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Bontemps Daniel. La charpente du chœur de l'église Saint-Pierre de Gonesse (Val-d'Oise). In: Archéologie médiévale,
tome 14, 1984. pp. 127-167;
doi : https://doi.org/10.3406/arcme.1984.1125
https://www.persee.fr/doc/arcme_0153-9337_1984_num_14_1_1125
Zusammenfassung
Daniel Bontemps, Das Chorgebälk der Kirche Saint-Pierre von Goneese (Val-d'Oise).
Die genaue Untersuchung des Dachstuhlgebälks der Kirche Saint-Pierre von Gonesse (um 1200)
hat eine seltene Ansammlung von Schreinermarkierungen offenbart, die sich fast aile von den
bisher in Frankreich bekannten unterscheiden.
Insgesamt geschieht die Kennzeichnung der Binder nicht numerisch, lediglich am Hinterteil kann
ansatzweise eine Nummerierung nachgewiesen werden. Bringt man diesen Sachverhalt mit der
Art der Markierung der rechten Seite des Gebälks und seiner Struktur in Verbindung, so kann
dadurch die zeitliche Reihenfolge der Setzung der Binder festgestellt werden. Darûberhinaus gibt
das Vor — handensein bzw das Nichtvorhandensein dieser Zeichen auf bestimmten Holzstucken
einen Eindruck über den Ablauf der teilweisen Montage auf dem Boden, die Hochbringung und die
endgültige Montage auf dem Dach des Gebäudes.
Die Ähnlichkeit einiger dieser Markierungen mit denen der Steinmetze ist verblüffend.
Durch die Datierung dieses Gebälks können die Windschutzkonstruktionen, wie sie zu jener Zeit in
der Pariser Gegend auftauchen, genauer beleuchtet werden.
Résumé
Daniel Bontemps, La charpente du chœur de l'église Saint-Pierre de Gonesse (Val-d'Oise).
L'étude minutieuse de la charpente de comble de l'église Saint-Pierre de Gonesse (vers 1200) a
permis de recenser un ensemble rare de marques de charpentier, presque toutes différentes de
celles que l'on a observées en France.
Globalement, le marquage des fermes n'est pas numérique, sinon dans la croupe où une ébauche
de numérotation est décelable. Ce fait, confronté au caractère du marquage de la partie droite de
la charpente et à sa structure, autorise à définir une chronologie de pose des fermes. De plus, la
présence ou l'absence de ces signes sur certaines pièces de bois composant les fermes suggère
une hypothèse sur le processus de leur montage partiel au sol, de leur levage et de leur
assemblage définitif au faîte de l'édifice.
La ressemblance de certaines de ces marques avec les marques de tailleurs de pierre est
troublante.
La date que l'on peut assigner à cette charpente permet de préciser les modalités d'apparition du
contreventement à cette époque dans la région parisienne.
Daniel BONTEMPS
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en
En outre, ce travail sera pour nous l'occasion de faire surgir une particularité
de la charpente peu connue des archéologues : les marques de charpentier (2).
Comme nous le verrons le recensement de ces signes, l'analyse de leur morphologie
ainsi que leur emplacement, leurs différences ou leurs similitudes avec d'autres
types de marques utilisées en charpenterie ou dans la taille des pierres, leur répé¬
tition, leur absence ou au contraire leur présence sur des pièces de bois identiques,
tout cela nous apportera quantité de renseignements utiles à la compréhension
d'un moment de l'évolution du marquage des bois dans le temps, mais également
des modalités de la taille des pièces de bois, leur assemblage avant le levage des
fermes et la succession de leur mise en place au-dessus du chœur de l'église.
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être
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Di¬
les
CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 129
Par rapport à l'extrados des voûtes, la ferme maîtresse médiane est placée
au-dessus de l'arc doubleau séparant la voûte sexpartite de la partie droite du
chœur de la voûte rayonnante. L'axe de la ferme maîtresse orientale est situé
à 0,90 m à l'Est de la clé de la voûte rayonnante celui de la ferme maîtresse
occidentale à 1,40 m à l'Ouest de celle de la voûte sexpartite.
1.3. Les fermes secondaires. — Au nombre de dix, cinq par travée, elles sont
composées de deux chevrons reposant sur des blochets raidis par deux jambettes
et deux faux-entraits (fig. 5). Du fait de la présence de la face nord de la tour-clo¬
cher dans le comble, les pieds des fermes n° 2 à 7 pénètrent un à un dans les cavités
aménagées dans la maçonnerie. A l'Ouest une ferme est placée entre le mur pignon
et la ferme maîtresse.
1.5. L' étrésillonnement longitudinal (fig. 6). — Dans l'axe est-ouest des fermes,
entre les deux faux-poinçons des fermes maîtresses délimitant la travée occidentale
de la charpente, un sous-faîtage soulagé par deux liens engagés dans les faux-
poinçons court sous les faux-entraits auxquels il est tangent pour certains. Un
lien qui s'engage dans la tête du faux-poinçon médian vient s'appuyer sur ce
sous-faîtage. La travée orientale est étrésillonnée par une grande croix de Saint-
André dont les extrémités des bras partent de celles des poinçon et faux-poinçons.
