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Franz Steiner Verlag Sonderdruck aus:

Victor Cojocaru / Christof Schuler (Hg.)

Die Außenbeziehungen pontischer


und kleinasiatischer Städte
in hellenistischer und römischer Zeit
Akten einer deutsch-rumänischen Tagung in Constanţa,
20. – 24. September 2010

Franz Steiner Verlag, Stuttgart 2014


Inhalt

Vorwort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Abkürzungen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

Victor Cojocaru – Christof Schuler


Einleitung . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Adrian Robu
Les relations de Byzance avec les cités du Pont Gauche à l’époque
hellénistique: la guerre pour l’emporion de Tomis . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

R. Malcolm Errington
Rom und das Schwarze Meer im 2. Jh. v. Chr. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

Victor Cojocaru
Die Außenbeziehungen der griechischen Städte der nördlichen
Schwarzmeerküste in hellenistischer und römischer Zeit auf Grundlage
der epigraphischen Quellen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

Ligia Ruscu
Die Beziehungen privaten und oiziellen Charakters zwischen
Einzelpersonen und Staaten in Bezug auf die westpontischen Griechenstädte
in hellenistischer und römischer Zeit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

Mădălina Dana
Étudiants et enseignants du Pont-Euxin à l’étranger d’après les données
épigraphiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121

Maria Bărbulescu – Livia Buzoianu


Éducation, culture et religion à la lumière de deux inscriptions inédites
de Tomis et de son territoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141

Alexandru Avram
Die ‚Freiheit‘ von Tomis in der Kaiserzeit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161

Florian Matei-Popescu
he Western Pontic Greek Cities and the Roman Army . . . . . . . . . . . . . 173
6 Inhalt

Johannes Nollé
Perseus und Andromeda in Deultum. Eine römische Colonia am Schwarzen
Meer und ihr Rückgrif auf einen griechischen Weltrandmythos . . . . . . . . 209

Ursula Kunnert – Christian Marek


Kaunos und Samothrake – Fragmente einer Beziehung . . . . . . . . . . . . . 259

Christof Schuler
Verträge zwischen kleinen Poleis in hellenistischer Zeit: Die Symmachie
zwischen Arykanda und Tragalassos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275

Indices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 303
1. Literarische Quellen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 303
2. Inschriten . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 304
3. Griechische Wörter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 306
4. Namen und Sachen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 307
Les relations de Byzance avec les cités du Pont Gauche
à l’époque hellénistique:
la guerre pour l’emporion de Tomis
Adrian Robu

La guerre qui, à l’époque hellénistique, opposa Byzance aux cités de Callatis et


d’Istros au sujet de l’emporion de Tomis est la seule attestation de l’implication mili-
taire de cette cité de la rive européenne du Bosphore thrace dans les afaires des
établissements de la mer Noire. Cet événement a fait couler beaucoup d’encre et il
n’est pas dans mon intention de reprendre l’ensemble des hypothèses avancées par
les auteurs modernes à cet égard. Cependant, bien que l’on ait souvent discuté le rôle
des cités ouest-pontiques dans cette guerre, ainsi que les conséquences de celle-ci
dans leur évolution, la participation de Byzance a quant à elle été peu commentée.1
Les spécialistes ont récemment placé l’intervention des Byzantins dans un contexte
politique et militaire plus large: celui d’une confrontation entre les souverains hellé-
nistiques, voire même d’un conlit mené par la «Ligue du Nord».2
J’envisage dans cet article d’examiner les récits et les inscriptions en rapport avec
la guerre pour l’emporion de Tomis, ain de mieux comprendre les raisons qui ont
poussé Byzance à défendre les Tomitains. Il s’agira donc de révéler les causes locales
et les enjeux pour chacune des cités impliquées dans le conlit. Cela m’amènera
également à m’interroger sur la nature des rapports existant entre Byzance et les
cités du Pont Gauche au IIIe siècle.

La guerre pour l’emporion de Tomis: datation et parties concernées

Memnon d’Héraclée du Pont est le seul auteur antique à nous renseigner sur la
guerre περὶ Τόμεως τοῦ ἐμπορίου. Il convient cependant de rappeler que ce récit a
pour source un autre chroniqueur héracléote, Nymphis. Historien et homme poli-
tique de la première moitié du IIIe siècle, Nymphis a écrit un ouvrage, aujourd’hui
perdu, portant aussi sur l’histoire d’Héraclée du Pont, qui sera utilisé à l’époque

Cette recherche a été menée dans le cadre du projet PN-II-ID-PCE-2011-3-0054 inancé par
l’Autorité nationale roumaine pour la recherche scientiique.
Je sais gré à A. Avram et I. Bîrzescu d’avoir relu cet article et de m’avoir fait part de leurs
conseils. Mes remerciements vont aussi à Chr. Schuler et V. Cojocaru, dont les remarques ont
permis d’améliorer la version initiale de mon texte. Les erreurs qui subsistent m’appartiennent.
Toutes les dates sont «avant Jésus-Christ», sauf indication contraire.
1 Pour la situation économique de Callatis et d’Istros après leur défaite dans la guerre pour Tomis,
voir Pippidi 1965: 222; Pippidi 1967: 33−35; Ruscu 2002: 154; Avram 2007a: 267. Les consé-
quences de cette guerre pour Tomis sont examinées par Buzoianu – Bărbulescu 2007: 294sq.
2 Vinogradov 1999: 288−292; Avram 2003: 1181−1213; Buzoianu – Bărbulescu 2007: 295.

