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TERRE EN DANGER
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Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949
sur les publications destinées à la jeunesse
EDITIONS DU FUTUR ©
ISBN : 978-2-36148-006-6
« Toute reproduction intégrale ou partielle fait de quelque procédé que ce soit sans le consentement
de l’auteur est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par la loi. »
Depuis la rentrée scolaire, les enfants d’EPIK ne
s’imaginaient pas devenir le centre d’un conflit galacti-
que. Cléonisse et Céleste avaient pris peur en voyant de
curieux policiers Américains débarquer chez eux, ils ne
pensaient pas qu’ils en deviendraient leurs meilleurs
amis.
Une amie enlevée, des guerriers venus du ciel, une ba-
taille autour d’eux, des hommes qui se battent avec des
armes inconnues, fait que vraiment, tout devient excep-
tionnel, comme les pouvoirs qu’ils découvrent en eux.
La suite sera-t-elle plus exceptionnelle ?
C’est la question que se pose Cléonisse en ouvrant les
yeux. Elle se rappelle que la veille elle était allé avec sa
mère et ses amis à Disneyland pour fêter une victoire ex-
ceptionnelle.
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L’EVEIL DES ELFES
Cléonisse se réveille la première, il est en-
core tôt mais elle n’est plus fatigué bien qu’elle se soit
couché très tard. Elle ne se rappelle plus s’être couché, le
dernier souvenir de la nuit est lorsqu’elle est monté dans
l’avion pour revenir chez elle. Un mauvais sentiment la
pénètre et elle se précipite à la fenêtre. C’est à ce moment
qu’elle voit sa mère monter dans une voiture et partir.
Mais elle repense à la victoire sur ceux qui étaient venus
les prendre, alors elle ne s’en fait pas et elle se dit que
bientôt les autres enfants reviendront. Elle s’habille et
rejoint sa tante et Doora qui sont dans le salon.
⎯ Elles sont parties ! pourquoi maman n’est-elle pas
venue me dire au revoir, pourquoi elle n’est pas restée
avec nous ?
⎯ Cléonisse, ta maman ne voulait pas que tu sois triste
lorsqu’elle t’aurait annoncé son départ, elle avait les lar-
mes aux yeux et si elle était venue, elle n’aurait pas eu le
courage de repartir. Là-haut, il y a du monde qui l’attend
et ton papa est toujours prisonnier. Elle doit le retrouver
et je pense que lorsque tu la reverras, elle sera avec lui.
Tu dois t’en réjouir parce qu’elle fait ça pour nous tous.
As-tu toujours ton sifflet magique ?
⎯ Oui, bien sûr, je le garde précieusement caché.
⎯ Alors, si tu as besoin d’elle, tu peux toujours
l’appeler. Mais, je pense que tu ne t’ennuieras pas, tu ne
penseras pas trop à elle, on a plein de chose à faire.
⎯ Ta maman m’a demandé de veiller sur toi et Cé-
leste. Tu sais, nous sommes sœurs, je la remplacerai
comme il faut.
⎯ Personne ne peut remplacer maman, personne.
La petite fille se met en boulle sur le canapé et pleure.
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Doora s’approche d’elle et arrive à la consoler. Cléonisse
se rendort dans ses bras et elle la remonte dans sa cham-
bre pour la recoucher. Les enfants sont tous fatigués
d’avoir veillé une partie de la nuit et le jour de l’an passe
au ralenti pour tous. Le lendemain, les enfants sont en
formes et Cléonisse semble s’apaiser après le départ de sa
maman ; son frère est si occupé avec les autres qu’il ne
semble pas s’en soucier. Tous veulent aider à remettre en
ordre leur école après l’attaque. Cléonisse se soucie des
enfants qu’ils ont récupérés car ils sont pris dans une
sorte de grand sommeil, rien ne semble les réveiller. Que
faire d’eux lorsqu’ils se lèveront, dans l’école, les adultes
ne seront jamais assez nombreux pour s’en occuper. Oh !
! bien sûr, ce sont tous des adolescents et ils n’ont pas à
être considérés comme des enfants, mais sur Terre, ils
n’ont aucune identité, cette planète est étrangère pour
eux. Doora se propose de rester en permanence avec eux
pour veiller que les premiers qui s’éveilleront ne soient
pas pris de panique. Elle se demande comment des en-
fants comme eux ont pu devenir des soldats, facile à diri-
ger comme des esclaves.
Ça fait deux jours que sa mère est repartie et Cléonisse se
sent comme elle, prête à sauver le monde. Elle sait qu’au-
dessus de leurs chambres, dans les autres dortoirs, se
trouvent une cinquantaine de grands enfants qui dorment
et cela l’intrigue. Elle est avec son amie, Jia et comme les
autres s’occupent à faire des dessins sur les grandes plan-
ches de bois qui remplacent les vitres cassées, elle a déci-
dé d’aller voir ce qui se passe dans ces chambres mysté-
rieuses. Elles se rappellent comment tous ces garçons et
ces filles étaient arrivés, tous habillés en tenue kaki, et
armés jusqu’aux dents. Elles se disent que s’ils se réveil-
lent avec encore l’idée de les attaquer, mieux vaut être sur
ses gardes, en tout cas, il faut aller voir ce qui se passe
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pour être les premières à réagir. Comme Doora est avec
eux pour les surveiller, afin de ne pas se faire remarquer,
il faut devenir invisible. Cachée dans la chambre de Jia,
elle veut lui apprendre à se transformer :
⎯ Tu peux devenir invisible, je sais comment faire, je
vais t’apprendre.
⎯ Mais, c’est pas bien de faire ça, si jamais la maî-
tresse s’en aperçoit, elle va nous gronder.
⎯ Oh ! ma tante n’est pas méchante et puis c’est pour
surveiller ceux qui sont venus pour nous prendre.
⎯ Mais, il y a Doora qui est là pour ça.
⎯ Peut-être, mais si on est invisible, on pourra voir des
choses qu’elle ne voit pas et puis, elle ne nous verra pas.
⎯ Tu as certainement raison, montre-moi comment on
devient invisible.
⎯ C’est Oda qui nous a tout appris. Elle a découvert
que les couleurs n’ont pas toujours existé et c’est nous qui
les avons mises sur nous. Il suffit de s’imaginer transpa-
rente pour le devenir et surtout de le savoir au fond de
soi.
⎯ Si j’y crois, c’est bon ?
⎯ Tout à fait, c’est l’esprit qui détermine les lois de la
matière, pas le contraire, regarde.
À ce moment, Cléonisse devient progressivement trans-
parente, même les vêtements suivent. Jia est surprise et
un peu affolée. Mais, la petite réapparaît aussitôt, ce qui
la rassure.
⎯ T’as vu, c’est facile.
⎯ Je croyais que les vêtements ne pouvaient pas dispa-
raître ?
⎯ C’est faux, ce que tu appliques à ton corps, tu le
peux aussi à ce qui est sur toi, la première fois qu’Oda l’a
fait, elle ne le savait pas.
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⎯ Alors, je vais faire comme toi, regarde, je sens en
moi que les couleurs ne sont qu’un décor que je peux en-
lever.
La petite Jia devient progressivement grise, puis verte et
enfin elle disparaît totalement avec ses vêtements ;
comme Cléonisse, elle est devenue invisible. Elle crie de
joie :
⎯ C’est génial, j’y arrive, je suis invisible.
⎯ Chut, fais moins de bruit, Doora pourrait nous en-
tendre. Reste comme ça, j’en fais autant et, on y va.
Sur la pointe des pieds, les deux enfants montent à
l’étage pour entrer en cachette dans une des chambres.
Avec surprise, elles voient deux grands dormir de façon
étrange, car ils sont en boule dans leur lit et ressemblent
à des chats. Ils sont sous leurs draps et elles ne les voient
pas. Alors Cléonisse s’approche pour soulever délicate-
ment la couverture et manque de hurler, car le spectacle
est trop surprenant. L’être qu’elle voit est entrain de
muer. Il perd sa peau totalement et à la façon d’un
phasme la vieille enveloppe est comme craquelée et der-
rière se trouve une chair toute neuve. C’est horrible, il y
a une matière gluante entre les deux peaux et la petite se
demande comment sera ce qui en sortira. Mais elle com-
prend pourquoi ils ne se sont pas réveillés, cette muta-
tion prend toute leur énergie. Elle relâche d’un coup la
couverture et se retourne vers Jia pour qu’elle ne regarde
pas.
⎯ Qu’est-ce tu as vu, pourquoi t’es comme ça ?
⎯ Il se passe quelque chose ici, allez, viens, on revien-
dra avec mon frère demain.
Cléonisse n’est pas très sûre d’elle et préfère partir. Son
frère est un garçon, ce genre de chose, c’est plus sa partie
pense-t-elle. Jia ne dit rien et la suit. Elles retournent dans
la chambre et se retransforment pour rejoindre les autres
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enfants. Voyant son frère faire des dessins sur les pan-
neaux, elle le prend à part.
⎯ Dis, Céleste, viens avec nous, j’ai quelque chose
d’important à te dire.
⎯ Oh ! tu vois bien que je n’ai pas fini ma peinture.
⎯ Mais, c’est très grave, j’ai besoin de toi.
⎯ Alors, dis le là, je verrai.
⎯ Si tu ne m’écoutes pas, j’irai voir Moacyr.
Le jeune garçon est vexé et il ne lui en faut pas plus pour
qu’il laisse tomber ses pinceaux et rejoindre sa sœur.
⎯ Allons ensemble dans notre chambre, tu sauras.
Dans la chambre de Cléonisse, avec Jia, elle explique à
son frère ce qu’elle a vu au dessus. Elle lui demande de
retourner avec elle pour voir ce que c’est car elle a un peu
peur. Céleste est fière de montrer son courage à sa sœur et
il accepte. Il est convenu qu’ils profiteront de l’absence
de Doora pour aller voir. Ils savent que chaque matin, elle
s’occupe de Dicam et Magann avant de retourner garder
les dormeurs. Pour eux trois, c’est demain qu’ils pourront
mettre leur plan à exécution. Cléonisse essaie de ne pas
croiser sa tante car elle sait trop bien lire les pensées.
Pour que Noèse n’ait pas de doute, elle préfère jouer et
penser à autre chose, ce qui à l’air de fonctionner. Ils vont
tous se coucher jusqu’au matin.
Cléonisse est réveillée la première et discrètement, elle
réveille les autres. Comme ils sont tous dans le grand pa-
villon avec sa tante, il faut rester silencieux, Doora ne
devrait pas tarder. Il faut se faire invisible avant de sortir
pour ne pas se faire remarquer. Céleste ne sait pas se ren-
dre invisible, c’est là le problème, ce sera dur pour lui.
⎯ Donne-moi une main, tu manques de force en toi, je
vais t’aider, dit Jia.
Céleste ne comprend pas trop ce qu’elle veut et par curio-
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sité lui tend une main qu’elle attrape. Aussitôt, le garçon
sent en lui un courant électrique si fort qu’il a
l’impression de recevoir une décharge qui redresse son
dos et lui monte jusqu’au bout des cheveux. D’un coup, il
se détend et se sent léger, si léger que les paroles de Jia
lui donnent une impression de paix.
⎯ Laisse aller ton esprit, ferme les yeux. Tu es si fort
maintenant que toutes tes idées coulent sur toi, elles sont
si légères que tu es devenu invisible.
Céleste est un garçon toujours actif et sa pensée n’est ja-
mais en repos. Jia l’a clairement vu et lui a insufflé la
force qui lui manquait. Alors le don d’invisibilité s’est
ouvert à lui par le pouvoir que Jia lui a transmis. Tous les
trois sont invisibles et partent vers le grand dortoir. Ils
croisent Doora qui rejoint ses enfants adoptifs sans les
remarquer. Céleste est fier d’être devenu invisible.
Ils sont seuls avec les dormeurs dans le bâtiment et ils
montent vers les étages où ils sont regroupés. Cléonisse
emmène son frère et son amie jusqu’à la chambre où elle
avait vu les mutants. Elle trouve curieux qu’ils ne soient
plus en boule et montre à son frère le premier garçon
qu’elle avait observé. Céleste n’a pas peur et il regarde ce
qu’il y a sous la couverture. Il est un peu surpris mais pas
effrayé. Le garçon s’est séparé de son ancienne carapace,
il a la peau lisse, le visage détendu et les cheveux clairs.
C’est bizarre, ses oreilles semblent finir en pointe mais il
ne ressemble pas un diable, bien au contraire, il inspire un
air de confiance et de douceur, sur son visage,on peut re-
marquer un léger sourire.
⎯ Mais, Cléonisse, pourquoi as-tu peur d’un tel gar-
çon, on croirait un être magique, il me fait penser à un
personnage de légende, je ne me rappelle plus du nom, tu
dois t’en souvenir, tu sais, ce sont des êtres qui apparais-
sent parfois pour aider les hommes et même le Père Noël
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en a avec lui ?
⎯ Eu, tu veux dire des elfes ?
⎯ Oui, c’est ça, il me fait penser à un elfe.
⎯ Un elfe ! mais tu t’imagines, s’ils sont tous comme
ça ? Ce sera l’école la plus magique du monde. Cinquante
elfes avec nous, on va s’amuser.
⎯ C’est fou, Cléonisse, il faut aller voir les autres.
⎯ Moi, je reste avec lui, je sens qu’il a besoin de moi.
⎯ Si tu veux, Jia mais s’il y a un problème, appelle-
nous. Regardons comment est celui qui est dans l’autre
lit.
Cette fois, Cléonisse hésite moins à soulever le drap. En
effet ce n’est plus comme hier, le garçon est comme
l’autre et même, encore plus beau. Elle est rassurée, le
laisse en paix et part avec son frère pour voir dans les au-
tres chambres. Ils soulèvent les draps de chaque lit et dé-
couvrent toujours des garçons et des filles avec un visage
un peu semblable avec leurs oreilles pointues. Tous ceux
qu’ils voient sont encore endormis mais si beaux que leur
cœur en est joyeux. Visiter les vingt-cinq chambres prend
plus de temps qu’ils ne l’imaginent et, après avoir trouvé
la dernière à l’étage au dessus, ils retournent retrouver
Jia. Ils poussent la porte mais la surprise et la confusion
sont devant eux.
⎯ Je ne vais pas vous manger vous deux, mais as-
seyez-vous un instant, on va parler.
Jia est un peu confuse car elle pense que tout est de sa
faute. Elle n’est plus invisible et a quelques larmes aux
yeux. Doora reprend :
⎯ Vous vous imaginez que devenir comme vous le fai-
tes vous évite d’être vu, c’est une erreur. Je vous ai vu
lorsque nous nous sommes croisés. Mes yeux n’ont pas
remarqué la couleur de votre peau, mais je vois les infra-
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rouges, vous savez, ce sont les rayons que donne la cha-
leur. Ceux-là, en vous croisant, je les ai sentis. Mais je
devais rejoindre Magann et Dicam. Lorsque je suis reve-
nue aux dortoirs, j’ai entendu Jia parler aux garçons de
cette chambre et j’y suis entrée. Elle pensait pouvoir par-
tir sans être vue mais je la voyais et lui ai demandé de
reprendre sa couleur. Elle m’a expliqué ce qu’elle avait
découvert avec vous et elle m’a montré. Je l’ai félicitée
pour ça, et j’ai décidé de vous attendre pour en discuter
avec vous.
Tous les trois regardent Doora qui semble vouloir leur
dire quelque chose :
⎯ Que vous imaginiez-vous ? Je savais que vous étiez
ici. Mais je ne pensais pas vous retrouver dans les cham-
bres des nouveaux. Je n’ai pas l’intention de vous gron-
der, au contraire, car vous avez découvert des choses que
je n’imaginais pas. Jia m’a montré la transformation des
deux garçons, c’est incroyable. Êtes-vous allés voir les
autres ?
⎯ Oui, nous en revenons juste et ils sont tous sembla-
bles. Nous pensons qu’ils se sont transformés en elfes, vu
leurs oreilles.
Doora ne connaît pas trop ce type de personnage, pour
elle ce sont des histoires d’enfants et elle réfléchit.
⎯ Des elfes, qu’est-ce que c’est ?
⎯ Ce sont des êtres magiques qui accompagnent les
hommes dans leurs difficultés, ils sont là pour qu’ils évi-
tent de faire des catastrophes et ils les aident à trouver
leur voie vers la vérité. Les elfes sont les amis du cœur.
Ils aident tous ceux dont le cœur est juste mais perdus.
C’est pour cela qu’ils sont avec le Père Noël pour aider et
qu’au moment où il distribue les cadeaux, une lumière
touche le cœur de tous. Ils sont si magiques qu’on ne les
voit pas souvent et que seuls ceux qui ont leurs yeux
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d’enfant peuvent les voir. Je suis certaine qu’ils sont en
pleine mutation pour le devenir.
⎯ Peut-être dis-tu vrai, Cléonisse, mais nous ne le sau-
rons que lorsqu’ils se réveilleront en espérant que ce ne
soit pas l’inverse.
⎯ Mais des êtres avec des visages aussi doux ne peu-
vent pas être mauvais, je les ai tous vus.
⎯ Pour ma part, je suis resté un long moment avec ces
deux garçons et je suis du même avis que Céleste. En plus
je ressens qu’ils ont besoin de notre aide pour se réveiller.
Lorsque vous êtes entrée, Doora, je m’apprêtais à lui
donner de l’influx terrestre, c’est ce qu’il leur manque
pour s’éveiller car en quittant leur planète, ils ont été
coupés de la source qui leur donne leurs pouvoirs. Ils ont
besoin des forces de la Terre pour pouvoir être actifs.
Nous devons leur donner ce qu’ils attendent, sinon ils ris-
quent de mourir.
Doora est vraiment étonné de ce que Jia lui dit, elle sem-
ble comprendre plus qu’elle ces êtres venus d’un autre
monde. Elle a perdu en partie ses yeux d’enfants, elle
n’est plus capable de comprendre leur monde, c’est le
défaut des adultes.
Et s’ils avaient raison, si Jia disait la vérité ? Doora
n’attend pas de retrouver Noèse pour lui en parler, car un
des garçons dans la chambre commence à pousser des
murmures plaintifs. Et s’il était en danger ?
Repensant aux paroles de Jia elle lui dit :
⎯ Tu as raison, ne perdons pas de temps, j’ai
l’impression qu’un des garçons réclame notre aide, Jia, il
faut que nous nous unissions pour lui transmettre la force
de la Terre dont il doit avoir besoin. Ne perdons plus de
temps. Rassemblons-nous pour agir.
⎯ Tu sais, madame, j’ai en mon être le pouvoir de
donner la force, c’est inné. Je peux avec votre aide le
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faire. Pour cela, il faut que ce soit notre cœur qui agisse
en nous, ce n’est pas avec notre tête que ça marche. Je
vais vous montrer à tous.
Jia ferme les yeux un instant, comme si elle se laissait
prendre par un influx différent que sa conscience :
⎯ Entendez-vous votre cœur parler au fond de vous,
en sentez-vous sa force agissant comme une parole juste ?
C’est la vérité, elle brille en nous tant que nous ne la reje-
tons pas dans l’oubli. Cette lumière veut la vie et est tou-
jours prête à donner si nous lui donnons toute notre atten-
tion. Si vous sentez en vous l’appel de votre cœur, laissez
agir la lumière pour les autres. Si vous la sentez attirée à
donner, alors faites-le.
Le sentez-vous maintenant en votre être ?
Jia agit comme un maître en parlant ainsi à tous et même
Doora l’écoute avec attention. Et tous, sans parler lui font
un signe. Alors, une magie s’opère à cet instant. Jia attire
les forces de la Terre par les trois êtres qui
l’accompagnent, les forces que chacun produit circulent
entre eux et un rayon violet sort au même instant de leur
poitrine pour toucher le premier garçon semblant en état
de souffrance. Une liaison de cœur à cœur s’établit entre
eux et le jeune homme commence à avoir des soubresauts
inquiétants au début. Jia ne bouge pas mais un peu plus
tard, les rayons se dissipent et le garçon commence à re-
muer et bouger ses mains. Doora s’approche de lui et
prend sa tête, alors il ouvre les yeux et regardant la
femme, lui sourit.
⎯ Bonjours madame, mes yeux sont neufs, ma pensée
est remplie de joie en vous voyant, je dormais depuis si
longtemps que je ne m’imaginais pas pouvoir me réveiller
un jour car un serpent avait fermé mon esprit.
⎯ Qui es-tu ?
⎯ Je suis Cadmall, un elfe, et je suis venu sur la Terre
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pour aider les hommes. Mes frères et sœurs vont-ils
bien ?
⎯ Ils dorment comme toi et nous devons les réveiller.
⎯ Vous manipulez les forces de la vie avec beaucoup
d’aptitude, vous n’êtes pas des hommes ordinaires.
⎯ Tu es à l’école de Keuramdor, avec des enfants nés
de la grande révolution qui s’installe sur la Terre. Ceux
qui ont fondé cette école sont des Lunisses comme moi.
Nos enfants sont tous très doués mais ce ne sont pas des
elfes.
⎯ Il faut réveiller les autres, nous avons une mission à
accomplir sur la Terre et nous ne devons plus perdre de
temps.
⎯ Comment cela ?
⎯ Les temps changent sur cet astre et dans quelques
mois, il sera trop tard pour agir, la guerre peut arriver.
⎯ Une guerre ?
⎯ Oui, une guerre qui viendra du ciel.
⎯ Celle d’une femme s’appelant Maldeï, n’est-ce pas ?
⎯ Oui, c’est elle qui avait obscurci notre esprit. Mais
vous nous avez guéris.
⎯ Nous allons réveiller les autres, ils semblent avoir
tous terminé leur mutation. Il faut y aller, je me sens tout
neuf dans mon corps.
Alors il se lève et descendant de son lit, fait tomber sa
veille peau qui ressemble à une croûte jaunâtre et fripée
où l’on voit les traces d’un homme y ayant séjourné. Le
garçon en face a libéré sa nouvelle peau mais il dort en-
core. Jia et les autres recommence la même chose que sur
le premier qui les observe. Il faut quelques minutes pour
le ramener à la vie et comme Cadmall il est heureux de
pouvoir respirer un air différent de celui de la planète
d’où il vient. Il s’appelle Baldouw, il est plus jeune que
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son voisin et il se souvient de son passé sur Elvy, alors il
dit quelque chose d’incroyable :
⎯ Juste avant de quitter l’endroit où nous étions, j’ai
croisé une petite fille qui ne devait pas avoir plus de sept
ans, elle s’appelait Axelle, elle disait venir de la Terre.
⎯ Axelle, tu as vu Axelle. Comment va-t-elle ?
⎯ Je crois qu’elle était avec son père et une amie à
eux. Elle rayonnait une force incroyable, je crois que
Maldeï la craint. Tous les enfants de la Mine de Carbokan
la respectaient.
⎯ La mine de Carbokan, mais qu’est-ce que c’est ?
Doora le sait car les Lunisses venaient ici pour se fournir
la matière avec laquelle ils fabriquaient les moteurs des
vaisseaux spatiaux. Mais elle ne sait pas quel sort
l’infâme Maldeï qui a fait enlever Axelle lui a réservé, et
Baldouw raconte :
⎯ Les mines sont l’endroit que Maldeï a transformé
pour que tous les enfants de notre planète soient formés à
être des soldats sans âme. Nous arrivions à l’age de sept
ans pour travailler à la mine. Et nous devions nous battre
les uns contre les autres pour survivre. Nous étions livrés
à nous-même en dehors du travail obligatoire dans les
mines. Pour nous loger, nous fabriquions des huttes en
paille et des maisons en carton et en détritus. Nous
n’avions aucune hygiène et parfois nous devions tuer
pour ne pas l’être. Notre esprit était si occupé à survivre
qu’il n’y avait plus de place pour une âme, grâce à cela,
nous étions comme des morts vivants. L’instructeur qui
est venu nous chercher nous sélectionna parce que nous
étions les plus agressifs, c’était le critère pour être un
guerrier.
⎯ Et maintenant, qui es-tu, Baldouw ?
⎯ J’ai le souvenir, mais plus l’esprit de l’être qui était
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en moi avant que je sois avec vous. Je suis un elfe et j’ai à
cœur de servir l’humanité pour accomplir ma vocation. Il
y a parmi nous un chef que nous devons réveiller, c’est
lui qui doit nous guider dans notre tâche sur la Terre.
⎯ Comment est-il ?
⎯ Je ne sais pas, je connais seulement son nom ; je
crois que c’est Belinn, c’est tout ce que je sais.
⎯ De toute façon, nous devrons tous vous réveiller et
c’est ce que nous allons commencer à faire.
Les enfants sont contents de savoir qu’Axelle semble en
forme dans l’autre monde et qu’elle a retrouvé son père.
Les deux elfes souhaitent réveiller les autres, Doora pense
que malgré leur empressement, il faut s’organiser et en
avertir les autres, elle demande à Cléonisse d’aller cher-
cher Noèse pour la tenir informé.
Elle ne tarde pas à revenir accompagnée de sa tante. Doo-
ra explique la découverte des enfants et de leur transfor-
mation. C’est pour Noèse une joie et une surprise aussi.
De cinquante guerriers, arrivés sur Terre, cinquante Elfes
sont prêts à rayonner sur la planète pour aider l’humanité,
c’est un grand moment. Avec Doora et les deux elfes, ils
décident de commencer à réveiller les autres. Quarante
huit elfes, ce n’est pas rien, il faut que tous s’y mettent.
Comme Jia lui a expliqué comment faire, il est décidé que
tous les enfants participeraient. Tous se regroupent, les
elfes prendront avec eux trois enfants. C’est un grand tra-
vail qu’ils entament et tous sont si enthousiastes qu’ils ne
pensent pas au déjeuner. Au bout de la journée, ils ont
réussi à réveiller une trentaine d’elfes.
Dans la chambre où se trouve Cléonisse, avec Baldouw et
Doora, ils réveillent une jeune fille qui ne doit pas avoir
plus de treize ans. Elle a les cheveux bruns et longs et la
peau très claire. Sa peau brunâtre est tombée, elle est très
fine, voir presque frêle, comme si elle n’avait pas mangé
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depuis longtemps. Les vêtements qu’elle possédait sem-
blent disproportionnés en rapport à sa taille. Elle ouvre
les yeux et marmonne quelques mots :
⎯ J’ai froid, je ne suis pas dans mon monde, je ne sais
pas où je suis, aidez-moi à retrouver ma mère.
Si elle s’était métamorphosée en elfe, comme les autres,
elle ne se questionnerait pas ainsi, pensent Doora et Cléo-
nisse. Alors, elle lui demande :
⎯ Qui es-tu ?
⎯ Je suis Belinn, l’elfe des elfes. Je suis enfant d’Elvy
et de Trinita, les planètes d’où je viens. J’ai été séparée de
ma mère lorsque j’avais cinq ans. Elle est restée sur la
planète Trinita alors qu’une dame avec une couronne de
serpent m’a prise avec elle pour m’emmener sur sa pla-
nète. Depuis, c’est un grand trou noir, je ne me souviens
de rien, je sais seulement que je suis un elfe.
⎯ Sais-tu où tu te trouves aujourd’hui ?
⎯ Je crois être sur la Terre, mais, je n’ai aucun souve-
nir de la façon dont j’y suis arrivé.
⎯ Te ne te rappelles pas ce que tu étais autrefois ?
⎯ J’étais l’enfant de ma mère, c’est tout ce dont je me
souviens.
⎯ Mais as-tu une idée de ce que tu es aujourd’hui ?
⎯ Oui, je suis l’elfe qui doit guider les autres dans leur
tâche sur la Terre, nous sommes venus pour aider
l’humanité à trouver en elle le cœur qui est oublié depuis
trop longtemps. Aider ceux qui sont prêts à recevoir de la
poudre de lumière pour qu’elle brille sur eux toute leur
vie. Mon groupe m’attend pour partir, il faut que je le re-
joigne.
⎯ Tu sais, Belinn, je connais certainement ta mère, j’ai
vécu sur Trinita ces sept dernières années et avant de par-
tir, nous avons retrouvé des centaines d’hommes et de
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femmes que nous avons emmenés avec nous, je sais où ils
sont. Si je les rejoins, je retrouverais ta maman.
⎯ Je suis un elfe, ma mère fait partie de mon passé,
mais je te remercie pour ta proposition.
⎯ Viens avec nous pour rejoindre les autres, nous
avons encore une dizaine de tes amis à réveiller.
