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Fiche à jour au 10 décembre 2006

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Diplôme : Master 1

Matière : Droit international privé

Web-tuteur : Sabine Robert

SEEAANNCCEE NN°8 – LAA PPRREEUUVVEE DDEE LLAA LLO


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I. LA CHARGE DE LA PREUVE DE LA LOI ETRANGERE 3


A. LA SOLUTION TRADITIONNELLE FONDEE SUR LA DISTINCTION DES
DROITS DISPONIBLES ET INDISPONIBLES 3
ère er
Civ.1 , 1 juillet 1997, Driss 3
ère
Civ.1 , 16 novembre 2004 4
Com., 16 novembre 1993, Sté Amerford 5
B. L’EVOLUTION JURISPRUDENTIELLE RECENTE : VERS UN ABANDON DE LA
DISTINCTION DES DROITS DISPONIBLES ET INDISPONIBLES 6
Civ. 1ère, 18 septembre 2002, D & J Sporting 6
Civ.1ère 28 juin 2005 7

II. LA PREUVE DE LA TENEUR DE LA LOI ETRANGERE 8

Date de création du document : année universitaire 2005/06


Consultez les autres fiches sur le site de la FDV : www.facdedroit-lyon3.com
2

III. SANCTION DU DEFAUT DE PREUVE 9


A. LA VOCATION SUBSIDIAIRE DE LA LOI FRANÇAISE 9
B. L’EQUIVALENCE ENTRE LA LOI FRANÇAISE ET LA LOI ETRANGERE 9
Civ. 1ère, 13 avril 1999, Compagnie royale belge 10
Civ. 1e, 11 janvier 2005 11
3

I. La charge de la preuve de la loi étrangère

Lorsqu’une règle de conflit désigne une loi étrangère, la question se pose


de savoir qui, du juge ou des parties, doit prouver la teneur de cette
dernière. Les solutions retenues par la jurisprudence en la matière étaient
traditionnellement fondées sur la distinction entre droits disponibles et
droits indisponibles (A). Cependant, la Cour de cassation a récemment
fait évoluer sa position et semble avoir unifié le régime de la charge de la
preuve de la loi étrangère (B).

A. La solution traditionnelle fondée sur la distinction des


droits disponibles et indisponibles

Traditionnellement, les solutions retenues par la jurisprudence en matière


de charge de la preuve étaient façonnées en convergence avec les
solutions apportées au problème de l’office du juge (voir fiche
pédagogique n°6). L’arrêt « Mutuelle du Mans » rendu par la Haute
juridiction le 26 mai 1999 fixe, rappelons-le, le jeu de l’office du juge
sur le caractère indisponible du contentieux : en matière de droits
indisponibles, le juge a l’obligation de soulever la règle de conflit de
lois et d’appliquer le cas échéant la loi étrangère désignée ; en matière de
droits disponibles et dans le silence des parties, il ne s’agit pour lui que
d’une faculté. De ce régime découlait corrélativement celui de la
charge de la preuve du contenu de la loi étrangère éventuellement
désignée comme applicable par la règle de conflit, et il convenait
donc de distinguer selon la nature des droits litigieux :
En matière de droits indisponibles
Dans les contentieux relatifs aux droits indisponibles, la recherche de la
teneur de la loi étrangère incombait logiquement aux juges du fond,
puisque ces derniers ont l’obligation d’appliquer d’office la règle de
conflit. Tel est le principe qu’explique la Cour de cassation dans l’arrêt
Driss. Ils peuvent se faire aider dans cette tâche par les parties, comme le
rappelle l’arrêt du 16 novembre 2004 (cf infra), notamment en vertu de
l’article 11 du N.C.P.C.

