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Archéologie médiévale

La charpente du chœur de l'église Saint-Pierre de Gonesse (Val-


d'Oise)
Daniel Bontemps

Citer ce document / Cite this document :

Bontemps Daniel. La charpente du chœur de l'église Saint-Pierre de Gonesse (Val-d'Oise). In: Archéologie médiévale,
tome 14, 1984. pp. 127-167;

doi : https://doi.org/10.3406/arcme.1984.1125

https://www.persee.fr/doc/arcme_0153-9337_1984_num_14_1_1125

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Abstract
Daniel Bontemps, The timber roof of the chancel in the church Saint-Pierre at Gonesse (Val-
d'Oise).
A detailed study of the timberwork roof in the church St-Pierre at Gonesse (c.a. 1200) has
produced an inventory of a rare set of carpentry inscriptions nearly all different to those already
examined in France. Taken together, the marking of the truss is not numerical, unless in the
hipped roof when a preliminary numeration is discernable. This fact, put with the character of the
marking on the right half of the timberwork and its structure, permits a chronological definition of
the laying of the trusses. In addition, the presence or absence of these marks on certain pieces of
wood forming the trusses, suggests a hypothesis on the course of their partial mounting at ground
level and the raising and final installation at the ridge of the building. The ressemblance of some of
these markings with that of stone masons is striking. The date can be attributed to this timberwork
makes it possible to precise the conditions of the appearance of the wind-bracing at this period in
the Parisian area.

Zusammenfassung
Daniel Bontemps, Das Chorgebälk der Kirche Saint-Pierre von Goneese (Val-d'Oise).
Die genaue Untersuchung des Dachstuhlgebälks der Kirche Saint-Pierre von Gonesse (um 1200)
hat eine seltene Ansammlung von Schreinermarkierungen offenbart, die sich fast aile von den
bisher in Frankreich bekannten unterscheiden.
Insgesamt geschieht die Kennzeichnung der Binder nicht numerisch, lediglich am Hinterteil kann
ansatzweise eine Nummerierung nachgewiesen werden. Bringt man diesen Sachverhalt mit der
Art der Markierung der rechten Seite des Gebälks und seiner Struktur in Verbindung, so kann
dadurch die zeitliche Reihenfolge der Setzung der Binder festgestellt werden. Darûberhinaus gibt
das Vor — handensein bzw das Nichtvorhandensein dieser Zeichen auf bestimmten Holzstucken
einen Eindruck über den Ablauf der teilweisen Montage auf dem Boden, die Hochbringung und die
endgültige Montage auf dem Dach des Gebäudes.
Die Ähnlichkeit einiger dieser Markierungen mit denen der Steinmetze ist verblüffend.
Durch die Datierung dieses Gebälks können die Windschutzkonstruktionen, wie sie zu jener Zeit in
der Pariser Gegend auftauchen, genauer beleuchtet werden.

Résumé
Daniel Bontemps, La charpente du chœur de l'église Saint-Pierre de Gonesse (Val-d'Oise).
L'étude minutieuse de la charpente de comble de l'église Saint-Pierre de Gonesse (vers 1200) a
permis de recenser un ensemble rare de marques de charpentier, presque toutes différentes de
celles que l'on a observées en France.
Globalement, le marquage des fermes n'est pas numérique, sinon dans la croupe où une ébauche
de numérotation est décelable. Ce fait, confronté au caractère du marquage de la partie droite de
la charpente et à sa structure, autorise à définir une chronologie de pose des fermes. De plus, la
présence ou l'absence de ces signes sur certaines pièces de bois composant les fermes suggère
une hypothèse sur le processus de leur montage partiel au sol, de leur levage et de leur
assemblage définitif au faîte de l'édifice.
La ressemblance de certaines de ces marques avec les marques de tailleurs de pierre est
troublante.
La date que l'on peut assigner à cette charpente permet de préciser les modalités d'apparition du
contreventement à cette époque dans la région parisienne.
Daniel BONTEMPS

La charpente du chœur de l'église Saint-


Pierre
de Gonesse (Val d'Oise)

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En outre, ce travail sera pour nous l'occasion de faire surgir une particularité
de la charpente peu connue des archéologues : les marques de charpentier (2).
Comme nous le verrons le recensement de ces signes, l'analyse de leur morphologie
ainsi que leur emplacement, leurs différences ou leurs similitudes avec d'autres
types de marques utilisées en charpenterie ou dans la taille des pierres, leur répé¬
tition, leur absence ou au contraire leur présence sur des pièces de bois identiques,
tout cela nous apportera quantité de renseignements utiles à la compréhension
d'un moment de l'évolution du marquage des bois dans le temps, mais également
des modalités de la taille des pièces de bois, leur assemblage avant le levage des
fermes et la succession de leur mise en place au-dessus du chœur de l'église.

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Archéologie Médiévale, XIV, 1984.


128 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE

1. Description

1.1. Généralités. — Formant l'ossature d'un toit à croupe arrondie, cette


charpente de chêne couvre l'abside et la partie droite du chœur de l'église. Longue
de 13,40 m et haute de 6 m, elle a une largeur de 8,80 m environ. A l'Ouest elle
s'appuie contre un mur pignon qui la sépare du comble de la nef. Elle est composée
de trois fermes maîtresses à entrait, déterminant deux travées de 3,86 m chacune,
complétées respectivement par cinq fermes secondaires à blochets (fig. 1) (3).
Ces fermes dont l'inclinaison est d'environ 53° sont séparées les unes des autres
de 52 cm en moyenne. Dix-neuf demi-fermes composent la croupe. Un étrésillon-
nement longitudinal complète cette charpente qui ne possède pas de faîtage.
Enfin tous les bois plus ou moins bien équarris mais sans aubier sont de brin
et de section moyenne de 14 cm x 13 cm sauf les entraits. Us s'engagent géné¬
ralement les uns dans les autres à tenon et mortaise à l'exception des blochets
et entraits sur les sablières, les chevrons entre eux et les faux-entraits avec le
faux-poinçon de la ferme principale occidentale.
1.2. Les fermes maîtresses. — La ferme occidentale et la ferme médiane (fig.
2 et 3) forment chacune un pan de bois constitué d'un entrait de 21 cm X 19 cm
de section, de deux chevrons raidis par deux jambettes au Nord et au Sud,
et de deux faux-entraits. Un poteau de bois axial ou faux-poinçon (4) qui n'atteint
pas le faîte de la charpente est assemblé avec l'entrait à tenon et mortaise. Ce
faux-poinçon est lié par un mi-bois avec les faux-entraits de la ferme occidentale,
par contre les faux-entraits de la ferme médiane s'y engagent à tenon et
mortaise. La ferme maîtresse orientale, de conception différente, fut comme nous
le verrons plus loin partiellement modifiée à une époque postérieure et à la place
des poteaux de bois des fermes précédentes nous avons un poinçon dans la tête
duquel s'assemblent les chevrons. Les faux-entraits sont remplacés par des en-
traits retroussés en moise maintenus par des clavettes qui prennent en étau les
chevrons et le poinçon. Deux sous-arbalétriers naissent près des pieds des chevrons
sur l'entrait et s'engagent dans le poinçon un peu au-dessus de l'entrait retroussé
supérieur. Une longue clé de bois à clavette traverse à leur sommet les sous-arba¬
létriers et le poinçon. Deux autres moises enserrent aux extrémités inférieures
de la ferme les chevrons, l'entrait et le sous-arbalétrier (fig. 4).

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CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 129

Par rapport à l'extrados des voûtes, la ferme maîtresse médiane est placée
au-dessus de l'arc doubleau séparant la voûte sexpartite de la partie droite du
chœur de la voûte rayonnante. L'axe de la ferme maîtresse orientale est situé
à 0,90 m à l'Est de la clé de la voûte rayonnante celui de la ferme maîtresse
occidentale à 1,40 m à l'Ouest de celle de la voûte sexpartite.

1.3. Les fermes secondaires. — Au nombre de dix, cinq par travée, elles sont
composées de deux chevrons reposant sur des blochets raidis par deux jambettes
et deux faux-entraits (fig. 5). Du fait de la présence de la face nord de la tour-clo¬
cher dans le comble, les pieds des fermes n° 2 à 7 pénètrent un à un dans les cavités
aménagées dans la maçonnerie. A l'Ouest une ferme est placée entre le mur pignon
et la ferme maîtresse.

1.4. Les demi-fermes de croupe. — Certaines demi-fermes sont clouées sur


la tête du poinçon, les autres forment des empanons qui s'assemblent par une
cheville avec les chevrons des précédentes. Ces demi-fermes sont raidies par
des demi-faux entraits au même niveau que les faux entraits de la partie droite
de la charpente.