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Das gilt insbesondere für Vervielfältigungen, Übersetzungen, Mikroverfilmungen
und die Einspeicherung und Verarbeitungen in elektronischen Systemen.
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20 Adrian Robu

impériale (probablement au IIe siècle ap. J.-C.) par Memnon. Rappelons aussi que
l’ouvrage de Memnon (Περὶ Ἡερακλείας) n’a été conservé que sous la forme d’ex-
traits compilés au IXe siècle ap. J.-C. par le célèbre patriarche de Constantinople,
Photius, dans sa Bibliothèque.3 Autrement dit, le récit de la guerre que nous repro-
duisons ci-dessous a été abrégé deux fois, d’abord par Memnon puis par Photius;
nous ne disposons donc que d’une version partielle des faits.

Memn. FGrH 434 F 13 (21) (= Phot. Bibl. cod. 224, 228 a–b).
Οὐ πολλῷ δὲ ὕστερον χρόνῳ πόλεμος ἀνερράγη Βυζαντίοις πρὸς Καλατιανοὺς
(ἄποικοι δὲ οὗτοι Ἡρακλεωτῶν ἦσαν) καὶ πρὸς Ἰστριανοὺς περὶ Τόμεως τοῦ ἐμπο-
ρίου, ὃ τοῖς Kαλατιανοῖς ὅμορον ἦν, μονοπώλιον τοῦτο διανοουμένων κατασκευάσαι
τῶν Καλατιανῶν. Διεπρεσβεύοντο οὖν πρὸς Ἡρακλεώτας ἐπὶ συμμαχίᾳ ἑκάτεροι·
οἱ δὲ πολεμικὴν μὲν ῥοπὴν οὐδετέρῳ ἔνεμον μέρει, διαλλακτηρίους δὲ ἄνδρας
ἑκατέροις ἀπέστελλον, κἂν ἄπρακτος αὐτῶν ἡ σπουδὴ τότε γέγονε. Πολλὰ δὲ οἱ τῆς
Καλατίδος ὑπὸ τῶν πολεμίων παθόντες ὕστερον εἰς διαλύσεις ἦλθον, ἀπὸ ταύτης
τῆς συμφορᾶς οὐκέτι σχεδὸν ἀναλαβεῖν αὑτοὺς δυνηθέντες.
«Peu après [la fondation de Nicomédie], une guerre éclata entre les Byzantins, les
Callatiens (ceux-ci étaient des colons des Héracléotes) et les Istriens au sujet du
comptoir de Tomis, qui était limitrophe des Callatiens, et dont les Callatiens pen-
saient s’assurer le monopole du traic. Les deux parties adverses ont envoyé des
ambassadeurs auprès des Héracléotes pour obtenir leur alliance. Ceux-ci, sans
adopter d’attitude hostile envers aucun des deux camps, envoyèrent des médiateurs
aux deux adversaires, mais leur efort, à ce moment-là, n’aboutit à rien. Ceux de
Callatis furent très éprouvés par l’action ennemie; plus tard, ils composèrent parce
qu’ils étaient bien près de ne plus pouvoir se relever de cette catastrophe». (Trad. de
R. Henry, Photius, Bibliothèque, CUF, partiellement modiiée)

En suivant la succession des événements rapportés par Memnon, les spécialistes ont
essayé de situer chronologiquement la guerre pour Tomis. On s’accorde aujourd’hui
sur une date comprise entre la fondation de Nicomédie (vers 264–261) et la mort du
roi Nicomède Ier de Bithynie, suivie du début de la guerre de la succession de Bithy-
nie (vers 255–253).4
Pour mieux reconstituer les opérations militaires et obtenir une datation plus
précise de la guerre, les modernes ont fait appel à d’autres documents mentionnant
un roi nommé Antiochos, que l’on identiiait à Antiochos II. Il s’agit tout d’abord
d’un autre fragment de Memnon, qui rapporte que Byzance était en guerre contre le
roi Antiochos, mais que la cité fut sauvée grâce à l’intervention de la lotte d’Héra-
clée du Pont.5 C’est au même contexte militaire que ferait aussi référence un passage

3 Sur Nymphis, Memnon, Photius et les rapports qui existent entre leurs œuvres, voir Laqueur
1937: 1608−1623; FGrH III B: 259−261 (Nymphis), 267−271 (Memnon); Janke 1963: 1−14; De-
sideri 1967: 366−416; Burstein 1976: 2−4; Meister 1990: 127sq.; Avram 2003: 1185.
4 Vinogradov1997: 41, n. 183; Nawotka 1997: 37; Avram, in IScM III: 26−30; Ruscu 2002: 150;
Avram 2003: 1184; Avram 2007a: 259; Buzoianu – Bărbulescu 2007: 294.
5 Memn. FGrH 434 F 15 (23).

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Les relations de Byzance avec les cités du Pont Gauche 21

