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R
EQUIEM pour le Code de la route dans la Tunisie
de l’après-14 janvier 2011 ? Pas le moins du monde
! Le pauvre code, déjà transformé en Code de la
jungle avant ce même 14, était à l’époque agonisant. Notre
dossier.

TELEVISION
A nos annonceurs
Les programmes complets
de la semaine . . . . . . . . . . . . . .pp.16-33 Nous informons nos chers clients
annonceurs que, désormais, le der-
nier délai de dépôt de leurs annonces
DETENTE dans La Presse-Magazine est fixé au
mardi à 13h00.
Deux pages jeux . . . . . . . . .pp.37-38
Avec les remerciements
de La Presse-Magazine
Horoscope…………………………...…P.40

Directeur responsable : Hmida Ben ROMDHANE

Rédaction : Salem TRABELSI
Edité par la SNIPE - 6, rue Ali Bach Hamba - Tunis - Tél.: 71 341 066 - Fax: 71 349 720
Supplément distribué gratuitement avec le journal La Presse
 EN COUVERTURE
Zéro de conduite

Ignorance, inconscience,
insouciance, incompétence…
délinquance
• Je bafoue le Code de la route, donc je suis
«Stop ! Affaire en or. La
Tunisie innove ! Le tourisme de
conduite : obtenir son permis…
tourisme en une heure sans aucun
souci, chicha et thé à la menthe
inclus. Venez nombreux goûter
aux délices de ce nouveau pro-
duit haut de gamme en formu-
le 1… euh, en formule «All inclu-
sive» avec succès garanti.
Attention ! L’apprentissage s’ef-
fectue selon la méthode imbat-
table du contre-exemple.
Comme ça au lieu de vous
laisser triturer les méninges pour
imaginer les situations les plus
dangereuses, les plus tragiques,
les plus abracadabrantes, …
vous les vivrez en direct, gran-
deur nature. Grâce aux sueurs
froides qui vous prendront à
chaque croisement, à chaque
tournant et à chaque coin de
rue, tous les détails du Code de
la route s’incrustreront à jamais
dans votre inconscient. Vous
conduirez désormais les yeux avant de réserver. Merci.» ge», il n’avait pas réussi à com-
fermés. Vos oreilles, par contre, prendre pourquoi la Tunisie,
impossibles à fermer (sauf grâce Il n’a rien compris qui collectionnait les satisfecit
aux fameuses boules Quiès) dans pas mal de domaines, se
auront le privilège d’apprendre distinguait sous sa conduite
toute l’étendue du lexique le plus Requiem pour le Code de la
route dans la Tunisie de l’après- éclairée par une position très
ordurier et le plus fleuri de la avancée en tant que leader dans
planète. 14 janvier 2011 ? Pas le moins
Ce qui constitue le cadeau de du monde ! Le pauvre code, déjà l’hémorragie routière. Car mal-
la maison. transformé en Code de la jungle gré les encouragements du pré-
Stop ! Après le 14 janvier avant ce même 14, était à sident de l’Association mon-
2011, les cours sont devenus plus l’époque agonisant. Amer constat diale de la sécurité routière deve-
accélérés, certes mais nettement qui triturait les méninges du nu un habitué du palais de
plus efficaces. D’où une majo- locataire du palais de Carthage. Carthage, l’apprenti (san’aa)
ration à payer d’avance. Nos Si ce triste policier avait fini du changement n’a pas réussi
clients sont par contre tenus de après 23 ans par comprendre à changer d’un iota le triste
rédiger chacun son testament ce que voulait dire le mot «déga- record détenu par «le pays de

Contacts, points de vue, courriel…vous êtes les bienvenus…

Par ici les mails : lapressemag@yahoo.fr

P. 2 La Presse Magazine - N° 1224 — 3 avril 2011


la sécurité et de la paix». Soit
quatre décès par jour en moyen-
ne.
Ainsi, il est venu un certain
juillet 2007 sur l’autoroute A1
avouer devant l’opinion publique
via la chaîne nationale son
impuissance face à ce défi. Et
surtout avouer qu’il n’a pas com-
pris pourquoi, malgré tous les
efforts qu’il fournit, à partir de
son bureau à Carthage, la situa-
tion ne fait qu’empirer.
Rares moments de sincérité,
il avait dit au mot près. «Nous
sommes l’un des premiers pays
à détenir ce triste record». Posant
la question à l’officier de servi-
ce à propos des causes de ce phé-
nomène, ce dernier répondit :
«Les gens sont devenus plus témé-
raires», (ijezfou akthar).
Ainsi et faute de pouvoir orien-
ter sa violence vers ceux qui
l’oppressaient, le peuple s’en-
tretuait à «autos tirées».
C’était, avec la violence fami-
EN COUVERTURE
liale, scolaire, dans la rue, dans
les transports, dans l’entrepri-
se, dans l’administration, dans
les marchés… la guerre civile…
à peine voilée.
Transgresser…
en toute âme
et conscience
Aujourd’hui, la situation empi-
re. Personne ou presque ne res-
pecte ce pauvre code, dont le
principal objectif est pourtant
d’organiser la circulation et de
participer à éviter les accidents
dus à cette activité. Donc, de
garantir la sécurité de tous, pié-
tons compris. Détail, qui n’en
n’est pas un et que l’on a ten-
dance à oublier.
Prenons le cas de l’arrêt au
feu rouge, partie apparente de
ce noir et brûlant iceberg. Plus
aucun conducteur ne le respec-
te. Risque majeur, collisions aux
conséquences tragiques. Risque
mineur, horrible enchevêtre-
ment des voitures à chaque croi-
sement.
Incivisme? Sous-développe-
ment? Inconscience?… Tout sim-
plement délinquance. Oui, délin-
quance, car tous les ingrédients
donnant naissance à ce phéno-
mène sont là. Honteuse réali-
té, on transgresse à longueur
de journée ce code en toute âme
et conscience, avec application
et dévouement, avec la préci-
sion d’une montre suisse.
Pas étranger à notre peuple
qui traîne derrière lui un lourd
contentieux avec toute forme
de pouvoir et qui a ainsi une
aversion innée des règles et des
lois fussent-elles établies pour
son bien.
A cette propension à la rébel-
lion, il faudrait ajouter un
ensemble de facteurs allant de
l’ignorance quasi totale des dis-
positions de ce texte-clé de notre