Dans la travée de croupe, une autre croix de Saint-André raidit le chevron de
croupe médian et s'engage dans le poinçon de la ferme maîtresse orientale. Enfin,
une moise, qui enserre les faux-poinçons et le poinçon ainsi que le chevron axial
de croupe, assure un étrésillonnement supplémentaire à l'ensemble de la char¬
pente au-dessus du niveau inférieur des faux-entraits.
1.6. Les enrayures. — Très originale, l'enrayure du premier niveau des faux-
entraits est composée de six pièces principales de bois qui s'engagent sur la moise
de la ferme maîtresse orientale tandis que des pièces de bois secondaires s'assem¬
blent obliquement dans celles-ci. Le système est symétrique par rapport à l'axe
est-ouest du comble (fig. 7a).
9
130 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE
2. Datation
Henri Deneux dans son étude sur l'évolution des charpentes précise les
caractéristiques
celles relatives àdes
la charpentes
nôtre. des xne et xme siècles dont nous rapportons
Branner
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nous (6)
toriques.
Gonesse
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siècle
sablières,
(Bon-
etHis¬
R.
de
CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 131
me demander par quel moyen notre antique charpentier reconnaissait les pièces
fermes.
de charpente préparée sur le sol avant le levage des bois et le montage final des
Je pus alors constater, en prenant comme point de repère l'une des marques
déjà aperçues, qu'un signe similaire se répétait sur le faux-entrait supérieur.
Il en était ainsi pour toutes les fermes (fig. 9 a). Ne trouvant d'autre part aucun
signe pouvant être considéré comme des marques de charpentes ailleurs que sur
les chevrons et un entrait de deux fermes principales, je déblayai le pied des
fermes et les sablières noyées dans des dépôts de poussière et de matériaux divers.
Il me fut donc permis de constater que les sablières internes et le blochet excep¬
tionnellement bien conservés portaient chacun une marque semblable à celles
repérées sur les faux-entraits de la même ferme (fig. 9 b et c).
Le dessin, les dimensions ainsi que la taille de ces marques, leur originalité
enfin et leur vénérable ancienneté m'ont amené à en faire le frottis pour chacune
d'elle et à en établir le catalogue ci-après, présenté sous la forme de deux tableaux.
Dans le premier, nous avons répertorié les marques et les pièces des fermes sur
lesquelles elles sont gravées, dans le second nous proposons une esquisse d'analyse
de chaque signe.
3.1. Remarques d'ordre général. — Quelles remarques nous suggère l'analyse
de ces deux tableaux ? Tout d'abord la conservation des 86 marques recensées
est bonne dans l'ensemble, malgré leur ancienneté qui approche des huit cents
ans d'âge, à l'exception de celles gravées sur les sablières plus usées. D'autre
part, toutes les pièces ne sont pas marquées. Les marques gravées sur les blochets
sont généralement au milieu de celui-ci dans la partie droite du comble donc
éloigné de la marque de la sablière, par contre dans la croupe elles sont plutôt au-
dessus de cette sablière. Aucune jambette ne présente de marque ni les chevrons
des fermes secondaires. La ferme principale médiane dans la partie droite du
chœur ne laisse voir aucun signe, mais étant donné qu'elle est la seule dans ce cas
avec la demi-ferme axiale de croupe au Nord et la 5e demi-ferme au Sud, nous
devons supposer que ce démarquage unique avait valeur de signe au regard des
autres fermes. Toutes les marques sont gravées généralement sur la face ouest
des pièces de bois des fermes (7). Pour les faux-entraits, elles sont situées dans leur
moitié nord mais assez éloignées des points d'assemblage avec les chevrons, à
l'exception de la ferme n° 6 où elles sont au Sud, et du faux-entrait supérieur
de la ferme maîtresse occidentale (8). Dans la croupe, par contre, malgré toute
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faux-entraits,
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1er X X X 1er 0 □ Q a
N. S.
N. N. N. S. S, S.
sablière Sablière Sablière Sablière
faux-entrait demi-faux-entrai demi-faux-entrai
Entrait fleaux-entrait 2e 1ère Blo het Jambet e Chevron 1ère Blochet Chevron Jambet e 1ère Blochet 1er d2eemi-faux-entrai Chevron 1ère Blochet 1er
Z3 2eDemi-faux-entrOai Demi-entraCjit Chevron
1— o o UJ <c UJ 0-
TABLEAU ANALYTIQUE ET DE CORRESPONDANCE
DES MARQUES DE CHARPENTE
PART I [ 13 0 I T L DU C H 0 L U R
1
Jer Morgue bien
conservée "dix" de la table Sansen R. ,
tableau,
X 4 seC'estcroisent
une croix
à environ
dont les9D° bras plus
des
La plus
110mm
ces
rie
signes
bras
entre
grande,
x confondus.
petite
90.
de2 etL'épaisseur
est 80mm
des
inégale
desbras
10mm,
x croix
80 tous
etdeet va¬
delaa des Nombres 31 fl) pp. 30,
pas de margue vi¬ Inv. Gén.,
sible
trait sur
ni surl'en¬les tableaux,
144 et 149 PP.(2)
sablières .
