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> Du passé géologique

à l’évolution future
de la planète :
les climats passés
de notre planète

Séquence 5 – SN03 135

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Introduction ............................................................................................................................................................................ 139

Chapitre 1 > Les changements climatiques


des 700 000 dernières années ................................................................ 141

Introduction

A La reconstitution des climats à partir d’indices physico-chimiques


 Des isotopes, marqueurs de la température de l’air
 Les archives climatiques des calottes glaciaires
 La concordance entre les archives glaciaires et les archives sédimentaires

B L’étendue planétaire des changements climatiques au quaternaire


 L’apport des fossiles à la reconstitution des paléoclimats
 La reconstitution de l’extension des glaciers
 Bilan : les climats du quaternaire

C Les causes possibles des variations climatiques au quaternaire


 Le mouvement de la Terre autour du soleil et la rythmicité des changements climatiques
 Les mécanismes amplificateurs

136 Sommaire séquence 5 – SN03

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Chapitre 2 > Les changements climatiques
aux plus grandes échelles de temps ............................................. 170

A La reconstitution des climats du Carbonifère et du Crétacé supérieur


 Cinq grands types de climats à la surface de la Terre
 Des indices lithologiques et paléontologiques
 La glaciation et la forêt permo-carbonifère
 La période chaude du Crétacé
 L’alternance climatique sur de grandes échelles de temps

B Mécanismes explicatifs des changements climatiques à grande échelle


 Des mécanismes à grande échelle de temps
 L’appauvrissement durable de l’atmosphère en CO2 au Carbonifère
 L’enrichissement durable de l’atmosphère en CO2 au Crétacé

C La modélisation des climats pour prévoir les climats futurs


ou la prévision des climats
 La prévision des climats futurs : un enjeu scientifique et sociétal
 Sensibilité du climat à l’accroissement des gaz à effet de serre d’origine anthropique

Sommaire séquence 5 – SN03 137

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ntroduction

Le climat est un système extrêmement complexe régi par de multiples interactions entre différentes
enveloppes de la Terre (atmosphère, hydrosphère (océans), cryosphère (glaces), biosphère…) et dans
lequel intervient un très large éventail d'échelles de temps (de la journée au million d'années) et d'es-
pace (échelle locale, régionale ou globale).

L’évolution climatique actuelle constitue l'un des plus graves problèmes environnementaux auxquels
le monde ait été confronté jusqu'ici. Selon certaines prévisions, le réchauffement continu de la tempéra-
ture terrestre déclencherait une vaste gamme de changements climatiques, des changements qui pour-
raient avoir des répercussions considérables sur notre environnement, notre santé et notre économie.

Pour apprécier le rôle que pourrait jouer l’homme dans cette dégradation du climat, il faut d’abord
savoir comment celui-ci a évolué au cours des âges géologiques, c’est-à-dire bien avant que nous n’en
devenions partie intégrante.

Problèmes scientifiques
Que sait-on des climats passés de notre planète ?
Sur quoi se fonde la reconstitution des climats passés et avec quelle précision ?
Comment peut-on expliquer les variations climatiques passées ?
Comment notre connaissance des climats passés nous permet-il de prévoir le climat futur
de notre planète ?

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Les changements climatiques
des 700 000 dernières années

Introduction : Un peu d’Histoire


Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les scientifiques savent peu de choses sur les climats passés de notre planète.
S’appuyant uniquement sur la découverte de fossiles attribués à des espèces de climat chaud (restes d’es-
pèces végétales tropicales, mollusques tropicaux, coraux…), l’idée générale est plutôt celle d’une Terre pri-
mitive chaude dont la température décroît progressivement jusqu’à sa « mort thermique » programmée.
La « théorie glaciaire » prend naissance entre 1830 et 1850 (document 1).

Document 1 La théorie glaciaire est l’œuvre de deux scientifiques, un français, Jean de Charpentier (1786 -
1815) et un suisse Louis Agassiz (1807-1873).
Elle explique une foule de phénomènes inexpliqués à l’époque :
 le transport des « blocs erratiques » (document 2) sans que leurs angles ni leurs arêtes soient émous-
sés ou écornés, ce qui est difficilement explicable dans le cas d’un courant ;

Document 2 Bloc erratique représenté par J. de Charpentier en 1841

 la distribution des blocs erratiques : dans certaines vallées des Alpes, on trouve sur la rive droite des
blocs erratiques de nature granitique et sur la rive gauche des blocs erratiques de nature calcaire ;
cette distribution est incompréhensible si l’eau est l’agent de transport mais parfaitement intelligible
en supposant l’extension glaciaire : lorsque des glaciers issus de deux vallées différentes se rejoignent
pour en former un seul, ils ne se mélangent pas, chacun marchant côte à côte, portant ses matériaux
caractéristiques qu’il dépose sur un seul des côtés de la vallée ;
 le dépôt des terrains ne montrant aucune stratification ni aucun triage : un glacier, contrairement à
l’eau, dépose les pierres en les accumulant et en les entassant sans ordre, mêlant les plus grosses
avec les plus petites et charriant les unes aussi loin que les autres ;
 le dépôt de petits amas de matériaux stratifiés, déposés dans des lacs, formés par le barrage des moraines;
 la formation des roches lisses, appelées roches moutonnées, que l’on trouve dans les vallées alpines :
ces roches ont été usées, polies par le frottement du glacier ;
 la formation des stries à la surface des rochers, façonnées par le raclement des cailloux que la glace
transporte.

