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V.

SMIRNOV

COURS
de
,.
MATHEMATIQUES
SUPÉRIEURES

tome IV
deuxième partie

~DITIONS MIR • MOSCOU


Traduit du rùsse
par
Djtlali Embarek

"
, "

© lfSAaTeXbCTBO «HaYKal) fxaBHaH peAaK~IUI «Ï>I13I1KO-MaTeMaTiPIeCKOH


JI1ITepaTypLI, 1981, C I13MeHeHIIHMII
© Traduction française Editions Mir 1984
TABLE DES MATIERES

Préface ... .. . . . . . . . . . ... .. ... . . . . . . 9

CHAPITRE PREMIER. TH~ORIE G~NÉRALE DES ÉQUATIONS AUX


D~RIVÉES PARTIELLES • . • . . . • fO
1-1. Equations du premier ordre • • • • • • • • . • • • • •• fO
1-1-1. Equations linéaires à deux variables indépendantes (10).
1-1-2. Problème de Cauchy et caractéristiques (13). 1-1-3. Cas
d'un nombre quelconque de variables (18). 1-1-4. Exemples
(23). 1-1-5. Théorème auxiliaire (24). 1-1-6. Equations non
linéaires du premier ordre (28). 1-1-7. Variétés caractéristi-
ques (32). 1-1-8. Méthode de Cauchy (32). 1-1-9. Problème de
Cauchy (35). 1-1-10. Unicité de la solution (37). 1-1-11. Cas
singulier (40). 1-1-12. Cas d'un nombre quelconque de va-
riables indépendantes (42). 1-1-13. Intégrales complète, géné-
rale et singulière (45). 1-1-14. Intégrale complète et problème
de Cauchy (47). 1-1-15. Exemples (49). 1-1-16. Cas d'un
nombre quelconque de variables (53). 1-1-17. Théorème de J aco-
bi (55). 1-1-18. Systèmes de deux équations du premier ordre
(57). 1-1-19. Méthode de Lagrange-Charpie (59). 1-1-20. Sys-
tèmes d'équations linéaires (61). 1-1-21. Systèmes complets et
jacobiens (63). 1-1-22. Intégration des systèmes complets (65).
1-1-23. Crochet de Poisson (66). 1-1-24. Méthode de Jacobi
(69). 1-1-25. Systèmes canoniques (71). 1-1-26. Exemples
(72). 1-1-27. Méthode des séries majorantes (73). 1-1-28.
Théorème de Kovalevskaïa (76). 1-1-29. Equations d'ordre
supérieur (82).
1-2. Equations d'ordre supérieur . . . . . . . . . . . .. 84
1-2-1. Types d'équations du second ordre (84). 1-2-2. Equations à
coefficients constants (86). 1-2-3. Formes normales dans le cas de
deux variables indépt'ndantes (88). 1-2-4. Problème de Cauchy
(91). 1-2-5. Bandes caractéristiques (94). 1-2-6. Dérivées
d'ordre supérieur (96). 1-2-7. Caractéristiques réelles et
imaginaires (99). 1-2-8. Théorèmes fondamentaux (100).
1-2-9. Intégrales intermédiaires (102). 1-2-10. Equations de
Monge-Ampère (103). 1-2-11. Caractéristiques dans le cas de n
variables (104). 1-2-12. Bicaractéristiques (107). 1-2-13. Lien avec
un problème variationnel (111). 1-2-14. Propagation de la
surface de discontinuité (113). 1-2-15. Discontinuités fortes (116).
1-2-16. Méthode de Riemann (119). 1-2-17. Conditions initiales
6 T ABLE DES MATŒRES

caractéristiques (124). 1-2-18. Théorèmes d'existence (125).


1-2-19. Formule d'intégration par parties et formule de
Green (130). 1-2-20. Méthode de Volterra (132). 1-2-21. Formule
de Sobolev (136). 1-2-22. Formule de Sobolev (suite) (140).
1-2-23. Construction de la fonction cr (142). 1-2-24. Conditions
initiales générales (14'i). 1-2-25. Equation des ondes généralisée
(149). 1-2-26. Cas d'un nombre quelconque de variables indé-
pendantes (151). 1-2-27. Inégalité énergétique (154). 1-2-28.
Théorèmes d'unicité et de dépendance continue des solutions
(160). 1-2-29. Cas de l'équation des ondes (163). 1-2-30. Théorè-
me d'immersion dans l'espace des fonctions continues et cer-
taines de ses conséquences (166). 1-2-31. Solutions distribu-
tionnelles des équations du second ordre (171). 1-2-32. Sur
l'existence et l'unicité des solutions distributionnelles du
problème de Cauchy pour l'équation des ondes (177). 1-2-33.
Equations de type elliptique (178).
1-3. Systèmes d'équations 184
1-3-1. Caractéristiques de systèmes d'é~uations (184). 1-3-2.
Conditions cinématiques de compatibilite (188). 1-3-3. Condi-
. tions dyn~m,iq:ue~ <;le cQmpa.tibilité (191). 1-3-4. Equations de
l'hydrodynamique (192). 1-3-5. Equations de la théorie de
l'élasticité (196). 1-3-6. Corps élastique anisotrope (198).
1-3-7. Ondes électromagnétiques (200). 1-3-8. Discontinuités
fortes en théorie de' l'élasticité (204): 1-3-9. Caractéristiques
et hautes fréquences (208). 1-3-10. Cas de deux variables indé-
pendantes (210). 1-3-11. Exemples (212).

CHAPITRE II. PROBL~MES AUX LIMITES . . . . . . . . . . .• 215

11-1. Problèmes aux limites pour une équation différentielle ordi-


naire . . . . . . . . . . • . . .• 2t5
II-1-1. Fenction de Green relative à une équation linéaire du
second ordre (215). 11-1-2. Réduction à une équation intégrale
(219). 11-1-3. Symétrie de la fonction de Green (221). 11-1-4.
Valeurs et fonctions propres du problème aux limites (223).
11-1-5. Signe des valeurs propres (225). 11-1-6. Exemples (227).
11-1-7. Distribution de Green (229). 11-1-8. Polynômes de Le-
gendre (234). 11-1-9. Fonctions d'Hermite et de Laguerre (238).
11-1-10. Equations du quatrième ordre (240). 11-1-11. Théorè-
mes de décomposition de Stéklov précisés (241). 11-1-12. Justi-
fication de la méthode de Fourier pour l'équation de la cha-
leur (246). 11-1-13. Justification de la méthode de Fourier
pour l'équation des vibrations (249). 11-1-14. Théorèmes d'uni-
cité (252). 11-1-15. Propriétés extrémales des valeurs et fonc-
tions propres (254). 11-1-16. Théorème de Courant (258).
11-1-17. Expression asymptotique des valeurs propres (260).
II-1-18. Expression asymptotique des fonctions propres (264).
11-1-19. Méthode de Ritz (267). 11-1-20. Exemple de Ritz (268).
11-2. Equations de type elliptique • . • . . . . . . . . . . •. 270
11-2-1. Potentiel newtonien (270). 11-2-2. Potentiel de double
couche (274). 11-2-3. Propriétés du potentiel de simple couche
(281). II-2-4. Dérivée normale du potentiel de simple couche
(283). 11-2-5. Dérivée normale du potentiel de simple couche
(suite) (285). 11-2-6. Valeur directe de la dérivée normale (287).
.TABLE DES MATI:Il:RES 7

11-2-7: Dérivée du potentiel de simple couche suivant une direc-


tion quelconque (290). 11-2-8. Potentiel logarithmique (294).
11-2-9. Formules intégrales et surfaces parallèles (296). 11-2-10.
Suites de fonctions harmoniques (301). 11-2-11. Position des
problèmes aux limites intérieurs pour l'équation de Laplace
(304). 11-2-12. Problèmes extérieurs pour le plan (306). 11-2-13.
Transformation de Kelvin (310). 11-2-14. Unicité de la solu-
tion du problème de Neumann (313). 11-2-15. Résolution des
problèmes aux limites dans l'espace (316) •. 11-2-16. Etude des
équations intégrales (318). 11-2-17. Sommaire des résultats re-
latifs aux solutions des problèmes aux limites (323). 11-2-18.
Problèmes aux limites dans le plan (325). 11-2-19. Equation
-intégrale pour fonctions sphériques (327). 11-2-20. Equilibre
thermique d'un corps. rayonnant (329). 11-2-21. Méthode de
Schwarz (330). 11-2-22. Démonstration du lemme (332). 11-2-23.
Méthode de Schwarz (suite) (334). I1-2-24. Fonctions sub- et
:superharmoniques (338). II-2-25. Propositions auxiliaires (340).
11-2-26. Méthodes des fonctions inférieures et supérieures (342).
11-2-27: Etude des valeurs frontières (345). II-2-28. Eqùation
de Laplace dans un espace à n dimensions (350). 11-2-29.
Fonction de Green de l'opérateur de Laplace (351). II-2-30.
Propriétés de la fonction de Green (354). 11-2-31. Fonction de
Green dans le plan (357). II-2-32. Exemples (361). II-2-33.
Fonction de Green et équation avec second membre (363).
II-2-34. Valeurs et fonctions propres (366). II-2-35. Dérivée
normale d'une fonction propre ·(371). 11-2-36. Propriétés extré-
males des valeurs et fonctions propres (372). II-2-37. Equation
de Helmholtz et principe de radiation (374). II-2-38. Théorème
d'unicité (376). II-2-39. Principe de l'amplitude limite et prin-
dpe de l'absorption limite (378). 11-2-40. Problèmes aux limi-
tes pour l'équation de Helmholtz (380). 11-2-41. Diffraction
de l'onde électromagnétique (386). 11-2-42. Vecteur intensité
magnétique (387). 11-2-43. Unicité de la solution du problème
de Dirichlet pour équations elliptiques (389). II-2-44. L'équa-
tion IJ.v - 'Av = 0 (393). 11-2-45. Expression asymptotique des
valeurs propres (398). II-2-46. Démonstration du théorème
auxiliaire (404). 11-2-47. Equations linéaires de forme plus
générale (412). 11-2-48. Tenseur de Green (414). 11-2-49.
Problème statique plan de la théorie de l'élasticité (416).
I1-2-50. Sur les résultats de Schauder (418). 11-2-51. Solutions
distributionnelles de la classe ~ (D) (421). I1-2-52. Première
inégalité fondamentale (ou énergétique) (427). II-2-53. L'espace
W~'Q (D) et la deuxième inégalité fondamentale (430). II-2-54.
Quelques considérations sur les espaces hilbertiens et les opéra-
teurs opérant dans ces derniers (439). 11-2-55. Sur la résolubilité
du problème de Dirichlet dans l'espace ~ (D) (443). I1-2-56.
Sur la résolubilité au sens de Fredholm du problème de Dirich-
let (447). 11-2-57. Sur le spectre d'un opérateur symétrique
(454).

11-3. Equations de types parabolique et hyperbolique . . . . . . 460


I1-3-1. Dépendance des solutions de l'équation de la chaleur
par rapport aux conditions initiales, aux conditions aux limi-
tes et au second membre (460). 11-3-2. Potentiels pour l'équa-
tion de la chaleur en dimension un (462). 11-3-3. Sources de
chaleur en dimension n (465). I1-3-4. Fonction de Green pour
l'équation de la chaleur (467). 11-3-5. Usage de la transforma-
8 TABLE DES MATmRES

tion de Laplace (468). II-3-6. Application des différences fi-


nies (472). II-3-7. Méthode de Fourier pour l'équation de la
chaleur (475). II-3-8. Equation avec second membre (478).
II-3-9. Propriétés des solutions de l'équation de la chaleur (481).
II-3-iO. Potentiels de simple et· de double couche généralisés
en dimension un (484). II-3-H. Fonctions sub- et superparaboli-
ques (490). II-3-12. Equations paraboliques générales. Inégali-
té énergétique (491). 11-3-13. Méthode de Fourier pour les
équations paraboliques (495). II-3-14. Deuxième inégalité fon-
damentale et existence de la solution du problème de Dirichlet-
Cauchy (502). 11-3-15. Equations hyperboliques de forme ~né­
raIe. Inégalité énergétique pour le problème de Dirichlet-eau-
chy (506). II-3-16. Méthode de Fourier pour les équations hy-
perboliques (509). 11-3-17. Problème aux limites pour la sphère
(515). 11-3-18. Vibrations de l'intérieur de la sphère (519).
II-3-19. Discussion de la solution (523). 11-3-20. Problème aux
limites pour l'équation des télégraphistes (526).
Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .529
PREFACE

Dans l'avant-propos à la deuxième édition du tome V (1959)


Vladimir 8mirnov écrivait qu'il « envisageait la publication d'uIh
sixième tome consacré à quelques problèmes de la théorie moderne-
des opérateurs différentiels à une et plusieurs variables indépendan--
tes ». Il me proposa d'être co-auteur de ce nouveau tome. Mais di-
verses circonstances compromirent cette entreprise et la décision,
fut prise d'élargir simplement le tome IV. La théorie de l'intégrale-
de Lebesgue et de l'espace L 2 fut incluse dans le tome II, quant au
tome IV, il fut divisé en deux parties (livres). La première traite-
de la théorie des équations intégrales dans l'espace des fonctions.
continues et dans l'espace L 2 , du calcul des variations, de la théorie
des dérivées distributionnelles, des propriétés fondamentales des-
espaces W~ et w:et du minimum d'une fonctionnelle quadratique·
en termes de distributions. Cette partie a été publiée en 1974 *).
La deuxième partie fut revue et complétée au moment où Vladi-
mir 8mirnov était miné par une grave maladie. Néanmoins il trouva
le courage de relire attentivement et de rédiger les ajouts et chan-
gements que j'avais écrits et avança quelques suggestions quant à la
forme définitive de cet ouvrage. 8mirnov avait l'intention de sup-
primer une partie de la précédente édition, qui lui semblait dépas-
sée. Mais nous décid~mes d'un commun accord de la conserver et d'y
apporter seulement quelques correctifs pour faire la jonction entre-
l'ancien et le nouveau texte.
Les références sont données entre crochets. Celles qui ne com-
portent pas le numéro du tome concernent le tome IV 2'

Avril 1979 o. Ladyjenskaïtr.

*) La traduction française de cette partie a été publiée en 1975 par les Edi-
tions Mir (Note de la rédaction).
Chapitre premier

THEORIE GENERALE
DES EQUATIONS AUX DERIVEES PARTIELLES

1-1. Equations du premier ordre


.. 1-1-1. Equations linéaires à deux variables indépendantes. Nous
:a:vons à maintes reprises eu affaire à des équations différentielles da
nature diverse contenant des dérivées partielles de la fonction in-
~onnue. Ces équations étai.ent toujours d'une forme spéciale et pro-
venaient de problèmes concrets de physique mathématique. Ce cha-
,pitre se fixe pour objectif d'exposer les bases de la théorie générale
..des équations aux dérivées partielles. Commençons par les ,équa-
tions du premier ordre.
Une équation du premier ordre à une fonction inconnue u des
·variables indépendantes Xl' ... , Xn est de la forme
F (Xl' ••. , Xn, U, pp •.. , Pn)= 0,
~Ù Pk = U Xk sont les dérivées partielles de u par rapport aux varia-
bles indépendantes Xk' On étudiera d'abord des équations linéaires
-.en Pk' c'est-à-dire des équations de la forme
.a1.(Xu ••• , Xn, U) Pl + ... + a. n (XIt ••• , Xn' U) Pn =
= c (Xl' • • ., Xn , u), (1 )
les coefficients ak et le second membre c étant des fonctions données
-de Xk et de u. Comme la fonction U peut figurer d'une façon arbi-
traire dans les coefficients et dans le second membre, ces équations
:~mnt parfois appelées équations quasi linéaires.
Dans ce paragraphe nous allons étudier l'équation (1) dans le
ccas de deux variables indépendantes. Les variables indépendantes
.seront désignées généralement par x et y, et les dérivées partielles
par P = U x ' q = uIJ' On étudiera donc des équations de la forme
a (x, y, u) P + b (x, y, u) q = c (x, y, u). (2)
:Signalons que nous avons déjà envisagé des équations linéaires à dé-
rivées partielles (tome II, [1-2-8]) et avons vu que l'intégration d'une
·-équation de la forme (2) équivalait à celle d'un système d'équations
-différentielles ordinaires. Nous allons compléter les résultats obte-
1-1-1. ~QUATIONS LIN~AIRES A DEUX VARIABLES IND:ePENDANTES 11

nus précédemment par de nouveaux faits qui nous seront utiles dans
l'ex.amen de problèmes plus compliqués.
Les fonctions données a (x, y, u), b (x, y, u) et c (x, y, u) défi-
nissent un champ de directions dans l'espace (x, y, u), plus exacte-
ment, en chaque point de cet espace il existe une direction dont les
cosinus directeurs sont proportionnels à a, b et c. Ce champ de direc-
tions définit une famille de lignes telles que la tangente à chacune
d'elles est confondue avec la direction du champ au point de con-
tact. Cette famille de lignes s'obtient par intégration du système
d'équations différentielles ordinaires
dx _ dy _ du
a (x, y, u)
- b(x, y, u)
- c(x, y, u)
, (3)

ou, si l'on désigne par ds la valeur commune de ces rapports,


du système
~: = a (x, y, u); ~~ = b (x, y, u); ~~ == c (x, y, u). ( 4)

Les quantités p, q et (-1) sont proportionnelles aux cosinus direc-


teurs de la normale à la surface cherchée u = u (x: y) et l'équation
(2) exprime la condition d'orthogonalité, soit ap bq + +
c(-1) =
= 0, de la normale à la surface cherchée et de la direction du champ,
autrement dit, l'équation (2) traduit le fait qu'en chaque point de
la surface cherchée u = u (x, y) la direction définie par le champ
indiqué ci-dessus se trouve dans le plan tangent à la surfacc. Les
lignes définies par le système (4) sont appelées lignes caractéristiques
ou tout simplement caractéristiques de l'équation (2). Si une surface S
d'équation u = u (x, y) est le lieu géométrique des caractéristiques
d'une équation (2), c'est-à-dire si elle est constituée par les lignes
l' qui vérifient le système (4), alors en chaque point MES la tan-
gente à une ligne l' de S passant par M est contenue dans le plan
tangent à S en M et, par suite, u (x, y) vérifie l'équation (2), c'est-à-
dire S est une surface intégrale de cette équation. Donc, si une sur-
face u = u (x, y) est formée par les caractéristiques de l'équation (2)
alors c'est une surface intégrale de l'équation (2).
On admet que la surface u = u (x, y) possède en chacun de ses
points un plan tangent et que la direction de la normale à cette
surface varie de façon continue quand on se déplace sur cette sur-
face. Ceci implique l'existence et la continuité des dérivées pre-
mières de u (x, y).
Dans la suite, en parlant d'une surface intégrale, on admettra
qu'elle est douée des propriétés indiquées. Pour simplifier, nous
dirons que de telles surfaces sont différentiables, ou régulières.
Nous avons montré plus haut qu'une surface régulière d'équa-
tion u = u (x, y) formée par les caractéristiques était une surface
intégrale. On peut prouver qu'inversement si une fonction dérivable
12 CH. 1. TH:eORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

u = u (X, y) vérifie l'équation (2), c'est-à-dire u = u (x, y) est une


surface intégrale, alors on peut la recouvrir de caractéristiques.
En effet, si u (x, y) vérifie l'équation (2), alors en chaque point M
de la surface S d'équation u = u (x, y) la direction (a, b, c) est
eontenue dans le plan tangent à S en M et nous avons ainsi un champ
de directions sur S. En intégrant l'équation différentielle ordinaire
du premier ordre correspondant à ce champ, on trouve les lignes l'
de S qui vérifient le système (4). Cette équation du premier ordre
est par exemple de la forme
dx dy
a (x, y, u) b (x, y, u) ,
où u = u (x, y) est l'équation de la surface S. Convenons que l'équa-
tion obtenue est justiciable du théorème d'existence et d'unicité et
de plus que les lignes intégrales l recouvrent sans se couper un do-
maine D sur lequel est définie la fonction u = u (x, y). Les lignes
l' sont les lignes de S dont les projetées sur le plan (x, y) sont les
lignes l.
En étudiant les équations différentielles ordinaires du premier
ordre (tome II, [11-3-1 J, [11-3-21) on a vu que les fonctions incon-
nues étaient entièrement définies par la donnée de leurs valeurs
initiales. Ces valeurs initiales nous ont permis ensuite de déterminer
les constantes arbitraires figurant dans l'intégrale générale. On
peut toutefois trouver la solution qui vérifie les conditions initiales
données sans connaître l'intégrale générale, par exemple, en se ser-
vant de la méthode des approximations successives qui a été utilisée
pour démontrer le théorème d'existence et d'unicité (tome II,
111-3-2J). La solution générale de l'équation (2) ne contient pas de
constantes arbitraires mais des fonctions (tome II, [1-2-91), et trouver
la solution qui vérifie une condition initiale donnée revient à déter-
miner la surface intégrale de l'équation (2) qui passe par une courbe
donnée l de l'espace (x, y, u).
Si l'on désigne par  la projetée de la ligne l sur le plan (x, y),
le problème formulé se ramène à la recherche d'une solution de l'équa-
tion (2) qui prend des valeurs données sur la ligne Â. Esquissons la
résolution du problème posé (tome II, [1-2-91). Soit Mo un point de
la ligne l. Prenons ses coordonnées pour valeurs initiales des fonc-
tions définies par le système (4). En vertu du théorème d'existence
et d'unicité, on obtient une caractéristique bien définie issue de
Mo. En effectuant cette opération pour chaque point de la ligne l,
on obtiendra une famille de caractéristiques; supposons que ces
caracteristiques engendrent une surface S d'équation u = u (x, y).
Cette surface passe par la ligne l et d'après ce qui a été dit plus haut
est une surface intégrale de l'équation (2).
La démonstra tion rigoureuse de l'existence et de l' unicité de la
solution implique des conditions sur les seconds membres des équa-
1-1-2. PROBL~ME DE CAUCHY ET CARACT~RISTIQUES 13

tions (4) et quelques restrictions importantes sur la ligne l. Si, par


exemple, la ligne donnée l est une caractéristique, la méthode de
construction des caractéristiques à partir des points de la ligne l
nous donnera non pas une surface mais la ligne l en question. Dans
ce cas, le problème posé peut admettre une infinité de solutions
(tome II, [1-2-10)). En effet, menons par un point de la ligne lune
ligne II qui n'est pas une caractéristique. En traçant les caractéristi-
ques issues des points de II (la ligne l en fera également partie) on
obtient sous certaines conditions une surface intégrale passant par l.
Comme II est arbitraire, ce problème possède une infinité de solu-
tions si l est une caractéristique. Le problème posé peut n'avoir aucu-.
ne solution. Ceci correspond au cas où les caractéristiques issues des
points de la ligne l ne forment pas au voisinage de cette ligne une
surface d'équation explicite u = u (x, y), où u (x, y) est une fonc-
tion continue avec ses dérivées partielles premières. Ce sera le cas
si les caractéristiques mentionnées forment une surface cylindrique
dont les génératrices sont parallèles à l'axe des u. Dans le para-
graphe suivant on détermine les conditions sous lesquelles le pro-
hlème posé admet une solution bien définie.
1-1-2. Problème de Cauchy et caractéristiques. Par problème de
Cauchy on comprend la recherche d'une surface intégrale de l'équa-
tion (2) passant par une ligne donnée l. Pour étudier rigoureusement
la question de l'existence et de l'unicité de la solution nous aurons
besoin du théorème suivant emprunté à la théorie des équations
différentielles ordinaires.
Thé 0 r ème. Si les seconds membres des équations différentiel-
les du système
dYk
dx = f h (x, YI· . . , Yn) (k = 1, 2, . . ., n) (5)

sont des fonctions continues en leurs arguments dans un domaine défini


par
1x - a 1::::;; A; 1Yh - bh 1::::;; B (k = 1, 2, ... , n), (6)

et si de plus les dérivées partielles f)f)/h existent et sont continues dans


Ys '
ce domaine, alors la solution du système (5) vérifiant, en vertu du théo-
rème d'existence et d'unicité des conditions initiales quelconques (x o'
~, ... , Y~) contenues dans le domaine (6), c'est-à-dire
Yh = CPh (x, x o' Y~, ••. , y~) (k = 1, 2, ... , n),

est continue en ses arguments et admet des dérivées partielles f)<p:


f)ys
par rapport aux données initiales qui sont des fonctions continues en
leurs arguments (x, x o, y~, ... , y~) dans un voisinage des conditions
initiales.
14 CH. 1. TH:E':ORIE DES :E':QUATIONS AUX D:E':RIV:E':ES PARTIELLES

Pour ne pas interrompre l'exposé nous ajournons la démonstra-


tion de ce théorème à un prochain paragraphe.
Revenons à la résolution du problème de Cauchy. Supposons
que l'équation de la ligne l est donnée sous la forme paramétrique:
Xo = Xo (t) ; Yo = Yo (t); Uo = Uo (t) (t o ~ t ~ tl)' (7)
et que les seconds membres des équations (4) remplissent les condi-
tions du théorème formulé ci-dessus dans un domaine de l'espace
(x, y, u) contenant la ligne l. En prenant les coordonnées des points
de l pour données initiales lorsque s = 0, on obtient la solution du
système (4):
x = x (s, Xo, Yo' u o); y = y (s, X o' Yo, u o); u = u (s, xo, Yo' u o)
pour les s assez proches de 0, ou, en vertu de (7),
x = x (s, t); Y = Y (s, t); u = u (s, t). (8)
: Si l'on admet que les seconds membres des équations (7) sont
continûment dérivables par rapport à t on peut, en vertu du théo-
rème ci-dessus, affirmer que les fonctions (8) possèdent des dérivées
partielles continues non seulement par rapport à s mais aussi à t.
Pour toute valeur de t E 1t o, t 1 [ les fonctions (8) sont définies pour
tous les s assez proches de O. Composons le jacobien des deux pre-
mières fonctions par rapport à s et à t:
~ = XsYt - XtYso (9)
Ce qui importe dans la suite c'est de savoir si le jacobien est
nul ou non. On distinguera deux cas, celui où ~ =1= sur l et celui
°
où A = sur l. Commençons par le premier:
°
~ =1= °sur l, (10)

° °
c'est-à-dire que ~ =1= pour s = 0, donc, en vertu de la continuité
des dérivées, ~ =1= dans un voisinage de la valeur initiale s = 0
et de la valeur de t correspondant à un point M de la ligne l. Ceci
étant, les deux premières équations (8) peuvent être résolues par
rapport à s et à t pour tous les x et y situés au voisinage des coordon-
nées (xo' Yo) du point M de l. Cette solution est unique et les fonc-
tions s (x, y) et t (x, y) obtenues possèdent des dérivées partielles
premières continues (tome 111 1 , (1-2-12]). En portant les fonctions
s (x, y) et t (x, y) dans la troisième des équations (8), on obtiendra
au voisinage indiqué une fonction u (x, y) dont les dérivées par-
tielles premières sont continues et la surface d'équation u = u (x, y)
contiendra une portion de la ligne l au voisinage de M. Des consi-
dérations géométriques du paragraphe précédent il résulte immé-
diatement que u (x, y) satisfait l'équation (2). Ceci sera vérifié
analytiquement plus bas.
1-1.;2. PROBL1l:ME DE CAUCHY ET CARACTSRISTIQUES

. A noter que nous avons construit la solution U (x, y) au VOISI-


nage seulement d'un point M de la ligne l, ou, comme on dit encore~
on a obtenu une solution locale du problème. Sous certaines condi--
tions imposées à a, b, c et à l, on s'assure qu'il est possible de cons-
truire une surface intégrale dans un voisinage de la ligne l tout
entière, c'est-à-dire pour tous les x et y assez proches de la ligne-
x = X o (t), y = Yo (t) du plan (x, y). On admet que les dérivées
x~ (t) et y~ (t) ne s'annulent pas simultanément. Des résultats ana~
logues seront soigneusement formulés dans le paragraphe suivant.
. Le problème de l'existence d'une solution dans un domaine fixé:
à l'avance du plan (x, y) soulève de grosses difficultés. On peut.
éonstruire un domaine B du plan (x, y) et une fonction b (x, y) pos-
sédant des dérivées de tout ordre de telle sorte que la seule solu-
tion de l'équation
Ux + b (x, y) u y = 0
à exister dans B et à possèder des dérivées premières continues soit.
u= const.
Assurons-nous maintenant que la fonction u (x, y) est bien
solution de l'équation (2). En se servant de la règle de dérivation
des fonctions composées et des équations (4), on peut écrire:
du
ds = uxa + uyb.
Cette équation est valable pour tous les s et t se trouvant dans un
voisinage de s = 0 et de la valeur de t correspondant à un point
M (x o' Yo, zo) de la ligne l. Or ~~ = c, donc u (x, y) est solu-
tion de l'équation (2) pour tous les (x, y) contenus dans un voisi-
nage de (x o' Yo).
Pour prouver l'unicité, il suffit de s'assurer que toute surface
intégrale régulière u = u (x, y) passant par l peut être engendrée-
par des caractéristiques. Formons le système d'équations diffé-
rentielles :
dx dy
liS = a [x, y, u (x, y) J; dS = b [x, y, u (x, y) J• (11)"
Par hypothèse, les seconds membres sont tels que le théorème d'exis-
tence et d'unicité est valable pour tous les (x, y) au voisinage de·
(x o' Yo). Du fait que la surface intégrale est définie explicitement
par l'équation u = u (x, y) et passe par une portion de la ligne l
au voisinage du point M (x o' Yo' zo), il s'ensuit que les coordon-
nées (x, y) des points de la ligne l sont différentes au voisinage de M
(on admet que la ligne ne présente pas de points doubles). En pre-
nant ces coordonnées pour conditions initiales du système (11) et
en portant les solutions obtenues dans la fonction u = u (x, y)
on obtiendra une famille de lignes sur la surface intégrale. En vertu
16 CH. J. TH:eORIE DES :eQUATIONS AUX DSRIVSES PARTIELLES

-de (11), les deux premières équations (4) sont satisfaites sur ces li-
;gnes. Il est aisé de vérifier qu'il en est de même de la troisième équa-
tion. En effet, en se servant de (11), on obtient
du
---;rs = uxa + uyb.
'Or u = u (x, y) est une surface intégrale, c'est-à-dire que uxa +
+ ullb = c, d'où :~ = c. Donc, les lignes qui recouvrent la sur- .
-{ace u = u (x, y) sont bi~n des caractéristiques. En conclusion, t
le problème de Cauchy possède une solution unique sous la condition.,
{iO). Nous reviendrons encore sur l'unicité en étudiant les équa-~
tions différentielles non linéaires du premier ordre. ~
Supposons maintenant que )
8 = 0 sur l. (12)
Montrons que si dans ce cas il passe par l une surface intégrale ~
;u = u (x, y) telle que u (x, y) possède des dérivées premières, con-
tinues, alors la ligne l est une caractéristique. Quand on dit qu'une
:surface u = u (x, y) passe par une ligne on sous-entend qu'elle
y passe localement, c'est-à-dire par une portion .de l.
Admettons que a ~t b sont non nuls sur l. Les deux premières
-équations (4) nous perm,ettent d'écrire la condition (12) sous la
forme
; =: y; =k (s=Q), (13)

.où k désigne la valeur commune de ces rapports. Soit u = u (x, y)


une surface intégrale passant par l. En portant dans u( x y) les e~­
pressions x = Xo (t) et y = Yo (t), en dérivant par rapport à t et en
se servant de (13), on obtient :~ = uxka uykb. La fonction +
lJ, = u (x, y) étant solution de l'équation (2), on a
qui nous conduit au système
:::= kc, ce

:t = y; = ~t (s=O),

d'où il résulte que la ligne l est une caractéristique. Donc, si 8 = 0, j

une condition nécessaire d'existence d'une surface intégrale passant j


par une ligne l est que cette ligne soit une caractéristique. Nous avons 1
vu dans le paragraphe précédent que par l il·passe une infinité deh
surfaces intégrales. Ce qui était important dans la démonstration '.
ci-dessus, c'est que la fonction u = u (x, y) définissant la surface
intégrale passant par l possède des dérivées continues sur l; il est.
possible, et nous le verrons sur un exemple, que la ligne l ne soit
pas une caractéristique, que 8 = 0 sur l, mais que par l il passe j

1
l
1+·2. PROBL!:ME DE CAUCHY ET CARACT:mR1ST1QUES 17

une surface intégrale telle que les dérivées partielles de u (x, y)


ne soient pas continues sur l, autrement dit, la ligne l est une ligne
singulière de la surface intégrale. Si l n'est pas ligne caractéristique,
mais que ,1. = ° sur l, c'est que·
.=!.. = .J!.L =I=.!!:L sur l.
abc
Signalons une particularité du système (4). Le paramètre auxi-
liaire s ne figure pas dans les seconds membres des équations et
l'une des constantes arbitraires figure par sa somme avec s. Cette
.constante ne joue pas de rôle essentiel mais elle a pour effet de rendre
.arbitraire le choix de la valeur initiale de s. Donc, en intégrant
ce système on a affaire à deux constantes arbitraires essentielles.
Ce fait devient évident si l'on met le système (4) sous la forme (3).
On rappelle que l'équation quasi linéaire (2) peut être ramenée
à une équation linéaire sans second membre si l'on cherche la solu-
tion sous la forme implicite (tome II, [1-2-71):
cp (x, y, u) = C, (14)
où C est une constante arbitraire. La règle de dérivation des fonc-
tions implicites nous donne
x= - ~
U
<Pu
; U y = - <Py ,
<Pu
èt l'équation (2) engendre une équation différentielle linéaire sans
second membre pour la fonction cp:
a (x, y, u) CPx +b (x, y, u) CPu +
c (x, y, u) <Pu = O. (15)'
Le système d'équations différentielles ordinaires correspondant
est le système (3). Si
<Pl (x, y, u) = Cl; <P2 (x, y, u) = Cf.
sont deux intégrales indépendantes de ce système, alors cp=F (CPI' CP2),
où Fest llne fonction quelconque, sera solution de l'équation (15).
Or on sait expliciter la fonction cp si sont données les conditions
du problème de Cauchy (tome II, (1-2-101).
Ces raisonnements appellent la question suivante. Nous avons:
cherché la solution de l'équation (2) dans une classe de fonctions
définies implicitement par l'équation (14) qui contient une cons";
tante arbitraire. Il est immédiat de vérifier que nous n'avons perdu
aucune solution. Pour cela il faut tenir compte du fait qu'en raison
du choix arbitraire des conditions initiales, on peut considérer que
toute solution de l'équation (2) appartient à une famille de la forme
F (x, y, u, C) = 0, où C est une constante arbitraire., En résol--
vant l'équation de cette,famille par rapport'à C, on s'assure' èffec;.
tiv.ement que toute, solution' peut être obtenuelparti't' 'd'une for-
2-01017
t8 CH. J. TH:mORJE DES ~QUATIONS AUX n-eRIV:mES PARTIELLES

mule de la forme (14). On n'aurait pu perdre que les solutions


(singulières) non obtenues avec le procédé indiqué. Ces solutions
n'existent pas si les fonctions a, b et c remplissent certaines condi-
tions générales. Nous ne nous appesantirons pas sur les détails de la
démonstration.
1-1-3. Cas d'un nombre quelconque de variables. Considérons une
équation quasi linéaire à un nombre quelconque de variables indé-
pendantes:
Cl (Xl' • •• , X n , u) Pl + ... + an (Xlt • •• , Zn, u) Pn =
= C (XIt ••• , X n , u). {16}
Dans la suite, on admettra toujours que les coefficients al' a 2,
... , an ne sont pas simultanément nuls, c'est-à-dire que a~ +
+ + ... +
a; a; > O. Par analogie avec l'espace à trois dimen-
sions on se servira de termes géométriques pour étudier l'équation
(16). Les énoncés et les démonstrations ne seront pas donnés dans
le détail. Nous avons affaire à un espace à (n +
1) dimensions de
point générique (Xl' . . . , X n , u). Appelons variété à m dimensions
de cet espace, l'ensemble des points dont les coordonnées s'expri-
ment en fonction de m paramètres arbitraires:1
Xli = Xli (tH ••• , t m ); u = u (tu ••• , t m ) (k = 1, 2, •.. , n).
On admet que m de ces équations sont résolubles par rapport à
t l , • . • , t m . Pour m = n on a une variété à n dimensions que l'on
appellera surface. Si l'on prend Xl' . . ., X n pour paramètres, on
obtiendra l'équation explicite de la surface: u = u (Xl' .•. , x n ).
C'est cette forme que doit avoir l'équation de la surface intégrale
de l'équation (16). Pour m = 1, la variété à une dimension cor-
respondante s'appelle ligne de l'espace à (n +
1) dimensions.
Définissons les caractéristiques de l'équation (16) à l'aide du
système suivant:
dXk ) du
~=ak (Xlt ... , Xn , u; ----a;s=C (Xl' ... , Xn , U), (17)

où s est un paramètre auxiliaire. Toute solution de ce système défi-


nit une ligne de l'espace à (n +
1) dimensions, car il n'existe pas
de solution dont tous les Xk et u soient constantes, puisque par hy-
pothèse a~ + + ... +
a; a; > O. Les coordonnées des points de
cette ligne s'exprimeront en fonction du paramètre s. Pour cons-
truire une surface avec ces lignes, il nous faut prendre une famille
de telles lignes dépendant de (n - 1) paramètres arbitraires. On
obtient un ensemble de points dépendant de n paramètres. Si une
surface régulière u = u (Xl' . . . , X n) est formée par une famille de
caractéristiques dépendant de (n - 1) paramètres, alors c'est une
surface intégrale de l'équation (16). En effet, en dérivant u {Xl' ••.
1-1-3. CAS D'UN NOMBRE QUELCONQUE DE VARIABLES 19

..., xn) par rapport à s et en se servant des équations (17), on ob-


tient
ft
du ~
dS = LJ ux,.,a,.,.
k=l
Comme du = c en vertu de la dernière équation (17), il vient l'équa-
da
tion (16). Réciproquement, toute surface intégrale régulière u =
= U (Xl' .•. , xn) peut être engendrée par une famille de caractéristi-
ques, qui dépend de (n - 1) paramètres. En effet, si l'on connaît la
surface intégrale u = u (XH' •• , xn), on peut déterminer les X,..
. à partir du système d'équations
d~1&==a",[xlt •.• ,Xn , u(xl , ••• ,xn )] (k=1, .o.,n), (18}
ce qui nous donne (n - 1) constantes arbitraires. La constante qui
figure par sa somme avec s n'est pas essentielle. En portant la solu-
tion du système (18) dans le second membre de u = u (Xl' .•. , xn),.
en dérivant par rapport à s et en se servant des équations (16) et
(18), on s'assure que u vérifie la dernière des équations (17).
On admet comme dans [1-1-2] que u (Xi' ... , xn) et les seconds
membres des équations (17) possèdent des dérivées premières con-
tinues.
Le problème de Cauchy pour l'équation (16) revient à déterminer
une surface intégrale contenant une variété à (n - 1) dimensions
donnée:
Xk = Xk (t l , • • ., t n -1) ; U = U (t l , • 0 ., t n -1)
(k = 1, ..., n), (19)
les seconds membres de ces équations étant continus et possédant
des dérivées partielles premières continues à l'intérieur d'un do,..
maine D de l'espace à (n - 1) dimensions (t l , . . . , t n - l ).
On admet que le rang de la matrice formée avec les dérivées
ôô:X k est égal à (n - 1) et qu'à des systèmes différents de valeurs
tl
(t l , ••• , t n - l ) correspondent des points (Xl' • . • , xn) différents..
Par ailleurs, comme indiqué plus haut, on admet que les coeffi-
cients ak (Xl' •.• , Xn' u) et c (Xl' •• 0' Xn, u) possèdent des déri-
vées premières continues dans un domaine de l'espace, contenant.
la variété (19) en son intérieur.
En particulier, cette condition du problème de Cauchy peut se-
traduire par la donnée de la fonction cherchée u comme fonction h
à Xl fixe, des autres variables:
u IX1=xiO) = cp (x 2 , ••• , Xn)' (20)
Ce problème se résout comme dans le cas de deux variables indé-
pendantes. On prend les expressions (19) pour conditions initiale~
2*
20 CH. 1. TH:eORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

dans l'intégration du système (17). On obtient ainsi la solution


sous la forme
Xl = Xlt (s,

Le déterminant

7iï ,
ÔZI
as
Dx'j
, · .. ,
ÔXn
ÔS

â=
ÔXI
ôt l
, ôX2
atl '
·.. ,
ÔXn
at , (22)
. . . . . . • . . . . . . l. .
ÔXI
ôt n- l
, 8x'j
at n - l
, · .. ,
lJz n
ôt n - l

jouera un rôle essentiel dans la suite. Compte tenu de l'équation


(17), on peut le mettre sous la forme

al' a 2, ... , an
ÔZI
at l '
ÔZ"
ôtl '
... , ~
ÔZn

â= (23)
• • • .• • • • • • . • .

-
8t
,
8Zi
n- 1
8z"
atn-l'
... , ÔXn
~
n-l

Si ce déterminant est non nul sur la variété (19), c'est-à-dire pour


$ = 0, alors les n premières équations (21) sont soluble~' par rap-
port à s, tu ... , t n -1. En portant cette solution dans la dernière
des équations (21), on obtient une surface intégrale de l'équation
(16). Le problème de Cauchy n'admet pas d'autres solutions dans
ce cas. Ceci se démontre exactement de la même façon que pour·deux
variables indépendantes. Considérons le cas où la condition initiale
est de la forIlle (20); le rôle des paramètres t l , . • • , t n -1 est assumé
par X2' .' •• , Xn. Considérons l'équation linéaire et. supposons que
le déterIllinant (23) est différent de zéro sur la variété (19). Comme
~=p= 0 pour P =1= q et :;p
= 1, on obtient d , al '=1:- o. Un~
diiision par le coefficient al ~ous conduit à l'équation
Pl + a2 (Xl' ••• , Xn ) P2 + · · · + an (Xl' • •• , X n) ,
Pn ..:-: ,
= b (Xit ••• , Xn)U+ C (XI~' '. :., Xn). (24)
Supposons que alt, b et c sont continus et ,possècie~t. des ,dérivées
partielles premières par rapport à Xi' •• • '~n continùes poùr a~
~. Xl ~ Ji ~t X 2 , • • • , X n quelconques. Suppbsons en outre que sous
'ces ..conditions les fonctions 'indiquées sont bornées:' 1ali··1 ~ M;
·lbl~'M;''I'c'I~M. - "'.' l, h ' . : ,
1-1-3. CAS D'UN NOMBRE QUELCONQUE DE VARIABLES 2t

Prenons xi pour variable indépendante et mettons le système (17)


sous la forme
dxll
d.%1
= ait (xu ... ,xn ) (k = 2, ... , n), (25)

::i = b (Xl' ••• , X n ) U + C (Xi! ••• , x n )· (26),


Soit x\O) E[a,~] la valeur initiale de Xl. Intégrons le système (25)
avec des conditions initiales quelconques:
x" 1X1=Cl(1) =x~O) (k=2, ... , n).
De l'ak 1~M il s'ensuit que les solutions Xk du système (25)
possèdent des dérivées bornées 1 ::: 1~M, donc Xk restent bornées
en valeur absolue: 'Xk-X~O) 1~M (~-a).
En appliquant la méthode des approximations successives (to-
me II, [11-3-2]) on s'assure immédiatement que les solutions indi-
quées
(k = 2, ... , n)
existent sur l'intervalle a ~ Xl ~ ~ tout entier pour des condition~
initiales arbitraires x1&O) (k = 2, ... , n). On peut dire que la courbe
intégrale qui passe par le point A o (x~O), X~O), ••• t x~» arrive au
point A (Xl' X 2 ' • • • , x n ) dont les coordonnées sont définies par
les formules (27). Le théorème d'unicité nous permet d'affirmer que;
si l'on prend le point A pour point initial, alors la courbe intégrale
correspondante passera par le point A o• D'où il s'ensuit que les
équations (27) sont solubles pour Xk quelconque par rapport à X~O), •••
• . •, x~) et la solution est de la forme
Xk(0) -- <Pll «
XlI l ' Xl' X , • • • , X )
2 n
(k =2, ... , n ) .
Soit à résoudre le problème de Cauchy avec la condition initiale
(20). En vertu de ce qui précède, nous devons intégrer les équations
(25) et (26) avec les conditions initiales

X ..
If, 1Xl=Xl<Ol = X(O)
k (k = 2 , )
... ,n,·
U 1Xl=Xl<Ol = m (x(O)
't' 2 ' · · .,
x(O»
n ,

ou" 1es quan t·t'1 es ar b·t·


1 raIres X 2(Ol , • • • , X n
10l Jouent
• 1e roAl e d e t l , • • •
. . ., tn - l • Portons (27) dans l'équation (26) et intégrons la dernière
équation:

l
Xl

u=e
6l
[ <p(x~O), ••• , x~O»+ C(XI ,<P2' ••• , <Pn).e"':6ldXll~ (28)
(Ol
'fI
22 CH. I. TImORIE DES :BQUATIONS AUX D1tRIVSES PARTmLLES


Xl

CO = ) b (Xl' CP2' ••• , Q>n) dX1


X(O)
1
~t dans b et c figurent CPk (Xl' X~O), X~O), ••• , x~». En portant l'ex-
;pression (27 1) dans le second membre de (28), on obtient la solution
'voulue U (Xl' ••• , x n ) du problème de Cauchy. Cette solution existe
:sur l'intervalle a ~ Xl ~ ~ tout entier et quels que soient X 2 ' •••
.• • • , X n . Cela est dû au fait que l'équation est linéaire et aux con-
ditions imposées à ah, b et c.
On peut indiquer pour l'équation quasi linéaire (16) un domaine d'existence
de la solution sous certaines conditions portant sur ah et c.
En effet, sUJ>posons que al = 1 et que ah et c sont continus, bornés et
possèdent des derivées continues sous réserve que
1 ,xl - x(t) 1 ~ a, (29)
bh ~. xh ~ ch (k = 2, •.. , n) (30)
~t quels que soient u réels, ces dérivées étant bornées en valeur absolue par une
constante A. Supposons que <p (x2' .•• , xn) est continue et bornée sous les
, conditions (30) et possède des dérivées premières continues bornées en valeur
absolue par une constante B. Sous ces conditions l'équation (16) (al 55 i) possède
une solution vérifiant (20) dans le domaine défini par

IXl-xIO)I<a; Ix-x~O)I< n~ In[1+ (n-1~(B+1)J


et par (30) (E. K a m k e, Ditferentialgleichungen reeler Funktionen, Leipzig,
1952].
" Traitons maintenant le cas où !1 = 0 sur la variété (t9). On admettra que
l'un des mineurs du déterminant !1 correspondant aux élements de la première
ligne est non nul. L'égalité !1 = 0 exprime que les éléments de la première
ligne sont une combinaison linéaire des éléments correspondants des autres
lignes, c'est-à-dire que
n-l
" ÔXh
ak= Li Îvj 7ft, (31)
. 1
3=
J

où Îvj sont des fonctions bien définies des paramètres (t l ,


tion c se représente aussi par la formule
•• 0' tn-v. Si la fonc-
n=l
" ôu (32)
c= Li ÎvjF
. 1 )
3=
'Sur la variété (19), alors la variété (19) s'appelle variété caracUristique de l'équa-
tion (16). On peut montrer que toute variété caractéristique (t9) de l'équation
·(16) peut être formée par les caractéristiques de cette équation et que si !1 = 0
sur la variété (t9) et si une surface intégrale u = u (Xl' XI' • • • , xn) passe par
~ette variété, alors cette dernière est caractéristique. "
Par une variété caractéristique il peut passer une infinité de surfaces inté-
grales.
1-1-4. EXEMPLES 23

Exactement 'comme dans le cas de deux variables, on peut ramener l'équa-


tion quasi linéaire (16) à-une équation linéaire sans second membre en cherchant
la solution de (16) sous la forme implicite: '
q> (Xl' •• " Xn ' u) = C,
où C est une constante arbitraire. On obtient pour la fonction q> l'équation
al<PX 1 + ..• +anlllx n +c<pu=O.
Le système correspondant d'équations différentielles ordinaires est
dXl dXn du
- al = =an
-=-
C
. (33)
Si
q>l (Xl' ••• , Xn , u) = Cl; ••• ; <Pn (Xl' ••• , Xn , U) = Cn (34)
sont des intégrales indépendantes de ce système, alors l'équation

F (<Pl' •• " <Pn) = 0


nous donne la solution de l'équation (16) sous forme implicite. Au second mem-
bre on a écrit 0 et non pas une constante arbitraire, car F est une fonction quel-
conque. Pour construire une surface intégrale passant par la variété (19), on
porte les expressions (19) dans les premiers membres des intégrales (34). En éli-
minant les paramètres t l , • • • , t n - l entre les n équations ainsi obtenues, on
trouvera une relation entre les constantes arbitraires:

F (Cl' •••, Cn ) = O.
Le premier membre de cette relation définit la forme de la fonction F. En rem-
plaçant dans le premier membre de la dernière équation les Ch par les fonctions
CJ'h (Xl' ••• , x n ' u), on obtient l'équation de la surface intégrale cherchée.
1-1-4. Exemples. 1. Considérons l'équation
3 (u - y)2 P - q = O. (35)
Le système (4) s'écrit
dx dy du
-=3(U-y)2. - = -1' -=0 (36)
ds 'ds' ds '
et sa solution exprimée en fonction des valeurs initiales des variables (x, y, u)
sera
x = (u o - Yo + s)3 + Xo - (uo - YO)3; y = -8 + Yo; u = UO' (37)
Supposons que les équations (7) de la ligne l par laquelle doit passer la surface
intégrale cherchée sont de la forme .

x = 0; y = t; u = t. (38)
En faisant Xe = 0; Ye = Ue = t dans (37), on obtient

le déterminant
x = il; y = -8 + t; u = t;
A = XsYt - XtYs = 382
s'annule pour s = 0, c'est-à-dire le long de l. La ligne (38) n'est pas une ca-
ractéristique de l'équation (35), car, en vertu de la dernière équation (36), u doit
être constant le long d'une caractéristique. Il existe néanmoins une surface
24 CH. 1. TH~ORIE DES ~QUATIONS' AUX D~RIV~ES PARTIELLES

intégrale de l'équation (35) qui passe par la ligne (38), plus exactement
-=}l''Z+II.
1 -~ .
Ici p = U x ="3 z 3 et cette dérivée partielle devient infinie sur la ligne (38).
2. Considérons l'équation
Pl + P2 + Ps = u,
u étant une fonction de trois variables.
En composant le système (17) et en l'intégrant, on obtient la solution sui-
vante en fonction des valeurs initiales z~' et Uo des variables:
Xk = S +
zî; u = uoe' (k = 1, 2, 3). (39)
Supposons qu'on demande de tr~uver une surface intégrale contenant la variété
Xl = tl + t2; X2 = tl - t2; Xs = 1; u = t l t 2•
En substituant ces expressions aux valeurs initiales dans l'équation (39), on
trouve
Xl . S + +
fI t 2 ; x2 = s +
t l - t 2 ; Xs = s 1; u = tltlle'. (40) +
Les trois premières équations admettent une solution par rapport à s, t l
et t 2 (cas !1 =1= 0) :

en portant ces expressions dans la dernière équation (40), on obtient la surface


intég.rale cherchée:' .
. 1 -1
u = T (Xl +X 2 - 2x s+2) (ZI-x 2 ) r' .

3. Cherchons la solution de l'équation


Ux - Uy = 1 (x + y)
qui est continue avec ses dérivées partielles premières et qui vérifie la condition
u = 0 pour X = O. Le changement de variables
X = Xl; X +y= YI
nous donne aussitôt la réponse:
u (x, y) = xl (x + y).
Cette formule nous donne effectivement la solution si- la fonction 1 <!) possède
une dérivée continue. Si f' (t) n'est pas continue, le problème ne possede pas de
solutions régulières. On sait qu'il existe des fonctions 1 (t) continues qui ne sont
nulle part dérivables. L'exemple cité montre que l'hypothèse de l'existence et
de la continuité de la dérivée de c est essentielle dans l'équation (2). [O. P e r ..
r 0 n. Math. Z., 1928, 27, nO 4.]
1-1-5. Théorème auxiliaire. Dans ce paragraphe, nous allons prouver le
théorème énoncé dans [1-1-2]. Démontrons tout d'abord une proposition auxi-
liaire. Supposons que les seconds membres des équations du système
d:: =Ih (x, YI' •.. , Yn, Â) (k=l, 2, •.• , n) (41)
1-1-5. TImO~E AUXILIAIRB 25-

dépendent d'un 'paramètre Â. Supp.osons d'autre part que ces seconds membres-
sont des fonctions continues possédant des dérivées continues par rapport.à
tous les Yk dans le domaine
1 z - a 1 ~ A ; 1 Yk - bk 1 ~ B (k = f, 2, • n), (42}
0 0'

où a et bk sont des nombres donnés, et  E [a, ~]o


Soit
M = max{1 !k (z, y, ••• , Yn' Â) I} (k = f, 0 0 0' n)
pour les valeurs indiquées des variables. Sous ces conditions, le système (41)
possède une solution unique vérifiant les conditions initiales:
Yk Ix=a = bA (k = f, •• 0' n}. (43}
Cette solution existe dans l'intervalle 1 z - a 1 ~ h, où h = min {A, B/Ml
et on peut la trouver dans cet intervalle par la méthode des approximations
successives (tome II, [11-3-2]). Les approximations successives calculées avec
les formules indiquées au (tome II, [11-3-2]) seront des fonctions continues de z
et  et en vertu de la convergence uniforme des approximations successives en z
et  (tome II, (II-3-2]), on peut affirmer que les fonctions qui nous donnent la,
solution du système (41) vérifiant les conditions initiales (43) seront des fonc-
tions continues de z et Â. On aurait pu admettre de toute évidence que les seconds·
membres des équations (41) renferment plusieurs paramètres au lieu d'un.
On a donc démontré le
Lem m e. Si les seconds membres des équations (41) dépendent des paramètreS'
"'l' ..., Âs et remplissent les conditions indiquées ci-dessus, alors la solution du
système vérifiant les conditions initiales (43), où a et bk sont des nombres donnés,.
est formée de fonctions continues dépendant de z et de Âi : Yk = "Pk (z, Â1 , ••• , Â s ).
Rem a r que. Soient Zo et yg des valeurs comprises dans le domaine (42).
Les solutions vérifiant les conditions initiales Yk (zo) = yg seront fonctions de-
ces conditions initiales:
Yk = "Pk (z, zo, y~, ••• , yf&), (44r
de plus elles sont définies dans un voisinage de z = 3:0. Si l'on introduit la va-
riable indépendante S = z - Zo et les fonctions fJk = Yk - Yi, le système·
devient
~~k =fk (ç+zo, rh+Y~, fJ2+yg, ... , fJn+y~L Â),

c'est-à-dire que les conditions initiales figureront comme paramètres dans les-
seconds membres et seuls des nombres bien définis figureront dans les conditions-
initiales fJk (0) = O. Le lemme ci-dessus nous permet d'affirmer que les fonc-
tions (44) sont des fonctions continues en chacun de leurs arguments. .
Passons maintenant à la démonstration du théorème énoncé dans [I-f-2] ..
Pour simplifier, on commencera par traiter le cas d'une seule équation
dy
dx = f (x, y). (45)

Supposons que le second membre est continu et possède une dérivée continue pal'"
rapport à Y dans le domaine
1z - a 1 ~ A; 1Y - b 1 ~ B. (46),
Considérons la solution de l'équation (45) qui vérifie la condition initiale-
= YQ' où Xo et Yo. sont situés à l'intérieur du domaine (46). Cette solution
Y (xo)
dépendra de Zo et Yo:
Y = cp (x, zo, Yo}, (47})
26 CH. I. TImORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

et sera définie pour les x assez proches de xo. Modifions un peu la condition ini-
tiale et considérons la nouvelle solution:
y+ = q> (x, Xo, Yo + ~Yo)' (48)
Si ~Yo est assez pètit en valeur absolue, alors les solutions (47) et (48) existent
.dans un certain voisinage de x = Xo'
De l'équation (45), il s'ensuit que

d(~:-Y)=f(X, y+)-f(x, y),

.et cette équation peut être mise sous la forme

(49)

-où
a (x ~y)= f (x, y+)- f (x, y) (50)
\, 0 y+- Y •

()n admet que cette relation est une fonction connue de x et ~Yo' puisque les
solutions (47) et (48) le sont aussi. Il est immédiat de voir que la fonction
a(x, ~Yo) est une fonction continue en ses arguments. Ceci est évident pour les
valeurs de x et de ~Yo pour lesquelles y+ - Y =1= O. Si les fonctions y+ et y ten-
dent vers la même limite y' lorsque x --+ x' et ~Yo --+ a', alors de la condition
d'existence de la dérivée continue il résulte que

f(x, y+2- / (x, y) =fy[x, y+8(Y+-Y)]-+l y (x, y'),


y -y
.autrement dit, la fonction (50) est continue dans ce cas. En divisant les deux
membres de (49) par ~Yo, on obtient une équation différentielle pour le rapport
(y+ - y)/ ~Yo :
d (Y+-Y) y+-y
dx ~Yo = a (x, ~yo)· ~Yo • (51)

Pour x = .1:0' on a y+ Ix=x



= Yo + ~Yo et y Ix=x = Yo, c'est-à-dire que

y+-y 1
=1. (52)
~Yo x=x o
Donc, (y+ - y)/ ~Yoest la solution de l'équation différentielle
du
dx =a (x, ~Yo) u, (53)

-qui vérifie la condition initiale


u 1X=Xo = 1. (54)
Comme le second membre de l'équation (53) est une fonction continue du
paramètre ~Yo pour tous les ~Yo assez proches de 0, la solution u vérifiant la
-condition (54) est aussi une fonction continue de ~Yo et en particulier existe la
limite du rapport mentionné lorsque ~Yo --+ 0, ce qui exprime que la fonction
(47) possède une dérivée partielle q>yO (x, xo, Yo) par rapport à Yo' Cette dérivée
partielle doit être solution de l'équation (53) pour ~Yo = O. Or, en vertu de (50),
-on a a (x, 0) = 111 [x, q> (x, xo, Yo)]' donc, on peut affirmer que la dérivee
1-1-5. THt:.OR~l\IE AUXILIAIRE 27

partielle <PYe (x. xo, Yo) est la solution de l'équation


du
dx = I y [x, <P (z, xo, Yu)] u. (55)

qui vérifie la condition (54). Le second membre de l'équation (55) étant une
fonction continue en ses arguments Xo et Yo. on peut grâce au lemme affirmer que
la dérivée partielle <Py (x. xo. Yo) est une fonction continue en ses arguments,
Ce qui démontre le théorème,
. Rem a r que 1. On démontrerait mutatis mutandis que la fonction (47)
possède une dérivée partielle continue <Px (x. xo. Yo) qui est la solution de l'é-
quation (55) qui vérifie la condition iniiiaie .
u 1X=Xo = - 1 (xo. Yo)'
On obtient immédiatement cette condition initiale en mettant l'équation
(45) avec la condition initiale y (xo) = Yo sous forme de l'équation intégrale
(tome II. [11-3-2]):
x

Y=Yo+ ) f (x. y) dx.


Xo

Une dérivation des deux membres par rapport à Xo nous donne la condition
initiale ci-dessus pour u = <Pxo (x. xo. Yo)'
Rem a r que 2. La démonstration précédente est valable pour le système
d'équations (5), Soit la solution de ce système:
Yk = <Pk (x, xo. yY. ' ..• Y7&) (k = 1, 2•. , " n). (56)
En donnant à lIî un accroissement L\Yt on obtient la nouvelle solution
Y"k = <Pk (x, xo• yy, •.. , Y~-1' y~+L\y? Y~+1' •. :, ylh)·
Ecrivons le système (5) pour Yh et Yt, retranchons terme à terme et mettons les
seconds membres obtenus sous la forme
Ih (x. Yt. ' , " y~) - th (x. YI' • , .• Yn) =
= (th (x. Yt. yr, y1iJ - h (x. YI' Yt. yi•.. '. Yit)) +
Yà, ' , .,
+ [h (x. YI' y;t. y~, •• " Y1i) - Ih (x, YI' Y2. Yâ • • , " y~)) + ' ,,
,,,+ [fk (x. YI' Y2. ' , " Yn-l' y~) - Ih (x, YI' Y2' • , '. !Jn-l' Yn)].
On obtient pour les rapports Uk = (Yt. - Yk)/ L\y~ le système d'équations
linéaires suivant:


hdx, Yn ••. , Yi-17 yi. "0' y1i)-/k(X. YI' ... , Yi-l. lib Yj+l' ...• y;t)
Gltj= ---------'---~-__:;:-----------.:.....:....:----
Yi-Yi
avec les conditions initiales
uklx=x o =0 (k =f=. i); utlx=x. .=1. (57)
. . •
28 CH. I. TH~ORIE DES ~QUATIONS AUX D~RIV~ES PARTIELLES

La suite de la démonstration est la même que pour une seule équation. et


l'on s'assure que les fonctions (56) possèdent des dérivées partielles continues.
par rapport à yf. Au lieu de l'équati0I.l (55), on obtient pour ces dérivées partiel-
les le système d'équations
n
dUh . ' ~l afh (X,'Yl' ... , Yn) u. (58)
dx.LJ aYi 1
1=1
dans les coefficients duquel il faut remplacer Yh par les fonctions (56). Les condi-
tions initiales seront encore définies par les formules (57). A noter qu'on aurait
pu obtenir directement le système (58) en portant les fonctions (56) dans les
équations (5) et en dérivant les deux membres par rapport à yf. Mais on ne peut
sans démonstration préalable affirmer l'existence de la dérivée partielle par
rapport à y<~) de même qu'on ne peut en toute rigueur changer l'ordre de dériva-
tion par rapport à x et à y<~) dans le second membre. A noter encore que dans le
cas d'une seme équation, l'équation linéaire sans second membre (55) s'intègre
en termes finis. . '
Rem a r que 3. Si les seconds membres th des équations (5) possè den
sous les conditions (6) des dérivées partielles par rapport à Ys jusqu'à un ordre m
continues, alors il en est de même des fonctions CJ'h (x, Xo, y<ï>, ••• , y<l» par
rapport à y<g>. Si th possèdent une dérivée partielle par rapport à x continue,
alors de l'équation (5) il s'ensuit que «Ph admettront des dérivées premières et
secondes par rapport à x continues.
1-1-6. Equations non linéaires du premier ordre. Nous passons
à l'étude des équations aux dérivées partielles du premier ordre
dans le cas général. Comme pour les équations linéaires envisagées
précédemment, nous commencerons par le cas de deux variables
indépendantes. Une équation aux dérivées partielles du premier
ordre pour une fonction de deux variables indépendantes est de la
forme
F (x, y, u, p, q) = O. (59)
Voyons quelle est la signification géométrique de cette équation.
En tout point (x, y, u), l'équation (59) est une relation entre p et q,
c'est-à-dire une relation entre les cosinus directeurs de la normale
à une surface u = u (x, y). Les normales vérifiant cette relation
forment une,surface conique de sommet (x, y, u). Les plans passant
par le point (x, y, u) perpendiculairement aux génératrices de ce
cône figurent toutes les positions possibles du plan tangent en
(x, y, u) aux surfaces intégrales cherchées. Tout comme la famille
des normales génératrices du cône, cette famille de plans dépendra
d'un seul paramètre. L'enveloppe de cette famille de plans est un
cône que l'on appellera cône T. L'équation (59) équivaut donc à la
donnée d'un cône T en chaque point de l'espace, quant à la surface
intégrale de l'équation (59), elle doit être telle que le plan tangent
en-l'un quelconque de ses points soit tangent au cône T correspon-
dant à ce point.
Composons les équations des génératrices du cône T en un point
donné (x, y, u). Soient p et q des fonctions d'un paramètre a véri-
'1-1':6: ":mQUATIONS NON LIN:eAIRES DU PREMIER ORDRE 29

fiant l'équatio-n (59) au point (x, y, u). Le cône est l'enveloppe de


la famille de plans:
p (a) (X - x) + q (a) (Y - y) - (U - u) = O. (60)
En dérivant par rapport à a, on obtient l'équation auxiliaire

~~ (X - x) + :: (Y - y) = O. (61)
En dérivant l'équation (59) par rapport à a, on trouve
p dp +Q~=O (62)
da da '

P = Fp ; Q = F q. (63)
Dans la suite, on admettra que F p et F q ne sont pas simultanément
nulles dans le domaine de variation des variables, c'est-à-dire que
~ + F~ > O. Une exception toutefois, le cas des solutions singu-
lières de l'équation (59). Si l'on admet que ~~ et ~ ne sont
pas simultanément nulles, alors des équations (61) et (62) on déduit
que
X-x Y-y
p - Q .
Enfin, l'équation (60) nous donne l'équation des génératrices
du cône:
X-x Y-y U-u
P Q - pP+qQ· (64)

Pour obtenir les génératrices du cône T, il faut porter dans les dé-
nominateurs les diverses valeurs de p et q vérifiant (59) en (Xi y, u).
Dans le cas de l'équation linéaire (2), nous avions une direc-
tion bien définie en chaque point et le plan tangent aux surfaces
intégrales devait contenir cette direction. Ici, nous avons en cha-
que point non pas une direction, mais un côneT et le plan tangent
aux surfaces intégrales cherchées doit être tangent à ce cône. Nous
ne pouvons donc pas construire directement les courbes caracté-
ristiques pour l'équation non linéaire (59) comme nous l'avons
fait pour l'équation linéaire (2) à l'aide du champ de directions.
Le champ de directions est remplacé ici par un champ de cônes T.
Cependant, nous allons montrer que si l'on connaît une surface
intégrale S: u = u (x, y) de l'équation (59), on peut la recouvrir
de lignes analogues, aux lignes caractéristiques de l'équation linéaire
(2). En effet, tout· plan tangent à la surface intégrale S doit être
tangent au cône T correspondant ,au point de contact et par consé-
quent doit contenir ulie génératl"ice du ,-cône, plus exactement celle
30 CH. 1. TImORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

le long de laquelle il est tangent au cône. Ces génératrices des cônes T


forment un champ de directions sur la surface intégrale S. En inté-
grant l'équation différentielle du premier ordre correspondant à
ce champ, on recouvre S par une famille de lignes l' dépendant d'un
paramètre. Les cosinus directeurs du champ de directions mentionné
doivent être proportionnels aux dénominateurs de l'équation (64),
où p et q se déterminent directement à partir de l'équation de la
surface intégrale S. Donc, le long des lignes l' recouvrant la surface
intégrale S, on doit avoir
dx dy du
P-O= pP+qQ' (65)
ou
dx =p. dy Q du
ds 'ds = ; a:; = pP+qQ. (66)
Pour trouver les lignes l' il suffit d'intégrer l'équation du pre-
mier ordre
dx dy
p=7[; (67)
les dénominateurs P et Q ne dépendent que des variables x et y,
car la fonction u et ses dérivées partielles p et q sont des fonctions
connues de x et y sur S. En intégrant l'équation (67) et en se servant
de l'équation de la surface u = u (x, y), on obtient les lignes l'
cherchées. Les seconds membres des équations (66) n'ont un sens
que si la surface intégrale u = u (x, y) est dûment choisie. La con-
naissance de la surface intégrale nous donne p et q en fonction de
x et y. Nous allons adjoindre au système d'équations (66) deux équa-
tions contenant tes différentielles dp et dq de façon à obtenir un
système d'équations différentielles ne dépendant pas du choix de
la surface intégrale de l'équation (59). Désignons par r, cr et t les dé-
rivées secondes de la fonction u:
r = U xx ; cr = U Xll ; t = u YlI '
et par X, Yet U, les dérivées du premier membre de l'équation (59)
par rapport à x, y et u:
X=F x ; Y=F y ; U=F u '
En dérivant le premier membre de l'équation (55) par rapport à
x et à y, on obtient
X + Up + Pr + Qcr = 0; y + Uq + Pcr + Qt = O.
D'autre part, on a de toute évidence
dp dx dy Q
ds = r ds + cr ds = Pr cr, +
dq =
ds
cr dx
ds
+t dy
ds
= Pcr+Qt.
1-1-6. :eQUATIONS NON L1N:eA1RES DU PREMIER ORDRE 31

De ces équations il s'ensuit immédiatement que


~~ = -(X +Up); ~; = -(y +Uq),
donc, on peut ajouter les deux dernières équations aux équations
(66) et obtenir ainsi un système de cinq équations différentielles à
cinq fonctions du paramètre auxiliaire s:
dx _ p . dy _ Q . du _ p + Q'
(lS- ,a;s- '(I;"-P q,
(68)
:=-(X+Up); ~;=-(Y+Uq).
On peut donc affirmer que les équations (68) sont réalisées sur toute
surface intégrale le long de toute ligne l'. Le système d'équations
différentielles (68) peut être considéré en soi, indépendamment des
surfaces intégrales de l'équation (59). On l'appelle système caracté-
ristique de l'équation (59).
Signalons que pour déduire les équations (68) on s'est servi des
dérivées secondes de la fonction u. De plus il est essentiel que lors
de l'intégration de (68) les seconds membres possèdent des dérivées
premières continues. Formulons le résultat obtenu en tenant compte
de tout ce qui vient d'être dit. Soit u (x, y) une solution de l'équa-
tion (59) possédant des dérivées premières et secondes continues
dans un voisinage d'un point (x o' Yo)' Posons U o = u (xo, Yo),.
Po = U x (x o' Yo), qo = u y (x o' Yo)· Nous admettons que la fonction
F (x, y, u, P, q) est continue et possède des dérivées premières et
secondes continues dans un voisinage de (x o, Yo, u o, Po, qo). Sous
ces cOJlditions le système (68) possède une solution
Xo (s), Yo (s), U o (s), Po (s), qo (s)
vérifiant les conditions initiales (xo' Yo, u o, Po, qo) pour s = O~
Des raisonnements précédents, il s'ensuit que la surface intégrale
U = u (x, y) contient la solution du système (68) pour tous les s
assez proches de 0, autrement dit
U o (s) = U [x o (s), Yo (s)]; Po (s) = U x [xo (s), Yo (s)] ;
qo (s) = u y [x o (s), Yo (s)J~
Comme déjà indiqué plus haut, le système (68) peut être considéré
en soi, indépendamment de l'équation (59), comme un système du
premier ordre pour des fonctions de (x, y, u, p, q). Il est immédiat
de vérifier qu'il admet pour solution
F (x, y, Ut Pt q) = C. (69)
En eff et, en dérivant le premier membre de (69) par rapport à s et
de par les équations (68), on obtient
dF
~==XP+ YQ+U (pP+qQ)-P (X +Up)-Q (Y +Uq) ==0.
~2 CH. 1. THEORIE DES EQUATIONS AUX DERIVEES PARTIELLES

1-1-7. Variétés caractéristiques. Toute solution du système (68)


est constituée de cinq fonctions du paramètre auxiliaire s:
x (S), y (S), U (S), P (S), q (s). (70)

Nous allons distinguer uniquement les solutions du système qui,
portées dans l'intégrale (69), annulent la constante C. Appelons ces
solutions bandes caractéristiques de l'équation (59), autrement dit,
on appelle bande caractéristique de l'équation (59) un système de fonc-
tions (70) vérifiant le système (68) et la relation
F (x, y, u, p, q) = O. (71)
Les trois premières fonctions (70) définissent une courbe gauche,
Jes deux dernières, un plan tangent à cette courbe. Toute courbe
gauche appartenant à une bande caractéristique s'appelle courbe
.caractéristique de l'équation (59). Dans le paragraphe précédent,
on a montré que toute surface intégrale peut être recouverte par des
handes caractéristiques, donc par des courbes caractéristiques. Si
l'on prend un point (x o' Yo, ua) sur une surface intégrale, alors en
vertu du théorème d'existence et d' unicité, le système (68) définit
une seule bande caractéristique vérifiant la condition initiale. x =
= x o, y = Yo, u = ua' P = Po, q = qo (Po et qo sont les valeurs de p
~t de q au point (x o, Yo, ua»~ et cette bande doit entièrement appar-
tenir à la surface intégrale considérée. En d'autres termes, si une
bande caractéristique possède un élément en commun avec une surface
intégrale, alors elle est entièrement contenue dans cette surface. De
cette assertion il résulte aussitôt que si deux surfaces intégrales sont
tangentes en un point, c'est-à-dire ont les éléments p et q en commun
en ce point, alors la bande caractéristique correspondant à ces va-
leurs initiales appartient à ces deux surfaces intégrales. Autrement
dit, si deux surfaces intégrales sont tangentes en un point (x o' Yo, uo),
alors elles seront tangentes le long de la bande caractéristique qui vérifie
les conditions initiales x = xo, y = Yo, u = ua' P = Po, q = qo. On
admet bien sûr que les surfaces intégrales et la fonction F satisfont
les conditions mentionnées dans le paragraphe précédent et que
tous ces raisonnements sont valables au voisinage d'un point (xo' Yo).
Signalons encore que pour qu'une solution du système (68)
vérifie la relation (71), c'est-à-dire soit bande caractéristique, il
suffit, en vertu de (69), de s'assurer que cette relation est vérifiée
par les valeurs initiales de cette solution, Le.
F (x o, Yo, ua' Po, qo) = O. (72)
1-1-8. Méthode de Cauchy. Nous avons étudié le lien existant entre
le système (68) et l'équation (59). Nous avons vu en particulier que
toute surface intégrale est une famille de bandes caractéristiques dé-
pendant d'un paramètre. ,Supposons maintenant que nous avons
réussi à intégrer le 'système (68),' donc que 'nous connaissons toutes
1-1-8. M~THODE DE CAUCHY 33

les bandes caractéristiques. Montrons comment il est possible de


construire les surfaces intégrales de l'équation (59) à partir de ces
caractéristiques. Nous admettons que la solution du système (68)
est exprimée en fonction du paramètre s et des valeurs initial~s des
fonctions du système:
x=x(s, x o, Yo, u o, Po, qo),
y = y (s, x o, Yo, u o, Po, qo),
u = u ( . . . . . . . • • . . .), (73)
P = P ( . . • • • • • • • • • .),
q=q( • . . • • • • • • • • •).
Pour obtenir la famille des bandes caractéristiques, on admettra que
les valeurs initiales (x o' Yo, uo, Po, qo) sont fonctions d'un para-
mètre t:
Xo (t), Yo (t), u o (t), Po (t), qo (t), (74)
et vérifient la relation (72). On admet de plus qu'elles possèdent
des dérivées continues pour t E ]to, t I [ et que les seconds membres
des équations (68) ont des dérivées continues par rapport à (x, y,
u, p, q) dans un domaine contenant la variété (74) en son intérieur.
On a vu au numéro précédent que la relation (71) sera satisfaite
pour toute valeur de s.
En portant les fonctions (74) dans les seconds membres des for-
mules (73), on obtient
x = x (s, t), y = y (s, t), u = u (s, t) (75)
P = P (s, t), q = q (s, t). (76)
Les équations (75) sont les équations paramétriques d'une surface.
Si le déterminant
~ = XsYt - XtY~ (77)
est différent de 0, ce que nous admettrons dans la suite, alors- de
même que pour l'équation linéaire on peut déterminer l'équation
explicite u = u (x, y) de cette surface. L'équation (71), ainsi qu'on
l'a vu plus haut, sera vérifiée mais l'on ne sait pas si les fonctions
p et q définies par les formules (75) seront ou non les dérivées par-
tielles de la fonction u (x, y) par rapport à x et à y. Si ceci a lieu,
une dérivation de la fonction u (x, y) par rapport à s et t nous donne
au ôx ay au ax lJy
âs - Pas - q-as = 0, fit- P fit - q fit=O. (78)
Comme le déterminant d'ordre deux formé avec les coefficients en
p et q est par hypothèse différent de 0, on peut affirmer qu'inverse-
ment, si p et q définies par les formules (76) vérifient les relations
(78), alors elles sont les dérivées partielles de u (x, y) par rapport à
3-01017
34 CH. 1. THeORIE DES 1:QUATIONS AUX D1:RIV1:ES PARTIELLES

x et à y. La première relation (78) découle immédiatement des trois


premières équations du système (68). Il reste seulement à définir
sous quelles conditions sera réalisée la deuxième relation (78). On.
admet que F (x, y, u, p, q) possède des dérivées premières et secon-
des au voisinage de (x o' Yo, u o, Po, qo)' Cela étant, les seconds membres.
des équations (68) possèdent des dérivées premières continues et
ces équations nous disent d'autre part que x s , Ys et Us ont des dérivées.
continues par rapport à t, c'est-à-dire que les dérivées Xst, Yst et Ust:
existent et sont continues. Il ,eo est de même des dérivées Xts, Y ts et
Uts et de plus Xst = Xts, Yst = Yts, Ust = Uts' En effet, ceci résulte'
du fait que si une fonction f (x, y) possède dans un domaine une·
dérivée f xy continue, alors la dérivée f yx existe aussi et f yx = f xy'
Ce théorème peut être prouvé en modifiant légèrement les raisonne-
ments du (tome l, lV-1-5l) (cf. par exemple G. F i k h t e n g olt z~
Cours de calcul différentiel et intégral, t. 1. Naouka, 1970 (en russe)).
En désignant par L le premier membre de la deuxième équation.
(78) et en dérivant par rapport à s, on obtient

aL a2 u (j'l.y
- ôp (Jx ôq ôy
f)2 x
ôs = ôt ôs - P ôt as - q ôt ôs --
ôs ôt - ôs
-- dt • ,

Par ailleurs, en dérivant par rapport à t la première relation.


(78), qui, on l'a vu, est réalisée, on obtient

0= ô2 u _ P â2 x a2 y _ â p âx _.!..!L ây
âs ât âs at - q as at at as at as'

En retranchant terme à terme les daux dernières équations,.


aL
on peut mettre 7ii'" sous la forme
aL _ ap ax + aq ay op ax aq ay
a;- - 7 f t 7h 7ft as - as at - as 7ft '
ou, compte tenu du système (68),
aL_ ap Q aq ax ay
--a;-- p 7 f t - at +(X +Up) 7ft +(Y +Uq) at .

Une dérivation par rapport à t de la relation (71) qui est vérifiée-


par les fonctions (75) et (76) nous donne
0= X ax
at
+y ay
at
+U au
at
+p ap
at
+ Q aqat .

En retranchant les deux dernières égalités, on obtient pour aL


as
fJ L
--a;-= U ( ax
p 7ft
+ q 7ft
oy au )
-7Ft ou
aL
as
= _ UL '
1-1-9. PROBLÈME DE CAUCHY 35

d'où
~

- S Uds
L=Loe 0

où L o est la valeur du premier membre de ]a deuxième relation


(78) pour s = 0 :
L QUo QXo QYo
0= (j"t"- Po at"- qo fit·
On voit que la relation L = 0 sera réalisée pour tout s si elle l'est
pour s = 0, c"est-à-dire qu'une condition nécessaire et suffisante
pour que la deuxième relation (78) soit réalisée est que les fonctions
(74) vérifient la relation
duo
dt" = Po lIt
dxo + qo dt·
dyo
(79)

On peut donc affirmer que si le déterminant .1 est non nul pour


s = 0 et t = t ' (t ' E ]to' tIl), et si les fonctions (74) vérifient les
relations
F (x , Yo, ua, Po, qo ) = 0 , (duo
o
dx'J
[ t = Po Cit
+ dyo
qo -;It, (80)

alors les équations (75) définissent pour les s et t proches de s = 0 et


de t = t ' une surface intégrale u = u (x, y) de l'équation (59).
Les deux premières équations (75) nous donnent des fonctions con-
tinûment dérivables s (x, y) et t (x, y). En les portant dans u (s, t),
P (s, t). et q (s, t), on obtient des fonctions continûment dérivables
de x et y que nous désignerons par u (x, y), p (x, y) et q (x, y) pour
ne pas introduire de nouvelles notations. Or, p (x, y) = U x (x, y),
q (x, y) = u y (x, y), donc u (x, y) possède des dérivées secondes
continues. Pour la solution obtenue u o (t) = u [x o (t), Yo (t)l pour
s = 0 et t proche de t ' , c'est-à-dire que la surface u = u (x, y) con-
tient une portion de la ligne x = X o (t), y = Yo (t), u = U o (t).
1-1-9. Problème de Cauchy. Le problème de Cauchy pour l'équa-
tion (59) se formule dans les mêmes termes que pour l'équation li-
néaire: on demande de trouver une surface passant par une courbe
donnée l. Traitons d'abord le cas particulier où la courbe donnée
est située dans un plan x = X o parallèle au plan (y, u) et est définie
dans ce plan par l'équation explicite u = '" (y), autrement dit, on
demande de trouver la surface intégrale qui vérifie la condition
suivante:
u Ix= xo = '" (y). (81)
En étudiant le problème de Cauchy on démontrera toujours non
seulement l'existence et l'unicité de la solution, mais aussi la dr-
pendance continue de cette solution par rapport aux conditions ini-
3*
36 CH. I. TH:eORIE DES:eQUATIONS AUX DBRIVBES PARTIELLES

tiales. Soit Ul une solution pour laquelle on remplace 'i' (y) par
'\jJ (y) +
ô (y) dans la condition (Si). La dépendance continue par
rapport aux conditions initiales revient ici à rendre dans un domaine
fini de variation de (x, y) la quantité 1 U - Ul 1 aussi petite que l'on
veut si 1 ô (y) 1 est assez petit. Cette dépendance continue s'appelle
généralement validité du problème de Cauchy. On admettra que l'équa-
tion (59) est écrite sous la forme résolue par rapport à p :
p = f (x, y, u, q). (S2)
De la condition de Cauchy (Si), il résulte immédiatement que pour
paramètre on peut prendre la variable y. L'équation paramétrique
de la courbe l sera alors: x = x o ; y = y; u = 'i' (y). Il nous reste
encore à définir sur cette courbe les fonctions p et q comme des fonc-
tions du paramètre y de telle sorte que soient réalisées les deux
.conditions (SO). Ces conditions s'écrivent ici
(83)

,d 'où l'on voit que Po et qo sont définies de façon unique sur l. On


obtient la solution du problème en appliquant la méthode d~velop­
pée dans)e paragraphe précédent.
Pour que les conditions mentionnées dans le numéro précédent
soient remplies, il faut que la fonction 'i' (y) possède une dérivée
seconde continue. Les conditions imposées à f résultent de celles
imposées à F dans [I-1-S}.
Considérons maintenant une condition initiale plus générale,
plus exactement, exigeons que la surface intégrale passe par la
courbe
x :...- <p (y) ; u = 'i' (y). (84)

Ce problème peut être ramené au précédent par un changement des


variables indépendantes. Posons
x = x' <p (y') ; +
y = y',
et exprimons les dérivées par rapport aux nouvelles variables en
fonction des dérivées par rapport aux anciennes:
ux, = p; u y' = p<p' (y') + q,
. d , ou"
p = U x ' ; q = u y ' - ux,<p' (y'),
et l'équation (59) devient dans les nouvelles variables:
F [x' + <p (y'), y', u, U x', u y' - ux'<p' (y')] = O. (S5)
La ligne (S4) s'écrit dans les nouvelles variables:
x' = 0; u = 'i' (y'),
1-1-10. UNICITg DE LA SOLUTION 31

c'est-à-dire qu'on est conduit à un problème de Cauchy du type


précédent. Sa résolubilité se ramène à celle de l'équation (85) par
rapport à U x '.
Si la courbe l est définie paramétriquement par
x = X o (t) ; Y = Yo (t) ; u = Uo (t),
on doit déterminer les fonctions Po (t) et qo (t) à partir des équations:
F [x o (tl' Yo (t), Uo (~), Po (t), qo ,(t)] = 0,
{ (86)
U o (t) - Po (t) X o (t) - qo (t) Yo (t) = O.

Le jacobien des premiers membres de' ces équations par rapport à


Po et qo, soit
~o = Y~ (t) F po - x~ (t) F qo' (87)
est confondu précisément avec le déterminant (77) pour s = 0, ce
qui résulte immédiatement des deux premières équations du système
(68). On admet que le déterminant (77) est non nul sur l et que le
système (86) nous donne sur l des valeurs bien définies pour Po et qo.
Sous ces conditions, on peut se servir de la méthode développée
dans le numéro précédent pour construire la solution en se souve-

s = °
nant que le jacobien (87) est différent de zéro non seulement pour
mais aussi pour les s proches de O. Pour que les fonctions
Po (t), qo (t) possèdent des dérivées premières continues, il faut
exiger que les fonctions X o (t), Yo (t) et U o (t) en possèdent des secon-
des continues. Ceci ressort de la deuxième équation (86).
1-1-10. Unicité de la solution. En résolvant le problème de Cauchy
on a construit une surface intégrale à l'aide des bandes caractéristi-
ques. L'unicité de la solution découle, de prime abord, directement
du fait que toute surface intégrale peut être recouverte par des bandes
caractéristiques. Mais pour le prouver on a dû admettre que la fonc-
tion u (x, y) possédait des dérivées secondes continues. Sous les
hypothèses faites plus, haut, on a obtenu dans (1-1-9] une solution
dont u (x, y) possédait des dérivées secondes continues. Cependant,
cette démonstration simple de l'unicité ne passe pas si l'on suppose
que u (x, y) admet seulement des dérivées premières continues.
On démontre toutefois sans peine le théorème d'unicité en ad-
mettant seulement l'existence de dérivées premières continues. Nous
le ferons pour l'équation (82) avec la condition de Cauchy (81).
La démonstration repose sur le lemme suivant.
Lem m e. Supposons qu'une fonction u (x, y) continue dans un
triangle ~ fermé limité par les droites
1 1
x=x o ; x - X o= A (y - YI); x- X o= - A (y - Y2) (88)

(YI < Y2)'


38 CH. 1. TH~ORIE DES ~QUATIONS AUX D~RIV:eES PARTIELLES

est définie et possède des dérivées premières continues pour x > Xo dans
un triangle plus grand limité par les droites
1 1
x=x o ; x-x o=T(Y-Y3); x-xo=-T(Y-Y') (89)
(Y3 < YI < Y2 < y,,).
Supposons d'autre part que
1 U x 1~ A 1 u y 1 +B 1 u l, (90)
sur le triangle D. tout entier privé de la base x = xo, et que
1u (x o, y) I~ M (91)
sur la base x = X o' Sous ces conditions
1u (x, y) 1 ~ MeB(x-xo) , (92)
sur le triangle ~ tout entier.
Commençons par prouver ce lemme pour A = B = 1. Supposons
par absurde qu'il existe dans ~ des points en lesquels 1 u (x, y) 1 >
> Me x - xo • La fonction u (x, y) e Xo - X n'atteint pas alors son maxi-
mum sur la base.
Comme la fonction u (x, y) et ses dérivées ne figurent dans tou-
tes ces conditions que par leurs valeurs absolues, on peut, quitte à
changer le signe de u (x, y), admettre que le produit u (x, y) eXo - X

°
atteint son maximum en dehors de la base de Do. De plus, on peut
fixer un nombre  > aussi petit que l'on veut tel que la fonction
v (x, y) = u (x, y) e-(1+)..)(x- x o> (93)
atteigne son maximum en dehors de la base de ~. Montrons que
cela est impossible. Si ceci a lieu en un point intérieur de Do, alors
V x = Vu = Oencepoint, d'oùu x - (1 + Â) u = 0, u y = O(u>O),
ce qui contredit (90) pour A = B = 1. Si ceci a lieu sur le côté
x - X o = y - YI (mais pas en un sommet de ~), alors Vu ~ Oet en
dérivant le long de ce côté on obtient V x + v y = O. D'où
Uu ~ 0; U x = -ur (1 + +
Â) U (u > 0), (94)
ce qui contredit encore (90) pour A = B = 1. Si ceci a lieu sur le
côté x - Xo = -(y - Y2)' on trouve par analogie Vu ~ 0, V x - v y =
= 0, d'où
u ll ~ 0; U x = u y + (1 + Â) u (u > 0), (95)
ce qui contredit encore (90) pour A = B = 1. Supposons enfin que
la fonction (93) atteint son maximum en un sommet du triangle D.
On a en ce sommet vx~ 0, Le. ux~ (1 + Â) u. Si de plus u y = 0,
on obtient de nouveau une contradiction avec (90). Si u y < 0, en
dérivant le long du côté x - X o = Y - YI' on trouve V x vy ~ 0, +
d'où U y < 0, ux~ -uu + (1 + Â) u, ce qui contredit (90) pour
1-{-1O. UNICIT:€ DE LA SOLUTION 39

A = B = 1. Si enfin u y > 0 au sommet considéré, en dérivant le


long de x - X o = -(y - Y2)' on obtient comme plus haut une
<contradiction. On a donc prouvé le lemme pour A = B = 1. Gé-
néralisons ce lemme. Considérons le triangle de côtés (88) avec les
'Conditions (90) et (91). Le changement de variables x' = Bx, y' =
= ~ y transforme le triangle 6. en un triangle 6. ' de côtés
x' = Bxo ; x' - Bx o = y' - y~; x' - Bxo= - (y' - y~)

(Yh= ~ Yk) ,
la condition (90), en la condition
1 U x' 1~ 1 u y' 1 +1 U l,
.et la condition (91), en la condition similaire 1 U (Bx o, y') 1~ M.
D'après ce qui a été prouvé plus haut, on obtient 1 U (x', y') 1~
~ Me(x' -Bxo) dans 6. ' et en revenant aux anciennes variables, l'iné-
galité (92) dans 6>.
Prouvons maintenant l' unicité de la solution de l' équation (82)
vérifiant la condition (81) et les conditions du lemme. Supposons
-qu'il existe deux solutions UI (x, y) et U 2 (x, y) daus la bande xo~
~ x~ Xl telles que 1 Uk (x, y) 1 et 1 Uky (x, y) l, k = 1, 2, soient
inférieures à un nombre Ml' S'agissant de f (x, y, U, q), on admettra
~eulement que quels que soient (x, y) de cette bande et Uk, qk, k =
= 1, 2, inférieures en module à Ml' on a
J f (x, y, U2' q2) - f (x, y, U I , ql) I~
~ B 1 U 2 - UI 1 A 1 q2 - . ql l, +
tOù A et B sont des constantes. En retranchant l' équ~tion (82) pour
.u1 (x, y) de l'équation (82) pour U 2 (x, y) et en utilisant l'inégalité
précédente, on obtient
1 (u 2 - UI)X A 1 (u 2 - UI}Y 1 + B 1 U2 - . UI 1·
1~
En appliquant le lemme à la différence U 2 - u l et en tenant compte
du fait que cette différence s'annule pour x = X o (Le. M = 0), on
voit sur (92) que U 2 (x, y) - u i (x, y) = 0 dans tout triangle 6,
~e qui prouve l'unicité de la solution. Le cas général de l'équation
(59) avec des conditions initiales supportées par une courbe quel-
-conque se ramène au cas étudié plus haut par un changement de va-
riables et par la résolution de l'équation différentielle par rapport
-il l'une des dérivées (cf. [1-1-9]).
Considérons maintenant dans le triangle b. deux solutions
.ul (x, y) et U 2 (x, y) de l'équation (82) vérifiant des conditions
initiales distinctes:
ull X=2:o = "i'1 (y); u 2 1:x.=2:o = "i'2 (y).
40 CH. I. TlmORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

En appliquant le lemme à la différence U2 - u 1 , on obtient l'inéga-


lité suivante dans le triangle t::.. :
lu 2 (x, y)-u1(x, y)l~ max 1'I'2(Y)-'I'1(Y)le B(X-xo).
Yl~Y~YJ

Cette inégalité prouve la dépendance continue de la solution par


rapport aux conditions initiales '1' (y) figurant dans la formule (81).
Le problème de Cauchy appelle encore une remarque. Si la fonc-
tion'l' (y) ne possède pas de dérivée seconde continue, l'application
de la méthode de Cauchy peut conduire à une surface u = u (x, y)
telle que u (x, y) n'ait pas de dérivée. On démontre que dans ce
cas le problème ne possède pas de solution dont la dérivée soit con-
tinue (A. H a a r, Acta Szeged, 1928, 4, nO 2). Une démonstration
du lemme dans un cas plus gén~ral et ses applications à la démons-
tration des théorèmes d'unicité pour les équations aux dérivées par-
tielles sont acc~ssibles dans l'article: A. M y c h k i s, Unicité de
la solution du problème de Cauchy. UMN, 1948, 3, nO 2.
1-1-11. Cas singulier. Soit donnée une bande vérifiant les deux
relations (80) et telle que le jacobien (87) y soit nul: .
â o =xsYt -XtYsls=o = y~ (t) Fpo-x~ (t) Fqo =0. (96)
Supposons qu'il existe une surface intégrale u = u (x, y) passant.
par cette bande et telle que u (x, y) possède des dérivées premières
et secondes continues. Si F Po et F q,) ne sont pas simultanément nul-
les, alors de (96) et de la deuxième relation (80), on déduit que la
bande vérifie les équations (66) dans lesquelles il faut remplacer s
par t. Les calculs effectués dans (1-1-6] montrent alors que la bande
vérifie toutes les équations (68), c'est-à-dire est une bande caracté-
ristique. Donc, si sous les conditions (96) il existe une surface intégrale
contenant la bande donnée, alors celle-ci est une bande caractéristique
(on admet que F Po et F qo ne sont pas simultanément nulles). En outre,.
comme dans le cas d'une équation linéaire, par cette bande il peut
passer une infinité de surfaces intégrales. Il faut mener une bande
fi} qui possède en commun avec la bande (74) un point (x o' Yo, u o)

et les valeurs de Po et qo en (x o' Yo, uo) et de plus qui soit telle que
le déterminant (87) ne s'y annule pas. Sous certaines conditions
il passe par cette bande une surface intégrale qui contiendra la bande
(74), car elle contient son élément initial. La bande fi} étant arbi-
traire, le problème admet une infinité de solutions.
Si .1 0 = 0 sur la bande donnée, mais que cette bande ne soit
pas caractéristique, alors le problème n'admet pas de solution dans
la classe des fonctions u (x, y) dont les dérivées premières et secondes
sont continues. Il est possible que la courbe l soit singulière pour
la surface intégrale. A noter que lorsqu'on a appliqué la méthode
de Cauchy, on s'est servi des dérivées secondes de la fonction u (x, y).
1-1-11. CAS SINGULIER

Si l'égalité (96) est réalisée et si la bande n'est pas caractéristique,._


alors seules les trois premières équations du système (68) sont satis-
faites sur cette bande. Nous glisserons sur la démonstration des;
propositions formulées ci-dessus.
Les raisonnements précédents admettent une signification géo-
métrique simple. Si une courbe l nous est donnée, alors la première,
des conditions (80) nous dit que le plan défini par Po (t) et qo (t)
doit être tangent au cône T le long de l et la deuxième condition,
que le vecteur tangent à l doit être situé dans ce plan. Si l'on
considère l'équation (64) des génératrices du cône, on cons-
tate que la condition .1 0 =F 0 traduit le fait que les tangentes à r
ne sont pas confondues avec les génératrices du cône T. Résoudre'
le système d'équations (86) par rapport à Po (t) et qo (t) revient à.
mener un plan tangent au cône et contenant une tangente à l. Sup-
posons que l'on peut mener par les tangentes à l des plans qui sont-
tangents à T et qui varient continûment le long de l (Po (t) et qo (t)
doivent posséder des dérivées continues).
On prolonge ainsi la courbe l à une bande. En prenant cette··
bande pour conditions initiales dans (73), on obtient une surface-
intégrale. Si les tangentes à l sont des génératrices des cônes T,.-
alors en menant un plan tangent au cône le long de la génératrice-
correspondante, on obtiendra les valeurs de Po et qo le long de T.
La bande ainsi obtenue peut être une bande caractéristique. Dans-
ce cas le problème possède une infinité de solutions. Il suffit de
couper la courbe l par une autre courbe II telle que la tangente à II
au point d'intersection M de l et de II soit coplanaire mais non con-
fondue avec la tangente à l en M et telle qu'aucune tangente à II
ne soit confondue avec une génératrice de T. La surface intégrale·
passant par II contiendra aussi l. Il est possible enfin que les tan--
gentes à la courbe l soient des génératrices des cônes T sans que-
cette courbe soit une caractéristique, autrement dit, le prolonge-
ment de cette courbe à une bande par la méthode indiquée n'est pas-
une bande caractéristique. Dans ce cas on peut à partir de chaque-
point de l mener une bande caractéristique si l'on connaît les valeurs-
initiales (x o' Yo, uo, Po, qo)' Si ces bandes caractéristiques for-
ment une surface intégrale d'équation u = u (x, y), alors la courbe'
l est une courbe singulière de cette surface. Ces raisonnements n'ont
qu'une valeur illustrative.
Signalons un type important de surfaces intégrales de l'équa--
tion (59). Fixons un point (x o' Yo, uo). La deuxième relation (SO}
sera alors vérifiée pour toutes valeurs de Po et qo, puisque toutes.
les dérivées figurant dans cette relation sont identiquement nulles.
On obtient une première relation (80) qui nous donnera en général
une infinité de valeurs pour Po et qo' Ce seront justement les valeurs
de Po et qo qui définissent toutes les positions possibles du plan.
tangent au point fixe (x o' Yo, u o). On peut comme plus haut admet~-
·42 CH. I. TH~ORIE DES ~QUATIONS AUX Dl!':RIVl!':ES PARTIELLES

tre que Po (t) et qo (t) sont fonctions d'un paramètre t. En portant


les valeurs fixes (x o' Yo, u o) et les expressions de Po (t) et qo (t) dans
la formule (73), on obtient une surface intégrale de l'équation (59)
·qui a la forme d'une surface conique de sommet (x o, Yo, u o). Cette
.surface sera engendrée par des génératrices curvilignes qui seront
tangentes en (x o' Yo, u o) aux génératrices du cône T. Cette surface
.s'appelle conoïde intégral de l'équation (59) de sommet (x o, Yo, u o).
On démontre que le problème de Cauchy se ramène à la construction
.suivante. On trace les conoïdes intégraux dont les sommets sont
les points de la courbe l et on prend leur enveloppe. Tout ce qui
vient d'être dit doit bien sûr être rigoureusement prouvé, mais nous
ne nous attarderons pas sur ces démonstrations.
1-1-12. Cas d'un nombre quelconque de variables indépendantes.
Etudions l'équation du premier ordre
(97)
pour un nombre quelconque n de variables indépendantes.
La méthode de Cauchy d'intégration d'une telle équation est
.-calquée sur le cas de deux variables indépendantes. On se limitera
-donc à l'indication des résultats. Le système caractéristique corres-
pondant à l'équation (97) est de la forme
dXl dXn du dPI
-p;- = ... - -p;;- - PIPI + ... + PnPn -- -('\1 +
UPI) - •••

••• - -(X~~Upn) =ds (Xk=F xk ; Pk=F pk ; U=F u ). (98)


Indiquons comment on obtient formellement le système (98). Soit
.lJ, = u (Xl' ••• , Xn ) une solution de l'équation (97) possédant des
..dérivées premières et secondes continues. Il est évident que X'u
Pk et U sont des fonctions de (Xl' •.. , x n ).
Ecrivons le système d'équations du premier ordre
dXk - P k
dS- 1
(k =, ... , n ) ,
-.où s est une variable auxiliaire. En portant les solutions de ce système
dans l'équation u = u (Xl' ••. , x n ) et en dérivant par rapport à s,
.-.on trouve

.De façon analogue


n
d%sk = ~ UXkXiPi'
i=1
1-1-12. CAS D'UN NOMBRE QUELCONQUE DE VARIABLES 43

Une dérivation de (97) par rapport à Xk nous donne


n n
Xk+UPk+ ~ Pi ::~ =Xk+UPk+ ~ UXkXiPi=O• .
i=l i=l

Ces égalités en traînent

On a donc obtenu toutes les équations du système (98). Etudions ce


système plus en détail par rapport aux fonctions Xk, U et Pik de la
variable auxiliaire s.
Il admet l'intégrale évidente
F (Xl' .•. , Xn , U, Pl' ... , Pn) = C.
Supposons qu'on a réussi à intégrer le système indiqué:
Xk = X k(s, lO )
xk , plO»)
u(O) , k ,

- U (s , k
U - x IO ,
) u(O) , plO»)
k, (99)
{
Pk-- P k (s , XIO)
k , u(O) , plO»)
k,

OÙ XkO l , u(O), PkO l sont les valeurs des fonctions pour s = O. On ad-
mettra que ces valeurs initiales dépendent de (n - 1) paramètres:

En portant (100) dans (99), on obtiendra pour Xk et u des expres-


sions qui dépendront de n paramètres. Le déterminant fonctionnel
t1= D(Xl' xn) "'1

D (s, tl' ... , t n - l )


peut, en vertu des premières équations du système, être mis sous
la forme
.. " P n
8xn
.. " at;"
(101)

, ... ,
Si ce déterminant est différent de zéro au voisinage de s = 0, alors
les équations (100) définissent une surface U = U (Xl' ... , x n ).
Pour que cette surface soit une surface intégrale de l'équation (97),
il est nécessaire et suffisant que les fonctions (100) vérifient les n
44 CH. I. THÉORIE DES ÉQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES

relations suivantes:
F (x l ' · · · ' xrO) u<O) 0
, Pl , ... , Pn = ,
(0) (0))
(O)
n, (102)
n
{) U (0) {)x IO )
~ (0) s
{)t. = LJ Ps {)t· (j=1, 2, ... , n-1). (103)
} s=1 }

Le problème de Cauchy consiste à chercher une surface intégrale


de l'équation (97) contenant une variété à (n - 1) dimensions don-
née:

On admet que cette variété est prolongée en une variété (100) de telle-
sorte que soient vérifiées les relations (102) et (103). Si dans ces~
conditions le déterminant (101) est différent de zéro sur une telle-
variété, alors la méthode exposée précédemment nous donne la
solution du problème de Cauchy et cette solution est unique.
Comme dans le cas de deux variables indépendantes, on peut
construire un conoïde intégral de l' équation (97) en fixant un point
(x~O), x~O), u(O») et en choisissant p~O), ... , p~) comme des fonc-
tions de (n - 1) paramètres de telle sorte que la relation (102)
soit satisfaite.
Si l' équation est résolue en Pl:
(104)

et si la condition initiale est de la forme :


uIXI=x(0)
l
= 1J' (x 2 , ••• , Xn) (105)
alors le problème de Cauchy possède une solution unique.
Nous n'exhibons pas ici toutes les conditions de continuité et d'existence
des dérivées de 1 et de 'P. Il faut procéder comme pour n = 2. Pour l'équation
(104) avec la condition initiale (105), on peut, en assujettissant 1 et '\jJ à des con-
ditions bien définies, déterminer le domaine dans lequel existe la surface inté-
grale. Supposons que la fonction 1 est continue avec ses dérivées I Xk ' f pk et.
lu (k = 2, .. " n) pour 1 Xl - x(~) 1 ~ a et xk' Pk et u arbitraires. Supposons
par ailleurs que ces dérivées possèdent à leur tour des dérivées par rapport à X1l"
Xk' u et Pk continues et que les dérivées lx!, IXk,lu,lpk' I xkXI ' f XkU ' f XkPI ' f uu ,.
luP ' f pkPI sont bornées en valeur absolue par un nombre A pour les valeurs
k
indiquées des arguments. Supposons enfin que 'P (X2' ••• , x n ) admet des déri-
vées premières et secondes continues et que
n
11Pxkl+LJ l'i'xkxil~B (k=2, ... , n).
i=2
Sous ces conditions l'équation (104) possède une solution bicontinûment dériva-
ble vérifiant la condition (105) dans le domaine 1 Xl - xCî) 1 ~ a. quels que soient
1-1-13. INTEGRALES COMPLÈTE, GENERALE ET SINGULIÈRE 45

:Eh (k - 2, ... ; n), où ex. ~ a et


1 [ ln 3 ]
ex. < A ln 1 + 2 (n-1) (B+1)
tcf. E. K a ID k e. Math. Z., 1943, 49, nO 3].
1-1-13. Intégrales complète, générale et singulière. Dans ce para-
graphe et dans les suivants on indique une autre méthode d'intégra-
tion de l'équation
F (x, y, u, p, q) = 0 (106)
et notamment de résolution du problème de Cauchy. Cette méthode
-donne plus facilement la solution dans certains exemples. En expo-
.sant la méthode de Cauchy nous avons établi ses conditions d'appli-
~abilité ainsi que les conditions d'existence et d' unicité de la solu-
tion du problème de Cauchy. Nous allons nous attacher maintenant
.essentiellement à l'aspect formel du problème en utilisant largement
la théorie des enveloppes d'une famille de surfaces dépendant d'un
{lU de deux paramètres.
La méthode de Cauchy d'intégration de l'équation (106) implique
l'intégration complète du système d'équations ordinaires corres-
pondant:
dx dy du dp dq
P - Q - pP+qQ -(X+Up) -(Y+Uq)' (107)
Nous allons montrer que l'intégration de l'équation (106) n'exige
que la connaissance d'une solution de cette équation dépendant
de deux constantes arbitraires. Supposons que cette solution est:
u = cp (x, y, a, b), (108)
où a et b sont des constantes arbitraires. Les dérivées partielles p
et q sont données par les formules:
p = CPx (x, y, a, b); q = CPll (x, y, a, b) (109)
.et l'on obtient ainsi la relation
F lx, y, cp (x, y, a, b), CPx (x, y, a, b), <Pli (x, y, a, b)] = 0 (110)
qui doit être réalisée par rapport à (x, y) et par rapport à (a, b).
Admettons que les constantes a et b peuvent être éliminées entre
les relations (108) et (109) et que cette élimination nous conduit à
l'équation (106). Dans ce cas, la solution (108) de l'équation (106)
s'appellera intégrale complète de cette équation. Il est immédiat
d'obtenir les autres solutions de cette équation à partir de l'inté-
grale complète. Supposons que dans la formule (108) la constante b
est fonction de a, Le. b = w (a). On obtient ainsi une famille de
surfaces intégrales dépendant d'un seul paramètre:
u = <P lx, y, a, w (a)J. (111)
46 CH. 1. THnORIE DES nQUATIONS AUX DnRIVnES PARTIELLES

L'enveloppe de cette famille qui s'obtient par élimination de a


entre l'équation (111) et l'équation
cra lx, y, a, w (a)l+ CPb lx, y, a, w (a)l w' (a) = 0, (112}
aura le long de la ligne de tangence à la surface enveloppée les mêmes:
p et q que cette surface, donc cette enveloppe sera aussi surface·
intégrale de l'équation (106). L'ensemble de ces surfaces intégrales
forme l'intégrale générale de l'équation (106) quelle que soit la fonc-
tion arbitraire w (a). Cette intégrale, on le voit, contient la fonc-
tion arbitraire w (a). On peut ensuite construire l'enveloppe de la
famille de surfaces intégrales (108), dépendant des deux paramètres
a et b. Ceci nous amène à éliminer a et b entre l'équation (108) et les
équations
CPa (x, y, a, b) = 0; CPb (x, y, a, b) = O. (113)
La surface intégrale obtenue ne contient aucun élément arbitraire
et s'appelle généralement intégrale singulière de l'équation (106).
On admet bien sûr que toutes les éliminations mentionnées sont
possibles et nous conduisent à des fonctions possédant des dérivées
continues.
On peut obtenir aussi les intégrales générale et singulière par la
méthode de variation des constantes arbitraires. On cherchera la
solution de l'équation (106) sous la forme (108), en admettant que
a et b sont des fonctions inconnues de (x, y). Au lieu des formules
(109) on se servira des formules suivantes pour calculer les dérivét's
partielles de la fonction u:
p = CPx + cpaa x + cp bb x ; q = CPy + cpaa u + cp bby.
Si nous imposons aux fonctions a et b de vérifier les relations:
+
cpaa x cp bb x = 0; cpaa u+ cp bb y = 0, (114)
alors les expressions des dérivées partielles ne changeront pas et la
fonction (108) définira comme précédemment une surface intégrale.
Tout se ramène à l'étude des équations (114). Ces équations possè-
dent les solutions évidentes: a = const et b = const. On obtient
ainsi une intégrale complète. Si a et b satisfont les relations
CPa = 0; cp b = 0,
on obtient une autre solution évidente qui est une intégrale singu-
lière. Si l'une au moins de ces égalités n'est pas vérifiée, le détermi-
nant du système (114) qui est homogène par rapport à CPa et CPb doit
s'annuler:
a x , bx
b :=0.
ay, y
On admet que a et b ne sont pas simultanément constantes. Le-
fait que ce déterminant soit nul nous donne une relation entre a et b
1-1-14. INT~GRALE COMPL~TE ET PROBL~ME DE CAUCHY 47

(tome III l , (I-2-11 J). On suppose que cette relation est de la forme-
b = û) (a). Les équations (114) se ramènent à une seule équation
de la forme
(fla + (flbÛ)' (a) = 0,

et l'on obtient l'intégrale générale. On démontre que moyennant


certaines conditions, l'équation (106) n'admet pas de solutions autres,
que celles indiquées plus haut. En fait, cela revient à dire que la
connaissance d'une intégrale complète nous permet de résoudre·
le problème de Cauchy.
1-1-14. Intégrale complète et problème de Cauchy. Montrons main-
tenant comment le problème de Cauchy se résout à l'aide d'une inté-
grale complète. Soit à trouver la surface intégrale qui passe par la
courbe
x = x (t); Y = Y (t); U = u (t). (115)-
Le problème consiste à trouver dans l'intégrale générale défini&·
par (111) et (112) une fonction b = û) (a) telle que la surface inté-
grale obtenue passe par la courbe (115). Voyons préalablement une-
propriété de l'enveloppe. Soit donnée une famille de surfaces à un,
paramètre:
'P (x, y, u, a) = O. (116)·
Supposons que par tout point M de la courbe (115) il passe une sur-
face de la famille (116) et que le plan tangent à cette surface en M
contient la tangente à la courbe (115) en M. Montrons que dans ce-
cas l'enveloppe de la famille (116) contient la courbe (115). En
effet, par hypothèse
1f' [x (t), y (t), u (t), al = o. (117)·
A noter qu'à des points distincts de la courbe (115) correspondent.
des valeurs distinctes de a, donc des surfaces distinctes de la famille
(116). Une dérivation de la dernière relation par rapport à t nous
donne ,
'PxXt +'Pl/Yt +
'PuUt +
'Paat = O.
Par ailleurs, le fait que le plan tangent à une surface (116) contient.
la tangente à la courbe (115) s'exprime par la relation
'PxXt + 'PyYt + 'PuUt =
O. (118)
Des deux dernières relations on déduit que 'Paat = 0, d'où'Pa = 0,.
puisque at =1= O. Ainsi les fonctions (115) vérifient identiquement.
en t les équations 'P = °
et 'Pa = 0, autrement dit, l'enveloppe de la
famille (116) contient bien la courbe (115).
Supposons maintenant que nous connaissons une intégrale com-
plète de l'équation (106) et mettons cette intégrale sous la forme-
tîi8 CH. I. THÉORIE DES ÉQUATIONS AUX D~RIV:E:ES PARTIELLES

:implicite:
'P (x, y, u, a, b) = O. (119)
Il nous faut définir la fonction b = w (a) de telle sorte que soient
:réalisées les relations (117) et (118). Le premier membre de (118)
-est la dérivée par rapport à t de celui de (117). Désignons par
''Y (t, a, b) la fonction obtenue en portant les fonctions (115) dans
,,(119). On a
'Y (t, a, b) = 0; li' t (t, a, b) = O. (120)
L'élimination de t entre ces égalités nous donnera une relation entre
.a et b, c'est-à-dire la fonction cherchée b = w (a). Ainsi, pour résou-
.dre le problème de Cauchy à l'aide d'une intégrale complète il faut
y porter les fonctions (115), dériver l'équation obtenue par rapport à t
.et éliminer t entre les deux équations obtenues. La relation établie
<entre a et b définit la surface intégrale qui contient la courbe (115).
On peut procéder autrement. Exprimons a et b en fonction de t
à partir (120) et portons-les dans (119). Nous obtenons une famille de
~.surfaces à un paramètre t. L'enveloppe de cette surface nous donnera
la surface intégrale qui passe par la courbe (115).
Signalons encore un lien entre l'intégrale générale et les bandes
.,caractéristiques qui s'obtiennent par intégration du système (107).
L'enveloppe de la famille (111) est tangente à une surface envelop-
pée le long d'une courbe la. En menant le long de la le plan tangent
.-commun à l'enveloppe et à l'enveloppée, on obtient une bande.
Cette bande appartient à deux surfaces intégrales: à l'enveloppe et
à l'enveloppée, donc c'est une bande caractéristique. On peut par
conséquent affirmer que les formules
u=cp(x, y, a, b); CPa(x, y, a, b)+CVb(X, y, a, b)w'(a)=O,
{ . (121)
P=CPx(x, y, a, b); q=cpy(x, y, a, b)
>-définissent, quelles que soient a fixe et b = w (a), la solution du
.système (107) qui vérifie la condition (106).
On peut admettre que les formules (121) définissent quatre des
variables x, y, U, p, q en fonction de la cinquième et des trois cons-
tantes arbitraires a, b et c = w' (a). L'intégrale générale du système
>(107) contient quatre constantes arbitraires. Mais la relation (106)
nous dit que la famille .des bandes caractéristiques ne doit dépendre
que de trois constantes arbitraires. C'est ce qu'expriment les formu-
les (121). Dans un prochain paragraphe consacré au cas d'un nombre
quelconque de variables indépendantes, on s'assurera par des calculs
,directs que les équations (121) donnent bien la solution du système
{107).
Voyons maintenant s'il est possible de définir une intégrale sin-
gulière directement à partir de l'équation différentielle sans le se-
.cours d'une intégrale complète. Une dérivation de (110) par rap-
l-l-t5. EXEMPLES . 49

port à a et à b nous donne


FuCPa + Fp<J>xa + F qCPu a =
0; F uCPb + FpCPXb + F qCPub = O.
La définition de l'intégrale singulière (113) nous permet d'affirmer
que sur la surface intégrale singulière on a :
FpCPxa + F qCPu a = 0; FpfPxb + F q<J>ub = O.
On admettra que le déterminant de ce système homogène par rap-
port à F p et F q ne s'annule pas sur la surface intégrale singulière, ce
qui revient en fait à admettre que les équations (109) sont solubles
par rapport à a et b. Ce système nous donne
F p = F q = O. (122)
Donc, l'intégrale singulière peut être obtenue par élimination de
p et q entre les trois équations suivantes:
F (x, y, U, P, q) = P, q) = 0;
0; F p (x, Y. Ut

F q (x, y. u. Pt q) = O. (123)
Les équations (122) indiquent qu'lI est impossible d'appliquer le
théorème des fonctions implicites à l'équation (106) relativement à la
variable P ou q. Ceci exprime qu'il est impossible d'obtenir l'inté-
grale singulière en résolvant le problème de Cauchy ainsi que nous
l'avons fait dans [1-1-9], en admettant que l'équation était résolue
en p (ou q). On aurait pu arriver à ce résultat par une autre voie.
Quelle que soit la courbe considérée sur la surface intégrale singu-
lière, le déterminant (96) sera nul le long de cette courbe en vertu
des conditions (122). Ceci montre que le problème de Cauchy n'admet
pas de solution pour toute courbe de la surface intégrale singulière.
1·1·15. Exemples. 1. L'équation
U = xp + yq + f (P, q) (124)
est analogue à l'équation de Clairault étudiée au (tome II, [l-t-tin. En rempla-
çant p et q par a et b on obtient immédiatement l'intégrale complète:
u = ax + by + f (a, b).
L'équation
u = xp + yq+ pq
admet pour intégrale complète:
u= ax + by + ab
En appliquant la méthode indiquée ci-dessus, on obtient l'intégrale singulière:
'U == -xY.
Si l'on considère une courbe quelconque
XD = cp (t) ; Ye = 1{> (t) ; Uo = -cp (t) 1{> (t) (125)
'-01017
50 CH. 1. TH1!:ORIE DES 1!:QUATIONS AUX D1!:RIV1!:ES PARTIELLES

de cette surface, alors les équations (86)


'l' (t) qo + Poqo + cp (t).'1' (t) = 0,
cp (t) Po +
cp' (t) '1' (t) + 'l" (t) cp (t) + cp' (t) Po + '1" (t) qo = °
admettent les solutions Po = -'l' (t), qo = -cp (t) et -le long de la courbe (125)
on aura
Fpo=q+cp(t) =:0; Fq.=p+'P(t)=:O.
L'équation
1
u=xp+yq-T (p2+ q2)

admet pour intégrale singulière


1
u= <) (x 2
~
+ y2). (126)

Si l'on résout l'équation (1241) par rapport à p, on obtient


F=p-x+ V x 2+2qy-2u- q2=O,
et la dérivée partielle du premier membre de l'équation par rapport à u est infi·
nie sur la surface (126).
2. Soit donnée une équation en p et q seulement:
f (p, q) = O.
Cette équation admet la solution évidente:
u = ax + cy + b,
les constantes a et c vérifiant la relation f (a, c) = o. En résolvant cette dernière
par rapport à c, soit c = ft (a), on obtient l'intégrale complète:
u = ax + ft (a) y + b.
Cette équation définit une famille de plans. L'intégrale générale sera l'enveloppe
de cette famille de plans à un paramètre, c'est-à-dire une surface développable
(tome II, (V-2-13]).
Etudions à titre d'exemple l'équation
p! p2 q2 = k 2• + (127)
Le cosinus directeur de l'angle de la normale n à la surface cherchée et de
l'axe des u s'exprimant par la formule
cos(n u)=+ 1 + 1
, - li 1 + p2 + q2 - Vi + k 2 '

l'équation (127) dit que les normales n font un angle constant avec l'axe des u.
Une intégrale complète est
u=ax+ Vk 2-a2y+b;
on reconnaît une famille de plans. Le système (68) s'écrit
dx 2
da = p;
dy 2
da = q;
du
ds -
2(2+2)
P q;
dp
da = ;
° dq=O,
da

et sa solution exprimée en fonction des conditions initiales est


~ = 2p(;s + xo; y = 2qos + Yo; u = 2 (pl + q:) s + uo; p = Po; q = qo. (128)
l-f-15. EXEMPLES

On obtient les bandes caractéristiques en imposant à Po et qo de vérifier la rela-


tion pX + qX = kt. Ce sont des droites le long desquelles p et q gardent des
valeurs constantes. .
Supposons qu'on demande la surface intégrale qui passe par le cercle
Xo = cos t; Yo = 0; Uo = sin t.
Les équationa(86) s'éerivent ici
p~ + q3 = k 2 ; cos t = -Po sin t,
d'où
Po= -cotg t; qo=Vk2-cotg2 t.
En portant ces valeurs dans les trois premières équations (128), on obtient
l'équation paramétrique de la surface intégrale cherchée en fonction des para-
mètres , et t:
x= -2, cotg t+cos t; y=2s.yk2 -cotg2 t; u=2k 2,+sin t.
3. Considérons maintenant un type plus général d'équations du premier
ordre: .
li (x, p) = f 2 (y, q).
Pour déterminer une intégrale complète on admettra que les deux membres de
l'équation sont égaux à une même constante a: ft (x, p) = a et f2 Cy, q) = a.
La résolution de ces équations par rapport à p et q nous donne p = q>l (x, a)
et q = q>2 (y, a) et l'on obtient l'intégrale complète

u= Jq>d x , a) dx+ J (j>2 (y, a) dy+b,

.où b est la deuxième constante arbitraire. Appliquée à l'équation


pq-xy=O ou .E...=.J!..
x q'
(129)
cette méthode nous donne
1 1
u="2 ax2 + 2a y2+b. (130)

Soit à déte rminer la surface intégrale quîpasse par la courbe ~


1
x = t; Y= - ;
t
u = 1.

En portant ces expressions dans (130) et en dérivant par rapport à t, on trouve


1 1 t
+
1=2' at2 2atl +b; at- at 3 =0.
L'élimination de t entre ces équations nous donne b = 0 et nous obtenons une
famille de surfaces intégrales à un paramètre.
1 1
u=2" ax 2 + 2a yI.

L'env.eloppe de cette famille est la surface intégrale cherchée, soit:.


u = xy.
Si pour condition initiale on avait pris la courbe
x = t; Y = t; u = t~, . (t3t)
S2 CH. J. THSORJE DES :SQUATIONS AUX :DSRIVSES PARTIEI.J·ES

la méthod~ ;précédente nous aurait conduits aux équations '"

( ~ a+ ~ -1) ,1I+b=O; 2( ~, a+ ~ -1) , ' 0,

d'où il s'ensuit que a =1,b = 0 et nous n'aurions pas pu trouver une surface
intégrale passant par la courbe (131). Il est immédiat de voir qu'on peut pro-
longer la courbe (131) en une bande caractérist ique en posant p = , etq -:.' t.
En effet, les fonctions,
x = t; Y = t; u = t~; P = t; q = 1
vérifient l'équation (129) et le système (1.07).
4. Si l'équation ne contient pas les variah' indépendantes, t'est-à-di11!
et de la forme
F (u, P, q) = 0
on peut déterminer une intégrale complète en cherchant la solution d, l'équa-
'tionsous la forme '
u = q> (x + ay), (t32)
où CI est une constante arbitraire.
Voyons à titre d'exemple l'équation
pq - u = O. (t33)
En effectuant la substitution (132) et en posant ~ = x + G1/, on trouve
CI [q>' (,)]' - q> (,) = O.
L'intévation de cette équation différentielle ordinaire nous dOLDe l'intégrale
œmplète de l'équation (t33):
(x+ay+b)1
u= 4a
,~ système (68) s'écrit dans le cas de l'équation (133):
~ ~ ~ ~ ~
IIi"' ~ q; d,::;= P; fiS = 2pq; d, = P; fiï=- q,

et son intégration nous donne


... ..-
'('
x = qoe''
'.
+
(xo - qo) ; y = poe'
.
+ (Yo - Po) ; u = Poqo~' + (Ue- PolJe) ;
i P = poe'; q = qoe'.
Supposons qu'on cherche la, sUrface intégr~le qui p:asse par la droite
ft;;; , ,'Xo = t; 1I~ , t; Uo = t•
.on détermine Po et qo à partir des équations
t; Po = 1, , Prio =
a"où Po = J et qo=t., En, portant Po et qo, dans les trois premièreséquati()DS
(f3St) et en posant e'':'''- ;v~"on obtient les équations paramétriqueS deJ8'SUiface
d1erchée en fonction des paramètres ,v ,et t:
, , x 7""", Iv; 11 = v; u 7"""tv~,

:w,,' sous la forme explicite, .U, ~ xy. .'


I.;I-te~ CAS D'UN NOMBRE QUELCONQUE DE :vARIAB:J,.ES 53:

'1..1·16. CaS d'un nombre quelconque de variables. On 'appellfJ,


intégrale complète de l'équation
F (Xit •• 0' Xn, U, Pl' •• 0' Pn) = 0 (134)
une solution
(135)
de cette équation contenant n constantes arbitr aires as et telle que
l'élimination des as entre les équations
P. = q>%J& (xi t 0.0' Xn , al' 000, an), (k = 1, 2, 00.' n) (135t )
et l'équation (135) donne l'équation (134).On admettra que ait sont
des fonctions de n - 1 paramètres:
ait = ait (tt, 0 • 0' t n -l ) (k = 1, 2, ... , n). (136)
En portant ces expressions dans (135) et en éliminant les n - 1
paramètres entre les n équations
u = Cf> (Xl' Xn , al' ••• , an),
0 •• ,

Cf>Cj(xh , Xn , al' ••• , an)=O (j=1, ... , n-1), (137)

on obtient l'intégrale générale de l'équation (134). Cette intégrale


dépend du choix des n fonctions (136). Passons maintenant au pro-
blème de Cauchy. On demande de trouver une surface intégrale
de l'équation (134) contenant une variété de n - 1 dimensions
donnée:
u = u (tt, • - 0' t n -l ); Xit = Xit (t lt 0 0 ., tn-t)
(k = 1, 2, .. 0' n). (138)

Ce problème se résout exactement comme pour le cas de deux varia-


bles indépendantes. En portant les expressions (138) dans (135) OD
obtient une égalité de la forme
'" (t it •• 0' t n -It al' •
(139) 0 ., an) = O.
En adjoignant à cette égalité les n - 1 relations obtenues par déri-
vation de (139) par rapport à tlt t n -1' soit 0 0 .,

"'Cl = 0 ; """2 = 0; (140)


o •• ; """n-l = 0,
on obtiendra n équations à partir desquelles on peut déterminer
ait (k = 1, 2, ... t n) en fonction des paramètres tt, ., 0' t n -ll
c'est-à-dire les fonctions (136). En portant ces fonctions dans (137)
et en éliminant t lt t n -1 entre les n équations (137), on obtien-
0 •• ,

dra la surface intégrale qui contient la variété (t38). A noter que


dans la formule (139) le nombre de paramètres peut être inférieur
S4 CH. I. THeORIE DES ::eQUATIONS AUX DeRIv:eES PARTIELLES

à n _. 1. Dans ce cas il faut dériver (139) par rapport à ces para-


mètres.
Si l'on fixe les paramè~res tjt les n équations (137) à n 1 varia- +
bles (u, Xl' ••• , x n ) définissent une courbe dans l'espace à n 1 +
dimensions de point générique (U, Xl' . . • , x n ). En adjoignant
l'équation (135 1) à ces équations, on prolonge cette courbe en une
.bande du premier ordre. Cette bande appartient à deux surfaces
intégrales: à l'enveloppe qui s'obtient par élimination des paramètres
i j entre les équations (137), et à une surface enveloppée. Donc, cette
bande est caractéristique, c'est-à-dire vérifie le système de Cauchy
(98). Ceci nous permet, si l'on connaît une intégrale complète (135),
de trouver la solution du système (98) en fonction de 2n -1 cons-
tantes arbitraires. On admettra pour simplifier que an est une fonc-
tion de (al' .. ~, an -1)' ces derniers jouant le rôle des paramètres
t l , • • . , t n -1' Les formules (137) et (135 1) deviennent:
U=(J)(Xl , " ' , X n , ail "', an),
(J)a j + cp an bi -:- 0 (j = 1, 2, ..., n - 1), (141)
Ph=(J)Xh(X1, ... , X n , al' ... , an) (k=1, 2, ... , n),

où par bi on a désigné la dérivée de an par rapport à ai' Les formu-


les (141) définissent la bande du premier ordre mentionnée. Dans
ces formules al' ... , an et bl , • • • , bn -1 sont arbitraires, puisque
le choix de la fonction an (al' ... , an -1) l'est. Prouvons formelle-
ment que la bande définie par les formules (141) vérifie le système
(98).
En portant les expressions (141) de U et Ph dans l'équation (134),
on obtient une identité en Xh et ah (k = 1, ... , n) dont la dériva-
tion par rapport à as nous donne
n
U(J)aj+' LJ
k=1
Ph(J)Xkaj-O (j = 1, 2, ... , n!~l),
n

U(J)an +Li k=1


PkCf'xkan =0.

En multipliant la dernière égalité par bit en l"aJoutant à laprécé-


dente et en se servant de (141), on obtient les n ....... 1 égalités sui-
vantes:
l 'li
n , ,
.LJ
k= 1
Ph (<:eajXk
1 .. .
+ Cf'~nxkbj) =0. '
, "
' "" , . ; :." ,,(142)
.t"
: • • " ,"\ 1

En prenant par ailleurs la différêntielle totale du :premier membre


de la 'deuxième équation (141), on obtient les: n ,-,.1 ,égalités sui-
· 1-1-17. TImOR~ME DE JACOBI 55

vantes:
n

k=1
~ (<PajXk + <PanXkbj) dXk =0 (j = 1, 2, ... , n - 1). (143)

Si l'on admet que l'un au moins des déterminants d'ordre n - 1


du système (142) ou (143) est différent de zéro, alors on peut affirmer
que dXk sont proportionnelles à Pk' c'est-à-dire que
dX dXn
p;-I = ... =-p;;-.
n
D'autre part, de (141) il s'ensuit que du = ~ Pk dXk et
k=1
dXI dxri, du
--p;- = ... = --p;;- = PIPI + ... + pnPn •
(144)

Revenons à l'identité obtenue en portant les expressions (141)


de u et Pk dans (134) et en dérivant par rapport à Xk:
n
X k +UCVXk + ~ PiCVxoXk =0.
i=1 1

En multipliant par dXk et en remplaçant, en vertu de (144), Pidxk


par Pkdxh on obtient
n
(X k + Up",) dXk + Pk 1=1
~ CVX.Xk dXi =
1
O.
Or
n
LJ
i=l
<PX·XlI dx,
1
= dPk,
donc
(X k + Upk) dXk -+ Pk dPk = 0, Le. ~:k
et l'on obtient en définitive le système
tdXI dXn du
---p;- = ... = P;;- - PIPI + ... + PnPn -
dPI
(145)

1-1-17. Théorème de Jacobi. Considérons maintenant le cas par-


ticulier où l'équation (134) ne renferme pas la fonction inconnue u
et est résolue par rapport à une dérivée. Pour la symétrie de la no-
tation, on désignera les variables indépendantes par t, Xl' . • . , x n
et on admettra que l'équation est résolue par rapport à Po = Uh
56 CH. J. TMORIE DES ~QUATIONS AUX D~RIV~ES PARTIELLES

c'est-à-dire est de la forme:


Po +H (t, Xl' 0 0 0' Xn , Pl' ••• , Pn) = 00 (146)
Le système (145) correspondant à cette équation s'écrit
dt dXI dXn dPI dpn _
T= Hp! = ••. = H pn = -H
XI
... - -H
xn
-

(147)
= Po+PIH pl +du... +PnHp n •
Toutes les relations à l'exception de la dernière ne contiennent
pas Po et u. On obtient ainsi le système canonique:
~tk =Hpk ; d:'k = - H Xk (k== 1, 2, ••• , n),

où Xk et Pk sont des fonctions de t. Si l'on réussit à intégrer ce systè-


me, on déduit Po à partir de (146) et u par une quadrature de l'équa-
tion du = (Po +
PIHpl +
PnHpn) dt.0 • 0 +
Comme l'équation (146) ne contient pas u, on peut ajouter une
constante arbitraire à sa solution. Supposons que nous connaissons
une intégrale complète de l'équation (146). Cette intégrale dépend
de n + 1 constantes arbitraires dont une additive:
u = "P (t, Xl' X n, ait 0 an) - aoo
0 0' 0 •• ,

Appliquons les relations (141) à ce cas en faisant jouer à ao le rôle


de an' Comme <Pao = -1, l'intégrale générale du système canonique
s'écrit:
"Pak = bk ; Pk = "PXk (k = 1, ••. t n).

Ceci fait l'objet du théorème classique de Jacobi mentionné déjà


dans le (tome IVI , [11-221).
Signalons que si l'équation (134) ne renferme pas la fonction
inconnue u et n'est résolue par rapport à aucun Pk, c'est-à-dire est
de la forme
F (Xl' 0 0 0' Xn, Pl' 0 0 0' Pn) = 0,
alors le système (145) correspondant à cette équation s'écrit:
dxl dXn dpI _ dpn
Fp! = 00. = Fp n = -Fx } - • • • - -F xn
du
--::----:----:----:=--- = ds?
- P1F P1 + .0. +
PnFPn

et l'on obtient encore le système canonique:


dxk dPk
(i8=Fpk dS = - F Xk
0

, (k= 1, 00.' n),


1-1-18. SYST.BMES DE DEUX :eQUATIONS DU PREMIER ORDRE 57

dans lequel le paramètre s joue le rôle d'une variable indépendante.


Si l'on réussit à intégrer ce système, on détermine u à l'aide d'une
quadrature.
Le théorème de Jacobi nous indique comment intégrer le système
canonique correspondant à l'équation (146) si l'on connaît une inté-
grale complète de cette dernière. La méthode de Cauchy développée
dans (1-1-2] nous montre, à l'inverse, comment on peut, si l'on sait
intégrer le système (147), trouver les solutions de l'équation (146)
vérifiant des conditions initiales quelconques et, en se servant de
ces dernières, montrer, en particulier, comment on peut trouver
une intégrale complète de l'équation (146).
1-1-18. Systèmes de deux équations du premier ordre. Nous avons
exhibé de nombreux exemples dans lesquels nous avons déterminé
une intégrale complète par des procédés élémentaires. Il se pose la
question de savoir s'il est possible d'élaborer une méthode générale
de recherche d'une intégrale complète de toute équation du premier
ordre. Pour exposer cette méthode il nous faut étudier préalablement
la résolution d'un système de deux équations du premier ordre en u:
F (x, y, u, p, q) = 0; <1> (x, y, u, p, q) = O.
On admet que ces équations sont résolues par rapport à p et q, soit
p = / (x, y, u); q = g (x, y, u). (148)
On dira que ce système est complètement intégrable s'il admet une
solution dépendant d'une constante arbitraire. On se propose d'éta-
blir une condition nécessaire et suffisante d'existence d'une telle solu-
tion et de donner une méthode de détermination de cette dernière si
cette condition est remplie. En dérivant la première équation (148)
par rapport à y et la seconde par rapport à x, on obtient de toute
évidence

ou en vertu de (148)
/1/ + /ug =g% + guI· (149)
Si cette relation entre les variables x, y, u n'est pas réalisée identi-
quement, alors elle définit u comme une fonction de x et y et seule
cette fonction qui ne contient pas de constante arbitraire est sus-
ceptible d'être solution du système (148). Donc, la réalisation de la
relation (149) est une condition nécessaire pour que le système (148)
soit complètement intégrable. Montrons qu'elle est suffisante et
indiquons en même temps une méthode de résolution du système
(148). On peut traiter la première équation (148) comme une équa-
tion à une variable indépendante x, puisque y est un paramètre dans
cette équation. En intégrant cette équation· du premier ordre, on
obtient u en fonction de la variable indépendante x, du paramètre y
~8 CH. L THBORIE DES BQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

~t d'une constante arbitraire C (y) que l'on supposera dépendre de y:


u = cp [x, y, C (y)]. (150)
'Cette fonction doit satisfaire aussi la deuxième équation (148),
-c'est-à-dire qu'on doit avoir

de g (x, y, u)-cpy
(151)
-;ry- CPc '
,équation dans laquelle il faut remplacer u par son expression (150).
Montrons maintenant que si la relation (149) a lieu, le second membre
;(}e (151) ne contient pas x. En effet, en annulant la dérivée du second
membre de l'équation (151) par rapport à x, on obtient
(gx + guCPx - CPux) <Pc - <Pcx (g - <Pu) = O. (152)
Comme la fonction (150) vérifie la première des équations (148),
,on a les relations évidentes:
<Px = f; <Pl/X = f ll + fu<Pl/; <PCX = fu<Pc·
Ces relations nous permettent de mettre la condition (152) sous la
forme:
(gx +gui - fl/ - fu<Pl/) <Pc - fu<Pc (g - <Pli) = 0,
-et cette condition est manifestement réalisée, puisque l'on admet que
la. relation (149) l'est identiquement. Donc, sous ces conditions,
l'équation (151) est une équation du premier 'ordre en C (y) dont
l'intégration nous donne C en fonction de y et d'une constante arbi-
traire b. En portant l'expression de C dans (150), on obtiendra la
:solution du système (148) en fonction d'une seule constante arbitraire.
Donc, pour que le système (148) admette une intégrale complète il est
nécessaire et suffisant que la relation (149) soit identiquement réalisée.
Si cette condition est remplie, l'intégration du système (148) se
ramène à celle de deux équations différentielles ordinaires du pre-
mier ordre et la solution générale du système (148) contient une seule
.constante arbitraire.
Le problème résolu est étroitement lié à l'intégration de l'équa-
tion aux différentielles totales:
p 4x + Q dy + R du =·0, (153)
<>ù P, Q et R sont des fonctions données de (x, y, u). Cette équation
se ,ramène directement au système (148) si l'on pose
" P Q
f = =7ï; g== -7f'
1-1-19. M:eTHODE DE LAGRANGE-cHARPIE 59

et la condition d'intégrabilité (149) devient


P (Ru - Qu) +
Q (Pu - R x ) +
R (Qx - Pu) = o.
Nous avons déjà signalé que cette relation était une condition néces-
saire et suffisante d'intégrabilité complète de l'équation (153)
(tome II, [111-2-11]).
1-1-19. Méthode de Lagrange-Charpie. Cette méthode est une
méthode générale de construction d'une intégrale complète d'une
équation aux dérivées partielles du premier ordre:
F (x, y, u, p, q) = o. (154)
Cherchons une deuxième équation de la forme
<P (x, y, u, P, q) = a, (155)
où a est une constante arbitraire, et telle que les équations (154)
et (155) soient solubles par rapport à P et q et que le système de la
forme (148) ainsi obtenu soit complètement intégrable. L'intégra-
tion de ce système introduit une constante arbitraire b et l'on obtient
ainsi une intégrale complète de l'équation (154). La condition d'in-
tégrabilité complète (149) peut être mise sous la forme
Pu + Puq = qx + qup· (156)
Calculons les dérivées partielles figurant dans cette identité en uti-
lisant les règles de dérivation des fonctions implicites p et q de
(x, y, u) définies par les équations (154) et (155). En dérivant les
relations (154) et (155) par rapport à u, on trouve
Fu + FpPu + Fqqu = 0; '<Pu + <PpPu <Pqqu = 0, +
d'où
Fu, Fql ' 1 Fp, Fui
_ I <Du, <D q • _ <D p , <Du
PU--IFp, Fql' qU--I.F p, Fql·
<D p , <D q <1>p, <Pq
De façon analogue, en dérivant par rapport à x, et y, on aura
Fp, Fxl 1 Fy , Fql
1 <D p , <D x <Dy,.W q ,
qX=-\.F p, Fq\; PY=-I,F p,' Fql'
<D p, <D q , <Dp, <Dq
et la condition d'intégrabilité (156) s'écrit,
, . . . t ' "[

Fy , Fq , Fu, Fq 1~ + F P' Fx + j F p.' , Fu p , 0"


<Pu, <Pq <!lu, <Pq <Pp, <Px ,<Pp, <Pu:
ou

(157)
60 CH. 1. TImORIE DES :eQUATIONSAUX D:eRI~ES PARTIELLES

En développant ces déterminants et en utilisant les notations de


(1-1-6] on obtient l'équation suivante pour la détermination de la
fonction <D:
P<D x + Q<D lI + (pP + qQ) <Du - (X+ Up) <D p -

- (Y + Uq) <D q = O. (158)


Strictement parlant cette équation doit être satisfaite si l'on rem-
place p et q par leurs expressions tirées de (154) et (155). Mais on
exigera plus, plus exactement, qu'elle soit identiquement vérifiée.
Le système d'équations différentielles ordinaires correspondant à
l'équation linéaire sans second membre (158) est justement le système
de Cauchy (107):
dx dy du dp _ _ ----".d..:.q...".-._
P=-o= pP+qQ
(159)
-(X+Up) -(Y+Uq)·

Il nous suffit de trouver une intégrale de ce système telle que les


équations (154) et (155) soient solubles par rapport à p et q.
On sait que le système (159) possède une intégrale évidente F = C.
La connaissance de cette intégrale facilite la recherche d'une autre
intégrale du système. On peut aussi se servir de la relation évidente
F = O.
Si l'équation (154) ne contient pas la fonction inconnue u, c'est-à-
dire est de la forme F (x, y, p, q) = 0, alors on cherchera l'inté-
grale sous la forme:
<D (x, y, p, q) = a.
La condition (157) s'écrit alors:
F p , Fx Fq , Fy
<D p , <Dx <Dq , <D1I +
=0, (160)

ou sous la forme détaillée


(Fp<D x - F x<Dp) + (F q<DlI - F lI<Dq) = 0,
ce qui revient à intégrer le système
q
~= dJ = !..px = d y• (161)

Le premier membre de (160) s'appelle crochet de Poisson des fonc-


tions F et <D et se désigne par le symbole (F, <1». Le premier membre
de (157) s'appelle crochet de Mayer des fonctions F et <D et se note
[F, <D]. Si pour toute fonction ffi des variables (x, y, u, p, q) on
convient de poser
dro dro
dx == ffi x + CJ)uP; dy = 001/ + OOuq,
1';1-20. SYSTttMESD'2QUATIONS LINBAIRES - 61

alors le crochet de Mayer s'écrit:


dF dF
F P' dx Fq , dy
[F, a>] = d<I> + d<I> • (162)
<Pp, dx <I>q, dy

On dit que deux fJnctions F et <I> sont en involution si leur crochet de


Poisson ou de Mayer est nul. Dans le premier cas, ces fonctions doi-
vent dépendre des variables (x, y, p, q), dans le second, il faut ajou-
ter u à ces variables. La méthode de Lagrange-Charpie consiste donc
à trouver une intégrale du système (159) ou (161) qui soit en involu-
tion avec F.
Signalons un fait qui saute immédiatement aux yeux lorsqu'on
compare les méthodes de Cauchy et de Lagrange. Avec la méthode de
Cauchy on doit trouver toutes les intégrales du système (159), avec
la méthode de Lagrange-Charpie, une seule. Si l'on connaît une inté-
grale complète de l'équation (154), on peut complètement intégrer
le système (159).
1-1-20. Systèmes d'équations linéaires. Pour généraliser la méthode de
Lagrange-Charpie au cas d'un nombre quelconque de variables indépendantes,
il nous faut préalablement étudier l'intégration d'un système d'équations
linéaires homogènes en une seule fonction inconnue. Considérons un tel système
de m équations:
Xl (u)=aUPI +a 12 P2+ .•• +alnPn=O,
X 2 (u)=a 21 PI +a 22 P2+··· +a2nPn =0, (163)
{ ......... ...........
X m (u)=amIPI am2P2+ + ...
+amnPn=O,
où Ph = U Xk ' les coefficients .ih sont des fonctions continues et continûment
dérivables des variables indépendantes X s et X h (u) désigne le premier membre
de la k-ième équation. On demande une fonction u vérifiant simultanément
toutes les équations du système (163). Les solutions u = const sont automati-
«Juement écartées, vu le peu d'intérêt 9u'elles présentent. On admet que les
equations (163) sont linéairement independantes, c'est-à-dire qu'il n'existe
pas de Âh non tous nuls susceptibles de dépendre de X s et tels que l'on ait
m
~ ;"hXh (u)=O,
1&-1
identiquement par rapport à X s dans un domaine de variation de X s et de PS.
Si de tels Âk existaient et si l'un d'eux était non nul, alors le premier membre
d'une équation de (163) serait linéairement dépendant de ceux 'des autres équa-
tions. Cette équation serait donc une conséquence de toutes les autres et on pour-
rait la supprimer. ' .
Supposons que m ~ n et considérons les n premières équations du système.
Ces équations étant linéairement indépendantes, le déterminant formé avec leurs
coefficien'ts doit être différent de zéro; Donc, le système san~ second membre en
Pa n'admet que la solution triviale Pl = ... = Pn = 0, d'où il résulte que u =
= const, autrement dit, pour m ~ n le système n'admet pas de solutions (autres
que la solution 'évidente u = const);- On supposera-donc dàns la suite que m <
<no
62 CH. 1. TH:mORIE DES ~QUATIONS AUX .D:mRIV:mES PARTIELLES

On peut former de nouvelles équations linéaires sans second membre à partir


des équations (163) et ces équations peuvent être linéairement indépendantes de
(163). Etablissons tout d'abord quelques identités élémentaires. Si ul et Us
sont deux fonctions quelconques des variables indépendantes Xl' • • • , X n , on
a les identités évidentes:
X k (Ui + us) = + X k (us);
X k (ut)
(164)
X k (ut U2) = ~Xk (U2) + u2X k (UI).
Dans Xi (u) remplaçons la fonction u par le premier membre de lak-ième équa-
tion, c'est-à-dire par l'expression de X k (u). En tenant compte de (164), on
trouve
n n
Xi(Xk(U»= 2J Xi(aks)u xs + 2J aksXi(U X,).
8=1 8=1
De façon analogue,
n n
Xk (Xi (U» = LJ Xk (ais) UXs + 2J ai,Xk (u x ,).
8=1 8=1
En se servant des dérivées secondes de la fonction u, on peut de toute évi-
dence éc rire:
n n n n
LJ aksXi (u x ,)=8=1
8=1
LJ aks t=1
LJ aituxsXt= 8, 2J
t=1
aitaksUxsXt·

La dernière expression ne change pas lorsqu'on permute les indices i et k:


n n
2J aisXk (u xs )= 2J aksXi (u x ,),
8=1 8=1

et l'on obtient la formule suivante:


n
Xi (Xk (U»-Xk (Xi (U»= 2J [Xi lahs)-Xk (ais)) u xs ' (165)
8=1
où le second membre est une fonction linéaire homogène de Ps = u xs dont les
coefficients dépendent de Xk' Généralisons la notion de crochet de Poisson à un
nombre quelconque de variables indépendantes. Le crochet de Poisson de fonc-
tions q> et"l' des variables Xl' • • • , X n et Pl' . . . , Pn se définit de façon analogue
par l'égalité:
n
(cp, '\')= ~ (CPPj'i'Xj-CPXj'\'Pj)· (166)
.1=1

Supposons que CP=Xi (u) et ,\,=Xk (u). On a

En portant ces expressions dans le second membre de (166), on ohtient:


1-1-21. SYST:I!:MES COMPLETS ET JACOBIENS

ou ce qui revient au même:


n
(Xi (u), ~1& (u»= Li [Xi (aks)-X. (ais)] Ps·
1=1
Une comparaison avec le second membre de (165) nous donne l'importante iden-
tité:
Xi (X k (u» - X k (Xi (u» = (Xi (u), X k (u». (167)-
Si u est solution du système (163), c'est-à-dire
Xl (u) == 0 (l = 1, ... , m),
alor.;; elle sera aussi solution de l'équation linéaire sans second membre
(Xi (u), X k (u» = 0 (168}
quels que soient les indices i et k. En faisant prendre toutes les valeurs possi-
bles aux indices, on forme m (m - 1) nouvelles équations linéaires sans second
2
membre qui résultent, au sens indiqué, du système (163). Certaines de ces équa-
tions peuvent se transformer en identités, c'est-à-dire que leurs coefficients en Pk
sont nuls. J oignons les autres équations (celles qui ne se transforment pas en:
identités) à celles du système (163) en nous assurant à chaque fois que l'équation,
adjointe n'est pas une combinaison linéaire des précédentes (si une équation est.
une combinaison linéaire des précédentes, il faut immédiatement .l'écarter). En
faisant cette opération avec toutes les équations nous obtenons un nouveau systè--
me qui peut être composé de plus de m équations. Formons les crochets de Pois-·
son des premiers membres du nouveau système en prenant soin d'écarter ceux.
qui ont déjà été dans le système initial. Joignons les équations obtenues aU'
nouveau système comme nous l'avons déjà fait plus haut. Poursuivons cette pro-
cédure. Deux cas peuvent se présenter. Ou bien nous obtenons un système de n
équations qui n'admettra donc 'que la solution triviale u = const et il en sera
de même du système initial. Ou bien nous obtenons un système de moins de n,
équations tel que toutes les nouvelles équations déduites par le crochet de Pois-
son sont des combinaisons linéaires des équations de (163). Un tel système est
dit complet. Des raisonnements précédents il s'ensuit donc que le système initial'
ou bien n'admet que la solution triviale ou bien est équivalent à un système complet.
On admettra que le système (163) est complet, c'est-à-dire ou bien les crochets.
de Poisson (Xi (u), X h (u» sont des combinaisons linéaires des premiers mem-
bres des équations initiales:
m
(Xi (u), Xk (u»= 2J ~li, k)X z (u), (169),
1=1

les coefficients ~~i,h) étant des fonctions de Xh' ou bien ils sont identiquement
nuls.
1-1-21. Systèmes complets et jacobiens. Etablissons quelques propriétés:
fondamentales des systèmes complets. Introduisons les nouvelles variables.
indépendantes
Yh = <Ph (Xl' ••• , x n ) (k = 1, 2, •.. , n)
(on admet que ce système est soluble en xh). Le système (163) s'écrit dans les
nouve lIes variables:
au ·au
Yj(u)=bil~+... +bin-a-=O (j=1, 2, ... , m),
VYI Yn
64 CH. 1. TImORIE DES ~QUATIONS AUX D:&RIVOS PARTIELLES

où, en vertu de la règle de dérivation de fonctions composées,


n
'" ajs-a
bjl= LJ a'Pl =Xj(YI).
Xs
(170)
.=1

Pour toute fonction u on a YJ (u) = Xj (u), le premier membre ne contenant


que les variables indépendantes Ylp le second, que les variables indépendantes :th'
Donc, quels que soient les indices i et k,
Xi (X h (u» = Yi (Yh (u»
et
Xi (X k (u» - X h (Xi (u» = Yi (Y h (u» - Y k (Yi (u»).
Compte tenu de (167) et (169), il vient
m
YdYk (u»-Y,dYd u »= .~ l'li, h)Ydu)
1=1

où les coefficients 'V~i ,h) se déduisent à partir des coefficients ~~i,h) par un
simple passage aux nouvelles variables. On voit donc que si le système initial est
complet, il en est de même de tout système obtenu par un changement des variables
indépendantes: .
Voyons maintenant une delxièmc propriété des systèmes complets. For-
mons m combinaisons linéairef, des premiers membres des équations (163):
Zi (u) = djlX I (u) + ... + djmX m (u) (j = 1, •••• m),
les coefficients dU étant supposés dépendre de Xll et le déterminant Il dU Il.
différent de zéro. Sous ces conditions le système d'équations
Zj (u) =0 (j = 1. 2••• 0' m) (171)
sera manifestement équivalent au système (163). Montrons que si le système ini-
tial est complet, il en est de même de tout système équivalent. En effet, le crochet
de Poisson (Zi (u), Zk (u» sera la somme d'expressions de la forme
dipX p (dkqX q (u» - dkqX q (dipX p (u»,
ou, en vertu de (164), la somme d'expressions de la forme
d iP [X p (dkq ) X q (u) + dkqX p (X q (u»] - d kq [X q (d iP ) X p (u) +
+ dipX q (X p (u»] = dipX p (dkq ) X q (u) - dkqX q (d iP ) Xp (u) +
+ dipdkq [X p (X q (u» - X q (X p (u»].
Les expressions X p (X q (u» - X q (X p (u» étant toutes linéairement dépendan-
tes de X j (u), le crochet de Poisson (Zi (u), Zk (u» dépend linéairement de
X j (u), donc de Zj (u), ce qui exprime que le système (171) est complet. Intro-
duisons maintenant une notion qui est un cas particulier de la notion de complé-
tude, plus exactement, on dira qu'un système (163) est jacobien si tous les cro-
.chets de Poisson (Xi (u), Xk (u» sont identiquement nuls, c'est-à-dire si tous
les coefficients en Ps· sont identiquement nuls. Il est immédiat de transformer
un système complet en jacobien par des opérations algébriques élémentaires.
En effet, soit donné un système (163) complet. Ce système étant composé d'équa-
tions linéairement indépendantes, sa matrice est de rang m et on peut le résoudre
par rapport à m variables PS. Sans restreindre la généralité on peut admettre
qu'il est soluble par rapport à Pl' ••• , Pm, c'est-à-dire qu'au lieu du système
1-1-22. INTaGRATION DES SYST:Il:MES COMPLETS 65

(163) on obtient. le système équivalent


+ Cl. m+IPm+1 + + Cl. nPn = 0,
Pl
P2 + C2. m+IPm+1 + + 2• nPn = 0,
. . .. .. . .. . .. ......
C (172)

1Pm + Cm. m+lPm+1 +... + cm. nPn = O.


D'après ce qui a été prouvé plus haut, ce système doit être complet. Montrons
qu'il est aussi jacobien. Désignons comme toujours par Xi (u) les premiers mem-
bres des équations du système. Nous devons prouver que les coefficients p}i.k)
de la formule (169) sont tous identiquement nuls. De la forme du système (172)
et de la définition du crochet de Poisson il s'ensuit immédiatement que le pre-
mier membre de (169) ne contient pas Ps pour s ~ m, et que le coefficient en Pa
(s ~ m) du second membre est visiblement égal à p~i.k). D'où il résulte aussitôt
que les coefficients p~i,k) doivent être tous nuls, autrement dit le système (172)
est bien un système jacobien. A noter qu'un système jacobien n'est pas forcé-
ment de la forme (172), mais, d'après ce qui vient d'être prouvé, si un système
complet se ramène à la forme (172), alors il est jacobien.
1-1-22. Intégration des systèmes complets. On peut remplacer l'intégration
d'un système complet (163) par celle d'un système jacobien (172) équivalent.
Considérons la première équation du système (172) et le système d'équations
différentielles ordinaires correspondant à cette dernière:
dX I dX II dX m dX m +1 dXn
-1-=-0-='" =-0-= Cl. m+l = ... = Cl, n •

Ce système possède n - 1 intégrales indépendantes


CPII (Xl' ••• , x n ) = C2 ; • • • ; CPn (Xl' ••• , Xn ) = Cn ,
les premiers membres de ces relations étant solutions de la première équation
(172). Signalons qu'on aurait pu immédiatement trouver m - 1 intégrales,
savoir:
X2 = const; ••• ; Xm = const.

Introduisons les n - 1 nouvelles variables


Ys = CPs (Xl' ••• , X n ) (s = 2, ••. , n). (173)
Les intégrales étant indépendantes, le système (173) est soluble par rapport
à n - 1 variables Xk et l'on peut choisir la fonction CPI(XI, ••• , x n ) telle que
le système
Ys = CPs (Xl' ••• , X n ) (s = 1, 2, ... , n)
soit soluble par rapport à toutes les variables Xk' Si, par exemple, le système
(173) est soluble par rapport à Xl' ••• , xn-Îl' il nous suffit de prendre CPI = x n •
Ecrivons le système (172) dans les nouve es variables indépendantes. En se

mière équation (172), on s'assure que cette équation se ramène à la


.
. au
':
..".'
"=
servant de la formule (170) et du fait que «PI' ••• , CPn sont solutions de la pre-
fo~e
YI
'. O. On supprime ensuite tous les termes contenant aYi dans les m ~ 1 équa-
tions restantes et comme ces; équations sont linéairement. indépendantes, on
peut résoudre le système qu'elles forment par rapport à m-1 dérivées :u .
Sans restreindre 'la généralité, on peut admettre qu'il s'agit des dériiées
5-01017
66 CH. 1. TH~OR,IE DES· ~QUATIONS AUXn:eRIV:eES PARTIELLES

-au au
- , . . ., ~. L e systeme
' transf ' est d onc d e 1a forme:
orme
aY2 uYm
( au
YI (u)=-=O,
aYI
1 au au au
{ Y2 (u) = - -
aY2
+h 2• m+l aYm+1 + ... +h2n -.<:1-
uYn
=0,
(174)

l ~~(~). 'a~: ~~~.~+~ ~Y~~' ~· ·.~:~n·a::· .~. ..