de Polyen (IV, 16) qui évoque la campagne du roi Antiochos en hrace et l’alliance
qu’il passa avec certains dynastes thraces.6
On peut en outre ajouter à cette liste le décret IGBulg I2 388 qui, selon J. G. Vino-
gradov et A. Avram, se rapporterait à la campagne d’Antiochos II en hrace.
Trouvé à Apollonia, ce texte émane d’une cité dorienne, comme en témoigne le dia-
lecte employé. À la ligne 2 de l’inscription, J. G. Vinogradov restitue [ἐ]π’ Ἀστάς,
le nom de la tribu thrace des Astes, tandis que pour les lignes 3–4, il propose:
τεταγμέ|[νος ἐπὶ τᾶς ἐπιμαχίας ἐπιστρατεύσαντος δὲ βασιλέος Ἀν]τιόχου ἐπ’
Ἀ[στάς]. L’inscription attesterait donc des combats menés par Antiochos II contre
les Astes, tribu thrace à localiser aux alentours d’Apollonia du Pont. Notons aussi
que les lignes 3–4 sont restituées diféremment par A. Avram, qui suggère:
τεταγμέ|[νος στρατὰγος ὑπὸ βασιλέος Ἀν]τιόχου ἐπ’ Ἀ[στικῆς]. Ce dernier supplé-
ment supposerait que le roi ait désigné l’un de ses lieutenants comme responsable
militaire de la région appelée Astikè.7 Bien que le caractère fragmentaire de l’in-
scription en rende diicile la restitution – on ne connaît pas la longueur exacte des
lignes – il convient de retenir la présence des Astes à l’époque hellénistique aux
alentours des cités du Pont Gauche.
Notons aussi que le récipiendaire du décret IGBulg I2 388 n’apparaît pas men-
tionné dans le fragment conservé: ce serait un Apolloniate, selon L. Robert,8 ou
éventuellement un compagnon d’Antiochos II, selon A. Avram.9 Quoi qu’il en soit,
la cité dorienne qui octroie les honneurs semble être l’alliée du roi séleucide dans la
guerre contre les Astes. La plupart des commentateurs identiient cette cité à Mésam-
bria, la voisine d’Apollonia, alors que J. G. Vinogradov lui préfère Callatis.10 Selon
A. Avram, deux indices plaideraient pour l’origine mésambrienne du document et
tout d’abord l’aichage du décret dans le sanctuaire d’Apollon, attesté à Mésambria
et non à Callatis. Cet argument s’appuie sur la restitution de [ἐν τῶι ἱερῶι τοῦ
Ἀπόλλων]ος selon G. Mihailov ou de [εἰς τὸ ἱερὸν τοῦ Ἀπόλλων]ος selon A.
Avram, à la in du décret (l. 17) où l’on attend la décision concernant la publication
du texte. Par ailleurs, l’expression de la ligne 12 [ἐπὶ τᾶς ἐ]χφορᾶς apparaît dans
deux autres inscriptions de Mésambria (IGBulg I2 308 bis et 341), mais n’est jamais
employée à Callatis.11
On peut toutefois soulever quelques questions concernant l’origine mésam-
brienne de ce décret. Premièrement, la désignation de l’Apollonion comme lieu
d’exposition de l’inscription n’est pas assurée car le sanctuaire d’Héraclès pourrait

6 Niese 1899: 138; Vinogradov 1999: 288sq., n. 45; Avram 2003: 1182−1187 (avec la bibliogra-
phie). Contra Beloch 1925: 672, n. 4, qui estime que cet Antiochos serait Antiochos Hiérax.
7 Avram 2003: 1190−1193. Dans cet article, A. Avram reproduit les corrections proposées par J. G.
Vinogradov dans sa communication faite le 7 septembre 1997 au Premier Congrès international
pontique (Varna) et intitulée «Vom Monopolkrieg um Tomis zur Seeschlacht bei Kos». Cf. aussi
Vinogradov 1999: 288sq., n. 45; IGBulg V 5136. Ptolémée (Geog. 3,11,10) localise une stratégie
appelée Astikè entre Périnthe et Apollonia du Pont.
8 Robert 1959: 217 (= 1989: 247).
9 Avram 2003: 1193.
10 Vinogradov, apud Avram, in IScM III: 242.
11 Avram 2003: 1192sq.

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22 Adrian Robu

aussi avoir été nommé en tant qu’épiphanestatos topos. En efet, on peut restituer à la
ligne 17 [εἰς τὸ ἱαρὸν τοῦ Ἡρακλέ]ος, comme dans un décret de Callatis du début
du IIIe siècle.12 Deuxièmement, bien que la formule ἐπὶ τᾶς ἐχφορᾶς («lors de l’en-
terrement») ne soit pas attestée à Callatis, elle trouve des parallèles dans les décrets
de consolation d’autres cités, rassemblés et commentés par L. Robert. On peut ainsi
évoquer pour les cités pontiques un décret d’Olbia qui honore, au début du Ier siècle,
un certain Nikératos, qui fut tué dans une embuscade pendant la nuit. Le peuple
déclare le jour de l’enterrement de l’honorandus jour de deuil et prescrit que tous les
citoyens suivront le convoi du défunt.13 On peut se demander si l’absence de décrets
de consolation à Callatis n’est pas seule responsable du fait que l’on n’a pas trouvé
de termes semblables dans les inscriptions callatiennes. L’argument e silentio est
donc loin de fournir une preuve décisive de l’origine du décret IGBulg I2 388. Dans
l’état actuel de la documentation, force est de constater que ce décret peut émaner
aussi bien de Mésambria que de Callatis. En conséquence, on ne peut savoir laquelle
des deux cités fut l’alliée d’Antiochos II dans la guerre contre les Astes.
On a également rattaché à la guerre évoquée par Memnon le décret IScM III 7,
par lequel la cité de Callatis honore le peuple des Apolloniates et l’Apolloniate Stra-
tônax, ils de Lygdamis. Cette inscription trouvée en Bulgarie (à Kostena Rjaka) et
qu’on croyait perdue, n’était connue que par un estampage conservé à Vienne. Elle
a été récemment retrouvée au Musée archéologique de Soia et rééditée par
M. Manov. J. G. Vinogradov, dans sa communication de 1997, et A. Avram, dans
le corpus d’inscriptions de Callatis, datent le texte du IIIe siècle sur des critères
paléographiques et certains aspects du vocabulaire. Le décret, qui est la copie
envoyée par les Callatiens à Apollonia, fait mention d’un roi et d’une guerre aux
lignes 9–12. Le cliché publié par M. Manov permet d’établir ces lignes comme suit:
τοῦ τε βασ[ιλέος | – – – -] ἀξι[ω]θέντος ὑπὸ ΑΣΑΒΙΘ [- – – | – – – -]ων, ὅπως λύσῃ
τὸν ποτὶ Σ[- – – – | – – – -] ἐνεστακότα πόλεμον.14
Après avoir examiné l’estampage, J. G. Vinogradov proposait le supplément:
ὑπὸ ἅOμPα Βιθ[υνῶν | καὶ Μιλα]σίων, ὅπως λύσῃ τὸν ποτ’ Ἰσ[τρια|νοὺς ἤδ]η
ἐνεστακότα πόλεμον. On aurait donc la mention d’une «guerre contre les Istriens»
dont la cause aurait été, selon le savant russe, le conlit pour Tomis. D’après lui, la
guerre évoquée par Photius dans son abrégé du récit de Memnon aurait en réalité
opposé les Callatiens non pas aux Byzantins, mais aux Istriens. J. G. Vinogradov
imaginait aussi un contexte international très large, et identiiait le roi mentionné
dans le décret pour Stratônax à Antigone Gonatas. À la suite d’une mission com-