1.5. L' étrésillonnement longitudinal (fig. 6). — Dans l'axe est-ouest des fermes,
entre les deux faux-poinçons des fermes maîtresses délimitant la travée occidentale
de la charpente, un sous-faîtage soulagé par deux liens engagés dans les faux-
poinçons court sous les faux-entraits auxquels il est tangent pour certains. Un
lien qui s'engage dans la tête du faux-poinçon médian vient s'appuyer sur ce
sous-faîtage. La travée orientale est étrésillonnée par une grande croix de Saint-
André dont les extrémités des bras partent de celles des poinçon et faux-poinçons.
Dans la travée de croupe, une autre croix de Saint-André raidit le chevron de
croupe médian et s'engage dans le poinçon de la ferme maîtresse orientale. Enfin,
une moise, qui enserre les faux-poinçons et le poinçon ainsi que le chevron axial
de croupe, assure un étrésillonnement supplémentaire à l'ensemble de la char¬
pente au-dessus du niveau inférieur des faux-entraits.

1.6. Les enrayures. — Très originale, l'enrayure du premier niveau des faux-
entraits est composée de six pièces principales de bois qui s'engagent sur la moise
de la ferme maîtresse orientale tandis que des pièces de bois secondaires s'assem¬
blent obliquement dans celles-ci. Le système est symétrique par rapport à l'axe
est-ouest du comble (fig. 7a).

L'enrayure supérieure est seulement composée de deux demi-faux entraits


placés à 45° par rapport à la ferme principale, qui correspondent aux demi-fermes
nord et sud ayant un demi-entrait (fig. 7 b).

9
130 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE

2. Datation

Henri Deneux dans son étude sur l'évolution des charpentes précise les
caractéristiques
celles relatives àdes
la charpentes
nôtre. des xne et xme siècles dont nous rapportons

1) Avec les premières années du xme siècle apparaissent le poinçon et l'étré-


sillonnement longitudinal des chevrons-formant-fermes. Cet étrésillonnement est
constitué par une pièce de sous-faîtage, toujours placé sous les faux-entraits, relié
ou non avec eux par une cheville.
2) Les charpentes du xne siècle n'ont pas le faîtage qui apparaît vers le
milieu du xme siècle.

3) Les bois de faible équarissage ne dépassant guère 16 cm x 16 cm surtout


au xne siècle, ne sont jamais bien équarris.
4) Le type d'assemblage des blochets avec les sablières au moyen de demi-
entailles et de demi-queues d'aronde est caractéristique de la seconde moitié du
xiie siècle et de la première du xme siècle (fig. 8). Plus précisément la charpente
du chœur de Moret-sur-Loing (Seine-et-Marne) que nous pouvons dater vers
1220 présente à ce niveau un assemblage identique à celui de Gonesse (Bray A.,
1929, 437-449 et Branner R., 1965, 155) (5).
5) Ces précisions augmentées du fait que l'entrait de la première ferme
maîtresse occidentale pénètre de quelques centimètres dans la maçonnerie des
voûtains de la voûte sexpartite nous confirment la contemporanéité de la charpente
et du chœur qui la porte, datés de l'extrême fin du xne ou du tout début du
xme siècle (6).

3. Les marques de charpente

Dans cette charpente extrêmement sombre il me fut donné d'apercevoir


des marques sur les faux-entraits inférieurs. Mais en raison de leur apparence
frustre et peu orthodoxe par comparaison avec des marques de charpentes récentes,
ainsi que de leur emplacement, je n'y prêtai pas une attention particulière, ces
dernières paraissant au premier abord plutôt être des traces accidentelles d'outils.
Toutefois, en avançant dans l'étude de ce comble, je fus naturellement amené à

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CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 131

me demander par quel moyen notre antique charpentier reconnaissait les pièces
fermes.
de charpente préparée sur le sol avant le levage des bois et le montage final des

Je pus alors constater, en prenant comme point de repère l'une des marques
déjà aperçues, qu'un signe similaire se répétait sur le faux-entrait supérieur.
Il en était ainsi pour toutes les fermes (fig. 9 a). Ne trouvant d'autre part aucun
signe pouvant être considéré comme des marques de charpentes ailleurs que sur
les chevrons et un entrait de deux fermes principales, je déblayai le pied des
fermes et les sablières noyées dans des dépôts de poussière et de matériaux divers.
Il me fut donc permis de constater que les sablières internes et le blochet excep¬
tionnellement bien conservés portaient chacun une marque semblable à celles
repérées sur les faux-entraits de la même ferme (fig. 9 b et c).
Le dessin, les dimensions ainsi que la taille de ces marques, leur originalité
enfin et leur vénérable ancienneté m'ont amené à en faire le frottis pour chacune
d'elle et à en établir le catalogue ci-après, présenté sous la forme de deux tableaux.
Dans le premier, nous avons répertorié les marques et les pièces des fermes sur
lesquelles elles sont gravées, dans le second nous proposons une esquisse d'analyse
de chaque signe.
3.1. Remarques d'ordre général. — Quelles remarques nous suggère l'analyse
de ces deux tableaux ? Tout d'abord la conservation des 86 marques recensées
est bonne dans l'ensemble, malgré leur ancienneté qui approche des huit cents
ans d'âge, à l'exception de celles gravées sur les sablières plus usées. D'autre
part, toutes les pièces ne sont pas marquées. Les marques gravées sur les blochets
sont généralement au milieu de celui-ci dans la partie droite du comble donc
éloigné de la marque de la sablière, par contre dans la croupe elles sont plutôt au-
dessus de cette sablière. Aucune jambette ne présente de marque ni les chevrons
des fermes secondaires. La ferme principale médiane dans la partie droite du
chœur ne laisse voir aucun signe, mais étant donné qu'elle est la seule dans ce cas
avec la demi-ferme axiale de croupe au Nord et la 5e demi-ferme au Sud, nous
devons supposer que ce démarquage unique avait valeur de signe au regard des
autres fermes. Toutes les marques sont gravées généralement sur la face ouest
des pièces de bois des fermes (7). Pour les faux-entraits, elles sont situées dans leur
moitié nord mais assez éloignées des points d'assemblage avec les chevrons, à
l'exception de la ferme n° 6 où elles sont au Sud, et du faux-entrait supérieur
de la ferme maîtresse occidentale (8). Dans la croupe, par contre, malgré toute

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1— o o UJ <c UJ 0-
TABLEAU ANALYTIQUE ET DE CORRESPONDANCE
DES MARQUES DE CHARPENTE

Nombre cl s F.tat. des signes Correspondance


Signes Composition Dimensions des et. particularité Correspondance avec les marques
Ferme Signe par Signes des Signes d'emplacement * chez MAZEROLLE de Tailleur de
ferme pierre

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entre 80 Margue Sansen
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1 altération . table des Marques
Pas de sablière ettableaux,
147 pp. 145
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4e 3 Petite cavité
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de la La largeur de ce signe va¬ Idem ci-dessus
□ rie entre 10 et 14mm et 22
2ème et 27mm pour la longueur,
droite,ferme de la partie

tous signes confondus.


5e composéed'é¬de Lade longueur Idem ci -dessus
X 3 paisseur
Cette
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leur varie
épais¬
seur entre 5 et 10mm pour
le17mmplus pourmince et 10épais,
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le plus
tous signes confondus.
6e 4 Ce signe est composé de deux Le plus petit de ces si¬ Margue encore "Cinq" de la Inv. Gén.,
bras formant un angle aigu gnes a deux variant 50mm, visible sur la table des nombres
bras de entre tableaux ,
les autres sablière nord, pp. 144 et 146
65 et 110mm sans être mais en court
égaux entre eux, pour un dPas'effacement ,
même de sablière
seur signe. Leur épais¬
varie entre 3 et 10mm au sud.
tous signes confondus,
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8e .es deux
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7T oni 55mm de La faceci-dessus.
ouest du lansen R . ,
Fig. 15, p. 37
ment
lignes
lecontrent.
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rlle la convergentes
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rappelle
composée
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guideux"Pi"
t. ique- longueur et la barre trans¬ blochet est collet
ren¬ nv. Gén. ,
versale, entre 70 et BOmm. contre la face est rableaux,
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12mm, tous signes confondus >t 150 pn . 144
9e .es marquessontassez 'Neuf" de la ta¬ sansen R . ,
altérées né¬ ble des Nombres.
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sablières. ableaux, pp. 144,
46 , 148.
10e .es bras parallèles ont une ansen
H 6 moins
perpendiculaires
central
ile dont
signeparallèles
lesquiestbras
leur
comparable
sont
est euxa ouunet longueur
auentrecorps
plus
commun. qui varie de 45 o ableau,R . ,pp. 30e t 31
90mm. Le corps
sure entre 80 etcommun
90mm. me¬ Idem ci-dessus nv. Gén. ,
ableaux,
_eur épaisseur varie entre
, 5mmondus
et ..10mm, tous signes tl50 pp. 145
conf
L

es bras ont de 20 à 30mm larque encore vi¬ ansen R . ,


I llerèsdont
Dendiculaires
rommunsigne
courts
lesestbras
sont
comparable
au parallèles
prosgue à prr-
corps Je longle contre
un pour 80 □ 110mm sible sur la ableau, pp. 31
corps commun. sablière sud, nv. Gén.,
eur épaisseur varie de mais en cours ableaux,
à flrnm,. tous signes con¬ ) 'effacement
afondus t 150 pp. 145
1
134 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE

Marque encore "Contremarque"


la table des dt Inv, Gén.,
de ce23 visible sur la tableau p. 149
11e y 2 C'estgrec,
"i" un signe en forme fie Le 35mm.
signe
etlong,
varie
signes
corpsdeeta confondus.
903Leur
leprincipal
àetpetit
10mm,
100mmbras
épaisseur
detous sablière nord, Marques .