Le système initial est jacobien, donc complet et par suite il en est de même
du système transformé. Ce dernier étant soluble par rapport aux dérivées, il est
jacobien. Signalons que des raisonnements du [1-1-21] il s'ensuit immédiate-
ment qu'un système jacobien se transforme en un système jacobien dans les
nouvelles variables.
La première équation (174) indique que la fonction u ne doit pas dépendre
de YI' Montrons que les coefficients des autres équations du système (174) ne
contiennent pas YI' En effet, toute expression

doit s'annuler identiquement, puisque le système (174) est jacobien, ce qui prou-
ve notre assertion. On peut donc dans le système (174) écarter la première équa-
tion et intégrer les autres en admettant que u ne dépend pas de YI' On obtient
ainsi un système fermé de m - 1 équations à n - 1 variables indépendantes.
En appliquant l'opération précédente à ce système, on obtient un système fermé
de m - 2 équations à n - 2 variables. Cette procédure nous conduit finalement
à une seule équation pour une fonction u de n - m +
1 variables. En désignant
ces variables par YI' ••• , Yn-m+l, on obtient l'équation
au -1- g2 -.<:1-
-.<:1-
VYl
1
au
UY2
+ 1
•• • -,- gn-m+l .<:1
au
UYn-m+1
= °,
où les variables indépendantes Yi dépendent des variables indépendantes initia-
les Xl' • • ., X n . Le système d'équations différentielles ordinaires correspondant
à cette équation admet n - m intégrales indépendantes:
'l'l (YI' •. " Yn-m+l) = Cl; ••. ; 'l'n-m (YI' .•. , Yn-m+l) = Cn - m ,
et la solution générale de cette équation est
=
'1' ('l'l' ••. , 'l'n-m),
u
où 'l'est une fonction arbitraire. Cette formule nous donne aussi la solution
générale du système initial (163).
1-1-23. Crochet de Poisson. On se propose d'utiliser les résultats précé-
dentes pour élaborer une méthode de détermination de l'intégrale complète d'une
équation non linéaire du premier ordre dans le cas d'un nombre quelconque de
variables indépendantes. A cet effet, comme dans le cas de deux variables indé-
pendantes, il nous faut étudier un problème auxiliaire. Soit à déterminer une
fonction u (Xl' • 0x n ) sachant que ses dérivées partielles sont des fonctions
0'

données des variables indépendantes Xk:


Pk = Pk (Xl' ••• , X n ) (k = 1, 2, .. 0' n). (175)
1-1':23. CROCHET DE POISSON 67

La dérivation étant indépendante de l'ordre dans lequel elle est effectuée,


on voit que les fonctions (175) doivent vérifier les 1/ in 2- 1) relations suivantes:

o Pi (Xli .. , , xn) OPk (xl. . .. , Xn)


(176)
OXh, OXi

Ces relations sont nécessaires et suffisantes à la détermination de la fonc-


tion u. Ce fait a été prouvé pour n = 2 et n = 3 (tome Il, [111-2-8]). En géné-
ralisant la formule de Stokes à un espace à n dimensions on s'aperçoit, comme
pour n = 3, que si la condition (176) est remplie, l'intégrale curviligne
(Xl • • • . • Xn) n
U (Xl' .•. , Xn)= ) ~ Ps (Xl' ... , Xn) dxs
s=1

ne dépend pas du chemin et donne une fonction u ayant (175) pour dérivées
partielles.
On démontre la suffisance des conditions (176) dans le cas général par
récurrence. Supposons que la suffisance des conditions (176) a été prouvée pour
n - 1 variables et prouvons qu'elle est valable pour n variables. Nous supposons
donc que les fonctions (175) satisfont les conditions (176). Notre assertion étant
vraie pour n - 1 variables, on peut, en se servant des n - 1 premières fonctions
(175), former une fonction u des variables (Xl' .. " Xn-l) telle que U Xk =
= Pk (Xl' .•• , Xn) (k = 1, 2, ... , n - 1). Dans cette fonction Xn figurera
comme paramètre, car Pk en dépend. On peut par ailleurs ajouter à la fonction U
une constante arbitraire que l'on supposera dépendre de Xn-
On obtient ainsi la fonction
U (Xl' •.. , Xn-l' Xn) + e (x n ),
qui vérifie les n - 1 conditions:
U
Xk = Pk (Xl' . . . , Xn) (k = 1, 2, ... , n - 1).
Reste à choisir e (x n ) tel que l'on ait uxn = Pn (Xl' •.. , Xn), ce qui nous
conduit à l'équation
de (xnJ
d =Pn (Xl' "', Xn)-U~ •
Xn n
Il reste à montrer maintenant que le second membre de cette équation ne dé-
pend que de Xn. En dérivant par rapport à Xk pour k < n et en tenant compte de
(176) et de l'égalité U Xk = Pk' on obtient
0Pn 02 U _ oPn 0 (OU) _ 0Pn OPk - 0
OXk oXn oXk - oXk - oX n OXk - OXk - oX n = ,
c.q.f.d.
Admettons maintenant que les dérivées partielles Pk sont définies implicite-
ment par les n équations:
F s (Xl' .• " Xn ' Pl' ••• , Pn) = as (8 = 1, ... , n), (177)
que nous supposons solubles en Pk' Montrons que pour que les Pk définies par les
équations (177) satisfassent aux conditions (176), il est nécessaire et suffisant
que tous les crochets de Poisson des premiers membres de (177) soient identique-
ment nuls, c'est-à-dire qu'on doit avoir les n (n 2- 1) identités suivantes en
68 CH. r. THEORIE DES EQUATIONS AUX DERIVEES PARTIELLES

Xi et Pi:

(178)

Ceci étant, on admet que les seconds membres des équations (177) sont des cons-
tantes arbitraires.
Prenons deux équations (177) et dérivons-les par rapport à X s :
n
-aF
i + LJ----=O·
"" aFi api
ax s . api aXa '
1=1
n
aFk
axs
+~
"" àFk api =0.
api axs
1=1

En mu It lp "" equat'Ion par -a-


· l'lant 1a premlere aFk e t 1a secon d e par -
aFi
- , en re-
Ps aps
tranchant la première de la seconde et en sommant sur s, on obtient:
n n n n
( F.l' F k)+.LJ
"" "" aFk aFi api _ "" ""
LJ api aps àx s .LJ LJ
aFi aFk. api
api aps ax s
= O.
1=18=1 1=1 8=1
En changeant les indices des variables de sommation dans la deuxième somme,
on peut mettre la formule précédente sous la forme:

(179)

Si Pk vérifie les relations (176), alors de la dernière formule il s'ensuit immé-


diatement que les identités (178) sont valables quels que soient les indices.
Prouvons la réciproque, c'est-à-dire que si les identités (178) ont lieu, alors
les Pk définies par les formules (177) verifient les relations (176). Si les identités
(178) sont valables, la formule (179) s'écrit:
n n
'" '" aFk aFi (à Pi _ aps ) =0
:LJ LJ api aps axs aXi
1=1 s=1
'

les indices i et k pouvant prendre des valeurs quelconques. En attribuant les


valeurs 1, 2, •.• , n à l'indice k, on obtient n égalités que l'on peut traiter
comme n équations sans second membre en les n quantités suivantes:
n
'" aFi
LI aps
(!.!!.L
axs
_ axi
aps ) (j = 1, 2, ...• n). (180)
s=1

Le déterminant de ce système est le jacobien des fonctions F s par rapport à PS.


Ce jacobien, est différent de zéro, puisqu'on a admis que le système (177) est
soluble en PS. On peut donc affirmer que les quantités (180) sont nulles. En fi-
xant j et en attribuant les-valeurs 1, 2, ... , n à i, on obtient encore un système
1-1-24. M:BTHODE DE JACOBI 69

d'équations sans second membre en les quantités


ôp J _ ôPs ( 1 2 , ... ,:1:.
S=, ) (181)
Ô:l:s {}Xj
Le déterminant de ce système étant différent de zéro, car c'est le jacobien des
fonctions Fs par rapport à PS' il s'ensuit immédiatement que les quantités (181)
sont nulles, ce qu'on voulait. Donc, pour que le système (177) définisse les dérivées
partielles Pk d'une fonction u, il est nécessaire et suffisant que les fonctions Fi soient
deux à deux en involution. On a admis que les seconds membres des équations
(177) sont des constantes arbitraires et de ce fait on a exigé que les relations
(178) soient identiquement vérifiées. Si l'on fixe certaines de ces constantes, il
suffit alors d'exiger que les relations (178) soient satisfaites en vertu des équa-
tions ainsi obtenues. .
Signalons encore quelques propriétés élémentllires du crochet de Poisson.
Si cp et 'l' sont des fonctions de Xk et Pk' et a et b des nombres, alors de la défi-
nition du crochet de Poisson, il s'ensuit immédiatement que:
(cp, cp) = 0; ("1', cp) = - (cp, "1'); (0, cp) = 0;
(acp, b'1') = ab (cp, '1').

Soit ro une fonction de Xk et Pk. On a l'identité:


«cp, '1'), ro) + «'1', ro), cp) + «ro, cp), '1') = 0, (182)
appelé communément identité de Poisson. Cette identité contient les crochets
doubles de Poisson. Chaque terme de cette identité est le crochet de Poisson
d'une fonction et du crochet de Poisson des deux autres fonctions. Pour vérifier
l'identité (182) on remarquera préalablement que chaque terme contient des
dérivées du premier ordre. Cette identité étant symétrique par rapport aux
fonctions cp, 'P et ro et aux variables Xk et Pk' pour la vérifier il suffit de s'assu-
rer que tous les termes contenant :cp se simplifient dans le premier membre. En
utilisant la définition du crochet !/Poisson, on s'assure que le coefficient en
ôcp du premier membre de l'identité est:
{}
Pk
n
'" [ {} ({}'i')
LI {}Ps {}Xk
{}ro
{}x s -
{}
{}x s
({}'l')
{}Xk
{}ro ]
{}Ps -
s=1

{} ({}ro) {}'l' ]
ôX s {}Xk {}Ps •

En dérivant on constate que ce coefficient est bien nul.


1-1-24. Méthode de Jacobi. On se propose maintenant de généraliser la
méthode de Lagrange-Charpie, plus exactement, de chercher une intégrale comp-
lète d'une équation du premier ordre pour un nombre quelconque de variables
indépendantes en admettant que cette équation est de la forme
FI (Xl' ••• , Xn' Pl' • 0 0' Pn) = 0, (183)
c'est-à-dire ne contient pas la fonction inconnue u. Si l'on réussit à choisir en-
core n - 1 fonctions F k de telle sorte que les n fonctions obtenues soient deux
à deux en involution et soient solubles en Pk' alors en considérant le système
70 CH. 1. THeORIE DES :eQUATIONS AUX' D:eRIV:eES PARTIELLES

(177) dans lequel on posera al = 0, on trouvera les Pk vérifiant les conditions


(176) et par suite on aura u. Le système (177) nous donne n - 1 constantes
arbitraires; on obtient encore une constante arbitraire en remontant des dérivées
partielles Pk de u à la fonction u. Les fonctions Fk se déterminent de proche en
proche. Supposons que l'on connaisse les m premières fonctions FI' F 2 , ••• , Fm
(on rappelle que ces fonctions sont deux à deux en involution et solubles par
rapport à m variables Pk)' Pour trouver la fonction Fm+l' on forme les m équa-
tions :
(FI' u) = 0; (F 2 , u) = 0; ... ; (Fm, u) = O. (184)
Ces équations sont des équations linéaires sans second membre pour la fonction
F m+l de 2n variables indépendantes Xk et Pk'
La forme détaillée de ce système est:
n

~ (:~:
k=1
::k - ::~ :;:) =0 (j = 1, ... , m). (185)

Les fonctions FJ étant solubles par rapport à m variables Pk' un jacobien d'ordre
m des fonctions FJ par rapport aux variables Pk est différent de zéro, et par suite
la matrice du système (185) est de rang m, c'est-à-dire que les équations (185)
sont bien linéairement indépendantes. Montrons que ce système est complet.
Formons à cet effet les différences (165) pour le système (184):
(Fp , (F q' u)} - (F q' (Fp , u».
Il nous faut montrer que ces différences sont identiquement nulles. L'identité
(182) nous permet de mettre cette différence sous la forme:
-«F q' u), F p ) - «u, F p ), F q) = «Fp , F q), u}.
Les fonctions Fp et F q étant en involution, cette différence est nulle. Donc,
d'après ce qui a été dit au [1-1-22], le système (185) possède 2n - m solutions
indépendantes. Outre les solutions évidentes
u = FI; u = F 2; .•• ; u = Fm, (186)
ce système doit encore en posséder 2n - 2m et toutes ces solutions sont solubles
par rapport à 2n - m variables Xk et Pk. Donc, le système (185) possède néces-
sairement une solution u = F m+l telle que les équations FI = 0, F 2 = a2; ...
• • • ; Fm+l = am+l soient solubles par rapport à m + 1 variables Pk' Pour
trouver la fonction suivante F m+2' on forme le système
(FI' u) = 0; ... ; (Fm+l , u) = 0,
qui est justiciable des mêmes raisonnements que le système (184). On construit
ainsi n fonctions deux à deux en involution et le système (177) sera soluble en
tous les Pk (pour al = 0). Ceci nous conduit, comme nous l'avons vu plus haut,
à une intégrale complète de l'équation (183).
On a admis que l'équation ne contient pas la fonction inconnue. Si elle la
contient, c'est-à-dire si elle est de la forme
F (Xl! ••• , X n , u, Pl' •.• , Pn) = 0,
on peut, en augmentant le nombre des variables indépendantes d'une unité,
arriver à une équation ne contenant pas la fonction inconnue. Il suffit pour cela
de chercher la solution sous la forme implicite:
v (Xl' ••. , Xn , u) = C,
où C est une constante arbitraire. En appliquant la règle de dérivation des
fonctions implicites, on obtient comme toujours une équation pour v qui ne
renferme pas v.
1-1-25. SYST:Il:MES CANONIQUES 71

1-1-25. Systèmes canoniques. Etablissons un lien e~tre les raisonnements


précédents et le système de Cauchy. On étudiera le cas où l'équation ne contient
pas la fonction inconnue et est résolue par rapport à une dérivée. Pour des rai-
sons de symétrie, introduisons n + 1 variable"s indépendantes et désignons
l'une d'elles par t et la dérivée par rapport à t par Po = Ut. L'équation devient
alors:
Po + H (t, Xl' ••• , X n ' Pl' ••• , Pn) = 0, (187)
et le système de Cauchy correspondant sera un système canonique (1-1-17]
dXh =H dpk = -H . (188)
dt Pk' dt xk
Supposons que
cp (t, Xl' • • • , X n ' Pl' •.. , Pn) = C
est une intégrale du système, c'est-à-dire que
n

CPt + LJ
'" (dXh
CPXk ~+CPPh ( f t
dph )
=0
h=1
en vertu du système (188). La dernière équation s'écrit encore:
CPt + (H, cp) = O. ('189)
Donc, pour que la fonction cp soit intégrale du système, il est nécessaire et suffi-
sant qu'elle soit solution de l'équation (189). Soient cP et'iJ deux intégrales du
système. Montrons que leur crochet de Poisson (cp, 'iJ) est aussi une intégrale du
système (ou une constante). De la définition du crochet de Poisson on déduit
immédiatement que

En substituant la fonction Cl) = (cp, '1') à cP dans la relation (189), on trouve:


(CPt, '1') +
(cp, '1't) +
(H, (cp, 'iJ)} = O.
Vu que cP et '1' sont des intégrales, on peut dans la dernière égalité effectuer la
substitution:
CPt = -(H, cp); 'iJt = -(H, 'iJ),
et obtenir en définitive la relation
-((H, cp), 'iJ) - (cp, (H, '1')} + (H, (cp, '1')) = 0,
qui est identiquement réalisée en vertu de (182). Donc, le crochet de Poisson de
deux intégrales du système canonique est aussi une intégrale de ce système ou une
constante.
Supposons maintenant que nous connaissons n intégrales du système (188):
CPs (t, Xu ••• , Xn, Pl' ••• , Pn) = as (s = 1, 2, ••• , n), (190)
ces intégrales étant delL"<: à deux en involution et solubles par rapport à Ph.
J oignons l'équation différentielle (187) aux équations (190) et montrons que les
11+ 1 fonctions obtenues sont deux à deux en involution en tant que fonctions
des variables t, Xl' • • • , x n et de Po, Pl' ••• , Pn • Les fonctions (190) seront
de toute évidence en involution même après adjonction de la variable indépen-
dante t, puisqu'elles ne dépendent pas de Po. Il suffit donc de vérifier que chaque
fonction (190) et le premier membre de (187) sont en involution. En égalant le
72 CH. 1. TH:mORIE DES ~QUATIONS AUX D:mRIV:eES PARTIELLES

crochet de Poisson correspondant à zéro, on obtient la relation

qui est nécessairement réalisée, puisque les fonctions (190) sont des intégrales du
système (188). Compte tenu des résultats de [1-1-24] on peut affirmer que si l'on
résout les équations (190) par rapport à Ph (k = 1, ... , n), et l'équation (187)
par rapport à Po, et que l'on porte les expressions de Ph ainsi obtenues dans la
fonction H, alors la somme

Pl dXl + P2 dx 2 + ... + Pn dxn - H dt


sera la différentielle totale d'une fonction v (t, Xl' ••• , Xn, al' ••• , an) qui
sera visiblement une intégrale complète de l'équation (187). Le théorème de
Jacobi nous permet d'affirmer que les n autres intégrales du système canonique
(190) s'obtiennent par une simple dérivation, plus exactement, elles sont defi-
nies par les égalités vak = bk (k = 1, ... , n).
1-1-26. Exemples. 1. Considérons le système d'équations linéaires sans
second membre
+
Xl = Pl (X2+ X4-3x 1 ) Ps+ (XS+XI X2+ XI X4) P4 =0,
(191)
{ X = P2+(XSX - x ) PS+ (X XSx +X -XI X2) P4=0.
2 4 2 1 4 2
Le crochet de Poisson des premiers membres nous donne encore une équa-
tion: X s = Ps + X1P4 = O.
Les crochets de Poisson (Xl' X 2) et (X 2' X S) ne diffèrent du premier mem-
bre de la dernière équation que par un facteur multiplicatif. On a donc un systè-
me complet de trois équations. Sa résolution par rapport à Pl' P2 et Ps nous don-
ne le système jacobien:
Pl + (xa + 3xl) P4 = 0; P2 + X2P4 = 0; Pa + X1P4 = O.
Les solutions de la dernière équation sont Xl' X2 et X4 - X1XS' Introduisons les
variables indépendantes Xl' X2' Xa et t = X4 - XIXa' Le système devient:

~+3xt ôu =0; ~+X2~=0; ~=O.


ÔXl ôt ÔX2 ôt ôXs
Les deux premières équations forment un système jacobien par rapport aux
2
variables Xh X2 et t. Les solutions de la deuxième équation sont Xl et t _ ~2 •
x 22
Introduisons les nouvelles variables indépendantes Xl' X2 et 't' = t- 2 • Les
équations mentionnées deviennent:

.!!!:...+3x2~=0·
ÔXt 1 Ô't' '
~=O.
ôX 2
La première équation a pour solution
x2
u='t'-xi ou U==X4-Xlxa-y-xl,
et toute fonction de u est solution du système (191).
2. Trouver une intégrale complète de l'équation
FI = (Pl +
X2)2 (Xl+ +
P2)2 - XaPs = O. (192)
1-1-27. MSTHODE DES SSRIES MAJORANTES 73

L'équation (FI' u) = 0 s'écrit:


au au au au
2 (Pl+x2) -a-+ 2 (X l +P2) -a--xa - a - - 2 (X 1 +P2) -a--
~ ~ ~ ~
. au au
-2 (Pl +X 2 ) -a-+Pa -a =0. (193)
P2 Ps
Cette équation admet la solution évidente u = Xl P2. Posons +
F2 = Xl + P2 = a2·
Joignons à l'équation (193) l'équation

au
(F 2 , u) = - - - - - = 0 .
au
apI aX 2

Cette équation et l'équation (193) admettent pour solution u = XsPs, c'est-à-dire


que
Fs = XsPs = as. (192 2 )
Résolvons les équations (192), (1921) et (192 2) par rapport à Pl' P2 et Pa:
as
Ps =-x;-.
En remontant des dérivées partielles Pit P2 et Ps de u à u, on trouve l'intégrale
complète de l'équation (192):
u= -XIX 2 +-r as-a~ Xl +a 2 x 2 +a s ln xa+a.
1-1-27. Méthode des séries majorantes. En étudiant le problème
de Cauchy on a admis que les fonctions données et les fonctions incon-
nues sont des fonctions réelles de variables réelles indépendantes,
dérivables jusqu'à un certain ordre. Dans ce numéro et dans les deux
suivants, on se propose de prouver que le problème de Cauchy admet
une solution unique pour les équations et systèmes d'équations
d'ordre quelconque sous réserve que les fonctions soient analytiques.
On admettra que les variables indépendantes Xl' ••• , X n sont tou-
jours réelles et que les fonctions données et les fonctions inconnues
peuvent prendre des valeurs complexes. On aura besoin préalable-
ment de quelques propositions auxiliaires.
Soit donnée une série entière de m variables
00

.•. , zm) = ~
Pl, .", Pm=O
apll•.. Pm Zfl, ... , ZPm
m' (194)

convergente pour
1 Zl 1 ~ RI; ••• ; 1 Zm 1 ~ Rm• (195)
On admettra que les rayons de convergence de la serIe (194) sont
légèrement supérieurs aux nombres Rh' Soit M le maximum du mo-
dule de la fonction (194) sous les conditions (195). On a vu que la
74 CH. I. TImORIE DES :eQUATIONS AUX DaRIVaES PARTIELLES

série entière de la fonction


M
(196)

(tome 111 2 , UV-3l) a tous ses coefficients strictement positifs et


supérieurs en module à ceux de la série (194). On exprime ce fait en
disant que la série (196) est une série majorante de la série (194).
En général, on appelle série majorante de la série
oc

2J
Pl,.··, Pm=O
CPI •.. Pm Zfl , ... , z!:tm (197)

une série de la même forme dont les coefficients sont positifs et supé-
rieurs en module aux coefficients respectifs de la série (197). On sait
que toute série entière converge absolument à l'intérieur de ses dis-
ques de convergence (tome 111 2 , UV-3l). Si une série majorante de la
série (197) converge pour 1 Zk 1 < Pk (k = 1, 2, ... , m), alors on
. peut de toute évidence affirmer que la série (197) converge à l'inté-
rieur des disques 1 Zk 1 < Pk' Supposons que dans (196) tous les Rh.
sont égaux (ceci revient à remplacer les R k par le plus petit d'entre
eux) et considérons les fonctions
M
(198)

et
M
(199)

Les séries entières respectives de ces fonctions sont:


00
Pl Pm
M Zl •• , Zm
et
RPI+'" +Pm
Pl, .. " Pm=O

En développant (Zl + ... +


zm)P on s'assure que les coefficients
du développement en série de la fonction (199) sont supérieurs aux
coefficients respectifs du développement de (198), c'est-à-dire que
la fonction (199) (ou la série entière correspondante) sera aussi majo-
rante de la fonction (197) (resp. de la série entière correspondante).
La méthode des séries entières majorantes est utilisée pour dé-
montrer l'existence de la s~lution des équations différentielles lors-
que les fonctions mises en jeu sont analytiques. Effectuons cette
démonstration d'abord pour une équation différentielle ordinaire du
1-1-27. M:eTHODE DES S:eR1ES MAJORANTES' , 75

premier ordre. Soit donnée une équation différentielle


dy
dx =1 (x, y),

dont le second membre est une série entière en x et y, convergeant au


voisinage de x = y = 0, c'est-à-dire que
00

dy _ ~ p q
dx - LJ apqx y . (200)
p, q=O

On demande une solution qui soit régulière en x = 0 et qui vérifie


la condition initiale
y lx=o = O. (201)
Pour trouver cette solution il suffit de composer sa série de Maclau-
rin, c'est-à-dire de calculer les valeurs des dérivées pour x = O. Le
terme constant de cette série est donné par la condition initiale (201)
et est nul. La valeur de la dérivée première en x = 0 est donnée
par l'équation différentielle, soit y~ = aoo. Dérivons les deux mem-
bres de l'équation par rapport à x pour déterminer la dérivée seconde:
00 00

y" = L papqxP-1yQ + ,~ qa pQ x P yQ-l y ' ,


P. q=O p, q=O

En portant x = 0; y = 0 et y~ = a oo dans le second membre, on


trouve la valeur de la dérivée seconde en x = 0, soit
y~ = alO + a01aOO •

En poursuivant cette procédure, on définit les dérivées de tout ordre


pour x = 0 et on forme la série de Maclaurin:
,
Yo 11yo
x +
"
Yo 2+
2! x +
••• (202)

Des calculs précédents il ressort qu'il n'existe qu'une seule solution


régulière vérifiant la condition initiale donnée. Mais pour affirmer
que cette solution existe bien, il nous faut démontrer que la série
(202) possède un rayon de convergence plus grand que zéro. Signa-
lons que toutes les opérations effectuées sur les séries sont licites en
vertu des propriétés fondamentales des séries entières à l'intérieur
de leurs disques de convergence. Si la série (202) est convergente,
alors sa somme est solution de l'équation (200) en vertu du procédé
qui a servi à former les coefficients.
Les calculs précédents nous montrent que les coefficients de la
série (202) sont des polynômes de a pq à coefficients numériques posi-
tifs. En effet, en dérivant successivement l'équation et en portant
les valeurs initiales des dérivées dans le second membre, les seules
opérations qu'on ait effectuées sur les coefficients sont l'addition et
76 CH. 1. T~ORIEnES SQUATIONS AUX nSRIY:eES PARTIELLES

la multiplication. Par conséquent, si l'on remplace la série du second


membre de l'équation (200) par une série majorante, alors la série
(202) sera remplacée aussi par une série majorante. Si cette série
majorante converge au voisinage de 0, il en sera de même à fortiori
de la série (202). Le fait majeur de la suite de la démonstration est
que la substitution à la série du second membre de l'équation (200)
d'une série majorante nous donne une équation 'intégrable en termes
finis. Supposons que la série du second membre de l'équation (200)
converge absolument pour 1 x 1 ~ R et 1 y 1 ~ R et soit M le maxi-
mum de sa somme sous les conditions indiquées. En passant à la série
majorante, on obtient l'équation différentielle
dy M
(203)
(fX- ( x ) ( y ) ,
t-lf t-]f

qui est à variables séparées:

En l'intégrant et en tenant compte de (201), on obtient


y2
- - M R l n (1
Y - -2R
X--)
- R '
d'où

y= R- R V 1 + 2M ln ( 1- ~ ) . (204)

Le radical doit prendre la valeur 1 pour x = 0 pour que la condition


initiale (201) soit vérifiée. La fonction (204) est régulière en x = 0
et par suite se développe en série entière.
Les coefficients de cette série sont de toute évidence les mêmes
que ceux obtenus par dérivation terme à terme de l'équation (203)
avec le procédé ci-dessus. Donc, la série (202) converge au voisinage
de 0 pour l'équation (203). Donc, elle converge à fortiori, comme nous
l'avons vu plus haut, pour l'équation initiale. Ceci prouve non seule-
ment l'unicité mais aussi l'existence d'une solution régulière véri-
fiant la condition initiale (201).
1-1-28. Théorème de Kovalevskaïa. La méthode des séries et fonc-
tions majorantes est favorable à la démonstration de l'existence et
de l'unicité de la solution du problème de Cauchy pour des équations
aux dérivées partielles. On opérera toujours sur des équations diffé-
rentielles sous forme résolue. Soit donnée une équation différentielle
du premier ordre
Pl =f (xu ••.• x n , U, P2' • • ., Pn), (205)
1-1-28. TH:eOR:E:ME DE KOVALEVSKAYA 77

où t est une fonction régulière au point


X 1- - ' " -- P = p(O)
- 0,. u -- u(O) ' 2
xn - 2 '• • • • ,• Pn -- p(O).
n , (206)
les valeurs initiales des variables indépendantes ont été prises éga-
les à zéro sans nuire à la généralité. On cherche la solution qui
vérifie la condition initiale suivante:
uI X1 =o=<P(X 2, ••• , x n ). (207)
On admet que la fonction <P (x 2 , • • • , x n ) est régulière pour les
valeurs nulles de ses arguments et de plus que
«(fl)o=u(O); (<Px,)o=PkO) (k=2, ••• , n), (208)
l'indice inférieur « 0 » indique que tous les arguments de la fonction
sont remplacés par des zéros. Avant d'aborder la résolution de ce
problème, on se propose d'affaiblir les conditions du problème par
un changement élémentaire de la fonction inconnue, plus exacte-
ment, on posera
u = u' +
(fl (x 2 , • • • , x n ) +
AXl'
où la constante A est la valeur prise par le second membre de l'équa-
tion (205) pour les valeurs initiales (206) des arguments, autrement
dit, A est le terme constant du développement du second membre de
l'équation (205) en série entière
A= t (0, ... ,0, (<p)o' (<PX2)0, ••• , (<Pxn)o)·
La nouvelle fonction u' doit satisfaire l'équation
u;1 = t (Xl' ••• , Xn' U' + <P + Axl , U~ 2 + (flx 2 , ••• ,U~n + <Px n )-
- t (0, ... ,0, (<p)o, «(flx 2)0,"" (<Pxn)o), (209)
et la condition initiale (207) est remplacée par
u' lx 1 =0 = o.
Portons notre attention sur les arguments de la fonction du second
membre de l'équation (209). Si l'on pose X s = 0 et u' = 0, alors
l'argument u'+ <P +
AXI devient égal à (<p)o. De même, si l'on pose
Xs = 0 et U~k = 0, alors chaque argument <Pxk +
U~k devient égal
à ((flxk)O' Donc, pour les valeurs nulles de x s , u' et u~k les arguments
de cette fonction sont confondus précisément avec les valeurs initia-
les (208) pour lesquelles la fonction t est régulière. On peut donc affir-
mer que le second membre de l'équation (209) est une fonction régu-
lière au point
Xl = ... = Xn = U" = XX2 = ... = '0
u Xn = . (210)
D'autre part, en tenant compte du terme soustrait au second
membre de (209), on peut affirmer que ce second membre s'annule
pour les valeurs initiales (210). des arguments.
78 CH. I. THEORIE DES EQUATIONS AUX· n:eRIV:eES PARTIELLES

On a donc réduit la condition initiale et les valeurs initiales des


arguments de la fonction du second membre de (209) à zéro. En con-
servant les notations précédentes, on s'est donc ramené au problème
suivant: étant donnée l'équation différentielle
Pl = f (Xl' ••• , X n , U, P2' . . . , Pn), (211)
où f est une fonction régulière et nulle au point
Xl = ...= Xn = U = P2 = ...= Pn = 0,
on demande la solution de cette équation qui satisfait la condition
U lx 1=0 = O. (212)
On remarquera que le second membre de l'équation (211) doit se
développer en une série de la forme
00

f =
(213)
- 0) ,
(a0···00···0-
convergente au voisinage de O.
Exactement comme dans le cas d'une équation différentielle
ordinaire, en se servant de l'équation (211) et de la condition ini-
tiale (212), on calculera les coefficients de la série de Maclaurin de
la fonction inconnue u, c'est-à-dire les valeurs de toutes les dérivées
partielles en O. En dérivant par rapport à tout argument autre que
Xl' on peut poser préalablement Xl = O.
La condition initiale (212) nous montre donc que
aa2+ ...+anu ) = 0
( uX
~ a2 ••• uX
~ an ' (214)
2 n 0

où ah sont des entiers naturels positifs. Calculons maintenant les


valeurs initiales des dérivées par rapport à Xl' De l'équation (211)
il s'ensuit

( ~)
aXl 0 = 0• (215)
En dérivant un nombre quelconque de fois les deux membres de
l'équation (211) par rapport aux variables X 2 ' • • • , X n et en portant
ensuite les valeurs nulles des arguments, on obtiendra au second
membre les valeurs déjà calculées des dérivées (214) et (215) et l'on
pourra ainsi définir
1":1-28. TH:E:OR~ME DE KOVALEVSKAYA 79

quelles que soJent les valeurs positives a 2 , • • • , an. On considère


ensuite l'équation déduite de (211) par dérivation par rapport à Xl
et on procède comme pour l'équation "principale. On obtient des
valeurs bien définies pour les dérivées

En poursuivant cette procédure on peut calculer n'importe quelle


dérivée partielle de la fonction inconnue pour les valeurs initiales
des arguments et former la série de Maclaurin:

(216)

Comme dans le cas d'une équation différentielle ordinaire, les rai-


sonnements précédents prouvent que le problème de Cauchy admet
une solution régulière unique. Pour prouver l'existence de cette
solution, il faut montrer que lorsqu'on porte les valeurs initiales
des dérivées dans la série (216), celle-ci converge dans des disques
centrés en l'origine. Comme dans le paragraphe précédent, on peut
affirmer que si l'on remplace la série (213) par une série majorante et
si la série (216) formée pour l'équation majorante converge, alors
elle convergera à fortiori pour l'équation initiale. Supposons que la
série (213) converge absolument et uniformément pour
1 Xl 1 ~ p; .•. ; 1 Xn 1 ~ p; 1u 1~ p; 1 P2 1 ~
~ R; • . .; 1Pn 1 ~ R,
et soit M le maximum du module de la somme de cette série. La
fonction
M
-M
(f- ~l ) ••• (f- x; ) (1-+) (1- ~ ) ... (f- P~ )

majore la série (213). A noter qu'on a soustrait le nombre M pour


éliminer le terme constant. La fonction
M -M
(t - Xl + ...: Xn + U ) (1- P2 + .R' + Pn )
majorera à fortiori la série (213). Si l'on divise la variable Xl par un
nombre a E lO, 1[, alors des puissances de a apparaîtront aux déno-
80 CH. 1. THEORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

minateurs des coefficients des termes en Xl et la fonction


M -M
( 1-
~-+X2+
ex
... +xn+u) (1- P2 + .•• + Pn )
p R
majorera à plus forte raison la série (213). On a donc affaire à l'équa-
tion majorante

En calculant les coefficients de la série de Maclaurin de la solution


de cette équation qui vérifie la condition initiale (212), on obtient
une série entière qui s'annule pour X s = 0 et la série majorante de la
série (216) pour l'équation (211). Si cette série converge, il en sera
à plus forte raison de même de la série (216) formée pour l'équation
(211). On se propose maintenant de trouver la solution de l'équation
(217) qui vérifie la condition initiale
(218)
où 11' est une série entière à coefficients positifs. Les coefficients de la
série de Maclaurin de cette solution se calculent comme plus haut
à une différence près: c'est que la condition initiale (218) amènera
non plus des zéros mais des nombres positifs au second membre de
la formule (214) pour toutes les valeurs positives de ah. Les autres
coefficients s'obtiennent par des additions et des multiplications
sur les coefficients positifs et strictement positifs déjà calculés du
développement en série du second membre de l'équation (218). Donc,
si pour l'équation (217) on remplace la condition initiale nulle (212)
par la condition initiale (218), où 11' se développe en une série à coeffi-
cients réels positifs, alors la série (216) formée pour l'équation (217)
avec la condition initiale,(218) sera majorante de la série (216) formée
pour l'équation (217) avec la condition initiale nulle (212) et à for-
tiori majorante de la série (216) composée pour l'équation (211) avec
la condition initiale (212). Tout revient donc à prouver que la série
(216) formée pour l'équation (217) avec une condition initiale de la
forme (218), où 11' possède la propriété mentionnée ci-dessus, converge
dans des disques centrés en l'origine.
Autrement dit, tout revient à trouver une solution de l'équation
(217) vérifiant une condition initiale de la forme (218) et à prouver
que cette solution se développe en série de Maclaurin au voisinage
de O. On cherchera cette solution sous forme d'une fonction d'une
seule variable z = Xl + + ... +
a (x 2 x n ).
1-{-28. TH:eOR~ME DE KOVALEVSKAIA 81

Ceci étant,
du du
U X1 = dz; U Xk = a dz (k = 2, ... , n) ,
et, par suite, l'équation (217) devient
du M
M,

ou
dz - (
1- a;" (1- (n~1)
Z )

" ~: )

(
1_(n-1)Ma) du _ (n-1)a (dU )2= __M M.
R dz R dz z
-+u
1- _a_ _
p
On admettra que le nombre a est pris assez proche de 0 pour que
le coefficient en :~ soit strictement positif. En développant le second
membre de la dernière équation à l'aide de la formule de la somme
d'une progression géométrique, on obtient une série entière sans terme
constant à coefficients strictement positifs. Cette équation s'écrit
alors
du) 2 2 du
h dz T <P (z, U) = 0,
1
( dz -

où h > 0 et <P (z, U) est une série entière sans terme constant à coeffi-
cients strictement positifs. En résolvant ce trinôme du second degré
par rapport à ~:' on obtient l'équation différentielle du premier
ordre
~~ = h - h JI" 1 - ;2 <P (z, u), (219)
le radical étant supposé égal à 1 pour z = u= o. La formule du
binôme de Newton nous donne

- h JI" 1 - h~ <P (z, u) =

"21 (}) 1 (1.)


2" 2"-1 <ç2
1 (1
2 2"-1
) ( 1 )
2 -2 cp3
= - h +1T h - 2! -h 3 + 3f ho + ... ,
et tous les coefficients en les puissances de <P sont strictement positifs.
Un développement en série entière de z et u nous donne au second
membre de (219) une série entière de <Pl (z, u) à coefficients stricte-
~ent positifs et sans terme constant, et l'on obtient l'équation du
premier ordre

6-01017
82 CH. I. TImORIE DES :e.QUATIONS AUX D:e.RIV:e.ES PARTIELLES

D'a près le théorème d'existence établi antérieurement, cette équa-


tion admet une solution régulière vérifiant la condition initiale
u Iz=o = O. Cette solution se représente par une série
.00

u= ~ CkZR
k=l
dont tous les coefficients sont strictement positifs. Si l'on porte
Z = Xl + a (x 2 + ... + x n ) dans cette série, on obtient la solution
de l'équation (217) sous forme d'une série entière à coefficients
strictement positifs. Cette solution vérifiera pour Xl = 0 une con-
dition initiale (218), où'i' (x 2 , • • • , x n ) est une série entière à coeffi-
cients strictement positifs. D'après ce qui a été dit plus haut, la
construction d'une telle solution de l'équation (216) achève la démons-
tration du théorème d'existence de la solution du problème de Cau-
chy. Cette démonstration est due à Goursat. Mais le théorème porte
généralement le nom de Kovalevskaïa, car c'est elle qui la première
en a donné une démonstration complète.
De la démonstration précédente, il s'ensuit que les rayons des
disques de convergence de la série (216) (qui donne la solution du
problème (211), (212» ne dépendent que des rayons de convergence
du second membre de l'équation (213) et du maximum du module M
de ce second membre et pas de la forme de la fonction f. S'agissant
de l'équation (205) avec la condition initiale (207), il faut encore
tenir compte de la dépendance par rapport au rayon de convergence
et au maximum du module de la fonction rp (x 2 , • • • , x n ) figurant
dans la condition (207). Cette remarque concerne également les ré-
sultats du numéro suivant.
1-1-29. Equations d'ordre supérieur. La méthode développée
s'applique sans changements presque aux équations d'ordre supé-
rieur. Voyons à titre d'exemple une équation du deuxième ordre
à deux variables indépendantes, résolue par rapport à la dérivée
seconde par rapport à x:
r = f (x, y, U, p, q, s, t)
(p = u x ' q = u y , r = U xx , S = u xy , t = U yy ). (220)
Les conditions initiales sont:
u Ix=o = rp (y) ; P Ix=o = 'i' (y). (221)
Supposons que rp (y) et 'i' (y) sont des fonctions régulières en y = O.
Posons
rp (0) = uo; 'i' (0) = Po; rp' (0) = qo; 'i" (0) = So; rp" (0) = t o
et admettons que le second membre de l'équation (220) est une fonc-
tion régulière au point
x = y = 0; u = U o ; P = Po; q = qo; s = So; t = t o'
1-1-29. :mQUATIONS D'ORDRE SUP:mRIEUR 83

Ceci étant, l'équation (220) admet une solution régulière uniqu~


vérifiant les conditions de Cauchy (221). Nous sauterons la démon-
stration de cette proposition, qui est analogue à la précédente, et
indiquerons seulement comment calculer les coefficients de Maclaurin
de la solution cherchée. Les conditions initiales (221) nous donnent
immédiatement la valeur des dérivées
1
aa U ) , ( a +o:u) ,
( aya 0 ax aya 0
quels que soient les ex ~ 0, c'est-à-dire que les conditions initiales
nous donnent la valeur initiale de la fonction U et de ses dérivées
partiellf's dans lesquelles la dérivation par rapport à x a été effectuée
une fois au plus. L'équation (220) nous donne ensuite
a2u \
( Ôx 2 Jo·
Une dérivation des deux membres de (220) plusieurs fois par rapport
à y nous permet de déterminer les valeurs de
ô2+au )
( ôx 2 aya o·
En dérivant les deux membres de (220) par rapport à x 'et en effec-
tuant sur l'équation ainsi obtenue exactement les mêmes opérations
que sur l'équation initiale (220), on trouve les valeurs de
ô3+au )
(
Ôx3 Bya o·
En poursuivant cette procédure, on obtient tous les coefficients d~
Maclaurin de la fonction u et ces coefficients sont unique~. '
Formulons maintenant le théorème de Kovalevskaïa dans le cas
général pour des systèmes d' équations d'ordre' quelèoIlque. Soi'"
donné un système de m équations
arhUh _ ( BlUi)
--rh=-=--fh Xh Ui' a h B ln (k= 1, ... , m),
BX I Xl· •• Xn

étant les fonctions inconnues, Xl' • • • , X n7 les variables;


U I , ••• , U m
indépendantes. Les seconds membres de ces équations contiennent
les variables x s , les fonctions inconnues Uh et leurs dérivées jusqu fit
rh
l , or d re rh a.. l' exceptIOn
. d es d Uh par rapport auxqueIl es ce
' · ' -() - r-
erlvees
. Bxlh "
système est résolu. Les conditions initiales sont de la forme:

6*
84 CH. I. TIœORIE DES ~QUATIONS AUX D:eRI~ES PARTIELLES

On admet que les fonctions figurant aux seconds membres des éga-
lités (223) sont régulières en x = (0, ... , 0). Calculons à l'aide de
ces fonctions les valeurs prises au point x = (0, ... , 0) par toutes
les fonctions figurant dans hl. ( ) (k = 1, ... , m). Supposons que
les fonctions tk (...) (k = 1, , m) sont régulières au voisinage
des valeurs calculées de leurs arguments.
Si les conditions énumérées sont remplies, le théorème d'existence
et d'unicité nous dit que le système (222) admet une solution régu-
lière satisfaisant les conditions initiales (223).
Signalons qu'on aurait pu bâtir la théorie des équations diffé-
rentielles à dérivées partielles en ne considérant que des fonctions
analytiques. Cependant cette approche présente des défauts qui seront
mis en évidence lors de l'étude des équations d'ordre supérieur.

1-2. ~quations d'ordre supérieur


1-2-1. Types d'équations du second ordre. On commencera l'exposé
de la théorie générale des équations d'ordre supérieur par l'étude des
équations linéaires du second ordre. Soit donnée une équation liné-
aire du second ordre par rapport à la fonction u (Xl' ••• , x n ):
ft n
~ aik (X) UXiXk ~ bk (x) lh k + C(X) u = O.
+ k=1 (1)
i. k=l

On admet que les coefficients aik sont des fonctions données des varia-
.hIes X s et que aki = aik, puisque le résultat est indépendant de l'or-
dre de dérivation. Les fonctions et les variables indépendantes sont
supposées réelles.
La théorie générale classe les équations en types. Tout varie d'un
type à l'autre, de la position des principaux problèmes et des métho-
des de résolution jusqu'aux solutions qui sont douées de propriétés
analytiques différentes. Dans ce numéro, on se propose de définir
les principaux types d'équations de la forme (1). Considérons à cet
effet la forme quadratique par rapport aux variables auxiliaires
68 :
n
2J aikSt~k' (2)
i, k=l

En attribuant aux variables X s des valeurs x~O), on obtiendra une for-


me quadratique à coefficients numériques. Si cette forme est définie
positive ou négative (tome 111 1 , [11-2-41), on dit que l'équation (1)
est de type elliptique au point X s = x~O). On dira qu'une équation
~st de type elliptique dans un domaine D de l'espace (Xl' ... , x n )
si elle l'est en tout point de D. La forme quadratique (2) se ramène
à une somme de carrés dite forme réduite. Si les co_efficients de la
1-2-1. TYPES D':mQUATIONS DU SECOND ORDRE 85

forme réduite sont non nuls et de même signe, la forme (2) est de type
elliptique.
On dira que l'équation (1) est de type hyperbolique dans un do-
maine D si les coefficients de la forme réduite de (2) sont tous de
même signe à l'exception d'un qui est de signe contraire. L'équation
(1) est de type ultrahyperbolique si aucun coefficient n'est nul et la
forme quadratique réduite n'est ni elliptique, ni hyperbolique. Si
les coefficients aik sont constants, le type de l'équation ne dépend
pas des valeurs prises par les variables indépendantes. L' équation de
Laplace est de type elliptique, l'équation des ondes, de type hyper-
bolique.
Il existe enfin une classe d'équations (1) dites équations paraboli-
ques. Ces équations sont définies par les- coefficients dominants
aik (x) et aussi par les coefficients b i (x) en les dérivées UXi. Les coef-
ficients de la forme quadratique réduite sont tous de même signe
à l'exception d'un qui est nul. On prouvera dans le numéro suivant
que l' équation (1) peut être ramenée, au point fixe x = x(O) , à la
forme
n n
h
i=l
'Ai (x(O» uy.y.
Z Z
+ i=1
LJ bi (x(O» u y.
Z
+ c (XO)u = 0
par un changement de variables linéaire non dégénéré.
La condition de parabolicité de l'équation (1) au point x(O) se
traduit, après réduction à l'équation précédente, par le fait qu'un
'Ai (x(O» (pour fixer les idées 'An (x(O») est nul et les autres tous stricte-
ment positifs ou tous strictement négatifs, le coefficient b~ (x(O»
en uYn étant différent de zéro. Un exemple classique d'équation para-
bolique est l'équation de la chaleur
n-l
2J
i=l
UX.x. -
Z Z
Ux
n
= O.

Les variables Xi' i = 1, 2, ... , n - 1 sont généralement traitées


comme des variables spatiales, la variable x n , comme le temps.
Les classes (types) définies n'englobent pas toutes les équations
(1). Il existe en effet des équations pour lesquelles plusieurs coeffi-
cients 'Ai (x(O» sont nuls. Si les bi (x(O» correspondants ne sont pas
nuls, on dit alors qu'au point x(O) l'équation est ultraparabolique
ou parabolique avec plusieurs temps. Dans le cas contraire, l'équa-
tion ne contient pas de dérivées suivant certaines directions et les Y,
correspondants joueront le rôle de paramètres. Nous n'envisagerons
pas toutes les situations susceptibles de se présenter, nous limiterons
notre étude aux cas où l'équation est de type elliptique, hyperbolique
ou parabolique dans le domaine qui nous intéresse.
Si les coefficients de l'équation (1) contiennent la fonction u
et ses dérivées partielles ux Z., alors on ne peut parler du type de cette
m CH. I. TImORIE DES :mQUATIONS AUX DSRIV1mS PARTIELLES

.équation qu'en fixant une solution u(O) (Xl' ••• , x n ). En portant


Il, = u(O) et U x = u~o: dans les coefficients, on obtient uniquement
z
des fonctions de x" et on pourra alors d'après ce qui a été dit plus
haut définir le type de l'équation pour la solution u(O).
Si l'on a affaire à une équation non linéaire:

alors pour définir le type correspondant à une solution donnée u(O),


(ln considère les coefficients
ôF
a,R, = pour u = u(O)
l ôUXiXk

et on détermine ensuite le type de l'équation linéaire.


1-2-2. Equations à coefficients constants. Considérons l'équation
(1) avec des coefficients aih constants et la forme quadratique cor-
respondante. On se propose par une transformation linéaire \des varia-
bles indépendantes de réduire l'ensemble des termes contenant les
{iérivées secondes à une forme élémentaire. Soit donc le changement
linéaire de variables
Yh = ChlXl + ... + ChnXh (k = 1, 2, ••. , n).
()n admet évidemment que le déterminant de la matrice aSSOClee
à cette transformation est non nul. On passe des dérivées par rapport
~nx anciennes variables aux dérivées par rapport aux nouvelles
variables à l'aide des formules:
n n
Ux i =~
8=1
C"iUy,
8
ux.x
l k
= 2J
s, t=1
C"iCtkUy 8 Yt'

En portant ces expressions dans l'équation (1), on obtient l'équation


transformée
n
,i, 2Jk=1 aihUYiYh + ... = 0,
où les coefficients ai': s'expriment en fonction des anciens à l'aide
des formules
n
aiR. = LJ Cfschtast· (3)
8. t=1

Si d'autre part on substitue dans la forme quadratique (2) les varia-


bles 'lJs à ~s à l'aide de la transposée de la matrice Il C ih Il et que l'on
exprime les anciennes variables en fonction des nouvelles, soit
~h = Cl k'lJl + ... + cnk'lJn (k = 1, ..., n),
1-2-2. :eQUATIONS A COEFFICIENTS CONSTANTS 87

alors on vérifie immédiatement que les coefficients ailt de la forme


quadratique transformée sont définis par les formules (3), c'est-à-dire
n n
2J
ft h=l
aih~i~h = f, ~
h=1
aik1)i1)h'

Or on sait que l'on peut toujours choisir les coefficients Cih tels que
la forme quadratique (2) se réduise à une somme de carrés, c'est-à-dire
que
n n
~ aik~i~h == LJ Â i ll:,
i, k=1 i=l

autrement dit, aih = 0 pour i =1= k et aii = Â i • Les signes des coeffi-
cients  i définissent le type de l'équation. Dans les anciennes nota-
tions, l'équation transformée s'écrit:
n
2J
i=l
ÂiUX.X~+ ••• =O.
~ •

Si l'équation est linéaire et à coefficients constants par rapport aux


dérivées premières et secondes et à la fonction u, l'équation trans-
formée s'écrit :
n n
2J
i=1
Âiux.x.
l l
+2J
i=1
biux. + cu =
l
/ (Xl' ••• , x n ). (4)

En multipliant les variables X s par un nombre dûment choisi, on


peut toujours rendre les coefficients non nuls  i égaux à +1. Suppo-
sons que tous les  i sont non nuls et montrons que par une transfor-
mation élémentaire de la fonction u nous pouvons faire disparaître
les termes contenant les dérivées premières. Soit
1
n
~
b'.
2 . -2.
--L..J ,.. x.l
U =ve 1=1 l (5)
En portant cette expression dans l'équation (4), on obtient une
équation de la forme
n
2J
i=1
ÂiV X •x i +CiV
l
= /1 (Xl' ••. , X n )·

Les  i sont tous de même signe pour une équation elliptique et l'on
peut admettre qu'ils sont strictement positifs quitte à multiplier les
deux membres de l'équation par -1. La substitution Xi = V~i
fait disparaître les coefficients Âi et en~ gardant les notations précé-
dentes, on peut affirmer que toute éqW\tion linéaire elliptique
88 CH. 1. TImORIE DES ~QUATIONS AUX D~RIV~ES PARTIELLES

à coefficients constants peut être réduite à la forme


n
LJ
i=1
Ux.x.
Z l
+ ClU = Il (Xl' .. " X n )· (6)

Toute équation hyperbolique à coefficients constants se ramène


à la forme
n-1
~ Ux .x . - Ux x -t- cu = 1 (Xl' ... , X n ),
i=1 Z l n n

toute équation parabolique, à la forme


n-1
LJ
i=1
Ux .x . - Ux
l l n
+ cu = 1 (Xl' ..• X n),
la variable indépendante Xn est assimilée au temps et désignée par t.
1-2-3. Formes normales dans le cas de deux variables indépendantes.
Dans (1-2-2] on a montré que si les coefficients de l'équation (1)
sont constants, on peut ramener l'ensemble des termes contenant des
dérivées secondes à nne forme normale par une transformation liné-
aire. Si les coefficients dépendent de X u on n'a guère d'espoir de
réaliser cette réduction à une forme normale par une transformation
linéaire et l'on doit faire appel à des transformations plus générales
et même dans ce cas on ne peut résoudre ce problème que dans le cas
de deux variables indépendantes. Soit donc une équation du second
ordre à deux variables indépendantes linéaire en les dérivées secon-
des:
a (x, y) Uxx +
2b (x, y) UX1/ C (x, y) u1/1/ = O.+ (7) + ...
Faisons le changement de variables:
~ = <P (x, y); TJ = 'li' (x, y). (8)
On passe des dérivées par rapport aux anciennes variables aux déri-
vées par rapport aux nouvelles à l'aide des formules:
Ux = u,Cf'x + Urt'li'x; u ,I = u~<P,l + UT)'li',1'
Uxx = u,,<pi: + 2U;11<Px'li'x + UJ)lI'li'~ + U,<Pxx + u,,'li'xXt
u ,I1I = u;;<p~ + 2u;Tl<PI1'li',1+ uJ)Tl'li'~ + u'<P,l1/ + u,,'li'1/1/'
UX1/ = u,,<Px<P,l +;lU;Tl (<Px'li'u + <P1/'li'x) + ul1Tl'li'x'li'1/ + u~<PXI/ +
+ uTl'li'Xy·
E TI portant ces expressions dans l'équation (7), on obtient l'équation
transformée
a' (~, TJ) u" +
2b' (~, 11) U;lI c' (~, 11) U = 0,+ TlTl + ...
1-2-3. FORMES NORMALES DANS LE CAS DE DEUX VARIABLES 89


a' (~, 11) = a<p~ + 2b<px<py + c<p~,
c' (S,11) = a'l'i + 2b'l'x"Py + C"P~, (9)
{
b' (S,11) = a<px"Px + b (<Px"Py + <Py"Px) + c<Py'l'y.
L'identité
a'c' - b'2 = (ac - b2) (<Px"Pu - <Pu'l'x)2 (10)
se vérifie par une substitution directe.
Il est immédiat de voir que le signe de la différence ac - bl};
définit le type de l'équation (7). Cette dernière est elliptique, hyper-
bolique ou parabolique selon que ac - b2 est >0, <0 ou nul. En
vertu de (10), le changement de variables conserve le signe de ac - b2't
donc le type de l'équation.
Les équations hyperboliques à coefficients constants se ramènent
dans le cas de deux variables indépendantes à la forme élémentaire
U xx - uuu + ...
= O. (11)
Le changement de variables
t_ x+y. x-y
1::1- 2 '
'11=
'1 2
(12)
nous conduit à la forme élémentaire
U'T1 + ... = O. (13)
On voit donc que si une équation est hyperbolique, elle se réduit
dans le cas de deux variables indépendantes à la forme (11) ou (13).
On passe facilement d'une forme à l'autre.
Revenons à l'équation (7) et supposons qu'elle est hyperbolique
dans un domaine D du plan (x, y). Cela signifie que l'équation du
second degré
a (x, y) 1'2 + 2b (x, y) l' + c (x, y) = 0 (14)
possèd e dans D des racines distinctes réelles. On admet que ou bien
a =1= 0, ou bien e =1= O. Si a = c = 0, l'équation (7) serait de la forme
élémentaire (13). Sans nuire à la généralité, on peut admettre que
a =1= O. Considérons l'équation différentielle à dérivées partielles du
premier ordre
a (x, y) u~ +
2b (x, y) uxuu c (x, y) + = O. u:
(15)
En désignant les racines de l'équation (14) par fI (x, y) et f 2 (x, y)
on voit que l'équation (15) se scinde en deux équations:
Ux = fI (x, y) ul/ (16 1 )
et
90 CH. I. TH~ORIE DES BQUATIONS AUX D~RIV~ES PARTIELLES

Si les coefficients a, b et c, donc les fonctions Il et 12, sont suffisam-


ment réguliers, alors les équations (16 1 ) et (16 2) possèdent des solu-
tions bicontinûment dérivables dans une partie du domaine D (cf.
(I-1-2J). Dans la transformation (8), prenons pour q> (x, y) une solu-
tion de l'équation (16 1) et pour 'tp (x, y), une solution de l'équation
(16 2), On peut choisir ces solutions telles que le déterminant q>~'tp,l -
- q>1I'tp~ ne s'annule pas dans la partie considérée de D. On a
cP~ = Ilq>u; \j)~ = 121Py,
d'où
q>x,!,,I - <J>lI'tpX!= (fI - 12) fPy'tpye (17)
De ces formules il s'ensuit que si le déterminant s'annule en un point,
il en sera de même des deux dérivées partielles premières de fP ou 'l'.
Il faut donc prendre des solutions de (16 1 ) et (16 2 ) dont les deux déri-
vées partielles premières ne sont pas simultanément nulles.
Les fonctions cp et 'tp vérifient l'équation (15) et en vertu de (9)
on a a' = c' = O. De la formule (10) il s'ensuit que b' =1== 0, si bien
que l'équation (7) se réduit à la forme (13).
Nous avons vu dans [I-1-2l que les solutions des équations (16 1)
et (16 2 ) étaient locales, c'est-à-dire qu'elles ne sont distinctes de cons-
tantes que dans un domaine qui, en général, est une partie du domai-
ne dans lequel Ih (x, y) sont continûment dérivables, et l'équation
(7) ne peut être réduite à une forme normale que dans le domaine
indiqué. Cette remarque sur le caractère local de la réduction de l'é-
quation (7) à une forme normale est également valable pour la suite
de l'exposé.

°
Passons maintenant à une équation elliptique. Dans ce cas ac -
- b2 > et les racines de l'équation (14) sont conjuguées complexes.
Considérons l 'u~e des équations (16):
-b+i vac-b2
Ux = a u y•

Si l'on admet que les coefficients a, b et c sont des fonttions analyti-


ques de x et y et que a =1= 0, on peut trouver une solution de cette
équation sous forme d'une fonction analytique [1-1-28]: U =
+
= cp (x, y) i'tp (x, y). De plus
ab CPy - .yac=a b
2
CPx = - 'tpy,
b vac-b2
'l'x = - li 'tpy + a q>y.

Faisons la substitution (8). En se servant du système en fP et '1' et des


formules (9), on trouve
b' = 0; a' = c' = (ac - b2) (cp~ + 'tp~) ; .
1-2-4. PROBLt1ME DE CAUCHY 91

en divisant par a' on met l'équation sous la forme


f)2 u f)2
f)~2 + f)11u + ... = o.
2 (18)

La formule (17) devient


2 -.1-ac-b2
CPx'1'y-CPy'1'x= - a CPy'1'y.
Le problème est donc résolu pour le cas elliptique aussi. La résolu-
tion de ce problème dans le domaine tout entier, sous certaines con-
ditions portant sur les coefficients a, b et c, qui ne sont pas considé-
rés comme des fonctions analytiques, est accessible dans le travail
de 1. V e k ua, Problème de réduction de formes différentielles ellip-
tiques à la forme canonique et système généralisé de Cauchy-Riemann.
DAN SSSR, 1955, 100, nO 2 (en russe); voir également l'ouvrage du
même auteur: Fonctions analytiques généralisées, M., Fizmatguiz,
1959 (en russe).
Il reste à étudier l'équation parabolique. Dans ce cas l'équation
(14) possède une racine double et l'équation (15) nous donne des équa-
tions (16 1 ) et (16 2) identiques. Pour cp (x, y), prenons une solution
de (16 1) et pour '1' (x, y), une fonction quelconque telle que le jacobien
de cp et '1' soit non nul. Le coefficient a' sera nul dans l 'équation trans-
formée en vertu du choix de cp (x, y). De plus, l'équation étant
parabolique, on a ac - b2 = 0 et la formule (10) nous dit que b' = O.
Donc a' = b' = O. La fonction c' ne peut être identiquement nulle,
car le cas échéant on aurait obtenu une équation du premier ordre et
la transformation inverse qui fait passer de (~, 11) à (x, y) ne nous
aurait pas donné une équation (7) du second ordre. Donc, dans le
cas parabolique, on obtient la forme canonique suivante:
U1I11 + ... = 0, (19)
où les termes non écrits ne contiennent pas de dérivées secondes mais
contiennent nécessairement la dérivée première par rapport à ~.
1-2-4. Problème de Cauchy. On a vu au [I-1-2Jl que pour condi-
tions initiales de l'équation du second ordre
F (x, y, U, p, q, r, St t) = 0 (20)
on peut en particulier prendre la valeur de la fonction u et de sa
dérivée U x = P au point x = x o :
u Ix=xo = cp (y); P Ix=xo = '1' (y). (21)
Ces conditions seront appelées conditions initiales spéciales. Ces
conditions initiales reviennent à se donner la valeur de la fonction
inconnue u et de sa dérivée partielle p le long d'une courbe x = x o
du plan (x, y). A noter que les valeurs de l'autre dérivée partielle du
92 CH. I. TImORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

premier ordre, q 1%=%0 = cp' (y), s'obtiennent immédiatement à par-


tir de la première condition (21). Donc, en vertu des conditions ini-
tiales, on connaîtra la fonction u et ses dérivées partielles premières
le long de la courbe x = X o' Les conditions initiales se généralisent
sans peine. Soient données dans le plan (x, y) une courbe  sans point
double et les valeurs de la fonction inconnue u le long de cette courbe.
On connaît ainsi les valeurs prises le long de 'A. par la dérivée de u
suivant une direction tangente à Â. Pour déterminer la dérivée pre-
mière suivant une direction quelconque, on doit disposer encore
d'uIle donnée le long de Â, plus exactement, on doit connaître les
valeurs prises le long de  par la dérivée de u suivant une direction
quelconque distincte d'une direction tangente à Â. La connaissance
des dérivées suivant deux directions du plan (x, y) le long de 'A.
nous permet de définir la dérivée de u suivant une direction quel-
conque du plan (x, y) le long de 'A.. Donc, dans le cas considéré, on
doit connaître les valeurs prises sur  par la fonction U et par sa déri-
vée suivant une direction quelconque non tangente à Â. La donnée
des valeurs de u le long d'une courbe 'A. du plan (x, y) se traduit par
la donnée d'une courbe l dans l'espace (x, y, u). On connaît de plus
les valeurs des dérivées partielles p et q le long de Â. En définitive
donc, les conditions initiales consistent à se donner une courbe l
de l'espace (x, y, u) et la position du plan tangent le long de 1.
Paramétriquement ces conditions se traduisent par la donnée de
cinq fonctions
x (t), Y (t), u (t), P (t), q (t), (22)
liées par la relation
du = p dx + q dy. (23)
La relation (23) revient à exiger que la donnée des deux dérivées
partielles p et q le long de 'A. ne contredise pas la donnée de la fonc-
tion u le long de 'A., c'est-à-dire que la dérivée de u suivant une ;di-
rection tangente à Â calculée d'après p et q prenne les mêmes valeurs
que eelles obtenues à partir de la donnée de u le long de 'A.. Les cinq
fonctions (22) liées par la relation (23) définissent une bande dans
l'espace (x, y, u) et le problème de Cauchy revient à chercher une
surface intégrale de l'équation (20) contenant cette bande.
Le problème de Cauchy se pose dans les mêmes termes dans le cas
plus général où la fonction inconnue dépend d'un nombre quelconque
de variables. Considérons par exemple l'équation différentielle du
second ordre dans le cas de trois variables indépendantes:
F(xl , x 2 , x a, u, U%l' U%I' u x3 , u x1xi ' U X1X2 ' " .)=0. (24)
Les conditions initiales consistent ici à se donner la fonction U et
ses dérivées partielles du premier ordre sur une surface S de l'espace
(Xl' x 2 , xa). La fonction u étant donnée sur la surface S, pour défi-
1-2-~. PROBL~ME DE CAUCHY 93

nir toutes seS dérivées partielles du premier ordre le long de S, il


suffit de se donner le long de S une dérivée suivant une direction
quelconque nOil contenue dans un plan tangent à S. Si la surface S
support des conditions initiales est le plan Xl = xl°), on obtient les
conditions initiales spéciales:
u Ixl=xio> = <p (x 2 , x 3 ); U Xl Ixl=xiO) = 'i' (x 2 , x 3 ). (25)
Paramétriquement, le problème de Cauchy revient à se donner sept
fonctions de deux paramètres
Xl (t 1 , t 2 ), X2 (t 1 , t 2 ), X3 (t l , t 2 ), U (t l , t 2 ),
{ (26)
u xt (t 1 , t 2 ), U X2 (t 1 , t 2 ), U X3 (tl' t 2 ),
liées par la relation
du = U Xl dX 1 + U X2 dX2 + U X3 dx3 • (27)
La donnée des fonctions Xl' X 2 et Xs équivaut à la donnée d'une
surface, les autres données, à la donnée de la fonction U et de ses
dérivées partielles du premier ordre le long de cette surface. Les don-
nées (26) liées par la relation (27) sont généralement appelées bande
ou, plus exactement, bande de premier ordre dans l'espace (Xl' X2 ,
XS, u) et le problème de Cauchy consiste à trouver une surface inté-
grale de l'équation (24) contenant une bande donnée. Si la fonction
u dépend de n variables indépendantes (Xl' . • . , x n ), la bande est
définie par 2n +1 fonctions de n - 1 paramètres
xk (th' •• , t n - l ), U (t l , ••• , t n - l ), UXk (tH • •• , t n - l )
(k = 1, 2, ... , n),
liées par la rela tion
n
du= ~ u Xk dXk.
k==1

Si l'une des variables indépendantes est le temps t et la surface qui


supporte les conditions initiales est le plan t = 0, alors on a affaire
à un problème, classique en physique mathématique, d'intégration
d'une équation avec des conditions initiales données (tome II,
[111-2-8]).
Les conditions initiales définissent la fonction U et toutes ses
dérivées partielles premières sur la courbe ou la surface qui supporte
ces conditions. Si l'on adjoint l'équation différentielle initiale aux
conditions initiales, alors ainsi qu'on l'a vu au [1-1-29], on peut dans
le cas de conditions initiales spéciales, définir de façon unique toutes
les dérivées partielles secondes de la fonction inconnue sur la courbe
ou la surface indiquées. On dira qu'une bande est caractéristique si
avec l'équation différentielle initiale elle ne définit pas de façon
unique les dérivées partielles secondes. Cette question sera étudiée
94 CH. I. TIϞRIE DES ~QUATIONS AUX D~RIVl!lES PARTIELLES

plus en détails dans le numéro suivant pour le cas d'une équation


quasi linéaire à deux variables indépendantes.
1-2-5. Bandes caractéristiques. Considérons l'équation
ar + 2bs + ct + h = 0, (28)
dans laquelle a, b, c et h sont des fonctions données de (x, y, u, p,
q). On demande de trouver une surface intégrale contenant une bande
donnée:
x (t), y (t), u (t), P (t), q (t) (du = p dx + q dy). (29)
On a de toute évidence
dp = r dx + s dy; dq = s dx + t dy,
et en joignant à ces deux équations l'équation initiale (28), on obtien-
dra un système de trois équations du premier ordre pour la détermi-
nation des dérivées secondes de la fonction inconnue sur la courbe
Â: x (t), y (t) qui supporte les conditions initiales:

dx.r-t-dy.s=dp,
dx . s + dy . t = dq, (30)
{
ar + 2bs+ ct = -- h.

Les fonctions r, s, t sont inconnues, les autres, des fonctions de t


connues en vertu de (29). Si le déterminant du système (30) n'est
pas nul, on obtient des valeurs bien définies pour les dérivées secon-
des. Donc, une condition nécessaire et suffisante pour que le système
(30) soit incompatible ou indéterminé est que le déterminant
dx, dy, 0
!J. = 0, dx, dy = 0, (31)
a, 2b, c
ou, sous la forme développée,
a dy 2 - 2b dx dy + C dx 2 = O. (32)
Trouvons la deuxième condition qui exprime que le problème est
indéterminé, c'est-à-dire que le système (30) admet une infinité de
solutions. On admettra que l'un des mineurs du second ordre du dé-
terminant (31) est non nul, pour fixer les idées
0, dy
a, c
= -adY=l=-O.
Le système (3D) aura un seul déterminant èaractéristique (tonie III!
1I~2-2l) et pour qu'il soit indéterminé il est nécessaire et suffisant
1-2-5. BANDES CARACT~iUSTIQUES 95

d'ajouter à la condition (31) 18. condition suivante:


dx, dp, O'
0, dg, dy =0,
a, -h, c
ou sous la forme développée
. a dp dy + h dx dy + c dx dq = 0, (33)
condition qui exprime que le déterminant caractéristique est nul
(tome III l [1-2-21). En se rappelant de la relation (23) on obtient
en définitive les trois équations suivantes qui définissent la bande
caractéristique comme une bande le long de laquelle le système (30)
admet une infinité de solutions:
ady2-2bdxdy+cdx2=0,
a dp dy+ h dx'fly + cdx dq= 0, (34)
{
du= pdx+ qdy.
l'raitons séparément le cas de conditions initiales spéciales:
u Ix=xo = cp (y); P Ix=xo = tp (y). (35)
Dans ce cas la variable y joue le rôle du paramètre t dans les formu-
les (29) et la variable x est constante: x = X O' La condition (32}
nous conduit à l'égalité a = O. A noter que cette relation n'est pas
remplie identiquement mais par substitution des conditions~initia­
les (35) dans la fonction a. Le système (30) devient alors
s dy i= dp; t dy = dg; 2bs + ct = -he
.?our que ce système soit indéterminé il est nécessaire et suffisant
que la troisième équation résulte des deux premières. En multipliant
la troisième équation par dy et en tenant compte des deux premières t
on obtient la condition suivante:
2b dp + c dg '= -h dy,
qui remplace dans ce cas la condition (33). Pour les conditions
initiales spéciales (35), on aura en définitive les relations suivantes
pour la détermination de la bande caractéristique:
a = 0; 2b dp + c dq = -h dy; du = q dy. (36)
La condition a. 0 montre qu'on ne peut trouver U xx à partir de
l'équation (28). La deuxième condition
2b dp
dy
+c dydq +h=O
96 CH. I.'!'!œORIE DES ~QUATIONS AUX D~RIV~ES PARTIELLES

exprime que les quantités p et d définies sur la droite x = X o sont


q
telles que l'équation (28) est satisfaite, car s = ddP
y
et t = dd sur cette
y
droite. La troisième condition nous donne la formule évidente:
q 1x=xo = cp' (y).
1-2-6. Dérivées d'ordre supérieur. Au numéro précédent on a vu
comment déterminer les dérivées secondes sur une bande donnée.
On se propose maintenant de trouver les dérivées d'ordre supérieur.
On suppose que le déterminant (31) est non nul. Considérons la diffé-
rentielle totale des deux premières équations (30) et dérivons l'équa-
tion donnée (28) par rapport à x et à y. On a ainsi quatre équations du
premier ordre pour déterminer quatre dérivées troisièmes de la fonc-
tion inconnue U sur la bande donnée:
(dX)2 U xxx + 2 dx dy u:X: Xll + (dy)2 U Xllll = ,
(dX)2 u xxy + 2 dx dy U xyy + (dy)2 u YYlI = ,
au xxx + 2bu xxy + CU xyy = ••. ,
au xxy + 2bu xyy + CU yyy = •••
Le déterminant de ce système s'écrit :
(dx) 2 , 2 dx dy, (dy)2, o
0, (dX)2, 2 dxdy, (dy)2
~l=
a, 2b, c, o •
0, a, 2b, C

On démontre que ce déterminant est égal au carré du déterminant


(31), c'est-à-dire qu'il est lui aussi non nul. En effet, désignons par
l'une racine de l'équation
a + 2by;+ cy 2 = 0, (37)
ajoutons à la première colonne de ~1' la deuxième colonne multi-
pliée par y, la troisième colonne multipliée par y2 et la quatrième
colonne multipliée par y3. Les éléments de la première colonne sont:
(dx + y dy)2, y (dx + y!dy)2, 0, 0,
d'où il vient que ~1' qui est un polynôme du quatrième degré homo-
gène en dx et dy, est divisible par (dx + y dy)2. Le coefficient en
{dX)4 dans l'expression de ~1 est égal à c2 • En désignant par YI et Y2
les racines de l'équation (37), on peut écrire:
. ~1 = c (dx + YI dy)2 (dx + Y2 dy)2,
2

ou, compte tenu de la propriété des racines du trinôme du second


degré,
1-2-6. D~RIV~ES D'ORDRE SUP:8RIEUR 97

On a admis que l'équation (37) possédait des racines distinctes.


Donc, si L\l = L\2 sous cette condition, alors cette égalité est égale-
ment vraie dans le cas de racines égales. Pour s'en assurer il suffit
de modifier légèrement les coefficients a, b et c de telle sorte que
l'équation (37) admette des racines distinctes et ensuite de passer
dans l'égalité L\l = L\2 à la limite, en faisant tendre les nouvelles
valeurs des coefficients vers les anciennes, c'est-à-dire vers celles
pour lesquelles l' équation (37) admet une racine double.
On obtiendrait de même cinq équations du premier degré pour
déterminer cinq dérivées du quatrième ordre et le déterminant de ce
système sera aussi non nul, et ainsi de suite. Supposons que ces déri-
vées sont analytiques et régulières. Comme dans le cas de conditions
initiales spéciales et de l'équation résolue par rapport à r [1-1-29],
on peut dans un cadre plus général calculer les dérivées de tout ordre
sur la bande donnée en admettant que le déterminant L\ est non nul.
En formant la série correspondante de Taylor, on aurait pu établir
sa convergence comme dans [I-1-28J.
Passons maintenant au cas où la bande donnée est caractéristique.
On se limitera à l'étude des conditions initiales spéciales (35). Ces
conditions définissent S et t pour x = x o et il reste à trouver r. En
portant les conditions initiales obtenues dans l'équation (28), on
obtient, en vertu de (36), une identité et la dérivée r semble de prime
abord indéfinie pour x = X O• En dérivant les deux membres de l'équa-
tion (28) par rapport à x, on trouve:
ar x + 2bsx + ct x + (a x + aup + apr + aqs) r +
+ (...) s + (...) t + (...) = 0, (38)
où les points de suspension remplacent des expressions analogues
à celle des parenthèses contenant les dérivées de a. Si dans l'équation
(38) l'on porte les conditions initiales (35) et les dérivées secondes
déjà connues:
s 1x=xo = 'P' (y); t Ix=xo = <pIf (y),
alors en désignant r Ix=xo = Cù (y), on obtient une équation de Riccati
pour la fonction Cù (y), c'est-à-dire une équation de la forme
a (y) Cù' (y)+ ~ (y) Cù 2 (y) +
y (y) Cù (y) +
Ô (y) = 0,
où cx., ~, y et {j sont des fonctions connues de y. Si l'on prend une solu-
tion quelconque de cette équation, on connaîtra r pour x = X o et
par suite toutes les dérivées troisièmes sauf U xxx pour x = Xo. Pour
déterminer la valeur initiale de cette dérivée, on doit dériver l'équa-
tion (38) par rapport à x et porter dans l'équation obtenue toutes les
valeurs initiales déjà calculées. On trouve ainsi pour la fonction
inconnue U xxx Ix=xo = Cùl (y) l'équation différentielle linéaire
al (y) Cù~ (y) + ~1 (y) 0)1 (y) + Y1 (y) = O.
7-01017
98 CH. I. TIffiORIE DES :E:QUATIONS AUX D~RIV:E:ES PARTIELLES

Cette procédure ne s'arrête pas ici. L'intégration de l'équation de


Riccati et des équations linéaires ultérieures fait apparaître de nou-
velles constantes arbitraires, et toute la difficulté du problème con-
siste à choisir ces constantes telles que la série de Taylor obtenue soit
convergente. On démontre qu'il existe une infinité de telles constan-
tes pour l'équation hyperbolique, autrement dit par une bande carac-
téristique il passe une infinité de surfaces intégrales. Les conditions
(36) ou, dans un cadre plus général, les conditions (34) sont donc les
conditions nécessaires et suffisantes que doivent remplir les condi-
tions initiales pour qu'existent des surfaces intégrales contenant la
bande caractéristique donnée.
Considérons à titre d'exemple l'équation parabolique du second
ordre:
t - Ux = 0, i.e. Ux = U 1JU •

On a a = b = 0, C = -1 et l'équation (32) donne dx = 0,


c'est-à-dire que x = const. La solution du problème de Cauchy doit
présenter une singularité le long de toute courbe x = X o. Supposons
qu'on a affaire à des conditions initiales spéciales (35). En faisant
x = Xo dans l'équation (39), on trouve", (y) = cp" (y), donc la fonc-
tion '" (y) est complètement définie par la donnée de la fonction
cp (y). On voit que la deuxième condition (35) est réalisée. Donc, dans
le cas considéré, il suffit de se donner uniquement la première con-
dition (35).
En dérivant l'équation (39) par rapport à x et en faisant x = x o,
on définit complètement la valeur initiale: r Ix=xn = cp(IV) (y). En
dérivant ensuite l'équation (39) deux fois par rapport à x et en fai-
sant x = x o, on obtient la valeur initiale de la dérivée troisième par
rapport à x pour x = x o, et ainsi de suite. Les valeurs initiales des
dérivées par rapport à xse définissent de façon unique et les équations
différentielles de type Riccati se transforment en relations pure-
ment algébriques. Après avoir déterminé les valeurs initiales des
dérivées de tout ordre par rapport à x pour x = x o, on peut construire
la série de Taylor correspondante. Il s'avère que cette série converge
au voisinage de x = X o dans le cas seulement où cp (y) est une fonc-
tion entière satisfaisant à une condition subsidiaire. On rappelle que
dans le problème de la diffusion de la chaleur dans une barre illi-
mitée (tome II, [VII-4-2l) on a cherché la solution de l'équation (39)
vérifiant la première condition (35) sous forme d'une intégrale dé-
finie, sans supposer évidemment que cp (y) est une fonction entière.
Pour passer aux notations du (tome II, [VII-4-2l) il faut remplacer x
par t et y par x dans l'équation (39) et poser a2 = 1 dans l'équation
du (tome II, [VII-4-2l).
Si l'on admet que cp (y) = 0, on obtient de toute évidence une
solution de l'équation (39) qui est identiquement nulle. Montrons
que l'équation (39) admet encore une solution élémentaire vérifiant
1-2-7. CARACT~RISTIQUES ReELLES ET IMAGINAIRES 99

la même condition initiale u Ix= xo = 0 sauf au point y = 0, x = x o'


Posons
'11 2
1
u = ---::=r===- e 4(x-xo> pour
"JI X-Xo
u=O pour x~xo'

La fonction (40 1) et toutes ses dérivées tendent vers 0 lorsque x


tend par valeurs décroissantes vers x o, autrement dit, la fonction
définie par les formules (40 1) et (40 2 ) et toutes ses dérivées restent
continues en traversant la droite x = x o, et s'annulent sur cette
droite à l'exception du point x = x o, y = 0 qui est un point singulier
pour la fonction. Une dérivation immédiate de (40 1) nous montre que
la fonction u est solution de (39). La fonction u n'est visiblement
pas une fonction analytique et régulière de x en tout point de la
droite x = x o, car elle est identiquement nulle à gauche de cette
droite et distincte de zéro à droite. Donc, la fonction u ne se déve-
loppe pas en une série entière de (x - xo). La solution (40 1) diffère
d'un facteur multiplicatif constant de la solution qui nous donne une
source élémentaire de chaleur (tome II, [VII-4-2l).
1-2-7. Caractéristiques réelles et imaginaires. Les coefficients de
l'équation (28) ne dépendant que de x et y et pas de u, p et q, on ne
peut déterminer le type de cette équation qu'en fixant un point
dans l'espace (x, y, u, p, q). Cette équation sera de type hyperbo-
lique, elliptique ou parabolique selon que b2 - ac est >, < ou = O.
Soit donnée une bande (29) que nous supposerons réelle. Si l'équation
est de type elliptique le long de la bande (29), l'expression du pre-
mier membre de la condition (32) ne peut s'annuler et par suite
aucune bande réelle ne peut être bande caractéristique. Dans la
suite on n'étudiera que le type hyperbolique. L'équation (32) est
un trinôme du second degré en :~ qui admet dans le cas hyperbolique
deux racines réelles distinctes que nous désignerons par /-11 (x, y, u,
p, q) et /-l2 (x, y, u, p, q). L'équation (28) se décompose en deux:
dy = /-li dx (i = 1, 2) et les équations (34) se transforment en deux
systèmes:
dY-fltdx=O,
a/-li dp -f- h/-l i dx + c dq = 0, (i=1, 2) (41)
{
du= p dx+qdy,
auxquels correspondent deux systèmes de caractéristiques.
La situation se simplifie singulièrement lorsque les coefficients
a, b et c en les dérivées secondes de l'équation (28) dépendent seule-
ment des variables indépendantes (x, y). L'équation (32) se transfor-

100 CH. 1. THEORIE DES ~QUATIONS AUX D~RIV~ES PARTIELLES

me alors en une équation différentielle ordinaire du premier ordre:


a (x, y) dy 2 - 2b (x, y) dx dy + c (x, y) dx 2 = O.
Dans le cas hyperbolique, cette équation définit dans le plan (x, y)
deux familles de courbes appelées courbes caractéristiques, ou caracté-
ristiques, de l'équation (28). Si l'on se donne des conditions initiales,
c'est-à-dire la fonction u et sa dérivée première sur une courbe carac-
téristique, alors la bande ainsi obtenue soit nous conduit à un sys-
tème (30) incompatible, soit est une bande caractéristique. Si la
courbe support des conditions initiales n'est pas caractéristique,
alors le système (30) admet une solution et l'on obtient des valeurs
bien définies pour les dérivées secondes et d'ordre supérieur. Dans
le cas elliptique, l'équation (32) possède des racines imaginaires et
l'on n'obtient pas de courbes caractéristiques dans le plan (x, y).
Si le~ variables (x, y) sont complexes, on peut déduire les caracté-
ristiques imaginaires à partir de l'équation (32). On admet évidem-
ment que toutes les fonctions sont analytiques. Dans le cas paraboli-
que enfin, l'équation (32) nous donne une famille de caractéristiques
dans le plan (x, y). On voit en s'adressant aux résultats du (1-2-3]
que pour réduire l'équation à sa forme' canonique on a pris une fa-
mille de courbes caractéristiques pour lignes de coordonnées dans le
plan (x, y).
1-2-8. Théorèmes fondamentaux. Comme dans le cas d'une équa-
tion du premier ordre, la variété caractéristique joue un rôle essen-
tiel dans l'intégration d'une équation du second ordre. Les équations
du second ordre sont justiciables des mêmes théorèmes fondamentaux
que celles du premier ordre.
Supposons que le long d'une courbe l de l'espace (x, y, u) deux
surfaces intégrales de l'équation (28) présentent un contact d'ordre
fini, c'est-à-dire que ces surfaces intégrales possèdent le long de cette
courbe un plan tangent commun, mais certaines dérivées d'ordre
supérieur au premier sont distinctes le long de cette courbe. Il
est immédiat de voir que cette courbe et le plan tangent le long d'elle
forment une bande caractéristique. En effet, si la bande obtenue
n'était pas caractéristique, alors des raisonnements de (I-2-61 il
s'ensuivrait que l'on obtiendrait des valeurs bien définies pour les
dérivées de tout ordre le long de la courbe l. On a donc le
Thé 0 r ème 1. Si deux surfaces caractéristiques présentent un
contact d'ordre fini le long d'une courbe l, alors cette courbe et le plan
tangent le long d'elle forment une bande caractéristique.
La propriété essentielle d'une bande caractéristique est que le
long d'elle l'équation nous conduit à un système (30) indéterminé.
Cette propriété ne dépend visiblement pas du choix des variables
indépendantes, d'où le
1-2-8. TH:mORElMES FONDAMENTAUX 101

Thé 0 r è "m e 2. Les bandes caractéristiques se transforment en


bandes caractéristiques par tout changement des variables x, y inver-
sible et différentiable.
Soit donnée une surface intégrale S de l'équation (28). Sur cette
surface u, p et q sont des fonctions définies des variables (x, y). En
portant u, p et q dans les coefficients de l'équation (28), on exprime
ces derniers en fonction de (x, y) et l'équation (32) devient une équa-
tion différentielle du premier ordre définissant deux systèmes de cour-
bes l sur S. Les équations (23) et (32) seront satisfaites le long de
chaque courbe l. Il est immédiat de voir que cette équation est
identiquement satisfaite en tout point d'une courbe l. S'il en était
autrement, il existerait un point M en lequel le système définissant
les dérivées secondes serait impossible. Ce qui contredit le fait que
la bande définie par la courbe l et le plan tangent à S en M se trouve
sur S. On obtient ainsi le
Thé 0 r ème 3. Toute surface intégrale peut être recouverte
par une famille de bandes caractéristiques.
Signalons que si l'on se place dans un domaine réel, ce résultat
n'est valable que pour les cas hyperbolique et parabolique. Dans
le premier cas la surface intégrale peut être recouverte par deux fa-
milles de bandes caractéristiques.
Prouvons la réciproque.
Thé 0 r ème 4. Si une famille de bandes caractéristiques forme
une surface S d'équation u = u (x, y), où u (x, y) est bicontinûment
dérivable, alors S est une surface intégrale de l'équation (28).
Soit donnée une surface S recouverte par une famille de bandes
le long desquelles sont satisfaites les équations (34). Le long de cha-
cune de ces bandes on a
dp = r dx + s dy; dq = s dx + t dy.
En portant ces expressions dans la deuxième équation (34), on obtient
as dy 2 + (ar + ct + h) dx dy + cs dx 2
= 0,
a dy2 -2b dx dy + dx C 2
= O.
En multipliant la deuxième équation par s et en retranchant ensuite
de la première, on obtient l'équation (28). A signaler que dx dy est
non nul, puisque x et y sont des variables indépendantes.
Dans le cas d'une équation du premier ordre, on disposait d'un
système d'équations différentielles ordinaires pour la détermination
des bandes caractéristiques, grâce à quoi l'intégration de l'équation
aux dérivées partielles du premier ordre s'est ramenée à celle d'un
système d'équations différentielles ordinaires. Dans le cas présent
le système (34) est un système de trois équations (aux différentielles
totales) pour les cinq fonctions inconnues.E. L é v i (Math. Ann.,
102 CH. 1. THÉORIE DES ÉQUATIONS AUX DÉRIVEES PARTIELLES

1927, 97) montre comment élargir le système (34) de façon à obtenir


un système spécial de cinq équations différentielles du premier ordre
à cinq fonctions inconnues. Il exhibe la solution du problème de Cau-
chy pour ce système, ce qui nous donne la solution du problème de
Cauchy pour l'équation (28).
Dans le numéro suivant on traitera des cas particuliers où le sys-
tème (34) admet une intégrale.
1-2-9. Intégrales intermédiaires. Pour simplifier les calculs on ramène les
·équations (41) qui définissent les bandes caractéristiques à une nouvelle forme.
En se rappelant que le produit des racines d'une équation du second degré est
fllfl2="::' , on peut mettre le système (41) pour i = 1 sous la forme
a

dy - fll dx = 0; dp +
fl2 dq
h
a
+-
dx = 0; du - (p +
qlll) dx = O. (42)

Le système correspondant à i = 2 se déduit du précédent par permutation


de f-tl et 112' Cherchons une solution V (x, y, u, p, q) dont la différentielle
totale est nulle en vertu des équations (42):
V x dx + V y dy + Vu du + Vp dp + V q dq = O. (43)
En tirant dy, du et dp à partir du système '(42) et en les portant dans (43), on
doit annuler les coefficients en dx et dq. Donc, pour que la fonction V soit une
intégrale du système (42), soit
V (x, y, u, p, q) = C, (44)
il est nécessaire et suffisant qu'elle vérifie les deux équations linéaires à dérivées
partielles du premier ordre:
h
VX+IlIVy+ (P+lllq) Vu - -a V p =0,
{
(45)
V q -1l2Vp = O.
Si l'on intervertit III et 112, on obtient un système analogue exprimant la condi-
tion nécessaire et suffisante pour que la fonction V soit une intégrale du deuxiè-
me système de bandes caractéristiques. Les méthodes de résolution du système
(45) ont été développées au (1-1-22]. Supposons qu'on ait réussi à trouver une
solution de ce système distincte de la solution triviale qui est égale à une cons-
tante. Montrons que toute solution non singulière de l'équation du premier ordre
(44) est solution de l'équation (28). En effet, la différentielle totale de V doit
s'annuler en vertu de (42), c'est-à-dire doit être une combinaison linéaire des
premiers membres de ces équations:

dV=a(dY-llldx)+~(dP+1l2dQ+: dX)+Y(dU-Pdx-qdy). (46)

Supposons qu'on connaisse une surface intégrale S de l'équation (44). Sur cette
surface, u, p et q sont des fonctions définies de (x, y) et l'intégration de l'équa-
tion du premier ordre dy - J.l-l dx = 0 nous donne une famille de courbes qui
recouvrent la surface S. De plus le long de ces courbes on a de toute évidence
du = p dx + q dy. Les expressions en a et y de la formule (46) étant nulles le
long des courbes l, on a le long de ces courbes, c'est-à-dire sur S:

~ (dp+1l2 dq+ : dX) =0.


1-2-10. ~QUATIONS DE MONGE-AMP:ElRE 103

La surface S n'est pas une solution singulière par hypothèse, donc le coeffi-
cient en dp ou dq de (43) est non nul. Il s'ensuit que ~ =1= 0 et par suite les équa-
tions (42) sont toutes trois satisfaites sur les courbes l, c'est-à-dire que la sur-
face S est recouverte par les bandes caractéristiques de l'équation (28). En vertu
du théorème 4 du numéro précédent, cette surface est une surface intégrale de
l'équation (28). Donc, étant en possession de l'intégrale (44), on obtient une
certaine classe de solutions de l'équation (28) par intégration de l'équation du
premier ordre (44). Soient VI et V 2 deux solutions indépendantes du système (45).
L'expression VI - <D (V 2 ), où <D est une fonction arbitraire, est aussi solution
du système (45). Donc
(47)
est une intégrale du système (42) contenant la fonction arbitraire <D. Soit à
trouver une surface intégrale de l'équation (28) contenant une bande donnée (29).
En portant dans les fonctions VI et V 2 les expressions (29) de x, y, u, p, q, on
obtient deux fonctions VI (t) et V2 (t) bien définies de t. L'équation (47) se ramè-
ne, elle, à la forme VI (t) - <D [V 2 (t)] = O. Substituons à t la variable 0' =
= v~ (t). En explicitant t on trouve t = 00 (0') et l'égalité précédente exprimée
par l'intermédiaire de 0' définit la forme de la fonction <D (0') = VI [00 (0')]. Une
fois la forme de la fonction <D (0') déterminée, l'équation (47) se transforme en
une équation du premier ordre. La solution de cette équation qui vérifie les
conditions initiales (29) nous donne celle de l'équation (28) vérifiant les mêmes
conditions (29). Toute intégrale du système (42) ou du système obtenu en inter-
vertissant /lI et /l2 s'appelle intégrale intermédiaire de l'équation (28). A noter
que si le système (45) est complet, il admet trois solutions indépendantes. On
démontre que ceci n'a lieu que pour /lI = /l2.
Rem a r que. Supposons que h = 0 et que les coefficients a, b et c
sont constants ou dépendent seulement de p et de q. Les raines /lI et /l2 seront
alors fonctions de p et q seulement et l'on ne peut résoudre le système (45) qu'en
cherchant V sous forme d'une fonction de p et q seulement. La première équa-
tion est satisfaite par toute fonction V (p, q), puisque h = O. Donc V se déduit
à partir de l'équation V q - /l2 (p, q) Vp = O. La solution VI (p, q) de cette
équation nous donne une équation du premier ordre VI (p, q) = const dont
chaque solution vérifie l'équation initiale du second ordre. En raisonnant sur
la racine /lI (p, q) de l'équation (32), on aurait obtenu une autre équation du
premier ordre: V 2 (p, q) = const.
1-2-10. Equations de Monge-Ampère. La théorie des bandes caractéristiques
et des inté~rales intermédiaires se transpose ad litteram aux équations d'un
type plus genéral, plus exactement aux équations linéaires en r, s, t et rt - S2,
c'est-à-dire aux équations de la forme
ar + 2bs + ct + g (rt - S2) +h = 0 (g =1= 0),
appelées généralement équations de Monge-Ampère. Le système qui permet de
déterminer les dérivées secondes le long d'une bande n'admet une solution
qu'à la condition que l'expression
A = a dy 2 - 2b dx dg + c dx~ + g (dx dp + dy dq)
soit non nulle. Si cette expression est nulle et l'expression
B = a dp dy + h dx dg + c dq dx + g dp dq
ne l'est pas, on a alors affaire à un système incompatible. Une bande caracté-
ristique est définie par les trois équations suivantes:
A = 0; B = 0; du = p dx + q dg.
f04 CH. 1. TH:f:ORIE DES :f:QUATIONS AUX D:E:RIV:E:ES PARTIELLES

Si l'on désigne par f.ll et les racines de l'équation


f.l2

f.l2 2bf.l + +
ac - gh = 0,
on peut déterminer les deux systèmes de bandes caractéristiques à partir des
équations
g dp + c dx + f.ll dy = 0; g dq + a dy + f.l2 dx = 0; du = p dx + q dy.
Le deuxième système se déduit du précédent par permutation de f.ll et f.l2.
Tous ces résultats s'obtiennent par les mêmes calculs que plus haut. Les équa-
tions de Monge-Ampère sont justiciables des théorèmes fondamentaux de [1-2-8].
Pour déterminer les intégrales intermédiaires on se sert du système

Vx+pVu-~ vp_..tL Vq=O,


g g
Vy+qV u _..1:2.- V p_.!:. Vq=O.
g g
Le second système s'obtient par permutation de f.ll et f.l2. Toutes les propriétés
des intégrales intermédiaires restent en vigueur.
1-2-11. Caractéristiques dans le cas de n variables. Considérons
maintenant une équation du second ordre de n variables indépen-
dantes:
n
2J
i, k=1
ail~ux,xk+···=O
l
(aik=aki), (48)
les termes omis ne contenant pas de dérivées du second ordre. On
admettra provisoirement que les coefficients aik ne dépendent que
des variables indépendantes X S • On se bornera à établir la condition
sous laquelle l' équation (48) avec des conditions initiales ne permet
pas de déterminer de façon unique les dérivées du second ordre, c'est-
à-dire conduit à un système incompatible ou indéterminé. Cette con-
dition est identique à la condition (32) pour deux variables indé-
pendantes. On commence par le cas où les conditions initiales sont
spéciales:
U 1 (0)=cp(x 2 , · · .,xn );
Xl=Xl

ux11 Xl=Xl<0> = tp (x 2 , ••• , x n ).


Ces conditions permettent de déterminer toutes les dérivées premières
et toutes les dérivées secondes à l'exception de U X1X1 sur l'hyperplan
Xl = xt. Pour trouver la dérivée U X1X1 il faut poser Xl = x~O) dans
l'équation (48). Si au =1= 0, on obtient une valeur bien définie pour
cette dérivée. Si au = 0, on obtient une égalité impossible ou une
identité. Donc, si les conditions initiales sont spéciales, la condition
cherchée est
au = O. (49)
Passons maintenant au cas général où les conditions initiales sont
supportées par une hypersurface S:
<ù l (Xl' • • • ,. X n ) = O. (50)
1-2-11. CARACT~RISTIQUES DANS LE CAS DE n VARIABLES 1OS>

Outre la fonction (01 considérons n - 1 fonctions (0 S (Xl' • • • , X n }


(s = 2, ... , n) telles que l'on puisse effectuer le changement de
variables:
x; = (Os (Xl' • • • , x n ) (s = 1, ... , n), (51)
c'est-à-dire telles que ces dernières équations soient solubles par
rapport à X S • Exprimons les dérivées par rapport aux anciennes varia-
bles en fonction des dérivées par rapport aux nouvelles variables
en ne retenant que les termes contenant les dérivées qui nous inté-
ressent:

L'équation transformée s'écrit

, ,+
al/luXlXl ... = 0, où (52),
i, h=1

les termes omis ne contenant pas la dérivée Ux'x'.


l l
En vertu de (51)'
les conditions initiales de l'équation transformée sont données sur
l'hyperplan x~ = 0, c'est-à-dire sont spéciales. On peut donc se
servir de la condition (49) mais seulement par rapport aux nouvelles
variables. En tenant compte de (52), on peut donc affirmer que pour
que les conditions initiales supportées par l'hypersurface (50) con-
duisent à une indétermination ou une incompatibilité lors de la re--
cherche des dérivées secondes, il est nécessaire et suffisant que la,
fonction (01 soit solution de l'équation

(53);

cette équation étant vérifiée aussi pour (01 = O. Toute hypersurface-


remplissant cette condition sera appelée surface caractéristique, ou
caractéristique, de l'équation (48).
Sl· l' on repere
" un pOln. t M 0 (Xl(Q) , • • ., Xn!" 1es coeff··
IClen t s aile
(0) )

prendront en ce point des valeurs bien définies que l'on désignera.


par aiZ). Appelons direction caractéristique de la normale en M ()..
la direction du vecteur dont les coordonnées réelles al' ... , an.
vérifient l'équation

L'équation (53) exprime qu'en tout point de la surface S la directiofr


de la normale à S est une direction caractéristique de la normale.
Si la surface S est telle qu'en aucun de ses points la direction de la-
normale n'est caractéristique, c'est-à-dire que le premier membre de-
106 CH. I. TH1WRIE DES ÉQUATIONS AUX DÉRIV:E:ES PARTIELLES

{53) est non nul sur S, alors d'après ce qui a été dit plus haut, le
-changement de variables (51) ramène l'équation (48) à la forme

et donne de la surface S le plan x~ = O. Ceci permet de transformer


le problème de Cauchy sur S en un problème de Cauchy sur le plan
-x~ = O. Si l'équation (48) possède par exemple des coefficients ana-
lytiques et si la surface Sn' est pas caractéristique et 00 1 est une fonc-
tion analytique, alors le problème de Cauchy transformé (c'est-à-dire
sur le plan x~ = 0) peut être résolu sous des conditions appropriées
à l'aide du théorème de Kovalevskaïa. Si la surface S est caractéris-
tique, alors la fonction u et ses dérivées partielles du premier ordre
·doivent être reliées par une certaine relation sur S. En effet, pour
·démontrer cette assertion il suffit de trouver une relation entre u
et ses dérivées partielles par rapport à x~, ... , x~. Rappelons que
l'équation de S est simplement x~ = O. Si S est une surface caracté-
-ristique, alors a~l = 0 pour x~ = 0 dans l'équation transformée et
J'on obtient l'équation

"où les termes omis ne contiennent que les dérivées premières.


Donc, les fonctions !Po et CP1 sont reliées par:
n n

~
2
, 8 cpo
aik 8 '8 ' + ~'OCPl
,a 1 i --ç;-;-
+ . . . = 0.
x· xk vX.
i, k=2 t i=2 t

-Cette expression ne se ramène pas à une identité par rapport à (flo


-et CP1.
Supposons maintenant que les coefficients aik dépendent de x s ,
de u et de U xs • Les conditions initiales sur la variété (50) à n - 1
-dimensions dépendent de n - 1 paramètres. Supposons que ces para-
mètres sont X 2 , ••• , X n • En portant les expressions des conditions
.initiales dans les coefficients aik, on obtiendra comme précédemment
l'équation (53) qui doit être satisfaite en vertu de (50) et l'on peut
. alors dire si la surface S d'équation 00 1 = 0 est caractéristique sous
les conditions initiales données.
Dans la suite on se limitera au seul cas où les coefficients aik
,dépendent uniquement de X s • A noter que si l'équation (48) est de
.type elliptique, alors comme dans le cas de deux variables, l'équa-
.tion (53) ne possède pas de solutions réelles autres que 00 1 = const.
La solution 00 1 = const ne présente manifestement pas d'intérêt
)Jour notre problème.
1-2-12. BICARACTBRISTIQUES 107

1-2-12. Bicaractéristques. L'équation (53) doit être satisfaite en


vertu de (50). Exigeons qu'elle soit identiquement vérifiée par rap-
port à X S • Sous ces conditions, l'équation (53) est une équation diffé-
rentielle aux dérivées partielles du premier ordre dont toute solution
distincte d'une constante nous donnera une famille de caractéristi-
ques:
(54)
où C est une constante arbitraire. Réciproquement, pour que l'équa-
tion (54) définisse une famille de caractéristiques, il est nécessaire et
suffisant que la fonction w l soit solution de l'équation (53). On dé-
montre comme plus haut [1-1-21 que toute caractéristique peut être
englobée dans une famille de la forme (54) et donc que les solutions
de l'équation (53) définissent toutes les caractéristiques.
Dans les équations de physique mathématique, la variable temps
joue un rôle exceptionnel en regard des autres variables qui sont
assimilées aux coordonnées spatiales. On admettra dans la suite que
la variable temps est X n et l'on posera X n = t. Pour les autres varia-
bles 'on se servira des notations Xl' • • . , X m , autrement dit, on con-
viendra que n = m +1.
Ecrivons l'équation de la surface (50) sous la forme résolue par
rapport à t, soit: t - W (Xl' . . • , x m ) = 0 et supposons que les
coefficients aik ne dépendent pas de t.
En portant le premier membre de l'équation t - W = 0 dans (53),
on obtient l'équation suivante pour la fonction W :
m m
"LJ ai1~ -a-
ôw -ô-
ôw - 2 "LJ ôw + a
-a- o. (55)
ain nn =
Xi Xk Xi
i, k=l i=l

En principe, cette équation doit être satisfaite du fait que t = w.


Or, elle ne contient pas t, donc on peut affirmer qu'elle est identique-
ment vérifiée. Revenons au cas général et écrivons le système de
Cauchy correspondant à l'équation du premier ordre (53). L'équa-
tion (53) ne renfermant pas la fonction W Il on omettra la relation du
système de Cauchy qui contient dw 1. On obtient ainsi le système
d'équations différentielles ordinaires suivant:

(k = 1, 2, ... , n)
n
dPk = _ '"
ds LJ
i, ;=1

où s est un paramètre auxiliaire. Considérons une famille d'hyper-


surfaces caractéristiques Cù l (Xl' • • • , X n ) = C et posons Pk = ~Wl.
(,xk
108 CH. I. TH~ORIE DES :eQUATIONS AUX DSR~ES PARTIELLES

Les Pi sont des fonctions de (Xl' ••. , x n ). En les portant dans les
seconds membres des équations (56 1), on obtient un système du pre-
mier ordre pour (Xl' .•. , x n ). Si l'on prend une solution quelconque
de ce système et qu'on la porte dans les expressions de Pk, on s'assure
immédiatement que les fonctions obtenues sont solutions des équa-
tions (56 2). En effet
n n

i,3=1 i,3=1
(57)
En remplaçant l'indice k par j dans l'équation (53) et en dérivant
les deux membres par rapport à Xk, on trouve
n n n
~ ôai i
LJ . iJx~ PiPi
+ ~ ôPi
LJ aii iJxk Pi.
+ ~
LJ
ôPi 0
aijPi ôXk ::::::s •
i, 3=1 i,3=1 i,3=1
Les deux dernières sommes sont égales, puisque ail = aii. Cette
identité nous permet de mettre (57) sous la forme
n
dpk = _ ~
ds LJ
i,3=1
qui n'est autre que l'équation (56 2 ). Signalons que la relation (54)
est une intégrale du système (56 1 ). En effet,
n n

~~1 = ~ : : : . d:S
k
= 2 ~ aik ::~ ~~~ ,
k=1 i, k=1
et la dernière somme est identiquement nulle en vertu de (53). Les
courbes de l'espace Rn de point générique (Xl' ... , x n) obtenues par
intégration du système (56 1 ) dans lequel on aura posé Pi = ~~~ s'ap-
pellent bicaractéristiques correspondant au système 001 = C des sur-
faces caractéristiques.
Si lors de l'intégration du système (56 1 ) on prend pour point
initial XkO l un point situé sur une hypersurface (ù 1 = Co, alors la
bicaractéristique correspondante sera tout entière située sur cette
hypersurface, autrement dit, toute surface caractéristique de l'équation
(48) peut être formée de bicaractéristiques. Exhibons maintenant les
conditions sous lesquelles les solutions du système (56 1 ), (56 2 ) for-
ment une hypersurface caractéristique. La surface (54) est une variété
à n - 1 dimensions dans Rn. Etant donné que le paramètre s figure
dans l'équation de la bicaractéristique, pour former l'équation de
l 'hypersurface caractéristique (54) il faut prendre une famille de
bicaractéristiques dépendant de n -. 2 paramètres. On admettra
que les valeurs initiales xkO l et PhO l des variables figurant dans le
1-2-12. BICARACT:eRISTIQUES 109

système (56 1), - (56 2) dépendent de n - 2 paramètres t 1 , • • • , t n -2-


En reprenant les raisonnements de [1-1-8] on s'assure sans peine
qu'une condition nécessaire et suffisante pour que la famille de bica-
ractéristiques obtenue définisse une hypersurface caractéristique
est que les valeurs initiales x~) et PkO) vérifient les relations suivan-
tes [1-1-12]:
n
~ a~O)p~O)p(O) - 0 (58)
LJ lkl k-,
i, k=1
n ôx<o)
~ p(O) 8 =0 (j = 1, ... , n - 2), (59)
L..J 8 Ôt.}
s=1

où aWi = aik (x~O». Ceci étant, on admet que l'un au moins des jaco-
biens d'ordre n - 1 des variables (Xh ... , x n ) par rapport aux para-
mètres (s, t 1 , • • • , t n - 2 ) est non nul.
Tous les résultats exhibés découlent directement de la méthode
de Cauchy d'intégration d'une équation du premier ordre (1-1-12).
Une légère complication est apportée ici par le fait que l'équation de
la surface intégrale est cherchée sous la forme implicite (01 (Xl' ..•
. . . , x n ) = C et par suite le système de Cauchy (56) ne contient pas
la fonction (01.
Une surface intégrale singulière de l'équation (53), dite conoïde
~aractéristique, joue un rôle essentiel en physique mathématique. Le
-conoïde s'obtient par la méthode précédente en admettant que les
x'k° l (le sommet du conoïde) sont fixes, c'est-à-dire ne dépendent pas
des paramètres, et en imposant aux p'k0 ) de vérifier la condition (58).
Signalons que cette équation définit n quantités p'k0 ) comme des fonc-
tions de n - 1 paramètres. L'équation (58) étant homogène, l'un des
paramètres figure comme facteur dans PhO). On vérifie sans peine que
les équations (56 1 ) et (56 2) ne changent pas si l'on remplace s par.!.a s
et Pk par apk, où a ne dépend pas de s. Donc, le paramètre qui figure
-comme facteur dans PhO) est redondant, car il figurera de toute façon
par l'intermédaiaire de s. On peut donc considérer que l'une des quan-
tités PkO) est égale par exemple à 1.
Si les coefficients aik sont constants, les équations (56 2 ) montrent
qu'il en sera de même des Pk et l'on voit sur les équations (56 1)
que Xk seront des polynômes du premier degré en s, autrement dit,
si les coefficients aik sont constants, les bicaractéristiques sont des
àroites· de Rn.
Traitons un cas particulier important. Posons Xl = t et considé-
...ons l'équation de forme spéciale
m
Utt - 2J aikuXiXk + ... = 0, (60)
i, k=1
110 CH. 1. TH~ORIE DES ÉQUATIONS AUX D~RIV~ES PARTIELLES

où m = n - 1 et les coefficients aih ne contiennent pas t, c'est-à-dire


dépendent seulement de X h • • • , X m • On admettra que la forme
quadratique
m

2J
1, h=l
aihSiSh

est définie positive pour toutes les valeurs de sS' L'équation (53)
s'écrit dans ce cas
m
O~oot1 ) 2_ '" 000 1 oro1 -_ 0
( u LI oXi OXh - •
i, k=l

On cherchera une hypersurface caractéristique sous la forme résolue


par rapport à t:
(ù (Xh • • • , Xm ) - t = 0 ou t = (ù (Xl' ••. , X m ). (61)

Sous ces conditions Po = ~~1 = -1 et l'on obtient l'équation du


premier ordre
m

~ aik(ÙXi(ÙXk = 1 (62)
i, h=l
ou
m

LJ
i, k=l
aikPiPk = 1. (63)

Le système de Cauchy correspondant est:


dXk dt dPh
m m - m
oaij
2 ~ ahiPi 2 ~ aikPiPk ~ OXk
PiPj
i=l i, k=1 'i, i=l
Si l'on particularise une hypersurface (61), alors de (63) et du der-
nier système, il s'ensuit que les bicaractéristiques qui la forment
doivent satisfaire au système suivant:
m
dXk ~
(f't = LI akiPi (64)
i=l
On peut traiter la surface (61) non pas comme une surface fixe
dans l'espace Rn de point générique (Xl' . . . , X m, t), mais comme
une surface mobile dans l'espace Rm de point générique (Xl' ...
• • 0' x m ). On traitera par ailleurs les solutions du système (64)
comme des courbes Iv de Rm paramétrées par le temps t. Ceci étant,
la courbe  ne sera pas située sur la surface mobile (61).
1-2-13. LIEN AVEC UN PROBL~ME VARIATIONNEL Ht

Si par exemple dans l'espace R3 de point générique (Xl' X2, t)


on a affaire au cône
X~ +
X~ - c2t 2 = 0,
alors on doit le traiter dans le plan (Xl' X 2) comme un cercle centré
en l'origine, de rayon variable ct. Si les génératrices rectilignes de ce-
cône sont des bicaractéristiques, alors les lignes  constituent dans
le plan (Xl' X 2 ) un faisceau de droites issues de l'origine. On verra
plus loin que cet exemple correspond au cas où l'équation donnée-
est l'équation des ondes
2
Utt - c (U XIXI +
U X2X2 ) = O.

1-2-13. Lien avec un problème variationnel. Soit A la matrice-


des coefficients aik' La résolution du système (64) par rapport à Pi
nous donne P = A -1 ~;, où A -1 est la matrice inverse de A. En por-
tant les expressions de Pi dans l'équation (63), on transforme la forme·
quadratique de Pi en une forme quadratique de ~; , c'est-à-dire qu'on
obtient

(65}

où la matrice B des coefficients b ik se déduit de A à l'aide de la for-


mule (tome III I , [11-2-1]):
= (A _1)* AA -1 = (A -1)*,
B
ou encore, puisque A est symétrique, B = A -1.
Munissons l'espace Rm de la métrique
m

da =.2
2.J
b ik dXi dXk o
i, k=1
L'intégrale
/ m ' tl .... f m
J da = JV ~
i, k=l
bik dXi dXh = JV
to
~
i, h=l
(66}

étendue à une bicaractéristique quelconque d'une hypersurface carac-


téristique (61) est égale en vertu de (65) à la différence des bornes
d'intégration, autrement dit, la longueur de tout arc de la bicaracté-
ristique indiquée est égale, pour la métrique (66), à la différence des
valeurs de t correspondant aux extrémités de cet arc.
En comparant les résultats précédents à ceux de (tome IVl ,
[II-20]) on constate que l'équation (63) est l'équation de la fonction
fondamentale d'un champ d'un problème aux variations posé pour
1.f2 CH. 1. THBORIE DES BQUATIONS AUX DBRIV:mES PARTIELLES

l'intégrale (66). Donc, la famille d'hypersurfaces (0 (Xl' ... , x m ) = t


·.est la famille de surfaces transversales d'un champ du problème aux
variations posé pour l'intégrale (66). Il est aisé par ailleurs de vérifier
que les bicaractéristiques correspondant à la famille de surfaces ca-
ractéristiques et définies par les équations (64) seront les extrémales
·de ce champ. Pour le prouver il suffit de s'assurer, en se servant de
l'équation (64), que les bicaractéristiques coupent transversalement
,les hypersurfaces (0 (x l ' . . ., X m ) = t.
En effet, la condition de transversalité se réduit à la proportion-
nalité de Pi = (0 Xi et des dérivées de l'intégrant de (66) par rap-
port à x; (tome IVl , [II-20)), c'est-à-dire à la proportionnalité de Pi
m
·et de 2Jbi1~Xk. La résolution de l'équation (64) par rapport à Pi
k=l
,nous donne
m
Pi = 2J
k=l
bi1~Xh

'ee qui prouve notre assertion, savoir que la famille d'hypersurfaces ca-
ractéristiques est coupée transversalement par les bicaractéristiques.
A noter que si nous avons affaire à un conoïde caractéristique, la
famille de surfaces transversales est une famille de quasi-sphères de
rayons t dont le centre (x(~), .•. , x~») est le sommet du conoïde.
Si l'équation (60) décrit un processus ondulatoire dans l'espace R m •
.alors l'équation du premier ordre (63) définit l'optique géométrique
de ce processus à l'aide des surfaces caractéristiques et les bicaracté-
ristiques sont les rayons définissant cette optique géométrique. Ces
,<considérations établissent un lien immédiat entre l'optique géomé-
trique et un problème aux variations. Si l'on connaît le front d'onde S 0
pour t = 0, alors pour déterminer le front d'onde St à un instant t
quelconque, on doit construire une famille de quasi-sphères de cen-
tres sur S 0 et de rayon t et envisager l'enveloppe de cette famille
-(construction de Huygens). Cette construction correspond à ce que
nous avons dit dans [1-1-11] au sujet de la résolution du problème de
Cauchy relatif aux équations du premier ordre à l'aide des conoïdes
·caractéristiques de cette équation. Nous glisserons sur la démonstra-
tion de cette construction qui peut être effectuée au moyen de la
théorie de l'intégrale complète. Signalons qU3 l'enveloppe des quasi-
:sphères de rayon t peut être composée de deux hypersurfaces. L'une
d'elles seulement nous donnera le front d'onde à l'instant t.
Tous les raisonnements précédents peuvent être effectués dans
l'espace Rn en ajoutant t aux coordonnées du point générique. Pour
.une plus grande symétrie considérons le cas général de l'équation (48):
n
L] ai1~uX'Xh + ... = 0
i, h=1 l
(ahi = aik), (67)
I-Z-U..PROPAGATIOK DE LA SURPACB DE DISCONTINUITS H3

où aik sont des -fonctions données de (XIt ••• , x n ). Les surfaces caracté-
ristiques seront définies par l'équation

D (Xl' ••• , Xn , Pl' "', Pn) =


n
2J
i, k=1
aikPtPk = °
(Pt = ~:~ ) , (68)

où D (Xl' ••. , X n , Pl' . . ., Pn) désigne le premier membre de l'équa-


tion. Le système de Cauchy correspondant à cette équation, c'est-
à-dire le système d'équations différentielles ordinaires définissant les
bicaractéristiques, est constitué des équations (56 1 ) et (56 2). En
remplaçant le paramètre auxiliaire 8 par 8/2 on ramène ce système
à la forme:
dXk 1 dpk 1
dS='2 D pk; fiS = -TDxk (k= 1, ... , n). (69)

Les premières équations de ce système sont de la forme:

(k=1, 2, ... , n).

En les résolvant par rapport à Pt et en portant Pi dans l'équa-


tion (68), on obtient
n
(70)

où B = A -1. Munissons Rn de la métrique


n
da: = ~ b'k dXi dXk'
i, k=l

La différence essentielle qui existe avec le cas précédent est que


le second membre de cette formule peut pour une équation de type
hyperbolique prendre des valeurs aussi bien strictement positives
que strictement négatives {forme quadratique alternée (tome IIIIt
[11-2-41) et par suite dal peut être imaginaire.
De (70) il s'ensuit que les bicaractéristiques sont caractérisées par
la relation da l = 0, c'est-à-dire que la longueur de tout segment de
bicaractéristique est nulle pour la métrique adoptée.
1-2-14. Propagation de la surface de discontinuité. Supposons que
les dérivées secondes d'une solution u de l'équation (48) présentent
sur la surface
(71)
8-01017
H4 CH. 1. TJtBOlUB DES .8QUATIONS4UXDPIV8BS PARTIBLLES

une discontinuité de premjère espèce, mais cette fonction et se~


dérivées premières restent continues en traversant la surface (71).
La solution u sera traitée des deux côtés de la surface (71) comme deux
solutions distinctes de l'équation (48). Ces solutions vérifient les
mêmes conditions initiales sur cette surface, mais leurs dérivées
secondes prennent des valeurs différentes. On peut donc affirmer que
la surface (71) doit être une surface caractéristique de l'équation (67).
On aurait obtenu le même résultat en supposant que la solution u et
ses dérivées partielles premières et secondes restent continues à la
traversée de la surface (71), les dérivées d'ordre supérieur présentant,
elles, une discontinuité. On dit qu'une solution de l'équation du se-
cond ordre (67) présente une discontinuité faible sur la surface (71) si
à la traversée de cette surface elle reste continue avec ses dérivées
premières, et certaines de ses dérivées d'ordre supérieur sont discon-
tinues. Des raisonnements précédents il s'ensuit que seule une surface
caractéristique peut être une surface de faible discontinuité.
En assimilant la variable X n au temps t (x n = t), on transforme
l'équation (71) en l'équation horaire d'une surface de faible discon-
tinuité dans l'espace Rm:
'1' (Xl' ••• , X m , t) = O. (72)
Déterminons la vitesse de propagation de cette surface. Repérons
un point M sur la surface (72) et menons à partir de M la normale
à cette surface dans le sens où '1' > O. A l'instant t ~t le point M +
se retrouve en Ml. La limite du rapport MMI / ~t lorsque ~t-+ 0 s'ap-
pelle vitesse de propagation de la surface (72). Soit

g= .. ~ '1'~ ..
Vf i=1 1
(73)

Les cosinus directeurs de la normale en M ont pour expression


'1'x,
cos (n, Xi)=-.
g
(74)

Dérivons la relation (72):


m
LJ '!'Xi dx, + '!'t dt = O.
i=1

La quantité dx i peut être traitée comme la projetée du déplacement


infiniment petit MMlle long de la normale sur l'axe OXi. On a donc
m

lJ
i=1
'1'x·MMl cos (n,
'
X,) + '1't dt = O.
I-2-1i. PROPAGATION DE LA SURFACE DE DtSCONTINUIT~ 115

En tenant compte de (74) on obtient l'expression suivante pour la


vitesse du mouvement de la surface (72):
p= -~.
g
(75)

Si m = 2, on obtient une courbe mobile sur le plan (XIt x 2 ), si


m = 3, une surface mobile dans l'espace (:Ch X 2 , xs).
Examinons à titre d'exemple l'équation des ondes pour m = 1:
Uu - a2u xx = O.
L'équation (53) s'écrit
''l'f - a2"': = 0 ou :~ = + a.
Cette équation montre que le point de faible discontinuité doit se-
déplacer sur l'axe Ox à la vitesse + a. Les caractéristiques seront
deux familles de droites x ± at = c du plan (x, t). Considérons encore
l'équation
Utt - 1 (u x , Ut) U xx = 0,
que l'on rencontre dans l'étude de l'écoulement d'un fluide compres-
sible en dimension un. La condition (53) s'écrit
Ut)"'~ = O.
"" - 1 (u x ,
Supposons que sur l'axe Ox le fluide est au repos (pour fixer les idées,
à gauche du point de discontinuité). On a alors U x = Ut = 0 à gauche
et au point de discontinuité. La condition précédente devient "'~ -
- 1 (0, 0) ",~ = 0, et la vitesse de propagation de la discontinuité
a pour expression:
p= ± VI(O, 0). (76)
Passons maintenant à l'étude de l'équation des ondes à trois
variables indépendantes:
Utt - a2 (u x1xi +U X2X2 ) = o.
L'équation (53) s'écrit dans ce cas:
",t - a2 ("'~1 + "'~2) = 0,
ou encore ''l'~ - a2g2 = 0 compte tenu de la formule (73). Cette équa-
tion du premier ordre exprime que toute courbe caractérisique du
plan (Xl' X 2) se déplace à la vitesse a. On obtiendrait le même résultat
pour une surface caractéristique de l'espace (Xh X 2 , xs) dans le cas
de l'équation des ondes
Utt - a (u x1xi + U X2X2 + U X3X3 ) = O.
2

Signalons que le coefficient a 2 peut être supposé dépendre de (xIt.


X 2 , xa).
8*
1t6 CH. I. TRSORIE DES ~UATIONS AUX D:&RlV:&ES PARTIELLES

1-2-15. Discontinuités fortes. En étudiant les solutions disconti-


nues des équations du second ordre on a admis que ces solutions et
leurs dérivées premières restaient continues à la traversée de la surface
de discontinuité, alors que les dérivées d'ordre supérieur présentaient
une discontinuité. Ce n'est qu'à cette condition qu'on a pu affirmer
que la surface de discontinuité est une surface caractéristique. Pas-
sons maintenant à l'étude des discontinuités fortes, c'est-à-dire au cas
où sont discontinues les dérivées premières de la solution de l'équation
du second ordre. On se propose d'établir les conditions sous lesquel-
les la surface de discontinuité est nécessairement une surface caracté-
ristique. On étudie l'équation des ondes de trois variables indépen-
dantes. L'opérateur composé du premier membre de cette équation:
1
Du = u xx + u YlI -(i'2 Utt,

s'appelle opérateur de Lorentz. Considérons un autre opérateur consti-


tué des dérivées du premier ordre:
1
P (u) = U x cos (n, x) + u y cos (n, y) - (i2 Ut cos (n, t), (77)

n étant une direction dans l'espace (x, y, t). Soient D un domaine de


l'espace (x, y, t), S sa frontière et n la direction de la normale exté-
deure à la surface S. En appliquant la formule de Gauss, on peut com-
me dans le (tome II, lVII-3-2l) écrire la formule de Green suivante
pour l'opérateur de Lorentz:
Jl J[vou-uOv] d't = JJ [vp {u)-uP (v)] dS, (78)

QÙ U et v sont des fonctions possédant des dérivées premières et


second,es continues dans D.
En particulier, quelles que soient u EC 2 (D) et v EC~ (D)*), on a

JJJ[vDu-uDv] d't=O.
D
(79)

Supposons que le domaine D est partagé par une surface 0' en deux
parties Dl et D 2' cette surface étant une surface de discontinuité pour
les dérivées premières de la fonction u. Etablissons les conditions que
·doit remplir cette discontinuité pour que la formule (79) reste valable
:sur D tout entier pour une fonction u à dérivées discontinues et une
:fonction quelconque v E Cr: (D). On admettra que la fonction u reste
'continue à la traversée de (J. Soient M un point de (J, l, une direction
;quelconque du plan tangent à 0' en M. On admettra que la dérivée

, *)On rappelle que C':(D) désigne l'ensemble des fonctions indéfiniment


dérivables à support compact appartenant à D.
1-2-15. DISCONTINUlmS FORTES 111

~~ tend vers la même limite que l'on s'approche du point M d'uD,


côté ou de l'autre de la surface (J et que cette limite est égale à laI
dérivée suivant l des valeurs prises par la fonction u sur (J. Cette
condition s'appelle parfois condition de compatibilité cinématique. Si·
n est une direction fixe de la normale à (J en M, on admettra qu' à l'ap-,
proche de Md 'un côté ou de l'autre de la surface, :: prend des valeurs,'
bien définies susceptibles d'être différentes selon le côté considéré.-
Formulons maintenant la condition de compatibilité dynamique.
Cette condition traduit le fait que l'expression (77) tend vers la
même limite indépendamment du côté par lequel on s'approche d'uD
point de la surface (n est la direction de la normale en ce point),.
pourvu que la direction de n soit la même dans les deux cas. On
admet par ailleurs que la formule (78) est valable séparément dans les
parties Dl et D 2 de D. Ceci aura lieu visiblement si la fonction u"
possède des dérivées premières et secondes continues dans Dl et D 2 et
sur o. Si l'on applique la formule (78) à Dl et à D 2 , les directions de
la normale extérieure à la surface (J seront opposées et les expressions
respectives de P (u) seront de signes contraires. En ajoutant ces deux
formules, on obtient la formule (79) pour D tout entier, puisque les
intégrales étendues à (J se simplifient. La formule (79) est donc vala--
ble pour le domaineD tout entier sous les conditions de discontinuité,
forte imposées à la fonction u.
Exhibons maintenant quelques conséquences importantes des:
hypothèses avancées. Soit n le vecteur unitaire de la normale à (J.-.
Considérons le produit vectoriel grad u X n. Si l'on désigne par 1 le-
vecteur unitaire qui a le même sens que le projeté de grad u sur le
"
plan tangent a (J, alors grad u = al 1
au au
+
ann et grad u X n =

= :~1 n. Ce produit est donc continu à la traversée de (J. Les


X
composantes de ce produit nous sont données par les trois expressions
suivantes qui, en vertu des conditions cinématiques de compatibilité.
doivent être continues à la traversée de (1:
uxcos(n, y)-uycos(n, x)=M I ,
ullcos(n, t)-Ut cos (n, y)=M2 , (80)
{
Ut cos (n, x) - U x cos (n, t) = M 3.

La condition formulée plus haut nous donne encore une quatrième


expression qui doit rester continue à la traversée de (J:
t
uxcos(n, x)+uycos(n, y)- a 2 Ut cos (n, t)=M i . (81)

On traitera les équations (80) et (81) comme quatre équations du pre-


mier degré en "x, "1/ et "t. Si le rang de la matrice de ce système était.
H8 CH. r. TImORIE :DES :€QUATIONS AUX n:mRIV:€ES PARTIELLES

égalà. trois, c'est-à-dire si J'un des déterm.inants d'ordre trois de


c'ette matrice était non nul, alors on aurait pu résoudre ce système
par rapport à u x , u1/ et Ut et ces dérivées se seraient exprimées par
l'intermédiaire des fonctions continues M k' Les dérivées premières de
la fonction U étant continues à la traversée de a, on n'aurait pas eu
de discontinuité forte. On peut donc affirmer que le rang de la matri-
ce est strictement inférieur à trois, autrement dit, tous les déter-
minants d'ordre trois de la matrice
cos (n, y) - cos (n, x) o
o cos (n, t) -cos (n, y)
-cos (n, t) 0 cos (n, x) (82)
1
cos (n, x) cos (n,y) --cos(n
a2 , t)

sont nuls.
Il est. immédiat que

i\~ +~: + i\~ = [ cos2 (n, x) + cos2 (n, y) - ;2 cos (n, t)


2
J2 ,

et i\~ = 0, ~k. étant le déterminant obtenu par suppression de la


k-ième ligne. Donc, dire que les i\h sont nuls revient à dire que
cos2 (n, x)+cos2 (n, y)--;-cos 2 (n, t)=O. (83)
a
Si la surface a a pour équation 'li' (x, y, t) = 0, alors l'égalité (83) se
met sous la forme évidente
1 . 0
'li'x + 'l'y -
2 2 2
a2 'li't = ,
et l'on constate donc que dans le cas d'une discontinuité forte, la
surface a doit être une surface caractéristique de l'équation 0 u = O.
Si la condition (83) est remplie, on démontre aisément que les
déterminants d'ordre trois de la matrice (82) sont tous nuls et que Mi
est une combinaison linéaire de Ml' M 2 et Ma, plus exactement,
cos (n, t) M~ = cos (n, y) M 2 - cos (n, x) Ms.
On voit ainsi que si les conditions cinématiques de compatibilité
sont remplies, c'est-à..,dire que Ml' M 2 et Ma sont continues et la
surface a est une surface caractéristique de l'équation 0 u = 0,
alors M", est continue, c'est-à-dire que la condition dynamique de
compatibilité est satisfaite. Signalons que dans les raisonnements
précédents on a obtenu l'équation de la surface caractéristique
sans étudier les solutions de l'équation Ou = f mais en utilisant
uniquement l'égalité (79) dont le premier membre contient 0 u.
. On a donc prouvé que si une fonction u présente une discontinuité
forte sur la surface a et vérifie sur a les conditions cinématiques et
1-2;'18. MATRODB DB JUBMANN H9

dynamiques de compatibilité, alors (J est une surface caractéristique


et la fonction u satisfait l'identité (79) pour tout v E C~ (D) (et
tout v E C~ (D». .
La réciproque est également vraie: si une fonction u présente une
discontinuité forte sur (J, vérifie les conditions cinématiques de com-
rpatibilité sur (J et l'identité (79) pour tout v E C~ (D), alors (J est
une surface caractéristique et la fonction u satisfait la condition
dynamique de compatibilité, c'est-à-dire que le saut [P (u)l(J de la
fonction P (u) à la traversée de (J est nul.
. En effet, on sait que u est continue dans D (donc [ul(J = 0) et
{grad ul(J =1= O. De l'identité (79) il s'ensuit que

) v [P (u)]a dB = 0,
a
ce qui, en vertu du choix arbitraire de la fonction v (tome IV h [11-2],
1111-4]), entraîne [P (u)la = 0, c'est-à-dire la condition dynamique
°
de compatibilité. Comme [grad ul a =1= et [u~la' [ul/la, [Utla sont
solutions du système d'équations (80), (81), ceci n'est possible, ainsi
qu'on l'a vu plus haut, que dans le cas où (J est une surface caracté-
,ristique.
Du point de vue physique, l'équation Du = f traduit l'équilibre
·des forces intérieures et extérieures agissant sur un volume élémen-
°
taire dans l'espace de point générique (x, y, t), l'équation [P (u)la ==
,l'absence de forces extérieures surfaciques agissant sur une surface
:élémentaire de(J. L'analyse effectuée montre que ces deux équations
sont équivalentes à l'identité

) )) [vf-uDv]d-r==O, '
D

-où v est une fonction quelconque de C~ (D), si uest bicontinûment


dérivable dans Dl et D 2 et sur (J. Dans [I-2-31] on décrira des classes
plus larges de solutions discontinues de l'équation 0 u --:- f ainsi que
·d'autres équations différentielles linéaires qui seront définies à par-
tir d'identités de ce type~
1-2-16. Méthode de Riemann. On se propose maintenant de résou-
odre le problèm.e de Cauchy en commençant par une équation linéaire
·de deux variables indépendantes réduite à la forme normale:
L (u) ."u~1/ + a (x, y)u~ +
b (x, y)ul/ +
C (x, y)u = f (x, y). (84)

Dans la suite, ·onomettra souvent d'éci-ire les arguments, des;


.coefficients et du second membre. Désignons le premier membre de
-cette équation par L (u). Rappelons' que la condition (32) qui
définit les caractéristiques est de la forme dx dy = 0 pour cette équa-
tion, de sorte que les caractértistiques seront des· droites ~ = const et
120 CH. 1. TImORIE DES'~ATIONS Ame DSRIVSES PARTIELLES

y = const, parallèles aux axes de coordonnées. Outre l'opérateur


L Cu) on considère l'opérateur adjoint défini comme suit:
L* (v) = v Xll - {av)x - (bv)lI cv. +
On admet de toute évidence que les coefficients a et b sont continû-
ment dérivables. En se servant des expressions de L Cu) et L* (v), on
établit immédiatement l'identité élémentaire suivante:
2 [vL Cu) - uL* (v)] = {uxv - vxu + 2buv)1I +
+ {u v - v u + 2auv)x.
ll ll (85)
Considérons dans le plan (x, y) un domaine D de frontière Â. et
supposons que les fonctions u et v possèdent dans D des dérivées
premières et des dérivées secondes mixtes continues. En intégrant les
deux membres de l'identité (85) sur le domaine D et en utilisant la
formule classique (tome II, [111-2-4])

~~ ( :; - ~~ ) dx dy = ~ P dx + Q dy,
D Â

on obtient la formule de Green suivante:


2 ~
D
J[vL (u) - uL* (v)] dB =

= ~ - (uxv - vxu + 2buv) dx + (uyv - vyu + 2auv) dy. (86)


Â

Passons après ces calculs préalables à la résolution du problème de-


Cauchy pour l'équation (84).
Soit donnée dans le plan (x, y) une courbe l qui est coupée én un
point au plus par les droites parallèles aux axes de coordonnées.
L'équation de cette courbe est de la forme x = x (y) ou y = y (x).
On admet que les dérivées x' (y) et y' (x) existent et sont différentes
lie zéro sur la portion de courbe l étudiée. On cherche la solution de
l'équation (84) qui vérifie des conditions initiales sur l, c'est-à-dire-
que les valeurs de la fonction u et de ses dérivées partielles U x et u ll
+
sont données sur l et de plus du = U x dx u ll dy. On admettra que u,
U x et u ll sont données sur l comme des fonctions uniquement de :c-
ou de y.
On admet que la fonction qui définit u sur l possède une dérivée-
continue et que U x et u ll sont continues. Les coefficients a et b possè-
dent, comme indiqué plus haut, des dérivées partielles continues par
hypothèse et c et f sont continues dans le domaine contenant l envi--
sagé. On montrera dans la suite que ce problème admet une solution
sous les conditions posées. On se propose dans l'immédiat d'établir
une formule qui nous donnera la solution (si elle existe)_du problème..
1-2-16. M2THODE DE RIEMANN 121

Soit B la- région du plan (x, y) limitée par un arc de courbel et


deux droites parallèles aux axes de coordonnées issues d'un point fixe
P (x, y) (fig. 1). Supposons que l'on connaisse dans ce domaine une
solution de l'équation adjointe
L* (v) = O. (87) y Pr-----I

En appliquant la formule (86) à la solution u


cherchée du problème de Cauchy et à la solution
v de l'équation (87), on obtient, compte tenu de
l'équation (84):

- 2 ) ) vj da = ) ) + )+ ). (88) 0 x
D AB BP PA
Fig. 1

-
L'intégration le long de  se décompose en une intégration le long de-
l'arc AB de courbe l et le long des droites BP et PA parallèles aux
axes. L'intégrale le long de l'arc de courbe l est connue, car la fonction
u et ses deux dérivées partielles premières sont données sur l.
Le long de PA seule x est variable, donc en intégrant le long de PA,.
on obtient l'intégrale
- ) (uxv - V:JCU + 2buv) dx.
PA
La fonction à intégrer peut être mise sous la forme
U:JCV - vxu + 2buv = (uv)x + 2u (bv - v x ),
et par suite

- ) (u xv-v xu+2buv)dx=(uv)P-(UV)A- ) 2u(bv- v:JC)dx,.


PA PA

où, par exemple, (uv) p désigne la valeur du produit uv au point P.


De façon analogue

) (u yv-v ll u+2auv)dy=(uv)P-(UV)B+ ) 2u(av-v y )dy.


BP BP
La formule (88) peut être mise sous la forme suivante:
2v(P)u(P)= ~ [(u xv-v xu+2buv)dx-
AB
- (uyv - vyu + 2auv) dy] + U (A) v (A) + u (B) v (E) +
+ ) 2u(bv-vx)dx+ ~ 2u (av-v y)dy-2 ) ) jvda. (89)
PA PB D
122 CH. I. THeORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

Supposons que l'on connaisse une solution de l'équation (87) qui


vérifie sur les droites PA et PB les conditions suivantes:
bv - Vx = 0 sur PA et av - Vu = 0 sur PB
et qui soit telle que v CP) = 1. Sous ces conditions les intégrales le
long de PA et PB disparaissent de la formule (89) et l'on obtient la
formule suivante qui exprime la valeur de la fonction cherchée
u CP) au point P (x o' Yo):
2u (x o, Yo) = u (A) v (A) + u (B) v (B)-I-
+ ~ (u x v-v xu+2buv)dx-(u y v-v y u+2auv)dy-2)) fvda. (90)
AB D
Voyons maintenant plus en détailles conditions que doit remplir la
solution v de l'équation (87). Le long de la droite PA on doit avoir
Vx = b (x, Yo) v.
Cette équation peut être traitée comme une équation différentielle
de la variable indépendante x. En l'intégrant on obtient les valeurs
suivantes de v sur la droite PA :
x
S b(x. Yo) dx
v (x, Yo) = eXo (sur PA). (91)
De façon analogue
y
S a(xo. y) dy
V (xo, y) = eYo (sur PB). (92)
On rappelle que v (x o' Yo) = 1. Ainsi la solution v de l'équation (87)
prend sur les doites PA et PB des valeurs données par les formules (91)
et (92). Cette solution dépendra visiblement du choix du point (x o,
Yo), plus exactement, ce sera une fonction d'un couple de points.
Désignons-la par
v (x, y; x o, Yo). (93)
La solution de l'équation (87) qui vérifie les conditions (91) ~t (92)
s'appelle fonction de Riemann. Cette fonction ne dépend ni des condi-
tions initiales sur l, ni de la forme de l. Le point (x, y) fait office
d'argument, le point (xo, Yo), de paramètre. A noter qu'on aurait pu
prouver l'existence d'une solution en vérifiant directement que la:
formule (90) donne bien la fonction u (x o' Yo) qui satisfait l'équation
·(84) et les conditions initiales sur l. Cette vérification présente quel-
ques difficultés, aussi donnera-t-on dans un prochain numéro une
autre] démonstration de l'existence de la solution du problème
de Cauchy.
1-2-16. M~THODE DE RIEMANN 123

La méthode de Riemann ramène la résolution du problème de


Cauchy à la recherche de la fonction de Riemann (93). Cette fonction
-est solution d'une équation sans second membre (87), du même type
que l'équation (84), mais avec des conditions subsidiaires qui diffè-
rent totalement des conditions initiales, plus exactement, comme on
l'a vu plus haut, ces conditions se traduisent par la donnée des valeurs
de la seule fonction v sur les caractéristiques PA et PB issues du point
donné P. On prouvera dans la suite l'exis-
tence de la fonction de Riemann. Signalons !J
que la formule (90) a été établie sous réserve
que la solution existe. Donc, si cette solution Ar·- - - r - - - /
existe, elle s'exprime nécessairement par la
formule (90), ce qui prouve l'unicité. Il reste à
démontrer que la formule (90) donne bien la 13
solution du problème de Cauchy. On prouve- 0
ra dans la suite non seulement l'existence de
la fonction de Riemann, mais aussi celle de la Fig. 2
solution du problème de Cauchy, ce qui tradui-
ra le fait que la formule (90) donne bien la solution du problème.
Supposons provisoirement que tous les théorèmes d'existence
formulés ont été prouvés et étudions quelques corollaires de la for-
mule (90). Nous avons indiqué que cette formule exprime l'unicité
de la solution du problème de Cauchy. Par ailleurs, de cette formule
il s'ensuit immédiatement que si l'on donne un accroissement aussi
petit que l'on veut aux conditions initiales sur l, la solution du pro-
blème subit un accroissement aussi petit que l'on veut, autrement dit,
la solution du problème de Cauchy dépend continûment des conditions
initiales. Il s'ensuit encore de la formule (90) que la valeur de la fonc-

-
. tion inconnue u au point P dépend uniquement des conditions initia-
les sur l'arc AB de l. Si l'on prolonge les conditions initiales sur AB
au-delà de A et B de deux] manières différentes, en conservant la
-
-
continuité de ces conditions en A et B, on obtient en dehors du trian-
gle curviligne PAB deux solutions distinctes du problème de Cauchy,
. plus exactement, on obtiendra deux systèmes différents de condi-

-
-
tions initiales qui seront vérifiées par deux solutions différentes qui,
toutefois, seront confondues sur le triangle curviligne P AB, vu que
les conditions initiales le sont sur AB. Les caractéristiques PA et PB
seront ces courbes sur lesquelles les solutions, identiques sur le trian-
gle mentionné, se disloqueront en deux solutions différentes.
Les raisonnements de ce numéro n'impliquent pas de toute
évidence l'analyticité des fonctions. Nous avons exigé que les parallè-
les aux axes de coordonnées (les caractéristiques) coupent la courbe l
en un point au plus. Voyons la signification de cette condition.
Prenons une courbe II (fig. 2) coupée en deux points par les parallèles
124 CH. 1. TImORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIY:eES PARTIELLES

à l'axe des x et supposons que les conditions initiales sont données


sur lI' En appliquant la méthode de Riemann on peut déterminer la

-
valeur de la fonction u au point P en se servant du triangle curvili-
-
gnePAB ou PBC. Ces deux formules nous donnent des valeurs de U
généralement différentes en P, donc le problème n'admet pas de
solution.
1-2-17. Conditions initiales caractéristiques. Considérons main-
tenant le problème auquel nous a conduits la construction de la fonc-
tion de Riemann. Examinons seulement le cas d'une équation sans
second membre. On demande de trouver une solution de l'équation.
UXl/ + aux + bUll + cu = 0, (94)
si sont données uniquement les valeurs de la fonction inconnue U sur
les droites CA et CB parallèles aux axes (cf. fig. 1). Soit (S,11) les
coordonnées du point C. Signalons que si l'on connaît les valeurs de U
sur CB, l'on connaît de même les valeurs de la dérivée partielle U x
sur CB. Donc, en faisant y = 11 et en portant les fonctions connues U et
U x dans l'équation (94), on obtient une équation différentielle ordi-
naire du premier ordre pour la fonction ul/ le long de CB. L'intégra-
tion de cette équation nous donnera la dérivée partielle ul/ le long de
CB. De façon analogue, si l'on connaît U sur CA, l'on connaîtra de
même les deux dérivées partielles premières de U sur CA. Les constan-
tes arbitraires d'intégration des équations différentielles du premier
ordre peuvent être déterminées du fait que ul/ et U x peuvent être sup-
posées connues au point C. Ces raisonnements nous montrent pour-
quoi il suffit de connaître uniquement les valeurs de la fonction U le
long des caractéristiques CA et CB. La méthode de Riemann s'ap-
plique intégralement au problème considéré et nous donne la
formule
2u (P) = U (A) v (A) + U (B) v (B) +
+ ~ (uyv-vllu+ 2auv) dy+ ~ (uxv -vxu + 2buv) dx,
CA CR
où, comme précédemment, v est la fonction de Riemann (93).
Mettons la fonction à intégrer de la première intégrale sous la
forme:
Uliv - vl/u + 2auv = - (uv)lI + 2v (au + u lI ).
En faisant de même pour la fonction à intégrer de la deuxième inté-
grale et en intégrant, on obtient la formule suivante:

u(P)=u(C)v(C)+ ~ v(au+uy)dy+ ~ v(bu+ux)dx. (95)


CA CR
1-2-18. THSOR~MES D'EXISTENCE 125

Utilisons cette formule pour prouver une propriété de la fonction


de Riemann. Signalons préalablement que l'adjoint de l'opérateur
L* (v) est l'opérateur L (u). En effet,
L* (v) = vX 1/ - avx - bV1/ +
(c - ax - b1/) v,
et l'opérateur adjoint s'écrit:
+
L l (u) = UX 1/ (au)x + (bu)1/ +(c - a x - by) u =
= u xy +aux + +
bU1/ cu = L (u).
Appliquons la formule (95) à la fonction de Riemann u de l'opérateur
L* (v). Les coefficients en Vx et Vu de l'opérateur L* (v) sont égaux
à (-a) et (-b), donc la fonction de Riemann de cet opérateur est
la solution de l'équation (94) qui vérifie sur les droites CA et CB
les conditions au + u y = 0 et bu +Ux = 0 et qui, de plus, est telle
que u (C) = 1. Le point C (6, Tl) joue le rôle du point P (x o, Yo) de la
fonction (93) .
En se servant de la formule (95) pour ce cas particulier, on obtient
la formule suivante:
u (x o, Yo; 6, Tl) = v (6, ,,; x o, Yo),
c'est-à-dire que la fonction de Riemann de l'opérateur L (u) se trans-
forme en la fonction de Riemann de l'opérateur adjoint L* (v) si l'on
y permute les points (x, y) et (x o, Yo). L'opérateur L (u) est symétrique
par définition si L* (v) = L (v). La fonction de Riemann d'un opéra-
teur symétrique est une fonction symétrique des deux points dont elle
dépend. En se servant des expressions de L (u) et L* (v), on établit
aisément que les conditions pour lesquelles L (u) est symétrique sont:
a ~ b == O. Le problème qui consiste à déterminer la solution de
l'équation (94) qui prend des valeurs données sur deux caractéristiques
s'appelle problème aux conditions initiales caractéristiques. Comme dans
le cas du problème de Cauchy, la formule (95) montre que le problème
aux conditions initiales caractéristiques n'a dmet qu'une seule solution.
1-2-18. Théorèmes d'existence. Il nous reste à prouver les théo-
rèmes d'existence de la solution du problème de Cauchy et du problè-
me aux conditions initiales caractéristiques. On commencera par le
dernier problème et on traitera seulement le cas d'une équation homo-
gène. On demande de trouver la solution de l'équation (94) qui prend
des valeurs données sur les caractéristiques x = X o et y = Yo:
ulx=xo='f'(y); uly=yo= <P (x) ['f'(Yo)=<p(xo)). (96)
Si l'on admet que le coefficient b possède une dérivée continue par
rapport à y, on peut mettre l'équation (94) sous forme d'un système
de deux équations du premier ordre:
Ux +
bu = w; (97)
Wu +
aw = du, (98)
126 CH. I. THeORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES


d = ab + bu - c,
et
W/Y=Yo = <p' (x) + b (x, Yo) <p (x) = ro (x). (99)
En traitant l'équation (97) comme une équation différentielle linéaire-
du premier ordre et en tenant compte de la première condition (96}
on exprime la fonction u (x, y) au moyen de la fonction w (x, y) :
x s
- 5b(s, y) dG x 5 b(G', y) dG'
u (x, y) = e Xo [ JeXo w (~, y) d~ + 1P (y) ] •
Xo

De façon analogue on obtient dans le cas de l'équation (98):


y Tl
- Sa(x, 7) 5
w(x, y)=e Yo
dt)
[JY

Yo
eYo
a(x, 7)' rdTl'
d(x, ll)U(X, f)df)+

+ <p' (x) + b (x, Yo) cp (x) ] •

Ces équations sont équivalentes aux équations (97) et (98) avec


les conditions initiales (96). En posant
S t)
5b(s', y)ds' 5a(x, t)')dt)'
KI (x, y; 6) = eX K 2 (x, y; fI) = eY d (x, fI), (100)
on peut mettre u (x, y) et w (x, y) sous la forme:

5 ds
+ JKI (x,
(1 - b(s, y) x
U (x, y) = e Xo 'i' (y) y; ~) w (~, y) d s,
~ xo (101)
y
- 5a(x,
1 w (x, y) = e Yo
Tl) dt)
ro (x) + JK
Y

2 (x, y; fI) u (x, 11) dll·


l Yo

L'existence et l'unicité de la solution du système (101) s'acquièrent


par la méthode des approximations successives. Pour remonter des
équations (97) et (98) à l'équation (94), il faut qu'existe la dérivée mix-
te continue u xu • Des équations (101) qui sont satisfaites par les fonc-
tions u (x, y) et w (x, y) on voit que ceci a lieu si b (x, y) possède des
dérivées partielles premières continues et 1P (y), une dérivée continue.
Si l'on porte w (x, y) tirée de la deuxième équa tion (101) dans la pre-
mière, on obtient pour u (x, y) une équation de Volterra.
1-2-18. TH:BOR1l:MES D'EXISTENCE t27

Passons à l~ démonstration de l'existence de la solution du problè-


me de Cauchy. L'équation de la courbe l support des conditions initia-
les peut être mise, comme on l'a vu plus haut, sous la forme x = x (y)
ou y = y (x), où x (y) et y (x) possèdent des dérivées continues non
nulles. On admettra que les conditions initiales sur l sont des
fonctions de x ou de y. Mettons ces conditions sous la forme:
u 1 x = X(U) = '1' (y) = 'Pl (x) ;
U x 1 U - y(x) = <Pl (x).

Les solutions des équations (97) et (98) doivent vérifier les conditions
initiales suivantes:
U , x = X(U) = 'P (y); w 1 U .... y(x) = <Pl (x) +
+ b [x, y (x)] '1'1 (x) = (01 (x).
Comme plus haut on obtient donc le système d'équations intégrales.
suivant:
x
-5 b(s, y)d, x
U (x, y) =e x(y) '1' (y) + ) KI (x, y; ~) w (~, y) d~,
x(y)
y
- 5 a(x, 'Il) d'Il Y
W (x, y) =e y(x) (01 (x) + ~ K 2 (x, y; 11) U (x, 11) d11,
Y(X)
où KI (x, y ; ~) et K 2 (x, y; 11) sont définies par les formules (100). On.
suit la marche habituelle pour démontrer la convergence de la métho-
de des approximations successives et l'on obtient ainsi le théorème·
d'existence de la solution. Si le point P occupe la même position que.
sur la figure 1, alors dans les estimations on peut remplacer la lon-
gueur du chemin d'intégration par (a - x) lorsqu'on intègre par rap-
port à ~ et par (~ - y) lorsqu'on intègre par rapport à 11, les quantités,
a et ~ étant les valeurs maximales de x et y dans le rectangle de côtés.
parallèles aux axes de coordonnées dans lequel est considérée la solu-
tion du problème et dans lequel les coefficients remplissent les condi-
tions posées plus haut, à savoir, par exemple, que les dérivées partiel--
les premières de a et b sont continues ainsi que c et f. On aurait pu
envisager l'équation avec second membre (84). Il aurait suffit pour ce-
la d'ajouter à l'équation (98) le second membre f (x, y). Il est aisé de,
prouver l'unicité de la solution sans recourir à la méthode de Riemann,
mais en se servant du système (102).
On aurait pu démontrer les théorèmes d'existence en appliquant la méthode
des approximations successives directement à l'équation (94) ainsi qu'on l'a
fait pour les équations différentielles ordinaires. Commençons par le cas des.
conditions initiales caractéristiques (96). L'équation (94) avec les conditions:.
128 CH. 1. TImORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

initiales (96) est équivalente à l'équation intégro-différentielle


,U (x, y)=cp(x)+'1' (Y)-CP(xo)-
x y
- ) ) fa (ç, fi) Ua (~, li) + b (s, fi) UT} (~, fi) +
Xo Yo
+ c (~, fi) U (s, fi)] dç dfl. (103)
A noter que le terme non situé sous le signe d'intégration satisfait les conditions
initiales (96) puisque de toute évidence cp (xo) = 'P. (Yo).
Pour première approximation on peut prendre la fonction
Uo (x, y) = cp (x) 'l' (y) - cp (xo). +
Les autres approximations se calculent de proche en proche par les formules
Un (x, y) = Uo (x, y)-
x y
-) ~ [a (~, li )
rÔUn_l (~, fi) +b (r:
ô~ ~, li
) iJun_l (S, li)
iJlI
+
Xo Yo

'Ûn démontre à l'aide d'estimations élémentaires que les suites de fonctions


ÔUn (x, y) QUn (x, y)
Un (x, y),
ôx ' ôy
<convergent uniformément dans le rectangle R de la figure 1, rectangle dans lequel
-on admet que les coefficients de l'équation sont des fonctions continues. En pas-
,sant à la limite dans la relation (104), on s'assure immédiatement que la fonc-
tion limite de la suite un (x, y) est solution de l'équation (103) et par suite de
l'équation (94) avec les conditions initiales (96).
Passons maintenant au problème de Cauchy. Soit R un rectangle contenant

-
la portion de courbe l qui supporte les conditions initiales et tel que les coeffi-
,cients de l'équation y soient des fonctions continues. Soit (x, y) un point inté-
rieur de R. Désignons par D XY le triangle curviligne PAB formé par l'arc AB
de la courbe l, et par les droites PA et PB parallèles aux axes de coordonnées
.et issues du point P (x, y). Les conditions initiales de Cauchy peuvent être
-
mises sous la forme
u Iz = cp (x) +
'l' (y); ux Il = cp' (x), U y Il = '1" (y). (105)
En effet, comme indiqué plus haut, on peut toujours admettre que les conditions
initiales sont fonctions de x ou de y. En intégrant ces fonctions, on obtient la
.condition initiale pour u sous la forme indiquée ci-dessus. L'équation (94) avec
les conditions initiales (105) est équivalente à l'équation

,u (x, y) = cp (x) + '1' (y) + ) ) [a (6, fi) ua(;, li) +


D xy

+b (6, li) UT} (~, li) +c (~, li) U (~, fi)] d; dfl·
Dans la formule (103), l'intégrale itérée figure avec ses bornes d'intégration
-et sous cette forme la position du point P (x, y) par rapport aux caractéristi-
ques x = Xo et y = Yo importe peu. Dans la dernière formule, on a affaire à une
.intégrale double et la disposition relative du point, de la courbe et des axes est
1-2-18. TH:eOR~MES D'EXISTENCE 129

celle de la figuré 1. Pour première approximation, on prend


"0 (x, y) = q> (x) 'P (y) +
les autres approximations étant donnéeslpar les formules

Un (x, y)
\ \ [t('0, 11)
= Uo (x, y) + J J a
OUn_1 (;, 11) -l-
0; ,
D:ry

+b (;, f)Toun_~~s, 11) +c (6, f) Un-l (s, f) ] d; dt].