12 IScM III 3, l. 8−10: ἐπιμεληθῆμεν δὲ τοὺς ἄρ|[χοντας ὅπ]ως ὁ τελαμὼν αὐτοῦ ἀνατεθῆι εἰς τὸ
ἱα|[ρὸν τοῦ Ἡρακ]λέος.
13 Syll.3 730 (= IOSPE I2 34), l. 24−25: μελανειμονῆσαί τε τοὺς πολείτας καὶ παρέπεσθαι τῇ ἐκφορᾷ |
ἅ[παντας ἐν τάξει]; cf. Robert 1959: 218−220 (= 1989: 248−250).
14 Manov 2001: 63−68 (SEG 51, 944) date l’inscription de la période 187/5−167/5 et pense que
celle-ci témoigne d’une guerre entre les Bastarnes (ou les Gètes) et le roi scythe Sariakès. Il resti-
tue les lignes 10−12 ainsi: [καὶ ἀ]ξι[ωθ]έντος ὑπὸ Ασαβιθ[(υος ?) ἄρχοντος | Βασταρν]ῶν (vel
[Γετ]ῶν), ὅπως λύσῃ τὸν ποτὶ Σ[αρι|ακα]ν ἐνεστακότα πόλεμον. Cependant, la photographie que
M. Manov reproduit dans son article montre que l’écriture s’oppose à une datation aussi basse
du décret. Voir à cet égard Avram 2003: 1195, n. 34 (SEG 53, 719).

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Les relations de Byzance avec les cités du Pont Gauche 23

mune des ambassadeurs bithyniens et milésiens, le roi macédonien serait intervenu


pour mettre un terme à la guerre.15
Bien que les auteurs modernes aient eu du mal à accepter la correction du texte
transmis par Photius et l’identiication du roi proposée par J. G. Vinogradov, l’opi-
nion d’une guerre «contre les Istriens» a connu un accueil plutôt favorable. Ainsi, L.
Ruscu rejette une datation de la guerre des Callatiens contre les Istriens au milieu
du IIIe siècle, mais pense que cette confrontation aurait pu avoir lieu plus tard, à
l’époque de Ptolémée III Évergète.16 D’autre part, A. Avram a récemment estimé
que l’on ne pouvait savoir qui faisait la guerre aux Istriens et qu’une troisième partie
aurait pu mener la guerre «à la fois contre Callatis, laquelle aurait été sans doute déjà
vaincue, et contre Istros». Il accepte aussi l’idée d’une intervention des ambassa-
deurs bithyniens en faveur de Callatis auprès d’un roi, mais sans retenir la solution
[καὶ Μιλα]σίων.17
Qu’il me soit permis d’envisager ici une autre solution pour la restitution de la
ligne 11 du décret IScM III 7. Au lieu du supplément ποτ’ Ἰσ[τριανούς], proposé par
J. G. Vinogradov, on peut aussi restituer ποτὶ Σ[αδαλαν]. Ainsi, le basileus men-
tionné plus haut dans l’inscription, à la ligne 9, aurait été appelé pour mettre in à
une guerre «contre Sadalas». Ce dernier personnage ne serait autre que le dynaste
thrace homonyme honoré à Mésambria dans la première moitié du IIIe siècle. À cet
égard, la datation exacte du décret mésambrien IGBulg I2 307, qui octroie la citoyen-
neté à Sadalas et à ses descendants, reste diicile à établir. Les spécialistes ont pro-
posé pour cette inscription des dates allant du dernier quart du IVe siècle à la deu-
xième moitié du IIIe siècle.18 Les critères paléographiques amèneraient au premier
abord à dater l’inscription IGBulg I2 307 dans la première moitié du IIIe siècle et
avant le décret IScM III 7: dans l’inscription de Mésambria, on voit apparaître des
alpha à barre droite ou légèrement incurvée et un xi avec la haste verticale, tandis
que dans le décret de Callatis les alpha ont la barre brisée et les xi sont dépourvus de
haste verticale. Néanmoins, il faut avouer que ces éléments ne permettent pas d’éta-
blir de manière certaine l’écart chronologique entre les deux inscriptions.19

15 Pour la reconstitution historique proposée par J. G. Vinogradov, voir A. Avram, in IScM III,
27−32, 236−244; Avram 2003: 1193−1196.
16 Ruscu 2002: 158−162. Cf. aussi Buzoianu – Bărbulescu 2007: 295, qui estiment qu’il a pu y
avoir deux guerres visant le contrôle de l’emporion de Tomis, d’abord entre Istros et Callatis, et
plus tard entre Callatis et Byzance.
17 Avram 2003: 1195−1196.
18 Mihailov, in IGBulg I2 307: 257−262, place cette inscription entre 281−277, soit entre la mort de
Lysimaque et la naissance du royaume celtique de Tylis, seul intervalle chronologique, selon lui,
où un roi si important que Sadalas ait pu exister. Voir néanmoins à ce propos les critiques de
Ruscu 2002: 312sq. D’autre part, le décret pour Sadalas est daté de la in du IVe siècle ou du début
du IIIe siècle par Galabov 1950: 7–22 (le premier éditeur de l’inscription), du dernier quart du
IVe siècle par Youroukova 1980: 13−24, du milieu ou de la seconde moitié du IIIe siècle par
Danov 1951−1952: 110−133, 163, ou encore du milieu du IIIe siècle par Bengtson 1962: 25sq.
(= 1974: 385).
19 On trouvera une photo du décret en l’honneur de Sadalas dans IGBulg I2: pl. 147, n° 307; pour un
cliché du décret IScM III 7, voir Manov 2001: 63.