Civ.1ère, 1er juillet 1997, Driss


LA COUR - Sur le premier moyen, pris en ses deux branches : - Attendu que
M. X... fait grief à l'arrêt attaqué d'avoir admis la compétence de la
juridiction française pour statuer sur la demande en divorce introduite par
son épouse, alors qu'il s'était prévalu de la situation du domicile conjugal au
Maroc, pays de leur nationalité commune, et que la cour d'appel s'est à tort
référée au domicile à l'époque de l'ordonnance de non-conciliation et non au
jour de la requête ;
4
Mais attendu que, par motifs adoptés du premier juge, la cour d'appel a
souverainement relevé que le domicile conjugal était, lors de la présentation
de la requête en divorce, fixé à Cavaillon ; que, dès lors, elle a retenu, à bon
droit, la compétence internationale de la juridiction française, sa décision
étant sur ce point conforme aux dispositions de l'article 11 de la Convention
franco-marocaine du 10 août 1981, selon lesquelles sont compétentes les
juridictions de celui des deux Etats sur le territoire duquel les époux ont leur
domicile commun ou avaient leur dernier domicile commun ;
Mais sur le second moyen, pris en sa deuxième branche : - Vu l'article 9 de la
Convention franco-marocaine du 10 août 1981, ensemble l'article 3 du code
civil ; - Attendu qu'aux termes du premier texte, la dissolution du mariage est
prononcée selon la loi de celui des deux Etats dont les époux ont la
nationalité à la date de la présentation de la demande ; que l'application de la
loi étrangère désignée pour régir les droits dont les parties n'ont pas la libre
disposition impose au juge français de rechercher la teneur de cette loi ; -
Attendu que, pour confirmer l'ordonnance de non-conciliation prise dans
l'instance en divorce engagée par Mme Abbou sur le fondement de la loi
française, l'arrêt attaqué se fonde sur l'abstention de M. Abbou d'exposer le
contenu de ce droit étranger et de le communiquer ; - En quoi, la cour d'appel
a méconnu les textes susvisés ;
Par ces motifs, casse [...] et annule, mais seulement en ce qu'il a refusé
d'appliquer la loi marocaine compétente en vertu du Traité, [...] renvoie
devant la Cour d'appel de Nîmes, autrement composée.

Civ.1ère, 16 novembre 2004


Vu l’article 3 du Code civil ;
Attendu que Mlle Lynda Amoussou, née le 13 février 1972 à Porto
Novo (actuel Bénin), a saisi le tribunal de grande instance de Nanterre d’une
action déclaratoire de nationalité, se disant française en application de
l’article 84 du Code de la nationalité française dans sa rédaction de 1973, par
l’effet collectif de la déclaration de réintégration souscrite le 15 mars 1982
par son père, M. Médard Amoussou ; que le ministère public ayant soutenu
que la filiation paternelle de l’intéressée n’avait été établie que le 22 juillet
1992, date à laquelle une juridiction béninoise avait donné acte à M.
Amoussou de ce qu’il déclarait la reconnaître, le tribunal a, avant dire droit,
ordonné une consultation pour connaître le contenu, en 1972, de la loi
béninoise, applicable en vertu de la règle française de conflit de lois,
relativement à l’établissement de la filiation naturelle à l’égard du père ;
qu’au vu de la consultation, il a décidé qu’en vertu d’une coutume ayant
valeur de règle de droit, la filiation de Mlle Amoussou avait été établie dès sa
naissance et a accueilli sa demande ;
Attendu que, pour infirmer le jugement et débouter Mlle Amoussou de
sa demande, l’arrêt attaqué retient d’abord que le contenu de la consultation
n’est pas catégorique et que, faute de preuve de la teneur de la loi étrangère,
la loi française, qui a une vocation subsidiaire, doit recevoir application, et
ensuite que la filiation paternelle de l’intéressée n’a été établie que par la
reconnaissance de 1992, postérieurement à la déclaration de réintégration
faite par son père et à sa propre majorité, de sorte qu’elle n’a pu bénéficier de
l’effet collectif de la déclaration de réintégration dans la nationalité
française ; Attendu qu’en statuant ainsi, alors qu’il lui appartenait de
rechercher, y compris avec la coopération des parties, la solution donnée à la
question litigieuse par le droit béninois et qu’elle n’établissait pas
l’impossibilité d’obtenir les éléments dont elle avait besoin, la cour d’appel a
violé le texte susvisé ;
5
PAR CES MOTIFS, et sans qu’il soit nécessaire de statuer sur les autres
griefs : CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 5
avril 2001, entre les parties, par la cour d'appel de Versailles ; remet, en
conséquence, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant
ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Paris ;

