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Mondialisation, croissance et pauvreté

CEDES
Center for the Study of State and Society

L’INSTABILITÉ FINANCIÈRE ET LES ENSEIGNEMENTS À TIRER DES PAYS ÉMERGENTS José María Fanelli

L’article qui suit est une version révisée d’une communication soutenabilité de la dette publique. Qui plus est, les dépenses fiscales
préparée par José Maria Fanelli du Centro de Estudios de Estado y liées aux crises ont fait obstacle à l’investissement social et public
Sociedad (CEDES), un partenaire du CRDI en Argentine. Cette et nui ainsi au développement et à la légitimité politique.
communication était fondée sur les résultats d’un projet financé par le
programme du CRDI Mondialisation, croissance et pauvreté (MCP)
• Le stress financier associé au resserrement du crédit a toujours
présentés dans un ouvrage publié sous la direction de M. Fanelli, causé d’importantes pertes de rendement et réduit les
Macroeconomic Volatility, Institutions and Financial Architectures investissements. L’incapacité de mettre en place des politiques
(José María Fanelli, éditeur, Palgrave Macmillan, 2008). budgétaires et monétaires pertinentes dans un contexte où les
mouvements de capitaux étaient contracycliques, en raison de
La crise internationale et l’inquiétude face à la modifications soudaines de l’aversion pour le risque et du
croissance future désendettement national, a été déterminante à cet égard. En outre,
L’instabilité financière actuelle est la pire que le monde ait connue les ressources dégagées par les institutions financières
depuis des décennies. De nombreux observateurs avancent que internationales pour faire contrepoids aux sorties de capitaux et
l’ampleur et la gravité des déséquilibres sont comparables à celles amoindrir le resserrement du crédit n’ont pas suffi à lisser les
qui ont suivi le krach de 1929. Aussi n’y a-t-il rien d’étonnant à ce fluctuations globales de manière significative. Plus souvent
que les attentes quant à l’évolution de l’économie mondiale soient qu’autrement, la conditionnalité dont ces fonds sont assortis n’a pas
aussi sombres. À vrai dire, les attentes pessimistes sont elles- aidé, elle non plus.
mêmes devenues un problème. Les appréhensions en ce qui a trait à • L’apparition simultanée d’un choc financier et d’un choc réel
l’évolution de l’économie réelle se répercutent sur la valeur réelle (choc sur les taux d’intérêt et choc des termes de l’échange, par
des avoirs, entravant ainsi la stabilisation des cours et le exemple) ont décuplé l’ampleur des effondrements de la croissance.
rétablissement du crédit.
• L’instabilité des pays émergents n’a jamais mis véritablement en
Que peut-on faire pour contrer ces sombres attentes ? Deux péril la stabilité globale des marchés financiers mondiaux. Aussi les
mesures importantes doivent être adoptées de toute urgence : économies en difficulté ont-elles perçu l’économie mondiale
premièrement, il faut rétablir les liquidités et combattre le comme une occasion de surmonter les ralentissements qui
resserrement du crédit dans les économies avancées afin de freiner accompagnaient les crises nationales et régionales. En particulier,
les effets sur l’économie mondiale; deuxièmement, il faut mettre en un certain nombre de pays ont adopté une position « mercantiliste »
place des politiques contracycliques en vue de réduire les risques en vue de favoriser la reprise économique par la stimulation des
d’une récession mondiale pénible. exportations et l’augmentation des réserves de la banque centrale
Les autorités des pays développés prendront sans doute des mesures
musclées sur les plans budgétaire, monétaire et financier. Toutefois,
la future croissance mondiale reposera sur la
la crise étant d’envergure internationale, les efforts des divers pays
devront être concertés pour être efficaces. Quand on songe à la capacité de coordonner les politiques
manière dont l’économie mondiale a su juguler les forces contracycliques avec la réforme de l’architecture
récessionnistes à l’œuvre lors des crises précédentes, le rôle joué financière internationale
par les pays en développement est manifeste. Cela donne à penser
qu’il est essentiel de préserver la croissance dans les pays À la lumière de ces faits stylisés, la propagation des turbulences
émergents pour éviter le risque d’un effondrement économique financières actuelles aux pays émergents et moins développés
mondial. soulève de sérieuses inquiétudes. Le fait que la crise actuelle
Crise financière, volatilité et institutions – l’expérience comporte de nouvelles caractéristiques ajoute encore à l’incertitude.
des pays émergents Or, les analyses antérieures considéraient l’instabilité financière
surtout comme un problème national résultant de l’insuffisance des
Au cours des deux dernières décennies, les bouleversements politiques et de la faiblesse des institutions et qui devait, par
financiers – au pays et ailleurs – ont eu des effets néfastes conséquent, être réglé au sein de chacun des pays.
considérables sur la croissance des pays émergents. Ainsi, les pays
