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202-238
ISSN 1782-2041 http://popups.ulg.ac.be/bap.htm
1. Introduction
1
E. Husserl, Méditations cartésiennes et les conférences de Paris, trad. M. de
Launay, Paris, PUF, 1994.
2
E. Husserl, La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcen-
dantale, trad. G. Granel, Paris, Gallimard, 2004 (désormais abrégé Krisis).
3
E. Husserl, L’Origine de la géométrie, trad. J. Derrida, Paris, PUF, 2004.
4
Il faut ajouter à ce corpus ces textes plus brefs qui en sont solidaires : Les
conférences de Paris (1929) pour les Méditations ; la conférence de Vienne La crise
de l’humanité européenne et la philosophie (1935) pour la Krisis.
202
logies existentiales ou existentielles (M. Heidegger, J.-P. Sartre) consisterait
pour l’essentiel en un « tournant pratique » imposé à la phénoménologie
husserlienne 1 .
À ce compte, de Foucault à Husserl, nulle rencontre ne serait pensable.
Le premier, indécrottable anti-phénoménologue — et anti-philosophe à ses
heures —, serait le penseur d’une expérience (Erfahrung) pratique, « sen-
sible », ou bien l’expérimentateur d’une pensée pratique, dans le sillage, par
exemple, de Nietzsche. À Husserl reviendrait plutôt, par la patiente explo-
ration de l’expérience vécue (Erlebnis), d’avoir ranimé le sens originaire de
la philosophie comme pure theōria. Mais faut-il se satisfaire de ce rapide
constat ?
Mon point de départ sera l’exploration de ce premier bilan : il faudra
éprouver les raisons des difficultés d’un dialogue Husserl/Foucault (difficul-
tés telles que leur rencontre semble de prime abord impossible).
Mais si la rupture est forte, si elle court si profondément, c’est pour
une raison simple : Foucault a construit sa propre pensée en opposition à une
phénoménologie d’ascendance husserlienne. C’est donc qu’avant la
séparation, il dut y avoir rencontre ; c’est donc enfin que les points de ren-
contre sont permis, qu’il est possible de les mettre en évidence. Le ques-
tionnement de la réduction husserlienne comme pratique de soi est l’un de
ces points ; cette recherche nous mènera également, autour de la notion
d’historicité, à un autre point de jonction. On comprendra ainsi pourquoi, du
point de vue de Foucault, il était bel et bien légitime de penser d’un même
mouvement, d’une seule pensée, et Nietzsche, et Husserl.
Le raisonnement devra toutefois encore se renverser. Cette question de
l’historicité permet en effet de prendre la mesure de la différence radicale de
ces deux entreprises — encore cela réclame-t-il de poser la difficile question
du transcendantal et de son/l’histoire. Ce faisant, on saisira peut-être le
pourquoi de l’impossibilité de cette rencontre, c’est-à-dire, d’un mot, l’irré-
ductibilité de l’expérience-limite à l’expérience vécue, du « soi hors de soi »
à l’ego transcendantal, d’une pensée de la pratique comme saut hors d’elle-
même à une pensée de la theōria ressaisie dans son originarité — de la
1
En ce sens, il aurait peut-être été moins surprenant d’interroger le rapport de
Foucault à Heidegger : l’influence de ce dernier sur la pensée foucaldienne fut déci-
sive, on le sait, et tant Les mots et les choses que les derniers tomes de l’ « Histoire
de la sexualité » en témoignent. Ayant suivi cette piste dans mon mémoire de DEA
(Michel Foucault et l’expérience de la pensée. Notes sur Foucault et Heidegger,
Université de Liège, 2007), j’ai décidé d’opter ici pour la mise en évidence d’une
autre ligne d’influence de la production foucaldienne.
203
L’œuvre de Foucault peut être lue comme un effort afin de penser en dehors
des chemins balisés par la phénoménologie, d’expérimenter à leur dehors, à
leur bordure extérieure :
1
M. Foucault, Dits et écrits, I, Paris, Gallimard, Quarto, 2001, n. 55, p. 695. Cf.
également : DE II, n. 212, p. 372, etc. (les deux tomes des Dits et écrits seront
désormais abrégés respectivement DE I et DE II).
204
1
DE I, n. 50, p. 638.
2
DE II, n. 281, p. 861-862.
205
1
Cf. G. Deleuze, Foucault, Paris, Minuit, 2004. Sur la question du savoir comme
archive : cf. p. 11-30, 55-75 ; plus précisément, sur notre problème : p. 113-122,
spécialement p. 116-117. Pour de plus amples développements sur cette question, cf.
