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Winterreise

1. Gute Nacht 1. Bonne nuit 2. Die Wetterfahne 2. La girouette


Fremd bin ich eingezogen, Étranger je suis arrivé, Der Wind spielt mit der Wetterfahne Le vent jouait avec la girouette
Fremd zieh’ ich wieder aus. Étranger je repars. Auf meines schönen Liebchens Haus. Sur la jolie maison de ma bien‑aimée.
Der Mai war mir gewogen Le mois de mai m’avait bercé Da dacht’ ich schon in meinem Wahne, Là, j’eus bien l’illusion
Mit manchem Blumenstrauß. De maint bouquet de fleurs. Sie pfiff den armen Flüchtling aus. Qu’elle se moquait du pauvre fugitif.
Das Mädchen sprach von Liebe, La jeune fille parlait d’amour,
Die Mutter gar von Eh’, - La mère, même de mariage, Er hätt’ es eher bemerken sollen, Il aurait dû d’abord remarquer
Nun ist die Welt so trübe, Aujourd’hui le monde est si gris, Des Hauses aufgestecktes Schild, La plaque apposée sur la maison,
Der Weg gehüllt in Schnee. Le chemin recouvert de neige. So hätt’ er nimmer suchen wollen Alors il n’aurait jamais cherché à trouver
Im Haus ein treues Frauenbild. L’image d’une femme fidèle dans la maison.
Ich kann zu meiner Reisen De mon départ en voyage
Nicht wählen mit der Zeit, Je ne peux choisir le moment, Der Wind spielt drinnen mit den Herzen À l’intérieur le vent joue avec les cœurs
Muß selbst den Weg mir weisen Je dois moi‑même trouver le chemin Wie auf dem Dach, nur nicht so laut. Comme sur le toit, mais pas aussi fort.
In dieser Dunkelheit. En cette obscurité. Was fragen sie nach meinen Schmerzen ? Pourquoi se soucieraient‑ils de ma douleur ?
Es zieht ein Mondenschatten Une ombre lunaire me suit Ihr Kind ist eine reiche Braut. Leur enfant est un riche parti.
Als mein Gefährte mit, Comme mon compagnon,
Und auf den weißen Matten Et sur le blanc manteau
Such’ ich des Wildes Tritt. Je cherche les traces d’animaux. 3. Gefror’ne Tränen 3. Larmes gelées
Was soll ich länger weilen, Pourquoi devrais‑je attendre encore Gefrorne Tropfen fallen Des larmes gelées
Daß man mich trieb hinaus ? Que l’on me mette dehors ? Von meinen Wangen ab: Tombent de mes joues
Laß irre Hunde heulen Laissez les chiens fous hurler Ob es mir denn entgangen, Et m’avait‑il échappé
Vor ihres Herren Haus; Devant la maison de leurs maîtres ; Daß ich geweinet hab’ ? Que j’ai pleuré ?
Die Liebe liebt das Wandern - L’amour aime à cheminer -
Gott hat sie so gemacht - Dieu l’a ainsi fait - Ei Tränen, meine Tränen, Larmes, mes larmes,
Von einem zu dem andern. De l’un à l’autre. Und seid ihr gar so lau, N’êtes‑vous pas par trop tièdes
Fein Liebchen, gute Nacht ! Douce bien‑aimée, bonne nuit ! Daß ihr erstarrt zu Eise Que vous vous figez en glace
Wie kühler Morgentau ? Comme la plus froide rosée du matin ?
Will dich im Traum nicht stören, En tes rêves je ne te dérangerai point,
Wär schad’ um deine Ruh’. Ce serait dommage, en ton repos, Und dringt doch aus der Quelle Et pourtant vous jaillissez de la source
Sollst meinen Tritt nicht hören - Tu ne devrais pas entendre mes pas, Der Brust so glühend heiß, De ma poitrine ardente et brûlante,
Sacht, sacht die Türe zu ! Doucement, doucement, les portes sont fermées ! Als wolltet ihr zerschmelzen Comme si vous vouliez faire fondre
Schreib im Vorübergehen En passant, j’écris seulement Des ganzen Winters Eis ! La glace de tout l’hiver.
Ans Tor dir: Gute Nacht, Bonne nuit sur le portail,
Damit du mögest sehen, Pour que tu puisses voir
An dich hab’ ich gedacht. Que j’ai pensé à toi.
4. Erstarrung 4. Engourdissement 5. Der Lindenbaum 5. Le tilleul
Ich such’ im Schnee vergebens En vain je cherche dans la neige Am Brunnen vor dem Tore À la fontaine près du portail
Nach ihrer Tritte Spur, La trace de ses pas, Da steht ein Lindenbaum; Il y a un tilleul ;
Wo sie an meinem Arme Là où souvent nous nous sommes promenés, Ich träumt’ in seinem Schatten À son ombre je fais
Durchstrich die grüne Flur. En tête à tête, dans les champs. So manchen süßen Traum. Des rêves si doux et si nombreux ;