⎯ Nous devrons partir rapidement, le temps presse sur
la Terre, les forces averses sont déjà présentes, Maldeï y a
envoyé ses ministres.
⎯ Tu veux dire que les éclaireurs sont déjà là et qu’ils
nous observent.
⎯ C’est ça, c’est pourquoi nous devons partir autour
de la planète pour les trouver et les neutraliser.
⎯ Ce que tu me dis est important, nous devrons rester
sur nos gardes.
Ils sortent tous de la chambre pour retrouver les autres.
Noèse fait regrouper tous les elfes réveillés dans le grand
réfectoire tandis qu’ils finissent avec les derniers. Enfin,
ils se retrouvent tous à l’heure du dîner, devant un bon
repas préparé en urgence par Marie et Joseph Zog et le
cuisinier Paolo Lugzi. Noèse et Doora sont avec Belinn,
c’est cette dernière qui fait un discourt à tous :
⎯ Nous sommes arrivés ici, comme de monstrueux
guerriers prêts à tuer et tout détruire. Mais devant nous, il
y avait des hommes, des femmes et des enfants avec un
cœur. Ils se sont défendus et battus avec un tel respect de
la vie que non seulement ils ne nous ont pas blessés, mais
ils nous ont guéri du mal qui nous avait été infligé par
Maldeï, cette femme qui vit à l’autre bout de la galaxie.
C’est grâce à eux que nous avons découvert notre corps
d’elfe qui était enfoui tout au fond de notre conscience.
C’est pour cela que je vous demande d’acclamer tous les
amis autour de nous.
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Tous les elfes applaudissent et de leurs mains qui cla-
quent, des étincelles jaillissent, ce qui fait rire les enfants.
Mais, Belinn reprend :
⎯ Nous ne partirons pas avant d’avoir fait quelque
chose ici, à Keuramdor, pour les remercier et les protéger
d’éventuels autres agresseurs. Demain, avant de nous en-
voler, nous bâtirons au-dessus de l’école une carapace
invisible afin que personne ne puisse pénétrer à
l’intérieur. J’ai vu avec Cadmall et Baldouw pour qu’ils
restent ici afin d’aider et surveiller, car les ennemis sont
toujours prêts à venir, maintenant qu’ils connaissent les
lieux.
Les deux garçons sont fiers de rester là ; déjà Cléonisse,
Jia et Céleste les apprécient. Tous les enfants sont
contents d’avoir des elfes avec eux, ça risque d’être vrai-
ment fantastique et de savoir qu’ils vont protéger l’école
est encore mieux. C’est à ce moment que les pizzas arri-
vent sur les tables. Ces enfants venus de l’espace ne
connaissent pas ce plat si apprécié pas les petits et les
grands, mais lorsqu’ils y goûtent, ils sont comme envoû-
tés. C’est à partir de cet instant qu’ils comprennent que la
Terre est unique dans l’univers.
Enfin, après avoir fort aimé ce repas de maître et conver-
sé avec Noèse, Doora, Harry et les enfants, tous décident
d’aller se coucher.
26
quitterons, tu devras prendre un bon manteau. As-tu
confiance en notre bulle, maintenant ?
⎯ Elle est formidable, les gens qui voudront venir
nous prendre ne le pourront plus. Mais, si les parents de
mon amie Didda reviennent en hélicoptère, ils risquent de
ne pas pouvoir se poser et avoir un terrible accident ?
⎯ Nos deux amis sont là pour ouvrir les portes de la
bulle quand il faut et où il faut, ne crains rien pour ton
amie. Regarde maintenant en bas, dehors, Noèse et Doora
nous observent. Viens, donne-moi la main, rejoignons les.
⎯ Non, laisse-moi y aller toute seule.
⎯ Si tu veux.
Alors, Cléonisse se lance et vole doucement jusqu’à ses
deux tantes. Belinn la rejoint.
⎯ Bonjour, vous m’excuserez d’avoir pris avec moi
votre nièce ; c’est ma faute, elle me regardait et je lui ai
proposé de l’emmener avec moi sur le dôme, elle n’est
pas responsable.
⎯ Ne vous en faite pas, j’ai l’habitude avec Cléonisse.
Elle se retrouve toujours dans les meilleures situations.
Cette enfant est comme sa mère.
⎯ C’est un modèle de référence pour nous tous car sa
maman est parmi les parfaits dans ce monde et au-delà
même.
⎯ Nous le savons tous, c’est pour cela que nous ne lui
en voulons pas. Elle a été la première à voir la construc-
tion de cet ouvrage et le tester et elle nous racontera
comment il est efficace. Il faut que nous vous remerciions
pour cette protection que vous nous offrez.
⎯ C’est normal car vous nous avez sortis d’un cau-
chemar. Mais pour nous, il est temps de vous quitter.
Nous allons tous nous rassembler afin de vous faire nos
adieux. Nous devrons prendre nos places dans le système
27
terrestre qui s’élabore en ce moment. L’humanité se cher-
che de plus en plus et elle a besoin de poudre de lumière
pour comprendre ce qui lui arrive.
Noèse et Doora préparent les enfants et les rassemblent
derrière le bâtiment de l’école. Tous les elfes sont là et
viennent dire au revoir. Ils ne peuvent faire la bise à tous
les petits alors pour les saluer avec cœur, ils jettent sur
eux de la poudre de lumière qui leur donne l’impression
d’un grand frisson qui les chatouille. Seul Belinn vient
embrasser tous les enfants et ceux-ci voudraient bien par-
tir avec elle. Cléonisse sent encore en elle son fluide et
pense qu’elle pourrait les suivre lorsqu’ils s’envoleront.
Tous les adultes saluent la plus inattendue des armées qui
repart pour faire la guerre du bonheur et de la paix aux
hommes qui ont oublié que vivre, c'est-à-dire, Aimer…
Les elfes s’élèvent au-dessus de tous et se mettent en
formation. Ils défilent alors sans bruit dans le ciel par
groupe de deux. Puis, guidés par Belinn ils passent au-
dessus des têtes, et s’envolent dans toutes les directions,
chacun connaissant sa mission.
Le ciel se vide alors que Cléonisse vole au-dessus de
tous, comme pour faire un dernier salut à tous les elfes.
Cadmall et Baldouw viennent la chercher car ils doivent
fermer le dôme pour que la protection soit toujours effi-
cace.
28
RETOUR DES ENFANTS
Tous les enfants sont rentrés hier. Timofeï
que le Père Noël avait emmené chez lui en Russie est re-
venu par avion car le temps s’est amélioré et les vols ont
pu reprendre. Personne ne manque à l’appel en ce lundi
de rentrée scolaire. Mais pour ceux qui n’étaient pas là
pendant les vacances, bien des choses ont changé.
D’abord, deux grands enfants d’au moins seize ou dix
sept ans sont à l’entrée pour les accueillir, ensuite, toutes
les vitres du préau sont cassées et cela les inquiète. Tous
ont repris leur place et demandent à ceux qui sont restés
ce qu’il s’est passé. Les discussions s’animent et Noèse
doit remettre un peu d’ordre dans la classe.
⎯ S’il vous plaît, les enfants, je vous demande beau-
coup plus d’attention. Nous sommes en classe, vous de-
vez vous concentrer sur votre travail. Je sais que vous
avez trouvé des changements en arrivant, vos amis restés
vous ont raconté notre aventure, mais c’est maintenant
passé. Nous aurons l’occasion d’y revenir un peu plus
tard. Les vitres du préau seront remplacées dans quelques
jours et tous les dégâts auront disparu. J’espère que vous
avez tous passé de bonnes vacances de Noël dans vos fa-
milles. À partir de ce mois-ci, l’organisation des cours va
un peu changer. Le matin sera toujours consacré à la lec-
ture, l’écriture et le calcul, mais l’après midi, un jour sur
deux nous sortirons pour faire des visites. Nous irons en
ville, dans la nature ou d’autres lieux. Nous aurons
l’occasion d’être avec les autres enfants. Nous ferons
cette année des sorties au théâtre, ainsi que d’autres ex-
cursions. Voici les enfants, le grand programme que nous
avons devant nous. Comme cela fait plus de deux semai-
nes que je ne vous ai pas vus, ce matin nous ferons de la
lecture pendant la première partie, ensuite nous passerons
29
à l’histoire de France, sans oublier celle de vos pays.
À l’idée de sortir régulièrement, les enfants affichent un
grand sourire et Noèse leur fait ouvrir leur livre de lec-
ture…
30
⎯ C’est ce qu’on va voir. Cet après-midi vous serez
avec moi dans le laboratoire et je vous montrerai à tous
que ce gadget n’est pas utile. Nous ferons sans lui les
mêmes choses.
⎯ Même le téléphone ou les photos ?
⎯ On fera tout !
Les enfants qui viennent d’assister à cette conversation se
grattent la tête et n’imaginent pas comment un homme
pourrait remplacer un ordinateur miniature, c’est si com-
pliqué. Comme ils ont un peu de temps avant le cours de
l’après-midi, ils retournent jouer. Doora prend le mini-
ordinateur d’Abdel pour l’analyser ; il est vrai que du
monde où elle vient, ce type d’appareil n’existe pas.
31
Imagine, Scott que tu peux passer des Emails sans ordina-
teurs et surfer sur Internet aussi. Pour cela vous devez
découvrir en vous vos capacités de communication. Bien
sûr, tu ne pourras jamais envoyer de message binaire se
transformant en texte sur un écran ou une imprimante,
mais tes sentiments, tes idées tu peux les répandre autour
de toi de façon à ce qu’ils soient perçus par ceux à qui ils
sont destinés. Je prends un exemple :
Je veux que tu comprennes cette leçon aujourd’hui.
Comment dois-je communiquer avec toi ?
En premier, par la parole qui est l’outil de communication
le plus répandu sur la Terre. Je te parle, donc je t’envoie
un message, puis tes oreilles entendent, donc tu reçois.
Avoue que sur de courtes distances, la voix est plus prati-
que que l’Email et que beaucoup d’hommes devraient
communiquer comme cela, au lieu d’envoyer des messa-
ges au collègue du bureau d’à côté.
Maintenant, tu es loin et tu veux donner de tes nouvelles à
quelqu’un. Tu n’as pas de téléphone, ni d’ordinateur,
comment fais-tu ? Tu ne sais pas, bien sûr. Pourtant, il me
semble que Noèse vous a déjà parlé de télépathie. Sais-tu
que la télépathie a été utilisée pendant des siècles sur la
Terre, avant d’être perdue par les hommes parce qu’ils
devenaient trop individualistes. Cette faculté est en cha-
cun d’entre nous mais elle n’est plus accessible. C’est le
matérialisme qui l’a tuée et cela a commencé il y a près
de six mille ans, à l’époque égyptienne. Lorsque les
hommes pouvaient communiquer ainsi, ce n’était pas
pour parler avec sa femme ou son chef, car la parole télé-
pathique était entendue par tous. Lorsqu’un homme dé-
couvrait quelque chose, il en faisait profiter tous les
hommes autour de lui et tous ceux qui se trouvaient sur la
Terre. Une information importante était tout de suite
connue afin que chacun puisse la mettre à son profit. Par
32
exemple, un homme découvrait qu’en faisant fermenter
du lait, il fabriquait du fromage, en transmettant son idée,
par la pensée, les autres la saisissaient et faisaient de
même. Cette forme de communication étendue a fonc-
tionné longtemps sur la Terre et les hommes ont tous pu
évoluer aux quatre coins de la planète, sans jamais s’être
rencontrés. C’était ça la télépathie, un pouvoir permettant
d’évoluer ensemble et comme tu me parles d’Internet, de
l’échange et la recherche d’informations de tous types,
avec ce que je viens de t’expliquer, tu comprendras qu’en
communiquant ainsi, le réseau mondial d’information
était déjà né et que les hommes n’avaient pas besoin
d’ordinateurs, de réseaux ou d’ADSL pour échanger leurs
connaissances. C’est pour cela que la machine d’Abdel
n’est pas une découverte. Si vous voulez, les enfants,
nous allons faire une expérience. Pour cela, vous allez
nous suivre dans la salle isolée.
Tous les enfants suivent Doora et Harry dans la grande
salle blanche. Chacun se rappelle que dedans, ils avaient
été coupés de toutes les influences mondiales et que cer-
tains d’entre eux s’étaient trouvés mal. Doora laisse la
porte ouverte pour que les forces extérieures passent un
peu. Mais à l’intérieur, tous les enfants pourront entendre
en eux la parole s’élever en même temps que leur pensée.
Dans ces conditions particulières, ils devraient arriver à
entendre les paroles de chacun.
⎯ Ici, chacun de nous va penser à une chose qui lui est
propre. Ça peut être la vision de votre animal particulier,
votre mère, votre père ou vos frères ou sœurs. Mettez en
vous cette image en évidence et lorsqu’elle sera bien pré-
sente, en pensée envoyez-la dans l’atmosphère pour cha-
cun la trouve.
Chacun ferme les yeux et se concentre. Doora contrôle
l’expérience et à un moment elle demande que tous en-
33
voient leur pensée dans l’air. C’est à cet instant que cer-
tains poussent des cris ou rient. Même Harry qui fermait
les yeux semble avoir perçu quelque chose. C’est Abdel
qui s’exprime le premier :
⎯ J’ai dans la tête plein d’images, et même des pen-
sées qui ne sont pas de moi. Je vois encore la mère de
Cléonisse et aussi les chèvres de Lina. Le petit chat
d’Oda tourne autour de moi comme dans un film et le
chien de Tom n’arrête pas d’aboyer. J’ai vu aussi le dra-
peau américain d’Harry et la mère d’Alice. Chacun a mis
dans ma tête son image et ils font maintenant partie de
mes souvenirs.
Tous se mettent à rire et l’applaudir.
⎯ Alors, que penses-tu de ton appareil, Abdel ?
⎯ Ben, c’est vrai que si on peut s’envoyer des images
comme ça, il devient moins intéressant ; même pour les
films et la musique, car j’ai entendu une chanson irlan-
daise qui devait venir de Chad.
⎯ Les pouvoirs de l’esprit humain sont très impor-
tants, on les ignore bien souvent dans notre monde.
⎯ Mais, madame, pourquoi les hommes ont perdu ces
pouvoirs s’ils sont si bénéfiques que ça ?
⎯ Mon petit Abdel, autrefois, lorsque les hommes
pouvaient communiquer comme ça, ils n’avaient en eux
que l’intérêt du groupe, ils n’étaient pas dans leur phase
individuelle. C’est lorsque les hommes ont commencé à
se battre pour le pouvoir que la télépathie a commencé à
devenir dangereuse. L’idée du pouvoir est partie dans les
airs comme un message et tous les hommes ont commen-
cé à se battre. La télépathie ne pouvait plus leur servir,
chacun refusant l’idée de l’autre si cette faculté avait
continué en tous les hommes, cela les aurait conduits à la
destruction.
34
De votre côté, si vous développez cette faculté, elle ne
sera que dans l’intérêt du groupe. La communication té-
lépathique est comme un émetteur radio, c’est une onde
qui la rayonne et tous ceux qui sont branchés sur la même
fréquence peuvent recevoir.
⎯ Mais, Madame, avec l’Internet, mes parents ne se
battent pas et ça rassemble même les hommes, à ce que
j’ai entendu dire.
⎯ Tu as raison, mais cet outil est nouveau et il ne
montre pour le moment que ses bons côtés. Il se peut
qu’il soit utilisé à un moment pour te surveiller ou te diri-
ger. De plus toutes les pensées des hommes se condition-
nent progressivement à ce système. L’intérêt des hommes
dans l’avenir est d’être indépendant des machines. Sans
l’Internet, tu as la parole, l’imagination, le rêve, les sen-
timents, l’amour et l’amitié, mais ces machines, ne pour-
ront jamais te donner tout ça. Nous sommes ensemble ici
pour que vous trouviez en vous ce qui fait votre qualité et
votre différence avec les autres hommes qui sont trop
portés vers le matérialisme qui détruit la planète avec
toute la pollution qu’elle entraîne. Bientôt, il n’y aura
plus de pétrole, de gaz ni de charbon. Le climat change,
l’eau devient rare déjà dans certains pays. Malheureuse-
ment l’Internet ne réglera jamais ce problème. Vous êtes
à Keuramdor pour apprendre autre chose avec nous. Petit
à petit, vous trouverez ridicule les technologies car en
vous leurs avantages seront déjà acquis. L’ordinateur
d’Abdel est un outil intéressant pour ceux qui ne com-
prennent rien à la nature de la vie, mais vous, vous allez
tout connaître.
Je dois vous dire que du monde d’où je viens, nous
n’avions pas de PC, mais des CP ; le Cristal Pensant.
C’est une très grande évolution des ordinateurs. Le CP est
l’instrument qui absorbe toute la connaissance des hom-
35
mes et la restitue intégralement. Nous n’avions pas
d’Internet car nos âmes étaient en relation avec l’appareil
par la pensée et mes connaissances étaient restituées et
partagées. Le CP réfléchit, il ne dit pas oui ou non, il
connaît le doute. C’était dans mon monde l’appareil le
plus sensible à notre conscience et ce n’était pas nous qui
devions apprendre à l’utiliser, mais lui qui devait
s’adapter à notre mental. Sur Terre, si tu n’es pas formé à
l’ordinateur, tu es perdu ; regarde les vieilles personnes,
elles ne peuvent comprendre. Notre mental n’a pas à
changer pour la machine, mais c’est le contraire qui doit
se passer et vous êtes là pour changer le monde dans ce
sens. Vous aurez pour tâche plus tard de placer le cœur
des hommes au centre du développement de l’humanité.
J’ai fini pour ce cours. Tiens, Abdel, je te rends ton ins-
trument, prends en soin, c’est un très beau cadeau de ton
père.
Le garçon à écouté avec une grande attention Doora et il
commence à comprendre. Lorsque le premier jour de sep-
tembre il est arrivé, il était totalement pris par l’influence
de ses parents et il ne jurait que par tous les bienfaits de
l’argent et de la technologie. Il était assez arrogant, mais
avec les autres et découvrant progressivement autre chose
en lui, il a commencé à changer. Lorsqu’Aqualuce et
Noèse étaient venues le voir chez lui, ce n’était pas pour
rien car elles avaient détecté en lui une âme portant une
grande richesse, un être venu sur Terre pour accomplir et
finir un travail déjà commencé bien avant sa naissance. Il
ressent en lui une autre richesse mais à Noël, dans sa fa-
mille, il s’était laissé prendre aux bonnes vieilles habitu-
des. Cet ordinateur sophistiqué est merveilleux mais il en
comprend les limites.
⎯ Prends-le s’il te plaît, dit-il à Doora en lui donnant
son appareil, je ne saurai pas quoi en faire, mon cœur me
36
dit que tous les amis et ce que tu m’apprends est bien
mieux que ça.
Doora lui prend son gadget :
⎯ Nous allons découvrir ensemble à partager la
connaissance et la diffuser dans le monde mieux que par
le réseau des câbles et des ondes. Tu verras avec les au-
tres que c’est encore mieux.
Cléonisse s’approche alors de Doora pour lui faire remar-
quer que dans leur clan, ils ont déjà compris cela et
qu’elle est prête à en faire profiter tout le monde. Dans
son groupe, ils partagent ensemble les sentiments, leur
cœur s’y accorde. Doora leur confirme que la télépathie
n’est pas un instrument de la tête mais bien du cœur et
que c’est au moment où les hommes ont voulu utiliser
leur tête pour communiquer ainsi que plus rien n’a mar-
ché. Elle leur précise que la tête est liée à l’espace et le
temps, alors que le cœur est attaché à un autre espace et
c’est pour cela qu’il ouvre à de grandes possibilités. Ab-
del qui est à l’origine de cette leçon exprime un sentiment
qu’il a au fond de lui. Ce jeune enfant koweitien n’est pas
comme on pourrait l’imaginer ; il est arrivé ici avec le
passé de sa famille et de son peuple, mais il n’est pas for-
cement typé. Il est grand pour son âge ; ses cheveux sont
bruns et très longs, de dos, on croirait une fille. Sa peau
est mate, mais ses yeux sont marron très clair et laissent
des reflets verts. Sorti de son riche environnement, il est
bien différent. Poussé par la découverte que Doora lui a
apportée, son cœur s’emballe plus vite que sa conscience
et c’est alors que Doora voit ce qui se passe en lui.
D’un coup tous restent figés comme s’ils recevaient en
eux quelque chose d’exceptionnel. La conscience, et la
vie entière descendent dans le cœur d’Abdel pour s’offrir
à tous et c’est alors que ceux présent dans la salle reçoi-
vent dans leur conscience le déroulement total de la vie
37
de ce petit garçon et ils voient :
40
UN WEEK-END DANS LES MONTAGNES
Comme ce ne sont plus les vacances scolai-
res, Noèse n’a pas eu de mal à trouver des chambres dans
un hôtel au pied des pistes. La station est à mille huit
cents mètres et par chance, cette année, il y a de la neige.
Ils sont montés hier soir pour profiter des pistes dès le
samedi matin. Le personnel de l’hôtel est tout à leur dis-
position car les skieurs sont peut nombreux. Enfin, à
l’école de ski huit moniteurs les attendent et ce n’est pas
de trop pour s’occuper des tous ces enfants. Ils sont vêtus
de combinaisons, de moufles et de chapeaux bien fourrés.
En cette période il fait froid mais ils sont heureux d’être
ici. Seuls Cléonisse et Céleste savent déjà skier car habi-
tant à la montagne, leurs parents les emmenaient réguliè-
rement. Si Harry est lui aussi déjà expert, par contre Doo-
ra n’a jamais vu de skis de sa vie et c’est pour elle une
grande découverte, de même que la station avec ses cha-
lets en bois et ses immeubles. Là, tout a un air de fête, les
commerces sont très colorés avec leurs vêtements der-
niers cris et aux couleurs bien voyantes. Les skis sont ex-
posés partout et les boutiques de souvenirs sont très nom-
breuses. Depuis l’école de ski, elle aperçoit les œufs qui
montent au sommet de la station et les tire-fesses qui par-
tent plus bas. Doora se demande comment on fait pour
descendre sur ses étranges planches. Cléonisse est très
observatrice et s’approche d’elle pour la rassurer.
⎯ J’ai pitié de toi, Doora, cette semaine, tu nous as fait
découvrir tant de choses que je vais te faire un cadeau.
⎯ C’est très gentil, mais je ne sais pas si c’est le mo-
ment ici.
⎯ Oh ! si, bien au contraire ; enlève tes gants, donne-
moi tes mains, ça reste entre nous.
41
Doora se questionne mais accepte. Elle lui tend ses mains
que la petite fille saisit en lui serrant très fort, et sent un
fluide la parcourir. Sa grande amie ressent en elle l’influx
qu’elle lui passe, mais ne voit toujours pas pourquoi.
Cléonisse relâche les mains et lui dit :
⎯ C’est fait, tu peux monter sur tes skis. Chausse-les
tout de suite, va-y.
⎯ Quoi ?
⎯ Je t’ai donné de mon savoir, tu sais aussi bien skier
que moi, allez, lance-toi !
Doora regarde les skis qu’elle tient encore dans ses
mains, les pose au sol, tape sur ses chaussures, les ajuste
et emboîte ses fixations. Elle attrape ses bâtons, pousse
dessus et se laisse glisser jusqu’au premier tire-fesses.
Elle attrape la barre entre ses jambes et se laisse tirer. Ar-
rivée en haut, elle lâche la barre et aussitôt pousse sur ses
bâtons pour prendre de la vitesse. Elle plante le bâton à
droite, lève un ski et tourne. Elle avance, fait de même de
l’autre côté et prend de la vitesse.
Elle se sent bien sur ses skis et le plaisir de la glisse la
traverse totalement au point qu’elle a l’impression d’avoir
toujours su skier depuis sa plus tendre enfance. En quel-
ques virages, elle arrive jusqu’au groupe et retrouve
Cléonisse.
⎯ Alors, t’as bien aimé ?
⎯ C’est si facile d’apprendre à skier que je crois que
j’ai toujours aimé ce sport !
⎯ Ne dis pas que c’est moi qui t’ai appris, sinon, ils
vont tous vouloir que je leur donne mon savoir. Moi, c’est
mon père qui m’a appris et c’était sans truc. Je peux te
dire que je suis souvent tombée au début.
À cet instant, les moniteurs arrivent vers le groupe et
prennent tous les enfants en charge. Le soir, ils sont très
42
fatigués et après avoir mangé une bonne raclette, ils se
retrouvent pour raconter des histoires. Noèse et Doora ne
s’aperçoivent pas que Benjamin et Alice ont disparu avec
Cléonisse…
43
comme la petite Alice. Cléonisse s’inquiète de les voir
ainsi, mais elle n’a pas le temps d’aller chercher de l’aide
car une sorte de tourbillon semblant descendre du ciel les
entoure comme une tornade et de la terrasse de l’hôtel les
emporte avec rapidité. Tous les trois sont pris et emporté
dans le ciel. Le courant qui les aspire vient de l’infini
comme si l’appel de ces deux enfants avait bousculé
quelque chose dans le grand univers. Ils crient tous les
trois en se voyant quitter le sol et s’envoler. Ils montent
de plus en plus haut, si haut qu’à un moment, ils voient
sous eux la Terre devenir de plus en plus petite, puis ils
passent la Lune et accélèrent dans l’espace, comme aspi-
rés par un long tube. Les étoiles filent autour d’eux, et ils
voient la galaxie sous leurs pieds. Dépassant encore une
vitesse déjà inimaginable, ce sont toutes les galaxies
qu’ils croisent bientôt alors que cela ne fait que quelques
minutes qu’ils sont partis. Leur chute dans l’infini semble
enfin s’atténuer car ils ont l’impression de ralentir, voire
de s’arrêter. C’est à cet instant que leurs yeux se figent
devant quelque chose d’impensable : l’univers semble
s’arrêter net devant une porte entourée d’un mur blanc,
aussi haut que large et s’étendant à l’infini. Ce n’est pas
une porte en bois ou en métal, mais une spirale qui sem-
ble bleue et paraît vouloir les aspirer. Flottant dans le
rien, les trois enfants se laissent entraîner vers cette porte
mystérieuse. Benjamin passe le premier suivi d’Alice.
Cléonisse n’a pas le choix et en franchissant ce passage,
elle glisse sur les lumières qui la font tourner dans le sens
du flux spiralé, comme si elle s’enfonçait dans une ma-
tière laiteuse. Ce passage est différent du début car elle
n’est plus ballottée dans le vide immense, au contraire, ce
milieu devient plus stable mais elle ne voit plus ses amis.
D’un coup elle dépasse cette porte et la franchissant, elle
se retrouve dans le vide, sans plus une lumière, sans au-
44
cune étoile et sans aucun repère. Au milieu du rien, ses
deux amis flottent devant une chose encore plus étrange ;
comme concentrées, dans une fontaine, toutes les étoiles
et les galaxies du monde paraissent pétiller et vivre
comme si eux trois étaient des géants observant l’univers.
Benjamin est déjà au travail avec Alice car ils brassent les
étoiles comme du sable que l’on ramasse sur une plage et
ils parlent avec ces petites graines de lumière. Cléonisse
ne comprend pas trop au début car leurs paroles ne sortent
pas de leur bouche mais c’est leur cœur qui vibre direc-
tement. Cette vibration fait un bruit étrange dans ses
oreilles mais elle est harmonieuse et fait comme une mu-
sique. Lorsque Cléonisse l’écoute, cela lui donne
l’impression d’une complainte monotone et triste, comme
si l’univers souffrait d’exister. Elle regarde Alice et Ben-
jamin et voit des larmes couler de leurs yeux. Bientôt au-
tour d’eux, les étoiles sortent de leur bassin et entament
une danse à laquelle ils sont invités.