Séquence 5 – SN03 141

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Document 3 Roches polies et striées par un ancien glacier représentées par L. Agassiz en 1840

Cependant cette théorie mettra un demi siècle à s’imposer tant elle bouleverse les idées admises sur
l’histoire de la Terre.
À la fin du XIXe siècle, on ne dénombre encore que quatre glaciations, dénommées Riss, Günz, Mindel
et Würm, glaciations qui ont affecté l’Europe pendant l’ère quaternaire (on sait aujourd’hui, grâce à
l’analyse des carottes prélevées dans les sédiments des océans ou dans les glaces polaires, que les gla-
ciations ont été bien plus nombreuses). Puis des traces glaciaires sont décrites dans d’autres régions
du monde et surtout à d’autres périodes géologiques.
La Terre a donc subi des glaciations non seulement dans les temps récents du quaternaire mais aussi
tout au long de son histoire et sur tous les continents ! Ces découvertes bouleversent la vision que les
hommes se font de l’évolution de la Terre : celle-ci n’est pas linéaire, depuis une origine chaude jusqu’à
une mort thermique, mais elle est au contraire emmêlée et complexe.
De nos jours d’énormes progrès ont été accomplis dans l’étude des oscillations climatiques du quater-
naire par la découverte, en particulier, d’indicateurs physico-chimiques fiables.

A La reconstitution des climats


à partir d’indices physico-chimiques
 Des isotopes, marqueurs de la température de l’air

a – Utilisation du δ18O
L’oxygène est un mélange de deux isotopes stables principaux, en proportions très inégales : 99,8 %
de 16O et 0,2 % de 18O, proportions qui se retrouvent dans les molécules d’eau : H216O et H218O (eau de
mer, eau douce). Les proportions relatives des deux isotopes dans un échantillon d’eau liquide ou de
glace peuvent être mesurées par le rapport suivant appelé δ18O :

[ ] [ ]
18
O 18
O

{ }
16
-
O échantillon 16
O SMOW
δ18O = x 1 000

[ ]
18
O
6
1
O SMOW

Au lieu d’utiliser les quantités absolues des isotopes dans l’équation, on utilise les rapports (18O/16O) qui don-
nent en fait des proportions. Ce rapport est exprimé en ‰. Des valeurs négatives sont tout à fait possibles.

Ce type de rapport est introduit pour deux raisons principales :

• La première concerne la nécessité d’avoir une référence par rapport à laquelle on compare des com-
positions isotopiques. La valeur de référence du rapport (18O/16O) est celui de la moyenne de l’eau de
l’océan actuel (SMOW = Standard Mean Ocean Water).

142 Séquence 5 – SN03

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• La seconde raison d’utilisation du rapport δ18O est liée à la faible abondance de l’18O dans l’eau
(c’est pour cela qu’il y a un facteur multiplicatif de 1000).

La valeur du rapport (18O/16O) de l’eau de mer actuelle (SMOW) est de 2.10-3. La valeur du δ18O de l’eau
de mer actuelle (SMOW) est logiquement de 0 ‰.

Activité Des mesures du rapport (18O/16O) sont effectuées sur divers échantillons d’eau de mer, d’eau douce, de
autocorrective n° 1 neige et de glace prélevés dans diverses stations à travers le monde. Par ailleurs, on vous propose la
moyenne des températures annuelles de l’air de ces stations.

Pôle Monts Horlick Groenland Groenland Umanak


Stations Dublin Barbades
Sud (85°) Nord Sud (71°)

(18O/16O) 1,904 10-3 1,916 10-3 1,930 10-3 1,944 10-3 1,962 10-3 1,984 10-3 2 10-3

Températures
-50 -42 -30 -20 -4 +12 +25
(°C)

 En utilisant l’équation précédente, calculez les valeurs du δ18O des divers échantillons proposés.
 Tracez le graphique exprimant le δ18O en fonction de la moyenne des températures annuelles.
 Que pouvez vous déduire de l’étude de ce graphique ?

Comment expliquer les variations constatées du δ18O en fonction de la température ?

Principe physique L’évaporation favorise le passage de l’océan vers l’atmosphère des molécules les plus légères ; au
contraire la condensation favorise la précipitation des molécules les plus lourdes.

Un schéma général du cycle de l’eau (document 4) permet alors de comprendre l’évolution du δ18O. Sur
Terre, l’essentiel de l’évaporation de l’eau se fait à partir de l’océan dans les zones équatoriales et tro-
picales. La vapeur d’eau formée (gaz) est appauvrie en 18O par rapport à l’eau de l’océan dont elle est
issue. L’air humide ainsi formé est transporté par la circulation atmosphérique générale vers les hautes
latitudes. L’air perd progressivement son humidité à mesure qu’il se rapproche des pôles par des conden-
sations et précipitations successives (passage de l’eau de l’état gazeux à l’état liquide). À chaque conden-
sation, la vapeur d’eau s’appauvrit en 18O, celui-ci se retrouvant préférentiellement dans la phase liquide
à l’origine des précipitations. Plus la température du lieu de condensation est faible, plus la masse d’air
a subi depuis sa formation un processus de condensation poussée et plus la teneur en isotope lourd
(18O) de la vapeur d’eau sera faible.Ainsi, l’eau évaporée au niveau de l’équateur et précipitée au niveau
de l’antarctique sous forme de neige contient environ 4 % d’18O de moins que l’eau de mer dont elle
est issue (δ18O de l’ordre de - 40 ‰).

Séquence 5 – SN03 143

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Document 4 Cycle de l’eau et variation de la composition isotopique de l’oxygène

b – Utilisation du δD
Un autre rapport isotopique est couramment utilisé comme thermomètre isotopique. Il s’agit du rap-
port (Deutérium/Hydrogène) (voir document 5).
Pour des raisons similaires à celles évoquées pour les isotopes de l’oxygène, on n’utilise pas ce rapport
directement mais l’écart δD (en ‰) par rapport à un standart de référence de composition proche de
celle de l’océan mondial. Le rapport isotopique du standard (D/H) = 155,76 10-6

Document 5 Thermomètres isotopiques de la glace

Ces thermomètres isotopiques peuvent-ils nous servir à évaluer des paléotempératures et nous per-
mettre de reconstituer les variations climatiques du quaternaire ?