Impuissance de la communication,
communication de l’impuissance
Communication, parent pauvre de la stratégie nationale de sécurité routière qui était en vigueur.
A côté d’une analyse erronée, à notre humble avis, des causes des accidents (chose que nous
n’avons jamais cessé de rappeler sur ces mêmes colonnes et ailleurs) et qui participait à rejeter
l’entière responsabilité de ce fléau sur les seuls conducteurs, la communication pour la sécurité
routière brillait par son indigence, son impuissance. Pire! Alors que la décision a été prise à très
haut niveau depuis avril 2004 pour l’élaboration d’une stratégie nationale en la matière, rien n’a
été fait pour concrétiser cette décision et l’idée était mort-née.
Nous avons pourtant attiré l’attention sur cette défaillance ici et ailleurs. Rien n’a été fait afin
d’y remédier. Chaque partie concernée se contentait de faire de son mieux avec les moyens du
bord et surtout avec des conceptions surannées et des méthodes dépassées. D’où ces lamenta-
tions quasi quotidiennes : «Malgré spots, flashes, affiches, programmes et conférences, rien ne
laisse supposer une amélioration, fût-elle infime». Seuls les déploiements spectaculaires des forces
de l’ordre sur nos routes pourraient limiter les dégâts. C’est-à-dire que seul le fameux effet de la
peur du gendarme agissait.
Donc, pas de stratégie nationale de communication, mais aussi triomphe de la communication
sur notre échec. Bonjour le cercle vicieux.
Les spécialistes de la communication le savent très bien, eux que l’on écoute rarement car tout
le monde prétend maîtriser la subtilité de cette discipline au carrefour des sciences et des arts :
il ne s’agit pas de penser en premier lieu aux supports ni aux messages, mais aux causes du pro-
blème et, surtout, comment aboutir à un changement durable du comportement aboutissant au
comportement souhaité. Sensibiliser, mot magique de tous ces plans inefficaces ne veut rien dire
en matière de com. Sauf pour donner suite à des allergies. Bref, on faisait tous de la com sans le
savoir et surtout sans le vrai savoir que nécessite cette discipline. Résultat, il fallait une straté-
gie efficace de communication pour convaincre ceux qui pratiquaient la com à tort et à travers,
de cesser leurs pitreries et surtout leur acharnement. Car acharnement, il y avait. Or, il ne faut
pas être un as de la psycho pour comprendre que cela avait pour effet de provoquer le compor-
tement contraire.
F.A.

La Presse Magazine - N° 1223 — 3 avril 2011 P. 3


vie quotidienne surtout de la
part de la majorité des citoyens,
ceux qui n’ont jamais conduit
de voitures (piétons et assimi-
lés) et jusqu’à l’insouciance.
C’est-à-dire ne pas donner trop
d’importance au problème, en
passant par l’inconscience qui
caractérise le positionnement
du problème hors du champ de
la conscience, donc de l’enten-
dement en tant qu’opération
intellectuelle se fondant sur les
sens en vue de leur donner un
sens.
La circulation
doit rétablir sa
Constitution
Au concret, c’est la jungle sur
nos routes. Avec comme exemple
frappant ces semi-remorques
qui dribblent, qui roulent avec
fracas, qui dépassent… bref, qui
font régner la terreur. Et ce sont
les 4x4 dans nos villes qui illus-
trent à merveille le banditisme
flagrant qui s’incruste dans nos
cervelles. Plus faible que moi,
tu meurs ! Cela sans oublier,
vélomoteurs, taxis, louages, trac-
teurs et autres dangers publics.
Au départ, ce mépris pour les
lois. Cette fausse gloire qu’on
en titre. Cette perversion (donc
pathologique) qui fait que l’on
devienne gentil gentil en voyant
«M’sieur l’agent» et un vrai guer-
rier cannibale dès que ce der-
nier tourne le dos.
Aujourd'hui, la victoire contre
la peur du gendarme aidant,
plus rien n’arrête nos conduc-
teurs. Priorité des priorités :
tout en rédigeant le projet de
la nouvelle Constitution, il fau-
drait penser aussi à la
Constitution première de la cir-
culation.
• Ignorance : très peu de
gens connaissent comme il le
faut le Code de la route. Un cer-
tificat obligatoire est à instau-
rer avec le brevet de la neuviè-
me. Un recyclage annuel avec
examen pour chaque conduc-
teur quel que soit son âge. Des
concours avec prix intéressant
permettant aux citoyens de
mieux connaître ce texte. Une
émission télé en prime time avec
analyse de cas réels, etc.
P. 4
EN COUVERTURE
Car chez nous, le Code de la
route est hélas bâclé et l’exa-
men avec le système QCM (ques-
tion à choix multiples) est sté-
rile donc inefficace sur toute la
ligne.
• Inconscience : de tous et
de chacun. Très peu de gens s’in-
quiètent de cette ignorance.
Revoir toute la communication
pour ce volet bien précis. Car le
Tunisien est vraiment incons-
cient des risques qu’il court et
fait courir aux autres à cause
de ses attitudes et ses com-
portements sur la route.
• Insouciance : le problè-
me ne constitue pas une prio-
rité pour tous et pour chacun.
Or, il constitue chez nous une
véritable urgence. Pire, la plu-
part d’entre nous se targue d’être
imbattable au volant et chacun
est champion dès qu’il s’agit de
donner des leçons aux autres.
• Incompétence : la plu-
part des conducteurs ne savent
pas conduire. Pire, ils n’ont aucu-
ne notion de gestion de l’espa-
ce. Ils entrent et sortent dans
et de la circulation quand ils
veulent et comme il leur semble.
Ils ne savent pas respecter un
couloir de circulation, ne savent
pas négocier un tournant, pra-
tiquent le louvoiement à outran-
ce, savent mal calculer la dis-
tance par rapport à un obstacle
(utilisation exagérée de la vites-
se puis du freinage).
• Délinquance : cerise sur
le gâteau. Toutes ces attitudes
La Presse Magazine -
et tous ces comportements réunis
auxquels vient s’ajouter l’im-
punité font que nos conducteurs
persistent dans l’erreur qui se
transforme ainsi en faute, donc
volontaire, et vont trouver un
réel plaisir doublé d’une gloire
à transgresser les dispositions
du Code de la route.
Comportement qui devient
addictif pour se transformer
rapidement en drogue. Je bafoue
le Code de la route donc je suis.
Voilà un pilier de l’identité
individuelle et collective qui
prend forme et prend de l’am-
pleur. Grâce à lui s’expriment
toutes sortes de frustrations et
surtout de rébellions.
Alors que sous d’autres cieux,
ce sont les policiers eux-mêmes
qui donnent l’exemple sur les
routes. Chez nous, ils perpé-
tuaient cette délinquance lors-
qu’ils prenaient le volant. Contre-
modèle qui ne faisait qu’aggra-
ver et ancrer cette délinquan-
ce.
Situation qui, en fait, préva-
lait à tous les niveaux. Et l’an-
cien locataire du palais de
Carthage qui passait son temps
à bafouer les lois et en premier
lieu la Constitution, n’avait pas
compris que lorsqu’on gouver-
ne un pays en porte-à-faux avec
ses lois, il n’est pas curieux de
voir ses habitants se venger en
trangressant au moins le Code
de la route.
Foued ALLANI
N° 1224 — 3 avril 2011

