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4e Conférence Francophone de MOdélisation et SIMulation

“Organisation et Conduite d’Activités dans l’Industrie et les Services”


MOSIM’03 – du 23 au 25 avril 2003 - Toulouse (France)

SIMULATION D'UNE RELATION CLIENT/FOURNISSEUR


AU SEIN D’UNE CHAINE LOGISTIQUE INTEGREE :
MISE EN ŒUVRE INDUSTRIELLE
Olivier TELLEc,d et e, Caroline THIERRYe et f Gérard BELe

e : ONERA- DCSD
c : EADS Airbus 2 Av. Edouard Belin, BP 4025
316, route de Bayonne, BP M9136 31055 Toulouse Cedex 04
31016 Toulouse Cedex 03 Mél : bel@cert.fr
d : ENSAE f : Université Toulouse II Le Mirail
10 Av. Edouard Belin, BP 4032 5 allées Antonio Machado
31055 Toulouse Cedex 04 31058 Toulouse Cedex
Mél : thierry@univ-tlse2.fr

RESUME : Cet article présente un outil et une méthodologie d'aide à l’amélioration des relations logistiques entre un
donneur d’ordres et ses fournisseurs. La spécificité de cet outil d’évaluation de performance tient au fait qu’il modélise
la dynamique du comportement de coopération des deux acteurs impliqués dans une relation industrielle. Après avoir
présenté la méthodologie de mise en œuvre, nous abordons les concepts ayant présidé à la construction de cet outil de
simulation macroscopique dans le domaine aéronautique. Dans une dernière partie, nous présentons différents types
d'utilisation possibles et de résultats envisageables.

MOTS-CLES : Chaînes logistiques, Coopération, Evaluation de performances, Simulation

