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à l’évolution future
de la planète :
les climats passés
de notre planète
Introduction
Le climat est un système extrêmement complexe régi par de multiples interactions entre différentes
enveloppes de la Terre (atmosphère, hydrosphère (océans), cryosphère (glaces), biosphère…) et dans
lequel intervient un très large éventail d'échelles de temps (de la journée au million d'années) et d'es-
pace (échelle locale, régionale ou globale).
L’évolution climatique actuelle constitue l'un des plus graves problèmes environnementaux auxquels
le monde ait été confronté jusqu'ici. Selon certaines prévisions, le réchauffement continu de la tempéra-
ture terrestre déclencherait une vaste gamme de changements climatiques, des changements qui pour-
raient avoir des répercussions considérables sur notre environnement, notre santé et notre économie.
Pour apprécier le rôle que pourrait jouer l’homme dans cette dégradation du climat, il faut d’abord
savoir comment celui-ci a évolué au cours des âges géologiques, c’est-à-dire bien avant que nous n’en
devenions partie intégrante.
Problèmes scientifiques
Que sait-on des climats passés de notre planète ?
Sur quoi se fonde la reconstitution des climats passés et avec quelle précision ?
Comment peut-on expliquer les variations climatiques passées ?
Comment notre connaissance des climats passés nous permet-il de prévoir le climat futur
de notre planète ?
Document 1 La théorie glaciaire est l’œuvre de deux scientifiques, un français, Jean de Charpentier (1786 -
1815) et un suisse Louis Agassiz (1807-1873).
Elle explique une foule de phénomènes inexpliqués à l’époque :
le transport des « blocs erratiques » (document 2) sans que leurs angles ni leurs arêtes soient émous-
sés ou écornés, ce qui est difficilement explicable dans le cas d’un courant ;
la distribution des blocs erratiques : dans certaines vallées des Alpes, on trouve sur la rive droite des
blocs erratiques de nature granitique et sur la rive gauche des blocs erratiques de nature calcaire ;
cette distribution est incompréhensible si l’eau est l’agent de transport mais parfaitement intelligible
en supposant l’extension glaciaire : lorsque des glaciers issus de deux vallées différentes se rejoignent
pour en former un seul, ils ne se mélangent pas, chacun marchant côte à côte, portant ses matériaux
caractéristiques qu’il dépose sur un seul des côtés de la vallée ;
le dépôt des terrains ne montrant aucune stratification ni aucun triage : un glacier, contrairement à
l’eau, dépose les pierres en les accumulant et en les entassant sans ordre, mêlant les plus grosses
avec les plus petites et charriant les unes aussi loin que les autres ;
le dépôt de petits amas de matériaux stratifiés, déposés dans des lacs, formés par le barrage des moraines;
la formation des roches lisses, appelées roches moutonnées, que l’on trouve dans les vallées alpines :
ces roches ont été usées, polies par le frottement du glacier ;
la formation des stries à la surface des rochers, façonnées par le raclement des cailloux que la glace
transporte.
Cependant cette théorie mettra un demi siècle à s’imposer tant elle bouleverse les idées admises sur
l’histoire de la Terre.
À la fin du XIXe siècle, on ne dénombre encore que quatre glaciations, dénommées Riss, Günz, Mindel
et Würm, glaciations qui ont affecté l’Europe pendant l’ère quaternaire (on sait aujourd’hui, grâce à
l’analyse des carottes prélevées dans les sédiments des océans ou dans les glaces polaires, que les gla-
ciations ont été bien plus nombreuses). Puis des traces glaciaires sont décrites dans d’autres régions
du monde et surtout à d’autres périodes géologiques.
La Terre a donc subi des glaciations non seulement dans les temps récents du quaternaire mais aussi
tout au long de son histoire et sur tous les continents ! Ces découvertes bouleversent la vision que les
hommes se font de l’évolution de la Terre : celle-ci n’est pas linéaire, depuis une origine chaude jusqu’à
une mort thermique, mais elle est au contraire emmêlée et complexe.