En matière de droits disponibles


Dans les contentieux relatifs aux droits disponibles, la charge de la
preuve variait selon les hypothèses : dès lors que l’une des parties
invoque une loi étrangère, la charge de la preuve de cette dernière
pesait uniquement sur elle. Ce principe était clairement expliqué dans
l’arrêt Amerford, lequel, tout en consacrant le critère de l’intérêt (la
partie qui invoque l’application d’une loi étrangère doit y trouver un
avantage, un intérêt), posait une présomption simple d’identité entre le
droit français et le droit étranger. En revanche, dans le silence des
parties, et si le juge use de sa faculté d’appliquer la règle de conflit,
un renversement de la charge de la preuve s’opère, cette dernière pesant
alors sur le juge.

Com., 16 novembre 1993, Sté Amerford


(extrait)
La Cour ; - Sur le premier moyen : - Attendu que les sociétés Amerford et
Amerford France ainsi que la compagnie Air France et les assureurs de celle-
ci font grief à l’arrêt d’avoir accueilli la demande des assureurs de la société
Bull sur le fondement du droit français alors, selon le pourvoi, que la charge
de la preuve de la loi étrangère pèse sur la partie dont la prétention est
soumise à cette loi, que saisie d’une action en responsabilité engagée par la
société Bull à l’encontre de la société Amerford, société de droit américain,
en sa qualité de commissionnaire de transport et fondée sur la mauvaise
exécution de la convention conclue le 24 mai 1986 pour un transport de
marchandises de l’Illinois à l’aéroport de Roissy-en-France, la cour d’appel
ne pouvait, sans renverser la charge de la preuve, refuser d’appliquer la loi de
l’Etat d’Illinois, normalement compétente en vertu de la règle de conflit
française, au seul motif que le défendeur à l’action n’en rapportait pas la
teneur ; qu’ainsi, la cour d’appel a violé les articles 3 et 1315 du code civil ; -
Mais attendu que, dans les matières où les parties ont la libre disposition de
leurs droits, il incombe à la partie qui prétend que la mise en œuvre du droit
étranger, désigné par la règle de conflit de lois, conduirait à un résultat
différent de celui obtenu par l’application du droit français, de démontrer
l’existence de cette différence par la preuve du contenu de la loi étrangère
qu’elle invoque, à défaut de quoi le droit français s’applique en raison de sa
vocation subsidiaire, qu’ayant retenu que la société Amerford se bornait à
revendiquer la compétence du droit de l’Etat d’Illinois, sans établir que
l’appréciation de sa responsabilité au regard des règles de ce droit en serait
modifiée, c’est sans inverser la charge de la preuve que la cour d’appel a
statué sur le fondement du droit français ; que le moyen n’est pas fondé ; (…)

Ce régime de la charge de la preuve dans les contentieux disponibles, tel


que nous venons de le décrire, semblait, dans le paysage doctrinal,
immuable. C’était compter sans les possibles changements de posture de
la Cour de cassation.
6