Marque
chevron sur un
2e Ce sont deux petites cavités Lc'i plus petite largeur de Marque légèrement
□ □ effacée
rectangulaires et parallèles ces marques est de 7mm et
la20mm.plusLe grande longueur de sablière surnordla
pluslespetit Pas de sablière
valle entre deux inter¬ au sud.
éléments de marque,esttousde
signes confondus,
20 et 65mm pour le plus
grand.
3e invisible "Un" de la table
entre 80 Margue Sansen
tableau,R. pp.
des Nombres et , 31
3 Ce signe est. une simple
barre etSatouslOQmm
entre longueur
signes
2 etet 5mmconfondus,
varieenviron,
son épaisseur sur
y nord ladu sablière
fait de "Franc" de la Inv .Gén. ,
1 altération . table des Marques
Pas de sablière ettableaux,
147 pp. 145
'
sud .
4e 3 Petite cavité
similaire à celles
rectangulaire
de la La largeur de ce signe va¬ Idem ci-dessus
□ rie entre 10 et 14mm et 22
2ème et 27mm pour la longueur,
droite,ferme de la partie
■
CROUP F. AU SUD
1er □ Ceceluisignede est semblable
àde la Lemesure bien visible Marque
la 4ème ferme seul 13signe
x 21mm. effacée très
sur la
partie droite, sablière
2e □ 0 2 Ceceluisignede est semblable
deà la Pour
encore lesvisibles
seuls d'un
rectangles
la 2ème ferme seul
partie droite signe,
extrêmesleurs sont dimensions
de 13 x 27mm Idem ci-dessus
etleurmoyennes : 15 53mm.
x 22mm et
intervalle
3e □ □□ 2 Ce signe
petites
res parallèles
cavités
est composé
entre de trois Larectangles
rectangulai¬
elles. largeur extrême des
composant le
Ce signe, bien
qu'usé surestla
<• 20mm environ et leur lon¬ sablière
signe, varie entre 11 et néanmoins encore
gueur entre 20 et 25mm. visible. Cette
est de 27mm et dernière
Leentrepluseuxpetit intervalle cache
partiellement
le plus grand de 47mm celui du blochet
L'emprise totale de ces
signes
de 110 est respectivement
et 135mm.
4e 2 Ce signe est composé de deux Pour le signe visible, "Deux"
barres parallèles chaque barre mesure 45mm et Lesablière signe deest lare¬ table desde la Inv,
tableauGén.,p. 147
leur épaisseur est porté Nombres et
dude blochet
l'autre
côté "Deux"
respectivement
Elles de
sont deséparées4 à 8mm. et assez effacé la tablefrancs
des de
de l'autre 15mm l'une Marques
5e PAS DE MARQUE
6e Les bras de ce V ont 60 à Marque encore sur "Cinq"
Z 2 Ce signededroite.
celui
partie laest 6esemblable
ferme de à la 70mm de long et 6 à 7mm bien visible table desde laNombres Inv, Gén.,
tableaux,
d'épaisseur, la sablière et 146 pp. 144
confondus . tous signes
Marque
1 Ce signe
deux
leur "i" grecs
base peut
et inversés.
seaffrontés
comparer à à Le150mm
7Leurà corps
10mm
épaisseur
et environ,
central
les bras
varie
mesure
55mm.de conservéetrèssûrbienla
X sablière
7e
Le corpset principal mesure Sansen R . ,
1 Ce partie
lui
lades signe
recensédeestdroite
bois lasursemblable
lieune fermeè dece¬ 105mm
partie les bras 65mm tableau,
I environ. Leur épaisseur pp. 30 et 31
varie de 7 à 10mm. Inv, Gén.,
Tableaux ,
pp . 145 et 150
8e Ce signe a environ 130mm Sur la sablière
2 Cel'extrémité
gauche,
perpendiculairement
barressigneparallèles
part
est deuncomposé
celle 2 de deparallèles
braset, deprès
presque long et les 2 barres lavisible
marquemais
est
-Il à 25 ou 30mmsuivant
l'une lede signe
l'au¬ partiellement
tre. Lépaisseur des élé¬ arrachée. Sur le
ments qui composent nos blochet, elle
deux signes varie entre 4
et 12mm. est en partie
sablière . la
cachée par
Les bras du V ont. lüOrrim au
Ces deux marques "Meuf"
table desde ia
9e 1/ 2 Ceceluisignede est Sansen R , ,
la 9esemblable
ferme de à la minimum et 130mm au maxi¬
sont très lisibles tableau,
partie droite mum selon le signe. Leur
mais \ombms pp , 30 et 31
mêmes pour les que
bissectrice est plus courte
raisons Inv. Cén.,
Leur
varie épaisseur respective
duci-dessus, celle tableaux
. le 3 è lUmrn, tous
ti loche t est pp.
légèrement cachée 148 144,146 et
10e DETTE DEMI -FERME A\IALr NE COMPORTE pas DE MAHIIUI A L 1VTTAR DI IA l’UE MAI PASSE MEDIAN! DE LA INAPT I C DROITE
11
r [■; u u p a J \ n t; b
!