Pour qui roulent les grues ?
La municipalité, le privé
et le citoyen
A
PRÈS plus de deux
m o i s d ’ é c lipse, les
grues refont surface au
grand dam des conduc-
teurs du centre-ville de Tunis.
Si elles s’avèrent indispensables
pour traquer les véhicules mal
garés qui gênent la circulation,
les amendes qu’elles infligent
à leurs conducteurs sont un peu
trop salées. Qui gère ces grues
et pour qui roulent-elles ?
Les grues sont un cauchemar
pour les conducteurs des grandes
villes, en particulier pour ceux
de la capitale, qui, en raison de
l’insuffisance des parkings, pei-
nent à trouver une place pour
garer leurs véhicules. Parfois,
pour un motif urgent, certains
sont contraints de stationner à
la va-vite n’importe où, d’autres
prennent soin de chercher un
ticket de l’horodateur, mais le
temps de revenir à leurs voi-
tures, ils les trouvent volatili-
sés comme par magie.
Pour assurer une meilleure
fluidité du trafic routier dans
la capitale, la municipalité de
Tunis a mis en place une stra-
tégie permettant la rotation des
sabots qui a pris cessation en
2005 lorsque l’un des membres
de la famille de l’ex-président
Ben Ali a trouvé son bolide immo-
bilisé par un sabot. Les fameux
sabots, acquis à coût de devises
pour désencombrer la voie
publique, ont été remplacés par
des horodateurs afin de ren-
forcer le confort des citoyens et
alléger l’embouteillage tout en
assurant la sécurité de tous les
usagers de la route. Mais qua-
rante-huit heures après la révo-
lution, l’anarchie et l’occupa-
tion sauvage des chaussées ont
pris le dessus et c’en était fini
du comportement civique dont
se prévalaient les utilisateurs
de la route.
La Presse Magazine - N° 1224 — 3 avril 2011
EN COUVERTURE
Le stationnement dans la
zone bleue, délimitée au nord
par l’avenue du Ghana, au sud
par l’avenue Habib-Bourguiba,
à l’est par l’avenue Mohamed-
V et à l’ouest par l’avenue Habib-
Thameur et qui est entrée en
vigueur en octobre 2005, fait
partie d’une stratégie de sta-
tionnement qui tend à organi-
ser la ville de Tunis en fonction
des commerces et des adminis-
trations, c’est le stationnement
à courte et moyenne durée.
Quant au stationnement à
longue durée, il concerne la péri-
phérie de la capitale. A ce titre,
des parkings à étages du quar-
tier de Lafayette et celui de
Mokhtar-Attia et de la rue de
Turquie, réalisés par des pri-
vés conformément à des appels
d’offres lancés par la munici-
palité de Tunis, ont contribué
à résorber le déficit en places
de stationnement dans la capi-
tale. «En raison de leur coût
excessif, la municipalité ne pou-
vait prendre en charge une telle
entreprise. Elle a donc cédé des
terrains à des particuliers pour
la construction de parkings mais
sous des conditions strictes
comme par exemple l’interdic-
tion de bâtir des commerces,
mais elle a vite lâché du lest face
à la réticence des promoteurs»,
explique Saida Allagui, direc-
trice de la voirie de la munici-
palité de Tunis. Ces parkings
sont gérés par les particuliers
en partenariat avec la munici-
palité. «Pour l’heure, on peut
parler de recettes excédentaires.
Il est clair qu’un pourcentage
revient à la municipalité pour
servir à l’achat et à l’entretien
du matériel ainsi qu’aux salaires
des fonctionnaires», précise notre
interlocutrice.
Plusieurs avantages ont été
accordés aux promoteurs pour
la construction des parkings
dont les coûts sont excessive-
ment élevés allant de 17 à 24
milliards et nécessitent un
savoir-faire spécifique au niveau
de la gestion et du fonctionne-
ment. Parmi les avantages, la
zone bleue dont la gestion a une
grande influence sur les par-
kings. Toute voiture en sta-
tionnement irrégulier est enle-
vée et déposée à la fourrière
municipale contre une somme
de 34 dinars (29DT l’enlève-
P. 5

ment et 5DT par jour le sta-
tionnement à la fourrière), «ce
qui ne représente pas une somme
excessive compte tenu des
charges»., indique la directrice
de la voirie. Ce recours à l’im-
mobilisation temporaire d’un
véhicule en cas de dépassement
du délai autorisé du stationne-
ment est une manière répres-
sive et dissuasive de nature à
obliger les conducteurs à garer
leurs véhicules au parking.
C’est la municipalité qui déci-
de de l’enlèvement par le biais
d’agents de réglementation. En
cas de conflit, le citoyen a recours
à la municipalité. «Le gardien-
nage sauvage des clandestins
est le principal couac d’un sys-
tème qui prévoit une souplesse
d’une demi-heure au profit des
usagers, qui, occupés à leur vaca-
tion, peuvent arriver en retard
pour payer le stationnement de
leur voiture», note, d’autre part,
Saida Allagui. Autrement dit,
certains automobilistes préfè-
rent charger un gardien clan-
destin à qui ils confient leur voi-
ture en contrepartie de la somme
de 500 millimes ou 1 dinar au
lieu de la garer dans un par-
king sécurisé. Ils participent en
quelque sorte à la gabegie. Ce
sont ces voitures ventouses qui
gênent la circulation.
Faire œuvre de civisme et de
civilité en respectant le Code
de la route et du stationnement
est une obligation pour tous, et
ce, pour éviter tout désordre.
Pour juguler le problème de la
P. 6
EN COUVERTURE
circulation dans le Grand-Tunis,
la municipalité a envisagé
d’autres solutions comme par
exemple inciter les automobi-
listes à stationner leurs véhi-
cules au parking de Mohamed
V et d’emprunter une navette
de bus baptisés «Oiseaux bleus»
assurant leur transfert au centre-
ville gratuitement.
Les contrevenants se plai-
gnent de la flambée des prix des
amendes qu’ils doivent payer
en monnaie sonnante et trébu-
chante. La moyenne de mise en
fourrière est estimée à une voi-
ture toutes les 30 minutes.
L’enlèvement d’un véhicule occa-
sionne outre l’embouteillage,
l’énervement et la perte de
temps. «Il nous faut un autre
système parallèle comme dans
La Presse Magazine -
toutes les villes développées : soit
le retour aux sabots, soit un sys-
tème électronique fiable auquel
on pense actuellement et qui
consiste en un appareil per-
mettant de noter le numéro d’im-
matriculation et l’heure du sta-
tionnement pour éviter toute
lacune et surtout la perte de
temps. Le procédé doit être inté-
gré dans un système en concor-
dance avec le ministère de
l’Intérieur qui permet au contre-
venant de payer son amende sur
place», propose la directrice de
la voirie. «Mais c’est le respect
des uns et des autres qui peut
remplacer la grue ou le sabot»,
ajoute-t-elle.
Ce système occuperait une
place importante et remplace-
rait les dispositions rigides et
répressives par d’autres plus
souples comme le partage modal
entre transport public et privé.
Il faudrait 60% de transport en
commun pour alléger la satu-
ration au centre-ville. Mais
depuis 2007, la municipalité
attend les 1.000 bus qui pour-
raient désengorger la capitale
et assurer, par conséquent, la
protection de l’environnement
en limitant la pollution et le
gain d’énergie évalué à 30 mil-
liards par an. La construction
d’autres parkings dans les zones
périphériques de Tunis, à la
place Pasteur ou à Saint-Gobain
est de nature à participer au
désencombrement du centre-
ville.
N.G.
N° 1224 — 3 avril 2011
 EN COUVERTURE
Code de la route