1. INTRODUCTION En effet, parmi les offres concernant la collaboration


entre entreprises de la chaîne d’approvisionnement, on
Pour améliorer la maîtrise de leur chaîne d'approvision- peut en identifier deux types : les outils informatiques
nement, les grands donneurs d’ordre effectuent des dé- pour coordonner les décisions et les bonnes pratiques qui
marches préventives et curatives de surveillance et de sont définies par des associations d’industriels.
soutien de leur réseau d'approvisionnement. Ces démar-
ches consistent à s'assurer autant de la qualité des pro- Parmi les outils informatiques, on peut citer les systèmes
duits approvisionnés, que de la performance des proces- de planification avancés (Advanced Planning Systems).
sus d'approvisionnement. C’est actuellement une préoc- L'apport de ces systèmes informatiques d’aide à la déci-
cupation importante dans le domaine aéronautique : sion tient à leur capacité de résolution, par des méthodes
Airbus, en particulier, accorde une grande attention à mathématiques d'optimisation, de problèmes de planifi-
l'analyse des interactions avec ses fournisseurs pour cation complexes insuffisamment couverts par les ERP
favoriser la compréhension mutuelle des objectifs de (Enterprise Ressource Planning), qui sont plutôt des
chaque acteur. systèmes transactionnels ([ERP 2002]). Pour ce faire, les
Dans cette étude, nous présentons une méthodologie, et APS favorisent l’application du principe de collaboration
un outil de simulation associé destinés au diagnostic puis en élargissant la gestion interne des entreprises à une
à l’aide à l'amélioration des performances des relations gestion globale de la chaîne logistique de l'entreprise.
Donneur d'ordres/ Fournisseur (DO/F) au sein d'une Ces systèmes sont généralement composés de cinq mo-
chaîne logistique. dules qui englobent de nombreux outils : Planification de
l’approvisionnement, Planification de la production et
2. ETUDE DE L’OFFRE ET ETAT DE L’ART ordonnancement, Planification de la distribution, Planifi-
cation du transport, Intégration des comportements aux
Cette étude a été motivée par le manque d'offres com- interfaces (contraintes d'approvisionnement et de distri-
merciales en outils permettant d'évaluer le véritable bution). L'inconvénient des APS est qu'ils peuvent diffi-
apport de la collaboration DO/F sur les objectifs stan- cilement fonctionner sans s’alimenter en informations
dards des donneurs d'ordres (réduction des délais d'ap- auprès des bases de données des ERP, bases de données
provisionnement, augmentation des livraisons à l'heure de très bas niveau. Or, la pratique des relations indus-
et réduction des stocks de sécurité). trielles montre que les industriels impliqués dans des
relations DO/F sont très réticents en ce qui concerne
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l'échange de ce type de données. Par ailleurs, le faible leurs comportements respectifs en ce qui concerne la
niveau d'intégration de comportements aux interfaces et planification des approvisionnements, de la production et
la non prise en compte de la dynamique du processus de de la distribution. L’outil proposé utilise des techniques
coopération ne permet pas de mettre en évidence les relevant de l’évaluation de performances et de l’aide à la
apports des démarches collaboratives sur la performance décision dans le domaine de la coopération industrielle.
des chaînes logistiques intégrées. La démarche d’aide à la coopération proposée s’appuie
Le besoin de collaboration/coopération a, par ailleurs, sur la chronologie type des étapes utilisant des approches
donné naissance à un ensemble de "bonnes pratiques" et évaluatives. Sa spécificité tient au fait qu’elle est conçue
de "techniques" permettant d’améliorer la collaboration pour être utilisée par un couple d’utilisateurs, acteurs
entre les clients et les fournisseurs. On peut notamment d’une réelle relation DO/F. Ainsi, ce qui ne pose pas de
citer ([CPFR 2002], [ECR 2002]) : problème dans une approche évaluative classique (le
- Le Collaborative Planning and Forecasting Resple- paramétrage du modèle et la révision des indicateurs de
nishment (CPFR) qui vise à formaliser le processus de performances) le devient dans ce contexte d’utilisation
conduite conjointe du processus d ’élaboration des prévi- commune. La considération des besoins de confidentia-
sions et de gestion des approvisionnements ; lité sur les données et sur les stratégies individuelles
- L’Efficient Consumer Response (ECR) qui a pour d’une part, et la facilitation d’une attitude coopérante
objectif d’assurer un flux de marchandises sans rupture d’autre part, s’ajoutent alors aux contraintes de réalisa-
ainsi que de fiabiliser et fluidifier les flux d ’information tion des approches évaluatives classiques.
correspondant ;
- La Gestion Partagée des Approvisionnements (GPA ou 4. DYNAMIQUE DE LA RELATION
VMI pour Vendor Manage Inventory ) qui consiste en la
prise en charge par le fournisseur des approvisionne- La méthodologie doit permettre d'analyser les effets de la
