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D.

Guillaume

LETTRES : PROGRAMME 3
Crébillon fils, La Nuit et le moment,
Le hasard du coin du feu

Dates Cours
1) mardi 13 janvier Explication 1 :
14 janv. Intro.1
Colles X
15 janv. Intro. 2
2) mardi 20 janv. Explication 2 :
21 janv. Thème 1 : Clitandre et Clerval
Explication 3 :
22 janv. Dissertation : exercice
samedi 24 janvier DS 3 de Littérature française
3) mardi 27 janvier Expl. 4 :
28 janv. Thème 2 : La scène du désir
Colles Y
29 janv. Thème 3 : Cidalise et Célie
Explication 5 :
4) mardi 3 février Expl.6 :
4 fév. Thème 4 : Langage et libertinage
5 févr. Thème 5 : L’amour et la guerre
Expl. 7 :
5) mardi 10 février Expl. 8 :
11 févr. Correction DS 3
Colles Z
12 févr. Expl. 9 :
LETTRES : PROGRAMME 3
Crébillon fils, La Nuit et le moment,
Le hasard du coin du feu

Bibliographie

— 1) Sur le roman :
. Colette BECKER (dir.): Le Roman, « Grand amphi » Bréal, 1996
. Anne HERSCHBERG PIERROT : Stylistique de la prose, « Lettres Sup »Belin, 1993

— 2) Sur Crébillon fils


. Claude REICHLER, L’Âge libertin, Minuit, 1987
. Ernest STURM, Crébillon fils ou la science du désir, Niezt, 1995 (1970)
. Jean SGARD, Crébillon fils, Le libertin moraliste, Desjonquères, 2002
. Bernadette FORT, Le langage de l’ambiguïté dans l’œuvre de Crébillon fils,
Klincksieck, 1978
. Carole DORNIER, Le discours de maîtrise du libertin, Étude sur l’œuvre de
Crébillon fils, Klincksieck, 1994
. Violaine GÉRAUD, La lettre et l’esprit de Crébillon fils, SEDES, 1995

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RÉSUMÉ 1 : La Nuit et le moment

— Épigraphe : Haec legite, Austeri, crimen amoris abest. Ovide


[« Lisez, censeurs rigides ; il n’y a point ici d’amour criminel. »]

— [39] À la campagne, chez Cidalise ; Clitandre entre en robe de chambre chez Cidalise.
+ Cl s’étonne que Ci ne soit pas plus offusquée ; [40] elle se change et se met au lit, gardant
une de ses femmes de chambre ; Cl se met sur fauteuil près du lit.
. Chacun s’étonne de la disponibilité de l’autre — Ci veut par voir Éraste, et Cli
Araminte ; [41] Ci a fait venir Araminte pour Cli, qui n’en veut pas — pourquoi pas
Célimène, Belise, Luscinde et Julie ; Cli s’en défend, puisqu’il y a Cléon, Oronte et Valère ; il
est là depuis 8 jours, eux depuis avant-hier, et les femmes aujourd’hui.
. [42] Sans la présence importune d’Ér, Cid se serait réjoui de l’embarras de Cli parmi
4 femmes qu’il a eues et qui conservent prétention sur lui ; Cli se souvient à peine ; [43] cas
de Célimène ≠, l’a tendrement et longtemps aimée ; Cél lui fait reprocher par Cid sa cruauté ;
Ér demande aussi à Cli de parler pour lui auprès de Ci ; [44] vante sa bonté et ne lui fait pas
porter ts les torts de la rupture. Ci esprait l’avoir découragé de venir en lui battant froid lors
d’un souper, 7-8 jours av départ de Ci, chez la petite Comtesse qu’il voulait rendre jaloux ;
[45] Cli trouva le souper — avec Cél, Ar, Ci et Ér — gracieux, elle détestable ; elle s’étonne
de sa sécherese / Ar, que le Public lui donne ; Cli demande à ce qu’on congédie Justine, pour
qu’il puisse répondre aux questions de Ci. [46] « On attendra que Mme sonne. »

— [46] Ci et Cli seuls.


+ [47] Ci s’alarme de ce que pourra penser Justine, comme d’un RDV arrangé ; Cli avoue
qu’il y gagne ; [48] a pris Araminte ss l’aimer, tirade — ds l’esprit de la Philosophie moderne
(appliquer ratio desc à la morale) sur différence amour-désir, confusion des deux ; [49] idées
en vogue plus que vraiment les siennes ; selon Ci, pourrait aimer une plus digne que Cél, qu’il
dit mépriser ; [50] pas non plus Araminte, s’en ira si elle reste.
. [51] Insistance de Ci > Comte (cf. 50) accepte de conter détails / Arm : au
commencement de l’été chez Julie ; commençait de guérir / Cél + reprenait de l’amour pour
Ci, qui lui en avait donné à son entrée ds le monde ms alors avec Éraste, ms se pensait sûr
l’échec de ce côté, Ci confirme, [52] Ér lui était pourtant infidèle confie Cli, comment a-t-elle

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pu aimer un tel h, malade de profession par surcroît ; [53] elle ne comprend pas comment elle
a pu l’aimer, se jure de ne plus aimer ; Cli reprend : familiarité et agacement d’Arm ; « Ns
somme libertins » > comment se défendre ; [54] lui dit choses libres qu’elle prend pour
galanteries, abuse de sa faiblesse ds un bosquet ; [55] s’excuse, elle le prie de la retrouver
après dîner ds sa chambre, elle est trop tendre, il rend sa visite au plus vite, refuse d’éteindre
bougies et fermer rideaux ; [56] sur ses supplications, lui dit qu’il l’aime, ce qui l’embrase ;
sécheresse de Ci ; Cli explore apparence d’Arm, dont elle semble se louer [57], or très
décevante (« quelle monstre ! », « ne tient pas tout ce qu’elle semble promettre ») ; [58] Ci se
demande comment femme ainsi laide ne se contient pas : discrétion des hs, selon Cli (« de ces
sortes d’espèce dont on ne dit rien » < égard pour soi ou méchanceté / autres) ; Cli ne l’avait
rencontre qu’à la oge Opéra + chez les Princesses.
. [59] rideau retombe > que Cli l’arrange > il s’assoit sur le lit.
+ [59] Charme cachée d’Arm ? Non, dit Cli = elle feint, pour tenter de se croire aussi
heureuse qu’elle souhaite l’être ; [60] Cli se languit avec la grosse Arm, [61] tenta de
découvrir sa tendresse « par les minuties » ; dura 5-6 jours ; se retrouvent à Paris comme si
s’étaient vu aux eaux, politesse ; puis un mois + tard la trouve à un dîner donné par Valère ds
sa petite maison, abec Luscinde, Julie et une petite provinciale parente de Lusc ; hs = Valère,
Oronte, Philinte et Cli ; dîner fol, chacun se partage le jardin après ; Arm lui annonce un
grand bonheur ; [62] Cli vérifie ( ? ? ? ?) : elle a menti > depuis, le persécute de son amour ;
en arrivant chez Ci, passe de la dignité au sentiment, et le supplie de venir ds sa chambre ou
qu’elle passe chez lui.
+ [63] Ci lui croyait plutôt affaire avec Julie ; il frissonne < a froid < est nu, ce que Ci lui
reproche ; [64] proteste qu’il n’était pas sûr de venir, ms que l’idée de vérifier si elle avait un
RDV fut la plus forte ; elle sait comme il la respecte ; [65] elle veut l’histoire de Julie ; moyen
= « me laisser [me] coucher avec vous » ; [66] sont seuls, elle est à sa merci, et ne sera pas
moins sage ds son lit que dessus ; elle refuse ; lui épargne douleur de consentir : se dévêt et se
jette ds le lit, l’enlace.

— [66] Cli et Ci ds le lit.


+ [66] Ci le menace de ne jamais le revoir ; qu’elle ne crie pas : que dirait-on, à les trouver
ainsi ? [67] la lâche ; refera le lit en partant ; [68] elle rit de sa situation, il l’approuve ; aucune
autre femme ne l’attend à part Araminte ; lui préférerait certes Julie : a plus de sensibilité ;
[69] comment donc doit être une femme, pour plaire et ne pas inquiéter ? comme Ci =

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sensibilité que l’amant doit aller chercher et qui ne s’éveille qu’à sa présence ; Éraste l’a
informé, puisqu’il ne vit pas avec Damis ; vanité des hs ; Cli eût été plus discret > [70 ] veut
faire croire à son amour pour elle ?
+ [70] Cli s’approche et s’étonne gravement qu’elle en doute : elle le rabroue [71] et lui
demande de s’en aller : mais son apt est en face (elle le lui a fait attribuer ?) > Cli craint Arm,
partira avant qu’on vienne ; pb Justine s’ils s’endorment ; [72] qu’il s’en aille ; ms ses
sentiments le poussent au respect ; on verra demain ; il s’enflamme ; [73] ils sont amis depuis
longtemps, il l’aime depuis lgts ou pas du tout ; depuis qu’il l’a vu, dit-il ; et toutes ces
femmes : type Arm + Aspasie et Célimène, tendrement aimées, première morte, seconde
perfide > comment l’aimerait-il ? [74] elle aimait Damis quand se sont connus, puis il partit
en Italie, et elle était avec Éraste ; elle a répondu froidement à sa lettre de Turin, sur les
infidélités de Damis et sa propre tendresse < elle souffrait, et crut à une politesse ; après deux
affaires qu’elle se reproche, et ne voulant pas passer de bras en bras, elle aspire à la
tranquillité ; [75] ce que le Public désaprouve, c’est le choix d’Éraste, et elle aura besoin
d’aimer : Cli lui doit de ne pas l’importuner, ms se porte candidat ; on verra ; il est l’h qu’elle
estime le plus au monde >
+ [75] lui baise la main + veut lui parler de son amour ; elle lui rappelle son engagement >
[76] il lui doit l’histoire de Julie ; il se révolte : elle coupe le fil de leur histoire, [77] il veut lui
parler d’amour : qu’il parte ; que lui donne-t-elle pour qu’il se taise sur cette nuit ? [78] hist
incroyable > si elle lui accordait faveur : approche indécente, elle se libère.
. [78] colère, vous ne m’aurez point + rupture de relations ; protestation d’amour de
Cli [79] + douleur, étant donné son désir ; que son effort prouve la vérité du sentiment ;
puissance du moment sur les hs ; Cli se l’aime pas, veut avoir une bne histoire à raconter ;
[80] n’est pas h à bnes fortune, elle lui reproche un silence dû à son respect d’amoureux, a
attendu qu’elle soit libre, et de l’émouvoir ; Ci pourrait désirer qu’il dise vrai.
. [81] Cli se défend mollement de l’étreinte de Cli ; elle craint de retrouverds amour ce
qu’elle a en horreur ; qu’elle se rassure ; elle s’approche et lui guère décent > proteste, il la
lâche et elle pleure, il se pique ; [82] elle le congédie ; il va partir pour jamais ; cherche sa
robe de chambre pour qu’elle ne le voie pas nu ; elle lui donne, il l’enlace, [83] elle lui avoue
ne pas le haïr, puis l’adorer, il tombe sur sa gorge.
. [83] Ci se lamente sur amour revenu ; ardeur de Cli ; [84] elle n’est pas coupable de
se rendre, selon Cli, puisqu’elle l’aime depuis un moment, il le sait à divers signes (confiance,
sacrifice, aigreur / autres fs, crainte qu’il ne vienne pas, empressement à le chercher), et

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l’accable de caresses dont elle ne se défend qu’à moitié ; [85] elle dit ses craintes, et manifeste
sa tendresse, tout en se défendant contre caresses, [86] protestant de sa tendresse, Cli de + en
+ entreprenant.

— [86] Cli et Ci deviennent amants.


+ Cli force Ci, [87], qui lui fait reproches terribles ; modération n’était plus ds le pouvoir de
Cli ; il aurait dû respecter les motifs de Ci, même risibles ; [88] Cli offre son pardon, Ci rit et
di que devrait être moins cruelle, pour mettre Cli ds l’embarras, ce qu’il reçoit comme une
provocation > lui prouve qu’elle a tort, elle demande pardon puis se fâche ; [89] nart passe sur
propos décousus et preuves de gratitude.
. [89] Ci ne doit pas s’en vouloir ; elle craint de le perdre ; il l’adore et le lui prouve ;
[90] elle pense lui avoir coûté trop peu, l’adore et s’en veut d’avoir appartenu à d’autres, nott
Éraste ; [91] aurait pu être à lui avant si ne craignait tant l’amour + s’il n’avait pas repris Cél
> rage ; il a entendu son mot de l’Opéra (> tutoiement + baiser d’elle) ; un mois avant liaison
réel, Ér s’est vanté auprès de Cli d’avoir tout réglé avec elle > Cli dissuadé ; [ 92] lui aussi
regrette Arm — et Bélise, au moins joli ms ss vouloir la garder + horrible car il aimait en
même temps Aspasie ; [93] garda Asp un mois, après soirée petite maison pendant absence
de moitié d’Asp ; continue d’entreprendre Ci, qui se reproche d’être trop sensible.
+ Retour vers la galité. [94] Sa langueur tendre se voit ; les connaisseurs préfèrent indolence
et modestie ; Cél froide des sens, seule sa tête s’anime > [95] pleure de ne pouvoir ni éteindre
ni satisfaire ses désirs ; l’a quitté pour un genre d’Ér qui la déçoit, forcément.
. [96] à part Asp et elle, Cli n’a connu que des femmes ordinaires ; vanité +
désœuvrement, amour est ce que les fs préfèrent ; Cli fut à al mode par qqs femmes qui
donnaient le ton ; tête lui a tourné ; [97] Asp l’a éduqué vers plus de vertu ; maintt entre mains
de Ci ; elle lui dit amour et sincérité, lui reproche d’en manquer, qu’elle se calme ; [98] elle le
voudrai jaloux d’Éraste et Damis ; nvelle échange de preuves, [99] résistances > reproche ;
Julie serait-elle moins étonnée qu’Ar de ses exploits ? Ne l’a eue qu’une après-dîner ; [100]
été dernier, chaleur extrême, elle ds charmante attitude ; conversation sur le chaud > [101] elle
avance que chaleur anéantit capacité des hs ; lui oppose calme démenti ; [102] la convainc
qu’il est ce phénomène, ce qui la stupéfie ; [103] approfondie la démonstration après avoir été
fermer la porte ; [104] se quittent alors car elle aimait Cléon ; elle évite Cli ; l’hiver dernier, se
retrouvent seuls chez Lucile pas encore rentrée ; Cli lui demande si doutes sur effets du froid,
la met ds l’embarras par ses tendres démonstrations ; elle pleure, il demande pardon ; [105]