Plus jamais ça…

C’est le comble de staff de la police de la
l’anarchie à grande circulation fait le for-
échelle dans la circu- cing depuis plus d’une
lation urbaine, après semaine pour que cet-
la révolution du 14 jan- te situation se règle au
vier, et c’est la capita- plus vite. Les automo-
le et ses alentours qui bilistes devront encore
vivent ce calvaire avec prendre leur mal en
des rues où le passage patience et respecter le
des voitures est auto- Code de la route pour
risé sur plusieurs voies, éviter toutes sortes d’in-
tout comme le station- fractions.»
nement laissant un bout La citoyenne Hajer
de ruelle minuscule où Jemaï ajoutera : «C’est
vient s’entasser tout le le moment de prendre
reste. C’est vraiment toutes les précautions
le monde à l’envers dans nécessaires, pour remettre
l’univers de la circula- les choses en place et
tion urbaine dans les réorganiser la circula-
grandes artères «où tout tion, sachant que la rue
le monde semble faire est devenue à un moment
n’importe quoi», les donné comme une ruche
conducteurs piétinant Conséquence direc- dem avec les respon- qui grouille où règne le
le Code de la route et te : la circulation tout sables pour la mise en désordre total. La fonc-
les piétons «circulent» au long de la journée application «stricte» des tion de la police de la
sur les chaussées en est anarchique, les prio- dispositions régissant circulation est devenue
délaissant les trottoirs, rités ne sont plus res- la circulation dans le assez chargéee, voire
ou encore les énergu- pectées, des embou- Grand-Tunis, devenue impérative pour assu-
mènes motorisés qui teillages monstres, des «étouffante». «On est rer la sécurité routière
s’engagent à l’aveu- bouchons liés au sta- certes pointé du doigt et faire respecter le
glette en sens interdit tionnement anarchique pour le manque d’or- fameux Code. La pré-
. Motif ? Défaut de des véhicules, et c’est ganisation et ce désordre, sence massive des agents
plaques de signalisa- l’accrochage quasi assu- mais on a été tous orien- de la circulation aujour-
tion, démolis lors de la ré. té vers d’autres tâches d’hui dans tous les ronds-
révolution. Quel gâchis pour des plus importantes, voi- points et les grandes
Trois mois après la irresponsables qui n’ont re prioritaires, afin de artères de la capitale et
révolution, l’anarchie pas bougé le doigt pour garantir la sécurité et ses environs est rassu-
de la circulation s’éclip- répondre à une pagaille la stabilité dans le pays. rante et assure une
se. Il semble que les indescriptible. Il semble Après ces trois mois, meilleure organisation
autorités concernées que la police chargée c’est le retour à la vie de la circulation». Dans
par la gestion du tra- de veiller au respect normale, et c’est notre le même contexte, le
fic routier et de la cir- des lois sur la circula- devoir de veiller à l’at- conducteur Lassaâd
culation régulière ont tion n’a pas pu faire son titude et au comporte- Chikhaoui insiste sur
mis les bouchées doubles travail après la révo- ment du citoyen et du la sensibilisation des
pour rappeler à l’ordre lution. Sécurité, paix conducteur sur la rou- usagers de la route appe-
tous les usagers de la et stabilité obligent. te, au respect du Code lés à éradiquer cette
route. Il s’agit de reve- Peut-on donc mettre de la route et aux dis- anarchie et s’engager
nir au fur et à mesure ces défaillances sur le positions réglemen- ensemble pour amélio-
aux dispositions régis- dos des responsables taires…». rer les conditions de vie
sant la circulation pour de la police ? Noureddine Un peu plus loin, son quotidienne du citoyen
qu’elles soient stricte- Fathallah, l’un des poli- collègue, Lotfi Boukari, sur le plan de la sécu-
ment appliquées essen- ciers de la circulation, reconnaît : «Le centre- rité. Il s’agit, en effet,
tiellement dans la capi- de retour enfin sur l’un ville est la première vic- d’une responsabilité
tale qui, après la révo- des ronds-points dans time de cette situation commune à l’égard d’au-
lution, a vécu un vrai la banlieue sud de la où le citoyen est le pre- trui….
débordement. capitale, forme un tan- mier responsable. Le N. KHEMIRI

La Presse Magazine - N° 1224 — 3 avril 2011 P. 7

 EN COUVERTURE

Côté Chiffres
Statistiques de l’Observatoire
national de la circulation
Décembre 2010
714 accidents, 97 tués et 1.113
blessés par comparaison à
décembre 2009, le nombre d’ac-
cidents étaient de 742 dont 109
tués et 1.079 blessés. Ce qui
nous donne un taux de -28 acci-
dents (-3,77%), - 12 tués (-11,01%)
Janvier 2011
384 accidents, 85 tués et 495
blessés par rapport à janvier
2010, il y a eu 709 accidents,
104 tués et 9.848 blessés, soit
-325 accidents (45,84%), - 19
tués (18, 25%) et -453 blessés
(- 47, 78%)
Février 2011
420 accidents, 89 tués, 595
blessés par rapport à février
2010, le nombres d’accidents
étaient de 711, 99 tués et 1.032
blessés, soit -291 accidents (-
40,93%), -10 tués (- 10,01%) et
-437 blessés (- 42, 34%).
Cette tendance à la baisse
s’étend jusqu’au mois de mars
2011 et s’explique d’une maniè-
re générale par la période de
couvre-feu qui a suivi la révo-
lution et durant laquelle la den-
sité de la circulation était faible.Il
y a aussi le facteur psycholo-
gique qui rentre en ligne de
compte. Les usagers pratiquent
l’auto-contrôle lorsqu’ils emprun-
tent leurs voitures ou alors aban-
donnent leurs véhicules et uti-
lisent le transport en commun.
Cette interaction des causes a
ralenti de manière considérable
le nombre d’accients de la route.
N.G.

Sixième cause de décès en Tunisie

Eu égard au nombre accidents de la route représenté environ 2% métaboliques liés au
sans cesse croissant ne figurent pas parmi des causes de décès diabète et les mortali-
des véhicules, les acci- les trois premières enregistrés en Tunisie tés pré-natales. Les
dents de la route aug- causes de décès ou de en 2009. Les accidents accidents de la route
mentent pour atteindre handicap, ils suscitent de la route sont la 6e touchent des victimes
un nombre impres- quelques inquiétudes. cause de mortalité hommes, femmes et
sionnant. Malgré le dis- Selon la dernière après, par ordre d’im- enfants occasionnant
positif mis en place, la enquête en date menée portance, les maladies des pertes humaines
sécurité routière prend par l’Institut national cardio vasculaires, les et des dégâts matériels
une place importante de la santé publique cancers, les maladies inestimables.
dans le domaine de la (INSP), les accidents respiratoires, les mala-
santé publique. Si les de la voie publique ont dies endocriniennes et N.G.