Ich will den Boden küssen, Je veux embrasser le sol, Ich schnitt in seine Rinde Je grave dans son écorce
Durchdringen Eis und Schnee Creuser la neige et la glace So manches liebe Wort; De si nombreux mots d’amour ;
Mit meinen heißen Tränen, De mes larmes brûlantes Es zog in Freud’ und Leide Dans la joie, dans la peine,
Bis ich die Erde seh’. Jusqu’à voir la terre. Zu ihm mich immer fort. Je suis toujours attiré vers lui.

Wo find’ ich eine Blüte, Où trouverais‑je un bouton de fleur, Ich mußt’ auch heute wandern Aujourd’hui aussi je dois passer
Wo find’ ich grünes Gras ? Où trouverais‑je de l’herbe verte ? Vorbei in tiefer Nacht, Devant lui, au milieu de la nuit,
Die Blumen sind erstorben, Les fleurs sont mortes Da hab’ ich noch im Dunkeln Là pourtant dans l’obscurité,
Der Rasen sieht so blaß. La pelouse semble si terne. Die Augen zugemacht. J’ai fermé les yeux.

Soll denn kein Angedenken Ne puis‑je donc emporter avec moi Und seine Zweige rauschten, Et ses rameaux murmuraient,
Ich nehmen mit von hier ? Aucun souvenir d’ici ? Als riefen sie mir zu: Comme pour m’appeler :
Wenn meine Schmerzen schweigen, Lorsque mes douleurs se seront tues, Komm her zu mir, Geselle, Viens près de moi, compagnon,
Wer sagt mir dann von ihr ? Qui alors me parlera d’elle ! Hier find’st du deine Ruh’ ! Ici tu trouveras ton repos !

Mein Herz ist wie erfroren, Mon cœur est comme éteint, Die kalten Winde bliesen Les vents froids soufflaient
Kalt starrt ihr Bild darin; Et dedans, sa froide image est figée ; Mir grad’ ins Angesicht; Droit sur mon visage ;
Schmilzt je das Herz mir wieder, Que mon cœur à nouveau se réchauffe, Der Hut flog mir vom Kopfe, Le chapeau s’envola de ma tête,
Fließt auch ihr Bild dahin ! Alors aussi l’image s’animera ! Ich wendete mich nicht. Je ne me détournai point.

Nun bin ich manche Stunde Cela fait maintenant plusieurs heures
Entfernt von jenem Ort, Que je suis éloigné de ce lieu,
Und immer hör’ ich’s rauschen: Et toujours j’entends murmurer :
Du fändest Ruhe dort ! Là tu trouverais le repos.
6. Wasserflut 6. Torrent 7. Auf dem Fluße 7. Sur le fleuve
Manche Trän’ aus meinen Augen De nombreuses larmes de mes yeux Der du so lustig rauschtest, Toi qui si gaiement murmurait,
Ist gefallen in den Schnee; Sont tombées sur la neige ; Du heller, wilder Fluß, Toi, fleuve clair et sauvage,
Seine kalten Flocken saugen Ses froids flocons absorbaient, Wie still bist du geworden, Comme tu es devenu calme,
Durstig ein das heiße Weh. Comme assoiffés, la brûlante douleur. Gibst keinen Scheidegruß. Tu pars sans adieux.

Wenn die Gräser sprossen wollen Lorsque les herbes voudront sortir, Mit harter, starrer Rinde D’une croûte plus dure, plus raide
Weht daher ein lauer Wind, Alors soufflera un vent tiède, Hast du dich überdeckt, Tu t’es recouvert
Und das Eis zerspringt in Schollen Et la glace éclatera en morceaux Liegst kalt und unbeweglich Tu es froid et immobile
Und der weiche Schnee zerrinnt. Et la molle neige fondra. Im Sande ausgestreckt. Enfoncé dans le sable.