ments des entrepôts et/ou magasins du distributeur dans collaboration sur les performances des relations DO/F.
le cadre d ’un contrat de coopération ; Pour cela, elle intègre une simulation informatique per-
Toutes ces pratiques collaboratives utilisent l’Echanges mettant à chaque acteur d’analyser individuellement ses
de Données Informatiques (EDI ) et les Nouvelles Tech- performances personnelles, puis d’évaluer ensemble
nologies de l’Information et de la Communication celles de la relation DO/F qu’ils forment. Cette simula-
(NTIC) avec notamment l’utilisation du E-Business. Ces tion repose sur un modèle macroscopique qui permet de
nouvelles technologies permettent d’avoir accès à plus simuler la dynamique des échanges de produits et
d'informations en temps réel. Elles permettent donc de d’informations conformément au comportement de pro-
partager des informations entre les acteurs de la chaîne duction et de gestion de chacun des acteurs. Elle doit
logistique. Par contre, elles ne permettent pas de savoir permettre d’évaluer, hors ligne et conjointement entre
quelles sont les informations qu’il est judicieux plusieurs partenaires, le processus de coopération entre
d’échanger et comment elles doivent être exploitées par ceux-ci et l’influence des comportements respectifs des
les différents acteurs de la chaîne logistique. acteurs de la relation sur ce processus. Cet outil est alors
Cette étude de l’offre commerciale nous a donc montré un vecteur de communication entre les deux parties,
qu’il existe des outils de planifications avancées d’une catalyseur de la coopération pour le diagnostic et la prise
part et des technologies permettant l’échange de décision.
d’information d’autre part. Par contre aucun outil ne Le processus d’utilisation de cette simulation consiste à
permet d’évaluer les performances du processus dyna- recréer la dynamique d’une relation industrielle : c’est à
mique de coopération entre les partenaires et l’influence dire faire brièvement reconstituer aux couples DO/F la
des comportements respectifs des acteurs de la relation succession des phases de négociation, de collaboration et
sur ce processus. de coopération, [Lauras et al 2002], en s’appuyant sur le
Au niveau académique de nombreuses études ont été cadre des approches évaluatives (Figure 1). Pour cela il
réalisées récemment sur l’intérêt du partage s'agit d'abord de définir le système à simuler c (phase
d’informations au sein d’une chaîne logistique ([Cachon de négociation) puis de modéliser le système d à l’aide
et Fisher 2000], [Lee et al 2000], [Raghunathan 2001], du cadre de modélisation offert par l’outil (phase de
[Cachon et Larivière 2001]…). Ces études permettent collaboration).
notamment de montrer que la manière dont les acteurs A l'issue de ces premières étapes, le simulateur est utilisé
interprètent les informations échangées a une importance en tant qu'outil d'aide à la validation de politiques logis-
non négligeable sur les bénéfices de cet échange tiques. Selon l’approche évaluative du type what-if, les
d’informations. participants définissent alors individuellement e diffé-
rentes configurations du système qu’ils envisagent en
3. APPROCHE PROPOSEE correspondance avec leurs objectifs stratégiques et in-
dustriels propres, puis exécutent f une simulation. Pour
L’objectif de cette étude est de proposer un outil, et la cela, on leur suggère d'utiliser des trames de modélisa-
méthodologie d’utilisation associée, afin de permettre, à tion séparées qui garantissent autonomie et confidentia-
deux partenaires, d’évaluer plusieurs politiques de colla- lité. L'outil restitue alors un fonctionnement proche du
boration (façons dont les informations sont échangées et fonctionnement réel, dans le sens ou chaque acteur pour-
traitées par les acteurs de la relation) en tenant compte de ra évaluer individuellement la politique envisagée au
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regard de ses propres objectifsg, en s'appuyant sur ses le donneur d'ordres, les fournisseurs du fournisseur et les
propres indicateurs. Selon le niveau de performances autres donneurs d'ordres du fournisseur. Des trames de
atteint, les acteurs pourront décider ensemble de modi- modélisation prédéfinies permettent de représenter de
fier la politique de coopération testée h. A l'issue de manière détaillée les caractéristiques des acteurs directs
cette utilisation itérative, les conclusions i s'exprime- de la relation, le fournisseur et le service approvisionne-
ront de différentes manières selon que les actions à réali- ment du donneur d'ordres (Figure 2). Les comportements
ser sur le système réel seront plutôt à la charge de l'un, des acteurs indirects sont représentés, quant à eux, de
de l'autre ou des deux acteurs. manière plus synthétique (en ce qui concerne ces acteurs
On peut dès à présent imaginer certaines d'entre elles : indirects seul le comportement des fournisseurs des
modification d’un mode de gestion pour le fournisseur, fournisseurs sera présenté ici).
réglage des paramètres d'approvisionnement pour le
donneur d'ordre, utilisation en cascade de l'outil par le Four A Fournisseur Donneur d'ordres