Troisième cause de décès dans le monde

Chaque année les accidents
de la route font 1,2 million de
victimes. Aux décès s’ajoutent
des millions de blessés graves.
Les victimes sont plus nom-
breuses dans les pays en déve-
loppement et les chiffres conti-
nuent à augmenter. Il est esti-
mé qu’en 2020, les accidents de
la route seront la 3e cause de
décès due aux traumatismes.
En plus de la souffrance
humaine, le coût estimatif des
accidents de la route est entre
1% et 2% du PNB annuel de ces
pays, les pertes atteignant 65
milliards de dollars par an, soit
deux fois l’aide fournie aux pays
en développement. Dans ces
pays, les principales victimes
de l’insécurité routière sont les
piétons, les cyclistes, les pas-
sagers des transports publics.
Les mesures de prévention pri-
maire et de protection indivi-
duelle et collective doivent tenir
compte de ces différences. L’OMS
(Organisation mondiale de la
santé) reconnaît l’urgent besoin
d’affronter énergiquement ce
problème dans les pays en déve-
loppement.
Extrait d’un entretien avec
le Dr Etienne Krug,
directeur à l’OMS accordé à
la revue sécurité routière

P. 8 La Presse Magazine - N° 1224 — 3 avril 2011

 INTERVIEW
Mokhtar Rassaâ, PDG de l’établissement
de la télévision tunisienne

«Notre ambition est de jeter les bases

d’une télévision publique libre»
Avant le 14 janvier, les Tuni-
siens n’aimaient pas leur télévi-
sion nationale, ils en avaient honte
tant les programmes d’informa-
tion et de divertissement étaient
taillés sur mesure à hauteur des
désirs du dictateur. Aujourd’hui,
la télévision est devenue publique
et essaie, malgré l’accumulation
des problèmes de divers ordres :
financier, équipement, formation
etc., de se réconcilier avec les spec-
tateurs en leur proposant une
matière proche de ses préoccu-
pations. Face à la concurrence
d’autres chaînes privées, la télé-
vision publique sera-t-elle à la hau-
teur des attentes des citoyens?

Quand on vous a donné les

clefs de la télévision tuni-
sienne, dans quel état avez-
vous trouvé l’établissement ?
Je l’ai trouvé à l’arrêt. Il fal-
lait la redémarrer, ce qui n’était
pas une tâche facile. En voyant
dans quelle situation elle était,
je n’avais pas le moral, le per-
sonnel de l’établissement non
plus. Mais une fois les premières
48 heures passées, je me suis res-
saisi et j’ai communiqué ma volon-
té de faire reprendre confiance
du citoyen en la télévision en
adoptant une série de mesures
pour produire des programmes
et redémarrer sur de nouvelles
bases.

Justement quels types de

mesures avez-vous entrepris ?
J’ai pensé à une télévision arti-
culée autour d’émissions qui com-
mencent avec une matinale, un
espace pour les enfants, un autre
pour la famille, ensuite, la redif-
fusion des émissions de la veille,
les informations de 14h00 puis
des enfantines. Nous sommes un
service public, nous devons tenir
compte , entre autres, des familles
qui ont des enfants en bas âge.
Quelle stratégie avez-vous
adopté pour offrir aux spec-
tateurs des programmes qui
soient à la hauteur de leurs
attentes, en tenant compte
de la concurrence des autres
chaînes ?
Nous n’en sommes pas enco-
re là. Notre ambition de produi-
re des programmes qui plaisent
au plus grand nombre même si
on sait qu’on ne peut pas plaire
à tout le monde du fait que nous
sommes une télévision généra-
liste. Nous nous adressons à un
spectre très large d’enfants, de
jeunes, d’adultes et de personnes
agées, de gens instruits ou cul-
tivés, d’autres pas. Donc, on ne
peut pas satisfaire tous les goûts.
Il y aura toujours des émissions
qui ne plairont pas à une caté-
gorie de personnes et d’autres
qui plairont à une autre catégo-
rie. On ne peut jamais atteindre
la pleine satisfaction du public.
C’est une chose impossible. Il y
a des gens qui nous comparent
à des chaînes spécialisées dans
les informations à l’instar d’El
Jazira ou de France 24. C’est trop
facile de ne faire que de l’infor-

La Presse Magazine - N° 1224 — 3 avril 2011 P. 9

 INTERVIEW

mation parce qu’il s’agit d’une tique choisir. Il y a des citoyens à la forme, elle coûte très chère
seule matière. Il faut juste avoir qui ne se retrouvent pas du tout, et exige du temps.
un bon staff, des équipements on essaie dans la mesure du pos-
puis le tour est joué. Tandis qu’une sible de leur fournir une infor- Disposez-vous des moyens qui
chaîne généraliste comme France mation utile pour qu’ils fassent vous permettent d’atteindre
2, TF1, la BBC ou la Rai, c’est leur choix. Pour cela, nous orga- vos objectifs ?
très difficile. Demander aux nisons des débats sereins et équi- Pour le moment, nous n’avons
Italiens ce qu’ils pensent de leur tables avec les partis politiques pas les moyens de nos ambitions
chaîne et ils vous diront que tous ainsi que des reportages sur la mais dans quelque temps nous
ne l’apprécient pas de la même situation du pays. les aurons. Nous allons pouvoir
manière. Il n’y a pas d’unanimi- Nous avons réalisé un nou- nous organiser pour atteindre
té car ça dépend de quel point de veau magazine d’information des objectifs qui sont à la mesu-
vue on se place. De même pour «Tahkikat» qui complète éven- re de coller à la réalité, pour que
les chaînes publiques françaises tuellement le journal télévisé. le citoyen se rende compte qu’il
ou anglaises. Un JT très bien suivi parce qu’il est en présence d’une télévision
Pour notre part, nous essayons tente d’être objectif et complet. généraliste mais de proximité et
dans la mesure du possible de ne Il y a des spectateurs qui atten- qui répond dans une large mesu-
pas être honni, au moins que nos dent leurs séries télévisées, re à l’écho de ses aspirations et
émissions de service servent à d’autres les émissions culturelles, de ses besoins.
Pour ce qui est du budget, il
n’est pas fixe. Il doit se dévelop-
per en fonction de la publicité.
Je peux vous affirmer que la presse est totale- Celle-ci ne peut évoluer qu’en
ment libre dans cette institution publique et non fonction de l’audience des spec-
pas officielle. Personne ne nous donne des ins- tateurs de la chaîne et cela n’est
tructions. Le fait d’être libre suppose des respon- possible que s’il y a de bons pro-
sabilités au niveau de la déontologie et du res- grammes. Tout d’abord, nous
devons assainir l’institution qui
pect de l’art de la presse est très malade en faisant des
économies et en axant les efforts
sur la qualité de la production.
quelque chose : à instruire ou à les variétés etc. Nous nous ache- C’est pourquoi, nous allons mettre
cultiver ou à donner des infor- minons vers une plénitude de la l’accent sur la formation dans
mations utiles sur le plan poli- chaîne. Avec la liberté qui nous tous les corps de métiers. Ainsi
tique pour éclairer le citoyen dans est offerte aujourd’hui, nous envi- arriverons-nous dans quelques
ce capharnaüm de partis : quel sageons une réconciliation du mois à faire une bonne télévi-
code électoral et quel régime poli- citoyen avec sa télévision. Quant sion.