C’est à ce moment que les corps des trois enfants suivent
le rythme de la musique, plainte d’un lointain passé,
d’une harmonie oubliée et d’une séparation forcé des as-
tres. Le cœur de chaque enfant brille comme les autres
étoiles. Cléonisse, Benjamin et Alice comprennent en-
semble que la séparation de toutes les étoiles du monde
est en fait une grande malédiction et que l’immensité du
ciel est le chagrin des étoiles. Parler aux astres est comme
comprendre l’infortune d’une grande séparation, Benja-
min et Alice le comprennent alors qu’en leur cœur ils ont
découvert la capacité de s’unir à l’univers. Ils sont bien
pauvres de cette découverte car, ils n’en connaissent pas
pour autant pas les raisons et cela les rend tristes. Mais
aussi, en eux germe l’idée d’un monde uni et ils pensent
qu’en le réalisant sur Terre, cela aidera les étoiles à se
réunir aussi. Un vent soulève les étoiles qu’ils brassent
45
dans le bassin et eux aussi y sont emmenés. Toutes les
étoiles prises dans le vent, semblent se transformer en
flocon de neige, et Benjamin, Alice et Cléonisse le sont
aussi. Dans le noir de l’infini, ils ont le sentiment de tom-
ber dans le vide, traversant l’univers de façon légère et à
un moment, ils voient les montagnes sous leurs pieds et,
comme de la neige, ils se posent doucement sur le som-
met d’un pic…
52
n’inquiétons pas les enfants. Je suis certaine que nous re-
trouverons Alice, Cléonisse et Benjamin dans quelques
jours, avec de la chance. Cléonisse est encore de la partie
et je crois que pour celui qui l’a pris, ce ne sera pas de
tout repos, croyez-moi.
⎯ Moi, comme mes relations ne sont plus tendues
avec mon bureau à Washington, je vais demander si des
mouvements aériens étranges n’auraient pas été repérés ;
il y a peut-être une piste.
Sur ce, nos amis vont se coucher.
***
54
Entendant ce nom, il devient pâle, mais il se ressaisit pour
dire :
⎯ Elle se mettra à genoux devant moi, avant que je la
tue.
⎯ Tuez-moi donc.
Il lève la main pour atteindre l’enfant, mais son bras reste
bloqué comme si Cléonisse était protégée. Alors, il la
pousse dans une pièce ressemblant à une chambre car il y
a un lit. Voyant que ce désert de Gobi ne lui est pas très
favorable, il préfère aller vers un lieu moins froid et plus
agréable et il choisit pour cela une île déserte et volcani-
que, se posant au centre d’un cratère. Pensant être tran-
quille, il espère pouvoir installer des appareils qui lui
permettront de commencer à préparer la guerre que sa
maîtresse viendra faire dans quelques mois. Il souhaite
déployer du matériel et installer le noyau d’une basse
avancée constitué d’hommes qu’il aura enrôlés. Il lui fau-
dra trouver des hommes pour l’aider et collaborer à son
projet. La Terre doit regorger de bandits et de criminels,
c’est là qu’il pense faire les meilleures recrues. Les en-
fants endormis et enfermés, il est tranquille et en profite
pour sortir. Lorsque les enfants seront réveillés, il devra
les faire parler pour connaître leurs secrets et leurs pou-
voirs.
Cléonisse fait semblant de dormir et observe autour d’elle
les mouvements. Entendant qu’il sort, elle se redresse et
se rappelle un des pouvoirs qu’elle avait utilisé avec
Shanley et Oda. Sachant qu’Alice est dans la pièce à coté,
elle se transforme pour passer à travers la cloison qui les
sépare. Ce pouvoir fonctionne toujours car, à peine a-t-
elle passé une main que le reste suit. La petite Alice la
voit traverser le mur et ne comprend pas vraiment ce qui
se passe. Cléonisse la rassure vite :
⎯ Chut ! ne dis rien, il ne faut pas qu’il sache ce que je
55
fais, mais on va un peu s’amuser.
⎯ Comment as-tu fait pour passer à travers le mur ?
⎯ Écoute-moi, je vais te montrer. C’est comme la té-
lépathie, ça vient du cœur. C’est la force de ton âme qui
transforme la matière devant elle. C’est comme pour de-
venir invisible, tu dois savoir que la matière n’est que vi-
brations et qu’il faut les déformer pour la traverser. C’est
la peur et notre éducation qui nous donne l’impression
qu’il y a des barrières devant nous. Mais lorsque tu sais
que le mur qui est devant toi n’est pas réel, alors tu peux
passer à travers. Si tu places ton corps et ta conscience
devant la réalité, tu peux passer à travers tout.
⎯ Oh ! c’est rudement compliqué ce que tu me dis là,
j’ai du mal à saisir.
⎯ Ce n’est pas grave, donne-moi ta main, on va re-
joindre Benjamin.
Les deux filles passent à travers la cloison et arrivent dans
le réduit où se trouve le garçon qui est tout surpris de les
voir arriver comme ça.
⎯ Je savais, Cléonisse que tu allais faire un truc
comme ça, j’ai entendu parler de tes exploits avec Oda et
Shanley.
⎯ Tu sais, on va jouer un bon tour à ce type.
⎯ Comment ça ?
⎯ Dès qu’il sera rentré, nous sortirons et nous nous
échapperons. Nous allons nous préparer en passant dans
le caisson technique en dessous. J’y ai passé ma tête tout
à l’heure et j’ai vu qu’il y a de la place pour nous trois.
Ensuite nous sauterons dehors.
⎯ Je suis d’accord, Cléonisse. Je ne veux pas rester ici.
Cléonisse prend ses deux amis par la main et les fait pas-
ser sous le plancher. Il fait noir où ils sont, mais là, ils ne
se feront pas prendre. Ils attendent un long moment et
56
enfin ils entendent que l’on marche au dessus. Cléonisse
fait signe qu’il est là et qu’ils peuvent y aller. Elle prend
encore ses amis par la main, passe doucement à travers la
lourde tôle de la carlingue et enfin, leurs pieds touchent le
sol. C’est déjà le soir, ils voient le soleil se coucher sur la
mer. Ils ne savent pas où ils se trouvent, mais il fait
chaud. Ils se retournent pour regarder le vaisseau puis ils
se sauvent, pensant être enfin libre.
Paolis trouve curieux en rentrant de ne rien entendre der-
rière les portes et il en ouvre une au hasard. Stupéfait, il
ne voit personne dedans. Il regarde dans les autres cabi-
nes et les trouve aussi vides. Alors, il comprend que ces
enfants ont plus de pouvoir qu’il ne l’aurait imaginé. Fu-
rieux, il s’écrit :
⎯ Ils sont fluides comme des rayons X, il faut que je
les attrape avant qu’ils ne soient trop loin, ils vont tous
me le payer.
Aussitôt il met en marche son engin, décolle, allume les
projecteurs et met en route son détecteur de vie,
l’instrument qui lui permet de trouver tous les êtres vivant
dans le secteur.
Très rapidement, il repère les trois enfants et à l’aide de
son vaisseau, il les rejoint. Les enfants se sentaient déjà
en sécurité derrière la grande muraille de roche mais ils
voient le vaisseau à leur verticale. Cléonisse leur dit de
courir vite pour descendre la longue pente recouverte de
granula de roche volcanique, mais Benjamin se fait mal et
tombe. Alice se précipite vers lui, mais juste à ce mo-
ment, un rayon s’échappe du vaisseau et les touche. Juste
après, l’engin se pose et l’homme sort pour ramasser les
deux enfants semblants paralysés. De loin, Cléonisse le
voit faire mais décide de s’enfuir. Elle dévale la longue
pente en roulant sur les gravillons rouges et rugueux pen-
dant près d’une centaine de mètres. Lorsqu’elle arrive en
57
bas, elle est toute griffée, elle a les bras et les jambes en
sang. Elle remarque subitement que le vaisseau glisse le
long de la pente afin de la rejoindre. Il n’est pas question
pour elle de se faire prendre encore une fois et elle court
pour échapper à son poursuivant. C’est à ce moment
qu’elle arrive devant l’entrée d’une sorte de caverne. Elle
y entre, voyant un tunnel s’enfoncer dans le sol. C’est
pour elle le moyen d’échapper au vaisseau, bien trop
grand pour y pénétrer et c’est une chance. Hélas, elle doit
s’arrêter, car l’obscurité est plus présente que la nuit et
elle ne sait si ce trou l’emmène vers une sortie. Un peu
prise de panique, elle se demande si elle pourra sortir de
ce gouffre dans lequel elle s’est enfoncée, paniqué par
l’homme qui voulait la rattraper. À ce moment qu’elle
pense à ses amis, repris par cet homme étrange et elle
commence à avoir peur pour eux car un peu plus tôt, il
parlait de les mutiler. C’est alors que fouillant dans une
de ses poches, elle sent le sifflet magique que sa mère lui
a confié. Elle se rappelle que lors des moments difficiles,
elle l’avait toujours utilisé et qu’à chaque fois, avec sa
mère, elles avaient pu trouver des solutions.
⎯ Il faut que j’appelle maman, elle seule peut
m’aider.
Cléonisse pose alors ses lèvres sur le bout de son instru-
ment et commence à souffler dedans. Avec son souffle,
les murs se mettent à vibrer et la grotte devient lumi-
neuse. Bientôt elle se sent transporté dans un autre do-
maine que cette caverne étrange. Un sifflement se fait
entendre jusqu’à ce que dans un éclair déchirant, Aqua-
luce et Cléonisse se retrouvent toutes les deux face à
face. Sa fille la regarde alors en pleurant.
⎯ Maman, je suis perdue, j’ai besoin de toi, il
m’arrive une chose folle avec deux amis.
⎯ Mais, Cléonisse, n’es-tu pas à l’école, pourquoi ces
58
larmes ?
⎯ Nous étions au ski avec les autres, pour ce week-
end et avec mes amis, Benjamin et Alice nous avions dé-
cidé de communiquer avec les étoiles. Ça a marché, mais
nous nous sommes retrouvés sur le sommet d’une mon-
tagne. Doora venait nous chercher lorsqu’un homme
dans un vaisseau comme le tien s’est intercalé pour nous
prendre. Il dit s’appeler Paolis ; il est grand avec un vi-
sage un peu maigre, ses cheveux bruns ne sont pas très
longs avec une curieuse mèche blanche et il a une cica-
trice sur la joue droite, sans cela, il ressemblerait à papa.
Il prétend être envoyé par une dame nommée Maldeï
pour préparer la guerre sur la Terre en y trouvant des
hommes qui l’aideront. J’ai l’impression en le regardant
qu’il est comme un zombi, il n’a pas un mauvais visage
mais il semble prêt à tout pour accomplir sa mission.
Nous avons réussi à fuir mais, il a rattrapé mes deux
amis. Moi, je me suis cachée dans une grotte. C’est là
que j’ai retrouvé le sifflet pour t’appeler. Cet homme me
cherche, il m’a dit qu’il utiliserait mes pouvoirs pour
faire son travail. Il menace Alice et Benjamin de mutila-
tions et d’autres choses horribles si je ne fais pas ce qu’il
me demandera. Je ne sais plus ce que je dois faire. Re-
tourner vers lui pour sauver mes amis ou fuir et rester
dans cette grotte.
⎯ Calme-toi ma chérie, nous allons réfléchir à com-
ment te sortir de là. Ce que tu me dis est important,
maintenant je sais que Maldeï a envoyé d’autres hommes
sur la Terre, en dehors de ceux venus attaquer Keuram-
dor.
⎯ Tu sais, maman, ceux que nous avions vaincus se
sont transformés en elfes et ils sont là pour nous proté-
ger.
⎯ Des elfes ! je comprends mieux maintenant pour-
59
quoi Maldeï avait fait d’eux des guerriers ; elle savait ces
enfants dangereux pour elle et avait fait cela pour qu’ils
ne découvrent pas leurs vertus.
⎯ Ils ont construit autour de l’école une protection in-
franchissable avant de partir autour de la Terre et deux
sont restés avec nous pour nous protéger.
⎯ Si les elfes réapparaissent, c’est que de grands
changements vont avoir lieu sur la Terre, ces êtres sont
toujours présents dans ces moments-là.
⎯ Et pour moi, maman, qu’est-ce que ça veut dire ?
⎯ Ça veut dire que tu dois retourner vers tes amis et
prendre ce que je vais te donner. Écoute-moi bien. Ouvre
ton cœur à l’espérance, c’est-à-dire, fais confiance en ton
étoile, ton cœur te donne toute la nourriture dont tu as
besoin et il prend soin de toi. Dans les moments les plus
difficiles, il te fait franchir les obstacles les plus grands
car si tu ignores la peur, tu lui ouvres la porte. Tu n’es
pas responsable de ce qui t’arrive, alors les choses vont
se redresser. Je suis certaine qu’il ne vous arrivera rien.
Donne aussi à tes amis la force de l’espérance comme je
le fais pour toi, c’est avec ça que j’ai toujours gagné. Tu
es ma fille, il ne peut rien t’arriver.
⎯ Mais, maman, ce monsieur paraît très méchant.
⎯ As-tu confiance en moi ?
⎯ Oh ! oui, maman, tout ce que tu dis est toujours
vrai.
⎯ Alors, qu’est-ce qui est important ?
⎯ C’est l’espérance, maman, c’est la force qu’il y a
dans mon cœur et je la ressens maintenant que tu me l’as
montrée.
⎯ Viens dans mes bras pour que je te fasse un câlin.
La petite fille se blottit dans les bras de sa mère pour ver-
ser ses dernières larmes, elle ferme les yeux et se sent dé-
60
jà mieux. Mais en les rouvrant, elle se retrouve seule
dans la grotte qu’elle pensait avoir quitté de longues mi-
nutes. Sa mère a disparu mais, elle n’a plus peur, elle
ressent encore sa présence, ou peut-être est-ce son cœur
qui l’accompagne, comme l’espérance que sa maman
voulait lui montrer. Confiante, elle décide de ressortir de
sa cachette. Elle escalade quelques rochers et bientôt se
retrouve dehors. Le vaisseau qui la poursuivait n’est plus
là. Plus bas, c’est de la végétation qui descend jusqu’à la
plage. Cléonisse pense que l’engin est remonté sur le pla-
teau au sommet. La pente est raide, mais elle la grimpe.
Sa progression n’est pas aisée, car les gravillons pointus
la font glisser, mais, elle ne perd pas courage. Au bout
d’une heure, elle arrive enfin au sommet ; c’est là qu’elle
voit le vaisseau posé sur l’herbe haute. Il ne lui reste plus
qu’à rejoindre ses amis.
***
***
Liberté, tu es à ma portée,
Espérance, tu déploies toute ton intensité.
Geôlier, laisse nous rentrait,
Espérance, tu arrives au-delà de toutes les contrées.
66
LE RETOUR D’AXELLE
Peu de jours se sont passés depuis que les
elfes ont retrouvé et ramené les enfants à l’école.
Noèse dort quand elle entend la sonnette retentir dans
toute la maison ; elle se demande bien ce qu’il se passe et
qui peut bien sonner aussi tard. Elle se dit que ceux qui
sont à la porte devront avoir une bonne raison, sinon elle
leur fera entendre sa voix. Elle se lève en espérant que ses
enfants ne seront pas réveillés. Elle s’habille rapidement
et prend ses clefs. Mais comme le champ de force interdit
de rentrer ou de sortir, elle doit réveiller un des elfes. Elle
frappe à la porte de Cadmall.
⎯ Excuse-moi de te réveiller, il y a quelqu’un qui
n’arrête pas de sonner à la porte. J’aimerais que tu
m’accompagnes si je dois les faire rentrer.
Elle entend du bruit dans la chambre, puis la porte
s’ouvre et l’elfe commence à râler :
⎯ Y en a qui pourraient trouver un autre moment pour
venir ; la nuit, c’est fait pour dormir. Bon, c’est d’accord,
j’arrive, attend que je me prépare.
Il sort, les cheveux complètement en pétard et un pull-
over mis à l’envers.
⎯ On n’en a peut-être pas pour longtemps, si ce sont
des mendiants ou des skieurs égarés, on leur donnera un
bol de soupe avant de les laisser repartir.
Tous les deux marchent jusqu’au grand portail ; dans le
noir, on ne voit pas grand-chose. Le champ de force que
les elfes ont créé autour de l’école ne laisse pas passer les
pensées, sinon Noèse aurait déjà deviné qui est derrière. Il
n’y a que quelques mètres mais elle entend des voix qui
ne lui sont pas étrangères. Lorsqu’elle ouvre une première
porte pour voir qui est derrière, sa tête se met à tourner,
67
son cœur se met à battre fort et des larmes lui montent
aux yeux.
Elle a devant elle Axelle, sa fille avec John son époux,
accompagnés de deux femmes semblant sympathique.
Aussitôt, elle demande à Cadmall de désactiver le champ
de force et elle ouvre la seconde porte. Axelle se précipite
dans les bras de sa mère, John arrive derrière. Moment
d’affection inévitable, mais Noèse pense aux deux fem-
mes restées en arrière :
⎯ Rapprochez-vous, venez vous réchauffer.
Wendy demande à ranger son appareil dans la cour, ce
que lui accorde Noèse et quelques minutes plus tard, ils
sont tous dans le grand salon. Doora se lève et se préci-
pite vers son amie Wendy qu’elle a quittée depuis plu-
sieurs mois, bien avant d’arriver jusqu’ici. Pour tous, les
retrouvailles sont intenses. Maora donne des nouvelles de
Némeq, le mari de Doora, parti à la recherche des survi-
vants des autres mondes. Wendy demande aussi des nou-
velles de son amie Yéniz. Doora lui raconte leur ren-
contre avec la future présidente des Etats-Unis, le plus
puissant pays du monde, et la chance malgré ses mal-
heurs, pour Yéniz d’être devenue son amie, voire sa
confidente. Cela l’intéresse car avec ce que prépare Mal-
deï, il faudra des alliés sérieux sur la Terre. Doora lui
propose :
⎯ Veux-tu que nous lui téléphonions, elle sera heu-
reuse de t’entendre ?
⎯ J’aimerais bien, mais nous sommes pressés.
⎯ Si tu veux, tu peux lui téléphoner à l’hôpital, c’est
au 212-305-2500. Wendy ne comprend pas ce qu’elle veut
dire sur le coup, mais quelle importance, l’essentiel est
que son amie aille bien.
Autour d’une tasse, ils se racontent leurs aventures, cette
fois, Axelle n’est pas mise de côte, bien au contraire et
68
elle leur raconte comment au début elle s’est retrouvée
devant la terrible Maldeï. Elle leur dit avoir été prise en
charge par Néni, une femme très exceptionnelle. John a
aussi vécu quantité d’aventures et vu d’innombrables
choses qui n’existent pas sur la Terre. Maora qui vient de
l’espace ne connaît pas Noèse et aurait, elle aussi, beau-
coup à raconter mais, elle est seulement venue raccompa-
gner Axelle et son père sur leur planète et ne souhaite pas
rester car de l’autre côté de Jupiter, son grand vaisseau
l’attend ainsi qu’une autre mission, toujours pour lutter
contre l’infâme Maldeï qui semble vouloir préparer
l’invasion de la Terre dans peu de temps.
⎯ Hélas, je ne peux rester avec vous, les membres de
mon vaisseau m’attendent et, surtout, j’ai un très jeune
enfant aussi, que je n’ai pas pu emmener jusqu’ici. Nous
devons repartir vers Elvy, la planète où se trouve notre
ennemie ; il y a parmi nous des membres qui souhaitent
retourner là-bas pour aider leurs frères prisonniers. Mais,
je sais que nous nous retrouverons.
Cela écourte la conversation, mais tous comprennent
Maora. Ils raccompagnent Wendy et Maora jusqu’à leur
engin et les regardent repartir.
70
mes cheveux. Heureusement, Néni m’avait avertie et dit
de sortir ma conscience de mon corps avant que le serpent
ne s’enroule sur ma tête, car lorsqu’il prend le contrôle
total de mon esprit, je ne suis plus qu’un serpent. J’ai dû
vivre de longs moments hors de mon corps. Il n’y a que la
nuit que je pouvais revenir en moi, car Néni m’avait mon-
tré comment enlever ma couronne. Peu de temps après,
comme je maîtrisais mon corps et mes pensées de là où
j’étais, c’est-à-dire au-dessus de mon corps, j’ai obligé
Maldeï à m’envoyer avec Néni et Jacques dans les mines
de Carbokan, le camp où elle souhaitait faire mon éduca-
tion. Je ne savais pas ce qu’était ce camp. En fait, c’était
une île ou sous le sol, il y avait une pierre avec laquelle
ils fabriquent des vaisseaux spatiaux. Les conditions
étaient terribles, il n’y avait que des enfants qui y travail-
laient, rares étaient les adultes qui étaient avec nous. J’ai
assisté à des accidents graves et il y a eu des morts par-
fois. Maldeï voulait faire de nous tous des soldats impi-
toyables, des tueurs. Avec Néni et Jacques nous avons
travaillé quelque temps, nous nous étions fabriqués une
petite maison de bois et de paille. Jusqu’au jour où papa
est arrivé, amené par Maldeï. Il n’avait plus sa tête, tout
son esprit était parti, il était totalement amnésique. Néni
me fit comprendre que Maldeï avait pris toute sa vie et
que la seule façon de lui redonner sa vie, c’était de la re-
prendre à Maldeï. C’est alors que j’ai compris que je
pouvais avec la petite couronne de serpent, reprendre
peut-être la conscience perdue de papa. J’ai alors replacé
la couronne sur ma tête, sans que mon esprit soit ailleurs.
Je me suis intégrée au serpent, mais j’ai réussi à rester
moi-même. C’est alors que j’ai pu entrer en contact avec
Maldeï et la provoquer. J’ai mis mon esprit et ma vie en
jeu pour la conscience de papa. C’est ainsi que Maldeï
m’a rapidement rejoint à Carbokan. Devant Néni et Jac-
71
ques, nous nous sommes retrouvées toutes les deux. La
règle était d’attaquer son adversaire sans bouger de
place ; le premier qui se déplacerait, serait déclaré per-
dant. Au premier coup, j’ai pu pénétrer son esprit et lire
ce qu’elle avait comme intentions. Juste après, elle a dé-
clenché une terrible tempête pour m’emporter, mais je
n’ai pas bougé. J’ai alors lancé sur elle des flammes qui
ne semblaient pas la brûler, mais elle a fait tomber sur
moi des trombes d’eau si intenses, que la vaste fosse dans
laquelle nous étions s’est remplie comme un torrent. Je ne
bougeais pas afin de ne pas perdre, mais l’eau montait si
vite que bientôt je fus submergée, mais je ne bougeais pas
et c’est alors que pour chasser l’eau autour de moi, j’ai
fait exploser tout le bassin où j’étais. La déflagration fut
si forte que Maldeï en fut chassée de son socle. J’avais
normalement gagné, mais elle changea les règles et voulu
me brûler avec des arcs électriques qu’elle lançait sur
moi. Ces arcs étaient si forts qu’elle en pulvérisa la cou-
ronne sur ma tête et je fus alors véritablement libérée.
Elle pensait que sans couronne je serais totalement sans
défense, mais c’est à cet instant que j’ai pu lui envoyer
des rayons d’Amour. Elle ne pouvait rien faire contre cela
et fut obligée d’admettre que j’avais gagné. Nos cons-
ciences s’unirent un instant et elle me rendit l’esprit de
papa. Mais Maldeï ne perd jamais et elle emmena avec
elle Jacques qui se faisait appeler Bildtrager. Papa retrou-
va sa conscience et il reprit connaissance. Nous avons
travaillé de longs moments ensemble dans les mines jus-
qu’à ce que Clara et Christopher nous rejoignent. Ça a été
ma plus grande surprise. Ils étaient avec une dame que je
ne connaissais pas ; elle s’appelait Delfiliane. Elle avait
de grands pouvoirs. Plus tard, nous rencontrâmes un autre
homme qui avait été chassé de Sandépra, la plus grande
ville de la planète, car il avait laissé échapper des rebel-
72
les. Il s’est mis avec nous et l’autre femme l’a tout de
suite aimé. C’est drôle ! un jour on a voulu partir pour
trouver de quoi s’abriter et Néni a trouvé un refuge plus
moderne et plus vaste que notre maison. C’était en fait
l’abri que son père avait fait lorsqu’il était avec sa mère.
Elle disait qu’il s’appelait Iahvé et qu’il était magique.
À cet instant, Noèse s’étouffe, comprenant que son père
pouvait être aussi le sien.
⎯ Nous étions heureux dans cette maison construite
dans ces grottes, continue Axelle, mais sur l’île, tonton
Jacques était revenu comme gouverneur. Néni a voulu le
rejoindre et lui parler pour le ramener à nous. C’est du-
rant ces moments qu’il fut décidé de prendre les enfants
de l’île pour les cacher dans la grotte. En fait, Clara et
Christopher avaient trouvé un passage permettant d’aller
sur une autre planète qui s’appelle Unis. J’ai aidé Néni à
rassembler les enfants et nous somme partis. Toute l’île
de Carbokan fut vidée de ses enfants et nous sommes ar-
rivés jusqu’à Unis. Clara, Christopher, Néni et Jacques
sont restés sur place et nous n’avons plus eu de leurs
nouvelles. Sur Unis, très vite, les deux mille enfants qui
étaient passés dans ce que les grands appelaient le puits
de l’oubli se sont retrouvés changés en une chose formi-
dable :
Ils étaient tous devenus des elfes. Tous, tous comme…
⎯ Comme quoi, Axelle ?
⎯ Comme moi, Maman.
Noèse la regarde avec un œil intrigué :
⎯ Je suis un elfe, maman ; je l’ai découvert là-bas sur
Unis. Tous les enfants de Carbokan l’étaient aussi, c’est
pour cela que Maldeï les mettait très jeunes dans son
camp, afin qu’ils ne se découvrent jamais. Mais Unis et le
puits de l’oubli les avaient dévoilés, comme je me suis
découverte. C’est pour cela que je ne suis pas tout à fait
73
comme les autres. Pardonne-moi, maman.
⎯ Mais pourquoi devrais-je pardonner à ma fille d’être
un elfe ?
⎯ Je suis des fois un peu bizarre.
⎯ Tu es comme beaucoup d’enfants à Keuramdor.
Tout simplement.
⎯ Pour en finir, maman, les elfes ne sont pas restés.
Peu de temps après qu’un vaisseau avec des amis se soit
posés sur Carbokan, ils se sont tous envolés dans
l’univers pour trouver des hommes comme nous à aider.
Je crois qu’ils sont allés sur Elvy, la planète qui les avait
maltraités. Là-bas, ils ont des hommes et des femmes à
sauver.
⎯ Le reste de ton histoire, je la connais, vous êtes arri-
vés jusqu’à nous et nous avons découvert de nouvelles
amies comme Wendy, Wegas et Maora.
Ton histoire est formidable, tu devrais la garder pour les
autres enfants, je suis certaine qu’ils aimeront connaître
ton aventure.
⎯ Tu crois que j’ai le droit de leur dire ?
⎯ Tu joues le bébé avec moi, mais tu sais mieux que
tous ce que tu as à faire. Tes camarades t’attendent et ils
sont si heureux de te retrouver qu’il ne faut pas que tu les
déçoives.
⎯ J’ai vu tant de choses, j’ai fait tant de travaux, j’ai
vécu tant d’aventures ; maman, ai-je encore le droit d’être
un enfant ?
⎯ Lorsque tu te reposes dans mes bras et que tu me
fais un câlin ou que tu pleures, tu es mon enfant ; tu es un
enfant.
La petite fille laisse couler tant de larmes sur elle que les
bras de sa maman sont juste assez grands pour la consoler
de cette aventure qui l’a révélée dans la peau d’un être
74
déjà accompli.
Enfant lorsqu’elle le veut, elfe lorsqu’elle le doit. Au-
jourd’hui, dans un rôle qui était devenu ancien, c’est un
véritable enfant. Sa maman est très forte pour lui faire
oublier l’amertume de ses souvenirs. S’endormant dans
ses bras, elle replonge dans l’âme d’une petite fille de
sept ans.
C’est terminé pour elle, la paix la recouvre de son voile
blanc…
75
VOYAGER EN REVE
Plusieurs jours se sont passés depuis le re-
tour d’Axelle à l’école. Tous les enfants ont appris son
aventure extraordinaire et l’envient presque d’avoir été
kidnappée. Les cours ont repris mais depuis tous ces évé-
nements, il règne une ambiance étrange dans la classe, les
enfants se demandent si cette Maldeï pourrait venir pour
les prendre. Noèse connaît les pensées de chacun et elle
les rassure en leur disant que l’école est protégée et que
personne ne pourrait venir les prendre comme ça. Mais
certains comme Kim et Scott qui commencent à com-
prendre qu’ils possèdent des pouvoirs, s’imaginent partir
dans l’espace pour aller voir ce qu’il se passe à l’autre
bout de la galaxie. Même si Doora et Harry font tout pour
occuper et divertir les enfants, la bonne ambiance d’avant
Noël n’est plus là. Tous sentent que Keuramdor n’est pas
vraiment un lieu de vacances et à six ans, ce n’est pas
toujours facile. Pour Noèse qui a voulu monter cette école
avec Aqualuce, toujours partie depuis la rentrée, ce n’est
pas facile, elle est même à court d’idées ces temps-ci.