Schnee, du weißt von meinem Sehnen, Neige, tu connais mon désir, In deine Decke grab’ ich À ta surface je grave
Sag’, wohin doch geht dein Lauf ? Dis‑moi, où donc va ta course ? Mit einem spitzen Stein Avec une pierre acérée
Folge nach nur meinen Tränen, Suis donc seulement mes larmes, Den Namen meiner Liebsten Le nom de ma bien‑aimée,
Nimmt dich bald das Bächlein auf. Le ruisseau les recueillera bientôt. Und Stund’ und Tag hinein: Et l’heure et le jour :

Wirst mit ihm die Stadt durchziehen, Avec lui, tu traverseras la ville, Den Tag des ersten Grußes, Le jour de la première rencontre,
Muntre Straßen ein und aus; De par les rues animées ; Den Tag, an dem ich ging; Le jour de mon départ ;
Fühlst du meine Tränen glühen, Sens‑tu mes larmes brûler d’amour, Um Nam’ und Zahlen windet Autour du nom et des chiffres
Da ist meiner Liebsten Haus. Là est la maison de ma bien‑aimée. Sich ein zerbroch’ner Ring. Se mêle un anneau brisé.

Mein Herz, in diesem Bache Mon cœur, en ce fleuve


Erkennst du nun dein Bild ? Reconnais‑tu ton image ?
Ob’s unter seiner Rinde Sous sa croûte
Wohl auch so reißend schwillt ? S’enfle t‑il aussi tumultueusement ?
8. Rückblick 8. Regard en arrière 9. Irrlicht 9. Feu follet
Es brennt mir unter beiden Sohlen, Cela me brûle les semelles, In die tiefsten Felsengründe Au creux le plus profond des rochers
Tret’ ich auch schon auf Eis und Schnee, Pourtant je marche sur la glace et la neige, Lockte mich ein Irrlicht hin; Un feu follet m’attire :
Ich möcht’ nicht wieder Atem holen, Je ne pourrai reprendre haleine, Wie ich einen Ausgang finde, La façon dont j’ai trouvé une issue
Bis ich nicht mehr die Türme seh’. Tant que je verrai les tours. Liegt nicht schwer mir in dem Sinn. Ne m’a pas beaucoup préoccupé :

Hab’ mich an jedem Stein gestoßen, J’ai trébuché sur chaque pierre, Bin gewohnt das Irregehen, Je suis habitué aux vagabondages,
So eilt’ ich zu der Stadt hinaus; Tant je me presse de quitter la ville ; ‘s führt ja jeder Weg zum Ziel; Tous les chemins mènent à un but :
Die Krähen warfen Bäll’ und Schloßen Les corbeaux jettent des boules de neige et des grêlons Uns’re Freuden, uns’re Wehen, Nos joies, nos peines,
Auf meinen Hut von jedem Haus. De chaque maison sur mon chapeau. Alles eines Irrlichts Spiel ! Tout ça est jeu de feu follet !

Wie anders hast du mich empfangen, C’est tout autrement que tu m’as accueilli, Durch des Bergstroms trockne Rinnen Par les lits asséchés des torrents de la montagne
Du Stadt der Unbeständigkeit ! Toi ville de l’inconstance ! Wind’ ich ruhig mich hinab, Je serpente tranquillement vers le bas,
An deinen blanken Fenstern sangen À tes brillantes fenêtres chantaient Jeder Strom wird’s Meer gewinnen, Chaque fleuve atteindra la mer,
Die Lerch’ und Nachtigall im Streit. L’alouette et le rossignol en lutte. Jedes Leiden auch sein Grab. Et chaque peine sa tombe.