12e La bissectrice a une lon¬ Lacoremarque en¬ Patte d'oie de


des gueur visibleest sur Sansen R,,pp. 30 et
125mm, quiLes varie
bras dedu 105
V vaˆ
5 d'oie".
eux,
bissectrice
C'est etperpendiculaires
bras un Lelasigne
corps
ligne
. en axiale
en"patte
I entre
a forme la table des tableau,
/■ la sablière nord, Marques . 31
rient de 45 à 75mm. Leur maisjitotalement Inv. Gén. ,
épaisseur respective varie disparu au sud. tableaux, pp. 145
149
deconf2 ondus
à 10mm,
. tous signes
13e 3 Ce signe est assimilable à La barre a 110 à 120mm de Pas de surmarque
un A dont la barre couperait long et les bras du \J de sible les vi¬ Sansen R . ,
tableau, pp. 30 et
obliquement
dont les brasla formentcape enentre
\J 80 à 140mm. Leur épaisseur sablières . Marquer 31
varie de 2 à 4mm, tous si¬ sur les chevrons. Inv. Gén. ,
eux un angle droit. gnes confondus. tableau,
p. 145 et 147

CROUP F. AU SUD
1er □ Ceceluisignede est semblable
àde la Lemesure bien visible Marque
la 4ème ferme seul 13signe
x 21mm. effacée très
sur la
partie droite, sablière
2e □ 0 2 Ceceluisignede est semblable
deà la Pour
encore lesvisibles
seuls d'un
rectangles
la 2ème ferme seul
partie droite signe,
extrêmesleurs sont dimensions
de 13 x 27mm Idem ci-dessus
etleurmoyennes : 15 53mm.
x 22mm et
intervalle
3e □ □□ 2 Ce signe
petites
res parallèles
cavités
est composé
entre de trois Larectangles
rectangulai¬
elles. largeur extrême des
composant le
Ce signe, bien
qu'usé surestla
<• 20mm environ et leur lon¬ sablière
signe, varie entre 11 et néanmoins encore
gueur entre 20 et 25mm. visible. Cette
est de 27mm et dernière
Leentrepluseuxpetit intervalle cache
partiellement
le plus grand de 47mm celui du blochet
L'emprise totale de ces
signes
de 110 est respectivement
et 135mm.
4e 2 Ce signe est composé de deux Pour le signe visible, "Deux"
barres parallèles chaque barre mesure 45mm et Lesablière signe deest lare¬ table desde la Inv,
tableauGén.,p. 147
leur épaisseur est porté Nombres et
dude blochet
l'autre
côté "Deux"
respectivement
Elles de
sont deséparées4 à 8mm. et assez effacé la tablefrancs
des de
de l'autre 15mm l'une Marques
5e PAS DE MARQUE
6e Les bras de ce V ont 60 à Marque encore sur "Cinq"
Z 2 Ce signededroite.
celui
partie laest 6esemblable
ferme de à la 70mm de long et 6 à 7mm bien visible table desde laNombres Inv, Gén.,
tableaux,
d'épaisseur, la sablière et 146 pp. 144
confondus . tous signes
Marque
1 Ce signe
deux
leur "i" grecs
base peut
et inversés.
seaffrontés
comparer à à Le150mm
7Leurà corps
10mm
épaisseur
et environ,
central
les bras
varie
mesure
55mm.de conservéetrèssûrbienla
X sablière
7e
Le corpset principal mesure Sansen R . ,
1 Ce partie
lui
lades signe
recensédeestdroite
bois lasursemblable
lieune fermeè dece¬ 105mm
partie les bras 65mm tableau,
I environ. Leur épaisseur pp. 30 et 31
varie de 7 à 10mm. Inv, Gén.,
Tableaux ,
pp . 145 et 150
8e Ce signe a environ 130mm Sur la sablière
2 Cel'extrémité
gauche,
perpendiculairement
barressigneparallèles
part
est deuncomposé
celle 2 de deparallèles
braset, deprès
presque long et les 2 barres lavisible
marquemais
est
-Il à 25 ou 30mmsuivant
l'une lede signe
l'au¬ partiellement
tre. Lépaisseur des élé¬ arrachée. Sur le
ments qui composent nos blochet, elle
deux signes varie entre 4
et 12mm. est en partie
sablière . la
cachée par
Les bras du V ont. lüOrrim au
Ces deux marques "Meuf"
table desde ia
9e 1/ 2 Ceceluisignede est Sansen R , ,
la 9esemblable
ferme de à la minimum et 130mm au maxi¬
sont très lisibles tableau,
partie droite mum selon le signe. Leur
mais \ombms pp , 30 et 31
mêmes pour les que
bissectrice est plus courte
raisons Inv. Cén.,
Leur
varie épaisseur respective
duci-dessus, celle tableaux
. le 3 è lUmrn, tous
ti loche t est pp.
légèrement cachée 148 144,146 et
10e DETTE DEMI -FERME A\IALr NE COMPORTE pas DE MAHIIUI A L 1VTTAR DI IA l’UE MAI PASSE MEDIAN! DE LA INAPT I C DROITE

11
r [■; u u p a J \ n t; b

!
1er Les dimensions du seul Marque très
□ effacée
Ce signededroite
celui
partie
demi-ferme laestde4esemblable
etferme
croupe
de lade leà la signe mesurable sont
22 \ 15mm snbl i ère sur la
2e Ces signes
. n'ont pas été dur la sablière,
D 0 Ce signedeau laestsudpartie
celui
croupe
ferme 2esemblable
etdemi-ferme
de droite
la 2ea de mesurés le signe est très
effacé,
blochet etl'unsurdesle
rectangles est en
part ic caché par
la sablière
3e Sur la sablière,
□ □□ croupe demi-fermea de Pour
Ce signedeau laestsud,3esemblable
celui visible, le signe
la plus nettement
petite un aperçoit la
largeur de l'un des rec¬ t race des cavités
tangles est de 12mm et la en dépit de
plus grande longueur 20mm.
L'espacement
de 32 et 35mm entre et de eux 30mmest.
pour le signe de la
sablière .
4e "Deux francs" de Inv. Gén.,
3eIdemdemi-ferme
signe de dela
// la table des tableau p. 147
croupe au sud marqueset
Ce signedeau laestsud4esemblable
celui
croupe demi-fermeà de environ
et.laelles.
Trèssablière
partiellement
l'autre,
épaisseurs
pectivement
marque
30mm
effacé
Leur
, d'intervalle
nous
dudeest
delongueur
pour
blochet
caché
avons
barre,
6 deetl'un50mm
pour
10mm
des
entre
res¬
sur
et "Deux" de la table
des Nombres

5e "Un” de la table Sansen R.,


et 4mm a Lasablière
marque estsur très
la
/ 3 Ce signededroite
celui
partie est
la 3esemblable
ferme de à la d'épaisseur.
La barre
la110mm
pluset courte
la plus
9mm d'épaisseur,
85 longue des Nombres et tableau pp, 30 et
érodée . "Franc" de la 31
Marque table des
chevron sur le Inv. Gén.,
Marques ettableux,
147 pp. 145
6e La longueur Bon état dns
et du dubrascorps prin¬
—M Signe central,
couché
dépasse
corps endont
deformepart,
le debras latéral le cipal
et F d'autre
majuscule supérieur
est de 100mm et. 50mm pour
marques Inv. Gén.,
tableau p.144
leseurpetit
variebras.
de 3 Leur épais¬
à 10mm,
7e // Ceceluisignede est Lasablière la Idem 4e demi-
marque estsur très Idem 4e demi-
la 4esemblable
demi-fermea de Pour barresle ontsignechacune
visible,
20mm lesde ferme
croupe au sud et. au nord, long érodée ferme de croupe au nordde croupe
et 8mmet d'épaisseur.
respectivementLeur5
mais plus petit .
deespacement
30 sur laestsablière.
de 21mm et
8e de 4 aux Siopposés
l'on joint les anqles Lasablière
marque estsur la
□ °□ 2 Ce signed'un
petits
anqles rectangles
est losange
composédisposés
imaginaire des losanges,
nous obtenons respective¬ légèrement
érodée .
ment
60 et 70mmdiagonales
des et 70 et de72mm,
9e Les bras de ces L sont Bon état de
JL LCe majuscules
rapport
vertsigne
ical à. estun axe
composé
affrontés de parDeux inégaux
de symétrie et mesurent res¬ conservation des
pectivement pour un même marques
signe : 105 x 60mm et
130
et 115x 70mm puis 80'épais¬
x 70mm
x 80mm.
seur des bras varie de 4 à
1