fournisseur avec ses fournisseurs, etc. SP

SA DIST
CONDUITE
Fournisseur Donneur d'ordres SPd
PILO
TAG
E

APPRO DIST
APPRO DIST
SP

n SA DIST PROD PROD

Définir le système SPd


Flux physique
Four B Flux d’informations

o
Modéliser
Figure 2. : Le système multi-agents

p L’approche de modélisation utilisée est une approche


Paramétrer
multi-agents, dont l'agent élémentaire est l'entreprise.
Pour implémenter ce modèle, nous utilisons des acteurs,
q pour représenter les sous-agents de l'agent Entreprise
Lancer la [Le Page 1993] et la technique de simulation à événe-
simulation ments discrets pour transcrire la dynamique du modèle
r [Bel 1998]. L'évolution du modèle multi-agents simule
Analyser
alors la circulation au cours du temps des flux physiques
sModifier et d’informations coexistants au sein d’un maillon d’une
chaîne logistique :
t
Conclure
− L'envoi périodique de prévisions (DO vers FOUR) ;
− La réception, l'interprétation et l'intégration des
prévisions (FOUR et FOUR DU FOUR) ;
Figure 1.Approche méthodologique. − Le calcul périodique des plans d'approvisionnement,
de production et de distribution et l'envoi des ordres
5. L'OUTIL DE SIMULATION DE LA de fabrication, d’achat et de distribution au système
DYNAMIQUE DES COMPORTEMENTS physique (DO et FOUR).
− L'exécution des ordres par le système physique
L'outil de simulation macroscopique propose une inter- (FOUR) : la production des produits, les transmis-
face graphique propice à la construction rapide des mo- sions des ordres d'achat vers les fournisseurs et les
dèles des relations étudiées. Les principales vocations de livraisons au donneur d'ordres.
cet outil sont de faciliter : − La livraison des matières et composants (FOUR DU
− La détermination, par des non-spécialistes, d’un FOUR vers FOUR).
modèle macroscopique d’une relation DO/F.
− La simulation des systèmes de produc- 5.1. Modélisation du fournisseur
tion composant une chaîne logistique ;
− L'étude de l’influence des comportements de pilo- Trois sous-agents de l'agent Fournisseur permettent de
tage sur les performances des acteurs. décrire les trois fonctions principales de l'entreprise :
l'approvisionnement, la production et la distribution.
5.1. Structure Pour pouvoir simuler la circulation des flux, l'agent intè-
gre un modèle qui représente d’une part l’aspect logisti-
L'outil permet de décrire une relation DO/F en tenant que (circulation du flux de produit), d’autre part l’aspect
compte des caractéristiques et des comportements de pilotage ( pilotage des flux et coordination des ressour-
tous les acteurs qui ont de l'influence sur la circulation ces) [Telle et al 2001]. Or, dans un processus industriel
des produits et des informations. Ce sont : le fournisseur, de production, les actions de coordination s'appuient sur
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différentes techniques de pilotage (flux tiré, flux poussé, plans d'approvisionnement (ajouts ou annulations de
flux asservi) qui cohabitent suivant différents horizons besoins) ou des retards de fabrication. Bien que pertur-
de décision (court, moyen et long termes). Pour gérer bantes du point de vue des fournisseurs, ces variations
ceci, un quatrième sous-agent, le sous agent Système de participent à un phénomène plus général de consolida-
Conduite (Figure 2), est spécifiquement chargé de la tion progressive de la valeur des prévisions. L’étude,
conduite moyen terme (gestion par planification, MRP), l’analyse et la considération de ce phénomène et de son
tandis que le pilotage court terme reste à l'initiative des interaction avec les stratégies de gestion apporte des
acteurs des trois autres sous-agents (gestion du type informations intéressantes en terme de pilotage collabo-
renouvellement de consommation, kanban). ratif de la chaîne logistique.
La caractéristique de notre modèle est de permettre la Aussi, le module d’approvisionnement du donneur
modélisation d’une relation industrielle composée de d’ordre contient une modélisation de ce phénomène de
plusieurs acteurs selon différents niveaux de détails. consolidation des plans d’approvisionnement. Un exem-
Cependant, en terme de performances informatiques, une ple de ce raffinage progressif de la prévision apparaît
telle approche nécessite de limiter la décomposition de Figure 4. On y remarque les différents événements in-
l'agent Fournisseur. La description des systèmes physi- dustriels provocants les ajustements successifs des prévi-
ques sera réalisée à partir de données suffisamment ma- sions correspondant à la quantité appelée en t0+2PP (les
croscopiques pour ne pas pour nécessiter un trop grand quantités successivement prévues sont 7, 3 et 4).
nombre de données et suffisamment précises pour reflé-
ter les interactions des différentes stratégies modélisées. t0
HF HP

Ordres Planifiés à t0

1.1.1 Modélisation du donneur d'ordre Plan d’appro à t0 3 2 7 3 6

Appels de t0 à t0+PP
Dédié aux relations entre Airbus et ses fournisseurs, cet rectification ajout
outil modélise le mode d’expression des besoins t0+PP
Ordres Planifiés à t0+PP
d’Airbus qui génère deux flux d’informations distinctes
et reliées : Plan d’appro à t 0+PP 3 3 4 6 5