Noèse avait laissé Doora faire les cours jusqu’au retour
d’Axelle et ce matin, lorsqu’elle arrive en classe, elle res-
sent une atmosphère étrange flottant dans la classe et ra-
pidement, lorsque tous les enfants prennent place, un
phénomène étrange s’y passe. Un rayon bleuté semble
inonder la salle durant une dizaine de secondes. Chacun
le remarque et en ressent une étrange sensation au fond de
soi. Même Noèse est touchée. Elle se redresse et essaie de
comprendre ce qu’il s’est passé. Faisant le tour des tables,
elle regarde autour d’elle pour comprendre, mais ne voit
rien d’étrange dans la classe. Elle se demande si le phé-
nomène vient d’un des enfants ou d’un élément extérieur.
Comme cela ne se reproduit plus, elle regagne sa place.
76
Pour commencer la leçon de calcul, elle dirige jusqu’au
tableau et alors qu’elle prend une craie, une détonation
très forte se fait entendre au fond de la classe. Tout le
monde se retourne et cette fois, Noèse sent qu’un des en-
fants profite de la découverte d’un de ses dons pour les
expérimenter en classe. Malgré ses dons, elle n’arrive pas
à savoir qui a pu faire cela et elle dit à tout le groupe :
⎯ Celui ou celle qui fait ces choses devrait arrêter
immédiatement. Si je le surprends, il sera privé de désert
durant une semaine.
Tandis qu’elle veut passer aux exercice, c’est comme une
pluie d’étoile qui tombe du plafond de la classe. Et en-
core, il est impossible de savoir qui a provoqué cela. Tous
les enfants sont heureux et jouent avec ces morceaux de
lumière qui tombent comme de la neige. C’est la première
fois que Noèse se laisse déborder et qu’elle ne peut rien
maîtriser. Cela ne se termine pas car peu après, ce sont
des éclaires qui crépitent depuis le plafond et d’autres
nombreuses choses étranges qui se produisent. La classe
devient en quelques minutes une zone expérimentale pour
tous les phénomènes naturels et surnaturels, si bien qu’à
la fin, Noèse décide de faire sortir tous les enfants afin de
mieux comprendre ce qu’il se passe. Comptant ses élèves
à la sortie, elle s’aperçoit qu’il en manque deux. Elle les
recompte, plus de doute, c’est Scott et Kime qui ne sont
plus avec eux. Elle retourne en classe, mais ne trouve per-
sonne alors, avec inquiétude, elle se demande où ces deux
enfants ont pu passer. Plus de doute, les phénomènes qui
se produisaient tout à l’heure sont en rapport avec eux,
c’est certain. Mais cela ne suffit pas à expliquer leur dis-
parition si subite. Noèse appelle vite Doora, qui peut-être
aura une idée. Mais ensemble, elles n’arrivent pas à trou-
ver de solutions et sont vraiment dans l’impasse. Cela
tourne au cauchemar, car à peine Axelle est-elle revenue,
77
que d’autres disparaissent et là, ce n’est ni Jacques ni
Maldeï qui en sont les responsables. La classe de ce jour
est annulée et les enfants sont conduits sous le préau. Les
maîtresses et les éducateurs trouvent des occupations
pour tous. Axelle, Cléonisse et Shanley restent ensemble
tandis que Céleste, Timofeï et Moacyr se rassemblent.
Les trois filles discutent et se questionnent sur leurs amis
disparus. Elles connaissent un peu mieux Kime qui était
dans leur groupe et elles savent de lui qu’il aimerait bien
pouvoir aller dans l’espace.
⎯ Kime et Scott ne sont plus à Keuramdor, leur dit
Axelle, ils sont bien plus loin et je pense qu’il faudra aller
les chercher avec un vaisseau spatial.
⎯ Pourquoi dis-tu ça ? ils n’en ont pas eux-mêmes, où
veux-tu qu’ils soient partis ?
⎯ Shanley, c’est peut-être de ma faute s’ils sont partis,
je n’ai pas arrêté de parler à tous de mon aventure et
même, certains avaient envie d’aller là où on m’a séques-
tré.
⎯ Il faut en parler à ta mère, elle doit faire ce qu’il faut
pour les retrouver.
⎯ Mais, comment auraient-ils pu partir si loin, sans
vaisseaux, sans scaphandres ?
⎯ Cléonisse, tu sais bien que nous avons tous des pou-
voirs et qu’eux ont peut-être celui d’ubiquité. Je les soup-
çonne tous deux de s’être alliés pour arriver à faire le
grand bon…
⎯ Mais pourquoi cela est-il arrivé en classe ?
⎯ Réfléchis, Shanley. Comment doit-on faire pour se
transporter sur une planète aussi rapidement. Nous, en-
fants, nous n’avons pas encore la force de le faire. Même
grand, personne ne sait. Il n’y a que la maman de Cléo-
nisse qui sache le faire. Je crois que nos deux amis ont ce
78
don formidable et qu’ils ont profité de notre réunion dans
la classe pour prendre nos énergies afin de se transporter
jusque là où ils le souhaitaient. Les bruits étranges, les
éclairs et les pluies d’étoiles étaient la conséquence de
leur opération et apparemment, ils ont réussi.
⎯ Tu penses que grâce à nous, ils ont pu se transporter
dans l’espace ?
⎯ C’est même certain. Je le sens, j’ai en moi des traces
de leurs pensées. Je peux même te dire qu’ils sont partis
sur la planète où je me trouvais il y a peu. Ils sont sur El-
vy.
⎯ Mais, comment vont-ils faire pour revenir ?
⎯ Sans nous, ils ne peuvent pas revenir !
⎯ Mais, c’est impossible, on ne peut pas les laisser là-
bas.
⎯ Je n’ai pas dit ça. Je pense que c’est à nous d’aller
les chercher.
⎯ Ta planète elle est loin ?
⎯ Je ne sais pas, peut-être à des années-lumière d’ici ?
⎯ Mais, c’est impossible, on sera vieux lorsqu’on les
retrouvera ?
⎯ Vous savez, Shanley et Cléonisse, maman m’a tou-
jours dit que j’aurai au moins les mêmes dons qu’elle,
voire plus. Comme elle sait voyager à travers l’espace, je
peux en faire autant, il suffit que je lui demande.
⎯ Mais, ta mère n’est pas là, elle est repartie dans
l’espace depuis le début du mois.
⎯ Ce n’est pas grave, je vais l’appeler avec mon sif-
flet. Venez, il faut qu’on se mette dans un coin, pour pou-
voir la retrouver.
Discrètement, les trois filles se faufilent vers les salles de
classe et entrent dans une d’elles sans avoir été remar-
quées. C’est la salle dans laquelle les événements
79
s’étaient passés tout à l’heure, mais plus rien ne semble
crépité ou faire de bruit.
⎯ On y va !
⎯ J’ai un peu peur, t’as vu ce qui s’est passé ce matin !
⎯ Mais, on ne risque rien, souffler dans mon sifflet est
plus impressionnant encore.
Alors, Cléonisse sort de sa poche une étoffe blanche et
propre et en déroule un sifflet toujours bien curieux.
Comme à son habitude, elle pose délicatement ses lèvres
dessus et commence à soufflet. C’est alors que les murs
de la salle se mettent à trembler, que des éclairs jaillissent
de partout et que des explosions semblent éclater leurs
oreilles. La lumière du jour tournoie et bientôt, elles sont
presque dans le noir, ayant l’impression de se retrouver
dans une grotte. Elles commencent à avoir peur et c’est
alors que trois ombres leur apparaissent dont l’une d’elles
les interpelle :
⎯ N’ayez pas peur, c’est moi, maman. Cléonisse, ras-
sure-toi.
Les petites filles entendent une voix qu’elles connaissent
bien et elles sont bien plus confiantes qu’au début. Elles
se rapprochent des ombres et retrouvent Aqualuce. Cléo-
nisse saute dans les bras de sa mère, elle est si heureuse
de la retrouver.
⎯ Je suis heureuse de te retrouver, la dernière fois, tu
étais avec un homme qui t’avait prise avec deux autres
enfants. Je savais que tu ne resterais pas avec lui, com-
ment t’en es-tu sortie ?
⎯ J’ai fait ce que tu m’as demandé, j’ai ouvert une fe-
nêtre sur l’espérance et les elfes sont arrivés pour nous
ramener.
⎯ Nous avons besoin de toi, maman, deux enfants ont
disparu à Keuramdor et Axelle a le sentiment qu’ils sont
80
partis sur Elvy.
⎯ Comment ça, Maldeï est venu les prendre ?
⎯ Non, maman, ils ont dû partir d’eux-mêmes. Depuis
qu’Axelle est revenue, les autres rêvaient d’aller sur la
planète de cette Maldeï, alors Scott et Kime l’ont certai-
nement fait. On pense qu’ils ont pu se transporter instan-
tanément vers Elvy, la planète de la méchante. Mais, s’ils
ont pu partir, c’est certainement grâce à nous tous lors-
qu’on était en classe. Là-bas, tout seul, ils ne pourront pas
revenir. On veut aller les chercher, mais on ne sait pas
comment tu fais pour voyager dans l’espace instantané-
ment. Est-ce que tu pourrais nous expliquer ?
⎯ Vous expliquer comment se déplacer dans l’espace
avec seulement la pensée ! mais, c’est impossible, je ne
n’y arrive même plus moi-même, comment voudrais-tu
que je te montre ?
⎯ Mais si, maman, tu nous disais lorsque tu étais avec
nous que tu avais fais des voyages dans l’espace avec la
force de ta pensée. On veut faire comme toi. C’est impor-
tant, dis-le-nous.
Jenifer qui est à côté d’Aqualuce et qui écoute les enfants
répond à son amie :
⎯ Je crois que la petite a raison, tu devrais lui expli-
quer comment on se déplace dans l’espace. Ne dis pas
que c’est impossible, nous le faisons tout le temps avec
notre amie Adiban ; rappelle-toi !
Aqualuce réfléchit et se rappelle comment elle avait
transformé leur vaisseau en un appareil capable de voya-
ger instantanément dans l’espace. Se disant que ces peti-
tes doivent plus être rassurées et repartir avec un espoir,
elle réfléchit un instant à comment leur présenter une so-
lution qui les satisfasse. Se rappelant que l’explication qui
lui avait été donné était très complexe, elle veut trouver
pour eux quelque chose de plus simple, alors elle leur dit :
81
D’abord, pour voyager dans l’espace, il vous faut un vais-
seau spatial que vous devrez construire et lui donner un
nom afin qu’une âme s’installe en lui. Ensuite, pour lui
donner un moteur, vous devrez rassembler toutes les piles
électriques que vous trouverez afin de donner à votre en-
gin la puissance nécessaire. Mais, ce n’est pas tout, pour
que le moteur agisse, il faut que vous soyez tous prêts à
donner chacun un bout de vous-même, comme pour toi,
Axelle, tu sais comme ta mère lire dans les pensées,
donne aux autres un peu de ton don lorsque ça peut être
utile. Cléonisse, je sais que tu me ressembles beaucoup,
n’hésite pas à faire don de beaucoup de tes pouvoirs à
tous ceux qui sont autour de toi. Shanley, rien ne te ré-
siste, tu es pratiquement invincible. Par ce don, protège
tous ceux qui sont avec toi. Les enfants ce n’est pas avec
vos pouvoirs que vous vaincrez le monde, mais en les res-
tituant à l’humanité. Faite cela et vous verrez, les diffi-
cultés s’effaceront autour de vous. Il n’est nul besoin de
vouloir traverser l’univers pour sauver vos amis, votre
comportement, le don et le service que vous donnerez
sera votre meilleur atout. Lorsque vous me quitterez tout
à l’heure, je suis certaine que vous trouverez une solution
pour sauver vos amis. Hélas, je ne peux pas les aider di-
rectement car je suis aussi prise dans une tourmente. Mais
je suis certaine que tout s’arrangera pour vous.
⎯ Mais, si on construit un vaisseau, tu penses qu’on y
arrivera ?
⎯ Ma petite Cléonisse, les meilleurs vaisseaux que
l’on peut construire sont dans notre imagination. Fais-en
un si tu veux, ensuite, mets y beaucoup d’amour. Peut-
être devrais-tu parler à Noèse de ton projet et lui deman-
der comment retrouver les amis disparus.
⎯ Maman, j’aimerais que toute cette histoire se ter-
mine un jour. Je voudrais que tu rentres à la maison.
82
J’aimerais que papa revienne, il faut que tout redevienne
comme avant. Au fond de moi, même si je ne suis pas
seule, je ne suis pas bien de te savoir aussi loin et en dan-
ger. On va avoir un frère ou une sœur, tu ne peux pas tou-
jours être partie.
À ce moment, la petite fille commence à pleurer. Sa ma-
man, la reprend dans ses bras et la réconforte comme elle
le peut. Mais Aqualuce se dit qu’elle a raison et que mal-
gré la lourde tâche qu’elle porte, il sera nécessaire de re-
tourner à la maison. Hélas, ce n’est pas encore le moment
et en son âme des larmes coulent aussi. Mais pour rassu-
rer sa fille elle lui dit :
⎯ Avant l’été, tout sera comme avant. Je te promets
les plus belles vacances qui soient. Tu peux déjà penser à
ce que nous ferons tous ensemble.
La petite fille se détend et lui esquisse un sourire.
⎯ Je vais commencer à préparer la chambre pour les
bébés. Il faut que tout soi prêt pour lorsque tu rentreras
avec papa.
⎯ C’est une très bonne idée.
⎯ Dis, maman, pourquoi tu ne rentres pas maintenant
?
La question n’est pas surprenante et Aqualuce trouve la
réponse :
⎯ Je prépare pour le frère et la sœur qui vont te rejoin-
dre un monde encore meilleur qu’il ne l’est aujourd’hui.
C’est pour vous les enfants que je travaille, fais-moi
confiance, ce que tu vis ne sera bientôt qu’un souvenir
que tu oublieras vite.
Aqualuce câline encore à sa fille et prend les deux autres
enfants dans ses bras. Mais atour d’elles, le sol se met à
vibrer et la lumière se met à scintiller. Les enfants
s’arrachent à Aqualuce malgré eux et comme si le temps
faisait marche arrière, les grands s’éloignent des petits. Si
83
bien que d’un coup, Cléonisse, Axelle et Shanley se re-
trouvent dans la classe où elles s’étaient réfugiées,
comme avant que le sifflet ne se mette à vibrer. C’est à
cet instant que la porte de la classe s’ouvre et que Doora
les aperçoit :
⎯ Je me doutais bien que vous étiez dans une de ces
salles, deux enfants disparus, ça suffit, ne vous y mettez
pas non plus Allez, venez avec moi, ne restez pas là, au
cas où vous auriez l’idée de faire comme Scott et Kime.
Les trois filles se taisent et pensent que si elle savait, elle
aurait eu de quoi être vraiment paniquée. C’est l’heure du
repas et tous regagnent le réfectoire sous l’œil attentif
d’Harry qui veille à ce qu’aucun des enfants ne s’envole.
Cette journée est sous haute surveillance et il est impossi-
ble aux trois filles de se mettre à part pour pouvoir com-
biner un plan pour récupérer leurs deux amis.
Durant deux jours, rien ne se passe et la disparition des
deux garçons est plus que confirmée. Tous les enfants
semblent soucieux et les adultes ne trouvent pas de ré-
ponse, ce qui est encore plus difficile pour eux. Le troi-
sième jour, comme la vie semble prendre son rythme ha-
bituel, Cléonisse, Axelle et Shanley retrouvent Céleste,
Timofeï et Abbas pour leur expliquer leur projet.
⎯ Axelle m’a assurée que Scott et Kime sont partis sur
une planète lointaine. Elle pense que c’est celle sur la-
quelle elle est restée prisonnière. Céleste, j’ai vu maman
et elle m’a dit que si nous voulions les rejoindre, il fau-
drait construire un vaisseau spatial. Je crois qu’il est im-
portant de le faire sinon nos amis seront en danger. Qu’en
pensez-vous ?
Les trois garçons n’y avaient pas pensé et se question-
nent. Timofeï redresse la tête et dit fièrement :
⎯ Moi, je sais faire, mon père travaille au centre spa-
tial de mon pays. D’ailleurs, j’ai beaucoup étudié avec
84
lui, vous pouvez me faire confiance.
⎯ Oui, mais ton père, il fait des fusées qui tournent au-
tour de la Terre, alors que nos amis à des milliards de
milliards de kilomètres.
Timofeï rougit, cette remarque l’a vexé. Mais, Cléonisse
reprend avant que ça tourne au vinaigre :
⎯ De toute façon, personne ne sait faire un vaisseau
pour naviguer dans l’espace. Je pense que Timofeï en
connaît plus que nous tous et qu’il aura de bonnes idées.
Mais si on regardait un film comme "La Guerre des Etoi-
les", ça pourrait nous donner des idées. Axelle tu peux
demander à ta mère si on peut le regarder ce soir, demain
c’est samedi, on regarde toujours un film le vendredi.
Elle est d’accord. Le groupe se sépare et comme elle
l’avait imaginé, le soir après le repas, les enfants se font
projeter un film. Comme Axelle est très fine, Star Wars
est à l’affiche. Dans la salle de cinéma, le petit groupe se
rassemble alors qu’Harry met le film en route.
Il n’a pas vieilli et les enfants le regardent passionnément.
Pour Axelle il est d’actualité car son aventure passée est
du même ordre. Une princesse enlevée, des hommes par-
tis à sa recherche, c’est pour elle un peu son aventure en
raccourci. Les garçons à côté d’elle regardent avec atten-
tion les vaisseaux spatiaux. Bien sûr, ils ne pourront pas
fabriquer un croiseur de l’espace ni une étoile noire. Mais
le chasseur de Luc leur semble plus à leur porté. À la sor-
tie, ils disent aux trois filles :
⎯ On va construire un chasseur pour aller chercher nos
copains.
⎯ Rendez-vous demain, leur dit Cléonisse.
Le lendemain matin, juste après le petit déjeuner, le bruit
court parmi les enfants qu’un vaisseau spatial sera cons-
truit et chacun veut y apporter sa contribution. Devant les
moniteurs et Noèse, tous se sont promis le silence.
85
Comme les pensées font du bruit et s’entendent bien, in-
terdiction de penser au vaisseau dans l’école. Comme au-
jourd’hui, c’est samedi, journée libre, curieusement aucun
enfant ne se plaint ou ne demande à faire quelque chose
de particulier. Dans sa chambre, Timofeï et Moacyr font
les plans et calculent leur engin. Il sera moins grand que
le chasseur de Luc mais pourra transporter quatre enfants.
Avec Céleste et Cléonisse, il est décidé de le construire à
la limite de la forêt car ils seront moins remarqués. Harry
leur accorde d’aller au-dessus du laboratoire s’ils veulent
jouer, à condition de ne pas faire de bêtises. Chacun s’y
accorde et le promet. Vite, par groupe de quatre, ils se
retrouvent et commencent à tracer sur le sol la forme de
leur appareil. Comme ils n’ont pas de métal, ils rassem-
blent les branches d’arbres qu’ils peuvent trouver et
comme s’ils construisaient une cabane, ils commencent à
assembler les morceaux. Axelle et Cléonisse restent en
retrait des garçons plus actifs, mais elles participent en les
encourageant. À la fin de l’après-midi, l’ossature com-
mence à se former lorsque d’un coup ils paniquent en
voyant arriver vers eux Harry. S’imaginant le pire, ils le
regardent s’approchant de leur construction :
⎯ C’est pour ça que je trouve tout le monde bien actif
aujourd’hui. Votre idée de construire une cabane est su-
per. Elle a une curieuse forme mais vous vous débrouillez
fort bien. Il est cinq heures et demie et que le soleil se
couche, aussi je vous demande de rentrer, vous continue-
rez demain si vous le souhaitez !
Les enfants sont soulagés de savoir qu’ils construisent
une cabane. Leur plan est bon. Ils pourront continuer.
Lorsqu’ils reviennent sous le préau, Harry raconte aux
autres adultes ce que les enfants construisent et tous sou-
rient. De leur côté, les enfants pensent à la cabane afin de
brouiller les pistes avec Noèse qui sait toujours tout. Ce
86
soir après la veillée, les enfants se couchent comme si de
rien n’était, mais la nuit n’est pas terminée pour eux.
Alors que Noèse, Harry et Doora passent un mauvais
moment, comme toutes les autres nuits depuis que les
deux enfants ont disparu, Axelle, Cléonisse et Shanley se
relèvent pour trouver du matériel pouvant contribuer à
améliorer leur vaisseau. Il faut une montre ou un réveil
pour avoir l’heure. Il est aussi indispensable d’avoir des
sièges mais surtout, une boussole pour s’orienter dans
l’univers. Avec ça, ils seront parés et pourront voyager
partout où ils le voudront.
Toutes les trois à la porte de leur chambre, habillées, elles
se préparent à retourner dans les classes pour trouver le
matériel. Elles pensent être libres car mis à part Harry qui
les surveille, les autres grands dorment dans le pavillon.
Confiantes, elles sortent dans la cour. Personne devant
elles alors elles s’avancent vers le bâtiment, lorsque
qu’elles sont interpellées. Surprises, elles se retournent et
voient un individu étrange qu’elles ne connaissent pas.
L’homme n’a pas l’air méchant, il est assez mal habillé et
ressemble presque à un clochard en plus il paraît assez
vieux parce qu’il a une vielle barbe toute blanche et de
longs cheveux. Cléonisse se demande comment il a pu
entrer dans l’école alors qu’elle est normalement proté-
gée. Cela dit, il n’est pas question pour elles de crier et
demander de l’aide car leur plan serait sérieusement com-
promis. Cléonisse n’hésite pas à se rapprocher de lui,
mais il dégage une odeur terrible, il n’a pas dû se laver
depuis des années. Néanmoins, le regardant dans les
yeux, elle le questionne :
⎯ T’es qui toi ?
⎯ Je suis un vieil ami de ton père, je m’appelle No-
vam.
⎯ Pourquoi t’es là et comment as-tu fait pour venir
87
jusqu’ici ?
⎯ J’ai entendu dire que vous aviez un projet et je viens
pour vous aider à le réaliser.
⎯ Comment ça ?
⎯ Je dirais que d’où je viens, je peux tout savoir.
⎯ Et, d’où tu viens donc ?
Le vieil homme lève les yeux vers le ciel et commence à
dire comme un poème :
89
soires. Plus de temps à perdre, il faut aller déjeuner et le
rejoindre. Lorsque tous les autres enfants sont debout,
elles retrouvent le groupe des garçons et leur disent qu’il
faut retourner rapidement à la cabane. Passant devant
Noèse dans le réfectoire, leurs pensées ne sont que pour
la cabane, façon de les cacher. Même Axelle arrive à
tromper sa mère. Courageuse, Cléonisse vient vers Harry
pour lui demander l’autorisation de retourner à la cabane
pour continuer sa construction. Trouvant leur projet inté-
ressant et vraiment ludique, celui-ci accepte sans pro-
blème et leur propose de les aider. Mais, céleste lui ré-
pond :
⎯ Harry, on a tous trop envie de la faire nous-mêmes,
on voudrait que se soit par notre travail qu’on ait réussi à
la faire. Si on a des difficultés, on viendra te chercher.
⎯ De toute façon, les enfants, je ne serai pas loin de
vous, il ne faut pas que vous soyez vraiment seuls.
⎯ D’accord, on t’appelle s’il le faut.
Les six enfants sortent du réfectoire après s’être habillés
et remontent vers le bois. Cléonisse et Axelle appellent le
vieil homme, mais il ne répond pas. Lorsque Céleste leur
dit qu’il y a des choses étranges dans la cabane, elles s’y
précipitent. À l’intérieur de la carcasse dessinée, une hor-
loge, une boussole et quatre chaises sont déjà installées.
⎯ Même s’il n’est pas là, dit Axelle, Novam a tenu sa
promesse, on a les instruments qu’il nous faut pour nous
envoler. Bon, les gars, il faut continuer. Regardez, ça ne
ressemble pas à grand-chose pour le moment, on a trop
l’impression d’avoir construit une cabane. Il n’y a même
pas de plancher, c’est encore la terre. Il n’y a pas de mur,
mais juste des bouts de branche à travers lesquelles on
voit le ciel et l’herbe. Il faudra des fenêtres pour voir à
travers. Les garçons, vous devez chercher de plus grosses
branches pour rendre solide notre vaisseau. Nous autres,
90
les filles, on va aller à la cuisine et trouver du papier Cel-
lophane pour faire les fenêtres. On ramènera de la ficelle
pour bien tenir les morceaux.
Pendant que les filles sont reparties pour trouver d’autres
matériaux nécessaires, les garçons continuent leur ou-
vrage et décident de s’enfoncer dans les bois afin de ra-
mener d’autres grosses branches.
Noèse regarde les enfants se donner beaucoup de mal à
construire une cabane, elle voit sa fille, Cléonisse et
d’autres amies revenir vers la cuisine et se dit qu’il est
heureux d’être enfant, car ils semblent oublier très vite
leurs soucis, alors qu’elle se questionne sur la disparition
de deux enfants et que tout cela risque encore une fois de
remettre l’existence de l’école en cause. Malheureuse-
ment, aucune solution ne lui vient en tête et d’heure en
heure, tout s’aggrave. Bientôt elle devra avertir les pa-
rents et là, tout est à craindre. Néanmoins, pour faire plai-
sir aux enfants qui s’amusent, elle leur donne une pelote
de ficelle et un rouleau de Cellophane.
⎯ Construisez une belle cabane les enfants, vous me la
montrerez lorsqu’elle sera terminée.
⎯ Compte sur nous, maman.
Les filles remontent vers la forêt et rejoignent le chantier,
c’est là qu’avec surprise, elles trouvent les garçons avec
le vieil homme qui leur donne des conseils. Céleste leur
dit :
⎯ Il est super, votre ami Novam, regardez, il nous a
apporté plein de bois et il a même trouvé des planches.
On va pouvoir faire le plancher du vaisseau, c’est génial !
En effet, de grandes planches sont posées sur le sol et leur
appareil se dessine. Il doit bien mesurer cinq mètres. Ce
n’est pas tout à fait la taille d’un chasseur de la Guerre
des étoiles, mais enfin. Cela dit, les petits ont de bonnes
idées car ils ont pris deux longues branches qu’ils ont
91
courbées comme des arches et reliées à chaque extrémité,
et cela donne à leur construction un air élancé. Ils ont
commencé à recouvrir de bois les montants et cela de-
vient grandiose pour les enfants.
⎯ Le monsieur nous aide bien, Cléonisse, il casse pour
nous les branches trop grosses. Peut-être que demain on
aura fini.
⎯ T’emballes pas trop, Céleste, pour pouvoir décoller,
il faudra un moteur et nous ne l’avons pas encore.
⎯ Je croyais que maman t’avait dit comment faire.
⎯ Maman ma dit « Il n’est nul besoin de vouloir tra-
verser l’univers pour sauver vos amis, votre comporte-
ment, le don de tout ce que vous possédez et le service
que vous donnerez seront vos meilleurs atouts », ce qui
veut dire que ce n’est pas forcément avec notre engin
qu’on arrivera à les sauver.
Le visage de son frère se referme, cela le rend aigre, mais
Novam qui les a observés leur dit :
⎯ Ta maman a parfaitement raison, ma fille, sa parole
est de grande sagesse et c’est avant tout en vous en inspi-
rant d’elle que vous ferez des miracles autour de vous.
Mais il est possible que des actes peu communs soient de
grand service et puissent accomplir des miracles. Conti-
nuez à construire cet engin, mettez-y tout votre cœur,
vous ne le regretterez pas. Si c’était inutile, je ne serais
pas avec vous. Mais, peut-être devez-vous considérer vo-
tre ouvrage un peu différemment.
⎯ Comment ça, Novam ?
⎯ Imaginez qu’au lieu de construire un engin qui vole
dans l’espace, vous construisiez un vaisseau capable de
faire voyager vos pensées. Dans ses conditions, vous
n’auriez plus besoin de moteur, mais le carburant serait
votre imagination et là, pour vous, plus de limite à vous
92
déplacer partout.