13mm tous signes confondus

*) Les
bien marques gravées sur les blochets, les faux-entraits, les chevrons et l'entrait sont généralement très
conservées.
1) Ces marques ont été recensées dans le tableau des marques de tailleurs de pierre rassemblées par R Sansen
(1975, pp. 30 et‘31).
2) neuve
Ces marques
à Aigues-Mortes
ont été recensées
(Gard).dans
(Inventaire
les tableaux
général,
des marques
1973, pp.de 144-151).
tâcherons relevées sur la tour de Ville-
136 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE

notre attention nous n'avons pas pu discerner un seul signe sur les pièces
composant les enrayures. En ce qui concerne leur morphologie ces marques se
caractérisent par un manque d'unité dans leurs dimensions. La plus petite d'entre
elles n'a guère plus de 2 cm de long et les plus grandes 15 cm sur une ferme secondaire
et 20 cm sur l'entrait de la ferme maîtresse orientale. Elles sont constituées en
général à partir de traits droits plus ou moins épais liés entre eux ou non et quelque¬
fois ce sont de petites cavités barlongues.
3.2. Comparaison avec les signes employés depuis le XVe s. en charpenterie. —
Précisons préalablement qu'en l'absence d'étude sur ces signes de haute époque
et de références suffisantes dans les traités anciens d'architecture (seule l'édition
du xvme siècle de l'Art de Charpentier de Mathurin Jousse reproduisant le ta¬
bleau des nombres (9)), nous avons pris comme repère le tableau très complet
mais
L. Mazerolle.
peu ancien (xixe siècle) des Marques et Nombres utilisés en charpente de

Comparés à ce tableau (10), 12 signes sur les 21 types recensés peuvent être
considérés comme similaires ou assimilables. Sur ces 12 signes, 10 sont compara¬
bles aux I, II, V, et X (1, 2, 5, 9 et 10) de la table des nombres (fig. 10 à 14).
Le V et le se répètent sur la partie droite de la charpente et la croupe, le
2 trois fois dans la croupe dont une fois sous une forme réduite à la 7e demi-ferme
au Nord et le « Un » dans la partie droite et la croupe. Deux signes sont assimilables
à la table des Marques : le contremarque (X») et la patte d'oie (y) (fig. 15 et
9). Le « Un » ou « Franc » sont identiques dans les deux tables. D'autre part,
nous constatons que certains signes de base de la table des chiffres furent repris
en modifiant soit leur longueur soit leur épaisseur. C'est le cas, comme nous venons
de le voir, pour le 2 ( / /) qui fut transformé une seconde fois sous la forme de deux
petites cavités rectangulaires que l'on retrouve dans la partie droite de la char¬
pente et les deux moitiés de la croupe. Le « Un » est utilisé également sous cet
aspect et le trois (III) deux fois dans la croupe (fig. 16). Le signe X de la ferme
maîtresse orientale se retrouve plus petit avec une branche plus épaisse à la 5e
ferme de la partie droite (fig. 17). Finalement parmi ces 21 signes, neuf ne sont
comparables à aucun de ceux des deux tableaux de Mazerolle et caractérisent
les fermes 8, 10, 11 et 13 de la partie droite, et les demi-fermes 6, 8 et 9 de la croupe
au Nord, 7 et 8 au Sud, l'un des signes de cette 7e demi-ferme se répétant à la
11e ferme de la partie droite (fig. 18 à 26).
Il résulte de ces remarques, comparées à la progression arithmétique des
fermes et demi-fermes, que la seule relation de pertinence existant entre les signes

à.augmentées
des
mais
xixe
L.
récemment
utiliser
Mazerolle,
nombres
(9)siècle
(10)
le dessin
LeL'un
enpour
livre
par
par
utilisés
charpenterie
des
les
La
parut
demarques
l'obtenir.
Hire
plus
Compagnons
Mathurin
pour
auanciens
en
lexixe
sans
1702
toisé
est
Jousse
en
toujours
siècle
répertoires
Charpentiers
et donner
desenbois
paru
dans
1751.
absent
qui
leson
àcomplet
M.dessin.
sont
La
des
Jousse
de
Traité
Flèche
Devoirs
lescesEn
de
mêmes
précise
livres,
théorique
signes
en
1702
du1627
que
etLa
Tour
leutilisés
iltype
etceux
aHire
semble
fait
pratique
dedes
employés
France,
l'objet
enfait
marques
qu'il
charpenterie,
deimprimer
dep.charpente
faille
endeux
53,
etcharpenterie,
les
attendre
pl.rééditions
une
nombres
celui
6.réédité
table
de
le
CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 137

paraît naître de leur simple différence de forme ou de dessin et non d'un éventuel
système conventionnel de signes identifiables à une numérotation croissante des
fermes au moyen de chiffres romains par exemple, comme nous avons pu le constater
dans une partie du comble de la nef de l'église de Saint-Loup-sur-Cher (Loir-et-
Cher) dont la charpente, bien qu'un peu plus jeune que celle de Gonesse, remonte
tout de même à la première moitié du xme siècle (11). Pour plus de précisions
sur les modalités d'utilisation de ces marques, nous nous reporterons à notre plus
ancienne relation écrite sur la question qui nous donne des précisions intéressantes.
Mathurin Jousse écrivait en effet : « Lorsqu'on aura picqué et establi le bois,
il est nécessaire de le marquer pour recoignoistre la place où il se doit assembler,
vous marquerez tout le costé d'un logis, d'un marcq franc ( /), qui sont de petites
marques faites avec la Roinette, Traceret, ou chose semblable : Iceux traits
commençant à conter depuis un, jusques au nombre des pièces qu'il faudra dans
un des costés du bastiment. Les Tournices se marqueront autant en haut qu'en
bas, le bout d'en haut dans la gorge, et celuy d'embas, trois ou quatre poulces
près du tenon. De l'autre costé du bastiment, faudra marquer, un contre-marq
( X ), qui se marquera pareillement sur chaque pièce, qui suyvra tout au long,
jusques au nombre qu'il y faudra, et faire tout le mesme aux Tournices. Du costé
des crouppes, vous marquerez un crochet (/*), qui doit suyvre pareillement. De
l'autre costé de la crouppe vous marquerez une patte d'oye, ()£-) qui suyvra
par nombre, jusques à la dernière des pièces. Que si vos quatre marques ne sont pas
suffisantes pour le grand nombre des pièces qu'il y faut, vous pourrez faire un, deux,
trois, ou quatre ronds, les uns dans les autres, et sur iceux, marquerez tel nombre
que bon vous semblera » (Jousse M., 1627, 7) (12).
Tout d'abord, l'analyse succcinte de ce texte nous permet de constater que
le franc ou marq franc, le contremarque, le crochet et la patte d'oie sont employés
par L. Mazerolle comme signes de base alliés à une numérotation en chiffres
romains, mais malheureusement l'auteur ne donne pas le mode d'emploi de ces
signes pour une charpente de comble.
Par contre l'Encyclopédie de la Charpente précise, pour les quatre côtés
d'un pan de bois, l'emploi du « franc » et du « contremarque » pour les murs longi¬
tudinaux en fonction du marquage des pieds de ferme, tandis que les façades de
croupe et de pignon sont marquées à la « patte d'oie franc » et à la « patte d'oie
contremarque » (Brondel Y., 1982, 378).
D'après ces deux exemples qui ont un peu plus de 350 ans de différence d'âge,
il apparaît qu'une certaine normalisation se fît jour dans le marquage des bois
et principalement pour les charpentes de comble où le « franc » et le « contremarque »
furent employés de part et d'autre de l'axe des fermes accompagnées d'un chiffre

leintrinsèquement
précision
volume
(11) apportée
(12) L'étude
Le
dureport
Congrès
etdepar
dans
entre
cette
Archéologique
nous.
leparenthèses
charpente
cadre d'une
undedespeu
précision
Blois.
marques
plus jeune
chronologique
signalées
que celle
dans
ded'un
leGonesse
texte
édificede
mais
est
M. très
à paraître
Jousse
intéressante
estdans
une
138 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE

romain en fonction de la progression des fermes. Cette normalisation est confirmée


pour une plus haute époque encore, puisque nous retrouvons ces deux mêmes signes
utilisés suivant le principe établi dans la charpente de l'église prieurale d'Ambierle
(Loire), dont la partie la plus ancienne dut être montée durant le troisième quart
du xve siècle (Begule L., 1913, 233-236 et Taupin J.-L., 1981, 27) (13).