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se serait pê donnée si Lucile pas rentrée, ms Cli dédommagé le soir même par Lusc..
. [105] Ci veut avoir hist de Lusc, car elle la déteste ; pas pour rien ; soit, si Cli revient
nuit prochaine : bien sûr, car aura du mal à se contraindre, [106] qu’elle lui permette plus de
tranquillité, soit répond-elle avec transport, nart supprime propos interrompus, reprend quand
compréhensibles ; Cli la regarde avec yx menaçant, ne fait pê que l’efffrayer ; [107] Ci craint
d’être un jour la victime de sa façon de penser des femmes ; ne pense pas de même de toutes
les fs, Ci ≠ Ar ; elle veut l’hist. de Lusc, il résiste puis se lance ; [108] Oronte rencontré chez
Julie avec Lusc s’est brouillé avec elle > repart ss prévenir, elle se retrouve ss carrosse, Cli
propose le sien + la convainc de se venger ; [109] la trouve relativt bien disposée, montre
plus d’ardeur que de tendresse, invoque désir et amour, raisons croissantes de vouloir être
coupable jusqu’au bout, fermeté, on lui oppose le ridicule ms cède ; [110]une seule rue de
Julie chez Lusc, mais cocher sait aller douct ds ces cas ; en arrivant, elle reprend ses distances,
il l’a traitée comme fille d’Opéra ; invoque excuse amour, [111] puis souci de sa réputt° qd
propose de rentrer avec elle, il veut encore l’outrager, s’impose par colère feinte, fait peur ;
[112] elle passe sous cette contrainte ds petit cabinet que connaît Ci et qui donne sur jardin ;
se promène , s’assoit et s’ennuie, il passe à l’attaque avec tendresse pur achever sa victoire ;
[113] écarte mantelet, entreprend tt en protestant de son respect, elle commence à
s’abandonner, trouble plus que colère, [114] sourire > baiser, désir plus vrai que colère mais il
en est blessé, s’impose par coup d’autorité, [115] elle finit pas oublier Oronte et absence
d’amour pour Cli ; Cli veut aussi salaire pour finir histoire, fait peur à Ci, qui se protège.
— [116] Cli reprend histoire de Lusc ; elle confuse, Cli lui fait valoir tort d’Or,
[117] elle s’attendrit, le trouve délicat, lui voulant compléter sa victoire dit
qu’il l’adore, ne l’aime pas et plus faite pour amuser un h ; [118] ns
voulons mœurs et principe lors même qu’ils sont discrédités, et Cli ne veut
donc pas garder Lusc, qui devient trop sérieuse / son peu de sentiment et
d’estime à lui, ne veut pas qu’elle rompe ni remplacer Or ; attend qu’elle
languisse pour lui faire valoir douleur d’Or si elle le quitte, [119] tort d’Or
dus à excès d’amour, jalousie, elle pleure d’émotion ; Ci lui reproche
méchanceté : mais Lusc agréable et vengeance contre Or, qui a tt fait pour
supplanter Cli pendant qu’il était aimé d’Adsp > = prendre sa maîtresse et
lui rendre ap ce qu’il en a fait ; Ci approuve ; [120] stratégie de Cli fait peu
à peu réticence et dégoût de Lusc ; il lui fait reproches modérés ; [121] dit
préférer être stérile ami qu’amant malgré elle, ce qui mécontente amour-

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propre de Lusc ; [122] il se fait confident et lui propose d’aller réprimander
Or ; avant de la quitter, trouve plaisant d’obtenir [123] encore ses faveurs >
se fait ardent, évoque sa mort de douleur, elle lui dit seulement qu’il devrait
plutôt chercher à éteindre son amour, lui cède en lui rappelant que c’est à sa
demande ; [124] Cli reconnapit sa noirceur, mais dt de faire des exp — goût
d’aujourd’hui, dit Ci — ; Cli veut voir si machine l’emporte sur
sentiments : or Lusc ait plus tendres caresses à Cli en protestant de son
amour pour Or ; [125] donc vrai que f veut tj réserver ses plaisirs à celui
qu’elle aime ; Ci trait de scélérat Cli, qui a seult cherché à se guérir d’un
préjugé, et d’ailleurs à envoyer Or demander sa grâce aux pieds de Lusc ;
ils lui sont reconnaissants.
+ [125] Cli semble libertin et de mauvaise foi avec fs > elle se repend et craint ; Cli ne lui
racontera dc plus histoires avec confiance ; il est natt fidèle.
. [126] Ci fait sonner sa pendule : 7h ; Cli ne se lève pas avant 10, et veut la rassurer.

— [126] Cli et Ci se séparent


+ Ci se lève et menace d’appeler Justine pour e plus être tourmentée ; il a promis de refaire
le lit, ils le refont donc.
. Cli ne pourra lui refaire sa cour que bien plus tard, et ne doit parler à aucune f, surtt
pas à Lusc, avant que Ci soit levée ; Lusc comme Julie pensent à mal alors que lui n’est pas à
craindre pour elle, depuis leur aventure (voudrait vivre avec elles ds liberté d’un désir ss
amour) ; Ci lui reconnaît talent de faire le lit ; [127] utile, Ci ne l’en estime pas plus, il
menace de gâter l’ouvrage. ; aurait pu être très bien couchée ss lui ; il se dit insulté ; elle ne le
craint pas ; courage plus que prudence ; est-elle bien en danger ? ; il croyait l’avoir éclaircie ;
elle l’est ; injure ou éloge ? > « Il se venge » > elle demande pardon et lui reproche sa vanité +
lui reproche d’avoir gâté le lit ; [128] elle finit par ne plus montrer de colère ; qu’il s’en aille ;
jamais si tôt ; pê ms discrètt, sacrifierait les talents dont il est le plus fier pour certitude de sa
fidélité ; elle l’aura à moindre frais ; pourvu qu’elle l’aime autant que lui, elle ; elle lui prouve
amour et ils se séparent.

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RÉSUMÉ 2 : Le Hasard du coin du feu

— Interlocuteurs
+ Act° presque entièrement ds boudoir ; Célie sur chaise longue, négligée avec art ;
Marquise au coin du feu, écran devant elle, brode au tambour.

— Scène 1, Célie, Marquise


+ [133] Célie se réjouit du départ de M. D’Alinteuil, qui jouit de jouer les amants outragés ;
amour tournent bien la tête aux hs ; [134] or fs persuadés par sentiment qu’on leur inspire ; a
fait id avec Marquise, alors qu’elle aime M. de Clerval, lui en veut encore alors qu’il aime et
est aimé de Mme de Valsy ; [135] va la retrouver à Versailles, malgré le froid, croiser pê
Clerval qui vient retrouver Marquise.
. d’Al jaloux or O de sa passion volage ; [136] par ex en ce moment victime d’un coup
de foudre, à quoi Marquise croit pas ; de + hs punissent fs de s’être maqué ; [137] préjugés
bons si soutiennent vertu, principes id si font céder avec plus de noblesse ; [138] discussion
sur nature et éducation : filles élevées à être flattées pour beauté, amour promet plus qu’il
donne, vertu inverse ; Marq a fait attendre Clerval ; [139] lui n’est pas fidèle ms constant,
petits écarts pas grave si on a comme Marq moins de vanité que d’amour ; [140] hs nés
libertins ms fantaisie ≠ amour, goût du plaisir s’use par plaisir, écarts cessent avec le temps ;
[141] Clélie avoue avoir bien fait souffrir ce pauvre Prévanes, qui n’est plus.
+ [141] Arrive une chaise : Clerv sera bien embarrassé d’arriver si tard ; Marq bienheureuse,
Cl. pleure ; mais que Clerv croit pas que c’est de sa faute.

— Scène 2 : Mars, Cl, Clerval — annoncé par La Tour.


+ [142] Cl insiste auprès de La T qu’elle ne veut voir personne, qu’il le dise bien au Suisse
(mauvais tps suffit pas contre importuns) ; Cv retard < agrément de sa charge, pas être oublié
ds promotion, désormais … de Sa Majesté et Lieutt gal des armées ; [143] baise main de la
Mq ; dvait prêter serment, temps et pavé mauvais, chvx tombés 20x,a craint de coucher en

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route ; pour lui faire plaisir, se rapproche du feu, aucune pelisse réchauffe ; [144] rappelle
terrible nuit de la retraite de Prague ;
. Cv n’a pas croisé d’Al, que d’ailleurs Mme de valsy n’a pas du tt l’air d’attendre ;
[145] on lui donne le petit Frécourt, qui était établi avec gde Mme de Sprée comme mouche
sur un colosse, elle cherche un vengeur (> d’Al) ; [146] réveil sera rapide < Fréc ss principe,
aspic ; petite duchesse quittée par Plessac, pour la grosse comtesse, [147] laquelle était depuis
12-15j avec M. des R., plus belle créature du Conseil > pas encore consolation avec la petite,
qui ne veut pas quitter la cour malgré avis de Mq qui lui écrira ; seules inconstances dont on
parle : tt dépérit.

— Scène 3 : id + La Tour
+ Il apporte à Mme la maréchale (Mq) lettre = selon une de ses femmes, se trouve au plus
mal et veut voir la Mq > appelée par devoir sacrée, même si sa mère exagère ; [149] avec
chance, pourra donc rentrer chez elle tôt ; prend congé ; Cv l’accompagne à sa chaise pendant
que Cl a chose à faire. Sortent.

— Scène 4 : Mq et Duc
+ [150] Cv a donné ds piège < ordre de Cl pour sa porte ; mourra d’ennui < elle parlera de
Prévanes ; ms non, elle l’a oublié ; [151] n’en parlera que si on l’y incite, a très bien mangé,
aimait Prév ms son âme ne peut s’affecter trop, [152] supporte pas douleur, masque sa vraie
âme d’une belle ; lui a gagné fluxion de poitrine ds maladie dont elle a cru mourir ; ne pouvait
faire plus que le pleurer ; [153] Mq a tj dit que Cl pas faite pour s’attacher un honnête h ;
. Cv la connaît, ms ont tj été occupés ts deux ; ne peu justifier son indifférence pour
elle, qui trop proche de Mq pour avoir des vues sur lui ; ms liaison des deux fs amorcée par
parenté, Mq a pas rompu pour ne pas compromettre + Cl aux yeux de sa mère ; [154] même si
elle l’aimait tendrement, contrainte tte relative pour elle ; ne prendra pas d’Al, qu’elle a déjà
eu, comme le montrent lettres de Cl montrées à Cv par d’Al ; l’a quitté pour Manselles :
succession honteuse ; [155] M de Bourville, fort aimable ami de Cv ? elle a témoigné de son
intérêt pour lui, qui s’en est aperçu, pourrait la prendre ss la garder.
. [156] Que Cv passe chez Mq tantôt, l’y attendra ss humeur, car cela risque de durer,
avec Cl. ; tsp semble bien long au Dc. « pour les gens qui s’aiment »
+ Nart. répond à objection de vraisemblance / jamais renouvellt de bois au feu : Cl a sonné
pendant entretien de Mq et Cv, pour accommoder le feu : l’éditeur se tient quitte pour ne pas

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revenir sur ce point.

— Scène 5 : Cl, Duc.


+ [157] Dc s’excuse, ms n’a pas vu Mq depuis 8 mortels js ; Cl la loue ; [158] existe d’autres
fs de bien, Cv le pensait avant de la connaître, ms gratuitt car pas rencontrées ;
. Cv reconnaît avoir été avec Mme d’Olbray ; [159] f affreuse et qui l’a tj été (selon
gd-mère Cv) ; était jne > jouit plus qu’on ne discute, arragt de l’innocence e de l’indécence
(elle sut prendre initiative), croyait l’aimer ; [160] Cl n’a pas apporté au monde crédulité
moins grande ;
. [161] elle avait mal choisi son premier O pour ne pas être déçu : M. de Norsan ;
séduite par sa réputation de séducteur, et pas distraite par son mari : It° d’une femme mène à
son cœur ; [162] Cl chercha donc à voir Nors, moins séduisant et trop sûr de lui, fit croire à
son trouble, [163] elle confuse, puissance de la réputation et de l’amour-propre ; [164] tt le
monde conspire contre elle lors d’un dîner où il étale son esprit, ms exprime ses désirs avec
emportement, [165] impudeur, ce qui la révolta ; selon Cv, stratégiquement pas bon de
ménager vertu d’une f, plutôt lui peindre plaisirs qu’elle peut espérer / Cl citer Lf : amour nu
ms pas crotté ; [166] vrai que même ds pure galanterie, plaisirs gagnent à être anoblis ; elle
troublée malgré cette brutalité ; [167] a payé ses gens, coincé carosse et s’y jette, elle crie ce
qui l’oblige à arrêter ; elle s’est forcément commise pour qu’il ose tant : crainte, étonnt, goût
combat indignation ; [168] selon Cv, cette façon pertinente ou non selon caractère : surprise
nuit à la vertu, ms difficile de ne pas marcher au hasard > ne pas avoir tj même méthode :
celle-ci est impertinente, ms ts hs disent s’en féliciter, [169] permet d’outrepasser volonté des
fs ; question d’instant, de moment capté ou non, de « physique » > définition du moment
comme disposition momentanée où une femme peut être plus complaisante qu’elle croyait
devoir ou pvr l’être ; [170] succès pas tj glorieux, Norsan s’en prend à des espèces comme gd
gal à des bicoques, difficile de juger ss connaître projets ; Norsan, après indignation de Cl,
l’assiégea de lettres, [171] jusque par la cheminée ; craignant de le voir partt, reste chez elle
sous prétexte d’une indisposition ; une nuit paraît chez elle en habit de grison ; insolence agit
comme piqûre de scorpion ? surprise ms pas amour > victoire de Nors.
. [172] Nors pas effrayé par vertu, si y croit ; Anciens disent qu’il vut mieux mettre f
en état de se plaindre de trop de témérité que regretter secrètt d’en avoir manqué ; rspect a tj
nui à Cv ; f tj blessé intérieurt du trop d’égard pour sa vertu ; si respect, Nors aurait pas
triomphé ; ’[173] insolent épargne à la f double désagrément de voir sa vertu l’abandonner

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pied à pied > plus d’égard au fond ; [174] Cv a cru que Cl parviendrait à fixer Nors ; or l’a
quittée, et laissé mvaise image d’elle-même ( ?)
. [175] Comment a-t-elle pu prendre après lui M. de Clêmes, selon les dires de ce
dernier ? mauvaise figure et prétention, bavardage ; pas du tt dénué de grâce, et mieux ds le
tête à tête ; veut se faire écouter, maussade ; [176] ms dépit, vide affreux après une passion,
ms même avec envie d’aimer, n’a pas réussi à retrouver idée de ce qu’elle avait éprouvé
avant ; normal vouloir aimer ≠ aimer, [177] choix terrible et ridicule ; elle le quitte en effet <
présomption et exigence de régner or elle refuse domination.
+ On se serait fait écrire à sa porte si usage, et Cv le premier ; aurait étonné Cl ; [178] Cv pas
indifférent ms amical, Cl pense qu’indifférence ou plus qu’amitié, pas amour ms qqch de plus
marqué qu’amitié ; certes pas si « gal » ; ms il ne se conduisait pas de façon à le lui faire
accroire ; [179] vanité, difficile de dire sérieusement à une f qu’on la trouve aimable, ss la
tromper ou être infidèle, et haine de la fleurette ; Cl ne le croit pas aussi indifférent pour elle
au temps de sa rupture avec Clêmes < s’est dit empressé de se faire écrire à sa porte ; soit ;
[180] a dû dire ss le vouloir paroles qui prêtent à conséquence, aucun des deux ne craint de
donner à ces paroles trop de poids ; conversation tombre, Cl rêve profondément, Cv lui
demande à quoi ?
. Quelle f occupait Cv quand elle a quitté Clêmes ; sait plus, ss doute qq fille ; [181]
ms pourquoi, si goût pour elle selon son propre aveu, lui a parlé ni quand elle a quitté Nors, ni
après Clêmes ? embarras : était avec une femme qu’il n’aimait pas ms qui voulait être aimée,
craignait de rompre vite < trop mauvais procédé ; ms n’a rien dit pendant 6 mois ; ms tant de
tps pas passé entre Clêmes et d’Alinteuil ; [182] elle nie, bon ami ms ne veut pas de lui
comme amant, malgré estime, ne veut pas passer pour une tête tournée ; [183] Cv le pense
pas, ms monde a assez attribué d’Al à Cl pour que nbs prétendants se retirent, dont lui, dit-
elle, finit par l’admettre ms elle accuse son embarras de témoigner de ce qu’il ne s’intéressait
pas à elle ; cette opinion tient à son seul silence, ms on prépare une déclaration ; [184] a dû, si
tel caractère comme le dit, laisser passer bien des occasions, ou forcer des fs à se déclarer, ce
qui exige un grand amour.
. Que penserait duc d’une f qui se déclarerait pas lassitude de se contraindre et de
n’être pas comprise ? grande différence [185] entre h non instruit, avec qui ss risque car peut
même sisciter son désir, et instruit, qui ss doute veut ignorer ce penchant qu’il a deviné ; mais
lui perso ? jamais trouvé ds ce cas ; elle le croit pas, [186] et croit qu’il peut décider ss l’avoir
vécu de ce qu’il sent quant à ce qu’elle propose ; dépend de la femme, de ce que la f paraît