Il nous suffit de disposer d’archives riches en isotopes de l’oxygène et/ou de l’hydrogène. Les glaces
des pôles offrent de telles archives.
Prenons l’exemple du Groenland (document 6) : la calotte de glace s’y forme par accumulation
et tassement progressif de la neige au fil des années. Si l’on identifie et date les différentes couches
de neige et que l’on mesure, par exemple, le rapport (18O/16O) dans ces différentes couches, on obtient
par les variations observées de δ18O les changements de la température de l’air au cours du temps
au dessus du Groenland.

144 Séquence 5 – SN03

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Document 6 Couches de neige au Groenland et mesures du δ18O

Couche de neige
année 2000.
δ18O = -35 ‰

Couche de neige
année 1990.
δ18O = -31,5 ‰

Couche de neige
année 1970.
δ18O = -38,5 ‰

Activité À l’aide du graphique tracé précédemment (activité n° 1), retrouvez la température moyenne de l’air
autocorrective n° 2 pour les 3 années répertoriées sur le document 6.

 Les archives climatiques des calottes glaciaires

Les calottes glaciaires situées aux pôles Nord et Sud de notre planète font entre 2500 à plus de 3000
m d’épaisseur. D’après ce qui a été montré plus haut (document 6), on comprend facilement que ces
épaisseurs de glace nous permettent de plonger dans le passé climatique proche de notre planète.
Le document 7 représente les sites de forages profonds réalisés en Antarctique et au Groenland entre
1960 et 1994.

Séquence 5 – SN03 145

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Document 7 Sites de forage profond en Antarctique et au Groenland

Le 12 juillet 1992, le forage GRIP (Greenland Ice Core Project) atteint le socle rocheux à plus de 3 km
de profondeur en plein centre du Groenland (document 7). Les 3000 m de carottes de glace récupérées
ont enregistré les variations du climat jusque vers - 250 000 ans BP (BP : « Before Present », 1950 est
l’année de référence dans les datations en géologie).
Le document 8 propose les mesures du δ18O réalisées sur les carottes de glace du forage GRIP. Ce gra-
phique représente, à gauche, les variations du δ18O sur les 1500 premiers mètres du forage, soit une
période de 10 000 ans, à droite, les variations du δ18O entre 1500 et 3000 m de profondeur, qui couvre
la période allant de - 10 000 ans à - 250 000 ans BP (la datation est basée sur la confrontation de nom-
breuses méthodes : comptage des couches de glace, horizons de cendres volcaniques, conductivité élec-
trique de la glace, méthodes radio isotopiques…).



146 Séquence 5 – SN03

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Document 8 Mesures du δ18O réalisées sur les carottes de glace du forage GRIP

On remarque tout de suite un contraste entre la relative stabilité du δ18O et par conséquent de la tem-
pérature de l’air froid du Groenland depuis 10 000 ans et le profil chahuté des derniers 1500 m de forage.

Activité  Tracez l’axe des températures moyennes annuelles de l’air en parallèle à celui du δ18O.
autocorrective n° 3 (voir activité autocorrective 1)

 Réalisez un tracé vertical représentant la température moyenne actuelle de l’air au Groenland Nord
(voir activité auto-corrective n°1).

 Délimitez sur le graphique la dernière grande glaciation du Quaternaire appelée le Würm. Encadrez
là de deux périodes plus chaudes dites interglaciaires, l’Holocène actuel et l’Eémien séparant la gla-
ciation Würm d’une période glaciaire plus ancienne, le Riss.

Séquence 5 – SN03 147

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Des forages ont également été réalisées en Antarctique. Les mesures sur les carottes de glace antarc-
tiques confirment-elles ce qui vient d’être mis en évidence au Groenland.
Le tableau suivant donne un âge à deux profondeurs aux sites de forage de Vostok en Antarctique et
de GISP2 au Groenland (voir document 7).

Profondeur (m) Âge (années)


Vostok 400 20 611
700 45 000
GISP2 500 2 100
1 500 9 269

Activité  D'après ce tableau, donnez la relation âge – profondeur. On supposera que le taux d'accumulation est
autocorrective n° 4 constant. En déduire le rapport du taux d'accumulation entre la carotte de Vostok et celle de GISP2.

 D'après ce rapport et sachant que les deux calottes sont de la même épaisseur, dans quelle calotte
pourra-t-on remonter le plus loin dans le temps ?

 Quelle est celle qui permet d'affiner la résolution temporelle ?

Document 9 Le document 9 propose la courbe d'évolution du δD sur une carotte provenant d’un forage à Vostok.

Évolution du δD sur une carotte provenant d’un forage profond


en Antarctique (région de Vostok)

Activité  Ces mesures confirment-elles celles effectuées au Groenland sur le forage GRIP ?
autocorrective n° 5
 Combien de périodes glaciaires et interglaciaires peut-on repérer sur cet enregistrement ?

 La concordance entre les archives glaciaires


et les archives sédimentaires
Le stockage important d'eau en périodes froides dans les calottes glaciaires des pôles a fait baisser le niveau
de la mer. De plus, comme les précipitations formant ces calottes étaient appauvries en 18O par rapport à
16
O (voir document 4), ce stockage a pour effet d’enrichir l'océan en 18O par rapport à 16O (document 10).

148 Séquence 5 – SN03

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Document 10 Variation du niveau de la mer et variation de la composition isotopique de l’eau
de mer et des tests de foraminifères benthiques

Cet enrichissement en 18O a été enregistré dans les carbonates marins (coquilles de Mollusques et tests de
Foraminifères), sédimentés au fond des océans et ramenés à la surface à l'aide de carottiers (document 11).
La composition isotopique de ces carbonates varie aussi, lors de leur formation, avec la température : un
réchauffement les appauvrit en 18O par rapport à 16O. La composition isotopique des carbonates permet donc
de reconstruire indirectement les variations de température et de composition isotopique de l'océan.