Comme plus haut, on démontre par des estimations élémentaires des intégrales
que dans le rectangle R la suite un (x, y) tend uniformément vers une fonction
qui est solution du problème de Cauchy.
La méthode des approximations successives s'applique également à la ré-
solution du problème de Cauchy pour les équations hyperboliques quasi linéaires.
Il faut à cet effet ramener le problème de Cauchy initial à un problème de Cau-
chy avec des conditions initiales homogènes. Soit l'équation .
"%li = f (x, y, U, p, q). (106)
Supposons que les conditions initiales supportées par la courbe l (d'équation
y=ry (x» sont fonctions de la variable indépendante x, c'est-à-dire sont de la
forme u (x), p (x) etq (x). On rappelle que u' (x) = p (x) +
y' (x) q (x). On ad..;
mettra que les fonctions mentionnées possèdent des dérivées continues. Soit la
fonction auxiliaire
co (x, y) = " (x) +
[y - y (x)] q (x).
Cette fonction possède visiblement des dérivées COx et COy continues et vérifie
&Ir la courbe lIes conditions initiales requises. En remplaçant U par la nouvelle
fonction inconnue uJ. = U - CO, on constate que cette dernière doit vérifier
des conditions initiales nulles sur la courbe l. L'équation (106) nous donne une
équation analogue pour Ul' On peut donc considérer que la solution de l'équa-
tion (106) satisfait des conditions initiales nulles. Supposons que la fonction f
du second membre de (106) possède des dérivées premières par rapport à tous les
arguments, continues pour les points (x, y) situés dans un voisinage de l et pour
les valeurs (u, P, q) assez proches de O. L'équation (106) avec des conditions
initiales nulles se transforme en l'équation

u(x, y)=-)) f(s,l1, U, p, q)dSdl1,


D xy

équation qui est justiciable de la méthode usuelle des approximations successives


si l'on se limite aux points (x, y) d'un voisinage de la courbe l. Pour première
approximation, on doit prendre Uo = Po = qo = 0, les autres étant données
par les formules

Un (x, y)= - JJ
D xy
f (;, 11, Un-l' Pn-lt lJn-l) dS d11,

Pn (x, y) = ) f (x, f), Un-H Pn-lt qn-l) dl1,


BP

qn (x, y)= .\ f (S, y, Un-l' Pn-lt Pn-l' qn-l) d;.


AP
9-01017
130 CH.!. TImORIE DES 1tQUATIONS AUX DSRIV:mES PARTIELLES

A noter qu'en appliquant la méthode des approximations successives à


une équation linéaire on aurait pu de toute évidence envisager une équation
avec second membre et, en procédant exactement comme on l'a fait pour l'équa-
tion (94), ramener les conditions initiales du problème de Cauchy ou du pro-
blème aux conditions initiales caractéristiques à d~s conditions nulles. Ceci
étant, l'équation sans second membre initiale se serait transformée en une
équation avec second membre pour la fonction transformée.
1-2-19. Formule d'intégration par parties et formule de Green.
Les formules de Green et d'Ostrogradski résti.ltent des formules d'in-
tégration par parties (16 1 ) et (31 2 ) pour intégrales doubles et triples
prouvées dans le (tome II, [111-1-10), (111-2-41). Ces dernières peuvent
être mises sous une forme unique quelle que soit la multiplicité de
l'intégration si l'on se sert des intégrales de la forme ~ f dS étendnes .
à des hypersurfaces S d'un espace euclidien . Rm. Dans ces intégra-
les, dS (qui est toujours positif) représente l'aire élémentaire de la
surface, JdS , l'aire de i 'hypersurface S. Dans le (tome 1l, [III -1-9)~
s
(V-2-2l) toutes ces notions sont définies pour m = 3. Pour m > 3
elles se définissent de façon analogue; en particulier, si S est définie
par l'équation explicite
x m = q> (Xl' •.. , Xm -1),
où X' = (Xl' . . . , x m - l ) parcourt un domaine borné D m - 1 de Rm-l.,
alors
dS = -.
V/1 + mij1 q>i.
i=1 1
(x') dx' , dx' =dx1 ••• dx m _1 ,

au point x=(x', q> (x'» ES et

1 J/ fi +): ",~,
f dS = (x') (x') dx',

où j (x') est la valeur de j au point X = (x', q> (x'» E S. Si S est la


frontière d'un domaine borné D de l'espace Rm et si S est une surface
différentiable, on peut la subdiviser en un nombre fini de parties S kt-
k = 1, ... , N, définies chacune par une équation explicite expri-
mant l'une des coordonnées Xl1{. en fonction des autres, et définir
l'intégrale) j dS sur S comme la somme des intégrales j dS sur Sk. J
s ~
La formule d'intégration par parties s'écrit:

) ::i
D
v dx = - )
D
u ::i dx + ) uv cos (n. Xi) dS,
S
i = 1, ... , m. (107)
1-2-19. FORMULE D'1NTfiGRATION PAR PARTIES ET FORMULE DE GREEN 131

Cette formule est de toute évidence vraie dans le cas oùD est un domai-
ne borné d'un espace euclidien Rm, sa frontière S est unehypersur-
face régulière et les fonctions u et v de la classe Cl (D) (c'est-à-dire la
classe des fonctions continues et continûment dérivables dans D =
= DUS). Dans cette formule, cos (n, Xi) représente le cosinus de
l'angle de l'axe des Xi et de la normale extérieure n à S. La formu-
le (107) résulte de la formule
~ ;~ dx= ~ w cos (n, xi) dx,
D D
qui est v~lable quel que soit i = 1, ... , m pour S et w douées des'.
propriétés de dérivabilité indiquées ci-de~sus. En effet, si w= uv,
on obtient (107).
Utilisons la formule (107) pour établir la formule de Green pour
un opérateur différentiel linéaire du deuxième ordre. On supposera,
que toutes les dérivées qui interviendront dans la suite sont continues
dans lJ et que S est régulière. .
Soit
m m

L (u) =
t, k=1
2J bkuXk + cu,
. Li ai1~uXiXk + k=1 (108)
et
m
L*(v)= ~ (109)
i. k=l

où aik, bk et c sont des fonctions données de x. Considérons


l'intégrale
) vL (u) dx, dx = dX1 ••• dx m ,
D

et transformons-la à l'aide de la formule (107). Ceci nous con-


duit à la formule de Green
1
D
[vL (u) - uL* (v)) dx = 1
s
[vP (u) -- uP (v) + uvQJ as, (110}

(111~

et n désigne la normale extérieure unitaire à S.


9*
132 CH. I. THeORIE DES ÉQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES

Définissons sur S une direction v que nous appellerons conormale


à S. A cet effet, posons
, / m m
N= V k=l
2j [~ aik cos (n,
i=l
Xi)]2 (112)

et définissons la direction v par les formules


m

cos (v, x,J= ~ ~ aik cos (n, Xi) (k= 1, 2, ... , m). (113)
i=l

La première formule (111) peut s'écrire encore


m
~ au au
peu) = N L.J aXk cos (v, x h) = N av '
k=l

et la formule de Green (110) devient en définitive

) [vL(u)-uL*(v)]d,;= )[N(v ~~-u :~)+uvQJdS. (114)


D 8

A noter que si
m
~ aa. ih =b
(i=l, 2, ... , m),
L.J aXk i
k=l

alors Q = 0, l'opérateur L* (v) est confondu avec L (v) et l'on peut


mettre L (u) sous la forme
m m
L (u) = ~ aax . ~ ~
aikuXk + cu.
i=l k=l

Dans ce cas, l'opérateur L (u) est dit symétrique. Dans le cas général,
l'opérateur différentiel L* n'est pas confondu avec L. On l'appelle
adjoint de L au sens de Lagrange.
1-2-20. Méthode de Volterra. La résolution du problème de Cauchy
pour équations du second ordre dans le cas où le nombre de variables
indépendantes est supérieur à deux est bien plus compliquée. Nous
avons donné les solutions explicites du problème de Cauchy pour
l'équation des ondes avec des conditions initiales supportées par le
plan t= 0 (tome II, [VII-1-9l). La méthode qui nous a permis d'obte-
nir ces solutions ne se généralise malheureusement pas. Dans ce numé-
ro, on expose une autre méthode de résolution du problème de Cauchy
pour équations à coefficients constants. Cette méthode, qui est une
généralisation de celle de Riemann, repose, de même que cette
dernière, sur un usage original de la formule de Green.- Cette méthode
1-2-20. M:eTHODE DE VOLTERRA 133

donne la solution du problème de Cauchy lorsque les conditions


initiales sont supportées non seulement par le plan t = 0, mais
aussi par des surfaces non caractéristiques. L'esprit de cette méthode
est proche de celui des méthodes utilisées pour les équations à coef-
ficients variables.
Supposons que S est une hypersurface caractéristique de l'équa-
tion L (u) = 0 ou L (u) = f, où f est une fonction donnée. Soit
<ù (Xh • • • , x m ) = 0 l'équation de S. Les quantités cos (n, Xi) sont
proportionnelles aux dérivées partielles Pi = <Ù xi et, en vertu de
(113), les cosinus directeurs de la direction '\i sont proportionnels
m
à ~ aikPi. Ces sommes ne sont autres que les seconds membres
i=l
des équat,ions des bicaractéristiques (1-2-12]:
m
dXk 2"
---;[8= .LJ aikPh
i=1
qui forment l'hypersurface caractéristique S et l'on peut ainsi
affirmer que si S est une hypersurface caractéristique, alors la direction
'\i définie sur elle est confondue en chaque point avec la direction de
la bicaractéristique située sur S et passa,nt par ce point. Donc, dans le
cas considéré la direction '\i est située dans le plan tangent à S.
Voyons maintenant le rôle de la formule de Green (114) dans la
résolution du problème de Cauchy. Soit à trouver la solution de
l'équation
L (u) = - f (115)
si les valeurs de u et de la dérivée conormale :~ sont données sur
une surface SI. On admet que SIest telle que '\i n'est pas située dans
un plan tangent. Sous ces conditions, la donnée de u et de :~ sur SI
détermine la dérivée de la fonction u suivant une direction quel-
conque. Pour trouver la valeur prise par u en un point Mo (xi, ...
• • . , X~) ~ SI procédons comme suit. Traçons un conoide caracté-
ristique de l'équation (115) de sommet Mo et supposons que la moi-
tié de ce conoïde forme avec une partie de SI un domaine borné D
de l'espace de point générique (Xl' ... , x m ) (fig. 3). Appliquons la
formule de Green (114) au domaine D en prenant pour u la solution
cherchée de l'équation (115) et pour v, une solution singulière de
l'équation adjointe L* (v) = O. La surface du domaine D est compo-
sée d'une partie de la surface SI sur laquelle sont données u et ~~.
et de la surface latérale r du conoïde caractéristique. La direction v
en un point M de r est confondue avec celle de la tangente en M à la
bicaractéristique passant par M, ce qui permet de procéder à une
intégration par parties sur r. Appliquons cette méthode à l'équation
134 CH. J. TH-e':ORIE DES -e':QUATIONS AUX D:.eRJV:.eES PARTIELLES

des ondes
L (U) = U xx +U gg - Utt = - f (x, y, t). (116)
Le conoïde caractéristique est ici un cône circulaire dont la généra-
trice et la hauteur font un angle de :. L'opérateur L (u) est symétri-
que; la formule (112) nous donne N = 1 ; les formules (113) entraÎ-
nent
cos (v, x) = cos (n, x); cos (v, y) = cos (n, y);
cos (v, t) = - cos (n, t),
d'où il résulte que la direction v se déduit à partir de la direction n
Mo

Fig. 3 Fig. 4

par un anti-déplacement. Le cône caractéristique de sommet (x o, Yo,


to) a pour équation
(x - XO)2 +
(y - YO)2 - (t - t O)2 = O. (117)
Utilisons la solution
-1 .[,;- (t-t O)2 - 1 - t-to ] (118)
v- n V r2 r'

r2 = (x - X o)2 +
(y - Yo.)2 .
de l'équation L (v) = O. Considérons la moitié du cône (117) pour
laquelle t < O. Sur la surf~ce latérale r de ce cône on a t - r t o = - 1
et la solution (118) est nulle sur cette surface. La dérivation suivant v
sur r se traduit par une dérivation suivant la direction de la conor-
male sur r, c'est-à-dire suivant la direction de la génératrice du cône,
donc sur r non seulement v = 0, mais aussi ~~ = O. La solution
(118) présente une singularité pour r = 0, Le. la droite qui passe
p,ar le sommet du cône parallèlement à l'axe des t est une ligne sin-
1-2-20. M:eTHODE DE VOLTERRA 135

gulière de la -solution (118). Entourons cette droite d'un cylindre


circulaire T e de rayon 8. Désignons par D' la partie restante du
domaine D. La frontière de D'est constituée de 8 1 , de r et de la
surface latérale de Te (fig. 4). Soit 8~ la partie de la surface 8 1 com-
prise à l'intérieur du cône et à l'extérieur du cylindre T e' Appliquons
la formule (114). Comme L (v) = L* (v), L (u) = - 1 (x, y, t).
L (v) = 0 et que v = ~~ = 0 sur r, il vient

)) (v ~~ - U ~~ ) dS = - ) S) Iv dT. (119)
T e +8'1 D'

En désignant l'angle polaire par qJ dans le système de coordonnées:


x - X o = r cos qJ et y - Yo = r sin q>, on obtient

) ) v ~~ d8 = ) ) v ~~ 8 d<p dt. (120)


Te Te
Sur Te on a r = 8 et, en vertu de (118), v sera du même ordre que
ln 8. Comme 8 ln 8 -+ 0 avec 8, il en est de même de l'intégrale (120).
On a par ailleurs
av av t- to
, av =- ar =- r V{t-t o)2_ r 2 •
Sur Te
V (t _-tO)2- r 2 = V (t - t O)2 - 8 2, '

ce radical tend vers (t o- t) pour 8 ~ 0 car t < to. On a donc


lim r r U f)v d8=-lim rr (t-to)u d<pdt=
8-+0 JJ av e-+O J J V (t- t O)2_ B2
Te Te-
to
= 2n J,. U (X o, !Jo' t) dt,

, où t'est la valeur de t qui correspond au point d'intersection de la


droite r = 0 avec la surface 8 1 , La formule (119) nous donne donc
to
2n ) U (x o' Yo, t) dt - ) ) (v :~ -u ;~) dS + ) ) ) Iv dT,
t' 82 D
où 8 2 est la partie de la surface 8 1 comprise à l'intérieur du cône.
Le second membre est composé d'expressions connues. En dérivant
par rapport à t~, on obtient en définitive:

u(xo,Yo,tO)=2n
. 1 a
ôt
[rl~Jr (v ~~ - U :~ ) d8 + JJl Iv dT] .
o
82 - D
(121)
136 CH. J. TH:eORJE DES :eQUATIONS AUX n:eRIV:eES PARTIELLES

On a établi cette formule sous réserve que le problème admet une


solution. A strictement parler, on aurait dû s'assurer que le second
membre satisfait toutes les conditions du problème. C'est une entre-
prise assez ardue car la position du cône (117) varie avec t o• On
a déjà résolu le problème dans le cas où S 2 est le plan t = O. Cette
méthode de résolution du problème de Cauchy appartient à Volterra.
Une autre méthode de résolution du problème de Cauchy, dite
méthode d'Hadamard, est rattachée à la formule de Green.
Quand on se sert de cette méthode on prend la solution de l'équation
L* (v) = 0 qui devient infinie sur la surface latérale tout entière du
conoïde caractéristique (le cône (117) dans le cas de l'équation (116».
Cette circonstance implique des précautions particulières quand on
ùtilise la formule de . Green et nous conduit naturellement à une
notion nouvelle spéciale de l'intégrale.
La solution singulière d'Hadamard des équations
m

L (u) = ~
s=1
Ux x -
s S
Utt = - t
est de la forme
m _ 1 m
v-,[(t-to)2- s~ (Xa-X~O»2J2-T.

Un exposé détaillé de la méthode d'Hadamard appliquée aux équa-


tions linéaires à coefficients variables est accessible dans son ouvrage:
Le problème de Cauchy et les équations aux derivées partielles linéaires
hyperboliques. Paris, 1932. Dans l'ouvrage R. Cou r a n t, D. H i l-
ber t, Methoden der mathematischen Physik. Berlin, 1931, on
trouvera une application de la méthode d'Hadamard aux équations
à coefficients constants.
1-2-21. Formule de Sobolev. On sait que la formule de Kirch-
hoff (tome II, rVII-3-11l) nous donne la solution de l'équation des
ondes de quatre variables indépendantes. Soit u une solution de
l'équation des ondes, possédant des dérivées premières et secondes
continues dans un domaine D de l'espace (Xl' X 2 , xa), de frontière S.
La formule de Kirchhoff exprime la valeur de u en tout point inté-
rieur du domaine D en fonction d'une intégrale étendue à S, inté-
grale dans laquelle figurent les valeurs retardées de u et de ses déri-
vées premières. On a vu que si la surface S est dûment choisie, la
formule de Kirchhoff nous donne la solution du problème de Cauchy
pour des conditions initiales supportées par le plan t = 0 (tome II,
[VII-3-11]). La formule de Kirchhoff peut être généralisée à une
équation d'un nombre quelconque pair de variables indépendantes:
Utt = U X1X1 -t- ux <)"- 2 + ... -t-- U x 2k +1'x 2k +1 '
(voir à ce propos [1-2-26]).
1-2-21. FORMULE DE SOBOLEV 137

Généralisons maintenant la formule de Kirchhoff au cas d'une-


équation des ondes à coefficient variable

Utt = c2 (x, Y. z) (u xx + UllY + u zz ), (122)

où c (x, y, z) > 0 est une fonction assez régulière. Dans la suite, on


écrira souvent c (M) pour c (x, y, z), M étant le point de coordon-
née,s (x, y, z).
En appliquant la théorie des caractéristiques à l'équation (122).
on est amené naturellement au problème d'extrémum de la fonction--
nelle

(123).

Dans ce cas la, condition de transversalité est confondue avec celle-


d'orthogonalité et l'on peut construire un champ du problème varia-
tionnel comme, on l'a fait au (1-2-13], Soit T (M; Mo) la fonction
fondamentale du champ central de centre Mo. Cette fonction nous.
donne la valeur de l'intégrale (123) prise le long d'une extrémale·
entre Mo et M. L'équation T (M; Mo) = const représente des quasi-
sphères de centre Mo pour la métrique définie par la formule (123).
Pour la fonction T (M; Mo) on a l'équation

grad 2 't (M; Mo) = c2 (~) , (124}


c'est-à-dire
2+ 2~ 1 1
Tx 'ty T 'tz = c2 (M) •

La fonction T (M; Mo) est visiblement une fonction symétrique de'


Mo et M. Si c est une constante, alors T (M; M o)= .!...,
c
où r est la
distance de Mo à M. Dans le cas général on se servira de T au lieu.
de .!...
c
pour déterminer les valeurs retardées d'une fonction u (M, t)
et, comme au (tome II, IVII-3-11]), on posera

u (M, t -. T) = [u (M, t)l.

Supposons que u (M, t) est solution de l'équation (122) et pour sim--


plifier l'écriture posons u (M, t - 't) = Ul (M, t).
En passant aux valeurs retardées dans l'équation (122), on obtient.
[uttl = c 2 (M) [~u],
138 CH. 1. TH~ORIE DES ~QUATIONS AUX naRIVaES PARTIELLES

~Ù d est l'opérateur de Laplace. En exprimant [du] en fonction de


.ul' on trouve
grad U l = [grad u] - [utl"grad 't,
dul ' div grad u l = [du] - 2 [grad Ut]· grad ' t - (126)
{
+
- [Ut]~L\'t [utt)!grad 2 'te
En portant dans (125) l'expression de [du] tirée de la dernière équa-
1tion et en se servant de (124), on obtient
1 1
c2 (M) [Utt] =ô,u I + 2 [grad utl grad 't + [utl L\'t- [Utt] Cl (M)

Par analogie avec la pre~ière formule (126) on a


,grad Ô:t
l = [grad utl-' [Utt] grad 'te

.En portant l'expression de [grad utl tirée de la dernière équation dans


]a formule précédente, on trouve l'importante formule suivante:
OUt au]
dU I = - 2 gra d 't. grad'--
ôt
- L\ 't - -
ôt •
'Multiplions les deux membres de cette équation par une fonction
(M) qui reste à définir:
.(J

cr ô'u l = -' 2cr grad 't. grad ô:/ (127)

..et choisissons cette fonction telle que le second membre soit la


.divergence d'un vectèur de la forme ( - ~~t IV), où west un
-vecteur ne dépendant pas de U I :
cr ô'u1 = div ( - ~:l w) • (128)
Développons l'expression du second membre:
A
cr uUI i t d·IV w-gra d at·
= - iÔUt ÔUt
w•

En comparant avec (127) on voit que l'égalité (128) sera réalisée et


·que w ne dépendra pas de Ul si les deux relations suivantes sont
::satisfaites:
w = 2cr grad 't; div w = cr d't. (129)
En portant la première relation dans la seconde on obtient l'équation
.'Suivante pour déterminer cr:
div (2cr grad 't) = cr L\'t,
.c'est-à-dire que
2 grad cr· grad 't cr L\'t = 0, + (130)
1-2-21. FORMULE DE SOBOLEV 139

ou, en passant aux coordonnées,


2 (ax't x + ay't y + az't z)+ ad't = 0, (131)
autrement dit, on obtient une équation linéaire du premier ordre
pour la détermination de a. Etant en possession de a, on peut déter- .
miner le vecteur w à l'aide de la première formule (129). Soient Dun
domaine de l'espace (x, y, z), S la frontière de ce domaine. Supposons
que les fonctions a et Ut possèdent des dérivées premières et secondes
continues dans D. La formule de Green nous donne
~, ~ ~
D
(cr dU1-U 1 da) dv = ~
S
J (0' ~:t -:u1 :~ ) dS,
Qù nest la normale extérieure à S. Les formules (128) et (129) nous
permettent d'écrire la formule de Green sous la forme
- JJ~ u 1 da dv - JJJdiv (20' ~~t grad 't) dv =
D D

= J\ J\ (aUl
a an - Ut
a(J )' dS.
---an:
" S

En appliquant la formule d'Ostrogradski à l'intégrale renfermant la


dive~~ence,on obtient
J\ J\ (au a(J
(Jan-t - u1 an + 20' al: aUt)
an ~ dS + J J
r \ J\ U1 da dv = O.
'
S D
Revenons à la fonction u. Comme
aUt
ifn= an J-"7i't
[ au [aU ] al:
on'
on obtient la formule suivante, fondamentale pour la suite:

J\S J\ {a [~J-[Ul
an ~+a~
an an [!!:.-J}
ot dS+

+ ~ ) Jru] da dv = O. (132)
D

Dans les calculs précédents, on aurait pu admettre que le champ


est quelconque. La fonction a, solution de l'équation (130), dépend
visiblement de 't, c'est-à-dire du choix du champ. Dans la suite, on
n'aura affaire qu'à un champ central et l'on désignera la fonction a
par a (M ; Mo). Tous nos raisonnements ne valent que pour un voisi-
nage du point Mo dans lequel les extrémales de l'intégrale (123) ne
se coupent pas et forment un champ. Si c est une constante, alors
comme" indiqué, 't = !:.,
C
et l'on vérifie sans peine que la fonction
(J =lIr est solution de l'équation (130).
140 CH. 1. THeORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

1-2-22. Formule de Sobolev (suite). Supposons que l'on ait réus-


si à construire une fonction cr (M ; Mo) possédant des dérivées pre-
mières et secondes continues au voisinage du point Mo, présentant
une singularité en Mo et vérifiant les conditions suivantes:·
1) le produit cr (M; M o)1" (M; Mo) admet des dérivées premiè-
res et secondes, y compris au point Mo, et
Hm cr (M; Mo) 1" (.il!; Mo) = c (~ ) (133)
M-+Mo 0

2) cr (Mo; M) = cr (M; Mo); (134)


3) le laplacien de cr (M; Mo) vérifie l'inégalité
K
1.10 (M; Mo) 1 ~ 't (M; Mo) , (135)

Où K est une constante (ne dépendant pas de M) ;


4) si SI est une surface fermée contenant Mo et n est la normale
extérieure à SI' alors en contractant SI au point Mo on obtient
Hm \ \ oa (~; lft/ o) dS = - 4n. (136)
BI-+Mo JSI" ôn

Si c est une constante, la fonction cr = 1/r vérifie toutes ces condi-


tions.
Considérons une fonction cr (M; Mo) vérifiant les conditions ci-
dessus et établissons une formule pour les solutions de l'équation (122).
Soient u (M, t) une telle solution dans un domaine D borné par une-
surface S, Mo un point intérieur de D. Supposons qu'il existe un
champ central de centre Mo contenant D et soit donnée une fonc-
tion cr (M; Mo) vérifiant les conditions ci-dessus.
Soit D' = D-.........S 8' où S 8 est une sphère de centre Mo et de
rayon e petit. Appliquons la formule (132) à D'. On trouve

~~ {cr [ ~~ ] - ru] ;~ + cr :: [ :~ ]} dS + ~ ~ ~ { } dS +
S . se

+ ~ ~ ~ [u].1cr dv = O. (137)
D'
Montrons que l'intégrale étendue à Se est égale à - 4nu (Mot)
lorsque e -+ O. En effet, les quantités

[ ~~ ] et ~[~]
on at
sont bornées pour M -+ Mo; la fonction 1" (M; Mo) est de l'ordre
de e. sur S 8' donc en vertu de (133) la fonction cr (M ; Mo) est de
l'ordre de 1/e sur Se' L'aire de Se est de l'ordre de e2 • De là il résulte
1-2-22. FORMULE DE SOBOLEV (SUITE) 141

que les intégrales

tendent vers 0 avec E. Reste l'intégrale

La normale est ici extérieure au domaine D', c'est-à-dire intérieure


.à Se. Sur Se la fonction u (M, t - T) tend vers u (Mo, t) lorsque
~-+ O. En tenant compte de (136) et d'après ce qui a été dit sur la
direction de la normale, on voit que la dernière intégrale est bien
égale à la limite à -4Jtu (11;[0' t). La formule (137) nous donne à la
limite la relation annoncée

t) =..!..
4n an -
J\ J\ {cr [~J ru] ~+ an [!!!:...J}
an cr ~ at dS +
s
+ 4~ 1~ 1ru] ~crdv, (138)
D

qui est due à S. Sobolev.


Si c est une constante, alors cr = 1/r et ~cr = 0, l'intégrale triple
est nulle et l'on retrouve la formule usuelle de Kirchhoff. Si c est
variable (milieu non homogène), la valeur de u en Mo est la superpo-
sition des rayonnements retardés provenant non seulement de S,
mais aussi du domaine D tout entier.
La formule (138) peut être appliquée à la résolution du problème
de Cauchy pour l'équation (122). Soit à déterminer la solution de
l'équation (122) qui vérifie les conditions initiales:

u (M, t) It-o = fo (M) ; Ut (M, t) 1 t=o = fI (M). (139)

Appliquons la formule (138) à la solution cherchée prenant pour sur-


face S une quasi-sphère St de centre Mo et de rayon t, c'est-à-dire
supposons que l'équation de la surface S est de la forme T (M; Mo) =
= t. Sous ces conditions, au 'second membre les valeurs des fonctions

ru], au]
[ an' [ ôaut ]

doivent être prises à l'instant t - T (M; Mo) ou à l'instant t = 0,


puisque T (M; Mo) = t. En tenant compte des condtions initiales
142 CH. I. THeORIE DES ~QUATIONS AUX D~RIVEES PARTIELLES

(139), on peut mettre l'équation (138) sous la forme

u{Mo, t)= 4~ ~ ~
St
{o 7: -fo :: +0 ~: fI} dS+
+ 4~ j ~ ~ [u] l1a dv,
Dt

OÙ Dt est le domaine borné par St. L'intégrale double du second


membre est une fonction connue que l'on désignera par F (Mo, t). On
obtient ainsi pour u (M, t) l'équation intégrale
u(M o, t)=F (Mo, t+ 4~ ~ ~ ~ [u]l1a(M; Mo)dv. (140)
Dt

Pour déduire cette équation on aurait dû supposer que t est tel


que dans le domaine Dt il existe un champ central de centre Mo et .
une fonction 0 (M ; Mo) remplissant les conditions indiquées.
A signaler que le domaine Dt varie avec Mo et t et que l'équation
(140) est une équation de Volterra. On montre que pour tassez
voisin de 0, cette équation possède une solution unique qui peut
être trouvée par la méthode habituelle des approximations successi-
ves et que cette solution est en même temps solution du problème de
Cauchy pour l'équation (122). Si Dt = R3, l'exigence que t doit être
petit dans un voisinage du point 0 est due au fait que le champ du pro-
blème aux variations est susceptible de présenter des singularités
pour de grands t. Si le domaine Dt est borné, il faut naturellement
tenir compte des perturbations réfléchies par la frontière, ce qui
ilmite singulièrement l'intervalle de variation de t.
1-2-23. Construction de la fonction (J. Construisons la fonction (J
mentionnée plus haut. Nous allons montrer que cette fonction peut
être explicitée si les extrémales du champ central sont connues.
Prouvons préalablement les deux lemmes suivants.
Lem m e 1. Soit donné le système d'équations différentielles
~h = X k (t,
dt Xl' X 2 , X 3 ) (k = 1,2, 3). (141)
Si l'on connaît l'intégrale générale
Xk = CPk (t, aIt a2' as) (k = 1, 2, 3) (142)
alors
..!:.... ln D (<Pb <P2' <ps) = àX t àX +
+ àX2 2 àX s • [(143)
dt D (ab a 2, as) àXl àxs
Dérivons le jacobien de (143) par rapport à t. Etant donné que
par définition un déterminant est la somme des produits de ses élé-
ments, on affirme que pour dériver ce jacobien il suffit de dériver
1-2-23. CONSTRUCTION DE LA FONCTION cr

séparément chàcune de ses colonnes et d'ajouter les déterminants ainsi


obtenus (tome 111 2 , lV-25l). On obtient ainsi
d D (CPl' CP2' CPs)
dt D (al' a 2, as) -
Ô2CPl ÔCP2 ÔCP3 ÔCPI Ô2CP2 ÔCP3
ôal Dt ôal' ôal ôa l ôal ôt ôal
Ô2 CPl
oa 2 at
aCP2
aa 2
ÔCP3
ôa 2
+ ÔCPI
ôa 2
a 2cp2 ôcps
ôa 2
+
aa2 ôt
()2cpi ÔCP2 ÔCP3 ÔCPI a 2cp2 ôcps
ÔQ,s ôt ôaa ôas ôa3 ôas ôt ôas
ÔCPI ÔCP2 ô 2qJs
aal aal aal {jt
+ ÔCPl
ôa 2
ÔCP2
ôa 2
ô 2cps
ôa 2 {jt
(144)
ÔCPI ÔCP2 ô 2cps
ôa 3 ôa s ôas at
Les fonctions (141) étant solutions du système (141), on obtient,
les identités suivantes en t et ah:
ô:t == X h (t, CPIt CP2' CPa) (k= 1, 2,3).
Une dérivation par rapport à as nous donne
'3
Ô2qJk ~ axk 0CPi
aas ôt = L.J aXi oa s •
i=l

En portant ces expressions des dérivées secondes dans le second mem-


. bre de (144) et en développant chaque déterminant en une somme de-
trois déterminants, on trouve
~ D (CPI. qJ2. qJs)
dt D (al' a 2, as)
= ( ôX l
OXI
+ ôX 2
ÔX2
+ axs
ÔXs
) • D (qJl' CP2' qJs)
D (al' a , as) ,
2
c'est-à-dire la formule (143).
Lem m e 2. Soient t un vecteur unitaire tangent à une famille-
de courbes à deux paramètres recouvrant un espace à trois dimensions ou
une de ses parties, Ô le jacobien d'une transformation des coordonnées
cartésiennes en coordonnées curvilignes (pour coordonnées curvilignes"
on prend deux paramètres al et a 2 définissant une courbe de la famille
et la longueur d'arc s le long de cette courbe mesurée à partir d'une
surface coupant toutes les courbes de la famille ou du point de concours:
de toutes ces courbes). Sous ces conditions on a
div t = ô ~~ cS (145)
'144 CH.!. TH:eORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

:Soient X (x, y, Z), Y (x, y, z) et Z (x, y, z) les coordonnées du vec-


teur t au point (x, y, z). Les courbes de la famille sont solutions du
:système différentiel
dx = X. dy = y. dz =Z
ds ' ds ' ds •

Les seconds membres ne contenant pas s, l'une des constantes arbi-


traires so figurera additivement avec s et l'intégrale générale du systè-
me sera de la forme
oZ = (fll (s + so' al' a 2); Y = (fl2 (s + so' al' a 2);
z = (fla (s + so, al' a 2).
Le lemme 1 nous donne
div t = oX
OX
+ oyaY + oZ
oz
= ~
os
ln D (cpt, CP2' CPs)
D (so, at, a 2 ) ,

..et pUIsque

-on obtient la formule (145).


Revenons maintenant au champ central d'extrémales de centre
Mo et à l'équation (130) que doit vérifier la fonction (J. Le vecteur
grad T est tangent à une extrémale et de (124) il s'ensuit que :: =
= n (M), où n (M) = tic (M). Ceci nous permet de mettre l'équa-
tion (130) sous la forme
2 o(Jo~M) n (M) + cr (M) L\'t' (M) = 0,
la longueur d'arc s étant mesurée à partir du point Mo.
Utilisons le lemme 2 pour calculer 8T (M). On a
grad 't' (M) = n (M) t,
<>ù t est le vecteur unitaire tangent à une extrémale du champ. D'où
div grad 't' (M) = 8't' (M) = t· grad n (M) + n (M) div t.
Le premier terme du second membre est la dérivée de n (M) par
rapport à s, le second est, en vertu du lemme 2, égal à
n (M) 0 ln 6
os
et l'équation pour cr (M) s'écrit

2 ~~ n (M) + cr [;on o~M) + n (M) _00_1:_6_ ] = 0,


1·2-23. CONSTRUCTION DE LA FONCTION CI 145

ou
2 a ln cr = _ aln n a ln cS ,
as as as
d'où l'on obtient par intégration
cr (M) = '1' (al' a 2)
-.r n (M) cS '
'1' (al' a 2) étant une fonction arbitraire de al et a 2. Prenons pour al
et a 2 les coordonnées angulaires '6'0' «Po d'un système de coordonnées
sphériques pour la direction de la tangente en Mo à l'extrémale pas-
sant par Mo. La formule précédente devient
cr (M) = '1' ({to, < P o ) . (146)
.. /" n (M) D (x, y, z)
V D (s, 'Ô o, <Po)

Définissons la forme de la fonction 1f ('6'0' «Po) à partir de la pre-


mière des conditions remplies par la fonction cr (M) (cf. [1-2-22]).
Cette condition s'écrit
Hm cr (M) 't (M) = n (Mo).
M-Mo
La forme de l'intégrale (123) nous permet d'écrire
;8
T(M)= n(M)ds, J
l'intégration ayant lieu le long d'une extrémale. Le théorème de la
moyenne nous donne
. 't (M)
hm =n (Mo),
, ..0 s
et la condition précédente pour cr (M) s'écrit
Hm cr (M) s= 1. (147)
, .. 0

Singalons que le point M tend vers Mo pour s~ O.


Pour étudier le jacobien de la formule (146) on se servira des f~r­
mules établies au (tome IVI [11-21]) pour les variables canoniques
dans le problème des géodésiques. On a
«P = n 2 lM) lX'2 y'2 Z'2), + +
-et les variables canoniques s'écrivent
Pl = 2n 2 (M) x' ; P2 = 2n 2 (M) y' ; Pa = 2n2 (M) z'.
Les conditions initiales sont:
x~ = sin '6'0 cos «Po; y~ = sin 'Ô o sin «Po; z; = cos 'Ô o
10-01017
146 CH. 1. TH1tORIE DES ~QUATIONS AUX D~RIV:eES PARTIELLES

et
2n2 (Mo)
PlO = sin '6'0 cos <Po;
P20 2n 2 (Mo) = sin {to sin <Po; (148)
Pao = 2n 2 (Mo) cos '6'0'
Les extrémales du champ sont définies par les équations:
x = <Pl (rI' r 2 , ra, x o, Yo,zo); Y = <P2 ( ); Z = <Pa ( ) (149)
où rk = SPho et <Pk sont des fonctions possédant des dérivées conti-
nues jusqu'à un certain ordre. En dérivant la première formule par
-rapport à S et en faisant ensuite S = 0, on trouve

sin '6'0 cos <Po ~CJll) 8=0 PlO + ( Ôô CJlt


= ( url r2
) 8=0 P20 +( Ôô
CJlt
ra
) 8=0 P30'

En se servant des formules (148) et en tenant compte du fait que '6'0


et <Po sont arbitraires, on obtient

( ~)
8r2s=O
(~)
ôra s=o
=0; (~)
ôrt s=o
=1:2n 2 (M o)'
Les autres formules (149) nous donnent:
Ô
CJlk ) = 1 : 2n 2 (M ); (a'l-'k)
( ôrk 11=0 0 ôrl 8=0
= ° (l =1= k).
Utilisons les formules (148) et (149) pour composer le jacobien
de la fonction <Ph par rapport aux variables s, {to et <Po. En dérivant
par rapport à {to et <Po par l'intermédiaire de rh, Qn obtient s en fac-
teur et deux colonnes de ce jacobien contiendront s. En divisant ce
jacobien par S2 et en passant à la limite pour s~ 0, on trouve:
sin 'fr o cos <Po cos 'fr o cos <Po - sin 'fr o sin <Po
. 1 D (x, y, z) '.<\.' .<\. • • .<\.
1lm - 2 D'Q. = SIn uo SIn <Po COS Uo SIn <Po SIn ua cos <Po =
8-+0 S (s, vo, CJlo)
cos {to - sin '6'0 ° = sin 'fr o.

Pour déterminer la fonction arbitraire'!' ({to, <Po) de la formu-


le (146) multiplions les deux membres de cette dernière par s et
faisons tendre s vers O. La dernière formule et la formule (147) nous
donnent
ua' <Po ) = V n (M)
1 -_ '1' (t}o, CJlo). " I.e. '1' (.<\. . .<\. ,
0 Sinuo
V n (Mo) sin!'6'o
et on obtient en définitive l'expression suivante pour la fonc-
tion cr:

cr (M , Mo) =
V n (Mo) sin t}o
n (M)
D(
x, y, z
) •
D (s. t}o, (J'o)
(150)
1-2-24. CONDITIONS INITIALES GENERALES 147

On vérifie que cette fonction possède toutes les propriétés indi-


quées dans (I-2-22]. Si n (M) = const, alors (s, '6'0' Q)o) sont d' ordinai-
res coordonnées sphériques du point M et la dernière formule noua
1
donne cr = -.r

1-2-24. Conditions initiales générales. Supposons maintenant


que les conditions initiales sont données non pas sur le plan t = 0,
mais sur une surface d'équation t = Q) (M) :
U It=Q(l\1)=/ o (.LH); Ut It=q;(A-l) = Il (M). (151)
Résolvons ce problème pour t > Q) (M). Au lieu de l'hypersphère
't (M; Mo) = t considérons la surface

't (M; Mo) Q) (M) = t, + (152)


et supposons que pour toutes les valeurs strictement positives et assez
voisines de 0 de la différence [t - Q) (M)], la surface (152) est une
surface fermée de l'espace, contenant le point Mo. Les points inté-
rieurs à cette surface vérifient l'inégalité
't (M; Mo) Q) (M) < t. + (153)
Utilisons maintenant la formule (138) en prenant la surface (152)
pour S. Dans l'intégrale étendue à S la fonction à intégrer s'écrit
lu] = u (M; t - 't) = u [M; cp (M)] = fo (M); [Ut) = fI (M).

Montrons que [ ~~ ] dépend aussi des conditions initiales. On a


a/ o (M) ôu lM; cp (M)] ôu (M; t)
Ô1&
- ôn ôn !t=q>(M) +
+ ôu (M; t) ôq> (M)
ôt 1t=q>(M) • ôn '
d'où
ôu(.il-f; t) 1 = ô/o(M) _ ôu(M; t) 1 ôcp(M)
ôn t=<p(M) ôn ôt t=q>(M) • ôn '
autrement dit,
[ ôu (:; t) ] = ôlo~:) _ ôcpô~M) Il (M).
En posant
F(M o; t) =

=4~ ~~ {cr
ô/o (At!)
ôn
+ cr (~_
ôn
8cp ) fI (M)-
ôn
't(M; Mo>+<r(M)=t

ôa
- ôn fo }' dS,
148 CH. I. TlffiORIE DES ~QUATIONS AUX D~RIV~ES PARTIELLES

on obtient pour u (Mo; t) une équation identique à (140):


u(Mo; t)=F(M o; t)+

+ 4~ ~ )) '[u] ~cr (M; Mi» dv. (154)


'(M; MO)+qJ(M)<t

Comme plus haut, on peut résoudre cette équation par la méthode des
approximations successives et obtenir la solution qui vérifie les
conditions initiales (151). Pour effectuer toutes les démonstrations
avec rigueur, il faut que les fonctions c (M), 10 (M), fI (M) et cp (M)
possèdent un certain nombre de dérivées partielles continues.
. Voyons comment la surface (152) est rattachée à la théorie des
caractéristiques. Le conoïde caractéristique de l'équation (122) de
sommet (Mo, t) est défini dans l'espace à quatre dimensions (M; t i )
par l'équation
(155)
OÙ t l et M (x, y, z) sont les coordonnées courantes, t et Mo, des
paramètres. La surface (152) est le lieu géométrique des points de'
l'espace qui possèdent les mêmes coordonnées .(x, y, z) que les points
d'intersection du conoïde caractéristique (155) avec la surface t i =
= cp (M) de l'espace à quatre dimensions, autrement dit, la surface
(152) est la projetée de l'intersection mentionnée sur l'espace (x, y, z) .
.Plaçons-nous; pour plus de suggestion, dans l'espace à trois dimen-
sions (x, y,' tl). L'équation (155) définit une surface de type conique.
Cette surface coupe la surface fI = cp (x, y) suivant une courbe dont
la projetée sur le plan (x, y) est une courbe fermée l qui est l'analogue
de la surface (152). Le projeté du sommet du conoïde sur le plan (x, y)
doit tomber à l'intérieur de l et l'analogue de l'intégrale triple de la
formule (154) est une intégrale double sur la partie du plan (x, y)
intériure à l. Ce domaine dépend bien sûr de la position du sommet
(x o' Yo, t) du conoïde. Si ce sommet tend vers un point (x~, y~, t~)
de la surface t l = cp (x, y), alors la courbe doit se contracter au point
(x~, y~,). De façon analogue, la surface fermée S doit se contracter
au point Mo si le sommet du conoïde (155) tend vers un point (M~, t ' )
de la surface t l = cp (M). .
Ces propriétés géométriques de la surface S, nécessaires pour prou-
ver rigoureusement l'existence de la solution du problème de
Cauchy, sont liées au fait que le plan tangent à la surface t = cp (M)
ne doit pas trop s'écarter du plan t = O. On démontre que cette
condition se traduit par:
grad 2 cp(M) < c2 tM) . (156)

Ceci étant, il est essentiel que la fonction c2 (M) soit reliée à 't (M;
.Mo) par l'équation (124). Si la condition (156) est remplie, on dit que
la surface t = cp (M) est orientée dans l'espace. S'agissant de l'équa-
1-2-25. ~QUATION DES ONDES G~N~RALIS~E 149

tion hyperbolique générale


m

Utt -- ~ aijU x . Xj + ... = 0,


i, j=1 Z

où Uest une fonction de Xl' X 2 , • • • , X m , on dit que la surface t =


= ep (Xl' X 2 , • • • , X m ) est orientée dans l'espace en l'un de ses points
si l'on a en ce point
m

~ aijepx.epx. < 1.
i, j=1 Z J

Les constructions et formules décrites et leurs applications à la réso-


lution du problème de Cauchy pour l'équation (122) ont été proposées
par S. S 0 bol e v (Travaux de l'Institut de seismologie de l'Acadé-
mie des sciences d'U.R.S.S., 1930, n06 et 1934, n042). Elles ont été
généralisées par V. Gog 0 1 a d z é à des équations linéaires hyper-
boliques de quatre variables indépendantes plus générales (DAN
SSSR, 1934, 1). La méthode indiquée a été généralisée dans un travail
de S. S 0 bol e v (Matem. sb., 1936, 1 (43), n01) à des équations
linéaires hyperboliques générales à un nombre pair de variables
indépendantes. Dans le numéro suivant on indiquera les modifica-
tions apportées à la méthode développée pour des équations plus
générales (ce qui a été fait dans le travail de V. Gogoladzé), puis on
généralisera la méthode à un nombre quelconque pair de variables
indépendantes seulement pour l'équation des ondes à coefficient c2
constant.
1-2-25. Equation des ondes généralisée. Considérons l'équation
plus générale
3 3
4c Utt ~ ai,ux zz
= LJ ~ biux z. + hu,
.x . + LJ (157)
i=1 i=1

où les coefficients ai" bi" c et h sont des fonctions de Xl' X2' Xs, et de
plus les coefficients ai sont supérieurs à un nombre strictement posi-
tif. Signalons qu'en multipliant les deux membres de l'équation
par c2 et en incluant cette fonction dans les coefficients de l'équation,
on peut admettre que c ==
1. Au lieu de la fonctionnelle (123) consi-
dérons la fonctionnelle

(158)


3 d x·2
ds 2 = ~ _1.
ai
(159)
i==l
150 CH. I. TH~ORIE DES ~QUATIONS AUX D~RIV~ES PARTIELLES

La fonction fondamentale 't (M ; ..lfo) du champ central est solution


de l'équation
3

~
L..J ai't~.l =~.
C
(160)
i=l

La valeur retardée d'une fonction quelconque u (M ; t) se détermine


comme dans [1-2-21]. Au lieu de (131), on obtient l'équation suivante
pour la fonction a:
3 3

2 ~ ai'tx.aX.+a~ [ai't X'X'+


l l _ l l
~ai -
(2 uXi bi) 'tx.J=O.
l
(161)
. i=l i= 1

La condition (133) devient

Hm a(M ; Mo) 't (M ; Mo) = ~ (Mo) (n (M) = /~f))' (162)


M-M o Ji a~a~ag c,

où a~ est la valeur de la fonction ai au point Mo. Au lieu de (135)


on a la majoration
K
IL(a) 1~'t(M; Mo) , (163)

où L (u) est le second membre de l'équation (157) et }( est une


constante. La formule (136) devient
3

Hm ~ ~ ~ aiaxi cos (n, Xi) dS = - 41[. (164)


Sl- M o S 1 '-1
1-

Au lieu de (138) on obtient la formule


u (Ai 0 ; t) = 4~ ~ ~ {aP ([u]) - lu] P (a) + a [ ~~ JP ('t) + aR lu] } dS +
S

+ 4~ ~ ~ ~ [u] L * (a) dv, (165)


D

3 3
P (v) = ~ aivxi cos (n, Xi), R= ~ (::: - bi ) cos (n, Xi),
i=1 i=1
3
L* (a) = ~ {)2 ai (J _ + ha
{)bi(J
L..J OX~ oXi' ,
i=1 1

L* (a) étant l'adjoint de l'opérateur L (a). En se servant de la for-


mule (165) on peut comme dans (1-2-22] ramener le problème de
1-2-26. CAS D'UN NOMBRE QUELCONQUE DE VARIABLES 151

Cauchy avec les conditions initiales (139) à l'équation intégrale

u(M o ; t)=F(J111 o ; t)+ 4~ ) ,\ J ru] L*(a)dv.


D

On peut établir une formule identique à (150) pour la fonction


CI (M ; Mo) :

, (166)

où s est la longueur d'arc de l'extrémale reliant Mo à M et ds 2 se


calcule par la formule (159).
1-2-26. Cas d'un nombre quelconque de variables indépendantes.
L'application de la méthode de S. Sobolev au cas de plusieurs varia-
bles indépendantes implique l'introduction de plusieurs fonctions a.
On se propose d'appliquer cette méthode à une équation des ondes
à coefficients constants :
2k+1
~
c
Utt = ~ u x zz
~
.x . (167)
i=1

(cf. S. S 0 bol ev, Sur une généralisation de la formule de K irchhojj.


DAN SSSR, 1933, 1).
Appelons R 2k +l l'espace de point générique (Xl' , X 2 k+l) et
considérons l'espace R2k+2 de point générique (Xl' , X 2 k+l' t l ) ou
(M; t l ). Le cône caractéristique de l'équation (167) de sommet (Mo; t)
est défini dans R2h +2 par l' équation
r
tl = t--,
c
(168)

2h+1
r 2= ~ (Xi - X~)2. (169)
1=1

Par [cp] on désigne comme plus haut la valeur retardée de la fonc-


tion cp:
[cp(M; t)]=cp (M, t - ; ) ,
c'est-à-dire la valeur de la fonction cp sur le cône caractéristique (168)
par rapport à t. Comme indiqué dans [I-2-11], il existe sur la surface
caractéristique des relations entre la fonction u, solution de l'équa-
tion (167), et ses dérivées. Etablissons ces relations pour les dérivées
152 CH. I.TJmORIE DES :eQUATIONS AUX n:eRIV:eES PARTIELLES

de u par rapport à t:
Us = [~:~ ] (s=O, 1,2, ... ), (170)
les dérivées Us étant considérées comme des fonctions dans R2k +1.
Signalons préalablement que l'équation (124) s'écrit ici
r ) 2 1
( grad T ="C2. (171)

En dérivant la fonction Us par rapport à (Xl' ••• , X 21àl) aussi


bien directement que par l'intermédiaire de l'argument (t - ;)
on obtient, 00mpte tenu de la formule de vérification immédiate

grad Us+{ ·grad c =


r [
grad
{}S+lU ]
{}t s+1 •
r
grad"'C -
[{}S+2 U
{}t 8 +2
Jgrad C '
2 r

où le point désigne le produit scalaire dans R2h+1, la formule


suivante:
r r
dus = - 2 grad U S +1 • grad -c - u s+1 d -.
c
(172)

L'introduction de l'opérateur
2k+l
r
L(v)= -2gradv·grad--vd 2 ~
r =--
-
ccc
i=l
(173)
nous permet de mettre (172) sous la forme
dU s = L (u s +]). (174)
Ce que nous voulions. L'opérateur L vérifie la relation
vL (w) + wL (v) = - div (2vw grad ; ) . (175)
On a
dr s = (2k + s --1) sr S
-
2 ; (176)

Introduisons les fonctions 0i:

o. = (2k-2) (2k-4) ... (2i+2) 2i r-k-i+I •


1 (k- i) ! ch-i (2k-2) (2k-3) (k i-l) , +
Oh = r- 2h +1 (i = 1, 2, , k -1). (177)
On a
L(Ol)=O; L(Oi+l)=dO i ; dah=O (i=1,2, ... ,k-1). (178)
1-2-26. CAS D'UN NOMBRE QUELCONQUE DE VARIABLES 153

Soit D un domaine de l'espace R2k+l ne contenant pas Mo. Com-


posons l'intégrale (2k+ 1)-uple:
Il.

) ~ (_1)S-1 [(US-l~crk-S+l- O'k-S+l~US-]) +


D s=1
+ (0' h-s+l L (us) + usL (0' k-S+l))] dXl ••• dX 2 k+l. (179}
Cette intégrale est nulle en vertu de (174) et (178). En tenant compte
de (175) et de la formule
v~w - w~v = div (v grad w - w grad v),

on peut transformer l'intégrale (179) en une intégrale étendue à la


surface S limitant le domaine D. La formule

aus U ] [a +1 U a.!..C
[f)S+I
S
J
an: = fn san - als+1 ar;- ,
nous permet d'écrire

[
aS-lu
als-l
J- O'h-Hl
[alu ]
an ats-l -

a.!..c asu }
- O'k-s+l a-;;: [a7S] dS = 0"
où n est la normale extérieure à S. Si le point Mo est inférieur au
domaine D, la formule précédente reste valable pourvu qu'on entou-
re Mo d'une petite sphère. En passant ensuite à la limite, on obtient.
la formule suivante:

u (Mo. t) = A J±(-i)'{ aa;~'+1 [ :;~~~ J-


S s=1

- 0'k-s+l [ an asu ]
atS-1 - cr k-s+l
a ; [asu
---a;;- at S
J} dS, (180)
où la constante A est définie par
2k-1
II r(i;2)
A= i=1
2k-1 2k-1 •
1
2(2k-1)n 2 II r(it )
i=1
154 CH. I. THeORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

La formule (180) est confondue avec celle de Kirchhoff pour 2k + 1 =


= 3. Si pour surface S on prend la sphère de centre Mo et de rayon ct,
alors les valeurs retardées des dérivées des fonctions u dépendent des
conditions initiales ul t=o et Ut It=o et l'on obtient la solution expli-
-cite du problème de Cauchy, solution qui a déjà été déduite sous une
forme différente au (tome II, (VII-1-9l). La formule (180) nous per-
met de même de résoudre le problème de Cauchy dans le cas où les
-conditions initiales sont données sur une surface t l = cp (M). A noter
que les dérivées des conditions initiales figureront sous le signe
.d'intégration, de sorte que pour que ce problème admette une solu-
tion, il faut que les dérivées des conditions initiales jusqu'à un ordre
-qui dépend de k soient continues, ce que nous avons signalé précédem-
ment. S. K h ris t i a nov i t cha généralisé cette méthode aux
.équations hyperboliques non linéaires (Matem. sb., 1937, 2, nO 5).
1-2-27. Inégalité énergétique. Considérons l'équation hyperbolique
n n
L (u) === ~ aikllx,xh
i,h=l 1
+ i=l
2J biux . + cu-
1
Utt = /, (181)

-où aUn b h c et f sont des fonctions de (Xl' . . . , Xn , t), les fonctions bh


,c et f sont continues, les fonctions aik possèdent des dérivées premiè-
res continues dans les domaines de l'espace (Xl' . . . , Xn , t) qui seront
précisés ultérieurement. L'équation (181) étant par hypothèse
hyperbolique, on a l'inégalité
n n

i,
2Jk=l aik;i;k ~ v i=l
2J sI (v > 0), (182)

-on admettra que v est une constante strictement positive pour les
{).omaines considérés. Pour plus de suggestion, on supposera dans la
.:Suite que n = 2, de sorte que l'on se placera dans un espace à trois
.dimensions de point générique (Xl' X2 , t). Tous les raisonnements va-
1ent pour le cas général.
On se propose d'estimer les solutions de l'équation (181) en fonc-
tion des conditions initiales et des coefficients. Ces estimations
entraîneront directement entre autres l'unicité de la solution du
problème de Cauchy et la dépendance continue de cette solution par
rapport aux conditions initiales. Les raisonnements seront calqués
.sur ceux qui nous ont permis de prouver l'unicité de la solution du
problème de Cauchy et du problème aux limites au (tome II, [VII-1-
17]) pour l'équation des ondes.
Prouvons préalablement le lemme suivant.
Lem m e. Si une fonction w (t) positive, absolument continue,
vérifie pour presque tous les t > 0 l'inégalité
dw (t)
dt~Cl(t)W(t)+C2(t), ( 183)
1-2-27. IN~GALIT~ ~NERG:eTIQUE 155

où Ci (t) sont· des fonctions intégrables, alors


t t
SC1(t 1)dtt t - SC1(t 1)dt 1
w(t)<e o [w(O)+ Jc2 (t 2)e 0 dt 2 J. (184)
°
Si en outre Cl (t) ~O, alors pour presque tous les t > 0
t t2
Sc1(tddt 1 t - SC1(t 1 )dt 1
d~?) ~cI(t)eO [w(O)+ ~ c2 (t 2)e 0 . dt 2]-\-c 2 (t). (185)
o
De (184) et (185) il s'ensuit en particulier que si Cl (t) est une
constante strictement positive (Cl (t) = Cl) et C 2 (t) est une fonction
croissante, alors

(186)

et
(187)
t
- Scl(tddt 1
En effet, multiplions les deux membres de (183) par e 0
et mettons le résultat sous la forme
t t
d - ~'cl(tddtt - )'Cl(tl)dt 1

dI(w(t)e ° )~c2(t)e 0 •

En intégrant cette inégalité par rapport à t entre 0 et t, on obtient


la majoration (184). Si Cl (t) ~ 0, la majoration (185) résulte de (184)
et de (183). Ce que nous voulions.
Supposons que, dans un domaine ~ adhérent au plan t = 0 et
compris dans le demi-espace t > 0, l'équation (181) admet une
solution continue avec ses dérivées premières et secondes dans ~.
Supposons que ~ contient un domaine D de type cône tronqué dont
la base inférieure B (0) est située dans le plan t=O et la base supérieu-
re B (T), dans le plan t = T > 0, que cos (n, t) > 0 sur la surface
latérale S et que S est orientée de façon spatio-caractéristique, c'est-
à-dire que sur S
2
2
cos (n, t) - h
i,11=1
aih cos (n, Xi) cos (n, Xh) >0 (188)

(on rappelle que la normale n à S est dirigée vers l'extérieur


de D). Soit B (t 1) la sec tion de D par le plan t = t 1 . Consi dérons
156 CH. I. TH~ORIE DES ~QUATIONS AUX D~RIV~ES PARTIELLES

la relation
t t
- ~ ~~ 2UtL (U) dX I dX 2 dt l = - ~ ~~ 2ud dX I dX 2 dt l (189)
o B(tl) 0 B(tt>
pour tE [0, Tl. En se servant de la formule (107) et des identités
2 2
2 ~ aihuXixkUt = 2 ~ a~. l
(aihuxkut)-
i, h=l i, h=l
2 2
- ~ ~ aihuXiuXk - 2 ~
i, k=l i, k-1
on peut mettre la relation (189) sous la forme
2

~~ ( ~ aihUXiuXk + U~) dXI dx 2-


B(t) i, k= 1
2

- ~ l (~B(O) i, k=1
aihUxpXk +U~) dX I dx2 +

t 2
+~ ~ [- 2 ~ aikuxJpt cos (n, Xi) +
o 8B(tl) i, h=l
2
+( ~ aihuxpXk +ui) cos (n, t) ] dS dt] +
;,k=1
t 2

+~ I~(2 ~
aa'k
_...;.:l..;..,U U
at xi xk
o B(tl) i, k=1
2 t
- 2 ~ biuxiUt - 2cuut) dX I dX2 dt l = -
t=1
l ~ l 2ud dXI dxz dt
0 B(tr)
l , (190)

où ôB (t l ) est la frontière de B (tl)' L'intégrant du troisième


terme est positif, car il ne diffère que par le terme strictement
positif cos (n, t) de la somme
2
,2J
1,k=1
aik (U Xi cos (n, t) - Ut cos (n, Xi» (U Xk cos (n, t) - Ut cos (n, Xh» +
2
+ U~ (cos 2 (n, t) - ~ aik cos (n, Xi) cos (n, Xh»),
i, h=l
1-2-27. IN:eGALIT:e :eNERG:eTIQUE 157

2
dont le premier terme est une forme quadratique ~ aik~tSh'
i, h=l
définie positive et dont le second est positif en vertu de (183).
De (190) il s'ensuit donc
t 2 2
K (t) ~ K (0) - ~ ~ ~ (2 ~ ~:it UxhUt - ~ a;:k uXPXk-
o B(tl) i, k=l i, h=l
2 t

- 2 ~ btuxiUt - 2cuut) dX I dX2dt l


i=l
- JJJ2ud dX dX2dt
0 B(tl)
I l , (191)

ou"
2

K (t) = ~
B(t)
J( ~ i, k=l
aikuXiuXh + U~) dX
.
I dx 2. (192)

Supposons que

I ~l
aXk ' 1 (193)

où Co>O. Alors
2 2
1~ ~ h
B(tl) i, k=l
a:~k UXiUXh dX I dX21~Co J~ ~
B(t!) i, h=l
IUXil,/uXkl dX I dx 2·

On a par ailleurs

Or, en vertu de (182),


2 2
~ U~i ~ ~ ~ aihUXiUxk ,
i=l i, k=l

donc
t 2 t

1 JJ
o
j ~ a:~k
B(tl) i, k-l
UXiU X : l dXI dX 2 dtll ~ Cl
.
JK (t l ) dt
0
lt

OÙ Cl est une constante strictement positive dépendant des coeffi-


cients. De façon analogue
t 2 2 . t

J Jo ~ ~ 2ut ~ (b
B(t!) i=l
i - ~
k=l
::::') UXi dXI dX2 dtll~C2 Jn K (t l) dt l ,
158 CH. I. TH:eORIE DES :eQUATIONS AUX D:eIUV:eES PARTIELLES

OÙ C2 est une constante identique à Cl' Posons


L (t) = JJu2dxI dx
B(t)
2• (194)

De par l 'inégalité 12ab 1~ a2 + b2 et du fait que


2
. LJ
l,k=1
aihUXiuXk~O, (195)

on trouve
t t

11112CUtudX1dx2dtll~C31 [K(tl)+L(tI)]dtl ·
o B(tl) 0

Compte tenu de la relation 121utl ~u~ + 12 et de (195), on obtient

1112IUtdXldx21~K(tI)+M(tl)'
B(t l )


M (tl) = 11 j2 dXI dx2·
B(tl)
(196)

En portant les majorations obtenues dans (191), on aura


t

K(t)~K(0)+(CI+C2+C3+1) JK(tl)dt l +
o
t t
+ C3 JL (tl) dt l + JM (il) dt l• (197)
o 0

Majorons L (t). Considérons l'intégrale


t

JI (t) = JJJ
o
[u 2 (Xl' X
B(tl)
2, tl)]tl dX I dX 2 dt}"

Cette intégrale peut être traitée comme une intégrale triple étendue
au domaine Dt borné inférieurement par le plan t l = 0, supérieure-
ment, par le plan t l = t et latéralement, par la surface S susindiquée
sur laquelle cos (n, t) > O. La formule d'Ostrogradski nous donne
immédiatement
JI(t)~ 1Ju dxl dx2-1 Ju 2d:r dx2,
B(t)
2

B(O)
1
1-2-27. IN1tGALIT2 ~NERG~TIQUE 1591

c'est-à-dire que
t
JJu2dxldx2~ JJu 2dx l dx2+ ) JJ2UUtldxldx2dtl' (198)!
B(t) B(O) 0 B(tl)
d'où, compte tenu de 12uutll~uri+u2 et de (195), il s'ensuit
t t
L J J
(t)~L (0) + K (t I ) dt t + L (t I ) dtl. (199)J
o 0

Ajoutons (197) et (199):


K (t) +L{t)~
t t
~K (0) + L (0) + C S[K (tI) + L (tl)] dt t + ) M (tI)'dt 1, (200}
o u

où la constante C = Cl + C2 + C3 + 2 dépend des coefficients aik"


bit c et des dérivées de aik. Utilisons maintenant les inégalités:
t
(186) et (187). La fonction w (t) = J[K (tI) .+ L (tt)] dt l remplit les:
o
conditions du lemme avec
t
cI(t)=C, c2 (t)=K(O)+L(0)+ Jo M(tI)dtl et w(O)=O.

Elle est donc justiciable des majorations

w(t)=
t
Jr [K(tI)+L(tJ)]dtl~ eCt_f
c r_6+ Jr t
M(t1)dt l J
o 0
et
t
d~it) = K (t) + L (t) ~ eCt [ 6 + JM (t J) dt l J, (201);
o
où Ô= +
K (0) L (0). Ces majorations sont dites énergétiques.
En vertu de l'hypothèse (182), on a

K (t) ~ JJ
B(t)
("U~l + VU~2 + un dXl dx2·
Sans nuire à la généralité, on peut admettre que le facteur v de la,
condition (182) vérifie la double inégalité 0 < ,,~1. De (201) il
j.
.(
160 CH. I. TH:eORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

résulte alors

j J(ui + U~I + ut + u
l
2
) dX I dX2~
.B(t)

Ct 2
~~[ JJ( ~
B(O) i, k=l
aikuXiuXk+u~ + u 2 ) dxl dx 2 +
t

o BUl)
+) ~ 1/2 dX 1 dX 2 dtlJ . (202)

Cette majoration est valable pour tous les t E [0, Tl et pour tout
domaine du type indiqué. Les constantes C et 'V ne dépendent que des
<coefficients de l'équation (181) et non pas de la solution u considérée
~t du second membre /.
Les majorations citées figurent dans les travaux de Friedrichs,
Lévi et Schauder.
1-2-28. Théorèmes d'unicité et de dépendance continue des solutions.
Le théorème d'unicité de la solution du problème de Cauchy et la
.dépendance continue de la solution par rapport aux conditions
initiales et au second membre de l'équation résultent immédiatement
.des inégalités démontrées. En considérant la différence de deux solu-
tions du problème de Cauchy pour les mêmes conditions initiales, on
ramène le théorème d'unicité au suivant: si le second membre / de
l'équation (181) est nul et les conditions initiales sont de la forme
u 1 t=o = Ut 1 t=o = 0, (203)
.alors la solution du problème est u == O. Soit (x~O) , x~O), fOl) un point
quelconque. Supposons que le conoïde caractéristique de sommet
(X~O), X~O), t<O») forme avec le plan t = 0 un domaine D du type indi-
qué ci-dessus. Soit u (Xl' X 2 , t) la solution du problème pour / == 0 et
les ;conditions initiales (203), continue avec ses dérivées premières
>et ;secondes dans D. On peut se servir par exemple de l'inégalité (201).
.De ce qui précède il s'ensuit que ô = O. Donc

L(t)= ) ~ u 2 dx l dx 2 =0,
B(t)
-et 'par suite 'u == 0 dans D. Cette assertion reste en vigueur si les
-conditions initiales homogènes (203) sont données non pas sur le
plan :(x, y) 'tout entier mais seulement sur la baSé B (O) du domai-
ne D, puisque ceci suffit pour que ô = O. D'où l'on conclut que
la valeur prise par la solution de l'équation sans second membre associée
à (181) ;au point (x~O), x~O), t<O») dépend des valeurs prises par les condi-
tions :initiales uniquement sur la base B (0) du conoïde caractéristique
1-2-28. TH~ORj;;MES D'UNICIT~ ET DE D~PENDANCE CONTINUE 161

de sommet (xi°!' x~O), t(O»).


On admet que ce conoïde forme avec le
plan t = 0 un domaine D du type mentionné ci-dessus.
Comme plus haut, dire que la solution dépend continûment des
conditions initiales revient à dire que si f 0 et les fonctions ==
<Po (Xl' X 2 ) et <Pl (Xl' X 2 ) des conditions initiales
lu 1 t=o = <Po (Xl' x 2 ); IUt 1 t=o = <Pl (Xl' x 2) (204)
sont petites (dans un sens quelconque), alors il en est de même de la
solution U (Xh X 2 , t). Supposons que par conditions initiales petites
on comprenne que les intégrales L (0) et K (0) sont petites, c'est-à-di-
re que L (0) ~ e et K (0) ~ e, où e est un nombre strictement positif
petit. De (201) il s'ensuit alors immédiatement que
K (t) ~ 2ee Ct ; IL lt) ~ 2ee Ct
sur le domaine D tout entier. On démontre que la solution dépend
continûment des conditions initiales non seulement dans l'hypothèse
que les intégrales K (t) et L (t) sont majorées, mais aussi dans l 'hypo-
thèse que le module de la fonction U l'est pour n = 1, c'est-à-dire
pour le cas de deux variables indépendantes: Xl et t. Ceci résulte
directement de la méthode de Riemann [1-2-16] si l'équation a été
ramenée à la forme canonique adoptée dans la méthode de Riemann.
Si l'on a affaire à plus de deux variables indépendantes, alors les
inégalités indiquées ne nous permettent pâs de conclure que U (pour
f == 0) est petite si 1 <Po 1 et 1 <PIlle sont. Traitons le cas n = 1
à l'aide des inégalités établies plus haut.
Les variables indépendantes sont X et t et le domaine D est un
trapèze ABBIA I dont les côtés latéraux sont généralement curvili-
gnes. La droite AlBI a pour équation t= T. Supposons que l'équation
du côté AA I est X = ~l (t) et celle du côté BB I , X = ~2 (t). On admet
que les fonctions <Po (x) et <P l (x) des conditions initiales (204) et la
dérivée de <Po (x) sont petites en valeur absolue. Sous ces conditions,
les intégrales des carrés de ces quantités prises le long de la base AB
de D seront petites. Donc, il en sera de même de L (0) et K (0) et
l'on aura
~2(t)

K (t) = ) [a (x, t) ui + un dx,


~1(t)

où a (x, t) ~ m > O. La 'petitesse de L (0) et K (0) entraîne, en vertu


des majorations précédentes, celle de L ft) et K (t) pour 0 ~ t ~ T.
D'où l'on déduit que les intégrales
62(t) ~2(t) 62(t)
2
) u (x, t)dx; ) u~(x, t)dx; ) ui (x, t) dx (205)
SI (t) il(t) ~1(t)

11-0tOI7
162 CH. I. THeORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

sont petites. Supposons que ces intégrales sont inférieures à f}>O. c,


L'inégalité de Cauchy-Bouniakovski nous donne
{u (x, t) - U [~1 (t), t]}2 =
x x x
= [ ) ux(x', t) dx' J2 ~ ) ui (x', t) dx· ) f2dx,
~1(t) ~1(t) 61(t)

d'où
{u(x, t)-U(~I(t), t)}2~a" [~I(t)~X~~2(t)], (206)
où a = ~2 (0) - SI (0) dans D.
Grâce à l'inégalité de Cauchy-Bouniakovski on trouve la majo-
ration
x
[ ) lu(x', t)ldx'J2~af},
~1(t)
(207)
[61 (t)~X~~2 (t)].
De (206) il s'ensuit que
u [~1 (t), t] = u (x, t) + v (x, t), où Iv (x, t)l ~yaf). (208)
En intégrant les deux membres par rapport à x entre ~1 (t) et 62 (t)
et en se servant de (207), on obtient

lu [SI (t), t] 1~
lf all
b + y-
af}, (209)

où b = ~2 (T) - 61 (T), de sorte que 1 U [SI (t), t] ~ (1 b_l) Y af}. +


En vertu de (208) et de la dernière inégalité, on obtient la majoration
(210)
où f} est la majoration des intégrales (205), b = 62 (T) - 61 (T).
On a donc majoré 1 u (x, t) 1 dans le domaine D tout entier en suppo-
sant que b > O. Majorons maintenant la solution u (x, t) en fonction
du second membre f.
Supposons que f est non nul et que les conditions initiales sont
de la forme (203). Soit 1 f 1 ~ Mo, où Mo > O. En vertu de (196) et
de (201), il vient alors
K (t) + LI(t)~atM:eCt. (211)
On \peut se servir non pas de la majoration de 1 f 1 mais de celle Ide
la fonction M (t l ) figurant dans la formule (201).
Les intégrales K (t) et L (t), établies pour la différence U 2 - Ul
de) deux solutions U 2 et U 1 de l'équation (181) avec des seconds mem-
1-2-29. CAS DE L':eQUAT10N DES ONDES 163

bres différents' mais les mêmes conditions initiales, sont aussi petites
que l'on veut si 1/2 - /1 1 est assez petite.
Pour n = 1 on peut comme plus haut en déduire une majoration
pour / U 2 - Ul /.
1·2·29. Cas de l'équation des ondes. Il est immédiat de voir (cf.
(191» que les solutions de l'équation des ondes
n
2J U x .x . -
i=1 1 1
Utt = 0 (212)

VÉrifient l'inégalité énergétique


ft n
) (~u~i+uï)dx~) (~Uii +z4)dx, (213)
B(t) i=1 B(O) i=1

où dx = dXl ... dxn • Cette inégalité a été établie dans l'hypothèse


que U possède des dérivées premières et secondes continues. Si U
possède dans les domaines considérés des dérivées continues jusqu'à
l'ordre m +
1, alors n'importe quelle dérivée DIU, l~ m - 1 est
aussi solution de l'équation (212) et par conséquent vérifie l'inégali-
té (213), c'est-à-dire que
n n

) [~ (D 1u x ,)2 + (D ut)2] dx~) [~(D1UXI)2+


1
(D 1ut)2J dx. (214)
B(t) i=l B(O) i=1

La formule de Poisson (tome II, [VII-1-9J) nous donne la solu-


tion du problème de Cauchy pour l'équation (212), solution dont la
régularité croît avec celle des dérivées des conditions initiales <p (x)=
= u 1t=o et '" (x) = Ut 1 t=o.
Les inégalités (214) nous permettent d'étudier la solubilité du
problème de Cauchy pour des conditions initiales non régulières.
En effet, supposons que <p est une fonction de carré sommable dans
la boule BR = {x: 1 x 1 < R} et possède dans BR des dérivées dis-
tributionnelles jusqu'à l'orde m, de carré sommable sur BR (to-
me IV!, [I1I-5J, [111-61). Autrement dit, admettons que <p E W~ (BR).
On supposera que la fonction'" E W~ -! (B R)*). De même que dans
les cas m = 1 et m = 2 (tome IV!, [III-71), l'ensemble W~ (BR)
peut être traité comme un espace hilbertien muni du produit scalaire
m

(q>, ~)m = ) [q>~+ ~ ~ Dl<pDI~J dx,


BR 1=1 (l)

*) Il est d'usage de désigner wg (D) par L 2 (D).


11*
164 CH. 1. THÉORIE DES 111QUATIONS AUX D111RIV111ES PARTIELLES

OÙ Dl désigne une dérivée d'ordre l de type quelconque, ~), la som-,


me de telles dérivées. On démontre que W~ (BR) est un espace hil- l
hertien complet. ~
Désignons par qJ h les moyennes de qJ définies au (tome IV l' [III-21).
On sait que qJ h sont des fonctions indéfiniment dérivables dans B R - h
convergeant vers qJ lorsque h~ 0 pour les normes des espaces
W~ (BRJ, où RI < R. De façon analogue, 1Ph convergeront vers $
pour les normes de W~-l (B RI)'
Soit Uh (x, t) la solution du problème de Cauchy pour l'équa-
tion (212) qui vérifie les conditions initiales qJh et 1Ph' On voit sur la
formule de Poisson que Uh possède des dérivées continues de tout
ordre. Faisons tendre h vers 0 et étudions ce passage à la limite
dans le cône Dl = { (x, t): 1 x 1 < RI, 0 < t < 1 x Il. Le cône Dl
vérifie toutes les conditions imposées au domaine D de [I-2-271,
donc les fonctions Uh sont justiciables des inégalités (214) dans les-
quelles le rôle de B (t l ) incombe aux sections de Dl par le plan t=t l •
Ces inégalités ont également lieu pour les fonctions V l ,2 (x, t) =
= Uhl (x, t) - Uh2 (x, t) (car celles-ci sont aussi solutions de l'équa-
tion (212)), c'est-à-dire que
n

} [~ (D l v1. 2xi)2+ (D 1v1. 2t)2 ] dx~


B(t) i=i
n
~ } [~(DlVi. 2xi)2 + (D lV1. 21)2] dx. (215)
B(O) i=1

Le second membre de (215) tend vers 0 avec hl et h 2 pour l = 0, 1, 0 ••

o 0m - 1, donc il tendra vers 0 sur toute section B (t), t E [0, Rll.


• ,

Les fonctions VI. 2 tendent aussi vers 0 pour les normes de L 2 (B (t)),
puisque pour toute fonction V régulière on a
t

(x, t) = v (x, 0) + } Vtl (x~ t I ) dt lt


V
o
donc (en vertu de l'inégalité de Cauchy-Bouniakovski)
t

V2 (x, t) ~ 2v 2 (x, 0) -t-- 2t } vl1 (x, t 1) dt l


o
et
t

J v2dx~2
B(t)
} v 2 dx+2t}
B(O)
l
0 BU!)
v~! dxdxIo (216)

En intégrant (215) et (216) par rapport à t entre 0 et t 2 ~ RI, on


s'assure que les fonctions VI, 2 tendent avec toutes leurs dérivées jus-
1-2-29. CAS DE L'~QUATION DES ONDES 165

qu'à l'ordre m· vers 0 pour la norme de L 2 (Dl). En vertu de la com-


plétude de l'espace L 2 (Dl) et des propriétés des dérivées distribu-
tionnelles décrites dans le {tome IVI , (111-5], [111-61) il existe un
élément U de l'espace W~ (Dl) vers lequel convergent les fonctions Uh
pour la norme de W~ (Dl). Bien plus, on voit sur (215) et (216) que
Uh (x, t) convergent pour les normes de W~ (B (t» et Uht (x, t), pour
les normes de W~-l (B (t», quel que soit t E [0, R I l, de sorte que
U (x, t) E W~ (B (t» et Ut (x, t) E W~-l (B (t» quel que soit t E
E [0, RIL et U vérifiera les inégalités (214) et (216). Pour m ~ 2 la
fonction U sera solution de l'équation (212) pour presque tous les (x,
t) de Dl. On a ainsi réussi à trouver une solution du problème de
Cauchy pour l'équation (212) dans le domaineD I dans l'hypothèse que
les conditions intiales q:J et 11' sont des éléments de W~ (BR) et
W~-l (BR) respectivement (m~ 2). Bien plus, on a montré que la
régularité de cette solution n'est pas affectée par la croissance de t
si U (x, t) E W~ (E (t» et Ut (x, t) E W~-l (B (t». Si q:J et 11' varient
peu pour les normes des espaces W~ (B R) et W~ -1 (B R) respective-
ment, alors il en est de même de la solution correspondante U et
de sa dérivée Ut pour les normes des espaces W~ (B (t» et W~-l (B Ct)~.
De façon plus exacte, si Uk' k=1, 2 sont les solutions de l'équation
(212) vérifiant les conditions initiales q:Jk et lPk' k = 1, 2, alors
leur différence v = UI - U2 satisfait les inégalités (214) et (216)
qui caractérisent la dépendance continue des solutions du problè-
me de Cauchy par rapport aux conditions initiales pour les normes
intégrales correspondantes. La solution du problème de Cauchy trou-
vée plus haut est unique dans la classe des fonctions de W~ (Dl)'
m ~ 2. En effet, les raisonnements du (1-2-27] s'étendent à ces fonc-
tions si toutes les intégrales sont des intégrales-Lebesgue et si les
inégalités sont considérées non pas pour tous les t mais pour presque
tous les t de [0, T].
Attirons l'attention sur le rôle particulier des espaces W~ (B (t»
pour les équations hyperboliques. Ces espaces nous ont permis de
mettre en évidence une propriété assez importante des solutions des
équations (212), à savoir que leur régularité n'était pas altérée par
la croisance de t. Bien plus, étant donné que l'inversion du temps
(c'est-à-dire le changement de ten -t) ne modifie pas l'équation
(212), le problème de Cauchy se résout dans ces espaces de façon
analogue pour les t décroissants. Donc, la régularité des solutions
n'est pas altérée par la décroissance de t. On a ainsi établi le fait
suivant: les solutions de l'équation des ondes sans second membre
conservent à tout instant t la régularité qu'elles avaient à l'instant
initial. Ceci est vrai si la régularité des solutions U est caractérisée
par le fait que le couple {u (x, t); Ut (x, t} est un élément des espaces
W~ (B (t» X W~-l (B (t», tE] - RI' RIl. Cette propriété n'a
pas lieu dans d'autres espaces. Elle est mise en défaut si par exemple
la régularité des solutions est caractérisée par la continuité de telle
166 CH. I. TH~ORIE DES ~QUATIONS AUX D~RIV~ES PARTIELLES

ou telle dérivée (R. Cou r a n t, D. H i 1 ber t, Methoden der


mathematischen Physik. Berlin, 1931).
On a montré comment utiliser l'inégalité (213) et les inégalités
(214) qui en découlent pour résoudre et analyser le problème de
Cauchy pour l'équation (212). On peut de façon analogue étudier en
détail l'équation des ondes avec second membre. Bien plus, l'iné-
galité (201) et celles qui en résultent sont fondamentales pour
l'étude du problème de Cauchy pour les équations hyperboliques
générales (181). Nous allons illustrer ceci dans le chapitre suivant
sur des problèmes plus compliqués pour les équations (181) et mon-
trer comment à partir des résultats obtenus il est possible d'établir
la solubilité du problème de Cauchy.
1-2-30. Théorème d'immersion dans l'espace des fonctions con-
tinues et certaines de ses conséquences. Si une fonction f(x), xE De Rn
possède des dérivées distributionnelles de carré sommable par rap-
port à tous les Xi jusqu'à l'ordre l et l ~ [ ; ] +
1, alors elle est
équivalente à une fonction Î (x), continue dans D, et max 1 Î (x) 1
xCD
admet une majoration qui dépend de la norme de f dans l'espace
WJ (D). Ceci est vrai sous certaines contraintes imposées à D, par
exemple, pour un domaine D de frontière régulière. La proposition
précédente est un cas particulier des théorèmes d'immersion de Sobo-
lev. On se propose d'établir une proposition plus faible: la continui-
té de
A
l
(x) seulement dans un ouvert D et une majoration pour
max 1f (x) l, où D' cD. On commencera par le
xED'

Thé 0 r ème 1. Si une fonction f (Xl' . . • , x n ) possède à l'inté-


rieur d'une boule D à n dimensions des dérivées continues jusqu'à un
ordre· l et si

(a=O, 1, ... , l), (217)

alors dans toute boule Dl concentrique et intérieure à D, on a les


majorations suivantes:

où [~ ] est lapartieentièrede; et c, une constante ne dépendant que du


choix de Dl.
1-2-30. THeORËME D'IMMERSION 167

Composons la fonction auxiliaire

(1 pour
1
a (x) = {O pour (219)
1 11 1 2
l 2 +"2 pour ~ < x <3" '

1
T- x
u = ----:--:::---~----;--
(~-x)(x-~)'

Il est évident que U~ + 00 lorsque x~ ~ et U~ - 00 lorsque


X~ i . Ceci étant, a (x) tend respectivement vers 1 et 0 et il est
immédiat de vérifier que toutes les dérivées de cr (x) sont continues
pour x = ~ et x = ~ . Soient Mo un point de Dl, et k, la différence
des rayons de D et de Dl' Considérons le système de coordonnées
sphériques de centre Mo:

= r cos 81 ;
Xl

x = r sin 8 cos 8 ;
. . 2. . . . . 1. . . 2. ... .. .. .
x n - 2 = r sin 81 ••• sin 8n - a cos 8 n - 2 ;
x n - l = r sin 81 ••• sin 8 n - 2 cos ,p;
x n = r sin 81 ••• sin 8 n - 2 sin ,p,

o~ 8k ~ n et 0 ~ ,p < 2n. Pour le volume élémentaire on a


dw n = r n - l sinn -2 81 sin n -3 8 2 • • • sin8n -2dr d8 1 •• • d8 n -2d ,p.
En éliminant dr et en faisant r = 1, on obtient l'aire élémentaire
dan de la sphère unitaire. Introduisons la fonction

F (M) = f (M). a1- l


ôr1-1
[r
(l-1)1
l l
-
a ( hr ) ]
-

-
ôl (M)
ôr
ôl -
• ôrl-2
2
[r
(l-1)!
l l
-
a .h
( r ) ]
+ ...
al-II (M) [ r l- l
a(~)J,
, 1-
... ~. (-1) 1 ôr l - l • (l-1)!
168 CH. 1. TlffiORIE DES ~QUATIONS AUX D~RIV~ES PARTIELLES

où r = M aM. On vérifie immédiatement que


F (Mo) = 1 (Mo); F (M) = 0 pour r= k,

ôFô~M) = 1 (M). ::1 [(l~:)1 a( ~ ) J+


+(-1)
1- ôll
l'ôr l '
[r
(l-1)!
l 1
-
a( r )
h' J (220)

et l'on peut écrire


h
1 (Mo) = -) ôFô(~) dr,
o
l'intégration étant effectuée le long d'une demi-droite issue de Mo.
En multipliant les deux membres de cette formule par dan = dw n :
rn-Idr et en intégrant surIes intervalles 0:::;;; es:::;;; n; 0:::;;; 'l':::;;; 2n, on
obtient
- -1 ~ ôF.::l(M) r -n+l dx dX
1(M o) = O'n ur t • •• n,
Do

OÙ Do est une boule de centre Mo et de rayon k, et an l'aire de


la sphère unitaire de Rn' Si l'on pose k = [ ; la formule J,
précédente devient
_1_ ~ _1 ôF (M)
1 (M o) -- - O'n
11. ô
r r
r h-n+l d Xl • ••
dX
n,
Do

d'où l'on déduit grâce à l'inégalité de Cauchy-Bouniakovski


12 (Mo) :::;;;
-- 1 J\ (1rh
~ O'~
ôF (M) ) 2 d
ôr Xl • ••
d n
X J\ r 2k-2n+2r n-t d rde
I' • •
de d.l,
n-2 't'.
Do Do

Dans la dernière intégrale, l'exposant est égal à 1 pour n pair et


à 0 pour n impair. Donc

12 (Mo):::;;; Cl J\ (1rh ôF (M) ) 2


ôr dX I ••• dx n , (221)
Do

où la constante Cl ne dépend que de k. Revenons à la formule (220).


Le coefficient en 1 est nul pour r:::;;; ~ en vertu de (219). Par ailleurs,
la règle de dérivation d'une fonction composée nous permet d'affir-
mer que :;, est une combinaison linéaire des dérivées d'ordre l par
1-2-30. THÉORt:ME D'IMMERSION 169'

rapport à Xl' •. , X n à coefficients bornés. On peut donc écrire


1 {)F (M) ~ {)lt
Th {)r = al + L..J aal ... an a
Xl
al
•.•
a an '
xn

OÙ a est une fonction continue bornée et 1 aal ... an 1~ c 2r l - h -1._


Tous les coefficients sont bornés pour l ~ k 1, c'est-à-dire pour +
J
l ~ [ ~ + 1. Donc, compte tenu de la relation (Xl + ... + Xn )2 ~
~ n (xi + ... + X~) et de (217), on déduit à partir de (221)
12 UWo)~ c2A2,
OÙ la constante c ne dépend que de h. Si pour un entier naturel ~ > 0'
on al'inégalitél-~~[;J +1, i.e. ~~l-l;J-1, alors
on peut reprendre tous les raisonnements précédents en remplaçant
1 par l'une quelconque de ses dérivées partielles d' ordre ~ et l par-
(l - ~).
On a donc établi les majorations (218). C. q. f. d.
Supposons maintenant que la fonction 1 remplit toutes les con-
ditions du théorème, mais qu'elle n'est pas continue avec ses déri-
vées, autrement dit, 1 est un élément de l'espace W~ (D). Considé-
rons une boule D 2 concentrique et intérieure à D. Considérons les
fonctions moyennes th sur D (tome IV l' [III-2J), en admettant que h-
est inférieur à la différence des rayons de D et de D 2. On a pour-
ces fonctions
f I~
D2
(x) dx~ )
D
j2 (x) dx. (222;

En effet, de la définition de !h et de l'inégalité de Cauchy-Bou-


niakovski il résulte que
) I~ (x) dx = ) [ h1n ) û) ( 1X ~ YI) 1(y) dy] 2 dx ~
D2 D2 /x-y/<h

~ ) [h~ ) û) ( IX~YI ) dy h~ ) û) ( IX;;YI ) 12 (y) dy] dx=:


D2 1x-y f<h 'x-y I<h

= ) [ h1n ~\ û) ( 1X ~ YI) j2 (y) dy ] dx ~


D2 'x-y I<h

~) [j2(y) ~ln ) û) ( IX~YI) dxJ dy= ) j2(y) dy_


D /'l.:-yl<h D

Comme a
()h! h a = (aàa
h!) , . s'ensuit que les
k~ l, Il
axl l ... ax n n xl ... à an
n
hl X

intégrales des carrés de tOutES les dérivéEs {)hih ,0 ~k ~ l,.


a xaI
1 ... axan
n
170 CH. 1. TH:~ORIE DES :eQUATIONS Aux D:eRIV:eES PARTIELLES

<étendues à D 2 sont inférieures à A2, donc


l

lJlfhll~l,)D2={) [fh+ ~ ~ (aXa.l~~~haxa.n )2Jdx}1/2~cIA. (223)


D2 k=l (k) 1 n

,On sait par ailleurs (tome IV l, [III-3]) que les fonctions h ten-
·dent vers f lorsque h -+ 0 pour la norme de W~ (D 2 ) , définie par
{223), donc 1/ f h l - ! h 2 ,,~l,> D2 -+ 0 lorsque hl, h 2-+ O. En vertu de
]'inégalité (218) appliquée à la fonction !h1 - /h2 et à une boule Dl
·etmcentrique et intérieure à D 2 , la différence fh 1 - f h 2 tend avec
-toutes ses dérivées par rapport à x jusqu'à l'ordre l - [ ~ J- 1
-vers 0 uniformément en x EDl lorsque hl, h 2 -+ O. Comme de plus
les fonctions fh sont indéfiniment dérivables, la fonction limite
1 sera continue dans Dl avec ses dérivées jusqu'à l'ordre l -
-[ J ~ -1. La fonction Î est confondue avec f pour presque
-tous les x. On a ainsi démontré le
Thé 0 r ème 2. Si des conditions du théorème précédent on
<écarte celle qui porte sur la continuité de f et si les dérivées de f sont
.distributionnelles, alors il existe une fonction Î équivalente à f et con-
.tinue avec ses dérivées jusqu'à l'ordre l - [ ; J- 1 dans l'ouvert D .
.De plus, on a les majorations (218) pour t
Ce théorème et les résultats du paragraphe précédent nous per-
mettent de tirer les conclusions suivantes sur l'existence des solu-
;tions classiques du problème de Cauchy pour l'équation (212):
Si cp (x) = ult=o est un élément de W~ loc (Rn) et 'li' (x) = ut/t=o,
.un élément de W2:ï~c (Rn), et m>l+ [ nt
1
J
+ 1, l>2, alors
la solution correspondante u (x, t) du problème de Cauchy pour
.l'équation (212) est continue et admet des dérivées continues
jusqu'à l'ordre l.
Dire que cp E w~ loc (Rn) revient à dire que cpE w~ (B) pour
toute boule Be Rn. Les raisonnements du numéro précédent en-
traînent l'existence d'une solution u (x, t) du problème de Cauchy
.appartenant à w~ loc (Rn+ 1 ). Ceci et le théorème 2 ci-dessus affir-
ment la continuité de u (x, t) et de ses dérivées jusqu'à l'ordre
.l=m-[ nt 1 J-1.
La solution du problème de Cauchy pour l'équation 0 u =
-= f (x, t) avec les mêmes conditions initiales sera classique si

f Ewm-l
2, 100
(Rn+!)
+ ,
1-2-31. SOLUTIONS DISTRIBUTIONNELLES 171

1-2-31. Solutions distributionnelles des équations du second ordre.


Au [I-2-15J on a étudié la question de savoir lesquelles des fonctions
u (x, t) définies dans un domaine D, possédant des dérivées par-
tielles premières discontinues sur une surface régulière a et vérifiant
les équations Ou = 0 ou Ou = /, il convenait d'appeler solutions
(plus exactement solutions distributionnelles) de ces équations dans
D. Du point de vue physique, c'est-à-dire si un problème de physi-
que nous conduit à ces équations, il faut imposer à ces fonctions u la
condition [P (u)J()' = 0 qui dit qu'aucune force extérieure n'est
concentrée sur la surface de discontinuité. Du point de vue mathé-
matique, il faut que ces fonctions soient justiciables de la formule
de Green (79) dont le rôle est déterminant dans l'étude des équations
différentielles. Au [I-2-15], on a montré que ces conditions sont
équivalentes si u présente des discontinuités « régulières »,c'est-à-
dire remplit des conditions cinématiques de compatibilité et si les
surfaces de discontinuité sont régulières. Les fonctions u remplis-
sant toutes ces conditions et vérifiant l' équation 0 u = / en dehors
de a, satisfont l'identité

) u 0 11 dx dt= ) /11 dx dt (224)


D D

pour tout 11 E Cr: (D). D'autre part, au (tome IV l , [111-5], [111-6])


on a défini les notions de dérivées distributionnelles et d'opérateurs
différentiels distributionnels pour les fonctions de L 2 (D). Dans le
langage de ces notions, l'identité (224) exprime que l'opérateur
distributionnel 0 a été défini pour u et que 0 u = /'
On dira qu'une fonction u (x, t) est une solution distributionnelle
de la classe L 2 de l'équation 0 u = / dans un domaine D si elle est
de carré sommable sur tout domaine D' c D et si elle est justiciable
de l'identité (224) pour tout 11 E C~ (D). Dans la suite, par D'on
comprendra des domaines bornés tels que D' cD.
De façon analogue, on appelle solution distributionnelle de la classe
L 2 dans le domaine D de l'équation
n n
L (u) ==. ~ aihuxix1&
t, h=1
+!J
t=1
biuxi+cu=! (225)

toute fonction u (x) de carré sommable sur tout domaine D'et


vérifiant l'identité

D
JuL* (11) dx= J/11 dx
D
(226)
172 CH. 1. TH~ORIE DES ~QUATIONS AUX D::eRIV~ES PARTIELLES

pour tout 1'] E C~ (D). L'opérateur L* est l'adjoint de L au sens


de Lagrange, c'est-à-dire

Pour que cette définition soit correcte, il faut que les coefficients
aik admettent des dérivées secondes et les coefficients b h des déri-
vées premières. Supposons que les dérivées D1aik' l = 1, 2 et Db i
sont continues dans D. Les solutions des équations (225) de la classe
C2 (D) (les seules considérées jusqu'à présent) seront dites classiques.
Les solutions classiques de l'équation (225) vérifient l'identité
(226), car la formule de Green

j uL* (l']) dx = j 1']L (u) dx, (227)


D D

a lieu pour tout u E C2 (D) et tout 11 E Cr: (D). La réciproque est


vraie: si u E C2 (D) et vérifie l'identité (226), alors elle est solution
classique de l'équation (225). En effet, de (226) et (227) il s'ensuit
que

j [L (u) -f] 1'] dx= 0


D

pour tout 1'] E Cc: (D). De là il s'ensuit en vertu du théorème 2 du


(tome IV l' UII-5l) appliqué à un domaine D' que L (u) = f.
On a le
Thé 0 r ème 3. Si les coefficients de L sont constants dans D,
alors toute solution distributionnelle de L 2 de l'équation sans second
membre associée à (225) peut être approximée pour les normes de L 2 (D')
par des solutions classiques de la même équation.
En effet, soit u une solution distributionnelle de L 2 de l'équa-
tion sans second membre associée à (225) dans D, c' est-à-dire que
u E L 2 (D') pour tout domaine D'et

(228)

pour tout 11 E Cc: (D). Pour 11 prenons les fonctions moyennes Vh


décrites pour une fonction v E Cc: (D) dans le (tome IV l' [111-4]).
Ces moyennes appartiennent à Cc: (D) pour h assez petit. Le noyau
médiateur ne dépendant que de la différence des arguments, l'égalité
D1vh = (DlVh a lieu pour toute dérivée Dl de v. Donc L (Vh) =
= (L (v)h. D'autre part, il est immédiat de vérifier à l'aide du
I-2~31. SOLUTIONS DISTRIBUTIONNELLES 173

théorème de Fubini que

) uWhdx= ) Uh wdx (229)


D D
quelles que soient U E L 2 (D) et w E Cr;' (D) si h est assez petit
(h doit être strictement inférieur à la distance du support de w à la
frontière de D). De tout ce qui précède il s'ensuit que

0= ) uL* (Vh) dx= ) u (L* (v)h dx =


D D

= ) UhL* (v) dx= ) L (Uh) v dx. (230)


D D
Soit un domaine D' cD. Les relations (230) sont valables pour tout
v E Cr;' (D') et h strictement inférieur à la distance de D' à la fron-
tière de D. Ceci nous permet d'affirmer en vertu du théorème 2 du
(tome IV l' [III-41) que L (Uh) = 0 dans D', c'est-à-dire que Uh est
une solution classique de l'équation sans second membre associée à
(225). Lorsque h -+ 0 les fonctions Uh convergent vers la solution
distributionnelle U pour la norme de L 2 (D'). C. q. f. d.
Il est immédiat de voir que la réciproque est vraie aussi: si une
jonction U peut être approximée pour les normes de L 2 (D'), D' c D,
par des solutions classiques Um de l'équation sans second membre asso-
ciée à (225), alors elle est solution distributionnelle de cette équation
dans le domaine D.
On aurait pu se servir de ces deux propositions pour définir les
solutions distributionnelles de l'équation L (u) = 0 dans D comme
la limite, pour les normes de L 2 (D'), de ses solutions classiques.
Cette définition aurait été identique à celle donnée plus haut. Cepen-
dant nous ne ferons pas intervenir cette définition, car elle n'est
valable que pour des opérateurs L à coefficients constants (ou, plus
généralement, assez réguliers). Signalons seulement que c'est préci-
sément cette approche ,qui a été développée dans les années 30 par
S. Sobolev dans l'étude des solutions discontinues de l'équation des
ondes et la résolution du problème de Cauchy corrrespondant. Par
la suite, Sobolev et de nombreux autres auteurs se sont penchés
sur la résolubilité du problème de Cauchy pour des équations hy-
perboliques à coefficients variables en se basant sur les solutions
classiques du problème de Cauchy pour des équations spéciales
approximant l'équation donnée. Les solutions distributionnelles de
l'équation (ou du problème de Cauchy correspondant) ont été dé-
finies comme la limite (pour telle ou telle norme) de solutions clas-
siques des équations approximantes (ou du problème de Cauchy
correspondant). Si de bonnes représentations intégrales ont été
174 CH. I. THeORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

trouvées pour les solutions des équations ou des problèmes aux


limites correspondants, alors ces représentations ont été utilisées pour
déterminer les solutions distributionnelles (cf. travaux de N. Gunter,
G. Leray et autres). Le rôle dominant de l'identité (226) n'est pas
apparu d'emblée bien que cette identité ait figuré dès les années
20 dans de nombreux travaux (par exemple, dans le travail de
N. W i en e r, The Operational Calculus. Math. Ann., 1926, 95,
pp. 557-584).
Plus tard (à la fin des années 40- début des années 50) les solu-
tions distributionnelles du problème de Cauchy et des problèmes
aux limites pour des équations de types divers ont été définies sans
faire appel aux représentations de ces solutions et aux processus
d'approximation. Ces définitions qui se basent sur des identités
intégrales ont été fécondes pour la résolution des problèmes aux
limites. C'est précisément cette approche qui a été systématique-
ment développée dans les travaux de O. Lad y j e n s k a ï a et
notamment dans sa monographie Problème mixte pour l'équation
hyperbolique. Ces travaux mettent l'accent sur l'adéquation de
l'introduction non pas d'une seule classe de solutions distribution-
nelles du problème, mais de toute une famille de classes de solu-
tions distributionnelles si les coefficients de l'équation sont des
fonctions suffisamment régulières. En revanche, si les coefficients
ne sont pas suffisamment réguliers, il est souvent possible de ratta-
cher à cette équation une classe bien définie de solutions distribu-
tionnelles. Ainsi, par exemple, si les dérivées des coefficients aik
ou b i de l'équation (225) ne figurent pas dans l'expression de L*,
alors la définition des solutions distributionnelles basée sur l'iden-
tité (226) est illicite. Dans le chapitre suivant, on exhibera une
définition des solutions distributionnelles de divers problèmes aux
limites, appartenant à différents espaces fonctionnels et l'on mon-
trera comment appliquer ces définitions à l'étude de la résolu-
bilité de ces problèmes.
Etudions le problème de Cauchy suivant:
n n
L(u)e= ~ aikuX.X1&+ ~ biux.+cu-utt=f, (231)
i, k=1 l i=1 l

U It=o = cp (x), Ut It=o = 'P (x), (232)


en admettant que les coefficients de L sont des fonctions assez ré-
gulières (c'est-à-dire, différentiables autant de fois qu'il le faut)
et que l'équation est hyperbolique. Multiplions l'équation (231)
par une fonction arbitraire 'Y) (x, t) E C':' (Rn +1) (on rappelle que
les fonctions telles que 'Y) (x, t) possèdent un support compact) et
intégrons la relation obtenue sur le domaine R~+I= ({x, t) : x ERn,
t > O}. Intégrons le premier membre par parties de telle
sorte qu'il ne reste aucune dérivée de u. On obtient ainsi des inté-
1-2-31. SOLUTIONS DISTRIBUTIONNELLES 175-

grales étendues au plan R: = (ex, t): x E Rn, t = O} ~t contenant.


les fonctions u 1t=o et Ut 1t=o qui seront remplacées par cp et'i' en vertU!
de (232). En définitive, on est conduit à l'identité

J 1 uL* ('ll) dx dt + J('i''ll- CPT)t) dx = (233)1


R:+ R:

n
L* ('ll) = ~
{) (b (rl)
OZi
+ e'YI _
'1
'YI
'Itt
i, k=l

et où toutes les intégrales sont pratiquement étendues à un domaine.-


borné dans lequel 'll (x, t) est non nulle.
Appelons solution distributionnelle de la classe L 2 du problème de'
Cauchy (231), (232), une fonction u de la classe L 2 , loc (R~+I) (c'est-à--
dire, une fonction de carré sommable sur toute partie bornée dlL
domaine R";+I) et vérifiant l'identité intégrale (233) pour tout
11 E C:' (Rn +1). -
Il est clair que si les coefficients de L possèdent des dérivées con--
tinues figurant dans L*, si f E Li, loc (R,,;+I) et si cp et 'i' sont des-
éléments de Li,lOC (Rn), alors cette définition est correcte, autre--
ment dit, toutes les intégrales figurant dans (233) sont convergentes.
Les solutions classiques du problème (231), (232) vérifient l'identité,
(233). Si d'autre part une fonction u satisfait à cette identité pour-
tout 'll E Cc:
(Rn +1) et est bicontinûment dérivable pour t ~ 0, alors
elle sera solution du problème (231), (232). Pour s'en assurer il
faut intégrer le premier membre de (233) par parties, ce qui conduit.
à l'identité

1 [L(u)-f]'lldxdt+ ) [('i'- U t)11-(<J>-u)'llt]dx=O. (234}


R:+ i
R~
Les intégrales étendues à R: sont nulles pour 'll E Cc: (R:+ 1 ) et de-
cette identité il s'ensuit en vertu du théorème 2 du (tome IV 1 ,·
[111-5]) que Lu = f dans R:+l. Donc, l'identité (234) équivaut à,
l'identité
1[('i'- u,) 11 - (q> - u) 'llt] dx = o. {235}
R:
Considérons maintenant les 'll E Cr: (Rn+ 1 ) qui sont nuls pour t = O.
Donc, l'intégrale qui contient 'll disparaîtra de (235) et de l'identit€
obtenue il s'ensuivra {toujours en vertu du théorème 2 du (tome-
IV 17 [111-5]) que cp = ult=o, car pour 'llt'J=o on peut prendre une-
176 CH. I. TH:eORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

fonction quelconque de Cr: (Rn). L'identité (235) se réduit donc à

.\ ('P - Ut) Tl dx = 0,
R~
-d'où l'on déduit par analogie que'P = Utlt=o' Ainsi donc l'identité
{233) recèle toute l'information nécessaire sur le problème (231),
(232). De la démonstration de ce fait, on voit à quel point il est
essentiel que cette identité soit réalisée pour tout 'Y) E C': (Rn +1).
:Si l'on avait considéré une classe plus étroite de fonctions 'Y) , par
exemple, la classe C': (R~+1), on n'aurait pas pu prouver que la
fonction U satisfait les conditions initiales (232). De tout ce qui
précède il est clair que la définition de la solution distributionnelle
du pr'oblème (231), (232), exhibée plus haut, généralise bien la
notion de solution classique. Cette généralisation est indispensable
.:Si les fonctions f, cp et'P ne sont pas assez régulières. Si, par exemple,
la fonction f est discontinue ou si cp et'P ne sont pas dérivables, alors
le problème (231), (232) n'admet pas visiblement de solutions clas-
:siques (c'est-à-dire de solutions deux fois continûment dérivables
.dans R~ +1).
Cependant la généralisation de la notion de solution du pro-
blème (231), (232), implique encore une justification. Plus exacte-
ment, au [1-2-28] on a montré que, dans la classe des solutions clas-
.:Siques, le problème (231), (232) est déterministe, c'est-à-dire qu'il
ne peut admettre deux solutions distinctes. Il y a intérêt à préserver
~ette importante propriété des problèmes dynamiques, faussi est-il
nécessaire d'établir si le théorème d'unicité n'est pas mis en défaut
·dans la classe des solutions distributionnelles définie plus haut.
La démonstration exhibée au (I-2-27] ne passe pas, car les solutions
oétudiées doivent posséder des dérivées distributionnelles du second
·ordre au moins. Une autre démonstration du théorème d'unicité a été
proposée au début du siècle par Holmgren. Mais cette démonstration
implique la résolution dans la classe des solutions classiques du
problème adjoint pour des conditions initiales et des seconds mem-
bres suffisamment réguliers et à support borné. Or ce problème est
pratiquement identique au problème initial (231), (232). Ce pro-
blème a été étudié dans le cas d'équations à coefficients variables
par Hadamard, puis par Schauder et autres par des méthodes assez
complexes et pour des coefficients de L pourvus d'un grand nombre
·de dérivées. Il était nécessaire d'élaborer d'autres méthodes de dé-
monstration du théorème d'unicité pour les solutions distributionnel-
les qui n'impliquent pas de trouver les solutions classiques du pro-
blème adjoint. Ceci a été fait dans les travaux de O. Ladyjenskaïa
au début des années 50 (cf. monographie citée à la page 174 et l'ar-
ticle: O. Lad y j e n s k a ï a, Sur la résolubilité des problèmes
aux limites fondamentaux pour équations paraboliques et elliptiques.
1-2-32. EXISTENCE ET UNICIT:m DES SOLUTIONS DISTRIBUTIONNELLES t77

DAN SSSR, 1954, 97, nO 3). Pour trouver les solutions distribution-
nelles du problème (231), (232), on peut se servir des méthodes de
Galerkine, aux différences finies, fonctionnelle de Lâdyjenskaïa
et autres.
1-2-32. Sur l'existence et l'unicité des solutions distributionnel-
les du problème de Cauchy pour l'équation des ondes. Les solutions
distributionnelles du problème de Cauchy pour l'équation des ondes
n
Ou==2J
i=l
ux.:c.-Utt=/
1 Z
(236)

peuvent être déterminées pour de « mauvaises » fonctions j, <P et·'\jJ


par la formule de Poisson-Kirchhoff. Si par exemple t E L 2, lac (Rn +1),
cp E ~, lac (Rll) et 'tP E L 2 , lac (Rn), alors on prend leurs moyennes
th' <Ph et 'tPh et les solutions classiques correspondantes Uh du pro-
blème de Cauchy pour l'opérateur D. Lorsque h ~ 0, les fonctions
th convergent vers t pour les normes de L 2 (D), les fonctions <Ph'
vers <p pour les normes de Wi (D) et les fonctions 'tPh' vers 'tP pour
'" '"
les normes de L 2 (D), où Det D sont des domaines quelconques borné$
de Rn+l et Rn respectivement. L'inégalité (202) pour L = 0 permet
de conclure à l'existence d'une fonction U (x, t), limite des fonctions
U,h (x, t) pour les normes de W; (D). Cette fonction limite sera une
solution distributionnelle du problème (236), (232). En effet, chaqué
fonction U,h vérifie l'identité (233) avec t = th' <P = <Ph' 'tP = 'tPh et
dans cette identité on peut passer à la limite pour h ~ 0 (pour un 'YI
fixe de Cc: (R n + 1 )). On s'assure en définitive que u vérifie cette
identité. La solution trouvée possède un plus grand nombre de
dérivées que celui exigé par la définition de la solution distribution-
nelle de L 2 • Pour construire des solutions correspondant à des fonc-
tions /, <p et 'tP moins régulières, il faut établir des inégalités qui
estiment une norme convenable de la solution en fonction des nor-
mes des éspaces contenant t, <P et 'tP. Au lieu de ces inégalités, on
se propose de prouver le théorème d'unicité du problème (236), (232)
dans la cla$se des solutions distributionnelles de L 2 à l'aide de la méthode
de Holmgren.
Soient u' et u" deux solutions de ce problème. Leur différence v
appartient à L 2 , lac (R~+l) et vérifie l'identité

J1 UDf) dxdt = 0 (237)


R:+
pour tout 1') ECo (R n +1). Considérons la bande
II = {(x, t): x ERn, t El 0, Tf}
12-01017
178 CH. 1. TH~ORIE DES ~QUATIONS AUX D~RIV~ES PARTIELLES

et le problème
o w=f""(x, t), W It=T=O, Wt It=T=O, (238)
en admettant que TEC': (II) *). La solution de ce problème est
donnée par la formule de Kirchhoff. C'est une fonction indéfiniment
dérivable, nulle pour t ~ T et aux points (x, t) tels que t E[- T, Tl
et 1x 1 est assez grand. En multipliant cette fonction par X(t), fonc-
tion indéfiniment dérivable, égale à 1 pour t ~ 0 et à 0 pour t ~ - T,.
on obtient une fonction ;;; lx, t) = W (x, t) X (t) de C': (Rn +1) qui
est confondue avec W (x, t) pour t ~ O. Donc, dans (237) pour 11 on.
peut prendre la fonction ;;;. En tenant compte de l'égalité Dw = 7~
on trouve
~ vT dxdt=O.
R~+l

Comme cette égalité est vraie pour toute fonction f E C': (II), on a
v == 0 dans II. T étant arbitraire, la fonction v 0 dans R~ +1.
-==
C. q. f. d.
1-2-33. Equations de type elliptique. Jusqu'ici nous n'avons étudié
le problème de Cauchy que pour des équations hyperboliques. Con-
sidérons maintenant une équation elliptique élémentaire, l'équa-
tion de Laplace de deux variables indépendantes:
U xx +u 1JU = O. (239)
On sait que toute solution de cette équation est la partie réelle-
d'une fonction analytique: j (z) = U (x, y) +
v (x, y) i (tome 111 2 ,.
[1-2]). Considérons une solution de l'équation (239) au voisinage
d'un point que l'on prendra pour origine des coordonnées. Suppo-
sons que U possède des dérivées premières et secondes continues en ce-
point et en son voisinage et écrivons la série entière de j (z) :
00

f (z) = .~ cnz n.
n=O

Cette série converge dans un disque 1 z 1 < R et de plus Cn = an +


+ bni sont des nombres complexes. En considérant la partie réelle-
des termes de la série
00

LJ (an + bni) (x +. yi)n


t (z) = n=O
*) Ce problème s'appelle problème adjoint du problème initial.
1-2-33. ~QUATIONS DE TYPE ELLIPTIQUE 179

on obtient polir u (x, y) une représentation en série suivant des poly-


nômes homogènes de (x, y):

r
00

u (x, y) = ~ {an x n - n (n2~1) X n- 2 y 2 + ... ] +


n=O

+ bn [ - nxn-1y + n (n- il (n-2) X n- 3 y 3 - - ••• ] } (240)

et cette série converge absolument pour V x 2 y2 < R. Mettons +


la série (240) sous forme d'une série double de x et y:
00

2J dpqxPyq, (241)
P. q=O

et montrons que cette série converge aussi si les valeurs réelles de


x et y sont assez voisines de O. En effet, les valeurs absolues des
termes de la série (241) sont inférieures aux termes de la série double
déduite à partir de la série
00

Li
n=O
Icn/(Ix/+ly/)n.
Or la série
00

2J
n=O
1Cn 1r n (r> 0)

converge pour r < R, d'où il résulte immédiatement que la serIe


(241) converge absolument pour 1 x 1 +
1 y 1 < R. En regroupant
les termes de la série (241), on obtient la série (240), autrement dit,
la somme de la série (241) est égale à u (x, y). Donc, toute solution
de l'équation (239) se représente par une série entière au voisinage
de tout point (x, y), pourvu que ce dernier ne soit pas un point de
discontinuité, en d'autres termes, toute solution de 1'équation (239)
est une fonction analytique de (x, y). De là il s'ensuit aussitôt qu'une
fonction harmonique est indéfiniment dérivable et que si deux fonc-
tions harmoniques sont confondues sur une partie du plan (x, y),
elles le seront partout sur ce plan.
Signalons que la situation est complètement différente pour
l'équation hyperbolique
u yy - a 2 u xx = 0, (242)
où a est un nombre réel donné. Cette équation admet la solution
évidente (tome II, [VII-1-2l)
u = cp (x ay), + (243,
où cp est une fonction arbitraire possédant des dérivées premIeres
et secondes continues. En théorie des fonctions d'une variable réelle
j 2*
180 CH. I. THÉORIE DES ÉQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES

on démontre qu'on peut construire une fonction cp Ct) possédant des


dérivées première et seconde continues mais pas de dérivée troisième
pour aucune valeur de t. Si cp Ct) est une telle fonction, la solution
de (242) n'admettra de dérivées troisièmes pour aucun (x, y) et
par conséquent ne peut être une fonction analytique de (x, y).
On peut envisager de poser le problème de Cauchy pour l'équa-
tion (239). On peut par exemple chercher la solution de l'équation
(239) qui véri.fie les conditions initiales

ulx=o = f o (y); uxlx=o = fI (y), (244)


où fo (y) et fI (y) sont des fonctions analytiques données de y (I-1-29].
Ce problème admettra une solution bien définie au voisinage du
point x = O. Mais ce problème est mal posé en ce sens que ses solu-
tions peuvent varier fortement pour de faibles variations des condi-
tions initiales. En effet, soient

fo (y) = 0 et fI (y) = 1..


n
sin (ny), (245)

où n > 0 est un nombre donné. Il est im.médiat de vérifier que la


solution de l'équation (239) qui satisfait ces conditions initiales est:
enx_e-nx .
U =. Ln~ SIn (ny). (246)

Supposons que n -+ 00. La condition initiale fI (y) tend alors vers


{) uniformément en y, car 1 sin (ny) 1~ 1 et la solution (246) tend
vers l'infini si x :f= 0 et ny est différent d'un multiple de n. En effet,
.si par exemple x > 0, alors e-nx -+ 0 et le rapport e nx /n 2 -+ 00 pour
n -+ 00, puisque enx croît plus vite que n 2 • Donc, lorsque les con-
·ditions initiales tendent vers 0, la solution tend vers l'infini. En
·d'autres termes, la solution du problème de Cauchy pour l'équa-
tion (239) ne dépend pas continûment des conditions initiales. S'agis-
sant de l'équation hyperbolique, cette dépendance par rapport aux
-conditions initiales a toujours lieu dans un sens ou dans l'autre
(cf. [1-2-28] ;[1-2-29]).
Nous avons établi l'analyticité des solutions de l'équation de
Laplace pour le cas de deux variables indépendantes. Il en va de
même pour le cas de trois variables indépendantes:
U xx + U yy + U zz = O.
Brossons la démonstration de cette affirmation. Supposons que l'on
soit en possession d'une solution de cette équation admettant des
dérivées premières et secondes continues en 0 et en son voisinage.
La fonction u sera analytique sur une boule de centre 0 et de rayon R.
1-2-33. :eQUATIONS DE TYPE ELLIPTIQUE 181

La formule (tome II, [VII-3-6l)


u(X,y,z)=
1 \ \ R2_(X 2 +y2+ Z2)
= 4nR J J u (~, 11, ~) [(X_;)2+(Y_lJ)2+(Z_~)2]3/2 dS (247)
s
nous permet d'exprimer la valeur prise par la fonction u en un
point intérieur quelconque (x, y, z) de la boule par l'intermédiaire
de la valeur prise en un point (~, 11, ~) de la frontière S de cette
boule. Pour les x, y, z situés au voisinage de 0, on peut développer
la fonction
[(x- ~)2+ (y - 11)2 +(z _ ~)2]-3/2=
3

= R-3 [ 1 + (X2+y2+Z2)_~~X+2lJY+2~Z) ]-2


en une série entière des puissances positives de (x, y, z) à l'aide de
la formule du binôme de Newton. L'intégrant de l'intégrale (247)
sera représenté par une telle série dont les coeffiCients dépendent de
(~, 11, ~). Une intégration terme à terms de cette série sur S nous don-
nera la série entière de u (x,. y, z).
On démontre de façon analogue que les solutions de l'équation
{)2
{)x2
U
+ {)2
{)y2
U
+k u = 0
2

sont des fonctions analytiques de (x, y). Ceci fera du reste l'objet
du chapitre suivant.
Une démonstration de l'analyticité des solutions pour une vaste
classe d'équations de type elliptique èst accessible dans les travaux
de S. Ber n ste i n.
Jusqu'ici il n'a été question que des solutions classiques, c'est-à-
dire des solutions bicontinûment dérivables des équations ellipti-
ques. Penchons-nous sur les propriétés des solutions distribution-
nelles (discontinues) de ces équations. Considérons l'équation (239)
et le laplacien Ll correspondant. En appliquant à cet opérateur les
mêmes raisonnements qu'à l'opérateur 0 == L\ - ~ a t
{){)22 , (cf.

[1-2-14]; [1-2-15]) on est conduit à la conclusion suivante: l'équa-


tion (239) ne possède pas de solutions présentant des discontinuités
faibles ni non plus de solutions présentant des discontinuités fortes
et vérifiant les conditions cinématiques et dynamiques de compa-
tibilité. Cela se conçoit, car on a établi que seules les surfaces carac-
téristiques pouvaient être des surfaces de discontinuité faible et
de discontinuité forte; or les équations elliptiques n'en possèdent
pas.
On prouvera un fait plus général:
182 CH. 1. TH:eORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

Thé 0 r ème. Toute solution distributionnelle de L 2 de l'équa-


tion de Laplace est classique.
Ce théorème est valable quel que soit le nombre de variables
indépendantes. Pour plus de suggestion on le prouvera pour l'équa-
tion (239). Soit u (x, y) une solution distributionnelle de l'équa-
tion (239) dans le disque ouvert D po = {(x, y): V x 2 y2 < Po}, +
autrement dit u E L 2 (D p ) pour tout p < Po et

I JuC11 dx dy= 0
D po
(248)

pour tout 11 E Cc: (D po )' Le théorème établi au (I-2-311 nous dit que
les moyennes Uh de la fonction u sont des fonctions harmoniques
(donc analytiques) approximant u lorsque h -+ 0 pour les normes de
L 2 (D p ), P < Po' Rappelons que Uh est définie sur D fH P ~ Po - h.
Utilisons la propriété suivante des fonctions harmoniques:

Uh (x, y) = n~2 J~ Uh (x', y') dx' dy', (249)


Be(x, y)

où Be (x, y) est un disque de centre (x, y) et de rayon 8, contenu


dans D po - h ' Montrons que la famille de fonctions {Uh}, 0 <h~ hl
est équibornée et équicontinue dans DpI si Pl < Po - 2h l . A cet
effet utilisons l'inégalité de Cauchy-Bouniakovski et le fait que
pour h~ hl

JJ U~ (x', y') dx' dy' ~ JJ u 2 (x', y') dx' dy' e:: C~l + 2h l
D pl +h 1 DpI +2hl

(cf. (222». On obtient


. 1 ((" (" ')d' d ,)1/2 cpI+2hl (250)
1Uh (x, y) 1~ Y n hl JJ
2 ('
Uh X ,y x Y ::::::::: lm hl
Bhl(X, y)

pour tout (x, y) EDpl et h~hl' Par ailleurs, pour tous (x, y) et
(';;, y)
de DpI et h~hl' on a

1 Uh (x, y) - Uh (;, y) 1~ n~f JJ


,....,
1 Uh (x', y') 1 dx' dy' ~
D

~ n~f (J J
,....,
1 Uh (x', y') 1
2
dx' dy') 1
/
2 1 E 11/2~
D
1-2-33. EQUATIONS DE TYPE ELLIPTIQUE. 183

~Ù D= (B hl (x, y) U B hl (;, Y) '" (B hl (x, y) nB y» est la dif-


hl (;,
'" '"'"
férence symétrique des disques B hl (x, y) et B hl (x, y), 1 D 1 l'aire
de D et d= V(X_;)2+(y_y)2 . Les inégalités (250) et (251)
·expriment que les fonctions {Uh (x, y)} sont équibornées
,et équicontinues dans le disque DpI" Donc la fonction
limite, soit U (x, y), sera continue dans D p1 • Pour prouver qu'elle
est harmonique, on se servira de la formule de Poisson (formule
(25) du (tome II, [VII-3-4l) pour les fonctions Uh, h ~ hl et
pour un disque quelconque Be (x, y) contenu dans D p1 • Dans cette
formule, on peut passer à la limite pour h -+ 0 et s'assurer qu'elle
est valable pour la fonction u. Or on a prouvé au (tome II, [VII-3-51)
qu'il s'ensuit de là que U est harmonique dans Be (x, y). C. q. f. d.
On vient donc de prouver que toutes les solutions distribution-
nelles de la classe L 2 de l'équation L\u = 0 sont des solutions clas-
siques, c'est-à-dire d'ordinaires fonctions harmoniques. Au con-
traire, l'ensemble des solutions distributionnelles de l'équation
~u =f (252)

.est hien plus riche. On sait que si 1 est


indéfiniment dérivable, la
solution de l'équation (252) est donnée par le potentiel newtonien.
Pour le cas de trois variables, cette fonction s'écrit

U(X,y,Z)=-4~ ~\)/(X";,,Z')dx'dY'dz" (253)


b

où r == V (x - X')2 + (y - y')2 +
(z - Z')2. Si f est continûment
dérivable dans l'adhérence D du domaine bornée D, alors la fonc-
tion (253) possède des dérivées premières et secondes continues
dÇ\ns D et vérifie l'équation (252) dans D. Il existe au contraire des
fonctions continues f pour lesquelles la fonction (253) ne possède
pas de dérivées secondes continues, par conséquent, n'est pas une
solution classique de l'équation (252). Montrons que la fonction u
est une solution distributionnelle de L 2 de l'équation (252) pour toute
fonction f continue dans D. Pour cela il faut prouver que u E L 2 (D'),
D' c n et que pour tout 'riE C~ (D)

(254)

Sous les conditions imposées à l, la fonction u est continue et con-


tinûment dérivable dans IJ, donc elle appartient visiblement à
184 CH. 1. TimORlE DES ~QUATIONS AUX DOIV~ES PARTIELLES

L 2 (D). Pour vérifier (254) considérons les fonctions


u (x y z) = __1_ \ \ \ h(x ' , y', l') dx' dy' dz' (255)
(h) , , 4n J "J r '
D
OÙ sont les fonctions moyennes de f (tome IV l' [III-2l) prolongée
fh
par 0 en dehors deD. Les fonctions U(h) et fh vérifient l'identité (254)

1.\ )D
U(h) â'r) dx dy dz = 111 !h
D
'YI dx dy dz. (256)

Lorsque h -+ 0, les fonctions fh convergent vers f pour la norme de


L 2 (D) ét convergent uniformément dans tout domaine D'intérieur
à D. Il s'ensuit que U(h) convergent uniformément vers u dans tout
dOl:naine D'. On peut donc passer à la limite dans (256) pour h -+ 0
(et T) E C': (D) fixe) et s'assurer que (254) est vraie pour U,. La rela-
tion (254) est également vraie pour toute fonction f E L 2 (D). Bien
plus, si f E L 2 (D), les solutions u (x) de l'équation (252) possèdent
des dérivées distributionnelles premières et secondes par rapport à
:cet sont solutions presque partout de cette équation. Nous prou-
verons ceci au [11-2-55] directement pour des équations elliptiques
gél).érales. Signalons que le théorème que nous venons de prouver
dans ce numéro est valable pour l'équation de la chaleur, autrement
dit, les solutions distributionnelles d.e L 2 de l'équation de la cha~
leur sans second membre sont classiques. Une démonstration de cette
assertion figure dans l'ouvrage ·de S. S 0 bol ev: Equations de
physique mathématique. M., Gostekhizdat, 1950 (en' russe). Le lecteur
n'éprouvera aucune difficulté à l'effectuer seul.

1-3. Systèmes d'équations


1-3-1. Caractéristiques de systèmes d'équations. On passe mainte-
nant à l'étude des systèmes d'équations aux dérivées partielles.
Dans le cas analytique, le problème de l'existence et de l'unicité
de la solution du problème de Cauchy a été examiné au (1-1-28].
Dans le cas non analytique, ce problème est bien plus compliqué
que pour une seule équation. Des résultats assez généraux ont été
obtenus dans cette voie par I. P é t r 0 v ski dans ses travaux
Sur le problème de Cauchy pour les systèmes d'équations aux dérivées
partielles (Matem. sb., 1937, 2, nO 5) et Sur le problème de Cauchy
pour les systèmes d'équations linéaires aux dérivées partielles dans le
domaine des fonctions non analytiques (Bul. MGU, 1938). Certains
des résultats sont développés dans l'ouvrage: I. P é t r 0 v ski,.
Leçons sur les équations aux dérivées partielles. M., Fizmatguiz, 1961
(en russe). Dans cet ouvrage on trouvera une bibliographie et un
sommaire de résultats relatifs à cette question.
1-3-1. CARACTSRISTIQUES DE SYS'n::MES D'~QUATIONS f85

On 'se contentera de peu sur les systèmes d'équations et on com-


mencera par développer la théorie, des caractéristiques et le problème-
des solutions discontinues rattaché à cette théorie. Notre exposé-
de la théorie des discontinuités faibles suit l'ouvrage de T. Lev i -
C i vit a, Caractéristiques des systèmes différentiels et propagation',
des ondes. Paris, Alcan, 1932.
Soit le système

(i=1, 2, ... , m).

Ce système étant du premier ordre, les conditions initiales se tra-


duisent par la donnée des valeurs initiales des fonctions Us (Xl' •••
. . . , x n ) sur une surface bien définie de l'espace (Xl' . . . , X n ). Sup-
posons que la surface support de ces conditions initiales est le plan
Xl = 0, c'est-à-dire que nous avons affaire à des conditions initiales
spéciales, :
(j=1, ... , m). (2),

Ces conditions nous permettent de calculer sur le plan Xl = 0 toutes.


les dérivées premières à l'exception de ~Uj • Si, après la substi-
VXl
tution Xl = 0 et des autres conditions initiales (2), le système (1}
est soluble en ~Uj ,on obtient les valeurs de toutes les dérivées·
vXl ,
premières sur Xl = O. Dans le cas contraire le plan Xl = 0 sera ap-
pelé plan caractéristique. D'une façon générale, on dit qu'une surface·
001 (X!' • • • , x n ) = 0 (3)-
supportant des conditions initiales est caractéristique si ces condi-
tions, combinées au système (1), ne permettent pàs de déterminer-
de façon unique toutes les dérivées premières. Si les coefficients·
aiJ> ne dépendent que de X S , la connaissance dès valeurs initiales.
des fonctions Uj sur la surface (3) importe peu. Pour établir les con-
ditions que doit remplir la surface caractéristique (3), introduisons
comme au (1-2-11] les nouvelles variables indépendantes xi en
posant
(4,

où les n - 1 fonctions 00 2' • • • , OO n ont été choisies de telle sort6'


que le système (4) soit soluble en Xk. On a les formules suivantes:
-186 CH. 1. TH~ORIE DES ~QUATIONS AUX D:mRIV~ES PARTIELLES

En portant ces expressions dans le système (1) et en ne retenant


~ue les termes qui contiennent les dérivées aU! ,on obtient
aX i
m n
~ ~ aOh au]
LJ Li

(If)
ai} -a-
Xk
-a
Xl
+ ... = 0
1 (i=1, ... , m).
}=1 k=1
Dans les nouvelles variables nous avons affaire à des conditions
initiales spéciales supportées par le plan x~ = O. Ce plan sera carac-
téristique si le système (11) ne permet pas de déterminer les dérivées
- aau! de façon unique, c'est-à-dire si le déterminant formé avec
Xl

les coefficients en aau!


Xi
est nul. Si, pour simplifier l'écriture, on
.pose
n
~ (k) aUl I
wij = LJ aii -;)-, (5)
oXk
k=1
·on obtient l'équation du premier ordre suivante qui doit être véri-
fiée par toute surface caractéristique du système (1):
Wu, W 12 , · . ., W 1m

w2l , W 22 , · .. , W 2m
=0. (6)
IWijl = .. .
Wm!, W m2 , · .. , W mm

, aUll
'Cette equation du premier ordre est de degré ln en les dérivées aXk •
Elle est identique à l'équation (53) du [1-2-11].
L'équation (6) doit être satisfaite en vertu de (3). Si l'on exige
-qu'elle soit vérifiée identiquement, c'est-à-dire si on la traite comme
une équation ordinaire du premier ordre pour la fonction wl (Xl' •••
. . . , x n ), alors on obtiendra une famille W 1 (Xl' • . . , X n ) = C de
.surfaces caractéristiques du système (1). On démontre (cf. 1-1-3)
que toute surface caractéristique peut être incluse dans une telle
famille.
Si la fonction W 1 (Xl' . • • , X n ) est telle que le premier membre
·-de l'équation (6) est différent de 0 sur la surface W l = 0, alors en
-effectuant le changement de variables (4), on peut résoudre le systè-
me (11) par rapport à -a
~ .
au·
Xi

Si dans le premier membre de l' équation (6) on remplace aaUll


Xk
par a'0 on obtient une équation de degré m pour les composantes du
vecteur (al' ... , an), qui définit en chaque point les directions
.caractéristiques de la normale. La direction de la normale est carac-
4éristique en tout point d'une surface caractéristique.
1-3-1. CARACT:eRISTIQUES DE SYSTÈMES D':eQUATIONS 187

On peut d-e la même façon considérer le système d'équations du


second ordre
m n
kl f)2 Uj
""
L.I "",
Lj ai} --~--:-~-
VXk VXl
+ ... = 0, (7)
i=1 k, l=1

en admettant comme toujours que a~'!-


tJ
= a~J.l.
l
Si l'on a affaire à des
conditions initiales spéciales supportées par l'hyperplan Xl = 0:
Uj IXl=O = fP j (x 2 , ••• , x n );

~Uj 1Xl=O -'i'j (x 2 ,


vX l
••• , xn ) (j= 1, ... , m),

on sait que toutes les dérivées premières et toutes les dérivées secon-
des, hormis ~ui , peuvent être déterminées sur Xl = O. En
Xl
portant les conditions initiales dans les coefficients du système et
en égalant à zéro le déterminant formé avec les coefficients en f);U!
Xl
on obtient la condition que doit remplir l'hyperplan Xl = 0 pour
être caractéristique. Dans le cas général, les fonctions et leurs dé-
rivées premières sont données sur la surface (3) et l'on doit chercher
la condition sous laquelle le système (7) combiné aux conditions
initiales ne permet pas de définir de façon unique les dérivées secon-
des. Considérons de nouveau le changement de variables (4). On a
les formules:

En portant ces expressions dans (7) et en ne retenant que les termes


f)2 u .
contenant f) ,~ ,on obtient le système
Xl

Dans les nouvelles variables, les conditions initiales sont supportées


par le plan x~ = 0 et l'on doit écrire la condition d'indétermination
de ce système. En posant
n

(8)
188 CH. I. THeORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

on peut mettre cette condition SOUS la forme


, , ,
0011 0012 ... , OOlm
, , ,
Iooijl = 0021 0022 .. . , OO2m
..... =0. (9)
, , ,
OOm1 OOm2 ... , OOmm

Le premier membre de cette équation du premier ordre est un poly-


Ah
nome '"
omogene d e d egre' 2m en 1es d'"
erlvees -;l-.
oro1
UXh
Revenons aux systèmes du premier ordre. Si dans (6) on subs-
titue ah à ~ro1 , on obtient l 'équa tion
UXh

<1> (al' •.. , an) = 0, (10)


où <1> est un polynôme homogène de degré menaI' ... , an et dont.
les coefficients dépendent de (Xl' ... , X n ). On dit que le système (1)
est elliptique dans un domaine D de l'espace (Xl' ... , x n ) si le pre-
mier membre de l'équation (10) ne s'annule que pour al = a 2 = . . .
. .. = an == O. On définit de façon analogue un système (7) ellip-
tique. Les systèmes hyperboliques sont différents. Mais nous revieu-
drons sur cette question dans le cas de deux variables indépendan-
tes. On dit que le système (1) est paraboliquement dégénéré en un point
(Xl' ... , x n ) ou dans un domaine D si en ce point ou dans ce do-
maine .on peut, par un changement linéaire ~déquat des variables
as, réduire le nombre de variables du polynôme homogène <1> (al' ...
. , an)'
Si les coefficients a~') du système (1) contiennent les fonctions
Uj (c'est-à-dire que le système est quasi linéaire), alors en substi-
tuant des fonctions quelconques Uj supportées par. une surface 00 1 = 0
dans ces coefficients, on peut composer l'équation (6) et dire si
la surface w 1 = 0 est caractéristique ou non. Ceci vaut aussi pour le
système (7) si les coefficients a~J dépendent des fonctions U j et de
leurs dérivées partielles premières (cf. U-2-1l). A noter que le systè-
me (7) peut être ramené à un système d'équations du premier ordre
par l'introduction des mn fonctions
ou j
-aXh
- --wik
j _1,
( k-1,
,
, n
m).
En faisant le changement (10 1) dans les équations (7), on obtient
m équations du premier ordre par rapport à (m +
mn) fonctions,
Uj et Wjh' A ces équations s'ajouteront encore les mn équations (101).

1-3-2. Conditions cinématiques de compatibilité. Pour la suite


de l'exposé on aura besoin d'un lemme sur la dérivabilité des fonc-
1-3-2. CONDITIONS CINeMATIQUES DE COMPATIBILIT~ 189

tions sur une" surface. Pour plus de suggestion, on prouvera ce lem-


me pour le cas de trois variables indépendantes.
Soit f (Xl' X 2, Xs) une fonction continue d'un côté et sur une
-surface S:
'1' (Xl' X 2, Xs) = o.
'Supposons encore que les dérivées partielles premières de f sont
.aussi continues de ce côté de S et prennent des valeurs frontières f Xi
bien définies sur S. Si une courbe l d'équation Xi = Xi (t) (i =
= 1, 2, 3), où Xi lt) possèdent des dérivées continues, est donnée
du même côté de S, alors la fonction f est une fonction de t le long
de l et l'on a
3

:~ = ~ fXhXk (t). (11)


h=1

Lem m e. La formule (11) a lieu si l est située sur S.


On peut admettre que la courbe l est assez petite. Soient NI et N 2
ses extrémités et N le point courant de l. Menons par N une paral-
lèle à la normale nI à S en NI vers le côté où f est définie, et portons
sur chacune de ces parallèles un segment N N' de longueur ô. Oil admet
que les extrémités N' de ces segments forment une courbe l' sans
points doubles contenue dans le domaine de définition de f. Si =
= Xi (t) + Ô cos (nI' Xi). Appliquons la formule (11) le long de l' :
3

~~ Il' = ~ fXk (§1' S2' S3) Xk (t).


k=1

Intégrons les deux membres par rapport à t entre la valeur t = t i


correspondant au po int N 1 et t:
t 3

f(t)ll'-f(tl)ll'=) ~ fXkœl' 62' 63)Xk (t) dt,


tl h=1

où f (t l ) et f (t) sont les valeurs de f aux points de l' correspondant


aux t indiqués. Par hypothèse, f et f Xh sont continues sur S, donc
l'intégrant du second membre est une fonction uniformément con-
tinue du paramètre ô. En passant à la limite pour Ô -+ 0 dans la
dernière formule, on obtient
t 3
1 (t) -- f (t l ) = ) ~ fXk [Xl (t), X 2 (t), X s (t)] Xk (t) dt,
tl k=1

où au premier membre figurent les valeurs de f sur l. Une dériva-


tion des deux membres par rapport à t nous donne la formule (11).
190 CH. 1. TH~ORIE DES ~QUATIONS AUX D~RIV:E:ES PARTIELLES

Ce lemme nous sera utile dans ce numéro et dans le chapitre sui-


vant.-
Passons au cas d'un nombre quelconque de variables et supposons
maintenant qu'une fonction f (Xl' ••. , x n ) reste continue en tra-
versant une surface S:
'P (Xl' ••• , X n ) = 0, (12)
et que ses dérivées partielles premières possèdent des limites bien
définies de chaque côté de S, mais que ces limites sont différentes~
autrement dit, les dérivées premières de f présentent une discon-
tinuité de première espèce sur la surface (12). Chaque côté de la
surface sera doté d'un signe. Les limites seront affectées du signe
« + » ou « - » selon qu'elles auront été obtenues du côté positif
ou négatif. Ainsi la condition de continuité de f à la traversée de S
sera notée f+ = f-. Introduisons le saut des dérivées partielles pre-
mières:
[fxh] = t~h - f~k·
Les quantités f+ et f- sont par hypothèse confondues le long de tout~
courbe l située sur la surface (12). En appliquant le lemme on ob-
tient donc
n n
2J
h=l
f~k dXh = 2J
k=l
f;k dXk (sur S). (13}

Les variables Xh ne sont pas indépendantes sur la surface S. Si, par


exemple, l'équation de la surface est donnée sous forme explicite~
l'une des variables sera fonction des autres, et seules ces dernières
seront traitées comme des variables indépendantes.
La formule précédente peut encore s'écrire
n

2J
h=l
[f Xh] dXh = O.
On a d'autre part
n
2J
k=l
1Pxk dX h = O.
Multiplions cette relation par un facteur h, inconnu pour l'instant,.
et soustrayons de la formule précédente:
n
2J Hf Xh] -
h=l
h'Pxh} dX k = o.
Définissons maintenant le facteur h de manière que le coefficient en
la différentielle de la variable dépendante soit nul. Les autres coef-
ficients en les différentielles des variables indépendantes seront
visiblement nuls (tome l, (V-2-7l) et l'on obtient ainsi les n égali-
1-3-3. CONDITIONS DYNAMIQUES DE COMPATIBILITÉ tg!

tés suivantes: .
(14}
autrement dit, les sauts des dérivées partielles premières doivent être-
proportionnels aux dérivées partielles de (12) par rapport aux variables
correspondantes. Ces conditions s'appellent conditions cinématiques-
de compatibilité.
Traitons maintenant le cas où la fonction f et ses dérivées pre-
mières restent continues à la traversée de la surface (12) tandis que
ses dérivées secondes présentent une discontinuité. Les raisonnements'.
précédents s'appliquent alors à chaque fonction f Xk' Chaque fonc-
tion f Xk figurera avec son propre coefficient de proportionnalité
h k dans les conditions cinématiques de compatibilité et le saut
de la dérivée de f Xk par rapport à Xl doit être proportionnel à 1PxZ"
autrement dit, on aura les égalités suivantes pour les sauts des:·
dérivées secondes:
[!XkXl] = .f~kxl- f~l{xl = h k 1Px['

La dérivation ne dépendant pas de l'ordre dans lequel elle est


effectuée tant du côté positif que négatif de S, on a h k 1Pxl = h l 1P x l"
• e. ~
1. hl{ = ~.
hl E n d' autres t ermes, 1e rapport h k·. 11,
't'Xk ne d olt .
't'xk 't'Xl
pas dépendre de l'indice k. En posant h k : 1P x k = h, on ramène la'
dernière formule à la forme
[f XhXl] = h1Pxk 1Pxz· (15)
Ces formules traduisent les conditions cinématiques de compatibi--
lité dans le cas d'une discontinuité de seconde espèce, c'est-à-dire·
des dérivées partielles secondes.
1-3-3. Conditions dynamiques de compatibilité. Revenons au sys-
tème d'équations du premier ordre (1) et supposons que la surface·
(3) est caractéristique pour ce système et qu'une solution u présente·
une faible discon tinuité sur cette surface, c'est-à-dire que u est
continue sur cette surface et seules ses dérivées premières y sont
discontinues. Soient u + et u - les solutions continues respectives,
du côté « +>} et du côté « - >}, confondues avec u. Ecrivons le
système (1) pour u + et u -. Faisons la différence de ces équations
sur la surface (3). Les termes Q:>i seront continus à la traversée de
cette surface et disparaîtront lors de la soustraction. Nous serons:
donc conduits aux m équations suivantes que doivent vérifier les-
sauts des dérivées partielles premières:

(16).
192 CH. 1; '1'H:mORIE DES :mQUATIONS AUX DBRrvoS PARTm.x,p,s

-Pour établir ces conditions on s'est essentiellement servi du système


~1) qui décrit généralement un processus physique; les conditions
-obtenues s'appellent conditions dynamiques de compatibilité. Chaque
Jonction Uj figure avec son propre coefficient de proportionnalité
.h j dans les conditions cinématiques de compatibilité (14):
{ju j
[ -{j-
J= hj
{jw l
-{j- (j = 1, 2, ... , m). (17)
Xh Xl>..

En portant ces expressions dans les conditions (16) et en tenant


~ompte de la notation (5), on obtient m équations du premier degré
.sans second membre pour les coefficients h j :
m
1J
1=1
wijhj=O (i=1, 2, ... , m). (18)

ne l'équation de la surface caractéristique (6) il s'ensuit immédiate-


ment que le déterminant de ce système est nul et par suite ce système
possède une solution non triviale. Dans le cas général, lorsque le
œang de la matrice du système (18) est égal à m - 1, la solution
:générale de ce système se définit à un facteur multiplicatif près
.dont l'influence sur la nature de la discontinuité est insignifiante.
Passons maintenant à l'étude du système d'équations du second
«)rdre (7). Dans ce cas, la solution qui présèntera une discontinuité
laible sera une solution dans laquelle la fonction U et ses dérivées
premières sont continues. Comme plus haut, on obtient les condi-
tions dynamiques de compatibilité suivantes pour les sauts des
.dérivées secondes:

(19)

"Chaque fonction Uj figurera avec son propre coefficient de propor-


tionnalité h j dans les conditions cinématiques de compatibilité:
{j2U j ] _ h {jw l {jw 1
[ -{j~X-h~{j-xl- - j {j Xh {j x l · (20)
En portant ces expressions dans les conditions (19) et en se servant
-de la notation (8), on obtient de nouveau un système d'équations
sans seconds membres en hj, dont le déterminant est nul en vertu
~e (9):
m

i=1
2J Wiihj = O. (21)
1-3-4. Equations de l'hydrodynamique. Appliquons la théorie des caracté-
ristiques aux équations de l'hydrodynamique. Désignons par (ul' U 2 , us) les
-eomposantes du vecteur vitesse, par p, la pression, par p, la densité et par Ir,
1-3-4. ~QUATIONS DE L'HYDRODYNAMIQUE 193

fI, fs, les composantes de la force extérieure rapportée à l'unité de masse. Les
variables indépendantes seront le temps t et les coordonnées spatiales Xl' X2' Xs.
On aura trois équations d'Euler:

(i=1, 2, 3),

et l'équation de continuité (tome II, [IV-2-8])


3 3
-,-+
op
ot
~ op
-Uk+P
oXk
~ --=0.
ÔUk
ôXk
k=l k=l

On admettra que le liquide est compressible et que l'équation d'état est une rela-
tion liant la pression et la densité p = p (p), où p (p) est une fonction donnée.
On aura en définitive quatre équations du premier ordre pour les fonctions Uit
U2' Us, P des variables indépendantes Xl' X 2 , Xs, t:

(i=1, 2, 3),

3 3

P LJ
~ ÔUk
Ô:Pk
+!.f!-+
ôt
~ !E.... u =0.
LJ ÔXk k
k=l k=l

Les quantités OOi) définies par les formules (5) seront de la forme:

(i=1, 2, 3, 4),

1
dp Ô00 1 •
00' - - - - -
l4 - P dp
ÔXi t (i =1= 4),

où 001 désigne comme toujours le premier membre de l'équation de la surface


caractéristique
001 (XH X2' XS t t) = O. (22)

Comme plus haut désignons par g2 la somme

( ~)2
ôXk •

13-01017
194 CH. J. TH~ORIE DES ~QUATIONS AUX D~RJV~ES PARTIELLES

L'équation de premier ordre (6) que doit vérifier la surface caractéristique (22)
sera de la forme: .
1 dp ôro t
o o
"P""d'P ôX1
dro t 1 dp ôro t
o ·0
dt p d'P ôX 2
=0
dro t 1 dp ôro t
o o
dt p ëiP ôXa
ôro t ôro t ôro t dro 1
p àX1 P ôX 2 p ôXa --cu-
(
drot
dt
= ôro t
àt
+ oro t
ÔXt
U
1
+ ÔX
ôro t u
2
+ oro t u )
ÔXa 3 •
2

Développons ce déterminant:

( ~~1 ) 2[ ( d;/ )2 _ g2 :~ = O. J (23)

La vitesse P de propagation de la surface (22) dans le sens normal à celle-ci est


donnée par la formule (75) du [1-2-14]. La surface (22) traversera à chaque instant
des particules liquides. Soit un la composante de la vitesse d'une particule liqui-
de située sur la surface, portée par la normale à cette surface au point considéré.
Comme oro 1 : g sont les cosinus directeurs de la normale en question (du côté-
ÔXk
des roI > 0), on a
3
Un =.i- ~ UA ôrot
g LJ àXk·
k=1

La différence P - Un qui exprime la vitesse de propagation de la surface par


rapport aux particules liquides s'appelle généralement vitesse de propagation de
l'onde. Pour cette vitesse on a l'expression suivante:
3
V = P - un = _.!g ôrot _ -!. ~ .Uk ôro 1
. ot g LJ ÔXk
k=1
ou
(24)

L'équation différentielle des surfaces caractéristiques . (23) équivaut aux deux.


équations suivantes:
V2 = O·, f ll2= dp
, 'dp·
(25)

La première équation décrit le cas d'une discontinuité stationnaire, donc dans


la suite on n'étudiera que la deuxième. La vitesse II définie par la formule (25}
est la vitesse du son:
. ll=,i,d p (26)
V ·dp·
1-3-4. ~QUAT10NS DE L'HYDRODYNAMIQUE 195

Etablissons' maintenant la nature de la discontinuité en se servant des con~


ditions cinématiques et dynamiques de compatibilité. Désignons par h k les
coefficients de discontinuité figurant avec les fonctions Uk dans la formule (17).
par r, celui de la fonction p. Les équations (18) s'écrivclll ici
dro t hk' +..!..
dp ôro t r=O (k = 1, 2, 3)
dt P dp ÔXk

ou, compte tenu de (24) et de (25),


1 V ôro
-ghk+- - t r=O,
P ôXk
autrement dit
(27}

où cos a.k sont les cosinus directeurs de la normale à la surface de discontinuité.


On interprétera (ht , h 2 , ha) comme les composantes d'un vecteur h (le vecteur
de discontinuité des dérivées de la vitesse). Les formules précédentes peuvent
être mises sous la forme vectorielle suivante:
rV
h= -
p n,

où n est le vecteur unitaire de la normale à la surface de discontinuité. On voit


donc que le vecteur de discontinuité des dérivées de la vitesse est dirigé suivant la
normale à la surface de discontinuité (onde longitudinale).
Les composantes du vecteur accélération Wi s'expriment à l'aide des formu-
les:
3
ôU·
W"= _
Z
_
l
ôt
+ ~ __
ôU·
ÔXk
Z Uk (i= 1,2, 3)
k=1

et sont affectées d'une discontinuité à la traversée de la surface. Supposons qu'il


y ait repos d'un côté de la surface. La vitesse étant continue, ses valeurs limites
sur la surface sont nulles que l'on se rapproche d'un côté ou de l'autre de cette
surface, quant à ses dérivées, elles prendront sur la surface des valeurs égales
au saut puisqu'avant d'atteindre la surface elles étaient nulles du côté du repos.
Il en va de même des composantes de l'accélération. Le saut de ces composantes
est défini, en vertu de (27) et (24), par l'égalité
3
[wi] = hi -+
ôrot
ôt
~ oro t
htUk - -
ôXk
= dro t
hi - =
dt
rgV2
---.;;-- c os a. i ,
P
k=1

ou sous la forme vectorielle:


[w] =- rgV2 n.
p
Cette formule nous donnera l'accélération sur la surface de discontinuité sous la
condition de.repos. . .
Considérons maintenant le cas stationnaire où les fonctions Uk et p ne dé-
°
pendent pas de t. En admettant que rot' ne dépend pas non plus du temps, on
aura P = et V = -un' Supposons que la vitesse du liqui e est inférieure à
celle du son (26) dans un domaine. Donc, a fortiori 1 un 1 <
' .
P et l'égalité- dVd dp
13·
i96 CH. 1. 1'H~ORIE, DES' ~QUATIONS AUX. D:eRIV~ES PARTIELLES

v =";-un est impossible. On voit donc qu'aux vitesses subsoniques il ne peut


y avoir de propagation des discontinuités dans le cas stationnaire.
1-3-5. Equations de la théorie de l'élasticité. A titre d'exemple d'applica-
tion de la théorie des caractéristiques à des systèmes d'équations du second ordre,
considérons les équations de la théorie de l'élasticité dans le cas élémentaire
d'un milieu homogène isotrope. Désignons par (ul' U2' ua) les composantes du
vecteur déplacement et par Â. et f.t les constantes usuelles du milieu élastique.
Les équations fondamentales de la théorie de l'élasticité se présentent sous la
forme du système suivant de trois équations du second ordre pour les fonctions
(ul, U2, us) des variables indépendantes Xl' X2, XS, t:
3
(1.. + f.t) -J- ""LI
vXi
~Uk
ôXk
+ f.tL\ui - P
k=1
On a
3

ro·
, " = (Â+f.t) -
t3
l oro l
oro- --
oXi oX·
+ÔiJ [ f.t ~ (oro
--
1 )
OXk
t ) 2]
oro-
2 -p ( -
ot
] k=1

."
(l, ]=1, 2, 3) ({o,
ÔiJ = i-=l=i)
... (28)
1, l =]

L'équation (9) s'écrit après développement du déterminant:

En vertu de la formule (75) du (1-2-14], cette équation nous donne les deux
vitesses éventuelles suivantes de propagation de la surface de discontinuité:

Les déformations sont supposées petites dans ce cas et il n'y a pas lieu de parler
séparément de la vitesse de propagation, c'est-à-dire de la vitesse du déplace-
ment par rapport aux particules du milieu.
Etudions maintenant la nature de la discontinuité. Introduisons les coeffi-
cients de discontinuité hi des dérivées partielles secondes des fonctions Uj:

(30)

En vertu de (28), les équations (21) s'écrivent


3

[ V-g2 - P ( ôro
ôt
l ) 2] hi + + (Â. V-) ôro 1 "" Ôrol h J = 0
ôXi ~ ÔXJ
(i=1,2,3).
3=1

En tenant compte de
oWl (
-ô-- = g cos n, Xk) (k=1, 2,3),
Xh
1-3-5. ~QUATIONS DE LA TIœORIE DE L'~LAST1C1T~ 197

où n est la d-irection de la normale à ]a surface (3), on peut mettre les


équations précédentes sous la forme:
3
[J-tg 2_p ( ()~l ) 2J hi + (J" +J-t) g2 cos (n, Xi) ~ cos (n, Xj) hj=O.
i=1

Introduisons le vecteur h de composantes (h 17 hl' hs). Les équations


précédentes deviennent:

[J-tg 2- p ( ()':tl J
) 2 hi + (À. + J-t) g2 cos (n, Xi) h n = 0,

où h n est le projeté du vecteur h sur la normale n à la surface ~3), ou sous


la forme vectorielle

(31)

où n est le vecteur unitaire de la normale à la surface (3). Si la vitesse de pro-


pagation est P~, alors le coefficient en h sera nul et l'on doit avoir h n = 0,
autrement dit, le vecteur h doit être situé dans le plan tangent à la surface (3)
(onde transversale). Si la vitesse est Pl' il s'ensuit immédiatement de (31) que h
ne diffère de n que par un facteur numérique, c'est-à-dire que h doit être dirigé
suivant la normale à la surface (3) (onde longitudinale). Signalons encore que le
facteur qui donne la vitesse de l'onde transversale figure par son carré dans
l'équation (29). Cette circonstance sera expliquée dans le numéro suivant qui
sera consacré aux équations de la théorie de l'élasticité pour un milieu aniso-
trope.
Voyons la signification mécanique du vecteur h. Supposons qu'il ait repos
d'un côté de la surface de faible discontinuité S: roi (Xl' x2' xs, t) = 0, c'est-à-
dire que les fonctions Uj (j = 1, 2, 3) sont nulles. Ces fonctions et leurs dérivées
premières seront également nulles aux points de S. Du côté où il y a mouve-
ment les dérivées secondes de Uj seront~définiessur S par;les formules (30), puisque
de l'autre côté de la surface ces dérivées sont identiquement nulles, c'est-à-dire
que

(on admet que Xo = t). Prenons pour origine des coordonnées de l'espace
(xo' Xl' X 2 ' Xs) un point quelconque M de S. Développons Uj en série de Mac-
laurin au voisinage de M jusqu'aux termes du second degré. En tenant compte
des formules précédentes et du fait que Uj et ses dérivées partielles premières
s'annulent en M, on obtient l'égalité approchée
h.
-+ ~
3

Uj ~ (~::) 0 ( ~:~ ) 0 xixh,


i, k=O

l'indice 0 indiquant que les dérivées sont prises au point M.


Comme roI = 0 en M, on obtient le développement de Maclaurin limité aux
termes du premier degré suivant:
3

roi ~ ~ (~:; ) 0 Xi,


i=l
198 CH. 1. TH-eORIE' I>ES -eQl1ATIO-NS AUX D-enIV~ES PARTIELLES

et la formule précédente peut être mise sous la forme

u ~ ~ (ù~ (xQ, Xlt X 2 ' xs).

Cette égalité approchée pour le vecteur déplacement u sera valable au voisinage


de la surface de discontinuité du côté où il y a mouvement.
1-3-6. Corps élastique anisotrope. Introduisons les composantes du tenseur
déformation en modifiant légèrement les notations du (tome IVI , [11-35]):
ei = ÔUi.
ÔXi '
1'1= ôUs
ÔX 2
+ ÔU
ÔXs
2 ; 1'2= ÔU I
ÔXs
+ ÔU s ;
ÔXI Ys -
_ ÔU 2
ÔXI
+ ÔU
ÔX
I
2
(i=1, 2, 3).