De nos jours d’énormes progrès ont été accomplis dans l’étude des oscillations climatiques du quater-
naire par la découverte, en particulier, d’indicateurs physico-chimiques fiables.
a – Utilisation du δ18O
L’oxygène est un mélange de deux isotopes stables principaux, en proportions très inégales : 99,8 %
de 16O et 0,2 % de 18O, proportions qui se retrouvent dans les molécules d’eau : H216O et H218O (eau de
mer, eau douce). Les proportions relatives des deux isotopes dans un échantillon d’eau liquide ou de
glace peuvent être mesurées par le rapport suivant appelé δ18O :
[ ] [ ]
18
O 18
O
{ }
16
-
O échantillon 16
O SMOW
δ18O = x 1 000
[ ]
18
O
6
1
O SMOW
Au lieu d’utiliser les quantités absolues des isotopes dans l’équation, on utilise les rapports (18O/16O) qui don-
nent en fait des proportions. Ce rapport est exprimé en ‰. Des valeurs négatives sont tout à fait possibles.
• La première concerne la nécessité d’avoir une référence par rapport à laquelle on compare des com-
positions isotopiques. La valeur de référence du rapport (18O/16O) est celui de la moyenne de l’eau de
l’océan actuel (SMOW = Standard Mean Ocean Water).
La valeur du rapport (18O/16O) de l’eau de mer actuelle (SMOW) est de 2.10-3. La valeur du δ18O de l’eau
de mer actuelle (SMOW) est logiquement de 0 ‰.
Activité Des mesures du rapport (18O/16O) sont effectuées sur divers échantillons d’eau de mer, d’eau douce, de
autocorrective n° 1 neige et de glace prélevés dans diverses stations à travers le monde. Par ailleurs, on vous propose la
moyenne des températures annuelles de l’air de ces stations.
(18O/16O) 1,904 10-3 1,916 10-3 1,930 10-3 1,944 10-3 1,962 10-3 1,984 10-3 2 10-3
Températures
-50 -42 -30 -20 -4 +12 +25
(°C)
En utilisant l’équation précédente, calculez les valeurs du δ18O des divers échantillons proposés.
Tracez le graphique exprimant le δ18O en fonction de la moyenne des températures annuelles.
Que pouvez vous déduire de l’étude de ce graphique ?
Principe physique L’évaporation favorise le passage de l’océan vers l’atmosphère des molécules les plus légères ; au
contraire la condensation favorise la précipitation des molécules les plus lourdes.
Un schéma général du cycle de l’eau (document 4) permet alors de comprendre l’évolution du δ18O. Sur
Terre, l’essentiel de l’évaporation de l’eau se fait à partir de l’océan dans les zones équatoriales et tro-
picales. La vapeur d’eau formée (gaz) est appauvrie en 18O par rapport à l’eau de l’océan dont elle est
issue. L’air humide ainsi formé est transporté par la circulation atmosphérique générale vers les hautes
latitudes. L’air perd progressivement son humidité à mesure qu’il se rapproche des pôles par des conden-
sations et précipitations successives (passage de l’eau de l’état gazeux à l’état liquide). À chaque conden-
sation, la vapeur d’eau s’appauvrit en 18O, celui-ci se retrouvant préférentiellement dans la phase liquide
à l’origine des précipitations. Plus la température du lieu de condensation est faible, plus la masse d’air
a subi depuis sa formation un processus de condensation poussée et plus la teneur en isotope lourd
(18O) de la vapeur d’eau sera faible.Ainsi, l’eau évaporée au niveau de l’équateur et précipitée au niveau
de l’antarctique sous forme de neige contient environ 4 % d’18O de moins que l’eau de mer dont elle
est issue (δ18O de l’ordre de - 40 ‰).
b – Utilisation du δD
Un autre rapport isotopique est couramment utilisé comme thermomètre isotopique. Il s’agit du rap-
port (Deutérium/Hydrogène) (voir document 5).
Pour des raisons similaires à celles évoquées pour les isotopes de l’oxygène, on n’utilise pas ce rapport
directement mais l’écart δD (en ‰) par rapport à un standart de référence de composition proche de
celle de l’océan mondial. Le rapport isotopique du standard (D/H) = 155,76 10-6
Ces thermomètres isotopiques peuvent-ils nous servir à évaluer des paléotempératures et nous per-
mettre de reconstituer les variations climatiques du quaternaire ?
Il nous suffit de disposer d’archives riches en isotopes de l’oxygène et/ou de l’hydrogène. Les glaces
des pôles offrent de telles archives.
Prenons l’exemple du Groenland (document 6) : la calotte de glace s’y forme par accumulation
et tassement progressif de la neige au fil des années. Si l’on identifie et date les différentes couches
de neige et que l’on mesure, par exemple, le rapport (18O/16O) dans ces différentes couches, on obtient
par les variations observées de δ18O les changements de la température de l’air au cours du temps
au dessus du Groenland.