Document 11 Une carotte de sédiments prélevée

Le document 12 (page suivante) montre là encore une corrélation linéaire nette entre le δ18O des car-
bonates et la température, cette fois-ci, de l’eau de mer dans laquelle vivaient les êtres vivants construc-
teurs de coquilles ou de tests. La quantité de 18O incorporée dans les coquilles ou tests au moment de
leur fabrication dépend non seulement du rapport (18O/16O) de l’eau mais aussi de sa température. On
dispose là d’un troisième thermomètre isotopique.

Séquence 5 – SN03 149

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Document 12 Le thermomètre isotopique des carbonates

Les variations sont mesurées par rapport


à la valeur du rapport (18O/16O) dans un rostre de
Bélemnite (Céphalopode fossile) utilisé comme
référence au laboratoire de H.C Urey à Chicago.

Le document 13 représente trois séries océaniques, issues de carottes forées dans des régions diffé-
rentes du globe. Les compositions isotopiques sont données en fonction de la profondeur

Document 13 Profils isotopiques provenant de 3 carottes sédimentaires

Localisation des carottages

Épaisseur de carotte (cm)

 Attention : L'échelle du rapport δ18O utilisée est légèrement différente de celle présentée dans le document 12 car
le standart de référence n’est pas le même échantillon de Belemnite. Néanmoins, les variations obser-
vées du δ18O se lisent de la même manière que dans le document 12 à savoir : plus le δ18O est faible,
plus la température de l’eau est importante.

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 À retenir : Une variation de 1 ‰ en δ18O correspond sur ces graphiques à une variation de température de 4°C.

Activité  Décrire les variations depuis le sommet des carottes. Peut-on trouver des variations communes aux
autocorrective n° 6 trois séries ? Si des points communs existent, comment peut-on expliquer qu'elles n'apparaissent
pas aux mêmes profondeurs dans les trois carottes ?
 Comment peut-on interpréter les variations du δ18O ? À quoi correspondent les maxima et minima ?
Peut-on estimer les variations de températures associées ?

Dans les années 60, les scientifiques ont comparé des centaines de carottes issues de tous les océans
et ont montré que les variations du δ18O observées dans le document 13 sont globales.

Question
Comment prouver que les variations du δ18O observées dans le document 13 sont bien les mêmes
d'une série à l'autre ?

Réponse
Pour prouver que les variations du δ18O des trois séries sont bien identiques, il faut pouvoir montrer
qu'elles sont contemporaines. Pour cela il est nécessaire de dater les séries, datation que l’on peut réa-
liser à partir de certains isotopes radioactifs de ces sédiments (14C par exemple).

Voici la correspondance dates - profondeur pour les 3 séries présentées dans le document 13. Cela per-
met, d’une part de calculer les taux d’accumulation des sédiments et d’autre part de synchroniser les
trois séries océaniques.

21000 ans 125000 ans


ODP 677 110 cm 570 cm
RC13-110 64 cm 281 cm
RC13-229 60 cm 290 cm

Le document 14 présente la synthèse des variations normalisées du δ18O de cinq carottes de sédiments
océaniques. L’échelle des profondeurs a été remplacées par une échelle de temps.

Document 14 Courbe SPECMAP - Synthèse des variations normalisées du δ18O

Séquence 5 – SN03 151

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Plusieurs points importants ressortent de l’étude de cette courbe.Tout d’abord, la remontée dans le temps
est beaucoup plus importante que celles réalisées à partir des carottes de glace. Les archives sédimen-
taires nous permettent d’étendre l’étude des variations climatiques jusque vers -700 000 ans BP.
Sur les 250 000 dernières années de l’histoire de la Terre, la concordance entre les archives glaciaires
et sédimentaires est remarquable. À quelques nuances près, on retrouve la même alternance climatique
entre périodes froides ou périodes glaciaires et périodes plus chaudes ou périodes interglaciaires.

Questions
 Combien de périodes glaciaires pouvez-vous repérer sur la courbe du document 14 ?

 Pouvez-vous en déduire la périodicité moyenne de ces périodes froides ?

Réponses
 Sept périodes glaciaires (G) sont repérables sur la courbe du document 14.

 Septcycles « glaciaire – interglaciaire » sont ainsi mis en évidence au cours des 700 000 dernières
années, ce qui donne une périodicité moyenne de 100 000 ans.

B L’étendue planétaire des changements climatiques


au quaternaire

 L’apport des fossiles


à la reconstitution des paléoclimats

a – Les archives marines


Les sédiments océaniques fournissent des associations de microfossiles qui nous permettent de reconstruire
les conditions climatiques d’une époque donnée. Les microbiologistes ont montré que les espèces ani-
males et végétales qui constituent le plancton marin actuel présentent une répartition zonale étroitement
liée à la température des eaux de surface de l’océan. À partir de ces observations et en se fondant sur le
principe de l’actualisme, on peut mettre en place une méthode d’analyse statistique dont les résultats, à
partir de mesures actuelles, permettent une reconstitution quantitative des paléoenvironnements.

152 Séquence 5 – SN03

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Les documents 15 et 16 illustrent cette méthode de reconstitution des paléoclimats, à partir de cer-
taines espèces de foraminifères planctoniques.