P. 10 La Presse Magazine - N° 1224 — 3 avril 2011


Je suis heureux de contribuer,
pour ma part, à jeter les bases
d’une télévision publique libre.
C’est la seule satisfaction que
j’éprouve en prenant les rênes de
la télévision après ma retraite.
D’aucuns disent que les infor-
mations sont orientées pour
ne pas dire qu’il y a un retour
à la censure...
C’est une calomnie, un men-
songe et une accusation gratui-
te parce que ceux qui regardent
le JT de notre chaîne constatent
le cap important qui existe entre
le JT d’aujourd’hui et celui d’avant
le 14 janvier. Je peux vous affir-
mer que la presse est totalement
libre dans cette institution
publique et non pas officielle.
Personne ne nous donne des ins-
tructions. Le fait d’être libre sup-
pose des responsabilités au niveau
de la déontologie et du respect
de l’art de la presse. Nous avons
certes des journalistes jeunes qui
n’ont pas suffisamment d’expé-
rience. Des stages sont prévus
pour leur formation sur place
dans le but de parfaire leur per-
formance. De nombreux Tunisiens
nous ont fait savoir qu’ils appré-
cient plus le JT de notre chaîne
que ceux d’El Jazira ou d’autres
télévisions.
J’insiste sur le fait que nous
sommes libres et nous diffusons
les informations importantes car
Il y aura une programmation adaptée au mois
de Ramadan. Il ne faut pas mettre dans la tête
des gens que Ramadan équivaut à feuilletons
faute de moyens nous ne pou-
vons pas tout aborder d’une part,
et ensuite nous ne sommes pas
une chaîne d’information en
boucle. Actuellement, le JT dure
50 minutes, voire 1 heure, chose
qui n’existait pas avant. Autrefois,
on se contentait des activités du
président qui passaient en pre-
mier lieu, ensuite celles du pre-
mier ministre. Mais actuelle-
ment, c’est le fait du jour natio-
nal ou international qui prime.
Il y aurait un retour de pré-
sentateurs retraités ou de
figures de l’ancien régime?
C’est faux, d’ailleurs où sont-
ils et puis à qui faites-vous allu-
sion ? Il y a effectivement un
retraité qui n’a rien à voir avec
La Presse Magazine - N° 1224 — 3 avril 2011
INTERVIEW
l’ancien régime et n’a pas d’ap-
partenance particulière. C’est
quelqu’un de très professionnel.
Moi-même j’ai eu maille avec l’an-
cien régime qui ne m’a pas lais-
sé travailler comme je le voulais.
La maison de la télévision, en
tant qu’infrastructure, ne
semble pas être adaptée à la
production de programmes,
qu’en pensez-vous ?
Effectivement, le lieu ressemble
un peu à Ford Boyard, mais on
s’y adapte. L’espace est très grand
et offre beaucoup de possibiltés,
Cactus est une expérience qui a ruiné
la télévision et l’a éprouvé surtout
sur le plan financier
mais en ce moment il est sous-
équipé. Certaines spécialités poin-
tues dans le domaine du jour-
nalisme manquent également.
Mais la télévision peut se faire
même dans un espace plus réduit.
La relation entre les pro-
ducteurs privés et la télévi-
sion a-t-elle changé après la
main mise de Cactus ?
Il n’y a pas que Cactus. Cactus
est une expérience qui a ruiné la
télévision et l’a éprouvé surtout
sur le plan financier. Mais une
télévision ne peut pas rester enfer-
mée sur elle-même. Pour l’heu-
re, nous devons compter sur ce
que nous avons. Plus tard, on
pourra se tourner vers l’extérieur.
Qu’envisagez-vous comme
production pour le mois de
Ramadan? Sera-t-elle adap-
tée au changement que vit la
Tunisie après la révolution ?
Il y aura une programmation
adaptée au mois de Ramadan. Il
ne faut pas mettre dans la tête
des gens que Ramadan équivaut
à feuilletons. La plupart des
feuilletons n’était pas réussie.
On peut imaginer une program-
mation adaptée au changement
de régime dans la vie du citoyen
en proposant des rubriques moins
longues et beaucoup plus origi-
nales. Notre démarche est de
nous acheminer sérieusement et
de manière déterminée vers la
démocratie. La démocratie c’est
la liberté responsable et si la
révolution ne nous conduit pas
à cela, elle aura été veine.
Comment envisagez-vous
l’avenir de la deuxième chaî-
ne, la Watania 2 ?
La vocation de la Watania 2
ou Tunis 2 est qu’elle se fait l’écho
des régions et la voix des jeunes.
Ses programmes seront articu-
lés dans ce sens. Nous allons ren-
forcer son action pour qu’elle soit
véritablement la voix des jeunes
et l’écho des régions en atten-
dant de lui trouver une meilleu-
re formule avec des moyens et
des équipements beaucoup plus
adaptés.
Quelles genres d’émissions
aimez-vous regarder ?
Personnellement, je suis féru
de documentaires historiques et
archéologiques intéressants.
J’aime aussi regarder les infor-
mations un peu comme tout le
monde. J’apprécie les belles fic-
tions mais ce que j’aime par-des-
sus tout sont les entretiens avec
les personnalités importantes
comme les philosophes, les his-
toriens qui ajoutent à notre
connaissance et à notre expé-
rience.
Vous avez été pendant de
longues années à la tête du
festival de la Médina, vous
manque-t-il aujourd’hui ?
Il ne me manque pas. Le fes-
tival de la Médina est une expé-
rience originale et unique au
monde d’après les déclarations
des artistes qui ont participé à
ce festival. Ils nous ont toujours
dit que la convivialité et la cha-
leur du public tunisien n’exitent
pas ailleurs. Quant à moi, j’ai pu
réaliser mes fantasmes musicaux
et culturels durant 26 ans. Je
pense que c’est suffisant et qu’il
faut laisser la place aux autres.
Entretien conduit
par N.G.
P. 11
 RETROVISION
Cactus production, la fuite en avant
A
près avoir longtemps boudé les médias, Sami Fehri , le patron
de Cactus production, qui faisait la pluie et le beau temps
sur la défunte Tunisie 7, court derrière les médias, entre
radios et presse écrite. Ces médias lui donnent l’occasion de se
défendre, afin de se refaire une virginité. Il jure ses grands dieux
qu’il est innocent de toutes les accusations dont il est la cible. En
atteste l’argutie du producteur : l’association avec Belhassen
Trabelsi, il l’a subie et non voulue, ce dernier non seulement l’a
obligé, mais n’a mis aucun sou et s’est contenté d’être son associé
à hauteur de 51%, a-t-il clamé sur tous les toits. Mais qui a alors
payé les droits faramineux de Akhir Qarar exigés par Endemol ?
N’est-ce pas la société Karthago, du même Belhassen, montée grâce
à l’argent volé au contribuable. Et la litanie de jérémiades et de
justifications du patron de Cactus production continue de plus
belle : le matériel du car-régie de la chaîne publique, il l’a loué, le
personnel de la même télé, il l’a royalement payé, les recettes de
la pub et des SMS ont été empochées en accord avec tous les