B. L’évolution jurisprudentielle récente : vers un abandon


de la distinction des droits disponibles et indisponibles

Prémisses de l’évolution
L’évolution a été amorcée par plusieurs arrêts de la Cour de cassation
rendus le 18 septembre 2002. Cette dernière devait en effet considérer
que l’obligation faite au juge de rechercher le contenu de la loi étrangère
applicable, naturellement justifiée en matière de droits indisponibles
(arrêt Ahidar), joue, de manière plus surprenante, dans un contentieux
disponible, dès l’invocation de la loi étrangère par l’une des parties (arrêt
D. and J. Sporting). La preuve, par cette partie, de la différence de
contenu de la loi étrangère ne paraît plus exigée pour déclencher l’office
du juge, et pèse dorénavant sur ce dernier. Ainsi, à l’instar d’un
contentieux indisponible, la charge de la preuve est supportée par le juge,
à ceci près que cette obligation resterait tributaire d’une initiative des
parties (l’invocation de la loi étrangère), initiative cependant
considérablement allégée. S’agissait-il d’un revirement ? La réponse
semblait devoir être affirmative, puisque la Cour de cassation a réitéré
cette solution dans un arrêt du 28 janvier 2003.
Dans l’arrêt D & J Sporting, susvisé, ainsi que dans celui du 28 janvier
2003, la première chambre civile semble donc condamner la passivité du
juge dans la recherche de la teneur de la loi étrangère applicable,
renforçant par là même, indirectement, son office. La démarche adoptée
dans ces arrêts est celle de l’application, presque symétrique, à un
contentieux disponible d’une solution (le juge doit rechercher le contenu
de la loi étrangère) traditionnellement élaborée en matière de droits
indisponibles.

Civ. 1ère, 18 septembre 2002, D & J Sporting


Sur le premier moyen, pris en sa seconde branche :
Vu l’article 3 du Code civil ;
Attendu qu’il appartient au juge saisi de l’application d’un droit étranger de
procéder à sa mise en oeuvre et, spécialement, d’en rechercher la teneur afin
de trancher le litige selon ce droit ;
Attendu que pour débouter la société anglaise D & J Sporting Ltd de sa
demande, dirigée contre la société française Orchape, en paiement de
factures relatives à la location d’un terrain de chasse en Ecosse, l’arrêt
attaqué, ayant à statuer sur un contrat soumis au droit anglais, énonce “qu’à
supposer qu’au regard du droit anglais il soit possible” que MM. X... et
Foster ait pu transformer leur “partnership” en une société (la société D & J
Sporting Ltd) qui en serait la continuation, sans être tenus de recueillir
l’accord du débiteur, il demeure que le contrat litigieux a été conclu avec
deux personnes physiques, de sorte que la société Orchape n’est pas engagée
envers la société D & J Sporting Ltd ;
Attendu qu’en se déterminant ainsi, alors que la solution était à rechercher
dans le droit anglais, la cour d’appel a méconnu son office et violé le texte
susvisé ;
7
PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur la première branche
du moyen, non plus que sur le second moyen :
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l’arrêt rendu le 5
novembre 1999, entre les parties, par la cour d’appel de Paris ;

Confirmation de l’évolution
Avec les arrêts de 2002 et 2003, la Cour de cassation s’était donc
engagée dans un renouvellement de la question de la charge de la preuve
en semblant abandonner la distinction entre les droits disponibles et
indisponibles, le juge devant en toute hypothèse rechercher la teneur du
droit étranger dès lors qu’une partie invoquait ce dernier. Restait
cependant à déterminer ce qu’il fallait entendre par « invoquer ».
D’ailleurs, sur ce point, une divergence a vu le jour entre la première
Chambre civile et la Chambre commerciale, qui, plus exigeante, imposait
aux parties de prouver que la loi étrangère aboutissait à un résultat
différent de la loi française.
Deux arrêts rendus le même jour par les deux Chambres, première
Chambre civile et Chambre commerciale, qui ont mis fin à ces
divergences et incertitudes, sont venus clarifier le « nouveau » régime de
la charge de la preuve de la loi étrangère. Toute référence à la nature des
droits litigieux a disparu, au profit d’un régime unifié de la charge de la
preuve. En effet, il résulte de ces décisions que la question de la preuve
de la loi étrangère doit recevoir une solution unique, indifférente de la
nature des droits en cause. Plus spécialement, l’obligation de rechercher
la teneur de la loi étrangère est imposée, en toute hypothèse, au juge dès
lors que ce dernière reconnaît la compétence de la loi étrangère, soit
d’office soit à la demande des parties. Cependant, si la charge de la
preuve repose sur le juge, c’est avant tout l’idée de coopération qui
domine, et les parties, devant apporter leur concours au juge, continuent
de jouer un rôle important dans la recherche de la preuve. Le rôle du juge
demeure donc subsidiaire, si l’on se réfère aux attendus de principe de
ces arrêts (Civ.1ère, 28 juin 2005 ; Com., 28 juin 2005)