Couche de neige
année 2000.
δ18O = -35 ‰
Couche de neige
année 1990.
δ18O = -31,5 ‰
Couche de neige
année 1970.
δ18O = -38,5 ‰
Activité À l’aide du graphique tracé précédemment (activité n° 1), retrouvez la température moyenne de l’air
autocorrective n° 2 pour les 3 années répertoriées sur le document 6.
Les calottes glaciaires situées aux pôles Nord et Sud de notre planète font entre 2500 à plus de 3000
m d’épaisseur. D’après ce qui a été montré plus haut (document 6), on comprend facilement que ces
épaisseurs de glace nous permettent de plonger dans le passé climatique proche de notre planète.
Le document 7 représente les sites de forages profonds réalisés en Antarctique et au Groenland entre
1960 et 1994.
Le 12 juillet 1992, le forage GRIP (Greenland Ice Core Project) atteint le socle rocheux à plus de 3 km
de profondeur en plein centre du Groenland (document 7). Les 3000 m de carottes de glace récupérées
ont enregistré les variations du climat jusque vers - 250 000 ans BP (BP : « Before Present », 1950 est
l’année de référence dans les datations en géologie).
Le document 8 propose les mesures du δ18O réalisées sur les carottes de glace du forage GRIP. Ce gra-
phique représente, à gauche, les variations du δ18O sur les 1500 premiers mètres du forage, soit une
période de 10 000 ans, à droite, les variations du δ18O entre 1500 et 3000 m de profondeur, qui couvre
la période allant de - 10 000 ans à - 250 000 ans BP (la datation est basée sur la confrontation de nom-
breuses méthodes : comptage des couches de glace, horizons de cendres volcaniques, conductivité élec-
trique de la glace, méthodes radio isotopiques…).
On remarque tout de suite un contraste entre la relative stabilité du δ18O et par conséquent de la tem-
pérature de l’air froid du Groenland depuis 10 000 ans et le profil chahuté des derniers 1500 m de forage.
Activité Tracez l’axe des températures moyennes annuelles de l’air en parallèle à celui du δ18O.
autocorrective n° 3 (voir activité autocorrective 1)
Réalisez un tracé vertical représentant la température moyenne actuelle de l’air au Groenland Nord
(voir activité auto-corrective n°1).
Délimitez sur le graphique la dernière grande glaciation du Quaternaire appelée le Würm. Encadrez
là de deux périodes plus chaudes dites interglaciaires, l’Holocène actuel et l’Eémien séparant la gla-
ciation Würm d’une période glaciaire plus ancienne, le Riss.
Activité D'après ce tableau, donnez la relation âge – profondeur. On supposera que le taux d'accumulation est
autocorrective n° 4 constant. En déduire le rapport du taux d'accumulation entre la carotte de Vostok et celle de GISP2.
D'après ce rapport et sachant que les deux calottes sont de la même épaisseur, dans quelle calotte
pourra-t-on remonter le plus loin dans le temps ?
Document 9 Le document 9 propose la courbe d'évolution du δD sur une carotte provenant d’un forage à Vostok.
Activité Ces mesures confirment-elles celles effectuées au Groenland sur le forage GRIP ?
autocorrective n° 5
Combien de périodes glaciaires et interglaciaires peut-on repérer sur cet enregistrement ?
Cet enrichissement en 18O a été enregistré dans les carbonates marins (coquilles de Mollusques et tests de
Foraminifères), sédimentés au fond des océans et ramenés à la surface à l'aide de carottiers (document 11).
La composition isotopique de ces carbonates varie aussi, lors de leur formation, avec la température : un
réchauffement les appauvrit en 18O par rapport à 16O. La composition isotopique des carbonates permet donc
de reconstruire indirectement les variations de température et de composition isotopique de l'océan.
Le document 12 (page suivante) montre là encore une corrélation linéaire nette entre le δ18O des car-
bonates et la température, cette fois-ci, de l’eau de mer dans laquelle vivaient les êtres vivants construc-
teurs de coquilles ou de tests. La quantité de 18O incorporée dans les coquilles ou tests au moment de
leur fabrication dépend non seulement du rapport (18O/16O) de l’eau mais aussi de sa température. On
dispose là d’un troisième thermomètre isotopique.