- Les appels : ce sont des ordres fermes de livraison, dont Appels de t0+PP à t0+ 2PP
annulation
les paramètres (cycle et quantité) sont définis avec le décalage
t0+2PP
fournisseur. Ils sont déclenchés par le système physique Ordres Planifiés à t0+ 2PP
d'Airbus. 4 4 2 6 6
Plan d’appro à
- Les Plans d'Approvisionnement : ce sont des regrou- t0+ 2PP

pements d'ordres de livraisons planifiés (issus de la des- Appels de t0+2PP à t0+ 3PP
cente en cascade du MRP, des estimations calculés sur la
base d'historiques de consommation ou de plans de li- Bilan des Appels
vraisons d’avions). Ces prévisions d’appels sont regrou-
pées sur deux périodes (Figure 3) : l'horizon engagé Figure 4 : Expressions des besoins
flexible (HF) pour lequel les prévisions exprimées cor-
respondent à un engagement sur la quantité totale mais
1.1.2 Modélisation des fournisseurs du fournisseur
avec une flexibilité sur les dates d'appel et l'horizon
prévisionnel (HP) sur lequel les prévisions ne corres-
Pour traduire les interactions des fournisseurs du four-
pondent ni à un engagement sur la quantité, ni sur les
nisseur sur la relation, l’outil propose un ensemble des
dates d'appel, mais à la meilleure estimation des besoins
modèles de comportements types relatifs à la façon dont
au moment de leur élaboration. Cet horizon est discrétisé
ces fournisseurs réalisent les livraisons. Deux caractéris-
en périodes notées Pp.
tiques sont prises en compte : la performance de livrai-
Horizon engagé Flexible Horizon Prévisionnel son à l'heure et le taux de rebuts par livraison. Concer-
nant les délais de livraison, deux comportements sont
Pe 1 Pe 2 Pe 3 Pp 1 Pp 2 t
proposés selon que la performance de livraison à l'heure
est périodique ou globale sur la durée de la simulation.
Figure 3. Plans d’approvisionnement Pour la performance qualité, un décalage de livraison,
correspondant dans la pratique à une réparation d’une
Les Plans d'Approvisionnement sont transmis à période livraison non conforme, est introduit sur le délai de li-
fixe (PP) aux fournisseurs. Chaque nouveau plan rem- vraison.
place et annule les précédents. En raison de l'imprévisi-
bilité de l'environnement industriel, la quantité d'appels 6. MISE EN ŒUVRE INDUSTRIELLE
effectivement générés au cours d'une période peut être
différente de celle indiquée par le plan d'approvisionne- Au sein d’Airbus, on envisage d’utiliser ce simulateur
ment. comme un moyen pédagogique permettant d’épauler les
Les variations entre quantités appelées et quantités pré- fournisseurs à risques dans leurs démarches d'améliora-
vues se traduisent par différents phénomènes tels que des tion. L'outil facilite l'interprétation de différents types
décalages de besoin dans le temps, des rectifications des d'actions d’amélioration et facilite la décision conjointe-
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ment avec les fournisseurs sur les actions à entreprendre. tion bimensuelle. Le délai de planification des lance-
Pour présenter la contribution de la méthodologie à ments des ordres de fabrication est de 8 jours.
l'amélioration de la performance logistique d'un couple
DO/F, considérons les trois questions suivantes : 6.1.1. Caractéristiques du donneur d’ordre
- Comment un fournisseur doit-il interpréter les plans
d'approvisionnement de son DO ? Le donneur d'ordre transmet ses plans d'approvisionne-
- Quelle influence ont les plans d'approvisionnement sur ment chaque mois, avec un horizon engagé flexible de 3
la performance d'un fournisseur ? mois et horizon de prévisions de 6 mois. Dans l'horizon
- Comment coordonner des actions d'amélioration bilaté- engagé flexible, il regroupe mensuellement l'information
rales au sein d’une relation DO/F? sur ses engagements. Son besoin moyen est de 32 pro-
Ces questions symbolisent les différents axes de travail duits par mois. Cependant, dans la réalité cette demande
abordés par les industriels. En effet, la première question n’est pas constante. Ceci se traduira par des décalages
est centrée sur le comportement et la performance du d'appels tout au long de l’horizon sur lequel on va simu-
fournisseur, tandis que la deuxième interroge sur l'impact ler le phénomène. Les plans d'approvisionnement en-
du donneur d'ordres sur la relation. La troisième question voyés au fournisseur varient donc en fonction de l'état de
aborde la problématique de l'organisation de la collabo- la demande au moment de leur calcul. La Figure 6 donne
ration, fondement de la logique de chaîne logistique. un exemple des fluctuations du carnet de commandes
Dans la suite de ce paragraphe, un exemple simple d'une résultant que l’on considérera comme situation initiale
relation DO/F est proposé pour identifier le type de ré- ou condition d’expérimentation.
ponses que peut apporter l'outil à ces trois interrogations.
50
6.1. Définition du système 40
30
Considérons un système comprenant un fournisseur 20
10
réalisant un unique produit fini, son donneur d'ordres et
0
son fournisseur de composants. 1 6 12 18 24 mois