1er Les dimensions du seul Marque très
□ effacée
Ce signededroite
celui
partie
demi-ferme laestde4esemblable
etferme
croupe
de lade leà la signe mesurable sont
22 \ 15mm snbl i ère sur la
2e Ces signes
. n'ont pas été dur la sablière,
D 0 Ce signedeau laestsudpartie
celui
croupe
ferme 2esemblable
etdemi-ferme
de droite
la 2ea de mesurés le signe est très
effacé,
blochet etl'unsurdesle
rectangles est en
part ic caché par
la sablière
3e Sur la sablière,
□ □□ croupe demi-fermea de Pour
Ce signedeau laestsud,3esemblable
celui visible, le signe
la plus nettement
petite un aperçoit la
largeur de l'un des rec¬ t race des cavités
tangles est de 12mm et la en dépit de
plus grande longueur 20mm.
L'espacement
de 32 et 35mm entre et de eux 30mmest.
pour le signe de la
sablière .
4e "Deux francs" de Inv. Gén.,
3eIdemdemi-ferme
signe de dela
// la table des tableau p. 147
croupe au sud marqueset
Ce signedeau laestsud4esemblable
celui
croupe demi-fermeà de environ
et.laelles.
Trèssablière
partiellement
l'autre,
épaisseurs
pectivement
marque
30mm
effacé
Leur
, d'intervalle
nous
dudeest
delongueur
pour
blochet
caché
avons
barre,
6 deetl'un50mm
pour
10mm
des
entre
res¬
sur
et "Deux" de la table
des Nombres
*) Les
bien marques gravées sur les blochets, les faux-entraits, les chevrons et l'entrait sont généralement très
conservées.
1) Ces marques ont été recensées dans le tableau des marques de tailleurs de pierre rassemblées par R Sansen
(1975, pp. 30 et‘31).
2) neuve
Ces marques
à Aigues-Mortes
ont été recensées
(Gard).dans
(Inventaire
les tableaux
général,
des marques
1973, pp.de 144-151).
tâcherons relevées sur la tour de Ville-
136 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE
notre attention nous n'avons pas pu discerner un seul signe sur les pièces
composant les enrayures. En ce qui concerne leur morphologie ces marques se
caractérisent par un manque d'unité dans leurs dimensions. La plus petite d'entre
elles n'a guère plus de 2 cm de long et les plus grandes 15 cm sur une ferme secondaire
et 20 cm sur l'entrait de la ferme maîtresse orientale. Elles sont constituées en
général à partir de traits droits plus ou moins épais liés entre eux ou non et quelque¬
fois ce sont de petites cavités barlongues.
3.2. Comparaison avec les signes employés depuis le XVe s. en charpenterie. —
Précisons préalablement qu'en l'absence d'étude sur ces signes de haute époque
et de références suffisantes dans les traités anciens d'architecture (seule l'édition
du xvme siècle de l'Art de Charpentier de Mathurin Jousse reproduisant le ta¬
bleau des nombres (9)), nous avons pris comme repère le tableau très complet
mais
L. Mazerolle.
peu ancien (xixe siècle) des Marques et Nombres utilisés en charpente de
Comparés à ce tableau (10), 12 signes sur les 21 types recensés peuvent être
considérés comme similaires ou assimilables. Sur ces 12 signes, 10 sont compara¬
bles aux I, II, V, et X (1, 2, 5, 9 et 10) de la table des nombres (fig. 10 à 14).
Le V et le se répètent sur la partie droite de la charpente et la croupe, le
2 trois fois dans la croupe dont une fois sous une forme réduite à la 7e demi-ferme
au Nord et le « Un » dans la partie droite et la croupe. Deux signes sont assimilables
à la table des Marques : le contremarque (X») et la patte d'oie (y) (fig. 15 et
9). Le « Un » ou « Franc » sont identiques dans les deux tables. D'autre part,
nous constatons que certains signes de base de la table des chiffres furent repris
en modifiant soit leur longueur soit leur épaisseur. C'est le cas, comme nous venons
de le voir, pour le 2 ( / /) qui fut transformé une seconde fois sous la forme de deux
petites cavités rectangulaires que l'on retrouve dans la partie droite de la char¬
pente et les deux moitiés de la croupe. Le « Un » est utilisé également sous cet
aspect et le trois (III) deux fois dans la croupe (fig. 16). Le signe X de la ferme
maîtresse orientale se retrouve plus petit avec une branche plus épaisse à la 5e
ferme de la partie droite (fig. 17). Finalement parmi ces 21 signes, neuf ne sont
comparables à aucun de ceux des deux tableaux de Mazerolle et caractérisent
les fermes 8, 10, 11 et 13 de la partie droite, et les demi-fermes 6, 8 et 9 de la croupe
au Nord, 7 et 8 au Sud, l'un des signes de cette 7e demi-ferme se répétant à la
11e ferme de la partie droite (fig. 18 à 26).