F. Caeymaex, « Foucault d’après Deleuze. Un pli non phénoménologique », in G.
Cormann, S. Laoureux, J. Piéron (éds.), Différence et identité. Les enjeux
phénoménologiques du pli, Hildesheim, Olms, 2006, p. 173-187.
2
Cf. également ibidem, p. 58.
206
1
Cf. ibidem, p. 89 : « S’il n’y a pas sous le savoir une expérience originaire, libre et
sauvage, comme le voudrait la phénoménologie, c’est parce que le Voir et le Parler
sont toujours déjà tout entiers pris dans des rapports de pouvoir qu’ils supposent et
actualisent ».
2
Cf. G. Lebrun, « Notes sur la phénoménologie dans Les mots et les choses », in
Michel Foucault philosophe, éd. G. Canguilhem, Paris, Seuil, 1989, p. 33-52.
207
208
1
M. Foucault, Les mots et les choses, Paris, Gallimard, 2004, p. 336.
2
« Toute intuition originaire est une source de droit pour la connaissance », cf. E.
Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie, trad. P. Ricœur, Paris,
Gallimard, 2003, p. 78 (désormais abrégé Ideen I).
209
1
M. Foucault, L’herméneutique du sujet. Cours au Collège de France (1981-1982),
Paris, Seuil/Gallimard, 2001, p. 29 (désormais abrégé HS). Sur l’ « ontologie du
présent », le texte de référence est DE II, n. 339.
210
Si la phénoménologie (…) a fini par pénétrer à son tour [dans l’espace ouvert
par la question de l’Aufklärung] c’est sans doute du jour où Husserl, dans les
Méditations cartésiennes et dans la Krisis, a posé la question des rapports
entre le projet occidental d’un déploiement universel de la raison, la positivité
des sciences et la radicalité de la philosophie 2 .
1
DE II, n. 364, p. 1633.
2
DE II, n. 361, p. 1586.
3
E. Husserl, Méditations cartésiennes, § 15, p. 80.
4
Parvenu à ce point, il faudrait envisager la controverse Fink/Husserl à propos de la
motivation de la réduction ; c’est ce que je ne peux qu’esquisser ici. Le premier
problème de la « Théorie transcendantale de la méthode » est, on le sait, celui du
commencement de la phénoménologie : il s’agit de savoir quelles sont les raisons qui
211
1
HS, p. 242 (se convertir à soi : epistrephein pros heauton, (se) convertere ad se).
2
Cf. P. Hadot, « Conversion », in Exercices spirituels et philosophie antique, Paris,
Albin Michel, 2002, p. 223, 227 ; voir également HS, p. 202.
3
Sur cette notion, cf. spécialement M. Foucault, Le souci de soi, Paris, Gallimard,
2006, p. 55-94.
4
HS, p. 301.
213
1
Ibid., p. 442.
2
Ibid., notamment p. 182-183.
3
Ibid., p. 340-341, 442.
214
1
DE I, n. 102, p. 1125-1126.
2
E. Husserl, « La crise de l’humanité européenne et la philosophie », in Krisis,
p. 365 (désormais abrégé : La crise…).
3
M. Kundera, L’art du roman, Paris, Gallimard, Folio, 1999, p. 13.
215
La Théoria qui forme une unité close et qui se déploie dans l’épochè de toute
pratique (la science universelle donc) [a] pour vocation (…) de servir d’une
nouvelle façon l’humanité (…). Cela se produit sous la forme d’une nouvelle
espèce de praxis, celle de la critique universelle de toute vie et de tous les buts
de la vie (…) une critique de l’humanité elle-même (…) une praxis qui vise à
élever l’humanité grâce à la raison scientifique (…) à en faire une humanité
fondamentalement nouvelle, capable de répondre absolument d’elle-même sur
le fondement de vues théorétiques absolues 1 .
1
La crise…, p. 360-363.
2
Krisis, § 27, p. 116.
216
1
Ibid., § 39, p. 168-169.
2
Ibid., § 71, p. 279.
3
Ibid., § 35, p. 156.
4
Ibid., § 7, p. 24.
5
La notion de conversion n’émerge pas in extremis dans l’œuvre de Husserl. Loin de
tout relevé exhaustif, il convient néanmoins de noter qu’elle reçoit un sens technique
précis dans Ideen I. Husserl y évoque le concept de « conversion du regard »
(Umkehrung des Blickes) lors de l’enquête menée à propos de la conscience psycho-
217
1
Ideen I, § 31.