émergents aux prises avec des difficultés financières ont tous Bon nombre de pays émergents ont réfléchi sérieusement à ce
présenté les caractéristiques suivantes. diagnostic et ont pris des mesures en conséquence. En premier lieu,
ils ont déployé des efforts considérables afin de renforcer la
• Des politiques macroéconomiques peu judicieuses et (ou) une surveillance et la réglementation financières. Ensuite, ils ont
surveillance et une réglementation financières insuffisantes, qui ont grandement simplifié les politiques macroéconomiques. Des
donné lieu à une exposition excessive à l’instabilité financière mesures ont été adoptées pour accroître l’indépendance des banques
mondiale, ont de tout temps contribué aux déséquilibres financiers. centrales et favoriser la mise en œuvre de lois sur la responsabilité
• Les capacités de renforcement des institutions des pays émergents financière visant à restreindre la dette publique. Enfin, pour faire
étant limitées, il leur est très difficile, en période de volatilité et face à l’arrêt abrupt des flux de capitaux et permettre l’adoption de
d’instabilité financière, de maintenir des politiques et des politiques anticycliques, les pays émergents ont accumulé des
réglementations judicieuses. Entre autres répercussions réserves et créé des fonds souverains (ou fonds d’État). Ces efforts
dommageables, les crises entraînent la destruction des institutions ont été récompensés. Dans les années précédant la crise des prêts
ce qui, conjugué à la volatilité, complique d’autant la reconstitution hypothécaires à risque, les primes de risque ont diminué et certaines
de l’infrastructure de réglementation. obligations ont été reclassées pour recevoir la cote d’évaluation
d’investissements.
• Les bouleversements financiers ont été très coûteux des points de
vue budgétaire et politique. Les déséquilibres budgétaires La stratégie reposant sur des fondements macroéconomiques plus
provoqués par le renflouement du système bancaire ont érodé la solides et des institutions nationales dotées d’une stratégie d’auto-
assurance semblait être efficace et, dans un tel contexte, les efforts régionaux de mise en commun des réserves.
visant à améliorer l’architecture financière internationale se sont
amenuisés. Puis, la crise que l’on connaît a frappé aux portes des Troisièmement, il convient de noter que les déséquilibres mondiaux
économies émergentes, faisant prendre conscience de la nécessité, actuels sont associés non seulement aux écueils de la
malgré tout, d’une coordination et d’une coopération réglementation financière et des politiques monétaires, mais
internationales. Il ne faut donc pas se surprendre des demandes également à des changements profonds et durables dans l’économie
insistantes de restructuration des institutions financières réelle mondiale. Les plus remarquables sont les changements
internationales afin de redresser les déséquilibres mondiaux et de marqués dans la productivité et la compétitivité internationales
régler les problèmes de réglementation de manière concertée. (Chine, Inde), dans les prix relatifs (pétrole et ressources naturelles)
ainsi que dans les sources mondiales d’épargne et de demande
Les défaillances de coordination et les défis à venir en
effective (États-Unis).
matière de politiques
Les politiques monétaires et l’ajustement des taux de change dans
Ces faits stylisés donnent à entendre que la future croissance
les pays développés n’ont pas été suffisamment efficaces pour
mondiale reposera sur la capacité de coordonner les politiques
favoriser le redressement des déséquilibres mondiaux, si l’on en
contracycliques avec la réforme de l’architecture financière
juge par les résultats. Si les décisions en matière de politiques et de
internationale et avec des politiques favorisant la croissance. Parmi
réglementation sont prises principalement au centre de l’économie
les défaillances de coordination internationale les plus susceptibles
mondiale, elles touchent également la périphérie. Il apparaît tout à
de nuire à la stabilité financière et à la croissance des pays en
fait normal que les pays émergents exigent de participer davantage
développement, les suivantes méritent notre attention.
au processus décisionnel. Évidemment, il faut pour cela qu’ils
D’abord, l’auto-assurance peut aller à l’encontre du but visé. La puissent se faire entendre des institutions financières qui composent
crise actuelle est associée à des déséquilibres mondiaux qui, l’architecture internationale et y être représentés.
vraisemblablement, ne sont pas indépendants des stratégies d’auto-
assurance. C’est-à-dire que la crainte des arrêts abrupts peut avoir Conclusions
contribué à une « surabondance » d’épargne dans certains des La protection de la croissance mondiale est indispensable pour
principaux pays émergents et induire une consommation excessive éviter une dépression mondiale pénible. Il faut mettre en place des
et des bulles financières dans certains pays développés. En outre, mécanismes juste-à-temps afin de prévenir le resserrement du crédit