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24 Adrian Robu

Le décret en l’honneur de Sadalas atteste que le trésorier doit s’occuper de la


gravure des «serments» (ὅρκοι) et de «l’accord» (ὁμολογία) sur une stèle de pierre,
qui sera déposée dans le sanctuaire d’Apollon auprès des stèles des «ancêtres»
(προγόνοι) Mopseustis, Taroutinas, Medistas et Kotys. Il s’agit là d’une véritable
liste de dynastes thraces que les Mésambriens avaient sans doute honorés au il du
temps. Le décret est suivi par une convention sur le droit d’épave, que l’on désigne
comme ὁμολογία Σαδαλα καὶ Μεσσαμβριανῶν (l. 17). Trois fois mentionné dans
l’inscription de Mésambria, Sadalas n’apparaît jamais avec un titre. De la même
façon, dans IScM III 7, les Callatiens n’auraient évoqué Sadalas que par son nom.
L’identité de ce chef thrace fait l’objet de controverses: c’est un roi odryse pour
G. Mihailov, un dynaste des Astes pour Chr. Danov.20 Il n’est pas question de
reprendre ici cette discussion fort complexe. Je note néanmoins que l’opinion expri-
mée par Chr. Danov ne peut être rejetée sans commentaire. Celle-ci est étayée par
un passage de Strabon qui cite les Astes comme responsables du pillage des navires
échoués dans la région de Salmydessos. Ce témoignage renvoie à la convention sur
les épaves qui suit le décret en l’honneur de Sadalas.21 Les rapports existant à
l’époque hellénistique entre les Mésambriens et les Astes sont en outre attestés par
un autre décret qui octroie la citoyenneté à un certain Δε-, ils de Δηζος de la tribu
des Astes, et à ses descendants.22 De même, le décret IGBulg I2 388 commenté plus
haut témoigne de la menace que les Astes représentaient pour les cités du Pont
Gauche.
Si l’origine exacte de Sadalas reste à être conirmée par de futures découvertes,
l’inscription de Mésambria atteste que ce dynaste local contrôlait une partie de la
côte ouest-pontique. Il était donc en mesure de menacer les cités grecques de la
région, et il ne serait pas surprenant de le voir mener une guerre contre Callatis. On
peut également noter que, de manière générale, l’appel de Callatis à un roi serait plus
facile à expliquer dans le cadre de la menace d’une tribu thrace, que dans celui d’une
guerre avec une autre cité de même taille comme Istros.23
Quant au groupe de lettres ΑΣΑΒΙΘ, qui igure à la ligne 10 du décret IScM III 7
et que J. G. Vinogradov corrigeait et restituait en ἅOμPα Βιθ[υνῶν], j’avoue ne pas

20 Mihailov, in IGBulg I2 307: 258−262; Danov 1951−1952: 105−142, 162−165; Danov 1979:
49sq., 74sq.; cf. J. et L. Robert, BE 1953, 133; Robert 1959: 216 (= 1989: 246); J. et L. Robert, BE
1963, 175; Moretti 1976: 135−138, n° 123; Bengtson 1962: 25sq. (= 1974: 385sq.); Venedikov
1980: 7−12; Balabanov 1985: 37−39; IGBulg V 5086; Mainardi 2011, 14–21.
21 Str. 7,6,1, C319; cf. aussi X. An. 7,5,12−14, qui rapporte que les tribus thraces utilisaient des
bornes pour délimiter leur territoire et que chaque tribu pillait les navires échoués dans sa zone.
22 IGBulg I2 312.
23 Le célèbre décret d’Istros en l’honneur d’Agathoklès, IScM I 15 (daté, selon l’écriture, vers 200),
peut fournir un parallèle pour la situation de Callatis. Ce décret atteste que la cité d’Istros, de
même que d’autres cités voisines (voir l. 16), se trouvait sous le protectorat du roi Rhémaxos, dont
le royaume s’étendait sur la rive gauche du bas Danube. Mais cela n’empêcha pas la cité de
conclure «des conventions et des accords» (ὁμολογίαι καὶ συνθῆκαι; voir l. 36) avec un autre chef
thrace, Zoltès, venu du sud et qui assiégea entre autres Bizoné (l. 26), un établissement situé au
sud d’Istros. Les accords furent néanmoins violés par les hraces de Zoltès, qui ravagèrent le ter-
ritoire de la cité et ne furent vaincus que grâce à l’appui ofert par le ils du roi Rhémaxos. Sur ce
décret d’Istros, voir Cojocaru 2004: 384−389.

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Les relations de Byzance avec les cités du Pont Gauche 25

avoir trouvé de solution satisfaisante. On peut toutefois se demander si l’on n’avait