Civ.1ère 28 juin 2005


Attendu que, par acte authentique dressé le 14 octobre 1993 par M. X...,
notaire à Kanda (Allemagne), M. Y... a acquis 75 % des parts sociales que la
société MFP, représentée par son gérant, M. Z..., détenait dans une société
Hébo ; que le paiement du prix ayant été contesté, la société MPF et M. Z...,
ce dernier agissant à titre personnel, ont fait assigner, le 5 mai 1998, M. Y...
qui a été condamné, par jugement du 2 décembre 1998, à en payer le montant
à la société MFP ; que celle-ci ayant été dissoute amiablement le 8 juin 1998
et M. Y... ayant relevé appel du jugement, M. Z..., son liquidateur, est
intervenu volontairement en cause d'appel pour régulariser la procédure ;
Sur le premier moyen, pris en ses trois branches :
Attendu que M. Y... fait grief au premier arrêt attaqué (Angers, 4 octobre
1999) de l'avoir condamné alors que la procédure avait été diligentée devant
le tribunal de grande instance du Mans par M. A..., avocat de M. Z... à
Strasbourg, bien que celui-ci soit intervenu dans les négociations des parts
8
sociales et dans la réalisation de leur convention, sans rechercher : 1 ) s'il
avait bénéficié des garanties d'un procès équitable au sens de l'article 6, 1 de
la Cour européenne des droits de l'homme ; 2 ) si cet avocat n'avait pas eu la
qualité de conseil commun des parties en application des dispositions
législatives et réglementaires sur la profession d'avocat et de leur commune
volonté ;
Mais attendu que l'arrêt relève souverainement que M. A... était l'avocat de
M. Z... depuis plusieurs années, que M. Y... ne prouvait pas que cet avocat
ait été son conseil ni même leur mandataire commun, de sorte que le fait qu'il
soit intervenu dans la négociation de l'accord et de ses suites ne lui avait pas
conféré automatiquement la qualité de conseil commun des parties ; que la
cour d'appel ajoute que la traduction en français de l'acte notarié par cet
avocat, opération " technique", n'impliquait pas la qualité de conseil ; que les
griefs manquent en fait ;
Sur le deuxième moyen, pris en ses deux branches :
Attendu que M. Y... fait encore grief au même arrêt attaqué d'avoir violé les
articles 32 et 121 du nouveau Code de procédure civile, en considérant que
l'intervention volontaire en cause d'appel de M. Z..., en tant que liquidateur
de la société MPF, avait pu régulariser la procédure ;
Mais attendu que l'arrêt relève que l'assignation a été régulièrement délivrée,
le 5 mai 1998, puisque la société n'était pas dissoute à cette date ; qu'ensuite,
son liquidateur étant intervenu volontairement en cause d'appel pour
reprendre l'instance en défense au nom de cette société en liquidation
amiable, qui survivait pour les besoins de sa liquidation, la cour d'appel a, à
bon droit, retenu que la procédure avait été régularisée ; que le moyen n'est
pas fondé ;
Mais sur le troisième moyen, pris en ses trois branches :
Vu l'article 3 du Code civil ;
Attendu qu' il incombe au juge français qui reconnaît applicable un
droit étranger, d'en rechercher, soit d'office soit à la demande d'une
partie qui l'invoque, la teneur, avec le concours des parties et
personnellement s'il y a lieu, et de donner à la question litigieuse une
solution conforme au droit positif étranger ;
Attendu que pour faire application de la loi française à titre subsidiaire au
lieu de la loi allemande invoquée à juste titre par M. Y... dès lors qu'il
s'agissait de déterminer la loi applicable à la force probante des mentions
d'un acte notarié dressé en Allemagne, soumise à la loi du lieu de l'acte,
l'arrêt attaqué du 29 février 2000 retient que celui-ci ne rapportait pas la
preuve qui lui incombait de la teneur de la règle du droit étranger qu'il
invoquait ;
Qu'en statuant ainsi, en se bornant à constater que les preuves fournies par
les parties étaient insuffisantes pour établir la teneur du droit allemand
applicable, la cour d'appel a méconnu son office et a violé le texte susvisé ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi en ce qu'il est formé contre l'arrêt de la cour d'appel
d'Angers du 4 octobre 1999 ;
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 29 février
2000, entre les parties, par la cour d'appel d'Angers