Document 15 Répartition géographique de Foraminifères planctoniques actuelles


en fonction de la température de l’eau de mer.

zones zones
zones zones zones
arctiques et subarctiques et
espèces de transition subtropicales tropicales
antarctiques subantarctiques
0 à 5 °C 5 à 10 °C 10 à 18 °C 18 à 24 °C 24 à 30 °C

Globigerina pachyderma +++ ++ +


Globigerina quinqueloba ++ +++ ++ +
Globigerina bulloides ++ +++ ++ +
Globigerina glutinata (+) + ++ ++ ++ +
Globorotalia scitula (+) + + + (+)
Globorotalia inflata ++ +++ + (+)
Globorotalia gursyta + ++ + (+)
Orsulina inversa ++ ++ ++
Globigerinalla æquilateralis ++ ++ ++
Uloglobigerninoides ruber (+) + +++ +++
Globorotalia menardii (+) +++ +++
Globigerinoides conglobatus (+) ++ +++ +++
Globorotalia tumida ++ ++

On compare les pourcentages des différentes espèces de Foraminifères présentes dans les sédiments
de surface (donc récents) aux températures moyennes actuelles de l’eau de surface. On obtient ainsi
une relation permettant d’estimer les températures moyennes de l’eau de mer de surface à partir des
abondances des différentes espèces d’un sédiment d’un âge donné.

Document 16 Variations au cours du temps constatées sur les faunes de Foraminifères planctoniques
dans les sédiments du Pléistocène supérieur et de l’Holocène du Golfe de Gascogne.

Pourcentage de différentes espèces :


a - Globigerina pachyderma + des espèces subarctiques;
b - Globigerina quinqueloba + Globigerina bulloides ;
c - Globorotalia inflata + Globigerinella

Séquence 5 – SN03 153

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 Remarque La relation établie précédemment peut être utilisée pour estimer la température des eaux de surface dans le passé
à condition que les faunes ou les flores aient un équivalent au sein des échantillons actuels.

Activité À partir des informations fournies par les documents 15 et 16, déterminez les variations de tempéra-
autocorrective n° 7 ture au cours du Quaternaire récent.

b - Les archives continentales


Les pollens des plantes à fleurs et les spores des fougères ont des parois très résistantes et sont fré-
quemment fossilisés dans les sédiments. Une analyse palynologique permet de déterminer les espèces
végétales (document 17) présentes à un endroit donné et ainsi de reconstituer un paysage végétal à
une époque donnée. Connaissant par ailleurs les préférences climatiques des espèces végétales actuelles
(document 18), on peut réaliser un diagramme pollinique (document 19), qui regroupe les pourcen-
tages des différents types de végétaux représentés pour les niveaux successifs d’un site. Ce diagramme
traduit à la fois l’évolution de la végétation autour de ce site mais aussi les variations climatiques de
ce même site au cours du temps.

Document 17 Grains de pollen de différentes espèces végétales

Graminée Tilleul Pin

Document 18 Préférences climatiques de quelques essences forestières (d’après Ozenda)

Température moyenne en °C
Chêne pédonculé 10 à 15
Pin sylvestre 7 à 13
Epicéa 5à8

Un refroidissement plus important entraîne une régression rapide de la forêt.



154 Séquence 5 – SN03

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Document 19 Diagramme pollinique de la tourbière de la Grande Pile en Haute-Saône
(d’après G. Woillard)

Activité À partir des documents 17, 18 et 19, montrez comment l’étude des pollens permet de retrouver
autocorrective n° 8 les variations de la température au cours du Quaternaire récent.

L’analyse d’associations de fossiles animaux et végétaux permet de reconstituer des paléo-environne-


ments des périodes glaciaires et interglaciaires du Quaternaire (document 20) et de mieux connaître
en particulier l’influence de ces environnements sur l’évolution humaine.



Séquence 5 – SN03 155

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Document 20 L’environnement de l’Homme de Néanderthal durant le dernier interglaciaire
était différent de celui de l’Homme moderne pendant la glaciation du Würm

Durant le dernier interglaciaire, il y'a 120 000


ans à peu près (dessin ci-contre), les niveaux
marins sont peu différents des niveaux actuels.

Les plaines d'Europe, occupés par des forêts


d'arbre à feuilles caduques, et les montagnes
couvertes de conifères sont peuplées par des
faunes caractéristiques de régions chaudes.

Durant le dernier maximum glaciaire wür-


mien, il y a 20 000 ans environ (dessin ci-des-
sous), un inlandsis recouvre le nord de
l'Europe ; les montagnes (alpes, Pyrénées...)
portent des glaciers étendus. Les niveaux
marins ont baissé de plus de 100 mètres ; des
régions jusque-là séparées par un bras de mer
sont réunies (îles anglo-saxonnes et conti-
A
nent européen par exemple). Les zones non
glacées sont couvertes de steppes et de toun-
dras abritant une faune froide.

156 Séquence 5 – SN03

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 La reconstitution de l’extension des glaciers

Aux latitudes élevées et moyennes, l’extension des glaciers est un bon indice des conditions climatiques
générales. Les calottes polaires encore appelées inlandsis, ainsi que les glaciers des vallées mon-
tagneuses s’étendent si la température moyenne s’abaisse et si les précipitations sont abondantes.
Ce sont par ailleurs, des agents d’érosion et de transport puissants qui laissent dans le paysage des
traces plus ou moins directes de leur action :
 Vallées en auge (en U), à la pente très irrégulière avec surcreusements, verrous…
 Roches striées (sur le fond et les parois latérales des vallées, blocs erratiques (document 21).
 Dépôts morainiques (document 21), caractérisés par leur grande hétérogénéité (blocs de
toutes tailles, galets parfois striés, argiles) et marquant, lorsqu’il s’agit d’une moraine fron-
tale, la position atteinte par l’avant du glacier lors d’une période de stabilité de celui-ci.
 Sédiments fluvio-glaciaires et glacio-lacustres lorsque les sédiments glaciaires ont
été remaniés par l’érosion fluviatile.