pas afaire ici à un nom en Βιθ- (tel Βίθυς très répandu en hrace), suivi de l’appel-
lation de sa patrie.24 On aurait donc mentionné le nom de l’ambassadeur et du
peuple ayant servi d’intermédiaires entre Callatis et le roi évoqué à la ligne 9.
À ce stade de l’analyse, on peut franchir un pas supplémentaire et faire une nou-
velle suggestion. Les décrets IScM III 7 et IGBulg I2 388 ne pourraient-ils pas se
rapporter au même événement, à savoir la campagne menée par Antiochos II en
hrace?25 Rien n’empêche en efet de penser que le roi Antiochos, qui apparaît dans
IGBulg I2 388 en train de combattre les Astes, soit le même roi que celui à qui les
Callatiens irent appel pour mettre un terme à la guerre contre Sadalas. Cela me
semble d’autant plus probable si l’on accepte que Sadalas fut lui-même un chef de la
tribu des Astes et que, de surcroît, le décret IGBulg I2 388 émane aussi de Callatis; ce
qui, on l’a vu, ne serait pas en contradiction avec la documentation actuelle. En plus,
il n’est pas impossible que les Astes, dont le territoire était contigu à celui de Byzance,
soient les alliés des Byzantins dans la guerre contre Callatis et Antiochos II.26
Au demeurant, deux fragments d’inscription d’Istros (IScM I 4 et 16), que J. G.
Vinogradov, suivi par A. Avram, réunit dans un seul décret, témoignent sans
doute de la participation des Istriens à la guerre mentionnée par Memnon, car ce
décret, daté d’après l’écriture du milieu du IIIe siècle, honore un médecin étranger
ayant racheté des captifs istriens à Tomis.27

24 Voir LGPN IV, s. v. Βίθυς pour les occurrences. Manov 2001: 66−68, propose que Ασαβιθ[υς] soit
le nom d’un chef bastarne ou gète, mais cette solution est diicile à admettre, un tel anthropo-
nyme n’étant pas connu par ailleurs. D’autre part, comme le note Avram, in IScM III: 239, un
ethnique Ἀσαβιθ[- – ] est aussi improbable. Pour la présence d’autres fautes du lapicide dans
l’inscription, voir IScM III 7, l. 23 et 31 (avec l’apparat critique).
25 Cf. Vinogradov, apud Avram, in IScM III: 242−244, qui, tout en rapprochant les deux inscrip-
tions, pensait, on le rappelle, que le roi mentionné aux ligne 9−10 du décret IScM III 7 serait
Antigone Gonatas.
26 Sur les Astes et leur territoire, voir Plb. 13,10,10 (apud St.Byz. s. v. Καβύλη); Ps.Scymn. v. 728−729;
Liv. 38,40,7; Str. 7,6,1−2, C319−320, fr. 47; Plin. Nat. 4,11,45; Ptol. Geog. 3,11,10; St.Byz. (éd.
M. Billerbeck), s. v. Ἀσταί; cf. Oberhummer 1896: 1772sq.; Danov 1976: 122, 129; Boshnakov
2003: 94, 188−194; Avram 2003: 1191sq. Notons au passage que Niese 1899: 138, n. 1, avait jadis
suggéré que la guerre s’était déroulée aussi sur la terre et que les Byzantins auraient pu être ap-
puyés par les Gallates. Ce ne sont peut-être pas les Gallates qui remplirent ce rôle, mais les Astes.
Contra Pippidi 1967: 34, qui pense qu’il ne s’agissait que d’une guerre maritime.
27 Avram 2000−2001: 339−344, présente les restitutions que Vinogradov avait suggérées pour ce
texte dans sa communication tenue en 1997 au congrès de Varna, tout en proposant de nouveaux
suppléments; cf. Ph. Gauthier, BE 2003, 390; Avram 2007b: 81sq. Par ailleurs, Avram 2003:
1197−1200 estime qu’outre ce décret d’Istros, trois autres documents pourraient se rapporter à la
guerre pour Tomis: le décret d’Apollonia IGBulg I2 391 honorant le Callatien Aisias, l’inscription
de Callatis IScM III 106 qui évoquerait un rachat de captifs istriens et enin le décret d’Istros IScM
I 24, où une autre opération de sauvetage de prisonniers semble être mentionnée. Le caractère
fragmentaire de ces inscriptions et l’absence d’autres critères que celui paléographique pour dater
ces documents rendent diicile toute reconstitution historique. Cf. Ruscu 2002: 155sq. Notons
aussi au passage que selon Solomonik 1979: 427−436 (surtout 433sq.), la cité d’Olbia serait aussi
intervenue dans la guerre du côté des Byzantins ainsi que contre les Callatiens et les Istriens,
comme en témoignerait le nom martelé d’un proxène istrien dans un décret olbien de l’époque

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26 Adrian Robu

Pour revenir au rapport entre la guerre pour Tomis et les actions militaires d’An-
tiochos II dans les Détroits et en hrace, il convient de noter que B. Niese pensait
que le roi séleucide avait assiégé Byzance ain de venger la défaite de Callatis.28 En
revanche, pour A. Avram, le roi voulait plutôt «donner un coup de main aux Calla-
tiens attaqués par Byzance».29 Mieux encore, J. G. Vinogradov et A. Avram
pensent que l’ennemi principal d’Antiochos II dans cette guerre était Ptolémée II.
La preuve principale en serait un passage de Denys de Byzance mentionnant un
temple de Philadelphe à Byzance et les dons que le roi lagide avait faits à cette cité, à
savoir «une chôra en Asie», des céréales, des armes (projectiles) et de l’argent.30 En
essayant de reconstituer le déroulement des événements et leur chronologie,
A. Avram pense que pour compromettre l’alliance d’Antiochos II avec les cités
ouest-pontiques (Callatis, Apollonia, Mésambria31) et avec divers dynastes thraces,32
Ptolémée II poussa Byzance à attaquer Tomis. La conséquence en serait que le roi
séleucide, pour aider ses alliés, assiégea la cité du Bosphore thrace. L’intervention de
la lotte héracléote et peut-être aussi de la lotte lagide aurait mis un terme au siège
de Byzance et aussi à la guerre περὶ Τόμεως τοῦ ἐμπορίου. Conformément à cette
thèse, il y aurait eu vers 255–254 en hrace et en mer Noire une véritable confronta-
tion entre Antiochos II héos et Ptolémée II Philadelphe, qui, elle, ne serait rien
d’autre qu’un volet secondaire de la deuxième guerre de Syrie.33
Sans remettre en question l’intervention des rois séleucide et lagide dans les
afaires des cités pontiques dans les années cinquante du IIIe siècle, je constate qu’il
reste encore des zones d’ombre dans la reconstitution des événements. De fait, sur la
foi du texte de Memnon, on peut diicilement conclure que Byzance ait attaqué
Tomis; au contraire, il semble qu’elle appuya cet établissement pontique dans les
combats contre les Callatiens et les Istriens.