II. La preuve de la teneur de la loi étrangère


9
La preuve de la teneur de la loi étrangère peut se faire par tous moyens
(témoignages, certificats de coutumes..), la loi étrangère étant considérée
comme un fait.
Le plus souvent, c’est à l’aide de certificats de coutume que la preuve du
contenu de la loi sera rapportée : il s’agit d’attestations émanant
d’autorités étrangères relatives au contenu du droit étranger.
Par ailleurs, une convention européenne relative à l’information sur le
droit étranger a été conclue dans le cadre du Conseil de l’Europe, le 7
juin 1968, et tend à organiser la circulation des informations sur la teneur
des droits nationaux.

III. Sanction du défaut de preuve


A. La vocation subsidiaire de la loi française

En cas d’impossibilité de preuve par la partie qui invoque l’application


de la loi étrangère ou par le juge, la loi du for, à l’instar de la solution
sanctionnant l’inertie des parties, devrait avoir vocation subsidiaire à
s’appliquer, vocation que pourtant certains juges du fond n’ont pas hésité
à éluder au profit d’un contestable rejet de la demande.
Tant la Cour de cassation que la doctrine majoritaire opinent cependant
en faveur de l’application de la loi du for dans sa vocation subsidiaire,
surtout en matière de droits indisponibles. Il paraît en effet peu logique
que le juge opte pour le rejet de la demande, alors qu’il constate lui-
même l’impossibilité de preuve. Pareille attitude semble de surcroît
injuste en ce qu’elle aboutit à condamner plus sévèrement une partie qui,
en dépit de ces efforts, ne parvient à prouver la teneur de la loi étrangère
qu’elle invoque, qu’une partie qui n’a mis en œuvre aucune démarche
pour tenter de rapporter cette preuve.
En cas d’impossibilité de preuve par les parties et par le juge, celui-ci
n’étant tenu que d’une obligation de moyen (cf. le Rapport annuel 2004
de la Cour de cassation), la loi française a vocation subsidiaire à
s’appliquer, comme l’explique la Cour de cassation dans l’arrêt Agora
Sopha 1 , ou encore dans l’arrêt Amerford, susvisé :
« il incombe à la partie qui prétend que la mise en œuvre du droit étranger,
désigné par la règle de conflit de lois, conduirait à un résultat différent de
celui obtenu par l’application du droit français, de démontrer l’existence de
cette différence par la preuve du contenu de la loi étrangère qu’elle invoque,
à défaut de quoi le droit français s’applique en raison de sa vocation
subsidiaire ».

B. L’équivalence entre la loi française et la loi étrangère

1
Civ.1ère, 11 juin 1996, Rev. crit. DIP 1997, p. 65, note P. LAGARDE.
10
La haute juridiction a, de surcroît, introduit la notion de l’équivalence
entre la loi française et la loi étrangère. Dans l’arrêt Compagnie royale
belge, elle considère que peu importe que les juges du fond aient
appliqué la loi belge au lieu de la loi française, normalement compétente
selon la règle de conflit, dès lors que le résultat est semblable, et que les
parties avaient la libre disposition de leurs droits.