⎯ Tu veux nous faire comprendre que notre engin ne
décollera jamais et qu’en nous mettant dedans et nous
racontant des histoires, cela suffira et que lorsqu’on en
sortira, ce sera comme si nous avions rêvé ?
⎯ Je n’ai pas voulu dire cela exactement. Mais comme
Peter Pan, vous devrez aller au pays de l’imaginaire.
C’est ce que l’humanité attend de vous, les enfants ; plus
tard, lorsque vous serez grands, arrachez les hommes à la
matière pour les guider vers le monde auquel leur cœur
les appelle.
⎯ Notre vaisseau sera simple, maman m’a dit que
c’est nous le moteur. Tu as raison monsieur, je com-
prends qu’avec nos rêves on puisse faire plus de chose
que dans ce monde difficile et dur. On va y arriver.
⎯ C’est bien, ma petite Cléonisse, je suis certain que
ce que vous faites sera très utile. Continuons le travail. Je
vois que vous avez apporté de la ficelle ; elle sera très
utile, il faut bien fixer les rondins et les planches. Tu sais,
dans l’espace les vaisseaux doivent être robustes.
Les enfants et Novam reprennent le travail et ils arrivent à
remplir les flancs avec du bois et de la paille. À l’heure
du déjeuner, ils repartent en vitesse pour manger et re-
viennent vite. Jusqu’au soir, le travail continue, enfin leur
appareil commence à ressembler à quelque chose. De
près, on croirait la reproduction de la cabine d’un avion
X15, l’avion ancêtre des fusées actuelles. L’avant de leur
réalisation est effilé, et sur le dessus, deux sortes de vitres
en de Cellophane font penser au cockpit d’un engin per-
formant. Bien que construit entièrement en bois, il a fière
allure. En tirant une trappe faite d’une planche vermou-
lue, on arrive à l’intérieur. Là, quatre sièges en plastique
auxquels on a retiré les pieds, sont posés par deux, côte à
côte. Devant eux, une horloge est attachée à un rondin et
93
une boussole est posée entre les sièges. Il n’y a pas
d’autres instruments, ni de commandes quelconques.
Fiers, tous les enfants admirent encore une fois leur en-
gin. Mais le soir arrive et Harry les appelle.
⎯ Tu viens avec nous, Novam, on va te présenter à nos
amis et à ma maman, elle sera contente de te revoir.
⎯ Axelle, je pense que ce n’est pas encore le moment
pour cela, rentrez chez vous, nous nous retrouverons plus
tard.
Tout heureux d’avoir réalisé cet engin en peut de temps,
ils rentrent avec le sourire. Mais, Timofeï et Moacyr ne
sont pas très satisfaits car cela ne leur semble pas fini.
⎯ Nous, disent-ils à Axelle, on reviendra cette nuit
pour terminer. Moacyr a une idée.
⎯ Vous êtes fous, si on fait du bruit, on nous remar-
quera et attention les problèmes.
⎯ Les filles, vous êtes des trouillardes, en dehors de
vos poupées et de vos jupes, vous ne faites jamais rien.
Lorsqu’Axelle entend cette remarque déjà machiste pour
un jeune enfant, elle sort de ses gonds instantanément :
⎯ Tu te prends pour qui, à dire ça ? on voit que t’es
jamais allé plus loin que ta base spatiale avant d’arriver
ici. T’as jamais mis les pieds dans l’espace, t’as jamais
bougé tes fesses ailleurs que dans le réfectoire de l’école.
C’est bien beau de critiquer, mais t’es qu’un gros nul, ja-
loux en plus. Lorsque comme moi, tu auras affronté Mal-
deï, la femme la plus ignoble de l’univers, tu pourras par-
ler. Je te prends au mot cette nuit. Rendez-vous au vais-
seau, tu nous montreras ce que tu sais faire et l’on verra
bien qui est capable de faire voler cet engin.
Vexé d’avoir été mis à mal par cette fille, Timofeï ré-
pond :
⎯ Je prends le pari avec toi. On se retrouve à minuit
94
devant le vaisseau.
Le groupe se sépare en deux ; les filles d’un côté, les gar-
çons de l’autre. Hélas, comme ils sont énervés, ils ne font
pas attention aux pensées qu’ils manipulent lorsqu’ils en-
trent dans le réfectoire et Noèse ressent leurs pensées.
⎯ Demain, dit-elle, il y a de l’école. Il n’est pas ques-
tion que vous sortiez. Harry sera vigilant cette nuit, je ne
veux pas d’histoires. Vous comprenez pourquoi, n’est-ce
pas, Axelle ?
⎯ Euh ! oui, maman. De toute façon, on est fatigués.
Noèse a entendu dans leurs pensées le conflit qu’il y avait
entre eux, mais ne s’imagine pas le plan qui se trame, leur
esprit reste entraîné au silence. Mais cela ne les freine pas
dans leur idée de s’affronter cette nuit.
96
la construction de bois qu’ils avaient tous réalisée. Et
c’est alors que les enfants assistent à une transformation
extraordinaire. Les planches et les bouts de bois ne se
mettent pas à flamber, mais ils se muent en métal pro-
gressivement. Toute la structure qu’ils avaient construite
devient bloc de métal pour certains éléments alors que les
vitres faites de Cellophane se transforment en verre ou en
plexiglas. Des étincelles jaillissent de partout et cela im-
pressionne les enfants qui prennent peur. Le bois s’étire,
les planches se joignent et le bois disparaît progressive-
ment. Au bout d’un quart d’heure, le feu qui entourait le
vaisseau en pleine mutation s’arrête et le pauvre Moacyr
qui semble avoir fait un effort surhumain s’effondre. Il
laisse sur le sol un engin dont le bois et les planches se
sont complètements transmués. Ce qui était la cabane
s’est transformé en un engin ressemblant à une grosse
boîte effilée. Mais sa peau n’est pas lisse car l’écorce du
bois luit de ses multiples rides couleur de bronze, ce qui
pourrait être un vaisseau donne l’impression d’un engin
sorti d’un autre monde. Le pauvre Moacyr se relève,
étourdi, et regarde ce qu’il vient de réaliser. Timofeï dit à
Axelle :
⎯ T’as vu ce que les garçons peuvent faire.
⎯ Alors, si tu es si doué, envoie le dans l’espace.
Le jeune garçon regarde l’appareil mais ne peut rien en
tirer. Il essaie de le pousser mais n’arrive même pas à le
faire glisser sur le sol. C’est alors que Moacyr lui dit :
⎯ Il faut que tu arrêtes, Timofeï, on n’est pas là pour
se battre, mais au contraire, si on a fait cet engin, c’est
pour sauver nos amis perdus dans l’espace. Axelle n’a
rien contre toi, alors que tu cherches comme à ton habi-
tude à créer la compétition entre nous, tout comme ça
s’est passé lors du match d’Overbase. C’est pas parce que
ton père travaille dans les fusées que tu en sais plus que
97
nous tous ; arrête.
⎯ C’est vrai, il a raison, tu es bien gentil mai, depuis
que nous construisons le vaisseau, nous ne te reconnais-
sons plus. Axelle n’a rien fait de mal, on a l’impression
que tu es jaloux d’elle depuis qu’elle est revenue.
Timofeï a les yeux rouges et comprend qu’il s’est laissé
prendre par de nombreuses pensées qui font du mal aux
autres et à lui en même temps. Repensant à ceux qui sont
perdus, il répond à Cléonisse :
⎯ Le sang de mon père parle dans mes veines, mais je
ne suis pas comme lui. Je ne suis pas russe, mais un en-
fant de la Terre et du ciel en même temps. Il faut que l’on
aille les chercher. Si Moacyr a réussi à terminer notre
vaisseau, c’est le moment de partir les chercher.
Céleste qui n’a rien dit, réagit alors :
⎯ Ne pleure pas Timofeï, car si tu n’avais pas poussé
tout le monde aux extrêmes, Moacyr n’aurait pas réussi à
faire cet engin et ce soir, nous serions dans notre lit alors
que peut-être que nos amis sont en danger. Moi, je crois
que si nous y pensons très fort, nos énergies conjuguées
feront que ce vaisseau décollera. Il faut que nous tous
pensions à eux et comme ma maman l’a dit à ma sœur,
restituons nos dons à tous ceux qui en ont besoin, ne gar-
dons rien pour nous. Pour ma part, je ne monterai pas
dans le vaisseau que nous avons construit, je préfère res-
ter ici en pensant à ceux qui pourraient s’envoler pour
aller les chercher. Maman m’a toujours dit que ceux
qu’on aime, restent à jamais proche de nous. Je pense que
cette parole suffit à nous faire voyager à l’autre bout de
l’univers.
⎯ Je ressens que tu dis vrai, petit frère. Je n’ai pas be-
soin de m’installer dans l’engin pour voyager, je reste
avec toi.
⎯ Je peux vous emmener dans le voyage de vos pen-
98
sées, dit Axelle, j’en ai la capacité. Qui veux prendre
place dans notre vaisseau.
C’est alors que Shanley qui n’avait encore rien dit ré-
pond :
⎯ J’aimerais m’envoler dans le pays de l’imaginaire,
j’aimerais m’installer aux commandes de l’engin. Je crois
que je rêve déjà de la planète où sont Scott et Kime. Re-
joignons-les maintenant. Timofeï, tu viens avec moi ?
⎯ Mais, je ne sais pas conduire les fusées, encore
moins ce vaisseau.
⎯ Là où je veux t’emmener, on a pas besoin de per-
mis, alors, monte avec moi.
Shanley ouvre la porte grinçante de l’appareil et pousse le
garçon à l’intérieur. Dedans, Timofeï s’affole :
⎯ Mais si on va dans le ciel, on va tomber.
⎯ Si tu as peur, tu sors. Je ne veux pas de poule mouil-
lée avec moi.
⎯ Euh ! non, c’est sûr, ça va aller.
Axelle pousse la porte, monte à cheval sur le nez de
l’engin et leur fait signe par la fenêtre. C’est à ce moment
que la boussole posée entre les sièges commence à
s’affoler et que Shanley dit à son compagnon de voyage :
⎯ Depuis que je suis à Keuramdor, j’ai compris que la
matière est le rêve le plus dur que nous puissions faire.
Oublie ce que tu as appris depuis que tu existes et écoute
en toi un autre refrain. Regarde la boussole et suis
l’aiguille qui t’indique le nord. Si elle tourne, tourne aus-
si, elle nous emmène vers nos rêves.
Timofeï la regarde qui s’affole de plus en plus et com-
mence à se laisser entraîner par elle, si bien qu’il oublie
qu’il est sur la Terre…
Les étoiles filent si vite que les yeux ne peuvent les sui-
99
vre. Lorsque la planète bleue apparaît, personne ne peut
imaginer que la Terre ait pu exister, tant elle en est éloi-
gnée et différente. Ce n’est qu’en se penchant par le hu-
blot que les enfants comprennent qu’un grand espace sé-
pare le rêve de la réalité. Ils se demandent dans quel
monde ils peuvent être. Soudain, ils aperçoivent assise sur
la proue de leur engin, Axelle qui parait le tenir avec ses
fines mains et le plus étrange est qu’ils semblent aperce-
voir dans son dos de fines ailes presque transparentes.
L’instant d’après, d’autres elfes la rejoignent alors qu’ils
sont à plusieurs centaines de kilomètres du sol. Aucun
d’eux ne semble manquer d’air, c’est un peu magique.
Quatre elfes attrapent à chaque coin l’appareil el comme
s’ils le portaient tous, l’emmènent vers la planète. Shan-
ley, et Timofeï sont totalement subjugué par ce qu’ils
voient mais en même temps, ils sentent qu’ils doivent res-
ter à imaginer et rêver. Ils ne savent pas où les emmènent
Axelle et les autres qui semblent ses amis, mais ils lui
font confiance et c’est alors qu’ils plongent vers la pla-
nète en visant une petite île au milieu de l’océan. Les
deux enfants à l’intérieur de leur construction se tiennent
comme ils peuvent à leur siège, tellement ils vont vite.
Peu après, ils aperçoivent un archipel. Il y a des arbres
ressemblant à des palmiers et des centaines de cabanes en
bambou. Enfin, doucement les elfes finissent de poser
leur engin sur le sable et c’est alors qu’Axelle vient leur
ouvrir la porte de leur magnifique vaisseau intergalacti-
que. Timofeï regarde la boussole qui paraît indiquer le
nord.
⎯ Ça y est, on est arrivé, sortez, vous serez mieux.
Axelle prend Shanley par la main pour l’aider à faire ses
premiers pas sur le sable d’une planète pour elle totale-
ment inconnue.
⎯ Venez, je vais vous présenter mes amis.
100
⎯ Tu as des amis ici ?
⎯ Bien sûr, nous sommes sur Elvy, la planète sur la-
quelle j’ai été retenue prisonnière. Ici, ils ont construit
leur ville. Ils sont à l’abri de Maldeï et en même temps ils
peuvent aider leurs familles restées prisonnières sur la
planète.
⎯ Pourquoi nous avoir mené jusque-là ?
⎯ Parce que Scott et Kime sont ici. Je crois que nous
devrions suivre Gybouss, il pourra nous expliquer.
Ils font quelques centaines de mètres pour arriver jusqu’à
une maison en bambou plus importante que les autres.
Shanley et Timofeï constatent qu’autour d’eux, qu’il n’y
a que des enfants ou des adolescents, mais leur visage
dégage beaucoup de sérieux, comme s’ils étaient plus
vieux que des adultes.
⎯ Pourquoi sont-ils tous comme ça, tous ses enfants ?
⎯ Pardon ?
⎯ Ben oui, ils ne rigolent pas trop !
⎯ Ce sont tous des elfes et tu dois savoir que les elfes
sont des êtres très sérieux et qu’ils sont toujours occupés
à aider les autres. Ils prennent leur mission avec le plus
grand sérieux et cela ne laisse pas trop le temps pour la
rigolade.
⎯ Et que fais-tu parmi eux ?
⎯ Je suis un elfe comme eux, c’est pour cela que nous
nous sommes retrouvés sur la planète. Allez, venez, on
est arrivé.
Pénétrant dans la grande maison, ils voient à table en
train de manger leurs deux amis. Remplis de joie, ils se
précipitent vers eux pour fêter leurs retrouvailles.
⎯ Vous nous avez fait peur, leur dit Shanley, pourquoi
êtes vous partis ? On a dû faire des choses incroyables
pour vous retrouver.
101
Scott ne sait pas quoi leur dire mais, Gybouss leur expli-
que :
⎯ Vos amis ont eu beaucoup de chance, car ils au-
raient pu se perdre pour de bon parmi les autres elviens et
même se faire enrôler de force parmi les soldats de Mal-
deï. Lorsque nous les avons découverts, ils étaient à San-
dépra, aux portes du palais. Par chance Abysse se trouvait
là et les a vus. Une foule se dirigeait vers le Palais car il y
avait une affiche qui indiquait qu’un couple de bêtes
curieuses était exposé dans la grande cour. Si notre amie
n’était pas intervenue, les gardes les auraient vite remar-
qués car plus aucun enfant ne se trouve dans cette ville,
ils ont tous été déportés ; d’ailleurs, nous en sommes le
résultat. Vos amis croyaient qu’il s’agissait d’animaux
extraordinaires, mais c’était en fait une folie de cette reine
machiavélique. On a vite vu que ces enfants n’étaient pas
d’ici et Abysse les a ramenés jusqu’à nous. Lorsqu’ils
nous ont dit qu’ils étaient de la Terre, on a vite compris
d’où ils venaient, on a fait la relation avec toi, Axelle, et
nous t’avons envoyé un message.
⎯ C’est pour ça qu’au fond de moi, je sentais qu’ils
étaient sur Elvy, c’est vous qui me le faisiez savoir ?
⎯ Tout à fait !
⎯ Pourquoi ne pouviez-vous pas les ramener jusqu’à
nous, j’ai moi-même pu participer à vous rejoindre ?
⎯ Ils sont arrivés en profitant de l’énergie de votre
groupe et sur Elvy, celle-ci c’était dissipée. Il est indis-
pensable qu’ils repartent de la même façon qu’ils sont
arrivés. Nous avons un grand travail sur Elvy et il risque
de se passer des choses importantes, nous ne pouvons pas
partir. C’est à toi, Axelle, avec tes amis de les ramener
sur la Terre.
Enfin, Scott ose prendre la parole :
102
⎯ Ce n’est pas notre faute, on voulait voir où tu étais
allée, Axelle. Si tu ne nous avais pas parlé de cette pla-
nète, on n’en aurait pas eu l’idée.
⎯ Vous vouliez tous savoir ce qui m’était arrivé, ce
n’est pas, pour me vanter que je vous l’ai dit. Vous saviez
que cette planète est dangereuse.
⎯ On le sait maintenant, on s’est bien fait gronder par
Gybouss. Il nous a expliqué ce qu’il leur était arrivé il y a
quelques années et comment ils ont été sauvés. Nous sa-
vons pour les elfes et on sait aussi pour toi.
Kime intervient :
⎯ Je ne veux plus faire de voyages dans l’espace. J’ai
eu trop peur ; si c’est avec nos dons qu’on peut faire ça,
c’est trop dangereux. Je crois que je vais commencer à
écouter ta mère.
⎯ Tous là-bas sont très inquiets, nous devons rentrer.
Nous avons construit un vaisseau spatial pour vous cher-
cher, nous avons dû faire beaucoup de travail pour vous.
⎯ Tu as raison, Axelle, rentrez au plus vite, ce sera
mieux pour tous. De toute façon, le moment venu, nous
nous retrouverons tous.
103
quiet, il se lève pour regarder si un enfant ne serait pas
debout. Faisant le tour des chambres, il voit la porte de la
chambre de Cléonisse, Shanley et Axelle ouverte et les
trois lits vides. Rapidement, il comprend qu’il se passe
quelque chose. Plus loin, c’est la porte de la chambre de
Céleste qui est ouverte. Alors, il se précipite jusqu’au pa-
villon de Noèse pour l’informer.
⎯ Tu dormais peut-être ?
⎯ Non, je tourne les idées dans tous les sens dans ma
tête sans trouver de solution. Hélas, demain je vais devoir
aller à la police pour faire une déclaration de disparition
et informer les parents. C’est pour ainsi dire la fermeture
immédiate et définitive de l’école. Ça n’aura été qu’un
trop beau rêve ; un rêve qui s’effondre à cause d’une idée
trop ambitieuse.
⎯ Je peux voir avec le FBI, il y a peut-être une solu-
tion.
⎯ Non, laisse tomber, je dois admettre que même avec
des pouvoirs surnaturels, on ne peut pas tout. D’ailleurs,
si Keuramdor pouvait continuer, je ne favoriserais plus le
développement des pouvoirs chez les enfants mais au
contraire, je leur démontrerais que ce n’est qu’avec la
force de son cœur, et celle de l’amour que tout est possi-
ble. Cette disparition m’aura au moins fait comprendre
cela. Hélas, c’est maintenant trop tard pour transformer
tout ça, la catastrophe est arrivée avec toutes ses consé-
quences.
⎯ Noèse, six enfants ont disparu du dortoir. Axelle est
parmi eux. C’est pour ça que je suis là.
⎯ Il ne manquait plus que ça !
⎯ Qu’est-ce qu’on fait ?
⎯ Je crois qu’ils sont à leur cabane… Attends. Bon
sang ! non ! ce n’est pas une cabane qu’ils ont construit,
104
je l’entends dans leurs têtes, c’est un vaisseau spatial. Ils
ont réussi à nous tromper, ils avaient camouflé leurs pen-
sées dans leur tête. Le pire est à craindre, vite, prend mon
4X4, on y va.
Ils sautent dans la voiture et foncent vers la forêt où les
enfants ont construit leur "cabane". En arrivant, Harry
freine sec car juste à ce moment, une sorte de veille engin
tout rouillé semble se poser à l’endroit où était leur cons-
truction. Ils sortent de la voiture et découvrent Céleste,
Moacyr et Cléonisse devant l’engin. Stupéfaite, Noèse
s’arrête net en voyant arriver du fond des bois un homme
qu’elle connaît trop bien et disparu depuis des années. Au
même instant, la porte du vaisseau s’ouvre et les visages
de Scott et Kime apparaissent avec Timofeï et Shanley,
mais elle n’a pas vu Axelle effondrée sur le sol, comme
ayant perdu connaissance. C’est Novam qui se précipite
vers la petite fille et lui donne des soins pour qu’elle re-
prenne vie. Harry le rejoint et la prend dans ses bras.
Bientôt, tous les enfants de l’école arrivent pour voir leurs
amis revenus. John s’occupe d’Axelle et la ranime mais
elle est très épuisée. Novam prend Noèse dans ses bras et
lui donne une bouffée de souvenir et de chaleur telle
qu’elle n’en avait pas reçu depuis un lointain passé.
Comprenant que les enfants avaient agi pour retrouver
leurs amis, Noèse ne trouve que des larmes pour faire
éclater sa joie. C’est uniquement grâce aux enfants que
les deux fugueurs sont de retour. Un peu plus tard, on
couche tous les enfants, et Novam l’étrange homme que
les enfants avaient rencontré au tout début de leur aven-
ture, est invité à rejoindre Noèse à sa maison et c’est là
qu’il lui raconte toute leur histoire. Noèse découvre que
c’est grâce aux amis elfes d’Axelle qu’ils ont pu être re-
trouvés et Novam lui explique :
⎯ Monadis m’a envoyé vers vous afin d’aider les en-
105
fants dans leur tâche. L’école de Keuramdor est un élé-
ment clef dans la grande bataille qui se prépare actuelle-
ment autour de la Terre. Je vais devoir rester avec vous
pour vous aider dans votre tâche car cette grande bataille
est l’occasion pour tous les hommes de pouvoir prendre
leur destin en main. Le salut ne viendra jamais du ciel,
mais ce sont ceux qui sont prisonniers dans cette matière
qui doivent eux-mêmes rompre leurs chaînes. Sinon, il
suffirait d’une baguette magique pour tout arranger.
⎯ Je commence à comprendre, Novam que les enfants
n’auront pas besoin de leurs dons pour trouver leur voie.
⎯ Ces enfants sont merveilleusement doués, mais,
parce que tu es douée, tu dois leur apprendre autre chose.
⎯ Oui, mais comment ?
⎯ Je suis là pour t’aider.
Noèse ferme les yeux et commence à comprendre. Très
fatiguée, elle peut s’endormir, avec l’assurance que
l’école est sauvée.
106
eliMINER NOVAM
Quelle bonne fin pour Noèse de retrouver
tous ses élèves. Sans l’aide des enfants, l’école aurait à
coup sûr fermé. Mais grâce à ces deux petits malins de
Scott et Kime, Novam, le grand sage est arrivé et il se
pourrait qu’il transforme l’école de Keuramdor. En effet,
cet homme pense que les dons que peuvent posséder les
enfants sont en fait des pièges qui les retiennent dans le
monde matérialiste de la Terre. Noèse en est aujourd’hui
aussi convaincue et prête à améliorer sa méthode de tra-
vail. Au lendemain du retour des deux garçons, elle
convoque sa petite équipe afin d’en discuter. Pendant ce
temps, les enfants organisent aussi une petite réunion à
leur façon, c’est avec Paolo Lugzi et Marie Zog qu’ils
font un bon repas avec des pizzas et des crêpes ; car pour
eux, c’est aujourd’hui la Chandeleur.
⎯ Dis, Moacyr, j’ai entendu dire que la maîtresse ne
veut plus que l’on utilise nos pouvoirs, elle pense que
c’est mauvais pour nous tous. Toi qui as fait des trucs su-
per, ne penses-tu pas que c’est un peu exagéré ?
⎯ Tu sais, Izam, si je n’avais pas transformé la cabane
en bois en vaisseau de fer, ça n’aurait rein changé, je
crois. Si on a pu ramener nos amis, c’est grâce à nos rê-
ves, rien de plus.
⎯ Mais, rêver est déjà un don. Tu t’imagines ne plus
rêver ?
⎯ Je crois que cette histoire nous a montré que le rêve
est un pas vers une autre réalité. Nous sommes tous per-
dus sur cette planète parce que nous avons oublié
qu’avant de naître, nous existions en rêve, c’est-à-dire
dans un autre monde.
⎯ Tu crois que le rêve est la porte vers un autre pays ?
107
⎯ Je le pense bien et il est possible que les mathémati-
ques l’expliquent ; déjà, j’ai des équations qui traversent
mon esprit.
⎯ Tu peux imaginer les rêves en formules ?
⎯ Même l’imagination est une formule ; tu ne savais
pas ?
⎯ Pas vraiment, pour moi, tout est lié à l’énergie, la
force qu’il y a dans la lumière. Moi, je crois que le soleil
est capable de nous donner tout ce dont on a besoin.
J’arrive presque à capter la force de notre étoile afin
qu’elle donne la force de vivre et de jouer.
⎯ Ça aussi, c’est une formule.
⎯ Et tu me dis qu’on doit abandonner nos dons alors
que tu sembles les utiliser à chaque seconde ?
⎯ Je pense que notre maîtresse a raison, mais il est
clair que si nous n’avions rien fait, la disparition de Scott
et Kime aurait tourné à la catastrophe. J’ai entendu dire
que l’école aurait fermé s’ils n’étaient pas revenus.
⎯ Alors, il ne faut pas qu’ils nous interdisent de ne
plus utiliser nos pouvoirs, il faut trouver quelque chose
pour les convaincre.
⎯ Oui, il faudra trouver quelque chose. Ne nous met-
tons pas la maîtresse à dos, mais nous devrons les persua-
der que c’est mieux pour nous.
⎯ Tu as raison, allez, en attendant, viens avec moi, si-
non, il n’y aura plus de crêpes, les autres ne nous ont pas
attendus.
Les deux garçons attrapent une ou deux crêpes qu’ils tar-
tinent de confiture et vont les dévorer dans un coin.
108
bien au contraire. Maintenant, si je leur dis que ce n’est
pas bien, ils ne vont plus rien y comprendre et malgré leur
jeune âge, ils risquent de se révolter. Nous n’avons pas à
faire à des enfants ordinaires.
⎯ Tu sais, Noèse, il faut les laisser faire leur choix,
c’est à eux de découvrir ce qui est le plus important. Tu
as raison, leur interdire d’exercer leurs dons serait dom-
mageable. Je pense que nous ne les éteindrons jamais,
mais c’est à nous de leur en montrer les limites. Ils conti-
nueront à faire leurs extravagances, mais ils les dépasse-
ront avec de la compréhension. Il n’est pas mauvais
d’avoir des pouvoirs surnaturels, s’ils ne sont pas forcés,
mais savoir qu’il y a un autre pouvoir plus important en-
core qui vient du cœur, c’est cela qu’ils devront décou-
vrir.
⎯ Novam, pourquoi es-tu parmi nous, est-ce pour faire
de nos enfants des êtres ordinaires ou, as-tu un autre
rôle ?
⎯ Je suis avec vous pour que ces enfants ne tombent
pas dans les mains de la nature du monde et pour qu’ils
ne soient pas repris dans le courant des êtres qui donnent
tous leurs dons à cette nature. Autrefois Jacques m’a dit
que sur la Terre, les gens doués usent de leurs pouvoirs
pour eux et même contribuent à enfoncer l’humanité dans
un matérialisme forcené. L’éducation de ces petits sera
dure, vous n’êtes pas nombreux, si tu le souhaites, je peux
rester le temps nécessaire pour vous aider.
⎯ Novam, au temps de la première conquête avec Jac-
ques, je vous ai beaucoup apprécié. Je me souviendrai
toujours du moment où vous m’aviez découvert seul et
blessée dans le vaisseau échoué sur la planète Unis, votre
aide m’avait été si précieuse. Je ne peux qu’accepter votre
proposition.
109
⎯ Tu lui fais confiance au vieux Novam ?
⎯ Tu sais, Izam, s’il n’avait pas été avec nous, je ne
suis pas certain que nous aurions pu retrouver Scott et
Kime. Moi, je pense que c’est un sage, il me fait penser à
ça, avec sa grande barbe blanche et ses longs cheveux.
⎯ Ouah ! Dumbledore est de retour !
⎯ Oh ! ça va, on n’est pas dans la magie et les sor-
ciers. J’ai entendu dire que cet homme est un poète et
connaît beaucoup de choses. Il ne semble pas posséder de
pouvoir quelconque.