Die runden Lindenbäume blühten, Les tilleuls ronds étaient en fleurs,


Die klaren Rinnen rauschten hell, Les claires fontaines murmuraient, cristallines 10. Rast 10. Repos
Und ach, zwei Mädchenaugen glühten. - Et les yeux d’une jeune fille brillaient -
Da war’s gescheh’n um dich, Gesell ! C’en était fait de toi, compagnon ! Nun merk’ ich erst wie müd’ ich bin, Je vois seulement maintenant combien je suis las,
Da ich zur Ruh’ mich lege; Alors que je m’allonge pour me reposer :
Kömmt mir der Tag in die gedanken, Ce jour me revient à l’esprit, Das Wandern hielt mich munter hin La marche m’a maintenu plein d’entrain
Möcht’ ich noch einmal rückwärts seh’n. Je voudrais encore une fois regarder en arrière, Auf unwirtbarem Wege. Sur un chemin hostile.
Möcht’ ich zurücke wieder wanken, Je voudrais à nouveau revenir chanceler
Vor ihrem Hause stille steh’n. En silence devant sa maison. Die Füße frugen nicht nach Rast, Mes pieds ne réclamaient pas le repos,
Es war zu kalt zum Stehen; Il faisait trop froid pour s’arrêter ;
Der Rücken fühlte keine Last, Mon dos ne sentait pas la charge,
Der Sturm half fort mich wehen. La tempête me poussait en avant.

In eines Köhlers engem Haus Dans une petite maison de charbonnier


Hab’ Obdach ich gefunden. J’ai trouvé refuge ;
Doch meine Glieder ruh’n nicht aus: Pourtant mes membres ne peuvent se détendre
So brennen ihre Wunden. Tant brûlent leurs blessures.

Auch du, mein Herz, in Kampf und Sturm Toi aussi, mon cœur, dans le combat et la tempête,
So wild und so verwegen, Si sauvage et si audacieux,
Fühlst in der Still’ erst deinen Wurm C’est seulement dans le calme que tu sens le ver
Mit heißem Stich sich regen ! Qui, avec une brûlante piqûre, se met à remuer.
11. Frühlingstraum 11. Rêve de printemps 12. Einsamkeit 12. Solitude
Ich träumte von bunten Blumen, Je rêvais de fleurs aux mille couleurs Wie eine trübe Wolke Alors qu’un nuage gris
So wie sie wohl blühen im Mai; Qui comme elles fleurissent si bien en mai ; Durch heit’re Lüfte geht, S’élève dans un ciel serein,
Ich träumte von grünen Wiesen, Je rêvais de vertes prairies Wenn in der Tanne Wipfel Tandis que dans la cime des sapins
Von lustigem Vogelgeschrei. De joyeux piaillement d’oiseaux. Ein mattes Lüftchen weht: Souffle une molle brise,

Und als die Hähne krähten, Et quand le coq chanta, So zieh ich meine Straße Je vais mon chemin
Da ward mein Auge wach; Alors mes yeux s’ouvrirent ; Dahin mit trägem Fuß, En traînant les pieds,
Da war es kalt und finster, Il faisait froid et sombre, Durch helles, frohes Leben Au long d’une vie lumineuse et gaie,
Es schrien die Raben vom Dach. Et les corbeaux criaient sur le toit. Einsam und ohne Gruß. Seul et sans salutations.

Doch an den Fensterscheiben, Et pourtant sur les vitres de la fenêtre, Ach, daß die Luft so ruhig ! Ah ! que l’air est calme !
Wer malte die Blätter da ? Qui avait peint ces feuilles ? Ach, daß die Welt so licht ! Ah ! que le monde est lumineux !
Ihr lacht wohl über den Träumer, Vous riez bien du rêveur, Als noch die Stürme tobten, Lorsque les tempêtes faisaient encore rage,
Der Blumen im Winter sah ? Qui voyait des fleurs en hiver ? War ich so elend nicht. Je n’étais pas si misérable.