Dans le cas d'un corps anisotrope à trois plans de symétrie mutuellement ortho-
gonaux, le travail des forces de déformation rapporté à l'unité de volume s'ex-
prime en fonction des composantes du tenseur déformation sous forme du poly-
nôme homogène du second degré suivant:
1
+
A = 2" (aei bB~+ cBi+2a'82 8S+ 2b'8sBI +2C'8IB2+ anyi+b"y~+c"yi),

où les coefficients a, b, .•. , c" sont des fonctions de (xl' X2' XS, t) ou des cons-
tantes en milieu homogène. En présence d'une force d'inertie, les équations du
(tome IVI , [11-35]) deviennent:


ÔX
(~)+_ô
OBI ÔX2
(~)+_Ô_(~)_
ôYs 'ÔXs ÔY2
Ôu + X
P ôt2
2
l
1-
_ 0
,
l
Ô
ôXI
(ôA)
ôYs + ôXô 2
(ôA)
ÔB 2 + ôXs
ô (ôA)
ÔYl -- P
Ô2u2
i)t2 +X 2 = 0,

_Ô(~)+_Ô_(~)+_Ô_(~)_ Ô2uS-LX_0
ÔXl ÔY2 ôX 2 ÔYl ôXs ÔEs P ôt2 1 S- •

En substituant l'expression de A, on obtient les équations suivantes:

--:--::"-+
Ô2UI
a Ôxl C
n
i)2u
ÔX~
1 + b" ô2u1
ÔX s
2 +(c' + Cil) ô 2u
ÔXl ÔX 2 T
2 L

+(b'+b") i}2 Ug
ÔXl i)xs

b• Ô2us
2
+ a"
ÔXl

En posant
(i=1, 2, 3), (32)
1-3-6. CORPS ÉLASTIQUE ANISOTROPE': '199

O()n peut mettre -les coefficients roi; sous la forme


ro~l = aPi+ c"p~ + b" p~-pp~; ro~2 = (c' + c") PIP2; ro{a = (b' +b") PIPa,
ro~l = (c' + c") PIP2; ro~2 = c"pf+ bp~ +a"p~ -PP5; ro~a = (a' + a") P2Pa,
CJ)~1 = (b' + b") PaPI; ro~2 = (a' + a") P2PS; ro~s = b"pf+a"p~+ cpl-PP5.
Il est immédiat de voir que l'équation du premier ordre (9) qui définit les
surfaces caractéristiques est confondue avec l'équation fondamentale en Â. = PP;:
-qui sert à réduire l'ellipsoïde
(api+c'pl+b"pl) ~i+(c"pi+bp~+a"p~)~~+
+ (b"pl+a"pi+cpi) ~~+2 (a' +a") P2Pst 2SS+
+2 (b' +blf) P3PI~S~1 +2 (c' +c') PIP26162=1 (33)
à ses axes de symétrie (tome 111 1 , [11-2-1], [11-2-2]). A noter qu'on peut obtenir
le premier membre de l'équation (33) à partir de l'expression de 2A en y posant
811. = PkSh; 111 = P26s +
PSS2; 112 = PaSI +
PISS; l1s = PIS2 P261, c'est
donc une forme quadratique définie positive de 68 (car A > 0) et par suite l'équa-
+
tion (33) définit bien un ellipsoïde. La résolution de l'équation en Â. nous donne
.en tout point du corps trois racines strictement positives Â. = P5, P5 étant une
fonction homogène de degré 2 par rapport à Pl' P2' Ps. Si l'on divise les deux
membres de l'équation (33) par g2, les Pk se transforment en cos a.h, où cos a.h
sont les cosinus directeurs de la normale à la surface de l'onde, et la racine p~
se transforme en P2. Donc, en chaque point on obtient trois vitesses possibles
de propagation de l'onde dans une direction fixe.
Les composantes (hl' h 2, ha) du vecteur de discontinuité se déduisent du
système d'équations sans seconds membres qui définit les directions des axes de
symétrie de l'ellipsoïde (33). Donc, si la direction est donnée, on aura en chaque
point trois vecteurs de discontinuité deux à deux orthogonaux correspondant
aux trois vitesses de propagation. Pour obtenir des ondes longitudinales et
transversales, il est nécessaire et suffisant que l'un des axes de symétrie de l'el-
lipsoïde soit dirigé suivant la normale à l'onde correspondante. Sous cette con-
dition, on aura une onde longitudinale et deux transversales. On admet que, la
direction étant fixée, l'équation cubique ci-dessus admet trois racines distinctes.
Dans le cas d'un milieu isotrope homogène, on a vu qu'une racine était double.
Les cosinus directeurs de la normale à l'onde sont proportionnels à Pl' P2' Pa
et par suite la condition nécessaire et suffisante revient à dire que pour une cer-
taine racine Â. = PP5 les quantités (hl. h 2, h~) doivent être proportionnelles à
(Pit P2' Ps), quel que soit Pk' c'est-à-dire quelle que soit la direction. En rem-
plaçant ces quantités par les quantités proportionnelles h k dans le système homo-
gène en hk , on obtient:
(api+ c"pl+ b"pl-ppi) Pl + (c' + c") PIPi+(b' +b") PIP§ =0,
(c' +c") pip2+(c"pl+bpi+a"pâ--PP5) P2+(a' +a") P2P§=Ü, (34)
{
(b' +blf) pips+(a' + a") P~P3+ (b"pi+alfp~+cpi-PP~) Ps=O.
Si l'on tient compte du fait que quel que soit le choix de Pl' P2 et Ps,
on doit obtenir à partir des équations (34) la même valeur pp~, on est conduit
aux conditions suivantes pour les coefficients du potentiel élastique A :
a = b = c = a' + 2a" = b' + 2b" = c' + 2c", (35)
d'où l'on déduit que PPi = ag~ et la vitesse de propagation des ondes longitudi-
nales est
p=".1 Il
V p'
200 CH. 1. TH~OFJ.IE DES~QUATIONS AUX D~RIV~ES PARTIELLES

Les deux autres racines sont généralement distinctes et dépendent du choix


de la direction de l'onde, c'est-à-dire du choix de Pk' Les égalités (35) nous four-
nissent cinq conditions pour les neuf coefficients qui figurent dans l'expression
du potentiel éb.stique A.
1-3-7. Ondes électromagnétiques. Considérons les deux premières équations
de Maxwell en milieu isotrope:
crot H = ÂE + BEt , crot E = -JA-Ht , (36)
où E et H sont les champs électrique et magnétique. c, la vitesse de la lumière,
Â, le coefficient de conductibilité du milieu, B et ~, la constante diélectrique et
la perméabilité magnétique. Les vecteurs E et H sont fonctions des variables
indépendantes (xl' x~, Xa, t). En désignant leurs composantes par (el' e2' ea)
et (hl' h 2 , ha), on peut mettre l'équation (36) sous la forme

J:. ôh t + ôes _ ôe 2 =0,


c ôt iJx 2 ôXa
J:.. ôh 2 + ôel _~ ôes =0,
(37)
c ôt ôXa ôXI
J:. iJh a + ôe z _ ôet =0,
c Dt ôXI ôX z

les points de suspension remplacent des termes ne contenant pas de dérivées des
fonctions ek et h k • Nous avons affaire à un système de six équations du premier
ordre à six fonctions. Numérotons ces fonctions comme suit:
UI = el; U2 = e2; Ua = ea; U4 = hl;
= ha· u6 = hz; ua
En formant les expressions (5) et en écrivant l'équation (6), on obtient l'équation
du premier ordre suivante pour les surfaces caractéristiques:

B
-Po 0 0 0 Pa -Pz
c
B
0 -Po 0 -Pa 0 Pl
c
B
0 0 -Po P2 -Pl 0
c
=0. (38)
~
0 -Pa Pz -Po 0 0
c
~
Pa 0 -Pl 0 -Po 0
c

-P2 Pl 0 0 0 ~Po
c

Multiplions les trois premières colonnes de ce déterminant par J:c Po- Puis à la
première colonne ajoutons la cinquième multipliée par (-Pa) et la sixième
multipliée par P2; à la deuxième colonne, ajoutons la quatrième multipliée
par Pa et la sixième multipliée par (-Pl); à la troisième colonne ajoutons la
quatrième multipliée par (-P2) et 'la cinquième multipliée par Pl- En dévelop-
p ant ensuite ce déterminant suivant les éléments de la sixième, cinquième
I~3~7. ONJ)ES :eLECTROMAGN:eTIQUES 20t
et quatrième ligne, on est conduit à l'équation
9+ pf PIP2
P2PI q+ P~ =0,
PaPI PSP2

q= e~ P~_ g2. (40).
c
Le développement de ce déterminant nous amène à l'équation
q2(q+g2)=0 (g2=pi+p~+pi), (41}

on trouve que Po = °
qui se scinde en deux équations. Si l'on égale la somme entre parenthèses à zéro,.
et l'on obtient une onde stationnaire [1-2-14]. On examine-
ra ultérieurement le second cas où q = 0, c'est-à~dire lorsque
qt
c2 p2_g2=0
0 ,
(42\.r

ce qui conduit à une expression notoire de la vitesse de propagation de l'onde:


V= c
Vef-L • (43)·

Etudions maintenant la nature de la discontinuité. Désignons par (al' a 2 , as)


les coefficients de discontinuité des dérivées des composantes du champ E, par
(~l' ~2' ~s), les mêmes grandeurs relatives au champ H. Introduisons comme
toujours les vecteurs de discontinuité a (al' a 2 , as) et li (~l' ~2' ~s). On a
[EXh] = Pha,
(k=O, 1, 2, 3; X o= t). (44)-
{ [H Xh ] = Phli
Les trois premières équations (18) deviennent ici:

( ~ POal + PS~2 - P2~3 = 0,


1
+
c

~ POa 2 + PI~S - PS~l = 0, (45):

1
l cB poas + P2~1 - PI~2 = 0,

ou, en désignant par n le vecteur unitaire de la normale au front d'onde WI = 0-


dirigé dans le sens où WI > 0,
eV
- a=li X n, (46).
c

le ~econd membre représentant le produit vectoriel des vecteurs li et n. De façon·


analogue, les trois dernières équations (18) s'écrivent:
~V li= -a X n. (47)-
c
De ces équations il s'ensuit immédiatement que les vecteurs a et li sont situés
dans un plan tangent à l'onde et sont deux à deux orthogonaux.
Supposons que devant le front d'onde, c'est-à-dire dans la région où wi > 0,
le milieu soit au repos, ce qui s'exprime par la nullité de E et H. Les formules.
:202 CH. I. TH~ORIE DES ~QUATIONS AUX D~RIV:E:ES PARTIELLES

.(44) nous donnent les valeurs des dérivées de E et H sur le front d'onde:
E Xk = -Pk a ; H Xk = -Pk~. (48)
'Considérons le développement taylorien de E et H limité aux termes contenant
!les dérivées premières au voisinage du front d'onde. Comme E et H sont nuls
:sur le front d'onde, on obtient, compte tenu de (48), les formules approchées
:suivantes:
3 3
E,.., -a 2J Pk (Xk-Xit°»; H ,.., -~ ~ Pk (Xk -xj"o»,
k=O k=O
'Où (xilO>, x~o>tx~°l, X~OI) est un point du front d'onde. En développant la
fonction û.)l en série de Taylor, on peut éc.rire, compte tenu de ce que
'ID I (x60>, x1°>, x~o>, xâo» = 0 :
3
û.)l (Xo, Xl' X 2, X3)""" 2J Pk (Xil -xk.° l ),
k=O
,et les formules précédentes deviennent (cf. [1-3-4])
E ,.., -û.)l (xo, Xb X 2 ' x3) a; H ,.., -û.)l (xo, Xl' X2' X3) p. (49)
-Ces formules approchées sont valables au voisinage de l'onde du côté qui est le
siège d'un processus électromagnétique.
Dans un milieu homogène anisotrope la quantité 8 ne doit plus être considé-
!l'ée comme un nombre, mais comme une matrice d'ordre 3. Cette quantité figure
dans la relation qui lie le vecteur déplacement électrique au vecteur E (tome II,
nV-2-12]). La quantité f.t est un nombre comme avant. Choisissons les axes de
-coordonnées de telle sorte que la matrice 8 se réduise à la forme diagonale et
soient 8 3 > 8 2 > 8 1 > 0 ses valeurs propres (tome 1111 , [II-2-1], [11-2-2]). Sous
-ces conditions, les trois premières équations (37) s'écrivent:
!.L oel + oh 2 _ oh a + ... =0,
C ot oXa OX2

~ oe 2
C 0t
+ oh
oX
a_ oh l
oXs
+ . . . =0 ,
l
8S oe s +oh l _oh 2 + ... =0,
C ot OX2 oXl
-et au lieu de l'équation (39) on obtiendra l'équation
+
ql pi PlP2 PIPa
PlP2 q2+ p~ P2PS =0, (50)
PlPS P2Pa qs + P~
-où

En posant

<on a
. __p2O_ _ g2
ql - V~ • (51)
1
1-3-7. ONDES ~LECTROMAGN~TIQUES 203

En divisant les "deux membres de ]'équation (50) par g2, on peut la mettre
:sous la forme

q2QS cos2 al + qSql cos 2"


az + qlqz cos 2 as + g21 qlqZqS = 0 . (52)

Une solution évidente de cette équation est ql = 0, cos al = O. En tenant


-compte de (51), on voit que VI
est une éventuelle vitesse de propagation de l'on-
de dans toute direction paraI èle au plan Xl = O. De façon analogue, Vz et Vs
.sont des vitesses éventuelles de propagation de l'onde dans des directions paral-
lèles aux plans X2 = 0 et Xs = O. Dans le cas général, en multipliant les deux
membres de l'équation (52) par g2 et en posant qlq2qS = qlQ2QS (cos 2 al +
+ cos 2 a 2 +
cos 2 as) on peut la mettre sous la forme (1-2-14]
3
"" cos 2 a·
V qIQ2QS.LJ V2_ J~
Z (53)
O.
i=l 1

En écartant la solution V = 0 à laquelle correspond une onde stationnaire, on


-()btient pour la détermination dè V, la direction de l'onde qui est caractérisée
par cos ah étant donnée, l'équation bicarrée
3
2
"" cos ai
LJ V2- V~ =0. (54)
i=l t

Ûn démontre exactement comme au (tome II, [V-2-9]) que cette équation possède
deux racines strictement positives.
Si l'on résout l'équation (50) ou (52) par rapport à Po, on obtient une équa-
tion de la forme
Po +
F (Pl' P2' Ps) = 0, (55)
<>ù F est une fonction homogène du premier degré. L'équation (55) ne contenant
pas Xk' le système de Cauchy pour elle nous donnera des Pk constants et les bi-
earactéristiques seront des droites d'équation

d:eh =F ph (k=1, 2, 3).

Traçons le conoïde caractéristique dont le sommet est à l'origine. Ce co-


noïde représente le front d'une onde provoquée par une source ponctuelle placée
en l'origine des coordonnées à des instants différents. Son équation est xk =
= F pk t, ou, si t = 1 :
Xk=F ph (k=1, 2, 3). (56)
La fonction Fpk étant homogène de degré zéro, les seconds membres des
équations (56) contiennent deux paramètres, en l'occurrence le rapport de deux
quantités Pl' P2' Ps à la troisième. Soient S la surface (56), P (Xl' X2' xs), un
point de S, cS, la distance de l'origine des coordonnées au plan tangent à S
en P. Si cos ai sont les cosinus directeurs de la normale à S en P, on obtient en
appliquant la formule d'Euler relative aux fonctions homogènes:

·ô=
3

~ Xi COSCli= ~
i=l
3

i=l
F pi cos Gti = ++ ~
3

i=l
piFpi= ± : =+ ~o = ± V.

En retenant pour fixer les idées le signe « +


», ce qui du reste n'affecte en rien
les raisonnements ultérieurs, on peut mettre l'équation du plan tangent à S
204 CH. 1. THBORIE DES SQUATIONS AUX DgRIV:eES PARTIELLES

sous la forme:
3
2J x cos ai- V =0. (57)
i=1

. Cette équation contient quatre paramètres: cos ai (i = 1, 2, 3) et V, qui


sont reliés par les deux relations suivantes:
3 3
2
" cos2 ai = 1 ;
~ "LJ cos
V2 _ ai
V~ 0,
~1 ~1 1

de sorte que l'équation (57) contient deux paramètres indépendants comme il se


doit. La surface S est l'enveloppe de la famille de plans à deux paramètres (57).
En menant tous les calculs à leur terme on obtient l'équation suivante de la
surface:
3
V~X~
~ V2i - (2+
"
Xl
1 1
x 2+
2 X s2) =0.
i=1
Si, par exemple VI = V 2 , alors cette quadrique dégénère en une sphère et un
ellipsoïde.
1-3-8. Discontinuités fortes en théorie de l'élasticité. Nous avons abordé
précédemment le problème des discontinuités fortes pour les solutions d'une
seule équation [1-2-15]. Etudions maintenant ce problème pour les équations
de la théorie de l'élasticité.
On se limitera au cas plan. Soient (u, v) les composantes du vecteur dépla-
cement dans le plan (x, y); X, Y, les composantes de la force volumique. En
désignant comme toujours les composantes du tenseur de contrainte par O'x'
O'y, 't XY ' on obtient les deux équations fondamentales suivantes de la théorie de
l'élasticité:
a2 u aO'x a't xy
P at'l. ---a;-- =X,
ay
(58)
a2 v a't xy aO'y
1Paï2- ax
--=Y.
ay
A ces équations il faut adjoindre une relation liant le tenseur de contrainte au
tenseur de déformation (loi de Hooke):
O'x = Â (u x + Vy) + 2Ilux;. O'y = Â (u x + + 21l Vy, 't Xy =
Il (uy+v x ). (581)
Vy)
En portant les expressions (58 1 ) dans l'équation (58), on obtient les équations
de la théorie de l'élasticité pour le vecteur déplacement 00:
a2 00
P ifi2 = (Â+ Il) grad div 00+ Il dOO + F.
Dans la suite, par (u, v) on entendra deux fonctions quelconques de (x, y, t)
possédant des dérivées premières et secondes continues. Sous cette condition,
les équations (58) nous permettront de déterminer les quantités X et Y cor-
respondant aux fonctions (u, v) envisagées. Introduisons encore deux opérateurs
linéaires contenant les dérivées premières des fonctions (u, v):
f Px(u, v)=O'xcos(n, x)+'txycos(n, y)-putcos(n, t),
(59)
t P y (u, V)=T xy cos (n, x)+O'y cos (n, Y)-PVt cos (n, t).
1-3-8. DISCONT1NU1TBS FORTES EN TH1WR1E DE L'~LAST1C1T~ 205

Considérons les deux couples de fonctions (u, v) et (u', v') et soient cr;;, crY' 't~Y'
X', Y' les quantités (58 1 ) et X, Y correspondant au couple (u', v'). On a donc
cr~ =1. (u~+v~)+2~u~; cr~=Â (u~+v;)+2~v~; 't~y=J..t (u;+u~).

En se servant de ces expressions et en appliquant la formule usuelle d'Ostro-


gradski, on obtient l'analogue suivant de la formule de Green:

-)J) (uX' +vY'-u'X -v'Y) d<=

=~~ [uPx(u', v')+vPy(u', v')-u'px{U, v)-v'Py(U, v)]dS, (60)


s
où D est comme plus haut un domaine de l'espace (x, y, t), S, la surface limi-
tant ce domaine et n la direction de la normale extérieure à S. La formule (60)
est due à Volterra. Signalons que par X, Y de même que par X', Y' on entend
les expressions du premier membre des formules (58). Dans l'établissement de
la formule (60), on suppose bien entendu que les fonctions (u, v) et (u', v')
possèdent dans D des dérivées premières et secondes continues.
Passons maintenant au cas où les dérivées premières des fonctions (u, v)
:subissent des discontinuités. Supposons que le domaine D est partagé en deux
parties Dl et D 2 par une surface cr et que les dérivées premières des fonctions
(u, v) sont affectées de discontinuités qui vérifient les conditions cinématiques
de compatibilité mentionnées au [1-2-15]. Supposons par ailleurs que les ex-
pressions (59) restent continues à la traversée de la surface cr. Dans la suite on
donnera une interprétation mécanique de ces conditions dynamiques de compa-
tibilité. De même qu'au [1-2-15] on peut affirmer que la formule (60) est valable
sur le domaine D tout entier si les fonctions (u, v) satisfont aux conditions de
discontinuité ci-dessus et (u', v') sont des fonctions quelconques possédant des
dérivées premières et secondes continues.
Voyons les conséquences qui découlent de ces conditions. Comme au
(1-2-15], on peut affirmer que les vecteurs grad u X n et grad v X n doivent
rester continus à la traversée de cr. Si l'on écrit les composantes de ces vecteurs,
on obtient six expressions qui doivent rester continues à la traversée de cr. En
leur adjoignant les expressions (59) que l'on aura transformées en y remplaçant
les composantes du tenseur de contrainte par leurs expressions (58 1 ), on obtien-
dra les huit relations suivantes qui doivent rester continues à la traversée de cr:
Ux cos (n, y) - uycos (n, x) = Ml'
u y cos (n, t) - Ut cos (n, y) = M 2'
Ut cos (n, x) - Ux cos (n, t) = M 3'
Vx cos (n, y) - v y cos (n, x) = M 4 ,
v y cos (n, t) - Vt cos (n, y) = M 5 ,

Vt cos (n, x) - Vx cos (n, t) = M 6'

(i + 2fl) Ux cos (n, x) + ~Uy cos (n, y) - pUt cos (n, t) +


+ ~vx cos (n, y) +
Âvy cos (n, x) = M 7'
Âux cos (n, y) + ~Uy cos (n, y) + ~vx cos (n, x) +
+ (Â. + 2~) Vy cos (n, y) - pUt cos (n, t) = Ms.
On traitera ces équations comme huit équations en les six dérivées premières
des fonctions u et v. Si la matrice de ce système d'équations contenait au moins
un déterminant d'ordre six non nul, alors on aurait pu exprimer toutes les six
206 CH. I. TH~ORIE DES ~QUATIONS AUX D~RIV~ES PARTIELLES
1-3-8; DISCONTINUIT:eS FORTES EN TH:eORIE DE V:eLASTICIT:e 207

être continues en N, c'est-à-dire qu'une discontinuité forte ne peut affecter que·


la composanie u du vecteur déplacement portée par la direction perpendiculaire·
à la courbe de discontinuité (discontinuité longitudinale). Donc, les conditions·
cinématiques de compatibilité et l'équation (62) étant satisfaites, pour que les·
conditions dynamiques le soient il est nécessaire et suffisant que seule la com-
posante du vecteur déplacement, normale à la courbe de discontinuité en mouve-
ment dans le plan (x, y), soit affectée d'une discontinuité forte. On pourrait.
envisager d'une façon tout à fait an"alogue l'équation '

P cos2 (n, t) - JA. [cos2 . (n, x) + cos 2 (n, y)] = 0


et établir que seule la composante du vecteur déplacement portée par la tangente
à la courbe de discontinuité peut subir une discontinuité forte.
Supposons que le champ des déplacements est potentiel: .

(u, v) = grad <p,


d'où il s'ensuit que

En choisissant les axe's de coordonnées, on s'assurera de la continuité des dérivées:


et Vx au point N. La continuité de MG résultera de celle de Vt et par suite·
uY ' v y
seule la composante du vecteur déplacement portée par la normale à la courbe-
de discontinuité pourra subir une discontinuité forte.
Supposons maintenant que le champ des déplacements est solénoïdal,.
c'est-à-dire que
Ux + vy = O.
Les dérivées uY ' vy et U x seront continues, done il en sera de même de la dérivée-
Ut en vertu de la continuité de M 3' Autrement dit, dans un champ solénoïdal
seule la composante du vecteur déplacement portée par la tangente à la courbe
de discontinuité est affectée d'une discontinuité forte.
Donnons maintenant une interprétation mécanjque de la théorie développée
ci-dessus, plus exactement, nous allons montrer que dans des cas particuliers
élémentaires, l'existence de la formule (60) traduit le fait que la loi des impul--
sions est valable également pour un volume contenant une surface de discon-
tinuité. Posons u' = 1 et v' = 0 dans la formule (60). En vertu des formules
(581), les composantes du tenseur de contrainte pour (u', v') seront nulles et la
formule (60) devient:
)S) X d't= - } } Px (u, v) d8. (66).
D S

De façon analogue, si l'on pose u' = 0 et v' = 1, on obtient la formule

J)D l y d't= - JJP


S
y (u, v) dB. (67)-

Prenons pour domaine D un cylindre dont les génératrices sont parallèles à'
l'axe des t et supposons que les bases 8 1 et 8 2 de ce cylindre sont portées par les-
plans t = t 1 et t. t 2 •. ~"upposons que ce cylindre contient une surface de discon-
tinuité <J. Sur 8 1 et 8 2 , on a cos (n, x) = cos (n, y) = O. D'autre part, cos (n, t) :::::::
= -1 sur 8 1 et cos (n, t) = +1 sur 8 2 • Sur la surface latérale, on a cos (n, t) =
= O. En désignant par 8 t la section variable du cylindre par un plan perpendicu- .
laire à ses génératrices et par lt la courbe d'intersection de ce plan avec la surface-
"208 ca:. t. TH:eORIE DES :eQUATIONS AUX D:enIV:eES PARTIELLES

latérale du cylindre, on peut mettre la formule (66) sous la forme:


t2
) [ ) ) X dx dy ] dt =
~l St

o()ù

()u

=) )
St
pUt dx dy It=t2 - 1)
St
pUt dx dylt=tl •

Le premier terme du premier membre nous donne l'impulsion des forces volu-
miques appliquées à la surface St du plan (x, y) pendant l'intervalle ftl , t 2 ].
Le deuxième terme définit l'impulsion des contraintes agissant sur le contour de
St, quant à la différence du second membre, elle représente l'accroissement de
la quantité de mouvement prise pour St, l'impulsion des contraintes et l'accrois-
:sement de la quantité de mouvement étant projetés sur l'axe des x. La formule
(67) nous donnera une relation analogue pour les projections de l'impulsion
-des contraintes et de l'accroissement de la quantité de mouvement sur l'axe
-des y. On obtient donc bien la loi de l'impulsion pour un domaine D contenant
une surface de discontinuité.
1-3-9. Caractéristiques et hautes fréquences. Il existe un lien entre les for-
mules établies dans le cadre de l'exposé de la théorie des caractéristiques pour
-des systèmes d'équations et les formules que l'on obtient en tentant de satisfaire
approximativement un système d'équations différentielles par des fonctions
d'un type spécial. Soit donné le système d'équations du second ordre:
m n
~ ~ hl 8 2 uj
:LJ LI aU OXk 8xl + ... =r0 (i=1, 2, •.. , m) (68)
1=1 k, l=1

Essayons de satisfaire ce système par des fonctions uJ de la forme


U j = X je iwlll ( ]. = 1, 2
, ... ,)
m • (69)

où Xi et <D sont des fonctions inconnues des variables indépendantes, 00, un


nombre. En portant les expressions (69) dans l'équation (68) et en ne gardant
que les termes dans lesquels 00 figure par son carré, on obtient le système d'équa-
tions suivant:
m n
.2J 2J
1=1 k, l=1
a~ X j<Dxk<D xl =0 (i ==1, 2•••• , m). (70)

On tra.itera ce système comme un système d'équations sans second membre en


Xj. Pour que ce système. admette une solution non triviale il faut que son déter-
1-3-9. CARACT~RISTIQUES ET HAUTES FReQUENCES 209

minant soit nuL Ceci nous conduit à une équation du premier ordre pour la
fonction cherchée <1>:
n
1 roiJ 1 = 0 (roiJ = 2J
k. l=t
at' <1>:x; <1>:x; ) ,
k l

équation qui est confondue avec celle des surfaces caractéristiques. En prenant
une solution quelconque de cette équation, on peut déterminer XJ à un facteur
multiplicatif près à partir du système (70). Ce système est confondu avec le systè-
me (21) qui nous a servi à déterminer les coefficients de discontinuité hj. Les
équations du système (21) n'étaient satisfaites que sur le front d'onde. Les
équations (70), elles, doivent être partout vérifiées. Ceci étant, le système (68)
n'est satisfait qu'approximativement par les fonctions (69). Dans le cas consi-
déré, <1> = const sont des surfaces d'égales phases.
Etudions plus en détail le cas d'une seule équation des ondes:
Utt = a2 (u:x;:x; + U yy + uzz) (71)
et cherchons sa solution sous forme d'une oscillation harmonique de fréquence
ro par rapport au temps t:
U = Ae!ül(t"/Il) ,
où A et <D sont des fonctions inconnues dépendant uniquement des coordonnées
(x, y, z). Tout revient à porter l'expression
v = A eicD/Il (72)
dans l'équation
(73)

On a
V:x; = (A:x; + iroA<1>:x;) eiül4P ,
(A:x;:x; + iroA <1>:x;:x; + 2iroA:x;<1>:x; -
iül4P
v:x;:x; = ro 2 A <Di) e •
On obtient des formules analogues pour les dérivées par rapport à y et à z.
En portant toutes ces expressions dans l'équation (73) et en égalant le coefficient
en ro 2 à zéro, on obtient l'équation en <1>:
+ <1>2Il +<1>2Z=...!...
<1>:x;2 a2· (74)

En égalant encore le coefficient en ro à zéro, on obtient une équation qui


contiendra l'amplitude A (x, y, z) de la solution (72):
A ~<1> +
2 (A:x;<1>:x; + A y <1>y + A z<1>z) = 0
ou
1
grad ln A.grad <1>= -2" ~<1>. (75)

On établit sans peine une relation entre l'équation (74) et l'équation des surfaces
caractéristiques. Les surfaces caractéristiques de l'équation (71) sont définies
par:
a2 [ ) )
( ~~1 2+( ~:1 2+ ( a:Z1 ) 2] = ( a~l ) 2,
en y portant ro1 = t +
<1>, on retrouve l'équation (74). En désignant par n le
vecteur unitaire de la normale en un point M à la surface <1> = const passant par
14-0t017
210 CH. I. THeORIE DES ~QUATIONS AUX D~RIV~ES PARTIELLES

ce point, on peut écrire que


grad <D = qJ (x, y, z) n,
où qJ (x, y, z) est la longueur du vecteur grad <D au point (x, y, z). L'équation
(75) devient alors
grad n ln A= - 2~ div (qJn), (7ô,
où grad n ln A est la projection de grad ln A sur la direction de n. Les é9uations
(74) et (76) doivent être satisfaites dans l'espace tout entier. Cependant l'equation
(71) n'est vérifiée qu'approximativement.
De façon analogue, si dans l'équation de Maxwell (36) on porte
E = eei CJ)C1); H = heiCJ)(J), (77)
où e et h sont des vecteurs, <D, une fonction scalaire, dépendant les uns et l'autre
de (xl' X2' XS, t), Cù, un nombre, alors on obtient en regroupant les termes en Cù:
e
<Dt - e = grad <D X h. (78)
c
Cette équation est en fait confondue avec l'équation (46) du (1-3-7]. On obtient
par le même procédé une équation analogue à l'équation (47). L'équation (78)
doit être satisfaite pas seulement sur la surface <D = const qui n'est pas une
surface de discontinuité mais une surface d'égales phases dans la solution (77).
1-3-10. Cas de deux variables indépendantes. Considérons un sys-
tème d'équations du premier ordre à deux variables indépendantes
et supposons qu'il est soluble en les dérivées partielles par rapport à
X 2 • Nous avons donc affaire à un système de la forme
m
~
aUi
-a-
X2
= L.J ai}
aUj
-a-
Xl
+ <Di (Xl' X 2 , Uj
)
(i=1, ... , m), (79)
;=1
où les ai} peuvent dépendre de X It X 2 • L'introduction des vecteurs
u et cD de composantes Ui et <Di et de la matrice A d'éléments aij
nous permet d'écrire ce système sous la forme vectorielle:
au oU
-a-=A-a-+cD(x}t
x Xl
x 2 , uJ). (80)
2

Faisons le changement
u = Bv, (81)
où B est une matrice dont le déterminant est non nul et dont les
éléments b ih dépendent de Xl' X 2 et possèdent des dérivées conti-
nues dans un domaine D du plan (Xl' x 2 ). On a
au =B.!!!.-+
.::l aXi aoB v (.~="
1 2) (82)
uXi Xi

la dérivation de la matrice B se ramenant à celle de ses éléments.


En portant (81) et (82) dans (80), on obtient l'équation en v:
B .!.!!....
oX 2
= AB -.!!!....
aXI
+ 'Y,
1-3-10. CAS DE DEUX VARIABLES INDePENDANTES 211

où qr est un vecteur dont les composantes sont des fonctions de


(Xl' X2' VJ)' Une multiplication des deux membres par B-l nous donne
l'équation transformée
!!!-=B-1AB~+
ôX ÔXI
'If.
1
(83)
2

Choisissons si possible la matrice B de telle sorte que la matrice


B -lAB soit diagonale. On sait que pour cela il faut résoudre l'équa-
tion caractéristique de la matrice A (tome 111 1 , [11-1-8]) :
1 A - Â 1 = Ot (84)
où le premier membre est le déterminant de la matrice (A - Â).
L' équation (84) s' écrit encore:
an-Â, aI2 , ••• , alm
a21 , a22 - Â, ••• , a2m
. . .. . . . . .. . . . . .
=0. (85)

Supposons qu'au voisinage d'un point (x~O), X~Ol), les coefficients


aik possèdent des dérivées cG>ntinues et ] 'équation (85) admet
des racines distinctes Âk (Xl t x 2 ) (k = 1, ... , m). La dernière
condition est essentielle pour la suite. Sous ces conditions, on
peut grâce à la méthode décrite au (tome 111 1 , [11-1-8]) construire~
dans le voisinage mentionné une matrice B jouissant des propriétés:
signalées et telle que la matrice B-lAB soit diagonale. L'équation
(83) se met alors sous la forme scalaire:
ôv· ôv·
-ôZ -
x2
Â, (Xl' X 2 ) - ô
Z
Xl
+ '1'dxu X2' Vi) = 0 (i = 1, 2, ... , m). (86)

Si les Âi (Xl' X 2) sont tous réels dans le voisinage considéré, le systè-


me est dit hyperbolique dans ce voisinage.
En utilisant les notations du [1-3-1), on obtient pour le systè-
mé (86):
a~J)= 0 pour i =1= j; a~r) = 1; a~p= -ÂdXl' x 2 ); (87)
pour les quantités Cù iit définies par les formules (5), on a
Cùij= O pour z.. -1-.
-r-] e
t
Cùii = ôCùI '1 (
-ô- ._"", Xl' X 2 - ô ;
X2
) ÔCùI
Xl

l'équation (6) devient


ÔCùI
[ ôX -
2
'1 (
""1 Xl' X 2
) ôCù 1 ]
ÔXI • ••
[ ôCù 1
ÔX -
2
'1
""m (
Xl' X 2
) ôCù I ]
ÔXI = 0,
et se scinde en m équations linéaires:
ÔCùI
- ô -""i Xl'
'1 (
X2
) ôCù1
-ô- =
0 (i= 1, •.. , m). (88)
X2 Xl
14*
212 CH. I. TH:eüRIE DES:eQUATIONS AUX D:eRIV:eES PARTIELLES

Si est solution de l'une de ces équations, alors la famille


(01 (XIt X 2 )
= C est la famille des caractéristiques du système (86).
(01 (XIt X 2 )
L'équation (88) est équivalente à l'équation différentielle ordinaire:

dX1 + Â (Xl' X 2) dX 2 = 0,
i i.e. ddX1
X2
= - Â t (Xl' x 2), (89)

et par tout point du domaine dans lequel les fonctions  i (Xl' x 2 )


possèdent des dérivées partielles premières continues il passe m
caractéristiques.
Considérons un voisinage de l'axe X 2 = et soit la portion de
la courbe intégrale de l'équation (89) passant par un point (Xl' X 2),
°
comprise entre ce point et l 'intersection (X~i), 0) de cette courbe
avec l'axe x 2 = O. Le long de la ligne li toute fonction 11' (Xl' X 2 )
peut être traitée comme une fonction de X 2 seulement. En vertu 'de
(89), on a donc

d"1'
dx 2
= ôô"1' -
X2
Âi (Xl' X 2) ôÔ'!'
Xl
le long de li.

Le système d'équations (86) est équivalent par conséquent au système


d'équations intégrales:

Vi (XI' X2)=Vi(4i), 0)-) lI'i(X 1 , 1: 2, vi)dX2 (i=1, ... , m). (90)


li

Vu que les valeurs des fonctions Vi (Xl' x 2 ) nous sont données sur
l'axe X 2 = 0, on peut admettre que Vi (x~i), 0) sont connues et
appliquer la méthode des approximations successives au système
(90). Ceci nous conduira au théorème d'existence et d'unicité de
la solution du problème de Cauchy et à la dépendance continue par
rapport aux conditions initiales. Un exposé détaillé de cette question
ainsi que l'examen du cas où l'équation (85) possède des racines
multipl~s sont accessibles dans l'ouvrage de I. Pétrovski cité plus
haut.
'1-3-11. Exemples. 1. Considérons le système d'équ~tions qui définit les
parties réelle et imaginaire d'une fonction analytique ~tome 111 2 , [1-·2]):

ÔU1 _ ôU2 =0. ôU2 + ÔUl -0


(91)
ÔX1.. ÔX2 ' ÔX1 ôX 2 - •

On a
(l) - . a(2) -
a 11 - 21 -
a (1)
22 -
-1·1 a(2) -
12 -
-1 ,

les autres h(~) étant nuls. La substitution de ah à ::: ramène le premier membre
de l'équation (6) à la forme ar +
a~ et par suite le système (91) est elliptique.
La relation signalée entre ce système et les fonctions analytiques nous permet
d'affirmer que toute solution de ce système pourvue de dérivées premières con-
tinues est une fonction analytique de Xi et- x2 • .•
1-3-11. EXEMPLES 213

2. Considérons le système (O. P e r r 0 n, Math. Z., 1927, 27, nO 4)


aUI _ aU2 =0; aU2 -a aUI +F (X2)=0, (92)
OX I aX 2 aXI aX2
où a est une constante.
La substitution de ah à aa(ùI ramène le premier membre de l'équation (6)
Xh
à la forme ai - aa~ et par suite le système est elliptique pour a < 0 et para-
bolique pour a = O. Si l'on écrit le système sous la forme résolue par rapport
aux dérivées partielles par rapport à Xl' l'équation (85) devient

I
-
Â
G,
'

1 1-0, Le.
. '"Il 2 -a = ° ,

°
pour a > les racines sont réelles et distinctes, donc le système est hyperbolique.
Supposons d'abord que a > O. En procédant comme indiqué au (1-3-10)
et en effectuant le changement
1fa~
VI =u.; VI = Va u,. -+ UlI' (93)
on ebtient deux équations séparées pour VI et v.:
aVI
aXI
-ya aVI
aX2
+F (x 2) =0; aV2
aXI
+ya aV2
aX2
-F (x2) =0. (94)

Le changement de variables
2s=ytÏ %1 +X2; 2't']= --fa Xl +X 2 ,
ramène le système à la forme

(95)

Cherchons la solution de (95) qui vérifie la condition initiale


vllx1==o=v.lx1==o=O, Le. VI 111=i=O; v2111=~=0.
On déduit à partir de (95)
i+11 ,+11
J2, F (t) dt; J F (t) dt.
211
Dans les anciennes variables indépendantes, on a

Y;Xl+ X•
l' F (t) dt; ",= );
- VaxI+X2
Y F (t) dt,

et les formules (93) nous permettent de remonter aux solutions Ul' U2 du système
(92) qui vérifient les conditions initiales
UI Ix1==o = U2 IX1=o =0. (96)
Il est évident que cette solution est unique.
Pour a = 0, le système (92) devient
aUI _
aXI
au. =0;
aX 2
aU2
ax}
+F (X2) = 0,
214 CH. 1. TH:eiORIE DES :eQUATIONS AUX D:eRIV:eiES PARTIELLES

et sa solution qui vérifie les conditions (96) est:

UI = - 2,x~ F' (,x2); U2 = -,xiF (,x2),


il est entendu que F (,x2) possède une dérivée seconde continue.
Traitons enfin le cas où a = - b2 < O. En posant
y

b,xl=,x; ,x2=y, Vt=bUl+ ~ ) F(t)dt; V2 =U2, (97)


e

on écrit le système (92) sous la forme


ÔVI _
ô,x
Ôl'2 =0'
ôy
aV 2
'ô,x
+ aVI
ôy
=0

On remarque que VI +
V2i doit être une fonction régulière de z = ,x yi qui +
en vertu de (96) et (97) doit tendre pour ,x -- 0 vers la fonction réelle .
y

~ ) F (t) dt. (98)


e

-On peut affirmer que la fonction régulière z doit être prolongée par analyticité
.au-delà de la droite x = 0 et par suite doit être analytique sur cette droite même
{tome 111 2 , (1-24]). Donc, la fonction (98) et, par suite, la fonction F (y), doivent
être analytiques pour y réel. En développant la fonction (98) en série entière de
(y - Yo), où Yo est un réel quelconque, soit:

-+ ) y

c
F(t) dt=
00

~
k=O
ak (y-yo)k,

on obtient
00

VI+v 2i= ~ (-i)kak(z-iYo)1~ (z=,x+yi)


k=O
pour les z proches de iyo. Sachant VI et V2' on détermine UI et U2 grâce à (97).
Chapitre II
. PROBLÈMES AUX LIMITES

11-1. Problèmes aux limites


pour une équation différentielle ordinaire
11-1-1. Fonction de Green relative à une équation linéaire du se-
cond ordre. Le présent chapitre sera consacré à l'étude des problèmes
aux limites aussi bien pour les équations différentielles ordinaires
que pour les équations aux dérivées partielles. Nous avons à maintes
reprises rencontré de tels problèmes. Nous nous proposons de donner
un exposé systématique de cette question.
L'application de la méthode de Fourier à la résolution de pro-
blèmes aux limites de la physique mathématique nous a conduits à
plusieurs reprises au problème aux limites suivant pour une équa-
tion différentielle ordinaire du second ordre contenant un para-
mètre: trouver les valeurs du paramètre  pour lesquelles l'équa-
tion sans second membre
d
dx [p (x) y'] + [Âr (x) - q (x)] y = ° (1)

possède une solution non nulle sur un intervalle borné fini [a, b]
et vérifiant aux bornes de cet intervalle des conditions aux limites
homogènes:
O-lY (a) + O-zy' (a) = °; ~lY (b) + ~zY' (b) = 0, (2)
OÙO-k et ~k sont des nombres donnés non tous nuls. On admettra que
p (x), q (x) et r lx) sont des fonctions continues sur [a, b] et de plus
que p (x) ne s'annule en aucun point de cet intervalle et possède une
dérivée continue. Désignons la somme des termes de l'équation (1)
ne contenant pas le paramètre  par
d
L (y) = Ch [p (x) y']- q (x) y.
On appellera comme toujours valeurs propres, les valeurs du para-
mètre  pour lesquelles le problème homogène possède des solu-
tions non triviales, et fonctions propres, ces solutions non triviales.
Ces fonctions sont de toute évidence définies à un facteur multipli-
catif constant près. Il est immédiat de voir qu'à toute valeur propre
est associée une fonction propre et une seule. En effet, supposons
216 CH. II. PROB~MES AUX LIMITES

à l'inverse que l'équation (1) admet pour une valeur propre  deux
solutions linéairement indépendantes vérifiant les conditions aux
limites (2). L'intégrale générale de l'équation (1) vérifie alors les
conditions aux limites (2). Ce qui est absurde, puisqu'on peut trouver
une solution de l'équation (1) pour des valeurs initiales y (a) et y' (a)
ne satisfaisant pas la première condition (2). Par les transforma-
tions élémentaires dont on s'est maintes fois servi (tome 111 2 , [V-8J,
lVI-2-3J, lVI-3-2l) on montre que des fonctions propres CPI (x) et
CP2 (x) associées à des valeurs propres distinctes sont orthogonales,
soit:
b

Jr (x) CPl (x) CP2 (x) dx = O.


a

_Introduisons pour l'opérateur L (y) une fonction identique à celle


qui a défini la déformation statique subie par une corde sous l'ac-
tion d'une force concentrée (tome IV 1 , (1-1]). Le rôle de l'opérateur
L (y) incombait à y". Pour arriver de façon naturelle aux propriétés
de la fonction introduite, considérons l'équation
d
L (y) = dx [p (x) y'] -q (x) y= -1 (x) (3)

et supposons que la fonction 1 (x) est nulle sur l'intervalle la, bJ


tout entier sauf un petit intervalle [~ - e, ~ +
el, où ~ est un point
fixe intérieur à [a, blet de plus que
~+s

J f (x) dx= 1. (4)


5- S
Lorsque e tend vers 0, on obtient à la limite l'analogue d'une force
concentréa au point x = ~. Sous la condition imposée à f (x) considé-
rons la solution Ye (x) de l'équation (3) qui vérifie les conditions
aux limites (2) (on admet que cette solution existe). En intégrant
les deux membres de l'équation (3) par rapport à x et en tenant
compte de (4), on obtient

p(x)y~(x) J-.-J.
X=S+8 ~+8

q(x)y.(x)dx= -1,

ou à la limite lorsque e -+ 0,
y' (~ + 0) - y' (s - 0) = - p ~~) ,

c'est-à-dire que la dérivée y' (x) de la solution y (x) doit subir au


point z = ~ un saut égal à - p ~~) • Cette solution dépendra de
11-1-1. FONCTION DE GREEN 217

toute évidence du point de l'intervalle [a, b] qui sera pris pour s~


de sorte qu'elle sera fonction des variables x et s.
On la désignera par
G (x, s) et on l'appellera fonction de Green relative à l'opérateur
L (y) sous les conditions aux limites (2). Les considérations précé-
dentes nous conduisent à la définition rigoureuse suivante de la fonc-
tion de Green: on appelle fonction de Green relative à l'opérateur
L (y) avec les conditions aux limites (2) une fonction G (x, s) vérifiant
les conditions suivantes: 1) G (x, s) est définie et continue dans un
carré k o défini par les inéquations a:::( x, s:::( b; 2) G (x, s), comme
fonction de x, possède pour a:::( x < set S< x:::( b des dérivées premières et
secondes continues et est solution de l'équation sans second membre
L (y) = 0; 3) G (x, s), comme fonction de x, satisfait les conditions
aux limites (2) ; 4) la dérivée de G (x, s) par rapport à x que nous dési-
gnerons par G' (x, s), subit un saut sur la diagonale du carré ko, c'est-à-
dire pour x = S, et de plus

r G' (s + 0, s) -- G' (s - 0, s) = - p ~6) ,


(5}
{
G' (s, s+ 0) - G' (s, s- 0) = p ~6) •

Les conditions (5) se traduisent par une seule, savoir: à l'approche


de tout point x = S de la diagonale, aussi bien d'en haut, c'est-à-dire
à partir du domaine S > x, que d'en bas, c'est-à-dire à partir du
domaine S< x, la dérivée G' (x, s) doit prendre des valeurs bien
définies et la différence de ces valeurs limites doit être égale à p ~s) .
Dans chacun de ces domaines, la dérivée seconde par rapport à x
s'exprime, en vertu de L (G) = 0, de la manière suivante:
p (x) G" (x, s) = -p' (x) G' (x, s) + q (x) G (x, s),
et par suite cette dérivée seconde prendra des valeurs bien définies
à l'approche de la diagonale d'en haut ou d'en bas.
Prouvons maintenant qu'il existe une fonction de Green et une

° °
seule satisfaisant toutes les conditions indiquées ci-dessus. On ad-
mettra que Îv = n'est pas une valeur propre, c'est-à-dire que l'équa-
tion L (y) = ne possède pas de solutions non ~riviales satisfaisant
les conditions (2). Nous verrons dans la suite comment il faut modi-
fier la définition de la fonction de Green lorsque Îv = est une
valeur propre. Construisons la solution YI (x) de l'équation L (y) = 0
°
en prenant pour valeurs initiales YI (a) et Y~ (a) des nombres vérifiant
la première condition (2). La solution YI (x) et plus généralement
toutes les solutions CIYI (x), où Cl est une constante arbitraire, satis-
feront la première condition (2). Il est immédiat de voir qu'il n'exis-
te pas d'autres solutions vérifiant la première condition (2). En
effet, s'il en existait une, Y (x), on aurait deux équations sans second
218 CH. II. PROB~MES AUX LIMITES

membre en Ct l et Ct 2 :
CtIYI (a) + (Z2Y~ (a) = 0; (ZiY (a) + Ct 2 y' (a) = 0,
et comme on admet naturellement que l'un au moins de ces nombres
est non nul, le déterminant de ce système devrait être nul, autre-
ment dit le wronskien des solutions y (x) et YI (x) serait nul pour
x = a, donc Y (x) et YI (x) seraient linéairement indépendantes,
c'est-à-dire que Y (x) = CYl (x) (tome II, 11-1-1).
De façon tout à fait analogue, supposons que C2Y2 (x), où C2
est une constante arbitraire, sont les solutions de l'équation L (y) =
qui vérifient la deuxième condition (2). Le théorème d'existence et
°
d'unicité nous dit que les solutions YI (x) et Y2 (x) sont définies sur
l'intervalle la, b] et sont linéairement indépendantes. En effet, si

°
elles étaient linéairement dépendantes, alors YI (x) vérifierait les
deux conditions aux limites (2) et À = serait valeur propre, ce qui
est contraire à l'hypothèse. La fonction G (x; s) est de la forme
CIYI (x) pour x ~ s,
et de la forme C 2Y2 (x), pour x ~ Il reste à s.
choisir les constantes Cl et C2 de telle sorte que cette fonction soit
continue en x = S et que sa dérivée subisse le saut signalé. Ceci
nous conduit aux deux équations suivantes pour la détermination
de Cl et C2 :
( CIYI Œ) - C2Y2 (s) = 0,
) 1 (6)
l cIY; (s) - C2Y~ (s) = P (6) •
Le déterminant [Y2 (s) Y~ (S) - YI (S) y;
(S)] de ce système est nOIl
nul, puisque les solutions YI (x) et Y2 (x) sont linéairement indé-
pendantes. Donc on obtient des valeurs bien définies pour les cons-
tantes Cl et C2. Le wronskien des solutions YI (x) et Y2 (x) s'exprime
(tome II, 11-1-11) à l'aide de la formule

YI (x) Y~ (x) - Y2 (x) Y~ (x) = P ~X) ,

où C est une constante non nulle. Quitte à multiplier l'une des solu-
tions, par exemple YI (x), par c, on ramène la relation précédente
à la forme
p (x) [YI (x) Y~ (x) - Y2 (x) Yi (x)] = 1-
De cette relation il s'ensuit immédiatement que le système (6)
a pour solution: Cl = Y2 (s) et C 2 = YI (S) et la fonction de Green
G (x, S) est définie comme suit:

G (x, S) = { YI (x) Y2 (s) (x~ S), (7)


Y2 (x) YI (S) (x~6)·
On vérifie sans peine qu'elle remplit toutes les quatre conditions.
Son unicité résulte directement des raisonnements précédents.
11-1-2. R~DUCTION A UNE .eQUATION INT~GRALE 219

11-1-2. Réduction à une équation intégrale. Considérons l'équation


avec second membre
d
L (y) = (IX [p (x) y'] - q (x) y = - f (x), (8)

où f (x) est une fonction donnée, continue sur un intervalle [a, b].
On cherchera la solution de l'équation (8) qui vérifie les conditions
aux limites (2). Cette solution est unique. En effet, s'il en existait
deux, leur différence satisferait l'équation sans second membre
L (y) = 0 et les conditions aux limites (2), c'est-à-dire que 1.. = 0
serait valeur propre. Assurons-nous que la solution unique de l'équa-
tion (8) qui satisfait les conditions aux limites (2) est donnée par
la formule
b

Y (x) = ) G (x, s) f (s) d s· (9)


a

L'analogue de cette formule (tome IV l , (1-1]) admet une signification


mécanique simple, à savoir que si l'on connaît la déformation sta-
tique due à une force ponctuelle, on peut au moyen d'une intégra-
tion obtenir la déformation statique due à une force continûment
distribuée.
Passons à la démonstration du fait que la fonction définie par la
formule (9) satisfait (8) et les conditions aux limites (2). Partageons
l'intervalle d'intégration en deux, compte tenu du saut subi par la
fonction de Green:
x b

y= ) G(x, s)/ (s)ds+ ) G(x, s)f(s)ds.


a x
Une dérivation par rapport à x nous donne
x
y' == ) G' (x, s) f (6) dx + G (x, x-O) / (x) +
a
b

+ ) G' (x, s) / (s) ds - G (x, x + 0) f (x)


x
ou encore
x b b

y' = ) G' (x, s) f (6) ds + ) G' (x, s) / (s) ds = ) G' (x, s) f (s) ds, (10)
a x a

puisque la fonction de Green est continue, i. e. G (x, x 0) = +


= G (x, x - 0). Des formules (9) et (10) et du fait que G (x, s)
satisfait les conditions aux limites (2), il s'ensuit aussitôt que la
220 CH. II. PROBL:E:MES AUX LIMITES

fonction (9) vérifie également ces conditions. Pour vérifier l'équa-


tion (8) dérivons encore une fois y' par rapport à x. Des transforma-
tions peu compliquées nous conduisent à l'expression
b

y" = ~ G"(x, s)f(s)ds--!--[G'(x,x-O)-G'(x,x+O)]f(x),


a

et de (5) il s'ensuit que


b

y" = JG" (x, s) f (s) d s- ; ~:~ • (11)


a

En portant dans (8) les expressions (9), (10) et (11) de y, y'


et y", on trouve
b

~ L(G)f(s)ds-f(x)= -f(x),
a

c'est-à-dire que l'équation (8) est bien vérifiée puisque la fonction


G (x, s) est solution de l'équation sans second membre L (y) = O.
Signalons que les formules précédentes nous disent que la fonction y
définie par (9) possède des dérivées premières et secondes continues

Si  = °
sur l'intervalle [a, b]. On est donc conduit à la proposition suivante:
n'est pas une valeur propre pour l'équation (8), alors cette
équation admet pour toute fonction f (x) définie et continue sur [a, bl
une solution unique vérifiant les conditions aux limites (2) et cette solu-
tion est donnée par la formule (9). Cette proposition peut encore
s'énoncer: Pour toute fonction f ex) continue donnée, la fonction (9)
possède des dérivées premières et secondes continues et vérifie l'équa-
tion (8) avec les conditions aux limites (2).
A noter que si y (x) est une fonction quelconque possédant des
dérivées première et seconde continues sur un intervalle fa, blet
vérifiant les conditions aux limites (2), alors en la portant dans
l'équation (8) on peut construire une fonction f (x) continue. D'a-
près ce qui a été prouvé plus haut, la fonction y (x) s'exprime au
moyen de f (x) par la formule (9).
Donc, les formules (8) et (9) établissent une correspondance biuni-
voque entre deux classes de fonctions: la première étant composée
des fonctions y (x) possédant sur fa, b 1 des dérivées première et
seconde continues et vérifiant les conditions aux limites (2); la
seconde, des fonctions f (x) continues sur fa, bl. Le passage de y (x)
à f (x) est réalisé par la formule (8), le passage de f (x) à y (x), par
la formule (9).
On voit donc à la lumière de ce qui vient d'être dit qu'il est
possible de ramener le problème aux limites à une équation inté-
II-f-3. SYM:eTRIE DE LA FONCTION DE GREEN 221

grale. En effet, en mettant l'équation (1) sous la forme


L (y) = -Âr (x) y,
on constate immédiatement en vertu des résultats établis que l'équa-
tion (1) avec les conditions aux limites (2) est équivalente à l'équa-
tion intégrale
b

Y (x) = Â ~ G (x, 6) r (6) y (6) d6. (12)


a

De façon tout à fait analogue, l'équation avec second membre


d
dx [p (x) y'] + [Âr (x) .- q (x)] y = F (x) (12 1 )

avec les conditions aux limites (2) équivaut à l'équation intégrale


b

y (x) = FI (x) + Â ~ G (x, 6) r (6) y (6) d6, (12 2 )


a

b

FI (x) = - ~ G (x, 6) F (6) d6,


a

la solution étant dans les deux cas une fonction continue y (x).
11-1-3. Symétrie de la fonction de Green. La formule (7) définit
la fonction de Green non seulement pour x Ela, bl, mais aussi aux
bornes x = a et x = b de cet intervalle, c'est-à-dire sur le carré
fermé k o : a ~ x, 6~ b, et cette formule entraîne directement la
symétrie de la fonction de Green sur k o :

G (x, 6) = G (6, x). (13)


Donnons une u utre démonstration de la symétrie de la fonction
de Green, une démonstration fondée sur une idée utilisée dans des
cas plus généraux. L'identité suivante est de vérification immé-
diate:
d
uL (v) - vL (u) = dx [p (x) (uv' - vu')]. (14)

Dans cette identité, u (x) et v (x) sont deux fonctions arbitraires


possédant des dérivées. premières et secondes continues. Posons
u = G (x, 61) et v = G (x, 62) dans (14) en admettant pour fixer
les idées que 61 < 62" En intégrant sur les intervalles [a, 61], [617 62)
et [62' b] et en tenant compte du fait que la fonction de Green est
222 CH. II. PROBL1!:MES AUX LIMITES

solution de l'équation L (y) = 0, on obtient


[p (x) (G (x, ~l) G' (x, ~2) - G (x, ~2) G' (x, ~l»]~_~l = 0,
[p (x) (G (x, ~l) G' (x, ~2) - G (x, ~2) G' (x, ~l»]~ i~ = 0,
[p (x) (G (x, ~l) G' (x, ~2) - G (x, ~2) G' (x, ~l»]~=t~2 = O.
En ajoutant ces trois égalités et de par la continuité de la fonction
de Green et la discontinuité de sa dérivée première, on trouve
G (~l' ~2) - G (~2' ~l) =
= [p (x) (G (x, ~l) G' (x, ~2) - G (x, ~2) G' (x, ~l»]~=~' (15)
Il est immédiat de vérifier que la différence du second membre
s'annule pour x = a et x = b. En effet, la fonction de Green satis-
fait la première condition (2), soit
alG (a, ~l) + a G' (a,
2 ~l) = 0,
alG (a, ~2) + a G' (a,
2 ~2) = 0,
et comme on admet naturellement que les constantes al et a 2 ne
sont pas simultanément nulles, le déterminant de ce système homo-
gène doit être nul, autrement dit, la différence ci-dessus s'annule
bien pour x = a. On démontre de même qu'elle s'annule pour x = b
et la formule (15) établit la symétrie de la fonction de Green.
On peut envisager des conditions aux limites plus générales que
les conditions (2), c'est-à-dire des conditions dans lesquelles figurent
les valeurs prises par la fonction et sa dérivée première aux bornes
de l ' intervalle [a, b]:
alY (a) + a y' (a) + aaY (b) + a,.y' (b) = 0,
2

~lY (a) + ~2Y' (a) + ~aY (b) + ~,.y' (b) = O.


Tous les raisonnements précédents, excepté la démonstration de la
symétrie de la fonction de Green, restent en vigueur. Pour que la
démonstration de la symétrie de la fonction soit valable, il est néces-
saire et suffisant que soit remplie la condition suivante:
al' a 2 a 3 , a..
p (b) R R =p (a) R R •
Pl' P2 P3' P"
Nous glisserons sur la démonstration de ce fait. On vérifie immédia-
tement que la fonction de Green est symétrique pour des conditions
aux limites périodiques: y (a) = y (b); y' (a) = y' (b) si p (a) =
= p (b), c'est-à-dire si la fonction p (x) est périodique. Signalons
que si les autres coefficients q (x) et r (x) sont périodiques, alors le
problème aux limites avec les conditions périodiques mentionnées
revient à chercher les valeurs du paramètre 'A pour lesquelles l'équa-
tion (1) possède une solution périodique.
11-1-4. VALEURS ET FONCTIONS PROPRES 223

II-1-4. Valeurs et fonctions propres du problème aux limites.


Etant donné qu'on a ramené le problème aux limites à une équation
intégrale, on peut mettre en œuvre la théorie générale des équations
intégrales et établir ainsi des propositions relatives aux valeurs et
fonctions propres du problème aux limites. Commençons par le
cas r (x) == 1, où l'équation (1) est de la forme
ëfX [p (x) y'] + (1.. - q (x» y = 0,
d
(16)
les conditions aux limites étant telles que la fonction de Green est
symétrique. L'équation intégrale (12) est une équation à noyau sy-
métrique. Elle admettra des valeurs propres réelles, et les fonctions
propres associées aux valeurs propres distinctes seront orthogona-
les. On a vu au (II-1-11 qu'à toute valeur propre était associée une
fonction propre et une seule. Ceci a été prouvé pour des conditions
aux limites du type (2). Si les conditions aux limites sont périodi-
ques, à toute valeur propre il peut correspondre deux fonctions
propres au plus, car l'équation (16) ne possède que deux solutions
linéairement indépendantes. Prouvons encore que le noyau G (x, ~)
de l'équation (16) est un noyau complet, c'est-à-dire qu'il n'existe
pas de fonction continue j (x) non identiquement nulle qui soit
orthogonale au noyau. Si par absurde on suppose qu'une telle fonc-
tion existe, c'est-à-dire que
b
~ G(x, s)j(s)ds=Ot
a

on constate alors que la fonction (9) d'un côté est identiquement


nulle et de l'autre est, en vertu de ce qui a été démontré plus haut,
solution de l'équation avec second membre (8), ce qui est impossible.
Le noyau étant complet, il existe une infinité de valeurs propres
(tome IV l' (1-421). Soient 1.. n (n = 1, 2, ... ) les valeurs propres de
l'équation (16), c'est-à-dire du problème aux limites envisagé, et
<"Pn (x), les fonctions propres correspondantes, fonctions qui forment
un système orthonormé. Supposons qu'une fonction j (x) vérifie
les conditions aux limites (2) et possède des dérivées première et
seconde continues. En posant L (j) = -h (x), on obtient la repré-
sentation de cette fonction par l'intermédiaire du noyau:
b

f (x) = ~ G (x, s) h (~) d~,


a
et par suite toute jonction satisfaisant les conditions aux limites (2)
et possédant des dérivées première et seconde continues sur [a, b] se dé-
veloppe sur [a, bl en une série de Fourier régulièrement convergente
suivant les fonctions propres <"Pn (x) (tome IV lt [I -361). On a sans
peine le théorème suivant:
224 CH. II. PROBLm\ŒS AUX LIMITES

Thé 0 r ème. Si la série de Fourier d'une fonction continue


j (x)
00 b

Cn = Jf (x) cp n (x) dx (17)


a

converge uniformément sur [a, b), alors sa somme est f (x).


Prouvons ce théorème par l'absurde. Soit fI (x) la somme de la
série (17). Supposons que fI (x) n'est pas identiquement égale à f (x)
sur [a, bl. La différence fI (x) - f (x) qui n'est pas identiquement
nulle est orthogonale à toutes les fonctions CPn (x), donc au noyau,
ce qui contredit la complétude de ce dernier. Ce théorème nous sera
utile dans la suite.
On démontre que non seulement le noyau G (x, 6) est complet,
mais aussi que les fonctions propres CPn (x) forment un système fermé.
De là on peut déduire directement le théorème ci-dessus.
Dans la suite, lorsqu'on se penchera sur le cas multidimension-
nel, on prouvera que l'équation de fermeture a lieu pour toute fonc-
tion continue. Cette démonstration vaut également en dimension un.
Etudions maintenant le cas où r (x) =1= 1 et supposons que r (x) >
> O. Les résultats du (tome IV l' [1-44]) nous disent que le problème
aux limites (2) pour l'équation (1) se ramène alors à une équation
intégrale à noyau symétrique. En particulier, toute fonction satis-
faisant les conditions aux limites (2) et possédant des dérivées
première et seconde continues sur [a, b), se développe en une série
de Fourier régulièrement convergente suivant les fonctions pro-
pres du problème:
00

f (x) = ~ cnCPn (x), (18)


n=1

dont les coefficients sont définis pas les formules


b

Cn = Jr (x) f (x) CPn (x) dx.


a
(19)

Pour prouver cette proposition, on observera qu'en vertu du


(IJ-1-2] on a
b

f(x)= - JG(x, s)Lff(6))ds·


a

Or, de toute évidence L If (6)] = - V r (6) h Œ), où la fonction h (6)


est continue sur· la, bl, puisque r (6) >0. Donc, la fonction
V r (x) f (x) se représente par le noyau de l'équation intégrale
II-1-S. SIGNE DES VALEURS PROPRES 225

symétrique :
b

V r (x) t (x) = ) G (x, 6) V r (x) r (s) h (s) dS, (20)


a

et les raisonnements du (tome IV!, [1-44]) nous donnent immédiate-


ment le théorème de décomposition formulé ci-dessus. Comme plus
haut on peut prouver la fermeture du noyau et par suite l'existence
d'une infinité de valeurs propres. En reprenant les raisonnements du
[11-1-1) pour le cas où f (x) possède une dérivée première continue
et une dérivée seconde continue par morceaux et en se rappelant que
le théorème 2 du (tome IV h [1-31]) est valable pour le cas où une
fonction est représentable par un noyau à l'aide d'une fonction
h (x) continue par morceaux, on s'assure que le théorème de décom·
position est valable pour le cas où la fonction f (x) qui satisfait les
conditions aux limites (2) possède une dérivée première continue et
une dérivée seconde continue par morceaux. Dans la suite, on si-
gnalera les cas où les théorèmes de décomposition restent valables
pour une dérivée première continue par morceaux.
11-1-5. Signe des valeurs propres. On admettra pour alléger l'écri-
ture des formules que r (x) == 1. Les raisonnements s'étendent sans
peine au cas général. Exhibons tout d'abord une formule exprimant
les valeurs propres au moyen des fonctions propres. Soient Ân les
valeurs propres et <Pn (x), les fonctions propres qui forment un sys-
tème orthonormé. On a
L (<Pn) = ---Ân<Pn (x).
En multipliant les deux membres par <Pn (x), en intégrant et en
tenant compte de l'orthonormalisation des fonctions propres, on
obtient
,b b

1,,~ - ) L (cPn) q>n (x) dx = - ) [ d~ (p (x) <p~) - q (x) q>nJ q>n (x) dx.
. a a

Une intégration par parties du premier terme nous conduit à la


formule suivante:
b

Ân = ) [p (x) <p~2 (x) + q (x) <p~ (x)) dx- [p (x) <Pn (x) <p~ (x)];=~~ (21)
a

Supposons que le terme non compris sous le signe somme est nul.
Ceci aura lieu par exemple si les conditions aux limites sont de, la
forme: <Pn (a) = q>n (b) = O. Sous ces conditions, la formule (21)'
15-01017
226 CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES

devient:
b

Ân = ) [p (x)q>~ (x) + q (x) q>~ (x)] dx. (22)


a

Supposons que p (x) > O. Si l'on admet de plus que q (x);;::: 0


sur [a, b], alors la formule (22) nous dit que les valeurs propres sont
toutes strictement positives. Supposons maintenant que q (x) est
une fonction continue arbitraire et soit m son minimum sur [a, b],
c'est-à-dire que q (x);;::: m, x E [a, bl. De la formule précédente,
il s'ensuit immédiatement
b

Ân~ ) P (x) q>~2 (x) dx+ m~m.


a

Donc, dans le cas envisagé, seul un nombre fini de valeurs propres


peuvent être strictement négatives. Supposons maintenant que les
conditions aux limites sont de la forme:
yi (a) - hly (a) = 0; yi (b) +
h 2 y (b) = 0, (23)
où hl et h 2 sont des constantes strictement positives. Le second
terme de la formule (21) est alors strictement positif et l'on s'as-
sure comme plus haut que sous les conditions aux limites (23) et
pour q (x) ~ 0 les valeurs propres sont toutes strictement positives.
Si toutes les valeurs propres sont strictement positives ou si
seul un nombre fini d'entre elles sont strictement négatives, alors
est vrai le théorème de Mercer et l'on peut développer le noyau en
une série absolument et uniformément convergente:
00

G (x, ~) = ~ fPn (Xi: n (~) • (24)


n=l
Cette égalité nous permet d'étendre le théorème de décomposition
suivant les fonctions propres qui a été prouvé au (11-1-4] à une
classe de fonctions plus vaste, plus exactement, supposons que
f (x) est continue, possède une dérivée continue sur l'intervalle
[a, b] t01,lt entier sauf en un point x = c où elle subit un saut:
+
f' (c 0) - f' (c - 0) = k,
et une dérivée seconde continue par morceaux. Supposons par ail-
leurs que f (x) satisfait comme toujours les conditions aux limites
(23). Composons la différence:
k
f (x) - p (c) G (x, c),

qui possède une dérivée continue sur l'intervalle la, b] tout entier.
Cette -différence est justiciable du théorème de décomposition sui-
II-t-6. EXEMPLES 227

vant les fonctions propres. D'autre part, en vertu de la formule (24)


le terme G (x, c) peut être développé suivant les fonctions propres,
donc la fonetion f (x) se décompose en une série de Fourier absolu-
ment et uniformément convergente suivant les fonctions propres.
Ces raisonnements sont valables de toute évidence dans le cas où
la dérivée f' (x) présente un nombre fini de sauts dans [a, bl. Ils
sont identiques à ceux utilisés au (tome II, [VI-2-8J) pour améliorer
la convergence des séries de Fourier.
11-1-6. Exemples. 1. Considérons l'équation
y" + 'Ay = 0
avec les conditions aux limites y (0) = y (1) = O. On a L (y) = y" et la fonction
de Green s'écrit

G (x, s)= {
(1- s) x (x ~ ~),
(1-x)s (s~x).

Les valeurs et fonctions propres se définissent sous forme explicite


'An = n 2n 2 ; CPn (x) = 11 2 sin nnx (n = 1, 2, •••),
et les fonctions satisfaisant toutes les conditions du numéro précédent sont justi-
ciables du théorème de décomposition suivant ces fonctions propres. Il est pos-
sible d'élargir les conditions d'applicabilité du théorème de décomposition,
mais nous glisserons là-dessus.
2. Considérons l'équation de l'exemple précédent avec les conditions aux
limites y (0) = y' (1) = O. On a

et les valeurs et fonctions propres sont:


31;2 - n
'An =(2n+ 1)24'"""; CPn (x) =-.12 sin (2n+ 1) T x.

3. Considérons encore l'équation de l'exemple 1 avec les conditions aux


limites y (0) = 0; y (1) +
hy' (1) = O.
Composons la fonction de Green. Prenons deux solutions de l'équation
y" = 0, l'une vérifiant la première condition aux limites, l'autre, la seconde,
soit: YI (x) = x; Y2 (x) = (1 +
h) - x. Les raisonnements du [1I-1-1J nous·
conduisent à la fonction de Green suivante: '

1~~~s x (x~s),
G (x, s)= {
1+h-x ~
1+h (S ~ x).
Les valeurs propres sont toutes strictement positives et en posant  = fJ.2 on
s'assure sans peine que les valeurs propres correspondantes fJ. se déduisent à·
partir de l'équation tg fJ. + hfJ. = 0 et les fonctions propres seront Cn sin fJ.nx, '
la constante Cn étant déterminée à partir des conditions de normalisation de ces
fonctions...
4. L'étude des vibrations d'une membrane circulaire fixée par son contour
nous a conduits au problème aux limites suivant: trouver les valeurs du para-
15*
228 CH. II. PROBL1l1MES AUX LIMITES

mètre  pour lesquelles l'équation

1l'+.!...Y'+
z (Â- Zlni ) Y=O (25)
admet une solution vérifiant les conditions aux limites
sup 1 y (0) 1 < 00 et y (l) = 0, (*)
n étant un entier positif. Ce problème aux limites diffère de ceux étudiés jusqu'à
en z = ° et au lieu d'une condition bien définie en x = °
maintenant par le fait que les coefficients de l'équation présentent un pôle
on exige simplement
que la solution soit bornée au voisinage de x = O. La solution de l'équation (25)
prend une valeur finie pour x = O.
Nous avons rencontré plusieurs fois de tels problèmes aux limites. En multi-
pliant les deux membres de (25) par x, on met l'équation sous la forme usuelle:
2
dx n ) y=O,
d (xy')+ ( ÂX--;- (26)

où n > ° est un nombre donné.


La fonction de Green se définit comme précédemment sauf qu'en x = °
au lieu d'une condition aux limites on exige que la fonction de Green soit finie.
L'équation L (y) = °
est une équation d'Euler (tome II, [II-1-18]) qui admet
les solutions linéairement indépendantes x n et x-no
La fonction de Green devant être finie en x = 0, on doit la prendre de la
forme Clxn sur l'intervalle [0, S]. Sur l'intervalle [S, 1] on doit former une com-
binaison linéaire des solutions zn et x- n qui s'annule pour x = 1, autrement
dit, la fonction de Green doit être de la forme C2 (zn- x- n ). Les constantes Cl
et Cl! se déterminent comme toujours à partir des conditions de continuité de la
fonction de Green et de saut de sa dérivée première en x = S. On obtient en
définitive la formule suivante:

(x ~ ~),

(~~ x).

L'équation avec -second membre L(y) = -f (x) possède une solution unique
satisfaisant les conditions aux limites (.), soit
1
y(X)=) G(x, S)!(S)ds.
o
Les raisonnements du [II-1-5] nous disent que les valeurs propres sont toutes
strictement positives. En posant  = f.t2 on déterminera les valeurs propres à
9>n (x) = cnJn (f.tn x ). Pour n = 0, l'équation 'L (y) = °
partir de l'équation transcendante J n (f.t) = 1 et les fonctions propres seront
possède deux solutions
linéairement indépendantes: YI (x) = 1'et Y2 (x) = ln x. La fonction de Green
est donc:
G(x,s)= {
-ln s,x~ s, (27)
-lnx, s~x.
A noter que la ,formule (9) nous donne ici:
1 x 1
y (x),- J
~
G(x, s)!(s)d;=-lnx ) f(S)
0
J
d~- !(s)ln~ dS,
x
11-1-7. DISTRIBUTION DE GREEN 229

et l'on vérifie immédiatement que cette fonction satisfait l'équation L (y) =


= -1 (x) avec les conditions aux limites (-\10). La forme de l'é~uation (26) indi-
que que r (x) = x. En ramenant le problème aux limites à une equation intégrale
on obtient le noyau G (x, 6) V6X qui est continu sur le carré tout entier, y com-
pris en x = 6 = O.
Les fonctions propres de cette équation intégrale sont q>n (x) =
= cn V; Jo (....nx ) et l'on obtient la série de Fourier absolument et uniformé-
ment convergente suivante:
00

G (x, s) -ys x = ~ Cj)n (X~:n (6) •


n=1
Une division par -V 6x nous donne
~ c;J0 ( ....n x ) Jo <.... nS)
G(x'S)=LJ Â
n
'
n=1

et cette série ne converge uniformément que sur l'intervalle [e, 1], où 8 > 0 est
un nombre arbitraire donné. Les constantes Cn sont déterminées en vertu de la
condition de normalisation par la formule (tome IIl g , [VI-2-2])
2 _ 2
cn - Jd.... n) •

Signalons que la fonction G (x, s) définie par la formule (27) tend vers l'infini
lorsque le point (x, s) tend vers le sommet (0, 0) du carré. Comme singularités,
outre celles indiquées ci-dessus, on a le fait que la fonction r (x) = x s'annule
à la borne x = O.
Au tome V, nous étudierons en détail les problèmes aux limites pour des
équations présentant des points singuliers aux bornes de l'intervalle et pour
des équations envisagées sur un intervalle illimité.
11-1-7. Distribution de Green. On se propose d'étudier maintenant
le cas où l'équation (1) avec les conditions aux limites (2) admet
 = 0 pour valeur propre, c'est-à-dire que l'équation sans second
membre L (y) = 0 possède une solution y = <Po (x) vérifiant les
conditions aux limites (2). On peut supposer que cette solution est
normée, ce que l'on fera dans la suite. Il nous est impossible ici
de composer une fonction de Green satisfaisant les quatre conditions
de [11-1-1]. Il nous faudra modifier quelque peu la définition même
de la fonction de Green. Désormais on exigera que la fonction de
Green non seulement soit continue, possède une dérivée première
discontinue en x = ~ et vérifie les conditions aux limites, mais
encore que sur chacun des intervalles [a, ~] et [~, b] elle soit solution
non plus de l'équation L (y) = 0, mais de l'équation avec second membre
L [G (x, ~)] = <Po (~) <Po (x). (28)
Si y (x) est une solution de l'équation (28) vérifiant les conditions
aux limites (2), alors il en sera de même de la somme y (x) + c<po (x),
où c est une constante arbitraire, puisque <Po (x) est une solution de
l'équation sans second membre L (y) = 0 avec les conditions aux
230 CH. II. PROBUllMES AUX LIMITES

limites (2) ; la constante arbitraire· C se déduit à partir de IR condi-


tion d'orthogonalité des fonctions G (x, S) et (f)o (x):
b

) [G (x, s)] (f)o (x) dx= O. (29)


a

La présence du second membre de l'équation (28) admet une inter-


prétation simple. Si  = 0 est une valeur propre du problème, on a
résonance pour une fréquence nulle et il sera impossible d'obtenir
un écart statique fini avec une force ponctuelle. Pour obtenir un
tel écart on doit en plus de la force ponctuelle appliquer une force
continûment distribuée, ce qui se traduit par la présence du second
membre de l'équation (28).
On construira la distribution de Green comme dans (11-1-1].
Soient 00 (x) une solution quelconque de l'équation avec second
membre
L (00) = (f)o (~) (f)o (x) (30)
et (f)l (x) une solution de l'équation sans second membre associée,
linéairement indépendante de (f)o (x) et telle que
p (x) [(f)o (x) (f)Î (x) - (f)l (x) (f); (x)] = 1. (31)
En se rappelant que l'intégrale générale de l'équation avec se-
cond membre est la somme d'une solution 00 (x) de cette équation
et de l'intégrale générale de l'équation sans second membre as-
sociée, on doit poser
G (x; S) = 00 (x) + Cl(f)O (x) + C2(f)1 (x) (x ~ ~),
(32)
G (x; S) = 00 (x) + cs(f)o (x) + C~(f)l (x) (x ~ ~).
Cette fonction doit satisfaire les conditions aux limites (2). Comme
<Po (x) satisfait aussi ces conditions, on obtient les deux égalités:

CXlOO (a) + cx 2oo' (a) + c 2 [CXl(f)l (a) + CX 2(f)i (a)] = 0,


(33)

d'où l'on déduit C2 et C~. Les coefficients en ca et C~ ne sont pas nuls,


car <Pl (x) qui est linéairement indépendante de (f)o (x), ne peut véri-
fier aucune des conditions (2) (11-1-1]. Les conditions de continuité
e
de G (x, S) en x = et de discontinuité de sa dérivée première en
ce point se traduisent par les deux relations:
(Cl - Cs) <Po (S) + (c 2 - c~) (f)l (~) = 0,
(Cl - Ca) (f)~ (6) + (C2 - c~) (f); (S) = 1 :p (~),
11-1-7. DISTRIBUTION DE GItBEN 231

qui, en vertu de (31), peuvent être mises sous la forme:


Cl - Cs = -CPI (s); C2 - Ci = CPo Cs)· (34)
Il reste encore à satisfaire la condition (29). Les constantes C 2
et Ci ont déjà été déterminées par les formules (33). La première
égalité (34) nous donne Cl = Cs - CPI (S). En portant Cl dans la
première formule (32), on peut déterminer Cs à partir de la condi-
tion (29) et ensuite Cl à partir de la formule ci-dessus. Les constantes
ont toutes été déterminées sans l'aide de la deuxième égalité (34)
et il nous reste à vérifier que C 2 et Cq , trouvées avec les formules (33),
vérifient bien la deuxième égalité (34).
Ecrivons à cet effet la formule (14):
CPo (x) L (00) - 00 (x) L (CPo) = d: [p (x) (CPoOO' - OOCP~)]·
Intégrons cette relation sur l'intervalle [a, b]. En tenant compte
de l'égalité L (CPo) = 0, de l'équation (30) et de la normalisation
de la fonction CPo (x), on trouve
CPo (~) = [p (x) (CPoOO' - OOCP~)]~=~. (35)
La deuxième égalité (34) peut être mise, en vertu de (33), sous
la forme:
~lW (b)+ ~2W' (b) _ CtlW (a) + Ct W' (a)
2 _ (~)
(36)
~1<Pdb)+~2<Pi(b) Ctl<Pda) + Ct2cpi (a) -CPo •
On a les conditions aux limites suivantes pour CPo (x) :
+
CXICPO (a) CX2CP~ (a) = 0; ~ICPO (b) ~2CP~ (b) = O.+ (37)
En écrivant l'égalité (31) pour x = a et x = b et en joignant aux
deux égalités ainsi obtenues les égalités (37), on détermine <Po (a),
CP~ Ca), CPo (b), CP~ (b). En portant les expressions obtenues dans (35),
on aboutit à (36). Faisons les calculs pour les conditions aux limites
y (a) = y (b) = 0, c'est-à-dire pour le cas où CX 2 = ~2 = O. La
formule (35) s'écrit alors: <Po (s) = p (a) 00 (a) <P~ (a) - p (b) X
X 00 (b) CP~ (b). Pour x = a et x = b, la formule (31) nous donne:
p (a) CPI (a) cpo (a) = p (b) <Pl (b) CP~ (b) = -1, c'est-à-dire que

p (a) cp ~ (a) = - <P11( a); p (b) cp ~ (b) = - ~


<Pl b) ,

et en portant ces relations dans la formule précédente, on trouve


w(b) w(a)
<Pl (b) - <Pl (a) = CPo (~),
c'est-à-dire l'égalité (36) pour CX 2 = ~2 = O.
Pour prouver que la distribution de Green est symétrique, écrivons
les deux équations suivantes:
L [G (x; ~l)l = CPo (~l) CPo (x); L [G (x; S2)] = CPo (~2) CPo (x).
232 CH. II. PROBLJ3JMES AUX LIMITES

Multiplions la première par G (x; ~2)' la seconde, par G (x; ~l)'


retranchons terme à terme et intégrons sur [a, b]. En se servant de la
formule de Green, des conditions aux limites et de la condition (29),
on trouve
[p (x) (G (x; ~2) G' (x; Sl)-

- G (x; ~1) G' (x; ~2»)]~ ~~+8 +[ ]~ i:;8 = 0,


d'où, comme précédemment, G (~l' ~2) = G (~2' SI)' A signaler
que comme au [11-1-3] il faut partager l'intervalle d'intégration en
trois parties.
Considérons maintenant l' équation
L (y) = -f (x), (38)
où f (x) est une fonction continue donnée, orthogonale à <Po (x).
L'équation (38) n'admet qu'une seule solution vérifiant les condi-
tions aux limites (2) et orthogonale à <Po (x). En effet, si elle en
admettait deux, leur différence devrait satisfaire l'équation sans
second membre associée et les conditions aux limites (2), c'est-à-dire
devrait être de la forme c<po (x) et donc ne serait pas orthogonale à
<Po (x). Montrons maintenant que cette unique solution de l'équa-
tion (38) orthogonale à <Po (x) est définie par la formule
b

y (x) = I
a
G (x, ~) f (~) d;. (39)

En effet, en partageant l'intervalle d'intégration [a, bl en deux


intervalles partiels [a, x] et [x, b], on montre comme plus haut
au [11-1-2] que
b

L(y)= I L[G(x, ;)]f(;)ds-f(x).


a

D'où, en se servant de l'équation (28),


b

L (y) = <Po (x) I <Po (;) / (S)


a
d; - / (x),

relation qui entraîne directement (38), puisque / (x) est par hypo-
thèse orthogonale à <Po (x). Donc, si f (x) est orthogonale à <Po (x),
alors l'équation (38) admet une seule solution vérifiant les conditions
aux limites (2) et orthogonale à <Po (x) et cette solution est définie par
la formule (39).
Si F (x) est une fonction arbitraire, orthogonale à <Po (x), véri-
fiant les conditions aux limites (2) et possédant des dérivéess bre-
mière et seconde continues, alors en posant / (x) = -L (F), on
11-1-7. DISTRIBUTION DE GREEN 233

peut exprimer F (x) à l'aide de la formule (39). Pour prouver cette-


assertion, il nous suffit de nous assurer que la fonction f (x) est
orthogonale à <Po (x). Ecrivons à cet effet la formule de Green (14)
pour u = <Po (x) et v = F (x). En tenant compte de la relation
L (<Po) = 0 et des conditions aux limites pour <Po (x) et F (x), on
établit l'orthogonalité de <Po (x) et f (x) par une intégration de-
la formule de Green sur l'intervalle la, b]. Signalons encore que-
quelle que soit la fonction continue f (x), la formule (39) nous donne-
une fonction orthogonale à <Po (x), puisque le noyau G (x, ~) jouit.
de cette propriété.
Penchons-nous maintenant sur le problème aux limites pour
l'équation
d
L(y)=ëiX[P(x)y']-q(x)y= -'Ay (40}

avec les conditions aux limites (2). Cherchons une solution non
triviale distincte de <Po (x). Toute fonction propre de ce problème,.
distincte de <Po (x), c'est-à-dire associée à une valeur propre distincte-
de 0, doit être orthogonale à <Po (x) et l'on voit donc que le problème-
aux limites posé est équivalent à l'équation intégrale
b

y (x) = Â ) G (x, ~) y (6) d6. (41)


a

Considérons maintenant le théorème de décomposition suivant les


fonctions propres pour l'équation (41). Il nous faut élucider le-
problème de la représentabilité d'une fonction par l'intermédiaire-
du noyau. On a vu plus haut que toute fonction possédant des déri-
vées première et seconde continues, vérifiant les conditions aux
limites (2) et orthogonale à <Po (x) était représentable par le noyau
et par suite une telle fonction se développera en une série de Fourier
suivant les fonctions propres de l'équation (41), uniformément et
absolument convergente. Signalons que la condition subsidiaire-
d'orthogonalité à <Po (x) de la fonction développée en série est une-
condition nécessaire, puisque toutes les fonctions propres de l'équa-
tion (41) sont orthogonales à <Po (x). Cette circonstance entraîne-
immédiatement la non-complétude du noyau de l'équation (41).
Dans le théorème de décomposition, on peut, comme toujours,
remplacer la continuité de la dérivée seconde par sa continuité
par morceaux.
Indiquons une méthode plus élémentaire d'étude du cas où
 = 0 est une valeur propre. Soit m la valeur absolue de la plus.
petite valeur propre de l'équation (41). L'intervalle [-m, m] ne-
contiendra que la seule valeur propre ';v = O. Prenons dans cet
intervalle une valeur ';v' distincte de 0 et dans l'équation (40) rem-
234 CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES

plaçons  par ~ en posant  = Â' +~. L'équation (16) devient


d~ [p (x) y'] + [Â' - q (x)] y = .- ~y.

La valeur ~ = °
n'est plus une valeur propre en vertu de ce qui
précède et par suite on peut appliquer la théorie basée sur la fonc-
tion de Green. En particulier, les fonctions propres du problème
aux limites formeront un système fermé. De là il s'ensuit entre
autres que si aux fonctions propres de l'équation (41) on adjoint
-<J>o (x), on obtient un système fermé. L'introduction du nouveau
paramètre ~, comme nous le verrons sur un exemple ultérieur, est
susceptible de compliquer l'intégration de l'équation qui a servi
il définir la fonction de Green. Dans le prochain numéro, on ap-
pliquera la distribution de Green à l'étude d'un problème aux
limites débouchant sur les polynômes de Legendre. Dans ce cas,
la fonction p (x) s'annule aux bornes de l'intervalle [a, bl et les
eonditions aux limites se changent en condition de finitude de la
.solution aux bornes de [a, b]. Tout ce qui a été dit plus haut est
valable pour ce cas.
Nous avons vu plus haut qu'une seule fonction propre était
;associée à la valeur propre  = 0 de l'équation (1) avec les condi-
tions aux limites (2). Si les conditions aux limites sont périodi-
ques, par exemple sont de la forme y (a) = y (b) et y' (a) = y' (b),
.alors il peut exister deux fonctions propres correspondant à la valeur
propre  = O. Ceci vaut également pour les équations d'ordre supé-
rieur à deux qui seront examinées plus bas. Dans tous ces cas, la
fonction de Green se construit comme plus haut: au second membre
de l'équation (28) il faut écrire une somme étendue à toutes les
fonctions propres correspondant à la valeur propre  = 0, ces fonc-
tions étant normées et deux à deux orthogonales.
11-1-S. Polynômes de Legendre. On demande les valeurs du paramètre ).
pour lesquelles l'équation
d
dx [(1-x 2 ) y'] +Ây=ü (42)

possède une solution bornée aux extrémités de l'intervalle [-1, 1]. On sait que
les valeurs propres de cette équation sont Ân = n (n + 1) (tome 111 2 , [V-SD et
les fonctions propres orthonormées,

(fln (x) = ...V/ 2n+1


2 P n (x) (n = Ü, 1, ••. ), (43)

-OÙ P n (x)sont des polynômes de Legendre. Il est aisé de voir qu'il n'existe pas
d'autres valeurs et fonctions propres. S'il existait d'autres fonctions propres, il
existerait une fonction propre orthogonale à toutes les fonctions (43). Pour
montrer que cette dernière n'existe pas il suffit de prouver que les fonctions
(43) forment un système fermé. Prouvons ceci. Soit f (x) une fonction quelconque
-continue définie sur l'intervalle [-1, 1]. Le théorème de Weierstrass (tome II,
,IVI-2-5]) nous dit que pour tout 8 > 0 donné, on peut trouver un polynôme
II-1-S. POLYNOMES DE LEGENDRB 235

Q (x) tel que sur l'intervalle [-1, 1) l'on ait l'inégalité 1 1 (x) - Q (x) 1< 8
qui entraîne aussitôt
1
) li (x) -Q (X))2 dz < 28 2 •
-1
Supposons que Q (x) est de degré m. La fonction <Pn (x) étant un polynôme de
degré n, on peut représenter Q (x) par une combinaison linéaire des polynômes
<Po (x), ••• , <Pm (x) et les inégalités précédentes deviennent:
1 m
) rf
-1
(x)- ~
k=O
ak<Pk (x) J2 dx < 28 2

Cette inégalité sera à fortiori vérifiée si l'on remplace les coefficients ah par
les coefficients de Fourier de la fonction 1 (x) suivant le système de fonctions
(43).
Le nombre 8 étant arbitrairement petit, on peut affirmer que l'erreur quadra-
tique moyenne affectant la représentation de 1 (x) par une portion de sa série de
Fourier suivant les fonctions (43), tend vers 0, autrement dit, les fonctions (43)
forment bien un système fermé.
Revenons à l'équation (42). On a dans ce cas
d
L (y)= dx [(1-x 2 )y'],

et l'on voit immédiatement que la première fonction du système (43), c'est-à-


dire la constante <Po (x) = ~2 est solution de l'équation L (y) = ° et vérifie
la condition aux limites, c'est-à-dire est bornée aux extrémités de l'intervalle.
En d'autres termes, Îw = °
est une valeur propre, ce qui résulte encore de la
formule Îw n = n (n + 1) pour n = o. Pour construire la fonction de Green,
écrivons l'équation (28):

dd [(1-x 2 ) y']
x
=~.

Une solution particulière de cette équation est y = -11n (1 - x 2 ) et l'inté-


grale générale de l'équation sans second membre associée est de la forme
Cl+ c2 ln ~ +:. Les solutions qui sont finies aux extrémités x = +1 sont
respectivement de la forme:
1 1 1+x 1
YI (x)=-4"ln (1-x 2 )+4" ln 1-x +a =-2"ln (1-x)+a,
1 1 1+x 1
Y2 (x)= -"4 ln (1-x2 )-"4 ln 1-x +~=-21n(1+x)+~,

où a et ~ sont des constantes. Choisissons ces constantes de manière que la solu-


tion composée soit continue pour x = 6 et orthogonale à <Po (x) = J2 . La
première de ces conditions donne
1 1
-TIn (1-s)+a = -Zln (1+s)+~,
236 CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES

et l'on peut poser


1 1
ct= -TIn (1 +~)+y; p= -TIn (1-6)+1',

où "l'est une constante qui se détermine à partir de la condition d'orthogonalité


de la fonction de Green G (x, s) et de <Po (x). On a

-~ ln [(1-x) (1+s)]+y (x~~),


G(.'c,~)= 1
{
-2"ln [(1 +x) (1-s)] +1' (s ~ x).

La condition d' orthogoll ali té


1 1

~ G (x, s) <Po (x) dx=O, ou simplement ~ G(x, 6)dx=O,


-1 -1
1
nous donne 1'=--ln 2 et la distribution de Green s'écrit en définitive:
2
( 1 1
- - l n [(1-x) (1 +s)]-ln 2
2 2 (x ~ 6), +-
G (x, 6)= 1 1 (44)
{ - - ln [(1 +z) (1-s)]-ln 2+- (x ~ ~).
2· 2
Le noyau (44) est infini au voisinage des sommets x = 6 = -1 et x = 6 = 1
du carré -1 ~ x, s ~ 1. On vérifie sans peine que toute fonction représentable
par le noyau
1
~ G (x, s) g (s) d6 (45)
-1

sera continue, pourvu que g (x) le soit et comme dans [11-1-3] ces fonctions sont
justiciables du théorème de décomposition en une série de Fourier suivant les
fonctions <Pn (x) (n = 1, 2, .. •), absolument et uniformément convergente.
Toute fonction 1 (x) admettant sur [-1, 1] des dérivées première et seconde
continues et satisfaisant la condition
1

~ 1 (x) <Po (z) dx=O, (46)


-1

condition qui traduit l'orthogonalité de 1 (x) et <Po (x), est représentable par le
noyau à l'aide de la formule (45) et se développe en une série de Fourier suivant
les fonctions <Pn (x) (n = 1, 2, ...), absolument et uniformément convergente,
c'est-à-dire suivant les polynômes de Legendre Pn. (x) (n = 1, 2, ...). Si f (x)
ne vérifie pas la condition (46), il suffit d'appliquer le théorème général de
décomposition à la fonction
1

Il (x)-I (x)- ~ l1
-1
(x) dx,

qui, elle, vérifie la condition (46). La fonction 1 (x) se développe suivant tous les
polynômes de Legendre, y compris Po (x) = coust.
II-l-S. POLYNOMES DE LEGENDRE 237

La série de Fourier du noyau est de la forme


00

~ (2n+1) P n (x) P n (~) (47)


LI 2n (n+ 1) •
n=1
Elle ne peut converger uniformément sur le carré k o, car le noyau n'est pas
borné. Utilisons l'expression asymptotique des polynômes de Legendre pour les
grands n (tome II1 2 , [VI-3-8]):

Pn(cost)=V nn;int {cos[(n+;)t-~J+Ôn},


où ôn -+- 0 uniformément par rapport à t E [e, n - e], e > 0 étant un nombre
arbitraire donné. Fixons une valeur S de l'intervalle [-1, 1]. On a la majoration
1 Pn (s) 1 ~Vn' où m n est borné lorsque n Croît. D'autre part, pour tout x E
E [-1,1], on a 1 Pn (x) 1 ~ 1 (tome III 2 , [VI-1-4]). On remarque donc que pour
S fixe, la série (47) converge absolument et uniformément en x dans l'intervalle
[-1, 1]. La fonction (44) est orthogonale à <Po (x) et par suite la série (47) est sa
série de Fourier suivant le système fermé (43). De sa convergence uniforme il
résulte que sa somme est égale au noyau (44) (tome IVl , (1-3]). Des raisonnements
précédents il s'ensuit immédiatement que la série (47) converge absolument et
uniformément dans le carré k o si l'on exclut de ce dernier ses sommets (-1, -1)
et (1, 1) et des voisinages de ces sommets de rayons aussi petits que l'on veut.
Appliquons maintenant l'autre approche pour étudier le problème aux
limites pour l'équation (42). Remplaçons le paramètre 'A par f.1 en posant 'A =
= f.1 + p (p + 1), où p est un nombre fixe non entier. L'équation (42) devient
d
+
dx [(1-x 2) y'] p (P+ 1) y+ ~ty =0.

La valeur f.1=0 n'est plus une valeur propre et l'on doit poser
d
L(y)= dx [(1-x 2 )y']+p(p+1)y.

L'équation L (y)=O se transforme en une équation de Gauss (tome IH 2 , [V-61.


(V-7]) de paramètres a= -p, ~=p+1, ,\,=1, par la substitution t=1t •
x

Cette équation admet les deux solutions:


x
Yl(x)=F(-p, p+1, 1; 1t ); Y2(x)=cF(-p, p+1, 1; 1 x),
2
la première étant régulière pour x= -1, la seconde, pour x= 1. On peut
choisir la constante c de telle sorte que

y{ (x) YI (x)-y~ (x) YI (x)= 1~XI •

On montre alors que c= 4 .n ,) et par suite la fonction de Green est


sm pn
définie par

1tF (-p, p+1, 1; 1t ) F


x
(-p, p+1, 1; 1;S)
Gl (x, ;)= --------:--:---------~ (x ~ S).
4 ~in pn
(48)'
238 CH. II. PROBL:&:MES AUX LIMITES

Si S ~ x, il faut permuter x et S. A la suite du changement de paramètre, les


valeurs propres seront définies par la formule !ln = n (n 1) - p (p 1), les + +
fonctions propres étant toujours les fonctions <i'n (x). La série de Fourier du
noyau (48) s'écrit:
00
~ (2n+ 1) P n (x) P n (s)
G1 (x, s)= LI 2 [n (n+1)-p(p+1)]'
n=O

et comme plus haut elle donnera la fonction de Green (48) pour tout point fixe
S de l'intervalle [-1, 1] et pour tous les x de cet intervalle. Signalons que le
noyau (48) n'est pas borné ici.
11-1-9. Fonctions d'Hermite et de Laguerre. On peut construire la fonction
de Green pour des problèmes aux limites conduisant aux fonctions d'Hermite et
de Laguerre.
Les fonctions d'Hermite 'l'n (x) (tome 111 2 , [VI-3-1l) sont les fonctions pro-
pres de l'équation
y" +
(Â. - x 2 ) y = 0

sur l'intervalle ]-00, oo[ et à condition que y ~ 0 lorsque x ~ -00 et x ~


~ + 00. Les valeurs propres sont Â.n = 2n + 1 (n = 0, 1, ...). En remplaçant
Â. par Â. - 1, on met l'équation sous la forme

L (y) + Â.y = 0, où L (y) = y" - (1 +x 2


) y,
les valeurs propres étant définies maintenant par la formule Â.n = 2n +2
(n = 0, 1, ...). L'équation

L (y) = y" - (1 +x 2
) y = 0
Xli Xl

admet y=e2 pour solution et la substitution y=we2 nous permet de


trouver immédiatement son intégrale générale

où Cl et C2 sont des constantes arbitraires. Lorsque x ~ S. on doit prendre


la solution qui s'annule pour x= - 00, soit
Xll X

YI =ae
2 Jr e
-VI d
1:',
-00

où a est une constante. Pour x ~ S on prend de façon analogue la solution


Xl +00

Y2= be
T Jr e -VI d
v,
x

où b est une constante. Les constantes a et b se déterminent à partir de la con-


dition de continuité de G (x, s)
en z = 6 et de saut de la dérivée première
11-1-9. FONCTIONS D'HERMITE ET DE LAGUERRE 239

G' (x, s) en x =- 6. On obtient en définitive


(
(x ~ 6),
1
G (x, ;)= {
1 (x ~ ç,).
l
Les fonctions de Laguerre <On (x) «tome 111 2 , [VI-3-5]) pour s = 0) sont les
fonctions propres de l'équation

xy"+y' + (Â- f) y=O


sur l'intervalle] 0, 00 [ et à condition que la solution soit bornée au voisinage
1
de x=o et s'annule pour x= +00. Les valeurs propres sont Ân =2"+n. La

substitution de Â- ~ à Â nous permet de mettre l'équation sous la forme

L(Y)+ÂY=O, où L(Y)=XY"+Y'-(~+:) y;
les valeurs propres sont  n =n+1 (n=O, 1, ... ). L'équation

X) y=o
L (y)=xy"+y' - '( 2+4
1

admet y = eX / 2 pour solution et la substitution y = weX / 2 nous conduit facile-


ment à l'intégrale générale

Pour x ~ 6, on doit prendre la solution régulière en x = 0, soit:


YI =aeX / 2 ,
et pour x ~ ~ la solution nulle en x= 00, soit:
x +00
Y'J = he
2' re-v
J -v- dv"
x

En déterminant a et b comme indiqué plus haut, on obtient finalement ~

G (x, 6)=
r :~.
j
r e:" do (x <;; 6),

x+, 00

-2- ~ e-v
e -dv (x~s).
v
l x
:240 CH. II. PROBL1l:MES AUX LIMITES

11-1-10. Equations du quatrième ordre. Comme plus haut, on peut


:pour les équations d'ordre supérieur envisager la fonction de Green
cet la réduction du problème aux limites à une équation intégrale.
L'étude des vibrations d'une barre nous a conduits au problème
;aux limites suivant: trouver les valeurs du paramètre  pour les-
.quelles l'équation
y(IV) - Ây = 0 (49)
;admet une solution non triviale vérifiant quatre conditions aux
limites homogènes. Si, par exemple, la barre est fixée à l'extré-
mité x = 0 et libre à l'extrémité x = l, les conditions aux limites
:sont
y Ix=o = y' Ix=o = 0; y" IX=1 = y"' IX=1 = O. (50)
-Pour une barre non homogène, on obtient l'équation
y(IV) _ Âr (x) y = O. (51)
~La fonction de Green G (x, s) décrit la déformation statique due
-à l'action d'une force ponctuelle. Cette fonction se définit à partir
.des conditions suivantes: 1) elle est continue avec ses dérivées
première et seconde par rapport à x dans le carré k o ; 2) pour 0 < x <
-< S et S < x < l elle possède des dérivées jusqu'à l'ordre quatre
<continues et vérifie l'équation sans second membre G(IV) (x, s) = 0;
3) elle satisfait les conditions aux limites pour toute valeur S de
[0, Z); 4) sa dérivée troisième présente un saut sur la diagonale
.de k o, défini par
G'" (s +- 0, s) - G'" (6 - 0, s) = -1. (52)

Si y (x) est une fonction possédant des dérivées jusqu'à l'ordre


-quatre continues, la dérivée quatrième étant nécessairement continue
-par morceaux, satisfait les conditions aux limites (50), alors de la
:Il'elation y(IV) = -/ (x) il s'ensuit
1

y (x) = JG (x, ~) / (s) ds, (53)


o

cet réciproquement, une fonction définie par (53) possède des dérivées
jusqu'à l'ordre quatre continues, satisfait les conditions aux limites
(50) et l'équation y(IV) = - / (x), pourvu que / (x) soit continue
:sur [0, ll. Donc, le problème aux limites pour l'équation (49) se
ramène à l'équation intégrale
l

Y(x) = - Â JG (x, ~) y (~) ds,


o
11-1-11. THgOR~MES DE DBCOMPOSITI0N DE STBKLO'V 241

et pour l'équation (51), à l'équation intégrale


l

y (x) = - Â )G (x, s) r (~) y (~) ds.


o
Les fonctions propres formeront comme plus haut un système fermé
et toute fonction vérifiant les conditions aux limites (50) et possé-
dant des dérivées jusqu'à l'ordre quatre continues, se développe en
une série de Fourier suivant les fonctions propres absolument et
uniformément convergente. Exactement comme au [11-1-5], on démon-
tre que toutes les valeurs propres sont strictement positives et par
suite le théorème de Mercer nous dit que le noyau se développe aussi
suivant les fonctions propres.
Construisons la fonction de Green pour le cas d'une barre fixée par ses
extrémités, c'est-à-dire pour les conditions aux limites y (0) = y' (0) = y ~l) =
= y' (l) = 0, en admettant que r (x) ;:s; 1 et l = 1. L'intégrale générale de l'equa-
tion y(IV) = 0 est, un polynôme du troisième degré à coefficients arbitraires.
On peut facilement trouver les solutions vérifiant les conditions aux limites en
une extrémité seulement. Ce seront les solutions
YI (x) = x2 (al + a2 x ) j Y2 (x) = (x - l)2 (b l + b x).
2

Les constantes arbitraires se déterminent à partir de quatre conditions: les


conditions de continuité de la fonction et de ses,dérivées première et seconde en
x = 6 et de discontinuité (52) de la dérivée troisième. Des calculs élémentaires
nous donnent l'expression définitive de la fonction de Green:

~) = (~;-1)2 (2x~+x-36) ~ S).


2
G (x, x (x

Pour S~ x, il faut permuter x et s.


11-1-11. Théorèmes de décomposition de Stéklov précisés. Au
11-1-4 on a établi le théorème de décomposition suivant les fonc-
tions propres CPn (x) de l'équation (16). On se bornera ici à des condi-
tions aux limites de la forme
y (a) = y (b) = O. (54)
Les théorèmes de décomposition suivant les fonctionscpn(x) pour
des hypothèses assez générales ont été établis indépendamment
de la théorie des équations intégrales dans les travaux de V. Sté k -
1 0 v. Les résultats ont été rassemblés dans son ouvrage Problè-
mes fondamentaux de physique mathématique, t.1 (en russe). Voici
quelques-uns d'entre eux.
Pour simplifier on admettra que q (x) ~ O. Cette restriction
peut être levée dans les numéros [11-1-11] à [11-1-18]. Soit f (x)
une fonction continue possédant une dérivée première continue sur
la, b] et satisfaisant les conditions aux limites (54). L'existence de
la dérivée seconde n'est pas admise. Prouvons une formule pré-
16-01017
242 CH. II. PROBU:MES AUX LIMITES

liminaire
b

J
o
[p (x) CPh (x) cp; (x) + q (x) <Pk (x) CPt (x)]dx = 0 pour k=l= l. (55)

En effet, en intégrant par parties et en tenant compte de l'équation


satisfaite par les fonctions propres
q (x) CPk (x) - d~ [p (x) cpit (x)) = ÂkCPk (x), (56)
on obtient
b

Ja
[p (x) CPk (x) cpî (x) + q (x) CPk (x) cP, (x)] dx=
b

= P (x) CPit (x) cp, (x) 1: ~ + Âk SCPk (x) cpz (x) dx•

Les deux termes du second membre sont nuls, le premier, en raison
de cP 1 (a) = cP 1 (b) = 0, le second, en raison de l'orthogonalité des
fonctions propres. Considérons maintenant la fonctionnelle
b

J (y) = 5 [p:(x) y'2 + q (x) y21dx (57)



et portons dans cette fonctionnelle
n-1
y = r n (x) = / (x) - LJ CkCPk (x), (58)
h=l

où Ch sont les coefficients de Fourier de la fonction / (x) :


b

c" = S/ (x) CPh (x) dx. (59)


a
En chassant les parenthèses et en tenant compte de (22) et (55),
on trouve
n-1 b
J [/ (x) - ~
k=1
Ch<Ph (x) ] = s
a
[p (x) 1'2 (x) + q (x) /2 (x)J dx+
n-1 n-1 b

+~ ÂhC: -' 2 ~ Ck S[p (x) f' (x) <Pk (x) + q (x) / (x) <Ph (X)] dx.
. k=1 h=1 a

En intégrant la dernière intégrale par parties et en tenant compte


du fait que 1 (a) = / (b) = 0 par hypothèse et de l'équation (56),
II-I-U. TUOR2MES DE DSCOMPOSl'1'ION DE ST2KLOV ·243

on obtient
n-I
J [f (x) - ~ c.<I>. (x) ] =
k==1
6 n-l
= J• [p (x) 1'2 (x) + q (x) f2 (x)] dx - ~ "'hC:,
.=1
(50)

Si l'on admet que p(x»O et q(x)~O, on déduit aussitôt de cette


formule une inégalité identique à celle de Bessel:
00 "

~ AAc1~ ~ [p (x) 1'2 (x) + q (x) j2 (x)] dx,


.-1 Q

et la convergence de la série du premier membre. Tous les termes


(61)

de cette série sont strictement positifs, car ÂA > 0 pour q (x) ~ O.


Remarquons que la démonstration de l'inégalité (61) est inté-
gralement valable si l'on admet que la fonction continue f (x) admet
une dérivée t' (x) partout sur (a, b] sauf en un nombre fini de points
al' al' ... , am, cette dérivée étant partout continue sauf en ces
points où elle présente une discontinuité de première espèce. Pour
intégrer par parties, il suffit d'intégrer sur les intervalles de con~
tinuité de fi (x) et d'ajouter ensuite les intégrales. i

Prouvons maintenant que sous les conditions imposées à f (x);


la série de Fourier de cette dernière, soit
00

2} CAQ>A (x) (62)


k==1
converge régulièrement sur l'intervalle [a, bl, c'est-à-dire que la
série
00

2J
A==1
ICAQ>A (x) 1 (63)

converge uniformément sur cet intervalle. L'équation intégrale


b

CP. (x) = ÂA ) G (x, s) CPA (s) ds, (64)


a
nous permet de mettre la série (63) sous la forme
00

~
1&==1
ÂA ICA"''' (x)/, (65)

b

"'A (x) = J
a
G (x, .~) <Pk (~} ds (66)
GH.-II. :PROBLlllMES AUX LIMITES

peuvent être traités comme les coefficients de Fourier de la fonc...


tion G (x, ~) de 6. L'inégalité (61) nous donne
00 b

~ Â k 'i'~ (x) ~~ Ip (6) Gl (x, 6) + q (S) G2 (x, ,)]2~, (67)


k=1 a
où G~ (x, ç) ést la dérivée de G(x, 6) par rapport à 6. Toutes les
fonctions figurant sous le signe d'intégration sont bornées, el de
(67) il s'ensuit que
00

LJ
k=1
Âk'i'~ (x) ~ M, (68)

où M est une constante. Remplaçons Âk par y~ V Âk et appli-


quons l'inégalité de Cauchy à une portion de la série (65):
m+p , jm+ p ... jm+ p
~
~. Â,t1 Ck'i'k (:t)l ~ V R=m
~ ÂkC~ V ~ Âk"'~ (x)
k=m
ou
m+p '
. m+p
~ ÂIt
k-lII
ICIt"l'k (x) 1~ -V ~ Âkcl y M ;
k=m

eette inégalité et la convergence de la série de termes Âkcl entraînent


immédiatement la convergence uniforme de la série (65) sur l'inter-
valle [a, bl, c'est-à-dire que la série (62) converge régulièrem:ent.
On sait d'autre part que la somme de cette série est f (xl (tome IVu
(1-31).
'Citons encore une démonstration du théorème de décomposition
sans l'hypothèse q (x) ~ 0 et sous les précédentes restrictions rela-
tives ,à f(x). Cette démonstration est due aussi à Stéklov. Intro-
duisons la notation (58) et prouvons tout d'abord qu'il existe une
constante C (ne dépendant pas de n) telle que
( , b

an . ~ p (x) r;: (x) dx~ C. (69)


a
On a
:. :: b n-1 '

.an = ~ P (x) [1' (x) - ~ Ckepk (X)]2 dx=


a k=1
b n-1

;:r. ') = ~ P (X) [1' (X) - ~ ckepi (X) ] r~ (X) dx=


a k=1
b n-1 b

=
a
Jp(X) l' (X) r~ (x)dx- ~ k=1
Cl ~ P (X) epk (x) r~ (X) dx.
a .
11-1-11. TH~ORn.ms DE" DSCOMPOSITION DE, S'i':eKLOV 24&~

En intégrant la dernière intégrale par pàrties et en tenant 'compté


de (56) et de l'orthogonalité de r n (x) et des fonctions CPk(X) (k= i
= 1, 2, ... , n-1), on obtient
b b b
an = ) p (x) t' (x) r~ (x) dx+ ) q (x) r n (x) t (x) dx- ) q (x) r~(x) dx,
a a a

d'où, en désignant par qo le maximum de Iq (x) 1 sur [a, bl et en:


appliquant l'inégalité de Cauchy-Bouniakovski, en remplaçant p (x)'
par V p (x) V'jj"(X) dans la première intégrale, il vient

on ~ V1 a
p (x)f"(x) dxVon +

Comme
b
lim \ r~ (x) dx,Q,
n-oo Ja
en vertu de l'équation de fermeture, on obtient pour an :
an ~ Cl V an +C 2 ,
où Cl et C2 sont des constantes strictement positives. On voit sur
cette inégalité que an reste bornée lorsque n croît et l'on obtient (69).
D'autre part, de la relation
:x:
-1tr~ (t) dt = T~ (x) ....... r~(S)
,
)

il s'ensuit que

rr
:Je

r~ (x) = r~ Œl+ 2 n (t) r~ (t) dt,

d'où l'on déduit en appliquant l'inégalité de Cauchy-Bouniakovski,


avec ~ < x : ' , " , :, , 1

r:'(x)~r..(sl+2V~ ri (t) dt. V~ r;:(t)dt~


~r~m + 2;V J a
ri (t) dt· VJ a
r;: (t) dt.'
246 CH. II. PROBLBMES AUX LIMITES

Si x< S, il faut changer les limites d'intégration de g et z. Une


intégration par parties par rapport à 6 sur [a, b] nouS donne

(b -a)
.
r~ (x)~ j r:' mds + 2(b-a) yi j r:' (t) dt·
a a
-V j r~'
a
(t) dt.

En désignant par Po le minimum de la fonction p (x) > 0 SUl


la, hl, on trouve compte tenu de (69):
b b

J
r r~2 (t) dt~_i_ r p (t) r~2 (t) dt~..E..-,
Po J Po
a a

~t l'inégalité précédente nous donne

r:' (x)~ b~a j r~ (t) dt +2 V ~ -V j r:' (t) dt.


a a

Le second membre ne dépend pas de x et tend vers 0 lorsque


n -+ 00, d'où il résulte que r n (x) -+ 0 uniformément sur [a, b],
c'est-à-dire que la série (62) converge uniformément sur cet inter-
valle et sa somme est t (x). On démontre sans admettre que q (x) ~ 0
que la série (62) converge régulièrement.
lI-t-t2. Justification de la méthode de Fourier pour l'équation
de la chaleur. Considérons l'équation aux dérivées partielles:

. ~~ . :t [p(x) ~: ]-q(x)u, (70)


qui décrit la diffusion de la chaleur dans une harre non homogène
en présence de perte de chaleur par rayonnement. En admettant
que a ~ x ~ b, on cherchera la solution de l'équation (70) qui
vérifie la condition initiale
u It=o = t (x) (x E [a, bl) (71)
et les conditions aux limites
u 1%" a = 0; U I%-b = O. (72)
La méthode de Fourier nous donne la solution
00

U (x, t) = ~ cke-~lIt<pk (x), (73)


k=1 .
où Âk et <Pk (x) sont les valeurs et les fonctions propres de l'équa-
tion
d .
rh [p (x) y') + [Â-q (x)] y=O (74)
1I-~-12. M~THODE· DE FOURIER POUR L'~QUATION DE LA CHALEUR 247

avee les conditions aux limites


y (a) = y (b) = 0, (75)
et Ck les coefficients de Fourier (59) de la fonction f (x). On· admettra
que q (x) ~ 0 et que f (x) possède une dérivée continue sur [a, bl
et satisfait les conditions aux limites (72). Observons que tous
les Âk > 0, car q(x) ~ O. Montrons que la· fonction (73) remplit
toutes Jes conditions du problème, c'est-à-dire satisfait (71) et
(72) et l'équation (70) pour t > O. . .
Nous avons prouvé que la série (73) converge régulièrement sur
l'intervalle [a, b]. Comme Âk > 0, on affirme que la série (73)
converge absolument et uniformément pour .~ ~ 0 et x E [a, b].
Donc, sa somme est une fonction continue pour les valeursihdi-
quées des arguments, c'est-à-dire que
00

Hm u.(x, t) = u (x, 0) = ~ Ck(J)k (x) = f (x).


, ... +0 . k=l

Ceci prouve que la . condition initiale (71) est réalisée. Les condi-
tions aux limites (72) sont satisfaites par u, car elles ·le sont par
les fonctions (J)k (x). Il reste à vérifier l'équation (70) pour t > O.
Chaque terme de la série (73) est par construction solution de l'équa-
tion (70) et il suffit donc de prouver que la serie (73) est dérivable
terme à terme une fois par rapport à t et deux fois par rapport à x.
Pour cela il suffit de .montrer que les sér,ies

(76~)
00

~ Cke-1ktq>k (x)
k=l

convergent uniformément pour t,~ct,· où ct> 0 est un nombre


arbitraire, et pour x E [a, b]. Commè Îl. -+ 00 avec k, on a Âk e- 1k -+ (X.

~ 0 et Âke-"'k t ~  k e- 1kœ pou t ~ ct, c'est-à-dire qu'il existe un


N(ne dépelldantpas de t) tel que  k e- 1kt <1 pour t;;:: ct et k ~ N.
De là, en tellanf compte de la convergence uniforme de la série. (63)~
on déduit la convergence uniforme de la série (76 1) pour f ~ct
et x E [a, b].
. On démontre exactement de la même manière que la série (73)
est dérivable terme à terme par rapport à t autant de fois qu'on
le veut pour ,t > O. Pour étudier les autres séries, écrIvons l'expres-
248 CH. II. PROBL!1MES AUX LIMITES

sion (64) pour <Pk (x) en tenant compte de .(7):


x , b

<Pk (X) = ÂkYI (x) Y2 J


a
(~) <Pk (6) ds + ÂkY2 (x)
x
J YI (6) <Pk (6) d6,

d'où
x b

J
<Pk (x) = Âky; (x) Y2 (S)' <Pk (6) d6 + ÂkY~ (x)
a x
J YI (~) <Pk (6) d6
et
. . x
J
Cke-)""t~k (x) = y; (x) Y2 (6) Âhe- Âkt ~k (6) d~ +
a
b

+ y~ (x) JYI (6) Âke- Âk' <Pk (6) ds· (77)


x

La convergence uniforme en x de la série (76 1) sur [a, bl pour


t > 0 entraîne celle des séries
00 00

2J
k=1
Th (t) Â1te-)."l~1t (s) et 2J
k=1
YI (~) Â~-lA' <Pk (~)

sur la, b l. De là il résulte, en vertu de (77), que la série (76 2 ) converge'


uniformément. Il reste à étudier la série (76 8 ), On se servira à cet
effet de l'équation (56) pour les fonctions propres. Cette équation
nous donne:

cke-Âkt<pk (x) = p ~Z) r- p' (x) Cke-Âkt<pi (x) +


+ q (x) Cke-Âkt<Pk (x) - Âkcke-Âktcpk (x»), (78)
de là on déduit la convergence uniforme de la série (76 8 ), puisque
les séries (73), (76 1) et (76 2 ) le sont sur la, b] pour tout t > O. Ceci
prouve que la fonction u (x, t) définie par (73) possède les dérivées
partielles voulues (i.e. Ut et u%%) et est solution de l'équation (70)
pour t > O. On obtient ainsi le théorème suivant:
Thé 0 r è ID e. Si la fonction f (x) de la condition initiale posiède
une dérivée continue sur l'intervalle la, b) et vérifie ks conditions
aux limites (72), alors la jonction u (x, t) définie par la formule (73)
satisfait la condition initiale (71), les conditions aux limites (72) et
1'équation (70) pour t > O. La série (73) est dérivable terme à terme
autant de fois qu'on le veut par rapport à t et deu:x fois par rapport
à x pour t > O.
11-1-13. M:mTHODE DE FOURIER POUR: t'1:Q'UA'l'ïoN' bES VIBRATIONS 249-

11-1-13. Justification de la méthode de Fourier pour ~'équation


des vibrations. Considérons maintenant l'équation
J-q(x)u
"

(Pu ô [ ôu (79)1
ôt2 =7iX,P(x) ôx

avec, en plus des conditions aux limites (72), les deux conditions
initiales:

u 1,=0 = / (x); ô~ lt=o = /1 (x). (80)

La méthode de Fourier nous donne la solution sous la forme


00

u(x, t)= ~ (akcosVÂllt+bksinVÂkt) <Pk (x), (81)


h=l

où Â k et <Pk(X) sont celles du numéro précédent, et


b b

ak = Jf (x) <Pk (x) dx ; bk = J


~ ft (X) ({'k (X) dx. (82)
a a

Comme au numéro précédent, il nous suffit de montrer que la série (81)


et les séries obtenues par une double dérivation par rapport à t et
à x convergeront uniformément sur [a, b] quel que soit t.
Divisons la série (81) en deux et commençons par étudier la
série
00

2J
k=l
a k cos Vr; t<Pk (x). (83)

Comme  k > 1 pour tous les k assez grands, on a V Âk <  k pour


les k assez grands.
Si l'on prouve moyennant certaines conditions sur p (x), q (x)
et / (x) que la série
00

~ Âk lak<Ph (x) 1 (84)


k=l

converge uniformément sur [a, b], alors en reprenant ad litteram


les raisonnements du [1-1-13], on prouvera toutes les propositions
mentionnées ci-dessus relativement à la dérivation 'terme à terme:
de la série (83). ,
En effet, ceci est évident et pour la série (83), puisque Âk-+oo ~
et pour les séries obtenues par dérivation par Tapport à t, puisque
YÂ k < Âk pour tous les k asse~ grands. Pour prouver la dériva-
tion simple par rapport à x, il suffit d'établir la convergence uniforme
250 CB. ·11. PROBUMES AUX LIMITES

de la série
00

2J lak<Pk (x) 1.
k=1

Cette convergence uniforme résulte directement de celle de la série


(84) en vertu de la formule
x b

akfPh (x) = y; (x) ) Y2 (~) Âkak<Pk (~) ds + y~ (x) ) YI (~) ÂkakCPk (s) d s,
a x

qui est analogue à la formule (77). Pour établir la convergence


uniforme de la série
00

LJ
k=l
lakCPi (x) 1
il suffit d'utiliser une formule analogue à la formule (78) en éliminant
comme plus haut le facteur e-"'k t • Tout se ramène donc à la dé-
monstration de la convergence uniforme de la série (84).
En tenant compte de l'équation (56), on peut écrire
b

i.,~ak. Âk j t (x) <Pk (x) dx =


a
b

=
a
1f (x) { q (x) CPk (x) - d~ (p (x) CPk (x))} dx.

Si l'on admet. que t (x) possède des dérivées première et seconde


continues et satisfait les conditions (72), on obtient en intégrant
par parties:
b

Âka k = ) {q (x) t (x) - :x [p (x) f' (x)]} CPk (x) dx.


a
Si l'on suppose que l'expression entre accolades possède une. déri
vée continue et satisfait les conditions aux limites (72), alors il
s'ensuivra que la série (84) est uniformément convergente sur [a, b].
Cette hypothèse se ramène à la suivante: t (x) admet des dérivées
jusqu'à l'ordre trois continues, p (x), des dérivées première et seconde
èontinues, q (x), une dérivée continue, et
d
dx (p (x) r (x)) -- q (x) t (x) =0 pour x=a et x= b. (85)
Comme f (x) doit également vérifier les conditions (72)~ on peut
mettre (85) sous la forme
d
dx[P(x)t'(x)J=O pour x~a et x=b. (86)
11-1-13. M2THODE DE POURIER POUR L~QUATION DES VIBRATIONS 251

Considérons maintenant la série


00

2J
k=1
bk sin YÂ k t«Pk (x)·, (87)

où bk sont d·éfinis par la deuxième égalité (82). Comme plus haut,


il suffit de prouver la convergence uniforme de la série
00

~ Âk 1bkq>k (x)!,
k=1

c'est-à-dire de la série

(88)


b

bk= Jfl (x) «Pk (x) dx.


a

Si l'on admet que fl (x) possède des dérivées première et seconde


continues et satisfait les conditions (72), on obtient comme plus haut
b

Âkbi = J{q (x) fl (x) - :x [p (x) f~ (x)]} «Pk (x) dx .b'k,


a

où b'k est le ·coefficient de Fourier d'indice k de la fonctioncontlnue


comprise entre accolades. En posant encore q>k (x) = Â,k'i'k (x), on
trouve
-VX;:lbkq>k (x)! = YÂklbi'i'k (x)l,
d'où, en vertu de l'inégalité de Cauchy,
m+p ~ ;fm+ p ~ ;fm+p
kltYÂklbhq>k(X)I~ k~m b'i/. V
~m Âk'i'~(X), V
ou, compte tenu de (68),
m+p ... ;fm+ p
k~m YÂhlbhq>k (x) 1~ V ~m bk'·YM.
Or la série constituée des termes b1 converge et de la dernière inéga..
lité il s'ensuit immédiatement que la série (88) converge unifor..
mémento On obtient donc le
Thé 0 r è ID e. Si p (x) possède des .dérivées première et seconde
continues, q (x)~ 0 et pos$ède une dérivée continue, f (x) possède des déri~
vées jusqu'à l'ordre trois continues, vé,rijie les. conditions (72) et la
252 CH. Il. PROBLBME8' AUX 'LIMITES

condition (85), et si enfin fI (x) possède des dérivées première et seconde:


continues et satisfait les conditions (72), alors la fonction u (x, t)
définie par la formule (81) est ",ne solution de l'équation (79) vérifiant
les conditions aux limites (72) et les conditions initiales (80). Sous ces
conditions, la série ,(81) est dérivable terme à terme deux foi~ par rapport
à t et à x et les séries obtenues convergent uniformément sur [a, b]
quel que soit t. ' 1

11-1-14. Théorèmes d'unicité. Nous avons établi l'existence de


solutions des équations (70) et (79) vérifiant des conditions initiales
et des conditions aux limites données. Prouvons maintenant l'unicité
de ces solutions.
Commençons par l'équation (70) pour q (x) ~ 0 en admettant
que les solutions sont continues pour t ~ 0 et x E [a, b] et possèdent
des dérivées premières et secondes par rapport à x (t > 0) continues
et des dérivées premières par rapport à t continues sur [a, b]. Nous
avons déjà construit une telle solution au [11-1-12].
Dire qu'une telle solution est unique revient à dire que la solu-
tion ua (x, t) de l'équation (70) qui vérifie la condition initiale
homogène
U o It-o = 0 (x E [a, bl) (89)
et les conditions aux limites (72) est identiquement nulle pour
t> O.
Ecrivons l'équation (70) pour ua (x, t), multiplions ses deux
membres par U o (x, t) et intégrons par rapport à x. On obtien~
b b b

;:t ~ u~ dx = ~ U
o
o :x [p (x) ô:x ] dx- ~ q (x) u~ dx.
a a a

Toutes les opérations sont licites en vertu des propriétés de ua (x, t)


indiquées plus haut. En intégrant par parties la première intéJ.
grale du second membre et en tenant compte des conditions aux
limites, on obtient
b b b

~ :t ~u~dx= -
a a
~P(x) (Ôô: )2 dx _
1I
~q(x)u~dx~O.
a

Donc, la fonction positive de t


b

~ u~dx . (90)
a

continue pour t ~ 0 et nulle pour t = 0, en vertu de (89), pos~ède


une dérivée négative pour t > O. D'où il résulte que la fonction
(90) est 'identiquement nllne pour t > O. Donc, il en est dem-ême
de u (x, t) pour t ~ 0, ce que nous voulions.
II-i~i. TJœOR~MBS lVlmICIT:& 253

Passons maintenant à la démonstration du théorème d'unicité


pour l'équation (79) avec q (x) ~ O. On admettra que les solu-
tions U sont continues avec leurs dérivées Ub Utt,U x , U xx $ur
{a, b] quel que soit t. On a déjà construit une telle solution au
[11-1-13]. Affirmer que la solution est unique revient à affirmer
que la solution Uo (x, t) de l'équation (79) qui vérifie les condi-
tions initiales homogènes

U o 1t=o -!.!!:!./ t=o--0


- ôt
(91)

et les conditions aux limites (72) est identiquement nulle.


Introduisons la fonction
t
V (x, t) = ) U o (x, 't) d'te (92)
o

Cette fonction possède dës dérivées v x , Vtt V xx , Vxtt Vtt continues


pour x E [a, b] et tE] - 00, 00 [. Ecrivons l'équation (79) pour
Uo (x, 't) et intégrons-la par rapport à 't entre 't = 0 et 't = t. En
tenant compte de (91) et (92), on trouve
2
ô v (x, t) =
ôt'J. ôx
!.-. [ P ()
x
ôv (x,
ôx
t)] _ ()
q x V
(
x,
t)
.

Remplaçons t par 't, multiplion~ les deux membres par V,; (x, 't)
et intégrons par rapport à 't entre 't ' 0 et 't == t. En vertu de (91)
et de (92), on obtient
t
1 . ~. ô t,
"2 v~ (x,t) = J'V,; (x; 't) ax [p (x) V x (x, 't)] d't- 2' q (x) V2 (x, t).
o

Intégrons les deux membres par rapport à x sur la, b] et intervertis-


sons l'ordre d'intégration dans l'intégrale itérée:
b

~ ) z,.~ (x, t) dx =
a "
t b b

= ) { }
Oa
V,; (x,, -r) ,;; [p (x) V x (x, 't)] dx} d't
' a
-f)q (x) VZ (x, t) dx.

Dans l'intégrale entre accolades, intégrons par parties et tenons


<compte du fait qu'en vertu-de (91}-'e.'b''(~2) le terme non compris
254 CH. ·.·II.PROBLaMES AUX LIMITES

sous le signe d'intégration est nul:


b

ijv'(X, t)dx=
a
t b b

= - ) {) p (x) v~% (x, 't) v% (x, 't) dx} d't-f ) q (x) V2 (x, t) dx.
o a a

En changeant l'ordre d'intégration, en intégrant par rapport à


't et vu que v% (x, 0) = 0, on obtient:
b b b

~ ) v: (x, t) dx = -f) p (x) v; (x, 't) d't- ~ ) q (x) V2 (x, t) dx,


a a a
d'où il vient
b

a
Jv: (x, t) dx~O,

donc (x, t) ==0 pour x E [a, b] et tE] - 00, 00[. En vertu de


Vt
(92), on a U o (x, t) == 0, ce que nous voulions. On observera que
l'on peut écarter la condition q;;:: O.
11-1-15. Propriétés extrémales des valeurs et fonctions propres.
Revenons au problème aux limites pour l'équation
d
dx [p(X)lI']+[Â-q(x)]y=O (93)

ou, ce qui est équivalent, pour l'équation


. d
L (y) = -. 'Ay, où L (y) = dx [p (x) y'j-q (x) y.

On peut ramener l'équation (1) à la forme (93) par la substitution


:JI:

t = ) r (x) dx. (94)


a

L'équation (1) s'écrit alors


r (x) ;t [r (x) p (x) ~; ] + ('Ar (x) -q (x» y= 0,
et en divisant les deux membres par r (x), on obtient une équation
de la forme (93). Il est essentiel que r (x) ne s'annule en aucun point
de l'intervalle [a, b]. On admet que dans l'équation (93) p (x) > 0
sur [a, b] et que les conditions aux limites sont de la forme
y (a) = y (b) = O. (95)
11-1-15. PROPRIeTes EXT:R:eMALESDES VALEURS PROPRES 2550

Sous ces conditions on a vu au [11-1-5] que les valeurs propres s'expri-


ment au moyen des fonctions propres associées par la formule:
b
1" = j [p (x) cp~1 (x) + q (x) cp~ (x)] dx, (96)
a

et il ne peut exister qu'un nombre fini de valeurs propres stricte-


ment négatives, de sorte qu'on peut admettre que les valeurs propres
sont disposées par ordre de croissance, soit Â1 < Â2 < Â3 • • •
Le problème aux limites posé est équivalent à l'équation inté-
grale:
b

cp (x) = Â ) G (x, s) cp (S) d~,


a

où G (x, ~) est la fonction de Green relative à l'opérateur L (y)avee


les conditions aux limites (95). On sait (tome IV l' [1-42]) que la
première valeur propre Â1 est la plus petite valeur que puisse prendr&
l'intégrale
b b

) ) G (x, ~) CJ) (x) CJ) (S) dx d s


a a

sur la classe des fonctions continues CJ) (x) vérifiant la condition


b b

) [ ) G (x, s) CJ) (s) d~ ] 2 dx = 1. (98)


a a

Or, l'intégrale
b

Y (x) = j G (x, s) CJ) (S) d~ (99)~


Q

définit, quelle que soit la fonction continue CJ) (~), une fonctioTh
y (x) possédant des dérivées première et seconde continues et satis-
faisant les conditions aux limites (95). Réciproquement, toute fonc-
tion y (x) jouissant de ces propriétés s'exprime par une intégrale (99,
moyennant un choix convenable de la fonction continue CJ) (x) =
= -L (y).
On peut donc, en vertu de (97), (98) et (99), affirmerqueÂ1l
est la plus petite ·valeur de l'intégrale
Il
- )L(Y) yd~ (fOO)
a
256 ",CH. II. PROBL~M&S AUXLIMl'1'ES

sous réserve que

(101)

sur la classe des fonctions y (x) possédant des dérivées première


·et seconde continues et vérifiant les conditions aux limites (95).
En intégrant (100) par parties, on constate que ÂI est la plus
petite valeur de l'intégrale
b
J[p (x) y'2+ q (x) y2) dx (102)
a
.sous la condition (101) sur la classe des fonctions y (x). La première
fonction propre y = <Pl (x) réalise le minimum ÂI de l'intégrale
.(102) en vertu de (96). Passons à la deuxième valeur propre Â2 •
'On sait que c'est la plus petite valeur de l'intégrale (97) si à la
.condition (98) on joint encore la condition
b

JO) (6) !Pl (6) d6 = O. (103)


a
Si l'on définit y (x) par la formule (99), alors (tome IVl l [1-31])
b b

Yy (x) !Pl (x) dx = ~1 JO) Œ) <Pl (s) ds


a a
.et par suite la condition (103) équivaut à la condition
b

a
I y (x) !Pl (x) dx = O. (104)

Donc, la valeur propre 2 est la plus petite valeur de l'intégrale (102)


.sur la classe des fonctions y (x) possédant des dérivées première et
:seconde continues et vérifiant les conditions aux limites (95) et
les conditions subsidiaires (101) et (104).
D'une façon plus générale, la valeur propre Ân est la plus petite
valeur de l'intégrale (102) sur la classe des fonctions y (x) possédant
des dérivées première et seconde continues et vérifiant les condi-
tions aux limites (95) et les conditions accessoires suivantes:
b b

Iy2dx=1; J<Pk(x)y(X)dx=O (k=1, 2, .•• , n-1). (105)


a a .'
1 Montrons que l'équation (93) est· une équation d'Euler exprimant
une condition nécessaire d'extrémum de l'intégrale ,(102) sous la
IJ-i-i5. PROPRmT~S EXTR~MALES DES VALEURS PROPRES 257

condition (101). En effet (tome IV h [I1-81), en composant pour la


fonction
F = p (x) y'2 q(x) y2 _ Â y 2 +
l'équation d'Euler
, d
dx F y ' -F y = 0,
on constate que celle-ci est bien confondue avec l'équation (93).
Considérons maintenant l'extrémum de l'intégrale (102) sous deux
conditions subsid~aires, plus exactement, les conditions (101) et
(104). Composons la fonction auxiliaire:
F = p (x) y'2 +
q (x) y2 - Â y2 - ~<Pl (x) y,
et l'équation d'Euler correspondante:

:x [p (x) y'] + (Â - q (x» y -1- ~ <Pl (x) = O. (106)

Montrons que la constante ~ est nulle, c'est-à-dire que nous obte-


nons de nouveau une équation (93). Ecrivons à cet effet l'équation
(93) pour la première fonction propre:
:x [p (x) <P~ (x)] + (Âl-q (x)) <Pl (x) = O.
Multiplions cette équation par y, l'équation (106), par <Pl (x), retran-
chons membre à membre les deux équations obtenues et intégrons
la différence sur fa, bL En tenant compte de la condition d'orthogo-
nalité (104) et du fait que la première fonction propre est normée,
on obtient la relation suivante:
b

~ = l :x
a
{Y [p (x) <P~ (x)] - <Pl (x) :x [p (x) Y']} dx.
Une intégration par parties, compte tenu des conditions aux limites,
nous assure immédiatement que cette intégrale est nulle, donc
IL = 0, ce que nous voulions. En général, si l'on écrit l'équation
d'Euler qui exprime la condition nécessaire d'extrémum de l'inté-
grale (102) sous les conditions subsidiaires (105), on est conduit,
comme plus haut, à une équation (93).
Jusqu'ici r (x) == 1. On obtient exactement les mêmes résultats
pour r (x) > O. Dans ce cas général, les conditions subsidiaires
(105) sont de la forme:
b b

a
l 2
r (x) Y (x) dx = 1 ; l
a
r (x) <Pk (X) Y (X) dx = 0 (107)

(k = 1, 2, ... , n - 1).
17-01017
258 CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES

Pour s'en assurer, il suffit d'effectuer la substitution (94) dans


l'équation générale (1). On obtient ainsi une équation (93) pour
laquelle ce résultat a déjà été démontré. En retournant à l'ancienne
variable indépendante, on retrouve l'intégrale (102) et les condi-
tions subsidiaires (107).
Signalons encore que tout ce qui a été dit plus haut est valable
pour les conditions aux limites (2).
On peut chercher les minimums successifs de l'intégrale sur la
classe des fonctions possédant une dérivée première seulement con-
tinue sur [a, bl. On démontre que ces minimums successifs sont réa-
lisés par des fonctions CPn (x) d'une classe plus vaste.
Considérons l'équation de la corde vibrante
2
{Pu = a 2 a U2 ( a= l / TpO ) ,
at 2 ax JI

où p est la densité linéaire de la corde, T o, la tension. On a les expressions


suivantes pour l'énergie cinétique et l'énergie potentielle:
l

-u= ~ i Tou~dx.
o
En régime sinusoïdal de la forme u = sin rot y (x), on obtient l'équation

y"+Ây=O (Â= ~: )
avec les conditions aux limites y (0) = y (1) = 0 si la corde est fixée par ses
extrémités, et l'énergie cinétique et potentielle seront définies par les formules:

i
l l
T= p~2 cos2 rot y2 dx; - U= ~o sin 2 rot ~ y'2 dx.
o 0
Trouver la première valeur propre de ce problème revient à trouver le
minimum de l'intégrale

i
l

o
y'2 dx sous la condition
o
il

yZ dx=1.

11-1-16. Théorème de Courant. Du numéro précédent, il s'ensuit


que le minimum de l'intégrale (102) sous les conditions (105) est
réalisé par la fonction propre CPn (x) et est égal à Â n • Une telle défi-
nition de Ân et CPn (x) implique la connaissance de toutes les fonc-
tions propres précédentes. Cette circonstance rend difficile l'appli-
cation du principe extrémal énoncé. On se propose de démontrer
un théorème qui permet de déterminer Ân et CPn (x) sans se servir
des fonctions propres précédentes. Soient Zl (x), ... , Zn -1 (X) des
fonctions données, continues sur l'intervalle bl. On demande ra,
11-1-16. TH:eOR~ME DE COURANT 259

le minimum. de l'intégrale
b

~ CP (x) y'2 + q (x) y2] dx (108)


a

sous les conditions subsidiaires


b b
2
) r (x) li dx = 1; ) r(x)zk(x)ydx=O ('109)
a a
(k=1, 2, ... , n-1)
sur la classe des fonctions y (x) vérifiant les conditions aux limites
(95) et possédant des dérivées première et seconde continues. On
ne peut dire à priori que l'intégrale (108) prend sa valeur mini-
male sous les conditions posées, mais on peut toujours parler de
la borne inférieure des valeurs de cette intégrale. Cette borne dépen-
dra visiblement du choix des fonctions Zk (x). Désignons cette borne
par m (Z1' ••• , Zn -1). Prouvons maintenant le théorème de Courant
suivant: le nombre m (Zl' . . . , Zn-1) est inférieur à la valeur propre
Ân quelles que soient les fonctions continues Zk (x). Si quelles que
soient Zk (x), on peut construire une fonction y (x) satisfaisant
les conditions (109) et toutes les autres conditions et telle que la
valeur correspondante de l'intégrale (108) soit inférieure à Â n , alors
à fortiori m (Z1' ••• , zn) ~ Ân et le théorème sera prouvé. On
cherchera la fonction y (x) sous la forme
y = CI!PI (x) +. + cn!Pn (x), (110)
où <Pk (x) sont les fonctions propres du problème aux limites et
Ck des constantes que nous allons définir. La première condition
(109) entraîne en vertu de l'orthonormalisation des fonctions <Pk (x)
par rapport au poids r (x) (cf. (107»
c~ + c; + . . . + c~ = 1. (111)
Les autres n - 1 conditions nous donnent un système de n - 1
équations sans second membre à n inconnues Cl' • . • , Cn. On sait
qu'un tel système possède des solutions non triviales (tome III I
[I-2-3J). Toute solution de ce système peut être multipliée par une
constante telle que l'égalité (111) soit réalisée. Donc, la formule
(110) nous a permis de construire une fonction possédant des dérivées
première et seconde continues et vérifiant les conditions aux limi-
tes (95) et toutes les conditions (109). Il nous reste simplement à por-
ter l'expression (110) dans l'intégrale (108) et à nous assurer que
cette intégrale prend une valeur~ Â n . Cette substitution fera apparaî-
tre sous le signe d'intégration des termes en !pi (x) et <Ph 2 (x), ainsi
que des termes en <Pk (x) !P l (x) et !Ph (x) <Pl (x). Mais, exactement
260 CH. II. PROBL:E:MES AUX LIMITES

comme au [II-1-111, on démontre pour r (x) =1= 1 que


b

~ [p (x) <P~ (x) <Pl (x) +. q (x) <PI< (x) <P, (x)] dx = 0 (k =1= l).
a

En se servant de la formule (22), on s'assure que la substitution


de l'expression (110) dans l'intégrale (108) conduit à la relation
CiÂl + ... + c;Ân ·
Comme 1..1 < ... < Ân il vient, grâce à la formule (111),
C~Âl + ... + c;Ân ~ Ân ,
ce que nous voulions.
Corollaire. Si Zl=<Pl(X), • . • , Zn-l=<Pn-l(X), alors,
comme on l'a vu plus haut, le minimum de l'intégrale (108) sous
les conditions (109) sera égal à Ân et sera réalisé par la fonction
y = <Pn (x). On peut donc dire que Ân est la plus grande des bornes
inférieures m n (Zl' . . . , Zn -1) des valeurs de l'intégrale (108) sous
les conditions (109) sur la classe des fonctions y (x) satisfaisant certaines
conditions aux limites et possédant des dérivées du premier et du second
ordre continues, cette plus grande borne étant atteinte pour Zk = <Pk (x)
et y = <Pn (x). Cette propriété de max-min des valeurs propres Ân
est valable pour une vaste classe d'équations aux dérivées partielles
et joue un rôle fondamental dans l'étude des valeurs propres.
11-1-17. Expression asymptotique des valeurs propres. Dans l'équa-
tion (1) substituons aux fonctions p (x) et q (x) des fonctions Pl (x)
et ql (x) telles que
Pl (x) ~ P (x); ql (x) ~ q (x), x E [a, bl, (112)
.(p (x) > 0; r (x) > 0).
Gardons la même fonction r (x). Désignons par Â~ les valeurs pro-
pres de l'équation modifiée et prouvons que Â~ ~ Ân • Utilisons
à cet effet la propriété de max-min des valeurs propres.
La substitution (112) ne modifie pas les conditions (109) et
l'intégrale (108) ne peut prendre qu'une valeur supérieure pour
y fixe. Comme la substitution (112) ne change pas les fonctions
y et que la borne inférieure m (Zl' . . . , Zn -1) des valeurs de l'intégrale
(108) ne diminue pas, il en est de même du plus grand des nombres
m (Zl' . . . , Zn -1)' c'est-à-dire Ân • Ce que nous voulions.
Gardons maintenant les fonctions p (x) et q (x) et substituons
à r (x) une fonction rI (x) telle que rI (x) ~ r (x) sur la, bl. Dans
ce cas on ne peut plus parler de la préservation de la classe des
fonctions y, car si y vérifie la première condition (109), alors en
II-f-17. EXPRESSION ASYMPTOTIQUE DES VALEURS PROPRES 261

remplaçant r (x) par rI (x), on aura


b

~ rI (x) y2 dx~ 1.
a

Cependant il est facile de déduire à partir de la fonction y une fonc-


tion admissible pour le nouveau problème. Il suffit à cet effet de
choisir un nombre e E ]0, 1] tel que
b

) rI (x) e2 y 2 dx = 1.
a

Il est immédiat de voir que la fonction ey satisfait les autres condi-


tions (109), il est vrai pour d'autres fonctions Zk (x). En effet, e étant
une constante, il s'ensuit de (109) que
b
ey d X =
~
Zk (x) r (x) 0 (k=1, 2, ... , k-1).
rI (x) rI
(x )
a

On reconnaît ici des conditions (109) pour l'équation modifiée,


les fonctions Zk (x) étant remplacées par les fonctions
- ( ) _ Zk (x) r (x)
Zk X - ().
rI x

A chaque système de fonctions Zk (x) sera associé un système de


fonctions ';k (x) et réciproquement. Pour passer de la fonction ey de
l' équation transformée aux fonctions homologues de l' équation
initiale, il faut diviser ey par e. La valeur de l'intégrale (108) n'aug-
mente pas quand on substitue ey à y. Donc, il en est de même de la
borne inférieure de ces valeurs et par conséquent du nombre  n
qui est le plus grand de toutes ces bornes. On a donc l'assertion
suivante: la valeur propre Ân ne peut pas diminuer si Pl (x) ~ P (x)
et qI (x) ~ q (x) et ne peut pas augmenter si rI (x) ~ r (x).
Appliquons cette assertion à l'estimation asymptotique des va-
leurs propres Ân pour les grands n. Soient (p, P), (q, Q) et (r, R)
les plus petites et les plus grandes valeurs respectivement des fonc-
tions P (x), q (x) et r (x) sur [a, hl. Dans l'équation (1) substi-
tuons P à P (x), Q à q (x) et r à r (x). L'équation à coefficients cons-
tants obtenue, soit
Py" ('Ar - Q) y = 0 + (113)
possédera des valeurs propres 'A~ ~ 'An. Mais on peut facilement
trouver 'A~. On observera pour cela que l' équation (113) admet
une solution vérifiant les conditions aux limites (95) dans le
cas seulement où Âr;:Q> O. L'intégrale générale de l'équa-
262 CH. II. PROBL:I;:MES AUX LIMITES

tion (113) s'écrit alors:

y = Cl cos
..V1" Âr-Q
p x +C · " 1" Âr-Q
2 SIn V px.

Pour simplifier les calculs, on prendra pour intervalle [a, b] l'inter-


valle [0, 1). De la condition aux limites y (0) = 0, il s'ensuit que
Cl = ° et de la condition y (l) = 0, que

.. 1" Âr-Q
V p l= nn,
d'où

et par suite

En remplaçant p (x), q (x), et r (x) respectivement par p, q et R,


on montre de façon analogue que
n2
n212 p+q
Ân~ R '

et l'on obtient ainsi l'estimation suivante pour les valeurs propres:

De là il résulte que  n est de l'ordre de n 2 pour les grands n et


la série
oc

n=l

converge. La propriété de max-min de Ân nous permet d'affiner


l'estimation au prix d'une transformation préalable de l'équation
initiale. Supposons que p (x) et r (x) possèdent des dérivées du
premier et second ordre continues et transformons l'équation (1)
en posant:
x
t --Jl/~d
p ()
X x, (114)
LI

et
u= j! p (x) r (x) y. (115)
11-1-17. EXPRESSION ASYMPTOTIQUE DES VALEURS PROPRES 263

L'intervalle ra, bl de variation de x se transforme en l'intervalle


[0, Il de variation de t, où
b __

1= J
r ..V;- pr (x)
(x) dx.
a

L'équation pour u (t) sera de la forme


d2 u
(jj2+(Â-s(t))u=O, (116)

où s (t) est une fonction continue qui se détermine facilement à partir


des coefficients de l'équation (1). De y (a) = y (b) = 0 il s'ensuit
que u (0) = u (1) = 0 et réciproquement. Donc, les fonctions propres
de l'équation initiale se déduisent à partir de celles de l'équation
transformée grâce à la formule (115) et réciproquement, les valeurs
propres restant, elles, inchangées. Pour déterminer les valeurs pro-
pres de l'équation (116), on doit chercher le minimum de l'intégrale
l

, [U'2
&
+ s (t) u 2] dt. (117)
o
Soit cr la plus grande valeur de 1s (t) 1 sur l'intervalle [0, l l, de
sorte que
-cr ~ s (t) ~ cr (t E [0, ll).
Si, au lieu de chercher le minimum de l'intégrale (117), on cherche
ceux des intégrales
b

~ (U'2 + cru 2) dt
a
et
b

~ (U'2 - cru 2) dt
a

et que l'on désigne par Â~ et Â~ les valeurs propres correspondantes,


on obtient alors
(119)
Mais les nombres Â~ et Â~ se déduisent sans peine à partir des solu-
tions des équations
u" + (Â - cr) u = 0 et u" (Â + +
cr) u = 0
avec les conditions aux limites u (0) = u (l) = 0 et l'on a
, n 2n 2 " n 2n 2
 n =-1-2-+ cr; Ân = -1-2--cr.
264 CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES

En vertu de (119), il vient

(120)
ou
(121)

où 0 (1) désigne comme toujours une grandeur qui reste bornée


en valeur absolue pour toutes les valeurs de n. En revenant aux
anciennes variables, on obtient
b __

Ân = n 2n 2 [ )
a
V ;~:~ dxJ-2 + 0 (1), (122)

et par suite
b __
·
1lm ----
n-oo  n
n2 _
n2 _
v-- J2
1 [ ) .. /" r (x) d
p (x)
X

(123)
a

On obtient exactement les mêmes expressions asymptotiques des


valeurs propres avec d'autres conditions aux limites en considérant
l'équation u" + fJ.U = 0 pour ces conditions aux limites.
11-1-18. Expression asymptotique des fonctions propres. Etant
en possession de l'expression asymptotique des valeurs propres, on
peut trouver celle des fonctions propres en appliquant la méthode
qui nous a servi à établir les expressions asymptotiques des polynô-
mes d'Hermite et de Legendre (tome 111 2 , [VI-3-7J, [VI-3-8l). Les
substitutions (114) et (115) nous permettent de ramener l'équation (1)
à la forme (116):
u" (t) +
(Â - s (t» u (t) = O.

On sait [1I-1-5J que les valeurs propres Ân seront strictement


positives pour les grands n et dans la suite on admettra que n est
assez grand pour que Ân > O. Soient Un (t) les fonctions propres
associées aux valeurs propres Ân • On peut écrire

U~ (t) + Ânun (t) = s (t) Un (t),


d'où il vient
un(t)=a n sin VÂ n t+b n cos VÂ n t+
t
+!
_/ Â
\ s ('t) Un Ct) sin VÂ n (t -
.'
't) d't. (124)
r n 0 .
11-1-18. EXPRESSION ASYMPTOTIQUE DES FONCTINOS PROPRES 265

Appliquons l'inégalité de Cauchy-Bouniakovski à l'intégrale du


second membre:
t
[ ~ S Ct) Un (T) sin VÂ n (t - 't) dt J2 ~
o
t t
~~ u; ('t) dT ) S2 (T) sin 2 VÂ n (t - 't) dT,
o 0

d'où il résulte que pour tout tE [0, II


t l

[ ~ S ('t) Un ('t) sin VÂ n (t - 't) d't J2 ~ ~ S2 ('t) dT ; (125)


o 0
on s'est servi du fait que les fonctions Un (t) sont normées.
Soit (J'n (x) la fonction propre de l'équation (1) déduite à partir
de Un (t) par les substitutions (114) et (115). Ces substitutions entraî-
nent immédiatement
b l

~ r (x) <p;(x) dx= ~ u;(t)dt=1, (126}


a 0
autrement dit, la normalisation de Un (t) est équivalente à la norma-

u (0) = °
nous donne bn =
sous la forme suivante:
°
lisation de (J'n (x) avec un poids r (x). La condition aux limites
et l'on peut mettre la formule (124)

un t
. V~
( ) = an SIn ""n t + mnr (t) , {127}
li  n
où, en vertu de l'inégalité (125), la fonction m n (t) reste bornée
pour tous les n = 1, 2, ... et pour tout t E [0, ll, c'est-à-dire
qu'il existe un nombre strictement positif A tel que
1 m n (t) 1 ~ A. (128)
En élevant les deux membres de (127) au carré, en intégrant sur
[0, II et en tenant compte de la normalisation des fonctions Un (t),
on peut écrire:

1 = a;
l

r sin 2 VÂ
Jo n t dt
n
0
l

+ JI~~n Jr m n (t) sin V n t dt ++- rn


l

J0
m~ (t) dt.