Document 21 Des traces sur les roches et des sédiments caractéristiques de l’érosion glaciaire

Photographie A Photographie B

Photographie C

Photographie D

Les traces de l’activité des glaciers sont visibles non seulement dans le paysage mais aussi au niveau de
l’affleurement et même de l’échantillon. Un dépôt morainique est identifiable même si la forme de la moraine
a disparu sous l’effet de l’érosion : un dépôt glaciaire typique correspond à un ensemble très hétérogène
de blocs et galets de toutes tailles noyés dans un ciment argilo-limoneux (voir photographie A). Cette absence
de tri résulte des conditions de transport des matériaux par le glacier. Des blocs isolés eux-mêmes peuvent
révéler une histoire glaciaire. C’est ainsi que les galets morainiques laissées en place dans la vallée sont
parfois striés (photographies B et C) : ils ont été non seulement usés et arrondis mais aussi rainurés par des
blocs enchâssés dans la glace et jouant le rôle de véritables burins. Enfin, la présence de blocs, comme le
« Gros - Cailloux » de la Croix Rousse à Lyon (photographie D), sans rapport géologique avec leur soubas-
sement actuel (blocs erratiques), s’explique par un transport sur place lors du retrait du glacier.

Séquence 5 – SN03 157

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Les conditions climatiques particulières régnant au voisinage des glaciers en période froide sont éga-
lement à l’origine de dépôts périglaciaires très caractéristiques : les loess. Ce sont des dépôts éoliens
provenant d’un transport par le vent de la partie fine (limons) des dépôts glaciaires.
En se fondant sur l’étude méthodique des traces d’activité glaciaires et leur datation relative et/ou abso-
lue, on peut reconstituer les variations de l’extension des zones englacées au cours du Quaternaire. Les
géologues ont ainsi pu mettre en évidence dès la fin du XIXe siècle, quatre glaciations majeures, dénom-
mées Riss, Günz, Mindel et Würm, glaciations qui ont affecté l’Europe (documents 22 et 23) mais
aussi l’Amérique du Nord et l’antarctique (document 23).

Document 22 L’inlandsis finno-scandien, il y a 20 000 ans (d’après Skinner et Porter, 1987)

158 Séquence 5 – SN03

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Document 23 Les inlandsis des hémisphères nord et sud, aujourd’hui et il y a 18 000 ans
(dernier maximum glaciaire) (voir encart couleur E17)
Hémisphère Nord : Les inlandsis de l’hémisphère nord en août aujourd’hui et il y a 18 000 ans (CLI-
MAP Project Members, 1981). Les courbes de niveau pour les inlandsis sont données à intervalles de
1000 m pour l’actuel et de 500 m pour le maximum glaciaire. Les isothermes pour les eaux de surface
sont dessinées tous les °C. La ligne tiretée en gras délimite la zone de l’océan arctique où la concen-
tration en glace marine est supérieure à 0,8 (zone grise). Les continents sont en brun foncé et en brun
clair en trouvera les terres émergées suite à l’abaissement du niveau de la mer il y a 18 000 ans.

Aujourd’hui

Séquence 5 – SN03 159

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Il y a 18 000 ans

160 Séquence 5 – SN03

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Hémisphère sud : Inlandsis Antarctique, glace de mer et températures des eaux de surface aujour-
d’hui et au dernier maximum d’extension glaciaire (18 000 ans BP). Les courbes de niveau de l’inland-
sis sont données tous les 500 m, les isothermes tous les °C. La glace continentale est en blanc, la glace
de mer en gris. Le contour actuel des continents est mis en brun foncé sur la reconstitution du dernier
maximum glaciaire ; les terres émergées dues à l’abaissement du niveau moyen des mers sont repré-
sentées en brun clair (CLIMAP Project Members, 1981)

Aujourd’hui

Séquence 5 – SN03 161

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Il y a 18 000 ans

Toutes les données étudiées (fossiles marins et continentaux, pollens, traces d’activité glaciaires) mon-
trent l’étendue planétaire des changements climatiques au Quaternaire.

 Bilan : les climats du quaternaire

C’est vers la fin de l’ère tertiaire (- 2,7 Ma BP) que l’on observe les premières avancées glaciaires
importantes. Les glaces recouvrent le Nord de l’Europe et les analyses polliniques nous indiquent la pré-
sence d’une toundra ou d’une steppe subarctique aux Pays Bas. Dans le sud de la France, la forêt dis-
paraît et la présence d’une faune froide souligne la rigueur du climat.
À partir de cette date et durant tout le Quaternaire, le climat de la Terre va osciller entre deux états
extrêmes : le stade glaciaire et la stade interglaciaire. Ce dernier est caractérisé par un climat sem-
blable à l’actuel, tandis que le stade glaciaire voit le développement d’énormes inlandsis sur l’Europe
du Nord, l’Amérique du Nord et l’Antarctique.

162 Séquence 5 – SN03

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L’étude de l’extension des glaciers permet dès la fin du XIXe siècle de caractériser 4 grandes époques
glaciaires au Quaternaire :
• Le Günz : -1,6 à – 1,3 Ma BP
• Le Mindel : - 0,9 à – 0,7 Ma BP
• Le Riss : - 0,55 à – 0,4 Ma BP
• Le Würm : - 0,1 à – 0,01 Ma BP

Les variations climatiques sont cependant plus complexes que ne le laisse supposer le calendrier des
quatre âges glaciaires précédents.
L’étude des isotopes de l’oxygène et de l’hydrogène nous montre que des variations climatiques à plus
haute fréquence se superposent au calendrier traditionnel : 17 cycles « glaciaire - interglaciaire »
sont ainsi mis en évidence au cours des 1,7 derniers millions d’années ce qui donne une périodicité
moyenne de 100 000 ans.

C Les causes possibles des variations climatiques


au quaternaire
 Le mouvement de la Terre autour du soleil
et la rythmicité des changements climatiques
L’énergie que la Terre reçoit du Soleil dépend de la position qu’elle occupe par rapport à lui : de sa dis-
tance au Soleil, de l’inclinaison de son axe de rotation, en résumé, de la géométrie du système Terre-
Soleil. Or cette géométrie varie plus ou moins périodiquement. C’est le résultat de l’attraction exercée
sur la Terre par les autres planètes du système solaire.

a - La distance Terre-Soleil
On sait depuis Kepler que la Terre tourne autour du Soleil suivant une ellipse dont le Soleil occupe un
des foyers : c’est l’écliptique. La forme de cette ellipse varie : elle est plus ou moins allongée suivant
les époques (document 24). Il en résulte que la distance moyenne de la Terre au Soleil et donc la quan-
tité moyenne d’énergie reçue du Soleil ne sont pas constantes. Cette dernière varie d’environ 0,2 %.
La périodicité de cette fluctuation est d’environ 100 000 ans.