2
N. Depraz, art. cit., p. 4-11.
3
Ibid., p. 5.
4
N. Depraz, « Pratiquer la réduction : la prière du cœur », in Alter, 11/2003, p. 265-
282.
5
P. Hadot, « Conversion », art. cit., p. 233-234.
219
1
I. Kern, « Les trois voies de la réduction phénoménologique transcendantale dans la
philosophie de Edmund Husserl », trad. P. Cabestan et N. Depraz, in Alter, 11/2003,
p. 285-323.
2
Ibid., p. 287.
3
E. Husserl, Méditations cartésiennes, § 1, p. 45.
4
On le sait, Husserl cherche d’abord à montrer dans ce travail que le cogito est
toujours déjà hanté par l’autre et le temps : ainsi, dépassant Descartes, il fera
l’économie de l’hypothèse de l’existence de Dieu (« une absurdité à laquelle
Descartes lui-même devait succomber parce qu’il n’a pas vu le sens véritable de son
épochè transcendantale ni celui de la réduction à l’ego pur », § 41) — sur la question
de l’intersubjectivité transcendantale, voir spécialement la cinquième des Médita-
220
C’est donc par un travail, un effort, un exercice — ces pratiques de soi que
sont la conversion et la méditation — qu’il devient possible de faire retour à
soi, de se saisir, en tant qu’ego transcendantal, comme fondement évident
d’une connaissance théorétique, méthodique. Alors : l’attitude phénoméno-
logique à l’atteinte de laquelle une praxis, fût-elle transcendantale, est
toujours nécessaire, signerait-elle aussi bien le point d’arrêt de ce processus,
de cette dynamique ?
Mais Husserl peut insister sur les deux aspects : l’idée que l’être vrai
de l’homme n’est pas toujours déjà donné mais qu’il s’obtient au terme d’un
effort, ou que la saisie de l’évidence elle-même est indissociable d’un travail
ne lui est pas étrangère 3 . « L’être véritable » de l’homme, écrit-il,
Une réflexion historique en retour, telle que celle dont nous parlons, est (…)
une très profonde auto-méditation sur la compréhension de soi-même dans ce
que l’on veut proprement, étant donné ce que l’on est, autrement dit en tant
qu’être historique 3 .
1
Krisis, § 5, p. 18.
2
E. Husserl, « Les conférences de Paris », in Méditations cartésiennes, p. 2.
3
Krisis, § 15, p. 83.
222
1
Deleuze est à ma connaissance le premier à y avoir justement insisté : « En vérité,
une chose hante Foucault et c’est la pensée, “que signifie penser ? qu’appelle-t-on
penser ?” » (Foucault, op. cit., p. 124). Parmi beaucoup d’autres, deux indices de cet
état de fait chez Foucault, situés aux deux extrêmes de son parcours : DE I, n. 22,
p. 367-368 ; DE II, n. 344, p. 1431.
2
Sur tout ceci et ce qui suit, les textes essentiels sont DE II, n. 340, p. 1397-1399 et
l’Introduction à L’Usage des plaisirs, op. cit., p. 9-21. On le voit, la pensée selon
Foucault est ainsi à la fois ce qu’il faut réfléchir et ce qui permet d’opérer la
réflexion : elle est et le sujet et l’objet d’une opération, d’une expérience consistant
in fine à « affranchir la pensée de ce qu’elle pense silencieusement et lui permettre de
penser autrement » (L’Usage des plaisirs, p. 17).
223
1
Cf. Les mots et les choses, op. cit., p. 339. On pourrait facilement montrer que, chez
Foucault, des écrits consacrés à l’expérience littéraire jusqu’à l’analyse des pratiques
de soi antiques, les notions de pensée et d’expérience entretiennent toujours un
rapport d’implication réciproque.
2
DE II, n. 340, p. 1398-1399.
3
Sur la notion d’actualité, le texte de référence est également DE II, n. 339.
224
1
DE II, n. 351, p. 1499.
2
DE II, n. 339, p. 1383. On ajoutera que si la lettre de l’ontologie du présent
n’émerge que tardivement dans l’œuvre de Foucault, son esprit quant à lui y était
présent depuis longtemps ; quelques jalons pour une reconstruction de l’élaboration
progressive de ce concept : DE I, n. 47, p. 609 ; n. 50, p. 640-641 (j’y reviendrai).
Par la suite, l’idée semble indissociable de la question de l’Aufklärung kantienne : cf.