Il résulte de ces remarques, comparées à la progression arithmétique des
fermes et demi-fermes, que la seule relation de pertinence existant entre les signes
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CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 137
paraît naître de leur simple différence de forme ou de dessin et non d'un éventuel
système conventionnel de signes identifiables à une numérotation croissante des
fermes au moyen de chiffres romains par exemple, comme nous avons pu le constater
dans une partie du comble de la nef de l'église de Saint-Loup-sur-Cher (Loir-et-
Cher) dont la charpente, bien qu'un peu plus jeune que celle de Gonesse, remonte
tout de même à la première moitié du xme siècle (11). Pour plus de précisions
sur les modalités d'utilisation de ces marques, nous nous reporterons à notre plus
ancienne relation écrite sur la question qui nous donne des précisions intéressantes.
Mathurin Jousse écrivait en effet : « Lorsqu'on aura picqué et establi le bois,
il est nécessaire de le marquer pour recoignoistre la place où il se doit assembler,
vous marquerez tout le costé d'un logis, d'un marcq franc ( /), qui sont de petites
marques faites avec la Roinette, Traceret, ou chose semblable : Iceux traits
commençant à conter depuis un, jusques au nombre des pièces qu'il faudra dans
un des costés du bastiment. Les Tournices se marqueront autant en haut qu'en
bas, le bout d'en haut dans la gorge, et celuy d'embas, trois ou quatre poulces
près du tenon. De l'autre costé du bastiment, faudra marquer, un contre-marq
( X ), qui se marquera pareillement sur chaque pièce, qui suyvra tout au long,
jusques au nombre qu'il y faudra, et faire tout le mesme aux Tournices. Du costé
des crouppes, vous marquerez un crochet (/*), qui doit suyvre pareillement. De
l'autre costé de la crouppe vous marquerez une patte d'oye, ()£-) qui suyvra
par nombre, jusques à la dernière des pièces. Que si vos quatre marques ne sont pas
suffisantes pour le grand nombre des pièces qu'il y faut, vous pourrez faire un, deux,
trois, ou quatre ronds, les uns dans les autres, et sur iceux, marquerez tel nombre
que bon vous semblera » (Jousse M., 1627, 7) (12).
Tout d'abord, l'analyse succcinte de ce texte nous permet de constater que
le franc ou marq franc, le contremarque, le crochet et la patte d'oie sont employés
par L. Mazerolle comme signes de base alliés à une numérotation en chiffres
romains, mais malheureusement l'auteur ne donne pas le mode d'emploi de ces
signes pour une charpente de comble.
Par contre l'Encyclopédie de la Charpente précise, pour les quatre côtés
d'un pan de bois, l'emploi du « franc » et du « contremarque » pour les murs longi¬
tudinaux en fonction du marquage des pieds de ferme, tandis que les façades de
croupe et de pignon sont marquées à la « patte d'oie franc » et à la « patte d'oie
contremarque » (Brondel Y., 1982, 378).
D'après ces deux exemples qui ont un peu plus de 350 ans de différence d'âge,
il apparaît qu'une certaine normalisation se fît jour dans le marquage des bois
et principalement pour les charpentes de comble où le « franc » et le « contremarque »
furent employés de part et d'autre de l'axe des fermes accompagnées d'un chiffre
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138 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE
Or, à Gonesse, les fermes de la partie droite du comble ont chacune une seule
et même marque au Nord et au Sud et généralement sur les seuls blochets et
sablières, à l'exception de la ferme 11 qui nous montre un type démarqué différent
de part et d'autre de l'axe de la ferme, et la demi-ferme n° 7 de croupe au Sud.
Ces constatations nous amènent donc à nous demander si les signes de notre char¬
pente sont assimilables à un quelconque répertoire ancien de marque de charpen¬
tiers ? Apparemment à aucun. En effet, le mélange de marques employées plus
tard systématiquement tels que le franc, le contre marque, la patte d'oie, le crochet
en étant absent, ainsi qu'un début de recherche dans le décompte des fermes
comme nous le verrons un peu plus loin, et de signes totalement indépendants
du tableau des Marques de Mazerolle, nous indique une période de gestation
dans le marquage du bois. Ce marquage débouchera petit à petit sur une normalisa¬
tion, que faute d'exemples antérieurs nous avons vu apparaître dans le courant
du xve siècle, mais qui naquit sans doute avant, durant une époque qu'il restera
à définir. Il ressort de tout ceci, dans l'état actuel de nos connaissances sur cette
question, que ces marques sont issues d'un fonds dans lequel seront puisés en
partie les signes employés rationnellement dans les charpentes moins anciennes
au détriment d'autres signes dont les raisons actuellement nous échappent bien
entendu.