6.1.1.Caractéristiques du fournisseur Figure 6. La demande du DO (extrait Logilink)

L'atelier du fournisseur est composé de 8 ressources 6.2. Simulations


regroupées en 4 centres de charge, que nous modélise-
rons par une seule entité macroscopique : l'atelier A partir de cette condition d’expérimentation, nous al-
(Fgure5). lons envisager différents scénarios d’utilisation de l’outil
Goulot
pour mettre en lumière les réponses aux questions posées
en début de chapitre, en suivant notre méthodologie.
Pour représenter l'évolution du système au cours de la
simulation, deux types d'indicateurs de performance sont
utilisés :
- des indicateurs de performance du fournisseur (niveau
de stock, quantités livrées par rapport aux quantités
Figure 5. Modèle du fournisseur commandées) (Figure 7) ;

10
Dans la simulation macroscopique du comportement de 5
Niveau de stock
production de cet atelier, on prend en compte la durée de 0
fabrication totale des produits et la durée de fabrication -5
sur le goulot pour déterminer la cadence de sortie des -10 50

pièces de l'atelier. Le cycle de fabrication des produits -15 40


Qté Com
1 6 12 18 24 mois
peut être ainsi calculé au fur et à mesure du déroulement 30

de la simulation en tenant compte du nombre de produit 20


Qté Liv
10
en cours de fabrication et de la file d'attente devant la 0
ressource goulot,. 1 6 12 18 24 mois

Dans l’exemple proposé, l'atelier fonctionne en 1x8 et la


durée de fabrication des produits est de 50h. L'atelier est Figure 7. Indicateurs de performance
capable de livrer au maximum de la cadence acceptable
par la ressource goulot, soit 32 produits par mois. Pour - des indicateurs de performances du donneur d'ordres
une demande plus importante, le cycle de fabrication (variabilité de la demande (Figure 6) et ratio de com-
sera supérieur à la durée de fabrication. mandes livrées à l'heure, livrés avec une période de re-
Le type de pilotage choisi est le mode planifié MRP sur tard et livrés au delà d'une période de retard) (Figure 8).
un horizon de 4 mois et avec une fréquence de planifica-
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6.2.1. Expérimentations orientées DONNEUR D'ORDRES d’approvisionnements du DO et délai de planification du