directeurs qui ont défilé à la tête de la chaîne, la diffusion de toutes
ses émissions en prime time, c’est toujours avec la bénédiction de
la direction de la chaîne. Quant au fisc, la TVA et la Cnss, il est en
règle jusqu’au dernier millime. Bref, le patron de Cactus nous peint
une situation des plus légales. On croit rêver au point de se demander
qui en veut tant à S. Fehri, pauvre victime, pour l’accuser de tous
ces maux dont il est, selon lui-même, si innocent ? Qui lui en veut
tant au point de geler tous ses avoirs ? Mystère !
Pourtant, si nos souvenirs sont bons, les émissions de Cactus
production ont accaparé la grille de la chaîne, à telle enseigne qu’on
avait l’impression qu’on avait affaire à une télé dans la télé. Après
les émissions de jeu et de divertissement entamées, il y a huit ans
avec Akhir Qarar, Dlilek Mlak, Seul contre 100, Ahna Hakka,
l’animateur et producteur devient réalisateur en passant à la
fiction, produisant, ainsi, deux feuilletons à partir de 2008, Maktoub
1 et 2 et enfin un troisième, Casting en 2010, qu’il a non seulement
réalisé mais aussi écrit (sic). La téléréalité ? Ça le connaît aussi
puisqu’il a produit El Haq Maâk, Andi Ma Nkollek et même un
divertissement pour les enfants, Sofiane-Show, sans compter
l’émission de sport Stade 7 programmée le lundi, dans la foulée
de Dimanche-Sport en dépit des redondances. Certes, l’émission
conduite par un animateur de la trempe de Moez Ben Gharbia a
de quoi séduire, mais, parlons franc : cette indigestion de programmes
sportifs ne faisait-elle pas partie intégrante de la politique lénifiante
de Ben Ali qui consistait à anesthésier les masses par le foot ? La
réponse tombe sous le sens.
Ainsi, Cactus production a raflé toute la mise à telle enseigne
qu’en 2009-2010 elle se taillait la part du lion des prime times
durant quatre à cinq soirées consécutives, engrangeant toute la
pub sur son passage. Pis, durant Ramadan 2005, les téléspectateurs
ont été sidérés et estomaqués de voir Akhir Qarar diffusée juste
après l’appel à la prière et la rupture du jeûne, alors qu’ils étaient
habitués à suivre des émissions religieuses. De la pure provocation
! Mais qui se souciait, alors, des sentiments, attentes et traditions
du bon peuple ? Visiblement pas Sami Fehri fort du seul pouvoir
de son associé si méprisant envers nos valeurs religieuses, morales
et traditionnelles et préoccupé par un seul but : amasser de l’argent
à la pelle, encore et encore. Idem pour le feuilleton Maktoub qui
s’est également offert le prime time toujours pour une question de
pub (26 interminables minutes) de sous et de cupidité, au grand
dam du public friand de la sitcom Choufli Hall.
Le gérant de Cactus répète à l’envi et à tous ceux qui veulent
l’entendre que «ses programmes se distinguent par la qualité».
Mais de quelle qualité parle-t-il ? Certes, il est facile quand on
dispose d’autant de moyens de soigner quelque peu la forme, mais
voyons le contenu et les objectifs de ces émissions ? Détourner les
téléspectateurs des vrais problèmes politiques économiques et
sociaux n’étaient-ce pas là les buts latents et cachés de ces programmes
? Tout porte à le croire. Et les valeurs véhiculées par la plupart de
ces émissions ? Parlons-en. Ne s’agit-il pas, au fait, de vendre des
illusions et de faux rêves au public ? Cela en érigeant l’argent, la
cupidité, le profit et l’enrichissement sans effort, ni peine, ni labeur
en norme et en modèle. Les programmes de Cactus consacrent,
justement, le renversement des valeurs : le gain facile au détriment
de la connaissance, du savoir et de la compétence. Avec Sofiane-
show on a volé aux enfants candidats leur enfance en les travestissant
en adultes grossièrement maquillés pour une parodie de chant et
de danse.
P. 14
Par Samira DAMI
Les émissions de téléréalité ont, elles, consacré le nivellement
par le bas et érigé la télé poubelle en norme, le voyeurisme et le
déballage de linge sale, en imposant aux téléspectateurs des scènes
et des propos des plus vulgaires contre toutes les valeurs morales,
et ce, notamment dans Andi Ma Nkollek, tandis que El Haq Maâk,
expose, au cas par cas, affaires, litiges et injustices subies par
certains citoyens, sans jamais bien sûr rendre compte de celles
perpétrées par le clan des familles au pouvoir et leurs proches. Et
qui étaient ô combien nombreuses ! Or, s’il y avait une vraie justice
indépendante du temps Ben Ali, pareille émission aurait-elle eu
sa place dans une télé publique ? Assurément non.
Jamais rassasiés, les associés de Cactus production voulaient
encore plus. Ils n’ont pas hésité, pour accaparer davantage la
cagnotte, à jeter leur dévolu sur le domaine de la fiction. Pour cela,
Sami Fehri s’est autoproclamé réalisateur, puis scénariste (Casting),
alors qu’il était totalement étranger à ces métiers. Car il semble
qu’aux autres producteurs, animateurs et réalisateurs de la chaîne
publique, il ne fallait laisser que des miettes. Ainsi, les meilleures
plages d’audience étaient monopolisées, sur la défunte Tunisie 7,
par Cactus qui comptait même rafler la tranche du prime time du
samedi soir en produisant une émission de variétés dont le premier
numéro, fin prêt, n’a jamais été, on ne sait trop pourquoi, diffusé.
Concernant la prétendue qualité des feuilletons made in Cactus
production, nous l’avons cherchée à la loupe, nous n’avons trouvé
nulle trace, tant il s’agit d’un galimatias à la sauce mexicaine,
informe où tous les tabous sociaux, sauf ceux politiques bien sûr,
sont convoqués pour en mettre plein la vue au public qui, en plein
mois de Ramadan, ne savait plus à quel saint se vouer face à toutes
ces affaires de sexe, drogue, trafic, gangs, corruption et autres
dérives racontées de manière si peu cohérente et de surcroît mal
ficelées, truffées de clichés, laborieusement filmées et jouées dans
des décors au luxe artificiel et tapageur dans l’air du temps Ben
Ali-Trabelsi. Quelles valeurs prônent ces fictions qui montrent
sous un jour positif et sympathique un homme à femmes, un bandit,
un parrain, sans aucune velléité critique de ces personnages ?
Sinon encore une fois, et la boucle est bouclée, des valeurs qui ne
sont pas les nôtres, la banalisation, sous prétexte de critique sociale,
du délitement des mœurs, de la violence, du gain facile et illicite
et nous en passons et cela est d’autant plus voulu que ces feuilletons
ont été diffusés en prime time au moment où tout le monde se
trouve devant la télé, enfants compris.
En fait, ce qui distingue la majorité des productions de Cactus
