge estime que le contrat devrait être remis en cause mais que l'intérêt général commande plutôt son
exécution, il n'ordonnera pas à l'administration de saisir le juge du contrat pour obtenir l'annulation du
contrat.
C'est un contentieux très complexe et dont l'issue est imprévisible, puisque tout dépend de ce que le juge va
considérer comme ne portant pas atteinte à l'intérêt général.
Il existe toutefois des cas dans lesquels le recours pour excès de pouvoir a été admis contre le contrat
directement. La jurisprudence a reconnu la possibilité pour des tiers de former un recours direct contre le
contrat, sans passer par le recours contre l'acte détachable. L'acte dont l'annulation est demandé n'est plus un
acte détachable, c'est le contrat lui-même. On compte 3 hypothèses:
⁃ le cas du déféré préfectoral. Les actes des collectivités locales font l'objet d'un contrôle de légalité
par le préfet, qui va pouvoir déféré au JA les actes locaux qu'il estime illégaux. Ce recours du préfet
prend la forme d'un déféré préfectoral.
⁃ L'intérêt du déféré préfectoral est qu'il va pouvoir aussi bien concerner les actes unilatéraux que les
contrats. Le préfet peut en effet, par le biais de son déféré, transmettre au TA les contrats passés par
les collectivités locales. Le déféré préfectoral est un REP.
⁃ S'agissant du recours du préfet, il peut obtenir l'annulation d'un contrat par le biais de son déféré
préfectoral.
⁃ Les conventions de délégation de SP.
⁃ → arrêt Cayzeele, CE, 1996: le CE a admis la possibilité de former des REP contre les clauses
règlementaires qui peuvent être contenues dans certains contrats.
⁃ Tous les contrats administratifs ne comportent pas de clauses règlementaires, mais certains oui. On
trouve des clauses qui n'ont pas qu'un effet relatif entre les parties, mais qui vont revêtir une portée
générale et s'appliquer de manière générale aux tiers au contrat. Elles sont qualifiées de
règlementaire pcq elles ont un effet qui dépasse le seul champ du contrat.
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⁃ On rencontre ces clauses dans les contrats organisant la gestion d'un SP, notamment des clauses
tarifaires. Ces clauses ont des effets dans les relations entre les parties mais également au delà. Il en
va de même des clauses plus générales relatives à l'organisation du SP.
⁃ Dans l'arrêt de 1996, le CE a admis la possibilité de former devant le juge de l'excès de pouvoir un
contentieux qui sera dirigé contre les clauses règlementaires du contrat. Ce contentieux va être
recevable même s'il s'agit bien d'un acte contractuel.
⁃ Ce qui sera annulé si le requérant a gain de cause, c'est l'annulation des clauses règlementaires, pcq
ces clauses sont considérées comme étant détachables du reste du contrat.
⁃ Dans un cas donné, l'hypothèse des contrats d'engagement des agents publics, il est possible de
former un REP directement contre les contrats permettant de recruter des agents publics. La
jurisprudence a admis la recevabilité du recours dans cette hypothèse dans un arrêt Ville de Lisieux,
1998. Dans cet arrêt qui portait sur un contrat par lequel la ville de Lisieux recrutait des agents, le Ce
reconnaît aux tiers ayant intérêt pour agir la possibilité de remettre en cause un contrat de
recrutement d'agents publics par le biais du REP.
⁃ Les tiers peuvent, lorsqu'ils ont intérêt pour agir, remettre en cause la nomination d'un fonctionnaire.
⁃ Le juge a considéré que ces contrats de recrutement d'agents publics étaient d'une nature
particulière, très proche d'une situation unilatérale; le cocontractant se trouvant placé dans une
situation très proche de celle d'un fonctionnaire, situation qui est plus règlementaire que
véritablement contractuelle. L'acte est très similaire à la nomination d'un fonctionnaire de manière
unilatérale. Le juge en a déduit qu'en raison de la spécificité de ces contrats, le REP devait être admis
directement contre le contrat.
Pour les tiers complets, les voies d'actions contre un contrat administratif sont complexes et aboutissent à un
résultat imprévisible.
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⁃ il peut aussi remettre en cause le contrat, soit en prononçant une résiliation pour l'avenir seulement,
⁃ il peut prononcer l'annulation rétroactive du contrat, la sanction ultime qui ne peut être prononcée
que si on ne peut pas faire autrement.
Le raisonnement est identique à celui rencontré en 2003, il repose sur une appréciation balance entre l'intérêt
qui s'attache à la poursuite du contrat et l'intérêt qui s'attache à ce qu'un contrat vicié doit sortir de
l'ordonnancement juridique. Le contrôle du JA va être un contrôle dont il est périlleux de prédire l'issue. Tout
dépendra de l'appréciation portée par le juge.
Devant le juge du contrat, les tiers, candidats évincés, ont disposé de cette nouvelle voie de droit, ce qui
signifie qu'ils ne peuvent plus possible de faire un recours contre l'acte détachable du contrat.
L'intervention d'une ordonnance du 7 mai 2009 institue une procédure particulière de recours, appelée la
procédure de référé contractuel. Cette procédure est régie par les articles L.551-13 et suivants du code de
justice administrative. Cette procédure a un champ d'application très limité, son objet principal est de prendre
le relai du référé pré-contractuel dans l'hypothèse ou un tel recours n'a pas été formé ou n'a pas été formé
efficacement en raison de l'attitude de l'administration.
En effet, la 1ere règle est que si l'entreprise a formé un référé pré-contractuel et que celui-ci a été rejeté parle
juge, elle ne peut plus en suite former un référé contractuel. Le référé contractuel ne peut pas être formé si
l'entreprise a déjà formé un recours pré-contractuel. Elle ne peut former qu'un recours Tropic.