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CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 139
sont répertoriés dans le livre de René Sansen sur les marques de tailleurs de pierre,
6 sont indiqués dans les tableaux des marques lapidaires de toutes époques relevées
par l'auteur autour du bassin méditerranéen et une autre est visible sur une photo¬
graphie de son livre. Si par acquis de conscience, nous nous référons tout à fait
arbitrairement aux tableaux de marques de tâcherons relevés sur les fortifications
de la ville d'Aigues-Morte (Gard) (Inventaire général, 1973, 144-151), 10
marques de charpente s'y retrouvent à l'exception du et des L affrontés qui
sont employés une seule fois à Gonesse. C'est-à-dire que dix de nos marques de
charpente sur treize furent utilisées par ces tailleurs de pierre. De cette première
constatation, nous nous garderons bien de donner une opinion, mais il nous a paru
intéressant et utile de mettre en évidence cette parenté qui n'est sans doute pas
tout à fait le fruit du hasard pour une époque où charpentiers et maçons travail¬
laient de concert sur les grands chantiers ou même étaient maîtres dans les deux
spécialisations (Aubert M., 1961, 16 et 305) (15). Il est tout à fait possible, au
moins pour ces raisons, que tailleurs de pierre et charpentiers de ces hautes époques
aient fait usage d'un répertoire de signes similaires qui leur était plus ou moins
commun (Rrondel Y., 1982, 371) (16).
3.4. La taille des marques. — Les marques les mieux conservées étant gravées
sur les faux-entraits et les blochets, c'est sur ceux-ci que nous avons porté notre
analyse afin de tenter d'élucider leur mode de tracé et ainsi de déterminer le profil
de l'outil employé. Ces signes creusés ayant souvent une largeur assez importante,
nous avons pu constater qu'ils présentaient en profondeur sur toute la longueur des
barres qui les constituent des faces latérales planes proprement coupées et sans
aucune aspérité. Nous remarquons couramment que des incisions rectilignes
et très fines poursuivent le prolongement de ces faces sur la partie du bois épar¬
gnée par le creusement de la marque. Cet indice permet de penser que ces barres
étaient grosso-modo délimitées dans leur longueur et leur largeur par un outil
bien affûté et coupant. Les deux incisions nécessitées pour leur définition étaient
faites en gros suivant deux inclinaisons contraires par rapport à la surface du bois,
et plus ou moins profondes pour ôter sans difficulté la matière excessive ainsi
désolidarisée de la pièce de bois. Par contre le fond des marques étant très irré¬
gulier, il apparaît que le charpentier dans de nombreux cas faisait jouer son outil
latéralement dans le bois comme un levier afin de soustraire la matière inoppor¬
tune qui n'avait pu être retirée facilement en raison de l'absence de jonction
des incisions. Sur certaines marques, la largeur de bois entre ces incisions était
trop importante pour recourir au système de levier avec efficacité, une incision
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140 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE
Avant de pousser plus avant l'analyse de ces marques et leur rapport avec
la mise en place des fermes, nous allons maintenant étudier de plus près la ferme
principale de croupe et ses particularités.
Comme nous l'avons signalé plus haut cette ferme possède deux entraits
retroussés en moise qui dissimulent des mortaises sans fonction creusées dans les
chevrons. Il en est de même sur les entraits et les chevrons au pied des fermes.
Ceci paraît prouver qu'il existait à l'origine des faux-entraits et des jambettes
à la place des moises. D'autre part, le poinçon ne conservant aucune mortaise
en face de celles des chevrons, correspondant à l'engagement du faux-entrait,
cela semble indiquer qu'il fut posé lors de la mise en place des entraits retroussés.
La demi-ferme axiale de croupe a les mêmes caractéristiques que la ferme princi¬
pale : mortaises sans utilisation au niveau de la jambette et des deux faux-entraits
et absence de mortaise répondant à cette dernière dans le poinçon. Un indice
supplémentaire que le poinçon, les moises et les sous-arbalétriers sont plus jeunes
que le reste de la ferme nous est apporté par les marques de charpente recensées.
Ces signes, I, et V composés de traits fins sont gravés chacun de nombreuses
fois sur la face est de la ferme et le signe / / sur sa face ouest. Leur aspect est
radicalement différent des marques venant d'être étudiées. Les clés en bois qui
enserrent les moises et celle qui traverse les sous-arbalétriers et le poinçon ont sur
leur tête l'une des trois premières marques également visible près de la mortaise
qu'elles traversent.
Ces points précisés, une question se pose donc au sujet de la ferme primitive.
Y avait-il un poinçon à l'origine ?
ont été
(17)portées
L'auteur
à l'aide
précise
d'un: «ciseau
Dans àquelques
bois ». charpentes anciennes on constate que les marques
CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 141
tresse vers l'Ouest. La croix de Saint-André contre cette poussée aux extrémités
du poinçon, poussée reprise par un lien à la tête du poinçon de la ferme médiane
venant s'appuyer sans assemblage sur le premier faux-entrait de la 4e ferme.
Le fait de ne pas avoir utilisé un étrésillonnement longitudinal unique et repris
la poussée de la croupe par un lien engagé dans la tête du poinçon oriental, comme
nous le voyons au chœur de Moret-sur-Loing et à celui de Notre-Dame de Paris
(Viollet le Duc, 1854, 14, 15) (18) suivant des modalités un peu plus complexes,
conforte l'archaïsme du procédé adopté à Gonesse.
Monuments
12-13).