12
sacrifier < vanité plus que plaisir, d’où attrait de la modestie, sf pour les moins délicats ;
verbiage ! mais lui ? [187] sa façon de penser liée aux circ, ms sa constitution cède si on vise
ses sens plus que cœur ; sourire de Cl : facile de l’avoir par indécence ? l’entraîne quoiqu’il la
déteste, et donc pas moyen de lui donner de l’amour ; ms mépriserait-il une f qui irait jusqu’à
flatter ses sens par amour, pour aller jusqu’à son cœur ? [188] désir discute de rien ; ms
pourquoi f prendrait-elle un moyen presque sûrt voué à l’échec ? Nécessité, et mépris
momentané moins effrayant que de vivre ss ce qu’on aime ; mépris pas sûrt momentané selon
Cv > aigreur de Cl, qui accuse Cb de préjugés gothiques : ce sont des principes dit-il, comme
la Mq > humeur et dédain de Cl, qui ne veut pas revenir sur ces sujets ; [189] pourtant
délicieuse conversation pour coin du feu ; Cv rêve et se tait.
. Cl lui demande à quoi : attachement à l’opinion des gens dépend du goût qu’on a
pour eux, cf. Cl respectait chez Prévanes les préjugés gothiques, elle proteste ms il s’attendrit
sur cet amour, malheur dont on s’afflige tte une vie ; Cl sècht, résistant au pathos, [190] perte
irréparable si nature ns permettait de sensibilité éternelle ; Cv pense qu’âme ne s’émousse
jamais complètt, et que si aimé d’une f comme elle, penserait tj au fond être un peu une
distraction ; préjugé, injuste ; elle ne penserait pas ainsi ? préférerait même un tel cas à celui
d’un h qui vient de faire ou subir infidélité < caractère et simple lassitude, [191]
désœuvrement et dépit, ≠ souvenir que la raison fait combattre, + temps ; dc successeur à
Prévanes ; qu’il cesse de lui rappeler svnir triste ; 1e x qu’on le traite de raisonneur ; comment
va feu ? bien, [192] elle a froid, (mvse humeur) malgré l’édredon, et les préjugés de Cv ;
façon de penser ≠ d’agir dc pas en juger ; il risque de disserter seul.
+ Nart. Cl se lève, Cv la conduit au fauteuil qu’occupait Mq et croit sentir qu’elle lui presse
doigts > rêve ; a pénétré vues de Cl et disposé à la remplir ; svent cœur se ferme et sens prêts
au désir ; [193] force de vanité + plaisir ; Cl le regarde, avec trouble de ses beaux yx ; Cv
irrésolur et troublé : risque de montrer du sentiment > longue complication + risque
d’émousser les sens ; Cl outrepasse légèrt décence pour se chauffer ; à elle de juger, d’ailleurs
belle jambe > Cv prêt à céder + combat son impression, ms n’est qu’un h ; [194] désir doit dc
l’emporter sur réflexion, de + Cl ds gd fauteuil propre aux témérités et à la complaisance >
. Cv cède : se jette sur elle avec reproche et désir / elle, étourdie, affirmant qu’il ne
l’aime pas et lui demandant de dire le contraire.
. Cv continue ; Cl cède, pensant que Cv emporté dira ce qu’elle veut, fait comme s’il
l’avait déjà dit ; duc lui baise une main, de l’autre elle se couvre le visage > ne dérobe plus le
reste à l’admiration de Cv, qui a acquis de gds dts ; [195] une seule main suffit d’ailleurs pas à

13
tt ce qu’il faudrait de défense ; proteste, assez d’éloges, vanité ≠ cœur, qu’il lui dise ce qu’a
pas dit.
+ Cv met ce qu’il sent à la place de ce qu’il ne sent pas > Cl se lève et s’arrange, attend qu’il
parle, olr reste yx baissés au coin de la cheminée > elle se lève avec fureur et se promène
violemmt ; Cv regrette instant de fragilité passé.
. [196] Pourquoi Cv ne dit pas galanteries vagues qui contenteraient Cl ? désir éteint ?
conséquences de sa faiblesse ? Passion n’empêche pas, ms peut retarder naissance d’un désir.
Cv pas sûr que Cl ne voudra pas se rappeler aveu ; [197] pb de garder Cl qqs semaines < Mq,
qui pardonnerait, ms pas à Cl ; dc rejeter énergqt tte apparence de sentiment à ce caprice ; ne
lui doit pas consolation de l’amour < c’est lui qui a résisté aux limites des forces masc ; ms
éclats à craindre de la colère de Cl comme de son amour > [198] très important qu’elle se
défasse de ses prétentions.
. Ne peuvent rester ainsi tj, rêvant et se promenant ; lui doit des égards > prendre sur
lui ts les torts ; il s’approche / elle s’éloigne ; seconde fois, l’arrête, elle l’appelle monstre
comme d’usage > il l’entraîne sur chaise longue > reprend sa précédente entreprise < fs
cèdent tj à ces coups d’autorité dont se plaignent, ou Cl plus encore qu’une autre ? pas
décider, raconter ; [199] Poursuivre ou pas ? a honte de céde, ms Cl aura ainsi un tort de plus
/ elle-même > peut échapper à l’aveu dont elle le presse, et d’ailleurs désir pê provoqué par fs
dont on ne veut pt ; hs au – autant sujet à lui que les fs, et même si passion déjà ds le cœur >
conduite de Cv. ;
. [200] Cl dit avec sérieux ms trouble, que situation lui permet pas éclat, ms curieux
qu’attende de la violence ce qu’amour brûle de lui donner, veut pas lui dire qu’il l’aimera tj ?
Pouquoi, avec autant d’esprit, s’attacher à de telles misères ? Elle proteste, ms [Nart] Cv
continue ses occupations, et Cl cesse de résister, ce qui altère sa fierté ; [201] il trouvera une
statue ; ms a hérité du secret de Prométhée.
. Importance du prétexte pour Cl, de son absence pour le Duc ; imprudente colère de
Cl < difficile de cacher ce que l’on sent ; Cv se vante ? pas inquiet de manquer à sa parole, ms
son projet = seul moyen de simplifier la situation < [202] Cl ne peut se plaindre d’une
violence qui lui aura plu, ni demande amour alors qu’absence d’aveu s’est révélée ne pas la
déranger jusqu’au bout ; Cl prouve sa défaite, ms fait cependant des reproches / défaut
d’amour, au regard de ce qu’il a exigé d’elle.
+ Ton léger de Cv : amour pas nécess à ces familiarité, amitié suffit ; n’est sûrement pas le
premier pour elle ds ce cas ; il veut l’humilier et ne l’estime pas ; [203] ce qui s’est passé =

14
idem au coin de plus de cent cheminées de Ps ; il a profité de son amour ; ms elle aurait dûe se
souvenir de son amour pour la Mq, n’a pu l’oublier qu’emporté par l’ivresse des sens.
. [204] sens pour lui et amour pour elle > ne lui a pas dit mot désiré ; non, pour pas le
reprendre ; sa délicatesse aurait dû faire qu’il l’empêche de se tromper elle-même, ms jamais
un h n’a sacrifié un plaisir ; si sentiments réciproques, elle sacrifierait la Mq ? excuse de
l’amour ; non, chacun la verrait comme f ss mœurs ni principes ; [205] pers. n’attribuerait à
l’amour la plus odieuse des infidélités ; ms pas grave pour lui, inconstant ; [206] pers ne lui
pardonnerait de quitter la Mq ; ms si il l’aimait, Mq l’aurait perdu, et elle conservé ; lui avec
l’air du transport : ne pouvait prévoir complaisance si peu compatible avec amour ; selon Cl,
perdre en amour doit être encore plus affreux que partager ; ms elle n’aime que de ce matin ;
[207] ms elle ne lui passera que la Mq. : ms deux plus aimable fs de Ps peuvent fixer son
inconstance !
. Cv veut parler des arrangements qu’il reste à prendre < pas éveiller soupçon de la
Mq, qui n’imagine pas Cl restant seule ; deuil de Prévanes suffit pas ; [208] autres voient en
ns mieux que ns, cf. Mq / Cl, qui a moins regretté Prév qd a commencé d’aimer Cv, qui s’en
doutait, [209] et en demande confirmation, qu’elle lui donne en le serrant tendrement ds ses
bras ; faut ds qu’elle donne à Mq apparence d’une affaire nvlle ; [210] Cl ne vaut pas
d’Alinteuil, qu’on lui a déjà donné, et surtt qui est jaloux comme un tigre, insupportable si
devenait amoureux ; Manselles ? ennuyeux ; embarras, elle ne veut pas chercher ; [211] Cv
propose Bourville, qui lui plaît plutôt et l’aime pê, d’ailleurs a témoigné à Cv du désir de voir
Cl ; pb si aime Cl, ms n’a fait que le dire ; [212] Cv l’amèner dès demain < tremble de la
sagacité de la Mq ; [213] ses soins prouvent tt le contraire de l’indifférence ; Cl lui redemande
si elle lui inspire de l’amour ; en serait si pas Mq, ms ne pense pas que son goût pour Cl
devienne sentiment ; Cl a va l’imiter avec Bvlle, qui parle d’elle avec vivacité depmuis 3
mois ; [214] pê qu’elle l’aimera ; dt de l’amant et complaisance de l’ami pas incompatibles ;
ne sera pas jaloux < Bvlle ne l’est pas, [215] et Cv n’a pas de dt sur elle ; l’indifférence le
rend raisonnable ; elle est injuste, et ne fait pas différence entre goût et amour ; lui même en
doute, tant vivacité du premier pour elle ;
. [Nart.] lui prouve cela, ≠ preuve d’amour ; [216] cordialité réciproque ; puis
confirment leurs arrangements ; on vient annoncer le souper ; propos pas piquant > lecteur pas
transporté ds la salle à manger ; repassent ds le boudoir après, où Duc lève de nveau doutes de
Cl. ; séparation, Cv va chez Mq, qui le revoit fort tendre ms un peu éteint.

15
16
EXPLICATION 1
La Nuit et le moment

— Intro.
+ Genre = « Dialogue » + cf. « hasard » = « Dialogue moral » > moments de réflexion
éthique et philosophique tj pris ds théâtralisation romanesque : jeu des relations entre les pers.
(composante théâtrale comme dialectisation de la réflexion) + moment précis de l’intrigue
(romanesque comme relativisation, mise en perspective et mise à l’épreuve pragmatique des
idées).
+ Ici, contexte :
. Clitandre entre le soir en robe de chambre chez Cidalise, qui l’a invité, avec d’autres
hommes et femmes, ds sa maison de campagne ; propos sur les autres invités et leurs amours
< justifier leur disponibilité du moment :
— Ci se défend d’avoir RDV avec Éraste, qui l’embarrasse et qui pourtant à
demandé à Cli d’intercéder en sa faveur auprès de Ci. ; présence aussi de
Cléon, Oronte et Valère (arrivés depuis hier).
— Cli (arrivé depuis 8 jours) se défend d’avoir RDV avec Araminte, pas plus
qu’avec Célimène (qu’il a beaucoup aimés ms qui a fait preuve de cruauté
> demande à Ci d’intercéder pour elle), Bélise, Luscinde et Julie (arrivées
aujourd’hui), que le Public lui attribue. > questions de Ci
. Ci finit par faire sortir sa f de chambre Justine, sur la demande pressante de Cli >
celui-ci se fait pressant > Q de Ci / Araminte : Cli l’a eue pour maîtresse ss l’aimer :
pourquoi ? > explication argumentée.
+ Plan du passage :
. 1-11. Une différence entre aimer et avoir
. 12-fin : argumentation de C en faveur des relations libertines (possible division
rhétorique, non adoptée ici / ens. de sa tirade)
— 12-24 Les idées nouvelles libèrent le paraître plus que l’être.
— 24-33 Bonheur du libertinage
— 33-44 Avantage du non amour
+ Problématique = articulation des enjeux philosophiques et romanesques. Rôle de
l’expression des idées ds mise en place et progression de l’intrigue.

17
— 1-11. Aimer et avoir
+ 1-3. Question et paradoxe adressée par Ci à Cli
. « Au vrai » = pose enjeu de la véracité des paroles, tj. en suspens : suppose qu’il peut
avoir menti et que cela fait partie des règle du jeu du dialogue (entre h et f) [caractère de Cli,
libertin] < n’en paraît pas partt offusquée.
— fiction = aussi celle de l’œuvre : « Clitandre » = N de jeune amant ds
pastorale et comédie à l’italienne. Dialogue demande réception critique, en
éveil, et qui attend aussi plaisir (théâtral) de lecture).
. Lien (pour Ci) entre ce type de parole et ce type de relation : parole douteuse /
séduction légère = traditionnel (Hylas > Don Juan).
. Didascalie = statut singulier.
— Pas adressées à des comédiens, ms uniquement à des lecteurs : fct° pratique
ds fonctionnement romanesque et non théâtral = simplifie la « régie »
(Genette : indication du nart , nécess au lecteur, sur les pers. ; réglage du pt
de vue) + rappelle ss cesse le statut fictif de la représentation (appelle à l’It°
du lecteur > présent d’actualité imaginaire).
— Montre un geste : manifestation corporelle en guise de réponse = retrait de
la parole > gêne ou au contraire sincérité par plus grande simplicité
(présence de Cli comme corps au moment où Ci s’interroge / ses désirs et
sentiments) ?
. Brutalité de la formule finale (récurrente) : opposition que pose Ci (présupposant
lien, pour f, entre relation sexuelle et sentiment = effectivement question pour Ci, qui
aime Cli, jusqu’à la fin du texte — cf. 128 « certitude que vs me serez fidèle »).
— « vs l’avez eue » : accompli > confirme valeur d’acquisition puis
possession ; extériorité de l’un à l’autre, et profit de l’homme (registre de la
conquête militaire) ; frappant (pour ns) ds sa brutalité ss fard, et intégré ds
pt de vue féminin : façon de dévaloriser Araminte, ou vision gale de la
séduction, opposée à l’amour (comme tromperie, aussi :posséder = avoir [v.
langue époque] = tromper).
+ 4-11. Discussion sur un changement contemporain.
. Registre affectif = interjection « Ah ! »4 > désignation « Vs m’étonnez »9 : seule Ci

18
fait de son interlocuteur un S, pour ser effet qu’il produit sur elle.
. Ms aussi : registre du raisonnement articulé (liant fortt répliques entre elles) = « En
effet »5, « Et… de plus »7 ; dynamique logique du dialogue.
— Clarté (termes max), cohésion et vivacité aussi par anaphore et jeu des
substituts : « c’est »4 (relation ss amour) / réplique d’av > « cela »… « ce
n’est pas »… « c’était une obligation ».
— Id. « une différence »6 > « en… une »8.
. Très fort ancrage ds la situation d’énonciation, qui prend ici valeur dramatique et
argumentative :
— « je crois » Cli 6 / « Je croyais » Ci 9 = modération ds l’expression des
idées (laisse marge d’incertitude : scepticisme + d’intervention à l’autre :
mondanité, honnêteté) + différence ds l’expression.
. Position plus assertive de l’homme / femme = pers intéressée, et qui le fait
parler.
. En outre : imparfait = met au passé sa croyance < parole de l’autre.
— Différence existe « aujourd’hui » (selon Ci) [relativisation : mœurs du
siècle — nott celle de L15, après le Régent] ou pas (Cli) [valeur d’essence,
nature humaine et raison].
. Conscience d’un tps nouveau, plus libre : Lt° après mort de L14
. Philosophie moderne : cf. note > rationalisme cartésien appliquée à la
réflexion morale : La Motte le Vayer, Fontenelle > application littéraire par
Marivaux = ce qui importe : conscience de cette nouveauté, et poids qu’elle
a ds milieu mondain (intérêt qu’y trouvent pers — classe — / attaque de la
tradition et de l’autorité : pê réticence de Ci cf. « obligation » = ironie ? f
trad. plus soumise aux préjugées).
. Met du côté de la tradition le lien entre amour et sexualité (« différence »
= excuser et expliquer leur disjonction) : tradition chrétienne surtout, qui
les situe ds cadre du mariage ; ≠ pratique sociale effective : mariage comme
alliance entre famille, à séparer du sentiment, éphémère (cf. Clève) ; ≠ aussi
tradition courtoise et galante (physique à l’origine chez troubadours et ds
Tristan > culte de la Dame lié à son absence ds pétrarquisme et ds Astrée
— même autres combinatoires sont idéalisées : casuistique amoureuse ≠
combinaison des corps, comme chez Sade plus tard).