⎯ Moi, je crois que son savoir est à lui seul un don et
je suis prêt à lui faire confiance. Je pense qu’il a beau-
coup de choses à nous apprendre. J’espère qu’il restera
avec nous.
⎯ Moi, je n’ai pas envie, je ne veux pas qu’il nous in-
terdise de faire des choses avec nos pouvoirs. Je vais re-
joindre mon groupe, il faut qu’on en parle.
Le petit Izam rejoint l’un de garçons des son clan, Lilo,
jeune enfant sans problème est toujours resté discret. Le
prenant à part, il lui raconte que le vieux Novam est venu
pour leur enlever tous leurs pouvoirs et qu’il faut faire
quelque chose en urgence afin que son plan soit arrêté. Le
jeune Lilo, si effrayé d’imaginer devenir un enfant ordi-
naire, s’accorde avec Izam afin que cela ne se fasse pas.
Un peu plus tard, ils retrouvent Abbas et York. Tous les
quatre persuadés qu’ils sont en danger, décident de
s’organiser et de préparer une riposte contre le vieux No-
vam. Il faut qu’il quitte Keuramdor le plus vite possible,
ainsi, ils conserveront leurs pouvoirs intacts. Un plan se
met en place dans leur tête et c’est alors qu’ils décident
de provoquer une réunion pour leur clan. Il est décidé
après avoir contacté les autres qu’ils se verront tous de-
main après le déjeuner du midi ; là en général, ils ont une
110
heure et demie pour se retrouver…
113
⎯ Bof ! Depuis que j’ai quitté ton groupe, je m’ennuie
un peu dans le cercle des Ethernautes ; tu penses que ce
serait possible d’y revenir ?
⎯ Je croyais que tu étais amie avec Axelle et Cléo-
nisse. Tu ne t’entends plus avec elles ?
⎯ Oh ! si, toujours très bien, mais elles n’aiment pas
prendre des risques alors que j’aime cela, au contraire. Je
crois que dans ton cercle, les garçons majoritaires sont
plus téméraires et ça me manque. Je pense que tu ne
t’ennuies pas avec eux. Tout à l’heure, je t’ai vu sortir en
bande avec eux, j’ai l’impression que vous faites des cho-
ses bien !
⎯ Tu parles, il y a des moments où je ne me reconnais
pas en eux.
⎯ Ah ! oui, pourquoi ?
Moacyr se dit à ce moment qu’il en a peut-être déjà un
peu trop dit. Ce n’est pas qu’il apprécie la décision prise
dans son cercle, mais ce n’est pas un traître et il n’est pas
question pour lui de dévoiler l’engagement pris au-
jourd’hui. Si Shanley devait apprendre leur secret, il est
certain que vite, Axelle le saurait et que leur plan pourrait
tomber à l’eau. Si le cercle des Ethernautes apprend qu’ils
ont décidé de chasser Novam de l’école, c’est sûr qu’ils
s’y opposeront.
⎯ Oh ! rien, c’est que parfois, les autres du groupe
m’agacent de vouloir faire le chef alors qu’ils n’en sont
pas forcément capable ; c’est tout.
⎯ C’est tout ! Mais, qu’avez-vous fait ce midi derrière
la salle cachée du préau ?
⎯ On se demandait si nous devions reprendre
l’entraînement de l’Overbase ; on veut vous inviter à une
partie lorsque le printemps arrivera.
⎯ Ouah ! c’est une bonne idée, j’adore ce jeu. Tu
114
comprends pourquoi j’aimerais revenir dans le cercle.
⎯ Oui, un peu.
⎯ Tu peux poser la question aux autres membres du
cercle, j’aimerais qu’ils y réfléchissent.
⎯ Ça peut se faire, je te promets d’aller voir les autres
rapidement ; je te ferai savoir ce qu’ils en pensent.
⎯ Si tu le fais, je te promets que je préparerai une sur-
prise, rien que pour toi.
⎯ Finalement, t’es pas si mal. Je veux bien te voir plus
souvent.
Shanley lui fait un baiser sur la joue et s’éclipse aussitôt.
Moacyr rêve encore à la caresse sucrée qu’elle vient de
lui faire avec ses lèvres et il part rejoindre quelques
membres de son cercle. Toujours pris par l’amour des
chiffres, il pense aux nombres de secondes qui peuvent le
séparer du prochain baisser qu’il compte encore recevoir
d’elle et il se dit que s’il arrive à la faire revenir dans son
cercle, il se pourrait qu’ils puissent rester ensemble de
longs moments.
115
chant pour moi.
⎯ Ça, je sais, je t’ai vu lorsque tu l’as embrassé.
⎯ Et alors ?
⎯ Rien.
⎯ T’es jalouse, t’aurais aimé que ce soit toi qui
l’embrasses.
⎯ Tu n’y es pas du tout, je pense à leur plan, il faut
que nous en sachions plus. Je veux savoir comment ils
veulent s’y prendre et pourquoi ils ne veulent plus de lui.
⎯ De toute façon, je lui ai demandé s’il pouvait voir à
ce que je retourne dans leur groupe, il m’a assurée qu’il
allait s’en occuper et je suis certaine qu’il va y arriver.
⎯ Oh ! C’est certain, il est amoureux de toi, je le sais,
je l’ai lu dans ses pensées.
⎯ Et alors, c’est pas interdit, si ça peut nous aider.
⎯ Oui, mais, toi ?
⎯ Quoi, moi, qu’est-ce que tu veux dire ?
⎯ Es-tu amoureuse aussi ?
⎯ Laisse tomber, je fais ça pour que l’on sache ce
qu’ils préparent. Bon, je vais rejoindre Chad, il paraît
qu’il a reçu des nouvelles du pays par un courrier de ses
parents. Je t’abandonne, à plus tard.
Lorsqu’Axelle regarde partir son amie, rien ne va plus
dans sa tête. D’abord, elle s’inquiète de savoir que No-
vam est en danger avec les Maternautes. Mais le pire,
c’est qu’elle sent qu’entre Moacyr et Shanley se crée un
lien qu’elle ne comprend pas. Sans s’en apercevoir, un
soupçon de jalousie s’installe au fond d’elle.
Depuis quelque temps, elle regardait avec attention le pe-
tit garçon et voilà que sa meilleure amie se met devant
elle et ça, c’est nouveau pour Axelle. Elle ne s’était en-
core jamais imaginée devenir amoureuse. Tout cela la
trouble ; un elfe, peut-il devenir amoureux d’un humain ?
116
À ce moment, Noèse la bouscule et lui dit :
⎯ Personne n’échappe à l’amour, ma fille, mais, tu es
encore jeune, rassure-toi, tu as encore beaucoup de temps
pour y réfléchir et connaître ces sentiments humains.
⎯ Mais, suis-je humaine, maman ?
⎯ Même elfe, tu es ma fille. Ton corps, plus tard, ren-
contrera ces problèmes. Les amours d’enfants sont des
jeux sans conséquences, ne t’en fais pas.
118
n’aime pas que ses deux amies ne soient pas avec elle.
Bien sûr, Axelle semble lui faire la tête, mais enfin,
même Cléonisse n’est pas là.
119
ma maman a tout abandonné pour sauver l’humanité, fai-
sons la même chose, tous les garçons seront à nos trous-
ses pour que nous les emmenions avec nous. Si tu es
amoureuse, soit le pour ce que tu aimes faire, pas pour un
garçon. Si tu es faite pour donner de l’amour, fais-le pour
tous, pas pour un seul. Moi, je t’aime, comme une sœur et
je ne veux pas que tu sois malheureuse. Souris-moi,
viens, on va faire des bêtises cette nuit. On ne se couchera
pas et demain, on se fera attraper par ta mère ou par Har-
ry, mais qu’est-ce qu’on aura rigolé. Prends ton manteau
et suis-moi.
Le visage d’Axelle se redresse et elle lui fait un sourire.
Elle attrape son manteau et dit à son amie :
⎯ Ce soir, on sort de la bulle de protection et on va
appeler les étoiles. J’ai envie de crêpes, si on allait s’en
faire dans la cuisine.
⎯ Ça me va ton plan, laissons Shakespeare, j’aime pas
la nourriture anglaise.
Axelle éclate de rire et elles vont vers la cuisine. Si peti-
tes soient-elles, elles arrivent à se faire des crêpes qu’elles
sucrent et enveloppent dans une serviette, et elles repar-
tent vers la porte d’entrée de l’école. Là, Axelle qui
connaît comme tous les elfes les secrets de leur magie,
perce un passage dans la barrière invisible et sort avec
son amie. Enfin, dehors, elles regardent les étoiles en
pensant à ceux qui sont à l’autre bout de la galaxie. Cléo-
nisse pense à sa maman et son papa, partis si loin, tandis
qu’Axelle rêve au monde qu’elle avait vu lorsqu’elle y
était. Elle revoit cette dame si gentille et si puissante qui
l’avait prise avec elle pour la protéger ; elle s’appelait
Néni. Toutes les deux envoient une puissante pensée à
travers l’espace, rêvant que celle-ci soit captée par ceux
qu’ils aiment. Enfin, écoutant résonner les étoiles dans
leur cœur, elles s’assoient sur l’herbe fraîche et dégustent
120
leurs crêpes sous la lumière de la voie lactée. Elles résis-
tent au sommeil pour montrer aux autres enfants qu’elles
sont bien plus résistantes que ceux qui prétendent être des
chefs.
Au petit matin, lorsque les moniteurs font l’appel dans les
dortoirs, ils s’aperçoivent qu’il manque deux enfants.
Cléonisse et Axelle ont disparu. Noèse avertie sort immé-
diatement et on lui fait signe qu’il y a quelqu’un à la porte
de l’école. S’y précipitant, elle voit devant l’entrée Cléo-
nisse et Axelle.
De loin, les autres enfants regardent par les fenêtres ce
qu’il se passe. Ils entendent la directrice gronder très fort
les deux filles et les remuer avec vigueur. Chacun com-
prend qu’elles ont désobéi…
121
LA MAGIE DE NOVAM
Depuis quatre jours, aucun événement par-
ticulier ne s’est passé à Keuramdor, mais Axelle et Cléo-
nisse ne sont plus amies avec Shanley depuis qu’elles ont
appris, de retour de leur balade nocturne qu’elle avait re-
joint le cercle de Maternautes, et ils l’ont vue entouré de
tous les garçons de ce clan et surtout tenant la main de
Moacyr.
Lorsque Noèse les a ramenées à l’école en les tenants par
le col, devant tous les enfants, elle a rappelé à tous les
règles de vie fondamentales de l’institut :
⎯ Vous êtes tous des enfants doués, mais il y a des rè-
gles pour tous et personne n’y échappe.
Règle numéro un : chacun doit le respect envers son pro-
chain.
Règle numéro deux : ici, on ne vole pas, chacun se doit
d’être honnête.
Règle numéro trois : les enfants doivent obéir à leur maî-
tre, aux éducateurs et au personnel de l’établissement.
Règle numéro quatre : il n’est en aucun cas permis
d’utiliser ses dons contre une personne, un enfant ou tous
les membres vivants dans notre école.
Règle numéro cinq : aucun enfant ne peut quitter
l’enceinte de l’école et encore moins la nuit.
Si vous n’obéissez pas à ces cinq règles de base, je devrai
vous reconduire chez vous. Les portes de l’école vous
seront définitivement fermées. Suis-je bien claire mes
petits ? Il s’est passé de nombreux événements qui ont
mis en danger notre école ces dernières semaines. Déso-
béir peut mettre tout le monde en danger, nous avons vé-
cu des événements graves à Noël et nous ferons tout pour
que plus rien ne se passe contre vous. En respectant ce
122
que je vous demande, vous préservez notre école. Cet
avertissement est valable pour tout le monde, même pour
ma fille et ma nièce et comme il m’est impossible de les
exclure de l’école, elles seront punies durant quatre jours,
sans voir un ami pendant tout ce temps.
Tous les enfants regardent effrayés Noèse qui ne semble
pas plaisanter. Jamais ils ne l’avaient vu aussi en colère
que maintenant.
129
MATCH A KEURAMDOR
133
De loin, depuis la forêt, les hommes qui observent les en-
fants s’entraîner au baseball, s’amusent. Ils se disent que
si c’est ça, les surdoués, ils n’auront aucun mal à les neu-
traliser. Depuis qu’ils les voient courir, ils s’en amusent
et se demandent pourquoi leur chef leur a fait subir un
entraînement si terrible. Plusieurs jours dans le désert,
ensuite dans les grands froids polaires, puis à passer des
heures et des heures dans l’eau du pacifique, entouré de
requins. Des séances de combats à main nue et ensuite du
tir sur cibles vivantes. Ce sont maintenant des hommes
rompus au combat et à l’attaque, pas forcément les plus
musclés, mais leur mental est en acier et ils sont prêts à
résister aux coups les plus terribles. De plus, le fait que
chacun touchera un million de dollars lorsque l’objectif
de Paolis sera réalisé, les motive totalement. L’attaque est
prévue dans quatre jours, le temps que tous les hommes
aient pu passer la barrière magnétique.
142
cet après-midi.
⎯ Maman, je ne voudrais pas qu’il leur arrive la même
chose qu’à moi. Là-bas, j’ai parfois souffert. Ne les lais-
sons pas seuls, retrouvons les.
⎯ Tout sera fait, je te promets. En tout cas, vous avez
tous été formidables aujourd’hui. Sans vous, nous
n’aurions pas pu repousser tous ces hommes. Jamais des
enfants de votre age ne se sont battus comme vous. Là
vos pouvoirs, vos dons ont été utilisés à la perfection.
⎯ Tu sais, maman, lorsque nous nous sommes retrou-
vés contre eux, nous n’avions plus notre tête ; c’était
comme si notre corps était qu’un seul. Nos bras et nos
têtes faisaient partie d’une même chose. Nous avions ou-
blié notre vie et notre personne.
Noèse ferme les yeux et pense à leur découverte. Ces en-
fants connaissent l’unité parfaite ; ils sont bien plus en
avance que tous les hommes de cette planète ; ils nous
emmèneront très loin…
143
KIDNAPPES, ENVOLLES !
144
pensées se reflètent sur les murs. La petite fille réfléchit
et comprend qu’ils sont dans une pièce complètement iso-
lée du monde extérieur et même de l’univers, tout comme
la salle neutralisée de Keuramdor. Cette fois, elle com-
prend bien :
⎯ Ce type qui vient est comme maman, il connaît des
tas de choses et il a compris que si nous étions enfermés
dans un endroit comme ça, personne ne pourrait nous
trouver. Je ne sais pas pourquoi il fait ça, mais on risque
de ne jamais ressortir de là.
⎯ On s’en est toujours sortis, il n’y a pas de raison que
là, on n’y arrive pas.
⎯ Tu as vu tous ces hommes qui sont sortis du bois ?
la dernière fois que ce gars m’a prise, il était seul. Main-
tenant, il y a presque une armée avec lui.
⎯ Oui, mais tu as vu la déculottée qu’on leur a mis !
⎯ On avait de la chance qu’ils ne soient pas armés.
⎯ Pouf ! Moacyr aurait fait fondre leurs armes, c’est
certain.
⎯ Ils l’auraient tué avant qu’il ne le fasse.
⎯ Oh ! ça va, je ne sais pas pourquoi tu es comme ça,
d’habitude, tu es la première à trouver des idées et nous
remonter le moral. Tiens ! as-tu le sifflet de maman sur
toi ? c’est l’occasion de nous en servir, nous sommes
vraiment en danger. Elle nous a dit de l’appeler si nous
avions besoin d’elle. Là, c’est le moment. Donne-le-moi,
je vais essayer.
⎯ Oui, je l’ai, mais tu me laisses faire, peut-être que ça
marchera.
Dans le noir, Cléonisse trouve son sifflet dans le fond de
sa poche et le pose sur ses lèvres. Comme à son habitude,
elle souffle avec légèreté dedans. Rien ne se passe pour le
moment. Elle recommence, pensant qu’elle s’y est mal
145
prise, mais pour la deuxième fois, rien n’en sort et rien ne
se passe. Encore une fois, elle insiste mais l’instrument ne
sort que des bruits étranges, des sifflements aigus et dis-
harmonieux. Cléonisse ne comprend pas, elle avait si bien
appris à le maîtriser qu’elle ne s’imagine pas qu’il ne
puisse rien produire, même la musique qu’il émet est
ignoble. Alors elle le jette au sol et se met à pleurer. Son
frère est déçu, mais il reste positif dans sa tête quand elle
lui dit :
⎯ Cette pièce est piégée, on ne peut pas en sortir,
même maman ne peut pas nous entendre. On va mourir
ici. Ce sifflet ne sert plus à rien.
⎯ Tu exagères, je suis sûr que quelqu’un viendra nous
chercher.
Chacun part dans son coin sans plus se parler. C’est alors
que Céleste qui depuis des mois est resté discret, passant
toujours derrière les autres, sent sous pied le sifflet et le
ramasse. Il n’a jamais soufflé dedans ; il ne sait pas quel
son peut en sortir, c’est toujours sa sœur qui l’utilisait
jusqu’à présent. Il se dit :
« Et si je pouvais aussi faire de la musique ; pourquoi
pas ! »
Alors, il pose le sifflet sur ses lèvres et pense à un air de
flûte qu’il avait entendu, surtout une fois lorsque avec son
père il était allé voir à l’opéra, "La flûte enchantée". Il
prend une longue inspiration un long moment en pensant
avec force à sa maman, sans relâcher l’air de ses pou-
mons. Et d’un coup il se met à jouer avec l’instrument la
légendaire mélodie de cet opéra, s’imaginant dans la peau
de Papageno. Le sifflet se transforme en flûte de façon si
fabuleuse que tout l’air de la pièce noire se met à vibrer et
s’illuminer. Une musique mélodieuse emplit les oreilles
de sa sœur et tout devient lumineux autour d’eux. Les
murs se transforment et deviennent des glaces où brillent
146
des milliers d’étoiles. Toute la pièce se met à tourner sur
elle-même et les enfants se sentent aspirés vers une porte
improbable qui les emmène vers un lieu inconnu ; ils sont
comme des oiseaux volant sur l’air de la flûte enchantée.
Céleste ne se laisse pas impressionner et continue de
jouer avec son sifflet magique, si bien que quelques se-
condes plus tard, ils se retrouvent dans un autre monde,
face à celle qu’ils espéraient tant…
⎯ Maman, nous ne t’espérions plus, nos cœurs
t’entendent et te pleurent. Nous avons besoin que tu nous
aides.
Cléonisse et Céleste apparaissent devant elle. Elle est fort
surprise mais aussitôt, elle se ressaisit de sa méditation.
Elle se rappelle bien que le sifflet qu’elle leur avait donné
avait certains pouvoirs, mais c’est elle qui l’avait rendu
ainsi avec sa magie intérieure. Cet instrument semble
obéir à son propre système. Mais le plus curieux est
qu’habituellement, c’est elle qui semble se déplacer. Là
ses deux enfants apparaissent devant son vaisseau, face à
sa table de pierre. Tous les trois se précipitent les uns vers
les autres. Des larmes coulent, ce sont des retrouvailles
formidables. Cléonisse et Céleste n’en finissent pas de
faire des câlins, mais leur mère finit par leur demander :
⎯ Pour quelle raison êtes-vous ici, y a-t-il un problème
qui vous fasse traverser l’univers ?
⎯ Mais, maman, tu nous as donnés ce sifflet pour que
nous t’appelions si nous avons un problème et là, c’est
important. Nous avons été enlevés par la même personne
qui l’avait déjà fait. Cette fois il s’est associé à des hom-
mes qui ressemblent plus à des malfrats que des extra-
terrestres. Ils sont venus nous chercher alors que nous
disputions un match sur le terrain de l’école. Ils ont réussi
à passer la porte par surprise et ont obligé Axelle à
l’ouvrir pour ressortir. Nous sommes montés dans leur
147
vaisseau, mais nous n’avons pas traversé l’univers. Je
pense que nous sommes en Provence, l’odeur de la la-
vande y est trop forte. Ils nous ont enfermés dans le noir
dans une pièce totalement isolée du monde. Nous ne pou-
vons pas communiquer par télépathie. Heureusement que
Céleste a insisté avec le sifflet, il s’est mis à jouer si bien
qu’il a réagi malgré la prison dans laquelle nous sommes
enfermés. Mais on a peur, le type n’a pas l’air de plaisan-
ter.
Leur mère paraît troublée par leur enlèvement. Elle
connaît leur agresseur, Paolis était dans son temps un bon
médecin sur Natavia, l’ombre de Maldeï rode au-dessus
de lui. Mais elle ne peut agir pour eux, elle se demande ce
qu’elle pourrait faire pour les aider. Cette nouvelle est
très grave, mais isolé sur une planète à des dizaines de
milliers d’années lumières elle ne voit pas de solution
pour l’instant. Céleste toujours discret fait un signe à sa
mère :
⎯ Dis, maman, pourquoi tu parais soucieuse. Je ne
vois pas en quoi il y a un problème. Cléonisse a l’air affo-
lée. Nous sommes avec toi maintenant, c’est le principal.
Ce type ne peut plus nous atteindre !
Aqualuce se questionne et réfléchit. Elle les regarde. Ses
enfants paraissent bien présents devant elle, mais comme
elle l’avait toujours fait précédemment, ce n’était que son
image qui se déplaçait dans l’espace. Pourquoi en serait-il
autrement aujourd’hui. Elle répond à son fils :
⎯ J’aimerais que ce soit possible, mais ce n’est que
votre image qui est devant moi. Votre corps est encore
sur la Terre dans la prison dans laquelle vous ont enfer-
més ses hommes.
Céleste la regarde avec étonnement et se dit que c’est
faux et lui fait remarquer :
⎯ Mais, maman, si je n’étais qu’une image devant toi,
148
je n’aurais aucun pouvoir sur ce qui m’entoure. Regarde
un peu :
Alors, le petit garçon attrape un caillou qu’il lance sur sa
mère. Aqualuce le prend dans le visage et du sang coule
aussitôt sur son front. Elle regarde son fils un instant sans
rien dire. L’enfant voyant sa mère saigner un peu com-
mence à avoir peur. Mais d’un coup il la voit se précipiter
vers lui. Elle l’attrape fermement dans ses bras et le serre
très fort. Le pauvre s’en étouffe presque. Mais pour
Aqualuce, c’est le plus grand moment de bonheur car elle
retrouve vraiment ses enfants laissés sur la Terre depuis
six mois au moins. Cléonisse voit son frère sombrer dans
la joie des retrouvailles et elle se précipite vers eux. Juste
après, Céleste demande :
⎯ Maman, tu ne pars plus sans nous, c’est fini, on
reste avec toi ?
⎯ Plus jamais je ne vous quitterai, c’est terminé pour
de bon.
Aqualuce ne pensait pas qu’en rêvant de ses enfants et
comprenant l’amour qu’elle leur devait, cela la rappro-
cherait aussi vite d’eux. Cléonisse attrape le sifflet que
son frère tient encore dans une main et le casse en deux.
Céleste la regarde stupéfait et lui dit :
⎯ Pourquoi as-tu fait ça, nous pourrions en avoir be-
soin ?
⎯ Non, si maman est là c’est pour rester avec nous. Si
j’avais gardé le sifflet, elle pourrait repartir.
Aqualuce voit ses enfants se chamailler et cela la rassure.
Leurs cris sont des musiques que ses oreilles avaient
presque oubliées et cela la rend heureuse. Cléonisse se
retourne vers elle et la regarde :
⎯ Maman ! tu ne peux plus cacher ton ventre, il est
trop gros, qu’est-ce qu’il y a dedans ?
149
⎯ Votre futur frère et votre nouvelle sœur !
Ils se regardent tous les deux et viennent la câliner encore
plus fort. Toute cette journée ne semble pas finir et les
enfants ne voudraient jamais plus se soucier de l’avenir.
Le soir, Aqualuce les couche dans une des cabines du
vaisseau. Ce sera leur nouvelle chambre. Les deux en-
fants sourient, mais une idée les oblige à penser très fort à
leurs amis restés sur Terre et qui de façon certaine
s’inquiètent pour eux.
⎯ Pourvu qu’ils ne nous imaginent pas morts, il faut
les avertir, il faut qu’ils sachent que nous sommes en sé-
curité avec maman.
C’est alors qu’une nouvelle angoisse les prend avant de
s’endormir. Ils se disent que de là où ils sont, il faut les
aider, le mauvais Paolis pourrait revenir pour prendre
d’autres enfants qui n’auront pas la chance de se sauver
grâce à un sifflet. Ainsi, d’une idée commune, ils se met-
tent à penser aux autres et ils chantent leur amour pour
tous leurs amis, pensant que leur chanson arrivera jusqu’à
eux. Leur mélodie est ainsi :
150
ESPOIR DE REVANCHE
Axelle entend nettement dans sa tête une
chanson chantée par ses deux amis disparus. C’est alors
qu’elle comprend qu’ils ont fui ceux qui les avaient pris.
Peu de temps après, Noèse vient la voir :
⎯ Maman, Cléonisse et Céleste se sont enfuis de chez
les méchants, je l’ai entendu dans ma tête.
⎯ Je viens te voir parce que j’ai perçu la même chose
que toi.
⎯ As-tu entendu leur chanson ?
⎯ Comme toi et je sais qu’ils sont avec leur mère. Je
ne sais pas comment ils ont pu traverser l’univers, mais
ils sont en sécurité maintenant.
⎯ Le sifflet magique les a emmenés avec lui, c’est cer-
tain, ils n’arrêtent pas de le chanter.
⎯ Je pense que leur maman y a aidé, c’est tant mieux
pour eux, mais nos problèmes ne sont pas réglés. Si ceux
qui sont venus les kidnapper s’aperçoivent de leur dispa-
rition, ils tenteront d’autres actions contre nous. Ils ont
réussi à pénétrer dans l’école et ils recommenceront.
⎯ Maman, on est petits, mais tu nous as vus nous dé-
fendre contre eux. Nous sommes capables de les retrou-
ver et de leur donner le désir de ne plus jamais recom-
mencer. Je suis un elfe et avec mes autres frères nous les
retrouverons. Je te promets que nous ferons ce qu’il faut,
ce sera l’occasion de nous assurer que Céleste et Cléo-
nisse ne sont plus avec eux.
⎯ Tu as de l’école, je n’ai pas envie que tu coures en-
core vers le danger. Tu as déjà eu beaucoup de chance de
pouvoir t’échapper des griffes de cette Maldeï sur l’autre
planète.
⎯ Mais je ne suis pas tant enfant que tu le penses, je
151
dois m’en occuper.
⎯ Je suis ta mère et tu dois m’obéir.
La petite fille baisse les yeux, mais Noèse sait déjà
qu’elle n’en fera rien, cet enfant n’en n’est pas un, elle le
sait trop bien…
158
LA FIN DU MATCH !
Ce dimanche, Axelle est décidée et aussitôt
après le petit déjeuner, elle regroupe tous les membres de
son équipe, afin de leur annoncer le départ de sa mère
ainsi que le voyage prévu dans plusieurs semaines les
conduisant jusqu’en Amérique. Tom, qui est américain se
dit qu’il pourrait revoir ses parents avant les grandes va-
cances, il est enthousiaste à cette idée. Les autres rêvent
de découvrir l’Amérique. Seulement, elle leur dit que sa
mère doit aller convaincre chaque famille de les laisser
partir et ce n’est pas gagné. Et elle explique que pendant
l’absence de sa mère, elle compte aller retrouver les
hommes qui sont venus prendre Cléonisse et Céleste afin
de leur donner une bonne leçon. Là, tous approuvent et se
demandent pourquoi elle n’y avait pas pensé avant.
⎯ Maman compte sur moi pour qu’il ne vous arrive
rien, elle ne souhaitait pas que je prenne des risques, mais
comme elle a décidé avec les autres de nous emmener là
où ils feront la guerre contre notre ennemi, je crois que
nous pouvons aussi faire notre guerre. Nous avons six
jours devant nous pour aller dans leur repère et revenir. Je
compte bien qu’ils n’oseront plus jamais venir nous cher-
cher des noises.
