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37 LES EFFETS SOCIAUX

DU CHÔMAGE
La crise des années 1970 a mis fin aux espoirs entretenus par la théorie
keynésienne. Le chômage est redevenu une préoccupation centrale non seule-
ment des pays riches mais également des pays moins développés. Derrière
l’aspect quantitatif, le chômage entraîne souvent une perte d’identité sociale.

LA PRÉCARISATION DES CONDITIONS DE VIE

Une nouvelle pauvreté apparaît : elle semble liée au chômage, qui touche surtout les
jeunes.

q Une population qui s’appauvrit


Pour les individus, mais surtout pour les ménages, le chômage a comme principale
conséquence une perte de revenus pour plusieurs raisons : les indemnités sont infé-
rieures à la rémunération habituelle de l’emploi anciennement occupé, le temps de coti-
sation est souvent trop faible pour que les
personnes puissent bénéficier d’indemni-
tés élevées. Familles et chômage
En outre, la sortie du chômage ne favo-
rise pas obligatoirement une hausse des Le chômage de masse, surtout pour les
revenus, car le chômeur qui reprend un jeunes, modifie le rapport parents-
emploi connaît une décote de son salaire enfants. Ces derniers, non assurés de
par rapport à celui des autres actifs. Cette leur insertion dans la vie professionnel-
le, préfèrent habiter plus longtemps
dépréciation est d’autant plus forte que le chez leurs parents et retardent le mo-
temps de chômage est élevé. ment de vivre en couple. La proportion
de jeunes de 20 à 24 ans résidant chez
q La précarité modifie leurs parents ne fait qu’augmenter de-
les relations sociales puis les années 1980.
Un niveau de chômage élevé modifie Si la solidarité familiale peut sortir ren-
forcée de l’épreuve du chômage, celle-ci
les relations sociales, car il crée une véri-
peut avoir des conséquences négatives
table angoisse pour l’ensemble de la sur les relations conjugales. La perte
population. Avec plus de 10 % des actifs d’emploi crée une véritable souffrance
sans emploi au cours de la première moi- qui se concrétise par la séparation ou
tié des années 1990, tous les ménages se même le suicide. Ce ne sont pas seule-
ment les chômeurs qui sont touchés,
sont sentis concernés. La principale
mais l’ensemble d’une jeune génération
conséquence est la décrue des conflits qui ne supporte pas les tensions dues à
sociaux. Toutefois, on n’observe pas ce la précarisation des conditions de vie
phénomène dans la fonction publique, provoquée par le chômage de masse.
caractérisée par la stabilité de l’emploi.
De plus, la mobilité sociale ascendante
n’augmente plus. En effet, les fortes discriminations inhérentes au système scolaire ne peu-
vent être compensées par une carrière professionnelle favorisant l’ascension sociale : il est

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aussi difficile en 1993 qu’en 1977 d’accéder à une position sociale supérieure modifiant
ainsi les relations entre les générations.

LA PERTE D’IDENTITÉ SOCIALE

La façon de vivre son chômage dépend de plusieurs variables sociales : l’âge, le sexe et
l’appartenance sociale.

q Les différentes manières La difficile mesure


de vivre le chômage du chômage
L’âge. Le rapport au travail et le
réseau des relations sociales est différent Un collectif « Autres chiffres du chôma-
selon l’âge. Les jeunes n’ont pas le même ge », créé à l’initiative du Réseau d’aler-
rapport au travail que ceux qui se situent te sur les inégalités (RAI), rassemble
à un moment de leur vie où le travail per- des associations, des chercheurs et des
syndicats afin de remettre en cause les
met de définir un statut social affirmé et
données officielles du chômage. Pour ce
qui ont construit leur vie sociale sur des collectif, plus de la moitié des inscrits à
relations de travail. l’ANPE ne sont pas comptabilisés dans
Le sexe. On peut avancer l’hypothèse les statistiques officielles du chômage,
que le rapport au travail est différent c’est ce qu’il appelle « le chômage invi-
sible ». Parmi ces chômeurs invisibles,
pour les hommes et les femmes. Le rôle
on trouve les chômeurs des DOM, ceux
de ces dernières dans la famille peut leur qui recherchent un emploi temporaire
permettre de vivre différemment la perte ou à temps partiel, les personnes non
de leur emploi. immédiatement disponibles pour occu-
L’appartenance sociale. Cette variable per un emploi, les dispensés de re-
cherche d’emploi et les demandeurs en
est définie par plusieurs éléments : le
« activité réduite ».
revenu, le niveau culturel et la profession.

q Typologie des expériences vécues du chômage


Le chômage total. Dans ce cadre, on retrouve essentiellement les travailleurs
manuels, surtout les hommes adultes. Le chômage est vécu comme une humiliation, car
il provoque la perte irrémédiable du statut social, créant un sentiment de solitude qui
peut devenir facteur de désocialisation.
Le chômage inversé. Il concerne essentiellement une population de femmes jeunes,
faiblement qualifiées. Le chômage est considéré comme une période de vacances dont
on tire profit : voyages, sports, lectures, etc. Ces chômeurs ne sont pas encore entrés
dans le monde du travail. Pour d’autres, plus qualifiés, le chômage est l’occasion de vivre
des activités de substitution, artistiques par exemple. Ces chômeurs inversent les
valeurs liées au travail et au chômage.
Le chômage différé. Il concerne surtout les cadres ayant un niveau de diplôme élevé
et au chômage depuis peu de temps. Ces chômeurs s’investissent dans de nouvelles
activités comme la formation, la recherche d’emploi ou des activités de loisirs.
L’importance variable de la durée du chômage peut déboucher sur une réinsertion plus
ou moins rapide et satisfaisante; le chômage est alors de « conversion ». Dans le cas
contraire, il devient un chômage répétitif ou d’exclusion.

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