19
. Cf. mot « philosophie »

— 12-44. Avant nuances, tirade de Cli = d’abord un panégyrique des conséquences de la


philosophie sur les mœurs.
+ 12-24. L’être et le paraître.
. Raisonnement assumé, par opposition
— Instances personnelles : « Je » du causeur raisonneur / « elle » de la philo >
« nous » = pendant tirade, commence par unir hommes en gal et
interlocuteurs en particulier, ds une communauté de sujets raisonnables.
— « mais »14, 19, 22 = une fois par phrase.
— « Avant »16 > « Enfin »24
. 12-16 Ds un premier temps, relativisation du pouvoir de la philosophie, restreint au
champ de l’intelligence ms ss influence sur les actions.
— « rectifié nos idées »13-14 (sous-entend une norme : un dogmatisme
possible), « appris à connaître les motifs »14-15 (causalité subjective : ms
type d’analyse déjà en ouvre chez les moralistes 17e : LaRochefoucault,
Pascal), « raisonner »17 (< raison : gde référence depuis Desc.) ≠ « les a
déterminées » (cf. déterminisme matérialiste : animaux machines de Desc.,
matérialisme d’Holbach ; plutôt à la Diderot : matière sensible)
— Atténuation des affirmations : conditionnel : « Je croirais »12, « comme en
bcp d’autres choses »13 (galisation, vague), « plus appris… qu(e)
déterminées »14-16 = « gazé » de l’écriture (atténuation de l’obscène) porte
aussi sur le raisonnt.
. 16-24. Infléchissement du raisonnt : de la force des passions à celle des préjugés, qui
entravent les passions > sous-entendu : lumières nouvelles libèrent le comportement.
— affichage de vocabulaire philosophique : oppose « connaissance de
cause »20 / « préjugés » [gothiques] 21
— pragmatisme de la pensée ds son mvt. : répétition du V « faire »P1P 18-19
> de fait : différence de comportement < faire « avec timidité »20, c’est
faire moins, ou moins bien : Lt° de la pensée est donc aussi celle de l’exp. ;
glissement d’une affirmation de la nature humaine (« torrent » des passions
≠ raison) > idée de progrès [cf. ds la suite de la querelle des Anciens et des
modernes] + nveau champ d’action des libertins (≠ « entraînés par le

20
torrent »19 ms le canalisant, jouant au mieux de son flux).
— Passage à la critique morale, pour une défense du bonheur sur la terre = gde
constante des Lumières (Montesquieu, Voltaire, Rousseau) :
. Condamnation d’un simple « paraître » / « estimable »21-2 par le
passé (qd obligation de s’aimer pour s’unir ; condamnation du plaisir en soi
= mortification chrétienne) = paradoxe ds attaque d’une morale de l’amour
authentique, critiqué comme moralité de l’apparence (< ne parvient à juguler le
désir, la passion, qu’en apparence) ; est mauvais ce qui « gênait bcp les
plaisirs » (24).
+ 24-33. Vrai bonheur du libertinage
. Association du bonheur et du vrai, situés par valeur d’accompli du p. composé « ns
avons eu »24 = date apparition d’un véritable paradis sur la terre ; tps de la Régence et Louis
XV présenté comme utopie faite réalité (type d’écriture pratiqué aussi époque) [Utopia Th.
More 1516 > in Télémaque de Fénelon 1699, Voyages de Gulliver de Swift 1726, Candide
1761, Supplément… Bougainville de Did 1796]
— 25 interjection « eh ! » + « résulte » = lien de l’affectif et d’un résultat
concret de cette révolution intellectuelle et morale ds les mœurs (cf. aussi
« rapportent » p. 49 = logique de St. Thomas, incrédulité du libertin ; cf.
argument du pari pascalien / joueurs ; ici, aussi, moment historique où
commence de se dvlpper recherche du profit, ds noblesse nott.).
— Après balancement rhétorique, ballet verbal libéré : écriture « coupée »,
paratactique, ms qui procède par parallélisme et anaphore (> en cela, à la
fois délié et cadencée, structurée : cf. « Jamais »26, 27, « On se » x2 28 >
sq. interrogation à valeur d’hypothèse (« S’ennuie-t-on ?… « Revient-
on… ? ») > « on se + V » (variation 32-3 = ajout d’une phrase, rompant
symétrie du rythme : rococo, ds articulation variation de petits élts.)
. Paradoxes d’une société du naturel.
— « Société »27 = milieu mondain, donc culturel et même cultivé, poli,
artificiel > passage au « on » plus impersonnel = raisonnement éloigne
verbalement enjeux de la situation immédiate (évocation d’une liaison,
amoureuse ou non, entre Ci et Cli). Ms :
. « ns » du db. pê moins neutre > suivi de « les femmes » : ce ns = voix de
l’intérêt masculin ?

21
. critique du manque de naturel, d’abord attribué aux fs : « grimaces »26
(comportement factice et hypocrite), « moins affecté la vertu »27 [de nveau
degré : un peu affecté quand même], « cérémonie »29 ≠ « vivacité » de « la
première fois » fictive 31 > naturel pas exactement nature (même si utopie
énergique affleure) : comme 17e = sens de la convenance, subtil savoir de
ce qui est propre aux êtres et situations.
. Utopie éthique et stylistique :
— Chacune des phrases, binaire, enchaîne sans hiatus l’affect et l’action, avec
tj. parfaite réciprocité et simultanéité, fluidité des enchaînements.
. Optimisme de l’harmonie et de la transparence parfaite, de la sympathie
transparente (cf. Montesquieu, Rousseau ≠ Voltaire, Sade…) que révèle
rejet de la « brouille »33 = pas d’opacité, et presque seul V de sémantisme
imperfectif (avec s’ennuyer 28 / ce qui domine = prendre / quitter).
— Parataxe = possible équivalent stylistique de cet idéal de transparence :
passage immédiat d’une phrase à l’autre, logique transparente du texte qui
doit être perçu immédiatement par lecteur.
+ 33-41. Avantage du non amour
. Dialogisme stylistique lorsque Cli aborde question du sentiment amoureux =
orientation possible du propos vers Ci, qui l’a provoqué sur ce point. > but du discours = la
convaincre ? convaincre le lecteur (double énonciation théâtrale — ds le roman) tout en
ménageant sensibilité de l’interlocutrice (fictive).
— Concession initiale « il est vrai »33 = répond à objection imaginaire (ou
revient à celle de Ci 3) > progression par interrogation (certes rhéoriques
ms plus simples hypothèses : ménage possible contradiction) : « qu’était-
il… ? » 33sq.
. Argumentaire s’appuie sur une psychologie qui est un hédonisme sensualiste, voire
matérialiste, s’opposant la morale traditionnelle [moins systémtiquement, ds première
moitié du siècle, importance du « sentiment » chez Vauvenargues et Marivaux] =
— réalité demande de ramener l’amour au « désir »35, au « mouvement des
sens » 36, au « goût »37 [attirance singulière, non normative ici] ≠
« amour »33, « exagérer »35 (= idéaliser), « vanité… vertu »37
[moralisation comme vain artifice].
— Argumentaire = fait vasciller discinction « désir » (vice) / « amour »

22
(vertu), en affirmant que ce dernier n’est qu’une espèce de l’autre.
— Caractère provocateur des formules s’en prenant de front, brutalement, à ce
que disc. de Ci valorise implicitement = homogène à la stratégie d’attaque
en règle et par degré que suit Cli, et qui progresse par acquis corporels ;
oppose le fait (= vrai, donc, moral) / droit (= faux, donc hypocrite et
immoral).
. Brutalité du réel (vérité de l’âme et du corps) justifie délicatesse des conventions
(relations entre les hommes) = postulat et nécessité de principes pour une pratique
sociale (jusqu’à l’intime).
— Vérité « philosophique » invoquée de façon péremptoire ms impersonnelle
et relative : « On sait aujourd’hui » 37 = opinion du moment ; mise en
scène d’un mondain à la mode, informé des idées du moment, qui peuvent
convenir au mieux à sa stratégie de séduction (confort + efficacité morale).
. Cf. 49 Ci fait remarquer à Cli qu’il est moins insensible ou lucide qu’il
semble le dire + Cli lui-même présente tt cela comme « façon de penser »
de « qqs personnes ».
— Amour relève du discours — « on se dit »38 —, disjoint de la croyance ; ce
discours = une pratique civilisée — « façon plus polie »40 [cf. « faire] —
destiné à réguler un déterminisme — « besoin »41.
. Finitude de notre condition : soumise à des « besoin » dont on ne sait que
ce que l’on en « sent » > nécessité de tenir compte et aménager ces
contraintes par des règles de comportement : se dire qu’on s’aime =
exprimer pour soi une nécessité (≠ vertu, louange : inrtérêt) + en tenir
compte pour l’autre (tact).
. Morale de l’incertitude : référents des « on » + surtout « dire » =
« demander » : question ms surtout exigence présentée sous une certaine
forme (demande ≠ don) ; moralisation de l’intérêt.
. Donne aussi clé pour style d’écriture par détour : ménager les sujets
(besoin et sensibilité de chacun) ds âpreté de la condition amoureuse.

23
24
INTRODUCTION
Crébillon fils
La Nuit, Le Hasard

Dialogues écrits vers 1737-8 et 1742


Publiés en 1755 et 1763
Vie : 1707-1777
I. Contexte historique
Une si belle arrière-saison :
La France de la Régence à Louis XVI

— Importance de décoder contexte presque jamais mentionné ni décrit ds œuvre, ms qui


éclaire identité de tous les personnages, qu’eux-mêmes autant que le roman tentent de faire
passer pour évidente : les nobles. Plein milieu d’un siècle qui a vu basculer leur position et
leur pouvoir.

— 1> Ambivalences d’un régime en sursis


+ a) Force et vertige de l’absolutisme
. La Régence 1715-23 (Philippe d’Orléans, neveu de Louis XIV < L 15 trop jeune)
puis Louis XV (1723-74) [succède à son arrière grand-père < duc de Bourgogne < Grand
Dauphin] = recueille l’héritage du grand siècle, qu’ils font d’abord fructifier :
— territoire agrandi par guerres sanglantes de L 14 (au nord et à l’est : Lille,
Valenciennes, Nancy, Franche-Comté) > acquisitions faciles de la Lorraine
puis de la Corse (1666 et –8).
— paix en Europe : alliance du Cal Dubois, aux Conseil des Affaires
étrangères du Régent, avec l’Angleterre, les Provinces Unies puis
l’Autriche (1716-18) [inversion des alliances traditionnelles] ; période
globalement pacifique.
— administration en place : intendants en partic. (application intelligente de la
politique d’un gvt central svent mal informé ; défense des intérêts locaux

25
aussi) ; tradition se maintient de grands serviteurs de l’État (Colbert 17e >
18e : Dubois sous la Régence > sous Louis XV : cal Fleury 1726-43,
ministre des Finances Orry 1730-45, Maupéou -Terray –d’Aiguillon 1770-
4 > Turgot sous Louis XVI).
. Fragilité du régime : cf. crises à la tête de l’État < recherche continue, par la noblesse
autant que par les parlementaires, d’une revanche sur l’absolutisme royal. Celui-ci ≠
arbitre qui finit par imposer raison d’État / jeu des intérêts particuliers (de classes), ms
confisqué au service d’un groupe (après Fleury : plus jamais de vrai Premier ministre
> roi ds le jeu des clans).
— Cadre absolutiste inchangé : > « C’est légal parce que je le veux » L 16,
limité seulement par « lois fondamentales du royaume » + « privilèges » et
libertés (tt cela, vague).
— À la mort de Louis XIV, Ph d’Orléans fait casser par le Parlt son testament,
qui limitait le pvr du régent > rétablit dt de remontrance du Parlt (refus de
dispositions royales) + remplace secrétaires d’État (≠ minsitres et
conseillers ; nommés ; svent bgeois) par plusieurs Conseils, où siégeaient
des nobles = Polysynodie (1715-18), exp. désastreuse < incompétence de
la noblesse d’épée.
— Cour devient lieu de coteries et d’intrigues : famille nobles tendent à
monopoliser le pouvoir, des Parlements (gdes familles anoblies dont Ns
traversent tt l’AR : Lamoignon, Fouquet, Argenson) aux hautes sphères
gvnementales (princes de sang premier ministres sous Louis 15 : ex-Régent
+ duc de Bourbon ; gds noms aux Secrétariats d’État (Choiseul).
— Contestation croissante du roi (< jeu d’intérêts + sa vie privée et ses
dépenses) > attentat de Damiens (5 janvier 1757).
. Exécution publique cruelle, place de Grève : main dte coupée (< a tenu
couteau), morceau de chair arrachés avec pinces chauffées au rouge, plomb
fondu, huile et goudron ds blessures, écartèlement (Mme de Préandeau, à
une fenêtre : « Ah jésus, les pauvres chevaux, je les plains ! » Sturm, 95-7)
+ b) Un brillant périlleux : politique étrangère et question financière
. Notion de grandeur reste très ancrée ds mentalité des monarques et de la noblesse >
nécessité (outre économique, parfois : politique coloniale) d’une politique étrangère
ambitieuse ms très coûteuse. Poussa à des engagements désastreux un régime en quête de

26
prestige voire de légitimité.
— Guerre de succession d’Autriche (1740-48) [Paix d’Aix-la-Chapelle] :
volonté de ruiner puissance de la maison d’Autriche (< souvenirs et enjeux
du siècle précédent : G de succession d’Espagne) à la mort de Charles VI
(1740) < organiser ligue de Princes allemands, nott Frédéric II.
. Angleterre ne pouvait laisser cela < pas laisser France se retourner
entièrement contre elle ds compétition coloniale (commerciale). > lance jeu
d’alliances en Europe.
. Au lieu de les contrer diplomatiquement, parti noble lance Fr. ds série de
bataille où elle est battue et humiliée partout en Europe : victoire de
Fontenoy (1745) ms par ex. Français entrent ds Prague novembre 1741 >
cernés ds la ville > terrible retraite fin 1742 (Duc de Clerval y participe, cf.
pp. 143-144 + n69 pp. 223-4).
— Guerre de Sept Ans (1756-63) : motivée essentiellement par concurrence
coloniale entre France et Angleterre > renversement d’alliances :
Angleterre + Prusse / France-Autriche (guerre sur mer, ds colonie et en
Allemagne).
. Défaite des franco-autrichiens à Rossbach (1757) ; défaites Fr. au Canada
et en Indes.
. Traité de Paris (fonde puissance coloniale anglaise + prémisse d’une
revanche à prendre lors de la guerre d’indépendance des EU 1778
[inervention fr.]) : Choiseul cède à l’Angl. Canada (« quelques arpents de
glace » Volt.) pour conserver Antilles (surtt. St-Domingue [Haïti]) ; perd la
Louisiane + des comptoirs aux Indes. Ms défaite grave surtt < ruine crédit
international.
. Ces guerres = très coûteuses, nécessité d’investissements rapides et considérables >
importance de la question des finances et particulièrement du crédit (bien résolue par les
Anglais). Or :
— Système d’imposition peu efficace. Dvlppt de l’industrie et du commerce
(dynamisés par colonies) ms, ds tradition colbertiste, pas soumis à l’impôt,
qui porte donc essentiellement sur la production agricole et pèse sur la
paysannerie ; peu rentable malgré quelques progrès, et hausse des prix
après 1730 : profite surtout aux marchands de grains et aux seigneurs

27
(protection de cette rente foncière par les parlementaires). Lutte
permanente pour parvenir à imposer les privilégiés(taille / paysan ;
capitation = mal payée ; id / vingtième, àp 1747).
— À part période 1730-45, État ds difficultés financière permanente
(banqueroute < guerres). Tentative initiale d’en sortir : sysème de Law
(1718-20).
. Remplacement de la monnaie métallique (numéraire) par papier
(fiduciaire), garantis sur actions des Indes et du Mississipi ; trop de billets
émis + vente en masse des ennemis du sytsème > effondrement.
. Effets économiques positif (relance + éponge partie de la dette) ms pour
longtemps discrédit / monnaie papier + banque (possibilité de fonder
système de crédit) + État dépend des financiers.