c’est l’emballage, le clinquant, mais la coquille est vide, sans teneur,
seul compte la quantité pour assurer un maximum de profit, ce
qui n’a pas manqué de vider de sa substance, de ses compètences
et d’appauvrir matériellement et financièrement la télé publique
qui s’est installée dans la routine, impuissante à réagir. Encore
une fois, le 13 janvier, jour du dernier discours du président déchu,
le réalisateur et producteur accourut précipitamment pour redevenir
l’animateur d’un soir d’une émission qu’il croyait salvatrice, mais
qui se révéla, bien au contraire, un linceul pour l’ancien régime.
Puisque c’était là, la dernière cartouche de Ben Ali, le peuple ayant
dit «son dernier mot» et ne voulant plus qu’une chose : qu’il dégage
une fois pour toutes de leur vie et de leur horizon. L’animateur
non seulement n’avait rien compris, mais n’hésita pas à narguer
et provoquer les mères des martyrs en leur demandant de «pousser
des you-yous de joie pour saluer le discours historique et progressiste
du président» (sic). On connaît la suite…mais à défaut de Carthage-
TV dont il attendait l’autorisation, avec son associé, Sami Fehri
se contentera de placer le lot de programmes, qui lui est resté sur
les bras et qu’il a produit du temps de Ben Ali, sur la chaîne
Ettounissya (on se demandera, au passage, de quel droit un privé
s’approprie-t-il le nom du pays pour nommer sa chaîne ?) qui
émettra à partir de l’Arabie Saoudite, suivez mon regard…
Maintenant, l’on constate qu’il est facile de cracher dans la
soupe, après avoir profité et joui du système, en long et en large,
de jouer à la victime. Car ce que Sami Fehri a omis de nous dire
c’est que n’eût été le bras (hyper) long de son associé, jamais, au
grand jamais, il n’aurait bénéficié d’autant de facilité de production,
de diffusion et de plages publicitaires obtenus, en deux temps trois
mouvements, par son associé. Faire son mea-culpa comme tant
d’autres c’était le minimum attendu du patron de lui. Mais non.
Le patron de Cactus production persiste et signe, contre vents et
marées, sa politique de fuite en avant.
S.D.
La Presse Magazine - N° 1224 — 3 avril 2011
 B E L I E R
(21 mars- 19 avril)
Si vous avez su vous montrer à la hauteur de votre
tâche, de vos ambitions et de vos souhaits, vous devriez
H O R O S C O P E
obtenir ces jours-ci une augmentation de vos revenus.
Grâce à Mercure, vous aurez une rapide et intense per-
ception des événements. Enterrez la hache de guerre
avec une personne que vous aimez, au fond de vous.
T A U R E A U
(20 avril- 20 mai)
Votre carrière sera une priorité pour vous, et vous
cherchez par vous-même à prendre la place numéro un.
Bel épanouissement affectif, joies amoureuses, enthou-
siasme et élan du cœur. Vous recevrez l'appui solide de
relations amicales fidèles. Examinez soigneusement vos
projets avec eux.
G E M E A U X
(21 mai- 21 juin)
C'est durant cette période que vous devrez faire le point,
et mettre sur pied tout ce qui peut apporter une expansion
à vos activités et à votre carrière. Avec un Ciel à si forte
coloration vénusienne, à vous, cette fois-ci, les exploits amou-
reux sans précédent, les découvertes sensuelles et les per-
formances inédites ! Les planètes en mauvais aspect agi-
ront de façon néfaste sur votre système nerveux.
C A N C E R
(22 juin - 22 juillet)
Vous aurez des décisions à prendre en Janvier, mais
vos pensées seront ailleurs. Vous aurez cette fois le char-
me des gagneurs à qui rien ni personne ne résiste. La
conjoncture astrale favorisera vos rapports avec votre
entourage.
L I O N
(23 juillet - 22 août)
Cette période, en raison des aspects astraux tortueux,
sera pleine d'embûches. Observez donc au moins un mini-
mum de prudence, avant de prendre une décision impor-
tante. En toutes choses, modérez vos réactions un peu
brutales. Si vous n'avez pas fait preuve jusqu'ici de sages-
se en matière d'argent, vous connaîtrez des contraintes
financières très pénibles.
V I E R G E
(23 août - 22 Septembre)
Dans le travail, laissez s'exprimer votre imagination
et votre créativité, qui seront portées à leur paroxysme
par la Lune. Ne vous laissez pas entraîner dans des aven-
tures qui vous procureront plus de désagréments que de
satisfactions. Après tant de foules et les manifestations
publiques, vous aurez besoin d'un peu de solitude.
B A L A N C E
(23 Septembre - 22 octobre)
Toute démarche en relation avec l'étranger sera bien
protégée. Un beau carré astral favorisera les amours et
les sentiments ces jours-ci. Vous vous retrouvez au sein
de personnes nouvelles, curieuses de vous connaître.
S C O R P I O N
(23 octobre - 21 novembre)
Avec cet environnement planétaire, il y aura une conju-
gaison harmonieuse de l'esprit d'initiative et des oppor-
tunités, qu'il faudra bien entendu saisir au vol. Vénus
soutiendra vos affaires de cœur. Mais le côté favorable de
son influence sera un peu affaibli par d'autres configu-
rations planétaires. Un petit cadeau vous boostera le
moral.
S A G I T T A I R E
(22 novembre - 21 décembre)
Le travail que vous accomplirez avec persévérance vous
vaudra des succès mérités, et l'on n'hésitera pas à vous confier
des responsabilités dans les domaines que vous maîtrisez.
Vous aborderez la période avec de bonnes résolutions : remettre
de l'ordre dans vos amours, arracher les mauvaises herbes
du doute et de l'ennui, et dissiper une fois pour toutes les
derniers malentendus.
C A P R I C O R N E
(22 décembre - 19 janvier)
Dans votre métier, vous devrez vous contrôler, car vous
aurez tendance à ne pas étudier les choses assez en pro-
fondeur. Sous l'impulsion de la planète Mars, vous sau-
rez déployer tout le charme attractif de votre personna-
lité. Chaque nuage a un bon côté, et vous n'aurez pas à
chercher bien loin pour en voir la raison.
V E R S E A U
(20 janvier - 19 février)
Grâce à la foi que vous avez en ce que vous faites, vous
saurez communiquer votre ardeur à votre entourage pro-
fessionnel, ce qui vous permettra des réalisations construc-
tives. Les questions de cœur ne seront pas sous de très
bons auspices, cette fois-ci. Une approche négative ou
pessimiste ne vous mènera nulle part.
P O I S S O N S
(20 février - 20 mars)
Ne cultivez pas des ambitions exagérées. Attention !
Vous aurez souvent du vague à l'âme en cette période, à
en juger par votre ciel astral. Il faudra plus que jamais
vous garder des illusions et des désirs naïfs, qui compli-
quent votre existence, car vous risquez de prêter aux
autres vos propres rêveries, et de ne plus exister que par
les sentiments que l'on vous porte.