La première de ces intégrales se calcule entièrement, quant aux deux


autres, elles seront bornées en module pour tous les n en vertu de
(128). On obtient donc
1
=2 an -
l 2 sin 2 l/~ l 2
an
+ an
Pn
+ Â1 (129)
4 -y"Â
n l/Â
n n qn,
266 CH. II. PROBUlMES AUX LIMITES

OÙ Pn et qn restent bornés en module lorsque n croît. Mettons a~


en facteur:
1 = an
2 (_z2 _ sin 2 ",:"r~ l + 1
_Î Pn + an1Îw n
2
4 Vi Îw n an JI Îw n

Si en faisant croître n on rencontrait des a~ aussi grands que l'on


veut, alors pour ces ni' expression entre parenthèses tendrait vers
la limite non nulle ~ et le produit du second membre ne serait
pas égal à 1. De là on déduit que an reste borné lorsque n croît, et
la formule (129) peut être mise sous la forme:

(130)

où, comme toujours, 0 ( ;11,) désigne une quantité telle que le


produit xn·O (;n)
reste borné lorsque n croît indéfiniment. On
peut mettre la formule (130) sous la forme:

a~=+ +0 ( rr~n ) ,
d'où

En portant an dans (127), on obtient

(131)


o (! ) = Pn(t) •
V Îw n JI Îw n

De (121) il résulte:

ou V -Ân=-z-+
mt
0 ( ~ ),
d'où
sin V Â n t = sin nzn +0 ( ~ ),
( ~ )= En portant l'expression précédente dans (131),
qnn(t).

on obtient les expressions asymptotiques suivantes pour les fonc-


II-1-19. M:eTHODE DE RITZ 267

tions normées Un (t) :

Un (t) = Ji ~ sin nt t +0 ( ~ ). (132)

En revenant aux anciennes variables grâce à (114) et (115), on


<>btient la formule asymptotique suivante:
_ x __

fPn (x) = -(ï ~~~~) r (x) sin [~rt ) -Vr ; ~:~ dx J+ 0 ( ~ ) , (133)
a

où les fonctions propres (j)n (x) sont normées conformément à (126)


et 0 ( ~ ) = rn~x), où r n (x) est borné en module pour tous les
n et x E [a, b].
11-1-19. Méthode de Ritz. L'équation
Il
dx [p(x)y']+p"r(x)-p(x)]y=O (134)

est l'équation d'Euler pour l'intégrale


b

I
a
[p (X)'2 + q (x) y2] dx (135)

sous la condition
b

\ r (x) y2 (x) dx= 1,


0-

a
et l'on a YU que la recherche des valeurs et fonctions propres successives se
ramène à un problème d'extrémum de l'intégrale (135). Cette circonstance nous
conduit à une méthode commode de calcul approché des valeurs et fonctions
propres. Nous avons déjà appliqué cette méthode (de Ritz) à la recherche de
l'extrémum absolu d'une intégrale.
Prenons une suite de fonctions linéairement indépendantes VI (x), V2 (x), •.•
vérifiant certaines conditions aux limites, composons la combinaison linéaire

(136)

et portons-la dans l'intégrale

I
b
J(y)= {p(x)y'2+[q(x)-Âr(x)]y2}dx.
a
On obtient en définitive une forme quadratique en akn). En égalant à zéro ses
dérivées partielles par rapport à aknl , on est conduit à un système de n équations
nl
sans second membre à n inconnues ak • En admettant que le déterminant de ce
système est nul, on obtient une équation de degré n en Â. Les racines Âi n l , • • •
• • • , Â(l[l de cette équation peuvent être prises pour valeurs approchées des n
268 CH. II. PROBL2MES Aux. LIMITES

premières valeurs propres du problème. Pour chacune de ces racines on peut


trouver à partir du système d'équations sans second membre une collection de
nombres aknl qui, portée dans (136), nous donnera une fonction y qui pourra
être prise pour fonction propre approchée. La convergence de ce processus dépend
essentiellement du choix des fonctions Vii (x). Citons à ce propos quelques résul-
tats des travaux de l'académicien N. K r y 1 0 v (Mem. Sei. Math., 1931, 49).
Supposons que l'équation est de la forme
y" Âr (x) y = 0 + (r (x) > 0). (137}
Considérons les conditions aux limites élémentaires: y (0) = y (1) = O. Si
l'on pose V n (x) = V2
sin nnx, alors l'écart entre la vraie valeur de Âm et son
approximation d'ordre n peut être majoré de la manière suivante:
'1 rn>
'1 1 ::;::: 2Âfu max r 3 / 2 (x)
l II.m-lI.m -...:::
(n + . _/
1)2 n 2 mm JI r (x) -2Â m max r 3 / 2 (x)
'

ou
(138)

A = [max r (x)-min r (x)) .. / m~x r t~;


V mmr x
B=2 max r (x).

Dans les calculs pratiques, on se sert plus souvent des polynômes que des
fonctions trigonométriques. Considérons encore l'équation (137) avec les con-
ditions aux limites y (-1) = y (1) = 0 et posons vn (x) = (1 - x 2 ) x n - 1 (le fac-
teur (1 - x 2 ) assure la réalisation des conditions aux limites). Si les fonctions
V (x) sont ainsi choisies, on a la majoration suivante:

Ârirl-Âm 1< ÂWl' max r (x) (139)


1 Âm (n+1)(n+2) •

Cette majoration est valable si l'on admet simplement la continuité de la fonc-


tion r (x). Si cette fonction possède de plus une dérivée continue, alors on a une
meilleure majoration:

N = {max 1 r' (x) 1 + l/Â~l VI,.Î rn~x r


5
(x) } 2 •
JI r (x) mm r (x)
On obtient une meilleure approximation dans le cas où la fonction r (x) admet
une dérivée seconde continue.
11-1-20. Exemple de Ritz. Citons encore un exemple de calcul approché
des valeurs et fonctions propres. Dans cet exemple, les valeurs et fonctions pro-
pres peuvent être calculées exactement en termes finis, ce qui nous permettra
de juger de la vitesse de convergence du processus. Cet exemple figure dans le
mémoire de Rit z (J. reine und angew. Math., 1909, 135). Soit l'équation
y" k 2y = 0 +
avec les conditions aux limites y (-1) = y (1) = 0, k 2 jouant le rôle du para-
mètre Â. On est conduit à un tel problème aux limites en étudiant les vibrations
11-1-20. EXEMPLE DE RITZ 269

d'une corde fixée par ses extrémités. Le son fondamental de la corde est donné
par la solution
nx n
YI =COST' kl =2;
le premier harmonique par
Y2 = sin nx, k 2 = n;
le second, par
3nx 3n
Y3=COS -2-' k 3 =T' etc.

Cherchons approximativement les solutions paires sous forme d'un polynôme


en les puissances paires de x. Ce polynôme devant vérifier les conditions aux
limites, il sera de la forme:
Y = (1 - x 2 ) (ao + al x 2 + ... + a nx
2n
).

Bornons-nous aux deux premiers termes:


Y = (1 - x 2) (ao + alx 2).
En portant Y dans l'intégrale
1

J (y) = \ (y'2_ k 2y 2) dx,


-"'1
on trouve

L'égalisation à zéro des dérivées partielles par rapport à ao et al nous conduit


au système
(35 - 14k 2 ) ao +
(7 - 2k 2 ) al = 0,
(21 - 6k 2 ) ao +
(33 - 2k 2 ) a 2 = O.
En égalant à zéro le déterminant de ce système, on obtient l'équation
k 4 - 28k 2 + 63 = 0,
dont les racines sont
ki = 2,46744; k§ = 25,6.
Les solutions exactes indiquées plus haut nous donnent
~ 9~
ki=T=2,467401100 ... , k~=T=22,207.

En deuxième approximation
y = (1 - x 2) (ao + al x 2 + a 2x 4).
On détermine k 2 à partir de l'équation
4k6 - 450k~ + 8910k 2 - 19 305 = 0,
d'où
ki = 2,467401108 ... ; k§ = 23,301 ...
En portant cette valeur approchée de ki dans les coefficients du système servant
à la détermination de ao, al et a2, on trouve ces coefficients à un facteur constant
270 CH. II. PROBUlMES AUX LIMITES

près que l'on peut choisir tel que la solution obtenue satisfasse à la même con-
dition
1
, y2 dx =1,
-"'1

que la solution exacte y = cos n; . On obtient en définitive la solution appro-


chée:
y = (1 - x 2 ) (1 - 0,233430x 2 + O,018962x 4 ).

Le tableau suivant nous indique à quel point est minime l'écart entre y et
cos 31; (les chiffres représentent les mantisses des logarithmes décimaux de ces
fonctions) :

x 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5

nx
log cos T 994620 978206 949881 907958 849485
log y 994621 978212 949889 907952 849493

x 0,6 0,7 0,8 0,9

nx
log cosT 769219 657047 489982 194332
log y 769221 657043 489978 194345

Les fonctions propres qui sont des fonctions impaires de x peuvent être
cherchées sous la forme approchée suivante:
y = (1 - x 2 ) (aox + aIr + ... + a n x 2n +I ).

11-2. Equations de type elliptique


11-2-1. Potentiel newtonien. Nous passons maintenant à l'étude
des problèmes aux limites pour les équations aux dérivées partielles.
Commençons par l'équation de Laplace. Nous avons déjà résolu le
problème de Dirichlet pour cette équation pour le disque et pour
la boule. Outre l'équation de Laplace nous examinerons dans ce
paragraphe d'autres équations de type elliptique et poserons pour
elles des problèmes identiques à ceux de Dirichlet et de Neumann
pour l'équation de Laplace. Ces équations apparaissent générale-
ment lors de l'étude des problèmes de statique ou des régimes établis.
11-2-1. POTENTIEL NEWTONIEN 271"

Rappelons que l'équation de Laplace intervient dans l'étude d'un


champ électrostatique ou d'un flux thermique établi.
Le potentiel newtonien est d'une grande importance dans l'étude-
des problèmes aux limites pour l'équation de Laplace. Rappelons-
les principales définitions relatives au potentiel newtonien et intro-
duisons quelques notions nouvelles.
Soient D un domaine borné de l'espace, ~ (N), une fonction
de point continue dans ce domaine, et r, la distance d'un point M
à un point variable N de D. Le potentiel newtonien de volume est
défini par la formule
v (M) = III ~ ~V) dv.
D
(1)·

De même, le potentiel de simple couche distribué sur une surface


8 avec une densité p (N) est donné par:
u (Jlif) = l l ~ (;) ds. (2)
s
On sait (tome II, [111-3-10), [VII-3-9l) que hors des masses, les
fonctions u (M) et v (M) possèdent des dérivées de tout ordre et
sont solutions de l'équation de Laplace. Pour la suite de l'exposé,
il importe en premier lieu d'indiquer les restrictions qui seront
imposées à la surface 8 qui sera supposée fermée. On doit à A. Lia -
pou nov la première formulation exacte dans son travail 8ur
certaines questions rattachées au problème de Dirichlet (1898). Ce
travail a profondément marqué le développement de la théorie
du potentiel et l'étude des problèmes aux limites pour l'équation
de Laplace. Nous suivons ce travail ici et dans la suite.
La surface 8 doit satisfaire aux conditions suivantes.
1. La surface 8 admet un plan tangent en chacun de ses points.
2. Il existe un d > 0 tel que si No est un point quelconque
de S, alors toute sphère Sode centre No et de rayon::( d partage S
en deux parties dont l'une est intérieure et l'autre extérieure à 8 0
et toute droite parallèle à la normale à 8 en No coupe la partie
de 8 intérieure à 8 0 en un seul point.
3. Si t}o est l'angle aigu formé par les normales à 8 en deux de
ses points NI et N 2 et rI, 2' la distance de ces points, il existe alors-
deux nombres a > 0 et ex > 0 ne dépendant pas du choix de NI
et N 2' tels que
~ ~ arf, 2 (ex ~ 1) (3)
quelle que soit la position des points NI et N 2 sur 8.
Les surfaces fermées satisfaisant à ces conditions sont dites
surfaces de Liapounov. Avant d'indiquer les autres hypothèses que
doit vérifier 8 tirons quelques conséquences de celles qui ont déjà
été faites.
272 CH. II. PROBLÈMES AUX LIMITES

De (3) il s'ensuit immédiatement que le plan de tangence varie


continûment lorsque le point de contact se déplace sur la surface.
Indiquons maintenant un important corollaire de la troisième con-
dition. Soit No un point de S. Plaçons l'origine des coordonnées
en ce point, orientons l'axe NoZ des Z suivant la normale exté-
rieure à S en No et disposons les axes NoX des X et NoY des Y
de façon arbitraire dans le plan tangent. L'équation du morceau
de surface S intérieur à la sphère So de centre No et de rayon d
est de la forme:
(4)
Par (6, 1), ~) on désignera les coordonnées du point courant N
de la surface S et par (x, y, z) les coordonnées de tout point M de
l'espace. Les axes de coordonnées introduits s'appellent axes
locaux au point iVo•
L'existence du plan tangent et sa variation continue entraînent
l'existence et la continuité des dérivées du premier ordre ~~ (6, ll)
et ~T] (6, ll). On admet que d est assez petit. On peut par exemple
poser
adœ ~ 1 (5)
de sorte que l'angle {to de la normale en 1\/0 et de la normale en un
point N du morceau de surface S intérieur à la sphère So est stricte-
ment inférieur à ~l. En désignant par r o la distance NoN (ro < d),
il vient
(6)
d'où

co: ir
o
= V 1 + ~! + ~~ ~ 1 + a2r~a ~ 2, (7)

et par suite en vertu de (5)


t~~2 + loT]
~2~2a2r2cx+a""r4a~3a2r2cx
~ 0 0 ~ o· (8)
En coordonnées polaires
~= Po cos 0; 1) = Po sin 0,
on a
~~o = (~~ cos e+ ~T] sin e)2~~~ + ~~,
d'où, en vertu de (8),
1~p.1 ~ Vs ar~ , (9)
et
(10)
II-2-1. POTENTIEL NEWTONIEN 273

et par suite
r o= V p~+~2~2po· (11)
Les inégalités (9) et (11) entraînent
l~p.1 ~V3 a2ap~, (12)
d'où

ou, à fortiori,
1 ~ 1 ~ 2ap~+\ (13)
car 2a ~ a +1 pour a ~ 1. De (6) il s'ensuit enfin
1 ~ cos 'fr o ~ 22a-la2p~a. (14)
Estimons cos (n, X) et cos (n, Y) où n est le vecteur unitaire de
la normale extérieure à 8 en N. On a en vertu de (8)
Icos (nt X)I = I~~I ~ I~~I ~V3ar~,
y 1+~~+s~
et de façon analogue
1 cos (n, Y) I~V3 a~.
On a par ailleurs
cos 'fr o•
cos (n, Z) =
Regroupons toutes les majorations précédentes:
1 ~ 1 ~ cp~+a ; 1 cos (n, X) 1 ~ cp~; 1 cos (n, Y) 1 ~ cp~;
1
(15)
1 - cos (n, Z) ~ cp~a ; 1 cos (n, Z) 1~ 2";
pour simplifier l'écriture des formules ultérieures on a désigné par
c la plus grande des constantes figurant dans ces majorations. Ces
inégalités restent en vigueur si l'on remplace Po par r o. Aux points
d'intersection de 8 et 8 0 , on a r o = d et de (11) il résulte que Po ~
~ ~ d. On voit donc que la partie de 8 découpée par le cylindre
dont l'axe est confondu avec l'axe NoZ et de rayon ~ d, est inté-
rieure à 8 0 • On désignera cette partie de 8 par a o. Sa projetée a~
sur le plan XNoY (i.e. le plan tangent à 8 en No) est le disque:
~2 + 'Y)2~ ~ • (16)

Tous les points N de ao sont justiciables des formules (15). Considé-


rons encore la partie al de 8 découpée par le cylindre circulaire
18-01017
274 CH. II. PROBL:E:MES AUX LIMITES

dont l'axe est NoZ et le rayon de base dl < ~ . Dans la suite on


utilisera le fait que dl est arbitraire. Les majorations (15) sont
également valables sur 0'1. La projetée 0'; de 0'1 sur le plan tangent
à S en No est le disque:
t2+
~
'Yl2~d12
'1........
< d).
(d1"2 (17)
On se propose d'étudier les propriétés des potentiels de simple
couche ainsi que d'autres potentiels, notamment les potentiels de
double couche qui, comme ceux de simple couche, se représentent
par des intégrales étendues à S.
11-2-2. Potentiel de double couche. La solution singulière ..!- de
r
l'équation de Laplace joue un rôle primordial dans la construc-
tion des fonctions (1) et (2). Introduisons maintenant une autre
solution singulière de cette équation. Soient N un point de l'es-
pace, l, une direction orientée fixe passant par N. Prenons un vecteur
~

N N' de support l de même sens que l et de longueur e et plaçons


en N une charge ( ; ) et en N', une charge ( - ; ). En désignant par
r et r' les distances d'un point variable M à N et N' respective-
ment, on obtient le potentiel suivant:
1 (1 1) 1
U o (M) = 8" 7 - 7 ="8.
r' - r
rr'
1 r'2 - r 2
=8". (r'+r) rr' .

Considérons l'angle cp = (r, l).


En vertu de la relation r'2 = r 2+ 8 2 + 2re cos cp, il vient
M e+2r cos cp
Uo ( ) = (r' + r) rr' ,

et en faisant tendre e-+ 0 on obtient à la limite le potentiel du


dipôle d'intensité unitaire et de direction l:
cos cp
U o (M) = 2 •
r
Il est immédiat de vérifier que ce potentiel se représente comme
la dérivée de ..!-r suivant la direction l, la dérivation ayant lieu par
rapport au point M:
cos
r2
cp =...!-
al
(.!-)
r •
(18)

En effet, en désignant les coordonnées de N par (6, 'll, ~) et celles


~eM par (x, y, z), on obtient
.!- (-!-) = (6-x) cos (l, x)+(ll-Y) cos (l, y)+(~-s) cos (l, z)
al r r3 ,
II-2-2. POTENTIEL DE DOUBLE COUCHE 275

d'où, compte' tenu de la formule


coscp= ç-x cos (l, x)+ fi-y cos (l, y)+ ~-s cos (l, z),
T T r
on retrouve la formule (18). La fonction (18) est de toute évidence
harmonique et présente une singularité en N. Recouvrons la surface
S de dipôles ayant en chaque point
de 8 le même sens que la normale 1'7.
extérieure n à 8 et soit l-t (N) l'inten- 1
~ cp ,.,r
sité du dipôle placé en N. Nous som-
mes ainsi conduits à la notion de
/ >/
,/

potentiel de double couche qui sera


défini par la relation (fig. 5):

w (M)
rr
= J J ~t (N)
cosr2 cp as
s
[cp=(r,n)]. (19)
La fonction (19) possède des déri-
vées de tout ordre en dehors de 8 et Fig. 5
est harmonique. On peut sous ces
conditions la dériver par rapport à M sous le signe d'intégration.
Si M est confondu avec un point No situé sur 8, alors r = 0 et
l'intégrale (19) est alors une intégrale impropre. Montrons qu'elle
a un sens.
Il suffit d'étudier à cet effet l'intégrant sur 0"0 au voisinage
de No, en se servant de l'équation de la surface (4) en coordonnées
locales.
Calculons cos cpo = cos (rD, n), où rD est un vecteur directeur
de NoN:
cosCPo=-.lcos(n, X)
TO
+-.2L cos (n,
TO
y)+-.lcos(n, Z)
TO
(n, Z) = {to).
(20},
où (~,11,~) sont les coordonnées de N et ro=Vs2+112+~2. En·
vertu des majorations (15) et des inégalités évidentes: Is 1~Po;,
/111 ~Po; po~ro' il vient:

i.e.
I coscpol~ 3cp~
T~ p~
(Po= VS2+112),

coscpo
2
I~
~
b
2-cx.' (21)
Po TO

où b est une constante. D'autre part,


1 l-t (N) 1 ~ A (N E 8), (22)
276 CH. II. PROB~MES AUX LIMITES

où A = max Il.l. (N) 1. En remplaçant l'intégrale étendue à 0'0 par


celle étendue à la projetée O'~ de 0'0 sur le plan XNoY (Le. le disque
de centre No et de rayon :), on obtient
\ \ cos <Po d~ dYj
J J I.l. (s, 'ri) T5 • cos {to •
C1~

Comme, en vertu de (21), (22) et (15),


f: ) cos <Po & 2Ab
,. . ( ~,'rI 2 .Il -...::::: 2-a'
T o cos Vo Po
il s'ensuit que l'intégrale (19) converge si MES. Donc, la fonc-
tion (19) est dé finie sur l'espace tout entier.
Considérons l'intégrale (19) pour I.l. (N) 1. Grâce à (18), on a ==
a.!
w1 (M)= J)
S
c~~<P dS = -)
S
J a; dS, (23)

la dérivation suivant n ayant lieu par rapport à N qui est la variable


d'intégration. Ceci explique la présence du signe moins dans le
dernier membre de (23).
Supposons d'abord que le point M est situé à l'extérieur de
la surface fermée S. Sous cette condition la fonction.!T est harmo-
nique à l'intérieur de S et possède des dérivées de tout ordre conti-
nues à l'intérieur de S et sur S. En vertu d'une propriété fonda-
mentale des fonctions harmoniques, on a donc (tome II, [VII-3-3l):
ai..
w1 (M) = - J~ a~ dS = 0 (M ~ S).
S
Supposons que le point M est intérieur à S et entourons-le d'une
petite sphère Sp (M) de centre M et de rayon p. La fonction ~ est
harmonique dans la partie D' de l'espace comprise entre Sp (M)
et S, et l'on a
ai.. ai..
~ ) --it dS + ) ) --it dS = O.
S sp
La normale extérieure au domaine D' étant dirigée vers le centre M
de Sp (M), on a
1I-2-2. POTENTIEL DE DOUBLE COUCHE 277

et la formule précédente devient

ai. ai.
r\ _T dB +- _1 \ \ dS = 0 ou ) ) -i-dS +4n= 0,
'J an
~8
. p2 J8 J
p 8

d'où
ai.
WI (M) = - ))
8
a: dS = 4n (M est intérieur à S).

Supposons enfin que le point M est confondu avec un [point No


de S. Traçons une sphère Sd (No) de centre No et de rayon dl < ~
1

et remplaçons la portion al de S comprise à l'intérieur de Sd 1 (No)


par la partie Sd (No) de Sd (No) comprise à l'intérieur de S,
l l

de sorte que IV o est extérieur à la surface (S"al)USdl(No)' On a


a..!. ai.
) L\
8'-.(J1
a: dS + 8d)) a: dS = O. (24)
1

Le second terme se calcule comme plus haut et il est égal à l'angle


solide sous lequel l'on voit la partie Sdl (No) de Sdl (No) à par-
tir de No:

(25)

La courbe l d'intersection de Sdl et de S est telle que les coor-


données ~ de ses points vérifient en vertu de (15) l'inégalité 1 ~ 1 ~
~ cd~+a. et que ses points tendent vers le plan XNoY lorsque dl -+ O.
De là il s'ensuit que l'angle solide (25) tend vers 2n lorsque
dl -+ 0 et la formule (24) devient à la limite

ai.
w1 (M) = - .\
8
1a: dB = 2n (M ES).

On a donc
4n (M est intérieur à S),
}1c~~ cp dS =
{
0 (M est extérieur à S), (26)
8 2n (M est sur S).
278 CH. II. PROBLËMES AUX LIMITES

Considérons encore la surface ouverte SI et l'intégrale


w2 (M) = Il c~~
Sl
cp dS, (27)

le point M étant extérieur à SI' Traçons le cône de sommet M et


de base SI et soit al la partie de la sphère de centre M et de rayon p
assez petit, contenue à l'intérieur du cône.
Considérons le domaine D limité par SI' al et la surface laté-
rale r du cône (fig. 6). (On admet que les surfaces envisagées limitent
un domaine D).
La fonction i.r
est harmonique à l'intérieur de D, donc

a.! ai. ai.


f) -iï- dS + ) ) -iï- dB + Il -iï- dS = O.
Sl (Jl r
Sur r, on a
a.!
_r_= _ cos cp = o.
ôn r2

ai.
La norma eIn et '
r etant de sens contraIre
. sur al' on a ---an 1 •
r = p2

En désignant par 00 l'angle solide sous lequel on voit SI à partir


de M, il vien t de la formule précédente
ai.
00 = - ))
Sl
ô; dS = ) l c~~
Sl
cp dS,

autrement dit, l'intégrale (27) nous


donne l'angle solide sous lequel on
Fig. 6 voit SI à partir du point M. Ceci
étant, la normale n à SI est dirigée
vers l'extérieur du domaine D. Le rayon vecteur issu de
M peut couper SI en plusieurs points. Si l'on a trois points d'inter-
section, en deux d'entre eux cos cp > 0 et au troisième cos cp < 0
(fig. 6). L'élément d'intégrale considéré, c'est-à-dire co~ cp dS est
r
l'angle solide élémentaire doo sous lequel l'on voit l'aire élémentaire
de la surface à partir du point M, cet angle étant strictement posi-
tif si cos cp > 0 et strictement négatif si cos cp < O. Si M est situé
sur SI' alors l'intégrale (27) doit être traitée comme une intégrale
impropre ainsi que nous l'avons fait pour une surface fermée. Les
formules (26) peuvent être établies aussi par les raisonnements
précédents.
II-2-2. POTENTIEL DE DOUBLE COUCHE 279

Dans la suite, on admettra que la surface S est telle que pour


toute position du point M l'on ait
JJ 1 c~~ cp 1 dS ~ c, (28)
s
où c > 0 est un nombre donné. Supposons qu'il existe par exemple
un entier k > 0 tel que pour toute position du point M on puisse
partager S en un nombre de parties inférieur à k de telle sorte que
toute droite passant par M coupe chaque partie en un point au
plus. Ceci étant, cos <p garde son signe sur chacune de ces parties
et la condition (28) est réalisée pour c = 4kn.
Les formules (26) montrent que le potentiel de double couche (19)
subit pour I-t (N)== 1 une discontinuité lorsque M traverse la sur-
face S. Traitons cette question pour une densité continue.
Soit No un point fixe de S. Composons le potentiel de double
couche:
W o (M) = JJ[I-t (N) -I-t (1V o)] c~~ cp dS, (29)
s
et prouvons qu'il reste continu lorsque M traverse S en No. Soit
e > 0 un nombre donné. Considérons une partie cr de S contenant
No à l'intérieur et sur laquelle
/I-t (N) -I-t (No) 1~ :c (N est sur cr), (30)
où c est la constante de la condition (28). En partageant S en
deux parties: cr et S"",- cr, on peut écrire:
W o (M) = w~ll (M) + W~2) (M), (31)

w~1> (M) = JJ[I-t (N) -I-t (No)) c~: cp dS ;
a
(32)
W~2) (M) = \ J[I-t (N) -I-t (No)] c~~ cp dS.
§"a
Pour toute position du point M, on a
1w~1) (M) 1~ JJII-t (N) -I-t (No) 1
a
1 cos cp 1
r2 dS,

d'où, en vertu de (28) et (30):


1 w~l> (M) 1~ : • (33)
De (31) il s'ensuit
W o (M) - W o (No) = w~u (M) - w~u (No) + [w~ 2) (M)
280 CH. Il. PROBL:E:MES AUX LIMITES

d'où
1Wo (M) - W o (No) 1 ~ 1 W~l) (M) 1 + 1 w~n (No) 1 + 1 W~2) (M) -
- W~2) (No) l,
ou, en vertu de (33),
1W o (M) - W o (N) 1~ ~ + 1w~2) (M) - W~2) (No) 1. (34)
Dans le potentiel de double couche W~2) (M) l'intégration est éten-
due à S'",,-a et le point No est intérieur à a, donc la fonction W~2) (M)
est continue au point No et dans son voisinage (et admet des déri-
vées de tout ordre). Donc, pour tous les M assez proches de No, on
a 1 W~2) (M) - W~2) (No) 1 ~ ~, et en vertu de (34) 1 W o (M) -
- W o (No) 1 ~ e, d'où il résulte, puisque e est arbitraire, que
la fonction W o (M) définie par (29) est continue en No. On peut
écrire:
W o (M) = w (M) --Il, (No) i\ c~~
SOl
cp dS, (35)

où w (M) est le potentiel de double couche (19). Supposons d'abord


que M est situé sur S. Désignons-le par N. On a alors en vertu de (26)
W o (N) = w (N) - 2nf.l (No) (36)
et
W o (No) = w (No) - 2nf.l (No), (37)
où w (No) est la valeur de l'intégrale (19) en No. Faisons tendre
le point N de S vers No. La fonction W o (M) étant continue, il vient
Wo (N) -+ Wo (No) = w (No) - 2nf.l (No)·
De là et de la formule (36), on voit que w (N) tend vers w (No),
c'est-à-dire que la fonction w (M) définie par (19) est une fonction
continue sur la surface S.
Supposons maintenant que le point M est intérieur à S. En
vertu de (26), on a alors
Wo (M) = w (M) - 4nf.l (No). (38)
Faisons tendre M vers No. La fonction W o (M) étant continue, on a
W o (M) -+ W o (No) = w (No) - 2nf.l (No). (39)
On remarque qu'au second membre de (38) w (M) tend aussi vers
une limite que l'on désignera par Wi (No). De (38) et (39) il s'ensuit
Wi (No) - 4nf.l (NI) = w (No) - 2nf.l (No),
i.e.
(40)
II-2-3. PROPRI~T~S DU POTENTIEL DE SIMPLE COUCHE 281

On voit donc que la limite Wi (No) et la valeur W (No) sont distinctes


si J.t (No) =1= O. Si le point M est extérieur à S, alors au lieu de (38}
on a
WO (M) = W (M),
et en raisonnant comme plus haut, on constate l'existence de la
limite de w (M) lorsque M tend de l'extérieur vers No. En désignant.
cette limite par W e (No), on a, compte tenu de (39),
(41)
En désignant par r o et <Po les valeurs de r et de <p lorsque M ~ No.,
on peut mettre les formules (40) et (41) sous la forme:
f Wi (No) = W (No) + 23tJ.t (No) = ~ ~ f.1 (N) cO: ((Jo dS + 23t1.t (No),
ô

l~ W e (No) =
(42)
2 \s \ cos ((Jo
W (No) -- 3tf.1 (No) = JsJ f.1 (fi) rô dS - 23tp, (No)·

-~

<Po est l'angle formé par NoN et la normale extérieure n en N, i.e..


<Po = (r o, n). Ces formules et la continuité de la fonction W (No)
lorsque No se déplace sur S nous permettent d'affirmer que la fonc-
tion w (M) définie par (19) est continue à l'intérieur de S et sur S.
Elle est de même continue à l'extérieur de S et sur S. On rappelle-
que cette fonction possède des dérivées de tout ordre à l'intérieur-
et à l'extérieur de S. Il est immédiat de voir que la fonction w (M}
tend vers 0 lorsque M tend vers l'infini. En effet, en désignant.
par D la distance de M à la surface S (tome II, [111-4-2]) on obtient.

1w(M) I~) ~ 1 J.t(N) c~~cp \ dS~; -1 S l, (43}


s
où 1 Siest l'aire de S. De là il s'ensuit que w (M) -+ 0 lorsque-
M tend vers l'infini. De façon plus précise, si 0 est un point fixe-
quelconque, alors pour tout ê > 0 donné, on peut exhiber un nombre-
B > 0 tel que 1 w (M) 1 ~ ê si seulement M est extérieur à la.
sphère de centre 0 et de rayon B.
11-2-3. Propriétés du potentiel de simple couche. Le potentiel de"
simple couche
u (M) = ~ ~ ~ ~N) dB (44y
s
est une intégrale impropre si M est sur S. Supposons que M est:
confondu avec un point No de S. Montrons que l'intégrale impro-
pre (44) a un sens. Comme au [11-2-2] il suffit de la considérer sur
une partie 0'0 de S contenant No à l'intérieur. Utilisons l'équation (4)
282 CH. II. PROBLÈMES AUX LIMITES

~n coordonnées locales. On a

En vertu de (15), (22) et puisque r o ~ Po, on obtient la majoration


~suivantepour l'intégrant:
I-t (~, 'YJ) I:s:::: 2A
1 roc.os'l'to -....;::: Po '
<d'où il s'ensuit immédiatement que l'intégrale (44) converge lorsque
M est situé sur S. Donc, la formule (44) définit u (M) quelle que
:soit la position du point M. La fonction u (M) est continue aux
points M extérieurs à S. Montrons que u (M) est continue en tout
point No situé sur S. Soit donné un nombre ê > 0 et soit alla partie
·de S définie par (17) _ Montrons que l' on peut choisir dl assez petit
pour que pour toute position de M l'on ait au voisinage de No

1l l I-t ~N) dS 1< : . (45)


al
()n a

1ll I-t~N) dSI~ ll P~


al a~
dl;dll, (46)

-OÙ a~ est un disque de centre No et de rayon dl et Pl la longueur du


·projeté MINI de MN sur le plan tangent en No- Supposons que M
'est intérieur à la boule de centre No et de rayon dl- Le point Ml
;appartient alors au disque a; et le disque a~ de centre Ml et de
rayon 2dl du plan Œ, 11) contient entièrement le disque de sorte a;,
~que, en vertu de (46),
2:-r 2d l

1llal
I-t ~N) dS 1~A llPl~2dl
d~ld'YJ = A Jl
0 0
Pl d~l dit = 4Jtd I A.

~ : et l'on obtient
in reste à fixer dl de telle sorte que l'on ait 4Jtdi A
la majoration (45) quelle que soit la position du point M sur la
boule de centre No et de rayon dl' Mettons la fonction (44) sous
:la forme
u (M) = UI (M) u 2 (M), +
UI (M) = ll
al
I-t ~N) dS ; I-t (N) dS
r '

·la fonction U 2 (M) est continue en No, quant à la fonction U (M),


-on démontre qu'elle l'est aussi en procédant exactement comme
II-2-4. DÉRIVEE NORMALE DU POTENTIEL DE SIMPLE COUCHE 283

au [II-2-21 pour la fonction (29). On a donc la proposition suivante:


le potentiel de simple couche (44) est défini et continu sur l'espace
tout entier. Comme au [II-2-2l on démontre que u (M) -+ 0 lorsque
M -+ 00.
11-2-4. Dérivée normale du potentiel de simple couche. Soit no
la normale extérieure en un point No de S. Supposons que MEtS
et formons la dérivée de la fonction (44) suivant no. Le facteur
.!.r étant le seul à dépendre de M, on peut dériver sous le signe d'inté-
gration:
ai-
au (M) = \ \ (N) _ r dS = \ \ (N) cos2 'i' dS. (47)
ano J J Il ano J J Il r
S s
Signalons la différence qui existe entre cette intégrale et l'inté-
grale (19) qui définit le po-
tentiel de double couche. no
Dans l'intégrale (19), l'angle •
q> est l'angle de r et de n, 1
vecteur unitaire de la norma-
le extérieure en N qui est le
point variable d'intégration,
alors que dans l'intégrale (47),
l'angle 'l' est l'angle de r et
de no, vecteur unitaire de la
normale extérieure au point
fixe No. Dans les deux cas, le
vecteur r est de même sens que Fig. 7
~

MN (fig. 7). Montrons que


l'intégrale (47) existe dans le cas où M est confondu avec le
point No. Mettons l'intégrale (47) sous la forme
U ft (N) cO: 1Po dS =
6
Uft (N) cos (~r no) dS, (48)

-~

où r o = NoN et l'angle 'l'o = (r o' no) est l'angle de NoN et no.


Nous montrerons ensuite que lorsque le point M tend vers Node
l'intérieur ou de l'extérieur de S suivant une normale, la dérivée
de (47) tend vers des limites définies qui sont données par les for-
mules
(auô~o)L = ~ ~ Il (N) cO~6'i'o dS + 2nll (No),
s
(49)
(aUa~: 0») e = ) ) ~ (N) co;~'I'o dS - 21[~t (No),
s
284 CH. II. PROBUlMES AUX LIMITES

où comme dans [11-2-2] les indices i et e signifient que M tend vers


No de l'intérieur et de l'extérieur de S.
Dans le système de coordonnées locales d' origine No, le vecteur
no est de même sens que l'axe N oZ. On désignera comme plus haut
les coordonnées de M par (x, y, z) et celles de N dans le système
local par (6, 11, ~). En introduisant comme plus haut la partie (Jo
de la surface S, on peut écrire l'intégrale (47) sous la forme

) ) f1 (N) \3 ZdS. (50)


0'0

Si M == No, alors z = 0 et l'intégrale devient

) ) f1 (N) r~t dS = ) ) f1 (s,11) rg ~~;(n~) Z) ds d11,


al O'~

OÙ ~ = ~ (S,11). On s'assure immédiatement que cette intégrale


a un sens en vertu de (15) et de l'inégalité r o ;:::: Po. On a donc prouvé
l'existence de l'intégrale (47) pour les M situés sur S. Passons à la
démonstration des formules (49).
Composons la différence de l'intégrale (47) et du potentiel de
double couche de même densité f1 (N) :
a~~~) _ w (M) = ) ) I-t (N) cos 'P~cos qJ dS. (51)
s
Cette intégrale a un sens si M ~ S ou si M ==. No.
Montrons que cette différence reste continue lorsque M traverse
la surface S en No. Il suffit à cet effet de prouver comme dans les
numéros précédents que cette intégrale étendue à la petite portion
(J1 de S, définie par (17), peut être rendue aussi petite que l'on
veut en module. On supposera dans les estimations ultérieures
que M est situé sur la normale à S en No, c'est-à-dire que x = y = 0
en coordonnées locales. On a alors
cos 'P-;cos qJ =
r r cos (n, X) -4
__ ~ r
cos (n, Y)- ~ 3 Z (cos'6'o-1). (52)
r
En tenant compte de (15) et de
1
1 si::::;; Po, 1 11 1::::;; Po; r> Po > 2" r ; 1~ - z 1::::;; r ::::;; 2po,
~

où Po= Vs 2 + 11 2 est la longueur du projeté de MN sur le plan


XN oY, on obtient
1 cos 'P-cos qJ 1 ~ b1
r2 ~ 2-a.'
Po
où bl est une constante. Compte tenu de (22), il vient
II-2-5. DERIVEE NORMALE DU POTENTIEL DE SIMPLE COUCHE 285

1~ ) ~ (N) cos 'P~COs cp dS 1~ ) ~ ::~~ ds d11 =


al Po:e::;;;d 1 0
2Jt dl

= 2Ab1 ) ~ d~o_:<P = b2cft, (53)


o 0 Po
où b2 est une constante. Cette majoration est valable quelle que
soit la position de M sur la normale à S en No (le point M peut
coïncider avec No). De là il s'ensuit que pour dl assez petit, l'inté-
grale du second membre de (51) étendue à 0'1 peut être rendue aussi
petite que l'on veut. Ceci prouve que la différence (51) est continue
en No. Or w (M) converge lorsque M tend vers No de l'intérieur
ou de l'extérieur de S. Donc, la quantité (47) converge dans les
deux cas. La continuité de (51) entraîne
(
au (No)) _ w.
ano i l
(N ) =
0 Jr Jr ~ (N) cosr5'Po dS- w (N 0) ,
s
et en vertu de la première formule (42) on obtient la première for-
mule (49). On déduit de façon analogue la deuxième formule (49).
De ces deux formules il s'ensuit aussitôt que le saut de la dérivée
normale du potentiel de double couche est égal à
o)) _ ( au(No)) =41t~(No)' (54)
( aU(N
a~ i a~ e
11-2-5. Dérivée normale du potentiel de simple couche (suite).
Pour la suite il est important de prouver que la dérivée normale
tend vers ses limites
aU(N o)) et (au(N o))
( an o i ano e
uniformément sur S tout entière lorsque M tend vers No suivant
la normale. Montrons à cet effet que l'intégrale de la formule (51)
converge uniformément. Soit (0 (M) la valeur prise par cette inté-
grale. On a déjà indiqué que cette fonction avait un sens si M No. ==
n nous faut prouver que pour tout e > 0 donné, on peut exhiber
un 11 > 0 ne dépendant pas de la position de No sur S, tel que
t (0 (M) - (0 (No) 1 ~ e si 1 MN o 1 ~ 11, M étant situé sur la
normale à S en No.
Figeons un dl tel que b2d~ ~ : et mettons (0 (M) sous la forme
(0 (M) = (01 (M) + (02 (M),

{Ù1(M)=)) ~(N)cos'i'~cos<PdS; (02 (M)= )) ~(N)cos'P~cos<PdS.
al S",al

En vertu de (53), on a alors 1 (01 (M) 1 ~: pour toute position


286 CH. II. PROBLÈMES AUX LIMITES

du point M sur la normale à S en No- D'autre part


W (M) - w (No) = WI (M) - WI (No) + [w 2 (M) - 002 (N o)1,
d'où
1W (M) - W (No) 1<, WI (M) 1 + 1 W t (No) , +
8
+ 1 w2(M)-w 2 (N o) 1~2+ 1w2 (Jl1)-w 2 (N o) 1· (55)
En vertu de (52), il vient

[
cos ,!,-cos <P
r2
J - [ cos ",-cos
M r
<P J = (_1_ - _1_) [s cos (n
2 r8 r No 3 ,
X) +
+ YI cos (n, Y) + ~ (cos 1to -1)] + rz -3 (cos 1to -1) (lt o = (n, Z». (56)

Pour les points de S",JJI' on a r>: dl et r o >: dl' D'autre part,


pour toute position des points N et No sur S, les modules des quan-
tités s,YI, ~ sont inférieurs au diamètre de la surface S, c'est-à-dire
à la distance des points les plus éloignés de S. On a par ailleurs
, r - r o 1 ~ 1 z 1 et
1 I-Ir-r0 1 (_1
..!- __ +_1_+_1_) ~
ror 3 -..-: : : :
31 z 1 • 1z 1
~(j3'
1z 1
/ r~ r 3 - r~r r~r2 dt ' r3 1

et en vertu de la formule (56)


COS ,!,-cos <pJ - [COS ,!,-cos <pJ 1~ C 1z ,
[ r2 M r2 No -..-::::::: l ,
1

où Cl est une constante bien définie ne dépendant pas de la posi-


tion de No, mais dépendant bien sûr du choix de dl- On a

1 W 2 (M) - w2 (No) 1~ JJ ~ (N) , 1 Cl 1 Z , dS~Acl 1 Z ,., SI,


8"(11

où 'S'est l'aire de S. Si l'on prend


8
1 z 1~ 2Acl' 1SI' (57)
8
alors, W2 (M) 1- W 2 (No) 1~2 et, en vertu de (55), 1W (M)-
- W (No) '~E. Pour YI, on peut donc prendre le second membre
de (57).
Nous avons montré que la différence
ôu (M) _ w (M)
ôno
converge uniformément par rapport à la position du point No sur S
lorsque M tend vers No suivant la normale. D'autre part, le poten-
II-2-6. VALEUR DIRECTE DE LA D:ffiRIVÉE NORMALE 287

tiel de double couche w (M) est une fonction continue même sur S"
donc qui converge uniformément sur S. De là il s'ensuit que la
dérivée normale o~ (M) tend vers les limites (49) uniformément,
no
sur S. Suivant A. Liapounov on dira qu'une fonction v (M) harmo-
nique à l'intérieur ou à l'extérieur de S possède une dérivée nor-
male régulière si cette dérivée converge uniformément par rapport.
au point No de S lorsque M tend vers No suivant la normale à S
en No. On obtient ainsi le
Thé 0 r ème. Un potentiel de simple couche de densité continue-
possède des dérivées normales régulières aussi bien à l'intérieur qu'à.
l'extérieur de S.
En figeant 1 z 1 > 0, M étant intérieur ou extérieur à S, on
peut admettre que oUa (M) est une fonction de No qui dépend encore
no
du paramètre 1 z 1 et qui, de plus, est continue par rapport à No,
car u (M) possède des dérivées continues à l'intérieur et à l' exté-
rieur de S, et la direction no varie continûment sur S.
La convergence étant uniforme lorsque 1z 1-+ 0, on peut affirmer
que les limites (49) sont des fonctions continues de No et de là
il s'ensuit que l'intégrale des seconds membres de (49) est une fonc-
tion continue de No sur S. Cette intégrale s'appelle valeur directe-
de la dérivée normale du potentiel de simple couche sur S.
11-2-6. Valeur directe de la dérivée normale. Désignons par F (N) la valeur-
directe de la dérivée normale sur S:

F (No) = lsl /-1 (N) cos (:~' no) dS. (58}

Nous avons vu que F (No) est une fonction continue de No sur S. Prouvons
maintenant un théorème dû à Liapounov qui précise cette propriété de F (No).
Thé 0 r ème. Si la densité /-1 (N) est continue, alors la fonction F (No}
vérifie la condition
(59)
où B et B sont des constantes >0 et r O,l = 1 N oNl 1.
La condition (59) sera appelée dans la suite condition de Lipschitz *). Si
rO.1 est supérieur à une constante strictement positive, alors on peut pour tout
~ > °satisfaire cette inégalité en choisissant convenablement la constante B.
En effet, la fonction F (N) est continue sur S, donc bornée: 1 F (N) 1 ~ Al et
si r O•1 ~h> 0, alors en prenant B = ~~1, on obtient de toute évidence l'iné-
galité (59) pour rO.1 ~ h. Si pour rO,l < h, on obtient une autre valeur de B
dans l'inégalité (59), alors en prenant la plus grande de ces deux valeurs de B,
on peut écrire (59) pour toutes les valeurs de ro. 1 • On peut ainsi admettre que

*) Pour ex E] 0, 1 [ cette rcondition est souvent appelée condition de


Raider et pour ex = 1, condition de Lipschitz.
288 CH. II. PROBLÈMES AUX LIMITES

d
1"0,1 < 10' On a

F (Nl)-F (No) = ~ ~ !1 (N) [ cos (:~' nt)


s 1

---?>- ---?>-
où r o et rI sont les vecteurs NoN et NIN, TO' Tl' leurs modules, En vertu
de (22), il vient

IF (Nl)-F (No)1 ~A JJ S
1 cos (~;'
1
nt> cos (~o, no) 1 as,
TO
(60)

Appelons 0'1 la portion de la surface S, découpée par le cylindre circulaire ayant


pour axe la normale à S en No et pour base le disque de rayon 2To l ' Décomposons
l'intégrale étendue à S en deux, l'une sur 0'1' l'autre sur S"'O'I:'
J
1
= ~ ~ 1 cos (rI' nd
~
cos (ro, no) 1 as
~
.,
1 0
(JI
(61)
J2= \ ~ 1 cos (~r nt>
~"(Jl
L'introduction du produit scalaire nous permet d'écrire:
cos (ri' nt) cos (rll' no) rl,nl ro·no
r 12 r~ ri Tg
_
-
rl,nO -
3
ro,no + rl,nl - 3
rt,no +ru .no (_1__..!-)
3 3'
Tl rI rI ro

«)Ù, comme toujours, no et ni sont les vecteurs unitaires de la normale extérieure


-en No et NI'
De ce qui précède il s'ensuit que
,/ cos (~j' nI) cos (ro' no) 1::::::::: I r l,nO-rO,n61 +
T~ -.::: Tf
+ Irl,nl-rl,nol
Tt + 1ro,no1 1 Tt1 - rt1 1. (ü2)
Majorons séparément les divers termes:
1 rl,n l -rI"no 1 = 1ri' (ni - no) 1 ~ rll ni - no 1.
En considérant le triangle de côtés no et ni' on obtient 1 nI - no 1 ~ '6', où '6'
.est l'angle de no et nI' La condition (3) nous permet d'écrire:
1 rl,nl - rl,no 1 ~ arlr~,l'

'où a est une constante, Par ailleurs


Irl,no -ro,no 1 = 1 (rl-rO),no 1 = Iro.l,no 1 = 1 ~ll,

,où ~l est une coordonnée de NI dans le système local d'origine No. On a grâce
.à (15)
Irl,n O -ro,no 1 ~ crJ,ta..
Si enfin le point d'intégration N est assez proche de No, alors en vertu de (15)
.on a 1 ro'no 1 = 1 ~ 1 ~ cr~+a., Mais, comme pour l'inégalité (59), on peut admet-
11-2-6. VALEUR DIRECTE DE LA D2RIV~E NORMALE 289

tre que l'inégalité précédente est valable pour toutes les valeurs de TO' En por-
tant les majorations obtenues dans (62), on trouve
cos (ri' nt) cos (rOt no) 1~
ri T8-"':::
_ Clrlr~, 1 + ctr~~f 1 (1 +-+-,
fI)
"::::::: +CIT 0 +CX Irl-rol -3 (63)
~ ~ ~~ ~~ ~~
où Cl = max {a, cl. On déduit à partir du triangle NoNIN que Tt + To. 1 ~ TO'
Or, en intégrant !ur (S ",,",0'1) on a ro. 1 ~ ~ et par suite rI ~ ~ • En se
servant de ces inégalités et aussi de l'inégalité 1rI - ro 1 ~ ro, 1t on peut
mettre (63) sous la forme
cos (rI' nI) cos (ro' no) 1~
r12 r02 -"':::

r1+ar1-CX r 1+cx r 1- a r 1+a r 1- a


~ c rcx
-...::: 1 0, 1
1
(_
r21
+~
r3
+ 0
r 3r
0, 1 + 0 0, 1
r 2r 2
+ 0
r3
r01
O. 1 ) ~
-...:::
1 01 01

4 1 2 4 8) 19c1r~ 1
~ C1r~, 1 ( -;:2+-;:2+-;:2+7=2+7=2
o 0 0
= 0 0
r2'
0

En revenant à la deuxième formule (61), on obtient

IJ21~corO',1JJ
arr dS
ri' (64)
8"-01
où Co = 19c1' On a considéré un cylindre de rayon de base 2rO,I' Prenons mainte-
nant un cylindre de même axe et de rayon fixe ~. Ce cylindre découpe sur S
une portion 0'0 qui est comprise dans 0'1'
On a

~ J ~f =
8"01
JJ ~: + JJ ~: .
0 0 "al 8"-00

D~ns la deuxième intégrale ro ~ d/3, donc


rr
JJ
dS
r~ ~ d2' 1SI,
9

8"00
où 1Siest l'aire de S. On peut ramener l'intégration sur 0'0""0'1 à une
intégration sur le plan tangent en No puis à l'aide des estimations habi-
tuelles ( ro ~ Po et cos (n, Z) ~ -{-) obtenir:
2n d/3

JJ ~: ~ J J 2po ~~o de 4n (ln ~ -ln 2ro• 1) .


0 0"-01 0 2rO• 1

En portant ceci dans (64) on trouve


J2~Alr~, 111nrO.ll+B1r~.1'
19-01017
290 CH. II. PROBUlMES AUX LIMITES

OÙ Al et BI sont des constantes. Si 0 < ~ < cx on peut remplacer cette majo-


ration par une majoration de la forme:
J 2 ~ A2 rg. 1.
Passons à la majoration de JI. On a

JI ~ ) ) Icos (:r nl)1 dS +) Icos (~r no)! dS. (65)


al al

Les majorations habituelles nous donnent:


2n 2ro• 1

)) ICOS(~r no)/ dS=)) ':3' dS~C) ) = A3r~. l'


al al 0 0
1
où A 3 est une constante. Pour évaluer la première intégrale (65) traçons la
sphère de centre NI et de rayon 4rO.l en remarquant que 4rO.l < ~ . Cette sphère
découpe sur S une portion (J2 contenant (JI. La portion (J2 est définie par une
équation explicite dans le système de coordonnées locales de centre NI et on peut
lui appliquer les estimations habituelles en ramenant l'intégration au plan tan-
gent à S en NI. Le domaine d'intégration est une partie du disque de centre NI
et de rayon 4ro.l. En intégrant sur le disque tout entier, on obtient la majoration:
rr 1cos(rl; nI) 1 dS ~ r r 1cos (r~, nt> 1 dS ~ A4r~ 1.
JalJ rI J02J rI •
En portant toutes les majorations obtenues dans (60), on aura
1 F (NI) - F (No) 1 ~ A (A 2 r Afir~.l)' e.! +
d'où l'on déduit en définitive la formule (59), où ~ > 0 est strictement inférieur
à cx.
11-2-7. Dérivée du potentiel de simple couche suivant une direction quel.
conque. Au (11-2-4] nous avons étudié les valeurs limites de la dérivée normale
du potentiel de simple couche lorsque M -+ No suivant la normale. Si on impose
à la densité fA. (N) des conditions plus fortes que la continuité, on peut prouver
que les dérivées suivant une direction fixe convergent et de plus que ces limites
ne dépendent pas de la façon dont M -+ No. On admet que la densité vérifie la
condition de Lipschitz:
1 J.l. (N 2) - J.l. (NI) 1 ~ Brt2' (66)
où rl. 2 = NIN 2' B et 6 sont des constantes strictement positives (6 ~ 1). Soit
(NoX, Y, Z) un système de coordonnées locales d'origine No E S. Calculons la
dérivée de u (M) suivant l'axe NoX situé dans le plan tangent à S en No. On ad-
mettra provisoirement que le point M se trouve sur la normale à S en No. On
admettra pour fixer les idées que M est intérieur à S. On a
8u(M)
8x
) ) J.l.(N) r~ dS (r=MN). (67)
S
Introduisons la quantité r' = l!~2 + "1 + 2 Z2 et considérons l'intégrale

JJ
00
J.l. (No) r~3 cos (n, Z) dS = J.l. (N 0) )
00
J(;2+ ,/+ Z2)3/2 d~ d"l (z =F 0), (68)
11-2-7. D~RIV~E DU POTENTIEL SUIVANT UNE DIRECTION 291

où (J~ est le disque S2+T]2 ~ ~ • On a de toute évidence


d
21t 3"
~
J\ \J (SJ+T]2+ Z2)8/2 ds dT]-- \J cos ede J JI pp~2+Z2 \
dpo=O.
a'o 0 0 0

L'expression (67) devient

aua<:) = ) ) ~ (N) r~ dS + ) ) ~ (N) ;8 dS = vd M ) +Vl) (M). (69)


ao 8"-..ao

L'intégrale (68) étant nulle, il vient


vd M ) = ) ) s [~~~) J!(No)Cr~:(n, Z) ] dS. (70)

°0
Mettons la différence du second membre sous la forme:
I1(N) 11 (No) cos (n, Z) I1(N)-~(No) +
r 3 r'3 r3

+ J! (No) li-cos
r
(n,
3
Z)] +J! (N) cos (n, Z) (_1__1_)
0 r3 r'8 • (71)

Majorons séparément les termes du second membre. Grâce à (66), on a


IJ!(N)-J!(NoH ~ brf
r8 ~ r3 ,
d'où, puisque ro ~ 2po et r ~ Po
111 (N)-J! (No) 1 2Pb
....;.:.......;....-'--~3:..-..;.,......:.:....:... ~ 3_ A ' (72)
r Po ...
De (15) et (22), il s'ensuit:
IJ!(No)l l1-cos(n, Z)] cA
r3 ~ p~-2a • (73)

Estimons le troisième terme du second membre (71). La quantité ri est la longueur,


-7 .
du vecteur M N', N' étant le projeté de N sur le plan (X, Y). On déduit .. par-
tir du triangle MNN' que
1r - r' 1 ~ 1 ~ 1 ~ 2aP3+œ,
d'où

l i
r3
1 1 ~ 2 1+a (
--r'3 ~ apo
1
r 3 r'
+ 1
r2 r's
+ rr'3
1 ) ~
~
Ba
3-a. ,
Po
car r et r' ~ Po et

/-.l. (No) cos (n, Z) ( -;:S-?S 1~ Pg-a.


6aA • 1 1) (74)
1
On aurait pu établir ces majorations dans l'hypothèse que M =al No. Dans ce cas
Z = 0 et r = ro'

19*
292 CB. II. PROBLMmS AUX LIMITES

En portant l'expression (71) dans l'intégrale (70), on décompose VI (M) en


trois intégrales:
VI (M) - VI,I (M) + VI.2 (M) + VI.a (M) (75)
étendues à (Jo et ayant chacune un sens quelle que soit la position du point M
sur la normale en No, Y compris pour M == No- Les intégrants de ces intégrales
sont justiciables des majorations (72), (73) et (74), qui sont de la forme
Cl C2 Ca
I~I 3-~' I~I 3-2a.' I~I 3-a.' (76)
Po Po Po
où les constantes Cl' C 2 et Cl! ne dépendent pas de la position du point No sur S .
et de celle du point M sur la normale en No. De là il s'ensuit que vI.h (M)
(k = 1, 2, 3) convergent uniformément par rapport à la position du point No
sur S vers v)..k (No) lorsque M -+ No. Prouvons ceci pour VI.I (M). Soit 8 > 0
un nombre donné. Considérons la partie (JI de (Jo définie par S2 1'J2 ~ dl et +
choisissons dl assez petit pour que l'intégrale
) ) I~I 1fJ.(N)~fJ.(No)1 dS
al

soit ~ : en module quelle que soit la position du point M sur la normale


en No. Ceci est possible en vertu de la première majoration (76). Mettons
ensuite VI. 1 (M) sous la forme
V1, 1 (M) =)) ~ fJ. (N)~I-t (No) dS +
al

+ II ~ I-t(N)~I-t(No) dS=V)l,>l (M)+v\:\(M),


<Jo""-<JI

et
(77)

L'intégrale v\2> 1 (M) est prise sur une surface dont les points se trouvent
à une distancè ~ dl ,de No et M et exactement comme au [II-2-5], on obtient
IV\~~l (M)-v\~>l (No) 1~ C, Izl,
où C4 ne dépend pas de la position de No sur S. Ceci étant, (77) devient

8
et pour Izi ~ 2C ' on trQuve
4
IVI, 1 (M)-VI, 1 (N li ) 1 ~ 8,

d'où il résulte que vItI(M) -+ VI,1 (No) uniformément par rapport à la position
de No sur S.
11-2-70 DSRIVSE DU POTENTIEL SUIVANT UNE DIRECTION 293

En retournant à la formule (75), on remarque que vi (M) tend uniformé-


ment vers VI (N Q) pour M ~ Noo Si~alons que cette limite est la même, que M
tende vers No de l'intérieur ou de l'extérieur de S. De façon plus simple, la
fonction v). (M) est continue en No lorsque M se déplace sur la normale en No-
L'integrale V2 (M) est prise sur la portion S "'- (Jo de S dont les points se
trouvent à une distance ~ dl3 de M et No. De là il s'ensuit comme plus haut que
1 V2 (M) - V2 (No) 1 ~ Ci 1 z l,
où la constante Cr; ne dépend pas de la position du point No sur S et par suite
VI (M) ~ v2 (No) uniformément par rapport à Noo On peut finalement affirmer

que la dérivée auô~M) converge uniformément lorsque M -+ No sur la normale


en No et que cette limite est la même, que M -+ No de l'intérieur ou de l'exté-
rieur de S. Cette assertion est vraie également pour au(J~M) • Au [11-2-5] on a
0 , auôz 0 Ote
mont re' que 1a d'erlvee (M) convergeaI°t UnIo f'
ormement, - cette 1Imi
mals
n'était pas la même lorsque M -+ No. de l'intérieur ou de l'extérieur. Si 1 est UBe
direction quelconque faisant les angles CXt, al et as avec les axes NoX, N,Y et
NoZ respectivement, alors de ce qui précède il s'ensuit aussitôt que la dérivée
au (M) _ au (M)
ôl - az cos al
+ buay(M) cos al
+ auaz(M) cos a. (78)
converge aussi uniformément lorsque M -+ No de l'intérieur ou de l'extérieur
de So
La convergence de la dérivée (78) étant uniforme lorsque M -+ No de l'inté-
rieur et de l'extérieur, on peut affirmer que les limites sont des fonctions con-
tinues du point Node S 0

Montrons enfin (fue la dérivée (78) tend vers la limite indiquée ci-dessus
quelle que soit la façon dont M -+ No et pas seulement suivant la normale en
No- Supposons pour fixer les idées que M -+ No de l'intérieur et désignons par
ID (N ) la valeur limite de la dérivée (78) lorsque M -+ No le long de no. Soit
9
donne 8 > O. Il nous faut prouver qu'il existe un Tl > 0 tel que
auiJl(M) -c. (No) 1~ 8 y (79)
1
.si seulement MN 0 ~ Tl, le point M étant intérieur à S. Traçons une sphère de
centre No et choisissons son rayon ô assez petit pour que sur la partie a' de la
surface S, intérieure à cette sphère, l'on ait 1 ID (N) - ID (No) 1 ~ ; • Suppo-
!sons par ailleurs que M est intérieur à une sphère de centre No et de rayon fi
choisi tel que
(N) I~..!.
1
ÔU (M) -
ôl ro -..::::: 2 '
M étant situé sur la normale à S en N et M N ~ Tlo Ceci est possible en vertu de
la convergence uniforme de ÔU ô~M) vers ro (N) sur S. Nous supposons enfin que

T) ~~ Si MN 0 ~
0 T), alors à fortiori MN ~ Tl, où N E (J'est le pied de la
normale MN On a0

ôUa\M) -ro(N o)= ôuô(~) ro (N)+ro (N)-ro (No)


294 CH. II. PROBL:E:MES AUX LIMITES

et

D'après ce qui a été dit plus haut, les deux termes du second membre sont
8
=e;;;;;2' donc

(80)

On s'est servi plus haut de la proposition élémentaire suivante: la plus courte


distance d'un point M à une surface S est la longueur de la normale MN à S.
Signalons encore que les intégrales (67) et (68) n'ont pas de sens pour z = 0,
c'est-à-dire pour M == No. Mais nous avons vu que leur différence avait un
sens.
Les raisonnements précédents nous conduisent au théorème suivant dû à
Liapounov:
Thé 0 r ème. Si la densité f..t (N) vérifie la condition de Lipschitz (66), alors
la dérivée du potentiel de simple couche suivant une direction quelconque fixe est
continue sur S aussi, que M -+- No de l'intérieur ou de l'extérieur. La dérivée suivant
une direction quelconque tangente à S en No varie continûment lorsque le point M
traverse S en No.
L'étude du comportement des dérivées du potentiel de double couche lorsque
M tend vers la surface S soulève de grosses difficultés. Les principaux résultats
ont été obtenus dans ce domaine par Liapounov dans l'ouvrage déjà cité Sur
certaines questions rattachées au problème de Dirichlet.
11-2-8. Potentiel logarithmique. Dans le cas du plan, la solution
singulière fondamentale était ln.!.
r
(tome II, lVII-3-2l). Soit l un
contour fermé du plan (X, Y), lo, sa longueur. Le potentiel de
simple couche est donné par la formule:

u (M) = ) Il (N) ln
l
+ ds= ) Il (s) ln
l
+
ds. (81)

La deuxième solution singulière, identique à un dipôle dans l'es-


pace (cf. (18» est
cos q:> = -!..- (ln .i-)
r al r'

et le potentiel de double couche est défini par la formule:

w(M) = J\ Il (N) cos q:>


r ds, (82)
l

où q>=(r, n). L'expression cos<pds nous donne l'angle sous lequel


r
on voit l'élément de contour ds à partir de M, cet angle étant
> 0 si cos <p > 0 et < 0 si cos <p < O. L'analogue de la formule
II-2-8. POTENTIEL LOGARITHMIQUE 295

(26) est la formule suivante:


2n (M est intérieur à l),
ds= { ~ (M est extérieur à l), (83)
(M est sur l).
On peut assujettir le contour l aux mêmes conditions que la sur-
face S.
Supposons maintenant que les fonctions x (s) et y (s) qui défi-
nissent paramétriquement la courbe l et qui sont de période lo pos-
sèdent des dérivées première et seconde continues. Nous admet-
tons que la fonction f.t (N) = f.t (s) est continue. Etudions le noyau
du potentiel de double couche en supposant que le point M est sur l
et est confondu avec un point Node l. Les cosinus directeurs de n
s'exprimant à l'aide des dérivées y' (s) et -x' (s), on a
cos qJ cos (r, n) _ [x (s)-x (so)] yi (s) -[y (s)-y (so)] x' (s)
(84)
r r +
[x (s) - X (so)12 [y (s) - Y (SO)]2

Si s et So sont distincts, cette expression est une fonction continue


de s et So' Supposons maintenant que s et So tendent vers une limite
commune S1' La formule de Taylor nous donne

x (s) - x (so) = x' (so) (s - so) +-} x" (s~) (s - SO)2,

x' (s) = x' (so)+ x" (s~) (s - so),


1
y (s) - y (so) = y' (so) (s- so) + 2" y" (s;') (s- SO)2,
y' (s) =y' (so)+y" (s~") (s-so),
où les valeurs s~, s~, s~", s~'" sont comprises entre s et sa. En por-
.tant ces expressions dans (84), et en simplifiant par (s - SO)2 on
obtient à la limite l'expression
x' (51) yI! (51) - y' (51) x" (51) x' (SI) y" (sd -- y' (SI) x" (51)
+
2 [X '2 (51) y'2 (SI)] 2 '
qui est égale à la moitié de la courbure de l au point s = S1. Donc,
la fonction (84) est une fonction continue de s et So le long de l.
En désignaat cette fonction par L (sa' s) on peut affirmer que le
l

potentiel de double couche w (No) = w (so) = ) f.t (s) L (sa' s) ds


o
est une fonction continue de No si No se trouve sur l.
Donc, sous les conditions imposées à x (s) et y (s), la fonction
(84) est une fonction continue de s et So sur l. En dimension trois,
la fonction cosr 2 qJ présentait un pôle pour N ==aNo. Pour le potentiel
296 CH. II. PROB~MES AUX LIMITES

de double couche (82) on peut prouver des formules analogues à (42): ;1


j

(85)

-~
où r o = NoN et (r o' n) est l'angle de NoN et de la normale exté-
rieure n à l en N. De (85) il s'ensuit
Wi (No) - W e (No) = 2nl-t (No). (86)
Le potentiel de simple couche (81) est défini et continu sur
le plan tout entier.
Soient No un point de S, no la normale extérieure à S en No.
Si M Et S, on a
1
ôln-
ô~ (M)
no
= Jr I-t (lV) ô 7
no
ds =
J
r J.t (N) cos (r, no) ds.
7
(87)
l l

Lorsque M -+ No suivant la normale en No de l'intérieur et de


l'extérieur de S, la dérivée (87) tend vers les limites respectives
suivantes:
(
ôu (No) ) =
ôno t J I-t 70
r
(N) cos (ro, no) ds+ n (N)
I-t 0 '
l
(88)
(
ôu (No))
Ô no e
=) II.
r
(N) _c_os_(,-ro.;;..;.,_n.....;:;o,,-J
~
dS - nl-t (N 0) '
l

d'où il résnlte
(
ôu (No) ). _ ( ÔU (No)) = 2nl-t (No). (89)
ôno l ôno e

Au lieu de (84) on aura


[x (s)-x (so)) y' (so)-[y (s) - y (so)] x' (so)
[x (s)-x(SO)]2+[y (s)-Y(SO)j2 ,

et comme plus haut on démontre que cette expression reste con-


tinue pour s ==
So également. Signalons que le potentiel de simple
couche (81) ne s'annule pas à l'infini.
11-2-9. Formules intégrales et surfaces parallèles. Dans la suite
nous aurons à nous servir des formules intégrales suivantes (tome II,
11-2-9. FORMULES INT~GRALES ET SURFACES PARALL~LES 297

[VII-3-2l):
rrrJ (~.~+~.~+~.~)
JJ ôx ôx ôy ôy ôz ÔZ
dT:=
Di

= JJ
S
U :~ dS - J~ J ~v dT:,
Di
U (90)

J~) (u~v-v~u) dT: = JJ (u :~ -v ~~) dS, (91)


Di S

où Diest le domaine limité par S, et "" la normale extérieure à S.


Ces formules sont une conséquence de l'égalité (107) du (1-2-19].
Ces formules sont valables sous les conditions suivantes: u, v et-
leurs dérivées partielles premières sont continues dans DL" les dérivées
partielles secondes sont continues dans Di et les intégrales étendues
à Di et contenant ~u et ~v ont un sens. Si liu et liv ne sont pas-
continues dans D h ces intégrales sont alors des intégrales impropres
qui sont les limites d'intégrales étendues à une suite de domaines
Dl nl contenus dans Di lorsque D~nl tendent vers D Ï7 de sorte que-
tout point det Di appartient aux domaines D1 nl à partir d'un cer-
tain n. Les fonctions intervenant dans la suite étant harmoniques r
on a ~u = liv = 0 et dans (90) on peut admettre que U = v. Ceci
étant, les formules précédentes deviennent:

J~ J[(~~ ) + ( ~: ) + ( ~: ) JdT: = JJu ( ~~ )


Di
2 2 2
S
i dS, (92)

JJ[u ( ;~ L- v( :: LJ dS = O. (93}
S
Ces formules sont valables pour le domaine illimité De exté--
rieur à S:
JJJ[(:: ) 2+ ( ~~ ) 2 + ( ~~ )2 JdT: = JJU ( :: ) e dS, (94}
De S

\rJ [u
el
(~)
ôn e
- V (~) JdS=O,
ôn e
(95}
S

si seulement les fonctions U et v harmoniques à l'extérieur de S


sont continues avec leurs dérivées partielles premières dans De U S
et tendent vers 0 lorsque M -+ 00. Ceci étant,
R1u (M) 1~A ; R21 ôuô\M) 1~A ;
(96)
R 1v (M) 1~A; R2/ av~~) 1~A,
298 CH. II. PROBLElMES AUX LIMITES

()ù R est la distance de M à un point 0 de l'espace, A, une constante


numérique, et l, une direction fixe. Dans les formules (94) et (95),
la normale TI, à S est extérieure à De, c'est-à-dire intérieure à S.
Pour prouver les formules (94) et (95) il faut les appliquer à un
domaine limité par la surface S et une sphère de centre 0 et de
rayon assez grand. Lorsque le rayon tend vers l'infini, l'intégrale
étendue à la sphère tend vers 0, puisque les produits u :: et v ::
seront de l'ordre de ~3 et l'aire de la sphère égale à 4nR2. C'est ainsi
-qu'on obtient les formules (94) et (95) (cf. tome II, VII-3-3).
On verra dans un prochain paragraphe que les conditions (96)

°
-sont remplies sous la seule hypothèse que les fonctions harmo-
niques u (M) et v (M) tendent vers lorsque M ~ 00. Les formu-
les (93) et (95) entraînent la formule suivante (tome II, [VII-3-31):

Jrs Jr [J...r ~
u (M) = _1
4n an
_u aan~ ] dS ' (97)

-où est la normale extérieure à DiOU à De selon le cas traité.


li,
Indiquons maintenant des conditions plus générales d'applicabi-
lité des formules précédentes. Portons sur chaque normale inté-
rieure à S un segment de longueur ô. Supposons que les extrémités P
·de tels segments décrivent pour Ô assez petit une surface sans points
multiples, intérieure à S et admettant un plan tangent variant
çontinûment. Désignons cette surface par Sô' A tout point N de
S est associé un point P de Sô situé sur la normale à S en N
et, inversement, à tout point P de Sô est associé un point bien
défini N de S. Montrons que la normale à S en N est normale
à Sô en P. Soient (x, y, z) les coordonnées des points de S et (x',
y', z'), celles des points correspondants P dans un système quel-
conque de coordonnées.
On a
x' = x - Ô cos (n, X),
y' = y - Ô cos (n, Y), (98)
z' = z - Ô cos (n, Z),
où li, est la normale extérieure à S. Supposons qu'une portion de
la surface S est définie par l'équation explicite z = z (x, y), la
fonction z (x, y) possédant des dérivées premières et secondes con-
tinues. Les cosinus directeurs de la normale seront alors des fonc-
tions continûment dérivables.
Supposons que N décrit une courbe l sur S de sorte que (x, y, z)
-sont des fonctions continûment dérivables d'un paramètre t. Il en
-est alors de même de (x', y', z'). En dérivant la relation évidente
(x' - X)2+ (y' - y)2 +(z' _ Z)2 = ô2 ,
II-2-9. FORMULES INT:E:GRALES ET SURFACES PARALL~LES 299

par rapport à t, on obtient


[(x' - x) xi+ (y' - y) Yi + (Z' - Z) ziJ -
- [(x' - x) Xt + (y' - y) Yt +
(z' - z) ztl = O.
Le deuxième crochet étant nul, puisque PN est normal à S, il en
est de même du premier et ceci exprime que la tangente à l'est
perpendiculaire à PN. De là il s'ensuit immédiatement que PN
est normal à SÔ. On admet que tout point de S peut être compris
à l'intérieur d'une portion de surface douée des propriétés indi-
quées. La surface Sô s'appelle surface parallèle à S.
Supposons maintenant que les fonctions u et v harmoniques
à l'intérieur de S possèdent des dérivées normales régulières lorsque
M -+ N suivant la normale à S en N, ces fonctions étant elles-mêmes
continues dans Di. On peut appliquer toutes les formules ci-dessus
au domaine limité par SÔ. En tenant compte de la convergence
uniforme de u et de v et de leurs dérivées normales ainsi que de la
coïncidence des normales à Sô et S, on retrouve toutes ces for-
mules pour Dien faisant tendre Ô -+ O. L'intégrale triple étendue
à Di doit être traitée comme une intégrale impropre, limite d'in-
tégrales étendues à des domaines intérieurs tendant vers Di. L'inté-
grant étant strictement positif, la façon dont ces domaines inté-
rieurs tendent vers Di importe peu. On peut en particulier pren-
dre des domaines limités par SÔ. En passant à la limite il ne faut
pas perdre de vue la variation de l'aire de S. L'élément de surface
dS s'exprime à l'aide des coefficients de la première forme de Gauss
(tome II, [V-2-2l):
dS = V EG - F2 dx dy,
si l'on prend par exemple x et y pour paramètres et de (98) il s'ensuit
que E, G et F sont des polynômes du second degré en ô. Les consi-
dérations précédentes sont valables pour De (dans ce cas il faut
remplacer le signe moins par le signe plus dans les formules (98».
Si les fonctions harmoniques u (M) et v (M) se représentent par
des potentiels de simple couche de densités continues, alors elles
sont continues dans Di et possèdent des dérivées normales régu-
lières.
On a donc le
, Thé 0 r ème. S'il est possible de construire des surfaces paral-
t Zèles intérieurement et extérieurement à S et jouissant des propriétés
mentionnées ci-dessus, alors les potentiels de simple couche u (M) et
r....

! v (M) de densités continues sont justiciables des formules (90), (91).


! Etablissons maintenant quelques conditions suffisantes d'exis-
t tence de surfaces S ô parallèles à S. Supposons que la surface S est
f de Liapounov et que ex = 1 dans (3). Montrons que pour Ô assez petit,
la surface Sô est alors une surface fermée sans points multiples,
300 CH. II. PROBUlMES AUX LIMITES 1j
mettons provisoirement que ô <:
c'est-à-dire qu'à des N distincts correspondent des P distincts. Ad-'
et qu'à deux points distincts
NI (Xl' YI' ZI) et N 2 (X 2, Y2' Z2) correspond un seul point P, c'est-à-dire
que
Xl - Ô cos (nI' X) = X2 - Ô cos (n2' X),
YI - Ô cos (nI' Y) = Y2 - Ô cos (n2' Y), (99)
ZI - Ô cos (nI' Z) = Z2 - Ô cos (n2' Z),
où nI et n2 sont les normales extérieures à S en NI et N 2' Signalons
que N 2 est intérieur à la sphère de centre NI et de rayon d. Si r I • 2 =
= NIN 2' on obtient en vertu de (99)

rI. 2 = Ô V2 (1- cos '6'),


où '6' est l'angle de nI et n 2 • Or, en vertu de (6), on a 1- cos '6'~
~+a2r~.2(a=1) et par suite rI.2~aôrI.2'
Si l'on prend Ô < !..a
on aboutit à une contradiction. Donc si
S est une surface de Liapounov et a = 1, la surface Sone possède
pas de points multiples pour Ô < ~ et Ô < ~ . D'autre part, il s'en-
suit directement des conditions imposées à S (11-2-1] que tous les
points P sont intérieurs (ou extérieurs) à S pour Ô < d. Si l'on sup-
pose de plus que l'équation de la portion de surface z = z (x, y)
est telle que Z (x, y) possède des dérivées premières et secondes con-
tinues, alors la surface S ô présente un plan tangent variant conti-
nûment. La fermeture de Sô résulte directement du fait que lorsque M
se rapproche continûment de S en restant à l'intérieur de D h la
plus courte distance de M à S sera égale à ô pour une certaine position
de M.
Rem a r que. Supposons que u (M) est continue avec ses
dérivées premières à l'intérieur de S et possède une dérivée normale
régulière. Les valeurs limites de ({)Uô~N)) i sont alors des fonctions
continues sur S [11-2-5], donc il existe un nombre B tel que

Par ailleurs, la convergence de la dérivée normale étant uniforme,


pour tout e > 0 donné, il existe un 11 tel que

1 ôu(M) -
iJ n
(ÔU(N)
{) )
n,
1--·
~E pour

,1
'';;
II-2-fO. SUITES DE FONCTIONS HARMONIQUES 301

-le point M étant sur la normale intérieure à S en N. En fixant e


on obtient 1aUa~M) 1~ (B + e) pour MN ~ l), d'où 1 U (M 2) -
- U (Ml) 1~ (B + e) Ô1 ,2, où Ô1,2 = M l M 2 • De là il s'ensuit que
u (M) -+ u (N) lorsque M -+ N suivant la normale en N. On peut
écrire par ailleurs
ô
u (M) - u (N) =) au ~~1) dô 1 ,
o
où Ml est un point variable sur la normale en N, ôl = N Ml et
Ô = N M, ôl ~ Ô ~ l). De la majoration de la dérivée normale, il
vient: 1 u (M) - u (N) 1~ (B + e) ô, d'où l'on voit que u (M) -+
-+ U (N) uniformément par rapport à la position de N sur S. En tenant
compte de ceci, il est aisé de prouver (11-2-7] que u (M) -+ u (N)
quelle que soit la façon dont M -+ N, et que u (M) est continue dans
Di. Les raisonnements sont les mêmes pour De. En définitive, si
la fonction u (M) admet une dérivée normale régulière elle est continue
dans Di (resp. De US).
Donc, l'application des formules intégrales ci-dessus est subordonnée
à la seule existence des dérivées normales régulières des fonctions u (M)
et v (M).
Tout ce qui a été dit à propos deD i s'étend au plan. Si l'on con-
sidère un domaine illimité dans le plan, on verra plus loin que les
choses seront différentes.
11-2-10. Suites de fonctions harmoniques. Avant de passer à la
résolution des problèmes aux limites pour l'équation de Laplace
à l'aide des potentiels de simple et de double couche, on se propose
d'établir quelques propriétés des fonctions harmoniques qui vien-
dront compléter celles que l'on connaît déjà. Considérons des suites
de fonctions harmoniques ou, ce qui revient au même, des séries
de fonctions harmoniques. Toutes les démonstrations seront effec-
tuées pour le plan. Dans l'espace, elles sont exactement les mêmes.
Il suffit seulement de remplacer la formule de Poisson par la formule
qui donne la solution du problème de Dirichlet pour la sphère.
Le thé 0 r ème fondamental des séries uniformément conver-
gentes de fonctions harmoniques présente une très grande ressemblan-
ce avec un théorème analogue de la théorie des fonctions d'une va-
riable complexe régulières (tome 111 2 , (1-12]).
Si les termes de la série
00

2J
k=f
Uh (x, y) (100)

sont des fonctions harmoniques à l'intérieur d'un domaine borné B


et continues dans B et si cette série converge uniformément sur le contour
302 CH. II. PROB~MES AUX LIMITES

l de B, alors elle converge uniformément dans B et sa somme est une fonc-


tion harmonique dans B.
Soit donné un nombre e > O. La convergence étant uniforme sur
l, il existe un N tel que pour tout n ~ N et tout p > 0 l'on a
n+p
1 ~ Uk (x, y) I~e «x, y) sont sur l).
k=n

Cette somme finie de fonctions harmoniques est une fonction harmo-


nique à l'intérieur de B et continue dans B. En vertu de la propriété
fondamentale des fonctions harmoniques relative aux extrémums
sur le contour (tome II, [V11-3-3l), on peut affirmer que cette iné-
galité étant réalisée sur le contour l, elle le sera à fortiori en tout point
intérieur, autrement dit elle est réalisée dans le domaine B, ce qui
exprime la convergence uniforme de la série (100) dans B. Donc, la
somme S (x, y) de la série (100) est une fonction continue dans B.
Montrons qu'elle est harmonique dans B. Soient Mo un point quel-
conque de B et ~ 0 un disque de centre Mo et de rayon R tel que ~ 0 c B.
Désignons par Sn (x, y) la somme partielle de la série (100). Cette
somme est une fonction harmonique et les valeurs qu'elle prend en
un point intérieur de ~ 0 s'expriment en fonction de celles qu'elle
prend en un point frontière de ~ 0 à l'aide de la formule de Poisson:

où (p, <p) sont les coordonnées polaires du point M (x, y), sachant
que Mo est l'origine des coordonnées. Sur la frontière de ~ 0 la con-
vergence Sn (R, 'l') ~ S (R, 'l') est uniforme en '1' et l'on obtient
en passant à la limite:
211:
S( ) - _1 \ S (R) R2_ p2 d
p, <p - 2n J ,'1' R2_2Rpcos ('1'-<p)+p2 'l',
o
autrement dit, à l'intérieur de ~ 0 la somme de la série (100) est ex-
primée par une intégrale de Poisson et par suite est une fonction
harmonique. On rappelle que Mo est un point intérieur quelconque
de B. On remarquera qu'on aurait pu démontrer de même que la série
(100) est dérivable dans B par rapport à (p, <p) autant de fois qu'on
le veut. En effet, il s'ensuit immédiatement de la formule de Pois-
son:
(p, <p)
ÔUk
~~~--
ôp
1
- 2n
1
211:
u (R
k ''Y
Ô
'th)_ R2_p2
ôp R2_2Rpcos('i'-<p)+p2
d'th
'Y.
o
11-2-10. SUITES DE FONCTIONS HARMONIQUES 303

En multipliant les deux membres de la série (100) par


a R2_p2
ôp R2_2Rp cos (",_cp)+p2
et en intégrant le long de la frontière du disque ~o, on trouve
00

as (p, cp) = ~ ÔUk (p, cp)


ôp ~ ap •
k=l

Le théorème prouvé peut être formulé évidemment en termes de


suites de fonctions harmoniques, soit: si une suite Sn (x, y) de fonc-
tions harmoniques dans B et continues dans B converge uniformément
vers une fonction S (x, y) sur le contour l, alors elle converge uniformé-
ment dans B. La fonction limite est harmonique dans B et la suite peut
être dérivée autant de fois qu'on le veut dans B.
Prouvons encore un théorème se rattachant au cas particulier où
les termes de la série (100) sont des fonctions strictement positives.
Etablissons au préalable un corollaire de la formule de Poisson.
Une fonction u (p, cp) harmonique à l'intérieur d'un disque de cen-
tre Mo et de rayon p < R et continue dans le disque fermé, s'expri-
me à l'aide de la formule de Poisson:
231
1 \ R2_ p2
u(p, CP)=2n J ueR, 'i') R2_2Rpcos(",_cp)+p2 d'i'.
o
Supposons par ailleurs que cette fonction est strictement positive.
Comme 1 cos ('i' - cp) 1~ 1, on a
(R - p)2~ R2 - 2Rp cos ('i' - cp) + p2~ (R + p)2,
et de la formule de Poisson il s'ensuit immédiatement que
231 231
R-p 1 \ R+p 1 \
R+p . 2n J u (R, 'i') d'i'~u (p, cp)~ R-p • 2n J u (R, 'i') d'l',
o 0

ou, en vertu du théorème de la moyenne, (tome II, [VII-3-3))


R-p R+p
R+p u (Mo)~u (p, cp)~ R-p u (Mo). (101)
Cette estimation des valeurs prises par une fonction harmonique
strictement positive à l'intérieur d'un disque par l'intermédiaire
de la valeur prise au centre Mo de ce disque s'appelle inégalité de-
Harnack. Grâce à cette inégalité on peut établir le théorème sui-
vant:
Si une suite Sn (M) de fonctions harmoniques dans un ouvert B est
strictement croissante et converge en un point Mo de B, alors elle con-
CH. II. PROBL'SlMES AUX LIMITES

verge en tout point de B, cette convergence étant uniforme dans tout


domaine fermé BIC B.
Par hypothèse, Sn +1 (M) ~ Sn (M) dans B. La suite étant con-
vergente en Mo, pour tout B > 0 il existe un N tel que
Sn +IJ (Mo) - Sn (Mo) ~ B

pour n~ N et Vp > O. Soit ~o un disque fermé de centre Mo et de


rayon R contenu dans B. La différence ci-dessus étant une fonction
narmonique strictement positive, on peut écrire
R+p
O<Sn+p(M) -Sn (M)~ R -p B,

-où M est un point quelconque intérieur à ~ 0' et p, la distance de M


il Mo. En considérant un disque ~~ de centre Mo et de rayon R - a,
.où a > 0 est un nombre petit, on obtient dans le disque ~~
2R
O~Sn+p(M)--Sn(M)~- 8,
a

d'où il résulte que Sn (M) converge uniformément dans le disque ~~.


En prenant un point Ml intérieur à ~~ en lequel converge Sn (M),
on prouve par les raisonnements ci-dessus que Sn (M) converge uni-
formément à l'intérieur d'un disque de centre Ml strictement inclus
dans B. En poursuivant cette procédure on arrive, comme dans le
-cas d'un prolongement analytique, à prouver la convergence uni-
forme sur tout disque fermé strictement inclus dans B. Tout domaine
fermé BI C B peut être recouvert par un nombre fini de disques
c B, ce qui traduit la convergence uniforme de cette suite dans un
tel domaine BI. A noter que de la convergence uniforme de la suite,
il s'ensuit, en vertu du théorème précédent, que la fonction limite de
,cette suite est une fonction harmonique à l'intérieur de B.
Le théorème ci-dessus peut être formulé en termes de séries, sa-
voir: si les termes de la série (100) sont des fonctions harmoniques à
,l'intérieur de B et strictement positives à partir d'un certain n et si
,cette série converge en un point de B, alors elle convergera en tout point
de B, cette convergence étant uniforme dans tout domaine fermé BI
.strictement inclus dans B. On aurait pu démontrer le théorème pré-
-cédent pour des suites strictement décroissantes et respectivement
pour des fonctions strictement négatives.
11-2-11. Position des problèmes aux limites intérieurs pour l'équa-
tion de Laplace. Soit Di un domaine de l'espace limité par une sur-
face S. Le pro b 1 ème intérieur de D i r i chI e t consiste,
~n le sait, à chercher une fonction u (M), harmonique à l'intérieur
de Di' continue dans le domaine fermé jj i et prenant sur S des va-
leurs données qui sont des fonctions continues sur S. Ce problème
n'admet qu'une seule solution (tome II, [VIl-3~3l). On prouvera
II-2-1t. PROBLl!:MES AUX LIMITES POUR L'aQUATION DE LAPLACE 305

ultérieurement l'existence de cette solution moyennant certaines


hypothèses sur S. Le problème se pose dans les mêmes termes ,dans
le cas du plan.
Dans le pro b 1 ème deN e u man n, ce n'est pas la
fonction elle-même qui est donnée, mais les valeurs limites f (N)
de la dérivée normale ÔU~:) lorsque M -+ N suivant la normale
en N. Si l'on admet de plus que u (M) est douée d'une dérivée nor-
male régulière, alors on peut appliquer la formule (93) à u (M) et
v (M) == 1 et obtenir
~) j(N)dS=O, (102)
s
donc cette relation est une condition nécessaire d'existence de la
solution du problème intérieur de Neumann si la dérivée normale
est régulière. A noter que si une fonction u (M) est solution du pro-
blème intérieur de Neumann, alors la fonction u (M) C, où C est +
une constante arbitraire, l'est également pour la même condition
aux limites f (N). Le théorème d'unicité de la solution du problème
de Neumann consiste à affirmer qu'il n'existe pas d'autres solutions,
autrement dit, si Ul (M) et u 2 (M) sont deux solutions du problème
de Neumann vérifiant la même condition aux limites f (N), alors la
différence U2 (M) - Ul (M) est constante dans D.
Cette proposition se démontre facilement si l'on admet que Ul (M)
et U 2 (M) possèdent des dérivées normales régulières. La différence
v (M) = U 2 (M) - Ul (M) possède alors une dérivée normale ré-
gulière dont les valeurs limites sont nulles, donc v (M) est continue
sur Dt et en appliquant la formule (92) à v (M), on obtient:
~~ J[( ÔVô~»)2 + ( ÔVÔ~) )2 + ( ÔV;~) )2J dT=O,
Di

d'où il s'ensuit que v (M) est constante à l'intérieur de Di. Au


(11-2-14] on prouvera l'unicité de la solution du problème de Neu-
mann sans supposer l'existence de la dérivée normale régulière.
A noter que dans les problèmes intérieurs de Dirichlet et de Neu-
mann on peut admettre que la frontière S est composée de plusieurs
surfaces fermées.
Le pro b 1 ème a u xli mit e s m i x t e pour l'équation
de Laplace consiste à trouver une fonction harmonique à l'intérieur
de S vérifiant la condition aux limites
( ÔUÔ~) )1 + p (N) u= f (N) (N ES) (103)

°
où p (N) > et f (N) sont des fonctions continues sur S, autrement
di t, la condition aux limites est une combinaison linéaire de la dérivée
20-01017
306 . CH. II.PROBUlME8 AUX LIMITES'

normale et de la jonction elle-même sur S. Prouvons le théorème d'uni.


cité en admettant que u (M) possède une dérivée normale régulière.
S'il existait deux solutions, leur différence v (N) satisferait à la con-
dition aux limites homogène

(ÔViJ~»)i+ p (N) v (N) =0. (104)

En appliquant la formule (92) à v (M) et grâce à (104) on obtien-


drait

))) [(Ôv~:1»)2+ (ÔV~:»)2 + (ÔV~~»)2Jd-c= _) 1p(N)v2(N)dS.


Di S

L'intégrale du second membre ne peut être strictement positive,


celle du premier membre ne peut être strictement négative, autre-
ment dit, elles sont toutes deux nulles, d'où il s'ensuit que v (M) = O.
Tous les résultats précédents sont valables pour le plan.
Jusqu'ici nous avons considéré des problèmes intérieurs qui
impliquaient la détermination d'une fonction harmonique dans un
domaine borné sous une condition aux limites. Nous passons main-
tenant à l'étude des pro b 1 .è mes e x t é rie urs qui consis-
tent à trouver une fonction harmonique dans une partie illimitée
de l'espace, extérieure à une surface fermée S (ou à plusieurs sur-
faces fermées). Le problème se pose de façon analogue pour le plan.
La condition imposée à la fonction inconnue au voisinage du point
à l'infini sera essentielle. Les approches de cette question seront dif-
férentes pour le plan et pour l'espace. Commençons par le plan.
11-2-12. Problèmes extérieurs pour le plan. On dit qu'une fonc-
tion u (M), harmonique au voisinage du point à l'infini, est régulière
à l'infini si elle tend vers une limite finie lorsque M -+ 00 • Voyons
la signification de cette définition. Construisons au voisinage du
point à l'infini une fonction v (M) harmonique conjuguée de u (M)
(tome 111 2 ; [1-2]). En contournant le point à l'infini dans le sens
contraire aux aiguilles d'une montre, la fonction v (M) peut aug-
menter d'un terme constant que l'on désignera par 'V. La fonction
de variable complexe
f (z) = u (z) + v (z) i - 2~ ln z
est régulière au voisinage de l'infini et par suite se développe en
une série de Laurent de z dans ce voisinage. Montrons que ce dévelop-
pement ne comprend aucune puissance strictement positive de z.
En effet, s'il existait une infinité de tels termes, alors pour 1 z 1 -+ 00,
la fonction f (z) prendr~it des valeurs aussi proches que l'on veut
·de tout nombre donnéà priori (tome 111 2 ; [1-17]) tandis que sa partie
11-2-12. pE,OBLeMESEX'l':tRIEUlilS 'POUR 'LE PLAN 307.

réelle, c'est-à:"dire u (z) - 2~ ln Izi ou bien tend vers l'infini si ,\,=I=Ot


puisque par hypothèse u (z) possède une limite finie, ou bien tend
vers une limite finie si '\' = O.
Si les puissances strictement positives étaient en nombre fini,.,
c'est-à-dire si

on aurait alors

u (z) -2~ln p=rpm cos (mcp + 'i') +


+ Re [ am_tZm-t + ... + a o + a;l + .. · J
(z = pei<l', Um = rei'l').
En divisant les deux membres de cette relation par pm et en faisant
tendre p vers l'infini à cp fixe, on constaterait que le premier membre-
tend visiblement vers 0 tandis que le second tend vers la quantité'
r cos (mcp+ 'i') qui dépend de cp et qui n'est pas toujours nulle. Cett8'
contradiction nous dit que le développement de f (z) ne peut contenir-
que le terme constant et les puissances strictement négatives:

f (z) = ao+ a-l


z
+ a-z22 + ... (105)

Lorsque 1 z 1 -+ 00, la fonction f (z) tend vers le nombre ao dond


la constante,\, doit être nulle, autrement dit, si u (M) est holomorphe
au point à l'infini et v (M) est son harmonique conjuguée, alors f (z) =
= u (z) + iv (z) admet le développement (105) au voisinage du point
à l'infini. On voit à la lumière des raisonnements précédents que pour·,.
aboutir à ce résultat, il suffit de supposer que u (M) est tout simple-
ment bornée en module au voisinage du point à l'infini. De là s'en-
suivra le développement (105) et par suite l'existence d'une limite
finie de u (M) lorsque M -+ 00.
Le problème extérieur de Dirichlet consiste à trouver une fonction'
u (M), harmonique à l'extérieur d'un contour fermé l, holomorphe
à l'infini et prenant des valeurs données f (N) surI. Soit Zo un point
intérieur à 1. Considérons la transformation conforme du plan
w = _1- • La partie du plan extérieure à l se transforme en un"
Z-Zo
domaîne borné B, les fonctions harmoniques, en fonctions harmoni-
ques (tome 111 2 , [I1-1]), le point z = 00, en w = 0 et f (z) sera une
fonction holomorphe de w pour w = O. Le problème extérieur de
Dirichlet se transforme en problème intérieur pour le domaine image
et le problème posé n'admettra qu'une seule solution.
20*
·CB.II. PltOBUlMES AUX LIMITES

En dérivant (105) par rapport à z et comme


z"f' (J) ~ _. a";l pour 1 z 1 ~ 00,

-on peut affirmer que si une fonction harmonique u (M) est holo-
morphe à l'infini, alors les produits pi :: et pl ;; , où p = 1z l,
~restent bornés lorsque M ~ 00. De là il s'ensuit qu'il en est de même

j)our le produit p2 :: ' où m est une direction quelconque susceptible


-de varier avec M. Si B est la région du plan extérieure au contour
fermé l, et u (M) et v (M), des fonctions harmoniques dans B, con-
tinues à l'infini et continues avec leurs dérivées premières dans
.B, alors
)J[(:: )2+( :; )2J dxdy u ( :: ) = ) e ds, (106)
B l

J[u (;~ L-v ( :: LJ ds=O,


l
(107)

()ù D·am la normale à l extérieure à B. Ces formules se prouvent


exactement comme au (11-2-9] pour l'espace. Il suffit d'indiquer que
:sur le ,cercle C de centre fixe 0 et de rayon R, les produits v(::):
~t U(::)e sont~ majorés par ;2 et la longueur du cercle est 2nR.
Comme au 111-2-9], les formules (106) et (107) restent en vigueur
~i au lieu de la continuité des dérivées premières dans B, on demande
l'existence des dérivées normales régulières de U (M) et v (M).
Passons au problème extérieur de Neumann avec la condition
.aux limites
(
ÔU
an
(N») e = f (N) (N El) (108)

lorsque M ~ N suivant la normale en N et la fonction u (M) est


ibolomorphe à l'infini. Supposons que le problème admet une solu-
,tion u (M) et que u (M) possède une dérivée normale régulière sur l.
lEn traçant un cercle C de rayon R assez grand et en appliquant la
iormule (107) àu (M) et à v (M) == 1 au domaine borné par l et C,
l'()n obtient
~ (::), ds+ ~ ( ::), d,=O. (109)
l l

L
La dérivée ( :: étant de l'ordre de~2 sur C, l'intégrale étendue
à Ctend 'vers 0 pour R ~ 00 et en vertu de (108) oh obtient à
11-2-12. PROBU~MESEXT:eRIEURS POUR LE PLAN

la limite
) f (N) ds= O. (110}
1
On a ainsi établi cette condition nécessaire pour le problème inté-
rieur de Neumann. En se servant de la formule (106), on peut dé....
montrer l'unicité de la solution du problème extérieur de Neumann
pour une dérivée normale régulière (cf. (II-2-1fl). Dans l'espace.
on n'aura pas une condition analogue à (110) pour la résolution du
problème extérieur de Neumann.
A noter' que la solution singulière fondamentale ln!r ne sera
pas holomorphe à l'infini. Elle tend vers l'infini avec r. La deuxième
solution singulière, cos q> ,qui correspond à un dipôle est holomorphe
r
et nulle à l'infini. Dans l'espace, non seulement le potentiel du
dipôle mais aussi la solution singulière fondamentale!r sont nuls à.
l'infini. Le potentiel de simple couche (81) qui définit une fonction
harmonique à l'extérieur de ln' est pas en général holomorphe à
l'infini. Si la charge totale est nulle, c'est-à-dire si
) ~ (N) ds= 0, (11f)
1
alors le potentiel (Bi) sera holomorphe. En effet, soit R = MNf)"
En introduisant dans l'intégrale (111) le facteur ln R qui ne dépend
pas de la variable d'intégration N, on peut mettre le potentiel (Bt)
sous la forme
u (M) = ) fl (N) ln !f:-ds
1

et lorsque le point M -+ 00, l'expression ln Rr -+ 0 uniformément


en N E l. On voit donc que le potentiel est bien holomorphe et nul
à l'infini.
Montrons encore une propriété des fonctions harmoniques. Sup-
posons que u (M) est une fonction harmonique dans un disque centré
en rorigine des coordonnées No, sauf éventuellement en No, et bornée
en module dans ce disque. Montrons que lorsque M -+ No, la fonction
u (M) admet une limite et si cette limite est égale à u (No), alors u (M)
est harmonique dans le disque tout entier, y compris en No. Pour nous
en assurer il suffit de reprendre les raisonnements qui nous ont con-
duits au développement (105) en remplaçant rinfini par l'origine..
Au lieu de (105), on aura
f (z) = ao + a1z+ a2z2 + ... ,
d'où notre assertion.
'310 CH. u. PltOBumES AUX LIMITB8

11-2-13. Transformation de Kelvin. Pour étudier les fonctions


harmoniques dans l'espace nous ne disposons plus du remarquable
()util mathématique qu'est dans le plan la théorie des fonctions d'une
variable complexe et, en particulier, la transformation conforme
qui transforme une fonction harmonique en une fonction harmonique.
Cependant il existe dans l'espace une transformation ponctuelle
d'un type spécial qui est douée de la même propriété, à savoir:
si U (x, y, z) est une fonction harmonique dans un domaine D, alors
la jonction
IV ( x ' , y , ,z ') =. --;-
r
1 U (X'
--;j"",
r
y'
--;z,
r
~
r
Z') ('2
r = x '2 + y '2 +. Z'2) (112)

est harmonique dans le domaine D'image de D par l'application


, x , - _Y. z' = -Z"
.x =-2 ;
r Y - r2 , r" (113)

Signalons tout d'abord que r' = -!r et que l'application réciproque


de (113) est de la même forme, soit:

En coordonnées sphériques la formule (112) devient:

v (r', e, cp) = +- +- ' e,


U ( cp).
Comme u(r, e, cp) est solution de l'équation de Laplace

~e (ua sin e)a + SIn


r 2u rr + 2ru r + SIn . \e utptp = 0
et que de toute évidence
r'5 ( Vr'r' + ;, v r') = Urr + ~ Ur,
il s'ensuit immédiatement qu'il en est de même de v (r', e, cp). La
transformation (113) est une symétrie par rapport à la sphère unitaire
~entrée en l'origine des coordonnées (tome II, [VII-3-6J). Si la
sphère est de rayon R et de centre (a, b, c), les formules (112) et (113)
deviennent:
.x' -a = R2
rl! (x-a)·, y' -. b- W
r 2 (y-' b)·, z' -c= ~
r (z-c)·
l!'

v (x ' , y , ,z ') = -;;-


R u a [+ ""?2
Rl!j (' x., - a) , ....] ' .;, (114)

r 2 = V (x-a)2+ (y_b)2+ (Z-C)2;


r'2= V (x' - a)2 + (y' - b)2 + (z' - C)2.
11-2-13. TRANSFORMATION DE ltELVIN 3H

La transformation (114) s'appelle transformation de Kelvin. Avant


d'étudier la notion de fonction harmonique holomorphe au point
à l'infini dans l'espace, on se propose de prouver une propriét-é des
fonctions harmoniques qui a été établie pour le plan à la fin du nu-
méro précédent. Soit u (M) une fonction harmonique dans une boule
B o centrée en l'origine No des coordonnées, sauf éventuellement en No
.et bornée en module dans B o. Montrons que lorsque M tend vers No,
la fonction u (M) admet une limite et si cette limite est égale à u (No),
.alors u (M) sera harmonique en No.
En utilisant l'intégrale mentionnée au (tome II, [VII-3-6l) on
peut construire une fonction Ul (M) harmonique dans la boule B 0
tout entière et prenant sur âB o les mêmes valeurs limites que la
fonction u (M).
Appliquons la transformation de Kelvin par rapport à la boule
B o à la différence Ul (M) - u (M). La fonction image est harmonique
à l'extérieur de B o, nulle sur âB o et tend vers 0 lorsque M' ~ 00.
La dernière circonstance résulte de la forme de la formule (114) et
du fait que u (M) est par hypothèse bornée au voisinage de l'origine
des coordonnées. Comme une fonction harmonique prend ses valeurs
-extrémales sur la frontière, on affirme que la fonction U l (M) -
- u (M) est identiquement nulle, autrement dit, Ul (M) == u (M),
et par suite u (M) est harmonique en l'origine des coordonnées.
Soit u (M) une fonction harmonique en un point 0 que nous pren-
drons pour origine et en son voisinage. L'image de u (M) par la
transformation de Kelvin par rapport à la sphère unitaire centrée
;en 0 est une fonction v (M') harmonique au voisinage du point à
l'infini. Cette fonction tend vers 0 lorsque r' ~ 00 et en outre, de
la formule (112), il s'ensuit aussitôt que le produit r'v (M') est borné
ôv
,"lorsque r ' ~ 00, d ·l
onc 1 en es
t d e meme
" de r' Z ax' ,r, 2 ay"
av r , 2 az"
av
.ceci résulte du fait que les dérivées de la fonction u (M) sont bornées
.au voisinage de l'origine. Réciproquement, si une fonction u (M),
harmonique au voisinage du point à l'infini, est telle que le produit
ru (M) est borné lorsque r ~ 00, alors sa transformée de Kelvin
v (M') = ~ r
u (M) est harmonique et bornée au voisinage de l' ori-
gine des coordonnées, donc est harmonique en cette origine. Des
raisonnements précédents il s'ensuit alors que les produits r2 :~ ,
.r2 ; ; , r 2 : : sont bornés pour r ~ 00. Supposons enfin que la seule
information dont on dispose sur la fonction u (M) harmonique au
voisinage du point à l'infini est qu'elle tend vers 0 lorsque r ~ 00,
-c'est-à-dire que pour tout 8 > 0 donné il existe un A > 0 tel que
1 u (M) 1~ 8 dès que r;;;::: A. Construisons une boule B 0 centrée en
l'origine et de rayon assez grand pour que u (M) soit harmonique à
t'extérieur et sur âB o. Construisons une fonction Vl (M') harmonique
312 CH. II. ·PROBLM4ES AUX LIMITES

à l'intérieur de B o et prenant les mêmes valeurs limites sùr ôB o que


u (M).
Soit 11,1 (M) l'image de la fonction VI (M') par la transformation
de Kelvin par rapport à B o. La différence 11, (M) - 11,1 (M) est une
fonction harmonique à l'extérieur de B o, nulle sur ôB o, qui tend
vers 0 lorsqtier ~ 00. On a vu plus haut qu'une telle fonction est
identiquement nulle. Donc, 11, (M) == 11,1 (M). On a vu par ailleurs
que 1es .produits
_2 ôu!(M)
(M) , r 2 ôu!(M) 2 au! (M) (A 15)
rUt ôx ' r ôy t r ô: ~

sont bornés pour r ~ 00. On remarque donc que la convergence de


11, (M) vers 0 lorsque r ~ 00 entraîne que les produits (115) pour 11, (M)
restent bornés lorsque r ~ 00.
On dira qu'une fonction u (M), harmonique au point à l'infini,
est régulière au point à l'infini si u (M) ~ 0 pour r ~ 00. Si l'on
sait seulement que u (M) converge vers une limite finie b, alors
on peut dire qu'une telle fonction est égale à la somme de la cons-
tante b et d'une fonction harmonique régulière au point à l'infini.
Si pour des fonctions 11, (M) et v (,M) harmoniques à l'extérieur d'une
sùrface S les produits (115) sont bornés et si ces fonctions possèdent
sur S des dérivées normales régulières, alors comme on l'a vu au
[II-2-91, elles sont justiciables des formules (94) et (95) dans lesquel-
les l'intégration est étend ue à la région de l'espace extérieure à S.
Le pro b 1 ème e x t é rie u r d e D i r i chI e t consis-
te à trouver une fonction u (M) harmonique à l'extérieur de S,
régulière au point à l'infini, continue à l'extérieur de S et sur S et
prenant sur S des valeurs f (N) données à priori. En plaçant l'origine
des coordonnées en un point Mo intérieur à S, on ramène par une
transformation de Kelvin le problème extérieur de Dirichlet à un
problème intérieur pour le domaine image. On démontre l'unicité
de la solution du problème extérieur par les raisonnements habituels.
L'existence de la solution du problème extérieur se ramène à celle
de la solution du problème intérieur, laquelle peut être établie
sous des hypothèses générales sur la surface avec des conditions aux
limites continues.
Signalons la différence qui existe dans les positions du problème
extérieur de Dirichlet pour le plan et pour l'espace. Dans le cas plan
nous avons donné les conditions aux limites sur la frontière et avons
simplement exigé que la fonction tende vers une limite finie lorsque
r ~ 00. Dans l'espace, nous imposons cette limite, à savoir nous
la supposons égale à o. Il est évident qu'on aurait pu admettre que
la fonction u (M) tend vers une limite b pour r ~ 00 et revenir à
la position précédente en considérant la différence u (M) - b.
Il est immédiatde voir que dans l'espace il ne suffit pas d'exiger que
u (M)tende vers une limite finie lorsque r ~ 00 pour que le pro-
II-2-14. UNIClT:e DE LA SOLUTION DU PROBUlME DE NEUMANN 313

blème extériéur soit bien posé. En effet, supposons qu'une certaine-


quantité d'électricité se trouve en équilibre sur une surface conductri--
ce S. Ce potentiel électrostatique de simple couche sera égal à une~
constante c sur S et de plus on démontre sans peine que U (Ml est
une fonction harmonique à l'extérieur de S et tend vers
r ~ 00. La constante c sera elle aussi une fonction harmonique à
° pour-
l'extérieur de S et prendra sur S les mêmes valeurs limites, mais
elle ne sera pas régulière au point à l'infini au sens de notre défini-
tion. Dans le plan, ce raisonnement n'a pas de sens, car le potentiel
électrostatique de simple couche sur une courbe l est infini à l'infini.
Signalons encore que la fonction u (M) est dite harmonique à l'exté-
rieur de S dans le cas seulement où elle est régulière à l'infini, c'est-
à-dire que certains auteurs incluent dans la définition d'une fonction
harmonique à l'extérieur de S la régularité au point à l'infini.
Le pro b 1 ème e x t é rie u r deN e u man n con-
siste à trouver une fonction harmonique à l'extérieur de S, régulière-
à l'infini dont la dérivée normale prend des valeurs données sur S.
Les valeurs frontières de la dérivée normale ne doivent plus satis--
faire ici à la condition (110). La démonstration de cette conditiol1
dans le cas plan ne s'étend pas à l'espace, car l'aire de la sphère de·
rayon R est de l'ordre de R2 et l'intégrale de :: sur une sphère de-
°
rayon assez grand ne doit pas tendre vers lorsque R ~ 00. Si l'on
suppose que la solution du problème extérieur de Neumann possède·
une dérivée normale régulière, alors l'unicité de la solution résulte-
immédiatement de la formule (94). Nous avons effectué le même·
raisonnement pour le problème intérieur de Neumann.
Signalons en conclusion que les propriétés de la fonction harmo-
nique au voisinage du point à l'infini peuvent être directement
acquises à partir du développement de cette fonction suivant des-
fonctions sphériques au voisinage du point à l'infini.
11-2-14. Unicité de la solution du problème de Neumann. On se-
propose de prouver l'unicité de la solution du problème intérieur
de Neumann sans supposer que la dérivée normale est régulière.
On considère au préalable un solide de forme spéciale sur lequel on.
construit une fonction harmonique douée de propriétés qui seront
précisées plus bas. Soit T (ex, k, h) un solide limité par la surface-
1+a
J= + y2)-2-
k (x 2

et le plan z = h, où k, ex et h sont des constantes strictement positi--


ves. Soit No (0, 0, 0) le sommet de ce solide. Désignons par a' laI
portion de frontière contenue dans le plan z = h et par a" la portion
restante. Soit par ailleurs Uo et Ul deux constantes réelles telles que-
U o < Ul. Con.struisons une fonction w (M) harmonique à l'intérieur-
'314 CH. II. PROBLœiES AUX LIMITES

.(le T (ex, k, h), continue dans T (ex, k, h) et telle que w(M) < Ut sur
0', w (M) ~ U o sur 0" et w (No) = u o. Si r = V x 2 y2 Z2, 8 est+ +
l'angle du rayon vecteur de M et de l'axe NoZ, et P n (x), la fonction
de Legendre (tome 111 2 , [VI-1-131), alors on sait (tome 111 2 ,
tVI-1-7l) que pour tout n la fonction rnP n (cos 8) sera harmonique
à l'intérieur de T (ex, k, h). Construisons w (M) de la forme
w (M) = Y [r cos 8 +
r 1 +PPl+P (cos 8)] Uo, (117)+
<Où Y > 0 et ~ > 0 sont des constantes qui seront déterminées plus
loin. De toute évidence w (No) = U o. Montrons tout d'abord que
pour tou t ~ assez proche de 0
P1+rdO) < O. (118)
La fonction P n (x) est la somme d'une série hypergéométrique:
Pn(x)=F n+1; -n; 1; 1-x 2 ) 1
(Ixl<),
(

·d'où il vient
oc
P (0)=1- (n+1)n
. n
+~
2.LJ
(_1)h(n+k)(n+k-1) ... (n-k+1)
(k!)22h'
k=2
-ou
oc k
Pn(O)=- (n-1)i + ) +~ (-1)k[IT
n 2
(n+s)~s;-s+1) J.
k=2 s=1
{)n admet que 1 < n < 2, de sorte que les facteurs correspondant
à s = 1 et s = 2 sont> 0 et les k - 2 autres, <O. En rapportant
.(_1)k-2 à ces derniers, on peut les mettre sous la forme:

0< (n+s) (s-n-1) =


2s2
s2- n 2- s - n
2s2
< J.-
2
(= 3 4
S
)
" . •• •

Donc, en isolant les deux premiers facteurs, on obtient l'inégalité:


oc
P n (0) < _ (n-1) (n+ 2)
2
+ LJ
~ (n+2) (n+ 1) n (n-1). _1_
16 2k- 2 ,
k=2
·autrement dit,
P n (0) < (n-1)2(n+2) [(n+ 1) n -
8
1 J,
.(l'où s'ensuit que P n (0) < 0 si n 2 +
n < 8. On a donc prouvé (118)
pour tous les ~ > 0 assez proches de O. Fixons un ~ vérifiant cette
-condition et tel que ~ < ex, où ex est celui de l'équation (116). Comme
.z = r cos 8, on obtient sur S
11-2-14. UNICITg DE LA SOLUTION DU PROBL1l:ME DE NEUMANN 315

et en définitive
r cos e + r1 +PPl+f3 (cos e) = r1+~ [krct. -13 sin 1 +a e +P 1 +f3 (cos e)l.

Si r ~ 0, alors e ~ ~ et en vertu de (118) et de ~ < ex, les crochets


tendent vers une limite < O. On peut donc prendre un h> 0 assez
petit pour que sur la portion (J" tout entière l'on ait
+
r cos e r1+f3 P 1 +f3 (cos e)~ O. (119)
Prenons enfin y > 0 assez petit pour que la formule (117) nous donne
w (M) < Ul sur (J'. La fonction w (M) construite satisfait à toutes
les conditions mentionnées. Sur l'axe du solide T (a, k, h), c'est-à-
dire sur l'axe NoZ on a
w (M) = Y (z +
Zl+f3 ) Uo (z > 0).+
Si M est un point variable de cet axe, alors
w (M)-w (N)
.
z
0 =y+yzf3>y. (120)

Prouvons maintenant le
Thé 0 r ème. Si u(M) est une fonction harmonique à l'intérieur
d'un domaine Di et distincte d'une constante, u o, la borne inférieure
de u (M) à l'intérieur de Di et si existe un point No sur S tel que
u (M) ~ U o lorsque M ~ Node l'intérieur, alors lorsque M ~ No
suivant la normale à S en No, le rapport
u (M)-u (Nu)
NoM >y, (121)

où y > 0 est un nombre quelconque.


On admet qu'il existe un solide T (a, k, h) tangent à S en No
et dont tous les points sauf No sont intérieurs à S. Prenons h fixe
assez petit pour que l'on ait (119) sur la portion (J" de la surface du
solide. Soit u1 la plus petite valeur de u (M) sur (J'. La fonction
u (M) n'étant pas constante, on a U o < Ul' En choisissant y assez
petit, on peut construire une fonction w (M) douée des propriétés
mentionnées plus haut et telle que w (No) = u (No) et w (N) < u (N)
sur le reste de la surface de T (a, k, h). En orientant l'axe NoZ dans
le sens de la normale intérieure à S en No, on obtient
u(M)-u(No) K(M)-.(N o) > w(M)-w(No) > (122)
NoM - z z y,
ce que nous voulions.
316 CH. II. PROBL1!:MES AUX LIMITES

Ce théorème entraîne immédiatement l'unicité de la solution


du problème de Neumann au sens suivant: J

Si une fonction u (M) harmonique à l'intérieur de Di est continue


dans ÏJ i et (a~~N») i = 0 sur la surface S tout entière, alors u (M) est
constante,. Soit No le point de S en lequel u (M) présente son mini-
mum. De (122) il résulte aussitôt que la dérivée suivant la normale
en No ne peut tendre vers 0 lorsque M ~ No suivant la normale en
No. Si cela était vrai, la formule des accroissements finis nous don-
nerait
u (M)-u (No) ~ 0
J

ce qui contredit (122).


L'unicité de la solution du problème extérieur de Neumann se
prouve exactement de la même manière.
La démonstration exhibée a été donnée dans le travail commum
de M. K e 1 d Y c h et M. L a v r e n t i e v (DAN SSSR, 1937,.
16, nO 3).
La démonstration du théorème d'unicité est élémentaire dans
le cas où la surface S est tangente intérieurement à une sphère (S. Z a-:
rem b a, UMN, 1946, 1, nOS 3-4).
11-2-15. Résolution des problèmes aux limites dans l'espace. Posons
les problèmes intérieurs de Dirichlet et de Neumann pour un domaiBe
Di limité par une surface S. On cherchera la solution du problème
intérieur de Dirichlet sous la forme d'un potentiel de double couche:
u (M) = JJ fA. (N) cos ~~. n) dS, (123)
8
-+
où r= MN etn est la normale extérieure au point N de S. On cherche
la densité fA. (N). En vertu de la première formule (42), le problème
intérieur de Dirichlet avec la condition aux limites
(U)i 18 - t (N) (124)
est équivalent à l'équation intégrale suivante pour la densité fA. (N) :
t(N o)= JJfA.(N)
8
cos~o.
0
n) dS+2nfA.(N o) (ro = NoN).

En considérant le noyau
K (N . N) = __1_ cos (ro. n)
o, 2n r~ ,

on peut mettre cette équation sous la forme:


Jl (No) = 2~ t (No) + JJIl (N) K (No; N) dS.
8
(125)
11-2-15. ReSOLUTION DES PROBL:I!:MES AUX LIMITES DANS L'ESPACE 31't

Le noyau K (No; N) n'est pas symétrique, car la normale est prise


-~
en N et r o = NoN. On obtient le noyau transposé de l'équation ad-
~

jointe (tome IVu [1-9]) en prenant la normale en No et r o = NN o•


Le noyau transposé KI (No; N) est donc défini par la formule:
K 1 (N 0 ., N) -- K (N'' 0
N ) -- cos (ro, no)
2nr~ ,
(126)

OÙ "0 est la normale extérieure en No. Nous avons changé le signe


du noyau, car le sens de r o a été inversé dans KI (No; N) et conservé
dans la formule (126). Cherchons la solution du problème intérieur
de Neumann avec la condition aux limites
(127)

sous la forme d'un potentiel de simple couche:

U (M) = JJ
s
fi ~N) dB. (128)

La première formule (49) nous conduit à une équation intégrale


équivalente au problème posé:
f (No) = ) ) fi (N) cos (~r no) dB + 211;J.' (No).
s
Cette équation peut être mise sous la forme

J.' (No) = 2~ f (No) - ) ) Jt (N) KI (No; N) dB. (129)


s
De façon analogue, les deuxièmes formules (42) et (49) nous donnent
pour les problèmes extérieurs de Dirichlet et de Neumann avec les
conditions aux limites
(Ue>ls= f (N) ;
( auan(N) ) • = f (N)
les équations intégrales
JI (No) = - 2~ f (No) + ) ) JAr (N) cos (;r n) dB,
s

JAr (N 0) = - _1_
2n
f (N 0) + J{" J{" JI (N) cos (ro, no) dB
2nr2 ,
s 0

dont les solutions sont cherchées sous la forme (123) (pour le pro-
blème de Dirichlet) et (128) (pour le problème de Neumann).· Consi"
318 CH;;, U. PROB~~ES Â, UX LIMITES

dérons les équatjOD,S

~ (No) = q:> (No) + Â


,
JJf1 (N)K (No; N) dS,
S
(132)

f1 (No) = <p (No) + Â JJf1 (N) KI (No; N) dS, (133)


S

où Â est un paramètre. L'équation (132) correspond au problème


intérieur de Dirichlet pour Â= 1 et <p (No.) = 2~ f (No) et au pro p

blème extérieur de Dirichlet, pour Â- -1 et <p (No) = - 2~ f(N o).


L'équation (133) est associée au problème extérieur de Neumann
pour  = 1 et <p (No) = - 2~ f (No) et au problème intérieur de
Neumann, pour  = -1 et <p (No) = 2~ f (No). Si S est une sur~'
face de Liapounov et ex = 1 dans la condition (3), alors en vertu
des résultats du [I1-2-1]
C
IK(N o ; N)I~-,
r
(134)

et l'on peut admettre que les équations (132) et (133) sont justiciables
des théorèmes fondamentaux de la théorie des équations intégrales
(tome IVll (1-10]).
11-2-16. Etude des équations intégrales. Soit l'équation homogène

J.t(No)=Â l l f1(N)K(N o ; N)dS.


s
(135)

L'étude de cette équation est élémentaire si la surface S est convexe.


Dans ce cas cos (rD, n) ~ 0 et K (No; N) ~ O. Supposons que f1 (N)
est une solution non triviale de l'équation (135) et soit No le point
en lequel 1 f1 (N) 1 prend sa valeur maximale. Si f1 (N) =1= const,
alors

ou en vertu de (26)
1 f1(No) 1 < 1 Â " f1 (No) 1 (IJ. (No) =1= 0),
d'où 1Â 1 > 1. Si dans la formule (135) on admet que IJ. (N) =
= const =1= 0 alors la formule (136) nous donne encore  = - 1.
Par conséquent, si S est une surface convexe, alors  = 1 n'est
pas une valeur propre de l'équation (135) et  = - 1 est une valeur,
propre simple et la fonction propre correspondante IJ. (N) est cons-
11-2-16. STUDE DES SQUATlONS IN!fSGilALES 319'

tante. On peut donc affirmer que').. = 1 n'est pas une valeur propre-
de l'équation (133) et ').. = - 1 en est une simple. .
Montrons maintenant que ces résultats sont valables pour toute
surface de Liapounov avec Cl = 1 en utilisant pour cela les résultats
du [11-2-9] qui sont basés sur la possibilité de construire des surfaces-
parallèles. Considérons l'équation (133) et l'équation homogène-
correspondante pour').. = 1 :

J.t (No) = JJ~ (N) KI (No; N) dS. (136)


s
Soit ~o (N) une solution continue de cette équation. Il nous faut.
prouver que ~o (N) ==
O. Le potentiel de simple couche de densité-
~o (N) définit une fonction U o (M) harmonique dans Di et De, con-
tinue dans l'espace tout entier, dont la dérivée normale (au~~N)) e
prend des valeurs nulles sur S. Cette dernière circonstance résulte-'
du fait que ~o (N) est par hypothèse solution de l'équation (136).
Le potentiel de simple couche U o (N) est justiciable de la formule (94)
d'où il résulte que U o (N) est constante dans De. Le potentiel de-
simple couche est nul à l'infini, donc U o = 0 dans De et en particu-
lier sur S. Ceci étant, la fonction harmonique U o (M) est nulle à
l'intérieur de S aussi, autrement dit U o (M) 0 dans l'espace tout. ==
entier. En tenant compte de (54), on obtient':

f-lo
(N) = _1 [(
4n _
auoan(N) ) _
i
( auoan(N) )
e
J== 0 (sur S),

c.q.f.d. On peut donc affirmer que').. = 1 n'est pas une valeur propre
des équations (132) et (133). Pour').. = - 1, l'équation homogène
(135) possède, en vertu de (26), une solution constante, autrement
dit  = - 1 est une valeur propre des équations (132) et (133). Mon-
trons qu'elle est simple. Il suffit à cet effet de prouver que pour
').. = - 1 l'équation homogène (133), soit:

f-l (No) = - ) ) f-l (N) KI (No; N) dB, (137)


s
ne possède qu'une seule fonction propre à un facteur constant près.
Soit f-li (N) une fonction propre de l'équation (137). Le potentiel
de simple couche de densité f-li (N) définit une fonction UI (M) har-
monique dans Di dont la dérivée normale (alt~~N») i est nulle sur S.
Comme plus haut, la formule (92) nous dit que UI (M) est constante
dans Di et sur S, c'est-à-dire que la densité f-li (N) définit un poten~
tiel de simple couche constant sur et à l'intérieur de S. Autrement
dit, f-ll (N) est une densité électrostatique.
~20 CH. Il. PROBL:E:MES AUX LIMITES

Montrons que l'intégrale

JJ
s
III (N) dS, (138)

qui donne la quantité totale d'électricité en équilibre sur la surface


conductrice Sn'est pas nulle. Comme indiqué plus haut, la fonction
'ul (N) est constante dans D et la formule (54) nous donne

N) = __1 (au! (N) ) (139)


III ( 4n an ,.
:Si l'intégrale (138) était nulle, on aurait
JJ(
s
au~~N) ). dS = O. (140)

Appliquons la formule (94) à UI' La fonction Ul est constante


;sur S et l'intégrale (140) est nulle. Il s'ensuit que les deux membres
de la formule (94) sont nuls pour U = Ul' autrement dit Ul est cons-
tante dans De et la formule (139) nous dit que III (N) est nulle sur
S, or nous avons admis que III (N) est une solution de l'équation
(137), non identiquement nulle. Donc, l'intégrale (138) n'est pas
nulle. En multipliant III (N) par une constante, on peut faire pren-
dre n'importe quelle valeur à l'intégrale (138).
Montrons maintenant que l'équation (137) admet une seule solu-
-tion à un facteur constant près. Soit 112 (N) une solution quelconque
non triviale de cette équation. Il existe une constante C telle que
l'intégrale (138) est nulle par la substitution de 112 (N) - Cil! (N) à
""1 (N). Ceci étant, 112 (N) - Clll (N) est également solution de
l'équation (137), donc d'après ce qui vient d'être prouvé, 112 (N) -
- Clll (N) ==0 sur S, d'où 112 (N) = Clll (N), c'est-à-dire que la
formule Il (N) = Clll (N) nous donne toutes les solutions de l'équa-
tion (137).
Des raisonnements précédents il s'ensuit que les équations (132)
et (133) possèdent une solution bien définie pour Â, = 1 quel que
soit le terme constant, ce qui donne par conséquent la solution du
problème intérieur de Dirichlet et du problème extérieur de Neu-
mann.
Voyons maintenant l'équation (133) pour Â, = - 1. Cette équa-
tion définit la densité du potentiel (128), solution du problème in-
térieur de Neumann. Pour que ce problème admette une solution,
il est nécessaire et suffisant que le terme constant de l'équation in-
tégrale soit orthogonal à une fonction propre de l'équation homogène
associée, c'est-à-dire à une constante. Ceci nous conduit à la condition

JJ
s
f(N) dS=O (141)
II-2-16.~TUDE DES ~QUATIONS INT~GRALES 321

qui, nous l'avons vu plus haut, est nécessaire. Cette condition est
également suffisante. Si cette condition est remplie, la solution de
l'équation non homogène est définie à un terme additif près qui
est solution de l'équation homogène (137), c'est...à-dire à un terme
additif près qui est la densité électrostatique. La substitution de ce
terme dans le potentiel de simple couche nous donne un potentiel
constant et le terme constant ne joue pas de rôle fondamental dans
la résolution du problème intérieur de Neumann.
Considérons maintenant l'équation (132) pour  = - 1, ce qui
correspond au problème extérieur de Dirichlet. Pour que cette équa-
tion admette une solution, il est nécessaire et suffisant que le terme
constant soit orthogonal à la solution de l'équation homogène (137),
c'est-à-dire à la densité électrostatique J.f.t (N) :

JJJlt (N) t (H) dS= a.


B
(142)

Cette condition subsidiaire n'est pas liée au fond du problème,


elle est due simplement au fait que l'on cherche la solution du pro-
blème extérieur de Dirichlet sous la forme d'un potentiel de
double couche. De la forme d'un tel potentiel il s'ensuit immédiate-
ment que pour r ~ 00 il tend vers a comme lIr 2 • Cette convergence
rapide n'est pas nécessaire à la résolution du problème extérieur de
Dirichlet, par contre elle est à l'origine de la condition subsidiaire
(142). Montrons qu'on peut résoudre le problème extérieur de Diri-
chlet sans imposer aucune condition supplémentaire à t (N), à l'aide
de la somme d'un potentiel de simple couche et d'un potentiel de
double couche. En effet, soient ""1 (N) la densité électrostatique pour
laquelle l'intégrale (138) est égale à l'unité, et U1 (M), le potentiel
de simple couche correspondant. Le potentiel U1 (M) prend sur S
des valeurs égales à une constante k =1= a.Choisissons une constante
c telle que

JJ""1 (N) [f (N) -cJ dS = a,


B
c'est-à-dire posons

c= Js ~ ""1 (N) f (N) dS.


On peut, d'après ce qui précède, former un potentiel de double couche
w (M), solution du problème extérieur de Dirichlet avec les valeurs
frontières t (N) - c. Alors la somme
c
w (M) + TUt (M)
21-01017
322 CH. II.· PROBU;MES AUX LIMITES

sera solution du problème extérieur de Dirichlet avec des valeurs


de f (N) données sur S.
Rem a r que. Dans ce numéro, on a admis que le domaine-
dans lequel est résolu le problème aux limites est borné par une
seule surface S. Les résultats seront différents si D est limité ex-
térieurement par une surface So et intérieurement par des surfaces
Sk (k = 1, 2, ... , m). Dans ce domaine, on cherchera la solution
du problème de Dirichlet sous la forme d'un potentiel de double
couche. Pour la densité on obtient comme toujours l'équation (132}
avec  = 1, S étant la frontière de D, c'est-à-dire que S est composée
de So et de Sk (k = 1, 2, ... , m), la normale à Sk étant orientée-
vers l'extérieur de D, c'est-à-dire vers l'intérieur de Sk (k = 1, ...
. . . , m). On a donc affaire à un problème intérieur de Dirichlet.
L'équation (133) avec  = 1 définit un problème extérieur de Neu-
mann qui consiste ici à trouver une solution harmonique à l'intérieur
de chaque surface S k et à l'extérieur de S 0' les valeurs de la dérivée-
normale étant données sur ces surfaces. La solution cherchée est
comme toujours régulière à l'infini.
Si les valeurs frontières de la dérivée normale sont nulles, on
obtient alors l'équation homogène (133) avec  = 1. On vient de-
voir que cette équation n'admet que la solution triviale si D est
limité par une seule surface. Il en va autrement dans le cas consi-
déré. Supposons en effet que toutes les surfaces sont conductrices.
Disposons sur Sl une charge électrique positive unitaire, relions la.
surface So à la terre et admettons que toutes ces surfaces soient le-
siège d'un régime électrostatique. On obtient ainsi une distribution
induite à charge totale nulle sur les surfaces S l (l = 2, ... , m).
Soit III (N) la densité de la distribution électrostatique obtenue-
sur S. Le potentiel de simple couche ayant une telle densité sera
de toute évidence constant à l'intérieur de chaque surface Sk et nul
à l'extérieur de So, autrement dit il sera solution du problème ex-
térieur de Neumann avec une condition aux limites homogène. En
d'autres termes, III (N) sera solution de l'équation homogène (133}
pour  = 1. En disposant une charge électrique positive unitaire-
successivement sur chaque surface S k, on obtiendra m solutions
l!k (N) linéairement indépendantes de l'équation homogène (133)
pour  = 1. On montre que les fonctions Ilk (N) constituent un sys-
tème complet de solutions linéairement indépendantes. On voit
donc que dans le cas envisagé la valeur  = 1 est une valeur propre
des équations (132) et (133). Pour que l'équation (132) admette une
solution, il est nécessaire et suffisant que f (N) vérifie les m conditions

Jrf (N) !-tk (N) as = o.


s
II-2-17. ReSULTATS RELATIFS AUX PROBUlMES AUX LIMITES 323

Si l'une au moins de ces conditions n'est pas satisfaite, alors le pro-


blème intérieur de Dirichlet n'admet pas de solution sous forme d'un
potentiel de double couche. On démontre que ce problème admet
une solution sous forme de la somme d'un potentiel de double cou-
che et d'un potentiel de simple couche, comme on l'a fait plus haut
pour le problème extérieur de Dirichlet. L'étude détaillée des pro-
blèmes de la théorie du potentiel dans le cas où la frontière est cons-
tituée de plusieurs surfaces est accessible dans l'ouvrage de
N. M. G u n ter, La théorie du potentiel et ses applications aux
problèmes fondamentaux de la physique mathématique. Paris, 1934.
On a établi plus haut l'unicité de la solution du problème de
Neumann sous réserve que la fonction harmonique cherchée soit
continue dans D. Des raisonnements précédents, il s'ensuit que cette
solution unique se représente par un potentiel de simple couche.
II-2-17. Sommaire des résultats relatifs aux solutions des problè-
mes aux limites. Récapitulons les résultats relatifs à la résolution
des problèmes de Dirichlet et de Neumann et exhibons-en de nou-
veaux. Pour toute fonction f (N) continue sur S, l'équation (125)
définit une densité Il (N) continue, telle que le potentiel de double
couche (123) donne la solution du problème intérieur de Dirichlet
avec la condition aux limites (124). L'équation intégrale adjointe
(131 2) définit une densité continue Il (N) telle que le potentiel de
simple couche (128) est solution du problème extérieur de Neumann
avec la condition aux limites (130 2 ). Si f (N) satisfait la condition
(141), alors l'équation (129) définit une densité ,.... (N) telle que le
potentiel de simple couche soit solution du problème intérieur de
Neumann.

Faisons quelques remarques importantes sur la résolution des problèmes de


Neumann. Dans les équations (129) et (131 2 ), l'intégrale du second membre
satisfait à la condition de Lipschitz [11-2-6]. Si la fonction f (N) vérifie aussi une
telle condition, alors les équations mentionnées nous disent qu'il en de même
de Il (N). Or de [1I-2-7] il résulte que le potentiel de simple couche correspondant~
c'est-à-dire la solution du problème de Neumann, non seulement est continue dans D~
mais possède des dérivées partielles premières qui le sont également.

Revenons maintenant à la condition (141) d'existence d'une


solution du problème intérieur de Neumann. On a établi cette con-
dition en admettant que la solution u (M) possède une dérivée nor-
male régulièr~. Donc, u (M) doit être continue dans D [11-2-9]. Mon-
trons que la nécessité de la condition (141) résulte de la seule con-
tinuité de u (M) dans D. Supposons que f (N) ne satisfait pas à cette
condition, mais que le problème de Neumann admet tout de même
une solution u (M) continue dans D et montrons qu'il y a contra-
diction.
324 CH. II. PROBLEMES AUX LIMITES

On a par hypothèse
JJ1(N) dS * 0,
s
et l'on peut choisir une constante C * 0 telle que

ii [1
s
(N)- Cl dS = o.

D'après ce qui a été dit plus haut, on peut construire une solution
u 1 (M) du problème intérieur de Neumann avec la condition aux
limites
( au~~N) )i= 1 (N) - C
sous la forme d'un potentiel de simple couche à densité continue,
ét cette solution est continue dans D. La différence U2 (M) =
= u (M) - Ul (M) est également continue dans i5 et satisfait la
condition aux limites
( au~::'T) L= C.
Quitte à changer le signe de U 2 (M), on peut admettre que C > O.
La fonction U 2 (M) atteint sur S son minimum en un point No,
or ceci contredit le fait que lorsque M -+ No suivant la normale à
S en No, la dérivée a~~) tend vers la constante C > O. Donc, la
nécessité de la condition (141) résulte de la continuité de la solution
cherchée dans D.
Nous avons indiqué plus haut les propriétés des dérivées des solutions du
problème de Neumann à l'approche de la surface S. L'étude analogue de la
solution du problème de Dirichlet est plus compliquée du fait que cette solution
se représente par un potentiel de double couche. Le potentiel de double couche a
été étudié par A. Lia pou nov dans le travail mentionné plus haut ainsi que
dans Sur le principe fondamental de Neumann dans le problème de Dirichlet (1902).
Enumérons les résultats obtenus par A. Liapounov sur le potentiel de double
couche et la résolution du problème de Dirichlet.
1. La valeur prise sur S par le potentiel de double couche w (N) de densité
continue est une fonction vérifiant la condition de Lipschitz dans un rapport
quelconque < 1.
2. Si le potentiel de double couche de densité continue possède une dérivée
normale régulière d'un côté de S, alors il possède une dérivée normale régulière
de l'autre côté aussi et ces dérivées normales sont égales en tout point de S.
3. Pour que la solution du problème intérieur ou extérieur de Dirichlet
qui prend des valeurs f (N) continues sur S, possède une dérivée normale régu-
lière, il est nécessaire et suffisant que le potentiel de double couche de densité
f (N) possède une dérivée normale régulière sur S. Ce théorème a été prouvé
dans l'hypothèse que le nombre ct qui figure dans la condition (3) soit égal à 1.
4. Soient F (x, y, z) une fonction continue avec ses dérivées premières et
secondes, définie dans un voisinage de S, et 1 (N), la valeur prise par F (x, y, z)
II-2-18. PROBL~MES AUX LIMITES DANS LE PLAN 325

sur S. Sous ces conditions la dérivée, suivant une direction quelcmique fixe,
d'une fonction u (M) harmonique dans Di ou De et prenant les valeurs f (N) sur
S est continue dans DioU De US. Ce théorème a été établi' sans admettre que
ct = 1.
A. Liapounov a prouvé aussi une condition suffisante pour que le potentiel
de double couche possède une dérivée normale régulière. Exhibons-la. Soit No
un point de S qui est pris pour origine des coordonnées polaires (p, 8) dans le
plan tangent à S en No. Les valeurs de la densité l.l (N) au voisinage. de No
peuvent être traitées, par projection de N sur le plan tangent, comme une fonc-
tion de p et de 8. Posons
2:rt
- 1
~(p)= 2n Jr l.l(p, 8)d8.
o
La condition indiquée ci-dessus se ramène à la suivante: il existe deux nombres
b> 0 et ~ > 0, tels que pour tout point No l'on ait
I~ (p)-~ (No) 1 ::;;; bpfH-1.
Ce théorème a été prouvé par Liapounov dans l'hypothèse que ct = 1.
D'autres résultats relatifs à la théorie du potentiel newtonien de volume
de simple et de double couche, ainsi qu'à l'étude du problème de Dirichlet sont
accessibles dans l'ouvrage déjà cité de N. Gunter et dans l'article: Kh. S m 0 -
1 i t ski, Estimations des dérivées des fonctions fondamentales. DAN SSSR, 1950,
24, nO 2.
11-2-18. Problèmes aux limites dans le plan. Les problèmes de
Dirichlet et de Neumann dans le plan se traitent exactement comme
dans [11-2-15]. La solution du problème de Dirichlet est cherchée
sous la forme d'un potentiel de double couche
u (M) = ) ~ (N) cos (~' n) ds, (144)
l

et celle du problème de Neumann, sous la forme d'un potentiel


de simpIe couche:
u (M) = i~
l
(N) ln + ds. (145)

On obtient les équations ,intégrales suivantes pour la densité:


~(No)=cp(No)+Â ~(N)K(No; N)ds, i
l
(146)

~ (No) = cp (No) + Â ~ ~ (iV) K l (No; N) ds, (147)


l

(r o= NoN).
326 CH. II. PROBLeMES AUX LIMITES

L'équation (146) correspond au problème intérieur de Dirichlet


pour  = 1 et qJ (No) = ~
:Tt
f (No) et au problème extérieur de Diri-
chlet pour  = - 1 et cp (No) = _...!-
:Tt
f (No). L'équation (147) défi-
nit le problème extérieur de Neumann pour  = 1 et qJ (No) =
= _..!. f (No) et le problème intérieur de Neumann pour Â=-1
:Tt .

et qJ (No) =..!..-
:Tt
f (No). Dans tous ces cas, la fonction qJ (No) figure
dans la condition aux limites.
L'équation (146) peut être mise sous la forme
lo
P- (so) = qJ (so) + Â l p- (s) K (so, s) ds,
o
- -
où set So sont les longueurs des arcs LN et LN0 du contour l, mesurées
à partir d'un point fixe L dans un sens donné, lo la longueur du
contour l. L'équation (147) s'écrit de façon analogue. Les noyaux
K (so; s) et KI (so; s) sont continus sous les hypothèses imposées
au contour l dans (I1-2-8l.
Comme au [11-2-16], le nombre  = 1 n'est pas une valeur propre
et  = - 1 est une valeur propre simple. Ceci étant, pour l'équation
(146), la fonction propre associée à cette valeur propre est une cons-
tante et pour l'équation (147), c'est la densité électrostatique
P-o (N) pour laquelle le potentiel de simple couche (145) est constant
sur et à l'intérieur de l.
Les problèmes intérieurs plans de Dirichlet et de Neumann se
résolvent comme dans l'espace. Penchons-nous sur les problèmes
extérieurs. La solution du problème extérieur de Neumann est reliée
à l'équation (147) pour  = 1. Ceci étant, la fonction cp (No) doit
satisfaire à la condition [II-2-12] :
l

lo cp (No) ds o = O.

En intégrant les deux parties de (147) pour  == 1 par rapport


à No, on obtient
z
J
l1(N o)ds=O,
o
et par suite la fonction (145), où 11 (N) est la solution de l'équation
(147) pour  = 1, est une fonction harmonique régulière à l'infini
[11-2-12], donc est solution du problème extérieur de Neumann.
11-2-19. ~QUATION INT~GRALE POUR FONCTIONS SPH:eRIQUES 327

Passons au problème extérieur de Dirichlet. Si f (N) satisfait


la condition
) flo (N) f (N) ds = 0,
l

.alors la substitution de la solution de l'équation (146) pour À = - 1


dans la formule (144) nous donne la solution du problème.
Si cette condition n'est pas remplie, on prend alors une constante
.a telle que [11-2-16]
) f-lo (N) [f (N)
l
-al ds= °
et comme plus haut on obtient, grâce à la formule (144), la solution
(M) qui prend les valeurs f (N) - a sur l et la somme w (M)
:Il) a +
sera la solution cherchée qui prend les valeurs f (N) sur l. L'adjonc-
tion de la constante est due au fait que la formule (144) nous donne
une fonction harmonique nulle à l'infini, alors que dans le plan la
solution du problème extérieur ne s'annule pas à l'infini.
11-2-19. Equation intégrale pour fonctions sphériques. Considérons
l'équation homogène (133) dans le cas d'une sphère unitaire ~ centrée
--+
en l'origine. Dans ce cas, no est de même sens que le rayon ON 0
et cos (r o, no) = - r~ de sorte que l'équation homogène (133) sera
Ge la forme
(148)

On serait arrivé au même résultat en partant de l'équation (132).


L'intégrale du second membre représente la valeur au point
No (8 0 , CPo) du potentiel de couche sphérique de densité - 4~fl (N) =
Â
= - 4n fl (8, cp) .
Considérons tout d'abord ce potentiel en un point M (p, sr, cp')
intérieur à ~. En désignant par r la distance MN et par p, la distance
OM, on aura le développement (tome 111 2 , [VI-1-4])

+= ~ 00

h=O
Ph (cos 1') ph (p< 1), (149)

OÙ Pk (x) sont les polynômes de Legendre et l' l'angle des rayons vec-
~ ~

teurs OM et ON. Prenons pour fl (8, cp) une fonction sphérique d'ordre
n:
CH. II. PROBUlMES AUX LIMITES

Le développement (149) qui converge uniformément pour p < 1


nous permet d'écrire

ll Y
~
n (8, 'fP) +da= 2:~t Y n (8', <p') pn,

ce qüi résulte immédiatement des formules suivantes (tome III~,


[VI-1-S]) :
JJy
~
n (8, cp) Pm (cos y) dS = 0 pour m':;l= n;

1
"

~ ~ yn (8, fP) P n (cos,\,) dS =2:~ y n (8', fP')·


~

_L~rsque le point M =aNo E ~~ on a

~ Jy n
~
(8, fP) :ù da = 2::1y n (8 0 , fPo)·

On voit sur cette formule que  n = - (2n 1) sont les valeurs +


propres de l'équation (148) et à toute valeur propre sont associées
(2n + 1) fonctions propres, plus exactement, des fonctions sphéri-
qùes d 'ordren. A la valeur propre Âo = .- 1 est associée une fonc-
tion propre constante (la densité électrostatique dans le cas d'une
sphère).
Montrons maintenant que l'équation (148) ne possède pas d'au-
tres valeurs propres et qu'à toute valeur propre Ân ne correspondent
pas de fonctions propres autres que les fonctions sphériques indiquées.
Soient Â' une valeur propre de l'équation (148) distincte de celles
indiquées plus haut et I-t' (N), la fonction propre correspondante.
Le noyau des équations (148) est une fonction symétrique de N et
No, donc I-t' (N) est orthogonale à toutes les fonctions sphériques et
en particulier à Ph (cos y) :
J~ fJ.' (8, fP) Pk (cos ,\,) da = O.
~

Sous ces conditions, du développement (149) il s'ensuit que le po-


tentiel de couche sphérique de densité JAr' (N) est nul partout à l' in-
térieur de ~ et par suite partout sur ~. L'équation intégrale (148)
nous dit alors que I-t' (N) est identiquement nulle sur ~ et qu'il
n'existe pas de fonction propre. Considérons maintenant la valeur
propre  n • Si à cette valeur propre était associée une fonction pro-
pre qui ne soit pas une fonction sphérique d'ordre n, alors on aurait
pu admettre que cette fonction propre est orthogonale à toutes les
fonctions sphériques et s'assurer, en reprenant tous les raisonnements
précédents, qu'elle doit être identiquement nulle sur ~.
II-2-20. :eQUILIBRE THERMIQUE D'UN CORPS RAYONNANT 32~

Donc, l'équation intégrale (148) n'admet pas de jonctions propres-


autres que les fonctions sphériques.
11-2-20. Equilibre thermique d'un corps rayonnant. ConsidéroI1s
le problème aux limites mixte pour l'équation de Laplace.
Dans le cas d'un-flux thermique ét-abli, la température u (.l11)
régnant à 1'intérieurd 'un corps doit être solution de l'équation de-
Laplace et sur la frontière S elle doit vérifier la condition
au
iln + h (u - u o) = 0,

où h est le coefficient de conductibilité extérieure, et uo, la tempéra-


ture du milieu ambiant. On peut considérer que ces deux quantités
sont des fonctions de point sur S et aboutir ainsi au problème qui
consiste à trouver une fonction harmonique à l'intérieur de la surface
S, vérifiant sur S une condition de la forme

aua(N)
n
+ p (N) u (N) = f (N), (150)

où p (N) et f (N) sont des fonctions données sur S èt P (JV) > O.


On cherchera la solution de ce problème aux limites sous forme d'un
potentiel de simple couche. La conditfon aux limites (150) nous
conduit à l'équation intégrale suivante pour la densité: }
~~ fl (N) cos (~r no) dS + 2nfl (No) + p (No) ) ~ fl (lV) r~ dS = f (No)'t
S S
ou
N ) = _1_ f (N ) -
fl ( 0 Ln 0 JJ
\ r fl (N) [ p (N'J)
2nro
+ cos (ro, no)
2nrô
JdS .
s
Montrons que sous la condition posée plus haut, l'équation homo-
gène ne peut admettre de solution non triviale. En effet, on a vu au
(11-2-11] que pour p (N) > 0, une fonction harmonique représentable-
par un potentiel de simple couche, donc possédant une dérivée nor-
male régulière et vérifiant la condition aux limites homogène
aUéJ~) + p (N) u (N) = 0, (151}
est identiquement nulle à l'intérieur de S~ Supposons que fl (N}
est solution de l'équation homogène. Le potentiel de simple couche-
de densité fl (N) satisfait la condition aux limites homogène (151)
et par suite est nul à l'intérieur de S. Comme il est nul aussi à l'in-
fini, on conclut comme précédemment qu'il l'est dans l'espace tout
entier et que fl (N) ==
0, c'est-à-dire que l'équation homogène ne·
possède effectivernent pas de solution et par conséquent l' équation
non homogène admet une solution quel que soit le terme constant
CH. II. PROBL:ElMES AUX LIMITES

.f (No)· Supposons que la surface S est la sphère unitaire et que ~


la fonction p (N) est une constante h > O. Sous ces conditions, puis-
·que r o = - 2cos (r o, no), on obtient l'équation intégrale

~ (No) = 1~2h )) f.t(N) -k- dcr + 2~ f (No),


~

qui a été examinée dans le numéro précédent. Si l'on traite h comme


un paramètre, alors les valeurs propres de cette équation intégrale
se déterminent à partir de l'équation 1 - 2h = 2n +
1, c'est-à-dire
.h = 0, -1, -2, ... et les fonctions propres associées seront des
.fonctions sphériques. On traite de façon analogue le problème aux
Jimi tes mixte pour le plan.
11-2-21. Méthode de Schwarz. Décrivons une autre méthode de
résolution du problème de Dirichlet. Supposons que nous sachions
:résoudre ce problème pour des domaines BI et B 2 avec des conditions
aux limites continues quelconques, ces
domaines possédant une partie com-

«1@~dZ
mune 0 comme le montre la figure 8.
La méthode de Schwarz nous permet de
résoudre le problème de Dirichlet pour
le domaine B = BI UB 2. On se place
dans le plan mais les raisonnements
Fig. 8
sont exactement les mêmes dans l' espa-
ce. Les points NI et N 2 d'intersection
·des domaines BI et B 2 partagent le contour de BI en deux
parties al et ~l et le contour de B 2' en deux parties a 2 et ~2. Soit
donnée sur le contour l = al Ua 2 de B une fonction continue
.(0 (N). Dans la méthode de Schwarz, les calculs sont conduits de
la manière suivante. Prolongeons la fonction 0> (N) définie en parti-
culier sur al de façon quelconque par continuité à ~l. Soit 0>1 (N) la
fonction ainsi obtenue sur ~l. Résolvons le problème de Dirichlet
pour BI' c'est-à-dire construisons une fonction harmonique Ul (M)
prenant les valeurs frontières suivantes:

W (N) sur al'


Ul (N) = ( W
I
(N) sur ~l.

Prenons les valeurs de cette fonction sur ~2 et celles de 0> (N) sur
·a 2 pour valeurs frontières de la nouvelle fonction harmonique VI (M)
-dans B 2 :
0> (N) sur a 2 ,
VI (M) = ( U (N) sur ~2.
I
II-2-2t. M~THODE DE SCHWARZ 331

Construisons -maintenant une fonction harmonique U2 (M) dans BI


prenant les valeurs frontières:
W (N) Sur al'
U2 (N) = { FI (N) sur ~l'

Construisons ensuite une fonction v 2 (M) harmonique dans B 2 et


prenan t les valeurs frontières:
W (N) sur a 2 ,
V2 (N) ={ -u'2-(N) sur ~2
et ainsi de suite. D'une façon générale
W (LV) sur al'
!:lU n (M) = 0 dans BI et un (N) = {
V n - l (N) sur ~l'
(152)
W (N) sur a 2 ,
!:lv n (M) =0 dans B 2 et Vn (N) = {
un (LV) sur ~2'
Prouvons maintenant l'existence de lim un(M) dans BI et
Hm V n (M) dans B 2 et que ces limites coïncident dans le domaine
BI U B 2 • Utilisons à cet effet un lemme que nous allons formuler.
Rappelons tout d'abord les conditions imposées aux contours des
domaines. On suppose que les contours des domaines BI et B 2 sont
constitués d'un nombre fini de portions admettant une tangente
continûment variable. Le contour est donc susceptible de présenter
un nombre fini de points anguleux. On suppose par ailleurs qu'aux
points d'intersection NI et N 2 ces contours possèdent deux tangentes
qui font entre elles un angle non nul. Formulons maintenant le lem-
me annoncé: si les contours des domaines Blet B 2 satisfont aux condi-
tions indiquées et si w (M) est une fonction harmonique à l'intérieur
de BI, continue dans le domaine fermé Hl' nulle sur al et vérifiant la
condition 1 w (N) 1~ A sur ~l' alors il existe une constante q, 0< q< 1,
dépendant uniquement des domaines Blet B 2' et pas de w (M), telle
que 1 w (M) 1~ qA sur ~2' On obtiendrait une proposition analogue
en majorant w (M) sur ~l en partant de B 2' On peut admettre que
q est le même dans les deux cas. Reportons la démonstration de ce
lemme au numéro suivant et utilisons-le pour établir la convergence
de la méthode de Schwarz.
Par construction
o sur al'
un+! (N) - Un (N) = {
V n (N) - V n - l (N) sur ~17
(153)
o sur a 2 ,
Vn (N) - Vn- l (N) ={ Un (N) -- Un-l (N) sur ~2'
332 Cff. II. PROBU:MES AUX LIMITES

Introduisons les notations suivantes:


Mn = max 1 Un +1 (N) - Un (N) 1 =•
= max 1 Vn (N) - V n -1 (N) 1 sur ~1.
M~ = max 1 Vn+l (N) - Vn (N) 1 =
= max 1 Un +1 (N) - Un (N) 1 sur ~2­
En tenant compte des conditions aux limites (153) et du lemme, on
trouve M~~ qMn et Mn~ qM~-l' D'où il résulte que Mn~ q2Mn _1
(n = 2, 3, ...), c'est-à-dire que Mn ~ q2<n_l)Ml .
Composons la série
00

UI (M) + 2J [u n+l (M) -un (M)]. (154)


n=1
Les termes de cette série sont nuls sur al à partir du second et
1 Un +l (N) - Un (N) 1~ q2(n-l) Ml sur ~l' Donc, cette série converge
absolument et uniformément sur le contour deR l et par suite sur BI-
Sa somme U (M) sera continue dans BI et harmonique dans BI' La
somme des premiers termes de la série (154) est égale à Un (M) et
l'on peut donc affirmer que Un (M) -+ U (M) uniformément dans
BI. On démontre de façon analogue que V n (M) -+ V (M) uniformé_
ment dans B2' où v (M) est continue dans B 2 et harmonique dans B 2-
En vertu de (152), on a
Un (N) = Vn - l (N) sur ~l et vn (N) = Un (N) sur ~2'
En passant à la limite, on voit que U (N) == v (N ) sur ~l et ~2.
De là il s'ensuit que U (N) == v (N) dans 0 = BI U B 2 • Donc les
fonctions U (M) et v (M) définissent une même fonction harmonique
dans B = BI U B 2 • En vertu de (152), cette fonction harmonique
prend les valeurs données w (N) sur le contour l = al U a 2 et par
suite la méthode de Schwarz donne bien la solution du problème
posé.
11-2-22. Démonstration du lemme. Formons le potentiel de double
couche distribué le long de l' arc ~l avec une densité unité:
f) ln ...!-
F (NI) =- ~ f)n r ds. (155)
th
Ceci représente l'angle sous lequel on voit l'arc ~l à partir d'un point
M supposé appartenir à BI' La fonction (155) qui est harmonique
dans BI est continue dans BI " {NI; N 2 } (fig. 9).
La fonction F (N) tend vers des limites F _ (NI) et F + UV l ) dis-
tinctes selon que N -+ J.Vl du côté de l'arc a l ou du côté de 131.
11-2-22. D~MONSTRATION DU LEMME 333

- ., --+
Ces limites représentent les angles de la sécante N 1N" et des tan-
gentes au contour du domaine BI en NI (fig. 10) et de plus
F + (NI) - F _ (N 1 ) = :rte (156)
Si l'on fait tendre M vers NI le long d'une droite NIQ faisant
un angle 8 avec la tangente indiquée sur la figure, on voit alors sans
~
N,
-=:::=:~~J~-'-- R

Fig. 9 Fig. 10

peine que la fonction (155) tend vers la limite F + (NI) - 8 qui, en


vertu de (156), peut être mise sous la forme:
F+ (NI) -8 = ~ F_ (NI) + (1 - ~) F+ (NI). (157)
Si M -+ N 1 de façon arbitraire, la fonction (155) peut tendre
vers des limites distinctes comprises entre F _ (NI) et F + (NI) et la
fonction (155) sera bornée au voisinage de N 1 • On obtient exactement
les mêmes résultats pour le point N 2.
Définissons sur le contour l = al U ~l une fonction 1 (N) nulle
sur l'arc ouvert al et égale à :rt sur l'arc ouvert ~1' Désignons
comme plus haut les valeurs limites de la fonction (155) par
F (N) et formons la fonction Il (N) = F (N) - / (N) sur les arcs
ouverts al et ~l. Il est immédiat de voir que cette fonction est con-
tinue sur le contour l = al U ~l tout entier, y compris les points
NI et N'l' puisque les fonctions F (N) et 1 (N) présentent le même
saut en ces points. Au point NI par exemple, /1 (NI) = F - (NI)'
Soit FI (M) une fonction harmonique dans BI prenant des valeurs
continues /1 (N) sur le contour l. Construisons la fonction harmonique
G (M) = ~ [F (M) -FI (M)]. (158)

Sur les arcs ouverts al et ~l elle prendra respectivement les va-


leurs 0 et 1. D'autre part, d'après ce qui a été dit au sujet de F (M),
lorsque M -+ NI ou N'l' les valeurs frontières de G (M) doivent né-
cessairement être comprises dans l'intervalle [0, 1]. En vertu du
principe du maximum et du minimum, toutes les valeurs prises par
G (M) à l'intérieur de BI appartiendront à cet intervalle, autrement
dit, 0 < G (M) < 1 si M est intérieur à BI. Supposons que 8 1 et
e2 sont les angles formés par les tangentes à ~2 en NI et N 2 avec les
tangentes au contour du domaine BI en ces points. Lorsque M -+ NI
334 CH. II. PROBUlMES AUX LIMITES

le long de~2' la fonction F (M) -+ [F + (NI) - 81 ] en vertu de (157)~


et FI (M) -+ fI (Nt) = F - (NI) et, en vertu de (156), la fonction
8
(158) tendra vers 1 - ~. De façon analogue, lorsque M -+ N 2
la fonction (158) tendra vers 1 - ~. Ces deux limites sont stricte-
ment inférieures à 1 et à l'intérieur du domaine BIon a 0 < G (il.{) <
< 1. D'où il s'ensuit immédiatement qu'il existe q: 0 < q < 1
tel que G (M) ~ q sur ~2'
Après ces constructIons préliminaires revenons à la fonction
w (M) signalée dans le lemme. Quitte à remplacer cette fonction

o .0 .--...,C ..
B2 1
E ....--~--_-..I

B,

Fig. 11 Fig. 12 Fig. 13

par w (M)/A on peut admettre que le nombre A du lemme est égal


à 1, c'est-à-dire que la fonction harmonique w (M) est continue dans
le domaine BI' prend sur al des valeurs frontières nulles et 1 w (N) 1~
~ 1 sur ~l' La fonction w (M) prend en NI et N 2 des valeurs fron-
tières qui sont visiblement nulles. Composons la fonction harmoni-
que H (M) = G (M) - w (M). Cette fonction prend des valeurs
frontières nulles sur l'arc ouvert al et des valeurs positives sur
l'arc ouvert ~l' car sur ce dernier, on a G (N) = 1 et 1 w (N) 1~ 1.
Lorsque M tend vers NI et N 2 , les valeurs limites de H (M) doivent
être comprises dans l'intervalle [0, 1]. De là il s'ensuit immédiate-
ment que H (M) ~ 0 dans BI' c'est-à-dire w (M) ~ G (M) et par
suite w (M) ~ G (M) ~ q sur ~2' De façon analogue, G (M) +
+ w (M) ~ 0 dans BI' d'où -w (M) ~ G (M) ~ q sur ~2' Ces
doubles inégalités entraînent 1 w (M) 1~ q, ce qui prouve le lemme.
Cette démonstration vaut pour l'espace *).
11-2-23. Méthode de Schwarz (suite). Nous avons appliqué la
méthode de Schwarz au cas élémentaire où les domaines BI et B't
se coupent en deux points. Les contours de ces domaines peuvent
se couper en plus de deux points (fig. 11), peuvent présenter des
parties communes (fig. 12). Les domaines Blet B 2 peuvent être
simplement connexes et leur réunion multiplement connexe (fig. 13).
*) Cf. R. Cou r a n t, D. H i 1 ber t, Methoden der mathematischen
Physik. Berlin, 1931.
II-2-23. M:eTBODE DE SCHWARZ (SUITE) 335·

Sur la figure -11, le contour du domaine B = BI U B 2 est la ligne


CDEFGHJKC. Sur la figure 12, la ligne polygonale CDE est com--
mune à ces contours et sur la figure 13, les domaines hachurés cons-
tituent l'intersection de BI et de B 2 • Dans tous ces cas, les approxi-
mations successives de la méthode de Schwarz se construisent exacte-
ment comme plus haut. Si l'on sait résoudre le problème de Dirichlet-
pour BI et B 2 , on peut, en modifiant légèrement la méthode de cal-
cul, obtenir la solution non pas pour la réunion mais pour l'inter-
section de ces domaines. Dans le cas de la figure 8, ce sera le domaine
borné par le contour ~l U ~2' Les valeurs frontières de (ù (N) sont
données sur ce contour.
On cherchera la fonction harmonique, qui prend ces valeurs
sur la frontière, sous forme de la somme
w (M) = u (M) + v (M),
où u (M) est harmonique dans BI et v (M), dans B 2' Il existe mani-
festement plusieurs façons de représenter la fonction cherchée par une
telle somme, ce qui est sans grande importance pour la suite. Pro-
longeons la fonction (ù (N) à l'arc al par continuité d'une manière·
quelconque et désignons ce prolongement par CPI (N).
Construisons les approximations successives pour u (M) et.
v (M) comme solutions des problèmes de Dirichlet avec les condi-
tions aux limites suivantes:
CPl (N) sur al' { 0 sur a 2 ,·
u 1 (N)= { (ù (N) sur ~l' VI (N) = (ù (N) - U
I
(N) sur ~2.'
On remarquera que la différence (ù (N) - UI (N) = 0 en NI et.
N 2' Pour calculer les approximations suivantes, on supposera que·
<Pl (N) sur al' {O sur a 2 ,
U n+l (N) = { (ù (N) _ V
n (N) sur ~l' v n +1 (N) = (ù (N) - U n +l (N) sur ~2"
Ce processus sera convergent et la somme (159) nous donnera la'
solution du problème.
L'exposé détaillé de cette méthode figure dans l'ouvrage: L. K a n-
t 0 r 0 vit c h, V. K r y 1 0 v, Méthodes d'approximation de l'ana-
lyse supérieure. M., Fizmatguiz, 1962 (en russe), où cette méthode
est appliquée non seulement à l'équation de Laplace mais à d'autres~
équations de type elliptique. Cette méthode est valable en dimension
trois.
Indiquons encore une manière de se servir de la méthode de
Schwarz. Nous allons maintenant avoir affaire à la solution du pro-
blème extérieur de Dirichlet et de ce fait nous allons nous placer non
pas dans le plan mais dans l'espace. Soient données, dans l'espace,
n surfaces fermées Sk (k = 1, 2, ... , n) limitant des domaines
disjoints. Désignons par D la partie de l'espace, extérieure à toutes.
336 CH. II. PROBL~MES: AUX LIMITES'

ces surfaces, et, par D h , la partie de l'espace, extérieure à 8 k • Sup-


posons que l'on sache résoudre le problème de Dirichlet pour tous
les D h quelles que soient les valeurs continues données sur 8 h et
montrons comment on peut résoudre le problème de Dirichlet pour
D. I.Jes domaines D h et D contiennent le point à l'infini et comme
toujours on admet que toute fonction harmonique est nulle à l'in-
fini.
On demande donc une fonction harmonique à l'intérieur de D
et prenant sur les surfaces 8 h des valeurs continues données:
U 1 ~ = /h (N) (k = 1, 2, .. 0' n)o (160)
~h

Cherchons d'abord pour chaque k une fonction Ua. h(M)


(k = 1, 2, . . ., n) harmonique à l'intérieur de D h et prenant les
valeurs /h (N) sur S h, ensuite une fonction Ul,h (M) (k = 1, 2, ... , n),
harmonique à l'intérieur de D h et prenant les valeurs frontières:
U1 k (M) =- ~ ua, i (J.V) Sur Sk (k= 1, 2, .00' n); (161)
• i~k
la sommation ayant lieu par rapport à tous les i compris entre 1 et n,
sauf pour i = k.
D'une façon générale, pour tout entier m cherchons les fonctions
Um,h (M) (k = 1, 2, n), harmoniques à l'intérieur de D k et
0 0 0'

prenant les valeurs frontières


u m , h (N) /Sh = - ~ u m- 1 , i (N) sur 8 k (k= 1, 2, .0' n). (162)
, 1*k
Les fonctions
p
~ um,h(M) (k=1, 2, •. 0' n),
m=O

sont harmoniques à l'intérieur de Dh et prennent les valeurs


frontières
p p-1
~ u m , h (N)=fh (N) -
m=O
L
m=O i*k
hUm, i (N) sur 81>. (k= 1,2, ••. , n).

En retranchant la somme
p-1
2J
m=O
u m • k (N)

des deux membres de l'égalité précédente, on obtient


p-1 n
2J LJ um,i(N)=!h(N)-up,h(N) sur 8 h (k=1, 2, ••• , n).
m=O i=l
(163)
II-2--23. M~THODE DE 'SCHWARZ "(SUITE) 337

Si l'on démontre que pour p -+00 les fonctions u p , k (M)


(k = 1, 2, ... , n) tendent uniformément vers 0 dans le dO,maine D"
alors de (163) il s'ensuivra que la fonction
p-1 n
LJLJ
m=O i=1
U m. dM}

qui est harmonique à l'intérieur de D et continue -dan's D; nous donnè


la solution du problème de Dirichlet pour D, qui prend les valeurs
tk (N) sur Sk:
00 n
U (NI) = LJ ~ u m • i (M).
m=O '1.=1
(164)

Etudions maintenant les conditions sous lesquelles les fonctions


Up,k (NI) tendent uniformément vers 0 dans le domaine D. Désignons
pàr Vk (M) (k = 1, 2, ... , n) une fonction harmonique à l'intérieur
de D k et égale à 1 sur Sk. Ceci étant, Vk (M) ~ 0 à l'intérieur de DA
et puisque Vk (M) -+ 0 lorsque M -+ 00 il ré'suIte qu'il existe une
constante qk: 0 < qk < 1, telle que .
Vk (M) ~ qk sur Si pour i =1= k (k = 1, 2, ... , n). (165)
Si Wk (M) (k = 1, 2, ... , n) sont des fonctions harmoniques à
l'intérieur de D k , continues dans D k et vérifiant la condition
1 Wk (M) 1~ ak sur S k (k = 1, 2, ... , n), (166)
où ak sont des constantes, alors akvk (M) - wk(M) seront des fonc-
tions harmoniques à l'intérieur de D k et positives sur Sk' d'où il
s'ensuit que akvk (M) -!:!!k (M) ~ 0 dans ï5k~ c'est-à-dire: qlîe
Wk (M) ~ ahvh (M) dans D h. Sans modifier la condition (166), on
peut changer le signe de la fonction harmonique Wk (M) et considérer
de la sorte que Wk (M) ~ 0 au point M envisagé. Des raisonnements
précédents il s'ensuit donc
, 1 Wk (M) 1~ akvk (M), (167)
d'où, en vertu de (165),
1 Wh (N) 1~ akqk sur Si pour i =1= k (k - 1,2, .•. , n). (168)
Cette inégalité découle donc de (166). Soit a > 0 un nombre tel que
1tk (N) 1~ a pour k = 1, 2, ... , n et q ',max {ql' Q2' ... , qn}.
Il est évident que 0 < q < 1. En vertu de (160), il vient 1· UO,k (N) 1~
~ a sur S h' En vertu de (161) et (168), on a 1 Ul.k (N) 1~ (n - 1) aq
sur Sk (k = 1,2, ... , n). En se servant de (162) pour m = 2 et
de (168), on obtient 1 U2. k (N) 1 ~ (n - 1)2aq2 sur Sk et, d'une
façon générale 1Up.k (N) I~. (n - 1)P aqP sur S k et par suite
IUp.k(M) I~ f(n - 1) q]P~ (M E D k) (k- 1, 2, ... , n). (169)
22-010t7
338 CH. II. PROB~MES AUX LIMITES

Si le nombre de surfaces n = 2, alors il s'ensuit de là que Up,k (M) -+


-+ 0 lorsque p -+ 00 uniformément dans DA et à fortiori uniformé-
ment dans D. Si n > 2, on obtient la condition suffisante suivante
pour que u p , h (M) -+ 0 :
(n - 1) q < 1. (170)
Par construction, le nombre q ne dépend pas des conditions aux li-
mites fh (N) et est défini uniquement par le domaine D. On au-
rait pu exactement de la même manière considérer le cas où le do-
maine D est un domaine fini borné par une frontière extérieure SI
et des frontières intérieures S 2' S 3, • • • , Sn' Ceci étant, nous au-
rions eu affaire au problème intérieur de Dirichlet pour le domaine
Dl limité par 8 1 , et au problème extérieur pour les domaines
DA (k = 2, ... , n). La construction indiquée ci-dessus a été pro-
posée par G. G 0 1 0 u z i n e (Matem. Zbornik, 1934, 41, nO 2)
(en russe). On s'assure sans peine qu'elle n'est pas valable dans le
plan en se donnant des valeurs frontières constantes sur les contours
fermés lh'
11-2-24. Fonctions sub- et superharmoniques. La méthode des
équations intégrales de résolution du problème de Dirichlet assu-
jettit la frontière du domaine à des conditions relativement fortes.
On se propose d'exposer une autre méthode de résolution de ce pro-
blème, valable pour des conditions assez générales sur la frontière
du domaine et les valeurs frontières. Cette méthode, appelée souvent
méthode de balayage, a été proposée par Poincaré ensuite précisée
par Perron (O. P e r r 0 n. Eine neue Behandlung der ersten Rand-
wertaufgabe jür du = O. Math. Z., 1923, 18, voir également l'article
de 1. P é t r 0 v ski, Méthode de Perron de résolution du problème
de Dirichlet. UMN, 1941, 8 et son ouvrage sur les équations aux déri-
vées partielles) et par Vallée et Poussin.
Dans ce numéro, on définit des notions nouvelles qui seront
utilisées pour développer la méthode indiquée. Ces notions pré-
sentent un intérêt en physique mathématique. On se place dans le
plan. Les raisonnements sont exactement les mêmes dans l'espace.
La différence dans l'étude des valeurs frontières de la fonction har-
monique construite d'après cette méthode est mentionnée à la fin.
L'équation de Laplace pour la fonction d'une seule variable in-
dépendante y (x) est y" (x) = O. Son intégrale générale est le binôme
y = ax + b et son graphique, une droite. Le problème de Dirichlet,
c'est-à-dire le problème qui consiste à déterminer la solution de
l'équation y" (x) = 0 à l'intérieur de l'intervalle ra, b] prenant des
valeurs données aux bornes de cet intervalle, consiste tout simple-
ment à mener une droite par les deux points donnés. Le binôme du
premier degré est caractérisé par le fait que sa valeur en un point
quelconque x = Xo est égale à la moyenne arithmétique de ses va-
II-2-24. FONCTIONS SUB ET SUPERHARMONIQUES 339

+
leurs aux points x = Xo h et x = Xo - h. Considérons mainte-
nant une courbe continue ayant sa concavité tournée vers les y > o.
Soit y = y (x) son équation. En tout point de cette courbe, on a
1
Y (x o) <"2 [y (x o + h) + y (xo- h)].

De façon analogue, si la courbe a sa convexité tournée vers les


y>O, alors
1
Y (x o) >"2 [y (xo+ h) + y (xo-h)J.

L'inégalité (171 1) résulte immédiatement du fait que dans le cas


considéré chaque portion de la courbe est située sous la corde qui
la sous-tend. Introduisons les classes de fonctions respectives dans
le cas de plusieurs variables. Soit f (M) une fonction continue à l'in-
térieur d'un domaine plan B. On dira que cette fonction est subharmo-
nique à l'intérieur de B si pour tout point P intérieur à B il existe un
nombre Ô > 0 tel que f (P) soit inférieure à la valeur moyenne de f (M)
sur un cercle de centre P et de rayon p < ô. Si x et y sont les coordon-
nées de P, cette condition s'écrit alors
2:rt
f(x, y)~ 2~ l f(x+pcos<p, y+psin(()dcp (p<ô). (1721)
o
Si la fonction f (M) est harmonique à l'intérieur de B, alors dans
la formule (172 1 ) l'égalité est réalisée pour tout point intérieur à
B (tome II, [VII-3-3l) et par suite une fonction harmonique est un cas
particulier d'une fonction subharmonique. Cette définition peut être
immédiatement généralisée à l'espace en remplaçant les cercles
par des sphères. On définit de façon analogue une fonction superhar-
monique. Pour une telle fonction, on aura en tout point intérieur
de B:
2:rt
f(x, y» 2~ ) f(x+pcoscp, y+psincp)d((). (172 2)
o
La fonction harmonique est un cas particulier de la fonction su-
perharmonique. De la définition il s'ensuit immédiatement que si
f (M) est une fonction subharmonique et C une constante, alors
Cf (M) est subharmonique pour C > °
et superharmonique pour"
C < O. Si f (M) est superharmonique, alors Cf (M) est superharmo-
nique pour C > 0 et subharmonique pour C < O. D'autre part, des
définitions citées, il résulte que la somme finie de fonctions subhar-
moniques est une fonction subharmonique et la somme finie de fonc-
tions superharmoniques est une fonction superharmonique.
22*
'340 .CH. ·IL- PROBUlMES AUX LIMITES

Supposons que f (M) = f (x, y) possède à l'intérieur du domain~


B des dérivées secondes continues et que

t!f= :~ + ::~ >0 (à l'intérieur de B). (173 1)


En appliquant la formule de Green au disque K p de centre P (x, y)
.contenu à l'intérieur de B et en posant u=f et v=1, on obtient
~ :~ ds= ~~ /1fda, (174)
cp Kp

où Cp est la frontière du disque K p • Appliquons encore à la fonc-


tion .f la formule (tome II, [VII-3-2])
f (x, y) = 2~ J(f ô~: r -ln r :~ ) ds + 2~ ~ J/1f ln r da,
cp Kp

où r est la distance du point de coordonnées (x, y) au point variable


d'intégration. Sur Cp, la direction de n est celle de r, et ds = pdçp.
En se servant de (174), on peut mettre la formule précédente sous
la forme
2:1:

tex, y)= 2~ ) f(x+pcosçp, y+psinçp)dçp+ 2~)) /1fln ;'da.


o Kp
Dans le disque K p , on a r/p ~ 1 et, en vertu de (173 1), la dernière
formule nous donne l'inégalité (172 1), autrement dit, si la condition
(173 1 ) est remplie, la fonction f (M) est une fonction subharmonique à
l'intérieur de B. De façon analogue, si
t!f ~ 0 (dans B), (173~)
alors f (M) est une fonction superharmonique à l'intérieur de B. La
définition principale des fonctions sub- et superharmoniques n'im-
plique pas l'existence des dérivées. Les conditions (173 1 ) et (173 2 )
sont identiques aux conditions classiques de convexité et concavité
d'une courbe (tome l, II-5-2).
Etudions quelques propriétés simples des fonctions sub- et su-
perharmoniques. Supposons que f (M) est une fonction continue
dans un domaine fermé et subharmonique à l'intérieur de ce domai-
ne. Soùs cette condition il s'ensuit aussitôt de (172 1) qu'une fonction
subharmonique prend sa plus grande valeur sur le contour. De plus,
à l'intérieur du domaine elle ne peut avoir un maximum au voisi-
nage duquel elle n'est pas constante. D'une façon analogue, une
fonction superharmonique prend sa plus petite valeur sur le contour.
11-2-25. Propositions auxiliaires. Prouvons quelques propositions
Sur les fonctions sub- et superharmoniques qui nous seront utiles lors
de la résolution du problème de Dirichlet. -
II-2-25. PROPOSITIONS. AUXILIAIRES 341

Thé r ème I. Si ht (M) (k = 1, 2, ... , m) sont des fonctions


0
continues dans un domaine B et subharmoniqucs dans B, alors la fonc-
tion
<p (M) = max {fI (M), ... , fm (M)}
est continue dans B et subharmonique dans B.
Thé 0 r ème l'. De façon analogue, si fh (M) sont des fonctions
superharmoniques et
'1' (M) = min {fI (M), ... , fm (M)}, (175 2)
alors '1'
(M) est superharmonique..
La continuité de <p (M) dans B résulte immédiatement de celle
de fh (M). Soit (xo, Yo) un point de B et supposons que <p (x o, Yo) =
= fI (x o' Yo) par exemple. La fonction fI (x, y) étant subharmonique,
on a
2n

<p (x o, Yo) = fI (x o, Yo) ~ 2~ ~ fI (x o -t- P cos <p, Yo + p sin <p) d<p.


, 0

Or, en vertu de (175 1), q:J (M) ~ fI (M)sur le cercle le long duquel
a lieu l'intégration, et à fortiori
2n

q:J (x o' Yo) ~ 2~ ~ q:J (x o + p cos q:J, Yo+ P sin q:J) dq:J,
o
ce qui exprime que <p (M) est subharmonique.
Thé r ème II. Si f (M) est une fonction subharmonique dans
0
B et continue dans B, K, un disque contenu dans B et UK (M) une
fonction harmonique à l'intérieur de K, dont les valeurs prises sur la
frontière de K sont confondues avec celles de f (M), alors
f (M) ~ UK (M) (dans K). (176 1)
Thé 0 r ème II'. De façon analogue, si f (M) est une fonction
superharmonique, alors
f(M)~uK (M) (dansK). (176J
L'expression f - UK' = f + (-UK) est la somme de la fonction
subharmonique f (MY et de la fonction harmonique (c'est-à-dire
subharmonique aussi) (-UK)' Donc, f - UK est une fonction sub-
harmonique à l'intérieur de K et nulle sur le contour. Donc, en vertu
de ce qui a été dit dans le numéro précédent, f - UK ~ 0 à l'inté-
rieur de K, ce q\li nous conduit à (176 1),
Thé 0 r ème III. Si, dans les hypothèses du théorème II, on
remplace les valeurs de f (M) dans le disqueK par les valeurs de UK (M)
342 CH. II. PROBUlM:ES AUX LIMITES

et que l'on désigne la nouvelle fonction par fK(M), alors fK(M) qui
est continue dans B sera subharmonique à l'intérieur de B.
Thé 0 r ème III'. La construction du théorème précédent appli-
quée à une fonction f (M) superharmonique nous donnera une fonction
fK(M) superharmonique.
A l'extérieur de K, la fonction fK est confondue avec f et la con-
dition (172 1) est manifestement remplie en tout point extérieur
à K pour Ô assez petit. Al 'intérieur de K, la fonction f K est harmo-
nique et l'égalité (172 1 ) est réalisée. Il reste à vérifier que (172 1)
est satisfaite sur la frontière de K. Soit (x o, Yo) un point frontière
(on admet que (x o' Yo) est intérieur à B s'il est commun aux frontières
de K et de B). On a
fK (x o, Yo) = f (x o' Yo) ~
2n
~ 2~ ~ f(xc;+pcoscp, Yo+psincp)dcp (p<ô).
o
En vertu du théorème II, fK";;3 f à l'intérieur de K et fK = f
à l'extérieur de K, donc à fortiori
2n
fK(X O, Yo)~ 2~ ~ fK(XO+pcoscp, Yo+psincp)dcp,
o
c.q.f.d.
11-2-26. Méthodes des fonctions inférieures et supérieures. Passons
maintenant à l'exposition de la méthode de Poincaré-Perron. Soit
donné dans le plan un domaine borné B de frontière l qui pour l'ins-
tant n'est assujettie à aucune condition. Soit donnée sur l une fonc-
tion co (N) = co (x, y), supposée pour l'instant bornée, c'est-à-dire
il existe deux nombres a et b tels que
a~oo(N)~b. (177)
Appelons fonction inférieure une fonction cp (M) continue dans
un domaine borné, subharmonique à l'intérieur de ce domaine et
vérifiant la condition cp (N) ~ ,00 (N) sur la frontière de ce domaine.
Par analogie, une fonction supérieure '\j) (M) est une fonction superhar-
monique à l'intérieur d'un domaine et vérifiant la condition
'P (N)";;3 00 (N) sur la frontière de ce domaine.
Il existe de toute évidence une infinité de fonctions inférieures
et de fonctions supérieures. Par exemple, toute constante ~ a est
une fonction inférieure. Soient cp une fonction inférieure et '\j) une fonc-
tion supérieure. L'expression X = cp - '\j) = cp +
(-'\j) est une
fonction subharmonique, car c'est la somme de deux fonctions sub-
harmoniques et X~ 0 sur l. De là il s'ensuit que X~ 0 dans B, c' est-

.t
11-2-26. M:eTHODES DES FONCTIONS INF~RIEURES ET SUP~RIEURES M3

à-dire que (J) ~ 'li> dans ÏJ. Autrement dit, toute fonction inférieure est
inférieure à toute fonction supérieure dans B. Les théorèmes 1 et l'
entraînent immédiatement que si fI (M), f2 (M), ... , fm (M) sont
des fonctions inférieures, alors il en est de même de la fonction (J) (M)
définie par la formule (175 1 ); idem pour les fonctions supérieures et
la formule (175 2 ). De façon analogue, les théorèmes III et III' nous
disent que si f (M) est une fonction inférieure, alors il en est de même
de la fonction fK (M) et si f (M) est une fonction supérieure, il en est
de même de fK (M).
Il est manifeste que les fonctions inférieures sont bornées supérieu-
rement et les fonctions supérieures, inférieurement. Le nombre b
de l'inégalité (177) par exemple, est une fonction supérieure et l'on
a (J) (M) ~ b pour toute fonction inférieure. De façon analogue,
$ (M) ~ a pour toute fonction supérieure. Donc, l'ensemble des va-
leurs prises par toutes les fonctions supérieures 1f (M) en un point donné
M de B admet une borne inférieure (tome l, [1-2-18]) que l'on désignera
par u (M). Ce sera une fonction définie dans B. De 'li> (M) ~ ail
s'ensuit que u (M) ~ a et comme la constante b est une fonction
supérieure, il vient u (M) ~ b c'est-à-dire la fonction u (M) vérifie
la condition a ~ u (M) ~ b. Par définition de la borne inférieure,
pour tout point Mo de B il existe une suite {'lI>n (M)} de fonctions
supérieures telle que 'lI>n (Mo) ~ u (Mo) pour n ~ 00. S'il existe
une fonction supérieure 'li> (M) telle que 'li> (Mo) = u (Mo), alors
on peut admettre, par exemple, que 'lI>n (M) = 'li> (M) pour tout n.
Les suites {'lI>n (M)} peuvent varier d'un point Mo à un autre. Prou-
vons le
Thé 0 r ème. La fonction u (M) est harmonique dans B.
Dans la suite, les fonctions seront affectées d'indices supérieurs
notés entre parenthèses.
Prouvons préalablement le
Lem m e. Si P est un point arbitraire fixe de B, il existe alors
une suite monotone de fonctions supérieures
(J)(1) (M) ~ (J)(2) (M) ~ ... (M E B) (178)
telles que (J)(n) (P) ~ u (P).
On a vu plus haut qu'il existe une suite {'lI>n (M)} de fonctions
supérieures 'lI>n (M) telles que 'lI>n (P) ~ u (P). Posons
(J)(n) (M) = min {'lI>1 (M), 'lI>2 (M), .•. , 'lI>n (M)}. (179)
Les fonctions (J)(n) (M) sont, nous l'avons vu, des fonctions supérieu-
res continues. Lorsque n croît, le nombre de fonctions 'li> s (M) dont
on considère le minimum croît aussi et par suite çp(n) (M) satisfont
la condition (178). Le fait que la fonction u (M) est la borne inférieure
des fonctions supérieures et la relation (179) entraînent que u (P) ~
,CH. II.PROBUlMES AUX LIMITE~

~ cp(n) (P) ~ 'Pn (P) d'où cp(n) (P) ~ u (P) pui~que 'l'n (P) ~ u (P).
Ceci achève la démonstration du lemme.
Rem a r que. Soit K un disque de c-entre P contenu dans B.
Construisons les fonctions cpW) (M) comme indiqué dans le théorème
III'. Les inégalités (178) étant vérifiées sur la frontière du disque K,
elles le seront sur le disque K tout entier. A l'extérieur de K, les
fonctions cp'lP (M) sont confondues avec cp(n) (M) et par suite vérifient
aussi la condition (178):
cp<}l (M) ~ cp~) (M) ~ • • • (M E B).
D'autre part, u (M) ~ cp(W (M) ~ cp(n) (M) et cp1P(P) ~ u (P)
puisque cp(n) (P) ~ u (P). On peut donc admettre que les fonctions
cp(n) (M) du lemme sont harmoniques à l'intérieur de tout disque ~
centre P contenu dans B. .
Passons à la démonstration du théorème. Il nous suffit de prou-
ver que u (M) est harmonique à l'intérieur de tout disque K contenu
dans B. Soit P le centre de ce disque. Construisons, en vertu du lemme
et de la remarque qui le sui t, des fonctions cp(n) (M) harmoniques
à l'intérieur de K. Ces fonctions tendent vers u (P) lorsque M ~ P"
Le théorème de Harnack nous dit que ces fonctions tendent en tous
les' points intérieurs à K vers une fonction harmonique:
cp(n)(M) ~ v (M) (M intérieur à K),
la convergence étant uniforme dans tout disque fermé K' de centre
P contenu dans K. Montrons que v (M) = u (M) à l'intérieur de K.
Ceci achèvera la démonstration du théorème. Supposons par absurde
qu'en un point Pl intérieur à K, on a v (Pl) =1= u (Pl). Comme
cp(n) (Pl) ~ v (Pl) et u (Pl) est la borne inférieure des valeurs prises
par les fonctions supérieures en Pl' on doit avoir v (Pl) > U (Pl)'
Donc, il doit exister une fonction supérieure w (M) telle que w (Pl) <
< v (Pl)' Soit K' le disque de centre P sur la frontière duquel se
trouve le point Pl' Composons les fonctions supérieures
pen) (M) = min {w (M), cp(n) (M)} et p}?l (M),
et de plus
p1r,) (M) ~ pen) (M)~

Comme cp(n) (M) tendent uniformément vers v (M) dans le disque


fermé K', on peut affirmer que pen) (M) convergent uniformément
vers la fonction
P (M) = min {w (M), v (M)}.
Donc, la convergence sur la frontière du disque K' est uniforme et
on peut affirmer que les fonctions pIf'> (M), harmoniques à l'inté-
rieur de K', convergent uniformément dans le disque fermé K' vers
une fonction harmonique PK' (M). Comme w (Pl) < V (Pl)' il vient
II-2-27.~TUDE DES VALEURS FRONTUlRES

P (Pl) < V (Pl) et d'une façon<générale P (M) ~ v (M) en tous les


points de la frontière de K'. Donc, le théorème de la moyenne appli-
qué aux fonctions harmoniques nous dit que PK' (P) < v (P). Or,
v (P) = U (P). Donc PK' (P) < u (P). Au point P la fonction
PK' (M) est la limite des fonctions supérieures pjp',\ (M) et l'inégalité
PK' (P) < u (P) contredit le fait queu (P) est la borne inférieure des
valeures prises par les fonctions supérieures en P. Ceci prouve le
théorème.
La démonstration est exactement la même dans l 'espace. Donc~
pour toute fonction <:ù (N) définie sur la frontière l de B on peut cons-
truire par la méthode indiquée ci-dessus une fonction u(M) harmo-
nique à -l'intérieur de B. Au lieu de la borne inférieure u (M) de,g:
fonctions supérieures, on aurait pu construire la borne supérieure
U O (M) des fonctions inférieures. Si <:ù (N) est une fonction continue
sur l, alors on démontre que UO (M) == u (M). Dans la suite on par-
lera toujours de la borne inférieure des fonctions supérieures.
On a déjà signalé que la construction proposée se transpose aà
litteram au cas tridimensionnel. La fonction u (M) s'appelle solution
distributionnelle du problème de Dirichlet prenant les valeurs fron-
tières <:ù (N). Le sens de cette définition apparaîtra dans le numérÛ'
suivant.
Rem a r que. Si la fonction <:ù (N) est continue sur la frontière-
l, la solution distributionnelle u (M) du problème de Dirichlet peut
être construite par une méthode que nous allons développer. Pro-
longeons la fonction <:ù(N) par continuité au plan tout entier. Sup-
posons par ailleurs que Rn (n = 1, 2, ...) est une suite de domaines-
'contenus avec leurs frontières ln dans B et tendant vers R de telle-
sorte que tout point M intérieur à B soit in~érieur à tous les domai-
nes B n à partir d'un indice n. Les domaine~ B n peuvent par exemple-
être constitués d'un nombre fini de disques. Supposons que l'on
sache résoudre le problème de Dirichlet avec des valeurs frontières
continues pour les domaines Rn.
Soit Un (M) la solution du problème de Dirichlet pour B n , les
valeurs frontières étant définies comme le prolongement de la
fonction <:ù (N), mentionné ci-dessus. On démontre que lorsque-
n -+ 00, les fonctions Un (M) tendent vers la solution distribution-
nelle u (M) du problème de Dirichlet et la convergence est uniforme<
dans tout domaine fermé contenu dans B. On constate donc que la
limite Un (M) ne dépend ni du procédé de prolongement de <:ù (N),
ni dû choix du domaine B n . Seules importent les propriétés des
domaines considérés. La démonstration de ces faits est donnée dans
un article de M. K e 1 d Y c h, UMN, 1941, 8.
11-2-27. Etude des valeurs frontières. Nous n'avons encore imposé
aucune condition à la frontière du domaine R. L'ensemble des points
CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES

irontières du ·.domaine B étant désigné par l, introduisons la con-


-dition suivante qui mettra en jeu un point No fixe de l.
Con dit ion 1. Il existe une fonction w (M) continue dans B
..et superharmonique dans B telle que w (No) = 0 et w (M) > 0 dans
B, {No}. Prouvons maintenant le théorème suivant:
Thé 0 r ème. Si la condition 1 est remplie et si la fonction fron-
:tière ffi (N) est continue en No, alors u (M) ~ ffi (No) lorsquè M ~ No
.de l'intérieur du domaine.
Désignons par ~t1 l'ensemble de tous les points du domaine B
·dont la distance à No est inférieure à 11 > O. Soit 8 > 0 un nombre
·donné. La fonction ffi (N) étant continue en No, il existe un nombre
-1') > 0 tel que pour tous les points frontières de B appartenant à
.~t1, l'on ait
ffi (No) - 8 ~ ffi (N) ~ ffi (No) +8 (N E l et ~11). (180)

.construisons une fonction


(J)l (M) = ffi (No) - 8 - Cw (M), (181)

-continue dans B et subharmonique dans B, C > 0 étant une cons-


,tante que nous allons choisir. En vertu de (180) et puisque w (M) ~
:~ 0, on a (J)l (N) ~ ffi (N) aux points de l appartenant à ~t1. Choisis-
-sons C assez grand ~pour qu'à l'extérieur de ~t1 l'on ait la même
-inégalité que sur l, c'est-à-dire que
,ffi (No) - 8 - Cw (N) ~ ffi (N) (N est sur l et extérieur à ~f).
(182)
:Sur l'ensemble des points de B se trouvant à une distance de No
non inférieure à 11 la fonction w (M) prend la plus petite valeur
;strictement positive que nous désignons par m ll • Ceci résulte directe-
,ment du fait que cet ensemble est fermé et que la fonction w (M) y est
,continue et strictement positive. Pour que l'inégalité (182) soit
~éalisée, il suffit que

C ~max
~ {ID (No)-e-a." O}
m

-où a•.est le:nombre figurant dans l'inégalité (177). La fonction (181)


.sera une fonction inférieure pour un tel C. De façon analogue, si C
·est assez grand, la fonction
'Pl (M) = co (No) 8 + +
Cw (M) (183)
~era une fonction supérieure. Comme w (No) = 0, il vient

<Pl (No) = co (No) - 8,


11-2-27. :eTUDE DES VALEURS FRONTUl:RES 347

et puisque CP1 (M) est continue dans B, on peut exhiber un Ô1 > 0


petit tel que dans ~Ôl l'on ait:
CP1 (M) ~ w (No) - 2e (M E ~Ôl).
Soit '1' (M) une fonction supérieure quelconque. Pour tous les points
M de B, on a 'P (M) ~ CP1 (M) et par suite de la dernière inégalité
il vient
'1' (M) ~ w (No) - 2e (M E ~Ôl).
La borne inférieure de '1' (M) doit également vérifier cette inégalité,
c'est-à-dire que
u (M) ~ w (No) - 2e (M E B et ~Ôl). (184)
De façon analogue, de (183) il s'ensuit
'1'1 (No) = w (No) + 8,
et, par conséquent, en vertu de la continuité de '1'1 (M) il existe un
petit 62 > 0 tel que dans ~ÔI' l'on ait
+
'Pl (M) ~ w (No) 28 (M E ~Ô2)'
et à fortiori
u (M) ~ w (No) +
28 (M E B et ~Ô2)' (185)
Soit ô = min{ô 1 , ô 2 }. D'après (184) et (185), on a
w (No) - 28 ~ u (M) ~ w (No) +
2e (M E B et ~ô). (186)
Le nombre 8 étant arbitrairement choisi, il s'ensuit que u (M) ~
~ w (No) lorsque M ~ No de l'intérieur du domaine, ce qui prouve
le théorème. Cette démonstration est valable dans le plan comme
dans l'espace. Si w (N) est continue sur l et si la condition 1 est rem-
plie pour chaque point No de l, alors la fonction u (M) est continue
dans B et est égale à w (N) sur l.
Dé fin i t i o:n. On dit qu'un point frontière No est régulier si
pour toute fonction w (N) continue sur l, la fonction u (M) ~ w
(No) lorsque M ~ No. Les points frontières ne jouissant pas de cette
propriété sont dits points frontières irréguliers.
Le théorème prouvé plus haut nous dit que la condition 1 est une
condition suffisante de régularité du point No.
Indiquons maintenant une condition suffisante simple de nature
géométrique pour qu'un point frontière soit régulier dans l'espace.
Supposons qu'un point frontière No jouit de la propriété suivante:
il existe une boule qui ne contient aucun point de B autre que No.
Soient Ml le centre de cette boule et R son rayon. Posons r = M 1M
et considérons la fonction
1 1
w(M)~---
R r •
348 CH. II. PROBU:MES AUX LIMITES

Cette fonction satisfait visiblement la condition 1 et de plus est


harmonique dans B.
Plaçons-nous maintenant dans le plan et supposons que la fron-
tière de B est composée d'un nombre fini de courbes fermées simples
d'équations x = x (t), y = y (t), où x(t) et y (t) sont des fonction~
de t périodiques continues (fig. 14). Supposons
tout d'abord que le point No se trouve sur le
contour extérieur lI. Plaçons l'origine des co-
ordonnées en z = 0 et choisissons l'échelle de
telle sorte que le domaine B contienne le dis-
que 1 z 1 < 1. Composons la fonction
o 1
Fig. 14 F(z)=--
ln z·
Lorsque z se déplace dans B il ne peut contourner l'origine et F (z)
est une fonction continue dans B et régulière dans B et de plus
F (0) = O.
En posant z = peï\P, on obtient pour la partie réelle de F (z)
l'expression
ln p
W (z) = - (ln p)2+cp2 ,

ln p < O. Cette fonction harmonique remplit toutes les conditions


ci-dessus.
En particulier, à l'extérieur de .~ 8 on a
InR
w (z) >- (ln e)2...1-",2'
l '1'0

où CPo est la plus grande valeur de cp dans Ë et R, la distance de l'ori-


gine au point de jj le plus éloigné de cette origine. ,
Supposons maintenant que No est situé sur le contour l2. Choisis~
sons à l'intérieur de l2 un point quelconque ex. et effectuons la trans-
forma tion conforme
, 1
z =--
z-a.·
Le contour l2 se transforme en un contour extérieur et l'on peut
construire une fonction w (M) pour le point considéré par la méthode
ci-dessus. En revenant à la variable z, on obtient la fonction cher-
chée. Donc, si 00 (N) est continue sur le contour l, alors u (M) le
sera à l'intérieur et sur l et sera égale à 00 (N) sur l.
Supposons maintenant que No est un point de discontinuité de
première espèce de 00 (N), autrement dit 00 (N) tend vers des limites
différentes selon que N -+ No le long du contour d'un côté ou de
l'autre. Désignons ces limites par 001 (No) et 00 2 (No) et supposons
que 00 1 (No) < 00 2 (No). En raisonnant comme plus haut, au lieu de
I1-2-27. ~TUDE DES VALEURS. FRONTI~RES 349

i _~

(187)
Si (ù (N) est une fonction bornée, c'est-à-dire vérifie les con-
ditions (177), alors on a vu qu'il en est de même de la fonction
u (M). Donc u (M) est une fonction harmonique bornée prenant les
valeurs frontières (ù (N) en tous les points de continuité de (ù (N).
Revenons maintenant à l'espace. On peut construire Une surface
relativement simple possédant des points irréguliers. Cette construc-
tion a été proposée par Lebesgue et ensuite, indépendamment de lui,
par P.S. Uryshon. Le problème des valeurs frontières est étudié
plus en détail dans un article de M. K el d Y c h (UMN, 1941, 8).
Citons encore un exemple dans le cas du plan. Soit B un disque
centré en l'origine des coordonnées et privé de son centre. L'ensemble l
des points frontières est constitué du cercle de ce disque et de son
centre. Supposons que (ù (N) = 0 sur le cercle et (ù (N) = 1 au centre.
Une telle fonction (ù (N) est continue sur l. La fonction harmonique
u (M) tend visiblement vers zéro lorsque M tend vers le cercle.
Montrons que u (M) ne peut tendre vers 1 lorsque M tend vers le
centre. S'il en était ainsi, u (M) serait harmonique dans le disque
au cas où elle serait égale à 1 au centre [I1-2-121. Or ceci contredit
le théorème de la valeur moyenne d'une fonction harmonique au
centre du disque. Donc, l'origine des coordonnées est un point fron-
tière irrégulier.
On démontre aisément que u (M) ==
0 dans le cas considéré. En
effet, u (M) est bornée et par suite converge lorsque M tend vers le
centre (I1-2-12] et si cette limite est égale à la valeur de u (M) au
centre, alors u (M) est partout harmonique dans le disque [II-2-12]
et nulle sur le cercle, c'est-à-dire que u (M) ==
O.
A noter qu'au lieu de la condition l, on aurait pu poser une con-
dition portant uniquement sur le voisinage du point No et montrer
en outre que cette nouvelle condition est identique à la condition 1.
Con dit ion II. Pour un voisinage ~" du point No, il existe
une fonction w" (M) continue sur ~'" superharmonique dans ~1l et telle
que w" (No) = 0 et w" (M) > 0 dans ~,,' {No}.
350 CH. II. PROBU;MES AUX LIMITES

On démontre que dans l'espace le point No vérifie la condition II


s'il est le sommet d'un cône circulaire dont les points assez proches
de No sont situés à l'extérieur de ff (sauf No). Donc, ces points sont
réguliers (cf. 1. P é t r 0 v ski, Leçons sur le.séquationsauxdérivée$
partielles, M., Fizmatguiz, 1961 (en russe)).
Dans la suite, sauf mention expresse du contraire, on admettra
que les contours ou les surfaces limitant les domaines étudiés ont
tous leurs points réguliers. Ce sera par exemple le cas des surfaces
de Liapounov. Pour ces dernières nous avons construit la solution
du problème de Dirichlet à l'aide de la théorie du potentiel et des
équations intégrales.
Si une fonction continue (ù (N) est définie sur la frontière et si
tous les points de cette dernière sont réguliers, alors la fonction
harmonique construite u (M) est continue à l'intérieur du domaine
et sur la frontière et prend sur cette dernière les valeurs (ù (N). On
sait que la fonction u (M) est unique. Si la frontière présente des
points irréguliers, alors la fonction harmonique u (M) est bornée à
l'intérieur du domaine et prend les valeurs (ù (N) en tous les points
frontières réguliers. On démontre qu'il n'existe qu'une seule fonction
possédant de telles propriétés. On peut trouver la démonstration
de cette proposition et d'autres faits intéressants, dont le critère
de régularité de Wiener, dans l'article déjà cité de M. Keldych.
11-2-28. Equation de Laplace dans un espace à n dimensions.
Jusqu'ici nous avons étudié l'équation de Laplace dans le plan et
dans l'espace.
Les résultats acquis se généralisent facilement à un espace à n
dimensions dans lequel l'équation prend la forme
n
.1u=2J ux.x.=O.
i=1 l t

Citons les principaux résultats concernant les solutions de cette


équation. Les fonctions qui possèdent des dérivées premières et
secondes continues et qui sont solutions de cette équation sont dites
harmoniques. La solution singulière fondamentale est de la forme

C
rn- 2
(n> 2),

la constante C étant égale à (n- ~) W ,où O>n est l'aire de la


n
sphère unité dans l'espace à n d'imensions, de sorte que la solu-
tion singulière fondamentale s'écrit
1
<Po (r) = (n-2) wn rn- 2 (n > 2).
II-2-29. FONCTION DE' GREEN DE L'OP~RATEUR DE LAPLACE 35~

Le volume Un d'une boule de rayon r à n dimensions s'exprim&


par la formule (tome II, [III-4-11])
n
(2n)2 n
Un = 2'
n (n- ) ..• 2
r pour n paIr,
n+ 1 n-l
_ - -2-
2 2 n n •.
Un = n(n-2) ... 1 r pour n ImpaIr,

ce qUI, on le vérifie sans peine, peut être mis sous la forme unI-
que

d'où, en dérivant par rapport à r et en posant r= 1,


2 (v~n)n

w
n
= r (~ ) .
Pour une fonction harmonique dans un domaine D limité par une'
surface S on a la formule (tome II, [VII-3-3])
u (M) = 1
s
( (j)o (r) :~ - u a~on(r) ) dS

(on n'écrira partout qu'un seul signe d'intégration). La quantité r-


est la distance du point variable d'intégration à M. Les propriétés.
fondamentales des fonctions harmoniques restent en vigueur, y
compris le théorème de la moyenne d'une fonction harmonique au
centre d'une boule et l'unicité de la solution du problème de Diri-
chlet.
La formule qui donne la solution du problème de Dirichlet pour-
une boule de rayon R est de la forme
u(M)=_1_r (N) (R2_ p2)dS (188),
CJJnRJf n ,
S (R2+ p2_2Rp cos 8)2

où p est la distance du centre 0 à M, N un point variable de la boule,.


e l'angle de ON et OMo
La méthode des fonctions supérieures et inférieures 'se généralise-
sans changement à un espace à n dimensions. La condition de régu-
larité des points frontières établie plus haut est valable aussi en,
dimension n.
11-2-29. Fonction de Green de l'opérateur de Laplace. Nous pou--
vons définir la fonction de Green pour une équation aux dérivées.
352 _: CH. II. PROB~MES AUX LIMI'l'ES"

partielles de la même manière que nous l'avons fait pour une équa-
tion différentielle ordinaire. Commençons par définir la fonction de
Green pour l'équation de Laplace dans l'espace avec l'une des con-
ditions aux limites homogènes suivantes:
u/s=o, (189)
au .
. ~+p (N) uls=O (p (N) >0). (190)

Nous pouvons construire la fonction de Green aussi bien pour un


domaîne fini Di intérieur à S que pour un domaine illimité De
extérieur à S. Commençons par le domaine Di. La fonction de Green
G (P; Q) doit être une fonction du couple de points (P ; Q). En tant
que fonction de P, la fonction G (P ; Q) doit, dans Di" {Q}, posséder
des dérivées premières et secondes continues et être harmonique,
et sur la frontière, satisfaire la condition aux limites. En tant que
fonction de P, elle doit par ailleurs présenter une singularité au
point Q correspondant à une charge (ou une masse) ponctuelle en Q.
En tenant compte du facteur 4n figurant dans la formule (tome II,
[VII-2-81)

il [) ) ) ~ ~M) dTMJ = - 4rqt (Mo) Mo ED, (r = MoM) , (191)


Di

on définit la fonction de Green pour les conditions (189) ou (190)


de la manière suivante:
D é fin i t ion. On appelle fonction de Green de l'opérateur de
Laplace, correspondant aux conditions aux limites (189) ou (190), une
fonctionG (P; Q) vérifiant comme fonction de P, à Q E Di fixe, les
conditions suivantes:
1) cette fonction est harmonique dans Di" {Q} ;
2) elle vérifie la condition aux limites (189) ou (190);
3) elle peut être mise sous la forme
1 +g(P,• Q),
G(P; Q)=G(x, y, z; ~,11, ~)= 4nr (192)

où r = PQ et g (P ; Q) est une fonction partout harmonique dans D i'


Construire la fonction de Green revient à en trouver la partie
régulière g (P ; Q). Les conditions aux limites (189)~et (190) deviennent
respectivement pour la fonction g (P; Q):
1
g (N: Q) = - - 4
nr
,!'l ES, (r= NQ); (193)

ai. ]
C1g (~n; Q)L + p (N) g (N ; Q) = - 4~ [ a~ + p ~N) , NES. (194)

"~
II-2-29. FONCTION DE GREEN DE L'OP~RATEUR DE LAPLACE 353

Donc, la construction de la fonction de Green se ramène à la réso-


lution des problèmes de Dirichlet et mixte pour l'équation de Laplace
et l'on peut admettre comme acquise l'existence de la fonction de
Green si S est une surface de Liapounov. .
Dans le cas du domaine De' il faut inclure dans la définition de
la fonction de Green la condition de régularité à l'infini, c'est-à-dire
que G (P ; Q) à Q fixe situé à une distance finie, doit tendre vers 0
lorsque P ~ 00.
Soit Di un domaine borné de frontière S. Le problème de Diri-
chlet admet dans Di une solution distributionnelle vérifiant la
condition aux limites (193). La formule (192) définit la distribution
de Green pour le domaine Di avec la condition aux limites (189).
Si No est un point frontière régulier, alors G (P ; Q) ~ 0 pour P ~
~ No. On peut prouver la réciproque, savoir que si G (P; Q) ~ 0
pour P~No' alors No est un point frontière régulier.
Dans le plan, la fonction de Green se définit de façon analogue,
sauf qu'il faut remplacer la formule (192) par
1 1
G (P; Q) = -2
n
ln -r + g (P ; Q) . (195)

Les formules (192) et (195) nous disent que G (P; Q) = 00 pour


P == Q et G (P ; Q) > 0 pour les P assez proches de Q. Le point Q
s'appelle pôle de la- fonction de Green. On étudiera la fonction de
Green uniquement pour la condition aux limites (189). Montrons que
G (P ; Q) est une fonction continue des points P et Q dans Di, pourvu
gue ces points ne soient pas confondus. En vertu ~e (192), on peut
affirmer que la démonstration de la continuité de G (P; Q) peut être
ramenée à celle de la continuité de g (P; Q). Estimons la différence
g (P' ; Qf) _ g (P"; Q") ; en ajoutant et en retranchant g (P' ; QIf),
on obtient
1g (P'; Q') - g (P"; Q") 1~

< 1 g (P'; Qf) _ g (P'; Q") 1 + 1 g (P' ; Q") - g (P"; Q") 1.


La différence g (P' ; Q") - g (P"; Q") est la différence des valeurs
de g (P ; Q") aux points P' et P" et cette différence tend visiblement
vers 0 lorsque P" ~ P'. La différence g (P' ; Qf) - g (P' ; Q") est
la valeur en P' de la fonction harme)ilique g (P; Q') - g (P; Q")
1
qui prend les valeurs frontières -4 n
(~-~)
r r
sur S,. où r' et r"
sont les· distances du point variable NES aux points Q' et Q".
Si Q" est assez proche de Q', alors la: valeur absolue de la diffé-
rence (+- ;,,) est aussi petite que l'on veut lorsque N varie
sur S. Or la fonction harmon~gue g (P; Q') - g (P; Q") prend sa
valeur minimale et sa valeur maximale sur la frontière S et l'on
23-01017
354 CH. II. PROBL:E:MES AUX LIMITES

peut affirmer que g (P' ; Q') - g (P' ; Q") ~ 0 pour Q" ~ Q'. Ceci
prouve la continuité de la fonction g (P; Q), donc de G (P ; Q).
La fonction G (P; Q) est strictement positive au voisinage du
point Q et nulle sur S, donc elle est strictement positive dans le
domaine Di. Ce raisonnement est valable dans l'espace pour le
domaine De. Etablissons une inégalité simple pour G (P; Q). La
fonction g (P ; Q) prend les valeurs strictement négatives (193) sur S.
Donc, g (P; Q) < 0 dans Di et par suite
1
0< G (P; Q) < 4nr dans D, (r= PQ). (196)

On obtient une estimation analogue pour De.


Plaçons-nous maintenant dans le plan. Soit d le diamètre
d'un domaine fini B du plan, c'est-à-dire la borne supérieure des
distances des couples de points de B. La fonction harmonique
g (P ; Q) + 2~ ln ~ prEnd sur l lES valeurs 2~ ln ~ qui sont stric-
tement négatives quelle que soit la pcsition du pôle dans B.
1 1. 1 1
Donc, g (P; Q) +:Et ln ëf< 0, 1. e. g (P; Q) < - 2n ln d dans B.
Ce qui nous donne
1 1 1 1
G (P ; Q) < "7)
""n ln -r - -2
n ln -d '
c'est-à-dire
0< G (P; Q) < a ln ~ +b (dans B), (197)

où a et b sont des constantes. Les doubles inégalités (196) et (197)


nous donnent des encadrements de la fonction de Green qui dépen-
dent de la distance r des points P et Q.
11-2-30. Propriétés de la fonction de Green. Considérons la fonc-
tion de Green dans Dien désignant comme plus haut par r la dis-
tance du point courant au point Q E Di. Définissons la fonction
g (P; Q), PEDit
v (P) = { 1 (198)
- 4nr ' PED e-

Cette fonction est harmonique dans Di et De et nulle à l'infini. Dans


De elle possède des dérivées de tout ordre continues dans De U S.
On peut traiter v (P) comme la solution dans De du problème de
Neumann qui prend les valeurs frontières
f (M)= -
1
418 :n (~), MES, (199)
II-2-S0. PROPRI~T~S DE LA FONCTION DE GREEN 355

et représenter de la sorte v (P) comme un potentiel de simple couche


de densité continue:
v(P)= ) ) ~;:V) dS (r'=NP). (200)
s
Ce potentiel est égal à - 4....!-
nr
sur S, où r = MQ, autrement dit, il
prend les mêmes valeurs que g (M; Q). De là il résulte que la formule
(200) est valable dans l'espace tout entier, c'est-à-dire que

g (P ; Q) = ) ) ~ ~~V) dS (P EDt), (201)


s
et par suite g (P ; Q) possède dans Dt des dérivées normales régulières
sur S. On peut de toute évidence en dire autant de la fonction
G (P; Q).
1
Signalons à propos de la condition aux limites (199) que la fonction
T
possède, quel que soit Q E Di' des dérivées de tout ordre non seulement sur S
mais dans un voisinage de S. Sur S le second membre de (199) vérifie la con-
dition de Lipschitz
1 f (N 2 )1 - f (NI) 1 ~ arl.2 (rl,2 = N I N 2 ),
et l'on peut affirmer que Il (N) vérifie la condition de Lipschitz [11-2-5] et par
suite G (P; Q) possède des dérivées premières continues dans Dt [11-2-7].
Prouvons maintenant que la fonction de Green est symétrique,
c'est-à-dire que
G (P; Q) = G (Q; P). (202)
A noter qu'on vient de démontrer que G (P; Q) possède des dérivées
normales régulières sur S. Par ailleurs elle possède des dérivées
continues dans Dt' {Q}. Appliquons maintenant la formule

) ) ) (u L\v-v L\u) dT= JJ(u :: -v :: ) dS


Di B'
aux fonctions u = G (P; QI) et v = G (P; Q2)' le domaine d'inté-
gration Di étant constitué de Dt privé de deux sphères SI et S2
de centres QI et Q2 et de rayon e petit. L'application de cette formule
est licite d'après ce qui a été dit plus haut. L'intégrale triple étendue
à Di est nulle, puisque la fonction de Green est harmonique en dehors
des pôles. L'intégrale étendue à S est nulle en vertu de la condition
aux limites (peu importe laquelle), donc

] dS=O.

23·
356 Cff. II. PROBL:ElMES AUX LIMITES

Au point Q2' la fonction G (P; QI) ne présente aucune singularité,


quant à la fonction G (P; Q2)' elle tend vers l'infini comme..!.. Le
°
r
produit de .!- par l'aire 4ne 2 de la sphère tendant vers avec e,
B
on voit que les seuls termes de la formule à ne pas tendre vers
avec e sont ceux qui contiennent la dérivée normale de G (P; Qi),
°
i = 1, ~, au voisinage du point où G = +00. Ces termes seront au
nombre de deux, et, en les explicitant, on obtient la somme
a_1_ a _1_
4~ ~ ~ G (P ; QI)
~J
'a: dS - 4~ ~ ~ G (P; Q2)
SI
a:'· dS + 11 = 0,
où 11 -+ 0 avec e, r~ = PQ1' r 2 = PQ2' La formule de Green fait in-
tervenir la 'normale extérieure, donc dans les dernières formules la
normale doit être orientée vers l'intérieur des sphères, c'est-à-dire
dans le sens contraire aux rayons et l'on a
'--'-' ' ; j

4~B2 )l Œ
S2
(P; QI) dS - 4~82 ~ ~ G (P;
SI
Q2) dS + 11 = O.

En appliquant le-théorè:r;ne de la moyenne à ·ces intégrales, on peut


écrire
, G (P 2; QI) - G (Pl; Q2) 11 = 0, +
OÙP2 est un point de S2 et P1~ un point de SI' En passant à la limite
pour e -+ 0, on trouve
G (Q2; QI) = G (QI; Q2)'
ce qui prouve' que la fonction de Green est symétrique. Il s'ensuit
de cette égalité que g (P; Q) est continue en (P, Q) dans Di X Di
à l'exception de l'ensemble où; P = Q E S.
Dans le cas d'une boule, la fonction de Green s'écrit (tome II,
[VII-3-7l)

. , Q)=-
G(P' 4n -
R )
r -pr!'
- 1 (1 (203)

où p est la distance de Q au' centre, rI' la distance de P à Q', symé-


trique de Q par rapport à la sphère, R, le rayon de la boule. En
désignant par (x, y, z) et (6, 11, ~) les coordonnées de P et Q, on peut
écrire
11-2-31. FONCTION DE GREEN DANS LE PLAN 357

En dérivant (203) par rapport à x par exemple, et comme

1x - ~:ç 1
-'--...:....---:.. ~ 1,
rI
on trouve
aG(p;
ax
Q)I~_1
~ 4n
(_1
r
+~)
pri·
2
l

Les points P et Q étant intérieurs à la sphère, rI> r et G (P; Q) >


> 0, on obtient
aG(p; Q) 1~_1_
(204)
1 ax ~ 2nr 2 •

On a des majorations analogues pour les autres dérivées partielles.


Supposons que u (M) est la solution du problème intérieur de
Dirichlet pour un domaine Di de frontière S avec les conditions aux
limites f (N). Si l'on sait que u (M) possède une dérivée normale
régulière, alors on peut appliquer la formule (91) en posant v =
= g (P; Q). On obtient alors (tome II, [VII-3-7l)
u (Q) = - ) ) f (N) aG (:n; Q) dS N. (205)
S

A. Lia pou nov a prouvé que cette formule donne la solution


du problème de Dirichlet pour toute fonction continue f (N) de la
condition aux limites. On lui doit également la première démons-
tration rigoureuse de la symétrie de la fonction de Green. Ces résul-
tats et d'autres portant sur la théorie du potentiel abordée plus haut
se trouvent dans son travail Sur quelques questions liées au problème
de Dirichlet, 1898 (en russe).
11-2-31. Fonction de Green dans le plan. L'étude de la fonction
de Green dans le plan diffère sur quelques points de celle effectuée
dans l'espace. On envisagera la fonction de Green pour un domaine
borné Bide contour l avec la condition aux limites (189) sur l.
Définissons comme dans (11-2-30] la fonction v (P) dans le plan:

g (P; Q) à l'intérieur de l,
v (P) =
{
__1_ ln 1- à l'extérieur de l.
(206)
2n r

Construisons comme au [II-2-30] le votentiel de=simple couche=


VI (P) = ~ ~ (S) ln
1
+- ds, (207)
358 CH.. Ii. PROB~MES AUX LIMITES

où r' = PN, N étant un point variable de l. La dérivée normale


( ÔV~~P) ) e prend sur l les valeurs

f (M) = -- 2~ :n ln ~ = - cos2~; n), MEL, (208)


-+
où r est de même sens que MQ, et n, la normale extérieure à l
en M. Composons maintenant la fonction
w (P) = ) JI (s) ln ~ ds + 2~ ln ~ (r = PQ, Q est intérieur à l)
l
(209)
harmonique dans Be et telle que ô~<;) = 0 sur l. Traçons à l'inté-
rieur de Be une ligne fermée l' entourant l et appliquons la for-
mule de Green pour u = w (P) et v = 1 au domaine limité par l et
l'. On obtient
)Ô~~P) ds- )Ô~~P)ds=O,
l l'
n étant dans les deux cas la normale extérieure au contour fermé.
De là il s'ensuit
rôw (P) ds= 0 (210)
J ôn
l'

puisque ÔW CP)
Ôn
= 0 sur- l . Or
Ô1D~CP) = r (S) cos (r', n) ds + cos (r, n)
ôn J JI r' 2nr '
l
--+ --+
où r' est de même sens que PN, r, de même sens que PQ. En inté-
grant le long de l', en changeant l'ordre d'intégration (tome IV 11
[1-16]) et puisque les points Q et N sont intérieurs à l', on trouve,
en vertu de (83),
2n ) 1-1 (s) ds +1= O.
l
On peut maintenant mettre (209) sous la forme
w(P)= ~J-L(s)ln+ds (r=PQ; r'=PN, NEl). (211)
1
Lorsque le point P ~ 00, le rapport r/r' tend uniformément vers 1,
c'est-à-dire que pour tout E > 0 donné on peut exhiber un nombre
M > 0 tel que li - r/r' 1~ E pour tout N de l si seulement r > M.
11-2-31. FONCTION DE GREEN DANS LE PLAN 359

Donc, la fonCtion (211) est harmonique dans Be' possède sur lune
dérivée normale régulière nulle et tend vers 0 lorsque P -+ 00. Cette
fonction est justiciable de la formule

d'où il s'ensuit que w (P) = 0 dans Be, c'est-à-dire que


r 1
J II (s) ln --;:' ds = -
1
2n ln r1 dans Be.
1

De là il résulte aussitôt comme dans (I1-2-301 que le potentiel de


simple couche (207) est confondu avec la fonction v (P) définie par
(206) sur le plan tout entier et l'on peut affirmer que g (P ; Q) possède
sur l une dérivée normale régulière. Par ailleurs, comme dans
[11-2-30] on peut affirmer que g (P; Q) possède dans Bides dérivées
premières continues dans Bi. On démontre que G (P; Q) est symé-
trique exactement comme dans [II-2-301. Pour un disque de rayon R
la fonction de Green s'écrit
G (P ; Q) = 2~ ln ';; , (212)

les notations étant les mêmes que dans [II-2-30l. Ceci nous conduit
aux majorations suivantes:
ôG (P; 0) 1:::;:=_1_. ÔG (P; Q) 1:::;:=_1_ (213)
1 ôx ~ nr ' I
ôy ~ nr •

La solution du problème de Dirichlet dans Bi est justiciable d'une


formule identique à (205).
La fonction de Green de l'opérateur de Laplace pour un domaine
simplement connexe plan avec la condition aux limites (189) est
étroitement liée avec une fonction réalisant une transformation con-
forme du domaine considéré en le disque 1 w 1 < 1 (tome II1 2 ,
[11-7]). Soient B un domaine simplement connexe de contour l et
Zo = S + l'li, un point intérieur à B. Supposons par ailleurs que
w = f (z) est une fonction réalisant une transformation conforme de B
sur le disque unité, et de plus f (zo) = 0, c'est-à-dire que l'image de
Zo est le centre du disque. Si le contour l remplit certaines conditions
de régularité, alors la fonction f (z) est continue sur le disque 1 z 1 ~ 1
et transforme le cercle 1 z 1 = 1 en l.
La transformation étant injective, f (z) possède une raCIne
simple en z = Zo:
f (z) = (z - zo) [a o + al (z - zo) + ... J (a o =1= 0). (214)
360 CH. II. PROBL:E:MES AUX LIMITES

Formons la fonction
1
G (x, y ; ~, '1'1) = - 2n ln 11(z) 1· (215)

On vérifie immédiatement que cette fonction est la fonction de Green


pour le domaine B avec un pôle en (~, '1'1). En effet, ln 1 1 (z) 1 est
la partie réelle de ln 1 (z), donc est une fonction harmonique. En
vertu de (214), la partie infinie de la fonction (215) sera égale à
1 ln 1 1 1 au point (~, '1'1) et enfin le contour l de B se trans-
2n Z-Zo
forme en le cercle unité, autrement dit Il (z) 1 = 1 sur l, et la fonction
(215) est nulle.
Soit H (x, y; ~, '1'1) la fonction conjuguée harmonique de (215).
On a
G -t- il! = - 2~ ln 1 (z) , (216)

et par suite l'on peut exprimer 1 (z) en fonction de G et de H:


f (z) = e- 2Jt(G+Hi).
La fonction H est définie à un terme additif constant près, donc
au second membre de la dernière formule on aura un facteur constant
arbitraire de module 1 qui correspond à une rotation arbitraire du
disque 1 w 1 < 1 autour de l'origine.
Supposons que le contour l du domaine B est doué de la propriété suivante.
L'angle 8 (s) formé par la tangente à l avec une direction quelconque fixe vérifie,
comme fonction de la longueur d'arc s, la condition de LipEchitz
(217)
où b > 0 et ~ > 0 wnt des constantes. On prouve que dans cette condition la
dérivée f' (z) est continue dans B et il existe des constantes m > 0 et .M > 0
telles que
m~ 1 f' (z) 1~ M. (218)
Ces constantes dépendent évidemment du choix du point Zo qui se transforme en
l'origine des coordonnées dans le plan de la variable w. Fixons le point Zo et
construisons maintenant une transformation conforme de B sur le disque 1 w 1 <
< 1, telle que l'antécédent de l'origine soit un point z' intérieur à B. Pour cela,
il faut effectuer d'abord une transformation conforme w = f (z) et ensuite appli-
quer le disque 1 w 1 ~ 1 sur lui-même de telle sorte que l'image du point f (z')
soit l'origine des coordonnées. Cette application est une application homogra-
phique et en écartant le facteur constant de module 1, on obtient en définitive

-2nG(z· z')=Re [ln


t
f(z)-f(z')
1-f(z)f(z')
J,
où Re désigne comme toujours la partie réelle et G (z, z'), la fonction de Green
pour le domaine B de pôle en z'. En dérivant par rapport à x, où-x est une direc-
11-2-32. EXEMPLES 361

tion quelconque, on trouve


-2n iJG (z; z') = Re [
iJx
l'
(z)
f(z)-f(z')
+ W'J f' (z)
1-f(z)f(z')
J=

2
_ Re { f' (z) [1-lf (z') 1 ] }
- [f (z)- f (z')] [1- f (z) f (z')] ,
ou, si l'on remplace la partie réelle par le module
2n/ iJG~; z') I~
2
II'(z)II1-If(z')1 1 ,
x If(z)-f(z')II1-f(z)f(z')1
et si l'on tient compte du fait que If (z)1 < 1 et If (z')1 < 1, on trouve
iJG (z; z') 1 If' (z)1 11-lf(z')1 2 1 211' (z)1
2n 1 iJx < If (z)-f(z') 1 (1-If(z')I) < If(z)-f(z')I· (218 1 )
Soit z = cp (w) la fonction réciproque de w = f (z). Cette fonction est définie
sur le disque 1 w 1 ~ 1. De (218), il s'ensuit que 1 cp' (w) 1 ~ 1/m et l'on obtient
w'
1<P(W)-CP(W')I=/ I CP'('t)d'tl~ ~
w
IW-lV'l,

l'intégration pouvant être effectuée le long d'un segment de droite. La dernière


inégalité entraîne 1 f (z) - f (z') 1 ~ m 1 z - z' 1 et grâce à (2181), on a, compte
tenu de la dernière inégalité,
fiG (z; z') 1
~
2M
- -M- (219}
1 ox --=:: 2nm 1z - z' 1 - nmr '
où r est la distance de z à z'. Donc, sous l'hypothèse imposée au contour l, on
obtient une majoration de la dérivée de la fonction de Green suivant une direc-
tion quelconque qui ne dépend que de r.
Si le domaine B est multiplement connexe et chacun de ses contours fermés,
vérifie la condition ci-dessus, alors on peut dans ce cas aussi établir une majo-
ration de la forme (219). La démonstration de la majoration (219) pour un
domaine simplement connexe et celle pour un domaine multiplement connexe,
que j'ai omise ici, m'ont été communiquées par G. Golouzine.
11-2-32. Exemples. Voyons maintenant quelques exemples de construction
de la fonction de Green. Commençons par le cas du disque 1 z 1 < 1. Au (tome
111 2 , [11-3]) on a trouvé une fonction appliquant ce disque sur lui-même et telle
que l'image d'un point a = 6 + t']i intérieur au disque soit l'origine. Cette fonc-
tion est de la forme
ei1jJ z-a
w=--:-· , ,
a z-a
où èi est le conjugué complexe de a, a', le point symétrique à a par rapport au
cercle, c'est-à-dire que a' = ëi-l • En désignant par rI et r2 les distances du point
variable z' aux points a et a', on obtient immédiatement l'expression suivante-
de la fonction de Green pour le disque:

G (z; a)= - - ln
1 1-=-0
ei1jJ z- a i r
, =---11l-1 + -1l n 1/62 +t']2.
2n a z- a 2n r2 2n
Supposons maintenant que le domaine B est un rectangle de sommets (0, 0),
ül l = 2a et ül 2 = 2bi et construisons la fonction de
(0, a), (a, b), (0, b). Posons
362 CH. II. PROBL:ElMES AUX LIMITES

Weierstrass cr (Z; (01' (02). On a vu que la fonction qui applique le rectangle B


+
:sur le disque unité de telle sorte que le point z = 6 i'll ait l'origine pour image,
~st de la forme (tome 1II 2 , [VI-4-25])

f()= i'!Jcr (z-ç-it"j) cr (z+ç+iT))


z e cr(z-ç+iT)cr(z+ç-iT).
Donc, la fonction de Green pour le rectangle s'écrit:
G (z; a) = __1_ ln / cr (z-ç- iT) cr (z+ ~+ iT)) 1
2n cr (z- ç+ iT)) cr (z+ ç- iT) •
La théorie des fonctions d'une variable complexe peut être appliquée à
la construction des fonctions de Green pour un domaine multiplement connexe
avec une condition aux limites (189) sur l. Soit par exemple B un domaine double-
ment connexe limité extérieurement par un contour II et intérieurement par l2
et soit G (z; a), la fonction de Green pour ce domaine. Construisons la fonction
H (z; a) conjuguée harmonique de G (z; a) et la fonction de la variable complexe
'<p (z) = G (z; a) +H (z; a) i. Au point z = a qui est un pôle de la fonction de
Green, la fonction cp (z) présentera une singularité logarithmique, plus exacte-
ment, au voisinage de ce point, cp (z) peut être représentée par la somme de
- 2~ ln (z - a) et d'un terme régulier en ce point. Lorsque le point z parcourt
une fois le contour l2' la fonction cp (z) augmente d'un terme imaginaire pur yi
et la fonction f (z) = e- 2JlqJ (Z) sera multipliée par le facteur e2Jl î'i de module égal
à l'unité. Par ailleurs, la fonction f (z) présentera une racine simple en z = a
~t son module sera égal à l'unité sur les contours II et l2' puisque la fonction de
Green G (z; a) est nulle sur ces contours. La construction de la fonction de Green
se ramène donc à celle d'une fonction analytique f (z) dont le module est univa-
lent à l'intérieur du domaine multiplement connexe B et égal à l'unité sur le
-contour du domaine et dont le point z = a est l'unique racine simple.
Considérons à titre d'exemple le cas d'une couronne circulaire dont le centre
est l'origine des coordonnées et les rayons égaux à h -1/2 et h 1/ 2 , où 0 < h < 1.
On peut toujours se ramener à ce cas par une similitude convenablement choisie.
Effectuons la substitution z = e inv et considérons en plus de h le nombre imagi-
naire pur 't = ci (c > 0) défini par la formule h = eTt'Ci. L'image de la couronne
dans le plan de la variable v est une bande limitée par les droites y = +c/2,
parallèles à l'axe réel et par deux droites parallèles à l'axe imaginaire et distan-
tes de 2 unités.
La fonction f (z), comme fonction de v, doit être analytique sur la bande
indiquée. Le passage de v à v +
2 revient à effectuer un tour complet autour de
l'origine à l'intérieur de la couronne, ce qui a pour effet de multiplier la fonction
f (z) par un facteur de module égal à l'unité. Sur les frontières y = +c/2 de la
bande, on doit avoir 1 f (z) 1 = 1 et si z = a est un pôle de la fonction de Green
,dans le plan de la variable z, alors la fonction f (z), comme fonction de v, doit
présenter des racines simples aux points ~ définis par a = eJl /3i. La fonction
f (z) n'admet pas de zéros autres que ces points dans la bande. On peut toujours
admettre que a est un réel strictement positif, quitte à effectuer une rotation de
la couronne autour de l'origine. On vérifie immédiatement que la fonction
ln ex
f (z) = z ""i'ilii"" =e
11:/3
--Vt
't
.
Ô1 (i-{-)
Ô o( ~ +~ )

remplit toutes les conditions exigées ci-dessus. Dans cette formule {t~ (v) et
Ô 1 (v) sont les fonctions définies au (tome III 2 , [VI-4-13]) et ~ désigne, pour fixer
les idées, la racine imaginaire pure de l'équation a = e"'/3i. Pour vérifier toutes
II-2-33. FONCTION DE GREEN ET ~QUATION AVEC SECOND MEMBRE 363

les propriétés de la fonction f (z) il nous faut utiliser les tables (109) et (110) du
(tome 111 2 , [VI-4-14]) et le fait que pour les h réels, les fonctions {th (v) prennent
des valeurs conjuguées complexes lorsque v prend des valeurs conjuguées com-
plexes. Une fois en possession de la fonction f (z), on détermine la fonction de
Green à partir de la formule:
1
G (z; ex) = - 2n ln 1f (z) 1.

11-2-33. Fonction de Green et équation avec second membre. Con-


sidérons l'équation avec second membre
!1u (P) = -cp (P) (220)
dans un domaine Di limité par une surface S. Supposons que cp (P)
est continue dans Di et possède dans Di des dérivées premières con-
tinues. On cherche une solution de (220) continue dans Di et vérifiant
la condition aux limites
u Is= O. (221)
Cette solution est unique. Ceci résulte immédiatement du fait que la
différence de deux solutions de l'équation (220) vérifiant la con-
dition (221) est une fonction harmonique vérifiant la condition
(221), c'est-à-dire est une fonction identiquement nulle. Montrons
que la solution cherchée est de la forme
u (P) = i )) G (P; Q) cp (Q) dTQ, (222)
Di
ou encore
u (x, y, z) = ) )
Di
i G (x, Y, z; s, 'rJ. ~) cp (6, 'rJ, ~) d~ d'rJ d~. (223)

En vertu de (192), on a
u (P) = 4~ ) )
Di
icp (Q) + dT+ ) )
Di
i g (P; Q) cp (Q) dT. (224)

Le premier terme possède des dérivées premières et secondes con-


tinues dansD i et l'opérateur de Laplace de ce terme est égal à [-cp (P)]
(tome II, VII-3-10l). Montrons que le second terme peut être dérivé
sous le signe d'intégration autant de fois qu'on le veut par rapport
aux coordonnées (x, y, z) du point P. De là il s'ensuivra que c'est une
fonction harmonique dans Dit puisque g (P ; Q) est une fonction har-
monique de P. Faisons d'abord une remarque. Supposons que les
valeurs frontières f (N; a) de la fonction harmonique u (P; a) dé-
pendent d'un paramètre a. La fonction harmonique u (P; a) dé-
pendra alors de a. Si f (N; a) -+ f (N; ao) uniformément sur S pour
a ~ ao, alors u (P; a) ~ u (P; ao) uniformément dans le domaine
fermé Di [II-2-fOl.
364 Cff. II. PROBL1l:MES AUX LIMITES

Etant symétrique, la fonction g (P; Q) est une fonction har-


monique de Q (s, 11, ~) [1I-2-29] prenant les valeurs frontières
-4~ro' où ro=V(x-~0)2+(Y-110)2+(z-~0)2,QO(SO, 11°, ~O)ES.
On admet que P EDi'
La fonction
g (x+ ~x, y, z; ç, 11, ~) - g (x, y, z; ~, 11, ~)
(225)
~x

est une fonction harmonique du point (s, 11, ~) prenant sur S les
valeurs

-=4-n1-:-~x- [1/(X+~X-~O)2+tY-110)2+(Z-~O)2-
- -Y(X_~O)2+(Y~110)2+(Z_~O)2 J.

Lorsque ô'x -+ 0, ces valeurs tendent uniformément sur S vers


1 f) 1·
- 4n f)x (-;:0) (226)

et de là il s'ensuit immédiatement que le rapport (225) tend uniformé-


ment en (6, 11, ~) E Divers une fonction harmonique du point (S, 11, ~)
prenant les valeurs (226) sur S. Ces raisonnements sont valables
pour les dérivées de tout ordre. Donc, la fonction g (P ; Q) possède
des dérivées continues de tout ordre par rapport aux coordonnées du
point P lorsque P E Di et Q E Di' De là il s'ensuit aussitôt que la
dérivation du second terme de la formule (224) par rapport à (x, y, z)
est licite sous le signe d'intégration.
Il reste à prouver que la fonction u (M) définie par (222) vérifie
la condition aux limites (221). Ceci résulte en fait de ce que G (P ; Q)
satisfait cette condition comme fonction de P. La faille d'un tel
raisonnement réside dans le fait que lors de l'intégration le point Q
peut être aussi proche que l'on veut de S, alors que le point P doit
tendre vers S en vertu de la condition (221). Le comportement de la
fonction G (P; Q) n'est pas clair dans cette situation.
Prouvons rigoureusement que la fonction (222) vérifie la con-
dition (221) en tout point No E S. Désignons par Di la partie du
domaine Di extérieure à une sphère Sd1 (No) de centre No et de rayon
dl et par Di, la partie de Di, intérieure à cette sphère. Si est donné
un nombre E > 0, alors en tenant compte de l'encadrement (196)
on peut prendre dl assez petit pour que l'intégrale de la formule (222)
étendue à Di soit < ~ en valeur absolue pour tout point P intérieur
à la sphère Sd1 (No). Lors de l'intégration sur Di, le point Q appartient
à Di et le point P est supposé se trouver dans un petit voisinage du
point No, par exemple, dans une sphère Sd 1/2 (No). Dans .
ces con-
II-2-33. FONCTION DE GREEN ET ~QUATION AVEC SECOND MEMBRE 365

ditions, PQ > ~l et de [II-2-291 il s'ensuit que G (P; Q) est une


fonction continue de (P; Q).
Donc, dans l'intégrale étendue à Di on peut passer à la limite
par rapport à P lorsque P -+- No et cette limite est nulle, car G (P ; Q)
satisfait la condition (221). Par conséquent, l'intégrale étendue à
Di sera < ~ en module si P est assez proche de No et par suite l'in-
tégrale de la formule (222) sera <8 en valeur absolue. Comme 8 est
arbitraire, il s'ensuit que cette intégrale vérifie la condition (221).
Nous venons ainsi de prouver que la formule (222) donne bien la
solution de l'équation (220) qui vérifie la condition (221).
Rem a r que 1. Lors de la démonstration de l'existence des
dérivées secondes continues du potentiel de volume et de la formule
de Poisson, il suffit de supposer que sa densité dansD i vérifie la con-
dition de Lipschitz au lieu de supposer l'existence de dérivées pre-
mières continues (voir par exemple N. G u n ter, Théorie du poten-
tiel ... , Paris, 1934). Donc, l'assertion que la formule (222) donne la
solution du problème (220) vérifiant la condition (221) est valable
si cp (P) satisfait à la condition de Lipschitz
1 cp (P 2 ) - cp (Pl) 1 ~ br~.2 (rl • 2 = P I P 2 ). (227)
Si cp (P) est seulement continue dans le dom,aine Di, alors on ne
peut affirmer que le premier terme du second membre de la formule
(224) possède des dérivées premières et secondes continues et vérifie
l'équation (220). Mais la démonstration du fait que le second membre
de cette formule est une fonction harmonique dans Di et que la
fonction u (M) définie par (222) vérifie la condition (221) reste en
vigueur.
En tenant compte du fait que le potentiel de volume de densité
continue est une solution distributionnelle de l'équation (220)
[1-2-331, on peut affirmer que si cp (P) est continue dans D~, la formule
(222) nous donne la solution distributionnelle de l'équation (220)
qui vérifie la condition (221).
Montrons que cette solution est unique. Supposons que l'équation
(220) admet deux solutions distributionnelles continues u i (M) et
u 2 (M) vérifiant la condition (221). On a
) ) ) UI da dT = - ) ) ) cpa dT ;
D.l D.l

) ) ) U2 da dT = - S) ) cpa dT,
D.l D.l

où a est une fonction quelconque possédant des dérivées premières


et secondes continues dans D h nulle au voisinage de S. En retranchant
366 CH. II. PROBIJ;:MES AUX LIMITES

membre à membre, on obtient

) ) ) (U 2 - u1 ) da d't' = 0,
Di

d'où il s'ensuit que U 2 - Ul est une fonction harmonique dans Di


[1-2-33]. La fonction U 2 - Ul étant continue dans Di et nulle sur S,
il s'ensuit que u 1 == U 2 dans Di'
Donc, la formule (222) nous donne l'unique solution distribution-
nelle de l'équation (220) avec la condition (221) quelle que soit la
fonction continue cp (P). Cette solution possède des dérivées pre-
mières continues dans Di (tome II, [VII-3-9l).
Rem a r que 2. Soit donnée une fonction U (P) continue dans
D if vérifiant la condition (221) et possédant des dérivées premières
et secondes continues dans Di, telles que l'opérateur de Laplace
du (P) soit continu dans Di. En portant cette fonction dans le
premier membre de l'équation (220), on obtient une fonction cp (P)
continue dans Di' La fonction U (P) est visiblement une solution
ordinaire et distributionnelle de l'équation (220) vérifiant la con-
dition (221), donc elle doit s'exprimer au moyen de cp (P) par la for-
mule (222).
Tout ce qui vient d'être dit est valable en dimension deux, c'est-à-
dire pour le cas où l'équation (220) est la forme
du (x, y) = -cp (x, y). (228)
Dans un domaine B de contour l, la solution de cette équation qui
vérifie la condition aux limites
U Il = 0, (229)
est donnée par la formule

U (x, y) = ) ) G (x, y; St 11) cp (s, 11) dsd'Y]. (230)


B

II-2-34. Valeurs et fonctions propres. La propriété fondamentale


de la fonction de Green qui a été démontrée pour l'équation (220)
est à la base de l'application de cette fonction à la résolution du
problème aux limites pour l'équation
dv + Âv = ° (à l'intérieur de Di)' (231)
avec la condition aux limites
v lB = 0, (232)
problème qui apparaît lors de la résolution de l'équation de la chaleur
ou de l'équation des ondes qui seront abordées plus loin.
II-2-34. VALEURS ET FONCTIONS PROPRES 367

En portant Âv au second membre, on démontre comme dans


[II-1-2] que le problème (231), (232) est équivalent à la résolution
de l'équation intégrale

v (P) = Â III G (P; Q) v (Q) dL (233)


Di

à noyau symétrique. Le noyau de cette équation devient infini lors-


que P ==.Q mais il est justiciable de la théorie du (tome IV!, [1-17l)~
car en vertu de (196), sa polarité est de l'ordre de 1 r
G (P; Q) = K (P; Q) , (234)
r

où K (P; Q) est une fonction bornée.


Mettons l'équation (233) sous la forme

V(P)=4: IIiv(Q)+dL+ÂiiIg(p; Q)v(Q) dL (r=PQ).


D, Di
(?35)
Si v (P) est une solution continue de cette équation, alors le premier
terme du second membre possède en tant que potentiel de masses:
distribuées sur Di avec une densité continue, des dérivées premières
continues dans D il et le second terme, des dérivées de tout ordre
continues dans Di comme nous l'avons vu plus haut; donc v (P)
possède des dérivées premières continues dans Di' Or on sait (tome II,.
[VII-3-10l) que le premier terme du second membre possède des déri-
vées premières et secondes continues dans Di' Donc, il en est de-
même de v (P) d'après ce qui précède. En appliquant l'opérateur Li
aux deux membres de (235), on s'assure que L\v = -Âv. La condition
aux limites (232) est aussi satisfaite comme nous l'avons vu au
(11-2-33]. Inversement, l'équation (233) résulte, comme nous l'avons
vu au [II-2-33J, de (231) et (232). Ceci prouve l'équivalence de l'équa-
tion (231) avec la condition aux limites (232) et de l'équation inté-
grale (233). Le noyau de cette équation intégrale vérifie (234), d'où
il s'ensuit immédiatement que

)i JG2 (P; Q) dL ~ C, (236)


Di

où C est une constante arbitraire.


Soient Âk et Vk (P) les valeurs et fonctions propres de l'équation
(233) ou, ce qui est équivalent, du problème (231), (232):
Ô.Vk + ÂkVk = 0 (à l'intérieur de Di);
vkls=O.
368 CH. II. PROBL:E:MES AUX LIMITES

On peut admettre que Vh (P) forment dans Di un système ortho-


normé:

rrr {O
JJJvz(P)vm(P)dT:= 1
pour
pour
l =1= m,
(238)
l = m.
Di

Soit w (P) une fonction continue avec ses dérivées premières et


secondes dans Di et vérifiant la condition (232). On peut la mettre
sous la forme [II-2-33l
w (P) = - ) ii
Di
G (P; Q) dw (Q) dT:, (239)

.et en appliquant le théorème fondamental de développement du


(tome IV!, [1-31]), on peut affirmer que w (P) se développe en une
série de Fourier suivant les fonctions propres:
00

w (P) = LJ
h=1
ChV h (P), (240)

cette série convergeant régulièrement dans Di' Les coefficients se


déterminent de la manière habituelle

Ch = i Ji
Di
w(P)Vh(P)dT:. (241)

On a donc le
Thé 0 r ème. Toute fonction w (P) continue avec ses dérivées
premières et secondes dans Di et vérifiant la condition (232) se développe
en une série de Fourier suivant les fonctions propres Vh (P) convergeant
régulièrement dans Di'
On montrera dans la suite qu'il existe une infinité de valeurs
propres  h • Nous avons utilisé ce fait dans l'écriture de la série
(240). La série (240) étant uniformément convergente, il s'ensuit que
si w (P) vérifie les conditions du théorème, alors a lieu l'équation
.de fermeture

iii
00.

W2(P) dT: = ~ d. (242)


Dt h=1

On montrera plus bas que cette équation est satisfaite pour toute
fonction continue dans Di' Il est immédiat de prouver que si la
;série de Fourier

(243)
1I-2-3~.'N ALEURS ET FONCTIONS PROPRES 369

d'une fonction (01 (P) continue dans fJ i converge uniformément dans


Di, alors sa somme est égale à (01 (P). Désignons par (02 (P) la somme
de la série (243) et considérons la fonction (02 (P) - (01 (P) continue
dans Di et orthogonale à toutes les fonctions propres Vk (P). Cette
fonction est par conséquent orthogonale au noyau, c'est-à-dire que

j j j G (P; Q) [(02 (Q) - (01 (Q)] dL = 0 (P EDi).


Di

De là on voit que la solution distributionnelle de l'équation

~u (P) = (01 (P) - (02 (P)

qui satisfait la condition (232) est u (P) ==


0 et par suite (02 (P) ==
== (01 (P).
Les raisonnements précédents nous montrent que le noyau
G (P; Q) est un noyau complet [II-1-4] et par suite il existe une
infinité de valeurs propres Âh (tome IV I , [I-42l). Montrons maintenant
que l'équation de fermeture (242) a lieu pour toute fonction (0 (P) con-
tinue dans Di' Une telle fonction est nécessairement bornée, c'est-à-
dire qu'il existe un nombre M > 0 tel que 1 (0 (P) 1 ~ M. Soit
e > 0 un nombre donné. Choisissons un domaine fermé Di c Di
tel que le volume de Di "",D i soit < 32~12. Traçons à l'intérieur
de Di "",D i une surface fermée S' contenant Di et définissons une
fonction cp (P) égale à (0 (P) dans li i et nulle sur S'et à l'extérieur
de S'. Cette fonction peut être prolongée par continuité à l'espace
tout entier et vérifiera l'inégalité 1 cp (P) 1 ~ M [1-2-31]. Soient
{Pn (P) les fonctions moyennes de cp (P). Ces fonctions possèdent
des dérivées de tout ordre pour tous les n assez grands, sont nulles
sur S et telles que 1 CPn (P) 1 ~ M. Les fonctions CPn (PJ tendent
uniformément vers (0 (P) dans Di et l'on peut fixer M assez grand
pour que

D'après ce quï' précède, les fonctions CPn (P) vérifient l'équation de


fermeture, c'est-à-dire qu'il existe un nombre N tel que

j j j [CPn(P)-sm(CPn)J2dL~ ~ pour m~N,


Di
24-010t7
370 CH. II. PROB~MES AUX LIMITES

OÙ Sm (CPn) est une portion de la série de Fourier de la fonction


CPn (P). En vertu de l'inégalité (a+b)2~2 (a 2+b 2), on peut écrire

i f~
Di
[00 (P) - sm (CPn)]2 dT: =

~2 ~ ~ ~
Di
[oo(P)-CPn(P)]2dl"+2 l ~ ~ [CPn(P)-Sm(CPn)]2dl"~
Di

~2 ~ ~ ~ [00 (P)-CPn (P)]2dl"+ : .


Di

On a par ailleurs
2 ~~ l [00 (P) - CPn (P)]2 dT: = 2 l~~ [00 (P) - CPn (P)]2 dl" +
Dl· D."D~
l . l

Comme
100 (P) - CPn (P) 12~4M2,
la dernière intégrale devient
2 III, [oo(P)-CPn(P)]2dl"~8M2.7)<:
Di"'-Di

(v est le volume de Di "" Di), et les inégalités précédentes nous


donnent
~~) [00 (P) - Sm (CPn)]2dl" < : +: +~ =8 pour m~N
Di

et à fortiori (tome IV l ' [1-3])


~ ~ ~[oo(P)-Sm(oo)]2dT:<8, m~N,
Di

d'où l'on déduit l'équation de fermeture pour 00 (P), puisque e est


arbitraire.
Signalons encore que de (236) il s'ensuit que la série
00

1
~Fk
k=1
II-2-35. D~RIV~E NORMALE D'UNE FONCTION PROPRE 371

est convergente (tome IV l , [1-3]). On démontre sans peine l'équation


de fermeture pour les fonctions non bornées du type indiqué a·u
(tome IV l , [1-3]) et notamment pour la fonction de Green GjP; Q).
11-2-35. Dérivée normale d'une fonction propre. Il nous est im-
portant pour la suite d'étudier le comportement des fonctions Vk (P)
lorsque P -+ S.
Thé 0 r ème. Toute fonction Vk (P) possède une dérivée nor-
male régulière sur S.
Composons le potentiel de volume
u (P) = 2~ ~ ~ ~ Vh ;Q) dT (r = PQ).
Di

Ce potentiel est défini dans l'espace tout entier, est continu, possède
des dérivées premières continues, est nul à l'infini, est une fonction
harmonique dans De' possède des dérivées premières et secondes
continues dans Di et enfin est solution de l'équation
~u = -ÂkVk. (244)
On peut construire un potentiel de simple couche
v (P) = Js~ ~ ~N) dS,

vérifiant la condition aux limites


av (N) ) au (N)
( an e an
(on rappelle que u (P) possède des dérivées continues dans l'espace
tout entier). Composons la fonction
w (P) = u (P) - v (P).
Cette fonction est harmonique dans De, nulle à l'infini et telle que
( a~~p) ) e = 0 sur S. La fonction w (P) est justiciable dans De
de la formule de Green [II-2-9l, d'où il résulte que w (P) == 0 dans De
donc sur S. Dans Db la fonction w (P) est solution, en vertu de
(244), de l'équation
~w = ~u - ~v = -ÂkVk'

d'où il s'ensuit que w (P) ==Vk (P) dans Di, c'est-à-dire que
Vk (P) = u (P) - v (P) (P E Di),

où u (P) et v (P) sont définies ci-dessus. De là et des propriétés de u


et de v, il résulte que la fonction propre Vk (P) possède sur S une dérivée
normale régulière. Grâce à ceci on peut appliquer la formule de Green
24-
372 CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES

à la fonction Vk (P) (qui n'est pas harmonique)

J))[(a;; ) + ( a;yk ) + ( a;zk ) JdT =


2 2 2
Di

= ) ~ V k (~:k ) i dS - ) ) ) Vk ~Vh dT.


S Di

En tenant compte de l'équation ~Vk = - ÂkV k , de la condition


(237 2) et du fait que les fonctions Vk (P) sont normées, c'est-à-dire

))Jvk (P) dT = 1,
Di
on obtient la formule

d'où il s'ensuit que tous les Âk > O. On aurait pu aboutir à ce résul-


tat par un procédé plus simple. En effet, ceci découle directement
du théorème qui affirme que l'équation (231) avec la e6ndition (232)
et  < 0 n'admet que la solution triviale. Ce théorème sera prouvé
au (II-2-43l.
Pour des résultats plus complets sur la régularité des fonctions
propres au voisinage de S, voir [II-2-50, II-2-56l.
Dans le plan, on démontre que les fonctions propres possèdent des dérivées
régulières en modifiant la démonstration précédente de la même manière que
nous l'avons fait au [11-2-311 en prouvant l'existence de la dérivée normale régu-
lière de la fonction de Green.

II -2-36. Propriétés extrémales des valeurs et fonctions propres.


On peut étudier les propriétés extrémales des valeurs propres Ân
et des fonctions propres vn (P) exactement comme au [II-1-15l. On
a vu que ce sont les valeurs et fonctions propres de l'équation inté-
grale (233) à noyau symétrique possédant en vertu de (234) une
faible polarité. On admet que les valeurs propres Ân (>0) sont rangées
par ordre ~e croissance, c'est-à-dire que Â1 ~ Â2 ~ Âs ~ • . . On
sait que Â1 est la plus petite valeur de l'intégrale

Jj. JJJJG(P; Q)w(P)w(Q)dTpdTQ (246)


Di· Di

dans la classe des fonctions w (P) continues vérifiant la condition


II-2-36. PROPRmTlj:S EXTR:BMALES DES VALEURS PROPRES 373

et cette valeur est réalisée pour 00 (P) = VI (P). L'indice de dl:


désigne le point qui est pris pour variable d'intégration. L'ordre
d'intégration dans l'intégrale (246) importe peu (tome IVI , [1-16]).
Pour obtenir les autres valeurs et fonctions propres, il faut con-
sidérer les conditions d 'orthogonalité' "
~~~ oo(P) Vk (P)dT=O (k~ 1, 2, ... , n~1).
Di

En introduisant la classe A des fonctions représentables par le


noyau
v (P) -- ~ ~ ~ G (P; Q) 00 (Q) dl: Q ,
Di

où W (Q) est une fonction quelconque continue dans D h on peut rame':'


ner le problème ci-dessus à un problème de minimum de l'intégrale
~~ j V (P) 00 (P) dT sous la condition ~ ~ ~ V2 (P) dT= 1
Di Di

sur la classe A des fonctions v (P).


Cette classe de fonctions est la classe des solutions distribution...
nelles de l'équation de Poisson
.1v (P) = -00 (P),
nulles sur S pour toute fonction 00 (P) continue dans Di, et l'on
peut en définitive parler du minimum de l'intégrale
(247)

sur la classe A, où .1v est l'opérateur généralisé de Laplace. Comme


au [l1-1-15J, les conditions d'orthogonalité ci-dessus se ramènent aux
conditions d'orthogonalité de v (P):
.l.\ ~ v(P)vk(P)dT=O (k=1, 2, .•. , n~1). (248)
Di

Toute fonction v (P) de la classe A possède des dérivées premières


continues dans Di et en reprenant ad litteram les raisonnements de
[1I-2-35J on démontre que v (P) possède sur S une dérivée normale
régulière.
Définissons maintenant une classe Al c: A de fonctions v (P)
jouissant des propriétés suivantes. Les fonctions v (P) sont continues
dans D h nulles sur S et possèdent des dérivées premières et secondes
continues dans Di et de plus l'opérateur .1v est continu dans Di.
La classe A 1 contient toutes les fonctions propres V n (P). Si v (P)
314 CH. II. PROBL:E:MES AUX' LIMITES

appartient à Al' alors on peut appliquer la formule de Green à l'in-


tégrale (247) et puisque v (P) = 0 sur S on obtient

) ) ) (vi + v~ + v~) dT. (249 1 )


Dt

On peut donc .affirmer que Âl est la plus petite valeur de cette


intégrale dans la classe Al sous réserve que

et cette plus petite valeur est atteinte pour v (P) = VI (P). Pour
obtenir les autres valeurs et fonctions propres, il faut joindre les
conditions d'orthogonalité (248) aux fonctions propres déjà trouvées.
On démontre que la formule de Green
) ) ) (v~ + v~ + v~) dT = - ) ) ) v ~v dT,
Di Dt

où:~v est l'opérateur généralisé de Laplace, a lieu pour toute fonction


v de la classe A.
Donc, les propriétés extrémales des valeurs et fonctions propres
ont lieu pour la classe A tout entière. On montrera au [11-2-57) que
ces propriétés extrémales sont réalisées dans une classe de fonctions
bien plus large. Signalons que dans [11-2-50) et dans la suite on écrira
le problème aux valeurs propres sous la forme Lu = Âu, u 1s = 0
et on appellera valeurs propres de L pour la condition aux limites
du problème de Dirichlet les valeurs propres associées à ce problème
et pour lesquelles u =1= o.
11-2-37. Equation de Helmholtz et principe de radiation. Considé-
rons l'équation des ondes
(250)

et cherchons sa solution sous forme d'un régime sinusoïdal établi


de fréquence donnée:
u = eiwtv. (251)
On obtient l'équation de Helmholtz pour v:
~v +k 2 v = 0 (k = ffi/a), (252)
qui par sa forme rappelle l'équation de Laplace. Voyons tout d'abord
la condition que doivent satisfaire les solutions de cette équation
à l'infini. Nous avons déjà parlé de cette condition au (tome 1II 2 ,
rVI-2-12l) et l'avons appelée principe de radiation. Dans ce paragra-
phe on énonce rigoureusement cette condition. Soit donné un régime
II-2-37. SQUATION DE HELMHOLTZ ET PRINCIPE DE RADIATION 375

établi à l'extérieur d'une surface S. Traçons une sphère S p de centre


M extérieur à S et de rayon assez grand pour que S c Sp et appli-
quons la formule de Kirchhoff (tome II, [VII-3-11l) (dans cette
formule r = MN, NES):
1
u (M· t)' =_1
, 4n Jl Jl [-i-.
r
[!.!::..J
an + _1ar at ~
[!.!::..J an - ru] a
anr ] as
s+sp
à la solution (251). Dans cette formule, l'intégration est étendue à
S et Sp- Pour la solution (251), on a pour t > pla

[u]=eiCt)(t-:)v', [auJ=eiCt)(t-:)
an
av. [au]=iroeiCt)(t-:)v
an' _at '
et en intégrant sur Sp on obtient une intégrale de la forme
T
~~ e-;k (~~ + ikv) as + )) ;2 e- ikT
as, (253)
sp sp
()Ù r = p. Il est naturel d'exiger que cette expression tende vers 0
lorsque p --+ 00 (ceci correspond à une absence de source de vibrations
à l'infini). L'aire élémentaire de la sphère contient le facteur p2
et la condition indiquée ci-dessus sera remplie si l'on impose à v les
deux conditions suivantes:
rv est borné et r (~~ + ikv) ~ 0
pour r --+ 00, ces deux conditions devant être réalisées quelle que soit
l'origine des rayons vecteurs r et uniformément par rapport aux direc-
tions de ces rayons vecteurs. Dans la suite on se servira des notations
suivantes. Par 0 (,.ex) on désignera une quantité x telle que le rapport
:x/ra soit borné lorsque r --+ 00 et par 0 (ra..), une quantité x telle qUé
le rapportj x/ra.. --+ 0 lorsque r --+ 00, la convergence devant être
uniforme par rapport à la direction du rayon vecteur r et ne pas dé-
pendre du choix de son origine. Les conditions précédentes peuvent
s'écrire:
v = :J (r- 1) ; (254)
~~ + ikv = 0 (r- 1 ). (255)
Ces conditions traduisent mathématiquement le principe de
radiation dans l'espace. De façon analogue, elles s'écrivent dans
le plan:
1
v=O(r-2); (256)
1
av --
a;+ ikv=o(r 2). (257)
376 CH.. n. PROBL:Il:MES AUXLIMITES

La solution singulière fondamentale vérifiant le principe de


radiation dans l'espace aura pour expression
e- ikT
V (P) = r
, (258)

où r est la distance d'un point 0 fixe au point variable P. En dérivant


la solution (258) par rapport à r, on s'assure qu'elle vérifie une con-
dition plus forte que (255), plus exactement, au second membre au
lieu de 0 (r- l ) on aura 0 (r- 2 ). Ceci étant, on admet que dans la for-
mule (255), les distances sont mesurées à partir du même point O.
Vérifions les formules (254) et (255) en admettant que les distances
sont mesurées à partir d'un même point 0 1 et posons 0lP = p. Le
fait que pv est borne résulte immédiatement de ce que p/r -+- 1. La
formule (255) se vérifie par une simple dérivation de la solution
(258) par rapport à p par l'intermédiaire de r. Ceci étant, on a
àr
-=ccs'"
àp J'

où,\, -est l'angle des directions de r et de p; en appliquant la formule


qui donne le carré du côté 00 1 dans le triangle OOlP, on obtient
-cos,\, = 1 +0 (r- 2 ). (259)
Dans le plan, la solution fondamentale qui vérifie le principe
de radiation sera la solution H~2) (kr) , où H~2) (z) est la deuxième
fonction de Hankel. -Pour vérifier ceci, il suffit de se servir de l'ex-
pression asymptotique des fonctions de Hankel et de la formule

~ H~2) (z) = - H~2) (z). (260)

La condition (257) sera remplie sous la forme forte, c'est-à-dire qu'au


3 1
second membre on aura 0 (r -2) au lieu de 0 (r- 2). En multipliant
la solution H~2) (kr) par une constante qui ramène la singularité
en r = 0 à ln .!, on obtient la solution
r

H~2) (kr).
31
v= 2, (261)
1,

On démontre comme plus haut que le principe de radiation sera aussi


vérifié par les solutions
H~) (kr) cos mfl); Hi/;,) (kr) sin mfl) (m = 1, 2, 3, ...). (262)
Il-2-38. Théorème d'unicité. Si le principe de radiation a lieu,
on peut démontrer le théorème d'unicité suivant: si une fonction v
est solution de l'équation (252) à l'extérieur d'un contour fermé l, vérifie
le principe de radiation à tinfini et une condition aux limites homogène.,
II-2-38. TH:eOR:eME D'UNICIT:e 377

par exemple la condition v Il = ° ::/l = 0,


ou alors elle est identt,.:-
quement nulle. _
Appliquons la formule

J\ J\ (Ul~U2-U2~UI) d't= Jr Jr (au 2 au! ) d s


u 1 an -u 2 a;- (263)-
Bl aBl
au domaine BI limité intérieurement par le contour l et extérieure-
ment par un cercle ST de centre en un point fixe quelconque et de
ray~~ assez grand, et posons U 1 = v et U 2 - li, où v est la conjuguée
complexe de v. On admet que v est continue dans BI et possède une
dérivée normale régulière. L'intégrale double est nulle en vertu de
(252) et l'intégrale prise le long de l est nulle aussi en vertu de la
condition aux limites. Reste l'intégrale étendue à ST' contour sur-
lequel n est de même sens que r. La condition (257) nous permet de-
remplacer
1
-av -- av- - --1
ar = - ikv .,.l- 0 (r 2).
tl . , ar=ikvrt-o(r 2),

et l'on est conduit à l'égalité

2ik JIv l2 ds+ ) v·o(r -"2) ds+


1
Jv.o(r-2") ds=O.
1

Sr Sr br

Comme v Vr- et V Vr- sont bornés lorsque r ~ 00, les deux der--
°
niers termes tendent vers et en considérant l'angle polaire cp sur le-
cercle ST' on obtient
2:rt

) 1 Vrv 12 dcp~ O. (264)


o

Appliquons à présent la formule de Green à la solution v et à la


première solution (262). L'intégrale double est nulle comme précé-
demment et il reste les intégrales prises le long de l et de ST' donc
l'intégrale sur ST ne dépend pas de r. Les deux solutions considérées-
vérifient le principe de radiation, et de plus les solutions (262)
satisfont la condition (257) dans la forme forte au même titre que
la solution H~2) (kr). En se servant comme plus haut de la condition
(257), on trouve que l'intégrale prise le long de ST tend vers 0, et
comme elle ne dépend pas de r, elle est tout simplement nulle, autre--
ment dit
Hi/i) (kr) Jr 7ir
av dH(2) (kr)
cos mcp dcp - -"':';'~::-r"""""""-';'"
r
J v cos mcp dcp = O.
Sr Sr
CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES

Si l'on pose
lm (r) = ) vcosmcpd<p,
Sr
-on trouve
dH(2) (kr)
Hi// (kr) I~ (r) = ~r f m (r),
-d'où/m(r)=cmH;;/(kr), où Cm est une constante, m=0,1, •••.
De façon analogue, pour

gm (r) = 5 sinv m<p d<p


sr
-on obtient l'expression gm (r) = d mH5;,.> (kr), où dm est une constante
-aussi. L'équation de fermeture (tome IV l , [1-31) et la formule (264)
~ous disent que pour m fixe et r -+ 00

Cm Vr H~) (kr) et dm V;: Hg) (kr) -+ O.


'Ûr, de l'expression asymptotique de Hi:"J (kr) il s'ensuit que
VrH~1 (kr) reste supérieur en module à un nombre strictement posi-
tif pour les grands r, donc Cm =dm = 0, c'est-à-dire que lm (r) =
= gm (r) = 0, d'où il résulte, en vertu de l'équation de fermeture,
que v = ° sur les cercles Sr'

== °
Si l est un cercle, alors en assimilant Sr à un cercle concentrique
·à l, on trouve que v à l'extérieur de l, c. q. f. d.

·dents montrent que v = °


Dans le cas d'un contour quelconque, les raisonnements précé-
au voisinage du point à l'infini. On
montrera plus bas [11-2-39] que v (x, y) doit être, comme dans le
cas de l'équation de Laplace, une fonction analytique et, en vertu
·du principe du prolongement analytique, la nullité de v au voisinage
·du point à l'infini entraîne sa nullité partout à l'extérieur de l.
Le théorème d'unicité se démontre de façon tout à fait analogue
. dans l'espace.
11-2-39. Principe de l'amplitude limite et principe de l'absorption limite.
Comme au numéro précédent, on peut montrer que la condition de radiation
;permet de sélectionner une solution unique de l'équation
dv + k~v = -F (P) (k > 0),
àéfinie dans l'espace tout entier. On admettra que F (P) est une fonction de point
. continûment dérivable définie dans l'espace tout entier et nulle à l'extérieur
..d'un domaine D fini. La solution indiquée est alors donnée par la formule

Jr 5Jr -,-,
ikr
1 e-
v(P)= 4n --F (Q) d'LQ (r=PQ).
D
II-2-39. PRINCIPE DE L'AMPLITUDE LIMITE 379

On est conduit- à cette solution en envisageant le problème non stationnaire des


()scillations forcées sous l'action d'une force périodique. Plus exactement, de la
formule de Kirchhoff (tome II, [VII-3-11]) il s'ensuit immédiatement que
r:(P)= Hm u(P, t) e- ikt ,
t-+oo
()ù u (P, t) est la solution de l'équation des ondes
li.u - Utt = -F (P) eikt ,
qui vérifie des conditions initiales nulles. Pour cette raison on dit de la solution
v (P) qu'elle est 1'« amplitude limite d'une oscillation périodique établie pour
les grands t sous l'action d'une force périodique ». Un tel principe de sélection
des solutions de l'équation (2641 ) s'appelle principe de l'amplitude limite.
Un autre principe de sélection des solutions de l'équation (264 1 ) appelé
principe d'absorption limite (cf. V. 1 g n a t 0 vs k i, Ann. Phys., 1905, t8) con-
siste en ce qui suit: on introduit un paramètre complexe -ie (e > 0) «( absorp-
tion ») dans l'équation (2641 ):
li.ve +
(k 2 - ie) ve = -F (P),
et l'on prend la solution ve (P) qui tend vers 0 à l'infini (cette solution est uni-
«ue) :
1 r -ir(ae-ib e )
Ve (P)= 4JT. ') J e r F(Q) dTQ,
~ D

()ù a e - ib e = V k 2 - ie (a e > 0, b e > 0), de plus b e -- 0 pour e -- +0. Lors-


que e -- +0, la solution ve (P) admet une limite qui est confondue avec la solu-
tion v (P) définie par (264 2 ),
Les trois principes envisagés ici et au [11-2-37] conduisent à la même solu-
tion (264 2), Il semble naturel de s'attendre à ce qu'ils soient applicables à des
problèmes plus généraux, par exemple aux problèmes aux limites pour des
équations elliptiques dans des domaines illimités. Cependant ces principes trou-
vent des champs d'application différents. Ainsi, le principe de radiation est
favorable au cas où l'équation (2641 ) est considérée dans l'espace tout entier
()u dans un domaine E contenant le point à l'infini (11-2-38]. Si le domaine E
°
est par exemple la bande 0 ~ z ~ 1, alors l'équation (264 1) n'admet aucune
solution nulle pour z = et pour z = 1 et satisfaisant les conditions de radiation
"Sous la forme (254) et (255) (F (Q) *'
0). Néanmoins si l'on modifie légèrement
ces conditions, le problème admettra une solution unique (cf. A. S v e c h n i -
k 0 v, Sur le principe de radiation, DAN SSSR, 1950, 73, nO 5).
En vertu des deux autres principes applicables ici sans aucun changement,
.cet exemple montre que les « conditions de radiation » doivent dépendre de la
forme du domaine E à l'infini. Des considérations physiques suggèrent que le
principe d'absorption limite n'est pas toujours applicable dans la forme indiquée
.ci-dessus si E se rétrécit assez vite à l'infini.
Le problème de l'applicabilité des principes formulés ici reste ouvert.
Indiquons à ce propos les travaux de F. Rellich (J ahresber. Deutsch. Math.
Verein., 53, 57) qui étudient la forme des « conditions de radiation » pour l'équa-
tion (2641 ) dans des domaines illimités d'aspect divers, le travail de A. P 0 v z -
!Il e r, Sur le développement des fonctions suivant les fonctions propres de l'opérateur
-li.u + cu. Matem. sb., 1953, 32, nO 1, qui démontre le principe d'absorption
limite pour l'équation
li.u + q (P) u + k 2 u = -F (P)
dans un espace illimité à trois dimensions et enfin l'article de Mme O. Lad y -
je n s ka ï a, Sur le principe d'amplitude limite. UMN, 1957, 12, nO 3. Cet
article est consacré au principe d'amplitude limite pour l'équation ci-dessus.
380 CH. II. PROBUMES AUX LIMITES

Les travaux de Povzner et de Mme Ladyjenskaïa montrent que le principe


d'absorption limite possède un plus vaste champ d'application que le principe
d'amplitude limite, du moins tel qu'il est formulé plus haut.
Plus exactement, les solutions des équations

.1ve + q (P) ve + (k 2 - iE) Ve = -F (P),

nulles à l'infini, admettent une limite pour E -+ +0 si seulement k 2 n'est pas


une valeur propre de l'opérateur .1v +
q (P) v; la limite Hm u (P, t) e- i kt des
t .... +oo
solutions du problème non stationnaire correspondant est susceptible de ne pa~
exister si l'opérateur possède une valeur propre au moins. Signalons qu'un nom-
bre c s'appelle valeur propre de l'opérateur .1v +
q (P) v si l'équation .1v +
+ q (P) v+ cv = 0 admet une solution non triviale dont le carré du module
est intégrable sur l'espace tout entier. Ces principes sont étudié~ ,pour des équa-
tions plus générales dans des travaux de D. E i d 0 u s, B. Van ber g et
autres. .

II-2-40. Problèmes aux limites pour l'équation de Helmholtz.


La solution (258) de l'équation (252) présente une singularité i. en
r
r = 0, ce qui nous permet d'élaborer pour cette équation une théorie
du potentiel identique à celle du potentiel newtonien pour l'équa-
tion de Laplace. En désignant par r la distance du point variable
NES au point P, on aura dans l'espace les analogues suivants des
potentiels de simple et de double couche

v (P) = \"
., s
J~ (N) e-;k T
dS,

(265)
JrJ ~r(N)
aan (e- r ikT
)
W (P) = - dS,
s

où n est la normale extérieure à S en N. En mettant les noyaux


e- ikT 1 e- ikT _1
des potentiels v (P) et w (P) sous la forme - r = -r r
+ ,.
on obtient des potentiels déjà étudiés dans lesquels le passage à la
limite lorsque P tend vers la surface s'effectue d'après les formules

sentera plus de singularité pour r = °


de [11-2-2] et [11-2-4]. Dans l'intégrale restante, le noyau ne pré-
et le passage à la limite est
possible sous le signe d'intégration. On obtient ainsi les formules
analogues à celles de [11-2-2] et [11-2-4]:

L= 2a~ (No) + .\ J~t (N) iJ~o ( e-:o


s
kTO
) dS,

(ro=NoN) (266)
L = -2n~(No) + JJ ~ (N) a~o ( e-r~ro) dS
s
II-2-40. PROBL~MES AUX ;LIMITES~VRL'ÉQU~TIONDE HELMHOLTZ 381

et
ro
Wi (No) = 2n~ (No) - ) ) ~ (N) :n ( e-:: ) as,
s
:n (e-::ro ) dS,
(267)
W e(No) = -2n~ (No) - ) ) ~l (N)
s
à noter que le noyau de l'intégrale est dans (266) la valeur prise en
No par la dérivée suivant la normale no, et dans (267), la valeur
prise en N suivant la normale n; l'intégration est étendue à S comme
dans toutes les formules de cette nature.
Dans le plan, on obtient les potentiels de simple et de double
couche
v (P) = )~ (Pl) ~ H~2) (kr) ds,
l
(268)
w(P) = )~ (N) af)n [2~ H~2) (kr) Jds,
l

qui sont justiciables de formules analogues aux formules (266) et


(267) dans lesquelles il faut remplacer 2n par n. Ces potentiels sont
solutions de l'équation (252) et en vertu du choix spécial des noyaux,
chaque élément des intégrales écrites et ces intégrales elles-mêmes
vérifient le principe de radiation.
Considérons le noyau
K (N N k) f) (e- ikrO )
e
-ikrO('k o +1)
l r cos m
0' ; = an 2nro = - ~nr5 't'O'

OÙ <Po est l 'angle de n et de NoN. Le noyau transposé s'écrit:


f)
K(N,No;k)=-;::.-
(e-2 ikro ) = eikro (ikro+
22
1)
cos 'Po,
vn u nro nr o
~

où tp 0 est l'angle de la normale no en No et de NoN. On peut poser les


problèmes de Dirichlet et de Neumann exactement comme pour
l'équation de Laplace.
Le problème intérieur de Dirichlet consiste à trouver à l'inté-
rieur de S la solution de l'équation (252) qui vérifie la condition
aux limites
uls=f(N o)·
Le problème extérieur se formule de façon analogue, en outre le
'principe de radiation doit être vérifié à l'infini. Dans le cas du pro-
blème de Neumann on a la condition aux limites suivante:
382 CH. II. PROB~MES AUX LIMITES

Le théorème d'unicité [11-2-38] nous dit que les problèmes exté-


rieurs n'admettent qu'une solution et une seule. Pour les problèmes
intérieurs, l'unicité n'est -pas acquise pour tous les k.
Le nombre k 2 s'appelle valeur propre du problème intérieur de
Dirichlet s'il existe à l'intérieur de S une solution de l'équation
(252) vérifiant la condition aux limites u 18 = O. On définit de
façon analogue les valeurs propres du problème de Neumann.
Si l'on cherche la solution du problème extérieur de Dirichlet
sous la forme d'un potentiel de double couche, et celle du problème
intérieur de Neumann, sous la forme d'un potentiel de simple couche,
on est alors conduit aux équations intégrales associées:

11 (No) +)) û) (N) K (No, N; k) dB = - 2~ f (No), (269)


s
~ (No) + ) ) 11 (N) K (N, No; k) dB = 2~ f (No), (270)
s

où No est un point variable de S. Supposons que k 2 n'est pas une


valeur propre du problème intérieur de Neumann. Montrons que
l'équation homogène (269) n'admet alors que la solution triviale.
Supposons par absurde qu'elle possède une solution non triviale.
L'équation homogène (270) possédera alors elle aussi une solution
110 (N) non triviale. Le potentiel de simple couche de densité 110 (N)
nous donne la solution de l'équation (252) qui vérifie la condition aux
limites homogène ~~ 18 = O. Or, comme k 2 n'est pas une valeur
propre du problème intérieur de Neumann, cette solution doit être
nulle à l'intérieur de S. Etant continu, le potentiel de simple couche
doit être également nul sur S et en vertu du théorème d'unicité, nul
à l'extérieur de S. Ceci étant, 110 (N) == 0 en vertu d'une formule
analogue à (54). Cette contradiction nous dit que si k 2 n'est pas une
valeur propre du problème intérieur de Neumann, alors l'équation
homogène (269) n'admet que la solution triviale et par suite l'équation
non homogène admet une solution pour tout f (No), c'est-à-dire que
pour tout f (No) le problème extérieur de Dirichlet admet une solution
qui a la forme d'un potentiel de double couche. De façon tout à fait
analogue, si k 2 n'est pas une valeur propre du problème intérieur de
Dirichlet, alors le problème extérieur de Neumann admet une solution
qui a la forme d'un potentiel de simple couche.
Dans l'ouvrage: V. Kou pra d z é, Problèmes aux limites de
la théorie des oscillations et équations intégrales. M., Gostekhizdat,
1950 (en russe) sont exposées en détailles recherches de l'auteur sur
les régimes établis en électrodynamique et en théorie de l'élasticité
et en particulier sur le problème de la diffraction qui fera l'objet du
numéro suivant. Cet ouvrage traite les cas où k 2 est une valeur propre
II-2-40. PROBL:EJMES AUX LIMITES POUR L':E:QUATION DE HELMHOLTZ 383

du problème -intérieur de Dirichlet ou de Neumann et donne des


méthodes de résolution des problèmes extérieurs.
Montrons maintenant que toute solution v (P) de l'équation
(252) possédant des dérivées premières et secondes continues à l'in-
térieur d'un domaine D sera une fonction analytique. Il suffit pour
cela de montrer que v (P) est une fonction analytique à l'intérieur-
d'une sphère So centrée en un point quelconque Po intérieur à D.
Essayons de représenter v (P) à l'intérieur de So par un potentiel
de double couche (265). Pour la densité l.t (N) de cette couche, on.
obtient l'équation intégrale

J.t (No) =
1
2n t (No) +
1
2n j Jr l.t (N) a '-ikro
an (e ro ) dS,
. So

où t (N) sont les valeurs de v (P) sur So. On peut prendre le'
rayon de So assez petit pour que l'équation

J.t (No) = in ~ ~ l.t (N) :ri (e-:: ro


) dS (2ï2)
Sil

n'admette que la solution triviale. Prouvons ceci. Soit Â1la première-


valeur propre de l'équation L'lu Âu = + °
avec la condition aux
limites u Is = 0, où So est une sphère de rayon unité. Par une
similitude oil s'assure sans peine que la première valeur propre pour-
une sphère de rayon Rest Â1/R, le nombre R pouvant être pris assez
petit pour que Â1 / R > k 2 • Ceci étant, le problème intérieur de-
Dirichlet pour l'équation L'lu k 2u = + °
avec une condition aux
limites homogène n'admet que la solution triviale. L'équation inté-
grale (272) est une équation pour la densité du potentiel de double
couche qui donne la solution du problème intérieur homogène de
Dirichlet que nous venons de mentionner. En tenant compte du fait
que ce problème n'admet que la solution triviale et en raisonnant
comme au [11-2-16], on s'assure que l'équation (272) pour la sphère
de rayon R ne possède que la solution triviale. Pour un tel choix,
on peut affirmer que l'équation (271) admet une solution et l'on-
aura
- JrJ l.tr(N)aan (e-- r -
ihr
v(P) = )
dS (P intérieur à So; r=PN)
So

ou (tome II, [VII-3-6])


v (P) = r)
So
l.t (N) (273) ,

où R est le rayon de S 0 et p = PoP. La fonction à intégrer est une·


fonction analytique des coordonnées (x, y, z) du point P intérieur à,
So, et de (273) il s'ensuit que v (P) est une fonction analytique de·
· CH. Il. PROBL~MES AUX LIMITES

,(x, y, z) [I-2..32]. Dans le plan, la démonstration - qui sera donnée


plus bas - s'effectue de façon analogue à l'aide de la solution
singulière correspondante.
On peut construire la fonction de Green pour l'équation (252)
exactement comme on l'a fait pour l'équation de Laplace. Dans
l'espace, la solution singulière fondamentale de cette équation peut
,être mise sous la forme cos kr • La fonction de Green correspondant
r
il la condition
v Is = 0 (274)
,doit être cherchée sous la forme
G1 (P, Q; k 2 ) = c~~~r + gl (P, Q; k 2 ) (r = PQ), (275)

,où gl (P, Q; k 2 ) est la solution de l'équation (252) qui vérifie la


-condition aux limites
gl (P, Q; k 2 )s = - c~:~r ts' (276)
'si k 2 n'est pas une valeur propre de l'équation (252) avec la condition
aux limites (274), alors on peut construire une telle fonction.
Dans le plan, les solutions de l'équation (252) dépendant seule-
ment de la distance r = PQ sont de la forme Zo (kr), où Zo (z) est une
:solution
,-
quelconque de l'équation de Bessel correspondant à l'indice
zero:
z; (z) +~z Z~ (z) + Zo (z) = O. (277)

Prenons pour solution de cette équation la fonction de Neu-


mann (tome III 2 , [VI-2-7]):

_No (z) = ~ Jo (z) (ln


00
++ C)-
_ 2.
n
~
LJ
(-1)k
(k!)2
(~) 2k
2 1
(..!.k + k-1
1
+ ... + 1 ) . (278)
k=l

La solution singulière fondamentale présentant la singularité


. 1- 1n -1 en Q s ,'.'
ecrit
2n r
1
-7;N o (kr). (279)

-Outre le terme singulier 2 ln ~ , la fonction (279) contiendra des


1
n r
termes en ln r de la forme r 2n ln r (n = 1, 2, ... ) qui tendent vers
avec r. Par une dérivation on s'assure immédiatement que leurs
°
.dérivées premières par rapport aux coordonnées tendent aussi vers 0,
II-2-40. PROBL:E:l\iES AUX LIMITES POUR L'ÉQUATION DE HELMHOLTZ 385

donc ils possèdent des dérivées premières continues dans R2. Sup-
posons que k 2 n'est pas une valeur propre de l'équation (252) avec une
condition aux limites de la forme (274). Pour de telles valeurs de k
on n'éprouve aucune difficulté à construire la fonction de Green
G1 (P, Q; k 2 ) pour l'équation (252).
On cherchera la fonction de Green sous la forme
1
Gj (P, Q; k 2 )= -7;N o (kr)+gl(P' Q; k 2 ). (280)

Comme le premier terme du second membre est solution de l'équa-


tion et présente la singularité requise, le problème consiste à trouver
un terme gl (P, Q; k 2 ) tel qu'il ne présente pas de singularité, qu'il
soit solution de (252) et vérifie sur l la condition aux limites non
homogène suivante:

La valeur k 2 n'étant pas une valeur propre, on obtient une seule


fonction gl satisfaisant ces conditions.
Revenons à l'espace pour signaler une formule liée à l'équation
(252). Soient V o (P, Q) une solution singulière quelconque de cette
équation présentant la singularité p~, v (P), une fonction quel-
conque possédant dans Di des dérivées premières et secondes conti-
nues. Le raisonnement du (tome II, [VII-3-2l) nous conduit à

v(Q)!= 4~ ) ) [vo(P, Q) aVa~) -v(P) avo~; Q) JdS-


s
- 4~ I)) [~v (P) + k v (P)J
2
V o (P, Q) dTp.
Di

Si v est solution de l'équation (252), alors l'intégrale triple est nulle.


Appliquons la formule obtenue pour le cas où S est une sphère de rayon
R et de centre Q, et en admettant que sin kR -=1= 0, prenons pour V o
la fonction
cos kr sin kr
V o (r) = -cotg kR , où r = PQ.
r r
On obtient en défiritive
sin kR
kR V (P) =
1 r Jr v dS,
4nR2 j
s
où au second membre on reconnaît la moyenne de v sur la sphère
S. Cette formule généralise la propriété de la moyenne des fonctions
harmoniques.
25-01017
386 CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES

11-2-41. Diffraction de l'onde électromagnétique. La diffraction d'une onde


électromagnétique sinusoïdale rencontrant un corps de (lonstante diélectrique 8
et de coefficient de conductibilité cr conduit à un problème plus compliqué. Con-
sidérons le problème plan. Soit l le contour du corps, à l'extérieur de l c'est
le vide. Soient Bi et Beles régions du plan intérieure et extérieure à l. Mathéma-
tiquement, le problème consiste à trouver une fonction E (x, y) vérifiant les
équations
!1E + klE = 0 (dans Bi); !1E + k:E = 0 (dans Be), (281)

2 (02
k e = -c2'

(0 étant la fréquence de l'onde incidente, c la vitesse de la lumière dans le vide.


Dans Bi' la fonction E est la composante suivant l'axe des Z du vecteur champ
électrique engendré par la perturbation incidente etrotA (x, y) ; dans Be, la fonction
E est la somme de l'onde incidente A et de l'onde résultant de la diffraction sur l,
de sorte que la différence (E - A) vérifie le principe de radiation. La fonction
donnée A doit être solution de l'équation
!1A + k~A = 0 (282)
dans le plan tout entier.
Les conditions aux limites sont la continuité de E et de ~~ à la traversée
de l. .
Appliquons la formule de Green (263) au domaine Bi et aux fonctions
E (Q) et G (P; Q):

G (P; Q) = ;i H~2) (ker) (r= PQ) (283)

en admettant que P E Bi' On obtient

jl (E !1G-G~E)dS=~ (E :~ -G ~~) dS+ ~


ÔG 8E
( E ôn _G ôn )dS'
B~ l V
2

où Bi= Bi """-X, y étant un petit cercle entourant le point P.


La premiere équation (281) et l'équation analogue pour la fonction (283)
nous donnent:
E !1G - G ~E = (k~ - k~) G (P; Q) E (Q).
1
En tenant compte de ce que G (P; Q) présente la singularité ln - pour
r
r = 0 et en contractant indéfiniment le cercle y, on obtient (tome II, [VII-2-6]) :

2nE (P) = (k~-k~) ~ ) G (P; Q) E (Q) dS + ~ ( E ~~ -G ~~ ) ds. (284 1)


Bi l

Soient S p un cercle centré en l'origine et de rayon p assez grand, B; la partie de


Be intérieure à S p' En appliquant la formule de Green à B~ et en admettant que
P se trouve à l'intérieur de Bi' on obtient

~
0= - - GôE
8G - ) ds+ ~ (ô G- - GôE
- ) ds.
( Eôn ôn
E
ôn ôn
sp l
II-2-42. VECTEUR INTENSIT~ MAGN~TIQUE 387

Si l'on suppose maintenant que P appartient à Be et que l'on applique la


formule à Bi' on obtient

0= (k~-k:) ) ) G (P; Q) E (Q) dS+ } ( E :~ -G ~~ ) ds. (284 3 )


Bi l

Si, enfin, on admet que P appartient à Be et que l'on applique la formule


à B;, on trouve
2nE (P) =
Jr (E ~-G!.!i.)
an {Jn
dS+) (E ~-G
{Jn
aE~)
an
ds.
l p
Les normales au contour l sout de sens contraires dans les formules (284 1 ) et
(284 2), Il en va de même dans les formules (284 3) et (284 4 ), En ajoutant meIllpre
à membre (284 1 ) et (284 2), ainsi que (283 3 ) et (284 4 ) et en tenant compte de la
continuité de E et de {JE à la traversée du contour l, on obtient la mê~me équa-
an
t ion pour P intérieur ou èxtérieur à Bi:

2nE (P)= (k~-k:) ) } G (P; Q) E (Q) dS +} (E :~ -G ~~ ) ds. (285)


B·l SP . .

Il nous reste à passer à la limite en faisant tendre p vers l'infini. En appliquant


la formule de Green au disque limité par S p et aux fonctions A et G, et en admet-
tant que P est intérieur à S P' on trouve
2nA (P) = Jr ({JG
A an
aA )
- G an ds,
sp
donc, l'intégrale curviligne de la formule (285) est égale à l'expression suivante:

2nA(p)+} {rE(Q)-A(Q)] aG(:~ Q)-G(P; Q) {Jan [E(Q)-A(Q)]}dS.


sp
(286)
En se servant du fait que la différence (E - A) doit vérifier le principe de radia-
tion, on montrera à la fin du numéro suivant que cette intégrale devra tendre vers
o et la formule (285) nous donnera alors
2_ 2
k
E (P) = ki '2n e .\ j G (P; Q) E (Q) dS +A (P). (287)
Bi
Si l'on admet que P E B Ï' alors l'équation (287) est une équation intégrale ordi-
naire. En tirant E (P) de cette équation (P E Bi) et en le portant ensuite dans
le second membre de (287), on obtient l'expression explicite de E (P) pour
P E Be. Nous avons établi l'équation (287) dans l'hypothèse que le problème
admet une solution. A strictement parler, il faut étudier l'équation (287) et
montrer qu'elle possède une solution lorsque P E Bi et que cette solution est
la solution du problème de diffraction posé. Ceci a été fait dans les travaux qui
seront indiqués à la fin du numéro suivant. Signalons en outre que dans l'équation
(287), l'intégration a lieu non pas le long du c~ontour l, mais sur le domaine Bi
tout entier.
11-2-42. Vecteur intensité magnétique. Pour déterminer le vecteur intensité
magnétique H (x, y) on dispose des mêmes équations et conditions à une diffé-
25*
388 CH. II. PROBLfMES AUX LIMITES

' la con t'mUl't'e de âH,


rence pres: ân a l a traversee
' d e lest remplacee
' par celle de
1âH
k ân ,où k = k i dans Bi et k = k e dans Be· De plus, la différence (H - B),
où B (x, y) est une fonction donnée, solution de l'équation (282), doit vérifier
le principe de radiation. Ceci nous conduit aux équations (284) pour H. En nous
rappelant que 1ââ~ doit être continue, multiplions (284 1 ) par :r (284 2) par

:2e et ajoutons les expressions obtenues. Faisons autant avec les équations (2843)
et (284 4 ). En passant comme plus haut à la limite on aura

H~)_k~-~: (" (" G(P; Q)H(Q)dS+


ki 2nk.
Z
JBJi
+ _1 (_1 _-!.) (" H (Q) âG (P; Q) d + B (P)
2n k:
Z
k2
e
J1 ân S k""
e

La fonction G (P; Q) présentant une singularité pour P Q, l'intégrale =


curviligne se conduit comme un potentiel de double couche lorsque P tend vers l
et quand il est sur l, on obtient

1(1?;"+-21) H
"2 (P) = ... ,
k1 ke

les points de suspension remplaçant le même membre que celui des deux dernières
équations. On peut regrouper les trois dernières équations sous une seule formule:
2 2
..!- H (P) =ki-~e (" (" G (P; Q) H (Q) dS+
k'A 2nk'.1 JB.J
Z

+_1 (_1__
2n k~
1) (" H (Q) âG (P; Q) ds+ B (P)
ke Jl
2ân l
ke 2
,
(288)


( 1 si P E Bi;
k~
1
-2=~
l 1
si P E Be;

k l 1 (1 . 1)
k~

"2 ~+~
kt ke
si PEL
II-2-43. UNICITÉ DE LA SOLUTION DU PROBL:E:ME DE DIRICHLET 389

Si P E Bi'· alors (288) est une équation intégrale immergée (tome IV},
[1-56]) et elle est justiciable alors de la théorie de Fredholm ordinaire. On de-
montre qu'elle admet une solution bien définie qui est solution du problème de
diffraction posé. A noter que si l'on résout l'équation intégrale (288), c'est-à-dire
si l'on connaît H (Q) dans ii;, alors la formule (288) nous donnera H (P) dans Be.
Montrons maintenant que l'intégrale de (286) tend vers 0 lorsque p -+- 00.
En vertu des expressions asymptotiques de H(~) (z) et H<r (z), il vient·
3
8G (:: Q) = _ ikeG (P; Q) + 0(1' - 2) (1'= PQ).

On admet tra dans la sui te que P est fixe et Q ES (J' On a


8G (P; Q) ac al' 8G
op = or . 8p =7);" cos V,
où cos V est défini par (259).
Par ailleurs, on a de toute évidence
o (ra) = 0 (pa),
et par suite
3
àG~; Q)=-ikeG(P; Q)+O(P-z).

L'intégrale de (286) peut être mise sous la forme

J= i 3
{(E-A) [-ikeG+O (p - 2)]-G [- ik e (E--A) +0 (1'-
1
2)]} ds,
S(J

ou

J= J 3 1
[(E-a).O (p - Z)+G.o (p - 2)] ds= ) [0(1'-1)+0 (1'-1)] ds,
S(J S(J

d'où il s'ensuit immédiatement que J -+ O. Les problèmes de diffraction sont


étudiés dans les ouvrages suivants:
1. V. Kou pra d z é, Problèmes aux limites de la théorie des oscillations et
équations intégrales. M.-L., Gostekhizdat, 1950 (en russe).
2. Ste r n ber g, A nwendung der 1ntegralgleichungen in der elektromagne-
tischen Lichttheorie. Comp ..Math., 1936, 3, nO 2.
3. Fr e u den t a l, U ber Beugungsprobleme der elektrornagnetischen Licht-
theorie. Comp. Math., 1938, 6, nO 2. .
II-2-43. Unicité de la solution du problème de Dirichlet pour équa-
tions elliptiques. Commençons par prouver une proposition auxiliaire
se rapportant aux matrices.
Lem m e. Soient A et B deux matrices symétriques réelles carrées,
les valeurs caractéristiques de A étant toutes strictement positives. Si les
valeurs caractéristiques de B sont toutes négatives, alors Tr (AB) ~ 0,
si elles sont toutes positives, alors Tr (AB) ~ O.
Soit U la matrice de la transformation orthogonale qui ramène B
à la forme diagonale, c'est-à-dire que UBU- 1 = [Ill' ... , Il n l,
390 CH. II. PROBLÈMES AUX LIMITES

OÙ fJ.i sont les valeurs caractéristiques de B. On sait que


Tr (AB) = Tr (UABU- l ) = Tr (UAU-lUBU- l )
(tome 111 1 , [11-1-8]) et que la matrice symétrique réelle A' = UA U-l
possède les mêmes valeurs caractéristiques que A. Par hypothèse
elles sont toutes >0 et par suite la forme quadratique
n
~ {A'}ik Gi~k
i, R=1
est définie strictement positive. Si l'on admet que ~s = 1 et les
autres ~i = 0, alors {A' }ss > °
(8 = 1, 2, ... , n). Par ailleurs
n
Tr (AB) = Tr (A' [fJ.l' fJ.2' •.. , fJ.n]) = Lj {A'}ss fl.,
s=1
d'où il s'ensuit immédiatement que si tous les fls ~ 0, alors Tr (AB)~
~ 0 et si tous les fls;:::: 0, alors Tr (AB) ;:::: O. Ce qui prouve le
lemme.
Signalons encore un fait qui nous sera utile pour la suite. Soit
u (P) = u (Xl' X 2 , • • • , Xn) une fonction continue réelle définie dans
un ouvert D de l'espace de point générique (Xl' X 2 , • • • , xn) admet-
tant dans D des dérivées premières et secondes continues. Supposons
que la fonction u (P) atteint son maximum en un point Po E D. Sous
ces conditions. la forme symétrique réelle
n
. .2J uXi~k (P 0) ~iÇk
t, R=1

ne peut prendre de valeurs strictement positives (tome 111 1 , [11-2-4]),


c'est-à-dire que les valeurs caractéristiques de la matrice symétrique
réelle Il u xixk (Po) Il ne sont pas toutes strictement positives. De
façon analogue, elles ne sont pas toutes strictement négatives au
point où u (P) présente un minimum.
Considérons l' équation elHptique linéaire
n n
L (u) = L} aUPx,xk
i, k=1 z
+ i=1
.L: biuxz. + cu = f, (289)

en admettant que aik' bh c et f sont des fonctions continues dans


un domaine fini D et que la forme quadratique
n
~ aik~i6k
i, k=1
est définie strictement positive dans D. Signalons que la somme

(290)
II-2-43. UNICIT~ DE LA SOLUTION DU PROBUJME DE DIRICHLET 391

est la trace du produit des matrices symétriques réelles Il aik Il et


" U xixk II· On admet que la fonction U (P) possède des dérivées pre-
mières et secondes dans D. L'unicité de la solution du problème de
Dirichlet pour l'équation (289) repose sur le théorème suivant.
Thé 0 r ème. Si c < 0 dans D, alors les solutions de l'équation
sans second membre
L (u) = 0 (291)
ne possèdent dans D ni de maximums strictement positifs ni de minimums
strictement négatifs.
Supposons par absurde que la fonction U (P) prend sa valeur
maximale u (Po) > 0 en un point PoE D. Toutes les dérivées pre-
mières doivent être nulles en ce point et l'équation (291) nous donne
n
~ aih.uxi~k = - cu (au point Po). (292)
i. h=l

De la condition de maximum il s'ensuit que les valeurs caracté-


ristiques de la matrice Il u xixk Il ne sont pas toutes strictement posi-
tives et en vertu du lemme prouvé ci-dessus le premier membre de
(292) est ~O, alors que le second est >0, car par hypothèse u (Po) >
> 0 et c (Po) < O. Cette contradiction prouve le théorème. On dé-
montre que la solution ne présente pas de minimum strictement
négatif de façon analogue ou en remplaçant u par -u.
On démontre de façon analogue que si dans l'équation (289)
f (P) ~ 0 à l'intérieur de D, la solution de cette équation ne pré-
sente pas de maximum strictement positif dans D, si f (P) ~ 0, de
minimum strictement négatif.
Le théorème prouvé nous dit que si c < 0 dans D, alors le pro-
blème de Dirichlet pour l'équation (289) admet une solution unique.
En effet, soient Ut (P) et U 2 (P) deux solutions de l'équation (289)
dans D, continues dans jj et vérifiant la même condition aux limites
= cp (P).
u 1s (293)
Sous ces conditions la différence v (P) = (P) - U 2 (P) doit être
Ul
solution de l'équation sans second membre L (v) = 0 et s'annuler
sur S. De là, en vertu du théorème prouvé, il s'ensuit que v (P) 0 ==
dans D, autrement dit Ut (P) ==
U 2 (P). En effet, s'il n'en était
pas ainsi, alors v (P) devrait présenter dans D des maximums stricte-
ment positifs ou des minimums strictement négatifs (ou les uns et
les autres), or le théorème affirme le contraire. On démontre l'unicité
de la solution du problème de Dirichlet en remplaçant la condition
c < 0 par la condition plus faible c ~ 0 dans D. Remplaçons à cet
effet la fonction v (P) par w (P) en posant
v = (ex - e-/3x 1 ) w, (294)
392 CH. II. PROBLÈMES AUX LIMITES

où les nombres a et ~ qui seront définis plus bas sont tels que la
différence a - e-/3xl > 0 dans D. En portant (294) dans l'équation
L (v) = 0, on obtient l'équation suivante pour w:
n n
.~
1, k=1
atkwXtXh + 1=1
~ biwxi + c'w = 0, (295)

où bi, tout comme bi! sont continus dans D, et


b R_ a
c' = c + e-/3X1 H'
R2
1H' (296)
a_e-/3x1 '

et en vertu de (294), on a w = 0 sur S.