Or, à Gonesse, les fermes de la partie droite du comble ont chacune une seule
et même marque au Nord et au Sud et généralement sur les seuls blochets et
sablières, à l'exception de la ferme 11 qui nous montre un type démarqué différent
de part et d'autre de l'axe de la ferme, et la demi-ferme n° 7 de croupe au Sud.
Ces constatations nous amènent donc à nous demander si les signes de notre char¬
pente sont assimilables à un quelconque répertoire ancien de marque de charpen¬
tiers ? Apparemment à aucun. En effet, le mélange de marques employées plus
tard systématiquement tels que le franc, le contre marque, la patte d'oie, le crochet
en étant absent, ainsi qu'un début de recherche dans le décompte des fermes
comme nous le verrons un peu plus loin, et de signes totalement indépendants
du tableau des Marques de Mazerolle, nous indique une période de gestation
dans le marquage du bois. Ce marquage débouchera petit à petit sur une normalisa¬
tion, que faute d'exemples antérieurs nous avons vu apparaître dans le courant
du xve siècle, mais qui naquit sans doute avant, durant une époque qu'il restera
à définir. Il ressort de tout ceci, dans l'état actuel de nos connaissances sur cette
question, que ces marques sont issues d'un fonds dans lequel seront puisés en
partie les signes employés rationnellement dans les charpentes moins anciennes
au détriment d'autres signes dont les raisons actuellement nous échappent bien
entendu.

3.3. Sources de nos marques. — En sens inverse se pose le problème de la


source de ce fonds. Ces marques furent-elles inventées de toute pièce, par nécessité,
ou se réfèrent-elles à des modèles de signes déjà existants et utilisés en charpente-
rie ou ailleurs ? A cet égard, comme nous l'avons déjà souligné, elles sont consti¬
tuées à partir de traits droits. Ce procédé pratique pouvait facilement être réalisé
avec un outil coupant, comme il l'était d'ailleurs pour le tailleur de pierre (Sansen
R., 1975, 19) (14). La comparaison de ces marques de charpente avec celles des
tailleurs de pierre nous paraît d'ailleurs assez suggestive. Car, si sur les 21 types
de signes recensés, nous soustrayons tous ceux qui sont assimilables aux nombres
I, II, III et au signalés plus haut, il nous reste 13 signes et sur ceux-ci 7

àla
en
de
nos
organisé
1983,
la
pierre
vue
la
longueurs
ces
marques
(13)
(14)
gravure
charpente
notre
dernières
d'une
furent
par
R.
J.L.
auteur
leexécution
Sansen
des
égales
de
Taupin
leCentre
decharpentier.
fait
marques
ciseau
l'église
fitauune
précise
un
présente
d'Études
rapide,
taillant
droit
exposé
large
d'Ambierle
à tracés
que
etc'est-à-dire
dans
place
du
Supérieures
laayant
les
pointe.
géométriques.
ciseau
leoutils
(Loire).
aux
pour
cadre
».marques.
Ilconstitué
communément
de
titre
écrit
Ce
de
Lors
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: :Renaissance
Le
du
«« Enduits
article
Le
dechoix
colloque
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utilisés
du
etciseau,
droits
sur
à,très
Charpentes
dessin
Tours,
lors
les
intéressant
pour
etleChantiers
dede
plus
brisés
qui
l'analyse
graver
cette
de
employé,
seautant
déroula
Savoie
plan
delesladede
marque marques
Renaissance
était
que
»ladébut
marquage

était
taille
possible
réservé
l'étude
juin
fait
sur
de
CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 139

sont répertoriés dans le livre de René Sansen sur les marques de tailleurs de pierre,
6 sont indiqués dans les tableaux des marques lapidaires de toutes époques relevées
par l'auteur autour du bassin méditerranéen et une autre est visible sur une photo¬
graphie de son livre. Si par acquis de conscience, nous nous référons tout à fait
arbitrairement aux tableaux de marques de tâcherons relevés sur les fortifications
de la ville d'Aigues-Morte (Gard) (Inventaire général, 1973, 144-151), 10
marques de charpente s'y retrouvent à l'exception du et des L affrontés qui
sont employés une seule fois à Gonesse. C'est-à-dire que dix de nos marques de
charpente sur treize furent utilisées par ces tailleurs de pierre. De cette première
constatation, nous nous garderons bien de donner une opinion, mais il nous a paru
intéressant et utile de mettre en évidence cette parenté qui n'est sans doute pas
tout à fait le fruit du hasard pour une époque où charpentiers et maçons travail¬
laient de concert sur les grands chantiers ou même étaient maîtres dans les deux
spécialisations (Aubert M., 1961, 16 et 305) (15). Il est tout à fait possible, au
moins pour ces raisons, que tailleurs de pierre et charpentiers de ces hautes époques
aient fait usage d'un répertoire de signes similaires qui leur était plus ou moins
commun (Rrondel Y., 1982, 371) (16).
3.4. La taille des marques. — Les marques les mieux conservées étant gravées
sur les faux-entraits et les blochets, c'est sur ceux-ci que nous avons porté notre
analyse afin de tenter d'élucider leur mode de tracé et ainsi de déterminer le profil
de l'outil employé. Ces signes creusés ayant souvent une largeur assez importante,
nous avons pu constater qu'ils présentaient en profondeur sur toute la longueur des
barres qui les constituent des faces latérales planes proprement coupées et sans
aucune aspérité. Nous remarquons couramment que des incisions rectilignes
et très fines poursuivent le prolongement de ces faces sur la partie du bois épar¬
gnée par le creusement de la marque. Cet indice permet de penser que ces barres
étaient grosso-modo délimitées dans leur longueur et leur largeur par un outil
bien affûté et coupant. Les deux incisions nécessitées pour leur définition étaient
faites en gros suivant deux inclinaisons contraires par rapport à la surface du bois,
et plus ou moins profondes pour ôter sans difficulté la matière excessive ainsi
désolidarisée de la pièce de bois. Par contre le fond des marques étant très irré¬
gulier, il apparaît que le charpentier dans de nombreux cas faisait jouer son outil
latéralement dans le bois comme un levier afin de soustraire la matière inoppor¬
tune qui n'avait pu être retirée facilement en raison de l'absence de jonction
des incisions. Sur certaines marques, la largeur de bois entre ces incisions était
trop importante pour recourir au système de levier avec efficacité, une incision

pas
marques
l'étroite
du
tel
que
s'il
de chantier
Guillaume
la
s'agissait
que
le(16)
(15)charpente
bois.
nous
collaboration
aSur
L'auteur
été
était
» l'origine
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deinspiré
plus
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Sens
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Le
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la même
pierre
donc
Age,
des
140 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE

supplémentaire médiane permettait de faire sauter le bois dans la largeur de la


marque en deux temps et sur toute la longueur par avances successives. Le fond
de certaines marques conserve ainsi deux niveaux. Quelques-unes d'entre elles,
comme les cavités simples ou parallèles des fermes 2 et 4 de la partie droite ou
1, 2 et 3 de la croupe, sont larges et peu longues mais peuvent être profondes,
puisque l'une d'elles l'est de 1 cm environ. Ces dernières ont été délimitées comme
les précédentes.
Pour obtenir ces résultats un outil coupant mais de plus très rigide et solide
était nécessaire afin de ne pas se briser sous l'effet d'une sollicitation trop forte
imprimée par le système de levier. Il résulte ainsi de ces constatations que l'outil
ayant servi à la taille des marques peut par ses propriétés et qualités se rapprocher
du ciseau à bois (Brondel Y., 1982, 373) (17) et non des « rainette » ou « traceret »
de la période classique qui gravaient par de simples traits les marques sur le bois.

4. Problèmes posés par la croupe


ET l'ÉTRÉSILLONNEMENT LONGITUDINAL

Avant de pousser plus avant l'analyse de ces marques et leur rapport avec
la mise en place des fermes, nous allons maintenant étudier de plus près la ferme
principale de croupe et ses particularités.
Comme nous l'avons signalé plus haut cette ferme possède deux entraits
retroussés en moise qui dissimulent des mortaises sans fonction creusées dans les
chevrons. Il en est de même sur les entraits et les chevrons au pied des fermes.
Ceci paraît prouver qu'il existait à l'origine des faux-entraits et des jambettes
à la place des moises. D'autre part, le poinçon ne conservant aucune mortaise
en face de celles des chevrons, correspondant à l'engagement du faux-entrait,
cela semble indiquer qu'il fut posé lors de la mise en place des entraits retroussés.
La demi-ferme axiale de croupe a les mêmes caractéristiques que la ferme princi¬
pale : mortaises sans utilisation au niveau de la jambette et des deux faux-entraits
et absence de mortaise répondant à cette dernière dans le poinçon. Un indice
supplémentaire que le poinçon, les moises et les sous-arbalétriers sont plus jeunes
que le reste de la ferme nous est apporté par les marques de charpente recensées.
Ces signes, I, et V composés de traits fins sont gravés chacun de nombreuses
fois sur la face est de la ferme et le signe / / sur sa face ouest. Leur aspect est
radicalement différent des marques venant d'être étudiées. Les clés en bois qui
enserrent les moises et celle qui traverse les sous-arbalétriers et le poinçon ont sur
leur tête l'une des trois premières marques également visible près de la mortaise
qu'elles traversent.
Ces points précisés, une question se pose donc au sujet de la ferme primitive.
Y avait-il un poinçon à l'origine ?
ont été
(17)portées
L'auteur
à l'aide
précise
d'un: «ciseau
Dans àquelques
bois ». charpentes anciennes on constate que les marques
CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 141