(18) C'est
(19) Pour
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leMoret-sur-Loing,
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CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 143
avons(20)déjàIl parlé.
en fut ainsi pour la charpente de la nef de l'église de Saint-Loup-sur-Cher dont nous
144 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE
par leur tendance à faire déverser la ferme maîtresse orientale dans laquelle elles
s'engagent devaient trouver en face une résistance capable d'empêcher ce dé¬
versement, que seuls le montage et la cohésion d'au moins une travée de charpente
permettaient. Au regard de ces indices et pour raison de simple équilibre, nous
pouvons donc au moins par hypothèse affirmer que la croupe fut montée en dernier
lieu.
Il est ainsi aisé d'imaginer qu'à l'aide de ces échafaudages on dut poser une
aire de planches au-dessus du chœur afin de supporter les pièces de bois de chacune
de nos trois fermes maîtresses.
Ceci dit, comment étaient préparées ces pièces de bois ? A l'heure actuelle,
les fermes de charpente sont réalisées en atelier par référence à une épure dessinée
au sol. Lors de ce travail, chaque pièce est marquée, numérotée et taillée à sa
forme définitive. Après une « mise dedans » de chacune d'elles reconstituant
la ferme complète pour vérifier si tous les assemblages sont correctement taillés,
ces pièces de bois sont toutes amenées et déposées à pied d'œuvre près du bâtiment
à charpenter. Les fermes sont alors montées au sol totalement ou partiellement
suivant leur importance et levées ensuite en haut du bâtiment (22). Par rapport
au système de marquage des bois qui vient d'être indiqué, toutes les pièces de
bois de nos fermes ne sont pas marquées et de plus différemment selon que nous
ayons à faire à des fermes maîtresses ou secondaires, ces dernières ne présentant
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CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 145
aucune jambette ni chevrons marqués alors que les chevrons des fermes maîtresses
le sont. Les pièces de bois nues de tout signe ont-elles été changées postérieure¬
ment ? Mais pourquoi les chevrons des fermes secondaires plutôt que ceux des
fermes maîtresses ? En fait, il n'en est rien et cette différence s'explique très aisé¬
ment par le seul problème du levage des fermes comme nous allons tenter de le
montrer.
Pour les fermes maîtresses mises en place les premières, on levait du sol au
faîte du bâtiment, d'abord l'entrait marqué, puis à part chaque chevron dans
lequel était assemblée au sol la jambette non marquée, enfin le faux-poinçon
et les faux-entraits. Tous ces éléments étant mis à plat sur l'aire de plancher
suivant leur emplacement définitif, les uns par rapport aux autres, les marques
sur la face du dessus et l'entrait à quelques centimètres de son lieu de pose sur les
plateformes nord et sud des sablières préalablement levées, on assemblait entre
elles toutes les pièces de bois, on les chevillait, et la ferme maîtresse occidentale
ainsi montée était placée verticalement et maintenue sans doute par un étalement
provisoire dans l'attente de la pose de la seconde ferme maîtresse avec laquelle
venait s'assembler le sous-faîtage et ses liens, et ainsi de suite. Pour les fermes
secondaires, on assemblait au sol chevron et jambette non marqués dans le blochet
qui l'était, on levait chaque chevron ainsi accompagné, puis les faux-entraits,
et le tout à l'instar des fermes maîtresses était assemblé et mis en place. Toutefois,
par la présence du sous-faîtage, les fermes secondaires ne pouvaient être montées
définitivement qu'au-dessus de celui-ci. Dans ce cas, sans doute assemblait-on les
faux-entraits dans l'un des chevrons que l'on rendait ensuite solidaire de l'autre
chevron au-dessus du sous-faîtage, ainsi que la tête de ces derniers.
Pour revenir aux fermes maîtresses, nous remarquons qu'il était peu indiqué
d'assembler au sol même un seul chevron et une jambette sur l'entrait sous peine
de produire une portion de ferme très lourde à lever et, en raison de l'angle d'as¬
semblage à 53° entre le chevron et l'entrait, de créer un ensemble peu maniable
et particulièrement fragile au moindre choc. C'est ce qui explique que les chevrons
des fermes maîtresses levés un à un présentaient chacun un signe afin de bien
les reconnaître après le levage alors que ce n'était pas utile pour ceux des fermes
secondaires assemblés dans le blochet marqué. De plus, l'absence de marque
sur certaines pièces de bois impliquait que les fermes fussent préparées près de
l'église et sans doute l'une après l'autre puis levées au fur et à mesure de leur achè¬
vement. Ce procédé, en évitant de mélanger entre elles les pièces de bois similaires à
plusieurs fermes, n'impliquait pas un marquage systématique de tous les bois,
marquage rendu nécessaire dans le cas où toutes les fermes eussent été préparées
à l'avance et leurs bois entassés avant d'être assemblés et finalement levés.