Etant donné que au > 0 dans D, on peut choisir ~ de telle sorte
que bl~ - au~2 < 0 dans D et ensuite choisir a assez grand pour
que a - e-/3xl > 0 dans D. Ceci étant, dans l'équation (295) on a
c' < 0 dans D et la fonction w (P) qui est nulle sur S est justiciable
du théorème ci-dessus, d'où w (P) ==
0 dans D. De (294) il s'ensuit
qu'il en est de même de v (P).
L'hypothèse c ~ 0 est essentielle pour l'unicité de la solution
du problème de Dirichlet. Il est aisé d'exhiber un exemple dans
lequel l'équation L (v) = 0 avec c > 0 possède une solution nulle
sur S mais non identiquement nulle. Un tel exemple nous est fourni
par l' équation
(297)
que nous allons considérer sur le carré 0 ~ Xl ~ n, 0 ~ X2 ~ n.
Si k est un entier naturel, alors l'équation (297) admet la solution
v = sin kXl sin kx 2 ,
qUI est nulle sur la frontière du carré. On rappelle que l'équation
8. v + Âv = 0 (298)
possède une infinité de valeurs propres strictement positives  =
= 11,1; 11, = 11,2' ••• , telles que pour 11, = Âh l'équation possède des
solutions non identiquement nulles mais nulles sur la frontière· S
du domaine considéré.
Rem a r que. Les résultats ci-dessus nous permettent d'établir
quelques estimations pour les solutions du problème de Dirichlet.
Signalons les plus simples d'entre elles.
Soit u (P) la solution du problème
L (u) = f dans D; u 1s = o. (299)
On admet que c < 0 dans D. Désignons par !-t le minimum de 1c 1
et par AI le maximum de 1 f 1 dans D.
11-2-44. L'ÉQUATION t\.1! - Âv = 0 393;

Introduisons la fonction v en posant v = u + k, où k est une·-


constante. On a L (v) = L (u) + ck = f + ck, de sorte que v (P)
est la solution du problème
L (v) = f + ck dans D; vis = k. (300}<

Supposons d'abord que k = M•• Sous cette condition f + ck ~ 0 dans-


- ~
D et les solutions de l'équation L (v) = f + ck ne peuvent présenter
de minimum strictement négatif dans D. Or v (P) = M > 0 sur S,
~
donc v (P) ~ 0, c'est-à-dire v = u + M ~ 0 ou u ~ _ M • De
~ ~
façon analogue, en posant k = - M , on obtient u ~ ~ • En:
!1 !1
définitive on peut affirmer que la solution du problème (299) (si elle·
existe' oit vérifier dans D l'inégalité
M
lul~-.
!1
Considérons maintenant le problème
L(u)=O dans D; uls=cp (301);"
et désignons par N le maximum de 1cp 1sur S. En posant de nouveau
v = u + k, on est conduit au problème
L (v) = ck dans D; vis = cp + k.
Posons k = N. Vu que l'on a convenu que c < 0 dans D, la fonction
v ne peut présenter de minimum strictement négatif dans D. Pour
les valeurs frontières de v (P), on a de toute évidence cp N ~ O. +
D'où, comme plus haut, il résulte que 1l = U N ~ 0, c'est-à-dire-' +
u ~ -N. De façon analogue, en posant k = -N, on trouve u ~ N,
c'est-à-dire 1 u 1 ~ N dans D pour le problème '(301).
11-2-44. L'équation ~v - J.v = O. Considérons l'équation
~v - Âv = 0, (303)<
où Â > 0 est un nombre donné et posons le problème intérieur de-
Dirichlet avec la condition aux limites
v Is = f (N). (304);
Les solutions de l'équation (303) ne peuvent présenter ni de maxi-
mums strictement positifs ni de minimums strictement négatifs-
dans Di [II-2-43], d'où il résulte que le problème posé admet une
solution unique.
Si la fonction f (N) est telle que -a ~ f (N) ~ b, où a > 0 et,
b > 0 sont des nombres arbitraires, alors la solution du problème.
294 CH. II. PROBUlMES AUX LIMITES

<le Dirichlet doit vérifier une double inégalité identique dans Di


(ceci résulte 'du dernier résultat de [II-2-43l).
Considérons tout d'abord l' équation avec secon d membre
t1v - Âv = -cp (P) (dans Di) (305)
avec la condition aux limites homogène
v 18 = O. (306)
On admet que cp (P) est continue dans Di et possède des dérivées
.continues dans Di' Le problème (305), (306) est équivalent à l'équa-
tion intégrale ([II-2-33l)

:v (P) =- Â III G CP; Q) v (Q) dl: + III G (P; Q) cp (Q) dl:, (307)
Di Di

()ù G (P; Q) est la fonction de Green pour l'équation de Laplace


avec la condition aux limites (306). Comme -Â < 0 et que les va-
leurs propres du noyau G (P; Q) sont toutes strictement positives,
l'équation (307) admet, quel que soit le second membre, une seule
solution qui est solution du problème (305), (306).
Passons maintenant à la résolution du problème de Dirichlet
(303) , (304). Soit w (P) la solution du problème de Dirichlet pour
l'équation de Laplace avec la condition aux limites (304). La fonction
u (P) = v (P) - w (P) (308)
doit vérifier l' équa tion
t1u - Âu = Âw

.avec la condition aux limites


U 18 = O.
Dn vient juste de démontrer l'existence de la solution de ce problème.
Sachant u (P), on trouve la solution v (P) du problème de Dirichlet
avec la for'mule (308).
La solution singulière fondamentale de l'équation (303) est
- -v-ï: r
Vo (P) =
r
e, (309)

'où r est la distance du point P à un point fixe arbitraire Q. On peut,


à partir de cette solution, bâtir une théorie du potentiel exactement
<comme au [II-2-39J. Nous glisserons là-dessus et passerons à la dé-
fini tion de la fonction de Green.
La fonction de Green Gl (P, Q; Â) pour l'équation (303) avec
~a condition (306) est une fonction de P continue dans Di'" {Q},
possédant des dérivées premières et secondes continues dans Di'" {Q},
'Vérifiant l'équation (303) dans Di et la condition aux limites (306)
II-2-U. L'~QUATION Av - Âv=O 395

sur S, et est de la forme

(310)

OÙ gl(P, Q; Îv) possède des dérivées premières et secondes continues


dans Di' La fonction gl (P, Q; Îv) est la solution du problème de
Dirichlet pour l'équation (303) avec la condition aux limites
- V~r
gl(P, Q; Îv) Is= __e_4-:-n-r-
s
• (311)

On peut exactement comme au [II-2-291 prouver que gl (P, Q; Îv)


est une fonction continue en P et Q et que dans Dion a
- v): r
0< G1 (P, Q; Îv) < _e_=---
4nr
(r=PQ). (312)

La symétrie de la fonction G1 (P, Q; Îv) se démontre comme au


[II-2-30l.
La solution de l'équation (305) qui vérifie la condition (306) peut
être exprimée par la formule
v (P) = ~ ~ ~ G1 (P, Q; Îv) cp (Q) dT. (313)
Di