En effet, la présence de mortaises sans fonction dans les chevrons n'indiquent


nullement l'existence d'un premier poinçon. Les demi-faux-entraits de la demi-
ferme axiale de croupe auraient sans doute pu s'engager dans les faux-entraits
de la ferme principale de croupe sans l'intermédiaire d'un poinçon ainsi que les
deux faux-entraits de l'enrayure supérieure, bien que le système ne fût guère
orthodoxe et à priori difficilement envisageable. C'est en fait l'analyse de l'étré-
sillonnement longitudinal dont l'utilisation est conditionnée par celle d'un poinçon
dans la ferme principale de croupe qui va nous apporter la solution. Si nous analy¬
sons les pièces de bois constituant l'étrésillonnement horizontal entre la ferme
principale occidentale et la ferme principale médiane, nous relevons que l'étrésillon
et le lien qui le soulagent, engagés dans le faux-poinçon occidental, ont tous les
deux sur leur face sud une marque en forme de croix (x) dont la taille grossière
est comparable à celle des marques primitives de la charpente. Or, cette marque
est très exactement celle que nous avons déjà signalée dans notre premier tableau
et qui apparaît quatre fois sur la ferme principale occidentale. Ces croix indiquent
donc que l'étrésillon à l'Ouest et son aisselier devaient bien s'engager dans la
ferme marquée par ces signes. L'absence de marque sur la partie orientale de
l'étrésillonnement s'explique par leur absence sur la ferme maîtresse médiane
dans laquelle il pénètre. Nous avons donc la preuve que cet étrésillonnement date
bien de la conception de la charpente. En ce qui concerne l'étrésillonnement
en croix de Saint-André de la seconde travée, nous remarquons un signe fait
sans doute à la rainette, composé de deux barres parallèles gravées au pied du
faux-poinçon de la ferme médiane ainsi que sur la partie inférieure du bras de
croix de Saint-André qui s'y engage, sur leur face nord. La tête de ce bras de
croix de Saint-André assemblée vers le haut du poinçon de la ferme principale de
croupe montre un signe (-) très finement gravé sur sa face inférieure, sem¬
blable à celui que nous avons déjà signalé sur cette ferme. L'autre bras de la
croix de Saint-André est caché à son point de jonction au pied du poinçon par
une moise et sa tête ne comporte aucune marque près de la ferme principale
médiane. Ceci dit, il semble bien que cette croix de Saint-André fut prévue à
l'origine malgré le caractère des signes qui indique qu'ils furent vraisemblablement
tracés lors de la transformation de la ferme principale orientale et du changement
du poinçon initial. L'absence de signe primitif sur cette croix ne doit pas nous
faire douter de son authenticité en raison de son caractère très archaïque pour un
étrésillonnement comme nous le verrons plus loin, et l'absence de mortaise libre
dans le poinçon médian qui aurait pu signifier l'existence préalable d'un sous-
faîtage similaire à celui de la première travée, modifié ensuite. Tout ceci établi,
il ressort que l'utilisation des faux-poinçons était principalement justifiée par la
mise en place de l'étrésillonnement.

Toutefois, une question peut se poser sur la raison de l'emploi simultané


d'un système d' étrésillonnement différent pour chaque travée de charpente.
En fait, la croix de Saint-André est nécessitée par la croupe dont les chevrons et
empanons s 'appuyant sur la tête du poinçon tendent à faire verser la ferme maî-
142 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE

tresse vers l'Ouest. La croix de Saint-André contre cette poussée aux extrémités
du poinçon, poussée reprise par un lien à la tête du poinçon de la ferme médiane
venant s'appuyer sans assemblage sur le premier faux-entrait de la 4e ferme.
Le fait de ne pas avoir utilisé un étrésillonnement longitudinal unique et repris
la poussée de la croupe par un lien engagé dans la tête du poinçon oriental, comme
nous le voyons au chœur de Moret-sur-Loing et à celui de Notre-Dame de Paris
(Viollet le Duc, 1854, 14, 15) (18) suivant des modalités un peu plus complexes,
conforte l'archaïsme du procédé adopté à Gonesse.

Un autre problème relatif à la première enrayure se pose au sujet de l'engage¬


ment de l'ensemble des pièces de bois faisant fonction de demi-faux entraits
dans la moise et de son dessin très original dont on peut penser qu'il ne fut pas
modifié. Primitivement, les demi-faux-entraits qui s'engageaient dans les faux
entraits de la ferme principale devaient être un peu plus long que ceux existant
actuellement, car la moise en enserrant les chevrons au lieu d'y être engagée comme
un faux entrait impliquait leur réduction.

Nous n'avons retrouvé aucune marque sur les demi-faux-entraits, ni sur la


moise près de leur point d'assemblage. On peut donc émettre l'hypothèse que ces
demi-faux-entraits en s'appuyant sur toute la largeur du premier faux-entrait
faisaient fléchir ce dernier et tendaient à le faire sortir de ses mortaises, affai¬
blissant ainsi considérablement la ferme maîtresse orientale. Les travaux de moisa-
ges eurent donc pour but de maintenir l'aplomb de toutes les pièces de la ferme et
de permettre à cette dernière de recevoir sans risque les demi-faux-entraits de l'en-
rayure qui aurait d'ailleurs pu présenter une structure différente avec gousset
et coyers rayonnants, plus fonctionnelle (19).
Dans cette perspective où l'économie joua le rôle principal, tous les bois
existants encore utilisables furent certainement conservés, et afin d'éviter un
nouvel affaissement de la ferme orientale, c'est un système avec poinçon et sous
arbalétrier moisés qui fut employé. A cette occasion le sous-faîtage en moise, situé
au-dessus du niveau des faux entraits inférieurs et qui enserre l'ensemble des
poinçons et le chevron axial de croupe, fut placé pour lutter plus efficacement
contre un déversement éventuel des fermes principales, comme paraît l'indiquer
le même type de clé de bois présent le long de cet étrésillonnement et sur la ferme
maîtresse. Il en fut de même de la croix de Saint-André de croupe axiale qui rem¬
plaça
le chevron
les demi-faux-entraits
d'arêtier. et la jambette dont on retrouve les mortaises dans

Monuments
12-13).
(18) C'est
(19) Pour
Historiques.
leMoret-sur-Loing,
cas de Notre-Dame
se reporter
de Paris,
au comme
dessin D.le montre
1842 du Viollet
Centre deleRecherches
Duc (op. cit.,
sur pp.
les
CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 143

5. Mise en place de la charpente

Le dessin primitif de notre charpente étant défini et finalement peu modifié


dans son ensemble, nous allons essayer de déterminer comment cette dernière
fut mise en place. Comme nous l'avons vu, l'étrésillonnement longitudinal n'est
pas un contreventement qui eût permis de conserver en équilibre toutes les fermes
parallèles entre elles par l'engagement des faux-entraits dans le sous-faîtage,
mais au contraire un système qui ne maintient en équilibre que les fermes princi¬
pales. Ce procédé présente une nette amélioration par rapport à celui utilisé avant
le xnie siècle et encore durant ce même siècle dans certaines régions où seul le
lattis retenait les fermes entre elles (20). Ce dernier consistait, lorsque deux fermes
étaient montées côte à côte et séparées généralement de plus de 50 cm, de les
tenir tant bien que mal parallèles afin de clouer le lattis sur les chevrons jusqu'à
une certaine hauteur pour établir leur cohésion. Ces deux premières fermes plus
ou moins stabilisées, une nouvelle était mise en place, le lattis cloué au moins
au pied des fermes, et ainsi de suite. A Gonesse, il semble que l'on monta d'abord
les fermes principales et leur étrésillonnement dans le plan des faux-poinçons et
poinçon. Nos trois fermes ainsi en place, on posait à côté d'elles les fermes se¬
condaires une à une, et clouait le lattis, et cela d'Ouest en Est, car les marques de
charpente sont gravées sur la face ouest des fermes et les marques correspondantes
sur les sablières à l'Ouest de celles-ci. Ce déplacement ouest-est permettait ainsi
au charpentier d'avoir toujours simultanément devant les yeux les marques de
la sablière et de la ferme certainement posée à plat sur son autre face avant son
établissement définitif. Ce procédé était facilité par le fait, comme nous le verrons
au chapitre suivant, que les bois étaient hissés en haut du chœur très vraisem¬
blablement à partir de l'extrémité orientale laissant ainsi une aire importante
sans doute planchéiée pour déposer les éléments de fermes à assembler après le
levage. Dans un dernier temps on monta les demi-fermes de croupe. Cette affirma¬
tion peut trouver sa preuve dans la présence des signes I, II et III sur les trois
demi-fermes extrêmes au Nord et au Sud. Les marques de ces demi-fermes identi¬
ques 2 à 2 sont composées pour la première d'une petite cavité rectangulaire,
pour la seconde, de deux, puis de trois comme si le charpentier avait découvert
incidemment le moyen le plus simple de différencier des éléments semblables
accolés, en ajoutant à chaque fois le même signe de départ définissant ainsi une
progression arithmétique naturelle. Cette méthode, comparée à celle employée
dans la partie droite du comble, paraît plus évoluée, car en dépit de la présence
des deux premiers signes pour la seconde et la quatrième ferme secondaire à
l'Ouest, il n'apparaît pas qu'il y ait un indice reflétant une quelconque recherche
de progression logique des signes semblable à celle qui s'ébauche dans la croupe.
D'autre part, comme nous l'avons montré plus haut, les demi-fermes de croupe