— 2> La société des ordres entre blocage et mouvement


+ a) Des intérêts nouveaux
. Fortune devient critère majeur de différenciation au sein des ordres (clergé, noblesse,
tiers) qu’elle divise en classes.
. En particulier, évolution de la noblesse :
— Inflexion déjà ancienne : position < fortune terrienne, nom, charges ou
grades ds l’armée = parvenus de la noblesse « de robe », achetant offices >
puissance de la rente foncière + représentants de l’État.
. Alliance entre ancienne et nvelle noblesse (mariages), adhésion
enthousiaste des parvenus aux valeurs archaïque (valeur de la « naissance »
et du « sang », de « l’honneur ») — en tension avec critique des Lumière,
issue de leur milieu d’origine.
. Intervention ds économie : revenu de la rente foncière > investissement ds
affaires (= s’enrichir ss déroger [travailler]) : commerce colonial (St
Domingue) + industrie naissante (concessions minières, compagnie
charbonnière, industrie chimique) : cf. influence de la maquise de
Pompadour (ptte bourgeoise anoblie) 1744-64 [après Mme de Châteauroux
et avant Mme du Barry : moins politiques et brillantes] = très liée au milieu
de la finance, dont intérêts ainsi défendus au sein de l’État.
. Groupe allant de la noblesse traditionnelle aux roturiers fortunés (également gds

28
propriétaires terriens : « seigneurs » [gentilshommes pauvres à l’écart : ms cf. apr ex. fermiers
généraux : perçoit impôts indirects + distribue salaire à des employés de l’État]) = confisque
écrasante part de la richesse + des rouages du pouvoir (partlts, bénéfices ecclésiastiques,
hautes fct° ds marine et armée).
+ b) Une double confrontation : d’un front à l’autre, vers une révolution
. Opposition permanente des privilégiés à l’absolutisme : défense des « privilèges »
traditionnels (offices, droits seigneuriaux) = de plus en vindicative.
— 1771-1774 : suppression des parlements par Maupéou, remplacé par de
simples tribunaux > tenter absolutisme pur, ss contre-pouvoir ; cède avec
mort de L15.
. Lors de la convocation des États généraux en 1788 (< opposition parlementaire /
réforme de l’État) = révélation de tensions latente, entre noblesse et bourgeoisie jamais
vraiment acceptée par elle.
— Lumières diffusent parmi les privilégiés et les milieux dirigeants des idées
contradictoires / survie du régime ms qu’ils accommodent à leurs intérêts :
valeur de l’esprit d’examen appliqué à tte chose, lutte contre ttes autorités,
« traditions » et « préjugés » (plans religieux et politiques : « vaines
distinctions »).
— Lumières = opposées au « despotisme » monarchique ss remettre en cause,
lgtps, la société d’ordres : idée de liberté = au bénéfice des privilèges, et
ration = par exemple améliorer rendement agricole (physiocratie) pour
augmenter rendement de l’impôt et de la rente foncière [contre « usages »
trad protégeant intérêts de la petite paysannerie > soulèvement final de
celle-ci].
— Dévoilement des intérêts lorsque Parlement veut convoquer États Généraux
ss doublement du Tiers, qui représentait 90+% de la nation = refus de
l’égalité : ministre de Louis XVI, réformateur Necker décidera d’égaler
Tiers aux deux autres ordres > lutte pour vote par têtes : Tiers se déclare
Asemblée nationale (juin 1789).

— 3> L’esprit des Lumières


+ a) Des libertins aux philosophes (cf< ; Sturm 46)
. Qd « libertin » apparaît au 16e siècle (< lat. libertinus = « esclave affranchi »)

29
= :désigne (péjorativement) des libres penseurs (secte protestante). ; vers 1650 = homme qui
désire se libérer des croyance de son temps et en particulier de la doctrine chrétienne >
élargissement : pers épris de liberté, contre tte autorité admise (cf. « esprit fort » du temps de
Corneille).
— France 17e = milieu poétiques (St. Amand, Théophile de Viau : Pyrame et
Thisbé 1621), érudits et philosophiques (Gassendi [matérialisme], St.
Evremond [critique de la religion]) + rayonnt ds tt milieu intellectuel (très
large partie de « honnêtes gens ») où épicurisme a pris relais du stoïcisme
(cf. Molière ss doute, La Fontaine).
— Type de pensée qui doit se faire secrète ou du moins discrète < poursuites
officielles, exils ; libération àp de la Régence.
. Db. 18e = perte de cette valeur théorique > seulement = « débauché », « dissolu » ≠
« philosophe », qui recueille acceptions perdues de « libertin ».
— relation des pensées et des mœurs.
+ b) Le brillant des salons
. Classes privilégiées communient ds un même art de vivre qui sera imité ds toute
l’Europe, avec appétit exacerbé par mort de Louis XIV (< dernière période = rigorisme dévot,
sous la coupe de Mme de Maintenon) :
— Construction d’hôtels particuliers et de folies, modes, Os de luxe venus des
colonies ; constructions de prestige aussi par l’État (d’utilité variable),nott
sous influence de la Pompadour : place de la Concorde, École militaire,
petit Trianon, église Ste Geneviève (Panthéon), St-Sulpice, opéra de
Versailles (+ distribution de + en + de pensions et de « grâces »).
— Sous la Régence, Ps reprend son éclat (> retour de la cour à Versailles en
1722 : avant : Tuileries et Palais Royal) ; cafés, nott Procope.
— Nveau dvlppt des salons, où discussions mondaines, ms aussi littéraires et
philosophiques : duchesse du Maine à Sceaux (très huppé ; régence) >
Mme Geoffroy (bourgeoise), Mme du Deffand (aristocratique) [ces deux
dernières critiquent vertement Crébillon, comme .
. Opposition sourde, toute de même, d’une culture e d’une classe bourgeoise.
— Popularité du jansénisme, comme forme de résistance à l’absolutisme royal
(depuis 17e, introspection rigoureuse ≠ autorité), lié lui à la Contre-Réforme
(malgré gallicanisme).

30
. cf. affaire de la bulle Unigenitus (1713) : condamnation par le Pape
Clément Clément XI de nouvelles proposition janséniste (oratorien
Quesnel) > lutte jansénistes clergé et parlement / jésuites > [en + des
Lumières] 1762 dissolution de l’ordre des jésuites.
— Opposition / noblesse gaspilleuse et jouisseuse ; plus de simplicité et de
vertu (valeurs qui montent ds le siècle : cf. Rousseau).
+ c) Nuances d’une irrémédiable subversion
. L’esprit d’examen
— Influence anglaise (modèle aussi < monarchie parlementaire depuis
révolution de 1688) : cf. notamment Essais sur l’entendement humain de
Locke (1690 > moultes traductions) = empirisme [tte science a pour base
expérience] et sensualisme [tte connaissance vient des sens] > analyse des
faits préférée aux traditions et autorité + idée d’une influence du physique
sur le moral + limitation de l’ambition de connaître au domaine empirique
(foi [déisme] ou septicisme autant qu’athéisme ms surtout tolérance) >
. Approche expérimentale voir clinique des réalités morales : Rss, Laclos,
Sade (émergence ironique chez Créb.).
. Analyse des mœurs en relation avec la politique : Montesquieu >
Rousseau ; ds roman : Marivaux, Prévost, Crébillon…
. Approche nouvelle de l’éducation (Rss.) + développement de l’esthétique
(primauté de la sensibilité : Diderot).
— Tradition du cartésianisme français, appliqué aux domaines historiques et
religieux nott. :
. oratorien Richard Simon : examen critique des textes religieux (≠ parole
divine), Histoire critique duVx Testament (1678)
. Pierre Bayle : Pensées sur la comète (1680), Dictionnaire historique et
critique (1697) [stratégie des notes].
. Fontenelle (neveu des frères Corneille > secrétaire perpétuelle de
l’Académie des sciences 1697-1757) : De l’origine des fables (1684 :
mythologie antique comme ignorance > vise christianisme), Entretiens sur
la pluralité des mondes (1686 = discussions d’astronomie ss métaphysique,
possibilité de progrès scientifique ; vulgarisation mondaine, dialoguée).
. La recherche raisonnée du bonheur

31
— Affirmation d’une valeur s’opposant au moins à deux traditions :
. tradition chrétienne : purification par l’épreuve et la souffrance.
. tradition nobiliaire (féodale) : prééminence des vertus héroïques [plus
présent ds le libertinage]
— Liée à une conception de l’activité humaine comme mue par l’amour
propre, ou recherche par chacun de son propre intérêt.
. > séparation de la morale et de la religion.
. > manière de comprendre tte organisation humaine (dt, gvt : cf.
Montesquieu)
— > pb. = conciliation sociale des intérêts particuliers [recherche du bonheur
humain comme critère du bon gvt.]
. Conception d’un contrat social (Montesquieu > Rousseau)
. Opposition quant aux fondement psychologiques possible d’un tel
contrat : sympathie spontanée entre les hommes (Montesq et Rss) ou, plus
galt, intrication d’exploitations mutuelles (Voltaire, Condillac, Helvétius)
. À la fois confiance et conscience d’un progrès vers un tel bonheur (contre
exploitation de l’ignorance par les autorités, appuyées sur croyance), et
certain pessimisme ds la vision de l’histoire (raison peut errer, être mal
conduite ; cf. Montesquieu, Volt, Rousseau).
. Une critique politique
— Position globalement assez conservatrice ou du moins modérée, malgré
audace des principes :
. Cf. Encyclopédie prône monarchie constitutionnelle à l’Anglaise.
. Morale sociale nuancée, entre défense du luxe (Voltaire) et sa modération
(Diderot) [rare égalitarisme spartiate].
. Pas de remise en cause de la propriété.
. Acceptation de la religion, si séparée de l’État, et avec valeur sociale et
consolatrice (adaptation aux différents peuples).
— Réformes constitutionnelles envisagées : entre
. absolutisme constitutionnel de Voltaire (cf. despote éclairé : Frédéric II ;
Cath II de Russie pour Did.) [noblesse égoïste / masse ignorante ;
abslutisme + bons sens]
. monarchie aristocratique = contrôle concret du pvr royal par la noblesse et

32
des corps arist [féodalisme + défense de la « robe »]
. démocratie politique de Rousseau [force révolutionnaire] : doctrine de la
souveraineté populaire [seule légitime : supérieure à tt dt individuel] > gvt
n’est que son organe administratif, entièrement sous son contrôle.

33
Quelque repères autour de Crébillon
Littérature et philosophie

1528 B. Castiglione, Le Courtisan (dialogue) 1755 Rousseau, Discours sur l’origine de


1588-89 Marguerite de Navarre, L’Heptaméron l’inégalité
1621 Théophile de Viau, Pyrame et Thisbé 1755 Crébillon fils, La Nuit et le moment
1637 Descartes, Discours de la méthode 1759 Voltaire, Candide
1656 Pascal, Les Provinciales 1759 Sterne, La Vie et les opinions de Tristam
1665 Molière, Don Juan ; La Rochefoucauld, Shandy
Maximes 1761 Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse
1668-1678 La Fontaine, Fables [1762, Diderot, Le Neveu de Rameau]
1668 Pascal, Pensées 1763 Crébillon fils, Le Hasard du coin du feu
1678 Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves 1764 Voltaire, Dictionnaire philosophique
1678 Richard Simon, Histoire critique du Vieux 1768 Crébillon fils, Lettres de la Duchesse de ***
Testament au Duc de ***
1680 Pierre Bayle, Pensées sur la comète 1771 Crébillon fils, Lettres athéniennes
1684 Fontenelle, De l’origine des fables [1773 Diderot, Jacques le fataliste et son maître]
1686 Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des 1775 Rétif de la Bretonne, Le Paysan perverti
mondes 1782, Laclos, Les Liaisons dangereuses
1688-97 Perrault, Parallèle des Anciens et des 1791 Sade, Justine ou les malheurs de la vertu
Modernes
1690 Locke, Essais sur l’entendement humain
1696 Perrault, Contes
1697 Pierre Bayle, Dictionnaire historique et
critique
1699 Guilleragues, Lettres portugaises
1702 Galland, trad. des Milles et Une Nuits
1707 Le Sage, Le Diable boiteux
1721 Montesquieu, Lettres persanes
1722 Marivaux, La Surprise de l’amour
1730 Crébillon fils, Le Sylphe
1731 L’abbé Prévost, Manon Lescaut
1731-42 Marivaux, La Vie de Marianne
1732 Crébillon fils, Lettres de la Marquise de
M*** au Comte de R***
1734 Voltaire, Lettres philosophiques
1734 Crébillon fils, L’Écumoire, ou Tanzaï et
Néadarné
1735 Marivaux, Le Paysan parvenu
1736 Voltaire, « Le Mondain »
1736-38 Crébillon fils, Les Égarements du cœur
et de l’esprit
1740 Richardson, Pamela ou la vertu récompensée
(trad. fr. 1750)
1742 Crébillon fils, Le Sopha
1746 Crébillon fils, Les Amours de Zéokinisul, roi
des Kofirans
1748 Montesquieu, L’Esprit des lois
1750 Rousseau, Discours sur les sciences et les arts
1751-65-80 Diderot et d’Alembert, L’Encyclopédie
1754 Crébillon fils, Les Heureux orphelins
34
35
II Crébillon fils
et les aventures du roman au siècle de Louis XV

— 1) Situation ds la société du siècle


+ a) Une distinction précaire
. L’origine et ses doutes
— 14 février 1707, naissance de Claude Prosper Jolyot de Crébillon, fils de
Prosper Jolyot, dit Crébillon, tragédien [originaire de Dijon > étude de droit
et clerc à Ps, rue de Bièvre ; déjà célèbre en 1707], et Marie Charlotte
Péaget [fille de l’apothicaire de la Place Maubert ; meurt qd son fils a 4
ans].
— Famille Jolyot peut se dire « de Crébillon » < achat par gd-père paternel,
Melchior Jolyot, notaire, du domaine de Crais-Billon > demande
d’anoblissement en 1696 : échec > dossier perdu, de même que titres de
noblesse plus anciens, auxquels C fait allusion ds sa correspondance.
. En outre, famille ruinée : dépenses importantes du gd-père, incurie
proverbiale du père ; C ne peut compter sur fortune familiale.
. Pourtant, après étude au Collège Louis-le-Grand, refuse entrée ds ordres et
se lance ds carrière litt.
— Nvelle génération d’écrivain ne vit pas de la protection royale (≠ Molière,
ou encore Prosper C), recherche de riches protecteurs et de pensions ou
charges officielles, voire Académie (< appuis nécessaires ds les grands
salons) : cf. Fontenelle, Voltaire, Marivaux = tentent vivre de leur plume
ms ont acquis statut de petite noblesse.
. certains écrivains bourgeois du siècle n’ont pas du tout cherché à figurer
ds le grand monde : Diderot — Marivaux et Rss ont vécu ds pauvreté.
. C ≠ : veut tenir un rang ds le monde,forme de snobisme, conforme aux
valeurs très largt dominantes du temps.
. Restera tj. très attaché à Paris, malgré difficultés matérielles < fréquenter
le beau monde et ses femmes ds les salons : entrée ds le monde ss doute