À partir du moment ou le TA est saisi, l'administration n'a pas le droit de signer le contrat. Si l'administration
signe quand même le contrat, cela ouvre immédiatement le droit à l'entreprise requérante de former un référé
contractuel.
Ce référé contractuel est une procédure qui va servir au profit des candidats évincés, mais son champ est très
limité, puisque c'est une procédure qui ne peut être mise en œuvre que dans des cas de figure spécifiques.
Cette procédure a pour objet de permettre la sanction des manquements les plus graves aux obligations de
publicité et de mise en concurrence. Elle va pouvoir être utilisée lorsqu'un marché est passé sans publicité
préalable. C'est une procédure d'urgence.
Cette procédure peut être mise en œuvre lorsqu'un contrat est signé alors que le TA a été saisi d'un recours
pré-contractuel.
C'est également une procédure qui pourra être mise en œuvre si l'administration n'a pas respecté un délai
entre le choix de son cocontractant et la signature du contrat, entre le moment ou elle choisit la personne
avec qui elle va conclure le contrat et le moment ou elle va signer le contrat, dans le but de laisser le temps
aux autres candidats le temps de former un recours pré-contractuel.
L'état du droit a évolué avec un arrêt de 2009, Commune de Béziers, un arrêt important pcq le juge y
consacre le principe de loyauté des relations contractuelles. Il décide de consacrer un principe propre au
droit administratif.
Les parties à un contrat administratif ne peuvent plus désormais invoquer n'importe quel vice pour demander
que soit prononcée la nullité du contrat. Il y a des vices qui vont être couverts par le principe de loyauté des
relations contractuelles, notamment les vices qui dépendent du comportement d'une des parties. La partie qui
a été à l'origine d'une irrégularité ne pourra pas ensuite se prévaloir de cette irrégularité pour que soit
prononcée la nullité du contrat.
Dans des arrêts postérieurs, le CE a jugé qu'en application de ce principe de loyauté des relations
contractuelles, la signature du contrat par les 2 parties interdit aux parties de se prévaloir d'un manquement
dans la procédure de passation du contrat. L'idée est que, dés lors que le contrat a été signé, les parties ont
admis que la procédure de passation pouvait être irrégulière mais que ça leur est égal. Cette jurisprudence est
très importante, elle a pour conséquence de rapprocher la théorie des nullités en droit administratif de la
théorie des nullités en droit civil.
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Dans le même arrêt, le juge dégage le principe de la stabilité des relations contractuelles, puisqu'on
retrouve le raisonnement tenu dans l'arrêt Tropic et dans l'arrêt Institut de recherche, càd l'idée que même si
les parties à un contrat invoquent un vice qui peut effectivement être invoqué, cela n'aura pas nécessairement
pour effet d'entrainer la nullité du contrat, puisque le juge se reconnaît le pouvoir de moduler la sanction en
fonction de l'intérêt général.
Il est intéressant de se rendre compte que l'évolution du droit de la responsabilité administrative est allée
dans le sens d'un rapprochement de plus en plus marqué entre le droit public et le droit privé. Un
rapprochement autour de l'idée selon laquelle tout préjudice doit être indemnisé, et il va falloir trouver
quelqu'un qui pourra prendre en charge l'indemnisation de ce préjudice.
Des mécanismes permettent de couvrir des préjudices, même lorsqu'ils n'ont pas vraiment de responsables.
Ces mécanismes reposent parfois sur des contributions prélevées sur des acteurs privés, mais très souvent, ils
peuvent reposer sur des mécanismes de socialisation du risque. L'état va indemniser des préjudices alors
même qu'il n'est pas responsable.
Ces mécanismes vont avoir pour effet de développer le droit de la responsabilité publique. La responsabilité
publique présente une spécificité majeure, elle présente la particularité de mettre en jeu une personne, un
patrimoine qui, par définition, est toujours solvable.
On parle de responsabilité de l'état, des collectivités locales. Ces personnes publiques sont par définition
solvables, qu'elles soient ou non assurées.
Cela a pour incidence qu'on assiste à un développement très fort du champ de la responsabilité publique.
La conséquence de ce mouvement de fond est que le juge admet assez facilement le principe de la
responsabilité. En revanche, il va être très peu généreux sur l'évaluation du préjudice réparable.
La 2e caractéristique est que le préjudice doit être évaluable. La jurisprudence a évolué très lentement.
Cela ne pose pas de problème lorsqu'on demande l'indemnisation d'un dommage au bien. En revanche, pour
les dommages aux personnes, l'évaluation du préjudice peut être plus complexe.
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La douleur physique n'a été indemnisée par le JA qu'à partir de 1942, arrêt Morell. Il considérait auparavant
que cette douleur n'était pas évaluable.
Le juge a mis encore plus de temps à accepter d'indemniser la douleur morale. Pendant longtemps, le JA
estimait que la douleur pouvait sans doute exister mais qu'il n'était pas digne de l'évaluer en valeur
monétaire. Cette jurisprudence a été abandonnée dans un arrêt de 1961, Letisserand. Dans cet arrêt, le CE
admet pour la 1ere fois l'indemnisation de la douleur morale.
La 3e caractéristique du préjudice est qu'il doit être personnel, même si comme le juge judiciaire, le JA
accepte l'indemnisation du préjudice réfléchi, càd du préjudice personnellement subi par la victime par
ricochet. Cette victime par ricochet va être le cercle familial classiquement, mais conformément à l'évolution
des mœurs, le cercle des personnes s'est progressivement étendu. Le JA a admis l'indemnisation du concubin
ou de la concubine.
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