Document 24 Changement d’excentricité de l’orbite de la Terre

La Terre décrit autour du soleil une trajectoire elliptique. L'excentricité de cette trajectoire (qui mesure l'apla-
tissement de l'ellipse) varie de 0 (orbite circulaire) à un maximum de 6 % (ellipse légèrement aplatie) avec
une périodicité proche de 100 000 ans.

Séquence 5 – SN03 163

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b - L’inclinaison de l’axe de la Terre
Les saisons sont dues à l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre. Or cette inclinaison n’est pas
constante. Elle oscille entre 22° et 25° (actuellement elle est de 23° 27’) avec une périodicité d’en-
viron 43 000 ans (document 25). Ce mouvement d'oscillation de l'axe de rotation de la Terre entraîne
une variation de la quantité de rayonnement solaire reçue à chaque latitude. Lorsque l'angle est faible,
le contraste entre hautes et basses latitudes est faible ; lorsque l'angle est fort le contraste est élevé.

Document 25 Variation de l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre (obliquité)

c - La précession des équinoxes


Actuellement, la Terre occupe sa position la plus proche du Soleil (périhélie) au début du mois de jan-
vier et sa position la plus éloignée (aphélie) en juillet. Au cours des millénaires la date du périhélie, et
donc de la position des solstices et des équinoxes, se décale lentement, ce qui entraîne une variation
de l’énergie solaire reçue à chaque saison (document 26). Nous sommes ainsi dans une situation qui
adoucit les hivers et refroidit les étés dans l’hémisphère nord, alors qu’elle accroît les contrastes sai-
sonniers de l’hémisphère sud (périhélie coïncidant avec le solstice d’été, aphélie coïncidant avec le sol-
stice d’hiver). Ainsi il y a 11 000 ans, lors de l’optimum de l’Holocène, le périhélie coïncidait avec le
solstice boréal (document 26) et les températures estivales de l’hémisphère nord étaient supérieures à
celles d’aujourd’hui.

Document 26 La précession des équinoxes

Ce mouvement, appelé la précession des équinoxes résulte d’une combinaison de deux mouvements
de rotation (document 27).

164 Séquence 5 – SN03

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La précession des équinoxes est du, dans un premier temps, au mouvement circulaire au cours du temps
de l'axe de rotation de la Terre autour d'un axe perpendiculaire au plan de l'écliptique. La période de
ce mouvement est normalement d’environ 26 000 ans. Cependant, ce mouvement est combiné à un
mouvement de rotation de l'orbite de la Terre qui tourne également autour du Soleil. Cette combinai-
son ramène à 22 000 ans la périodicité de la précession des équinoxes. Ce mouvement résultant, com-
biné à la variation de l'excentricité de l'orbite de la Terre (document 24) fait varier la distance Terre-Soleil
suivant deux périodes, 19 000 ans et 23 000 ans.

Document 27 Précession des équinoxes et rotation de l’orbite de la Terre autour du Soleil

Précession des équinoxes

d - La théorie astronomique des changements climatiques

Question
Dans les années 1940, le mathématicien serbe Milutin Milankovitch avance l’hypothèse de l’existence
d’une relation entre les variations climatiques du Quaternaire et les modifications de l’orbite terrestre
envisagées précédemment.
Proposez quelques arguments en faveur de cette théorie ?

Réponse
Les variations périodiques de la quantité d'énergie solaire reçue par la Terre, liées aux variations de
l’orbite terrestre, seraient responsables de l'alternance de périodes glaciaires et interglaciaires. L’argument
principal réside dans le rythme de 100 000 ans observé pour les glaciations, rythme synchronisé avec
celui du changement d’excentricité de l’orbite de la Terre.
Par ailleurs, il a été constaté précédemment, au sein d’une même période glaciaire (Würm par exemple),
des maximums glaciaires ainsi que des périodes de réchauffement partiel. Ces changements clima-
tiques, de courtes durées, observées dans les archives glaciaires et sédimentaires, répondent en moyenne
à des périodes de 43 000 ans, 23 000 ans et 19 000 ans, c’est-à-dire les périodes calculées liées à la
variation de l’obliquité de la Terre et à la précession des équinoxes.

 Les mécanismes amplificateurs

Les seules variations de la quantité d’énergie solaire reçue par la Terre n'expliquent pas l'amplitude
observée des variations de températures. En effet, la diminution du flux d'énergie solaire annuel arri-
vant sur Terre ne varie que de 0,2 %, soit 0,5 W/m2 quand l'orbite de la Terre passe d'un cercle à une
ellipse (périodicité de 100 000 ans). Sachant que pour faire varier la température moyenne de l'atmo-
sphère de 5°C (typique des changements de température observées entre un climat glaciaire et un cli-
mat interglaciaire) il faut mettre en jeu une variation d’énergie solaire de l'ordre de 5 W/m2.
Plusieurs phénomènes additionnels, amplificateurs des variations climatiques existent. Parmi ces phé-
nomènes nous étudierons à titre d’exemple deux d’entre eux.

Séquence 5 – SN03 165

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a - Les variations de l'albédo de la planète
L’albédo est l’un des facteurs qui contrôle la température de surface de la Terre. L'albédo est le rapport
de l'énergie solaire réfléchie par la surface de la Terre dans le domaine essentiellement visible du spectre
électromagnétique (0,3 à 1µm) sur l'énergie solaire incidente.
Le capteur embarqué à bord du satellite météorologique Météosat fonctionne dans trois bandes spec-
trales dont une bande visible (VIS) allant de 0,45 à 1,0 µm. Les mesures réalisées dans cette bande
visible sont donc des mesures d’albédo des objets de la Terre (document 28).