Civ. 1ère, 13 avril 1999, Compagnie royale belge


LA COUR - Sur le premier moyen, pris en ses deux branches, des pourvois
principal et provoqué : - Attendu qu'un accident de la circulation est survenu
en Belgique, au cours duquel l'automobile conduite par M. Maouche a heurté
un cheval divaguant sur la route, appartenant à Mme Emond, collision ayant
provoqué de graves blessures pour le passager de l'automobile, M. Fay ; -
Attendu qu'il est fait grief à l'arrêt attaqué (CA Reims, 10 oct. 1996) de s'être
fondé sur « les codes civils français et belge » pour juger responsable le
propriétaire de l'animal, refusant ainsi d'exercer son office quant à la
détermination de la loi applicable, et méconnaissant la Convention de La
Haye du 4 mai 1971 qui désignait, en l'occurrence, la loi française de l'Etat
d'immatriculation du seul véhicule en cause ;
Mais attendu que l'équivalence entre la loi appliquée et celle désignée par la
règle de conflit - en ce sens que la situation de fait constatée par le juge
aurait les mêmes conséquences juridiques en vertu de ces deux lois - justifie
la décision qui fait application d'une loi autre que la loi compétente ; qu'à cet
égard, les juges du fond ont retenu que les dispositions des articles 1385 des
codes civils français et belge étaient identiques, de sorte que le moyen qui
leur fait grief d'avoir appliqué la loi belge au lieu de la loi française désignée
par la Convention de La Haye du 4 mai 1971 est inopérant ;
Sur le deuxième moyen, pris en ses trois branches, des mêmes pourvois : -
(non commenté) ;
Sur le troisième moyen, pris en ses trois branches, des mêmes pourvois : -
(non commenté) ;
Et sur le quatrième moyen des mêmes pourvois : - (non commenté) ;
Par ces motifs, rejette...

La distinction des droits disponibles et indisponibles a été récemment


gommée par la jurisprudence relativement au problème de la charge de la
preuve, la solution retenue en matière de droit indisponibles étant
étendue aux droits disponibles. Une démarche inverse, qui consisterait à
appliquer à une matière indisponible une solution que l'on croyait
réservée aux droits disponibles, peut être observée en ce qui concerne la
question de l’équivalence. En effet, dans l'arrêt de la première chambre
civile du 11 janvier 2005, relatif à une espèce qui ne concernait cette fois
plus le problème de la recherche du contenu de la loi étrangère
applicable, puisque les juges du fond avaient fait application de la loi
française au lieu de la loi allemande normalement compétente, elle
applique à un contentieux indisponible (espèce relative à la capacité des
personnes - régime de la curatelle) une solution traditionnellement
formulée dans les contentieux disponibles, en décidant que
11
"l'équivalence entre la loi appliquée et celle désignée par la règle de conflit
(...) justifie la décision qui fait application d'une loi autre que la loi
compétente; qu'à cet égard, la cour d'appel, sans encourir les griefs de
dénaturation ou de défaut de réponse à conclusions, a souverainement retenu,
(...), que les dispositions des Codes civils français et allemand sur les règles
de protection des majeurs étaient similaires".
La matière était pourtant a priori indisponible, la recherche de la teneur
de la loi allemande ne posait aucune difficulté, le juge était donc
normalement tenu de l'appliquer.
La première chambre aurait ainsi choisi d'étendre le champ
d'application de la solution de l'équivalence, issue de la jurisprudence
Compagnie Royale belge (Cass. civ. 1e, 13 avril 1999), dont elle reprend
exactement le même attendu.
Une réserve doit toutefois être impérativement formulée : ne peut-on pas
considérer que les problèmes relatifs au dédommagement d'une mise
sous curatelle injustifiée relèvent des contentieux disponibles ? Si la
question du placement sous un régime d'incapacité relève
incontestablement de la sphère indisponible, celle des conséquences d'un
placement injustifié ne peut faire l'objet d'une affirmation aussi
catégorique. L'on retrouverait ici, finalement, la même dissociation de
nature qu'en matière de responsabilité délictuelle : tant que le dommage
n'est pas réalisé, il s'agit d'une matière indisponible. Une fois le
dommage né, le droit à réparation est disponible, car la victime peut très
bien renoncer à agir. Si l'on opte pour cette qualification, la solution du
11 janvier n'a alors plus rien d'étonnant. Si au contraire on refuse, en
l'espèce, cette dissociation, l'on aboutit au constat suivant : quand d'un
côté l'office du juge semble indirectement renforcé, via l'alourdissement
de la charge de la preuve de la loi étrangère, il semble ici au contraire
directement allégé. Une démarche contradictoire? Peut-être pas : une
interprétation unitaire semble pouvoir être dégagée, celle de la volonté
d'appliquer un régime uniforme à tous les degrés de l'office du juge,
autrement dit un régime indépendant de la nature des droits litigieux.
A suivre...