Le document 13 représente trois séries océaniques, issues de carottes forées dans des régions diffé-
rentes du globe. Les compositions isotopiques sont données en fonction de la profondeur
Attention : L'échelle du rapport δ18O utilisée est légèrement différente de celle présentée dans le document 12 car
le standart de référence n’est pas le même échantillon de Belemnite. Néanmoins, les variations obser-
vées du δ18O se lisent de la même manière que dans le document 12 à savoir : plus le δ18O est faible,
plus la température de l’eau est importante.
150
Activité Décrire les variations depuis le sommet des carottes. Peut-on trouver des variations communes aux
autocorrective n° 6 trois séries ? Si des points communs existent, comment peut-on expliquer qu'elles n'apparaissent
pas aux mêmes profondeurs dans les trois carottes ?
Comment peut-on interpréter les variations du δ18O ? À quoi correspondent les maxima et minima ?
Peut-on estimer les variations de températures associées ?
Dans les années 60, les scientifiques ont comparé des centaines de carottes issues de tous les océans
et ont montré que les variations du δ18O observées dans le document 13 sont globales.
Question
Comment prouver que les variations du δ18O observées dans le document 13 sont bien les mêmes
d'une série à l'autre ?
Réponse
Pour prouver que les variations du δ18O des trois séries sont bien identiques, il faut pouvoir montrer
qu'elles sont contemporaines. Pour cela il est nécessaire de dater les séries, datation que l’on peut réa-
liser à partir de certains isotopes radioactifs de ces sédiments (14C par exemple).
Voici la correspondance dates - profondeur pour les 3 séries présentées dans le document 13. Cela per-
met, d’une part de calculer les taux d’accumulation des sédiments et d’autre part de synchroniser les
trois séries océaniques.
Le document 14 présente la synthèse des variations normalisées du δ18O de cinq carottes de sédiments
océaniques. L’échelle des profondeurs a été remplacées par une échelle de temps.
Questions
Combien de périodes glaciaires pouvez-vous repérer sur la courbe du document 14 ?
Réponses
Sept périodes glaciaires (G) sont repérables sur la courbe du document 14.
Septcycles « glaciaire – interglaciaire » sont ainsi mis en évidence au cours des 700 000 dernières
années, ce qui donne une périodicité moyenne de 100 000 ans.
zones zones
zones zones zones
arctiques et subarctiques et
espèces de transition subtropicales tropicales
antarctiques subantarctiques
0 à 5 °C 5 à 10 °C 10 à 18 °C 18 à 24 °C 24 à 30 °C
On compare les pourcentages des différentes espèces de Foraminifères présentes dans les sédiments
de surface (donc récents) aux températures moyennes actuelles de l’eau de surface. On obtient ainsi
une relation permettant d’estimer les températures moyennes de l’eau de mer de surface à partir des
abondances des différentes espèces d’un sédiment d’un âge donné.
Document 16 Variations au cours du temps constatées sur les faunes de Foraminifères planctoniques
dans les sédiments du Pléistocène supérieur et de l’Holocène du Golfe de Gascogne.
Activité À partir des informations fournies par les documents 15 et 16, déterminez les variations de tempéra-
autocorrective n° 7 ture au cours du Quaternaire récent.
Température moyenne en °C
Chêne pédonculé 10 à 15
Pin sylvestre 7 à 13
Epicéa 5à8
Activité À partir des documents 17, 18 et 19, montrez comment l’étude des pollens permet de retrouver
autocorrective n° 8 les variations de la température au cours du Quaternaire récent.
Aux latitudes élevées et moyennes, l’extension des glaciers est un bon indice des conditions climatiques
générales. Les calottes polaires encore appelées inlandsis, ainsi que les glaciers des vallées mon-
tagneuses s’étendent si la température moyenne s’abaisse et si les précipitations sont abondantes.
Ce sont par ailleurs, des agents d’érosion et de transport puissants qui laissent dans le paysage des
traces plus ou moins directes de leur action :
Vallées en auge (en U), à la pente très irrégulière avec surcreusements, verrous…
Roches striées (sur le fond et les parois latérales des vallées, blocs erratiques (document 21).
Dépôts morainiques (document 21), caractérisés par leur grande hétérogénéité (blocs de
toutes tailles, galets parfois striés, argiles) et marquant, lorsqu’il s’agit d’une moraine fron-
tale, la position atteinte par l’avant du glacier lors d’une période de stabilité de celui-ci.
Sédiments fluvio-glaciaires et glacio-lacustres lorsque les sédiments glaciaires ont
été remaniés par l’érosion fluviatile.