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grêce à réputation de son père, lundis puis jeudis de Jeanne Quinault, de la
Comédie fr (> Mme de St. Maur de réputation légère [secrétaire particulier
et amant 1743], avances de Marie de Longeville).
. àp de 1755, porte le titre d’écuyer = titre d’accession à la noblesse, obtenu
ss doute par protection de la duchesse de Luxembourge et duduc d’Orléans.
. Un mariage inattendu
— 1744 Rencontre Marie Henriette Stafford, fille d’un seigneur anglais de
haute extraction > se retirent pour jouir « des douceurs d’une fornication
pure et simple » (Collé) > enfant mort en bas-âge ; mariage en 1748.
. Outre Mme de St. Maur, fréquente une Mme de Vernouillet, et l’on
s’étonne de sa métamorphose conjugale.
. Une irréductible marginalité (province car pvre ; gds salons l’aiment pas)
— Sa femme a peu de bien > obligé de se retirer en province, à Sens 1750 :
pauvreté > revient régt à Paris pour vie littéraire, tvl et plaisirs [collabore
1751-2 journal littéraire d’inspiration cagut janséniste : La Bigarrure].
. Écrit au pdt de Brosses pour être exempté de la taille = impôt lourd et
infamant (> argumente sur sa noblesse douteuse, et celle de sa femme).
. Misère ; marchent à pieds (ni chaise ni carrosse).
— Brièvement pensionné duc d’Orléans.
— 1744. Logé par comtesse anglaise ds Château de St. Germain-en Laye.
— 1755 : mort de Mme Crébillon (< asthme) ; héritage = dettes ; sera
d’ailleurs évinc de tt héritage de sa femme.
. Au service tardif de l’État
— Se cherche en vain riche protecteur : Mal de Richelieu, comte de Sade (jne
marquis amoureux de Mme marquise de Vernouillet…)
— Méprisé ds salon les plus aristocratique :
. Mme du Deffand : « c’est un faquin qui n’a jamais vécu qu’avec des
espèces »
. Mme Geoffrin : « il brillait par la catinerie de ses propos »
— 1762 mort de Prosper Crébillon, censeur des Belles-Lettres
. Claude hérite d’une pension ; déjà censeur des Belles-Lettres depuis 1760,
avec son père (faveur, quêtée depuis longtemps) :nbx (jusqu’à 60+), rôle
surtout honorifique pour certain, base de négociation / auteur [/ question

37
janséniste, puis personne du roi après Damien] ; le jouera scupuleusement,
spécialisé ds roman et surtt théâtre (défense de la tradition / drame nveau,
qu’il encourage pourtant : Beaumarchais) ; prise de position (en faveur de
Rétif de la Bretonne ; Louis-Sébastien Mercier, auteur du Tableau de Paris)
= le montre du côté « patriote » (proche du duc d’Orléans ; opposé à
l’absolutisme radical de la réforme Maupéou ; attachement à l’équilibre des
pouvoirs < Montesquieu)
. àp 1775, censeur de police : unique, et ds affaires plus importantes et
urgentes : pamphlets, interdictions ; C fut pê disgrâcié ; pourtant prudent,
jamais républicain ds l’âme.
+ b) Un père encombrant
. Une grande liberté
— témoignage montre gde liberté ds relation entre père et fils, ds affection
comme ds critique.
— Insouciance et originalité proverbial du père, quasi ruiné après 1740,
malgré reconnaissance officielle (> aide pas le fils, en difficulté, > brouille
ou froid).
— Cf. portrait de L.-S. Mercier : Sgard 62
. Un grand auteur dramatique (genre, / Volt.)
— La hiérarchie des genres : tragédie reste le grand genre (< pas réussite de
l’épopée en France — malgré Henriade de Voltaire 1728) ; voix de la
carrière ds les lettres.
— La tragédie selon Crébillon le père : gde complexité et caractère
mélodramatique des intrigues, élection de moment paroxystiques ds
l’horreur tragique : « Corneille a pris la terre, Racine le ciel ; il me reste
l’enfer ».
. Peu d’œuvres (10 tgdies ; a laissé un Cromwell inachevé) ; gd succès =
Atrée et Thyeste (1707) ; fait ombrage à Voltaire [cf. Œdipe, 1718, Le
Fanatisme ou Mahomet le Prophète 1741 = censuré] ; < considéré comme
le premier tragédien de France après son Catilina (1748) + censure pas tj.
favorable à Volt. > ce dernier alimente polémique hostile.
— La reconnaissance : faveur du roi et de Mme de Pompadour ; Académie
française, censeur des Belles-Lettres ; son enterrement solennel à l’Église =

38
occasion de reconnaissance pour les comédiens.
+ c) Des milieux d’élection
. Le théâtre
— C quitte collège 1725 > dès 26 : sur liste des entrées gratuites de la
Comédie française (< père) : nott découverte littéraire max pour C =
Marivaux (comédie sentimentale et spirituelle).
. 1731 : cour malheureuse à l’actrice Mlle Gaussin.
— Comédiens italiens rappelés à Paris par le Régent en 1716
— Àp 1729-30, pendant dix ans s’associe aux acteurs italiens Antoine
Romagnési, Louis Riccoboni et Lelio > les assiste ds écriture de canevas
parodique de tragédies et opéras (> éventuellt son père, ms surtt Volt.) =
débuts ds l’écriture.
. Amitiés littéraires : les « sociétés badines »
— Vers 1733 > 44 : fonde avec son ami Charles Collé (chansonnier et
dramaturge) la « Société des dîners du caveau » > réunion ts les dimanches,
entre café et petite académie très libre : peintre Boucher, musicien Rameau,
Helvétius, ministre Rameau.
— 1759 chez le fermier gal Jean-Baptiste Pelletier (noblesse récente, cultivé,
porté au mécénat) : > soupers du lundi = Collé et C, Marmontel, Helvétius ;
C y introduit des anglais : Laurence Sterne (Voyage sentimental).
— 1762-68 soirées de la société dite « Dominicales » chez chirurgien Louis :
dramaturge Goldoni, apparition de Beaumarchais [noblesse quasi absente]

— 2) Un romancier funambule
+ A) Les contes
. a) Une éclatante féerie
— Mode du merveilleux à la fin du règne de Louis XIV (contraste / ambiance
rigoureuse + montée du rationnalisme…) : cf. tradition issuede la mythologie +
roman de chevalerie (Le Tasse, L’Arioste), Contes de Perrault 1696 +
traduction des Mille et Une Nuits par Galland 1702 [vers 1738 ms de
Crébillon : Les Mille et une fadaises…].
. Crébillon innove en lui donnant dimension philosophique et critique.
— 1730 Le Sylphe, ou Songe de Mme de R*** écrit par elle-même à Mme de

39
S*** = [forme de dialogue] dame entend un esprit murmurer ds sa chambre à
coucher « Que d’appas ! » > esprit de l’air, pratique art de l’amour si sera
encouragé, éloge du plaisir fugace, de l’occasion saisie (≠ convention du
mariage) > f de chambre entre ds chambre, esprit s’enfuit. [cf. situation de
NM.]
. très gd succès, notamment de la version scénique, jouée par les italiens.
. b) Orientalisme et politique
— 1734 = occasion d’une polémique politico-mondaine : L’Écumoire, ou
Tanzaï et Néadarné, histoire japonaise. Prince Tanzaï, héritier du royaume
de Chéchian, averti par une fée que pour prévenir un gd malheur, la nuit de
ses noces devra enfoncer un manche d’écumoire ds la bouche du grand
prêtre ; échoue > maléfice : son sexe remplacé par un écumoire ; >
aventures pour récupérer l’organe perdu : nott passer une nuit avec une
harpie, etc…
. Très grande notoriété du conte, jusqu’à la fin du siècle < contexte et
scandale : écumoire renvoie à la Bulle Unigenitus, que jésuites et Cal Dubois
veulent faire avaler à une France et un clergé de tradition gallicane.
. Gd prêtre = Cal Dubois ? horrible fée concombre = duchesse du Maine?
De plus, texte pê accusé de jansénisme [= sensibilité possible de C : livres
de sa bibliothèque + force des passions malgré toute raison, de pers
abandonné ss grâce ; pessimisme des moralistes classiques] et de
gallicanisme ≠ recherche d’un compromis royal / Rome [refus de tt
despotisme]…
. > livre condamné à être brûlé + lettre de cachet > C emprisonné à
Vincennes pendant une semaine > libéré sur demande de la Pincesse de
Conti (janséniste)
. > gd succès de scandale.
— 1742 Le Sopha, « conte moral » : esprit du narrateur condamné à séjourner
de sopha en sopha jusqu’au jour où deux amants couchés sur lui y
découvriront pour la première fois jeux de l’amour : jeu du dévoilement
(ubiquité : cf. Diable boîteux de Lesage) + analyse des mœurs
contemporaines.
. Nvelle condamnation < contraire aux bonnes mœurs + exemplaires

40
circulent avant d’avoir obtenu privilège royal (plusieurs années avant : lu
par Frédéric II) : exilé trois mois à trente lieues de Paris (Rouen ; rappel <
nott intervention de son père, académicien).
. Pers. odieux de libertins cyniques (hs et fs), dont certains à clé : nott.
Mazhulim, libertin semi-impuissant…
. Depuis qqs années (après liberté de la Régence) : excès jansénistes > sous
Cal Fleury, période de sévérité / littérature, en particulier concernant
question religieuse :1634 Lettres philosophique de Volt > lettre de cachet et
exil ; 1637-42 = interdiction de publier ouvrages périodiques et romans en
plusieurs livraisons ; or : C fait circuler exemplaires clandestins à Ps même.
— Période de composition de NM (vers 1737-8) et HC (1742) :
. Avec Sopha = ces textes témoignent d’une fascination particulière /
mœurs de la grande société ; ms pas représentation réaliste ; d’après
documents d’époque : réalité bcp moins raffinée = grande place de la
violence (deux jeunes nobles violent femme de chambre à défaut de la
femme d’un fermier gal > condamnation par la justice), importance des
affaires d’argent (mésalliances > nobles méprisent mariage et fonde
l’inconstance valeur de substitution).
. après cette période : ne publie plus rien en France > 1754 [1746 : Les
Amours de Zéokinisul, roi des Kofirans = satire contre Louis 15 et sa cour];
écrit, ms détruit ses textes, ou les publie pas ; ss doute malaise < ses
vicissitudes sociales : pb matériel (< mariage, aussi), difficulté à tenir rang
ds le monde.
+ B) Libertinage et introspection
. a) Le roman à la première personne
— Interrogation sur la vraisemblance > mode et interrogations / genres
existant déjà au 17e :
. roman historique et galant : cf. Mme de Lafayette, Princesse de Clèves
(1678) > vogue des « histoires secrètes » = qui dévoilent ressorts secrets,
galt amoureux [< tradition du Décaméron de Boccace et de L’Heptaméron
de Marguerite de Navarre], d’évts qui ont caution de l’histoire [>
bienséance grâce aux grands personnages + vraisemblance grâce à
l’histoire] ; fantasme romanesque de l’effraction (ds l’intimité : cf. Sylphe) :

41
cf. Le Diable boiteux de Lesage (1707) [génie Asmodée donne au héros
étudiant le pouvoir de voir l’intérieur des maisons > id Sopha, Diderot
Bijoux indiscrets (1748)].
. recherche de vraisemblance > histoire réelle passée au filtre d’une
subjectivité = les mémoires (masc.) ; rééditions (Cal de Retz, 1717) >
mélange avec fiction : Mémoire de la vie du comte de Gramont, de
Hamilton (1713) [irlandais, en fr], Mémoires de M. d’Artagnan, de Courtilz
de Sandras.
. > revendication de la subjectivité + goût de l’analyse (introspection et
études des mœurs) permet de se passer de la caution de l’histoire et
d’aborder une réalité plus large (non noble) : Manon Lescaut in Mémoires
et aventures d’un homme de qualité, de l’abbé Prévost (1731) et surtout,
pour C, La Vie de Marianne (1731-42) et Le Paysan parvenu (1735).
— Dans ce cadre : comprendre Les Égarements du cœur et de l’esprit, de C.
(1736-38) : = montre trois étapes de très nbx récits libertins (selon
C. Reichler, II ; récit d’une initiation, roman de formation) ; se présente
comme mémoire de M. de Meilcour, narrateur qui revient d’une vie
dissolue.
. 1) Idéalisation [Eden]. Le jeune Meilcourt fait son entrée ds le monde .
Amoureux d’une amie de sa mère, Mme de Lursay, à qui il n’ose déclarer
sa flamme. Puis amour / jeune Hortense de Théville, qu’il croit
inaccessible.
. 2) Maîtrise et désillusion [Chute]. Initié par Versac, un libertin qu’il
admire, découvre que la dame cache une femme galante > la méprise et
obtient d’elle de découvrir l’amour.
. 3) Poursuite d’un O inaccessible [Rédemption]. Amour d’une femme
vertueuse = non écrit.
— > après succès du Sylphe et scandale de Tanzaï, ECE paraît ds de bonnes
conditions, avec privilège royale (avant Sopha) > accueilli favorablement
par les plus grands critiques, C. au sommet de sa gloire (déjà en train de
rédiger Sopha, Nuit et ss doute commencé Hasard).
. b) Le roman épistolaire
— Faisceau de raisons explique développement de ce genre au 18e :

42
. Décentrement et pluralité des point de vue : donne portée critique (> arme
philosophique), arme d’un relativisme et empirisme philosophique (pas de
narrateur omniscient) + art de la variation (roccoco) > synthèse fertile ds
Lettres persanes de Montesquieu, 1721 [forme aussi non romanesque : cf.
Lettres philosophiques ou Lettres anglaises de Volt., 1734].
. Logique de l’effraction (stratégie de vraisemblance) < roman se donne
comme document réunissant des lettres réelles (> romancier = seult éditeur
qui les agence : transparence de la raison), soit mise en scène d’écritures,
qui permet en outre de crédibiliser l’introspection : Lettres portugaises de
Guilleragues (1669) [gd succès > passion qui s’écrit au moment où elle se
vit : devient modèle dominant], Pamela ou la vertu récompensée de
Richardson (1740 > trad. fr. Prévost 1750) [mode du sentimentale, du
larmoyant] > Julie ou la Nouvelle Héloïse de Rousseau, 1761.
— 1732, Lettres de la marquise de M*** au comte de R*** : jne f qui se coit à
l’abri de la séduction correspond avec un ai libertin > malgré résistance,
sera séduite et abandonnée > meurt d’amour.
. . Concentration sur analyse < monodique.
. mise en sc. de l’écrit (parole) comme acte (cf. récit comme moyen
stratégique in NM).
. caractère racinien de l’écriture (pureté lyrique — même si trace de
Guilleragues) malgré nouvelle préciosité (néologie).
— 1754, Les Heureux orphelins, histoire imitée de l’anglais > échec : lenteur,
lourdeur du style.
. Tente ss doute imitation de Richardson : adapte un roman anglais (pê
même écrit avec sa femme), pour rentrée sur la scène litt. fr. depuis Sopha.
. Invente face à face de la femme vertueuse / libertin : Mme de Norfolck /
Chester > Laclos (Pdte de Tourvel) et Sade (Justine)
— 1768, Lettres de la Duchesse de *** au Duc de ***
. Monodique aussi : f. vertueuse ne cède pas et le regrette ; échec.
— 1771, Lettres athéniennes, extraits du portefeuille d’Alcibiade :
. Mosaïque de 31 épistoliers dont les 140, lettres peuvent avoir servi de
modèle à Laclos.
. Composante historique : mort de Périclès et de la démocratie athénienne +