avons(20)déjàIl parlé.
en fut ainsi pour la charpente de la nef de l'église de Saint-Loup-sur-Cher dont nous
144 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE

par leur tendance à faire déverser la ferme maîtresse orientale dans laquelle elles
s'engagent devaient trouver en face une résistance capable d'empêcher ce dé¬
versement, que seuls le montage et la cohésion d'au moins une travée de charpente
permettaient. Au regard de ces indices et pour raison de simple équilibre, nous
pouvons donc au moins par hypothèse affirmer que la croupe fut montée en dernier
lieu.

6. Le levage des fermes

Avant d'analyser cet aspect de la charpenterie, il est bon tout d'abord de se


reporter par imagination sur le chantier vers l'an 1200.
Précisons en premier lieu que la dernière pierre du mur du chevet posée,
des échafaudages devaient cerner l'intérieur du vaisseau central. Il était en effet,
peu probable que ceux-ci fussent posés à l'extérieur du fait de la présence des
bas-côtés et du déambulatoire déjà charpentés et couverts, qui interdisaient
tout appui stable. Comme il est de règle dans un tel chantier, les voûtes ne furent
posées que la charpente en place ainsi que la couverture (Blondel J.F., 1777,
41-44 et Aubert M., 1934, 214) (21). Ce principe de construction avait pour avanta¬
ge de mettre prioritairement la partie de l'édifice concernée à couvert et de faciliter
le levage par l'intérieur des claveaux d'ogives et de la maçonnerie des voûtains à
établir.

Il est ainsi aisé d'imaginer qu'à l'aide de ces échafaudages on dut poser une
aire de planches au-dessus du chœur afin de supporter les pièces de bois de chacune
de nos trois fermes maîtresses.

Ceci dit, comment étaient préparées ces pièces de bois ? A l'heure actuelle,
les fermes de charpente sont réalisées en atelier par référence à une épure dessinée
au sol. Lors de ce travail, chaque pièce est marquée, numérotée et taillée à sa
forme définitive. Après une « mise dedans » de chacune d'elles reconstituant
la ferme complète pour vérifier si tous les assemblages sont correctement taillés,
ces pièces de bois sont toutes amenées et déposées à pied d'œuvre près du bâtiment
à charpenter. Les fermes sont alors montées au sol totalement ou partiellement
suivant leur importance et levées ensuite en haut du bâtiment (22). Par rapport
au système de marquage des bois qui vient d'être indiqué, toutes les pièces de
bois de nos fermes ne sont pas marquées et de plus différemment selon que nous
ayons à faire à des fermes maîtresses ou secondaires, ces dernières ne présentant

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de
CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 145

aucune jambette ni chevrons marqués alors que les chevrons des fermes maîtresses
le sont. Les pièces de bois nues de tout signe ont-elles été changées postérieure¬
ment ? Mais pourquoi les chevrons des fermes secondaires plutôt que ceux des
fermes maîtresses ? En fait, il n'en est rien et cette différence s'explique très aisé¬
ment par le seul problème du levage des fermes comme nous allons tenter de le
montrer.

Pour les fermes maîtresses mises en place les premières, on levait du sol au
faîte du bâtiment, d'abord l'entrait marqué, puis à part chaque chevron dans
lequel était assemblée au sol la jambette non marquée, enfin le faux-poinçon
et les faux-entraits. Tous ces éléments étant mis à plat sur l'aire de plancher
suivant leur emplacement définitif, les uns par rapport aux autres, les marques
sur la face du dessus et l'entrait à quelques centimètres de son lieu de pose sur les
plateformes nord et sud des sablières préalablement levées, on assemblait entre
elles toutes les pièces de bois, on les chevillait, et la ferme maîtresse occidentale
ainsi montée était placée verticalement et maintenue sans doute par un étalement
provisoire dans l'attente de la pose de la seconde ferme maîtresse avec laquelle
venait s'assembler le sous-faîtage et ses liens, et ainsi de suite. Pour les fermes
secondaires, on assemblait au sol chevron et jambette non marqués dans le blochet
qui l'était, on levait chaque chevron ainsi accompagné, puis les faux-entraits,
et le tout à l'instar des fermes maîtresses était assemblé et mis en place. Toutefois,
par la présence du sous-faîtage, les fermes secondaires ne pouvaient être montées
définitivement qu'au-dessus de celui-ci. Dans ce cas, sans doute assemblait-on les
faux-entraits dans l'un des chevrons que l'on rendait ensuite solidaire de l'autre
chevron au-dessus du sous-faîtage, ainsi que la tête de ces derniers.
Pour revenir aux fermes maîtresses, nous remarquons qu'il était peu indiqué
d'assembler au sol même un seul chevron et une jambette sur l'entrait sous peine
de produire une portion de ferme très lourde à lever et, en raison de l'angle d'as¬
semblage à 53° entre le chevron et l'entrait, de créer un ensemble peu maniable
et particulièrement fragile au moindre choc. C'est ce qui explique que les chevrons
des fermes maîtresses levés un à un présentaient chacun un signe afin de bien
les reconnaître après le levage alors que ce n'était pas utile pour ceux des fermes
secondaires assemblés dans le blochet marqué. De plus, l'absence de marque
sur certaines pièces de bois impliquait que les fermes fussent préparées près de
l'église et sans doute l'une après l'autre puis levées au fur et à mesure de leur achè¬
vement. Ce procédé, en évitant de mélanger entre elles les pièces de bois similaires à
plusieurs fermes, n'impliquait pas un marquage systématique de tous les bois,
marquage rendu nécessaire dans le cas où toutes les fermes eussent été préparées
à l'avance et leurs bois entassés avant d'être assemblés et finalement levés.

Rappelons avant de terminer que les pièces de bois et parties de fermes


mises sur épure certainement dans le chœur durent être hissées jusqu'en haut
par une ouverture réservée entre la ferme de croupe et la partie tournante du
chevet. Pour la charpente de croupe d'ailleurs levée à la fin, comme nous l'avons vu,

10
146 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE

on devait assembler à terre les demi-faux-entraits non marqués dans les chevrons,
ainsi que bien entendu jambette et blochet, ce dernier étant le seul à porter une
marque. Mais étant donné que les deux demi-faux-entraits de la première demi-
ferme sont engagés dans le demi-faux-entrait de la seconde demi-ferme aussi
bien au Nord qu'au Sud, et il en est de même pour les troisième et quatrième demi-
fermes qui s'assemblent dans la cinquième, et les sixième et septième dans la
huitième, il importait donc de monter d'abord à partir de la ferme principale
la seconde demi-ferme et la première, ensuite la cinquième, la troisième et la
quatrième puis la huitième et les sixième et septième demi-fermes enfin la neu¬
vième et cela pour les deux parties de la croupe.