Document 21 Des traces sur les roches et des sédiments caractéristiques de l’érosion glaciaire
Photographie A Photographie B
Photographie C
Photographie D
Les traces de l’activité des glaciers sont visibles non seulement dans le paysage mais aussi au niveau de
l’affleurement et même de l’échantillon. Un dépôt morainique est identifiable même si la forme de la moraine
a disparu sous l’effet de l’érosion : un dépôt glaciaire typique correspond à un ensemble très hétérogène
de blocs et galets de toutes tailles noyés dans un ciment argilo-limoneux (voir photographie A). Cette absence
de tri résulte des conditions de transport des matériaux par le glacier. Des blocs isolés eux-mêmes peuvent
révéler une histoire glaciaire. C’est ainsi que les galets morainiques laissées en place dans la vallée sont
parfois striés (photographies B et C) : ils ont été non seulement usés et arrondis mais aussi rainurés par des
blocs enchâssés dans la glace et jouant le rôle de véritables burins. Enfin, la présence de blocs, comme le
« Gros - Cailloux » de la Croix Rousse à Lyon (photographie D), sans rapport géologique avec leur soubas-
sement actuel (blocs erratiques), s’explique par un transport sur place lors du retrait du glacier.
Aujourd’hui
Aujourd’hui
Toutes les données étudiées (fossiles marins et continentaux, pollens, traces d’activité glaciaires) mon-
trent l’étendue planétaire des changements climatiques au Quaternaire.
C’est vers la fin de l’ère tertiaire (- 2,7 Ma BP) que l’on observe les premières avancées glaciaires
importantes. Les glaces recouvrent le Nord de l’Europe et les analyses polliniques nous indiquent la pré-
sence d’une toundra ou d’une steppe subarctique aux Pays Bas. Dans le sud de la France, la forêt dis-
paraît et la présence d’une faune froide souligne la rigueur du climat.
À partir de cette date et durant tout le Quaternaire, le climat de la Terre va osciller entre deux états
extrêmes : le stade glaciaire et la stade interglaciaire. Ce dernier est caractérisé par un climat sem-
blable à l’actuel, tandis que le stade glaciaire voit le développement d’énormes inlandsis sur l’Europe
du Nord, l’Amérique du Nord et l’Antarctique.
Les variations climatiques sont cependant plus complexes que ne le laisse supposer le calendrier des
quatre âges glaciaires précédents.
L’étude des isotopes de l’oxygène et de l’hydrogène nous montre que des variations climatiques à plus
haute fréquence se superposent au calendrier traditionnel : 17 cycles « glaciaire - interglaciaire »
sont ainsi mis en évidence au cours des 1,7 derniers millions d’années ce qui donne une périodicité
moyenne de 100 000 ans.
a - La distance Terre-Soleil
On sait depuis Kepler que la Terre tourne autour du Soleil suivant une ellipse dont le Soleil occupe un
des foyers : c’est l’écliptique. La forme de cette ellipse varie : elle est plus ou moins allongée suivant
les époques (document 24). Il en résulte que la distance moyenne de la Terre au Soleil et donc la quan-
tité moyenne d’énergie reçue du Soleil ne sont pas constantes. Cette dernière varie d’environ 0,2 %.
La périodicité de cette fluctuation est d’environ 100 000 ans.
La Terre décrit autour du soleil une trajectoire elliptique. L'excentricité de cette trajectoire (qui mesure l'apla-
tissement de l'ellipse) varie de 0 (orbite circulaire) à un maximum de 6 % (ellipse légèrement aplatie) avec
une périodicité proche de 100 000 ans.
Ce mouvement, appelé la précession des équinoxes résulte d’une combinaison de deux mouvements
de rotation (document 27).
Question
Dans les années 1940, le mathématicien serbe Milutin Milankovitch avance l’hypothèse de l’existence
d’une relation entre les variations climatiques du Quaternaire et les modifications de l’orbite terrestre
envisagées précédemment.
Proposez quelques arguments en faveur de cette théorie ?
Réponse
Les variations périodiques de la quantité d'énergie solaire reçue par la Terre, liées aux variations de
l’orbite terrestre, seraient responsables de l'alternance de périodes glaciaires et interglaciaires. L’argument
principal réside dans le rythme de 100 000 ans observé pour les glaciations, rythme synchronisé avec
celui du changement d’excentricité de l’orbite de la Terre.