43
effet de sens de l’ensemble = effondrement de la démocratie par défaut de
vertu de ses citoyens [vertu = principe de la démocratie selon
Montesquieu] ; prise de position « patriote » voire « républicaine ».
. Représentation la plus noire du libertinage le plus cynique =
caractéristique de l’esprit de l’AR finissant (cf. Reichler) :
* premier libertinage revendique liberté de conscience et de jouissance,
désir d’émancipation (Théophile 17e > cf. Clitandre ou le Duc) > « libertin
honnête » mime les convenances, voire les croyances, pour mieux s’en
affranchir (17e Méré, St Evremond, Lafontaine ; Don Juan) > risque de
devenir ce qu’il mime : masque ss intériorité).
* « double impasse » = troisième phase : maîtrise nie toute valeur
collective (morale commune comme fiction > volonté de domination :
Versac, Lord Chester, Alcibiade ; > Valmont + pers de Sade) / rôles
assumés nie tte singularité subj. (S illusoire, ne pouvant figure que ds des
fictions).
. c) Le dialogue : genre à part entière, même si en interaction / autres genres.
— Triple source antique qui marque la tradition européenne, nott à partir de la
Renaissance :
. philosophique : Platon = forme dialectique de recherche de la vérité
(maïeutique > heuristique), marquée nott par l’ironie et la familiarité du
ton.
. rhétorique et didactique : Cicéron
. satirique : Lucien (Dialogue des morts)
— Grande faveur à l’âge classique, ds le prolongement des dialogues écrits à
la Renaissance sur le modèle platonicien (cf. B. Castiglione, Le Courtisan,
1528) <
. accueilli avec faveur comme forme de littérature mondaine, qui permet de
diffuser des réflexions sérieuses ds le milieu des honnêtes gens : cf. forme
envisagée par Pascal / Pensées 1668 [déjà Provinciales 1656 = lettres] >
vogue des entretiens fin 17e, cf. Fontenelle 1686.
. devient une des formes favorites des « Modernes » (cf. Perrault,
Parallèles des Anciens et des Modernes, 1688-97) < conforme à l’esprit des
salons et son idéal de « naturel » ds la conversation (liberté d’un S en retrait

44
/ force de cohésion du gpe) + échappe à la rhétorique des grands genres
trad. (> gde liberté, expérimentation sur les genres au 18e).
— Au 18e siècle, devient une des formes élues par les Philosophes :
didactique, polémique et heuristique [+ de 250 entre 1700 et 1789].
. Notamment dialogue dramatique de Diderot, comme façon de mettre en
scène les contraires (cf. Neveu de Rameau, 1762) ; pratiqué aussi par Volt.
(ds conte, définition du Dictionnaire philosophique 1764…).
— 1755 La Nuit et le moment + 1763 Le Hasard du coin du feu. Comment le
comprendre chez Crébillon, ds son œuvre romanesque, ou du moins
narrative (≠ Did. Ou Volt.) :
. Circonstances : Moment de l’écriture (1736-7 > -42) = façon pê de
contourner interdiction des romans (1737-42, justt.) ; surtt, au moment de la
publication = tentative aussi de renouer avec le succès, alors que passé de
mode en France (cf. Grimm) > bon accueil, d’ailleurs.
. Plan poétique : « inventer un genre mixte, propre à accueillir des
situations extrêmes » (Jean Dagen).
* mise en scène fictive joue même rôle que recueille fictif de lettres =
effraction, dévoilement d’une intimité par représentation au discours direct
d’un échange de paroles ; filtre tout de même : intervention d’un narrateur
lorsque les pers. ne parlent plus, ou tiennent des propos dits insignifiants
(mise en abîme du roman, comme chez Sterne, La Vie et les opinions de
Tristram Shandy 1759 ou ds Jacques le fataliste 1773 [passages dialogués])
> représenter allusivement ce que scène ne pourrait montrer + donner à lire
sens plus ouvert qu’un récit dont nart tend à donner la clé (> ironie, esprit).
* paradoxe dramatique et romanesque : pers. pris tout près du
dénouement > faible teneur et gde densité de la confrontation dramatique /
de la teneur romanesque.
* csquce : développement de l a parole ds le registre de l’analyse
morale et des mœurs, ms aussi du conte (libertin voire grivois)
[développement que permet le caractère fictif, et non scénique, du
dialogue] > parole à la fois porteuse d’idée (philosophie et sa critique
morale) et d’intrigue (dramatique, romanesque : récits enchâssés + histoire
globale) ; singularité tient largt à cette interaction de la parole et de l’action.

45
46
EXPLICATION 2

La Nuit et le moment, db. (pp. 39-40 > « tant d’étonnt »)

— Pt. essentiel du débat entre les pers. = degré de surprise / embarras / étonnt (étymt fort : cf.
tonnerre) de Cid. / entrée de Clit. chez elle le soir, en robe de chambre + raison de sa présence
à lui.
+ Cid. dit s’étonner de la présence de Cli < le suppose attendu par Araminte (voire un autre)
[40-41].
+ Clit dit la croire embarrassée < elle serait sur le pt. de voir Éraste [40].
+ Pour le lecteur comme pour Clit. : elle n’est pas suffisamment choquée par entrée de Clit
pour le mettre à la porte immédiatement <
. habitude ou désir de le voir… ; cf. compréhension de la première réplique
. = éclaire mode de fonctionnement du langage ds cette œuvre : énoncé (ce qui est dit)
pas compréhensible sans conditions d’énonciation (situation ds laquelle on le dit > intention :
cf. traces ds intonation, mimique), lesquelles restent à déchiffrer progressivement par le
lecteur < pas de narrateur pour apporter des précisions > un des intérêts de ce genre : permet
suspens du sens et de l’interprétation.
— En particulier : ironie
+ Théorie de l’ironie comme fonctionnement polyphonique du langage, ironie comme
« mention » (cf. O. Ducrot).
. Emploi d’une expression en usage = énonciateur adhère à l’énoncé.
. En mention = pas d’adhésion, citation > ex. de l’ironie
+ Différence avec le mensonge :
. Mensonge : dire P et penser non P
. Ironie : dire P et vouloir faire entendre non P (partage d’une vérité, complicité).
+ Dialogue permet de laisser jouer ce type de fonctionnement < situation reste à interpréter
car pas (ou peu) de narrateur. ; > Créb écrit œuvre essentiellement dialogique.

— Remarques sur la singularité de l’ironie et ses marges :


+ Particularités :
. Forme de comique nuancé : sourire plutôt que rire > chez C, entre ce qui valorise le
rire ds la tradition classique (sanction d’un défait ss rire ni dommage > lucidité, intelligence)
et ce qui le dévalorise (dynamique de rabaissement au corps et aux instincts : ici sexualité —
47
ms Cél. mange bien, aussi…).
. Joue / contrat de sincérité (le détourne ss l’annuler < vraie pensée est à deviner)
. Ironie comme moquerie > question de la personne à qui s’adresse et qui est visée par
l’ironie.
— cf. récits de Clit. : ironie / autres femmes > ds quelle mesure / Cid.
. De même : homme et femme-type > Cél in Hasard [Duc ironique ds la
mesure où assume très difficilement position d’énonciateur comme sujet]
— position du lecteur ≠ celle de la f > voit mieux situation d’énonciation +
déroulement du discours et de l’intrigue > peut décoder ironie.
+ À distinguer d’autres formes d’esprit (capacité à des mises en relation inattendues) et de
comique (= qui provoque le rire) :
. Humour : vise moins directement à rabaisser une personne précise (cf. pseudo-
énoncé P non assignable) = simple mise à distance d’un énoncé, qui fait ressortir aspect
plaisant d’une situation, d’un jugt.
— Peut jouer / autres lois de la communication(exhaustivité, cohérence et
pertinence > tvl sur ellipse)
. Burlesque : logique de rabaissement (nott caricature par hyperbole, répétition)
. Satire = critique sociale ou morale — dont diverses forme de comique peuvent être
les modes (ironie, humour, burlesque…)

48
CLITANDRE ET CLERVAL

Crébillon fils : La Nuit, Le Hasard

— Gde différence, d’âge, de situation et de méthode : pt commun non tant ds le discours et


l’action, que la ds représentation morale de l’amour dont ils sont les moyens.
+ Que nous apprend mise en scène romanesque de Clit et Cv sur morale de l’amour que
propose Crébillon ds ces dialogues ?

— I. Deux séducteurs en action


+ 1) Les personnages et leurs légendes
. a) Une inscription sociale
— Clit. pris ds tout un univers de Ns propres, récurrents, société d’intimes :
. Cf. : 3x chez Julie [51 > Araminthe, 100 > Julie, 108 > Luscinde]
. Rang : a un carrosse [109] et un cocher complice.[111]
. Famille : savons qu’il est Comte (1x : 50)
— Duc = galt appelé ainsi, rart M. de Clerval, par Cél. [138 à Mq, > 192, -4 :
indignation], nart. mêle les deux ; plus grande importance de son statu social =
représente l’h formé.
. Vient de Versailles, et son retard motivé par agrément de sa charge,
discussion avec le ministre, s’assurer de sa promot°, nott. Lieutt gal des
armées 142 (cf. souvenir de la retrait de Prague 143-4).
. Sa grand-mère fréquentait déjà le monde [159]
. b) Une carrière de libertin
— Annoncés comme tels par les autres personnages (réputation) :
. Ci suggère que Clit a eu autres fs et qu’elles sont venues pour lui [41 ,
43] ; Mq et Cél s’entendent sur inconstance du Duc [139-40]
— Récits ou allusions à leurs conquêtes passées, où l’amour n’a galt pas de part :
. Récits de Clit : Aspasie et Célimène (morte puis perfide : 74) > Araminte,
Julie, Bélise (en même temps qu’Aspasie), Luscinde.
. Allusions de Clerv. : s’est tj mal porté de témoigner trop de respect [172],

49
lorsque Clé a quitté M. de Clêmes, Cv était avec qq fille, qui voulait être
aimée [180-1].
— Ont connu une véritable formation :
. Clerv. A été avec la laide Mme d’Olbray et a cru l’aimer < innocence de
jnh etindécence de f d’exp. [159]
. Clit a été lancé ds le monde par fs à la mode > tête lui a tourné avant qu’il
gagne plus de vertu par Aspasie [96-7].

+ 2) La construction d’un acte


. a) Les étapes d’une conquête
— NM entièrement structurée par progression spatiale et corporelle de Clit. : ds la
chambre de Ci > seule avec elle > sur le lit > ds le lit > son amant.
. Joue de la curiosité affichée par Ci, qu’il sait ss doute être le masque de
l’amour [cf. 84] : pourquoi la croit-il embarrassée ce soir (> le met pas
dehors) [40] > récits successifs (/ Araminte, Julie, Luscinde).
— HF joue plutôt sur manœuvre de Cv / piège que lui tend Cél : à la fois déjouer
sa demande d’amour, et à cette condition en obtenir du plaisir [cf. nart. 197-8].
. Gde importance de l’argumentation + symbolisation possible par
positionnement ds le boudoir = étreintes commencent ds fauteuil de la Mq.
[192-4] > l’entraîne ds chaise-longue de Cél. [198]: chacune à sa place.
. b) La maîtrise du corps et du geste
— Cv conduit Cél du bout des doigts [192] > lui baise une main, l’autre couvrant
le visage, contrôle le reste du corps [194-5] ; s’approche et l’entraîne sur chaise-
longue [198] > lui oppose rigidité ms a l’art de Prométhée (= animer statue)
[201].
— Clit. fait progresser gestuellement physiquement l’act° autant que verbalt.
(argumentativt, sentimentalt.) ; série de coups de force préparés.
. [59] rideau tombe > s’assoit sur lit pour l’arranger ; [63] dit avoir froid <
nu sous sa robe de chambre = prétexte pour se mettre de lit > [66] ce qu’il
fait malgré elle + l’enlace ; étreintes croissantes [75, 78, 81] ; [82] profite
de chercher sa robe de chambre pour qu’elle ne le voit pas nu > l’enlace,
[84] aveu de Ci > il tombe sur sa gorge ; [86-7] + entreprenant >
« complaisances » forcées de Ci > deviennent amants.

50
+ Stratégie efficace de séduction implique surtout bne compréhension de l’autre.

— II. L’intelligence du libertinage


+ 1) Le décodage des signes
. a) Le corps
— Cv se trouve confronté à la mise en sc du corps de Cél. = peu difficile d’y lire
le désir, dont il oppose dévoilt si rapide à l’amour [187].
. Négligée ds laquelle elle l’accueille [didasc. 131]
. Pression des doigts [192], dévoilt pour se réchauffer [193], son
comportement prouve qu’elle n’a pas besoin de l’aveu [202].
— Clit. dit déceler, comme libertins, aptitude à l’amour ds apparence des fs.
. Troublé pas sensibilité modérée, liée à présence et caresses de l’amant
seul [69] ; pour les connaisseurs, modération est promesse de sensualité :
« vs avez ds les yeux une langueur tendre qui promet passablement », « de
la langueur, de l’indolence, de la modestie, voilà nos affiches » [94].
. b) Comportements et paroles
— Clit avait deviné amour de Ci, ce qui peut expliquer son audace : cf. 84 d’après
détails de son comportement ; attention aiguisée : un mot échappa à Ci à l’Opéra.
— Cv sent pris au piège par Cél, dont il a entendu ordre au Suisse [150] >
comprend son aveu déguisé ds bienséance de galités qui tendent à extorquer aveu
[179-80] puis approbation du premier pas [184sq, 187, 191].

+ 2) La direction d’intention
. a) Paroles et situation
— Clit plus simple = attiser désir et tranquilliser vertu d’une femme non prude
dont il se sait aimé :
. Par récit de ses amours passées, dont il demande de plus en plus salaire en
nature : hist. Araminthe > tête à tête [46], hist Julie > ds lit [63], nveau
salaire pour celle Lucinde [105-6, 115]; importance < le montre libre, et
assez méprisant des autres fs ; pbmatique < montre sa capacité à mentir /
amour [56 / Araminte : « la bienséance et l’état où j’étais ne me permettait
que de la tromper » ; 110 / Luscinde « L’amour, le tendre amour fut encore
mon excuse. »] et à mépriser les fs..