Ich träumte von Lieb um Liebe, Je rêvais d’amour partagé,


Von einer schönen Maid, D’une belle jeune fille, 13. Die Post 13. Le courrier
Von Herzen und von Küssen, De cœurs et de baisers,
Von Wonne und Seligkeit. De plaisir et de bonheur. Von der Straße her ein Posthorn klingt. Dans la rue le cor du postillon sonne.
Was hat es, daß es so hoch aufspringt, Qu’as‑tu à bondir si fort,
Und als die Hähne krähten, Et quand le coq chanta, Mein Herz ? Mon cœur ?
Da ward mein Herze wach; Alors mon cœur s’éveilla.
Nun sitz’ ich hier alleine À présent je suis là, seul, Die Post bringt keinen Brief für dich. Le postier ne t’apporte pas de lettre.
Und denke dem Traume nach. Et je songe au rêve. Was drängst du denn so wunderlich, Pourquoi es‑tu donc si bouleversé,
Mein Herz ? Mon cœur ?
Die Augen schließ’ ich wieder, Je referme les yeux,
Noch schlägt das herz so warm. Mon cœur bat encore si fort. Nun ja, die Post kommt aus der Stadt, Eh oui, le postier vient de la ville
Wann grünt ihr Blätter am Fenster ? Quand, feuilles, verdirez‑vous à ma fenêtre ? Wo ich ein liebes Liebchen hat, Où j’avais une bien‑aimée chérie,
Wann halt’ ich mein Liebchen im Arm ? Quand tiendrai‑je en mes bras ma bien‑aimée ? Mein Herz ! Mon cœur !

Willst wohl einmal hinüberseh’n Veux‑tu bien aller voir un jour


Und fragen, wie es dort mag geh’n, Et demander comment ça va là-bas,
Mein Herz ? Mon cœur !
14. Der greise Kopf 14. La tête du vieillard 16. Letzte Hoffnung 16. Dernier espoir
Der Reif hatt’ einen weißen Schein D’un voile blanc le givre Hie und da ist an den Bäumen Sur l’arbre, par-ci par‑là,
Mir übers Haar gestreuet; Avait saupoudré mes cheveux ; Manches bunte Blatt zu seh’n, On peut encore voir une feuille colorée,
Da glaubt’ ich schon ein Greis zu sein Ce qui me fit penser que j’étais déjà vieux Und ich bleibe vor den Bäumen Et je reste souvent devant l’arbre,
Und hab’ mich sehr gefreuet. Et cela m’a beaucoup réjoui. Oftmals in Gedanken steh’n. Perdu dans mes pensées.

Doch bald ist er hinweggetaut, Pourtant il a bientôt fondu, Schaue nach dem einen Blatte, Je regarde une seule feuille,
Hab’ wieder schwarze Haare, Et j’avais à nouveau les cheveux noirs, Hänge meine Hoffnung dran; Et y accroche mes espoirs ;
Daß mir’s vor meiner Jugend graut - Ce qui me fait redouter ma jeunesse - Spielt der Wind mit meinem Blatte, Si le vent joue avec ma feuille,
Wie weit noch bis zur Bahre ! Que de chemin encore jusqu’au cercueil ! Zittr’ ich, was ich zittern kann. Je tremble autant que je peux trembler.

Vom Abendrot zum Morgenlicht Du coucher de soleil au petit matin Ach, und fällt das Blatt zu Boden, Et si la feuille vient à tomber au sol,
Ward mancher Kopf zum Greise. De nombreuses têtes ont blanchi. Fällt mit ihm die Hoffnung ab; L’espoir hélas m’abandonne ;
Wer glaubt’s ? und meiner ward es nicht Qui le croirait ? Et au cours de tout ce voyage Fall’ ich selber mit zu Boden, Je tombe aussi moi‑même sur le sol,
Auf dieser ganzen Reise ! La mienne ne l’a pas fait ! Wein’ auf meiner Hoffnung Grab. Et pleure sur la tombe de mon espoir.

15. Die Krähe 15. Le corbeau 17. Im Dorfe 17. Au village


Eine Krähe war mit mir Un corbeau était sorti Es bellen die Hunde, es rasseln die Ketten; Les chiens aboient, les chaînes cliquettent ;
Aus der Stadt gezogen, De la ville avec moi Es schlafen die Menschen in ihren Betten, Les gens ronflent en leurs lits,
Ist bis heute für und für Et aujourd’hui et à jamais, Träumen sich manches, was sie nicht haben, Nombre d’entre eux rêvent à ce qu’ils n’ont pas,
Um mein Haupt geflogen. Il volette autour de ma tête. Tun sich im Guten und Argen erlaben; Se délectent de bonnes et de mauvaises choses.

Krähe, wunderliches Tier, Corbeau, merveilleux animal, Und morgen früh ist alles zerflossen. Et dès le lendemain tout a disparu,
Willst mich nicht verlassen ? Ne m’abandonneras-tu jamais? Je nun, sie haben ihr Teil genossen Cependant ils ont savouré leur part
Meinst wohl, bald als Beute hier Veux‑tu dire que bientôt de mon corps Und hoffen, was sie noch übrig ließen, Et espèrent que ce qu’ils ont laissé,
Meinen Leib zu fassen ? Tu feras ta pâture ? Doch wieder zu finden auf ihren Kissen. Ils le retrouveront à nouveau sur leur oreiller.