Document 28 Image METEOSAT plein disque, canal visible, datant du 29 Juillet 1997-12 h 00 UTC :
image de l’albédo de la Terre

Principaux objets de la surface terrestre Albédo (en %)


Végétation (forêt amazonienne) 15 %
Océan 7%
Sable - Sol nu 32 %
Nuages (moyenne) 78 %
Neige - glace 80 %

Dans l'estimation de la température d'équilibre à la surface d'une planète, il est nécessaire de prendre
en compte, outre sa distance au soleil, le fait que la planète réfléchit directement vers l'espace une
fraction de l'énergie solaire incidente et absorbe le reste.

166 Séquence 5 – SN03

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Une fois l'albédo (A) prise en compte, on peut supposer que la planète, située à la distance D, en uni-
tés astronomiques (UA) du Soleil, se comporte comme un corps noir. On peut alors calculer sa tempé-
rature d'équilibre théorique Te (en degrés Kelvin) :
1
4

Te = 280 *
( )
1-A
D2

 Remarque La température d’équilibre ainsi calculée ne tient pas compte d’un éventuel effet de serre atmosphérique.

Activité Calcul des températures d’équilibre de la Terre dans diverses situations


autocorrective n° 9
À partir du document 28 et de la formule proposée ci-dessus, calculez les températures d’équilibre
de la Terre en supposant que :
• la Terre est couverte par un immense océan (planète Waterworld) ;
• la Terre est entièrement couverte de neige et de glace (Théorie dite « Boule de neige » :
vers - 600 millions d’années, la Terre supposée entièrement glacée) ;
• la Terre est entièrement couverte de sable (planète Dune) ;
• la Terre est entièrement couverte de forêts (planète des Ewoks)

Rappels : 0 °C = 273 °K
La Terre est située à 1UA du Soleil.

 Calculez l’albédo moyen de la planète Terre et sa température d’équilibre en utilisant les données suivantes :

• Surface des océans : 48 %


• Surface des nuages (masquant essentiellement les océans) : 20 %
• Surface couvertes de végétation (essentiellement des forêts) : 10 %
• Surface continentales sans végétation : 17 %
• Surface englacée (calottes polaires) : 5 %

Actuellement 30 % de l'énergie solaire arrivant sur toute la surface de la Terre est réfléchie vers l'es-
pace. On a donc un albédo de 30 % qui reflète la proportion actuelle de nuages et de terrain de nature
différente à la surface de la Terre (végétation, sols nus, glace, océan).

Lors d'un refroidissement du climat induit par une diminution de l'ensoleillement, la neige et la glace
vont couvrir une plus grande partie de la surface de la Terre. En contre partie, on voit diminuer de façon
sensible les zones couvertes de végétation.

Activité  Recherchez la variation moyenne de l’albédo terrestre lors de la glaciation du Würm.


autocorrective n° 10
 En quoi l’albédo est-il un mécanisme amplificateur des variations climatiques ?

Estimation des surfaces lors du dernier maximum glaciaire (- 20 000 ans BP)
• Surface des océans : 45 %
• Surface des nuages (masquant essentiellement les océans) : 20 %
• Surface couvertes de végétation (essentiellement des forêts) : 8 %
• Surface continentales sans végétation : 12 %
• Surface englacée (calottes polaires) : 15 %

Séquence 5 – SN03 167

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b - Les variations de la teneur en CO2 atmosphérique
Le CO2 présent dans l'atmosphère (373 parties pour millions (ppm) à l’heure actuelle) participe, avec
d’autres gaz comme le méthane, à l’effet de serre de la planète (cf programme de seconde). Cet effet
de serre est de l’ordre actuellement de 30°C, ce qui amène la planète à une température d’équilibre
d’environ 15°C.

Depuis 1980, l’analyse des bulles d’air emprisonnées dans la glace des calottes polaires (document 29)
permet d’étudier la variation de la teneur en dioxyde de carbone de l’atmosphère lors d’un cycle gla-
ciaire - interglaciaire (document 30).

Document 29 Bulles gazeuses emprisonnées dans la glace

Document 30 La teneur en dioxyde de carbone et la température de l’air obtenue par δ18O depuis
160 000 ans, mesurées dans une carotte de glace de la station Vostock (Antarctique)

Activité En quoi les variations de la teneur en CO2 atmosphérique peuvent elles être amplificatrices des varia-
autocorrective n° 11 tions climatiques au Quaternaire ?

168 Séquence 5 – SN03

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Question
Quels sont les mécanismes susceptibles d’induire ces variations ?

Réponse
La réponse n’est pas simple. L’explication provient en partie du comportement de l’eau de mer vis à vis du CO2.
L'eau de mer est capable de dissoudre du gaz carbonique de l'atmosphère. La concentration de CO2
dans l’atmosphère est en équilibre avec celle de l’océan. L'absorption de CO2 de l'atmosphère par l'eau
de mer dépend de la température de cette dernière. Lorsque la température de l'eau de mer augmente,
la solubilité de CO2 dans l’océan diminue. Si l'on passe d'un climat glaciaire à un climat interglaciaire
la température moyenne de l'eau de mer augmente et du CO2 dissout dans l'eau de mer va passer dans
l'atmosphère, ce qui induit une augmentation de l’effet de serre.
D'autres mécanismes de régulation ou d'amplification de l'effet astronomique existent (variation de
la nébulosité, changement dans le cycle de l'eau, effet de la biosphère…) et rendent très difficiles
la modélisation complète des enchaînements qui pilotent les changements climatiques.

Séquence 5 – SN03 169

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