51
. Déclarations d’amour [51, 64 respect, 72-3-4-5sq., 128]+ histoire de celui-
ci [73-4].
— Clv. : jeu de langage et agencement de situations.
. À force de rester ds galité, amène Cél. à dévoiler sa demande — de plaisir,
comme amorçant l’amour ou voilé par lui.
. Saisi du moment [194 : Cél se donne car croit que trouble fera dire à Cv
ce que’elle veut] > après victoire physique = peut se positionner plus
clairement et poser puérilité de la demande d’amour ss la désavouer absolt.
. > pour préserver secret d’une liaison galante (intérêt de l’amour de Cél
àses propres yeux) = pousse Cél vers Bourville [comparable à Clit. /
Luscinde, qu’il prend en lui parlant d’amour puis la repousse vers Oronte]
. b) Évitements et glissements verbaux
— Clit. : parle beaucoup plus de sentiment, d’estime, d’ardeur, que d’amour [ø
« je vous aime » : si 73, 89] ; 97-8 demande à Cid de se calmer, qu’ils jouissent
tranquillement du bonh de s’aimer ; périphrases 128 subordonnant son amour à la
croyance de Ci..
— Cv. résiste à tt aveu, même vague < relation de Cél à Mq ; seult un sous-
entendu, qui décide Cél à l’arrangement avec Bourville [206] elle suggère son
amour > « avec tt l’air du transport » = « le bonheur que vs me faites
envisager ! »

— III. Les formes de la sensibilité


+ 1) Pulsions héroïques
. a) La tyrannie du désir
— Tout comportement des pers. motivé par un plaisir qu’ils disent physique
(« machine » de Clit. [124] / Luscinde; « désir ne discute de rien » [188]) :
cf. thèse pose et mise à distance de Clit. : amour = « un désir que l’on se
plaisait à exagérer » [48] ; seule certitude de leur comportement : cf. seule
« preuve » qu’il peuvent apporter (opposer) / question des femmes : sans
cesse par Clit. (ms Cid lui oppose que ≠ désir), à la fin par Clerv. (après
l’avoir bien distingué de l’amour).
— Pers. comme nart. affirment toute puissance de ce mouvement, comme

52
impuissance à le déclencher par la volonté, ou en tt cas à volonté :
. Clit. [87] modération n’était plus en son pouvoir < caresses d’une femme
comme Cid.
. Nart. / Clerv. [193-4] : n’est qu’un homme > désir doit à la fin l’emporter
/ réflexion qui le dissuade de céder.
. ≠ Célimène : dsir intellect > pleure de ne pouvoir ni l’éteindre ni le
satisfaire [94-5]
. ≠ hésitation de Clerv. à faire un faux aveu pour posséder Cél. < « désir
éteint »[196]
. b) Puissance et violence
— Démonstration permanente de puissance sexuelle :
. Sous forme de talent chez Cv. : Prométhée (géant, fils d’un Titan)[201] ; tt
de même : encore un accouplement avant dîner, et un après [215-6]
. Plus simplement physique chez Clit. (enthousiasme et bne forme du
jeune) : cf. suggestion d’érection / Julie [102] > « preuves » de l’amour de
Clit., avec jeu de Julie sur ses doutes et la vanité de Clit. [86, 88-9, 106,
126-7].
— Désir peut aller plus loin que jouissance physique : libido sciendi + forme
de cruauté ds plaisir de domination, ou du moins manipulation :
. Exp. de Clit. sur Luscinde + organisation de son retour à Oronte, comme
vengeance contre celui-ci (< concurrence du temps d’Aspasie) ; tournure
objectivante / f : « en lui rendant sa maîtresse, après ce que j’en avais fait »
[119] ; cruauté de comportement, dont jouit intérieurt. [≠ Sade, qui fait
accabler la victime par le bourreau]
. Cv possède Cél ss lui avoir fait aveu qu’elle attend voire après lui avoir
suggéré qu’il trouve son indécence méprisable [188] + confirme qu’iol ne
l’aimera jamais [213] et qu’elle n’a pas elle-même l’excuse de l’amour
[202-3, -4] > organise le triangle amoureux / son ami Bourville.
— Plaisir de domination se décèle aussi par moment de violence que comporte
toute les scènes de séduction.
. Cv. : < pense qu’insolence tj. plus payante que respect (et même plus
d’égard < hommage à ses charmes + permet à f de se dire qu’elle a cédé
sous la contrainte + lui évite de voir sa vertu céder peu à peu) [/ Norsan :

53
165, 172-3] + Cid particulièrement apte à céder [198], et peut d’autant
moins faire d’éclat qu’elle a cédé ss aveu de Cv. [202].
. Clit. surtt (plus frappant car contraste avec son aménité hédoniste) : va tj.
un peu plus loin que Cid prête à reconnaître qu’elle désire qu’il aille ;
physique, au moment décisif de devenir son amant [86 : en use d’autorité,
emploie la violence] > avec Luscinde, en l’effrayant [109, 111-2] ; ms. Cid
aussi dit avoir peur [105].
+ 2) Morales de l’amour
. a) Secrets sensibles : ignorance et pudeur
— Difficile de savoir vrais sentiments de Clit. : entre cynisme hédoniste /
autres femmes, à qui a fait déclaration d’amour, et déclarations à Cid. ;
comme Meilcourt, héros des Égarements [publié en même temps
qu’écriture de NM] dont manque fin rédemptrice = amour d’une femme
vertueuse ; jeunesse > jouissance presque innocente de son cynisme
manipulateur, qui ne le pousse que peu à perversion (même si tendance, ds
histoire Luscinde) : composante de libertinage honnête (jeu / convention)
ms ivresse du déniaisement et risque de cruauté (schéma Claude Reichler,
L’Âge libertin).
— Cv = plus proche de cette rédemption < amour de la Marquise [cf.
« vertus » selon Cél. 157], qui incarne plutôt forme de sagesse : cf. écran /
coin du feu + attachement aux « principes » [137] ; surtt : Cv comme le
narrateur à son propos y renvoient comme une constante et un repère ; cf.
témoignage de tendresse / Mq (ms pb. ironie, et empêche pas désir / Cél.) et
opposition / Cél. ; cf. 197 sq. = souci / Mq. de garder Cél. qqs semaines ;
203 « vs ne deviez point oublier à quel point, et combien sincèrement je
suis attaché à la Marquise » > tt dispositif pour la conserver (et son
respect).
. b) Réserves et principes :
— Construction d’une morale où se mêle psychologie classique et point de
vue philosophique (« moderne » [48])
— Critique de la vanité , « amour propre » (< La Rochefoucauld) : cf. Cél
séduite par Norsan à cause de sa réputation [163] , Clit mis à la mode par
qqs femmes ds le ton > de la fausse pudeur : refus de l’aveu par Cv, et

54
ridiculisation par Clit (Araminte, Luscinde) > aussi de la fausse galanterie
par Clit. [60/ Araminte comme / Célimène].
— Force de l’imagination < Pascal, et plus largement de la sensibilité
(« cœur» La Bruyère) : selon Cv It° d’un femme mène à son cœur [161],
faire entrevoir plaisir ms aussi savoir les anoblir [165-6] ; Clit. en joue, par
ses récits avec Cid. ; jeu sur curiosité aussi / Julie, / ressentiment avec
Luscinde… ; même vertu = moyen de plaire à Aspasie [97]
— Attachements aux principes [Marquise 137] : mépris ds critique de Cél. par
Duc 204, : peu de respect Clit / Luscinde [117-8 = faire pour amuser un h
plus que pour le fixer > « à qq pt que ce qu’on appelle mœurs, et principes
soit discrédité, nous en voulons encore »] : attachement de la sensibilité (<
bon fond moral, ou incapacité à voir le vrai ; cf. La R : « Le soleil ni la
mort ne se peuvent regarder fixement. ») = exigence d’un effort
pragmatique àp de de lois dégagées des circonstances [pb. = lesquelles,
puisque pragmatisme ? < « pensée », qui fait grandeur de l’h ? morale
« sensible au cœur » comme Dieu chez Pascal ?].

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EXERCICE DE DISSERTATION

Crébillon fils : La Nuit, Le Hasard

Selon Violaine Géraud, in La Lettre et l’esprit de Crébillon fils, SEDES, 1995, l’ironie
du texte, chez cet auteur, « ne cherche pas la Vérité mais la diffuse en la dispersant. » Dans
quelle mesure cette remarque vous paraît-elle caractériser La Nuit et le moment et Le Hasard
du coin du feu ?

— Tripartition : bipolarité > relation entre les termes :


+ Ironie du texte / Vérité (de quoi) > chercher (comme un O déterminé) ≠ diffuser-disperser
(> ≠ un O déterminé).

— L’ironie du texte :
+ Du texte = produite (suggérée) par le texte, cad. :
. Genre : dialogue (≠ théâtre ms rapport : situation) / récit ; possible polyphonie et
lecture ouverte qui en résulte.
. Intrigue : peu d’évt, tj. le même, prévisible [différence 1e / lectures suivantes] /
variation sur un schème ds récits rapportés
. Composition : densité / démultiplication ; échos
. Style : anti-phrase, antithèse, euphémisme, périphrase, galisation.
. Personnages :
+ Ironie :
. Définition polyphonique possible : usage / mention (et nuance / mensonge : cf. par
ex. sur question de l’amour).
. Définition plus courante : moquerie qui passe (galt) par affirmation d’une chose pour
suggérer son contraire [ ms rapport : affirmer une chose par la négation de son contraire : « je
ne te hais point »] ; à distinguer de formes d’esprit qui s’en rapproche [cf. « ds quelle
mesure »] :

56
— En particulier = joue / contrat de sincérité (le détourne ss l’annuler < vraie
pensée est à deviner)
— A distinguer de la satire, dont pê une modalité : critique, nott sociale
— Burlesque : logique de rabaissement (nott par hyperbole, répétition)
— humour : vise moins directement à rabaisser une personne précise (cf.
pseudo-énoncé P non assignable) = simple mise à distance d’un énoncé, qui
fait ressortir aspect plaisant d’une situation, d’un jugt.
. Peut jouer / autres lois de la communication(exhaustivité, cohérence et
pertinence > tvl sur ellipse)
. > question de la personne à qui s’adresse et qui est visée par l’ironie.
— cf. récits de Clit. : ironie / autres femmes > ds quelle mesure / Cid.
. De même : homme et femme-type > Cél in Hasard [Duc ironique ds la
mesure où assume très difficilement position d’énonciateur comme sujet]
— position du lecteur ≠ celle de la f > voit mieux situation d’énonciation +
déroulement du discours et de l’intrigue > peut décoder ironie.
+ Cette ironie = S des verbes > postulat que le texte a une activité(comme production d’un
auteur, et sa mise en relation avec des lecteurs)

— Ne cherche pas la Vérité.


+ vérité :
. Adéquation du discours / réel (exactitude), / pensée d’un pers. (sincérité). Cohérence
interne.
. Objet de la science / phi / morale : pertinence au 18e, où « philosophie » hérite des
valeur du libertinage érudit = recherche d’émancipation / conventions, éclairé par rationalisme
empiriste, pragmatique, sensualiste.
+ Recherche ou non d’une vérité :
. position / « philosophie moderne », énoncé et pbmatisée, et / moralistes classiques.
— lien de cette recherche avec celle d’une sagesse
. Faux de dire que la cherche pas < démasquage des faux-semblants par les pers de
libertins en particulier : position socratique en ce que amènent femme à dévoiler vérité de
leurs désirs et sentiments.
. Faux de dire que veut en trouver (> imposer) une comme vraie : cf. réserve de la Mq
comme de Clit quant au pvr de la philosophie / pensée et action.

57
+Vérité de quoi : de l’homme, de l’humain
. En particulier en ce que serait révélateur d’une morale (cf. sous-titre HCF), aiderait à
la fonder.
— cf. vérité de l’amour = désir selon Clit.
— vrai, ms rend malheureux selon Mq > vraie voie du bonheur = vertu (force
morale) à quoi aide les « principes » [137-8]
. Montrer cette vérité, entre invariant (psychologie classique présentée avec distance :
cœur, amour-propre, raison…) et variété (typologie des êtres et variabilité selon les
circ. : le moment).

— La diffuse en la dispersant.
+ Diffuse :
. Disperser de façon continu (cf. parfum : vaporisation ; gaze de Créb.)
. Cad aussi répandre : la faire s’insinuer partout ; pê présente lors même qu’on ne
l’attend pas ; tellt subtile qu’insaisissable.
— fragilité du vrai : peut devenir faux, selon les circ.. (cf. Clit.)
+ ≠ Disperse :
. Discontinue >
— fragmentation : vérité partielle (jeu des ellipses, des omissions)
— pluralité :pas une seule vérité

La théâtralisation de la parole permet-elle, dans les deux dialogues de Crébillon, que se fixe
une vérité morale de l’amour, ou ne montre-elle que sa fragilité, son caractère relatif et
pluriel ?

. I. Une exigence de vérité dans un univers de faux-semblants


— 1) Du libertinage comme dévoilement
— 2) Monotonies narratives
— 3) Le conte et sa morale ?
. II. Les théâtres du vrai
— 1) La parole et son double
— 2) Ironie dans l’âme : les contradiction des personnages

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— 3) Ironies dramatiques : désirs et faits
. III La déduction des principes
— 1) Discours moraux
— 2) Jugements suspendus

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EXERCICE DE DISSERTATION
Crébillon fils : La Nuit, Le Hasard

Selon Violaine Géraud, in La Lettre et l’esprit de Crébillon fils, SEDES, 1995, l’ironie du
texte, chez cet auteur, « ne cherche pas la Vérité mais la diffuse en la dispersant. » Dans quelle
mesure cette remarque vous paraît-elle caractériser La Nuit et le moment et Le Hasard du coin
du feu ?

— Tripartition : bipolarité > relation entre les termes :


+ Ironie du texte / Vérité (de quoi) > chercher (comme un O déterminé) ≠ diffuser-disperser (> ≠ un
O déterminé).

— L’ironie du texte :
+ Du texte = produite, comme jeu entre énoncés et situation (contexte) d’énonciation [théâtralisation
de la parole], par le texte envisagé ds son ensemble comme ds ses aspects et composantes.
. Genre : dialogue / récit ; possible polyphonie et lecture ouverte qui en résulte.
. Intrigue : peu d’évt, tj. le même, prévisible / variation sur un schème ds récits rapportés
. Composition : densité / démultiplication ; échos
. Style : anti-phrase, antithèse, euphémisme, périphrase, galisation.
. Personnages (dire / ne pas dire, et comment)
+ Ironie : cf. cours / Explication 2
. Cette ironie = S des verbes > postulat que le texte a une activité(comme production d’un
auteur, et sa mise en relation avec des lecteurs)

— Vérité :
+ Adéquation du discours / réel (exactitude), / pensée d’un pers. (sincérité). Cohérence interne.
+ Objet de la science / phi / morale : pertinence au 18e, où « philosophie » hérite des valeur du
libertinage érudit = recherche d’émancipation / conventions, éclairé par rationalisme empiriste,
pragmatique, sensualiste.

— Recherche ou non d’une vérité :


+ Position / « philosophie moderne », énoncée et pbmatisée, et / moralistes classiques ; lien de cette
recherche avec celle d’une sagesse
. Faux de dire que la cherche pas < démasquage des faux-semblants par les pers de libertins en
particulier : position socratique en ce que amènent femme à dévoiler vérité de leurs désirs et
sentiments.
. Faux de dire que veut en trouver (> imposer) une comme vraie : cf. réserve de la Mq comme
de Clit quant au pvr de la philosophie / pensée et action.
+Vérité de quoi : de l’homme, de l’humain
. En particulier en ce que serait révélateur d’une morale (cf. sous-titre HCF), aiderait à la
fonder.
— cf. vérité de l’amour = désir selon Clit.
— vrai, ms rend malheureux selon Mq > vraie voie du bonheur = vertu (force morale)
à quoi aident les « principes » [137-8]
. Montrer cette vérité, entre invariants (psychologie classique présentée avec distance : cœur,
amour-propre, raison…) et variété (typologie des êtres et variabilité selon les circ. : le moment).

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— La diffuse en la dispersant.
+ Diffuse : disperser de façon continu (cf. parfum : vaporisation ; gaze de Créb.)
. Cad aussi répandre : la faire s’insinuer partout ; pê présente lors même qu’on ne l’attend pas ;
tellt subtile qu’insaisissable ; fragilité du vrai : peut devenir faux, selon les circ.. (cf. Clit.)
+ ≠ Disperse : discontinue >
. fragmentation : vérité partielle (jeu des ellipses, des omissions)
. pluralité :pas une seule vérité

La théâtralisation de la parole permet-elle, dans les deux dialogues de Crébillon, que se fixe
une vérité morale de l’amour, ou ne montre-elle que sa fragilité, son caractère relatif et pluriel ?

. I. Une exigence de vérité dans un univers de faux-semblants


— 1) Du libertinage comme dévoilement
— 2) Monotonies narratives
— 3) Le conte et sa morale ?

. II. Les théâtres du vrai


— 1) La parole et son double
— 2) Ironie dans l’âme : les contradictions des personnages
— 3) Ironies dramatiques : désirs et faits

. III La déduction des principes


— 1) Discours moraux
— 2) Jugements suspendus

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