Nun, es wird nicht weit mehr geh’n Maintenant, je ne vais plus longtemps marcher Bellt mich nur fort, ihr wachen Hunde, Aboyez après moi, vous les chiens éveillés,
An dem Wanderstabe. Avec ma canne de promeneur. Laßt mich nicht ruh’n in der Schlummerstunde ! Ne me laissez pas reposer en ces heures de sommeil !
Krähe, laß mich endlich seh’n Corbeau, permets-moi de voir en toi Ich bin zu Ende mit allen Träumen. Je suis arrivé au bout de tous les rêves.
Treue bis zum Grabe ! Un fidèle jusqu’à la tombe ! Was will ich unter den Schläfern säumen ? Pourquoi m’attarder avec les dormeurs ?
18. Der stürmische Morgen 18. Le matin tempétueux 20. Der Wegweiser 20. Le poteau indicateur
Wie hat der Sturm zerrissen Comme la tempête a déchiré Was vermeid’ ich denn die Wege, Pourquoi est‑ce que j’évite les chemins
Des Himmels graues Kleid ! Les habits gris du ciel ! Wo die ander’n Wand’rer geh’n, Empruntés par les autres voyageurs,
Die Wolkenfetzen flattern Les lambeaux de nuages flottent Suche mir versteckte Stege, Que je recherche des traverses cachées
Umher im matten Streit. Dispersés en blafarde bataille. Durch verschneite Felsenhöh’n ? Au travers des hautes roches enneigées ?

Und rote Feuerflammen Et des flammes rouge feu Habe ja doch nichts begangen, Je n’ai pourtant rien commis
Zieh’n zwischen ihnen hin; S’élancent parmi eux ; Daß ich Menschen sollte scheu’n, - Qui me ferait craindre les hommes,
Das nenn’ ich einen Morgen C’est ce que j’appelle un matin Welch ein törichtes Verlangen Quelle folle pulsion
So recht nach meinem Sinn ! Bien accordé à mon humeur ! Treibt mich in die Wüstenei’n ? Me mène en ces endroits déserts ?

Mein Herz sieht an dem Himmel Mon cœur voit dans le ciel Weiser stehen auf den Straßen, Les poteaux indicateurs sur les routes
Gemalt sein eig’nes Bild - La peinture de sa propre image - Weisen auf die Städte zu. Montrent le chemin de la ville,
Es ist nichts als der Winter, Ce n’est rien d’autre que l’hiver, Und ich wandre sonder Maßen Et je marche dans une certaine mesure
Der Winter kalt und wild ! L’hiver, froid et sauvage ! Ohne Ruh’ und suche Ruh’. Sans repos, je cherche la quiétude.

Einen Weiser seh’ ich stehen Je vois planté là un poteau,


19. Täuschung 19. Illusion Unverrückt vor meinem Blick; Immobile devant mon regard ;
Eine Straße muß ich gehen, Je dois suivre une route
Ein Licht tanzt freundlich vor mir her, Une lumière danse aimablement devant moi, Die noch keiner ging zurück. D’où encore personne n’est revenu.
Ich folg’ ihm nach die Kreuz und Quer; Je la suis dans tous les sens ;
Ich folg’ ihm gern und seh’s ihm an, Je la suis de bon gré et vois en elle
Daß es verlockt den Wandersmann. Ce qui séduit le promeneur. 21. Das Wirtshaus 21. L’auberge
Ach ! wer wie ich so elend ist, Ah ! celui qui est aussi misérable que moi Auf einen Totenacker Mon chemin m’a amené dans un cimetière ;
Gibt gern sich hin der bunten List, Se prête volontiers à une si brillante ruse, Hat mich mein Weg gebracht; Ici, je ferai une halte, ai‑je pensé en moi‑même,
Die hinter Eis und Nacht und Graus, Qui derrière la glace, la nuit et l’horreur Allhier will ich einkehren, Couronnes funéraires verdies, vous pourriez bien
Ihm weist ein helles, warmes Haus. Lui montre une claire et chaude maison. Hab ich bei mir gedacht. être le signe
Avec à l’intérieur un cœur aimant. Invitant le promeneur fatigué dans une fraîche
Und eine liebe Seele drin. - Mon lot, c’est seulement l’illusion ! Ihr grünen Totenkränze auberge.
Nur Täuschung ist für mich Gewinn ! Könnt wohl die Zeichen sein,
Die müde Wand’rer laden Mais dans cette maison, toutes les chambres
Ins kühle Wirtshaus ein. sont‑elles occupées ?
Je suis faible à tomber par terre, et blessé à mort.
Sind denn in diesem Hause Ô impitoyable estaminet, pourtant tu me repousses ?
Die Kammern all’ besetzt ? Alors donc poursuivons, allons‑y, ma fidèle canne !
Bin matt zum Niedersinken,
Bin tödlich schwer verletzt.