7. Place de la charpente dans la charpenterie de comble


DE LA FIN DU XIIe AU DÉBUT DU XIIIe SIÈCLE

7.1. Les marques. — En ce qui concerne ces dernières aucune étude n'ayant été
faite à notre connaissance sur des marques de cette époque, nous ne pouvons
que tenter un rapprochement très relatif avec les marques recensées dans la
charpente de la nef de l'église Saint-Loup citée plus haut. Dans cette charpente
de la première moitié du xme siècle deux systèmes de marquages furent employés.
Le premier consistait grosso-modo dans l'utilisation de barres parallèles en nombre
variable selon les fermes mais ne correspondant en aucune manière à une quel¬
conque progression arithmétique et également du signe (V) utilisé deux fois et
de grandeur différente. Malgré sa simplicité ce système rustique qui n'intéresse
que 5 fermes est comparable dans son principe à celui pratiqué dans notre comble
et pourrait remonter au premier quart du xme siècle. Le deuxième conçu un
peu plus tard utilise un marquage progressif en chiffres romains correspondant, à
quelques nuances près, à la table des nombres de Mazerolle. Il ressort donc
de ces éléments que le premier procédé de marquage ne fut pas retenu au moins
par les charpentiers de Saint-Loup sans savoir néanmoins s'il fut encore longtemps
utilisé ailleurs parallèlement à l'autre, ou s'il disparut très rapidement. Par contre,
le marquage futur des ensembles charpentés, à une époque et dans des régions qu'il
reste encore à définir, sera une synthèse du second système recensé à Saint-Loup
et de celui de Gonesse dont seuls quelques signes seront conservés comme marques
de base (cf. supra).
7.2. Les fermes. — Les fermes sont semblables à celles du bras sud du tran¬
sept de l'abbatiale de Noirlac à Bruère (Cher) de la fin du xne siècle (C.R.M.H.,
1982, Dessin 4551) et aux fermes du chœur de l'église de Puiseaux (Loiret) qui
remontent aux années 1210-1220 (C.R.M.H., 1982, Dessin 1939 ; Aubert M.,
1930, 394). Dans ces charpentes et pour quelques autres de nombreux édifices
de Paris et de la région parisienne de la fin du xne et du début du xme siècle,
nous ne rencontrons pas Vaisselier (pièce de bois qui soulage le faux-entrait et
raidit le chevron) que l'on voit apparaître dans le chœur de l'église de Moret-
sur-Loing vers 1220 (C.R.M.H., Dessin 1838 à 1840).
CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 147

Notons d'autre part qu'à Gonesse, à l'instar de nombreuses charpentes d'Ile


de France du début du xme siècle, les assemblages des pièces pénétrantes sont
à tenon et mortaise et non à mi-bois. Ces derniers disparaissant dans le courant
du xne siècle alors que dans l'aire géographique ligérienne il semble comme nous
avons pu le constater qu'ils furent utilisés durant une période assez avancée du
xme siècle.
7.3. L'étrésillonnement longitudinal. — L'élément original dans la conception
de notre charpente est sans conteste l'étrésillonnement longitudinal qui ne peut être
considéré comme un contreventement étant donné qu'il ne réunit pas les fermes
entre elles pour empêcher leur déversement mais permet seulement comme
nous l'avons vu de maintenir verticalement les fermes principales. Cette originalité
tient au fait de l'emploi simultané de l'étrésillonnement par croix de Saint-André
et du sous-faîtage horizontal. Le système à croix de Saint-André fut sans doute
peu employé, car la croix en passant entre les différents niveaux des faux-entraits
risquait de buter sur l'un d'eux (23). C'est ce qui se passa dans notre charpente
pour deux faux-entraits du second niveau, qui furent entaillés afin de faciliter
le passage des bras de la croix et cela au risque en les affaiblissant de contrarier
le raidissement des chevrons, s'ils venaient à se briser. De plus, sur le plan cons-
tructif il était moins compliqué de monter un sous-faîtage sous les faux-entraits
comme ce fut fait dans la charpente du chœur de Moret-sur-Loing et à Notre-
Dame de Paris vers 1220 qu'une énorme croix de Saint-André.
Au chœur de Notre-Dame de Paris le contreventement fut encore amélioré
par rapport à Gonesse en rendant solidaire le premier niveau des faux-entraits
avec le sous-faîtage au moyen d'une cheville en bois. Ce procédé permettait en
effet, la ferme principale posée, de monter une à une les fermes secondaires, de les
cheviller avec les deux sous-faîtages latéraux (24) et de les maintenir en équilibre
sans recourir au lattis cloué après la mise en place des fermes. La charpente de
Gonesse apparaît donc comme un parti intermédiaire entre le système sans étré-
sillonnement longitudinal et celui adopté à Notre-Dame de Paris.
A cet égard cela nous permet de reconsidérer le problème du sous-faîtage
tel qu'il fut perçu par H. Deneux (Deneux H., 1927, 53) qui, prenant comme exem¬
ple de charpente des premières années du xme siècle celle du réfectoire de Saint-
Martin-des-Champs qu'il plaçait avant Notre-Dame de Paris (25), écrivait : « Nous

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du
de
la
148 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE

trouvons pour la première fois dans cette charpente une pièce de sous-faîtage
placée sous les entraits retroussés qui avec les poinçons et les liens situés dans le
plan longitudinal de la charpente constituent tout un système nouveau destiné
d'une part à soulager les entraits retroussés dans le milieu de leur portée et d'autre
part à étrésillonner tous les entraits retroussés de chevrons à l'aide de fortes
chevilles qui traversent les deux pièces de part en part ». Or, à la lumière de ce
que nous venons de voir il ressort que les faits ont évolué différemment (25), et
cela souligne toute l'importance du parti de transition adopté dans notre charpente.
Enfin nous pouvons nous demander si le sous-faîtage placé sous les faux-entraits
et pour ainsi dire tangent à ces derniers, n'avait pas pour but, les blochets des
fermes étant engagés dans les sablières, de maintenir momentanément celles-ci
en équilibre en formant une sorte d'étai provisoire et ainsi faciliter le clouage du
lattis. Cet équilibre pouvait d'ailleurs être assuré par l'emploi de cales glissées
entre le faux-entrait et le sous-faîtage, stabilisant ainsi la ferme verticalement,
comme celles que nous retrouvons en place sur les 2e et 3e fermes mais dont l'an¬
cienneté n'est pas prouvée. L'évolution logique du système consistait ensuite
à cheviller ensemble sous-faîtage et faux-entraits puis à les assembler comme ce
fut le cas de la charpente de la nef de Notre-Dame de Paris postérieure à celle
du chœur (Aubert M., 1919, 397).

8. Conclusion

L'analyse détaillée de cette charpente a fourni comme nous venons de le


voir une moisson de renseignements dont certains, faute d'éléments comparatifs
suffisants en raison du peu d'études menées sur le sujet, mais qui vont se multi¬
plier comme nous l'avons signalé, ne trouvent pas encore une signification précise
dans le mouvement évolutif de la charpente. C'est le cas des marques dont la
comparaison avec l'unique exemple de Saint-Loup-sur-Cher nous a montré pour
la partie la plus ancienne de cette charpente quelques similitudes avec la nôtre
ou au contraire une nette différence avec l'autre partie un peu plus jeune. Ces
premiers constats incitent à des recherches plus systématiques sur la question,
recherches qui permettront sans doute de mieux cerner pour une époque donnée
les particularismes géographiques éventuels, les interférences entre les divers
systèmes de signes recensés, et leur synthèse qui se fera par la perte de certains
d'entre eux au bénéfice de quelques autres et aboutira à une sorte de normalisa¬
tion dont le traité de Jousse fait pour la première fois mention et dont il y aura
sans doute lieu de définir la portée. De toute façon nous ne pouvons à l'heure
actuelle qu'esquisser une problématique bien imprécise sur le sujet qui ne se dé¬
finira qu'aux fils des études dont la charpenterie en général pourra faire l'objet.
A propos du montage définitif et de la chronologie de pose des fermes de nombreux
points pratiques ont pu être appréhendés grâce au recours à ces marques et à la
structure propre de la charpente, chronologie qui, nous l'avons montré à Saint-
Loup-sur-Cher au regard de l'évolution de la construction de l'édifice, fournit
CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 149

des précisions que l'analyse de la maçonnerie seule ne permet pas toujours. D'autre
part une datation plus fine de ces charpentes devrait aider à mieux définir chro¬
nologiquement certains aspects de structure comme nous l'avons vu pour la
relation faux-entrait /sous-faîtage dans la région parisienne. Finalement nous
souhaitons par ce type d'étude avoir offert aux archéologues un nouvel objet
d'intérêt pour un domaine de la construction médiévale bien connu, mais peu
sollicité.

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150 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE

ODD ODD
□0 00

1 2 1 2

IX
10 10

DD

882 _____
_________________

Fig. — Plan d'établissement des fermes de la charpente et marques correspon¬


dantes (Document C.R.M.H.).
CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 151

210
ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE
CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 153

(A). IHTERMLDIAJR£3
TOISCS POUX CMC YRON3

Fig. 4. — Ferme maîtresse orientale (n° 13). (Document C.R.M.H.).


154 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE

Fig. 5. — Ferme secondaire type (Document C.R.M.H.).


V
96
cDh.oRacr.uMpme.Hnt.)e
la
C(de
longitudinale
Coupe

6.
Fig.
156 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE

S 04.

Fig. 7. — Croupe : a) Enrayure inférieure ; b) Enrayure supérieure (Documents


C.R.M.H.).
Fig. 8, Assemblage d'un blochet sur les sablières (Document C.R.M.H.).
Fig. 9. — sud.
Ferme ; n°b) 12.
entrait sur Marque
le blochet
; a)nord
sur ; lec) premier
sur le blochet
faux-
Fig. 11. — Croupe au Nord. Demi-ferme n° 4.
Fig. 14. — Partie droite au Nord. Ferme n° 1.

Fig. 15. — Partie droite au Nord. Ferme n° 11.

il
Fig. 17. — Partie droite au Nord. Ferme n° 3.

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