fournisseur amplifie les effets de la variation de la de-
Ici, l'objectif du couple DO/F est d'identifier dans quelle mande. De telles expérimentations peuvent contribuer à
mesure le donneur d'ordre peut influer sur la perfor- définir la coordination entre DO/F avant le déploiement
mance de son fournisseur. Son levier d'action est le pa- par les praticiens.
ramétrage des plans d'approvisionnement, notamment
leur fréquence d'envoi et les tailles des horizons de pré- 7. CONCLUSION
vision.
Concernant la fréquence d'envoi, les résultats des simu- Au sein d’Airbus, différents projets visant à améliorer
lations mettent rapidement en évidence que pour un les relations avec les fournisseurs, ont montré qu’il
fournisseur dans une situation critique la mise à jour existe un besoin d’outils quantitatifs permettant
fréquente des prévisions est source d'amélioration (Fi- d’évaluer la pertinence d’un type de coopération donné
gure 8). entre deux acteurs de la chaîne logistique qui se concré-
tise par des échanges d’informations et de modèles. Une
Envoi Mensuel étude de l’offre commerciale ne nous a pas permis
100
% d’identifier un outil de ce type. Nous proposons donc un
outil et une méthodologie de mise en œuvre de cet outil
Retard >1p
qui permet l’analyse conjointe du processus de coopéra-
0%
1
Retard <1p
6 12 18 24 mois
tion par le donneur d’ordre et le fournisseur. Une modé-
lisation simple d’une relation de ce type au sein d’une
A l'heure
Envoi Bimensuel chaîne logistique a été réalisée avec cet outil de simula-
100
%
tion macroscopique. Elle permet de mettre en évidence
les potentialités de cet outil en présentant les questions
types auxquelles il peut apporter des réponses. Ces
0%
questions symbolisent les différents axes de travail abor-
1 6 12 18 24 mois
dés par les industriels. La validation de la méthode est en
cours dans le cadre d’un premier projet pilote chez un
Figure 8. Fréquence d’envoi des prévisions sous-traitant.
Ces "fréquentes mises à jour" se traduisent par une inten- REFERENCES
sification du processus de consolidation progressive et [Cachon et Fisher 2000], Cachon G.P, Fisher M. "Supply
donc des flux d’informations échangées. Dans la prati- chain inventory management and the value of shared
que, il est peu fréquent qu'un fournisseur en situation information", Management Science vol 46 N°8, 2000
critique soit un fournisseur enclin à traiter un plus grand [Cachon et Larivière 20001] Cachon G.P., Larivière
nombre d’informations, notamment dans ses processus M.A., "Contracting to assure Supply : How to Share
de planification. Cependant de telles simulations peuvent Demand Forecasts in Supply Chains", Management
lui montrer tout l’intérêt d’une telle pratique. Concernant Science, vol 47, n° 5, 2001.
la variation des tailles des horizons, des expérimenta- [CPFR 2002] http://www.cpfr.org
tions faisant successivement croître l’horizon engagé [ECR 2002] http://www.ecrnet.org
flexible permettent au couple DO/F de noter l’existence [Lauras et al 2002] Lauras M., Parrod N., Telle O., "Les
d’une taille limite d’horizon au-delà de laquelle relations industrielles : 3 approches dans le domaine
l’information n’est plus indispensable pour les décisions de la gestion des chaînes logistiques", communica-
de pilotage. Dès lors une décision envisageable pourrait tion GRP Tarbes, 2002.
être la création de deux types de prévisions, celles utili- [Lee et al 2000] Lee H.L., So K.C., Tang C.S., "The
sées à moyen terme pour le pilotage des systèmes de value of information sharing in a two level supply
production et celles utilisées à long terme pour leur di- chain, Management science, vol 46 n° 5.
mensionnement. [Le Page 1993] Le page P., "Analyse des relations
clients-fournisseur par une approche multi-agents",
6.2.2. Expérimentations orientées couple DO/F Thèse Ensae, 1993.
[Raghunathan 2001] Srinivasan Raghunathan, "Informa-
Lorsque le couple DO/F a décidé de prendre en compte tion sharing in a Supply Chain : A note on its value
sur le système réel les résultats des comportements si- when demand is non stationary", Management
mulés présentés ci-dessus, il demeure la problématique Science, Vol 47, N° 4, 2001.
de la coordination de ces actions d’améliorations bilaté- [Telle 2001] Telle O., Thierry C., Bel G, Pistre T. "Rela-
rales. Le couple DO/F peut alors évaluer la pertinence tion client fournisseur dans le domaine aéronautique :
d’effectuer simultanément ou chronologiquement les un modèle de simulation", acte de Mosim’01, Troyes
différents réglages de leur outil de pilotage respectif. 2001.
Notamment, des simulations montrent qu’augmenter [ERP 2002] http://prisma.insa-lyon.fr/GroupeERP
simultanément fréquence d’envoi des plans

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