hellénistique. En outre, Cojocaru 2010a: 323−345 (cf. Cojocaru 2011: 297−318) a récemment
estimé que le décret IScM I 65 en l’honneur d’un architecte de Byzance attesterait aussi de l’exis-
tence de bons rapports entre Olbia et la cité du Bosphore thrace à l’époque de la guerre pour To-
mis. Contrairement à D. M. Pippidi, V. Cojocaru attribue cette inscription trouvée dans le mo-
nastère de Dragomirna (Bucovine) à Olbia, et non pas à Istros. Cependant, l’idée de verser ces
deux derniers décrets, dont la date est sujette à caution, au dossier de la guerre pour Tomis me
semble diicile à accepter.
28 Niese 1899: 138. Selon Merle 1916: 55sq., 95, l’intervalle chronologique entre les deux événe-
ments serait plus important: la guerre pour Tomis daterait de 275 et le siège de Byzance par Antio-
chos II de 260.
29 Avram 2003: 1187.
30 Dion.Byz. Anaplus Bospori, fr. 41, p. 17, éd. R. Güngerich; cf. Bringmann – von Steuben 1995:
271.
31 La participation de Mésambria à cette symmachie ne s’appuie que sur l’hypothèse selon laquelle
le décret IGBulg I2 388 trouvé à Apollonia émanerait de Mésambria, opinion qui, on l’a vu, doit
encore être confortée par d’autres découvertes. Par ailleurs, le décret IScM III 7 atteste l’alliance
entre Apollonia et Callatis et peut-être aussi le roi séleucide, à condition que ce dernier soit Antio-
chos II (voir ci-dessus). Néanmoins, pour Avram 2003: 120; Avram 2012: 181–185, le roi men-
tionné dans cette inscription serait Ptolémée II.
32 Cf. Polyaen. 4,16.
33 Vinogradov 1999: 271−303, surtout 288−292; Avram 2003: 1210−1212; Avram 2004: 828−833.
Cf. aussi Vinogradov – Zolotarev 1999: 374−379.

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Les relations de Byzance avec les cités du Pont Gauche 27

De surcroît, on peut se poser d’autres questions concernant la cause même de la


guerre: dans quelle mesure une occupation callatienne de Tomis agissait-elle contre
les intérêts des Byzantins ? Ces derniers espéraient-ils tirer un quelconque avantage
de leur soutien aux Tomitains ? L’examen du rôle que la cité du Bosphore thrace
jouait dans les échanges avec les cités de la mer Noire est susceptible, me semble-t-il,
d’éclairer ces questions.

Les enjeux de la guerre pour Tomis:


le parallèle avec l’achat d’Hiéron par Byzance

La cause du déclenchement de la guerre, qui apparaît dans le passage de Memnon


résumé par Photius, est le désir des Callatiens d’inclure Tomis dans leur monopole,
autrement dit, d’obtenir des revenus supplémentaires, à la suite de l’occupation d’un
établissement indépendant.34 Comme on n’a pas manqué de le noter, Tomis se
trouve sur une route commerciale qui mène vers le bas Danube et l’arrière-pays
gète.35 En appuyant les Callatiens dans la guerre pour Tomis, les Istriens espéraient
aussi tirer des bénéices, dont on ne connaît cependant pas la nature.36 Le fait qu’Hé-
raclée du Pont ne soutienne aucune partie, mais qu’elle envoie aux belligérants des
ambassadeurs qui essaient sans succès d’obtenir la paix, s’explique par la diiculté
que cette cité avait de choisir d’appuyer Callatis, sa colonie, ou Byzance, son alliée
dans la soi-disant «Ligue du Nord».37
Les raisons qui ont déterminé les Byzantins à défendre Tomis sont passées sous
silence dans le texte de Photius. Il est néanmoins raisonnable de penser qu’elles
étaient en rapport avec le prélèvement des taxes sur les transactions commerciales à
Tomis. En occupant ce lieu, les Callatiens voulaient s’approprier les taxes et les droits
prélevés lors du transit des marchandises, voire même faire gagner des avantages
iscaux à des commerçants callatiens ou en étroite relation avec leur cité.38 On rap-

34 Sur les diférents types de monopole que les cités et les rois exerçaient à l’époque hellénistique,
voir Gabrielsen 2011: 216−250 (avec la bibliographie).
35 Stoian 1962: 20−21; Vulpe 1969: 154−157; Hind 1995−1996: 121; Ruscu 2002: 151.
36 Vulpe 1969: 154, n. 22, suggère que les Callatiens auraient mis la main sur la ville de Tomis et son
port, tandis que les Istriens auraient annexé une partie du territoire tomitain. En revanche, pour
Rădulescu 1990: 27, Istros voulait partager avec Callatis le monopole sur Tomis et visait ainsi
plutôt des avantages commerciaux.
37 Rostovtseff 1989: 19sq., 415sq.; Rădulescu 1990: 26; Vinogradov 1997: 42sq.; Saprykin
1997: 176sq.; Ruscu 2002: 152; Avram 2012: 182–183; Robu 2012: 1188–1189.
38 Vinogradov 1997: 42 écrit: «die Absicht Kallatis’, den Hafen von Tomis in sein μονοπώλιον zu
verwandeln, worunter man meiner Ansicht nach realiter den Versuch verstehen kann, sich die
Einnahmen aus dem Handel des Nachbarn, d. h. vor allem die Zoll- und anderen Marktgebühren,
anzueignen.» Par ailleurs, Gabrielsen 2011: 225, note les bénéices que les marchands tiraient
des monopoles commerciaux exercés par les cités et estime que «possibly, one of the changes to
occur with Tomis’ transition from a simple emporion to one functioning also as a monopōlion,
was the creation there, too, of a number of statutory and sheltered monopolies in certain trades;
all safeguarded and controlled by Kallatis.» Il ajoute aussi: «as an economic phenomenon, the
emporion-monopōlion was the ofspring of state-power and private entrepreneurship» (p. 227).