Par ailleurs, il a été constaté précédemment, au sein d’une même période glaciaire (Würm par exemple),
des maximums glaciaires ainsi que des périodes de réchauffement partiel. Ces changements clima-
tiques, de courtes durées, observées dans les archives glaciaires et sédimentaires, répondent en moyenne
à des périodes de 43 000 ans, 23 000 ans et 19 000 ans, c’est-à-dire les périodes calculées liées à la
variation de l’obliquité de la Terre et à la précession des équinoxes.
Les seules variations de la quantité d’énergie solaire reçue par la Terre n'expliquent pas l'amplitude
observée des variations de températures. En effet, la diminution du flux d'énergie solaire annuel arri-
vant sur Terre ne varie que de 0,2 %, soit 0,5 W/m2 quand l'orbite de la Terre passe d'un cercle à une
ellipse (périodicité de 100 000 ans). Sachant que pour faire varier la température moyenne de l'atmo-
sphère de 5°C (typique des changements de température observées entre un climat glaciaire et un cli-
mat interglaciaire) il faut mettre en jeu une variation d’énergie solaire de l'ordre de 5 W/m2.
Plusieurs phénomènes additionnels, amplificateurs des variations climatiques existent. Parmi ces phé-
nomènes nous étudierons à titre d’exemple deux d’entre eux.
Document 28 Image METEOSAT plein disque, canal visible, datant du 29 Juillet 1997-12 h 00 UTC :
image de l’albédo de la Terre
Dans l'estimation de la température d'équilibre à la surface d'une planète, il est nécessaire de prendre
en compte, outre sa distance au soleil, le fait que la planète réfléchit directement vers l'espace une
fraction de l'énergie solaire incidente et absorbe le reste.
Te = 280 *
( )
1-A
D2
Remarque La température d’équilibre ainsi calculée ne tient pas compte d’un éventuel effet de serre atmosphérique.
Rappels : 0 °C = 273 °K
La Terre est située à 1UA du Soleil.
Calculez l’albédo moyen de la planète Terre et sa température d’équilibre en utilisant les données suivantes :
Actuellement 30 % de l'énergie solaire arrivant sur toute la surface de la Terre est réfléchie vers l'es-
pace. On a donc un albédo de 30 % qui reflète la proportion actuelle de nuages et de terrain de nature
différente à la surface de la Terre (végétation, sols nus, glace, océan).
Lors d'un refroidissement du climat induit par une diminution de l'ensoleillement, la neige et la glace
vont couvrir une plus grande partie de la surface de la Terre. En contre partie, on voit diminuer de façon
sensible les zones couvertes de végétation.
Estimation des surfaces lors du dernier maximum glaciaire (- 20 000 ans BP)
• Surface des océans : 45 %
• Surface des nuages (masquant essentiellement les océans) : 20 %
• Surface couvertes de végétation (essentiellement des forêts) : 8 %
• Surface continentales sans végétation : 12 %
• Surface englacée (calottes polaires) : 15 %
Depuis 1980, l’analyse des bulles d’air emprisonnées dans la glace des calottes polaires (document 29)
permet d’étudier la variation de la teneur en dioxyde de carbone de l’atmosphère lors d’un cycle gla-
ciaire - interglaciaire (document 30).
Document 30 La teneur en dioxyde de carbone et la température de l’air obtenue par δ18O depuis
160 000 ans, mesurées dans une carotte de glace de la station Vostock (Antarctique)
Activité En quoi les variations de la teneur en CO2 atmosphérique peuvent elles être amplificatrices des varia-
autocorrective n° 11 tions climatiques au Quaternaire ?
Réponse
La réponse n’est pas simple. L’explication provient en partie du comportement de l’eau de mer vis à vis du CO2.
L'eau de mer est capable de dissoudre du gaz carbonique de l'atmosphère. La concentration de CO2
dans l’atmosphère est en équilibre avec celle de l’océan. L'absorption de CO2 de l'atmosphère par l'eau
de mer dépend de la température de cette dernière. Lorsque la température de l'eau de mer augmente,
la solubilité de CO2 dans l’océan diminue. Si l'on passe d'un climat glaciaire à un climat interglaciaire
la température moyenne de l'eau de mer augmente et du CO2 dissout dans l'eau de mer va passer dans
l'atmosphère, ce qui induit une augmentation de l’effet de serre.
D'autres mécanismes de régulation ou d'amplification de l'effet astronomique existent (variation de
la nébulosité, changement dans le cycle de l'eau, effet de la biosphère…) et rendent très difficiles
la modélisation complète des enchaînements qui pilotent les changements climatiques.