une offre excessive de fonds prêtables peut avoir pour effet et faciliter l’adoption de mesures budgétaires et monétaires
endogène d’entraîner un assouplissement des politiques monétaires contracycliques visant à échapper à des ralentissements en série
et de la surveillance des marchés du crédit. Dans les années 1990, dans les pays en développement. Le problème est planétaire. Il
un pays en difficulté pouvait compter sur l’économie mondiale pour importe donc de ne pas limiter ces mécanismes aux économies
favoriser sa reprise économique au sortir de la crise grâce aux émergentes « stratégiques » et de faire en sorte que la
exportations. Si les pays émergents frappés par la tourmente conditionnalité puisse à la fois inciter à l’adoption de politiques
financière devaient tous ensemble adopter cette stratégie dans un judicieuses et protéger l’activité économique. En ce sens, les
avenir prochain, la situation des échanges internationaux se mesures prises récemment par le FMI et la Réserve fédérale
détériorerait. Des mesures dissuasives à l’encontre des politiques américaine en vue de préserver la liquidité des marchés financiers
mercantilistes et du chacun pour soi passent par la coordination des principaux pays émergents ne constituent que les premiers pas
internationale. dans la bonne direction. Les mécanismes doivent être élargis, c’est-
à-dire qu’ils ne doivent pas être circonscrits aux seuls problèmes de
En second lieu, les exportations de produits manufacturés, pour ce
liquidité à court terme et qu’ils doivent par ailleurs englober les
qui est de l’Asie, et des ressources naturelles, s’agissant de
pays non stratégiques. À cette fin, il faut concevoir les mécanismes
l’Afrique et de l’Amérique du Sud, ont grandement contribué à la
institutionnels de manière à mobiliser les ressources des pays qui
croissance rapide des économies émergentes ces dernières années.
affichent des excédents structurels.
L’évolution de la demande globale et des importations dans
l’économie américaine a facilité la croissance soutenue des Les politiques visant à corriger les déséquilibres mondiaux actuels
exportations. La crise actuelle indique clairement que la dynamique doivent tenir compte des effets sur les pays en développement. Cela
de la croissance mondiale que l’on connaît depuis après 2001 ne est particulièrement pertinent s’agissant des taux de change et des
pouvait se maintenir. La priorité accordée aux exportations comme mesures visant à rétablir la liquidité des marchés mondiaux. Les
moteur de la croissance des pays émergents devra aller de pair avec pays en développement doivent être en mesure de participer aux
l’incitation à l’absorption intérieure. Mais une absorption intérieure groupes et aux institutions qui cherchent à coordonner les décisions
accrue est synonyme de baisse de l’excédent courant et, toutes internationales selon leur importance parmi les sources de
choses étant égales par ailleurs, de diminution de l’accumulation de croissance mondiale.
réserves et de recul de la confiance dans l’auto-assurance pour parer
Il est temps de s’attaquer aux enjeux de la création de réserves
aux chocs externes. La réforme de l’architecture financière
mondiales et de mécanismes multilatéraux permettant de fournir de
internationale devra permettre aux pays en développement de se
la liquidité internationale, de manière à ce que cela constitue un
doter de la même couverture contre les risques financiers mondiaux
bien public mondial. Tout échec à ce chapitre entraînera des
même s’ils disposent de réserves moins importantes. Voilà pourquoi
solutions unilatérales ou régionales qui seront sous-optimales, et
il est essentiel de mettre en place d’un ensemble de mesures
probablement instables. Cela est particulièrement essentiel pour
permettant d’offrir des mécanismes à court terme aux pays
éviter que les pays émergents se dotent de stratégies inefficaces
émergents dont les liquidités sont insuffisantes. Ces mesures
d’auto-assurance. Une architecture financière internationale
devraient comprendre non seulement une réforme judicieuse du
dysfonctionnelle incite les autorités à adopter des stratégies
Fonds monétaire international (FMI), mais aussi la mobilisation de
fonds de pays excédentaires et la mise en place de mécanismes « mercantilistes » et à manipuler les taux de change.

Le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) est une société d’État canadienne. Depuis plus de 35 ans, il
apporte son expertise et contribue financièrement aux travaux des scientifiques des pays en développement. Le CRDI soutient leurs efforts afin
de solutionner des problèmes qu’ils jugent de première importance pour leurs collectivités.
Le programme Mondialisation, croissance et pauvreté (MCP) soutient la recherche et le renforcement des capacités qui permettent aux
pays en développement de définir eux-mêmes les politiques nationales et les stratégies d’intégration à l’économie internationale les plus
pertinentes pour favoriser une croissance mieux partagée et plus équitable. Pour en savoir plus, visitez le site Web de MCP (www.crdi.ca/mcp/).

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