C’est là qu’elle expose son plan auquel elle réfléchit de-
puis presque un mois :
⎯ Je sais par mes amis les elfes que le camp de Paolis
et de ses sbires se trouve dans l’arrière-pays provençal,
au-dessus de Nice. Ils ont investi un vieux château en
ruine qu’ils ont aménagé en camp d’entraînement. C’est
là qu’ils ont fait prisonniers nos amis et c’est là que je
compte venir les chasser. Je sais qu’ils sont bien entraî-
nés, mais l’avantage que nous aurons, c’est qu’ils ne nous
159
attendent pas, bien au contraire, ils pensent surtout à venir
nous surprendre et ils ne se méfient pas, c’est notre
chance. Je pense que nous aurons besoin de nos amis Ma-
ternautes, ils ont été tout aussi efficaces que nous lorsque
nous nous sommes battus avec eux l’autre fois. Demain
ma mère part avec Clara et Christopher, je pense que
nous devrons y aller mardi en début de nuit. Notre chance
ce sont les vacances maintenant et que nous sommes un
peu plus libres ; de toute façon nous ne serons pas très
longs, j’ai mon idée.
Comme le dimanche est une journée libre et
qu’aujourd’hui est une agréable journée de printemps,
après le repas de midi tous les enfants se retrouvent dans
le parc de l’école pour faire des jeux ; mais le mot est
donné à tous que quelque chose se prépare et qu’ils doi-
vent se réunir discrètement autour des balançoires en fai-
sant attention qu’aucun adulte ne soit trop proche d’eux.
La chance est avec eux car, occupée à préparer son dé-
part, Noèse réunit autour d’elle ses collaborateurs, ses
amis, afin d’organiser l’école durant ses quelques jours
d’absences. Il ne devrait rester qu’Harry, Doora et John
avec un peu de personnel pour encadrer les enfants. Il n’y
a que Martin, un des éducateurs, qui est resté avec les en-
fants. Comme les balançoires sont au milieu de la grande
pelouse, il les surveille de loin. C’est le moment que
choisit Axelle pour regrouper tout le monde :
⎯ Nous devons nous assurer que Céleste et Cléonisse
ne sont plus prisonniers des bandits et comme ce sont des
hommes dangereux, nous devons tous les neutraliser et
faire prisonnier leur chef. Nous nous sommes battus
comme des lions lorsqu’ils nous ont attaqués ici et nous
n’avons pas réussi à les dominer car nous n’étions pas
préparés. Ils ne nous attendent pas et c’est nous qui allons
les prendre par surprise. Nous connaissons leur méthode,
160
nous savons qu’ils sont préparés au combat d’attaque,
comme des soldats et nous savons qu’ils peuvent être des
tueurs, c’est leur point fort. Nous, nous sommes très jeu-
nes, petits, pas très musclés et encore plus légers. Contre
eux, nous sommes des mouches, mais parfois être un in-
secte peut être un avantage, car la mouche est rapide, elle
vole, elle est vive. Et certaines mouches piquent aussi.
Nous serons des mouches, mais en plus nous sommes in-
telligents. L’attaque se fera de nuit et nous les surpren-
drons dans leur sommeil. Chacun d’entre nous aura son
rôle, chacun mettra son don au service des autres. C’est
pour cela que nous devons trouver notre place dans le
commando que nous allons former dès maintenant. C’est
pour cela que je vous propose à tous de nous entraîner.
Provoquons dès maintenant une rencontre d’Overbase,
comme cela les grands n’y verront rien…
173
TOUT A UNE FIN
Axelle pousse un cri étrange, à peine audi-
ble, et quelques instants plus tard, tous les elfes se retrou-
vent autour du château. Axelle s’envole vers eux et de
loin, Shanley les voit discuter. Un instant plus tard, tous
les elfes prennent les hommes inanimés et les mettent le
long du mur extérieur du château tandis que les flammes
montent de plus en plus haut. Shanley s’inquiète, les
flammes semblent gagner la tour mais Axelle et un autre
elfe arrivent jusqu’à elle.
⎯ J’ai cru que vous alliez me laisser brûler, les flam-
mes commencent à monter.
⎯ Nous n’allons pas perdre de temps, viens et accro-
che-toi à moi, Shanley, mon ami va prendre Paolis avec
lui pour le sortir de là.
Tous les quatre s’envolent très vite, et bientôt se retrou-
vent avec les enfants au pied du château. Belinn, la chef
des elfes, avertit les enfants :
⎯ Les pompiers ont dû remarquer le feu dans le châ-
teau, il y a des camions qui montent vers nous, il faut par-
tir au plus vite.
⎯ Mais, cet homme perd son sang, il faut le soigner,
nous ne pouvons pas le laisser là, d’autant plus qu’il a
peut-être des choses à nous révéler, il ne m’a peut-être
pas tout dit au sujet de Cléonisse et Céleste.
⎯ Alors, je ne vois pas d’autre solution que de
l’emmener avec nous, ton père pourra peut-être le soi-
gner.
Axelle rougit en pensant à la tête de son père la décou-
vrant de retour d’une mission commando avec tous les
enfants. En plus avec un homme dangereux avec elle, ce-
la pourrait être encore plus corsé. Mais, parfois, on n’a
174
pas le choix.
⎯ Tu as raison, c’est peut-être mieux.
Il ne faut pas beaucoup de temps pour que tous les elfes
emportent les enfants jusqu’à leur école, ; vite les enfants
retournent se coucher alors qu’Harry dort encore et qu’il
ne s’est aperçu de rien. Belinn accompagne Axelle jus-
qu’à la maison de ses parents et réveille John, fort surpris
de voir Un homme blessé dans les bras de deux Elfes ac-
compagnés d’Axelle.
⎯ Mais, qu’est-ce que vous faites là avec cet homme ?
⎯ Il a besoin de soins, papa, fait quelque chose pour
lui, il a perdu beaucoup de sang.
⎯ Mais, qui est-ce ?
⎯ C’est l’homme qui a enlevé Céleste et Cléonisse. Je
te l’apporte car je sens en lui le bien, je ne sais pas, mais
je crois qu’il n’est plus méchant depuis qu’il a perdu ça !
Axelle brandit vers père l’appareil métallique tombé de
son crâne lorsqu’il s’est arraché la tête sur le verre ; celui-
ci regarde la chose avec curiosité. Dans sa tête, ça va très
vite et il fait emmener l’homme dans son cabinet afin de
l’examiner. John dit à Axelle de rester dans le salon et de
ne pas se sauver encore une fois. Doora est déjà debout
tandis que les deux elfes s’éclipsent discrètement. Pen-
dant plus d’une heure Axelle ne revoit pas son père et ra-
conte sans honte à Doora son aventure, bien qu’elle ait
désobéi à sa mère ; mais elle jure que c’était pour la
bonne cause. Doora lui sourit en l’écoutant, mais lorsque
John reparaît, c’est avec le sourire car ce n’est pas pour
punir ou gronder Axelle, mais au contraire la féliciter.
⎯ Il est sorti d’affaire, mais il a beaucoup de choses à
te dire, en tout cas, c’est grâce à toi qu’il est vivant…
Sur le coup, Axelle ne comprend pas mais lorsqu’elle ar-
rive devant Paolis qui commence à lui parler, elle com-
175
prend pourquoi elle avait voulu le sauver :
⎯ Axelle, je ne pourrai jamais avoir ton pardon
d’avoir voulu te tuer, tout ce que j’ai fait contre toi est si
cruel que ma vie ne suffira jamais à me faire pardonner. Il
y a quelques heures encore, je voulais ta mort à tout prix
et voilà que je suis changé d’un coup, grâce à toi.
⎯ Mais, comment ça ?
⎯ Dans notre combat, j’ai perdu une chose qui était
implantée dans ma tête et qui avait fait de moi un être to-
talement asservi à Maldeï, la femme qui contrôle tout le
monde extérieur sur les autres planètes. Je sais que tu as
été aussi sous son emprise un court moment quand elle
t’avait pris avec elle. C’est une folle et avec d’autres
amis, elle m’avait implanté dans la tête l’instrument qui
m’avait transformé en esclave à son service. De l’avoir
perdu me redonne ma liberté et je retrouve ma cons-
cience ; celle d’un homme qui aime les autres et qui est
prêt à donner ma vie pour les autres. Tout ce que je fai-
sais depuis que je suis arrivé sur Terre était dicté par
quelqu’un d’autre. Tout cela devient du passé maintenant
que j’ai retrouvé ma conscience. Je vivais autrefois sur
une planète s’appelant Natavy et tout mon peuple était
bon, surtout avec les enfants qui étaient la raison de vivre
de nos concitoyens. Un jour, cette femme étrange qui se
fait appeler Maldeï est venue chez nous et a fait des expé-
riences incroyables sur nos femmes. Le jour où elle est
repartie, j’ai été emmené avec d’autres de ma planète.
Nous étions prisonniers sur une île où nous devions fabri-
quer des armes, lorsqu’à un moment elle est revenue me
prendre avec des amis afin de nous transformer en zom-
bis, esclaves de ses désirs. Elle nous a modelés à sa façon,
nous étions devenus ses images grâce à l’appareil qu’elle
avait introduit dans nos têtes. Lorsque je me suis blessé
cette nuit, l’appareil s’est arraché me redonnant mon es-
176
prit, c’est comme ça que tu m’as sauvé.
⎯ Lorsque je t’ai vu, j’ai senti qu’en toi, il y avait le
bien, c’est pour cela que je n’ai jamais voulu me battre
contre toi. Mes amis se sont battus contre tes hommes et
malgré leur entraînement, ils ont été vaincus. La seule
chose qui me chagrine est de savoir si tu sais où sont pas-
sés mes deux amis que vous avez enlevés il y a un mois ?
⎯ Je me souviens que nous les avions enfermés dans
une cave du château n’ayant qu’une porte bien épaisse.
Peu de temps après, lorsque j’ai voulu les voir, ils
n’étaient plus là ; disparus, envolés. Je n’ai jamais com-
pris pourquoi, depuis ce jour, je réfléchissais à trouver
une autre méthode pour revenir vous prendre. J’ai été en-
voyé sur Terre pour préparer la venue de Maldeï, je de-
vais faire en sorte qu’elle ne trouve pas d’obstacles de-
vant elle. Elle va venir, c’est inéluctable.
⎯ Je le sais, dans plus d’un mois d’après les informa-
tions que nous possédons, nous nous y préparons…
Mais, il est trop tard pour penser à cela, car l’autocar qui
doit les conduire jusqu’à l’aéroport se présente à l’entée
de l’école…
183
L’AMERIQUE, LES ELFES ET LE DESERT !
Les pensées de Shanley :
184
sont les mauvais rêves. Heureusement, j’en ai des meil-
leurs, de plus beaux, comme, ceux où avec mes yeux, je
fais pousser des fleurs sur la tête de gens qui perdent alors
leur serpent, ce qui les fait devenir gentil. Je me suis
même vu avec un bébé dans les bras, ce devait être le
mien, mais je me réveille toujours à ce moment-là. Je
rêve aussi que je combats les méchants et je leur donne
toujours une bonne correction. Je rêve que le monde où je
vis devient meilleur, grâce à mes amis de Keuramdor. Je
suis une bagarreuse, mais, surtout une rêveuse. On est ici,
en Amérique, c’est super, on nous amène à Disney, c’est
bien, mais, je sens que ce n’est pas que pour faire ça,
Axelle m’a dit que c’est beaucoup plus grave, il paraît
qu’on va nous emmené dans un camp où on ne s’amuse
pas vraiment ; mais, moi, j’aime mieux ça…
186
⎯ Maman, l’appât, ce ne sont pas les autres enfants,
c’est moi. Maldeï me connaît, elle est capable de me sen-
tir, même à des centaines de kilomètres, d’ailleurs, je la
sens déjà ; elle n’est plus loin, elle est déjà arrivée, elle
est au-dessus de la planète, elle me sent aussi.
⎯ Non, Axelle, tu dis n’importe quoi, c’est faux.
⎯ Maman, je ne suis pas idiote, tu sais vraiment ce qui
se passe, tu entends les pensées du monde, tu peux, par-
fois entendre celles qui viennent de l’espace ; écoute
celle-ci, moi, je les entends.
Noèse ferme les yeux, mais refuse ce que dit sa fille ;
peut-être pour garder un espoir et pour oublier que la
guerre n’est peut-être pas loin. Elle sait que d’une autre
planète, le mal s’est levé pour venir jusqu’à eu. Tout ce
qu’ils ont pu faire pendant toute l’année scolaire n’était
qu’un jeu, en rapport avec la redoutable invasion qui se
prépare. Elle le sait, les amis qui sont venus les informer
venaient tous de cette grande zone de turbulence qui s’est
installé dans un coin de l’espace. Ah ! si Aqualuce était
là, peut-être les choses ne seraient pas ainsi ?
Elle se dit qu’il ne faut pas baisser les bras, elle doit
continuer ce qui est commencé ; hélas, pourquoi ses en-
fants doivent être mis en première ligne ?
⎯ On se couche tôt, demain, pas de grâce matinée, il
faut dormir les filles, couchez-vous, j’éteins la lumière.
Elle les embrasse encore toutes les deux et s’en va.
⎯ Toi, t’as le chic pour mettre dans l’embarra ta mère,
j’ai bien vu qu’elle ne voulait pas te répondre franche-
ment.
⎯ Je sais, mais, il fallait que je lui dise, j’avais besoin
de certitudes.
⎯ Et, tu les as ?
⎯ Oui !
187
⎯ Est tu fais quoi ce soir ?
⎯ Il faut que je rejoigne les elfes, pour les informer.
Désolée, je dois partir.
⎯ Je le savais et je sais aussi que je ne peux pas te sui-
vre.
⎯ Alors, au revoir, à demain.
Axelle est en chemise de nuit, elle se lève de son lit, et
ouvre la fenêtre. Shanley était allée dans l’attraction de
Peter Pan et elle se rappelait que les enfants s’envolaient
le soir par la fenêtre. C’est alors que son amie la regarde
d’un air triste et lui dit :
⎯ Aimerais-tu aller au pays des rêves avec moi ?
⎯ Quoi, je pourrais ?
⎯ Si tu aimes rêver, tu en es capable !
⎯ Comment ?
⎯ Viens, donne-moi la main !
Shanley saute du lit, rejoint son amie au bord de la fenêtre
et lui tend la main. Axelle la lui prend avec délicatesse. Et
toutes deux, sur le balcon, regardant les étoiles, elles
s’envolent, tout comme l’aurait fait Peter Pan avec Wen-
dy et ses amis. Si des gens les ont vus s’envoler, ils doi-
vent penser que leur imagination est tant remplie d’une
journée abondamment riche de rêves, qu’ils ont des hal-
lucinations. Sur cette idée, les deux filles parcourent le
parc pour le visiter de haut. Là, elles peuvent profiter du
spectacle que leur offre le plus grand parc d’attractions du
monde…
188
nation inconnue. Semblant crever le ciel, les deux filles
passent dans une dimension inconnue ; de la nuit, elle
passe dans le jour, comme ayant ouvert une porte. Là, le
parc d’attractions a disparu, les routes n’existent plus et
même la terre et le ciel ne sont plus comme avant ; leurs
couleurs ont changé. Le bleu du ciel est plus intense et le
sol est vert. Il n’y a plus de maisons, mais tous autour
d’eux, de curieux nuages flottent et paraissent être vivant.
Axelle se rapproche de l’un deux et dit à son amie :
⎯ Mets ta tête dans ce nuage et lorsque tu la ressorti-
ras, raconte-moi ce que tu as vu !
Shanley, bien trop intéressée, le fait immédiatement et sa
tête paraît colée dans le nuage tout rond et tout vert. C’est
étonnant, son corps paraît danser et se tordre doucement ;
cela dure un bon moment, si bien qu’Axelle se détendant,
lâche la main de Shanley qui aussitôt tombe vers le sol en
arrachant sa tête du nuage. Aussitôt, voyant ça, Axelle
fonce vers elle, afin qu’elle ne s’écrase pas sur le sol,
quelques centaines de mètres plus bas. Vite, elle la rat-
trape par les cheveux et la freine !
Ouf ! elle s’est arrêtée de tomber ; une chute pareille,
l’aurait aplati sur le sol, comme une crêpe !
⎯ T’es folle, qu’est-ce qui t’a pris de me lâcher
comme ça ?
⎯ J’ai commencé à m’endormir tu étais si longue dans
ton nuage.
⎯ J’aurais voulu y rester, c’était si bien.
⎯ Oh ! raconte-moi ce que tu as vu.
⎯ Mais, ce n’est pas voir, ce que je faisais, j’étais
complètement dedans !
⎯ Dans quoi ?
⎯ Si tu avais été avec moi, tu te serais retrouvée avec
des tas de gens qui dansaient, c’était la fête, il y avait de
189
la musique, mais, pas n’importe laquelle. C’était une mu-
sique de fées. Les gens qu’il y avait, étaient toutes des
fées très belles. Elles étaient si gracieuses et dansaient si
bien qu’elles m’ont donné l’envie de faire comme elles.
Lorsqu’elles m’ont remarqué, elle se sont rapproché de
moi et m’ont prise par la main pour m’entraîner avec elle.
J’étais si heureuse que j’avais oublié que tu étais avec
moi, juste avant. J’ai dansé, j’ai même chanté avec elles.
Je volais comme elles et je chantais comme elle ; j’étais
devenue une fée. Je ne voulais plus partir, mais lors-
qu’une des fées m’a lâché la main, je suis tombé. C’est là
que ma tête est sortie du nuage et que je me suis vue tom-
ber du ciel et que tu t’es précipitée sur moi.
⎯ Alors, ce n’est peut-être pas de ma faute si tu es
tombé. C’était le signe que tu devais revenir.
⎯ Mais, qu’est-ce que c’était ?
⎯ Tu as mis la tête dans un rêve et tu t’es laissé pren-
dre par lui.
⎯ J’aimerais tant y retourner.
⎯ Nous sommes arrivés au pays des elfes, c’est pour
cela que tu as pu entrer dans un rêve. Dans le pays, il n’y
a que des rêves ; ils remplacent les pensées. Dans ce pays,
il n’y a pas de place pour les pensées, car elles sont toutes
mortelles.
⎯ C’est vrai, je ne peux pas penser, j’ai l’impression
de rêver éveillé depuis que je suis là avec toi.
⎯ C’est tout à fait normal. Tais-toi, nous allons retrou-
ver mes amis, ils ne sont pas loin, ils nous entendent et ils
rient de nous voir un peu perdu ici. Je t’emmène, mais je
crois qu’ils ne vont pas être content de voir ici un humain.
⎯ Mais, qu’est-ce que ça veut dire, je ne suis pas
comme toi ?
⎯ Pas vraiment ; les elfes sont des personnes qui n’ont
190
pas de sang dans les veines, mais du fluide de feu. Nous
ne sommes pas faits d’atomes, comme les humains, mais
d’éthers qui nous donnent la fluidité de l’air et la robus-
tesse de l’acier. Je ne sais même pas si les humains peu-
vent vivre longtemps dans le pays des elfes ?
⎯ Mais, alors, je vais mourir ?
⎯ Non, tu es avec moi et tant que nous sommes en-
semble, tu ne risques rien.
Voilà Shanley rassurée et les deux filles continuent leur
voyage en traversant de nombreux nuages de rêves et
voyant sous leurs pieds des rivières de joie et de magie.
Le pays des rêves bleus s’étend loin sous eux, les laissant
rêveuse. Shanley se laisse bercer par toutes les merveilles
qu’elle découvre à chaque seconde. C’est ainsi qu’elles
arrivent enfin au-dessus d’une cité faite de maison aux
toits rouges et aux murs pastel. Leurs formes sont comme
des champignons aplatis et bien joufflus et on voit entre
les maisons, sur les allées de gazon, des petits hommes
qui paraissent se promener.
⎯ Nous sommes arrivées. Je dois voir Belinn, l’Elfe
des elfes, notre chef. Il faut que je lui parle.
⎯ C’est important ?
⎯ Oui, ça l’est !
Axelle descend vers les maisons en se dirigeant vers un
groupe. Là, elle reconnaît Baldouw, qui habituellement
est toujours à Keuramdor. Celui-ci la remarque aussitôt :
⎯ Mais, que fais-tu là, tu devrais être avec les autres
enfants.
⎯ Oh ! oui, bien sûr, mais il faut que tu m’emmènes
auprès de Belinn, je dois lui parler.
⎯ Elle est occupée, mais je vais voir si je peux la dé-
ranger.
⎯ Elle n’est pas là ?
191
⎯ Non, elle est en Palestine, elle est occupée avec des
enfants qui l’ont appelée. Tu sais, là-bas, il y a des en-
fants comme Anate ou Lilo qui n’ont pas eu l’occasion de
pouvoir venir dans votre école. Je crois qu’elle est partie
leur apporter des consolations. Mais si c’est important, je
peux aller la chercher.
⎯ S’il te plaît, j’aimerais bien ; demain, on doit partir
dans le désert.
⎯ Alors, ne bouge pas, je vais lui demander.
C’est alors que Baldouw commence à se concentrer et
d’un coup se mettre à tourner en vrille si vite qu’en un
court instant, il se transforme en lumière. Puis d’un coup,
file vers le ciel et disparaît.
⎯ Mais, où est-il passé ?
⎯ Shanley ; il est allé en Palestine, tu sais, c’est en
Afrique.
Juste, Axelle a-t-elle dit cela que du ciel descend une au-
tre spirale encore plus lumineuse. Les deux filles sont
surprises et un peu paniqués en voyant cette lumière de
feux, mais lorsqu’elle se pose à côté d’eux, à peine a-t-
elle touché terre, Baldouw et Belinn apparaissent. Axelle
est surprise et heureuse de les voir, elle ne pensait pas
que cela puisse être aussi rapide et elle se précipite dans
les bras de son amie.
⎯ Calme toi, Axelle, dit moi plutôt pourquoi tu as de-
mandé à me voir. Tu sais, la Terre est grande et nous
somme trop peu pour nous occuper de tous les enfants.
⎯ C’est pour cela que je viens te voir. Depuis que
nous nous sommes quittées, il y a eu des événements.
Nous sommes tous partis pour l’Amérique parce que
l’infâme Maldeï va venir sur la Terre. Tous les enfants
vont partir dans le désert du Nouveau-Mexique afin
d’attirer Maldeï. L’armée Américaine est là pour la com-
192
battre. Je sais que Maldeï va nous trouver, car elle m’a
déjà repérée. Elle me connaît et je sais qu’elle est toute
proche de moi, je suis certaine que son vaisseau tourne
déjà autour de la planète. Elle a repéré mon esprit, mon
rayonnement. Je sais que je l’attire comme une bête ayant
repéré sa proie. Mes amis sont en danger, un peu à cause
de moi et je viens te voir si tu pourrais nous apporter ta
protection ?
⎯ Axelle, je sais tout cela. Au lendemain de votre dé-
part, Baldouw est venu me trouver pour me l’annoncer.
Tant que Maldeï n’est pas là, je ne peux rien faire. Tant
qu’aucun de vous n’est en danger, je n’interviendrai pas.
Tu sais que les elfes ne sont pas des guerriers, mais des
protecteurs. Cela dit, ça ne veut pas dire que je vous lais-
serai seule devant Maldeï.
⎯ Peut-être devrais-je partir loin, ou rester au pays des
elfes, comme ça, ne me trouvant pas, elle repartirait.
⎯ Non, ce n’est pas une bonne idée, je pense que si tu
disparaissais, au contraire, elle deviendrait encore plus
dangereuse. Ne te trouvant plus, elle pourrait s’attaquer à
bien d’autres personnes et peut-être faire une guerre ma-
jeure sur toute la planète. L’idée que toi et tes amis soyez
un appât est en fait une bonne idée, au moins, elle se
concentrera sur vous. Ce qui nous laissera beaucoup plus
de facilité pour vous aider. Je te conseille de l’attirer vers
toi, au contraire. Si tu l’as déjà affrontée, tu pourrais être
encore un obstacle et elle apprendra qu’elle n’est pas si
invincible que ça. Cela laisserait aux autres le temps pour
s’organiser ; je ne sais pas.
⎯ Mais, mes autres amis sont en danger.
⎯ Tu dois leur faire confiance, ce n’est pas par hasard
que vous êtes ensemble depuis autant de mois. Tu dois
aussi compter sur tes amis, ils peuvent t’aider. Je peux
même te dire qu’ils peuvent aider tous ceux qui seront
193
avec eux. Mais, tu peux compter sur tous les elfes, même
ceux que tu as libérés lorsque tu étais partie dans les étoi-
les.
⎯ Tu veux dire qu’ils vont venir ?
⎯ Peut-être ont-ils eux aussi un petit compte à régler
avec Maldeï.
Il faut que tu retournes d’où tu viens, ta mère va te cher-
cher, ne la rends pas inquiète, elle a déjà beaucoup de
soucis avec tout cela. Mais, je m’étonne que tu ne sois
pas venue seule, tu sais que le pays des elfes n’est pas fait
pour les humains. À moins que…
Axelle voit Belinn se retourner vers Shanley qui com-
mence à avoir peur de ce qu’elle va lui dire.
⎯ Mais, c’est mon amie, je peux te certifier qu’elle
restera discrète sur ce qu’elle a vu.
⎯ Ce n’est pas ce que je veux dire, c’est autre chose.
Aucun humain ne peut pénétrer dans le pays des elfes.
Vraiment aucun, cela n’est pas une règle mais une loi.
Shanley doit disparaître, à moins que…
⎯ Mais à moins que quoi ? c’est terrible ce que tu lais-
ses entendre !
⎯ À moins que ce soit un elfe, comme toi, comme moi
!
Axelle regarde étrangement son amie et Belinn lui fait un
signe. Shanley ne comprend pas trop au début et voyant
le regard étrange des deux, s’affole.
⎯ Mais, non, non ! que dites-vous. Je ne comprends
pas, je suis une petite fille, voilà tout !
⎯ Axelle, il n’y a qu’un moyen de le savoir, viens
avec moi.
Les deux se parlent un instant, sous les yeux complète-
ment effrayés de leur amie. Puis elles reviennent vers elle
et d’un coup, Belinn attrape Shanley qui commence à se
194
débattre. La tenant par un pied, elle s’envole avec elle et
monte dans le ciel. Axelle la suit.
Perchées dans le vide, la Terre au dessus de sa tête, à des
centaines de mètres, l’Elfe des elfes lui dit :
⎯ Il n’y a qu’un moyen de savoir si tu es l’une des nô-
tres.
⎯ Mais, quoi ?
⎯ Çà !
Et Belinn la lâche, la laissant partir vers le sol afin qu’elle
s’y écrase. La pauvre fille se met à crier de toutes ses for-
ces en tombant. Axelle voudrait la rattraper, mais Belinn
l’en empêche. Pendant des secondes, la fille tombe de
plus en plus vite, le sol n’est plus loin. Mais, à quelques
dizaines de mètres du sol, alors qu’à plusieurs centaines
de kilomètres heures elle n’a qu’autre destin de s’écraser ;
elle fait une courbe et se redresse. Faisant du raz mottes,
elle se met à diriger sa chute et entame une remontée
spectaculaire. Si bien que voyant ses amis, hauts dans le
ciel, elle plonge vers elles pour les rejoindre. Cela se fait
très vite et quelques instants plus tard, elle est à leur hau-
teur. Essoufflée par l’effort, elle les regarde d’un air très
mauvais. Mais, Belinn lui dit :
⎯ Lorsqu’on est un elfe, on n’a pas le regard mauvais ;
il faut que tu changes cela !
Shanley la regarde encore, réfléchit et d’un coup lui dit :
⎯ Mais, tu as failli me tuer, te ne te rends pas compte ?
⎯ Mais, j’ai fait sortir de toi ton vrai pouvoir, sans ce-
la, tu ne saurais pas ce que tu es en vérité ; un elfe. Axelle
l’avait vu au fond de son cœur. Ta peur le masquait, c’est
pour cela que je t’ai fait subir cette épreuve, c’était le seul
moyen. Arrives-tu à sentir dans ton corps le fluide de la
vie et la force de la lumière. Ne sens-tu pas qu’ils te don-
nent des pouvoirs que les hommes ne connaîtront jamais.
195
Ne t’es-tu jamais demandée pourquoi tu n’as jamais
connu la souffrance, ni la douleur ?
Je dois te dire que c’est une des facultés des elfes.
Tu es un elfe.