DE II, n. 219, p. 431 ; n. 266, p. 783 ; n. 330, p. 1267.
3
Ibid., p. 1391, 1393-1394.
4
Ibid., p. 1396.
225
1
La crise…, p. 350.
2
Ibid., p. 382, ou encore : « La philosophie universelle (…) est, pour ainsi dire, le
cerveau opératoire du fonctionnement normal duquel dépend l’authenticité et la santé
de la spiritualité européenne » (p. 372).
3
Ibid., p. 382.
4
DE I, n. 148, p. 1571.
5
Pour la référence à Kant fondateur de deux traditions philosophiques critiques,
« analytique de la vérité » et « ontologie du présent », cf., notamment, DE II, n. 351,
p. 1506.
6
Méditations cartésiennes, § 2, p. 48 ; « Les conférences de Paris », p. 3.
226
1
« Les conférences de Paris », p. 3 ; cf. également, pour le strict domaine philo-
sophique (dont on voit qu’il n’est pas dissociable du champ historico-politique), la
lettre du 19 mars 1930 à R. Ingarden à propos des Méditations cartésiennes : « Je me
sens appelé à intervenir avec cette œuvre au sein de la situation critique où se trouve
actuellement la philosophie allemande » (cité par M. de Launay, « Présentation », in
Méditations cartésiennes, p. IX).
2
E. Husserl, Philosophie première ; cité par N. Depraz, La réduction phénoméno-
logique comme praxis, art. cit., p. 3.
3
La crise…, p. 367.
227
Enfin, nous ne nous étonnerons plus que Foucault associe dans un même
texte deux penseurs qu’il oppose d’habitude si volontiers, l’un lui ayant
d’ailleurs permis — selon ses dires — de penser en dehors des chemins
tracés par l’autre : Nietzsche et Husserl. Mieux encore, on appréciera autre-
1
Krisis, § 73, p. 301.
2
DE II, n. 339, p. 1390.
3
Krisis, § 6, p. 23.
4
Krisis, § 9, p. 67.
228
Nietzsche, avec son « esprit historique » surdéveloppé, n’était-il pas celui qui
diagnostiquait la crise et la décadence des valeurs morales — « l’ultime
maladie (…) contaminant même les philosophes et les rendant malades (…)
symptôme le plus inquiétant de notre civilisation européenne, elle-même
devenue inquiétante » — à partir d’un « signe de détresse, d’appauvrisse-
ment 2 » ? Et ne liait-il pas cette activité de diagnostic à une intense pratique
de soi ? « Depuis longtemps tout ce que j’opine repose sur des expériences
vécues 3 »…
Ainsi donc, comme le laissait présager le « craquement » évoqué dans
l’exergue de cet article, le point de jonction entre Foucault (et Nietzsche) et
Husserl a pour nom historicité — l’historicité comme épreuve pratique de la
pensée sur elle-même, dans son actualité. Mais, on va le voir, c’est aussi ce
point qui est l’occasion de leur séparation définitive.
Au plus loin du projet foucaldien, l’histoire que retrace Husserl est celle, de
part en part téléologique, d’une ratio unique et unifiée. La philosophie
occidentale « moderne » serait secrètement animée par un motif originel vers
lequel elle tend comme sa fin : le transcendantal (motif qui ne se révèle
d’ailleurs que par l’interrogation de l’histoire de la philosophie moderne dans
1
DE I, n. 50, p. 641.
2
F. Nietzsche, La généalogie de la morale, I, § 2, et « Avant-propos », § 3 et 5, trad.
I. Hildenbrand et J. Gratien, Paris, Gallimard, 2003, p. 10, 13. Cf. également DE I, n.
84, p. 1008.
3
F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, « Des poètes », trad. M. de Gandillac,
Paris, Gallimard, 2001, p. 163.
229
1
« Seule une téléologie peut s’ouvrir un passage vers les commencements » dit
Derrida dans son « Introduction » à L’Origine de la géométrie, p. 54. Cette remarque
s’éclaircira dans la suite, mais on ne pourra toutefois pas entreprendre de commenter
le commentaire derridien dans les limites de ce travail. C’est pourtant une piste
essentielle, et qu’il conviendra d’explorer dans un autre contexte.
2
Krisis, § 27, p. 116.
3
Méditations cartésiennes, § 10, p. 68.
4
Ibid., § 11, p. 69.