Ceci se prouve comme au [II-2-33J. L'intégrale

~~~ gtCP, Q; Îv) cp (Q) dT


Di

est solution de l'équation homogène (303) dans Di [II-2-33J.


L'intégrale du terme singulier peut se mettre sous la forme

Le premier terme est justiciable de la formule de Poisson, dans le


deuxième, le noyau est borné, donc on peut effectuer une double
dérivation sous le signe de la somme. De là, il s'ensuit immédiate-
ment que l'opérateur (~ - Îv) appliqué à (313) nous donne [-cp (P)1.
La condition aux limites (306) pour l'équation (313) se vérifie comme
au [II-2-33l.
On peut introduire la notion de fonction de Green d'une autre manière,
notamment comme au [II-2-1]. Considérons l'équation avec second membre
(305) et admettons que cp (P) est partout nulle sauf sur une boule De de centre Q
396 CH. II. PROBL:EJMES AUX LIMITES

et de rayon e petit et de plus

iii(()
De
(P) dT = 1. (314)

La solution de l'Équation intÉgrale (307) qui est équivalente au problème posé


s'écrit (tome IV l , [1-8])

v (P)= i~l R (P, Q'; 1.) (() (Q') dT Q/ (315)


Di

OÙ R (P, Q; Â) est la réwlvante de l'Équation (307). D'après la définition de


cp (Q'), on peut s'attendre que lorsque e -+ 0, le premier membre de (315) tende
vers Gl (P, Q; 1.) et le second, vers R (P, Q; 1.), de sorte que
Gl (P, Q; 1.) = R (P, Q; 1.),
a utrement dit, la fonction de Green Gl (P, Q; Â) est la résolvante de l'équation
(307).
Ceci nous conduit naturellement à la relation

Gl (P, Q; Â)=G (P, Q)-Â i)i Di


G (P, Q') G l (Q', Q; 1.) dT Q" (316)

qri TEut facihmmt être pcuy{e. ruifque la difffrence]{ (P, Q) = G1 (P, Q; J.) -
- G (P, Q) €Et la folution de l'Équation t:.H (P, Q) = JoG l (P, Q; 1.) qui vérifie
la condition aux limites (306) et reste continue en Q. Or, on sait que la résol-
vante se reprùente par une sÉrie suivant les fonctions propres du noyau (tome IV l ,
[1-32]), ce qui nous .onne ici
00

• _ . ~ Uk (p) Uk (Q)
Gl (P, Q, ').)-G (P, Q)--Â L.J Âh (Âh+ ) ,
Â
1<=1

OÙ ÂI1 et ul? (P) wnt les valeurs et les fonctions propres du noyau G (P; Q),
c'eEt-à-dire' de l'Équation (231) avec la condition (232). Une comparaison avec
(316) nous donne
00

Ce qui vient d'être dit ne saurait se substituer à une démonstra-


tion rigoureuse. Nous allons prouver maintenant la formule (317)
qui nous sera utile dans la suite.
Rappelons tout d'abord que la série
00

k=1
~ :2'
1<
(318)

où 'Ah sont les valeurs propres du problème (237 1 ), (237 2 ), est con-
vergente.
II-2-44. L'~QUATION 6.v - Î\.v =0 397

Définissons les coefficients de Fourier de la fonction G1 (Q' , Q; Â)


par rapport aux fonctions propres du problème (237 1 ), (237 2 ):

hh = ~~~ Gl (Q', Q; '1.-) Vh (Q') dT:Q'.


Di

En posant v (Q') = - t!.Vh (Q') on obtient


h Âkl '

'l.-hh h = - ~ ,\ ~ Gl (Q', Q; '1.-) dV h (Q') dT:Q'.


Di

Les deux dernières formules en traînent

('l.- h + '1.-) hh = - ~~~ Gl (Q', Q; '1.-) [dVh (Q') - 'l.-v h (Q')] dT:Q'. (319)
Di

La fonction G1 (Q', Q; '1.-) étant symétrique et la formule (313) don-


nant la solution de l'équation (305) qui vérifie la condition aux
limites (306), on peut affirmer que le second membre de (319) est
égal à Vk (Q). Le rôle de cp (Q) est tenu ici par
-[dVh (Q') - ÂVh (Q')] = (Â + 'l.- h) Vh (Q').
Cette fonction possède des dérivées continues dans Di et si on la
prend pour second membre de l'équation (305), alors la solution de
cette équation qui vérifie la condition (306) (cette solution est unique),
est v (P) = Vit (P). La formule (319) nous donne
h - l:h (Q) (320)
h - ÂIt+Â •

Le second membre de la formule (317) est donc la série de Fourier du


premier membre qui est une fonction représentable par le noyau.
La série du second membre de (317) converge régulièrement en P
pour Q fixe. Ceci résulte des majorations

~
00

];=1
v'ft (P)
Â~ = l .\ l G2
Di
(P; Q) dT:Q~C;

exactement comme au (tome IV l , (I-31l). La première de ces formules


exprime l'équation de fermeture pour la fonction G (P ; Q) [11-2-34].
Signalons encore que le premier membre de (317) est une fonction
de P et Q, continue dans le domaine fermé Di' Ceci peut être établi
de la même manière que la continuité du potentiel de volume et de
ses dérivées premières (tome II, [VII-3-9l). Signalons encore que le
terme de plus forte singularité de la fonction à intégrer du premier
398 CR. II. PROBL1l:MES AUX LIMITES

membre de (317) est égal à

OÙ r = Q'Q et r' = Q' P.


La véracité de la formule (317) résulte de ce qui précède. Lorsque
P == Q, on obtient la formule

~
00 v~ (P)
Âk(Âk+ Â )
r r r "Q)G 1 (Q,
= J J J G(P; P; 'A)d'tQ" (321)
k=l Di
la série étant uniformément convergente dans Di' puisque la fonc-
tion du second membre est une fonction de P continue d'après ce
qui a été dit plus haut (tome IV l' [1-38]). L'intégration de (321) sur
Di nous donne
00

~
k=l
Âk (Â:+Â) = ) JJ'P (P, 'A) d't,
Di
(322)


'P (P, Â) = ) JJG (P; Q) G (Q, P; 'A) dT:Q.
1 (323)
Di

La formule (322) nous servira à étudier les valeurs propres Âk •


11-2-45. Expression asymptotique des valeurs propres. Etudions
préalablement quelques propriétés de la fonction 'P (P, 'A). En tenant
compte des majorations de G et de G1 , on obtient

l '" (P, Â) 1";;; SJ J e~6~:r: d-rQ (r = PQ). (324)


Di
En intégrant sur l'espace tout entier et en introduisant les coor-
données sphériques d'origine P, on trouve
00 :Tt 2:Tt

l 'P (P, Â) 1 ~ 1:n JJJe- V;:r sin e dr de dcp =


2 4n ~À. (325)
000

Montrons maintenant que dans tout domaine fermé D' c Di


VÂ'P (P, 'A) -+ 4~ uniformément dans D' (326)
lorsque  -+ + 00.
En tenant compte des valeurs prises par les fonctions g (P: ()
et gl (P, Q; Â) sur S, on obtient les estimations:
1 e- V~r'
O~g (P; Qr~ -4T; O~gl (P, Q; 'A) > - 4nr'. (P ED'),
II-2-45. EXPRESSION ASYMPTOTIQUE DES VALEURS PROPRES 39!)

où r' est la dîstance de oD' à S. On a

VÀ'!J (P, Â) = VÀ ~ ~ ~ [ 4~r + g (P; Q) ] X


Di

e- nr
X [ 4nr + gl (P, Q; Â) ] d'tQ.
Chassons les parenthèses et décomposons l'intégrale en quatre
éléments:

1VT ~ ~ ~ g (P; Q) g, (P, Q; Â) d-rQ 1 ,,;;VI e~6~~r:' . V,


Di

(v est le volume de Di), d'où il vient que l'intégrale du premier


membre tend uniformément vers 0 pour À -+ 00 si P ED'. On a par
ailleurs

et l'intégrale du second membre est inférieure à une constante


quelle que soit la position de P dans Di' donc l'intégrale du
premier membre tend uniformément vers O. L'intégrale
- v~ r
e 4nr g (P; Q) d'tQ,

se traite de façon analogue. Reste à étudier l'intégrale


- \ \ Î e- v~7'
V'A J J J 16n2r2 d'tQ (327)
Di

et à prouver qu'elle tend uniformément vers 4~ si P ED'. Soient


Do et Dl, des sphères de centre P et de rayons respectifs r' et d~
où d est le diamètre de Di' On a
e - v~ 7' - \ r r e- vi 7'
16n 2r2 d'tQ~VÀ J J J 16n2r2 d'tQ~
Di

Exprimons les intégrales étendues à Do et Dl en coordonnées


sphériques d'origine P et introduisons la nouvelle variable
400 CH. II. PROBLÈMES AUX LIMITES

~= VJ: r. On est conduit ainsi à inégalité:


vi r' r- -V~ d

4~ )
o
e- P dp~V}: ) )
Di
l _e_~6-:-=-~r-::":- d't~ 4~.1 .\
0
e- P dp.

-Les termes extrêmes de cette double inégalité tendent vers


- 4~ pour  -+ + 00 quelle que soit la position de P ED'. De là,
~il s'ensuit immédiatement que l'intégrale (327) tend uniformé-
ment verS 4~ dans D', ce qui prouve (326). En tenant compte
..de (325), on peut [rendre D'assez proche de Di pour que

)l l
Di"D'
YÂ'!'(P, Â)< ~ ,

'Où 8 > 0 est donné. Par ailleurs, en vertu de (326), on a pour les
. assez grands

1 JJJVÂ 'P (P, Â) d't- ~~ I~ ~ ,


D'
<Où v' est le volume de D', d'où

1J) l V Â 1jJ (P, Â) d't - :n 1 ~ 4~ (1J - v') +8 l

Di
<OÙ V est le volume de Dio Il s'ensuit

Â-++oo j
Hm r Jr jr VÂ1jJ (P, Â) d't= Zn '
Di
~t en vertu de (322)
00

Â:i~ooVX ~ Àk (À: +À) 4~' (328)


h=l
L'utilisation de cette formule pour la déduction de l'expression
.asymptotique de  k rapose sur le théorème suivant:
Thé 0 r ème. Si la série
00
s (Â) = ~ Àkc~À (329)
k=1

~Ù 0 <Â ~Â ~
1 2 0 • 0' Ân -+ 00, converge pour  > 0 et
Hm VÂ s (Â) = H, (330)
Â-+ +00
D-2-U. EXPRESSION ASYMPTOTIQUE DES VALJ!lURS PROPRES 401

alors
(331)

la sommation étant étendue aux valeurs de k telles que Âk ~Â.


Appliquons ce théorème à la série (328). Dans ce cas Ch = Âj;l
et H = :11: et l'on obtient

Hm _~
"'-++00
~
y Â. '" k-...-;
::::::Â
;k - 2: 2

ou, ce qui revient au même,

(332)

où 8 (Â) -+ 0 pour  -+ + 00. Si  = Ân ., alors

(333)

Posons

et désignons le second membre de (332) par-cp (Â). C'est une fonc-


tion croissante de  et de plus -
0 pour Â<Â}7
cp (Â) = { (334)
am pour Âm~Â < Âm+le
Déduisons l'expression asymptotique de Ân • On a
n
n= 'Ç1 Âk • _1 =
L.J Â.k
k=1

= al (ÂI - Â2) + 0'2 (Â2 - Â3) + ... + O'n-I (Î"n-I -.- Ân ) + O'nÂne (335)
.La fonction croissante

est intégrable sur tout intervalle fini, donc il en est de même du


second terme du second membre. Les relations (332) et (334)
26-01017
402 CH. II; PROBL:E:MES AUX LIMITES

nous permettent d'écrire


"'n
J
o
cp (Â) d = al ( 2 - Âl ) + O 2 ( 3- Â2) +. ·.+ a n- l ( n - Ân - l ) =
Âo
n

= 3~2 Â~/2 + Jo e (Â) yr dÂ. (337)

Il est immédiat de prouver que


"'n
3~2 r e (Â) Y 1:" d ~ 0 pour n ~ 00. (338)
Ân ~
Soit ô> 0 un nombre donné. Fixons p assez grand pour que
1 e (Â) 1 ~ô pour Â>Â p • On a

"'n "'p (Â~/2_Â~/2)


J ~ e (Â) VI" dÂI~) 1e(Â) 1YÂ dÂ+2ô 3 (n>p),
o 0
d'où
"'n "'p _
l 'J.~2 ~ e(A) l'AdA/:;;;;; Ô+[
1
'J.;}'2 ~le(A)ll'A dA-
2ÔÂ. 3/2
3'J.f2]'
t
Le crochet est ~3 Ô en valeur absolue pour les n grands,
c'est-à-dire que
"'n
1
1.. 3/2
n 0
Jr e (Â) V~ d ~ô pour les n grands,

d'où l'on déduit (338). En vertu de (337), on obtient donc


al (Â 2 - Â1 ) + O 2 (Â 3- Â2 ) +... + an - l (Â n - Ân - l ) =
= _V_
31[2
 3/2
n
+ ' 'l
en/lin .
3/2

où B~ ~ 0 pour n ~ 00. En portant ceci dans (335) et en u tili-


sant (333), on trouve
n -_ _v_ Â 3/2
6n 2 n
+ H
en n
Â3/ 2
, (339)
OÙ B~ ~ O. D'où
2 2

4n =. (. 6n:n ) "3 ( 1 + 6: e~
1
) - 3" ,
II-Z-4S. EXPRESSION· ASYMPTOTIQUE DES VALEURS PROPRES 403.

'et 00. définitive

(8~ -+ 0).

Dans le plan, ce résultat s'écrit

"'n =
'1 4nR
-8- + 8 n'" n, (341)-

où S est l'aire du domaine.


Tout se ramène donc à la démonstration du théorème pour la
série (329).
T. Car 1 e man a appliqué la méthode ci-dessus dàns son travail Übet--
die asymptotiscl&e Verteilung der Eigenwerte partieller Differentialgleichungen
(Ber.. Sachsisch. Akad. Wiss. Leipzig, Math. Phys. Klasse, 1936, 88) pour-
déduire l'expression asymptotique des valeurs propres pour des équations de-
forme générale.
Exhibons le résultat qu'il a obtenu. Soit donnée l'expression
3 3
~ ô2 u ~ ôu
L(u)= LI apqôxpôxq+LI aPôxp+au (aqp=a pq),
P. q = l p = l
où a Pq' a p et a sont des fonctions continues réelles données dans un domaine fermq
D de l'espace de point générique (xl' x2,X3)' Soit par ailleurs la forme quadratique
3
~ apqSPSq
P. q=l
définie strictement positive si le point (Xl' X2,X3) E D. Considérons le problème
aux limites:
L (u) + Âu = 0
avec la oondition (302). Ce problème possède une infinité de valeurs propres qui
peuvent être complexes. Tout domaine borné du plan ne contient qu'un nombre
liai de valeurs propres et si on les ordonne, on obtient la formule suivante:

~~ Â~2
n
=6~2 ) ) )
D Y
,~,
,où !l est e déterminant d'éléments a pq . Signalons que li. > 0, puisque la forme
quadratique est strictement positive et le second membre de la dernière formule
est réel.
Da~s l',~uvrage cité de R. Courant et D. Hilbert, les expression~
asymptôtiques :des valeurs propres 'An de l'équation /i,u +Âu -0
ont été déduites à l'aide des propriétés extrémales des valeurs prol
pres. Cette méthode a été déjà exposée au [11-1-17] pour le cas d'une
seul~ variable indépendante. Son application-à l'équation Au 'Au = +
= 0 soulève de plus' grosses difficultés..
26'"
CH. II. PROB~MES AUX LIMITES

11-2-46. Démonstration du théorème auxiliaire. Avant de passer


il la démonstration du théorème énoncé dans le numéro précédent,
-on établira quelques formules auxiliaires et prouvera quelques
lemmes.
Posons:
q> (A) = ~ Ck; (342)
~k~).

0'" = q> (Â,,) =


" C"'.
LJ (343)
k=l
Dans la formule (342) la sommation est étendue aux valeurs de k
pour lesquelles Â", ~ Â. La fonction cp 0..,) est une fonction de Ât
eroissante et positive:

q> (A) = {O pour A < Â1 (344)


, am pour Âm~Â< Âm+t.
Comme A", + A~ 2A pour Â", ~ Â, il vient
cp(A)~2Â ~ Âkc~Â
)."'~~

êt en vertu de (330), on obtient


,

cp (Â) = 0 (V~), (345)


autrement dit, cp (Â}/Vl est borné pour  -+ 00. On a d'autre part
11-1

~ Â"'C~). = ~ O'k ( Âk~Â - Âk+~ +1.) +1.,,0,+-).,


k=l k=l
~t de plus

La formule (334) nous pèrmet d'écrire


" ).n
"" c'" '~ cp (x) d + 0'"
LI A",+A = (X+A)I x A,,+l·
1&=1
',:.,1, '.

Or 'Un ='(P'(l n ) et, de (~45) il s'ensuit que 0'"/(1,, + 1) -.. 0 pour


n -+ 00., donc la dernière formule nous donne
00 00

• (1) =,~ A1&c~A = ~ (x~~)2 dx. (346)


k=1 "0
11-2-.6. DSMONSTRATION DU THSOlUl:ME AUXILIAIRE 405

De (345) il résulte aussitôt que la fonction à intégrer est de l'ordre de


x-s/2 lorsque x -+ 00. Pour alléger l'écriture, si '1' (1) = a1b +
+ e (Â) Âb , où e (Â) -+ 0 pour 1 -+ 00, on écrira 'l' (Â) ~ aÂb (tome
III" [V-151). Prouvons deux lemmes:
Lem m e I. Si 1 (Â) est définie pour tous les 1 > 0 assez grands~
admet une dérivée continue, ÂI' (Â) croît avec  et 1 (Â) ~ a1q (q > 0),
alors l' (1) ~ aq1Q- l .
Prouvons d'abord ce lemme pour a = 1 et q = 1. On al (Â) ~ Â
et il nous faut montrer que l' (Â) ~ 1, c'est-à-dire il faut prouver que
l' (Â) -+ 1 lorsque 1 -+ 00.
Raisonnons par l'absurde. Si l' (Â) ne tend pas vers 1, il existe-
une suite de valeurs Ân , telle que Ân -+ 00 et l' (Ân ) -+ h, où h =1= 1.
Supposons par exemple que h > 1. Soit y > 0 un nombre arbitraire..
Comme ÂI' (1) est une fonction croissante, il vient
/ (')..,n + y n ) - / ( n ) _
y n -
ln+Vln Ân+V"'n
= y~" J
~n
f' (Â) d1> Ân~~~n) l d:
ln
= j' ~n) ln (1 + y) ..
Le second membre tend vers !!:..ln
y
(1 y) > 1 si y est assez voisin. +
de O. Or de 1 (1) ~ 1, il s'ensuit immédiatement que
/ (Â n +YÂ n ) - f (Â n ) -+ 1.
y /1

Cette contradiction prouve le lemme pour a = q = 1. Passons au cas


général. Posons 11. = 1 Q et fI (11) = ..!.
a 1 (11 / ). On a
1 Q

Donc, ,..,/; (11) est une fonction croissante et l'on peut appliquer
le lemme à Il (,...) pour a = q = 1, d'où il vient
1 l..-1 ..!..
Il (,...) ~ 1, Le. -l1
aq
q
f' (l1 q
) ~ 1,

et f' (1) ~ aqÂQ-1, ce qui prouve le lemme. Cette démonstration


reste en vigueur pour h = 00.
Considérons l'intégrale
1
00 P+-
u 2
Kp =
J
o
----,-,..."........,..2=-
(U+1)2p+
du (p = 1, 2, ... ). (347)
406 . 'CH. II. PROBLt;:MES AUX LIMITES

La substitution u = x/(1-x) nous permet d'écrire cette intégrale-


sous la forme (tome 1112 , [111-17)):
1
P 21 . 1 r (p+.!) r (P+.!.)
Kp = J x + (1-x)P- 2dx=
2
r (2P+2) 2 (348}
o
Lemme II. Soient
l-a.
u
P+-12
K p ,l = Jo (U+1)2p+2 du;
1
r
00
u
P+-
2
K p ,3= J (U+1)2p+2 du,
1+a.
-où 0 < a < 1. Alors
Kptl~Ô~Kp; K pt2 >(1-ô;)K p ; Kp.3~6;Kp-, (349)
.qù ô~, ô; et ô; qui dépendent de a, tendent vers 0 lorsque p~ 00.
En appliquant la formule de Stirling (tome III" [111-20])
1
r (z) = ·V21t zZ-2e- z [1 + 8 (z)] (8 (z) ~ 0 pour Z~ 00),
au second membre de (348), on obtient
3 (p+~)P+l (p+.!.)P
K p = V21t 2- 22-21' 2 3 2 (1 +e p ),
2p+-
(p+1) 2
()ù 8 p ~ 0 pour p ~ 00. Le produit de la fraction par 'V p tend
vers 1 lorsque p ~ 00, donc
1
Kp = Ap- 22-2P (1 + 8~) (8; ~ 0), (350)
3
<>ù A= V2i2- 2. La fonction u/(u+1)2 présente un maximum égal
il 1/4 en u=1, d'où

T' (U~1)' r(U~1)'


1 1

P
K P.1";;'k" du< k du,

-où 0 < k < 1/4 et k dépend de a. On obtient donc


K Pt 1 ~AlkP, (351)
()ù Al = 1t/2, et de façon analogue
K P. 3~AlkP. (352)
11-2-46. DSMQNSTRATION DU. TH:eOR~ME AUXILIAIRE 407.

On a kP = (1/4- ô)P, où Ô> 0 et dépend de cx. De ce qui précède,


il s'ensuit que k P.2 2P p 1/2=(1-4ô)P p1/2-+0 pour p-+oo et en
vertu de (350), (351) et (352), on obtien~ les inégalités .(349)
pour K P. 1 et K p. 3" On a par ailleurs
K P. 2 = K P - K P. 1 - K p. 3> K p - (ô; + ô;) K P'
de là on déduit (349) pour K p. 2' ce qui prouve le lemme.
Passons à la démonstration du théo;fème formulé au [11-2-45].
1) 'après l'hypothèse de ce théorème

s (Â) =
r cp (x)
00

J (X+Â.)2 dx ~ HÂ
- -
1

2. (353)
o
Considérons la fonction Â2S (Â) et montrons que sa dérivée est
strictement positive et croît avec Â:
00 00

d "2"
dÂ. [l'v S (l'v)] =
2 r Â-xcp (x)
J (X+Â.)8u.
d
x=
2
Jr ucp (Â.u)
(U+1)3
d
o 0

De la dernière expression et du fait que la fonction cp (x) est crois-


sante, il résulte immédiatement que la dérivée du premier membre
est strictement positive et croissante. On peut donc appliquer le
lemme 1 à la fonction Â2S (Â) et, en vertu de (353), obtenir
d 3 ~
dÂ. [Â2 S (Â)] ~"2 HÂ2,

d'où
00

-8'(Â)=2~ (354)

On a par ailleurs
r (u+
00
1 :!. d ucp (Â-u)
-  3s' (Â) ~"2 HÂ2, - d [Â3 S ' (Â)] = 2·3 J 1)4 du,
o
et l'on peut appliquer le lemme 1 à la fonction - 1..3S ' (1..) :
d 1 3 !
- dÂ. [1.. 3s' (1..)] ~ 2:."2 H)..2.
Une dérivation combinée à (354) nous donne
00 5
S" (")
l'v
= 3.f J\ cp (x)
(X+Â.)4 dx ~ 2'2H1..1 3 - -
2. (355)
o
408 CH. II. PROB~MES AUX LIMITES

En prolongeant cette procédure, on est conduit à la formule


00 2m+l
(_1)ffl sm (Â) = (m + 1) 1 ) (X+~~+2 dx __ {·3 .. ~~m-1) RÂ- -2-.
o
(356)
Etudions maintenant le comportement de l'intégrale

(357)

pour de grands Â. On a

xp ( 1- x  ) ~ p ~ ( s) ~(~).,).~
(x +
).,)2p+2 - (x+).,)p+1 - LJ P (x+).,)P+2+"
.=0

S ) = p (p -1) ... (p - s + 1) . 0
(
psI ' \1 p ) = 1 ,
et par suite
p 00

J p (Â) = ~ ( ; ) ( - Â)' ) (X;).,\Xj+2+. dx .


•=0 0
En tenant compte de (356) on obtient
1 p
J (Â) __ RÂ -p- 2 ~ (_1)' ( s) 1·3 ... (2p+2s+1)
p LJ p (p+s+1)12p+,'
s=o (358)
1
Jo (Â) =s (Â) -- RÂ - 2.
La première de ces formules peut être mise sous la forme

-p_! 1 PaS r (p+s+ )~


J p (Â) -- RÂ 2 vn ~ (-1) (p) r (p+s+2). (359)
s=o
Prouvons maintenant la formule

1 p (S r (p+s+ ) 2 ~
../n ~ (_1)8 p) r (p+s+2) = K po rr: (360)
s=o
A cet effet, considérons l'intégrale

(361)
11-2-46. DEMONSTRATION DU THEOR1lJME AUXILIAIRE 409

qui par la substitution x= Âu se ramène à la forme


1
p+ -00

1 , u 2 1
Lp= (362)
p+ - • (u+ 1)2p+2 du = P+.!. K po
1
 2 0  2

On a
p
X) P =.LJ(-1)
( x+Â "" & ( S) Â8
p (X+À)8'-
8=0

et l'intégrale (361) devient


p 00

Lp = ~ (_1)8 (~) Â8 )
8=0 0
1
p 00-

1
1
""
.LJ
(_1)8 (Sp) Jr u 2
(u+1)P+8+2
d
u. (363)
').P+'i 8=0 0

Le changement u=x/(1-x) nous donne

r
J
u"2
1

(U+1)P+8+2 du=
rJ x...!.. (1-x) P+8-i-~ dx= r({)r(p+s+{-)
2
r (p+s+2)
o 0

Portons ceci dans la formule (363) :

V-- p r (p+s+-.!- )
Lp= p:J.. ~ (_1)8 (~) r (p+s+~ .
2'). 2 8=0

En comparant avec (362) on obtient (360) et la formule (359)


devient
1
J (Â) ~ 2H Â-P-T K (364)
P Tt P
ou

(365)

où Tb. dépend de p et de  et ll;l.. -+ 0 pour p fixe et  -+ 00.


410 CH. II. PROBL:E}MES AUX LIMITES

Mettons l'intégrale J p (Â) sous forme d'une somme de quatre


termes:
(l-a)1I. (l+a)1I. 00

(Xx:<PÂ(~~+2 dx + ) + ) + )
1 (l-a)1I. (l+a)1I.

= J p, 0+ J P,l + J p. 2 + J p, 3' (366)


oQù 0 < ex. < 1. De (345), il s'ensuit
O~{J) (Â)~A VÂ,
{)ù A est une constante et par suite

J P. ,,çA
(l-a)1I.

J (X~:;p+. dx ~
o
1

AÂ -p-.1

K p. "

<l'où, en vertu du lemme II,


1
2H -P-T
Jp,l=n- Â Kp11 p,

, où 11p dépend de p et de ex. et 11p -+ 0 pour p -+ 00 et ex. fixe.


On obtient de façon analogue
1
2H -P-T ,
J p'3=--;:-Â Kp11 p,
{)ù 11~ est identique à 11p' Majorons J p, 0 :

J p, o~B J
r dx
(X+Â)2p+2 =
B
2p+1
[ 1
Â2p+1-
o
oQù B et BI sont des constantes (ne dépendant pas de p et de Â).
De là on déduit que
1
2H -P-T ,
J p, 0 = n- Â K p 111
-et l'on a
1
-P--
 2 ,
~ù C est une constante. Les formules précédentes entraînent:
1
2H -P--
Jp,2=n-Â 2Kp(1+T)1I.-T)~-1')p-T)~). (367)
11-2-46. D~MONSTRATION DU TH~OR~ME AUXILIAIRE 411

En tenant compte de la définition de J p, 2 et du fait que<p (x) es


une fonction croissante, on obtient
1
"'+a'" P+T
) (X~Î.)2P+2 dx=
"'-aÂ
1 1

=
(1+a)T Â-P-TK
cp (Î.+aÎ.)
(Î.+aÂ,)1/2· 1-a p, 2'
(368)
d'où
1 1 1 1
cp (Î.+aÂ,) 2ÂP+T J p . 2
P
(1-a)2 2 Â + T J p. 2 (1-a)T
(Â,+aÂ,)1/2 ~ Kp, Il 1+a ~ Kp 1+a '

La relation (367) nous donne


+
cp (Î. aÎ.) .......... 2H
(Î.+aÎ.)l/2::;::::;n-
(1 + ''b,-l1'''-l1p-l1p
' ') .( 1+a
1- a ) 1/2
• (369)
De façon analogue, à partir de (368) on déduit:
1
"'+a'" P+-
cp (Î.-aÎ.) \ x 2
Jp ,2> (Î.+aÎ.)1/2 J (X+Î.)2p+2 dx=
"'-a'"

d'où
1
cp(Î.-aÎ.) ~ ÂP + 2 J p , 2 (1+a) 1/2
(Î.-aÂ,)1/2 -...;::: K p '2 1-a '

et, en vertu du lemme II et de la formule (367),


~~:Î.~~J2 ~ :H (1 + l1"'-l1).-l1p-l1~) (~~~ )1/2(1_Ô~t1. (370)
Montrons maintenant que le rapport <p (Â)/VÂ tend vers 2H/n
lorsque  -+ 00 :
, cp (Î.) _ 2H
l lm '11/2 - - . (371)
"'-+00 l'v n:

D'une façon générale, un nombre A est une valeur limite admis-


sible de <p (Â)/Vr-pour  -+ 00 si pour tous 8 > 0 et M > 0 il existe
des Â' tels que 1 A - <p (Â')!VÂ' 1 ~ 8 et Â' ~ M. De façon analo-
gue, A = + 00 sera une valeur limite admissible de cp (Â)/V1: si
pour tous M > 0 et N > 0 donnés, il existe des valeurs de Â' telles
que <p (Â')!VÂ' ~ N et Â' ~ M. Signalons que par valeur limite
412 CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES

admissible on entend des valeurs de A telles qu'il existe une suite


infinie strictement croissante de valeurs Ân de  telle que cp (Ân)/VÂn-+i
-+ A. Il nous faut prouver qu'il existe une seule valeur limite admis-
sible et qu'elle est égale à 2H/n.
Considérons les inégalités (369) et (370). Nous remarquons que
leurs premiers membres ne dépendent pas de p contrairement aux
seconds. Fixons d'abord p et ex et faisons tendre  vers l'infini de
telle sorte que les premiers membres de ces inégalités tendent vers
une valeur limite admissible de A. Nous obtenons, compte tenu du
fai t que 'llp et 'll~ ne dépendent pas de Â:
A 2 2H (1 _ _') ( 1- a
~ 1t 'llp 'llp 1 +a ) 1/2 '
A ~ 2H (1- _') ( 1 +a ) 1/2
-....;;;:: 1t 'llp 'llp 1-a .

Les premiers membres, c'est-à-dire A, ne dépendent ni de p ni de ex


et en admettant que p a été pris assez grand et ex assez voisin de 0,
on trouve que l'unique valeur admissible de A est 2H/n, c'est-à-dire
qu'on a (371). Ce qui prouve la relation (331) du théorème de
[11-2-45]. Cette démonstration est due à Hardy et Littlewood. Ces
auteurs ont par ailleurs établi une proposition plus générale, le
théorème prouvé ci-dessus n'en étant qu'un cas particulier.
II-2-47. Equations linéaires de forme plus générale. Considérons
l'équation
3
L(u)=2J ux·x·+b(x], x 2 ' xa)u= -f(x1 , x 2 , x a). (372)
i=1 1 1

Dans la suite on désignera simplement par (x) ou (~) les coordonnées


(Xl' X 2 , XS) ou (~l' ~2' ~s) des points de l'espace.
Supposons qu'on cherche la solution de l'équation (372) qui
vérifie la condition aux limites homogène:
u 18 = O. (373)
Les fonctions données b (x) et f (x) sont supposées continues dans
Di et possèdent des dérivées premières continues dans Di.
Exactement comme au [l1-2-44J on cherchera la solution de ce
problème sous la forme
u (x) = ) ) ) G (x; ~) f.t (~) d't;, (374)
Di

où G (x; ~) est la fonction de Green pour l'opérateur de Laplace


avec la condition aux limites (373). Cette condition est réalisée
pour la fonction u (x) définie par la formule (374) quelle que soit la
fonction continue f.t (~) et il faut choisir cette dernière de telle sorte
11-2-47. SQUATIONS LIN~AIRES DE FORME PLUS G~NgRALE 413

que l'équation (372) soit vérifiée dans Di' En admettant que ~ (s)
est continûment dérivable, on obtient pour elle l'équation intégrale
f! (x) = f (x) + JJJK (x; s) ~ Œ) dt'~ (375)
Di
de noyau
K (x; s) = b (x) G (x; S). (376)
Considérons l'équation homogène associée
~ (x) = JJJK (x; s)~, (s) dt'~. (377)
Di

Il nous faut voir si cette équation ne possède pas de solutions non


triviales. Supposons que b (x) ~ 0 dans Di et soit ~o (x) une solu-
tion de l'équation (377). La formule (374) pour ~ (s) = ~o (6) nous
donne la solution de l'équation L (u) = 0 qui satisfait la condition
(373). Or cette solution est identiquement nulle [11-2-43], c'est-à-dire
que
1JI l
G (x; 6) ILo (6) dT. = O. (378)

De la formule (377) pour ~ (x) = ~o (x), il s'ensuit immédiatement


que lto (6) doit posséder dans Di des dérivées continues [11-2-33] et en
appliquant l'opérateur de Laplace aux deux membres de (378), on
trouve ~o (x) == 0, c'est-à-dire que l'équation (377) n'admet que la
solution triviale pour b (x) ~ 0 et par suite l'équation (375) admet
une solution quel que soit le second membre. Comme f (x) possède
par hypothèse des dérivées premières continues dans Dit on peut
affirmer qu'il en est de même de ~ (x), d'où il s'ensuit que la formu-
le (374) nous donne la solution du problème posé. On démontre que
l'équation homogène (377) n'admet que la solution triviale quel que
soit le signe de b (x) si le domine Diest assez petit. Tout ce qui vient
d.'être dit vaut pour le plan. Si l'on applique la méthode dévelop-
pée ci-dessus à l'équation
3 3
2J u X 'x , ~ a, (x) U + b (x) U =
+ i=1 Xi - / (x), (379)
i=1 t t

on est conduit à une équation intégrale de noyau


3
K (x; s) = 2J
. t
ai (x) Gx · (x; s) + b (x) G (x; s).
t
(380)
.t=

Si les dérivées de la fonction de Green sont telles que


C
IG~I (x; 6) 1~7' (381)
414 CH. II. PROBL:I!:MES AUX LIMITES

alors cette équation intégrale est justiciable des théorèmes habituels.


On trouvera une démonstration relativement simple de la majo-
ration (381) dans l'article de D. E ï d 0 u s (DAN SSSR, 1956,
106, nO 2).
11-2-48. Tenseur de Green. Soit L (u) une opération linéaire as-
sociant un vecteur au vecteur u (u I , U7" U3) dépendant de (x, y, z).
Considérons l'équation
L (u) = - /, (382)
où 1 est un vecteur donné dépendant dé (x, y, z). Supposons que sur
la surface S du domaine D est donnée une condition aux limites
homogène, par exemple la condition:
u Is = O. (383)
Par tenseur de Green pour L (u) avec la condition aux limites
(383) on sous-entend une matrice
Gu Gu Gu
G (P; Q) = G (x, y, z; s,
11, ~) = G21 G22 G23 ,
G31 G32 G33
telle que l'équation (382) avec la condition (383) soit équivalente
à la formule
u (P) = ) ) ) G (P; Q) 1 (Q) dTQ, (384)
D
l'expression à intégrer étant l'image du vecteur f par la matrice
G (P; Q) traitée comme un opérateur; c'est-à-dire que cette expres-
sion est un vecteur de coordonnées:
Gil/l +
Gi2 /2 +
Gi3 /3 (i = 1, 2, 3).
Chaque colonne du tenseur nous donne les composantes d'un vecteur
gk (k = 1, 2, 3) qui possède des dérivées continues dans Di"'..... {Q}
et vérifie l'équation homogène (382) avec la condition aux limites
(383). La nature de la singularité en Q résulte immédiatement de la
signification physique du problème. En se servant du tenseur de Gre-
en on peut ramener comme plus haut le problème aux valeurs et
fonctions propres de l'équation
L (u) +
Âu = 0
avec la condition aux limites (383) à un système d'équations inté-
grales.
Ecrivons l'équation fondamentale de la théorie de l'élasticité pour le vecteur
déplacement (tome IVl , [11-35))

P ~:~=G(~U+mm 2graddiVu).
II-2-48. TENSEUR DE GREEN 415

En se servant de la formule (tome II, (IV-2-6])


rot rot u = grad div u - &u,
on peut mettre cette équation sous la forme suivante pour le cas statique:
&*u = a grad div u - b rot rot u = 0, (385}

_ G (2m-2). b-G
a- m- 2 ' - ~

ou, en introduisant les coefficients de Lamé Â. et J.!., a = Â. 2,...; b = ,.... +


Dans un domaine illimité, la force unité appliquée en un point Q (S, T), ~}
parallèlement à l'axe des Z produit un déplacement de coordonnées *) :

On obtient des expressions analogues pour le déplacement dans le cas de


forces parallèles aux axes des X et des Y. Le tenseur de Green s'écrit dans ce cas
1 1
G = 81ta Pa + 81tb Pb, (386)


1 (x- ~)2 (x-è,) (y-rI) (x-~) (z-~)
r r3 r3 r3
(Y-'I']) (x-~) 1 (Y_'I'])2 (y- T) (z-~)
Pa =
r3 r r3 r3
(z-~) (x-~) (z -~) (y - '1']) 1 (Z_~)2

r3 r3 r r3
et
-.!. + (x _ ;)2 (x-ç) (Y-T) (x-;) (z-~)
r r3 r3 r3
(Y-T) (x-~) 1 (Y_'I'])2 (Y-T) (z-~)
Pb=
r3 r+ r3 r3
(z-~) (x-;) (z-~) (Y-'I']) 1 (Z-~)2
r3 r3 -,:+ r3

La condition aux limites (383) est remplacée ici par u 100 = O. L'équation
&*u = - f

*) A. L 0 v e, A treatise on the mathematical theory of elasticity. Cambridge


University Press, 1906.
416 CH. II. PROB~MES AUX LIMITES

admet ici la solution (385). Le tenseur (386) s'appelle en théorie de l'élasticité


.tenseur de déplacement de Somigliana. On peut le mettre sous la forme

G-
-
1
8n~ (Â + 2~)
[Â +3Â
r
E+(Â+ )~J
~ r 3

.i)Ù E est la matrice unité et r X r, le tenseur


(X_~)2 (x-~) (Y-1') (x-~) (z-~)

r X r= (Y-1') (x-~) (y _1')2 (Y-1') (z-~)


(z-~) (x-~) (z-~)(y-1') (z_~)2

Dans un travail de Weyl (Rend. Circ. math. Palermo, 1915) on trouvera les
-divers analogues de la formule de Green pour l'équation (385), la construction
.-du tenseur de Green pour un domaine borné et l'étude à l'aide de ce tenseur
.des valeurs propres de l'équation
L\*u ÂU = O. +
11-2-49. Problème statique plan de la théorie de l'élasticité. Certains pro-
blèmes aux limites sont résolus dans le plan à l'aide de l'intégrale de Cauchy.
"Tel est par exemple le cas du problème de Dirichlet pour une équation harmoni-
-que et biharmonique ou des problèmes de la transformation conforme d'un do-
maine simplement connexe en un disque ou d'un domaine multiplement connexe
en un domaine d'un certain type (V. Kr y 1 0 v. Matem. zb., 1938,4 (46), nO 1).
L'intégrale de Cauchy ramène ces problèmes à des équations intégrales. On se
propose d'appliquer cette méthode à la résolution d'un problème statique plan
-de la théorie de l'élasticité (N. Mou s k h é 1 i c b vil i, Quelques problèmes
.de la théorie de l'élasticité, Moscou, «Naouka», 1966 (en russe». Si la condition
aux limites se traduit par la donnée des déplacements sur le contour l d'un
domaine B, alors la résolution du problème statique revient à trouver deux
fonctions fP (z) et 'l' (z) régulières dans B et vérifiant sur le contour lIa condition
- kfP (z') + z'fP' (z')+'IJ (z') = f (z') (z' E 1) (387)
>OÙ k est une constante réelle, f (z') une fonction donnée sur l. En multipliant
1
les deux membres de (387) par 2 t ' 1 ,où z est extérieur à l et en intégrant
11: z - z
le long de l, on obtient

k
- 2ni J.~ ëp(?) dz' +~
z' -z 2m Jr Z'q/ (z')
z' -z
dz' = F (z)
'
l l
·où
F(z)=_1_.
2m J
r z'-z
f(z') dz' (z est extérieur à l)
l
est une fonction connue à l'extérieur de l. En faisant tendre z vers le contour
l, on obtient

~fP(t)-~
2
r qi(Z')
2m J z' - t
dz'-! tfP'
2
(t)+~ r ?fP' (z') dz'=F (t)
2m J z' - t e ,
(388)
l l
-()ù les intégrales sont comprises au Eens de leur valeur pr.incipale. Pour
-obtenir une équation contenant des intégrales ordinaires, servons-nous des
II-2-49. PROBUlME STATIQUE PLAN DE L'~LASTICIT~ 417

formules
~-t)+_k_ \' (j)(?)d;? =0; -.!..q)' (t) _ _1_. \' cp' (z')dz'
2 cp ( 2J'ti J z' _ t 2 2m J z' - t O.
l l

En multipliant la deuxième équation par t et en ajoutant les deux


équations terme à terme à l'équation (388), on trouve

- (t)
kcp - + -:--)'
k
_J'tl
1-- Zi-t + -2.
cp (z') d ln-'-t
z -
1
J'tl
I cp' (z') Zz'-t
-,-
-
t dz' = Fe (t).
l L

Enfin, en intégrant par parties l'intégrale qui contient cp' (z'), on obtient
-
k<P(t)+-2"'
:ru
k i-- ?- t 1 ~
<p(z')dln-'-t--2·
z - J'tl
z' - t
<P(z')d-'-t=Fe(t).
Z -
(389)
l L

Si l'on pose z' - t = r;w" l'équation précédente devient

k<p(t) +_1 \ [e- 2itf cp(z')-k<p(z')]dft=F e (t). (390)


J't J
l

En séparant la partie réelle de la partie imaginaire, on obtient un système


de deux équations intégrales pour les valeurs de la partie réelle et imaginaire de
cp (z') sur 1. La résolution de ces équations nous donne cp (z') sur l, et la formule
de Cauchy, cp (z) à l'intérieur de l. Pour trouver 'IlJ (z) on multiplie les deux
1
membres de (387) par 2 . , 1 , où z est intérieur à l, et on intègre le long de l:
J'tl z -" Z

'P (z) =~ (' ~) dz' __1_. \ ?cp' (z') dz' +_1_. \ ~ (z') dz'.
2m' z - z 2m J z' - z 2m J z - z
l l l

Cette méthode de réduction du problème aux limites (387) à une équation


intégrale est due à,~N. Mou s k h é 1 i c h vil i (DAN SSSR, 1934, 3, nO 1).
En composant l'équation (389), on a admis que le problème possédait une
solution. L'étude de l'équation (389) nous permet d'établir le théorème d'existen-
ce de la solution du problème statique plan posé non seulement pour un domaine
simplement connexe, ce que nous avons admis plus haut, mais aussi pour un
domaine multiplement connexe *).
La réduction du problème statique plan de la théorie de l'élasticité à une
équation intégrale a été donnée dans le travail de V. A. Foc k (C.r. Acad. Sei.
Paris, 1926, 182).
Dans l'équation (390), ft est l'angle formé par le rayon vecteur d'origine
un point t fixe du contour 1 et d'extrémité un point variable z' de l et l'axe des
x. En prenant ceci en considération, on voit immédiatement que l'équation
homogène (390) possède une solution cp (z') = const non triviale. On peut en
dire autant de l'équation (389). On peut toujours admettre que z = 0 est inté-
rieur à l. De la forme de la condition aux limites (387), il s'ensuit que l'on peut
transporter le terme constant de cp (z) dans 'IlJ (z) et admettre que cp (0) = O.
D'où il résulte que
\ cp (z') dz' = o.
J z' ,
l

*) D. S he r m a n, DAN SSS'R, 1935, 4, nO 3.


27-01017
418 CH. II. PROBUlMES AUX LIMITES

en ajoutant cette équation à (389), on obtient une nouvelle équation qui ne


possède plus de fonctions propres.
On peut appliquer une autre méthode pour résoudre le problème aux limites
(387) *). On cherchera <p (z) et '1' (z) sous la forme
1 ~
<p (z) =--. ül(Z')
dz' (z est intérieur à 1),
2:n z'-z
l

'" (z) = _1_.


2m
r z'ffi(Z')
J - z
dz' _ _1_
2ni
r .?"z' - (z')z dz' + _1_
J
ül r (z')
2ni J z' - z
ül dz'
'
l l l

où ül (z') est la fonction cherchée sur 1. En portant <p (z) et '1' (z) dans (387) et en
utilisant les propriétés de l'intégrale du type Cauchy, on obtient l'équation
intégrale suivante pour ül (z') :
k ,
kül (t)--2. ül (z') d ln
z' - t
,
1)
-2. ül (z') d
z' -
,
t
= - t (t).
nz ., z - t nz z - t
l l

Le travail de D. S h e r man traite le cas d'un domaine multiplement connexe


et analyse l'équation intégrale obtenue.
11-2-50. Sur les résultats de Schauder. Les problèmes aux limites
classiques pour les équations elliptiques du deuxième ordre
n n
L (u) = .~
~t k=l
aihuxiXk + h=l
~ bhu Xk + cu = t (391)

sont le pro b 1 ème d e D i r i chi e t dans lequel les valeurs de


la fonction u sont données sur la frontière S d'un domaine D c Rn:
u 18 = cp (s) ; (392)
le pro b 1ème de N e u man n dans lequel les valeurs de la
dérivée de u suivant la conormale à S sont données sur S:

(393)

et enfin le pro b 1 ème m i x t e, où est donnée une combinaison


linéaire de P (u) et de u sur S:
P (u) au 18 = X (s). + (394)
Les résultats les plus élégants sur l'existence d'une solution du pro-
blème de Dirichlet dans des domaines bornés D appartiennent à Schau-
der et partiellement à Caccioppoli: J. S cha u der, Uber lineare
elliptische Dijjerentialgleichungen zweiter Ordnung. Math. Z., 1934,
38; Numerische Abschiitzungen in elliptischen linearen Differential-
gleichungen. Studia Math., 1934, 5; R. Cac cio P pol i, Sulle
equazioni ellittiche a derivate partiali con n variabili indepen-

*) D. S h e r m a n, DAN SSSR, 1940,! 27, nO 9.


II-2-50. SUR LES R~SULTATS DE SCHAUDER 419

denti. Rend. Àcc. Lincei, 1934, 19. Ces résultats sont formulés en
termes d'espaces de RaIder Cl fa, (D). Les éléments de Ca (D) sont
des fonctions u (x) RaIder-continues d'ordre ex (ex E ] 0, 1 [) dans D,
c'est-à-dire u (x) est continue dans D et la constante de RaIder est
finie pour elle:
(395)
sup lu ex) - uCi(Y)I
Ix-yi
x, yED
== ()a
U D'

On définit une norme dans Ca (D) par


Il u II~ = sup lu
xED
+
(x) 1 (u)~. (396)

Les éléments de Cl fa, (D), l ~ 1, sont des fonctions continues dans D


et dérivables jusqu'à l'ordre l, les dérivées d'ordre l appartenant à
Ca (D). La norme de Cl +CI.. (D) est définie par
l
Il u 11~+a) = 2J 2J sup IDRu (x) 1+ .2: (DlU)~,
k=O (k) xED (Z)
(397)

où 1j signifie que la sommation est étendue à toutes les dérivées


(k)
d'ordre k. Les espaces Cl fa, (D), l ~ 0, sont des espaces de Banach.
Il en est de même des espaces Cl (D), l = 0, 1, ~ .. , constitués d~
fonctions continues dans D et possédant des dérivées jusqu'à l'ordre
l continues dans D. La norme dans Cl (D) est définie par
l
Il u II~) = ~ ~ SUp 1Dk U (x) 1. (398)
k=O (h) xED

Il est d'usage d'écrire simplement C (D) pour Co '(D).


On dira que la frontière S d'un domaine D c Rn est de classe
°
Cl +CI.. , l ~ 1, ex E 10, 1[, s'il existe un nombre p > tel que l'inter-
section de 8 et d'une boule B p de rayon p centrée en un point arbi-
traire XO E 8 est une surface connexe définie dans un système de coor-
données cartésiennes locales (YI' ... , Yn) d'origine XO par l'équation..
Yn = 0) (YI' ... , Yn-I), la fonction 0) (YI' ... , Yn-I) appartenant.
à la classe Cl +Ci dans le domaine fermé B (XO, p) qui est le projet~
orthogonal de l'intersection 8 n
B p sur le plan Yn = O. Par « sys-
tème de coordonnées cartésiennes locales d'origine XO E 8 » on dé-
signe un système dont l'axe des Yn est orienté suivant la normale à S
en XO et les autres axes Yi7 qui sont deux à deux orthogonaux, sont
situés dans l'hyperplan tangent à S en xO.
Dire qu'une fonction cp définie sur une surface 8 de classe Cl i«.
appartient à Ck+/3 (8), k + ~ ~ l +
ex revient à dire qu'elle appar-
tient en tant que fonction des coordonnées locales (Yh ... , Yn -1)
à Ch +/3 (B (XO, p)) pour tous les XO E S.
27'
420 CH. II. PROBL:E:MES AUX LIMITES

Voici le résultat fondamental de Schauder:


Thé 0 r ème 1. Si les coefficients et le second membre f de l'équa-
tion (391) sont des éléments de Cl +a (D), l ~ 0, où D est un domaine
borné de Rn,
n n
2J aih~i~k > V ~ ~L V = const > 0,
i, k=1 i=1
C (x) ~
0, S est de classe Cl +2+a et cp E Cl +2+a (S), alors le problème
(391), (392) admet une solution u et une seule de la classe Cl +2 +a (D).
Ce théorème combiné à la compacité de l'immersion de Cl +a (D)
dans Cl (D) et aux propriétés spectrales des opérateurs complète-
ment continus nous permet d'établir l'analogue du premier et du
deuxième théorème de Fredholm pour l'opérateur L avec la condition
de Dirichlet. Plus exactement, considérons parallèlement au pro-
blème (391), (392) le problème spectral
L (u) = 'Au, uls = O. (399)
Pour que le résultat soit plus complet il faut admettre que 'A est un
nombre complexe et u une fonction de la variable réelle x à valeurs
complexes. De ce fait, il faut introduire les analogues des espaces
Cl +fi. (D), dont les éléments sont des fonctions à valeurs complexes
u (x) = Ul (x) + l,U 2 (x), où Ul (x) et U 2 (x) appartiennent à Cl+a (D).
On désignera aussi ces espaces par Cl +a (D). Une norme dans un tel
Cl +a (D) est définie comme la somme des normes (397) pour Ul et u 2 .
On a la proposition suivante:
Thé 0
°
r ème 2. Supposons que toutes les hypothèses du théorème
1 à l'exception de c (x) ~ sont remplies pour Let S. Alors le problè-
me (399) possède des solutions non triviales pour un nombre au plus dé-
nombrable de valeurs 'A: 'A = 'Ah, k = 1, 2, ... , et ces solutions appar-
tiennent à Cl +2 +a (D). Les nombres 'Ah sont situés dans la parabole qua-
dratique n = {'A = 'A' +
i'A": 'A"2 ~ al (a 2 - 'A'), al > O} dont les
paramètres ai se déterminent à l'aide des coefficients de L. Chaque Â'1~
est de multiplicité finie, c'est-à-dire qu'à chaque 'Ah. est associé un nom-
bre fini de solutions linéairement indépendantes. Le problème
L (u) = 'Au + f, u 1s = cp, (400)
admet une solution unique dans Cl +2+'X (D) quels que soient f E Cl+a (D)
et cp E Cl +2+a (S), pourvu que 'A =1= 'Ah, k = 1, 2, ...
La dernière proposition du théorème peut être brièvement formu-
lée comme suit: le théorème d'existence résulte du théorème d'uni-
cité pour le problème (400). Les nombres {'Ah} constituent le spectre
de l'opérateur L pour la condition aux limites du problème de Diri-
chlet. Les solutions correspondantes Uh., c'est-à-dire les solutions du
II-2-51. SOLUTIONS DISTRIBUTIONNELLES DE LA CLASSE W~ (D) 421

problème (399)- pour Â, = Â,ln s'appellent fonctions propres de l' opé-


rateur L pour la condition aux limites du problème de Dirichlet.
Elles sont toutes de la classe Cl +2+'"1. (D). Il est impossible de formu-
ler sous une forme simple le troisième théorème de Fredholm pour le
problème (400) sous les conditions de régularité imposées plus haut
aux coefficients de L. Nous ferons ceci plus loin en imposant d'autres
conditions aux coefficients de L lorsque nous étudierons en détail
le problème (400) dans l'espace hilbertien W; (D).
La démonstration de ces théorèmes repose essentiellement sur
l'importante inégalité suivante:
" u Il YJ+2+a) ~ C [II L (u) IIYJ+a) + +
max 1u 1 Il u 11~+2+a)J. (401)
D
Cette inégalité est valable pour toute fonction u E Cl +2 +CI.. (D). La
constante C dépend seulement des normes des coefficients de L dans
l'espace Cl+a (D), de la constante d'ellipticité v et de la frontière S
qui doit appartenir à la classe Cl +2 +a. Si le coefficient c (x) ~ 0,
alors on peut éliminer le terme max 1 u 1 du second membre de (401).
D
Il est d'usage d'appeler l'inégalité (401) inégalité de Schauder (qui
l'a établie pour l = 0).
Nous ne développerons pas ici les démonstrations des faits men-
tionnés, car elles sont compliquées et assez laborieuses. Le lecteur in-
téressé pourra consulter la monographie de O. Lad y j e n s k a ï a
et N. 0 u raI t s é v a, Equations linéaires et quasi linéaires de type
elliptique, M., Naouka, 1973 (en russe). Signalons à ce propos l'idée
originale et assez fructueuse de Korn, appelée généralement « gel })
des coefficients. Cette idée a permis de décomposer le problème en
plusieurs problèmes « canoniques}) faisant intervenir seulement
l'opérateur de Laplace. Pour résoudre ces problèmes on se sert de la
théorie classique du potentiel exposée dans les paragraphes précé-
dents. Cette idée est largement utilisée dans l'étude des problèmes
aux limites généraux pour équations et systèmes d'équations d'ordre
quelconque de type elliptique et parabolique; elle a permis en par-
ticulier de prouver que les problèmes (391), (393) et (391), (394)
admettaient une solution au sens de Fredholm.
On prouvera dans les numéros suivants que le problème (400)
admet une solution au sens de Fredholm dans l'espace hilbertien
W; (D). Cette démonstration est bien plus simple que dans les au-
tres espaces et ne fait pas intervenir l'idée de Korn.
11-2-51. Solutions distributionnelles de la classe IV~ (D). Pour la
suite de l'exposé il nous sera utile de mettre l'opérateur L sous la
forme
n n
L(u)= 1 ...
au) + ~ b.-+cu
~ -ax·a ( a· .. -ax.. au
()x. , 1
(402)
• 1 H. 1
'l, k=1 i=1
422 CH. II. PROBL:E:.MES AUX LIMITES

Si les coefficients aik possèdent des dérivées distributionnelles pre-


mières dans D, alors tout opérateur L de (391) peut être représenté
sous la forme (402) et réciproquement (aux valeurs près des coeffi-
cients bi)' Dans les numéros suivants, on se propose d'étudier la
résolubilité du problème de Dirichlet
L (u) = 'Au + f, u 1s =0 (403)
dans un domaine borné D pour des opérateurs elliptiques généraux L
à coefficients variables en fonction des valeurs du paramètre 'A. Si
ailu b i et c sont des fonctions mesurables bornées sur D et aik possè-
dent des dérivées distributionnelles bornées, alors pour toute fonc-
tion u E W; (D), l'opérateur L (u) est un élément de L 2 (D) et pour
tout 11 E C~ (D), on a
- ~ L (u) 11 dx = L (u, 11), (404)
D

où L (u, 11) désigne la forme bilinéaire

L (u, 11) = ~ (ai1~uXk11 Xi - biu Xi 11 - CU11) dx. (405)


D

Ici et dans la suite on omettra le signe ~ lorsque la sommation est


étendue aux indices se répétant deux fois. L'égalité (404) s'obtient
par une intégration par parties du premier groupe de termes du pre-
mier membre de (404) (voir formule (107) de [1-2-19]). Comme
L (u) E L 2 (D) et que l'ensemble C~ (D) est dense dans l'espace
o . 0

~ (D), alors la relation (404) est satisfaite pour tout 11 E W~ (D).


o
Toute fonction 11 E ~ (D) peut être approximée pour la norme de
~ (D) par des fonctions 11m E C~ (D). La relation (404) est véri-
fiée pour u et 11m et l'on peut y passer à la limite par rapport à m
pour m --+ 00. On obtient (404) pour toute fonction u E W; (D) et
o
11 E ~ (D).
Si u appartient à W: (D) et est solution de l'équation
L (u) = 'Au +f (406)
(pour presque tous les x E D) où f E L 2 (D), alors pour cette fonction u
o
et pour tout 11 E W~ (D), on a

L (u, 11) = - ~ ('Au + f) 11 dx. (407)


D

La réciproque est également vraie: si la relation (407) est réalisée


o
pour un élément u E W: (D) et pour tout 11 E W~ (D) (ou à la rigueur
pour tout 11 E Cc;' (D)), alors u est solution de l'équation (406). En
11-2-51. SOLUTIONS DISTRIBUTIONNELLES DE LA CLASSE W~ (D) 423

effet, de (407) et (404) il s'ensuit que

D
l (L (u) -- 'Au - f) Tl dx = 0,

et puisque le premier facteur appartient à L 2 (D) et le second est un


o
élément quelconque de W~ (D) (ou à la rigueur de C~ (D)), alors le
premier facteur sera nul en vertu du théorème 2 de (tome IV1 ,
[111-4]). Donc, l'équation (406) et l'identité (407) prise avec un Tl
o
quelconque de W~ (D) ou de C: (D) sont équivalentes sur W; (D).
Néanmoins l'identité (407) est valable pour les fonctions u E W~ (D).
Bien plus, elle ne contient pas les dérivées de ail1. par rapport à x.
Ceci nous permet d'introduire la généralisation suivante de la notion
de solution de l'équation (406):
On dit qu'une fonction u (x) est une solution distributionnelle de
classe ~ (D) de l'équation (406) si elle appartient à W~ (D) et vérifie
o
l'identité (407) pour tout Tl E Wi (D). S'agissant des coefficients
aik, b i et c, on peut supposer simplement que ce sont des fonctions
mesurables bornées sur D. De ce fait, on appelle solution distribution-
o
nelle de classe ~ (D) du problème (403), une fonction u E W~ (D)
o
vérifiant l'identité (407) pour tout Tl E W~ (D).
Cette généralisation de la notion de solution du problème (403)
est adéquate. Si les aik vérifient, quels que soient les réels 61' ...
... , Sn, l'inégalité
n n
~ aik (x) 6iSk>V ~
i, k=1 i=1
sL x ED, 'V = const > 0,
inégalité qui n'est autre que la condition d'ellipticité de L, et s'ils
sont dérivables, alors le problème (403) est justiciable de propositions
qu'il serait naturel d'appeler théorèmes de Fredholm. Celles-ci sont
identiques aux trois théorèmes de Fredholm prouvés précédemment
pour des équations intégrales de Fredholm de seconde espèce ainsi
que pour des équations plus générales de la forme u = 'AA (u) f +
dans un espace hilbertien séparable (notamment dans L 2 ) avec un
opérateur A complètement continu [(tome IV1 , chap. 1), (tome V»),
Formulons ces théorèmes. Leur démonstration, quoique élémentaire
du point de vue analytique, implique des notions et théorèmes de
l'analyse fonctionnelle qui seront abordés seulement au tome V.
Le premier théorème de Fredholm dit que si le problème (403)
possède au plus une solution distributionnelle de W~ (D), alors il
admet une solution pour tout f E L 2 (D).
Ceci est également vrai pour 'A complexe, mais dans des espaces
o
complexes L 2 (D), W~ (D) et W~ (D), c'est-à-dire qu'il faut admettre
que u et f sont des éléments de ces espaces. Les coefficients de L sont
424 CH. II. PROBL:E:MES AUX LIMITES

partout supposés réels. Pour formuler le deuxième théorème de Fred-


holm, il faut envisager les deux problèmes spectraux suivants:
L (u) = Âu, U 18 = 0, (408)
et
L * (u) = Âu, u 1 8 = 0, (409)
où L* est l'opérateur différentiel adjoint de L au sens de Lagran-
ge. En vertu de [I-2-19l l'opérateur L* est de la forme
L * (u )_ {j
'--{j aik- au- ') --a-(biu)+cu.
( f) (410)
Xi axk xi

Par solutions distributionnelles non triviales de classe W~ (D) du pro-


o
blème (408) on entend les éléments u E W~ (D) non identiquement nuls
vérifiant l'identité (407) avec 1 = O. De façon analogue, les solutions
distributionnelles de la classe W~ (D) du problème (409) sont les élé-
ments de W~ (D) vérifiant l'identité

L* (u, 11) == ) (aiku Xk 11xi - biU11xi - cU11) dx = - Â ) u11


D D
o
pour tout 11 E W~ (D).
Le deuxième théorème de Fredholm dit que les problèmes (408)
et (409) possèdent des solutions distributionnelles non triviales pour
un ensemble au plus dénombrable de valeurs Â: Â = Âk , k = 1, 2, ...
Ces valeurs sont confondues avec les  k mentionnés au [II-2-50l.
A chaque  k est associé seulement un nombre fini de solutions distri-
butionnelles linéairement indépendantes du problème (408) et du
problème (409) et ce nombre est le même dans les deux cas. La collec-
tion de nombres {Â k } s'appelle spectre de l'opérateur L et de l'opé-
rateur L* dans le domaine D sous la condition de Dirichlet.
Donc, le problème (403) admet une solution unique pour tout
f E L 2 (D) pour tous les  =1=  k • Si  = Âk dans (403), on s'assure
sans peine qu'une condition nécessaire pour que le problème (402)
admette une solution est que 1 vérifie les égalités

D
l Iv k dx = 0, (411)

où Vk est une solution distributionnelle quelconque du problème


(409) pour  =  k • Ceci résulte de (407) si l'on y pose  = Âk , 11 =
= Vk et que l'on remarque que

L (u, Vk) = L* (Vk' u) = - Âk ) vku dx.


D

Le troisième théorème de Fredholm pour le problème (403) avec


 =  k affirme que la réalisation de (411) est une condition nécessai-
II-2-51. SOLUTIONS DISTRIBUTIONNELLES DE LA CLASSE W:~ (D) 425-

re et suffisante pour que le problème (403) admette une solution


dans l'espace W~ (D). Dans ce cas le problème possède une infinité·
Nk

de solutions de forme générale u = Uo + i=l


~ CiUhi' où Uo est une so-
lution distributionnelle particulière du problème (403), Uh.'l i =
= 1, . . ., N h les solutions distributionnelles du pro blème (408}
pour 'A = 'Ah' et Ci des nombres arbitraires. Pour que toutes les-
propositions précédentes soient vraies, il est essentiel que D soit
borné et que les coefficients aih satisfassent les conditions
n n
V ~ Sr~aih (x) SiSh~~ ~ sT,
i=l i=l

où v > 0 et ~ > 0 sont des constantes. La condition que b i et c


sont bornés peut être affaiblie, plus exactement remplacée par la
condition b i E L q (D), q > n et C E L q (D), q > n/2. On peut de-
même affaiblir l 'hypothèse sur l, la remplacer par exemple par 1 E
E L q (D), où q ~ n-2n ') pour n > 2 et q fini quelconque pour n = 2.
...
On étudie de façon analogue le cas d'une condition aux limites de
Dirichlet non homogène ainsi que le problème de Neumann et le
problème mixte.
Lorsque b i == 0, l' équation
L (u) = 1 (412)
est une équation d'Euler pour la fonctionnelle quadratique

J (u) = j (aUiuXhuXi - cu 2 + 2ut) dx,


D

et l'identité
L(u, YJ)== j (ai1iuxhYJ~i-cuYJ)dx= - j IYJdx
D D
correspondant à (412) n'est autre que l'égalisation à zéro de la pre-
mière variation de J (u) sur les fonctions u et ÔU = 'YJ. Donc, au pro-
blème de Dirichlet pour l'équation (412) est relié un problème varia-
tionnel de recherche des points extrémaux de la fonctionnelle J (u)
sur une classe de fonctions de W~ (D). Les solutions de ce problème
(si elles existent) ne sont autres que les solutions distributionnelles
de classe W~ (D) du problème de Dirichlet pour (412).
Au (tome IV!, [III-9 à III-11l) on a montré que l'infimum de la
o
fonctionnelle J (u) sur W~ (D) est réalisé par un élément unique de
o
W~ (D) si C (x) == 0 (ceci est également vrai pour toute fonction
C (x) ~ 0 bornée). Les raisonnements effectués n'impliquaient pas
~6 CH. II. PROBLRMES AUX LIMITES

l'existence de la solution du problème de Dirichlet pour l'équation


(412); au contraire, ils garantissent l'existence de la solution distri-
butionnelle de classe W~ (D) du problème de Dirichlet pour (412).
Les bases d'une telle étude des problèmes aux limites (méthodes di-
'l'ectes) ont été jetées par Hilbert qui a justifié le principe de Rie-
mann pour L = A. Plus exactement, sans faire intervenir la théorie
.du potentiel il a prouvé que parmi les fonctions indéfiniment déri-
vables vérifiant la condition aux limites u 1s = cp il en existe une
(Jui réalise l'infimum de l'intégrale
2
J (u) = j ~ U~i dX 1 dx 2 ,
D i=l

-et cette fonction est harmonique dans D. Certes, à l'époque on


n'opérait qu'avec des fonctions continûment dérivables et on essayait
·d'obtenir directement des solutions classiques. Ceci a compliqué
singulièrement les choses. Dans les années 20, on a commencé à re-
noncer aux dérivées ordinaires (classiques) en introduisant des déri-
vées distributionnelles. Au début des années 30, lorsque la notion de
·dérivée distributionnelle exposée à la fin du tome IV 1 a pris corps,
le problème de la détermination de l'infimum de J (u) (pour c (x) ~
~ 0) a été posé et résolu en fait dans la forme exposée au (tome IV I ,
UII-9], [III-10l). Dans le travail de K. F rie der i c h s, Spektral-
theorie halbbeschriinkter Operatoren und Anwendungen auf die Spektral-
zerlegung von Differentialoperatoren (Math. Ann., 1934, 109, na 4-5)
la résolubilité de ce problème a été posée à la base de la construction
.de prolongements hermitiens semi-bornés des opérateurs elliptiques
n

L (u) == ~ à~i (aik ::k ) +cu,


i, k=1

définis initialement sur l'ensemble de toutes les fonctions régulières


nulles sur S. Les coefficients aik ont été supposés continûment dé-
rivables (ou, de façon générale, des fonctions de x de dérivées bor-
nées) et le problème du prolongement des opérateurs non bornés L a
-été posé dans l'espace hilbertien L 2 (D). Nous reviendrons sur cette
.question au tome V.
Les théorèmes de résolubilité du problème (403) (et les théorèmes
analogues de résolubilité d'autres problèmes aux limites classiques
pour l'équation L (u) = Âu +
f) formulés dans ce numéro ont été
prouvés à la fin des années 40 par des méthodes différentes par M. Vi-
-chik, O. Ladyjenskaïa et S. Mikhline. Les définitions des solutions
.distributionnelles introduites diffèrent par leur forme mais sont équi-
valentes dans leur fond. Nous avons exhibé les définitions d'une
solution distributionnelle d'une équation et d'une solution distri-
butionnelle du problème (403) proposées par O. Ladyjenskaïa. Ces
II-2-52. PREMUJRE I~GALIT:m FONDAMENTALE 427

définitions Olit été commodes pour l'étude des problèmes aux limites
non seulement linéaires mais aussi non linéaires. La démonstration
qu'elle a donnée des théorèmes de Fredholm se décompose en deux
étapes: elle établit d'abord l'équivalence de 1 identité (407) à une
équation opératorielle de la forme u = ÂA (u)
o
f dans l'espace +
hilbertien W; (D), où A est un opérateur complètement continu.
Pour cela elle utilise les estimations qui seront prouvées au numéro
suivant ainsi que le théorème de Riesz sur la forme générale des
fonctionnelles linéaires; ensuite à l'aide des théorèmes de Fredholm
valables pour de telles équations elle déduit les propositions sur la
résolubilité du problème (403) énumérées plus haut (voir à ce sujet
les leçons de O. Lad y j e n s k a ï a regroupées dans l'ouvrage:
Problèmes aux limites de physique mathématique. M., Naouka, 1970
(en russe). Une analyse plus détaillée des problèmes (403) et (408)
et la bibliographie correspondante sont données dans la monographie
de O. Ladyjenskaïa et N. Ouraltséva indiquée dans le numéro pré-
cédent).
11-2-52. Première inégalité fondamentale (ou énergétique). Sup-
posons que les coefficients de l'opérateur L de (402) satisfont les
conditions du [11-2-51], plus exactement, quels que soient les réels
SI' ... , Sn et xÉ D,
n n
V 2J
i=1
sf~aik (x) SiSk~f-l 2J
i=1
sÏ,
(413)
/ n
-\1 ~1 br (X)~f-ll' f-l2~C (X)~~t3'
où V> 0, f-l > 0, f-ll;;;:: 0, f-l2 et ~L3 des nombres quelconques (pas
forcément strictement positifs). Posons
n
(u, v) = l
D
uv dx, Il u Il = V (u, u), ui: = ~ U~i'
i=1

1U x 1= V '2"
ux , Il U x Il = (\
~ Ux
2 dx ) 1/2
,

Il u H<0 = (II U 11 2 + Il U x 11 2) 1/2 = (


D
l (u + ui:) dx)
2 1/2 • (414)

On admettra que le paramètre  et toutes les fonctions sont réels,


quoique tous les raisonnements qui suivront se généralisent sans
peine pour des Â, u et f complexes. On se servira de l'inégalité

Ji~ (J i~ ur (J i~' vl dx)


N N N

u,v, dx";;' dx) 1/2 1/2 , (415)


428 CH. II. PROBLBMES AUX LIMITES

qui généralise l'inégalité de Bouniakovski-Schwarz (tome II, [VI-1-8J)


et qui se démontre de la même manière, et de l'inégalité élémentaire
(416)
valable quels que soient les nombres a et b et le nombre 8 > O.
Minorons la forme L (u, u) définie dans (405) en se servant de (413)
et (415):
n n

L(u, u»vllu x I/ 2- ( ) ~u~idxr/2(", ~ (biU)2dxr/2-


D i=1 D 1=1

-1l311 u 11 2
>v Il Ux 11 2
-Ill" Ux 1111 u 1l-1l311 u 11 2 •
De là il s'ensuit En vertu de (416)

L(u, u»(v-81)lIuxIl2-(1l3+ ~~) lIull 2 (417)

quel que soit 8 1 > O. Supposons que u est une solution distribution-
nelle de classe W~ (D) du problème (403), de sorte que cette solution
est justiciable de l'identité (407). En faisant 11 = u dans (407), on
obtient
L (u, u) + Â Il U 11 2 = .- ~ fu dx. (418)
D

En se servant de (417), de l'inégalité de Bouniakovski-Schwarz et


de (416), on déduit de (418) l'inégalité suivante:

(v -- 8 1 ) Il Ux 11 2 + (Â -1l3 - ~tl ) Il U 11 2 ~
11 2+ 48 Il f !1 2,
1
~ Il f" Il u Il ~ë211 U (419)
2

où 8 2 > 0 est un nombre arbitraire. Cette inégalité s'appelle premiè-


re inégalité fondamentale (ou énergétique). Sur (419) on voit que la
norme Il U x Il de la solution distributionnelle du problème (403) se
majore en fonction de Il fI/et Il u Il. Si

(420)

alors (419) nous permet d'estimer la norme 1/ U x Il uniquement en


fonction de Il f 1/. En effet, prenons par exemple 8 2 = ô/4 et 81 tel
que  - Ila - Il~ (481t1 = 3ô/4. Alors par des calculs élémentaires
on trouve que 8 1 = vll~ (ôv + Il~) -1, et de (419) on déduit la majora-
tion voulue:
(421)
11-2-52. PREMIÈRE IN);:GALIT);: FONDAMENTALE 429

ou, pour abréger,


"u Il (1) ~ Cô Il fil. (422)
Grâce à cette majoration on a le théorème d'unicité suivant:
Thé 0 r ème 1. Si les coefficients de L satisfont les conditions
(413) et si est réalisée la condition (420), alors le problème (403) possède
une solution distributionnelle au plus de classe W~ (D) (le domaine D
peut- être illimité).
En effet, la différence v = u' - u" de deux solutions distribu-
tionnelles éventuelles du problème (403) vérifie l'identité (407) avec
/ = 0, donc l'inégalité (422) avec f = 0, inégalité de laquelle il
résulte que v = 0, c'est-à-dire que u' = u".
Si le domaine D est borné, on peut affaiblir la condition (420).
On se sert à cet effet de l'inégalité

l u2dx~CD l u~ dx
D D
(423)

(l'inégalité (32) du (tome IV1 , [III-7]) valable pour toute fonction


o
u EW~ (D) et tout domaine borné D. Pour 8 1 E]0, vI il s'ensuit
de (419) que

( v-el
CD
+ Â - ~l3 - 4l-ti - 8 2 ) Il u
el
112~-41
e
Il f
2
11 2 , (424)
donc, si
I-tt ) _
61 > 0,
'V - 10, 1
max ( C -r  - !J.3--4- = (425)
O<el~'V D .e l

alors en faisant 82 = 61 /2 dans (424), on obtient

Il u 11 ~ 612 Il f
2 2
11 • (426)
De là ·et de (419) dans laquelle on aura posé par exemple 8 1 = v/2
et 8 2 = 1 on trouve la majoration de la norme complète de u dans
W~ (D), soit:
Il u 11(1) ~ C Il f Il. (427)
La condition (425) est remplie par exemple pour L = â quel que
soit  ~ O. La condition (420) au contraire n'est pas satisfaite pour
L = ~ et  = O. Si les coefficients sont donnés dans un domaine
quelconque Dl et qu'ils satisfont les conditions (413) dans Dl' alors
la condition (425) est vérifiée pour tout  fixe (en particulier pour
 = 0), pourvu que le domaine D c Dl soit de volume assez petit,
°
car CD -+ lorsque mes D -+ O. On dit pour cette raison que le
théorème d 'unici té est valable pour le problème (403) dans des do-
maines de « volume assez petit ».
430 CH. II. PROBL:E:MES AUX LIMITES

Rem a r que. Au (tome IV I , [111-7]), on a montré que CD -+ 0


si le diamètre deD tend vers O. Des raisonnements plus fins montrent
que CD est proportionnel à 1 mes D 1 2/ n •
11-2-53. L'espace W;, 0 (D) et la deuxième inégalité fondamentale.
Prouvons préalablement l'inégalité

i Ivl dS~q)~(IVI + Ivxl)


S D
dx. (428)

Cette inégalité est valable pour toute fonction v E WI (D), c'est-à


dire pour toute fonction v E LI (D) possédant des dérivées distribu-
tionnelles premières sommables sur D. La frontière S du domaine D
doit être assez régulière, par exemple être de classe Cl. L'inégalité
(428) est valable pour une classe plus large de domaines: pour des
domaines à frontière lipschitzienne. Nous ne donnerons pas leur dé-
finition exacte mais de la conclusion déduite plus bas il est aisé d~
voir quelles sont les propriétés de S qui sont suffisantes pour qu~
(428) ait lieu. L'inégalité (428) nous sera utile uniquement pour les
fonctions v E Cl (D). C'est pourquoi nous nous bornerons à la dé-
montrer seulement pour de telles v. De ce fait et de la densité d~
Cl (D) dans Wi (D), il s'ensuit que (428) a lieu pour tout v E Wi (D).
Considérons un système de coordonnées cartésiennes locales
(YI' ... , Yn) ayant pour origine un point quelconque XO ES, et
un morceau Sp (XO) de S d'équation

y' == (YI' .•. , Yn-l) E B p = {y': 1 y' 1 < pl·


Supposons que p est tel que le domaine D p,ô = {y; y' EB p , (ù (y') -
- ô < Yn < (ù (y')} appartient à D. Admettons que la fonction 0>
est continûment dérivable dans Bp • Traitons la fonction v E Cl (D)
comme une fonction de y dans Dp,ô. Le théorème de Newton-Leibniz
nous dit que
o
,v (y', (ù (y')) = v (y', (ù (y') --'t) - ) av (y', CJ)a~') + ~) ds. (429)
-'f

Prenons le module des deux membres de (429), multiplions l~

résultat obtenu par V + ~: Ol~i


1 (y') dy' et intégrons sur B.;
Des majorations élémentaires nous condllisent aux r~lations sui-
II-2-53. L'ESPACE W~. 0 (D) ET LA DEUXI~ME IN~GALIT~ 431

vantes:
r
i Iv i
n-l

Bp
(y', Cl) (y'))1 V 1 + ~ Cl)~i (y') dy'
i=l
=
8 p(xO)
Ivl dS=

o
= i 1v (y', Cl) (y') - T) + i av (y', ~~y') + ç) d 61 x
Bp -~

x Vt + ~1 (f)~i i=1
(y') dy' ~
~CI [j Iv (y'), Cl) (y') --T) 1 dy' + i 1 a;y(:) 1dy] (430)
Bp D p, ô

pour TE ]0, ô[. La constante Cl est un majorant de V1 + ]1 Cl)~.


i=l l
(y'}
dans B p • Intégrons maintenant l'inégalité (430) par rapport à "t
entre 0 et ô et multiplions le résultat obtenu par ô- 1 • On verra
apparaître au second membre l'intégrale
ô
ô- 1 j dT i 1v (y', Cl) (y') - T) 1 dy',
o Bp

qui est ~Ô-1 i Iv(y)ldy. On obtient donc l'inégalité


Dp, ô

i
8 p(xO)
Ivl dS~CIÔ-1 i
D p, ô
Ivl dy+ Cl
D p, ô
j 1 a~n 1dy~

~CIÔ-1 i
Dp, ô
Ivldx+CI i
Dp, ô
IVxldx. (431)

Si l'on admet que la surface S est recouvrable par un nombre fini


de morceaux Sp (XO), on est conduit à l'inégalité (428) en sommant.
(431) sur de tels morceaux.
Définissons maintenant l'espace W:,o (D). Cet espace est un sous-
espace fermé de l'espace hilbertien W: (D) défini au (tome IV b
[111-7]). On rappelle que W: (D) est l'espace des fonctions de carré
sommable sur D possédant des dérivées distributionnelles premières
et secondes de carré sommable sur D. L'espace
produit scalaire suivant:
(D) est muni du w:
(u, V)2 = i
D
(uv + uxv x + uxxv xx ) dx, (432)
432 CH. II. PROBLÈMES AUX LIMITES

n n
,oÙ Uxl)x =~
. 1
uX'V x " et
1 1
uxxv xx = ~
"1
.
ux'X,..vx' Xk '
1 H. 1
C'est un espace
1= 1, H.=

.hilbertien complet dont une norme est désignée par Il u II~~) D =


= (u, u)Y2, et parfois plus brièvement par Il u W2 ).
Le sous-espace W:,o (D) est constitué des éléments de W; (D)
,qui s'annulent sur la frontière S du domaine D. Si les frontières S
·sont « bonnes >}, l'ensemble des fonctions de C2 (D) nulles sur S est
dense dans W:. o (D). Pour ne pas avoir à prouver ce fait important
·on définira W;.o (D) d'une autre manière:
W;,o (D) est l'adhérence pour la norme de W; (D) de l'ensemble
C~ (D) des fonctions u de C2 (D) nulles sur S. (L'ensemble C~ (D)
introduit ici ne doit pas être confondu avec l'ensemble C~ (D) des
fonctions bicontinûment dérivables à support compact contenu dans
D. Les éléments de C~ (D) sont nuls sur S et dans son voisinage.)
W:,o (D) est un espace hilbertien complet muni du même produit
.scalaire que W~ (D). L'ensemble W;.o (D) est un sous-ensemble de
c
W~ (D) pour les frontières S régulières (ou même lipschitziennes).
Nous laissons au lecteur le soin de prouver cette assertion.
Majorons maintenant la norme des solutions u du problème (403)
.dans l'espace W; (D) en fonction des normes de u et f dans L 2 (D).
Pour cela, outre les conditions (413) sur les coefficients de L, on
admettra que aik possèdent des dérivées distributionnelles premières
hornées, c'est-à-dire que
1 ~:ijk 1~ ~i' (433)
{)n supposera par ailleurs que S est de classe C2 (pour les éventuels
.affaiblissements de cette condition voir remarque en fin de ce numé-
ro). Cette maj oration résulte de l' inégalité

(434)

.qui est vraie pour toute fonction u E W:. o (D). On l'appelle deuxième
inégalité fondamentale pour opérateurs elliptiques. La constante Cl
y est définie par certaines caractéristiques de la frontière du domaine
D et par les constantes v, lA- et lA-i des conditions (413), (433). Il
:suffit d'établir l'inégalité (434) pour u E C~ (D) puisque C~ (D) est
dense dans W:,o (D). En effet, tout élément u E W:.O (D) peut être
.approché pour la norme de W; (D) par des fonctions U m E C~ (D).
Supposons que (434) est vraie pour toutes les fonctions u m . En vertu
de la convergence de U m vers u dans (434) prise pour u m , on peut
passer à la limite pour m -+ 00 et obtenir (434) pour u. Supposons
donc que u E C~ (D). Considérons l'intégrale ) (L (U))2 dx et
D
II-2-53. L'ESPACE W:~'O (D) ET LA DEUXI:E:ME IN~GALIT~ 433

minorons-la comme suit:

) (L (U))2 dx =
D
i
D
[(aikuXiXk)2 + 2ai1~uxiXh ( ~;: u Xh + btuxi + cu) +
+ ( ~;ik u Xh + biu xi + cu) 2 dx> (1- 8)J ) (athUxixh)2 dx +
D

+ (1-+) ) ( aa;iR u Xk +btuxi +CU)2 dx>


D

>(1-8)) (aikuxix,)2dx-C2 (+-1) ) (u 2


+ui)dx. (435)
D D

Sauf mention du contraire, ici et dans la suite, la sommation est


étendue de 1 à n sur les indices se répétant deux fois; 8 E] 0, 1[ est
un nombre arbitraire, la constante C 2 et les constantes Ch introduites
plus bas dépendent des paramètres numériques des conditions (413),
(433) et éventuellement du domaine D. Une double intégration par
parties (cf. (107) [1-2-19]) nous permet de ramener l'intégrale
i (aihuXiXh)2 dx à la forme:
D

- -:::.-
a (aikaiZ) Ux.U
VXk l)
x 'Xl + - Xi
a (aikail) U xl. u xhxl dx +
a J J (s) dS,
l

où *)
l (s) = aihajlu Xi [U XjXZ cos (n, Xk) -u xkxl cos (n, xJ)], (436)
x=sES.

*) Pour que la première intégration par parties soit possible, il faut que
la fonction U possède des dérivées troisièmes, mais l'égalité écrite qui a été
obtenue par une double intégration par parties ne contient que les dérivées
secondes de u et est valable pour toute fonction u E C2 (D). Pour s'en assurer
il faut approximer u E C2 (D) par des fonctions u m E ()3 (iJ) pour la norme de
C2 (D). L'égalité (436) a lieu pour chaque Ume En passant à la limite pour m __
__ 00, on obtient (436) pour u. Les approximations um peuvent être construites
par exemple de la manière suivante. On prolonge u à un domaine plus large
D ::::J D de telle sorte que ce prolongement appartienne à C2 (D) et ensuite on
prend les moyennes Uh avec h = 1/m (tome IV!, [111-2]). On peut s'assurer que
(436) est vérifiée pour U E C2 (i5) d'une autre manière sans prolonger U à un
domaine plus large. Plus exactement, on considère une suite de sous-domaines
Dl c D 2 C . • . du domaine D de frontières aD k équidistantes de aD [11-2-9].
Supposons que aD k est l'image de aD par une 1/k-translation le long des norma-
28-01017
434 CH. II. PROBLÈMES AUX LIMITES

De (436) il s'ensuit

) (aikuXiXk)2 dx> ) /1 (x) dx +- ) / (s) dS-


D D S

-C 3 ~ (ElU~X+ e~ U~) dx, E1 EJO, 1 [, (437)


D

dans laquelle pour abréger on a posé


/1 (x) = ai1~ (x) ajl (x) U xix j (x) U xkxl (x). (438)
Montrons qu'en vertu de (413) on a

/1 (x) ~ 'V2U~x (x). (439)


Fixons à cet effet un point X U E D et considérons dans son voisinage
les nouvelles coordonnées cartésiennes: lJk = ak 1 (Xl - xY), k, l =1
= 1, ... , n. Choisissons la matrice orthogonale ak l de telle sorte ~
qu'elle diagonalise la forme quadratique aik (XO) SiSk' c'est-à-dire
de telle sorte que
aik (XO) ajialk = Â j (XO) Ôjz,

où Â j (XO) sont les valeurs propres de la forme aik (XO) SiSk et ÔjI
le symbole de Kronecker *). En tenant compte de la condition (413)
et de la façon dont U x . x . se transforme par un passage aux coordon-
l J
nées y on obtient

Or il est immédiat de vérifier que u~ y = u~x, donc l' inégalité (439)


a bien lieu pour tous les points XO de D. Grâce à (437) et (439), on
déduit de (435) l'inégalité
i (L(u»2dx~(1-ë)['V2I1uxxI12+ i /(s)dS-
D S

-- C3El II u xx 11 2 _ C3E~11l UX !1 2 J- C (E-


2
1 -- 1) (II U Wl»2 t

les intérieures à aD. Pour un domaine D k fixe, les moyennes Ul/ m de la fonction
U pour m ~ k sont déterminées uniquement par les valeurs de U dans D et

convergent vers U pour m ~ 00 pour la norme de C 2 (Dk). L'égalité (436) est


vérifiée pour D k et toutes les U t / m telles que m ~ k. En passant à la limite polir
m ~ 00, on s'assure que (436) est vraie pour la fonction U dans D k • En passant
ensuite à la limite sur les domaines D k , en faisant tendre k vers 00, on obtient
(436) pour U et pour .le domaine D.
*) On rappelle que ôjl = 1 pour j = l et 0 pour j =1= 1.
11-2-53. L'ESPACE W~,O (D) ET LA DEUXmME INÉGALITÉ 435

et de cette dernière, l'inégalité


(1-E)(v2-C3EI)IIUxxI12~IIL(u)112.--(1-E»)
I (s)dS+
s

OÙ El> °
est un nombre arbitraire, E un nombre arbitraire com-
pris dans l'intervalle ] 0, 1 [, "U xx 11 2 = ~ u;xdx. Pour 8= 1/7 et
D
,,2
E1 = Be ' l'inégalité (440) devient
s
~ \.2" U xx 112~ "L (U) 11 2_ ~ \ 1 (s) dS + C~ ( Il U WU)2. (441)
S
Jusqu'ici nous n'avons pas utilisé le fait que u s'annule sur S. Mon-
trons que si l'on fait jouer cette condition, alors l'intégrale ) 1 dS
s
peut être ramenée à une forme ne contenant pas les dérivées secondes
de u par rapport à x. Ce fait est primordial lors de la déduction de
l'inégalité (434). Pour le prouver, considérons un point arbitraire
XO E S et introduisons un système de coordonnées cartésiennes locales
y: Yh = Chl (Xl - xV, k = 1, ... , n, c'est-à-dire un système dont
l'axe des Yn est orienté suivant la normale extérieure n à S en XO
et la matrice (Ch l), orthogonale. Soit Yn = (ù (YI' . • ., Yn -1) l' équa-
tion de S au voisinage de l'origine des coordonnées Y = (0, ... , 0).
Par hypothèse, (ù (YI' ••. , Yn-I) E C 2• La matrice (Ch l) étant ortho-
gonale, on a Xl - xY = ChlYh, l = 1, ... , n. Donc cos (n, Xl) =
= Cnz, l = 1, ... , n. Considérons l'expression 1 (s) au point XO
et passons dans cette expression aux coordonnées y:
1 (XO) = aihajlCmiUYmCpjCqlUYpylnh-

- aihajlCmiuYmc PkCqlUYpylnj == (bmnb pq - bmpbqn ) uYmuYpYq' (442)



b pq = ajlCpjcql' p, q = 1, ... , n.
Utilisons maintenant la condition aux limites U 1s = O. Au VOISI-
nage du point XO dont les coordonnées Y l sont nulles, cette condition
devient
U (YI' ••• , Yn-l' (ù (YI' ••• , Yn-l)) = 0,
et de plus elle est identiquement satisfaite par rapport à YI' •••
• • • , Yn -1 au voisinage de YI = ... = Yn -1 = O. Dérivons cette
identité par rapport à Yi et Yh, i, k = 1, , n - 1, et prenons en
considération le fait que (ÙYi = 0, i = 1, , n - 1, au point xo.
28*
436 CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES

Ceci nous donne au point XO:

Uv.~ = 0, (443)

i, k=1, ... , n-1. Grâce à :~ /xo=O, i=1, ... , n-1, on a


ôu au 2
1 (xO) = (bnnb pq - bnpbqn ) -a- a ô ' (444)
n YP Yq

Pour p = n et q quelconque, ainsi que pour q = n et p quelconque,


les termes entre parenthèses dans (444) se simplifient mutuellement,
ce qui, combiné avec (443), nous donne pour 1 (XO) l'expression sui-
vante:
n-1
1 (XO) = - ~ (bnnb pq - bnpbqn ) ( ; : ) 2 (OYpY q • (445)
P. q=1

On admettra que les coordonnées YI' ... , Yn -1 sont choisies


dans le plan tangent à S en XO de telle sorte que toutes les dérivées
mixtes (OlIpllq' p =1= q, soient nulles en XO (on sait qu'on peut toujours
réaliser ceci par une transformation orthogonale des coordonnées
YI' ••• , Yn -1)' Alors
n-1
l (xO) = - ~ (bnnbpp-b;p) ( ; : )2 (OYpYp. (446)
p=1

En vertu de l'hypothèse SE C2 , on peut exhiber un nombre K~O


tel que
(OYpYplxo~K, p=1, ... , n-1, (447)

quel que soit XO E S. Si, en particulier, le domaine D est convexe,

0-<
°
alors on peut prendre pour K. De la condition (413), il s'ensuit
bnnb pp - b~p ~ ~2, et par suite

-1 (XO) ~~2 (n-1) K ( au)


an 2
. (448)

Ceci nous permet de déduire de l'inégalité (441):

: ,,2/1 U xx 112~L (u) 11 2 +~ ~2 (n-i) K J(:: r d8 + Cd Il u 1I'")2,


(449)
II-2-53.L'ESPACE W~, 0 (D) ET LA DEUX!:E:ME IN~GALIT:e 437

Majorons l'intégrale de surface pour K > 0 à l'aide de l'inégalité


(428) en y posant v = u~:
n

J(:: ) dS2 = ~ fi u~, dS';;;


~c. Hu~+
D
V ±[a:k (± U~i)
k=1 ~1
y}dx=

= Cs ~ (u~ + 2 1Ux 1 1 U xx 1) dx~ Cs ~ (8uix + (1 + 8-1) U~) dx, (450)


D D
où 8> 0 est un nombre arbitraire. La constante Cs est égale à la
constante C de (428). Portons cette majoration dans (449) en pre-
nant 8=+ 'V2[ fl2
~ (n-1) KC s J-l ,
et réduisons les termes sem-
blables:

,,2
En ajoutant ""2 ( Il U WH)2 aux deux membres de cette majoration,
on obtient
(451)

D'autre part, pour toute fonction u E C~ (D), on a

Ju~dx ~ J - u!lu dx~ Il u Il Il !lu Il ~Vn Il u 1111 u xx Il';;;

n
~8" U xx 11
2
+ 48 "U 11
2

2
où 8 > O. Utilisons cette relation avec 8 = 4~7 pour majorer le
terme C7 " U x 11 2 du second membre de (451). Des transformations
élémentaires nous conduisent à l'inégalité

(452)
438 CH. II. PROBL:E:MES AUX LIMITES

d'où résulte l'inégalité (434) voulue. On rappelle que toutes les


constantes Ch dépendent de D et des paramètres des conditions (413),
(433). Ces constantes peuvent être aisément explicitées en suivant
le raisonnement qui nous a conduits à l'inégalité (434).
Si u est une solution du problème (403) appartenant à l'espace
W;,Q (D), alors l'inégalité (434) nous permet d'estimer la norme de
u dans W~ (D) en fonction de Il f Il et Il u Il. Plus exactement:

" u W) ~ ~
v " Âu + f " + Cl " U ,,~~v " f" +( 2 1v 1 + Cl ) "u ".
2

(453)
Si  est tel que (420) est réalisée, alors de là et de (421) il s'ensuit
qu'on peut majorer" u Il (2) uniquement en fonction de Il f Il:

"UW2)~[~+(21;1 +C I ) ~2Jllf". (454)


Rem a r que. Sur la démonstration de l'inégalité (434), on
voit que seules deux caractéristiques du domaine D ont été utilisées:
la constante C de (428) et la constante K de (447), en outre la condi-
tion (447) peut être violée en des points isolés de S et même dans des
ensembles de points de S de mesure nulle. La déduction de (434) est
valable pour une large classe de domaines D (par exemple pour des
polyèdres quelconques).
L'inégalité (434) et sa déduction ont été empruntées à un article
de O. Lad y j e n s k a ï a (DAN SSSR, 1951, 79). Ladyjenskaïa a
établi la même inégalité pour des conditions aux limites homogènes
générales de la forme (~~+ au) 1s = 0, où %z représente la dériva-
tion suivant une direction non tangente à S et variant continûment
d'un point à un autre de S. Bien plus, elle a établi des majorations
généralisant (434) au cas des dérivées de u de tout ordre (les démons-
trations intégrales figurent dans l'ouvrage: O. Lad y j e n s -
ka ï a, Problème mixte pour l'équation hyperbolique. M., Gostekhiz-
dat, 1953 (en russe)). L'inégalité (434) pour la condition aux limites
u 1s = 0 a été établie indépendamment de O. Ladyjenskaïa par une
autre méthode par Cac c 0 p pol i (Giorn. Mat. Battaglini,
1950-51,80). Le cas particulier de (434), oùD est un disque, est acces-
sible dans les travaux de S. Ber n ste i n (Math. Ann., 1906, 62;
1910, 69). Il est remarquable qu'en dimension deux l'inégalité (434)
a lieu pour les opérateurs
2 2
L (u) = ~ aihuxoxh + ~ biuxo + cu
i, h=l z i=l z

dont les coefficients dominants aih peuvent être des fonctions mesu-
rables quelconques satisfaisant seulement les conditions (413). Ce
II-2-5~. QUELQUES CONSID:E':RATIüNS SUR LES ESPACES HILBERTIENS 439

fait se prouve -par la méthode de S. Bernstein qui ramène le problème


pour L à un problème analogue pour l'opérateur de Laplace, et par
la méthode de Ladyjenskaïa de transformation et d'estimation de
l'intégrale de surface \ 1 (s) dS, exposée plus haut. En dimension
S
supérieure à deux, la méthode de Bernstein ne passe pas et pour que
l'inégalité (434) ait lieu, il faut imposer des contraintes supplémen-
taires aux coefficients ai11. (en ce qui nous concerne, il s'agit de la
condition (433)) (voir à ce propos les chapitres 1 et III de l'ouvrage:
O. Lad y j e n s k a ï a, N. 0 u rai t s é v a, Equations linéaires et
quasi linéaires de type elliptique. M., Naouka, 1973 (en russe)).
II-2-54. Quelques considérations sur les espaces hilbertiens et les
opérateurs opérant dans ces derniers. Nous avons eu affaire aupara-
o
vant à des espaces hilbertiens: les espaces L 2 (D), W~ (D), W~ (D),
IV; (D), W:. o (D). Ces espaces ont en commun des propriétés qui
servent de base à la définition de l'espace hilbertien séparable com-
plet abstrait H.
Formulons brièvement les axiomes définissant l'espace hilbertien
complexe H ainsi que certaines de leurs conséquences (pour plus de
détails voir (tome V, lchap. Vl)). Primo: H est un espace vectoriel,
c'est-à-dire que ses éléments u, v, ... peuvent être multipliés par
des nombres complexes a, b, ... et ajoutés et ces opérations sont
commutatives et associatives comme pour un espace vectoriel com-
plexe à n dimensions (tome III I , [II-1-6l).
Secundo: pour tout entier m > 0, il existe m éléments linéaire-
ment indépendants. Tertio: à tout couple d'éléments u et v de H est
associé un nombre complexe appelé produit scalaire de u et v et noté
(u, v). Ce produit scalaire doit jouir des propriétés suivantes:

(v, u)=(u, v), (u+v, w)=(u, w)+(v, w),


{ (au, v) = a (u, v) et (u, u) > 0, si u =f= O. (455)
Le produit scalaire (u, u) permet de définir un nombre strictement
positif appelé norme de l'élément u: plus exactement, Il u Il =
= V (u, u). La norme est nulle uniquement pour l'élément nul de H
(que nous désignerons simplement par 0). Ce qui précède nous permet
d'introduire la notion de convergence: une suite {Uk} k=t converge
vers un élément u si lim Il Uk - U Il = O. Une suite {Uk} k-l est
k-...oo
°
dite suite de Cauchy (ou suite fondamentale) si Il Uk - Um Il ~ lors-
que k et m ~ 00.
L'espace H est dit complet si toute suite de Cauchy {Uk}:' 1 con-
verge vers un élément u E H. Enfin, l'espace H est dit séparable
s'il existe un ensemble dénombrable d'éléments de H: {Vk} k-1'
440 CH. Il. PROBL1lJMES AUX LIMITES

dense dans H. Ceci signifie que pour tout élément u E H et tout


8 > 0 il existe un élément Vk tel que Il u - Vk Il ~ 8. Si H possède
les propriétés énumérées ci-dessus, on l'appelle espace hilbertien
complexe séparable complet. Souvent, les propriétés de complétude
et de séparabilité sont implicitement incluses dans la notion d'espace
hilbertien et dans la suite ne seront pas spécifiées. De même, nous ne
les signalerons pas séparément, car on admettra qu'elles sont toutes
deux réalisées.
Si a, b, ... sont des réels, alors le produit scalaire (u, v) l'est
aussi et la conjugaison complexe disparaît des égalités (455). Dans
ce cas on parle d'un espace hilbertien réel H.
On démontre que dans un espace hilbertien abstrait H, il existe
une base orthonormée, c'est-à-dire un système d'éléments {(})k}k' 1
tels que {(})k' (})z} = {hl et tout élément u se représente par une série
00

u = L (u, (})k) (})k convergente vers u pour la norme de H. De là il


k=l
00

s'ensuit que" u 11
2
= LJ 1 (u, (})k) 12 • Il existe une infinité de telles
k=l
bases. Mais en en choisissant une on peut établir un isomorphisme
entre deux espaces hilbertiens complexes quelconques Hi et no-
tamment entre H et l'espace hilbertien complexe l2 dont les élé-
ments sont les suites x = (Xl' X 2 , • • • ) de nombres complexes Xk
00

tels que 2:
k=l
1 Xk /2 < 00. La multiplication par un nombre et
l'addition se définissent comme suit: ax = (axI' ax 2 , • • • ), X y = +
+ +
= (Xl YI' X2 Y2' ... ) et le produit scalaire par l'égalité
00

(X, Y)l2 =
k=l
LJ XkY k·
L'isomorphisme indiqué se construit comme suit: à un élément
u E H on associe la collection ;; = «u, (})I), (u, (})2), ••. ) de ses
coefficients par rapport à la base orthonormée {(})k}k' 1 choisie dans H.
'" '"
Il est immédiat de voir que (u, v) = (u, v) 1 2

Grâce à cela tous les espaces hilbertiens (il s'agit uniquement


des espaces séparables complets) ont la même structure d'un point
de vue abstrait et les faits prouvés pour l'un peuvent être reformulés
pour l'autre. Les espaces signalés au début de ce numéro sont iso-
morphes à l'espace l2 et partant l'un à l'autre. Donc, de nombreux
résultats établis pour L 2 (D) sont valables pour les autres espaces. Par
exemple, l'inégalité de Bouniakovski-Schwarz est un simple corol-
laire des axiomes (455). Dans le cas d'un espace abstrait H elle de-
vient 1(u, v) 1~ " u Il Il v Il. Cependant nous n'utiliserons pas
l'isomorphisme entre les espaces fonctionnels qui nous intéressent,
car les faits qu'on en tire sont peu suggestifs et de plus nous n'avons
11-2-54. QUELQUES CONSID~RATIONS SUR LES ESPACES HILBERTIENS 441

pas encore prouvé que les espaces WJ (D) avec l entier sont sépara-
o
bles. La séparabilité de ~ (D) et de W;,o (D) résultera des proposi-
tions du numéro [II-2-57). Il est aisé de prouver la séparabilité de-
tous les espaces w1 (D) à partir de considérations plus simples et
plus générales, ce qui sera fait au tome V, chapitre IV.
Dans un espace hilbertien donné H, on peut introduire une nou-·
velle structure hilbertienne (c'est-à-dire un autre produit scalaire)
de telle sorte que cet espace soit de nouveau complet. Pour cela, il
faut que la nouvelle norme Il • 11* correspondant au nouveau produit.
scalaire (,)* (c'est-à-dire Il u 11* = V (u, uf*) soit équivalente à la
norme initiale Il . Il. L'équivalence des normes Il • 11* et Il . Il signifie-
qu'il existe deux constantes Cl > 0 et C 2 > 0 telles que pour tous
les éléments de Hl' on ait
Cl Il u Il ~ Il u 11* ~ C2 Il u II·
Il est clair que si une suite d 'éléments u k, k = 1, 2, . . . converge·
pour la norme Il . Il, alors elle convergera pour la norme Il . 11* et
réciproquement. Ceci garantit la complétude de H relativement à la
convergence pour la nouvelle norme. Si H est séparable, alors il en
est de même du nouvel espace hilbertien engendré par lui.
Les opérateurs linéaires sont l'un des principaux objets d'étude-
dans les espaces hilbertiens. On dit qu'un opérateur A est un opé-
rateur linéaire borné dans H s'il applique H dans H de telle sorte-
que A (au + bv) = aA (u) +
bA (v) et s'il existe un nombre C >Û'
tel que pour tous les éléments de Hl' on ait *)
Il A (u) Il -< C Il u II·
La borne inférieure de tous les tels C s'appelle norme de l'opérateur
A et se note Il A Il.
Démontrons une proposition simple qu'en fait nous avons ren-
contrée à maintes reprises en étudiant des espaces fonctionnels con-
crets et des opérateurs concrets évoluant dans ces espaces.
Lem m e 1. Soit A un opérateur linéaire borné dans un espace-
hilbertien H et supposons que sa norme Il A Il < 1. Alors l'équation

u = A (u) +v (456}

admet une solution unique dans H quelle que soit v.


Pour intégrer l'équation (456), on se sert de la méthode des
approximations successives dans sa forme élémentaire, c'est-à-dire:
soient UI = v, Un+l = A (un) +
v, n = 1, 2, ... Il est aisé de voir-

*) On écrit souvent Au pour A (u).


442 CH. II. PROBL:E:MES AUX LIMITES

-que

" Ul = Il v /l, Il
/1 Un +1 - Un Il = Il A (Un - Un -1) Il ~
~ Il A Il Il Un - Un -1 /1 ~ ••• -< /1 A /ln-l /1 U2 - Ul /1 -<
-< /1 A /In /1 V /1.
De là et de la condition /1 A /1 < 1 il s'ensuit que {Uk}r 1 est une
-suite de Cauchy dans l'espace H et comme H est complet, il existe
~lors un élément U vers lequel cette suite converge. L'opérateur A
étant borné, les éléments A (Uk) convergent vers A (u), donc usera
-solution de l'équation (456). Si (456)'possédait deux solutions distinc-
tes U et u', alors leur différence" w serait solution de l'équation
w = A (w). Or, ceci est impossible, car /1 w /1 = /1 A (w) Il ~
-< /1 A /1 /1 w /1 < /1 w /1. Ce qui prouve le lemme.
Rem a r que. Au (tome V, [IV-3J) on démontre une proposition
analogue pour les applications contractantes non linéaires qui
entraînent le lemme 1.
Dans la suite on aura affaire à des opérateurs linéaires non bor-
nés opérant dans l'espace hilbertien abstrait H. On étudie des classes
,différentes de tels opérateurs dans H. Dans la plupart des cas, on
admet que l'opérateur linéaire non borné A est défini sur un espace
vectoriel dense dans H. Cet espace s'appelle domaine de définition
·de A et se note 3J (A). Ainsi, par exemple, l'opérateur différentiel
L de (402) sera un opérateur non borné dans l'espace L 2 (D) même
.si ses coefficients sont réguliers. Pour domaine de définition de cet
opérateur on peut prendre l'espace W: (D) ou W:,o (D) si les condi-
tions (413) et (433) sont remplies pour L. Ces deux espaces sont
·denses dans L 2 (D). Les opérateurs abstraits A associés à L par l'in-
dication du domaine de définition de L ne sont pas doués des mêmes
propriétés, aussi faut-il établir une distinction entre eux. Dans la
suite, s'agissant du problème de Dirichlet, on admettra que:!lJ (L) =
= W~,o (D). Pour simplifier l'écriture on n'introduit généralement
pas de notation spéciale pour l'opérateur engendré par un opérateur
·différentiel concret L, mais on spécifie clairement son domaine de
définition (on conserve le symbole L pour cet opérateur).
Dans le numéro suivant, on aura besoin encore d'une notion re-
liée aux opérateurs linéaires, plus exactement la notion d'opéra-
teurs linéaires bornés A d'un espace hilbertien H dans un autre
espace hilbertien Hl. Un tel opérateur est défini sur H tout entier
et prend ses valeurs dans Hl' est distri butif, c'est-à-dire que
A (au +
bv) = aA (u) +
bA (v) et il existe une constante Cl telle
.que pour tout élément U E H l'on ait
/1 A (u) 111 -< Cl Il U Il, (457)
11-2-55. PROBLBME DE DIRICHLET DANS L'ESPACE Wi (D) 443

où Il . \1 est là norme dans H, et Il . 111' la norme dans Hl' La borne


inférieure des nombres Cl s'appelle norme de l'opérateur A; on la
désigne le plus souvent par Il A \1 aussi, sans spécifier l'espace H et
Hl (si aucune confusion n'est à craindre). En vertu de cette défini-
tion, l'opérateur différentiel L de (402) sera un opérateur linéaire
borné de H = Wto (D) dans Hl = L 2 (D) si les coefficients de L
satisfont les conditions (413), (433). Dans ce cas aussi on n'usera pas
d'un symbole spécial pour l'opérateur L et on se contentera d'indi-
quer clairement ses domaines de définition et de valeurs.
11-2-55. Sur la résolubilité du problème de Dirichlet dans l'espace
W~ (D). Passons maintenant à l'étude de la résolubilité du problème
(403) dans l'espace W; (D). Supposons que les conditions des numé-
ros [II-2-52J et [II-2-53J qui garantissent la réalisation de la première
et de la deuxième inégalité énergétique sont remplies pour L et D.
Désignons par LI l'opérateur L - ÀoE, où E est l'opérateur identité,
et 1.. 0 tel que
(458)

Alors, en vertu de (417), pour toute fonction u E W~,o (D), on a

LI(u, u)=:- \ LI(u)udx=L(u, u)+ÀolluI12~ôllluI12, (459)


b
d'où l'on déduit la majoration
\1 u Il ~ Ô;l \1 LI (u) Il. (460)
D'autre part, l'inégalité (434) est vérifiée par l'opérateur LI et un
élément quelconque u E W~,o (D) pour une constante Cl dépendant
du domaine D, des nombres v, /-l, /-lI' /-lt. des conditions (413) et (433)
et du nombre ~t.'j + 11.. 0 l, où /-l5 = max {I /-l2 \, 1/-la I}. Cette iné-
galité et la majoration (460) entraînent
Il u 11(2) ~ C2 Il LI (u) Il, , (461)
où C2 = 2v- 1 + CIÔtl. Prouvons la proposition auxiliaire suivante:
Thé 0 r è ru e 1. Supposons qu'un opérateur L et un opérateur
L o de la même forme que L remplissent les conditions (413) et (433) et
que les opérateurs LI = L - ÀoE et L o vérifient l'inégalité (459).
Admettons que le domaine D satisfait les conditions du numéro précé-
dent et de plus que le problème
L 0 (u) = f, u 18 = 0, (462)
possède des solutions u E W~,o (D) pour tout f d'un ensemble m dense
dans L 2 (D). Sous ces conditions le problème
L-r (u) = f, U 18 = 0, (463)
444 CH. II. PROBLl1JMES AUX LIMITES

OÙ L't = L o + 't (LI - L o) admet une solution unique dans ~,o (D)
quels que soient 't E [0, 1) et f E L 2 (D).
Par hypothèse
L o (u, u) == - ~ L o (u) U dx>ô 1 "u 1/2 (464)
D
et
1/ u Il (2) ~ C 2 1/ L o (u) " (465)
quel que soit u E ~,o (D). L'inégalité (465) nous dit que le problè-
me (462) admet une solution unique dans W;,o (D) pour tout 1 E
E L 2 (D). En effet, pour f E m l'existence de la solution est acquise
par une hypothèse du théorème, quant à l'unicité, elle résulte de
(465). Si 1 E L 2 (D) mais pas ~)1, considérons une suite lm, m =
= 1, 2, ... de m convergeant vers 1 pour la norme de L 2 (D).
Pour toute fonction lm, le problème (462) avec 1 = lm admet une
solution U m E W:. o (D). Ce problème étant linéaire, la différence
Uk - U m est sa solution qui correspond au second membre 1 = Ik -
- lm' Cette solution vérifie l'inégalité (465), c'est-à-dire
Il Uk - U m 1/(2) ~ C 2 111k -lm Il,
sur laquelle on voit que {U m }:=1 est une suite de Cauchy dans l'es-
pace W:,o (D). Cet espace étant complet, la suite {u m } :=1
tend vers
un élément unique u E W:,o (D) pour la norme de W~,o (D). Comme
les coefficients de L o sont des fonctions bornées, L o (u m ) convergeront
vers L o (u) dans L 2 (D), et par suite L o (u) = f. On vient donc de
montrer que le problème (462) admet une solution dans W~,n (D)
quel que soit 1 E L 2 (D) et cette solution est unique en vertu de (465).
On peut donc affirmer que l'opérateur L o établit une bijection entre
les espaces complets W;,o (D) et L 2 (D). L'opérateur L-~ réciproque
de L o applique L 2 (D) sur W;,o (D) et en vertu de (465), pour tout
élément v E L 2 (D), on a
" L-~ (v) 1/ (2) ~ C 2 " v Il. (466)
La majoration (466), ou ce qui est équivalent, la majoration 1/ L-~ II~
~ C2 de la norme de L-~, traitée comme un opérateur de L 2 (D)
vers W;,o (D), est donnée par l'inégalité (465) (en effet, si dans (465)
on désigne la fonction L o (u) par v, alors U n'est autre que L-~ (v».
Montrons que ces propriétés sont le lot de tous les opérateurs L'tt
't E [0, 1]. Appliquons pour cela l'opérateur L-~ aux deux membres
de l'équation (463) et mettons le résultat sous la forme:
U + 'tL-~ (LI - L o) (u) = L-~ (f). (467)
Traitons (467) comme une équation opératorielle
u +
'tAo (u) = L-~ (f) (468)
II-2-55. PROBUlME DE DIRICHLET DANS L'ESPACE W~ !(D) 445

dans l'espace W;,o (D) avec L-~ (j) pour second membre. Dans cette
équation, A 0 = L-~ (LI - L o) est un opérateur borné agissant dans
l'espace W:,o (D). Sa norme est:::::;; à une constante Cs définie par
les maximums des modules des coefficients de LI et de L o et par C 2'
car la norme" (LI - L o) (u) II~ C,. " U 11(2) pour tout u E W~,o (D)
et en vertu de (466)
" A o (u) " (2) ~ Il L-~ " Il (LI - L o) (u) Il :::::;; Cs" U 11(2), (469)
où Cs = C2C,.. Le lemme 1 du [11-2-541 nous dit que l'équation (468)
admet une solution unique dans W;,o (D) pour 1: E [0, C-~]. Or, ceci
signifie que le problème (463) possède une solution unique dans
w: 0 (D) pour tout 1 E L 2 (D) et tout 1: < C-~ et les opérateurs
L't,' 1: E [0, C-~ [établissent une bijection entre W;.o (D) et L 2 (D).
Si C-~ :::::;; 1, prenons un 1:1 arbitraire dans l'intervalle [1/2C-~, C-~[,
représentons L't sous la forme L't = Lt:l + (1: - 1:1) (LI - L o) et
écrivons le problème (463) sous la forme équivalente:
U + (1: - 1:1) L:t~ (LI - L o) (u) = L:t~ (j). (470)
L'opérateur Al -=== L:t 1 (LI - L o) est borné dans l'espace W:. o (D).
Montrons que sa norme est:::::;; à C3 • Pour cela on remarquera que les
conditions (459) pour LI et L o entraînent
L't (u, u) == - l L't
D
(u) u dx = (1- 1:) L o (u, u) + 1:L 1 (u, u) >ô
1 Il u 11 2 ,
[0, 1].
1:E

De plus, les coefficients de Lt: en Uxi et UXixk vérifient les mêmes


inégalités (413) et (433) que les coefficients homologues de L et L o,
quant au coefficient en u, il est:::::;; 115 +
1Âo 1. Donc, Lt: vérifie les
inégalités (460) et (461), et de là il s'ensuit que Il L-i (LI - L o) Il :::::;;
~ C 3 pour les 1: pour lesquels existe L -i et en particulier pour 1: =
= 1:1. Mais alors l'équation (470) admet une solution unique dans
W;.o (D) pour 1: - 1:1 E [0, C-~[ et en particulier pour 1: = 21:1.
On a donc établi l'existence de l'opérateur L"2i 1 réciproque de L 2 't 1 •
Si 21:1 < 1, mettons L't sous la forme L 2 'tl +
(1: - 21:1) (LI - L o) et
reprenons les raisonnements précédents. En épuisant en un nombre
fini de pas tous les 1: E [0, 1] on établit l'existence des opérateurs ré-
ciproques de L't et partant le théorème 1. Pour 1: = 1, l'opérateur
L't est confondu avec l'opérateur LI = L - ÂoE.
Le théorème 1 permet de prouver les théorèmes d'existence in-
conditionnels de la solution du problème
LI (u) -===L (u) - Âou = l, u Is = 0, (471)
pour une assez vaste classe de domaines D. Supposons tout d'a bord
que D est une boule ou un parallélépipède *). Pour de tels D pre-
*) Pour n = 2, le domaine D est un disque ou un rectangle.
446 CH. II. PROBL:I;:MES AUX LIMITES

nons L o =::=Ô, ~ étant l'opérateur de Laplace. Le problème (462)


pour ~ vérifie toutes les hypothèses du théorème 1. En effet, on sait
que pour de tels D l'opérateur de Laplace avec la condition aux li-
mites du problème de Dirichlet possède des fonctions propres
{U1J h:l régulières dans D et formant un système complet dans
L 2 (D) *). On peut admettre que ce système est orthonormé dans
L 2 (D). Toute fonction f E L 2 (D) se représente par la série
00

f (x) = ~ (f, Uk) uR. (x),


h=l
convergente vers f pour la norme de L 2 (D). Les fonctions Uh sont
solutions des équations
Ô. Uh = ÀhUk' Uk 1S = O. (472)
Le problème
~U = f, U 1s = 0, (473)
N N
admet une solution U (x) = 2J ~hh Uh
k=l
(x) pour tout f (x) = ~
k=1
CkUk (x),
et cette solution appartient à W;,o (D). De plus, l'ensemble ~ des
N
fonctions f (x) = 2J
k=1
ChUk (x), où Ch sont des coefficients arbitraires,
est dense dans L 2 (D). L'opérateur Là = ~ satisfait toutes les hypo-
thèses du théorème 1, il est vrai, avec des constantes v, ~ i et 8 géné-
ralement différentes de celles de LI' Mais ceci n'est pas essentiel:
on peut dans les conditions (413), (433) et (459) choisir les constan-
tes v, ~i et 81 communes à L o = ~ et LI'
On a donc montré que le problème (471) admet une solution uni-
que dans W:,o (D) quelle que soit f E L 2 (D), le domaine D étant
une boule ou un parallélépipède. Ce raisonnement est valable pour
d'autres domaines D pour lesquels les fonctions propres Uh du problè-
me spectral (471) appartiennent à W;,o (D). C'est par exemple le cas
pour une couronne sphérique D = {x: 0 < P < 1 x 1 < Pl} et pour
d'autres domaines qui sont des parallélépipèdes en coordonnées
sphériques ou cylindriques.
Supposons maintenant que le domaine D peut être transformé
"'"'
en un tel domaine, que l'on désignera par D, par une fonction y =
"'"'
= y (x), x E 15 de C2 (D) dont la réciproque x = x (y), y E D est
de classe C 2 (iJ), les jacobiens ~~~~ et ~~;~ étant> O. Il est aisé de

*) Au (tome II, [VIJ-1-15], [VII-1-16]) et au (tome III 2 , [VI-1-5] à [VI-1-8],


(VI-2-3], (VI-2-11] à [VI-2-13]) on donne la forme explicite de tous les Uh pour
de tels D, forme de laquelle il résulte que Uh E Coo {D); la complétude de {uk}~ 1
est prouvée au [11-2-34].
II-2-56. LA R:E:SOLUBILIT:E: AU SENS DE FREDHOLM 447

voir que si u (x) E W:. o (D), alors u (y) = u (x (y)) sera un élément
de W;.o (D) et réciproquement. Lorsqu'on passe de x à y, l'opéra-
teur différentiel L (u) s'écrit:
,..., ""
'" "" a ("" ou
L (u) = OYi aik
OU)
(y) oYk
'"
+ b i (y) 0Yi + '"C (y) u,
,. .,

, '" [ 0Yi (x) aYk (x) ] 1
aik (y) = a il (x) OX j oxz x=x(y) ,

bi (y) = [b j
(x) °Yi (x) ] 1
OX j X=X(Y)
-

-r aZk (x)
f)Yi (x) ] 1 a (a yj (x) ) 1

,...,
et C (y) = C (x (y».
oXk
-
x=x(y)

On vérifie sans peine que les coefficients de L


ay j dXz x=x(y) ,

satisfont les inégalités (413) et (433), mais avec d'autres constantes.


Ces constantes nous permettent de choisir un  o assez grand pour
,..., ""
que L - ÂoE vérifie
,...,
la condition (458) dans D, et par suite l' iné-
galité (459). Si D est une boule, un parallélépipède ou une couronne
sphérique, alors de ce qui a été démontré plus haut, il s'ensuit que

,..., ""
7
le problème L (;;) - Âo;;' = (y), ;;, laD = 0, admet une solution
unique dans W:. o (D) pour tout f E L 2 (D). En passant dans ce pro-
blème à l'ancienne variable x, on s'assure que le problème (471)
admet une solution unique dans W;,o (D) pour la valeur de  o rete-
nue et pour toute fonction f E L 2 (D). On a donc prouvé le théorème
suivant:
Thé 0 r ème 2. Si les coefficients de L de (402) vérifient les-
conditions (413) et (433) et si le domaine D est une boule, un parallé-
lépipède ou une couronne sphérique ou est susceptible d'être transformé-
en l'un de ces derniers par une fonction régulière y = y (x) E C 2 (D),.
alors le problème (471) admet une solution unique dans W;,o (D) pour
toute fonction f E L 2 (D) et pour  o assez grand.
Rem a r que. Ce théorème nous permet de prouver que le
problème posé admet une solution unique dans tout domaine D
(éventuellement illimité) dont la frontière est une surface de classe C2.
11-2-56. Sur la résolubilité au sens de Fredholm du problème de
Dirichlet. Considérons maintenant la résolubilité du problème de
Dirichlet
L (u) = Âu + f, u 1s = 0, (474)
pour  réel arbitraire. Tout ce qui va suivre est valable pour  com-
plexe, mais on se bornera au cas réel. Supposons que les conditions
448 CH. II. PROBLÈMES AUX LIMITES

.du théorème 2 du numéro précédent sont remplies pour L et D. Pre-


nons Âo assez grand pour que LI = L - ÂoE soit justiciable de la
-conclusion de ce théorème et ramenons le problème (474) à la forme
-équivalente
u = (Â - Âo) L -~ (u) L -~ (f). + (475)
Au [lI-2-55J on a montré que L-~ transforme les éléments de L 2 (D)
.en ceux de W 2: 0 (D) et que pour tout f E L 2 (D)
Il L~l (f) " (2) ::s; C 2 1/ f Il (476)
{cf. (461)). En vertu du théorème de Rellich (tome IVI , [lII-7J) il
;s'ensuit de là que L-~ est un opérateur complètement continu dans
L 2 (D) (c'est-à-dire comme un opérateur de L 2 (D) dans L 2 (D)).
Donc, l'équation (475) est justiciable des théorèmes de Fredholm
(tome IVI , [I-28J et tome V, [V-1-14J à [V-1-16J) qui nous disent
-que l'équation (475) admet une solution unique dans L 2 (D) pour
tous les  à l'exception d'un ensemble dénombrable que l'on dési-
gnera par { h } , k = 1, 2, ... Supposons que  =1=  h et que u est la
.solution correspondante de l'équation (475). Cette solution est un
-élément de W2~O (D), puisque les deux termes du second membre de
(475) le sont si f E L 2 (D). Donc, u est une solution du problème
(474) appartenant à l'espace W 270 (D).
Pour  =  h (et uniquement pour de tels Â), l'équation sans se-
.cond membre admet les solutions non triviales
Uh = (Â h - Â o) L-~ (Uh). (477)
1
Ces solutions sont aussi des éléments de W 270 (D), car l'appartenance
de Uh à L 2 (D) et les propriétés de l'opérateur L-~ entraînent que
L-~ (Uh) E W 270 (D). Donc, Uh sont solutions du problème

L (Uh) = ÂhUh' Uh 1S = O. (478)


Ces solutions s'appellent fonctions propres de l'opérateur L dans le
domaine D pour la condition aux limites du problème de Dirichlet,
et Âh , les valeurs propres correspondantes. La théorie des équations li-
néaires à opérateurs complètement continus nous dit qu'à chaque
 h est associé un nombre fini de solutions linéairement indépendan-
tes du problème (478), autrement dit chaque Âh est de multiplicité
finie. Pour formuler les autres propositions, il nous faut introduire
les opérateurs adjoints de L et de LI agissant dans L 2 (D).
L'opérateur A * adjoint d'un opérateur (linéaire) A donné se défi-
nit par l'identité
(A (u), v) = (u, A * (v)), (479)
qui est réalisée pour tous les éléments u sur lesquels est donné A.
On admet que le domaine de définition :!lJ (A) de A est l'espace
L 2 (D) tout entier si A est borné et un ensemble :!lJ (A) dense dans
II-2-58. LA RaSOLUBILIT&AU SENS DE FREDHOLM 4i9

L.iD) si A n'ést pas borné. L'ensemble de définition ~(A *) de


l'opérateur A* est composé des éléments v (et d'elix seuls) pour les-
quels l'expression (A (u), v) qui est une fonction linéaire de u sur
l'ensemble ~(A) peut être mise sous la forme (u, w), où west un
élément quelconque de L,(D). L'ensemble ~(A) étant dense dans
L,(D), l'élément west unique et il doit être égal à A* (v).
Si A est un opérateur borné on démontre que ~(A *) est l'espa-
ce Ls(D) tout entier (ou l'espace hilbertien H tout entier si L 2 (D) =
== H). Ceci résulte aussitôt du théorème de Riesz sur la forme
~énérale des fonctionnelles linéaires de L,(D) (tome V, [V-1-4]). En
effet, pour tout v E L" (D) l'expression (A (u), v) est une fonction
continue linéaire u définie sur l'espace L 2 (D) tout entier (c'est-à-
dire une fonctionnelle linéaire), donc il existe un élément unique
w tel que (A (u), v) = (u, w) pour tous les u E L,,(D). Or, ceci signi-
fie que v E ~(A *), w = A* (v) et ~(A *) = L,(D).
Si A n'est pas borné, la détermination de 9J(A*) et de la forme
explicite de A* est une tâche ardue. Les opérateurs L et LI considé-
rés sont des opérateurs non bornés, définis sur l'ensemble ~(L) =
= ~(Ll) = W,~o (D), dense dans L 2(D). On montrera que les opé-
rateurs adjoints L* et LT sont de la forme
L*(u)=-aa Xi
(a'k aau
xk )--aaXi
(biu)+cu, Li(u) =L* (u)-Âou. (480)
(c'est-à-dire sont des opérateurs différentiels adjoints de L et LI
respectivement au sens de Lagrange (cf. formule (410» et leurs do-
maines de définition sont confondus avec W2~O (D). Assurons-nous
à cet effet que le problème
L~ (u) = f, u Is = 0, (481)
où L*(u) est donné par (480),· admet une solution unique dans
W,~o lD) pour toute fonction f E L, (D). En effet, l'opérateur L~
remplit toutes les conditions du théorème 2 de [11-2-55], y compris
la condition L~ (u, u) ~ cS l Il u Il', cS l > 0 si Âo ~ 1, car
Li(u, u)=(-L~(u), u)=
= J(aikuXkux,~biUUXi-cu2+Âou2) dx=L
g
1 (u, u).

Désignons par (L~) _1 l'opérateur associant à f la solution u du pro-


blème (481). Cet opérateur est un opérateur borné dans La(D) met-
tant L,(D) et W,~o (D) en correspondance bijective. D'autre part,
pour toutes fonctions u et v de W,~o (D), on a la relation .
(LI (u), v) = (u, L~ (v», (481,.)
qui s'obtient par une double intégration par parties du premier mem-
bre. En comparant cette égalité avec celle qui a servi à définir l' opé-
29-01017
450 CB.IL PROBLDlES AUX LIMITES,

rateur A * on voit que les éléments.v de W2~O (D) appartiennent à


9J(A*) = 9J (L~) et A* = L~ est défini par (480). Il reste à véri-'
fier que ~ (L~) == W2~O (D), c'est-à-dire à prouver que si pour de~
éléments quelconques v et f de L 2 (D) on a

(L 1 (u), v) = (u, f)
pour toutu E W2~O (D), alors v,E W2~O (D) et f = L~ (v). Détermi-
nons à l'aide de f l'élément w = (L;tif, solution du problème (481)
(cette solution est un élément de Wi,o (D» et mettons (u, f) sous la
forme (u, L~ (w» = (L 1 (u), w) en vertu de la formule (482). Alors
(u, f) = (L 1 (u), w) = (L 1 (u), v), et puisque les éléments L 1 (u)
parcourent l'espace L 2 (D) tout entier lorsque u parcourt W2~O (D),
il s'ensuit de là que v = w, c'est-à-dire que v appartient bien à
W2~O (D) et f = L~ (v). ,
On a donc démontré que l'opérateur L~, adjoint de l'opérateur
non borné L 1 de L 2 (D) dans L 2 (D) et défini sur l'ensemble
3J (L 1 ) = W2~O (D), est également défini sur W2~O (D) et agit Sur
les éléments de W 2~ 0 (D) en vertu de (480). L'opérateur L (u) ne dif-
férant de L 1 (u) que par un terme additif Âou auquel correspond un
opérateur borné, on a 9J (L) = ~ (L 1) = W2~O (D), ~ (L*) =
= 9J (L~) = W2~O (D) et l'action de l'opérateur L* sur W2~O (D)
est définie par (480).
Rem a r que. Quand on dit que l'opérateur différentiel L*
est défini par (480), on entend par là la méthode de calcul de L* (u)
sur les fonctions u (x). Il faut distinguer cette notion de la notion
d'opérateur adjoint d'un opérateur non borné L engendré par un
opérateur différentiel L. Dans ce cas il faut indiquer le domaine de
définition de l'opérateur différentiel L et trouver le domaine de dé-
finition de l'opérateur adjoint.
Revenons à l'étude des opérateurs L et L* ainsi que des opéra-
teurs L 1 = L - ÂoE et L! = L* - ÂoE, définis sur W~,o (D) de
l'espace L 2 (D). Montrons que l'opérateur adjoint de l'opérateur
L-~ de L 2 (D) dans L 2 (D) est l'opérateur borné (L1)-1, c'est-à-dire que

(L-D* = (L1t 1 et 9J«L1)-1) = $«L-D*) = L 2 (D).


Ceci résulte immédiatement de faits déjà connus et notamment de
ce que l'opérateur L 1 et son adjoint Li mettent en correspondance
biunivoque l'espace ~ (L 1 ) = ~ (L~) = W2~O (D) et l'espace L 2 (D)
tout entier et vérifient l'identité (481 1) pour tous u, v E W 2~ 0 (D).
Lorsque u et v parcourent W2~O (D), les opérateurs L 1 (u) et L 1 (v)
parcourent l'espace L 2 (D) tout entier. Désignons L 1 (u) par (C),
L~ (v) par 1j), .et mettons l'équation (481 1) sous la forme

(cp, (L~t11j) = (L-~cp, 1j).


11-2-56. LA R:eSOLu:aILIT:e AU SENS DE FREDHOLM 451

Cette égalité 'étant valable pour tous !p, '" E L 2 (D), elle traduit le-
fait que (L-~)· est égal à l'opérateur borné (L~)-l dans L 2 (D).
'Revenons maintenant au problème (474) et aux problèmes (475)"
(477) et (478) qui lui sont reliés. L'opérateur L-i étant complètement
continu dans LI (D), ses valeurs propres sont confondues avec celles
de son adjoint (L-~)*, c'est-à-dire avec O-k - Âo)' autrement dit
l'équation
v = (Â - Âo) (L-D* (v) (482)\
n'admet des solutions non triviales que pour  =  k , k = 1, 2, . . .'
(on rappelle qu'on s'est limité à l'étude des  réels). A chaque Âlt
est associé un nombre fini de solutions non triviales Vk de l'équation
(482), égal au nombre des solutions linéairement indépendantes de-
l'équation (477) correspondant au même  k • En d'autres termes,.
les valeurs propres  k - Âo des opérateurs L-~ et (L-i)* ont même-
multiplicité. Comme (L-D* = (L~)-\ l'équation (482) équivaut a,a
système
L~ (v) = (Â - Âo) v, vis = 0,
qui n'est autre que le système
L * (v) = Âv, vis = 0, (483)
dont les solutions sont des éléments de W2~O (D), l'opérateur diffé-:
rentiel L* étant défini par (480). Donc, le spectre réel des opérateurs
L et L* pour la condition aux limites du problème de Dirichlet est
au plus dénombrable, chaque valeur propre  k est de multiplicité;
finie et les seuls points limites de { k } sont  = + 00. Mais le;
théorème 2 du [11-2-55] nous dit que pour  ~ Âo, le problème (478),
ne possède pas de solutions non triviales, donc tous les Âk < Âo~
Si nous avions dès le départ envisagé un espace hilbertien complexe
L 2 (D) et le problème (474) avec des Âcomplexes, alors en appliquant
les théorèmes de Fredholm à l'équation (475) nous aurions déduit
que le spectre des opérateurs L et L* est composé d'un nombre, au,
plus dénombrable de valeurs propres ayant chacune une multiplicité
finie. Des estimations relativement simples du type de celles d&
[II-2-52] montrent que le spectre est compris dans une parabole d~
la forme Â"2 = al (a 2 - Â'), où ai sont des nombres réels qui se dé....
terminent sans peine à l'aide de la constante d'ellipticité '\1 et des
majorants .... i des coefficients de L, ceci étant, al > 0 etÂ' etl'~
sont les parties réelle et imaginaire de  (Le.  = Â' + iÂ'").. Une-
analyse plus poussée montre que le spectre du problème (474) est:
constitué d'un nombre infini de valeurs propres {JI'kl k~l et Re Â.k ~.
~ - 00 pour k ~ 00. Ceci a été étab~i par Carleillan (cf. [II-2~45I) ..\
Au numéro suivant on démontrera cette proposition pour un opé-;.
rateur symétrique L, c'est-à-dire lorsque L* = L ou, ce qui est.
équivalent, lorsque bi (x) === O. Pour l'instant on se propose de prou-·
ver le troisième théorème de Fredholm pour le problème (474)~
29*
452 CH. ,II. PROBLIlMES AUX LIMITES

Supposons que dans ce problème  est égal à une valeur propre


 k • Si ce problème admet une solution u pour f E LI (D) (dans la
suite toutes les solutions sont supposées appartenir à W2~O (D)),
alors en multipliant la première équation (474) par une fonction
arbitraire v E W2~O (D) et en intégrant ensuite sur D, on peut trans-
former le résultat de la manière suivante:

J L (u) vdx= J uL* (v) dx=Â. J Jt


uvdx+ vdx .

Si v est confondu avec une solution Vk du problème (483) avec  =


=Âk , alors cette égalité devient

) fVkdx=O, (484)
D

et par suite elle est nécessaire pour que le problème (474) admette
une solution. Montrons que la condition (484) est également suffi-
sante. En effet, le troisième théorème de Fredholm appliqué à une
équation pour un opérateur complètement continu L-~ nous dit
qu'une condition nécessaire et suffisante pour que l'équation (475)
admette une solution dans L'J, (D) est que

O=(L~l(f), vk)=(f, (L~l)* (v,J)= Â. f Â.


k- 0
(f, Vk)'

où Vk est une solution de (482) avec  = Âk • Or le problème (482) est


équivalent au problème (483) avec  = Âk et leurs solutions sont
confondues, de sorte que cette condition n'est autre que la condi-
tion (484). Cette condition est de la même forme pour les Âk complexes.
Récapitulons ce que nous venons de démontrer sous la forme du
Thé 0 r ème 1. Si les hypothèses du théorème 2 du numéro
précédent sont remplies pour L et D, alors le problème (474) admet une
solution unique dans wto (D) quelle que soit f E L 2 (D) pour tous les
l'réels sauf pour un nombre au plus dénombrable de Âk , k = 1, 2, ... ,
qui constituent les valeurs propres réelles du spectre de L dans D pour la
'Condition aux limites du problème de Dirichlet. Le problème homogène
(478) admet des solutions réelles non triviales pour ces valeurs Âk et pour
elles seules et à chaque Âk est associé un nombre fini de solutions linéai-
rrement indépendantes du problème (478). L'ensemble {Âk } est composé
de valeurs propres qui sont les valeurs propres réelles du spectre du pro-
blème adjoint (483), lesÂkétantde même multiplicité que dans le problè-
me (478). ~es valeurs Âk , k =1, 2, ... peuvent être rangées par ordre'
de décroissance et le seul point d'accumulation de {Âk } est·Ze point
1= -' 00.
Une condition nécessaire et suffisante pour que le problème (474)
(J,l)ec  = ,Â"l possède une solution unique est que soit réalisée, la condi';'
11-2-56. LA USOLUBlLIftAU. SBNS DE :PJUmBOLM 453

tion (484) d'orthogonalité de f à toutes les solutions du problème homo-


gène adjoint (483) avec le même Âk • Sous ces conditions la solution gé-
Nil.
nérale du problème (474) est u = Uo + ~CtUkt' où Uo est une solution
~1
particulière du problème (474), Ch des nQmbres arbitraires et Uk t ' i -
= 1, ... , N k , les solutions du problème (478) avec ÂIl,
Ce théorème exprime l'un des énoncés de la résolubilité au sens de
Fredholm du problème de Dirichlet (474).
Comme indiqué plus haut, le problème (474) s'étudie de façon
analogue pour les  complexes. La condition de résolubilité du pro-
blème (474) pour ÂIl complexes est de la même forme que (484).
Il est utile de remarquer que pour les solutions du problème (474)
on a
Il u Il 2 ~ c). Il f Il, (485)
pour tous les  =1= À k , k = 1, 2, ... , la constante C). dépendant des
coefficients de L, du domaine D et du  considéré. Pour les  véri-
fiant la condition (420), on aurait pu expliciter C). en fonction de
caractéristiques relativement simples du domaine D et des para~
v,
mètres ~, t-'t et 'Â. Dans le cas général, lorsqu'on sait seulement que
 =1= Âkt' k = t, 2, 0 •on peut affirmer l'existence de la constante
0'

C,,-, mais sans pouvoir l'expliciter. Il est clair que C,,- tend vers
l'infini lorsque  tend vers une valeur propre de {ÂIl}. Signalons qU&
la détermination des valeurs propres ÂIl pour un L et un D concrets
donne lieu à des calculs assez compliqués.
Le théorème t de ce numéro et le théorème 2 du numéro précé~
dent entraînent le
Thé 0 t ème 2. Si les hypothèses duthéotème 2 du numéro pré-
cédent sont remplies pour L et D, alors toute solution distributionnelle
du problème (474) de classe ~ (D) est un élément de W2~0 (D).
En effet, supposons qu'une fonction u est une solution distribu-
tionnelle du problème (474) de classe ~ (D), c'est-à-dire appartient
o 0

à ~ (D) et vérifie l'identité (407) pour toute fonction Tl E ~ (D) ..


Mettons l'identité (407) sous la forme
L (u, 1J) = - J(Aou + F) 1J dx. (486)

où F = f + ( - Âo) u. Prenons le nombre  o assez grand pour que


soit réalisée l'inégalité (420), inégalité qui assure l'existence d'une
solution unique du problème (474) avec  - Âo, c'est-à-dire du pro-
blème
L (v) = Âov + F, v lB -:- 0, (487)
la fonction F - f + (Â - Âo) u étant une fonction connue (puisqueu

est par hypothèse une solution connue qe W~ (D». Il est manifeste
454 'CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES

que F E L 2 (D). En vertu de (486), la fonction u est une solution


d.istributionnelle du problème (487) de classe ~ (D) pour F = f +
+ (À - Ào) u. D'autre part, le théorème 2 du numéro précédent nous
dît que le problème (487) admet une solution unique dans la classe
W 2: 0 (D) (le premier théorème de Fredholm a lieu grâce à (420».
En vertu du théorème 2 de (l1-2-52J cette solution doit nécessaire-
ment être confondue avec la solution distributionnelle étudiée u
o
de ,~(D), donc u est u,n élément de W2~O (D), c.q.f.d.
]1-2-57. Sur le spectre d'un opérateur symétrique. Considérons
-des opérateurs différentiels symétriques L de la forme (402), c'est-
à-dire des opérateurs tels que L = L* (l'adjoint L* de L au sens de
Lagrange est défini par (480»:

L (u) = f)~i (ai1~ :~ ) + cu. (488)


Posons le problème
L (u) = Àu, u 1s = 0, (489)
dans un domaine borné Den admettant que léS coefficients de L et
le domaine D remplissent les conditions du théorème 2 de [1I-2-55l.
Des résultats prouvés au numéro précédent, il s'ensuit que l'adjoint
d'un opérateur non borné L défini sur un ensemble :2J(L) = W2~o(D)
dense dans L 2 (D) par (488) est cet opérateur lui-même défini sur le
même ensemble W2~O (D). On dit dans ce cas que l'opérateur Lest
hermitien (ou auto-adjoint) et on note ceci par L = L*. La forme
quadratique correspondant à L s'écrit:
L (u, u) = - ) L (u) u dx = ) (aikuxiuXk - cu 2) dx.
D D
Comme par hypothèse -c(x)~-. J!3' on a pour ÂO=l-t3
LI (u, U) E = - ) (L- Ào) (u) dx =
D

=L(u, u) +Âol/uIl 2 >v ) u~dx>vCÏllluIl2t (490)


D
où CD > 0 est la constante de l'inégalité (423) [11-2-52]. En vertu
des résultats de (11-2-55], l'opérateur LI == L o - ÂoE admet un
réciproque L~l qui est complètement continu, hermitien de, L 2 (D)
dans L 2 (D). Donc, il est justiciable des théorèmes prouvés au (to-
me IVI , [1-30 à 1-36]). Plus exactement, son spectre est composé
d'un nombre au plus dénombrable de valeurs propres réelles que l'on
désignera par I1k, k = 1, 2, ... A chaque I1k correspond un nombre
fini de solutions linéairement indépendantes de l'équation
L;l Uk = J!kUkt (491)
II-2-57. SUR LE SPECTRE D'UN OP:eRATEUR SYM:eTRIQUE 455

°
qui sont des éléments de L 2 (D). L'opérateur L-~ étant inversible, le
nombre !..t = n'est pas un point de son spectre (c'est-à-dire qu'au-
cun !..th n'est nul), donc il existe une infinité de valeurs propres !..tA
distinctes. Des propriétés de L-~ il s'ensuit que Uh E W2~O (D) et
tout UA est solution du problème
1
L 1 u=-u, U 18=0, (492)
fL
pour !..t = !..th et, réciproquement, toute solution du problème (492)
appartenant à W2~ 0 (D) est solution du problème (491). Le problè-
me (492) n'est autre que le problème (489) correspondant à Îv =
+
= Îv o !..t _1. De l'inégalité (490), il s'ensuit que les !..th '< et
-!..th ~ V-1CV • En effet, pour U = Uk, l'inégalité (490) nous donne
°
L l (u h , Uh) = -. --!-.II Uh I/2~vCÏlll Uh 1/2.
fLk
En vertu toujours des propriétés établies au (tome IV1 , (1-30] à
'(1-36]) pour les opérateurs symétriques complètement continus, les
valeurs propres !..th, k = 1, 2, ... peuvent être supposées numérotées
dans leur ordre de croissance. Par ailleurs, dans la suite {!..th} h CX\
il est commode de faire figurer chaque valeur propre en un nombre
.d'exemplaires égal à sa multiplicité et d'associer à chacune d'elles
une fonction propre Uh normée dans L 2 (D), ces fonctions devant être
choisies de manière à être deux à deux orthogonales. D'après ce
qui vient d'être dit, on peut a dmettre que

-v_1CV ~ !..tl ~ ft2 ~ ••• < 0, f1h ~ 0 pour k ~ 00, (493)


et les fonctions propres associées {Uh} h 00 1 vérifient les conditions
(Uh' Ul) = Ôhl. (494)
Le spectre de l'opérateur L pour la condition de Dirichlet est com-
+
posé des valeurs propres {Îvhh~1' Îv h = Îv o ft-k, et à chaque valeur
Îv h est associée une fonction propre Uh, solution du problème (489)
pour Îv = Îv h • Comme indiqué plus haut, toutes les fonctions UA
sont des éléments de W2~O (D). Il est clair que Îv k ~ - 00 pour
k~ 00.
Penchons-nous maintenant sur les théorèmes de décomposition
suivant les fonctions propres {Uh} k co 1. Le théorème 5 du (tome IV17
II-36]) affirme que le système {Uk} h co 1 forme une base dans L 2 (D),
c'est-à-dire que toute fonction f E L 2 (D) se développe en une séde
de Fourier suivant les fonctions UA: .

co

f (x) = ~ (f, Uk) Uh (x), (495)


h=1
CH. II. PROBL~S AUX LIMITES

convergente vers! (x) pour la norme de L 2 (D) et

,,! 11 2 =
00

~ (f,
k=l
Uk)2. (496)
Montrons maintenant que si ! E W2~O (D), alors la série (495) con;'
verge vers! pour la norme de W2~O (D), c'est-à-dire que la série (495)
est dérivable terme à terme deux fois par rapport à x, les séries obte-
nues par la première et la deuxième dérivation (séries qui ne sont
plus orthogonales dans L 2 (D)!) convergeant dans L 2 (D) vers l' et!"
respectivement. Pour prouver ceci, traitons W2~O (D) comme un /
espace hilbertien muni du. produit scalaire (432) et de la norme
Il . 1/(2) [1I-2-53J.
. Munissons W2~O (D) du nouveau produit scalaire
{u, v} == ) LI (U) LI (v) dx.
D

La norme correspondant à ce produit et que l'on désignera par 1/ • II_


est équivalente à la norme Il . 11(2) (cf. [11-2-541). En effet, l'iné~
galité
Il U 1/2 ~ Cl Il U 11(2), U E W2~O (D),
résulte directement du fait que aik, ô::: et c sont bornés. L'inégalit~
Il U 11(2) ~C2 Il U 112
1/ LI (u) Il = C2
n'est autre que l'inégalité (461). Ceci prouve l'équivalence des nor-
mes Il . /1<2) et Il . 112' L'espaceW2~o (D) contenant les fonctions
Uk, il contiendra des portions finies de la série (495). Par ailleurs,
les fonctions {Uk} k 1 sont deux à deux orthogonales au sens du nou-
aD

veau produit scalaire, car de (492) il s'ensuit que


{Uk' U,} == (LI (Uk), LI (Ul» = _1_ (Uk' U,) = ....;;I Ôkl •
I-tkl-tl
De ce fait, il est immédiat de calculer la quantité
m+p m+p
1/ ~ (f, Uk) Uk
k=m
Il: = ~ ....k2 (f, Uk)2=
k=m
m+p m+p
= 2J
k=m
(f, LI (Uk»2= ~ (LI (f), Uk)2.
k=m

..2J
On s'est servi
(LI (f), Uk)2
du fait que! E W2~O (D).
converge vers Il LI (f) 11 ,
2
La série numérique
car LI (f) E L 2 (D)
k=l
N
(cf. (496». Donc, les fonctions IN (x) =
k=l
2J (f, Uk) Uk (x), N =
11-2-57. SUR LB SPECTRE D'UN OpanATEUI\ SYMgTRIQUE 457

= 1, 2, .• ~t forment une suite de Cauchy dans l'espace W2~O (D),


'"
et comme cet espace est complet, il existe un élément / (x) E W2~O (D)
vers lequel /N (x) convergent pour la norme de W2~O (D). Or, on
sait d'autre part que /N (x) convergent vers / (x) pour la norme de
7
L 2 (D), donc (x) = / (x). Nous avons donc prouvé que la série
(495), où / E W2~O (D), converge pour la norme de l'espace W2~o~(D)
(c'est-à-dire pour 11·112 et Il.11(2)), donc
00 •

L (f) == ~ (f, Uh) L (Uk) = ~ 'AA (/, Uk) Uk, (497)


k==l k==1

cette série étant convergente pour la norme de L 2 (D) et


00

Il L (f) 11 2
=
.-12J 'Al (f, Uk)2.


(498)

Montrons la proposition suivante: si / E W~ (D), alors la Isérie


(495) converge vers / pour la norme de W~ (D), c'est-à-dire que la
série (495) et celles qui en sont déduites par une dérivation terme à
terme par rapport à Xit convergent respectivement vers f et fXi pour
o
la norme de L 2 (D). Munissons à cet effet l'espace hilbertien ~ (D)
du nouveau produit scalaire

ru, vl e: LI (u, v) = J
D
(aihUX,V Xk - cuv + Âouv) dx.

De (490) et du fait que 1 aik 1 et 1 C 1 sont bornés, on déduit que la


norme II· III correspondant à ce nouveau produit scalaire est équiva-
lente à la norme initiale II· 11(1) de l'espace ~ (D). Les fonctions

propres u'" appartiennent à W~ (D) et sont deux à deux orthogonales
au sens du produit scalaire [', l, car 0

[Uk, Ul] = (-L 1U h' Ul) = -fJ. -1 (Uh' Ul) = -!.t -lôklo (499)
Les fonctions {V -fJ.kUk (x) h 1 forment de ce fait un système
00
o
orthonormé dans l'espace W~ (D) pour le nouveau produit scalaire.
Donc, toute fonction / E W~ (D) du système fV -fJ.kU"'}AOO 1 vérifie
l'inégalité de Bessel (tome IVlt [1-46]) .
00

2J [j, V -!.tA UA]' ~ Il / II~.


h=1

D'autre part
[f, Y - !.th UA}I = (j, y. flA L 1u A )1 = ( - !.tAt1 (f, Uk)2 (500)
458 CH. II. PROB~MES AUX LIMITES

et

_En comparant ces expressions on constate que les fonctions fN =


N
= ~ (f, Uk) Uk, k = 1, 2, ... forment une suite de Cauchy dans
k=1
o A 0

l'espace W~ (D), donc il existe un élément f (x) E W~ (D) vers lequel


lN (x) converge pour l'une des deux normes de W~ (D) et
00 00

iIÎII~= ~ [f, ~ (-flkt


V -flkUkt= k=1 1
(f, Uk)2=
k=1
00

= ~ (Â o - Â k ) (f, Uk)2.
k=1

Mais comme fN converge vers f pour la norme de L 2 (D), alors


A

1 (x) = f (x) et
00

Ilfll~=Ll(f,f)= ~ (ÂO-Âk)(f, Uk)2. (502)


k=1

Récapitulons ce qui vient d'être démontré dans ce numéro sous


forme du théorème suivant (voir à ce propos la remarque de la
page 374):
Thé 0 r ème 1. Sil' opérateur symétrique L défini par (488)
.et le domaine D remplissent les conditions du théorème 2 de [11-2-55],
.alors le spectre du problème (489) (ou, ce qui revient au même, le spectre
de l'opérateur L dans le domaine D pour la condition de Dirichlet)
.est composé d'un nombre dénombrable de valeurs propres réelles
{Â k }k;l tendant vers - 0 0 pour k -+ 00 et inférieures au majorant
"'0 du coefficient c (x). Les fonctions propres correspondantes {ukh~l
$ont orthonormalisables dans L 2 (D). Elles forment une base dans les
o
.espaces L 2 (D), ~ (D) et W2~0 (D), de sorte que la série de Fourier
o
{495) de toute fonction f de L 2 (D) (resp. de W~ (D), W2~0 (D» suivant
les fonctions propres Uk converge vers f pour la norme de L 2 (D)(resp.
de W~ (D), W; (D». De plus, l'égalité (496) est satisfaite par f E L 2 (D),
o
l'égalité (502), par f E W~ (D), les égalités (497) et (498), par f E
<E W2~O (D).
La démonstration de la convergence des séries (495) pour la
norme de W: (D) développée ici est due à Q. Ladyjenskaïa. Ladyjen- '
:skaïa a prouvé ce fait pour les trois problèmes aux limites classiques
dans l'espace W: (D) et dans les espaces W~ (D) avec l entier (cf.
11-2-57. SUR LE SPECTRE D'UN OP:mRATEUR S"DmTRIQUE 459

chapitre II de l'ouvrage: O. Lad y j e n s k a ï a, Problème mixte


pour équations hyperboliques. M., Fizmatguiz, 1953 (en russe».
Les fonctions et valeurs propres de l'opérateur L jouissent de
nombreuses propriétés extrémales identiques à celles établies précé-
demment pour les opérateurs intégraux à noyaux symétriques, les
opérateurs symétriques complètement continus dans L 2 (D) (tome IVlt
[1-36 J, [1-37]), les opérateurs différentiels ordinaires de type Sturm-
Liouville [l1-1-16J, l'opérateur de Laplace pour la condition de
Dirichlet [11-2-36]. Ainsi, par exemple, les égalités (496) et (502),
o
valables pour toute fonction f E W~ (D), nous permettent de démon-
trer facilement le théorème suivant:
Thé 0 r ème 2. La plus petite valeur de la fonctionnelle quadra-
tiqUe

J (f) = L (f, f) ==.) (aihfx/xk - cj2) dx


D

o
sur un ensemble de fonctions f E w~ (D) avec 1/ f Il = 1 est égale à la
première valeur propre Â1 prise avec le signe opposé. Ce minimum est
réalisé sur la première fonction propre Ul' La deuxième valeur propre
prise avec le signe opposé représente le minimum de la fonctionnelle
o
J (f) sur l'ensemble des fonctions f E w~ (D) satisfaisant les deux
conditions suivantes: Il f 1/ = 1 et (f, Ul) = O. Ce minimum est réalisé
sur les fonctions propres associées à Â2 (on désignera une de ces fonctions
propres par u 2 ) *). La fonction propre suivante Us se cherche comme
la solution du problème isopérimètre consistant à déterminer la borne
o
inférieure de J (f) sur l'ensemble des fonctions f E w~ (D) soumises aux
conditions: 1/ f 1/ = 1, (f, Ul) = 0, (f, u 2 ) = O. Cette borne est égale
à - s (elle est égale à - 2 si  2 n'est pas une valeur propre simple,
c'est-à-dire si sa multiplicité est >1). Les fonctions propres Uh et les
valeurs propres correspondantes se déterminent ainsi de proche en proche.
Pour démontrer ces propositions, on prendra en considération le
fait que 0 < Âo - Â1 ~ Âo - Â2 ~ • • • Alors pour toute fonction
o
f EW~ (D) on a
00

L1(f, f)~(Âo-Âl) ~ (f, uk)2=(Â o-Â1)//f// 2,


k=l

et

*) Un raisonnement supplémentaire montre que la première valeur propre


est simple. .
460 CH. II. PROB~MES AUX LIMITES

o
pour f = Ui' donc pour toute fonction f E W~ (D) telle que Il f Il ~
= 1, on a
J (f) = L (f, f) = Li (f, f) - Âo Il f 11 2 ~ -Âi = J (Ui)'

c'est-à-dire que Ui donne bien la solution du premier problème aux


variations posé dans le théorème. Dans le deuxième problème, nous
o
devons considérer toutes les fonctions f E W~ (D) vérifiant les con-
ditions Il f Il = 1 et (f, Ui) = O. Pour ces fonctions Li (f, f) ~
-~ (Â o - Â2 ) Il f 11 2 = (Â o - Â2) et par ailleurs Li (U 2, U2) = Âe - Â,
et par suite L (f, f) ~ L (u 2 , u 2 ) = -Â 2 • Les autres propositions du
théorème s'établissent de façon analogue.
- Signalons que les problèmes variationnels décrits dans le théorème
possèdent des solutions pour des conditions moins astreignantes sur
les coefficients de L et sur D. Il suffit par exemple d'exiger que L
remplisse les conditions du [II-2-511 et que D soit un domaine borné
quelconque. Sous ces conditions, on obtient les mêmes valeurs propres
Â1 , Â2 , ••• , mais la seule chose qu'on puisse affirmer sur les fonctions
propres correspondantes, c'est qu'elles appartiennent à

(D). En w:
vertu de la définition donnée au [II-2-511, les fonctions Ult sont les

solutions distributionnelles de classe ~ (D) du problème spectral
(489) correspondant à Â k • Si L et D vérifient les conditions du théorè-
me 2 de [II-2-551, alors chaque fonction Uk est un élément de W 2z0 (D)
et sera solution des équations (489) (cf. théorème 2 de [II-2-56l).

11-3. Equations de types parabolique


et hyperbolique

11-3-1. Dépendance des solutions de l'équation de la chaleur par


rapport aux conditions initiales, aux conditions aux limites et au
second membre. Nous avons établi précédemment le théorème d'uni~
cité pour l'équation de la chaleur en nous servant d'un théorème qui
affirmait que la solution de l'équation de la chaleur sans second membre
prend son minimum et son maximum pour t = 0 ou sur la frontière du
domaine.
Ce théorème a été prouvé en dimension un (tome II, [VII-4-7l).
La démonstration est exactement la même en dimension n.
Considérons maintenant l'équation de la chaleur dans un domaine
B du plan (x, y):

Ut = U xx + u uu + f (x, y, t) (1)
avec les conditions initiale et aux limites
U It=o = <P (x, y) dans B; u Il = '!' (x, y, t), (2)
11-3-1. D~PENDANCE DES SOLUTIONS DE L'~QUATION DE LA CHALEUR 461

où 1 est le contour de B. On admet que la fonction f est continue


dans le domaine B pour t ~ O. On admet de même que q> est continue
dans B et"i' sur 1 pour t ~ O. Imaginons dans l'espace (x, y, t) un
cylindre D dont la base est le domaine B du plan (x, y) et dont les
génératrices sont parallèles à l'axe des t. Soit D T la partie du cylindre
comprise entre les plans t = 0 et t = T (T > 0). Désignons par S'
la base inférieure t = 0 et la surface latérale de DT. Des raisonne-
ments analogues à ceux effectués au (tome II, (VII-4-7l) nous per-
mettent d'établir sans peine le théorème suivant:
T h ~ 0 r ème 1. Si u est solution de l'équation (1) à l'intérieur
de D et est continue à l'intérieur de DT et sur S', alors u prend sa plus
petite valeur sur S' si / ~ 0 dans D T' et sa plus grande valeur sur Si
si / ~ 0 dans DT. .
Donnons brièvement la démonstration de ce théorème. Consi-
dérons seulement le cas / ~ 0 et prouvons-le par l'absurde. Suppo-
sons que u prend sa valeur maximale M non pas sur Si mais en un
point (x', y', t'). Considérons la fonction
v = u - k (t - T), (3)
où k est un nombre >0 que nous allons définir.
On a dans DT:
u ~ v~ u kT, +
et on peut fixer k assez proche de 0 pour que la plus grande valeur de
v sur S' soit inférieure à la valeur de u en (x', y', t'). Pour un tel k
la fonction v prendra sa plus grande valeur à l'intérieur de DT ou de
la base supérieure t = T. Ramenons ces deux cas à une contradiction.
Supposons que v prend sa valeur maximale en un point C (x, y, t)
intérieur à DT. Donc, en ce point
v, = 0; vxx ~ 0; V llll ~ 0,
d'où Vt - V xx - vllll ~ 0 ou, en vertu de (3), Ut - U xx - U llll - k~
~ 0, or ceci contredit le fait qu'en C on doit avoir Ut - U xx -
- U llll - / = 0 et / ~ O. Supposons maintenant que v prend sa
valeur maximale en un point C intérieur à la base t = T. On doit
avoir en ce point v, ~ 0 et en étudiant les variations de v sur la base
supérieure, on obtient: V xx ~ 0 et V llll ~ 0 en C. Cette nouvelle
contradiction prouve le théorème. Une conséquence du théorème 1
est le
Thé 0 r ème 2. Si cp, '1' et / vérifient les conditions 1cp 1~ a sur
la base inférieure de D T' si 1'1' 1~ a sur la sur/ace latérale de DT
a -
~t 1/ 1~ T dans D 7) alors 1u 1~ 2a dans DT.
462 CH. II. ·PROBUlMES AUX LIMITES . .

Considérons la fonction
a (T-t)
V=U + T' (4)
qui est solution de l'équation

Vt = vxx+v yy + (/-7)
avec les conditions suivantes:

V 1t=o = cp -l- a; 1 v 1l =11,+a(T-t)


't' T.

En vertu de l'hypothèse du théorème et du fait que tE [0, Tl


sur la surface latérale de DT, on peut affirmer que
a
f-T~O dans DT; 1 cp+a 1 ~2a sur la base t = 0;

1
1h
't' + a (TT- t) 1:::.:::. 2a
::::::::: sur 1a surf ' 1e d e DT.
aceiatera

Le théorème 1 nous dit que v atteint son maximum sur S', donc
v ~ 2a dans fJ T' Le second terme du second membre de la formule
(4) étant ~O, on affirme que u ~ 2a. De façon analogue, en considé-
rant la fonction
a (T- t)
v=u- T '

on démontre que u ~ -2a, d'où il s'ensuit quel u 1 ~ 2a. Le théorè-


me 2 donne une majoration de la solution de l'équation (1) en fonc-
tion de la majoration du second membre 1 et des fonctions figurant
dans les conditions initiale et aux limites. .
Ce théorème s'établit de façon analogue dans le cas d'un nombre
quelconque de variables spatiales.
11-3-2. Potentiels pour l'équation de la chaleur en dimension UD.
Nous allons montrer maintenant comment on peut construire pour
l'équation de la chaleur une théorie identique à celle du potentiel
pour l'équation de Laplace et ramener de la sorte les problèmes aux
limites pour l'équation de la chaleur à des équations intégrales.
Considérons l'équation de la chaleur en dimension un
Ut - a2u xx = 0 (5)
et cherchons la solution qui satisfait les conditions aux limites
u Ix=o = (1)1 (t) ; u Ix=l = (1)2 (t) (6)
et la condition initiale
u 1t=o = f (x) x E [0, ll. (7)
11-3-2. POTENTIELS POUR L':eQUATION DE LA CHALEUR 463

Prolongeons -la fonction f (x) définie sur l'intervalle [0, II à l'axe-


des x tout entier de telle sorte qu'elle soit continue et s'annule en
dehors d'un intervalle fini, -et formons la solution de l'équation (5}
(tome II, [VII-4-2l):
1
Uo (x, t) = V
2a :nt
(t>O) (8)
-00

qui vérifie la condition


U o 1t=o :..- f (x) x E 1-00, 00[. (9}
En substituant à u (x, t) la fonction w (x, t) = u (x, t) - Uo (x, t),.
on obtient pour w l'équation (5) avec la condition initiale homogène
w 1t=o = x E [0, ll, °
avec des conditions aux limites dont les seconds membres sont égaux
aux différences Û)t (t) - w (0, t) et Û)2 (t) - w (l, t). Donc, dans
la suite, on cherchera la solution de l'équation (5) qui vérifie les
conditions aux limites (6) et la condition initiale homogène
u It=o = x E [0, ll. °
La solution singulière fondamentale correspondant à une source
(10)

placée en x = ~ à l'instant t = 't est la solution (tome II, [VII-4-21)


1 _ (S-X)2
u= e 4a2tt-'t). (11)
2a -Yn (t-'t)
En dérivant par rapport à ~ et en multipliant par le facteur
constant 2a 2 , on obtient la solution singulière correspondant à un
dipôle:
(s _X)2
U = 1 (x _ ~) e- 4a l (t-'f). (12)
2a -.In (t-'t)3/2

t
°
En multipliant la dernière solution par une fonction cp ('t) et en
intégrant par rapport à 't de 't = à 't = t, on obtient la solution
(S-X)2
u (x, t) = r <p
J 2a -Y (t-'t)3/2
1t
(x-~) e-
(1') 4a 2 (t-'t) d't, (13)
o

°
correspondant à un dipôle placé en x = ~ et agissant à partir de
l'instant 't = avec une intensité cp ('t). Le fait que la fonction (13)
est solution de l'équation (5) pour x =1= ~ se vérifie immédiatement
par une simple dérivation; la dérivation par rapport à la limite

°
supérieure nous conduit à un résultat nul, puisque l'intégrant pour
x =1= ~ tend vers pour 't ~ t. Montrons que la fonction (13) satisfait
les conditions aux limites suivantes si x ~ ~ à gauche ou à droite:
u (~ + 0, t) = cp (t) ; u (~ - 0, t) = -cp (t). (14)
464 CH. II. PROBL!:14ES AUX LDlITES

Considérons la substitution
a- x-;
- 2a-vt=i

dans l'hypothèse que x =1= ~. Lorsque 'f -+ t, alors a -+ + 00 pour


:x> ~ et a -+ - 0 0 pour x < ~. On obtient dans la nouvelle variable

U (x, t)..
2
:n .J
n a:-ç
+oe
cp [t- (15)

2a Yi'

et lorsque x -+I~ + 0
co _

.u (S + 0, t) =
2
~
Tt
J
LO~
<p (t) e- a• da = <p (t)
2
~ (e-œI da
n ~
a:=, (t).
On démontre de façon analogue la deuxième égalité (14). D'autre
part, la solution (13) satisfait manifestement la condition initiale
homogène
u It=o = O. (16)
Nous ne nous attarderons pas sur l'étude détaillée du passage à
la limite dans la formule (15). Celui-ci peut être facilement réalisé
BOUS l'hypothèse de la continuité de <p (of).
Supposons qu'on ait à intégrer l'équation (5) avec les conditions
.aux limites (6) et la condition initiale (10). Cherchons la solution
:sous la forme de la somme de deux dipôles placés l'un au point
:x = 0, l'autre au point x = l, l'intensité cherchée du premier étant)
.désignée par cp ('t) et celle du second par 1J' ('t) : '1
t Xl
II (x, t) =
~
r 2a ~(t-'t)3/2 xe-
n
('t) l
4a (t-'t) d't +

+ J 2a -vn! (t-'t)3/'
t (l-X)I
(or) (x-l) e- bl(t-'r) d'te (17)
o
En vertu de (14), les conditions aux limites (6) s'écrivent:

r q>(t)-l ï
{ ~ (18)

l
1 -1J' (t) + l J
0
II-3-3. SOURCES DE CHALEUR EN DIMENSION n 465

Ces équations forment un système intégral de Volterra pour


<p (1') et '" (1') dont les noyaux ne dépendent que de la différence
t - l' de sorte que ce système est justiciable de la transformation de
Laplace (tome IVl , [1-53]). Si, par exemple, à l'une des extrémités
on donne non pas la fonction u mais sa dérivée ~~, alors en ce point
il faut placer non pas un dipôle, mais une source simple dont l'action
est définie par la formule (11). Supposons par exemple que les con-
ditions aux limites sont de la forme

u Ix=o =(Ùl (t) ; aaux 1x=l = (Ù2 (t) (19)

et les conditions initiales sont de la forme (16).


Pour simplifier l'écriture des formules ultérieures, multiplions
la solution (11) par 2a 2 et cherchons de ce fait la solution sous la
forme
t x2
U (x, t) = r 2a y n<p(t-T)3/2
Jo
(T) xe 2
4a (t-T) dl' +
t (l- X)2
+\ a\jJ (T) e 4a 2 (t-'t) dl'. (20)
b Yn.,lt T

La première condition (19) nous donne

'" (1') dl' = (Ùl (t).

En dérivant la formule (20) par rapport à x et en faisant tendre x


vers l, on trouve, en vertu de (14), la deuxième des conditions (19)
t _ l2 .t _ l2

~
e 4a 2 (t-T) ~ e 4a 2 (t-T)
'i' (t) + 2a
y n (t_T)3/2 cp (1') dl' - l2 4 3 (t
a -T
)6/2 cp (1') dl' = Cù2 (t),
o 0

et l'on obtient de nouveau pour <p (1') et'" (1') un système d'équations
intégrales dont les noyaux dépendent de la différence t - 1'.
11-3-3. Sources de chaleur en dimension n. L'idée du potentiel peut être
appliquée aux problèmes de la chaleur en dimension n. On se bornera à indiquer
des résultats analogues aux précédents. La démonstration des propriétés des
potentiels en dimension n est bien plus compliquée qu'en dimension un. Considé-
rons le cas plan, c'est-à-dire l'équation
Ut - a 2 (u X % + u yy ) = O. (21)
Soit donné sur le plan (x, y) un domaine B de contour l. La solution singulière
fondamentale corresnondant à une source placée au point (~, 11) agissant à partir
30-01017
466 CH. IL PROB~MES AUX LIMITES

de l'instant 'test de la forme

L'analogue. du potentiel de simple couche est donné par la formule suivante:


t
- -2
u ( x, y, t) - n
1Jd T
Ja(a,'t)e- 4a2 (t-'t)d
t-'t
r2

a, (22)
o l

où a est la longueur d'arc du contour l mesurée à partir d'un point fixe, a (a, 't)
une fonction du point variable a du contour et du paramètre 1'. Par r, on a désigné
la distance d'un point (x, y) au point variable a du contour l. Le potentiel ther-
mique de double couche est défini par la formule

- - 1-
v (x y t) -
"2n
J J
t
dl'
t-'t an
r2
b (a, 1') - iJ e - 4a 2 (t-'t) drr
v, (23)
o l

où n est la normale extérieure au point variable d'intégration, ou encore par


t ~
\ \ b(a,'t) -4a2(t-'t)
v (x, y, t) = J dT J 4na 2 (t :-1')2 e r cos (r, n) da,
o l

r étant le vecteur d'origine a et d'extrémité (x, y). Si l'on introduit l'angle dq>
sous lequel on voit la longueur élémentaire da à partir du point (x, y), alors
la formule précédente devient
t r2
\ \(a, 't) - 4a 2
b (t-'t) 2
V (x, y, t)= - J dcp J 4Jla 2 (t-'t)2 e r d't.
l 0
Les valeurs limites du potentiel de double couche au point 0'0 (xo, Yo) du
contour sont définies par les formules
t 2
ro

Vi
\ r b (a, 1')
(xo' Yo, t)= -b (ao, t) + J d't J 4na2 (t-T)2 e 4a 2 (t-'t) ro cos (ro' n) da,
o l
(24)
ve (xo,Yo, t)=b (ao, t) + ...,
oùro est la distance du point variable d'intégration au point 0'0 (xo, Yo)' Le poten..
tiel de simple couche (22) est continu à la traversée du contour l et sa dérivée
suivant la normale n au point 0'0 du contour prend en ce point les valeurs limites
suivantes:
"t r2
8U(XO,YO,t)) =-a(a t)-\d't\ a(a,'t) -4a2(~-'t)rcos(r n)da
( ano .i 0' J J 4na 2 (t-'t)2 e 0 0' ° ,
o l '

( iJU(X~noYr" t») =-a(a11t)-...


e '
(25)

Ces formules nous permettent de ramener la résolution des problèmes aux limites
à celle d'équations intégrales. Supposons par exemple qu'on cherche une fonction'
11-3-4. FONCTION DE GREEN 467

v (x, y, t) satisfaisant à l'intérieur de B l'équation (21) et prenant sur lIes valeurs


frontières:
v Il = Cl) (s, t), (26)
où s est la longueur d'arc s mesurée à partir d'un certain point. Les conditions
initiales sont supposées nulles. En cherchant la solution sous la forme du poten-
tiel de double couche (23), on obtient en vertu de la première égalité (24) l'équa-
tion intégrale suivante pour la fonction b (a, "t): '
t
+ J d"t Jr 4na
r r2
b(a, t) -4a 2 (t-'t)
- b (s, t) 2 (t-"t)2 e r cos (r, n) da = (j) (s, t), (27)
o l

où r est le vecteur d'origine a et d'extrémité s. Dans cette équation, l'intégration


par rapport à (J a lieu sur un intervalle fixe [0, L], où L est la longueur du contour
l; quant à la borne supérieure de l'intégrale par rapport à "t, elle est variable.
Autrement dit, cette équation intégrale est une équation de Fredholm par rapport
à la variable a et une équation de Volterra par rapport à la variable "t. Malgré
cette mixité, l'équation (27) s'intègre normalement à l'aide de la méthode habi-
tuelle des approximations successives décrites pour les équations de Volterra.
Cette méthode est valable pour un domaine limité par plusieurs contours. Elle
se généralise sans peine à la dimension trois et s'applique aux problèmes exté-
rieurs. La réduction de la condition initiale à une condition homogène s'effectue
comme en dimension un à l'aide de la solution du problème pour le plan ou
l'espace tout entier. La formule de la solution dans l'espace a été donnée au
(tome II, [VII-4-2]). Dans le plan, cette formule devient

Les propriétés des potentiels thermiques et leurs applications aux problèmes


aux limites sont étudiées dans les travaux suivants: E. Lev i, Ann. di Mat.,
f908; M.G e v r e y, J. Math. pures et appl., 1913, 9; G. Mun t z, Math. Z.,
1934, 38, nO 3; G. Mun t z, Equations intégrales. M; L.: GNTI, 1934 (en
russe); A. Ti k h 0 nov, Bul. MGU, 1938. '
11-3-4. Fonction de Green pour l'équation de la chaleur. De même que pour
l'équation de Laplace, on peut introduire la 'fonction de Green pour l'équation
de la chaleur. Pour la commodité de l'écriture des formules, on désignera la
solution singulière fondamentale (11) par Uo (x -~, t -- "t). La fonction de
Green correspondant aux conditions aux limites homogènes
U Ix=o=u Ix=l=O, xE [0, 1] (28)
se définit comme suit
.
G( x, t,
t
'0,
)_{uo(x-~, t-"t)-u(x, t;~, "t)
"t - 0
t > "t, (29)
t~"t,

où u (x, t; S, "t) est la solution de l'équation de la chaleur par rapport à (x, t)


pour x E ]0, I[ et t > "t, qui satisfait la condition initiale homogène pour t = "t
u (x, "t; ~, "t) = 0 (30)
et les conditions aux limites
u (0, t; ~, "t) = Uo (-~, t - "t) ; u (l, t; ~, "t) = Uo (l - ~, t - "t). (301)
Dans ces formules, ~ et "t sont figés, et de plus ~ E ]0, l[. De cette définition,
il s'ensuit immédiatement que u (x, t; ~, "t) et la fonction de Green dépendent
30·
468 CH. II. PROBUlMES AUX LIMITES

uniquement de la différence a = t - T et l'on peut remplacer u (x, t; ~, l')


par u (x, ~, a) et G (x, t; ~, l') par G (x, ~, a). Les conditions (30) et (301) nous
°
donnent les valeurs frontières de la fonction u (x, ~, a) sur le contour de la
demi-bande bornée par x = et x = Z(t ~ T) et par le segment [0, Z] de la droite
t = T. Ces valeurs frontières sont continues aux sommets de cette demi-bande.
Ceci résulte immédiatement du fait que pour x =1= ~ fixe et t -+ T 0, la solu- +
tion (11) tend vers o. Ces valeurs frontières étant ~O, on peut affirmer qu'il

en est de même de u (x, t, a) et par suite en vertu de (29) on a G (x, ~, a) ~ Uo.
Pour t = T et x = ~, la fonction de Green présente une singularité caracté-
°
risée par celle de Uo. On a Uo ~ et, en vertu de (30), u (x, ~, a) -+ pour a-+
-+ +0, d'où il s'ensuit immédiatement la deuxième inégalité pour la fonction
°
de Green, à savoir G (x, ~, a) ~ O. On démontre que la fonction de Green est
symétrique par rapport à x et ~.
La fonction de Green nous permet de construire la solution de l'équation de
la chaleur avec second membre qui satisfait des conditions aux limites et initiale
homogènes, plus exactement, si n (x, t) est une fonction continue dans l'intervalle
]0, Z[ et possède des dérivées premières continues pour t > 0, alors la fonction
t l

w (x, t) = .\ dl' ) G (x, ~, a) n (~, T) d~ (31)


o 0
est la solution de l'équation
ôw ô2w
7jt=a 2
ôx 2 + n (x, t)
qui vérifie des conditions aux limites et initiale homogènes.
Tout ce qui vient d'être dit est valable en dimension n. Une démonstration
des propositions avancées figure dans le travail mentionné ci-dessus de
A. Tikhonov.
11-3-5. Usage de la transformation de Laplace. Nous avons déjà signalée
lors de la résolution du système d'équations intégrales (18) qu'on pouvai t user d-
Ia transformation de Laplace. Cette transformation peut être appliquée directe-
ment à l'équation différentielle (5). On se servira ici de la transformation unila
térale
00

/(s)=) .-stF(t) dt=L 1 (F). (32)


o
Soient données les conditions aux limites (6) et la condition initiale homo-
gène (10). Au lieu de la fonction u (x, t), on cherchera sa transformée de Laplace:
00

<p (x, s) = ) e-stu (x, t) dt. (33)


o
Intégrons par parties en admettant que le produit e-stu (x, t) est nul pour t = 00.
En tenant compte de la condition initiale homogène (16), on obtient
00 00

1
<p (x, s) = - - ; Jr u (x, t) de-st
1
= -; Jr 7ft
ôu
e- st dt.
o 0
Quitte à changer l'échelle de t ou de x on peut rendre a = 1 dans l'équation (5).
En appliquant la transformation de Laplace aux deux membres de l'équation
II-3-5. USAGE DE LA TRANSFORMATION DE LAPLACE 469

et en admettant -que dans la formule (33) la dérivation par rapport à x est possible
eous le signe d'intégration, on obtient pour q:J (x, s) une équation dans laquelle
ne figurera que la dérivée par rapport à x:
a2q:J
ax = Sq:J.
2 (34)
L'application de la transformation de Laplace aux équations (6) nous
donne les conditions aux limites suivantes pour q:J:
q:J Ix=o=ads); q:J Ix=l=a 2 (s), (35)

00

ah (s)= .\ e-stwh (t) dt (k= 1, 2). (36)


()

La eolution de l'équation (34) qui vérifie les conditions aux limites (35)
s'explicite sans peine:
q:J (x, s) = al (s) q:JI (x, s) +a 2 (s) q:J2 (x, s), (37)

sin (l-x) Y~. sin x -,I=-;
q:JI (x, s) = . ~ _ , q:J2 (x, s) =. JO. (38)
sm l -y - s sm l JI - s
En appliquant à la fonction (37) la transformation réciproque (32), on obtient
la fonction cherchée u (x, t). Il se trouve que cette fonction s'exprime simple.-
ment par l'intermédiaire des fonctions WI (t) et W 2 (t) figurant dans les con-
ditions aux limites et par l'intermédiaire de la fonction de Jacobi '6'3 (v) (tome
III 2 , [VI-4-13]) (pour construire cette fonction on prend h = e- nt ). Désignons
la fonction de Jacobi par '6'3 (v, t) :
+00

~
e 2ninv-n n t •
2 2
Us v, t =
.Q. ( )
LJ (39)
n=-oo
Les calculs ultérieurs reposent sur la formule suivante:
cos (2v-1) -,1 ~s
LI ['fr s (v, t)) = - .. = \jJ (v, s), vE [0,1], (40)
-y -SSIllY-S
où pour abréger on ,a désigné lalfraction par \jJ (v, s). Les formules (38) peuvent
être mi ses sous la forme:
( )__ ..!-2 [a\jJ (v,av l2 S )j
q:JI x, S - x xE [0, 2l],
. V= 2l
(41)
__..!-2 [a\jJ (v,a l2
'P2 (X,S )-
S)]
' :rEl-l, l].
v l-x
V=2T
Par ai lIeurs, on a de toute évidence
00 00

1 (l2 S )= J.-
()
l2st
p(t)dt= l12 J
()
e-stF( l~) dt,

c'est-à-dire que le passage de f (s) à f ([2s) par la transformation (32) est équiva-
lent au passage de F (t) à :2 F (t2) . En tenant compte de cette circonstance
470 CH. II. PROBU;MES AUX LIMITES

ainsi que des formules (40) et (41) et en dérivant par rapport à v sous le signe
dtintégration, on obtient .

-1 1 [Oi}s (v, 1~) ] 1 att s (;/ ' 1~ )


LI {<Pl (x, s)} - 212 av x = -T ax
v= 21

xE [-1, 1].
En appliquant maintenant la transformation Lï l à la fonction (37) et en
tenant compte de la formule (36) et du théorème de convolution, on obtient en
définitiv e ' '

(~ l~) l~)
1
, '1
. ' . ai}s , 1 '. att s ( 21 x ,
u(x, t)=-TCùd t ). ax +T(J)2(t)* ax ,(42)

xE]O, 1 [t

t

FI (t). F z (t)= fo FI ('t) F 2 (t-'t) d't.

On peut exprimer la fonction de, Green au moyen de {ts (v, t). On remarquera
tout d'abord que la formule (40) n'a lieu que pour v E [0, 1]. Si v E [-1,0], alors
v + 1 E [0, 1], et la périodicité de '6's (v, t) nous permet d'écrire:
,
LI [i}3 (v, t)] = LI [i}3 (v + 1, .
t)] =- -r=s.sin
. cos[2(v+1)-1]~
-s l'
!~
-s
, v+1 E [0, 1],

c'est-à-dire

LI [tt,(v. t)]=- co~(2v~t)y=-s , vE[-1,0]. (43)


y'-ssmy-s
Considérons maintenant 'l'équation avec second membre
au azu
7ft - ôx2 = n (x! t) (44)

avec des conditions aux limites .et initiale homogènes. En introduisant la


fonction
00

,,(x, s) = Ld" (x, tll = J.-"" (x, t) dt (45)

et en appliquant la transformation de Laplace à l'équation (44), on obtient


a2<pax(x ' s)
-s<p (x, s) = - (] (x, s) (46)'
2
II-3-5. USAGE DE LA TRANSFORMATION DE LAPLACE 471

avec les- conditions aux limites


cp (0, 8) = cp (l, s) = O. (47)
Il est immédiat de vérifier que la fonction de Green pour l'opérateur du
premier membre de l'équation (46), correspondant à -ces conditions aux limites
est .
sin(l-ç) vr~.sinxl"~
l'r - s sin l -.1 - s
'Y (x, ~; s) = (48)
sin (l-x) -.1 =S. sin ~ l'F=8 (x ~ s);
- . r
l' - s sm l l' - s
la solution de l'équation (46) vérifiant les conditions aux limites (47) s'exprime
par l'intermédiaire de la fonction de Green (48) de la manière suivante:
l
cp (x, s) = l 'V (x, ç; s) cr (6; s) ds· (49)
o
Pour effectuer la transformation Lï l \ mettons la fonction (48) sous la forme
cos (x-~:- l) 1/=8 + cos <: -+ ~~l) -.rr=s(x ~ s),
2"'; -s sm ll; - s 2V -8 sm Z1"-s
y{x, ~; s)= (50)
cos(x-S-Ol'r -s cos(.t-~_l)vr=s
- 2 JI·- -ssm
. l JIr -s + 2 -l'r-: . l J'
-ssm l' - 8
(x~s).

En tenant compte du fait que si 0 ~ x ~ S~ 1, alors - ~ ~ x 2Z ~ ~ 0


x+~. x-s 1
etO~21~1, et SI 0~s~x~1,.alors O~21~2et O~~ ~1,
x+s
et en se servant des formules (40) et (43), on obtient

L il l'Y (x, ç; s)] = G (x, ç; t) = ;z [ô3 (X 21 s, l~) - ô3 (X t s,.:2 ) J. (51)

Le théorème de convolution nous donne


t
Li l l'Y (x, ç; s) cr (s; ,s)] = ) JI (~, T) G (x, s; t-T) dT,
o
et par suite, en vertu de la formule (49)
l . t

u(x. 1) = J J dg ,,(g. <) G (x, g; 1-<) d<. (52)

En comparant cette formule à la formule (3i), on voit que la fonction


G (x, s;t - T) définie par (51) par l'intermédiaire de ô 3 (v, t) est la fonction
de Green de l'équation de la chaleur.
Brossons maintenant la démonstration de la formule (40). On sait que
cos zx= 2z sin fi:
fi
(--!-
2:
+ 1cos_zx
2 2 2
_ cos 2x
2 2 -,-Z2
-+ ••. ) ,
472 CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES

formule valable pour xE [ - J't, J't] (tome II, [VI-1-4]). En faisant x = 2nv-tI
et z =.,r-
sin, on obtient
00
cos (2v -1 )yr=s 1 ~ cos 2nJ'tv
-yr - s sIn}'/
. r
- s = 7+ 2 LJ s n2J't2 , -+
n=l
où vE [0, 1]. D'autre part, on a le développement suivant en série de Fourier
de Ô 3 (v, t) (tome 111 2 , [VI-4-12])
00

Ô 3 (v, t)=l +2 ~ e-n2Jt2tcos2nJ'tv.


n=l
Cette série converge uniformément en t sur tout intervalle fini [e, Tl, où
e > O. En admettant que Re s> 0 et en intégrant par parties, on obtient
T 00

=e
-sE -SE
+ 2 LJ
~
')

J
E
e- st Ô 3 ( ,t) dt -; e
n=l
cos
s -+ _nJW
n 2J't2
[
e
- (s+n 2 Jt2) E
- e
- (s+n2Jt2)T]

La présence de n 2 au dénominateur assure la convergence uniforme de cette


série par rapport à e et T et un passage à la limite pour e --+ 0 et T --+ 00 nous
donne
00 00

-j ~~Et ô a ~v, t) dt = ~ +- 2 ~
o n=l
d'où l'on déduit la formule (40).
Un exposé détaillé de l'application de la transformation de Laplace aux
équations de la chaleur figure dans les travaux de G. D 0 e t s c h. Math. Z.,
22, 25, 26, 28 et dans son ouvrage A nleitung zum praktischen Gebrauch der Laplace-
Transformation. München, Oldenbourg, 1961.

11-3-6. Application des différences finies. Considérons l'équation


de la chaleur' avec second membre
Ut - a 2u xx = 1t (x, t) (53)
avec la condition initiale
U 1t=o = f (x), x E [0, ll, (54)
et les conditions aux limites homogènes
U Ix=o = 0; U Ix=l = O. (55)
On admettra dans la suite que a = 1 et l = 1 quitte à modifier
l'échelle de t et de x. Prenons un intervalle [0, T] de variation de t
et partageons-le en n parties égales par les points th = kh (k =
= 0, 1, ... , n), où h = Tin. Dans l'équation (53), posons t = t h +1
et remplaçons la dérivée par rapport. à t par le rapport de l' accroisse-
ment de la fonction à l'accroissement h de la variable indépendante.
On obtient ainsi un système d'équations différentielles ordinaires
pour les fonctions Uh (i) qui sont les valeurs approchées de U (x, t h +1 ),
II-3-6. APPLICATION DES DIFF:f:RENCES FINIES 473

puisque nous avons remplacé la dérivée par rapport à t par le rapport


ci-dessus. Ce système d'équations différentielles est de toute évidence-
de la forme
cJ2uk+l
dx 2
(x) _ Uh+l ex) -
h
Uh (x) _ _
- n ( x, t h+l ) (k = ° ,
1, ••• , n _ 1) . (56).
En vertu de (54), posons U o (x) = f (x) et imposons aux autres
fonctions Uh+l (x) de satisfaire les conditions aux limites (55) :
Uh+l (0) = Uk+l (1) = ° (k = 0, 1, ... , n - 1). (57}
La procédure de calcul sera la suivante: en faisant k = dans
l'équation (56) et en posant U o (x) = f (x), on obtient une équation
°
du second ordre pour Ul (x) que l'on doit intégrer pour les conditions
aux limites (57). Une fois en possession de Ul (x), on pose k = 1
dans l'équation (56) et l'on intègre l'équation pour U 2 (x) obtenue
pour les conditions aux limites (57), et ainsi de suite. Dans la suite-
on aura à étudier une équation de la forme
d2 y
dx 2 - m 2 y = - n (x) (58)

avec les conditions aux limites


y (0) = y (1) =0, (59)
où l'on aura posé m 2 = 1/h. Considérons la fonction de Green pour
l'opérateur du premier membre de l'équation (58), correspondant
aux conditions aux limites (59). Il est immédiat de vérifier que cette-
fonction sera de la forme [II-1-1]
G (x, s) =
= { _(emx_e- mx ) [em(~-1)-e-m(~-1)l: 2m(e m -e-m) (x~s), (60)
-[em(X-1)_e- m (X-1)J (ems-e- ms ): 2m(e m -e- m) (X~6),

et la solution de l'équation (58) qui vérifie les conditions aux limites


(59) est exprimée par la formule
1

y (x) = iG
o
(x, s) n (s) ds· (61)

Prouvons le
Lem m e. La solution de l'équation (58) satisfaisant les conditions-
aux limites (59) est telle que

1y (x) 1 ~-\- max 1n (x) /' (62}


m O~x~1

Considérons d'abord le cas où n (x) ~ dans l'intervalle [0, il.


Montrons que y (x) ~ O. En effet, si, par absurde, y (x) < 0, alors
°
474 CH. IL PROBL"E:MES AUX LIMITES

elle doit présenter un minimum <0 dans l'intervalle [0, il et en ce


point de minimum y" ~ 0 et m 2y < 0, ce qui contredit (58) pour

°
:xt (x) ~ O. L'inégalité y (x) ~ °
résulte aussi de (61).
Donc, y (x) ~ et cette fonction prend sa plus grande valeur
en un point de l'intervalle [0, 1]. En ce point on doit avoir y" (x)~ 0-
€t de l'équation (58) il s'ensuit immédiatement que _m 2y (x) ~
~ -n (x), d'où l'on déduit la majoration (62). Si n (x) < 0, en se
servant de la formule (61) et du fait que la fonction de Green (60)
est ~O, on obtient la majoration
1

1 y (x) 1~ ) G (x, s) 1n (s) 1 ds· (63)


o
Le second membre de (63) est la solution de l'équation

:;~ - m 2 z = - 1n (x) l,
qui satisfait les conditions aux limites (59). Or, on vient juste de
montrer que la solution de cette équation est telle que

z (x)~~ max ln (x) 1.


m O~x~l

Donc, en vertu de (63), on a à fortiori la majoration (62).


Introduisons les erreurs l'h+l (x) et 1lh+l (x) suivantes:
(' l'hh (x) = u (x, t h +1 ) - U h +1 (x) ;
~ ( ) _ au (x, t) 1 _ u (x, th+l)-U (x, th) (64)
l 'Y\h+l x - iJt t=t
h+1
h '

oQù il est évident que î'o (x) ==


O. En posant t = t k +1 dans l'équation
(53) et en ajoutant membre à membre l'équation obtenue à (56),
oQn trouve
d 2 1'h+l (x) _ 1'11+1 (x) - 'Vh (x)
dx2 h + "lit+! (x)
oQu

-m 2l'h (x) + 'Y\1t+l (X )•


2
d Yh+1 (x)
dx 2 - m 2î'/àl (x) = (65)

Si l'on admet que la fonction u (x, t) possède une dérivée par rapport
à t continue pour t = 0, alors en appliquant la formule des accrois-
sements finis à l'expression (64) pour 'Y\k+l (x), on conclut que
l 'Y\k+l (x) 1 ~ T, où T ne dépend pas de k et de x et tend vers avec h.
Posons Ôk = max 1 î'h (x) 1 pour x E [0, 1). En appliquant à l'équa-
°
tion (65) le lemme prouvé ci-dessus, on obtient Ôk+l ~ Ôk + kT.
En sommant cette inégalité de k = à k = n - 1 et comme Ôo = 0, °
II~3-7. M:eTHODE DE FOURIER 475

on obtient ôn ~ nhl: = Tl:. Cette inégalité sera à fortiori réalisée


si l'on somme de k = 0 à un k = m ~ n - 1, c'est-à-dire qu'on a
1 u (x, tm) - u m (x) 1 ~ Tl:(m = 1, 2, ... , n - 1). (66)
On voit donc que l'erreur l'm (x) tend vers 0 avec h. Pour prouver
ce fait, on a admis l'existence de la solution u (x, t) du problème et
que cette solution possédait une dérivée par rapport à t, continue
pour t = O.
Cette application de la méthode des différences finies est due à
E. Rot h e et est exposée dans son travail Zweidimensionale para-
boUche Randwertaufgaben als Grenzfall eindimensionaler Randwertauf-
gaben (Math. Ann., 1929, 102). Rothe considère dans son travail
l'équation de forme plus générale
02 u ou
o:r 2 -a (x, t) iJt= n (x, t, u),
à laquelle il applique cette méthode pour prouver l'existence d'une
solution.
Si l'on a affaire à des conditions aux limites non homogènes
u Ix=o = <.ùl (t);. U IX=l = <.ù2 (t),
alors par la substitution
v = u - (1 - x) <.ùl (t) - X<.ù 2 (t)
on ramène les conditions aux limites à des conditions homogènes.
Cette substitution modifie le second membre n (x, t) mais pas le
fond du problème.
Cette méthode a permi~ d'étudier des équations paraboliques en
dimension n aussi bien linéaires que quasi linéaires (cf. travail de
O. Lad y j e n s k a ï a, Problème de Dirichlet pour équations
paraboliques quasi linéaires. DAN SSSR, 1956, 107; Tr. Mosc. Math.
Ob-va, 1958, 7, et son ouvrage Problèmes aux limites de physique
mathématique, M., Naouka, 1972 (en russe).
11-3-7. Méthode de Fourier pour l'équation de la chaleur. On s'est
servi de la méthode de Fourier pour résoudre les problèmes aux
limites. On se propose de légitîmer cette méthode à l'aide de la
théorie des équations intégrales. On se place en dimension trois et
on cherche dans un domaine B de contour lIa solution de l'équation
sans second membre
Ut - U xx - u llll = 0 (67)
satisfaisant les conditions suivantes:
u 1t-o = f (P), P E B; (68)
ail = o. (69)
476 CH. II. PROBLEMES AUX LIMITES

La méthode de Fourier nous donne la solution formelle de ce problème


sous la forme
00

U (P ; t) = ~ ake-'Akt vk (P), (70)


k=l

OÙ Âk et Vk (P) sont les valeurs et fonctions propres de l'équation


Av + Âv = 0
avec la condition aux limites
V Il = 0 (71)
et ak les coefficients de Fourier de la fonction f (P) :

ak = iif
B
(P) v k (P) dS. (72)

Supposons que la fonction f (P) est continue, possède des dérivées


premières et secondes continues dans B et s'annule sur l. Sous ces
conditions
00

f (P) = 2J
h=l
akv k (P) (73)

et cette série converge régulièrement dans B, c'est-à-dire que la


série

(74)

converge uniformément dans jj [II-2-34J.


Comme 0 ~ e-'Akt ~ 1 pour t ~ 0, on affirme que la série (70)
converge régulièrement si P E Jj et t ~ O. Donc, sa somme u (P, t)
est une fonction continue de P et t si P E B-et t ~ O. De là il s'ensuit
00

Hm u (P ; t) = u (P ; 0) = ~ akv h (P) = f (P),


t-+O k=l

c'est-à-dire que la fonction u (P; t) définie par la formule (70)


satisfait la condition initiale (68). D'autre part, chaque fonction
Vk (P) satisfait la condition aux limites (69), donc il en est de même
de la fonction u (P; t) pour t ~ O. Il reste à s'assurer que u (P; t)
possède à l'intérieur de B et pour t > 0 des dérivées Ut, U xx et U UlI
continues et satisfait l'équation (67).
Dérivons la série (70) terme à terme par rapport à t:
00

- k=l
2J ahÂhe
.
-'A.'v k (P), (75)
II-3-7. MÉTHODE DE FOURIER 477

et soit a > 0 un nombre arbitrairement choisi. Etant donné que


pour tous les k assez grands on a 0 < Âke-~ ha < 1 et que la série
(74) converge uniformément, on peut affirmer que la série (75)
converge régulièrement si P E lJ et t ~ a. On démontre de façon
analogue que la série
00

lJ akÂ'ke-Âktvk (P),
k=l
obtenue par une dérivation terme à terme de (75) par rapport à t,
converge aussi régulièrement sous les conditions indiquées. De là
il s'ensuit que u (P; t) possède des dérivées première et seconde par
rapport à t continues pour t > 0 et P E jj et pour ces dérivées on a
00

Ut (P ; t) = - h akÂhe-Âhtvk (P) ;
k=l
00

Utt (P ; t) = ~ ahÂke-Âhtvk (P).


k=l
Ce raisonnement est valable pour n'importe quelle dérivée de U
par rapport à t.
Or
Vk(P)=Â k ) )G(P; Q)vk(Q)dS,
. B

où G (P; Q) est la fonction de Green pour l'opérateur de Laplace


correspondant à la condition aux limites (71), donc la formule (76 1 )
peut se mettre sous la forme
00

udP; t) = - ~ ) ) ahÂke-Âk,tG (P ; Q) v k (Q) dS.


k=l B
La série (76 2) étant uniformément convergente dans B pour t > 0
on peut intervertir la sommation et l'intégration et l'on obtient

udP; t)= - ) )G(P; Q)Utt(Q; t)dS, (77)


B
et de façon analogue
u(P; t)= - ) .\G(P; Q)udQ; t)dS. (78)
B

La fonction Utt (Q; t) est continue dans Ë pour t > 0 et de (77)


il s'ensuit que Ut (P; t) possède à l'intérieur de B pour t > 0 des
dérivées premières par rapport à x et y continues. Par ailleurs, la
formule (78) montre que u (P; t) possède dans B pour t > 0 des déri-
478 CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES

vées du premier et du'second ordre continues et est solution de l'équa-


tion
tJ.u (P; t) - Ut (P; t) = 0,
ce que nous voulions.
II-3-S. Equation avec second membre. Considérons maintenant
l'équation avec second membre
Ut - U xx - u YlI = n (x, y; t) (79)
avec les conditions aux limites et initiale homogènes
lim u= 0; (80)
t-+o
ulz=O. (81)
Considérons lES coefficients de Fourier du second membre n (x, y; t)
bk (t) = ~ ~ n (P ; t) Vk (P) dS (82)
B
et cherchons la solution du problème sous la forme
00

u(P; t)= 2J
k=1
Ck(t)Vk(P). (83)

En portant u (P; t) dans l'équation (79) et comme L\Vk = -Â'kVht


on obtient pour les coefficients Ck (t) l'équation différentielle
Ck (t) = -ÂkCk (t) b k (t), +
d'où, compte tenu de (80), c'est-à-dire que Ck (0) = 0, on obtient
t
Ch (t) = J e),k(t'-t>b,; (t') dt' ,
o
et en portant ceci dans (83), on trouve
00 t
U (P ; t) = ~ Vk (P) ) e'J..kw-t)b k (t') dt'. (84)
. k=O 0

Montrons que cette formule nous donne bien la solution sous les
conditions suivantes sur le second membre: n (P; t) possède dans B
pour t ~ 0 des dérivées premières par rapport à x et y continues et
les séries
00 00 00

~ bk (t) v k (P);
k=1 h=\
~ bk (t) ÂkV k (P) ; LJ
k=1
bk (t) Â~Vk (P) (85)

convergent régulièrement si P E B et t E [0, TI. La première des


séries (85) étant régulièrement convergente et 0 ~ éMt'-t) ~ 1 pour
II-3-S. EQUATION AVEC SECOND MEMBRE 47~

t' E [0, tl, on peut affirmer que la série du second membre de (84)
converge uniformément sous les conditions imposées à P et t. Sa
somme u (P; t) est une fonction continue de P et de t pour P E B
et t E [0, Tl. La forme du second membre nous montre que u (P; t}
vérifie les conditions (80) et (81).

(84) possède dans B pour t > °


Il reste à vérifier que la fonction u (P; t) définie par la formule
les dérivées requises continues et
satisfait l'équation (79). Une dérivation de la série de la formule
(84) terme à terme par rapport à t nous donne
00 00 t
~ bk (t) v k (P) - ~ ÂhV k (P) ~ i'kW-t)b k (t') dt'.
k=l h=l 0
La deuxième série (85) étant régulièrement convergente, la sé-
00

rie 2i
k=l
ÂhVh (P) converge uniformément pour P EÏ3 et tE [0, Tl. La
00

somme de la série 2i
h=l
bk (t) vh (P) est égal~ à .il (P ; t), car cette
série converge régulièrement par hypothèse (tome IV l , [1-31]) ..
Donc
00 t

Ut (P ; t) =:Tt (P; t) - ~ v h (P) Â h ~ i'kW-t)b k (t') dt', (86)


k=l 0

où Ut (P; t) est continue pour P E B et t E [0, Tl.


En remplaçant P par Q dans cette formule, en multipliant ses
deux membres par G (P; Q) et en intégrant sur B, on obtient, compte
tenu de l'équation intégrale pour Vk (P) :
JJG(P; Q)u,(Q; t)dS=
B
00 t

= SSG (P ; Q) n (Q ; t) dS - 2} v k (P) ~ e"'kW-t)b k (t'>.dt',


B . k=l 0

la somme de la dernière série étant égale à u (P; t). Donc

u (P ; t) = - ~ ~ G (P ; Q) ut{Q ; t) dS + ~ ~ G (P ; Q) n (Q ; t) dS.
B B
(87)
Comme :Tt (Q; t) possède dans B des dérivées continues, il vient que
la dernière intégrale possède des dérivées premières et secondes par
rapport à x et y continues dans B et l'opérateur de Laplace de cette
intégrale est égal à -:Tt (Q; t).
480 CH. II. PROBLE:MES AUX LIMITES

Mettons maintenant à profit la convergence régulière de la


troisième série (85) pour prouver que u (P; t) possède dans B des déri-
vées premières et secondes continues et satisfait l'équation (79).
Posons
00 t

w(P; t)= -Ut(P; t)+n(P; t)= ~ Vk(P)Âk~i·k(t'-t)bk(t')dt'.


k=l . 0

La troisième série (85) étant régulièrement convergente, on peut


dériver terme à terme par rapport à t la série uniformément con-
vergente ci-dessus:
00 00

Wt (P: t) = ~ Âhb k (t) Uk (P) - ~ Uk (P) Â~ ~ i'k(t'-t)b k (t') dt',


k=l k=l 0

les séries intervenant dans cette formule étant uniformément con-


vergentes. En remplaçant P par Q dans la dernière formule, en
multipliant ses deux membres par G (P; Q), en intégrant par rapport
à Q et en tenant compte de l'équation intégrale pour Uk (P), on
~btient

5~ G (P: Q) wdQ; t) dB =
B
00 00 t
= ~ bk (t) U k (P) - ~ U k (P) Âk ~ eJokW-t)bk (t') dt',
k=l k=l 0

donc, en vertu de (86), il vient

ut< P ; t) = ) ~ G (P ; Q) wt{ Q ; t) dS,


B

d'où il s'ensuit que Ut (P ; Q) possède dans B des dérivées premières


continues. La formule (87) montre que U (P; t) possède dans B
des dérivées premières et secondes continues et satisfait l'équation
!1u (P; t) - Ut (P; t) = n (P; t),
ce qui prouve la formule (84).
Si l'on ne considère que les solutions distributionnelles de l'équa-
tion (79), on peut légitimer cette formule pour des conditions moins
astreignantes sur le second membre. Rappelons la définition d'une
solution distributionnelle de l'équation (79). Soient D le cylindre
mentionné dans [11-3-11, DT la partie de ce dernier limitée supérieu-
rement par le plan t = T. On dit qu'une fonction u (P; t) est une
solution distributionnelle de l'équation (79) si toute fonction (J (P; t)
possédant dans DT des dérivées premières et secondes continues et
II-3-9. SOLUTIONS DE L'11:QUATION DE LA CHALEUR 481

s'annulant dans un voisinage de BD T est justiciable de la formule


~ ~ ~U(Œxx+ Œyy+Œt)dxdydt= - J'.\ InŒdxdydt. (88)
DT DT
On se bornera à étudier les solutions distributionnelles de la classe
C (D T). Supposons que la première série (85) converge régulièrement
si P Effet t E [0, Tl. Alors la somme de cette série est égale à
n (P; t) et nous avons vu plus haut que la série (84) converge unifor-
mément, de sorte que U E C (D~).
Désignons par nn (P; t) la somme partielle de la première série
(85) :
n

nn (P ; t) = ~ bk (t) Vh (P),
k=1

et par Un (P; t), la somme partielle de la série (84):


n t
Un (P ; t) = ~ Vh (P) ~ e?-"k<t'-Ob k (t') dt'.
h=l 0
La fonction Un (P; t) est solution de l'équation (79) avec rt n (P; t)
au second membre. On peut donc écrire
.\) &\Un(Œxx+Œyy+Œt)dxdYdt= -~ ~ ~TCn(JdxdYdt.
DT DT
En passant à la limite pour n --+ 00 et en tenant compte de ce que
rt n (P ; t) --+ TC (P ; t) et Un (P; t) --+ U (P ; t) uniformément dans DT'
on obtient (88), c'est-à-dire que la fonction U (P; t) définie par la
formule (84) est une solution distributionnelle de l'équation (79).
On voit de même que cette somme satisfait les conditions (80) et (81).
Si l'on se sert du fait qu'une solution distributionnelle continue
de l'équation de la chaleur sans second membre est une solution
classique de cette équation [1-2-33] et du théorème d'unicité de la
solution du problème aux limites pour l'équation de la chaleur, alors
exactement comme pour l'équation de Poisson, on peut montrer que
la solution distributionnelle de l'équation avec second membre (79)
qui vérifie des conditions aux limites et initiales données est unique.
11-3-9. Propriétés des solutions de l'équation de la chaleur. Con-
sidérons l'équation
Ut - Uxx = O. (89)
Supposons qu'on connaisse une solution U (x, t) de cette équation
possédant des dérivées Ux et Ut continues en un point M et en son
voisinage. De l'équation (89), il s'ensuit alors que la dérivée Ux:Jt
est continue.
31-01017
482 CH. II. PROB~MES AUX LIMITES

Comprenons le point M dans un rectangle ABCD assez petit de


côtés parallèles aux axes (fig. 15) de sorte que la solution u (x, t)
y existe. Plaçons l'origine des coordonnées en A et soit lIa longueur
de AB. Désignons par Cùl (t) et Cù2 (t) les valeurs de la solution u
sur les côtés AD et BC et par f (x) ses valeurs sur AB. Traitons
d'abord le cas où f (x) ==
O. En vertu de la formule (17) on peut
mettre la solution u (x, t) sous la forme
t xZ
U (x, t) = \ cp Ct) xe - 4a Z(t--r) d't +
j 2a V n (t-T)3/2
o
t (x-OZ
-+ \ .'P (T) (x -1) e- 4a 2(t--r) d't, (90)
J 2a V n (t-T)

où les fonctions continues cp ('t) et 1P ('t) se déterminent à partir des


équations intégrales (18). A noter que l'équation (89) est justiciable
du théorème d'unicité.
y Prenons un point (x o' Yo) intérieur à ABCD.
Considérons par exemple la première intégrale
[) C (90). Si l'on y remplace X o par x' +x "i, où x'
est assez proche de X o et x" assez proche de 0,
alors Re (x' + x"i)2 > 0, d'où il s'ensuit
que l'intégrale considérée converge unifor-
mément sur l'intervalle [0, t] par rapport au
A B x paramètre x = x' + x "i pour tous les x com-
plexes assez proches de X o et, d'autre part,
F1Og • 15 l'intégrant de cette intégrale est une fonction
entière de x pour 't E [0, tL De là il résulte que
cette intégrale est une fonction holomorphe de x au voisinage de tout
point (x, t) intérieur à ABCD (tome 111 2 , [I1I-16]) et en particulier
du point M. On peut en dire autant de la deuxième intégrale de la
formule (90).
Donc, les solutions de l'équation (89) sont des fonctions analytiques
de x.
Cette assertion est mise en défaut pour la variable t. En effet,
si toute solution u (x, t) de l'équation (89) était une fonction analy-
tique de t, alors les valeurs de u (x, t) sur toute droite d parallèle à
l'axe des t et appartenant à la demi-bande de la figure 15 seraient
entièrement définies, en vertu du principe du prolongement analy-
tique, par les valeurs que u (x, t) prend sur le segment de d compris
dans ABCD. Or ceci est impossible, car les valeurs de u (x, t) dépen-
dent manifestement du procédé qui a servi à prolonger les fonctions
001 (t) et Cù2 (t) données initialement seulement sur les segments AD
et BC des droites x = 0 et x = 1.
Jusqu'ici on a supposé que f (xo) ==
0 sur ]0, lL Si f (xo) =;É 0
on peut prolonger cette fonction à un intervalle [a, b] plus large de
II-3-9. SOLUTIONS DE V:eQUATION DE LA CHALEUR 483

sorte qu'elle soit nulle en a et b et ensuite la prolonger par 0 au delà


de cet intervalle. Composons la différence
b (~-X)I
U- 1
2 V nt.
\ f (~) e- . 4t ds.
a

Cette différence est nulle sur le segment AB et elle est justiciable


des raisonnements ci-dessus. Il reste à considérer la solution
b (~-X)I

ua (x, t) = 2 ~ nt
a
Jf (~) e- 4t ds.
En appliquant le théorème relatif à une intégrale dépendant
d'un paramètre (tome II1 2 , [III-16J), on voit que Ua (x, t) sera une
fonction régulière de (x, t) au voisinage de tout point situé au-dessus
de l'axe t = 0, c'est-à-dire pour t > O. Signalons encore que la
formule (90) nous dit que la fonction U possède des dérivées de tout
ordre par rapport à t pour x E JO, ZL
Il est possible de majorer les dérivées de la solution de l'équation
(89) par rapport à t. Supposons que U (x, t) est analytique en x, possède
des dérivées de tout ordre par rapport à t au voisinage de x = t = 0
et est impaire en x. On a alors le développement de Maclaurin
U2n+l (t) 2n+1 +
+ . . • + (2n
t x + 3! x
Us (t) 3 (91)
U = U1 ( ) + 1)! X •• • ,


(n=O, 1,2, ... ).

L'équation (89) nous permet d'écrire


an ( au ) dnUl (t)
U 2n +I (t) = atn ax x=o = dt n • (92)

Si p > 0 est strictement inférieur au rayon de convergence de la


série (91), alors on a l'inégalité (tome 111 2 , [IV-3D
u2n+1 (t) 1 M
1(2n+ 1)1 ~ pn ,

où M > 0 est un nombre arbitraire. De (92) on déduit la majoration


suivante pour les dérivées de Ul (t) :
dnul (t) I:s:::: M (2n + 1) !
1 dtn -...;:::: pn •
Cette majoration n'assure pas l'analyticité de la fonction Ut (t).
Si nous avions la majoration plus forte
dnUl (t) I:s:::: M·nl
1 dt n -...;:::: pn ,
81*
484 CH. II. PROBLi!.:MES AUX LIMITES

alors la série de Maclaurin de la fonction U1 (t) aurait été convergente


et cette fonction, régulière au voisinage de l'origine.
II-3-10. Potentiels de simple et de double couche généralisés en
dimension un. Au [11-3-2] nous avons résolu un problème aux limites
pour l'équation (5) dans une demi-bande limitée inférieurement par
la caractéristique t = 0 et latéralement
t par les droites x = 0 et x = l. Consi-
dérons maintenant un domaine du plan
(x, t), limité inférieurement par la carac-
téristique t = b et latéralement par les
4
courbes li d'équations (fig. 16)
1
b'\ x = 0'1 (t) ; x = 0'2 (t) [0'1 (t) < 0'2 (t)],
o (93)
:c
les fonctions ai (t) possédant des déri-
Fig. 16 vées continues pour t ~ b. Pour résou-
dre le problème posé dans un tel do-
maine, il nous faut construire les potentiels généralisés de simple
et de double couche qui se transforment pour ai (t) = const en les
potentiels indiqués dans [11-3-2]. Ces potentiels généralisés sont de
la forme
t Icri(t')-X!·
ui (x, t) = 1 r
<Pi (t') e 4a l (t-t') dt', (94)
2a -V 3t ~ -V t - t'
t Icri(t')-xI J
v. (x t) =
l' 2a
1
-V r 1I'i (t')
3t J (t-t')3/2
[x- 0' (t')] e
i
!.iat(t-t') dt'
,
(95)
b

où <p, (t') et "'i


(tt) sont des fonctions continues.
Les fonctions u, (x, t) et Vi (x, t) possèdent des dérivées con-
tinues et satisfont l'équation (5) partout en dehors des courbes l,.
Les deux potentiels ont un sens dans le cas où le point (x, t) est situé
sur les courbes li' Ceci est évident pour le potentiel Ui (x, t), puisque
la fonction à intégrer est majorée par C (t - t') -1/2, où C est une
constante. S'agissant du potentiel Vi (x, t), si le point (x, t) E lh
alors on peut écrire
lx-ai (t')I_ lai (t)-ai (t')1 _ 0" (t o)
(t- t')3/2 - (t- t')3/2 - (t- t')1/2 (t' < t o< t),

d'où résulte la convergence de l'intégrale (95).


L'intégrale de (94) prise entre t - ô et t tend vers 0 avec ô pour
tout point (x, t), d'où il s'ensuit immédiatement que Ui (x, t) est
continue sur li. L'intégrale de (95) admet des limites différentes
II-3-iO. POTENTIELS DE SIMPLE ET DE DOUBLE COUCHE 485

lorsque (x, t) ~ (X O' to) E li:


Hm Vt (x, t) = + 'Pi (to) + Vi (xo, t o), (96)
(x. O-(Xo, t o)
où Vi (x o' to) est la valeur prise par l'intégrale de (95) au point (x o, to),
le signe + (resp. -) correspondant au cas où (x, t) ~ (x o' to) à droite
(resp. à gauche) de li' Si ai (t) = const, il est alors évident que
Vi (x o, to) = 0 et l'on obtient le résultat de [11-3-2]. On omettra
d'écrire l'indice i lors de la démonstration de la formule (96).
Considérons la formule (95) pour 'P (t') = t :
t la(t')-xf2
V (x t)
0'
= 1 r
2a -Vn .1 (t -
1
t' )312
[x - a (t')] e- 2
4a (t-t') dt' (97)
b
et la fone tion

~
I -2a' (t') la(t')-xI
2

W o(x, t) = 1 --===="-e- 4a 2 (t-I') dt'. (98)


2a -vn -vt- t'
b
La substi tution
x- a (t')
z----:.........:...........
- 2a -vt-t' ,
nous donne
±oo
V o (x, t) + W o (x, t) = J'ii x-a(b)
~ e- z2 dz, (99)

2a V t-b
la borne superIeure étant prise avec le signe (resp. -) si +
x - a (t) > 0 (resp. <0). Si le point (x o, to) E l, c'est-à-dire
x o - a (t o) = 0, alors
o
V o (x o, to) + W o (x o' to) = _2_ ~ e- z2 dz. (tOO)
-vn Xo-G (b)

2 Vto-b
De la définition de Wo (x, t), il s'ensuit immédiatement comme plus
haut que Wo (x, t) est continue sur l. De (99) il résulte
.... ±oo
Hm
(x, t)-+(xo, 10)
[vo (x, t) + W o (x, t)] = _;-
JI n
r
J
e- Z2 dz ,
xo- a (b)
2a Vt o-b
et en:soustrayant terme à terme la formule (tOO) de la dernière for-
mule, on obtient
±oo
Hm
(x, t)-(xo, to)
V o (x, t) = va (x o, to) + _;:;;J~ ~r e-
li
z2
dz,
486 CH. II. PROBLÈMES AUX LIMITES

c'est-à-dire que
Hm V o (x, t)" = V o (x o' to) + 1,
(x, t) .... (xo, to)

ce qui n'est autre que la formule (96) pour 'li' (t') 1. ==


Passons au cas général. Mettons v (x, t) sous la forme

V (x, t) = 20 ~n
t
) ['li' (t') - 'li' (to)} ~t=~'\~!2 e-
,
2
[a (t')-x]2

4a (1-1') dt' +
b
1 [0' (t')-x]2

y n Jr (t-t'1
+ 2a'i' (to) )3/2
[x- cr (t')) e 4a 2 (1-1') dt'

(101)
b

Exactement comme au [11-2-2], il suffit de montrer que le premier


terme reste continu lorsque le point (x, t) traverse l en (x o, to). Soit
e > 0 un nombre donné. Choisissons Ô > 0 assez petit pour que
l 'li' (t') - 'li' (to) 1 ~ e pour 1 t' - t o 1 ~ ô,

et partageons l'intervalle d'intégration [b, t) en deux parties


lb, t o - ô] et [to - ô, t). La fonction exprimée par l'intégrale étendue
au premier de ces intervalles est continue en (x o' t o)' il suffit donc
de montrer que l'intégrale .

est assez petite quel que soit (x, t) assez proche de (x o, to) ou confondu
avec lui. Le module de cette intégrale est ~ à

e
2a vrn
rJt lx-a (t )1 e -
(t- t')3/2
, [0'(t')-x]2
4a 2 (1-1') dt'

to-6

Supposons que la différence x - cr (t') change de signe k fois au


plus, où k > 0 est un entier bien défini, pour t' E [to - Ô, t] et
quelle que soit la position du point (x, t) dans un voisinage de
(x o' to). Sous ces conditions l'intégrale
t [0' {t')-x]2

~
lx-a (t') 1 - 4a2 (t-I')
dt'
(t- t')3J2 e
10- 6
se représente par la somme de k intégrales au plus de la forme
[0' (t')-x]2
x-a (t') 4a 2 (t-t') dt'
(t- t')3/2 e
II-3-10. POTENTIELS DE SIMPLE ET DE DOUBLE COUCHE 487

qUi diffèrent des intégrales


x - a (li+l)
2a Vl - li+1

+ 4a ~ e- z2 dz par la quantité
x-a (li)
2a Vi-t.l

[a (l')-x]2
-2cr' (t') 4a 2 (l-l') dt' ,
---==:::-'- e
l/ t - t'

qui est ::::;;; en module à une certaine constante. Donc, l'intégrale


étudiée reste bornée lorsque le point (x, t) se trouve dans un voisinage
de (x o, t o). Cette intégrale est multipliée par 8, donc la démonstration
du fait que le premier terme du second membre de la formule (101)
est continu lorsque le point (x, t) traverse l en (x o' t o) s'achève exacte-
ment comme au [II-2-2]. En se servant des potentiels mentionnés plus
haut, on peut ramener le problème aux limites pour le domaine de la
figure 16 à une équation intégrale comme on l'a fait au (11-3-2].
Supposons que les conditions sont les suivantes: u = 0 sur la caracté-
ristique t = b et u = Wi (t) sur li. On cherchera la solution sous la
forme
2 t [ai (t')-xJ2

u ( x"
t) = 1
2ayn L.J
~
Jr '\Ji (t')
(t-t')3/2
[x - al' (t')] e 4a 2 (l-l') dt'. (102)
i=1 b

Sous ces conditions, quelle que soit 'Pi (t'), l'équation (5) est satisfaite
avec la condition aux limites supportée par la caractéristique t = b;
quant aux conditions aux limites supportées par li' elles nous donnent
le système d'équations intégrales de Volterra suivant pour 'Pi (t):

(103)

-ai(t')]e
488 CH. II. PROBLÈMES AUX LIMITES

COllsidérons les intégrales de la première équation


t [al (t')-al (t)J2

J
r (t-
'\JI (t')
t')3/2
[a (t)-a (t')]
1 1
e- 4a 2 (t-t') dt' , (104)
b

t [a2 (t')-al (t)J2


r '\J2 (t')
J (t-t')3/2 [al (t) -a2 (t')] e
4a 2 (t- t') dt' . (105)
b

Dans l'intégrale (104), la singularité pour t' = t est affaiblie par le


numérateur durapport
(JI (t) - (JI (t')
(t-t')3/2

exactement comme nous l'avons signalé plus haut. Dans la deuxième


intégrale, l'exposant de e tend vers - 0 0 pour t' -+ t et ceci fait
entièrement disparaître la singularité. On étudie de façon analogue
les intégrales de la deuxième équation (103). Donc, le système (103)
possède une solution unique et peut être résolu par la méthode des
approximations successives.
On peut chercher la solution du problème aux limites posé ci-dessus sous la
forme d'une somme de deux potentiels de simple couche:
2 t , [[a j(t')-x]2
u (x, t)= 1 _ ~ r <pj (t) e - 4a 2 (t-t') dt'. (106)
2a 1" n
j=l
Jb y t - t'

On est conduit ainsi au système d'équations intégrales de première espèce

2 t [a j (t')-al (t)]2
(
1 r- ~
l
<Pj(t') 4a 2 (t-t')
(01 (t)= e dt' ,
1 2a l' n . yt-t'
J=l b
{ (107)

1 (02 (t) = 1 r- ~
2a JI n .
2
l -1
t
<pj(t') e-
[a j (t')-a2 (t)]2
4a 2 (t-t') dt' •
l J=l b
t-t'

Multiplions les deux membres par (y - t)-1/2 et intégrons sur t entre t = b et


t = y:
2
(
l
Y

1
ft (y)= 2 ~- ~
an.
CPj (t') K lj (t', y) dt',
J=l b
{ y
(10S)

l
2
1
1 f2(y)= -~ cpj(t')K 2j (t', y)dt',
l 2a l' n .
1=1 b
II-3-10. POTENTIELS DE SIMPLE ET DE DOUBLE COUCHE 48~

(
I
li (y) = r~ (t) dt,
roi
V"y-t
{ y [a. (t')-a. (t»)2
(109)
1 - J
j
l
1 Ki·(t',y)= e 4.a 2 (t-t') dt
l J t' V"(y-t)(t-t') ,

au second membre on a modifié l'ordre d'intégration puis on s'est servi de Il\'


formule de Dirichlet (tome II [11-3-2]). Le système (108) est équivalent aa
système (107) (tome II, [111-3-2]). On a de toute évidence
[a j (t')-a i (t)]2

Hm e 4a 2 (t-t') _{O
- 1
pour i=l=i,
pour i=j,
t-t'+O
et compte tenu de la formule (tome II, [III-2-11])
y
\ dt
t
J l/(y-t) (t-t') =n,
on trouve
Ku (y, y) = K 22 (y, y) = n; K 12 (y, y) = K 2! (y, y) = O.
Dérivons le système (108) par rapport à y en admettant que roi possède des
dérivées continues, donc que les fonctions li (y) admettent aussi des dérivées
(t)
continues (tome II, [111-3-3])
( J' - 1 2 jY aK (t' )
f '()
1 Y =
JI2an cp! ()+
y ~ L.J ~ IO
't' J
·(t') 1jay: Y dt'·,
1 2a JI n j=1 b
{ _ 2 Y ! 1 (110)

f~ (y)= ~: CP2 (y) + 2a: it ~ j CPj (t') aK j i;"


l
Pour calculer les dérivées, mettons K ij (t', y) sous la forme
i
j=1 b .
2
y) dt'.

Kij(t', y)= j e-
y [aj(t')-ai(t)]2
4a 2 (t-t') d
[.
arcsin 2 _
(t-t')J
,-1 .
y t
t'
Une intégration par parties et une dérivation par rapport à y nous donne-
y [aj(t')-a i (t)]2
àKij(t', y) _ _ 2 \ 1 e- 4a 2 (t-t') X
ay - (y- t') t J V"ty- t) (t- t')

X { [a i (t)- a j (t')] ai (t) - [a j ~'lt-=-~!/t)F} dt.


Pour i =F j, la convergence de l'intégrale pour t = t'est assurée par la fonctioD
exponentielle et pour i = j la fraction entre accolades ne présente pas de sin-
gularité et l'expression entre accolades tend vers 0 comme t - t'. En tenant
490 CH. II. PROBLÈMES AUX LIMITES

compte de tout cela et en effectuant des majorations élémentaires sur la fonction


-à intégrer pour i =1= j et i = j, on s'assure sans peine que ces intégrales sont
majorées par la fonction
11
C r ~ dt ,
J ~/ y- t
t' •

·oÙ C est une constante. De là il vient que


oKij(t', yl_Lij(t', y)
oy - -{y-t' ,

·où Lu (t', y) sont des fonctions continues de (t', y) et on peut appliquer la méthode
des approximations successives au système (110) (tome IVI , [1-50]).
11-3-11. Fonctions suh- et superparaholiques. Pour résoudre le problème
aux limites de l'équation de la chaleur, on peut appliquer une méthode analogue
.à celle des fonctions supérieures et inférieures qui a été développée au [II-2-26].
-On considère dans le plan (x, t) un domaine B limité supérieurement et inférieure-
ment par les caractéristiques t = 0 et t = b et latéralement par des courbes défi-
nies par les équations (93). Pour l'instant nous n'imposerons aucune condition
aux fonctions (Ji (t) sauf qu'elles doivent être des fonctions continues et (JI (t) <
-< (J2 (t). Pour définir les fonctions suh- et superparaholiques, nous devons choisir
un domaine fondamental pour lequel on aura à résoudre le problème aux limites
pour l'équation
Ut - U xx = 0 (111)
·avec des conditions aux limites continues quelconques. Pour l'équation de
Laplace, ce domaine était un disque. Pour l'équation (111), on choisira par exem-
ple un triangle équilatéral ~ dont la base sera parallèle à l'axe t = 0 et les côtés
Jatéraux orientés vers les t croissants. La solution u (x, t) du problème aux limites
pour le triangle ~ peut être obtenue par la méthode développée au [II-3-10] et
,cette solution est unique. Cette solution atteint ses valeurs maximale et minimale
sur les côtés de ~ (tome II, [VII~4-7]). Une fonction cp (M) = cp (x, t) continue
,dans un domaine fermé B s'appelle subparabolique si en tout point Mo E Belle
prend une valeur cp (Mo) ~ à la valeur prise en ce point par la solution de l'équa-
-tion (111) pour un triangle ~ assez petit contenant Mo à l'intérieur, qui est con-
,fondue avec cp (M) sur les côtés de ~. La fonction superparabolique 'l' (M) =
= 'l' (x, t) se définit de façon analogue sauf que 'l' (Mo) doit être> aux valeurs
·des solutions de l'équation (111) dans ~. Le minimum d'une fonction super-
parabolique et le maximum d'une fonction subparabolique sont réalisés sur la
'frontière de B.
Il est immédiat de voir que si 'l' (x, t) possède dans B des dérivées 'l't, 'l'x, 'l'xx
·continues et 'l't - 'l'xx> 0 dans B, alors'\jJ (x, t) est une fonction superparabolique.
En effet, soit u une fonction satisfaisant l'équation (111) et confondue avec 'l'
sur les côtés de ~. La différence w = 'l' - u est alors nulle sur les côtés de ~ et
.Wt - W xx > 0 dans ~. Mais la fonction W doit prendre sa valeur minimale sur la
-frontière de ~ [II-3-1], frontière sur laquelle elle est nulle, c'est-à-dire que W > 0
·dans ~, c'est-à-dire que 'l' > u dans ~, c.q.f.d.
De façon analogue, si CPt - CPxx ~ 0 dans B, alors la fonction cP est sub-
'parabolique. Toute solution de l'équation (111) est à la fois sub- et superparaboli-
·que. Exactement comme au [11-2-25] on peut démontrer que si h (M), ... , lm (AI)
.sont des fonctions superparaboliques, alors il en est de même de 'l' (M) =
= min [h (M), ••• , lm (M)]. Désignons par 113 (M) la fonction confondue avec
.J (M) en dehors du triangle ~ et sur ses côtés et égale à l'intérieur de ~ à la solu-
.tion de l'équation (111) prenant sur les côtés de ~ les mêmes valeurs que 1 (M).
II-3-12. ÉQUATIONS PARABOLIQUES GÉNÉRALES 491

Comme au [II-2-25] on peut démontrer que si 1 (Al) est une fonction superpara-
bolique, alors il en est de même de lB (M), et de plus 1(3 (M) ::Ç f (M) dans B.
Les valeurs frontières sont données sur la base inférieure t = 0 et sur les
côtés latéraux li' Désignons cette partie du contour de B par l'. Les fonctions
supérieures et inférieures se définissent comme pour l'équation de Laplace. En
particulier, on appelle fonction supérieure une fonction superparabolique qui
prend sur l' des valeurs ;> a'UX valeurs frontières données.
On définit ensuite dans B une fonction u (x, t) dont la valeur en chaque
point M de B est la borne inférieure des valeurs de toutes les fonctions supérieu-
res en M. On démontre que cette fonction satisfait l'équation (111) [II-2-26].
Cette fonction est solution distributionnelle du problème aux limites posé
ci-dessus pour l'équation (111). Le comportement de la fonction u (x, t) au
voisinage de l' est étudié dans le travail de 1. P é t r 0 vs k i, Sur le problème
aux limites de Dirichlet pour l'équation de la chaleur (Comp. Math. 1935, 1,
no 3).
11-3-12. Equations paraboliques générales. Inégalité énergétique.
L'équation de la chaleur étudiée dans les numéros précédents est le
représentant le plus simple des équations paraboliques. La forme
canonique des équations paraboliques à coefficients variables est

n n
Ut - 2J
i,k=l
aik (x, t) Ux.x
li
1
+ i=1
~ bdx, t) UX
l
' + c (x, t) U = f (x, t), (112)

n
aik = aki et la forme quadratique
i,
2Jk=l aik (x, t) ~i~k doit être
définie positive dans le domaine D de variation' des variables
(x, t), x = (Xl' • • . , x n ). Les variables Xi s'appellent' variables spa-
tiales, la variable t, temps. Le problème de Cauchy et les divers
problèmes aux limites pour t > 0 *) sont bien posés pour de telles
équations. Le problème de Cauchy pour l'équation (112) consiste à
trouver les solutions U (x, t) de l'équation (112) dans le demi-espace

TI+ = {(x, t): xERn, t~to}

vérifiant la condition initiale U 1t= to = cp (x). Les problèmes aux


limites avec conditions initiales dans un domaine B de l'espace Rn
consistent à trouver les solutions de l'équation (112) dans un domaine
cylindrique D = B X ]to, T[ de l'espace Rn +1 = Rn X RI (c' est-à-
dire pour x E B, t E ]to, T[) vérifiant la condition initiale

U (x, t) 1t= tl} = cp (x), x E B,


et l'une des trois conditions aux limites classiques: la condition de
Dirichlet
U (x, t) lx ES = 'lJ' (x, t), t E [t o, Tl,

*) Le cas où la première somme de l'équation (112) est précédée du signe +


se ramène à celui que l'on traite par la substitution 't' = -ta
492 CH. II. PROBL~ES AUX LIMITES

la condition de Neumann
n
~ aik(x, t) aua(x,
P(u(x, t»lxES== LJ Xk t) cos (n, Xi)/xES='1'(X, t),
i, k=l

et la condition mixte
(P (u (x, t)) + cr (x, t) u (x, t» 1xE S = '1' (x, t) , t E [t 0' T] .
S est la frontière du domaine B ; n, le vecteur unitaire de la normale
extérieure à S; çp', '1' et cr des fonctions connues définies sur B,
S X [t o, T) et S X [t o, Tl respectivement.
Dans les numéros précédents de ce paragraphe, on a étudié le
problème de Cauchy et le problème de Dirichlet (ce dernier dans une
position plus générale dans laquelle la frontière du domaine B variait
avec t) pour l'équation de la chaleur. Ces études ont été généralisées
aux équations (112) ainsi qu'à une vaste classe de systèmes d'équa-
tions paraboliques. Pour faire le point en théorie des équations et
systèmes d'équations paraboliques, on peut consul ter les monographies
de O. Lad y zen s k a ï a, V. Solon n i k 0 v, N. U rai -
c e v a, Linear and quasilinear equations ot parabolie type,
AMS Providence, 1968 et S. E ide 1 m a n, Systèmes para-
boliques, M.; Naouka, 1964 (en russe) ainsi que les travaux de
V. Solon n i k 0 v, Sur les problèmes aux limites pour les systèmes
d'équations différentielles paraboliques linéaires générales (Tr. MIAN
SSSR, 1965, 83) et autres. Nous exposons ici quelques résultats
seulement établis par O. Ladyjenskaïa au début des années 50.
Commençons par la déduction de l'inégalité énergétique pour le
problème de Dirichlet-Cauchy. De cette inégalité il s'ensuivra que
le problème est bien posé. Au lieu de (112) considérons l'équa tion
a .
M (u) = Ut, - aXi (ai1~ (x, t) U Xk ) + bi (x, t) U Xi + e (x, t) u = f (x, t),
(113)
où la sommation est étendue de 1 à n sur les indices qui se répètent.
Si aik (x, t) sont dérivables par rapport à Xh alors l'équation (113)
peut être mise sous la forme (112) et réciproquement. On retiendra
la forme (113), car elle sert mieux nos objectifs. Supposons que
l'équation (113) est donnée dans un domaine DT = B X )0, T[ c '
c: Rn +1, et que ses coefficients satisfont dans DT les conditions
n n
'V ~ ~~~ai1~ (x, t) ~i~k ~ ~ 2J ~L (114),
i=1 i=l "

. aaik (x, t) 1 ~ (115)


1 aXk -.. .;::: I-tl'
n
(~ bÏ (x, t») 1/2 ,le (x, t) 1~1-t2' (116)
i=1
II-3-12. :E:QUATIONS PARABOLIQUES G:E:N:E:RALES 493

° °
où v > 0, ~ > et ~i > sont des constantes arbitraires. Supposons
que u (x, t) satisfait (dans DT) l'équation (113) et les conditions
initiale et aux limites
u 1t= 0 = cp (x) (117)
et
U IST = 0, ST = S X [0, Tl. (118)
Point n'est besoin de supposer dans la suite que la fonction
u (x, t) est régulière, il suffit simplement d'exiger qu'elle appartienne
à la classe L 2 (D T) avec ses dérivées distributionnelles Uh U Xi et
u xixh ' Ces fonctions satisfont les conditions (117), (118) (voir à ce
propos tome V [chap. IV]) et elles sont justiciables de tous les raison-
nements effectués plus bas. L'équation (113) est vérifiée par de telles
fonctions~ pour presque tous (au sens de la mesure de Lebesgue) les
points (x, t) de DT' S'agissant des fonctions f (x, t) et cp (x), il suffit
de supposer que 1 E L 2 (D T) et cp E L 2 (B). Les dérivées f)aa:~ peuvent
être aussi supposées distributionnelles et de plus les con~tantes ~
et ~1 n'interviendront pas dans les majorations effectuées plus bas.
Le lecteur non initié à la théorie des dérivées distributionnelles
peut admettre que toutes les dérivées intervenant dans nos raisonne-
ments sont continues dans 15T'
De (113) il s'ensuit
) J.l,f (u) u dx = ) lu dx, (119)
B(t) B(t)
où B est la section du domaine D par le plan t = t 1 • Une intégra-
(t 1 )
tion par parties et la condition (118) nous permettent d'écrire le
premier membre de (119) sous la forme
-} :t ) u2dx + ) (aihuXhuXi + biuXilf+ cu 2) dx.
B(t) B(t)
(120)

Portons cette expression dans (119) et en utilisant les conditions


(114), (115) et (116) effectuons les majorations suivantes:
~ td~ ) u 2dx+ v ) u~ dx~ - ) (b i u XiU+cu 2) dx+
B(t) B(t) B(t)
n n
+) lu dx ~ ( ) ~ ui i dx) 1/2 () ~ b~U2 dx) 1/2 +
B (t) B (t) i=1 B (t) i=1

+ ~2 J U2dx + ( J j2 dx) U2 dx ) ~ 1/2 ( ) 1/2


B (t) B (t) B (t)

~ fl2 ( J U~ dx ) j U2dx) 1/2 + ~2 j U2dx +


B (1)
1/2 (
B (t) B (t)
494 CH. II. PROBLÈMES AUX LIMITES

+( l 12 dx) 1/2 ( l U
2
dx) 1/2 ~~ l u~ dx +
B(t) B(t) B(t)

+ ( ~~ + ~2 + ~)
B(t)
l U
2
dx +; l 1
B(t)
2
dx. (121)

On s'est servi de l'inégalité de Cauchy-Bouniakovski et de l'iné-


galité de Cauchy sous la forme labj ~ ~ a2 2~ b2, et l'on a posé +
n
u~ = ~ u~ .. De (121), il s'ensuit
i=1 l

:t ~
B(t)
u 2 dx+v ~ uidx~Cl ~
B(t) B(t)
u 2 dx+ ~ 12 dx,
B(t)
(122)

2
OÙ Cl = /l2
'V
+ 2~2 + 1. Utilisons maintenant le lemme de [1-2-27].
Eliminons à cet effet le terme v ~ ui dx de (122). Ce lemme
B(t)

nous dit alors que pour w (t) =


B(t)
l u 2 dx on a la majoration

l
B (t)
u 2
dx~eClt ~
B(O)
2
u dx+ ~ eCdt -1:)d't ~ 12 (x,
0 B (1:)
't) dx==. y (t).

En portant ceci dans (122), on obtient

:t l B(t)
u 2 dx + v
B(t)
l u~ dx~ C1y (t) + J j2 dx.
B(t)
(123)

Soit Dt = B X ]0, tl. Intégrons l'inégalité (123) sur t entre


Des calculs et majorations élémentaires nous donnent
°et t.
) u 2 dx+v ~ u~dxdt~eClt[) qJ2dx+) j2dxdt], tElO, Tl.
B (t) Dt B Dt

(124)
Ceci n'est autre que l'inégalité énergétique pour les solutions u du
problème (113), (117), (118). Si u est une solution distributionnelle
jouissant seulement des propriétés décrites à la page 493, alors les
relations (122) et (123) sont valables non pas pour tous les t E [0, Tl
mais pour presque tous (au sens de la mesure de Lebesgue) les t E
E [0, Tl. L'inégalité (124) est réalisée pour tous les t E [0, Tl. Les
quantités du second membre de (124) sont toutes connues. Elles
permettent de majorer les intégrales du premier membre de (124)
pour u. De l'inégalité (124) on déduit l'important théorème suivant
pour le problème (113), (117), (118).
II-3-13. l'TÉTRaDE DE FOURIER 495~

Thé 0 l' ème. Si les conditions (114), (115), (116) sont réalisées,
le problème (113), (117), (118) peut posséder une solution distribution-
nelle u au plus appartenant à la classe L 2 (D T) avec ses dérivées distri-
butionnelles Uh U x l. et u x l. xh •
En effet, supposons que ce problème possède deux solutions dis-
tributionnelles u' et u ", de la classe L 2 (D T). Leur différence u =
= u' - u" est alors une solution distributionnelle du même problè-
me mais avec f (x, t) =: 0 et cp (x) =: O. Donc, cette solution est
justiciablej de l'inégalité (124) dans laquelle f et cp sont égales à O.
l'iIais alors J
u 2 (x, t) dx = 0 pour tous les t E [0, Tl, c'est-à-dire
B
que u' == u" pour presque tous les (x, t) E DT. (Signalons que notre·
conclusion est valable aussi pour le cas où u' et u" satisfont une con-
dition aux limites non homogène: u' (x, t) lx E 8 = u" (x, t) lx E 8 =
= 'P (x, t), t E]O, T[).
L'inégalité (124) entraîne aussi la dépendance des solutions (sous
réserve qu'elles existent!) du problème considéré par rapport à f
et cp au sens suivant
n

\ (u l - U Z)2 dx +v \ ~ (u 1Xi - UZXi)Z dx dt ~


B(t) Dt i=1

~eClt{J (CPI-CP2)2dx+ J(/I-f2)2 dx dt } , (125)


B Dt

où ui, i = 1, 2 sont les solutions distributionnelles du problème


(113), (117), (118) correspondant aux seconds membres fi et aux
conditions initiales CPi. La majoration (125) résulte immédiatement
de l'inégalité (124) pour u = UI - u 2 , qui est également la solution
du même problème correspondant à / = /1 - /2 et cp = CPI - CP2·
Au numéro suivant on prouvera le théorème d'unicité de la
solution du problème (113), (117), (118) pour les équations (113)
dont les solutions sont représentables par des séries de Fourier.
11-3-13. Méthode de Fourier pour les équations paraboliques.
Etablissons le théorème d'unicité de la solution de l'équation para-
bolique
a .
M (u) = Ut - ax:- (aik (x) U Xk ) + c (x) u =
l
0 (126)

qui satisfai t la condi tion aux limites homogène


u 18
t
= 0, S t = S X [0, t l, (127)
et la condition initiale
u It=o = cp (x) (128)
496 CH. II. PROBLÈMES AUX LIMITES

<>ù cp E L 2 (B). On supposera que les coefficients de l'opérateur 1\11


et le domaine B remplissent les conditions du théorème 2 [II-2-55l.
Le théorème 1 de [11-2-57] nous dit que le problème aux valeurs
propres
L (u) == a~z' (aik (x) UXk ) - c (x) U = 'Au,
{ (129)
uls=O,
-<>ù S est la frontière du domaine B possède un spectre réel {À h },
k = 1, 2, ... , qui est supposé rangé dans l'ordre de décroissance des
valeurs propres 'Ah' 'Ah ~ - 0 0 pour k -+ 00. Supposons pour simpli-
fier l'écriture que c (x) ~ O. Alors tous les Àh < O. On admettra par
ailleurs que le système de toutes les fonctions propres {Uh (x)},
k = 1, 2, . . ., est orthonormé dans L 2 (B), c'est-à-dire que

(Uh' ul) = Juhul dx = 8h1 , (130)


B

Uh étant la fonction propre associée à Àh • Au [11-2-57] on a montré


.que toutes les fonctions propres Uh appartenaient à l'espace W:. o (B)
o

et formaient une base dans les espaces L 2 (B), W~ (B) et W:. o (B).
Par ailleurs, on a démontré dans ce même numéro que l'on pouvait
o
munir les espaces W~ (B) et W;,o (B) de nouveaux produits scalaires

ru, v] = ) [aikuXivXh + cuv] dx


B
.et
{U, v} = ) L (u) L (v) dx
B

.auxquels étaient associées les normes " U III = V[u, u] et II U 112 =


= V {u, u} équivalentes aux normes initiales de ces espaces. Le
système de fonctions propres {Uh}h-l est orthogonal pour ces nou-
-veaux produits scalaires et de plus
[Uh' uz} = -À h8h Z, (131)
et
{Uh' Ul} = Ài8 h l' (132)
Les fonctions ahihtuh (x), k = 1, 2, ... , sont, quels que soient ah,
.solutions de l'équation (126) avec la condition aux limites (127).
Ces fonctions et toutes leurs dérivées par rapport à t appartiennent
pour tous les t ~ 0 à l'espace W;.o (B). Elles satisfont l'équation
{126) pour tous les t ~ 0 pour presque tous les x E B. Cherchons la
II-3-13. M~THODE DE FOURIER 497

solution U du problème (126), (127), (128) sous forme de la série


00

U (x, t) = ~ aki"ktuk (x).


k=1

En portant formellement cette série dans (128) et en se servant de


la relation (130), on trouve les expressions suivantes pour ak:
ak = (cp, Uk), k = 1, 2, •••
On se propose d'étudier le caractère de convergence de la sérîe
00

U (x, t) = LJ (cp, u ,.J eÎ.kt uk (x) (133)


h=1

et de s'assurer qu'elle donne une solution distributionnelle du pro-


blème (126), (127), (128) appartenant à une classe justiciable du
théorème d'unicité. Il est immédiat de voir que la série (133) con-
verge dans L 2 (B) uniformément en t ~ O. En effet, pour tous m et p
et t ~ 0 on a

.Xl

la série ~ (cp, Uh)2 étant convergente et sa somme égale à " cp 2


11 •
Il-t
Donc, la somme U de la série (133) est pour tout t ~ un élément
de L 2 (B) dépendant continûment de t ~ 0 pour la norme de L 2 (B).
°
Ceci signifie que Il U (x, t + I1t) - u(x, t) " -+ 0 avec I1t et t, t + I1t ~ O.
Pour t = 0, la série (133) converge vers cp pour la norme de L 2 (B).
Donc, Il U (x, I1t) - cp (x) ,,-+ 0 pour I1t -+ +0. Montrons que pour
t > 0 la série (133) converge pour la norme de W~, 0 (B) uniformé-
ment en t E [e, 00[, où e > 0 est un nombre arbitraire. En effet, en
vertu de (1.32)
p p
jm. p (t) ==" k=m
~ (cp, Uh) eÎ.ktuk (x) II~ = 2J
k=m
Â~e2Âkt (cp, Uk)2.

Or pour t>e > 0, les fonctions Â~e2Âkt, k = 1, 2, ... sont ~ à un


nombre Ce dépendant seulement de e. Donc pour t>8>0, on a
p
im, p (t) ~ Ce 2J (cp, U k )2.
k=m

Ceci prouve la convergence de la série (133). De cette convergence,


il s'ensuit que la somme U de la série (133) est un élément de W~ 0 (B)
dépendant continûment de t > 0 pour la norme de cet espacé.
32-01017
498 CH. II. PROBL:E:MES AUX LIMITES

Une dérivation terme à terme de la série (133) par rapport à t


nous donne la série
00

2J 'Ah (<p, uh) lktU h (x), (134)


h=1

qui converge pour la norme de L 2 (B) et même pour la norme de


W; (B) uniformément en t pour t ~ 8 > 0, où 8 > est un nombre
arbitraire. On prouve ceci comme plus haut en prenant en considé-
°
ration le fait que les fonctions l 'Ah Ir /"k t , k = 1, 2, ... , pour
°
t ~ 8 > sont ~ à un nombre C e,r dépendant uniquement de 8
et de r. Une pareille convergence de la série (134) garantit l'apparte-
nance de sa somme à wto (B) pour tous les t > 0, et que cette somme
est la dérivée distributionnelle par rapport à t de la somme u (x, t)
de la série (133) dans les domaines De, T = B X ]8, T[, 8 > O. De
tout ce qui vient d'être dit, il s'ensuit que la somme u (x, t) de la
série (133) est une solution distributionnelle du problème (126), (127),
(128) dans le domaine DT = B X JO, T[ de la classe mT dont les
éléments v (x, t) sont doués des propriétés suivantes: ce sont des
éléments de L 2 (B) dépendant continûment de t E [0, Tl pour la
norme de L 2 (B) ; ils possèdent une dérivée distributionnelle Vt (x, t)
dans DT et de plus v (x, t) et Vt (x, t) sont des éléments de W~. 0 (B)
dépendant continûment de t E JO, Tl. La somme u (x, t) de la série
(133) est solution de l'équation (126) pour tout t > et pour presque
tous les x E B. Elle satisfait la condition aux limites (127) en ce
°
°
sens que pour t > elle est un élément de W;,o (B). La condition
initial e est vérifiée «en moyenne»:

" u (x, t) - <p (x) ,,-+ ° pour t -+ +0.


Montrons que le problème (126), (127), (128) ne peut admettre
deux solutions différentes dans une telle classe. On connaît déjà une
solution, celle définie par la formule (133). Soit u' (x, t) une autre
solution distributionnelle du problème (126), (127), (128) de classe
:]1 T' Leur différence v (x, t) est une solution distributionnelle de la
même classe mT du problème homogène (126), (127), (128), c'est-à-
dire du problème
M (v) = 0, v ISt = 0, v It=o = O. (135)
Dans le domaine De, T' 8 > 0, cette solution est douée de la
régularité requise pour la déduction de l'inégalité énergétique (124),
donc elle est justiciable de la majoration

) v 2.dx ~ eC l(t - e) ) V2 dx (136)


B(t) B(e)
II-3-t3. M~THODE DE FOURIER 499

pour tout 8 E JO, t[ et t E [8, TJ. En faisant tendre 8 vers ° et du fait


que j
v 2dx -+'
B(e)
°
pour 8 -+ 0, on s'assure que v (x, t) == O. Ce qui
prouve le théorème d'unicité.
Si l'on soumet {fJ (x) à des conditions subsidiaires, alors la série
(133) convergera plus vite, et sa somme sera douée de meilleures
o
propriétés différentielles. Si, par exemple, {fJ E W~ (B), alors la
o
série (133) converge pour la norme de W~ (B) uniformément en
° •
t ~ et sa somme sera donc un élément de ~ (B) dépendant con-
tinûment de t pour la norme de cet espace pour tous les t ~ O.
En effet, en vertu de (131) et (129), on a
p p

\1 ~ ({fJ, Uh) i'htU k II~ = ~ PI/hl ({fJ, Uh)2e2"'kt~


k=m k=m

et
00

~l [ 'l', l"" ~;k 1 J= ['l', 'l' l ,


o
c'est-à-dire que la série (133) converge pour la norme de ~ (B)
o
uniformément en t E [0, 00[. Montrons que si {fJ E ~ (B), les séries
obtenues par une double dérivation terme à terme de la série (133)
par rapport à Xh i = 1, ... , n, convergent pour la norme de L 2 (D T),
où D T = B X JO, T[ et T est un nombre fini quelconque. Nous avons
bien ceci, puisque
T p

~ Il ~ ({fJ, Uh) e"'ktuk 1/: dt =


o h=m
p T p

= ~ ~ "-l ({fJ, 2
U k )2 e "'k
t
dt~ ~ -} l''-hf ({fJ, U h )2 -+ 0
k=m 0 k=m

pour m, p -+ 00. Cette inégalité exprime que la série (134) est con-
vergente pour la norme de L 2 (D). Enfin, le système {Uk}k 1 formant
une base dans W~, 0 (B) (11-2-571, il s'ensuit que si {fJ E Wt 0 (B), alors
la série (133) converge uniformément en t E [0, oo[ pour la norme de
W; (B) et sa somme est un élément de Wt 0 (B) dépendant continû-
ment de t E [0, oo[ pour la norme de W; (B). La série (134) convergera
32*
500 CH. II. PROBLÈMES AUX LIMITES

pour la norme de L 2 (B) uniformément en t E [0, oo[ et sa somme


v (x, t) = Ut (x, t) sera un élément de L 2 (B) dépendant continûment
de t E [0, oo[ pour la norme de L 2 (B).
Nous avons donc prouvé le théorème suivant:
Thé 0 r ème 1. Si les coefficients de l'équation (126) et le

~ °
domaine B remplissent les conditions du théorème 2 de [II-2-55l, c (x) ;:::=
et cp E L 2 (B), alors la solution du problème (126), (127), (128)
est donnée par la série (133) qui converge uniformément en t E [0, oo[
pour la norme de L 2 (B); pour t > 0, cette série converge uniformé-
°
ment en t E [8, 00[, où 8 > est un nombre arbitraire, pour la norme
de w; (B). La série obtenue par une dérivation terme à terme de la série
(133) par rapport à t converge uniformément en t E [0, oo[ pour la
norme de L 2 (B). La somme de la série (133) est une solution distribu-
tionnelle du problème de classe :m
T (T quelconque) et de plus cette
o
classe est justiciable du théorème d'unicité. Si cp E W~ (B), alors
0,'11-
la
série (133) converge uniformément en t E [0, oo[ pour la norme de W~ (B)
et les séries obtenues par une simple dérivation terme à terme par rapport
à t et une double dérivation par rapport à x convergent pour la norme
de L 2 (D T), DT = B X ]0, TL Enfin si cp E W~, 0 (B), la série (133)
converge pour la norme de W: (B), et la série (134), pour la norme de
L 2 (B) uniformément en t E [0, 00[.
iConsidérons encore le problème

L (u) =f (x, t), u 1ST = 0, ~ u 1 t-o = 0, (137)

où L est le même que dans (126) et f E L 2 (D T)' Ce problème est for-


mellement satisfait par la somme de la série

00 t

U (x, t) = ~ ~ f k Ct) i"k(t-T.) d't Uk (x), (138)


k=l 0

où fk ('t) = ~ f (x, 't) Uk (x) dx. Montrons que la série (138) et les
B
séries déduites par une simple et une double dérivations terme à terme
par rapport à x convergent pour la norme de L 2 (D T)' de sorte que
la somme u (x, t) de la série et ses dérivées U X z• et u Xoxlt
z
appartiennent
à L 2 (D T). Pour cela il suffit de s'assurer que
T m t
jp, m == ~ Il:2} ~ fk ('t) e"k(t-T.) d'tuk (x) Il: dt (139)
o k=p 0
II-3-t3. M:E:THODE DE FOURIER 501

tendent vers 0 pour p, m -+ 00. Ce qui est immédiat, puisque


grâce à (132), on a
m T t
i p , m = ~ ~ Â~ 1 ~ IR (l:) /'k(t-'t) dl: 1 dt~
2

k=p 0 0
T t t
(i
m
~ ~ ~ Â~ (~ f~ (l:) i"k(t-'t) dl:) i"h(t-'t) dl:) dt~
k=p 0 0 0
t
~ ~ IÂkl
m

k=p
T
i in
0 0
(l:) /'k(t-'t) dl: dt~ ~
m

k=p 0
i f~
T
(l:) d't,

et les fonctions f (x, t) EL 2 (DT) satisfont les égalités


T T T

lJ I~ n
00 00

oB
f2 (x, l:) dx dl:
0 k=l k=l 0
= (l:) dl: = ~ i f'k (l:) dl:.

De la majoration de jp,m il s'ensuit également que la série déduite


par une dérivation terme à terme de la série (133) par rapport à t
converge pour la norme de L 2 (D). Les sommes finies

UN (x, t) = ~
N

k=l 0
i
t
fk (l:) i"k(t-'t) dl: Uk (x)

satisfaisant (pour presque tous les (x, t) de DT) l'équation L (UN) =


N
= fN, où fN (x, t) = ~ fk (t) Uh (x), et fN convergent vers f pour
k=l
la norme de L 2 (D T), la somme de la série (138) sera solution de
l'équation (137) pour presque tous les (x, t) de DT' Pour que les con-
ditions initiale et aux limites de (137) soient remplies, il faut que la
série (138) converge pour la norme de W~ (B) pour tout t ~ O. En
effet, les raisonnements qui nous ont servi à majorer jp,m nous don-
nent
t t
i
00 00

I~ ~ fk (l:) /'h(t-'t) dl: Uh (x) Il: = ~ IÂ k Il fk Ct) i"k(t-'t) dl: 1~


2

k=l 0 k=l 0
t t
i i If
00

~~
h=l 0
i f'k (l:) dl: =
0 B
(x, t) 12 dx dt.

De là il est évident que pour tout t ~ 0, la somme U (x, t) est un


o

élément de W~ (B) et Il U (x, t) 111 -+ 0 avec t.


Nous venons de prouver le
502 CH. II. PROBL:RMES AUX LIMITES

Thé 0 r ème 2. Si L et B remplissent les conditions du théorème


2 [II-2-55], f E L 2 (D T), DT = B X ]0, Tl, alors la solution du
problème (137) dans DT est donnée par la série (138). Cette série et les
séries déduites par une simple dérivation terme à terme par rapport à t
et x et une double dérivation par rapport à x convergent pour la norme
de L 2 (D T)' La somme de la série (138) satisfait l'équation (137) pour
o
presque tous les (x, t) E D T' appartient à W~ (B) pour tout t E [0, T]
°
et " u (x, t) III -+ pour t -+ O.
Signalons que les solutions des problèmes de Dirichlet et mixte
avec des conditions initiale et aux limites pour l'équation L (u) =
= f (x, t) sont données par des séries de la forme (133) et (138) dans
lesquelles il faut remplacer Uh (x) par les fonctions propres de L
correspondant à la condition aux limites considérée.
11-3-14. Deuxième inégalité fondamentale et existence de la solu-
tion du problème de Dirichlet-Cauchy. Décrivons une méthode de
démonstration de l'existence de la solution du problème (113), (127),
(128) dans la classe des fonctions W~, 1 (D T), DT = B X ]0, Tl,
composée de toutes les fonctions u (x, t) appartenant à L 2 (D T)
avec leurs dérivées distributionnelles Ut, U Xt et u xixk ' Cet ensemble
peut être traité comme un espace hilbertien complet muni du pro-
duit scalaire
(u, v)~~'.J~ = ..\ (uv + UxV x + UxxV xx + UtVt) dx dt (140)
DT

(on utilise les abréviations de [II-2-52J et [11-2-53]). Désignons la


norme de W;,l (DT) par 11·11 ;~rJ~. L'adhérence pour la norme de
W;,l (DT) de l'ensemble de toutes les fonctions de C2 (DT)' nulles
sur la surface latérale ST du cylindre D T' est un sous-espace de
W;,l (D T) qui sera désigné par W~:~ (D T)' On admettra que le domai-
ne B remplit les conditions du théorème 2 de [II-2-55] et que les
coefficients de M satisfont les conditions (114), (115), (116) et
ôaih (x, t) 1::;:::: (141)
1 at -..;;::~ Ils'
Montrons que les opérateurs paraboliques M vérifient une inégalité
de nature voisine de l' inégalité (434) de [I -2-53]. Considérons à cet
effet l'intégrale
~ (M(u»)2dxd1:= ~ [U'{-L.(U)]2 dx dl", Dt=BxJO, t[,
Dt Dt


ô
L (u)
,
= -ôXi ( ih (x, t) U Xk ) - bi (x, t) U.r; i -- C (x, t) u,
II-3-14. DEUXI:SlME IN:eGALIT:e FONDAMENTALE 503

et U (x, t) est Une fonction arbitraire de C2 (D T), nulle sur ST. Trans-
formons cette intégrale à l'aide de la formule d'intégration par par-
ties (107) de [1-2-19J:

l (M (U))2 dx dT: = ) [u~ + (L (U))2 + 2aihuXhuxit +


Dt Dt

+ 2 (biu Xj + cu) u,J dx dT: = l [u~ + (L (U))2+.


Dt

+ :1: (aihUXiuXh) - Ô;~h UXiU xh + 2 (biu Xi + cu) UT] dx dT:. (142)

De cette égalité et des conditions (116) et (141), on déduit

l
B(t)
aihuXiuXh dx+ ~ [u~ +. (L (U))2J dx dT:~ ~
Dt B(O>
aihUXjUXk dx+

+ Cl ~ [eui + (1 + e- i ) (ui + u 2)J dx dT: +~ (M (U))2 dx dT:, (143)


Dt ~
inégalité dans laquelle la constante Cl ne dépend que de !L2 et !Ls.
~ > 0 est un nombre arbitraire et B (t), B (0) désignent respective-
ment les bases supérieure et inférieure de Dt. Utilisons maintenant
l'inégalité (452) de [II-2-53J. Cette inégalité et la condition (114)
nous permettent de déduire de (143) l'inégalité

v ~ u~dx+ ~ [u~+ :2 (uix+U~+u2)J dxd-r~


B(t) Dt

~ f-t ~ U~ dx + C2 ~ [eu~ + (1 + e- i ) (ui + u 2)J dx dT: +


B(O) Dt

+ ) (M (u))2dx dT:, (144)


Dt

où la constante C 2 dépend de v, f-t, f-ti et du domaine B. Faisons


e = (2C 2)_1 dans (144). Une majoration grossière de (144) nous
donne

~ u~ dx + ~ (2u~ + uix + u~ -+- u2) dx dT:~


B(t) Dt

~C3[ ~ u~dx+ ~ (u~+u2)dxdT:+


~O) Dt
l
Dt
(M(U))2 dx d-rJ. (145)
504 ·CH. II. PROBUlMES AUX LIMITES

L'inégalité
) u2dx~ ) u 2dx+) (u~+u2):d't, (146)
B(t) B(O) Dt

qui se déduit aisément à partir de la formule de Newton-Leibnitz


pour u 2 (x, t) à l'aide de l'inégalité de Bouniakovski-Schwarz
(cf. (198) [1-2-27]) nous permet de tirer de (145):

) (u~+ u 2) dx + J(ui + u~:c+u~ + u 2) dx d't~


B(t) Dt

~c~ [) (U~+U2) dx+ ) (U~+U2) dx dl' + ) (M (U»2 dxd't J. (147)


B(O) Dt Dt

Le lemme de [1-2-27] nous permet de déduire toujours de (145)


la majoration désirée

) (u~ + u 2) dx + ) (u~ + u;~ + ui: -t- u 2) dx dl' ~


B(t) Dt

~ C~eC4t [i B(O)
(U~ + u 2) dx + i
Dt
(M (U»2 dx dl' J (148)

(la marche est presque la même que pour (124». L'inégalité (148)
n'est autre que la deuxième inégalité énergétique pour les opérateurs
paraboliques M pour la condition (127). Cette inégalité a été établie
pour toute fonction u (x, t) E C 2 (DT)' nulle sur ST. Montrons que
pour de telles fonctions les intégrales () (u~ u 2 ) dx t E + f/2,
B(t)
E [0, Tl, sont majorées par Il u 1I~~'ri~. Considérons à cet effet une
fonction X (t) ~ ° régulière, égale à 1 pour tE [~ , T et à 0 J
pour t E [ 0, ~ J et utilisons les égali tés
t

i
B(t)
(u~ + u 2) X dx = i i :,; [(ui: +
0 B('t)
u 2) xl dx dl' =

=) (2u x u x -rX + u~X' + 2uu-rX + u 2x') dx dl' =


Dt

= ) ( - 2u't~uX + uix' + 2uu-rX + u X') dx dT.


2

Dt
11-3-14. DEUXUlME INÉGALITÉ FONDAMENTALE 505-

De là il s'ensuit pour tE [ ~ , TJ :
~ (ui+u 2) dX~C5 ~ (u~+u~x+u~+u2)dxd't'. (149)1
B(t) DT

On établit une inégalité similaire pour tE [0, ~ La démonstra-- J.


tion est la même sauf qu'il faut remplacer la fonction X (t) par-
une fonction régulière positive égale à 1 Sur [0, ~ ] et à sur- °
[3{ , TJ. Grâce à cela la norme 1I·1I~~·~~ de w~: 6(DT) est-
équivalente à la norme
"u 11* = max [~
O~t~T B(t)
(ui + u 2) dx f /2 + Il u II~~'~~. (150).

Ce fait et l'inégalité (148) prouvée pour les u E C 2 (D T), nuls sur-


S T' entraînent la validité de (148) pour tout élément u E W~:6 (D T).
Cette inégalité permet de prouver l'unicité de la solution du problè-
me (113), (127), (128) quelles que soient f (x, t) E L 2 (D) et cp (x) E
o

E w~ (B), en utilisant la méthode de prolongement par rapport au


paramètre ([11-2-55] et le théorème 2 de [11-3-131). Plus exactement,.
il nous faut considérer les problèmes
M,; (u) ==
(1- 't') Mo (u) 't'Ml (u) = + f,
(151)1
{ ulsT-O, Ult=o-cp, 't'E[O, 1],
n
où Mo (u) = Ut - 2J
i=1
UXiX • et Ml (u)
t
= 111 (u), ainsi que le couple-
o
d'espaces hilbertiens ~:~ (DT) et W = L 2 (DT) X W~ (B). L'espace-
West constitué des couples de fonctions {f (x, t) ; cp (x)} et est muni
du produit scalaire

(ff; cp}, ft; ~})w =


DT
l ff dx dt + l (CPxq;x + cp~) dx.
B

Les problèmes (151) peuvent être interprétés comme une famille-


d' équations opératorielles
A'( (u) = {f; cp}, 't' E [0, il, (152}
où les opérateurs A'( sont définis par
A,; (u) = {M'( (u); u It=o}, 't' E [0, 1]. (153}
Les opérateurs A,; sont des opérateurs de W~:6 (D T) dans W. L'unicité·
de la solution de l'équation (152) pour 't' = °
et pour {f; cp} E W quel-
conques est acquise grâce aux théorèmes de (11-3-131. A partir de
CH. II. PROBUiMES AUX LIMITES

là on démontre sans peine l'unicité de la solution de tous les problè-


;mes (152) quelles que soient {f; cp} E W à l'aide des inégalités
«149) et de l'inégalité (148), valable pour tous les M.r;, l' E [0, 1] avec
une constante C 4 que l'on peut choisir commune pour tous les l' E
E [0, il. Nous glisserons sur cette démonstration, car elle est calquée
:sur celle du théorème 1 de [II-2-551. Enonçons seulement le résultat
:final:
Thé 0 r ème. Si les coefficients de M de (113) remplissent les
,conditions (114), (115), (116) et (141) et le domaine B, celles du théorème
2 de [II-2-55J, alors le problème (113), (127), (128) admet une solution
.unique dans W~', A0(D T), DT =1= B X ]0, T[ quelles que soient f E
lE L 2 (D T) et cp E W~ (B).
11-3-15. Equations hyperboliques de forme générale. Inégalité
'énergétique pour le problème de Dirichlet-Cauchy. Les numéros sui-
vants de cet ouvrage seront consacrés au problème de Dirichlet-
Cauchy pour les équations hyperboliques. Considérons l'équation
n n
M(u)= ~ aikuX'Xk+~ biuxi+cu-Utt=f (154)
i, k=l ~ i=l

f(Jui est de la même forme que dans [1-2-27] dans un domaine DT =


= B X ]0, T[ d'un espace euclidien Rn+l (x E B c Rn, t E ]0, TO.
Les coefficients de l'équation (154) et le second membre f peuvent
-dépendre de (x, t). On supposera que ces coefficients sont des fonc-
tions mesurables bornées sur DT et de plus que aik sont dérivables
;par rapport a" x et t et 1eurs d'erlvees
. , ---at'
8aïk 8aih ( , , 1
~ genera emen
t d'IS t rl-
.

butionnelles) sont bornées dans DT' Supposons que f E L 2 (DT)'


L 'hyperbolicité de l'équation (154) est assurée par la condition
n

aih (x, t) ~i~k~ V 2J sr


i=l
(155)

-dans laquelle v > 0 est une constante, ~i des paramètres réels


-arbitraires (on convient comme partout que aik = aki)' Posons le
problème de Dirichlet-Cauchy pour l'équation (154) dans le domaine
.D T' Ce problème consiste à trouver la solution u (x, t) de l'équation
(154) dans DT qui satisfait les conditions initiales
ult=o=cp(x), utlt....o=,p(x), xEB, (156)
:et la condition aux limites
u 1 ST = 0, ST = S X [0, T], (157)
.où S est la frontière de B. Autrement dit, nous cherchons une solu-
tion u (x, t) de l'équation (154) dans B c Rn pour t E ]0, T[ vérifiant
II-3-15. EQUATIONS HYPERBOLIQUES DE FORME GENÉRALE 507

les conditions initiales (156) à l'instant t = 0 et s'annulant sur la


frontière de B pour t E JO, TL
Montrons que ce problème est bien posé, c'est-à-dire qu'il admet
une solution au plus et que cette dernière dépend continûment des
conditions initiales et du second membre de l'équation. La continuité
est comprise au sens des normes intégrales définies par l'inégalité
énergétique que nous allons établir. On prouvera l'existence de la
solution du problème (154), (156), (157) au numéro suivant en im-
posant aux coefficients de l'équation (154) des conditions supplé-
mentaires permettant de construire la solution sous la forme d'une
série de Fourier. Dans la suite, on aura affaire à des solutions dis-
tributionnelles de la classe W~ (D T). Les éléments U (x, t) de cette
classe satisfont l'équation (154) pour presque tous (au sens de Lebes-
gue) les points (x, t) de DT. Ils appartiennent à W~ (B) pour tous
les t E [0, Tl et dépendent continûment de t pour la norme de W~ (B)
(c'est-à-dire 1/ U (x, t + At) - U (x, t) Il "i,B -+0 pour At -+ 0
et t, t+ At E [0, Tl). La dérivée Ut (x, t) est un élément de L 2 (B)
pour tous les t E [0, Tl et dépend continûment de t pour la norme de
L 2 (B). Pour cette raison les conditions initiales seront les suivantes:
11 U (x, t) - fP (x) 1/ ~~)B -+ 0 et Il Ut (x, t) - '" (x) 112,B -+ 0 o pour
+
t -+ 0 et la condition aux limites (157) deviendra U (x, t) E W~ (B)
pour tous les t E [0, Tl (pour plus de détails sur les espaces W~, voir
tome V chap. IV). On supposera naturellement que
o

fP (x) E W~ (B), '" E L 2 (B). (158)


L'inégalité énergétique pour les solutions du problème (154),
(156), (157) (nous omettrons plus bas le terme « distributionnel », car
il sera partout question de solutions distributionnelles de la classe
W; (D T) sauf, mention expresse du contraire) s'établit de la même
manière que l'inégalité énergétique pour les solutions du problème
de Cauchy [1-2-271. Sa déduction est même plus simple ici, car les
intégrales étendues à la surface l~térale ST sont nulles en vertu de
la condition (157). De nombreuses notations et majorations sont
empruntées au [1-2-271. Plus exactement, désignons par K (t) l'inté-
grale
K (t) = ) (aikuxiuXh + un dx,
B(t)

où B (t o) est la section du cylindre DT par le plan t = t o, et par


D tt le cylindre B X JO, t l [, en admettant que t i ~ T. Multiplions
l'équation (154) par -2u t et intégrons le résultat obtenu sur Dt:

- ) 2M (u) Ut dx dt = - ) 2fut dx dt. (159)


Dt Dt
508 CH. II. PROBLÈMES AUX LIMITES

Intégrons le premier membre de (159) par parties en procédant


comme suit

) 2UttUt dx dt = )
Dt Dt
:t (Ut)2 dx dt = ~\ ll~ dx -
B(t)
)
B(O)
ui dx,

- ) 2aikUXiXk . Ut dx dt = ) (2aikUxiUtxk + 2 ~;: UxiUt) dx dt =


Dt Dt

= Jr r_at() (aikUXiuXk) - éJai"k


a t UXiU xk + 2 éJaik ] d
éJxk uxiUt x dt =
Dt

Pour établir ces relations on s'est servi du fait que uls T = 0, donc
que Ut IS T = O. La relation (159) équivaut donc à la suivante:

K (t) = K (0) + ) [ éJ;;h UXiU Xk - 2 ~:~h UxiUt +


Dt

+ 2biuxiUt + 2cuut - 2fut ] dx dt. (160)

L'intégrale du second membre de (160) se majore comme au [I-2-27)


(le fait que Dt est un cylindre et non pas un cône importe peu).
Nous ne reprendrons pas ici ces raisonnements et écrirons seulement
l'inégalité énergétique déduite à partir de (160). Cette inégalité
(dont l 'homologue est l'inégalité (201) dans [I-2-271) s'écrit

) (ui + aikuxiuxk + u 2) dx~


B(t)

~eCt[ ) (u~+aikuX,uXk + u 2 ) dx+ ) j2dx dt]. (161)


B(O) . Dt

La constante C dépend dES coefficients de M, plus exactement


du nombre v de la condition (155) et des maximums des modu-
n
les des fonctions éJ:~k, ~ (~:ikk - bi ) et c dans le domaine Dte
k=l
Les fonctions du second membre de (161) sont connues à par-
tir des conditions du problème, en particulier l'intégrale étendue
II-3-16. M:eTHODE DE FOURIER. :eQUATIONS HYPERBOLIQUES 509

il B (0) est égale à

l ('1'2 +
B
aikcpXiCPXk +cp2) dx.

De (161), il s'ensuit
l
Blt)
(uï + vui + u 2
) dx~

~ eCt [ ) ('1'2 + ~cpi + cp2) dx + .\ f2 dx dt], tE [0, Tl, (162)


B Dt
n
OÙ ~ est la constante de l'inégalité aiksisk ~ ~ ~ s~ (de sorte que
i=l
!.t est un majorant pour aih). L'inégalité (162) s'appelle aussi iné-
galité énergétique. On en déduit le
Thé 0 r ème 1. Le problème (154), (156), (157) admet une
solution au plus de W~ (D T) qui dépend continûment des conditions
initiales et du second membre.
En effet, si Ui (x, t), i = 1, 2, sont deux solutions de W~ (D T)
correspondant aux conditions initiales CPi (x), 'Pi (x) et aux seconds
membres (aux forces) fi (x, t), i - 1, 2, alors leur différence u (x, t)
est une solution du même problème de W~ (D T), correspondant aux
conditions initiales cp (x) = CPI (x) - CP2 (x), 'P (x) = 'Pl (x) - 'P2 (x)
et au second membre f (x, t) = fI (x, t) - f2 (x, t). Donc, u (x, t) est
justiciable de l'inégalité (162), d'où résultent les deux propositions
du théorème.
11-3-16. Méthode de Fourier pour les équations hyperboliques.
On se propose de prouver l'existence d'une solution du problème de
Dirichlet-Cauchy pour les équations hyperboliques de la forme
n

i, h=l

Supposons que la partie elliptique L (u) = :Jô (aihux)


UXi h
cu +
de cette équation et le domaine B remplissent les conditions du
théorème 2 [II-2-551, donc que le système de fonctions propres
{Uh (X)}~l et de valeurs propres {Î"h} de l'opérateur L pour la con-
dition u 1s = 0 est doué des propriétés décrites dans [II-2-57J.
Supposons provisoirement que c (x) ~ O. Ceci exprime que  h < 0
de sorte qu'il est commode de désigner Âh par -~~, en admettant que
lth > O. Les solutions u (x, t) = X (x) T (t) de l'équation (163)
vérifiant la condition aux limites (157) sont toutes de la forme
(ah cos ~ht +
bit sin ~ht) Uh (x), où ah et b h sont des constantes
510 CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES

arbitraires et Uh (x), la fonction propre associée à la valeur propre


Âk = -fJ~·
De ce fait, on cherchera la solution du problème (163), (156),
(157) sous la forme de la série
00

U (x, t) = ~ (ah cos fJkt


h=1
+ bk sin fJht) Uh (x), (164)

dont on déterminera les coefficients ah et b h à partir des conditions


initiales (156). La première de ces conditions nous donne
ah = (cp, Uh), (165)
et la deuxième,
bA = _1_ ('1', Uk). (166)
JLk
Formellement cette série satisfait toutes les conditions de notre
problème. On se propose d'étudier sa convergence et en particulier
de montrer qu'on peut la dériver terme à terme deux fois par rapport
à x et à t. Cette dérivation est nécessaire pour justifier les égalités
00

M (u) = M (2J (ah cos fJh t + bh sin fJh t) Uk (x») =


k=1
00

= ~ M (ah cos fJkt -I- bh sin fJht) Uk (x» = 0, (167)


h=1

c'est-à-dire s'assurer que la somme de la série (164) est solution de


l'équation (163). On montrera que la série (164) et les séries obtenues
par une double dérivation terme à terme par rapport à x et t con-
vergent pour la norme de L 2 (B) uniformément en t E [0, 00[. Ceci
prouvera que la somme de la série (164) est solution de l'équation
(163) pour presque tous les (x, t) de DT (et même plus, pour tous les
t E [0, co[ pour presque tous les x E B). Les conditions initiales
seront satisfaites au sens suivant:
Il U (x, t) - cp (x) IIh2.) B -+ 0, Il Ut (x, t) - '1' (x) II~~) B -+ ° (168)
pour t -++. O. La condition aux limites (157) sera exprimée par
l'appartenance de u (x, t) à W~, 0 (B) pour tous les t ~ O. Tout
o
ceci aura lieu si cp (x) E wt
0 (B) et '1' (x) E W~ (B). En effet, on
a vu au [II-2-57] que la fonction cp (x) se décompose en la série
00

de Fourier cp (x) = 2J
h=1
(cp, uhfuh (x) convergente vers elle pour la_
norme 11·112 et de plus
00 00

Il cp Il; = ~ (cp,
k=1
Uh)2 Jt~ = 2J
h=l
a~fJ~, (169)
11-3-16. M~THODE DE FOURIER. :eQUATIONS HYPERBOLIQUES 5tl

DO

et la fonction '1' (X), en la série de Fourier '\j? = 2J ('\j?,


k=1
Uk) Uk (x),.
convergeant vers '\j? (x) pour la norme /1·/11 et
00 00

/1 '\j? /I~ = ~
k=l
('\j?, Uk)211~ = 2J b~fl:·
k=l.
(170).

D'autre part,

f (ak cos IIk t + bk sin IIh t ) Uk II~ =


Il k=m
p p
= 2J
k=m
(ak cos IIk t + bk sin IIk t )2 111 ~ 2 2J
h=m
(a: + b:) (-tt, (171»)
p

~ :t (ah cos IIh t + bh sin (-th t ) Uh Il: =


Il k=m
p p

= ~ (-t~(-ahsin(-tht+bhcos(-tkt)2~t~~2 ~ (a~+b~)111 (172p


k=m k=m
et
p

Il ~
k=m
;;1 (ak cos (-tk t + bk sin J.tk t ) Uk W=
p p

= ~ (ah cos (-tk t + bh sin IIh t )2 (-tt ~ 2 ~ (a~ + b~) (-th. (1731
h=m h=m
En comparant les majorations (171), (172) et (173) à (169) et (170,
on s'assure de la validité des propositions concernant la convergence
de la série (164) et des séries obtenues par dérivation terme à terme'
de (164) par rapport à x et t. Ceci étant, on se rappellera que les nor-
mes
o
II· 1/1 et 11·112 sont équivalentes aux normes initiales des espaces~
W~ (B) et Wt 0 (B) respectivement. Que pour tous les t ~ 0, la somme
U (x, t) de la série (164) appartienne à W~,o (B) et Ut (x, t) et Utt (x, t)
o
respectivement à W~ (B) et L 2 (B) résulte de la convergence de ces-
séries et du fait que leurs sommes partielles sont des éléments de-
o
W~, 0 (B), W~ (B) et L 2 (B). On a donc prouvé le

Thé 0 r ème 1. Supposons que les coefficients de M et le domaine-


B remplissent les conditions du théorème 2 de [II-2-55J et c (x) ~ o.
o
Si cp E W~,o (B) et'\j? E W~ (B), alors lasomme U (x, t) de la série (164),
dont les coefficients ak et bk sont définis par les formules (165) et (166)"
est une solution du problème (163), (156), (157). Cette solution appar-
:512 CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES

°
.tient à W~. 0 (B) pour t ~ et dépend continûment de t pour la norme
de cet espace. Ses dérivées Ut (x, t) et Utt (x, t) sont des éléments de
o
W~ (B) et L 2 (B) dépendant continûment de t ~ pour les normes de
ces espaces. Les séries obtenues par une double dérivation terme à terme
°
par rapport à x et t de la série (164) convergent pour la norme de L 2 (B)
.uniformément en t ~ O.
Rem a r que 1. Si l'on écarte la condition c (x) ~ 0, lt
théorème reste en vigueur mais il est possible que quelques-unes des
-premières valeurs propres Âk soient strictement positives ou nulles.
Les termes correspondants seront alors de la forme (akeV"'k i +
+ bke- V"'k t ) Uk (x) ou (ak +
bkt) Uk (x). La convetgence de la série
(164) n'est pas affectée par ces termes: en effet, leur somme peut
,être représentée par un seul terme dans (164).
Rem a r que 2. Les problèmes de Cauchy et de Dirichlet..

°
'Cauchy pour les équations hyperboliques se résolvent de façon
analogue pour t > ou t < O. La série (164) converge comme ci-des-
:sus pour ·t ~ O.
Considérons maintenant l'équation avec second membre

M (u) = f (x, t), (174)


'Üù M est donnée par (163). Trouvons la solution qui vérifie les
conditions initiales et aux limites homogènes suivantes:

u It=o = 0, Ut It=o = 0, U IS T = O. (175)


Développons à cet effet f en une série suivant {Uk }h' 1:
00 00

t (x, t) = ~ (f (x, t) 1
h=l
Uh (x)) Uh (x) === LJ
h=1
fh (t) Uh (x),

et trouvons les solutions U (x, t) = X (x) T (t) de l'équation


M (u) = fh (t) Uh (x) (176'

qui satisfont les conditions (175). Posons u (x, t) = Th (t) Uh (x)~


De (176), on obtient alors pour Th (t) l'équation
(177)
On sait que la solution qui s'annule avec sa dérivée pour t =
la fonction
° esi

t
Th (t) = - _1_
f-lh
r sin P'h (t-T) th ('t) dT,
Jo
(178)
.1
11-3-16. M~THODE DE FOURIER. ~QUATIONS HYPERBOLIQUES 513

où comme plus haut Ill' = -Â h • La somme de la série


00 t
U (x, t) = - ~ _1_ \ fk (T) sin Ilh (t -T) dT u k (x) (179)
k-l ~h ~
satisfait formellement toutes les conditions du problème (174), (175).
Pour justifier la formule (179), il faut s'assurer que la série (179)
converge comme la série (164) du théorème 1. Prouvons la proposi-
tion suivante.
Thé 0 r è ID e 2. Supposons que les coefficients de M et le do-
maine B vérifient les mêmes conditions que dans le théorème 1. Si
o
f (x, t) E L 2 (D 7), alors la série (179) converge pour la norme de W~ (B)
uniformément en t E [0, Tl. Si, de plus, f (x, t) possède une dérivée
distributionnelle ft (x, t) EL 2 (DT)' alors la série (179) et lesséries
obtenues à partir d'elle par une simple et une double dérivations terme
à terme par rapport à x et t convergent pour la norme de L 2 (B) uni-
formément en t E [0, Tl. Dans le dernier cas la somme u de la série
est une solution distributionnelle du problème (174), (175) de la classe
W: (D T) (et même d'une meilleure classe).
Les propositions du théorème résultent des relations et majora-
.

tions suivantes:
p P
2
~ T k (t) uk (x) 1- ~ Il~T~ (t)~
k=m k=m
P t P T

~ ~ (~I th (T) 1d't)2 ~T ~ ~ n('t) d'tt (180)


h=m 0 k=m 0
et
T 00 00

~ ~ /l('I:) d'l: = ~1 ~ Il ('1:) d'l: =


T
l 12 (x, t) dx dt. (181)

Si de plus ft (x, t) EL 2 (DT)' alors


t
'r k (t) = - --4-
~h ~
\ th ('t) d cos J.tk (t -'t) =
= - !'~ [-1 t
1. ('1:) cos P.k (t-'t) d't+ fh (t) -tk (0) cos J.tktJ =
t
= - :1 [) o
th ('t) (1- cos flk (t - 't» dT + th (0)~(1- cos flk t )J.
5t4 CH. II. PROBLÈMES AUX LIMITES

D'où
T

T~(t)< 1184 [T ) (fk(-r))2d-r+f~(0)J,


k 0

donc
, p p

Il h Th (t) u k (X)/I: = ~ T~ (t) ~:~


k=m k=m
P T p

~8T ~ \ (th (-r»)2d-r + 8 ~ n (0). (182)


k=m Ô k=m
00

k=1

= ) 12 (x, 0) dx et
B
00 T
~ ) (th (-r)2 d-r = ) fi (x, t) dx dt,
h=1 0 DT

ce qui prouve le théorème 2.


La convergence des séries (164) et (179) est encore meilleure si
les coefficients de M, les fonctions (f), '\jJ, t et la frontière de B sont plus
réguliers et si le degré de compatibilité des conditions initiales et
aux limites et de l'équation est plus élevé sur l'ensemble {(x, t):
x ES, t = O}. Nous ne donnerons pas les énoncés exacts de cette
dépendance, nous contentant de renvoyer le lecteur au chapitre II
de l'ouvrage de O. Lad y j e n s k a ï a, Problème mixte pour
l'équation hyperbolique (1953) (en russe) auquel ont été empruntés
les thèmes développés dans ce numéro. O. Ladyjenskaïa a étudié
la convergence des séries (164), (179) dans tous les espaces WJ (B),
l ~ 1, pour des conditionsqui, dans un certain sens, sont nécessaires
et ce pour les trois problèmes aux limites classiques avec des con-
ditions initiales. La convergence pour la norme de W~ (B) et le
théorème d'immersion entraînent la convergence correspondante
pour les normes des autres espaces et en particulier la convergence
uniforme pour l ~ [iJ +
1. Cet ouvrage contient la justification
des autres méthodes de résolution de problèmes aux limites pour
l'équation hyperbolique et notamment la méthode des différences
finies pour des équations (154) de forme générale. Ces problèmes
se résolvent aussi par la méthode de Galerkine et par la méthode
« fonctionnelle » proposée par O. Ladyjenskaïa dans la note Sur la
II-3-17. PROBL~ME AUX LIMITES POUR LA SPH~RE 515

résolubilité des problèmes aux limites fondamentaux pour les équations


hyperboliques et paraboliques (DAN SSSR, 1954, 97, no 3). .
Voir à ce sujet aussi les travaux: o. Lad y j e n s k a ï a
Sur la résolution des équations opératorielles non s~ationnaires(Matem.
zb. 1956, 39, nO 4); o. Lad y j e n s k a ï a, Sur les équations'opé-
ratorielles non stationnaires et leurs applications aux problèmes linéaires
de physique mathématique (Matem. zb., 1958, 45, nO 2); O. Lad y -
j e n s k a ï a, M. Vic h i k, Problèmes aux limites pour les équa-
tions aux dérivées partielles et certaines classes d'équations opératorielles
(UMN, 1956, 11, nO 6).
Signalons enfin que de la résolubilité du problème de Dirichlet:..
Cauchy pour les équations hyperboliques et de la finitude du domaine
de dépendance des solutions du problème de Cauchy (cf. 1-2-26), on
déduit sans peine l'existence d'une solution du problème de Cauchy
pour les équations hyperboliques.
11-3-17. Problème aux limites pour la sphère. On se propose d'étu-
dier maintenant le problème aux limites pour l'équation des ondes
ô2u ô2u a2u 2
7ft2 = ôx2 + ôy2 + ôôz2u (183)
dans le cas d'une sphere. Prouvons préalablement le

par rapport aux variables


(x,y, z, t), et si elle s'annule sur la sphère r
°
Lem m e. Si u = cp (x, y, z, t) = cp (M, t) est une solution de
l'équation (183), homogène, de degré
= t, où r =
+ +
= V x 2 y2 Z2, alors l'expression·
t-r

u= J ûl('t) <p(M, t-'t) d't, (184)

où W ('t) est une fonction continue quelconque et la borne d'intégration


peut être un nombre arbitrairement donné, l'est aussi.
En dérivant la solution (184) on obtient
t-r
ax = r,
ôu
w ('t)
ôcp (M t-'t)
~x d't-w (t - r) cp (1~f, r)
x
r.
o
Or, par hypothèse, cp (M, r) =0, donc
t-r
!!:..-= r- ()ôcp(iVl,t-'t)d
ax J w 't ax 't.
o
Une nouvelle dérivation nous donne
t-r
a:~ _
a ... r w('t)
J
2
a cp(M, t-'t) d't-w(t-r)
ôx 2
[oCP(M,
(Jx
t-'t)]
't=t-r
. .!-

o
33*
516 CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES

On obtient des expressions analogues pour les dérivées secondes


par rapport à y et à z. La dérivée seconde par rapport à t s'écrit:
t-r
2 2
ô u = \ () ô q> (M, t-T) d + (t _ ) [ôq> (M, t-T)]
a,a ~ ID 't ôt 2 't ID r ôt 't-t-r •

En portant cette expression dans (183) et puisque <p (M, t - 't) est
par hypothèse solution de l'équation (183), on obtient, tous calculs
faits,
(J) (t- r) Ôq>(M, t-T) +ôq>(M, t-T) +
T [_ ôt r ôx x
ôq>(M, t-T) +oq>(M, t-T) ] 0 (185)
+ oy y oz Z ~=t-r = •
Or, en vertu du théorème d'Euler sur les fonctions homogènes, on a
(tome l, [V-1-41)
ôq>(M,t-T)(t_ )+oq>(M,t-'t) +oq>(M,t-'t) +oq>(M,t-'t) =0
ot 't OX X oy Y oz z •
On s'assure par la substitution 't = t - r que la relation (185)
est réalisée et par suite la formule (184) donne bien une solution de
l'équation (183).
Cherchons maintenant une solution de l'équation (183) sous la
forme spéciale
u-'1' (+) Y n (e, <p), (186)

OÙ Y n (e, <p) est une fonction sphérique d'ordre n et 1J' (x) la fonction
inconnue.
En coordonnées sphériques l'équation (183) s'écrit (tome II,
UV-2-13l)

~:~ = :2 [:r (r :~ + si~ e


2
) :e (sin e ~~ ) + Si:' e :~~ J.
(187)
En portant (186) dans (187) et puisque Y n (e, <p) est solution de
l'équation
1 0 ( • il o2Yn
sin e oe SIn u oe
) + sin21 e o2Yn
oq>2
+ n (n + 1) y n -- 0
,

on est conduit à l'équation suivante pour '1' ( ~ ) :

ou
(1-x2)~" (x) + n (n+ 1) 1J' (x) = 0 (188)
11-3-17. PROBUlME AUX LIMITES POUR LA SPHERE 517

Pour trouver 'li (X), on se rappellera que les polynômes de


Legendre (tome 1II 2 , [V-8]) satisfont l'équation
[(1-X2)P~ (x)]'+n(n+1) Pn(x)=O.

Introduisons le polynôme de degré n + 1


x
Qn+, (x) = I P n (x) dx. (189)

En intégrant les deux membres de l'équation précédente entre


1 et x, on obtient
(1- x 2) P~ (x) + n (n + 1) Qn+l (x) = 0,
ou, en vertu de (189),
(1 - x 2 ) Q~+l (x) + n (n + 1) Qn+l (x) = 0,
et en comparant avec (188), on voit que la fonction
u = Qn+l (+) y n (e, (J) (190)

est une solution de l'équation (183). En vertu de (189), on a


Qn+l (1) = 0, c'est-à-dire que la solution (190) est nulle pour r = t.
Par ailleurs, il est évident que cette solution est une fonction homo-
gène de degré 0 par ranport aux variables (x, y, z, t). Le lemme nous
,dit que la fonction
t-r

u(M, t)=Y n (e, (J) \ ffi('t)Qn+1 ( t-;T) dt: (191)


ô
est aussi solution de l'équation (183) quelle que soit la fonction
continue ffi (t:).
Après ces considérations préliminaires, passons à la résolution
4'un problème aux limites pour une condition aux limites spéciale.
Supposons qu'on cherche en dehors de la sphère r = 1 une solution
de l'équation (183) satisfaisant les conditions initiales homogènes

u It=o = 0; ~I -0
ôt t=o-
(192)

et la condition aux limites


u I r =l =f (t) Y n (e, (J), (193)
où f (t) est une fonction donnée. On admet que cette fonction possède
des dérivées première et seconde continues et que
f (0) = t' (0) = O. (194)
518 CH. II. PROBLElMES AUX LIMITES

Attardons-nous sur la formule (191). Si dans son second membre


on substitue t +
1 à t, on obtient de nouveau une solution de l'équa-
tion (183), puisque les coefficients de cette équation ne dépendent
pas de t. Cherchons la solution du problème aux limites posé sous
la forme
t+1-r

u= Yn(0' cp ) r () Q
~ (ù'; n+l
( t + ~ - L) d"",
Il
t~r-1,
(195)
{
0, t~r-1,

où (1') est la fonction inconnue, l' ~ O. La première condition


(192) résulte immédiatement de (195). En dérivant (195) par rapport


à t pour r = 1 et en faisant ensuite t = 0, on obtient la deuxième
condition (192), puisque Qn+l (1) = O. La condition aux limites
(193) nous donne l'équation intégrale suivante pour (ù (1'):
t
~ (ù (,;) Qn+l (t + 1- 1') d,; = f (t).
o
Cette équation est une équation de Volterra de première espèce.
En la dérivant terme à terme on obtient l'équation
t

~ (ù (1') P n (t+ 1-1') d1'=f' (t),


o
qui, en vertu de (194), est équivalente à la précédente. Une nouvelle
dérivation nous donne en vertu de (194) l'équation de deuxième
espèce équivalente:
t
ùl (t) +J ùl ('I) p~ (t + 1- 't) d't = f" (t).
Les noyaux des équations écrites ne dépendent que de la diffé-
rence t - 't, et en appliquant la méthode développée au (tome IVlt
[1-53]) on obtient une solution de la forme
,
(ù (t) = f" (t) - JH (t - x) f" (x) dx,
o
où H (z) est la somme des résidus de la fonction
-sn
________ ______ ~-esz

sn+sn-lp~ (1)+sn-2p~ (1)+ ... +p~n) (1)

par rapport à ses pôles.


La condition aux limites (193) entre en jeu à partir de l'instant
t =0. Avant cet instant c'est le repos. Le front d'onde se propagera
II-S-18. VIBRATIONS DE L'INT~RIEUR DELA SPH:E:RE 519

à une vitesse égale à 1. En dehors de la sphère centrée en l'origine


et de rayon t +
1, on aura le repos à l'instant t en vertu de (195). Les
dérivées secondes peuvent être affectées d'une discontinuité sur le
front d'onde. Signalons que toute condition aux limites continue
peut être approchée en moyenne sur la sphère par des conditions aux
limites de la forme (193). Ceci résulte de la fermeture des fonctions
sphériques. La méthode indiquée ci-dessus est valable dans le plan
pour l'extérieur d'un disque (V. S mir nov, DAN SSSR, 1937,
14, nO ,1). .
11-3-18. Vibrations de l'intérieur de la sphère. Cherchons main.;.
tenant la solution de l'équation (183) qui satisfait les conditions
(192) et (193) pour l'intérieur de la sphère. Si 1, alors il est n>
immédiat que Qn +1 (x) est de même parité que n 1 et la solution +
(191) peut être mise sous la forme
t-r
Ut (M, t) = Y n (8, cp) ~ Û)1 (T) Qn+t ( T-; t ) dT. (196)
o

En remplaçant t par t-1, on obtient une solution de la forme


t+r-l

2
u (111, t) = Y n (8, cp) l
-0
Û)2 (T) Qn+] (T+:-t) dT, (197)

OÙ Û)2 (T) = 0 pour < O. Cette solution décrit une onde qui se
T
déplace de la frontière vers l'intérieur de la sphère. Cette solution
cesse d'être finie pour t > 1 au centre de la sphère, c'est-à-dire pour
r= O. Pour t = 1, l'onde correspondante atteint le centre de la
sphère et il faut alors ajouter à la solution correspondante la solution
(196) dans laquelle on aura remplacé t par t - 1 et dûment choisi
0)1 (T). Ceci nous conduit à une solution de la forme
t - l +r

u 3 (M, t)=Y n (8, cp) l


t - 1-1'
û)3(T) Qn+l (T+;-t) dT, (198)

où û) (T) = 0 pour T < O. Entre les limites d'intégration on a


-r < + T 1 - t <
r, et la solution (198) reste finie même pour
r = O. Pour imposer des conditions moins astreignantes aux dérivées
de la fonction I(t) qui figure dans la condition aux limites (193), on
prendra pour solution fondamentale la solution déduite à partir de
(198) par une dérivation par rapport à t. Comme Qn +1 (+1) = 0 pour
n >- 1, on obtient la solution
u (M, t) = Yn (8, cp) CPn (r, t), (199)
520 CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES


t-1+r
_1 r 00 ('t) P n ( 't+1-t) d't pour t> 1-r,
rn
't'n
(r ,t)-
- r J
t-f-r
r
{
o pour t~1-r
(200)
et 00 ('t) = 0 pour 't ~ O. De cette expression, il s'ensuit comme al'
[11-3-17] que la condition (192) est satisfaite pour tout 00 ('t). Il es.
immédiat de vérifier que les formules (199) et (200) donnent let
solution de l'équation (183) pour n = 0 aussi, pourvu que 00 (T~
possède une dérivée continue. Signalons que la fonction (198) n'e~
pas solution de l'équation (183) pour n = O.
La condition aux limites (193) nous conduit à l'équation suivantt
t
~ 00 ('t) P n ('t --+-1- t) d't = f (t). (201
t-2

Supposons que f (t) admet une dérivée continue et f (0) = t (0) = O.


En dérivant l'équation (201) par rapport à t, on trouve
00 (t) +(-1)n+ 1 oo(t-2)-
t
- ~ 00 ('t) P~ ('t + 1- t) d't = j' (t) (n> 1) (2021 ,
t-2
et pour n = 0
/00 (t) - 00 (t - 2) = j' (t). (202 2)
L'équation (202 1) nous permet de construire 00 ('t) par la méthode
des approximations successives. Déterminons d'abord 00 (t) dans
l'intervalle [0, 2] à partir de l'équation de Volterra:
t
00 (t) - J ('t) P~ ('t + 1- t) d't= f' (t),
o
00

ensuite 00 (t) dans l'intervalle J2, 4J à partir de l'équation


t
00 (t)- ) oo(t)P~('t+1-t)d't=
2

l
2
= j' (t) + (_1)n 00 (t-2) + co ('t)~P~ ('t + 1-t) dT .
o
dont le second membre est connu, et ainsi de suite. Portons la fonctior
00 ('t) trouvée dans le second membre de (200).
II-3-t8. VIBRATIONS DE L'INT9RIEUR DE LA SPH1l:RE 521

Utilisons la transformation unilatérale de Laplace pour résoudre


l'équation (202 1). Esquissons cette méthode. La formule définitive
sera établie plus bas par une autre méthode.
Dans l'équation (202 1), représentons l'intégrale par une somme
de deux intégrales avec des bornes inférieures nulles, multiplions
l~ deux membres par e -st, où S = al +
0'2i et al > 0 est un nombre
'Wsez grand et intégrons sur t entre 0 et 00. Posons
IH 00 00

.t~
B
Q (s) = Je-:stw (t) dt, F (s) = Je-stf (t) dt; (203)
o o
("
;tal
il.ilisons le théorème de convolution (tome IV1 , [1-52]) et les
1:1g,nules

~es formules se déduisent 'sans peine par une intégration direct


des premiers membres. Cette méthode nous conduit à l'équation
suivante pour Q (s):
(~ ----- n
.. /" 2n efT (2n+1) e-sJ 1 (_ is) Q (s) = F (s).
~ V s n+2'
~

La transformation réciproque de Laplace nous donne


- i"::"'( 2n+ 1) O'+ioo _

co (t) =
t 4
---:::-21t~i--
r 1 8 e(t+1)SF(8)
ds. (205)
J
O'-ioo
JI 2n J 1 ( - is)
n+-
2

Le nombre réel al est pris assez grand pour que tous les points sin-
guliers de la fonction F (s) soient situés à gauche de la droite d'in
tégration.
La justification de la possibilité d'appliquer les transformations
d,irecte et réciproque de Laplace est facilitée par le fait qu'on a déjà
établi l'existence de co (t) par la méthode des approximations suc-
(~essives et qu'on peut majorer cette fonction pour de grands t en
lHt]>osant certaines conditions à f' (t) pour de grands t. En portant
j'expression (205) dans (200), en permutant l'ordre d'intégration et
36-01017
522 CH. II. PRDBL:I!:MES AUX LIMITES'

en utilisant la relation facilement démontrable


1 3t J t ( - ip)
~ ePxPn (x) dx= V2:rt eiT(2n+t) _n_+_2 _y--=p=--_, (206)
-1

on obtient
O'+ioo J 1 ( - irs)
1 r n+-
~
3t
CPn (r, t) = _Î J. J (_ is) F (s) e ds (n=O, 1, 2, ... ).
y T21li 0'-1,00 n+-
2
(207)
Indiquons un moyen plus rapide pour établir la formule (207). En
portant (199) dans (183) et en se servant de l'équation pour Y n (e, cp),
on obtient l'équation suivante pour q:Jn (r, t):
8 2cpn _ 8 2 cpn +! 8CPn _ n (n+ 1)
(208)
8t 2 - 8r 2 r 8r r2 q:Jn'

A cette équaiton il faut adjoindre les conditions

q:Jn It=o = 8~n t=o = 0; (209)

CPn Ir=1 = t (t). (210)


En multipliant les deux membres de l'équation (208) par e-st ,
en intégrant sur t entre 0 et 00 et en tenant compte de la condition
(209), on obtient pour la fonction
00

X n (r, s)= ~ e-stq:Jn (r, t)dt (211)


o
l'équation
d~~n +; d:; + (-S2- n(~:1) ) Xn=O. (212)
La transformation de Laplace appliquée à (210) nous donne
X n Ir=1 = F (s). (213)
La fonction X n (r, 8) doit de plus être finie pour r = O. L'équation
(212) se ramène à une équation de Bessel et en se servant de (213)
et du fait que X n est finie pour r = 0, on trouve
J t (-irs)
1 n+'2
X n (r, s.) = y- r J 1 ( - is
) F (8).
n+'2
II-3-19. DISCUSSION DE LA SOLUTION 523

La transformation réciproque de (211) nous conduit ensuite à la


formule (207).
Les conditions qu'il faut imposer à f (t) pour justifier l'applica-
tion de la transformation de Laplace et de la formule (207) figurent
dans le travail de G. Pet r a che n e, Problèmes dynamiques de la
théorie de l'élasticité pour une sphère isotrope. Utch. Zap. LGU, ser.
matem. naouk, 1950, nO 21. L'exposé de ce numéro et du suivant
est emprunté à ce travail.
II-3-19. Discussion de la solution. Etudions la solution

lf/l
1
(r, t)=-= , _ .
JI r2m.
i
o+ioo J

J
n+-
1 (-

2(
1
irs)
.) F (s)
-lS
e~t ds. (214)
0-100 n+ 2
On admettra pour fixer les idées que la fonction f (t) =1= 0 seulement sur un inter-
valle fini [0, Tl, possède des dérivées première et seconde continues et
j (0) = f' (0) = j (T) = f' (T) = ü.
Sous ces conditions, une double intégration par parties nous donne
T T
F(s)=
o
i e-~tf(t)dt= :2 i
0
e-stj"(t) dt. (215)

On admettra que la fonction F (s) est de la forme


F (s) = FI (s) +
F 2 (s) e- sT , (216}
où FI (s) et F 2 (s) sont des fractions rationnelles dont le degré du dénominateur
est de deux unités au moins supérieur à celui du numérateur. Il est immédiat de
vérifier que la fonction F (s) jouira de cette propriété par exemple dans les deux
cas suivants:
j(t)=t 2 (T-t)2; j(t)=sin 2 n.:, tElÜ, T].
On voit sur la formule (215) que F (s) est une fonction entière.
La fonction J n +I / 2 (-is) possède des zéros imaginaires que l'on désignera
par +ksi (8 = 1, 2, 3, ...), où k s sont les zéros de l'équation J n +I / 2 (k) = (1.
(tome 1H z, [V1-2-3]).
Utilisons la formule
J 1 (z) = ~ [H(1)
1 (z) +
H(2) 1 (z) i ]
n+-
2 2 n+-
2 2 n+-

et les expressions suivantes des fonctions de Hankel:

(217)
524 CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES

OÙ <Pl (Z-I) et <P2 (Z-I) sont des polynômes de Z-I sans terme constant (tome 111 1
(VI-2-26]). En faisant z = -is, on s'assure immédiatement qu'en tous les points
des droites d'intégration, pour C1 assez grands, le module du rapport
H(2) 1 ( - is)
n+-
2
9(1) 1 (-is)
n+-
2

est ~ à un nombre < 1. Ceci nous permet d'écrire


J 1 (-irs) H(1) 1 (-irs) 00 H<2> 1 (-irs}-P
n+'2 n+T ' n+T
J 1 (- is)
...,....-~--- ~
'H( 1) 1 ( - is)
( -1)P. ---:-:"":-----
H(1) 1 ( - is)
+
+
nT +
nT p=o +
nT
H(2) 1 ( - irs) 00 H(2) 1 (-irs)-P
n+T n+-
2
+~...,...,.--- ~ (-1)P
H(1) 1 ( - is) H(1) 1 (-is)
n+T P=O n+-
2

En portant ceci dans la formule (214) et en intégrant la série terme à terme,


on ltrouve
00 o+ioo H( 1) 1 ( - irs) -H(2) 1 ( - irs) - P
1 ,,(-1)P n+?, r n+'2 .
<Pn(r, t)=r= 2J 2ni J. H(1)~ (-is) H(1) (-is) F(s) est ds +
l" r p=O 0-100
.
+1
n"'2
+1
n 2'

O'+ioo H(2) 1 ( - irs) -H(1) 1 ( - trs) - P

+ _1
00

~ -. .
(1)P J n+-
2
n+-
2 F (s) est d,. (218)
l/rr p=O
LJ 2m
0-100
. H(1) 1
n+-
(-is) H(1) 1
n+-
(-is)
2 2
Montrons qu'au second membre, le nombre de termes est fini et croît avec t.
Considérons par exemple les termes de la première somme. Les formules (217)
nous permettent d'écrire les intégrales de cette somme sous la forme
o+ioo
J F (s) [1 + 0 ( 1z 1-1 )] eS [t-(2p+1)+r] d,. (219)
0- ioo

Su pposons que p est assez grand pour que


t - (2p + 1) + r < O. (220)
Traçons à droite de la droite d'intégration un demi-cercle C de centre C1 et de rayon
R assez grand. La formule (216) pour F (s) et les propriétés de FI (s) et F 2 ~s) nous
permettent d'affirmer que sous les conditions (220), l'intégrale (219) etendue
à C tend vers 0 lorsque R ~ 00.
Par ailleurs, l'intégrale étendue au contour formé par C et le segment
]-R, R] de la droite d'intégration de l'intégrale (219) est nulle, puisque la
fonction à intégrer ne présente aucun point singulier à l'intérieur de ce contour.
De là il s'ensuit que l'intégrale (219) est nulle sous les conditions (220). De façon
II-3-19. DISCUSSION DE LA SOLUTION 525

analogue, les iermes de la deuxième somme du second membre de (218) sont


nuls si
t - (2p 1) - r < o. + (221.)
Les termes restants décrivent des ondes sphériques qui ont été réfléchies une ou
plusieurs fois par la sphère r = 1. La première des formules (204) nous permet
de démontrer sans peine que la fonction à intégrer des intégrales du second
membre de (218) possède un nombre fini de points singuliers situés à une distance
finie, qui sont les zéros de l'équation
zn - p~ (1) zn-l + ... + (-1)n p~n) (1) = 0,
et que l'intégrale est la somme des résidus relatifs à ces pôles, c'est-à-dire que
ces intégrales s'expriment par des fonctions élémentaires.
L'utilisation de la méthode (214) nous conduit donc à la méthode de d'Alem-
bert de résolution du problème des vibrations d'une sphère avec la condition aux
limites (193).
Indiquons maintenant une autre transformation de la formule (214) qui
nous conduit à la méthode de Fourier ou, plus exactement, au développement de
la solution en série suivant les vibrations propres de la sphère. Portons dans la
formule (214) l'expression (216) pour F (s).
La substitution de F 2e-.~T fera apparaître le facteur e-s(t- T) dans la' fonction
à intégrer et comme plus haut on peut montrer que l'intégrale correspondante
s'annule pour t < T" c'est-à-dire qu'on a
O'+ioo J 1 (- irs)
n+-
'Pn(r, t)=.r 1.
r2m
:~ r
Jioo
__=---....;2~_____ FI (s) e$t ds.
J 1 ( - is)
(222)
0' - n+2"
On démontre que cette intégrale est égale à la somme des résidus de son intégrant
et sous réserve que les pôles de FI (s) sont distincts des zéros de J n +I / 2 (-is)
(absence de résonance) on trouve
00 J 1 (kpr)
m (r t)=.h (r t)-2 ~
Tn, 't'n,
Apsin(kpt+<.ùp). n+'2
.LJ J 1· (kp)
(223)
-.f r ,
p=1 n-T
où 'i'n (r, t) représente la somme des résidus relatifs aux pôles de FI (s) et
FI (kpi)= ApeiCl>p.
On démontre que sous les conditions imposées à FI (s) la série converge unifor-
mément en t et r. Cette série est la superposition des vibrations propres du systè-
me. De là il s'ensuit que le terme 'Pp (r, t) qui peut être représenté par une somme
finie de termes est solution de l'equation (183) avec la condition aux limites
(193). Si un pôle de FI (s) est confondu avec un zéro de J n +I / 2 (-is), on verra
apparaître au second membre de (223) un terme résonnant qui est le produit de t
par une fonction trigonométrique. '
Si t > T, on obtient seulement une série suivant les vibrations propres,
puisque F (s) est une fonction entière et l'on peut appliquer le lemme de Jordan
(tome 111 2 , [111-5]) pour un système de demi-cercles centrés en al et une fonction
à intégrer qui ,contient la fonction F (s) tout entière. Si t < T, nous ne possédons
pas de majorations requises pour la fonction à intégrer le long des demi-cercles
mentionnés. Si le second membre n'est composé que de la série suivant les fonc-
tions propres, c'est que la condition aux limites ne comporte pas de force exté-
rieure.
·526 CH. II. PROBL~MES AUX LIMITES

11-3-20. Problème aux limites pour l'équation des télégraphistes. Pour ré-
soudre les problèmes aux limites pour des équations elliptiques et paraboliques
on s'est servi de la théorie du potentiel en se basant sur une solution singulière
de l'équation étudiée. L'usage de cette méthode pour les équations hyperboliques
pose des problèmes. L'idée fondamentale de cette méthode permet seulement
dans le cas unidimensionnel de ramener le problème aux limites à une équation
intégrale de Volterra.
Considérons l'équation (tome II, [VII-2-5])
{j2 U {j2 U
{jt 2 = {jx 2 + c2u (224)

pour x E [0, l] avec les conditions initiales

U 1t=o = Ut 1t=o = ° (225)


et les conditions aux limites
u Ix=o = °1 (t) ; u IX=l = 02 (t). (226)

Signalons que les conditions initiales peuvent toujours être ramenées à des
conditions homogènes à l'aide de la solution du problème pour un intervalle
illimité (tome II, [VII-2-5]) comme on l'a fait pour l'équation de la chaleur dans
(11-3-2]. En introduisant comme au (tome II, [VII-2-5]) la fonction l (z) =
= Jo (iz), on s'assure sans peine que la fonction l (c yt 2 - x 2) est solution
de l'équation (224). Cette solution sera prise pour solution fondamentale.
En plaçant aux bornes de l'intervalle [0, l] les sources continues correspon-
dant à cette solution, on obtient, ce qu'on vérifie immédiatement, les solutions
suivantes de l'équation (224):
t-x
) cp Cr) l (c Vr(t-L)2_ x 2) dL
o
et
t-(l-x)
, \jJ (L) l (c y(t-L)2_ X2) dL,
Ô

où les fonctions cp (L) et"P (L) sont supposées dérivables. En dérivant ces fonctions
par rapport à x, on obtient de nouvelles solutions. On cherchera la solution du
problème (224), (225), (226) sous la forme
t-x
u=~ \ cp (L) l (c yr(t_L)2_x 2) dL +
(jx J
o
t-(l-x)

+ :x ) "li (T) l (c y(t-T)2_(l-rfl) d't, (227)


o
en admettant que cp (L) = \jJ (L) = °pour T< o.
11-3-20. :EQUATION· DES T:EL2GRAPHISTES 527

La formule (.227) peut être mise sous la forme

(228)

On rappelle que

00

1 ~
1 (z) = LJ (8!)2
(Z) 2s
2" •
s=o
L'équation (224) avec les conditions initiales (225) admet une solution quelles
que soient <P (-r) et "P (l'). Les conditions aux limites (226) nous conduisent au
système d'équations suivant pour <P (1') et "P (1') :

(229)

On admet que les fonctions Û)l (t) et Û)2 (t) sont continûment dérivables.
Supposons que

'1' (t) - <P (t) = <pdt); '\J (t) + <P (t) = "Pdt).
En ajoutant et en retranchant membre à membre les équations (229), on obtient
les équations suivantes séparément pour <Pl (t) et '\JI (t):

(230)

OÙ <Pl (-r) = "Pl (-r) = 0 pour 't' < O.


528 CH. Il. PROBLaMES AUX LIMITES

Ces équations nous permettent de déterminer CPI (t) et "i'1 (t) par la méthode
des approximations successives sur les intervalles [0, 1], [l, 21J, etc. On a
+
cpdt) = rodt) roB (t); "i'dt) = WB (t) -wdt) pour tE [0, 1] ;
+
( CPI (t)=w 1 (t) WB (t)-CPI (t-l)-
t-l
l' (c i"(t-'t)2-12)
- cl ) CPI ('t)
o
i"(t-'t)2 -1 2
d't,

t "i'1 (t)=w 2 (t)-w 1 (t) + "i'1 (t-l) + (231)


t-l
+cl r "i'1 ('t) l' (cj(t-'t)2- 12) d't
J JI (t-'t)2-l2

etc.
1 pour tE [l, 21],

On peut encore se servir de la transformation de Laplace pour résoudre les


équations intégrales.
Les matériaux de ce numéro ont été empruntés à un travail non publié de
D. D 0 b rot i n e.
INDEX

Axes locaux 272 Discontinuité forte 116


- - en théorie de l'élasticité 204
Distribution de Green 229
Bande (s) 92 Domaine de définition d'un opérateur
- caractéristiques 32, 94 442
- de premier ordre 93
Base orthonormée 440
Bicaractéristiques 108 Ensemble C 00 (D) 116
- C2 (D) 116
- q(D) 119
Caractéristiques 11, 105, 185 Equation elliptique 84
- réelles et imaginaires 99 - de Helmholtz 374
Condition de compatibilité cinéma- - hyperbolique 85
tique, 117, 191 - intégrale pour fonctions sphéri-
- - dynamique 117, 192 ques 327
- de Hiilder 287 de M onge-A mpère 103
- initiales générales 147 - des ondes généralisée 149
- - spéciales 91 - parabolique 85
- de Lipschitz 287 - quasi linéaire 10
Cône T 28 - ultrahyperbolique 85
Conoïde caractéristique 109 Espace complet 439
- intégral 42 - hilbertien complexe 439
Conormale 132 - - réel 440
Convergence d'une suite 439 - séparable 439
Coordonnées cartésiennes locales Ca (13) 419
435 C l +a (15) 419
Corps élastique anisotrope 198
Courbe caractéristique 32 Cl 05), 1 = 0, 1, 419
Crochet de Mayer 60 Co (D) = C (D) 419
- de Poisson 60 Ck +13 (8) 436
LV: (D) 163
W~ (D) 163
Dérivée normale d'une fonction pro wr.loc (Rn) 170
pre 371 wt 0 (D) 448
- - du potentiel de simple couche Exemple de R itz 268
283 Expression asymptotique des valeurs-
- - régulière 287 propres 260
Deuxième inégalité énergétique 432,
504
Diffraction de l'onde électromagnéti- Fonction de Green pour le disque 361
que-386 - - et équation avec second membre
Discontinuité faible 114 363
~30 INDEX

Fonction de Green pour l'équation Opérateur linéaire borné 441


de la chaleur 467 de Lorentz 116
de Helmholtz 384 - symétrique 125, 132
- linéaire 213
- ~v - 'Av = 0 394
de l'opérateur de Laplace 352 Plan caractéristique 185
pour le rectangle 362 Points frontières irréguliers 347
d' Hermite et de Laguerre 238 - - réguliers 347
inférieure 342 Pôle de la fonction de Green 353
(s) en involution 61 Polynômes de Legendre 234
propre 215, 448 Potentiel de double couche 275
- régulière à l'infini 306, 312 - logarithmique 294
- de Riemann 122 - newtonien de volume 271
- subharmonique 339 - de simple couche 271
- subparabolique 490 Première inégalité énergétique 428
- superharmonique 339 Principe d'absorption limite 379
- supérieure 342 - de l'amplitude limite 379
- superparabolique 490 - de radiation 374
Formule de Green 120, 132, Problème(s) de Cauchy 13, 35, 91
- d'intégration par parties 130 - aux conditions initiales caracté-
- de Sobolev 136 ristiques 125
- extérieur de Dirichlet dans l'es-
pace 312
Inégalité énergétique 159, 508, 509 - - de Neumann dans l'espace 313
- généralisée de Cauchy-Bouniakov- - - pour le plan 306
ski 426 - intérieur de Dirichlet dans l'espa-
- de Harnack 303 ce 304
- de Schauder 421 - - mixte dans l'espace 305
Intégrale complète 45, 53 - - de Neumann dans l'espace 305
- générale 46 - aux limites pour l'équation de
- intermédiaire 103 Helmholtz 380
- singulière 46 Propriétés extrémales des valeurs et
fonctions propres 254

Méthode de d'A lembert 525 Résolubilité au sens de Fredholm 453


- de Cauchy 32
- de Fourier pour l'équation de la
chaleur 246, 475, 495 Série majorante 74
- - des vibrations 249 Solution distributionnnelle 171, 175,
d' Hadamard 136 345, 423, 498
de H olmgren 176 Spectre d'un opérateur 424
de Jacobi 69 Suite de Cauchy (ou fondamentale)
de Lagrange-Charpie 59 439
de Riemann 119 Surface:s) différentiables 11
de Ritz 267 de Liapounov 271
de Schwarz 330 - orientée dans l'espace 148
des séries majorantes 73 - parallèle 299
de Volterra 132 - régulières 11
Système(s) canoniques 71
- caractéristique 31
Norme(s) équivalente(s) 441 - complet 63
- d'un opérateur 441 - complètement intégrable 57
elliptique 188
hyperbolique 211
Ondes électromagnétiques 200 - jacobien 64
Opérateur adjoint 120, 448 - paraboliquement dégénéré 188
- - au sens de Lagrange 132 - quasi linéaire 188 .
INDEX 531

Tenseur de déplacement 416 Valeur directe de la dérivée normale


- de Green 416 287
Théorème de Courant 259 - du problème intérieur de Dirichlet
- de décomposition de Stéklov 241 382
- d'immersion 166 - propre 215, 448
- de Jacobi 55 Validité du problème de Cauchy 36
- de Kovalevskaïa 76 Variété caractéristique 22
Transformation de Kelvin 310 Vitesse de 'propagation de l'onde 194
- de Laplace 468

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