Civ. 1e, 11 janvier 2005


LA COUR DE CASSATION, PREMIERE CHAMBRE CIVILE, a rendu
l'arrêt suivant :
Sur les deux moyens réunis pris en leurs diverses branches :
Attendu que par jugement du tribunal d'instance du 17ème arrondissement de
Paris du 22 novembre 1994, M. X..., de nationalité allemande, a été, sur sa
demande, placé sous le régime de la curatelle renforcée en application de
l'article 512 du Code civil ; que son état s'étant amélioré, il en a demandé la
main-levée, ce qui a été ordonné par un jugement du tribunal de grande
instance de Paris du 20 novembre 1998 ; que prétendant que la responsabilité
de l'Etat était engagée tant à raison de l'ouverture de cette mesure que pour
son fonctionnement, M. X... a fait assigner l'agent judiciaire du Trésor en
dommages-intérêts ;
Attendu que M. X... fait grief à l'arrêt confirmatif attaqué (Paris, 12
décembre 2000) d'avoir rejeté ses demandes, alors, selon les moyens :
12
1 ) qu'en faisant application de la loi française au lieu de la loi allemande, qui
était la loi de son statut personnel et qui aurait dû être appliquée, même
d'office, et en relevant que c'était à sa demande, la cour d'appel, dénaturant
les termes de sa plainte, a violé les articles 3, 473, alinéa 2, et 1134 du Code
civil ;
2 ) qu'en énonçant que la procédure d'ouverture de la tutelle puis son
exécution avaient été régulières, l'arrêt a violé les articles 1246 du nouveau
Code de procédure civile et 473, alinéa 2, du Code civil, ainsi que les articles
6 et 8 de la CEDH ;
Mais attendu, que l'équivalence entre la loi appliquée et celle désignée par la
règle de conflit - en ce sens que la situation de fait constatée par le juge
aurait les mêmes conséquences juridiques en vertu de ces deux lois - justifie
la décision qui fait application d'une loi autre que la loi compétente ; qu'à cet
égard, la cour d'appel, sans encourir les griefs de dénaturation ou de défaut
de réponse à conclusions, a souverainement retenu, par motifs propres et
adoptés, que les dispositions des Codes civils français et allemand sur les
règles de protection des majeurs étaient similaires et que la mesure que M.
X... avait demandé au juge des tutelles entrait dans le champ d'application de
l'article 1896 du Code civil allemand, de sorte que le moyen qui lui fait grief
d'avoir appliqué la loi française au lieu de la loi allemande désignée par la
règle de conflit est inopérant ; qu'ensuite, ayant souverainement relevé que
cette mesure de curatelle était intervenue à sa demande, qu'il avait comparu
devant le juge des tutelles et qu'il avait été nécessairement entendu, qu'il
avait pu avoir connaissance de l'ensemble des pièces de la procédure dont
l'avis médical auquel se référait la décision, qu'un contrôle de la mesure avait
été assuré, que sa main-levée était intervenue sans retard injustifié et, enfin,
que M. X... n'apportait pas la preuve du préjudice patrimonial qu'il alléguait,
les juges du fond ont pu en déduire que cette mise sous curatelle ne lui avait
causé aucun grief et qu'en l'absence de toute faute du juge, la responsabilité
de l'Etat ne pouvait être engagée ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi ;
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