C’est alors que Shanley se met à pleurer. Axelle vient la
prendre dans ses bras et celle-ci se réconforte et retrouve
le sourire. Redescendues sur le sol, Belinn leur demande
de retourner dans leur chambre au plus vite. Alors, elle
les accompagne jusqu’à la porte d’une maison qu’elle
ouvre. Elle les pousse à l’intérieur et claque la porte sur
elles. Shanley se retourne, mais c’est trop tard, elle
s’aperçoit alors qu’elle est de retour dans la chambre de
l’hôtel de Disney World. Elle ne comprend pas ce qu’il
lui arrive, mais Axelle lui dit :
C’est ça le monde des rêves. Le pays des elfes n’existe
que là-bas.
⎯ Tu veux dire que j’ai rêvé ; ce que je viens de vivre
n’était pas réel ?
⎯ Tu es un elfe, mais, le monde des elfes n’a pas de
forme sur la Terre, pas de lieu. Il n’existe que là ou nous
le voulons, c’est-à-dire dans nos rêves, dans notre imagi-
nation. C’est la dimension de l’éternité et nous en venons.
Allez, viens, ou dois encore dormir, demain, nous parti-
rons et maintenant, tu sais que tu as un grand pouvoir sur
la vie. Cette nuit t’aidera à comprendre ton rôle d’elfe et
demain, tu seras différente de ce soir.
Bonne nuit…
200
Christopher ont été prisonniers de Maldeï mais ils ont pu
s’échapper et rejoindre la rébellion ; c’est là qu’ils ont
retrouvé Jacques le père de Cléonisse et Céleste, mais au
moment du départ vers la Terre, il est parti à la cherche
d’Aqualuce, disparu depuis des mois. L’arche qui les a
conduits ici, dans le désert, contenait des milliers
d’hommes et de femmes, c’est toute la population des
mondes extérieurs qui se trouve réunie ici en attendant
Maldeï. Regardant encore une fois Axelle, Clara se dit :
201
CAPTURE
A l’arrivée de leurs amis, Doora, retrouvant
Némeq son époux, a un malaise et se fait transportée
d’urgence à l’hôpital. Aussi, le commandant de la base
demande à Noèse et les autres de le rejoindre à son quar-
tier général.
Axelle aurait aimé faire la fête avec ses amis revenus,
mais avec Clara et Christopher ils rejoignent vite les au-
tres enfants qui sont heureux de savoir leurs amis reve-
nus, ainsi, ils ne veulent plus les quitter.
Tous les enfants sont regroupés avec Clara, Christopher
ainsi que Delfiliane, Dagmaly, deux jeunes femmes arri-
vées avec eux dans l’arche. Tous réunis dans une grande
salle, ils profitent pour faire des jeux, oubliant qu’ici,
dans cette base militaire, ils sont maintenant loin du parc
d’attractions, Disney World. Tous savent que c’est à
cause d’une grande menace qu’ils sont réunis ici. Ils ont
tous entendu parler de Maldeï, celle qui avait fait enlever
Axelle et aussi envoyer une troupe à Noël pour les rame-
ner sur leur planète. Malgré tout, ils ne s’imaginent pas
qu’on puisse venir jusque-là, l’armée américaine toute
puissante sera pour cette méchante femme un obstacle
infranchissable. Axelle l’espère aussi, car elle sent qu’elle
met tout le groupe en danger, elle ressent en elle la pré-
sence de l’esprit de Maldeï, comme si toutes les deux
étaient reliés par ce qu’elles avaient un moment vécu
lorsqu’elle s’était retrouvée dans son palais sur l’autre
planète. Curieusement, elle sent le malaise monter en elle
de minute en minute. Clara la voit et s’approche d’elle :
⎯ Tu n’es pas bien avec nous, Axelle ?
⎯ Oh ! si, bien au contraire, mais j’ai un mauvais pres-
sentiment, quelque chose de terrible dont je suis peut-être
202
responsable. J’aimerais partir, je vous mets tous en dan-
ger.
⎯ Peut-être as-tu raison, mais on ne peut échapper à
son destin. Déjà, Cléonisse et Céleste sont absents, ce qui
trouble les autres enfants. Je pense qu’ils te font
confiance et pour le moment, tu leur es indispensable, tu
fais partie de ceux qui portent le groupe. Ne t’en fait pas,
Christopher et moi sommes là pour vous protéger. Viens,
jouer avec nous, cela te fera penser à autre chose, ta ma-
man reviendra tout à l’heure, de toute façon, je ne pense
pas que nous allons rester là très longtemps, si ça tombe,
il ne se passera rien et vous n’aurez que le souvenir d’un
bon voyage jusqu’en Amérique.
⎯ Tu es sûr ?
⎯ Il faut y croire, sinon…
⎯ Sinon ?
⎯ Il faut vivre de nos rêves et de nos espoirs, c’est
grâce à ça qu’on s’en sort dans la vie. Allez, viens, nous
allons vous raconter notre aventure avec Christopher.
Axelle rêve que tout ce qu’elle ressent ne soit qu’un rêve
et que cette guerre ne soit que dans son imagination.
Alors, elle revient parmi le groupe, mais, des larmes lui
viennent en écoutant ces grands amis, comme si elle pou-
vait lire l’avenir.
D’un seul coup, la grande fille qui est avec eux, Dagmaly,
crie en regardant par la fenêtre :
⎯ On est attaqué, vite, il faut se cacher, ou fuir !
Les enfants se précipitent vers les fenêtres et voient des
tas d’hommes en uniformes arriver vers eux. Clara et
Christopher s’interrogent rapidement et bientôt tous les
voient sortir et courir vers les soldats étranges. Mais, afin
que personne ne voit ce qui se passe, la fille, Dagmaly,
tire les rideaux, demande aux enfants de reculer des fenê-
203
tres et s’allonger sur le sol pour éviter des tires qui pour-
raient être dangereux. Tous les petits ont peur, ils sem-
blent avoir perdu leurs pouvoirs, ils sont comme tous les
enfants du monde. Ils entendent crier dehors, parfois
voient des flashs de lumière. Mais, à un moment, Axelle
ne peut plus tenir et avec ses deux amies, Shanley et Oda,
elles se lèvent pour pouvoir s’avancer vers une des portes.
Dagmaly veut les en empêcher et les suit pour les faire
reculer et se coucher. Mais, c’est trop tard, Axelle a déjà
déverrouillé la porte et Shanley et Oda sont déjà dehors.
Axelle les suit instantanément et la grande fille détermi-
née s’engage devant elles pour les faire reculer. Un cou-
rant d’air claque la porte qui se referme et toutes les qua-
tre se trouvent coincées dehors.
Axelle et les autres se retournent un instant, attirées par
une lumière très puissante. La petite fille reconnaît alors
Maldeï, cette femme monstrueuse qui tient au bout d’une
arme étrange Clara et Christopher. Affolées elles se met-
tent à courir pour ne pas être rattrapées par ses étranges
soldats. Derrière, elles entendent une détonation qui leur
fait penser au pire, mais, elles sont maintenant trop loin
pour voir.
Juste après que les quatre filles se soient échappées, des
dizaines d’hommes défoncent les portes de la salle où
sont cachés les enfants. Tous sont paniqués et devenus
incapable de se défendre comme ils l’avaient déjà fait
dans d’autres circonstances. Maldeï est avec ses hommes,
c’est peut-être elle qui par de grands pouvoirs pétrifie
tous les enfants car aucun n’utilise ses dons contre elle et
ses hommes. Très vite, ils sont emmenés vers le grand
vaisseau qui les attend au dessus. Tous sont enfermés
dans des cellules individuelles sans plus aucun contacte
avec d’autres personnes. Le pauvre Timofeï pleur de ne
rien pouvoir faire. Moacyr se demande pourquoi sa vo-
204
lonté n’a pas pu agir contre ces monstres. Chad ne peut
sortir aucun son de sa bouche, ses lèvres restent collées, il
ne peut chanter. Pourquoi cela, chacun se le demande,
pourtant, ils n’avaient jamais eu peur depuis le début.
206
LE RETOUR DES ELFES
Des bruits bizarres dérangent Maldeï qui
commençait à jubiler d’avoir couronné les enfants avec
succès. Vite, elle est informée que d’étranges êtres vien-
nent de pénétrer à l’intérieur du vaisseau. De curieux en-
fants, volants comme des papillons se sont posés sur la
carlingue de son engin et par un sas sont entrés. Elle re-
fuse de le croire, mais, elle est bien obligée d’admettre
que ce sont des elfes, elle n’avait pas prévu cela. Très vite
elle pense que tous les enfants peuvent devenir un rem-
part infranchissable et aussitôt, elle leur ordonne de se
rassembler dans la salle du couronnement en se concen-
trant sur sa couronne pour lui donner toute leur force. Les
pauvres enfants ne sont plus que des esclaves et ils le font
instantanément. La salle où ils se trouvent devient alors
infranchissable pour n’importe qui, même des elfes aux
pouvoirs magiques. C’est alors que la terrible femme se
place à l’entrée de la salle pour les attendre. Les enfants
prisonniers rassemblés ont formé autour d’eux un voile
protecteur interdisant leur approche et lorsque tous les
elfes arrivent, ils découvrent cette femme couronnée
s’interposant devant eux. Impossible de pouvoir franchir
le mur invisible pour entrer dans la salle pour rejoindre
les enfants. Mais, la jeune Axelle qui s’était sauvé au
moment où les autres enfants avaient été enlevés, est de
retour. Non seulement elle a pu fuir avec les pilotes, mais
en plus durant sa fuite, elle a pu combattre des chasseurs
spatiaux et donner une première victoire aux hommes de
la Terre. C’est ainsi qu’après avoir sauvé d’autres hom-
mes et rejoint une base dans le désert, elle s’est envolée
afin de retrouver tous les elfes sortis du pays des rêves
bleu, décidés à venir en aide à tous les enfants ; c’est ainsi
qu’elle passe devant les autres et regardant Maldeï, lui dit
207
:
⎯ Laisse nous reprendre nos amis et retourne d’où tu
viens avec tes soldats et tes vaisseaux, sinon tous les ter-
riens se battront contre toi et tu ne gagneras pas. Fais le
maintenant, tant que tu en as la possibilité.
Cela déclanche un rire terrible et elle lui répond :
⎯ Tu es revenue prendre ta dernière leçon. Tu n’auras
pas la chance d’être couronnée comme tes amis, mais le
moment est venu pour toi de prendre une bonne correc-
tion. Tu ne t’opposeras plus jamais à moi.
Les elfes s’écartent, ils comprennent que Maldeï va se
battre contre leur jeune amie et ils ne peuvent rien contre
cela, ni même s’interposer et se battre à sa place. Si
Axelle accepte le combat, elle devra le faire seule.
C’est alors que Maldeï lance de ses yeux des rayons infra-
rouges afin de brûler l’enfant. Axelle est comme pétrifié
par son regard brûlant et reçoit sur elle toute la force de la
femme. Ses cheveux crépitent et s’enflamment. Sa peau
commence à se cloquer. Mais elle ne bouge pas comme la
première fois où elle l’avait affrontée. Mais, d’un coup,
elle renvoie sur Maldeï un souffle d’air si froid qu’elle
semble geler face à elle. Les rayons de chaleurs sont arrê-
tés, mais l’enfant est blessé, brûlé. Malgré tout, Axelle se
relève tandis que Maldeï se remet des engelures qu’elle a
eu avec l’air glacé qui a arrêté son feu. C’est alors que la
femme lance sur l’enfant une série de décharges électri-
ques sans aucun effet ; Axelle les lui retourne aussitôt.
Maldeï pense alors à étrangler la fille et pour cela, elle
n’hésite pas à l’étouffé pat sa force mentale. On voit au-
tour de son coup comme un garrot invisible l’étrangler.
Cette fois cela devient très efficace les pauvres elfes ne
peuvent rient faire, de défendre l’enfant, n’est hélas pas
leur fonction. Si au moins, Maldeï pouvait la lâcher, ils
pourraient lui prodiguer les soins nécessaires. Axelle de-
208
vient violette, elle ne peut plus respirer, ses yeux sont
rouges, le sang de sa tête ne descend plus vers le cœur.
Dans quelques secondes elle s’éteindra si rien n’est fait.
Mais malgré la très grande souffrance, elle et encore
consciente, peut-être arrive-t-elle à encore réfléchir à une
contre-attaque. Maldeï retrouve le sourire, elle jouit de
voir l’enfant s’éteindre pour de bon, cette fois, elle aura le
dernier mot face à elle, c’est une certitude. Axelle
s’effondre sur le sol et, tétanisée, tous ses membres se
mettent à trembler de toute par, signifiant sa fin.
Les elfes sont tous désemparés, ils ne peuvent croire
qu’Axelle finisse ainsi. Tandis que Maldeï les regarde
d’un air qui veut leur dire :
« Voyez, personne ne peut luter contre moi, vous aussi,
un jour vous succomberez ou plierez devant ma face… »
Cette pensée est si forte que tous les elfes l’entendent
dans leur esprit. Mais, ce que Maldeï ne sait pas, c’est
qu’Axelle l’a aussi comprise malgré son agonie et d’un
coup, la couronne de cette terrible femme se détache de
son crâne et reste suspendu en l’air. Elle s’effondre dans
l’instant et tout ce qui faisait sa force disparaît. Aussitôt,
Axelle est libéré et peut respirer, le mur magnétique entre
les elfes et les enfants disparaît, aussitôt, tout devient pos-
sible. La pauvre Axelle reste au sol, suffocant. Aussitôt
un elfe vient vers elle pour la soigner et l’aider à retrou-
ver son souffle. Mais, elle le retient, car elle ne peut arrê-
ter de se concentrer car c’est elle qui par sa pensée a arra-
ché la couronne et une terrible force tente de la faire re-
descendre et la raccrocher sur son possesseur. Axelle lute
autant qu’elle le peut et Belinn comprend ce qu’elle fait et
dit aux autres elfes :
⎯ Nous n’avons pas beaucoup de temps, il faut vite re-
tirer les couronnes qui sont sur la tête des enfants. C’est
une question de vie ou de mort pour Axelle.
209
La pauvre fille transpire, elle lute autant qu’elle peut ;
c’est le serpent qui essaie de pénétrer en elle, car le
contacte de son influx suffit à la relier à cette maudite
couronne.
⎯ Dépêchez-vous, je sens sa force m’envahir, si je ne
le lâche pas avant peu, c’est moi qui prendrai la place de
Maldeï.
Tous les elfes s’enfoncent dans la grande salle du cou-
ronnement et sans ménagement, ils volent sur les enfants
et leur arrache une à une les couronnes. Celles-là ne sont
pas comme le serpent de Maldeï, car une fois décrochés
du crâne, elles se désintègrent et tombent en poussière.
Tous les enfants à qui l’on retire la couronne perdent
connaissance, bientôt près de vingt cinq enfants gisent sur
le sol. Tous les elfes les prennent pour les faire sortir et
Belinn dit à Axelle que c’est bon, il faut relâcher la cou-
ronne. Mais la petite fille est maintenant prise par la pen-
sée du serpent et cette maudite couronne descend dans la
direction de sa tête. Sans comprendre vraiment, Belinn
donne un violent coup de pied dans la couronne qui vole
et directement retrouve le crâne de Maldeï. C’est à ce
moment que l’elfe prend Axelle dans ses bras et s’envole
pour quitter le vaisseau.
Hélas, toutes les sorties sont fermées, les hommes de
Maldeï ont dû avoir des instructions à ce sujet. Alors, tous
les elfes et les enfants se retrouvent dans une salle dans
laquelle ils s’enferment. Axelle est faible mais elle est
courageuse, alors voyant les enfants encore perdus dans
l’inconscience, elle demande à Belinn de la laisser réveil-
ler ses amis. Cette petite fille a du courage et beaucoup de
pouvoir car sachant que le serpent les a endormis, elle
trouve la parade pour les faire revivre. À chacun, elle
donne de son fluide, peut-être un peu de sa vie en même
temps. C’est alors qu’un à un ils se réveillent et recon-
210
naissent leur amie. C’est ainsi que tous réveillés, les en-
fants ne veulent pas partir sans avoir rendu la monnaie de
sa pièce à Maldeï. Axelle n’est pas vraiment d’accord, il
ne faut jamais avoir envie de vengeance, cela est pour les
hommes sans cœur et sans conscience. C’est alors que les
deux elfes qu’Axelle connaît bien font leur apparition ;
Baldouw et Cadmall, deux individus peu recommanda-
bles dans la lignée des elfes. Tous les deux ont le sourire
et Belinn leur demande pourquoi :
⎯ À votre air, vous avez encore fait des choses qui ne
sont pas dans nos règles ?
⎯ Oh ! non, nous n’avons pas enfreint nos lois, nous
ne nous sommes pas battus, nous avons juste fait des peti-
tes choses sur les moteurs du vaisseau. D’ailleurs, nous
vous conseillons de ne pas rester là car cet engin risque
de tomber d’un instant à l’autre.
Toutes les portes étant fermées, Belinn de son propre
pouvoir faire disparaître le plafond de la salle et au-
dessus d’eux. Alors, s’étend le ciel étoilé sur leurs têtes.
Elle leur crie à tous :
⎯ Vite, quittons le vaisseau.
Tous les elfes prennent avec eux les enfants et au-dessus
de l’engin, ils voient alors que Maldeï vient juste de faire
sauter la salle dans laquelle ils s’étaient tous enfermés.
Deux secondes plus tard, c’était eux qui disparaissaient.
Mais, maintenant de la fumée qui s’échappe du vaisseau
et tous se doutent que c’est le résultat des plaisanteries
des deux elfes.
211
DANS LE DESERT
Le grand vaisseau descend, se dirigeant
vers le centre du désert du Nouveau-Mexique. Les elfes,
les enfants suivent sa course et descendent de concert
avec lui. C’est ainsi qu’ils voient l’engin se poser lour-
dement sur le sol désertique. Les elfes déposent les en-
fants près d’un groupe d’Adultes tous heureux de les voir
revenir dans leurs bras. Ils s’imaginaient qu’ils étaient
encore retenus prisonnier dans le vaisseau de Maldeï.
Axelle retrouve sa mère, Le groupe d’enfants est presque
complet, libérés par une petite fille au courage sans limite
ainsi que tous les elfes, devenus leurs meilleurs amis.
Mais, les ennuis ne sont pas finis car si le vaisseau de
l’infâme Maldeï est devant eux, c’est qu’elle va encore
leur faire un mauvais coup. Tous s’y préparent, mais en-
sembles, ils sont bien plus fort et l’expérience du couron-
nement les a rendus encore plus courageux, ils n’ont plus
peur de cette femme car ils sont maintenant un groupe
très soudé avec les amis qui leur manquaient. C’est alors
qu’un autre vaisseau, cette fois bien plus petit que les au-
tres, arrive dans le ciel et très vite se pose devant eux. A
cet instant ils voient débarquer Cléonisse, Céleste avec
leur mère. Malgré la menasse, tous sont joyeux de retrou-
ver leurs amis. Ils arrivent même avec d’autres personnes
qu’ils ne connaissent pas, mais qui sont certainement
leurs alliés. Plus un ne semble manquer, ce désert est de-
venu le point central de l’univers. C’est alors que Maldeï
sorte de son appareil, à ce moment tous s’inquiètent.
Axelle sent qu’une chose de terrible va se produire et elle
fait reculer tous ses amis :
⎯ Vite, cachons-nous d’elle, je crois qu’elle va faire
quelque chose d’effroyable, je ne veux pas que vos yeux
voient ça. Les enfants l’écoutent et se retournent en mas-
212
quant leurs yeux. C’est à cet instant que se fait la destruc-
tion du vaisseau gigantesque dans lequel elle était. En une
seconde, l’engin qui devait faire presque deux kilomètres
disparaît, ne laissant qu’une pluie de sable tomber sur le
sol et le recouvrir.
Les enfants ne l’ont pas vu, mais, Axelle sait que dans le
ventre du vaisseau, vivaient encore des milliers de per-
sonnes qui n’avaient jamais demandées à faire la guerre
avec les hommes de la Terre. Certainement, juste par fo-
lie, se sont-ils faits tués, tous d’un coup. C’est alors
qu’Aqualuce s’approche de l’infâme reine pour lui parler.
La discussion reste courte et Maldeï s’attaque vite à son
ennemie. Lui lançant sur elle des rayons brûlants afin de
la rôtir. À ce moment, Aqualuce se recule, mais elle est
vite prise au piège et le sable fond autour d’elle. C’est
alors que la petite Lina sent en elle le pouvoir de la sau-
ver. Aussitôt, juste par le pouvoir de sa pensée, elle crée
autour d’elle une coque si solide qu’elle ne peut être at-
teinte par les flammes le plus fortes. En même temps la
pauvre fille, protégeant Aqualuce, perd définitivement
son pouvoir. Elle le sait et le ressent, mais elle se dit que
c’est pour une juste cause. Au même moment, les autres
adultes en font autant, par d’autres pouvoirs qu’ils lui re-
versent, sachant qu’ils pourraient tous lui être utile. C’est
ainsi que les enfants comprenant cela, font la même chose
que Lina, lui donnant tous leurs pouvoirs, s’en débarras-
sant pour que la justice puisse être vainqueur ce soir.
Kime et Scott lui transmette leurs dons d’ubiquité afin
qu’elle puisse se déplacer partout dans l’univers.
York lui donne son pouvoir de transmutation de la ma-
tière, tandis qu’Oda lui donne la faculté de devenir invisi-
ble.
Moacyr, le petit brésilien est très doué pour les mathéma-
tiques, comme il l’avait déjà fait, il lui rend tout ce qu’il
213
possédait encore, ainsi que le don de transformer la ma-
tière.
Axelle, lui rend tous les pouvoirs de la sagesse qu’elle
détient de sa mère, tandis que Benjamin et Alice lui ren-
dent le don de communiquer avec l’univers et les étoiles.
Le jeune Cybèle possède le don d’influencer les esprits et
il lui laisse.
Abbas, trouve les instants indispensables afin de donner
le pouvoir de guérison à Aqualuce, autant qu’elle puisse
en avoir besoin durant le combat mené avec Maldeï.
Avec Sven, Aqualuce peut voir à travers tous ce qui
l’entour, même une planète ou une étoile. Le poétique
Chad, lui fait don de son désir d’harmonie et de compré-
hension des sons, ainsi que son don pour la musique et les
chansons.
Maïsa sait lire dans l’avenir et le passé. Voir le passé est
un don formidable qui permet de comprendre le futur.
Timofeï est un enfant qui aime l’espace, son père y tra-
vaille. Mais son grand don est de pouvoir déplacer les
objets autour de lui ; pourquoi pas une montagne ?
Lilo, est un garçon si simple que son don semble anodin,
mais en fait, les hommes qui sont comme lui sont très ra-
res, car il a le don du partage. Et, il le donne complète-
ment pour Aqualuce.
La force solaire est une lumière. Cette étoile peut brûler
les hommes, mais elle peut aussi les rendre forts leur
donné une énergie qui peut faire grandir leur âme et les
sauver de la mort. Izam a ce don et il le perd pour Aqua-
luce.
Tom, sent de très loin le danger arriver. Grâce à ce don, il
peut toujours prévoir les problèmes et le résoudre. Aqua-
luce peut en avoir besoin.
Didda possède une mémoire si grande que rien ne lui
échappe. C’est en même temps la connaissance qu’elle
214
peut accumuler qui lui donne toute la sagesse qu’elle pos-
sède. Elle sacrifie son don pour l’offrir à Aqualuce.
Anate est un peu comme Lilo ; elle n’a qu’une chose en
elle, c’est l’Amour. Pourquoi devrait-elle le garder pour
elle. Bien qu’il se donne, l’amour ne se perd jamais.
Aqualuce sait si bien le rendre et le recevoir.
Bako à aussi le pouvoir sur la matière et elle n’est jamais
un obstacle pour lui. Ce don, il le perd volontiers pour
Aqualuce.
Shanley est courageuse, elle est téméraire, elle ne connaît
pas la peur ; elle est invincible. C’est tout cela qu’elle
abandonne pour la mère de ses amis.
Il ne reste que deux enfants à n’avoir rien donné à Aqua-
luce. La seule chose qu’ils lui donnent, c’est leur cœur,
simplement ; Cléonisse et Céleste…
218
LA CONTRE-BATAILLE
Shanley a toujours été une fille surprenante
en même temps qu’étrange et douée. Son pays, l’Irlande
est un territoire magique, d’où est sorti un demi-dieu lé-
gendaire, Cúchulainn. Cette fille semble avoir de ce sang
couler dans ses veines car c’est une petite guerrière invin-
cible ; c’est ce qui en fait toute sa particularité.
Elle explique alors toute sa stratégie et sa ruse, afin que le
serpent ne prenne pas le pouvoir sur la Terre :
⎯ Aqualuce porte le serpent sur sa tête, mais c’est
pour mieux le détruire, c’est certain. Mais, elle ne pourra
pas le faire pour toute la flotte de vaisseaux qui est autour
d’elle. Tous ses engins sont dangereux à plusieurs points
de vu. Tout d’abord, si le serpent prend le pouvoir sur la
tête d’Aqualuce, c’est certain que toute son armée
s’envolera pour détruire tous le points important de notre
planète. Et si même elle gagne, le danger serait que les
militaires américains prennent les vaisseaux pour modèle
pour en faire de nouvelles armes. Nous devons faire dis-
paraître tous ses engins afin que le serpent soit seul, sans
armée, sans oublier toutes les armes que les soldats de la
couronne possèdent. Nous avons besoin de nos dernières
forces, user de nos derniers pouvoirs afin de réussir cela.
Les elfes nous feront voler jusqu’aux vaisseaux et ils
nous placeront dans la meilleurs position afin que nous
puissions neutraliser les guerriers.
⎯ Mais, Shanley, c’est impossible, ils sont peut-être
cinq cent mille alors que nous ne sommes que quelques
dizaines.
⎯ Mais, Oda, l’important n’a jamais été le nombre
dans une bataille, mais la stratégie et l’intelligence que
l’on possède. Les virus sont bien plus petits que les
hommes alors que nous les craignons beaucoup. Nous
219
sommes des virus. Si nous faisons cela, je suis certaine
qu’Aqualuce sera plus forte pour vaincre le serpent. La
Couronne sera seule face à elle. Détruire l’armée de Mal-
deï l’aidera beaucoup, j’en suis certaine. Et comme per-
sonne ne s’attend à être attaqué par des enfants, c’est no-
tre chance…
Ils ont découvert que leur cœur porte une fleur si merveil-
leuse qu’elle peut leur ouvrir la vie, leur âme et les
conduire un jour vers un monde sans limites, temps, ni
distance ; un monde parfait, où le mal et le bien ne se font
pas la guerre et où personne ne meure ni ne souffre.
L’univers de la Vie.
224
DERNIER JOUR DE CLASSE
Les pensées d’Oda :
227
vent sur la pelouse. Ils voient alors les formes se précisent
de plus en plus jusqu’à ce que tout s’arrête d’un coup
avec un déchirement de lumière qui les éblouit de façon
spectaculaire.
Sur le marbre, deux corps encore sonnés apparaissent et
se redressent aussitôt. C’est alors qu’Axelle, Céleste et
Cléonisse voit devant eux Clara et Christopher tels qu’ils
ont toujours été. Les deux adultes regardent les trois en-
fants, se demandant comment ils sont arrivés là.
⎯ Mais, bon sang, qu’avez-vous fait, les enfants ?
⎯ On a besoin de vous tout à l’heure. C’est bientôt le
grand match de baseball et il n’y a que toi qui puisse arbi-
trer, Christopher !
Clara et Christopher avaient disparu le jour où tous les
enfants avaient été enlevés par Maldeï sur la base mili-
taire américaine. Ils s’étaient battus contre la femme à la
couronne de serpent et celle-ci semblait les avoir tués en
les réduisant en cendre ; celle qu’Axelle avait dans la pe-
tite boite et que sa mère avait récupéré là où ils étaient
tombés. La magie que Belinn leur avait indiquée a bien
fonctionné ; il suffisait de mélanger leurs cendres à celui
qui les avait détruits pour les faire revenir. Clara et Chris-
topher sont indestructibles, il fallait juste donner à leur
cendre l’influx nécessaire afin qu’ils reprennent vie.
Axelle attendait le bon moment pour les faire revenir.
Clara et Christopher paraissent sortir d’un long sommeil
et ne peuvent que remercier les trois enfants. Pour Céleste
et Cléonisse, tout leur laisse espérer qu’un jour leur mère
reviendra ; plus que de l’espoir, ils en ont la certitude…
Eric Vatin
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