230
Comme Husserl le dit ailleurs, c’est à ce point qu’enfin « surgissent tous les
problèmes de la facticité contingente, de la mort, du destin (…) les
problèmes aussi du sens de l’histoire (…) mais posés sur le sol où doit être
posé tout ce qui pour nous doit avoir un sens possible 2 ».
Il semble que l’on touche ici, avec cette idée « du sens de l’histoire »,
à la notion d’historicité transcendantale — soit la réactivation du sens
originaire d’un fait historique par une question en retour : le sens de
l’histoire, en effet, ne s’approche que par une histoire du sens. Telle est la
dimension que Husserl thématise et explore dans L’Origine de la géométrie,
ouvrage fragmentaire à peu près contemporain d’une Krisis volontiers citée
par Foucault, mais dont il ne fait à ma connaissance nulle part mention (à
l’inverse d’ailleurs de l’introduction qu’en offrit Derrida, un texte qu’il
tenait, dit-on, en haute estime).
1
Ibid., § 29, p. 109.
2
« Les conférences de Paris », p. 40. Je souligne.
3
La notion traverse la pensée archéologique de Foucault : elle est présente dès
Naissance de la clinique, Paris, PUF, 2003 (cf. la notion d’ « a priori concret »,
Préface, p. XI), puis dans Les mots et les choses, op. cit. (cf., outre la notion
d’épistémè, qui structure le livre, Préface, p. 13) avant d’être largement thématisée
231
selon une direction thématique qui ouvre des problèmes de fond totalement
étrangers à l’histoire (Historie) habituelle, problèmes qui, en leur ordre, sont
aussi indubitablement historiques (historische) 2 .
dans L’archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969, par exemple p. 167; après une
longue et à peu près totale éclipse, ce concept réapparaît in extremis, cf. DE II, n.
345, p. 1451. Du côté de Husserl, cf. L’Origine de la géométrie, p. 204, 205, etc. Sur
le lien entre Foucault et Husserl sur ce point, hormis l’article de G. Lebrun com-
menté plus haut, cf. B. Han, L’ontologie manquée de Michel Foucault. Entre
l’historique et le transcendantal, Grenoble, Millon, 1998, p. 110-112 (les options
fondamentales de ce livre, qui a le très grand mérite de discuter rigoureusement la
pensée philosophique de Foucault, sont aux antipodes de celles que je souhaiterais
élaborer et mettre en œuvre dans ma propre lecture de son travail).
1
DE II, n. 339, p. 1393.
2
L’Origine de la géométrie, p. 174.
232
1
Ibid., p. 203.
2
Ibid., p. 198.
3
Ibid., p. 200.
4
Ibid., p. 205.
5
Ibid., p. 174.
233
Nous nous tenons donc dans l’horizon historique en lequel, si peu de choses
déterminées que nous sachions, tout est historique. Mais il (cet horizon) a sa
structure essentielle, qui doit être dévoilée par une interrogation méthodique 1 .
1
Ibid., p. 199.
2
Ibid., p. 203.
3
Cf. supra, p. 7-8, 21-22 ; B. Han, L’ontologie manquée de Michel Foucault,
op. cit., répondrait précisément que Foucault n’a jamais cessé de retomber dans les
ornières qu’il avait lui-même dénoncées.
Contre cette interprétation, la question de la possibilité de l’historicisation du
transcendantal, mais cette fois posée à partir de Kant, doit sous-tendre un travail de
thèse de doctorat en cours, consacré au kantisme de Foucault, et cherchant d’abord à
234
1
HS, p. 243.
2
Cf. supra, p. 4.
236
1
DE I, n. 84 p. 1005-1008. Et chez Nietzsche, cf. par exemple, La généalogie de la
morale, op. cit., « Avant-propos », § 2 et 4, l’opposition entre « mes idées [celles de
Nietzsche] sur l’origine des sentiments moraux » (Herkunft) et l’ouvrage de P. Rée,
L’Origine des sentiments moraux (Ursprung).
2
Ibid., p. 1023.
3
Les conférences de Paris, p. 27 ; cf. Méditations cartésiennes, § 30-33.
4
La généalogie de la morale, op. cit., § 13, p. 45.
5
Cf., respectivement, L’archéologie du savoir, op. cit., p. 172 et F. Nietzsche, Par-
delà le bien et le mal, trad. G. Bianquis, Paris, UGE 10/18, 1964, § 278, p. 230.
6
C’est tout le thème de la transgression, que Foucault empruntait dès les années
soixante à Bataille : cf. DE I, n. 13.
237
5. Conclusion
238