10
146 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE
on devait assembler à terre les demi-faux-entraits non marqués dans les chevrons,
ainsi que bien entendu jambette et blochet, ce dernier étant le seul à porter une
marque. Mais étant donné que les deux demi-faux-entraits de la première demi-
ferme sont engagés dans le demi-faux-entrait de la seconde demi-ferme aussi
bien au Nord qu'au Sud, et il en est de même pour les troisième et quatrième demi-
fermes qui s'assemblent dans la cinquième, et les sixième et septième dans la
huitième, il importait donc de monter d'abord à partir de la ferme principale
la seconde demi-ferme et la première, ensuite la cinquième, la troisième et la
quatrième puis la huitième et les sixième et septième demi-fermes enfin la neu¬
vième et cela pour les deux parties de la croupe.
7.1. Les marques. — En ce qui concerne ces dernières aucune étude n'ayant été
faite à notre connaissance sur des marques de cette époque, nous ne pouvons
que tenter un rapprochement très relatif avec les marques recensées dans la
charpente de la nef de l'église Saint-Loup citée plus haut. Dans cette charpente
de la première moitié du xme siècle deux systèmes de marquages furent employés.
Le premier consistait grosso-modo dans l'utilisation de barres parallèles en nombre
variable selon les fermes mais ne correspondant en aucune manière à une quel¬
conque progression arithmétique et également du signe (V) utilisé deux fois et
de grandeur différente. Malgré sa simplicité ce système rustique qui n'intéresse
que 5 fermes est comparable dans son principe à celui pratiqué dans notre comble
et pourrait remonter au premier quart du xme siècle. Le deuxième conçu un
peu plus tard utilise un marquage progressif en chiffres romains correspondant, à
quelques nuances près, à la table des nombres de Mazerolle. Il ressort donc
de ces éléments que le premier procédé de marquage ne fut pas retenu au moins
par les charpentiers de Saint-Loup sans savoir néanmoins s'il fut encore longtemps
utilisé ailleurs parallèlement à l'autre, ou s'il disparut très rapidement. Par contre,
le marquage futur des ensembles charpentés, à une époque et dans des régions qu'il
reste encore à définir, sera une synthèse du second système recensé à Saint-Loup
et de celui de Gonesse dont seuls quelques signes seront conservés comme marques
de base (cf. supra).
7.2. Les fermes. — Les fermes sont semblables à celles du bras sud du tran¬
sept de l'abbatiale de Noirlac à Bruère (Cher) de la fin du xne siècle (C.R.M.H.,
1982, Dessin 4551) et aux fermes du chœur de l'église de Puiseaux (Loiret) qui
remontent aux années 1210-1220 (C.R.M.H., 1982, Dessin 1939 ; Aubert M.,
1930, 394). Dans ces charpentes et pour quelques autres de nombreux édifices
de Paris et de la région parisienne de la fin du xne et du début du xme siècle,
nous ne rencontrons pas Vaisselier (pièce de bois qui soulage le faux-entrait et
raidit le chevron) que l'on voit apparaître dans le chœur de l'église de Moret-
sur-Loing vers 1220 (C.R.M.H., Dessin 1838 à 1840).
CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 147
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la
148 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE
trouvons pour la première fois dans cette charpente une pièce de sous-faîtage
placée sous les entraits retroussés qui avec les poinçons et les liens situés dans le
plan longitudinal de la charpente constituent tout un système nouveau destiné
d'une part à soulager les entraits retroussés dans le milieu de leur portée et d'autre
part à étrésillonner tous les entraits retroussés de chevrons à l'aide de fortes
chevilles qui traversent les deux pièces de part en part ». Or, à la lumière de ce
que nous venons de voir il ressort que les faits ont évolué différemment (25), et
cela souligne toute l'importance du parti de transition adopté dans notre charpente.
Enfin nous pouvons nous demander si le sous-faîtage placé sous les faux-entraits
et pour ainsi dire tangent à ces derniers, n'avait pas pour but, les blochets des
fermes étant engagés dans les sablières, de maintenir momentanément celles-ci
en équilibre en formant une sorte d'étai provisoire et ainsi faciliter le clouage du
lattis. Cet équilibre pouvait d'ailleurs être assuré par l'emploi de cales glissées
entre le faux-entrait et le sous-faîtage, stabilisant ainsi la ferme verticalement,
comme celles que nous retrouvons en place sur les 2e et 3e fermes mais dont l'an¬
cienneté n'est pas prouvée. L'évolution logique du système consistait ensuite
à cheviller ensemble sous-faîtage et faux-entraits puis à les assembler comme ce
fut le cas de la charpente de la nef de Notre-Dame de Paris postérieure à celle
du chœur (Aubert M., 1919, 397).
8. Conclusion
des précisions que l'analyse de la maçonnerie seule ne permet pas toujours. D'autre
part une datation plus fine de ces charpentes devrait aider à mieux définir chro¬
nologiquement certains aspects de structure comme nous l'avons vu pour la
relation faux-entrait /sous-faîtage dans la région parisienne. Finalement nous
souhaitons par ce type d'étude avoir offert aux archéologues un nouvel objet
d'intérêt pour un domaine de la construction médiévale bien connu, mais peu
sollicité.
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150 ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE
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210
ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE
CHARPENTE DU CHŒUR DE L'ÉGLISE DE GONESSE 153
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Fig. 17. — Partie droite au Nord. Ferme n° 3.