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A18
« L'homme malade de la Cinquième République ». C'est ainsi qu'à souvent été nommé le
Parlement, en raison des nombreuses évolutions et discordes répétitives qui ont rythmé la vie
de cette institution. Passant de bicamérisme égalitaire à monocaméral, le Parlement, depuis
son introduction dans la Constitution du V fructidor an III du Directoire, à subi beaucoup de
transformation avant d'atteindre un certain équilibre.
Le bicamérisme est un système constitutionnel dans lequel le Parlement est composé de deux
Chambres. De ce fait, il est intéressant d'étudier les relations qu'ont ces deux assemblées sous
la Vème République.
Mais il est tout de même important de rappeler brièvement sa genèse à travers les les trois
dernières Républiques. Sous la Troisième République, il était égalitaire, c’est-à-dire que les
deux chambres avaient le même pouvoir, car en 1875, un compromis entre les Orléanistes et
les Républicains à poussé ces derniers à accepter une seconde chambre afin de contrebalancer
la loi du nombre à l’Assemblée Nationale. Le Parlement étant divisé, une République
sénatoriale s’installait donc. Par la suite, la Quatrième République à quant à elle adopté un
bicaméralisme inégalitaire car au départ, le projet de Constitution en avril 1946 est
monocameral, puis, ce le projet rejeté, les partis politiques décidèrent tout de même de revenir
à un schéma plus traditionnel en remettant en place le Conseil de la République, qui était
censé être à l’origine une « Chambre de réflexion » qui ne, devait donc pas voter les lois.
Mais cette seconde chambre est élue au suffrage universel indirect donc elle ne permet pas de
contrebalancer avec l’Assemblée Nationale, qui a toujours le dernier mot, même en matière
constitutionnelle puisque la révision de la Constitution se fait sans l’accord du Conseil de la
République.
En 1958, le Parlement à fort besoin d'être revalorisé et donc d'être rééquilibré pour faciliter les
travaux des deux chambres et donc de réduire les discordes entre les deux Chambres. De ce
fait, le bicamérisme est mixte, c'est-à-dire qu’il est tantôt égalitaire, tantôt inégalitaire. Ce sont
l'Assemblée Nationale, ou Chambre basse, qui siège au Palais Bourbon et qui représente les
citoyens, et le Sénat, ou Chambre haute, qui représente les collectivités territoriales, qui
forment le Parlement, d'après le symbolique article 24 de la Constitution de 1958.
Ainsi, on pourrait penser que le bicamérisme ait ainsi trouvé un équilibre, mais le fait est que
l'Assemblée Nationale a plus de pouvoirs que le Sénat de par la Constitution qui lui en réserve
d'avantage, mais d'un autre côté, la Constitution de 1958 s'est appliquée à renforcer l'influence
du Sénat.
De ce fait, la Cinquième République a-t-elle réussi à équilibrer le bicamérisme en lui
permettant d'être tantôt égalitaire, tantôt inégalitaire ?
C'est ce que nous allons aborder dans un première partie présentant le bicamérisme comme
inégalitaire, puis dans une seconde qui réfutera cette thèse.
I - Le bicaméralisme consacré par les textes de 1958 se présente
comme un bicaméralisme inégalitaire
Par rapport aux lois organiques relatives au Sénat, le bicamérisme est inégalitaire mais cette
fois-ci en faveur de la deuxième Chambre, puisque l'Assemblée Nationale n'a pas le droit
d'avoir le dernier mot, selon l'article 46 de la Constitution. Cela est ainsi pour certainement ne
pas mettre le Sénat sous la dépendance de l'Assemblée Nationale. Mais le vote d'une telle loi
se fait en terme identique, c'est à dire que les deux assemblées doivent se prononcer.
S'il y a vacance, ou encore empêchement définitif du Président de la République, c'est le
Président du Sénat qui est le président de substitution, par intérim. Pendant cette période,
l'Assemblée Nationale peut être dissoute. Pendant la IV ème République, c'était le président
de l'Assemblée Nationale qui assurait l'intérim. De ce fait, si la Constitution à changé de
« camp », c'est que le Sénat, en cas d'intérim, viendrait soutenir le Président de la République
différemment par rapport à l'Assemblée Nationale.
Concernant l'irresponsabilité des actes non-détachables, tous les parlementaires sont sans
exceptions irresponsables, selon l'article 26 de la Constitution. Donc cette irresponsabilité
protège aussi bien les sénateurs que les députés de poursuites civiles ou pénales .
Par ailleurs, contrairement au schéma du bicaméralisme sous la Quatrième République, en
matière constitutionnelle le bicaméralisme est égalitaire. En effet, l'article 89 de la
Constitution prévoit les mêmes pouvoirs pour les deux chambres en ce qui concerne
l'initiative de proposition de la révision de la Constitution, conjointement avec le Premier
Ministre. En ce qui concerne le pouvoir de saisine, les présidents des deux chambres ont le
même pouvoir de saisine.
Ainsi, le Sénat a bénéficié d'un statut renforcé en partageant certaines prérogatives avec
l'Assemblée Nationale.
Face aux restrictions de libertés depuis le début de la V ème République, les deux assemblées
sont égales. En effet, la Constitution de 1958 les encadre d'avantage par rapport à leur
organisation et à leur fonctionnement car l'objectif des constituants était la rationalisation du
parlementarisme. Par exemple, de nombreuses matières autrefois régies par des règlements
des assemblées le sont désormais par la Constitution en ce qui concerne l'ordre du jour (article
48) ou encore les modalités de vote (article 27). Par ailleurs, ces règlements sont désormais
obligatoirement soumis au Conseil constitutionnel avant leur mise en application.
Donc la Constitution de 1958 est venue contraindre les libertés des deux Chambres.
Mais les révisions constitutionnelles de 1995 et de 2008 sont venues rendre aux assemblées
plus d'autonomie, notamment par rapport aux commission d'enquêtes par exemple, qui
relèvent de nouveaux de leurs règlements.
Car en effet, la révision de 2008 avait pour objectif de revaloriser le Parlement en lui donnant
des prérogatives supplémentaires comme avec par exemple avec l'ajout de l'article 34-1 dans
la Constitution qui étend le vote des parlementaires non plus seulement aux lois mais aussi
aux résolutions.
De ce fait, cette dernière révisions constitutionnelle à restreint les pouvoirs du gouvernement
en matière législative en renforçant ceux du Parlement.
Ainsi, les deux Chambres ne sont pas aussi réglementées que l'on pourrait le croire par la
Constitution.
Par ailleurs, bien que la Constitution ait confié des attributions communes aux deux
assemblées telles que le vote de la loi, le contrôle de l’action du Gouvernement ou encore
l’évaluation des politiques publiques, l'Assemblée Nationale, a souvent le droit au dernier
mot.
B – Mais l'Assemblée Nationale bénéficie du droit au dernier mot
Ainsi, sous la Quatrième République, le bicamérisme était déjà inégalitaire avec un Conseil de
la République qui avait des pouvoirs bien inférieurs à l'Assemblée Nationale. Sous la Vème
République l'objectif des constituants était de revaloriser le Sénat, et d 'ainsi faire du
bicaméralisme en France un bicamérisme égalitaire, mais pas de mettre ses pouvoirs à égalité
avec ceux de l'Assemblée Nationale. De ce fait, le bicaméralisme est parfois égalitaire, parfois
inégalitaire.