O unbarmherz’ge Schenke,
Doch weisest du mich ab ?
Nun weiter denn, nur weiter,
Mein treuer Wanderstab !
22. Mut ! 22. Courage ! 24. Der Leiermann 24. Le joueur de vielle
Fliegt der Schnee mir ins Gesicht, La neige me vole au visage Drüben hinterm Dorfe Sur les hauteurs derrière le village
Schüttl’ ich ihn herunter. Je me secoue et elle tombe. Steht ein Leiermann, Il y a un joueur de vielle
Wenn mein Herz im Busen spricht, Quand en ma poitrine mon cœur parle, Und mit starren Fingern Et de ses doigts transis
Sing’ ich hell und munter. Je chante, allègre et gai. Dreht er was er kann. Il en tire ce qu’il peut.

Höre nicht, was es mir sagt, Je n’écoute pas ce qu’il dit, Barfuß auf dem Eise Pieds nus sur la neige,
Habe keine Ohren; Je n’ai pas d’oreilles ; Wankt er hin und her; Il se balance d’un pied sur l’autre
Fühle nicht, was es mir klagt, Je ne sens pas ce dont il se plaint, Und sein kleiner Teller Et sa petite sébile
Klagen ist für Toren. Les plaintes sont pour les fous. Bleibt ihm immer leer. Reste toujours vide.

Lustig in die Welt hinein Entrez joyeusement dans le monde Keiner mag ihn hören, Personne n’a envie de l’écouter,
Gegen Wind und Wetter ! Contre vents et marées ! Keiner sieht ihn an, Personne ne le regarde,
Will kein Gott auf Erden sein, S’il n’y a pas de dieu sur terre. Und die Hunde knurren Et les chiens grognent
Sind wir selber Götter ! Nous sommes nous‑mêmes les dieux ! Um den alten Mann. Autour du vieil homme.

Und er läßt es gehen, Et il laisse aller,


23. Die Nebensonnen 23. La parhélie Alles wie es will, Indifférent à tout
Dreht, und seine Leier Il tourne la manivelle, et sa vielle
Drei Sonnen sah ich am Himmel steh’n, Je vis trois soleils dans le ciel, Steht ihm nimmer still. En ses mains n’est jamais muette.
Hab’ lang und fest sie angeseh’n; Je les ai longuement et attentivement regardés ;
Und sie auch standen da so stier, Et eux aussi étaient là si immobiles, Wunderlicher Alter ! Merveilleux vieil homme,
Als wollten sie nicht weg von mir. Comme s’ils ne pouvaient se détacher de moi. Soll ich mit dir geh’n ? Devrais‑je partir avec toi ?
Willst zu meinen Liedern Veux‑tu pour mes chants
Ach, meine Sonnen seid ihr nicht ! Ah, vous n’êtes pas mes soleils ! Deine Leier dreh’n ? Tourner ta vielle ?
Schaut ander’n doch ins Angesicht ! Regardez‑en un autre dans les yeux !
Ja, neulich hatt’ ich auch wohl drei; Oui, récemment j’en avais aussi trois ;
Nun sind hinab die besten zwei. Maintenant les deux meilleurs sont tombés.

Ging nur die dritt’ erst hinterdrein ! Que seulement le troisième m’abuse !
Im Dunkel wird mir wohler sein. Et je serai mieux dans le noir.

Poèmes de Wilhelm Müller


Traduction de Pierre Mathé
Copyright Pierre Mathé

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