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28 Adrian Robu

pelle qu’un passage de l’Économique du Pseudo-Aristote cite parmi les revenus cou-
rants des cités celui «tiré des lieux d’échange et de passage» (ἀπὸ τῶν ἐμπορίων καὶ
διαγωγῶν).39 De même, on peut envisager que certains privilèges iscaux, telle
l’exemption de diférentes taxes accordées par les Tomitains à des marchands de
Byzance ou ayant des relations avec cette cité, auraient été menacés si l’emporion
pontique était tombé entre les mains des Callatiens.
Au demeurant, il serait diicile de comprendre l’intervention de Byzance dans
l’afaire de Tomis sans tenir compte de la place que cette cité détenait dans le com-
merce avec les cités pontiques. On sait à cet égard que, grâce à leur position géogra-
phique, les cités de Byzance et de Chalcédoine pouvaient contrôler le traic par le
Bosphore thrace et percevoir des taxes sur les navigateurs arrivés dans leurs ports. Si
la taxation des navires passant par le Bosphore semble avoir été introduite par
Athènes lors de la guerre du Péloponnèse, les Byzantins et les Chalcédoniens irent
appel, à leur tour, à cette mesure au cours du IVe et du IIIe siècle. Tout d’abord,
Démosthène et l’Économique du Pseudo-Aristote attestent que les deux cités avaient
saisi à plusieurs reprises les cargaisons de navires en provenance ou à destination du
Pont-Euxin ou qu’elles avaient introduit des taxes supplémentaires pour les com-
merçants se trouvant dans leurs ports.40 Ultérieurement, l’essai de Byzance, afaiblie
par le tribut qu’elle devait payer aux Galates, de taxer vers 220 les navires traversant
le Bosphore provoqua le conlit avec Rhodes et le roi bithynien Prousias Ier, guerre à
l’issue de laquelle la mesure init par être abandonnée.41
Mais l’intérêt des Byzantins à l’époque hellénistique pour le commerce avec le
Pont-Euxin est particulièrement mis en évidence par les récits de Polybe et de Denys
de Byzance qui évoquent l’achat d’Hiéron par les Byzantins. Située à quelques kilo-
mètres de l’embouchure pontique, sur la côte asiatique du Bosphore, Hiéron est une
escale importante sur la route reliant la mer Méditerranée à la mer Noire, car le lieu
bénéiciait d’une position géographique favorable et aussi de l’asylia (inviolabilité).
On y célébrait les Douze Dieux et surtout, depuis l’époque hellénistique jusqu’à la
in de l’Antiquité, Zeus Ourios (Qui envoie des vents favorables). Chose remar-
quable: c’est à Hiéron que l’on a découvert, entre autres, le célèbre décret olbien sur
le monnayage. Datant du IVe siècle, cette inscription, on le rappelle, informait tous
les navigateurs qui entraient dans le Pont au sujet des conditions monétaires des
transactions qu’ils allaient conclure à Olbia.42

Sur le statut de polis ou d’emporion de Tomis à l’époque hellénistique, voir Hind 1995–1996: 121;
Avram 2003: 1188sq.
39 Ps.Arist. Oec. 2,1,5 1346a 5–8; cf. Migeotte 2008: 321−331.
40 D. Or. 50,4–6 et 17–19 (Contre Polyclès); D. Or. 5, 25 (Sur la Paix); Ps.Arist. Oec. 2,2,3c 1346b
29−33; 2,3,10 1347b 20−30. Cf. aussi Did. in D. 10,35−45, éd. P. Harding. Concernant les taxes
imposées aux commerçants pour la traversée du Bosphore thrace, voir surtout Gabrielsen 2007:
287−324.
41 Plb. 4,52; cf. Merle 1916: 56−59; Vitucci 1953: 37−42; Habicht 1957: 1088−1091; Will 1982:
45sq.; Jefremow 2005: 51−98.
42 Syll.3 218 (= IOSPE I2 24; IGDOP 14); cf. Müller 2010: 230, 387−389. Sur la place privilégiée
détenue par Hiéron sur la route entre la mer Méditerranée et le Pont, on lira avec proit la synthèse

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Les relations de Byzance avec les cités du Pont Gauche 29

Lorsqu’il évoque la guerre menée par les Byzantins vers 220 contre les Rhodiens
et Prousias Ier, Polybe témoigne aussi du rôle qu’Hiéron jouait dans le commerce
pontique.

Plb. 4,50, 2–3


2 ὃς κατὰ τὴν προειρημένην ὁρμὴν πολεμῶν παρείλετο μὲν αὐτῶν τὸ καλούμενον
ἐπὶ τοῦ στόματος Ἱερόν, 3 ὃ Βυζάντιοι μικροῖς ἀνώτερον χρόνοις μεγάλων
ὠνησάμενοι χρημάτων ἐσφετερίσαντο διὰ τὴν εὐκαιρίαν τοῦ τόπου, βουλόμενοι
μηδεμίαν ἀφορμὴν μηδενὶ καταλιπεῖν μήτε κατὰ τῶν εἰς τὸν Πόντον πλεόντων
ἐμπόρων μήτε περὶ τοὺς δούλους καὶ τὰς ἐξ αὐτῆς τῆς θαλάττης ἐργασίας.
«2. Celui-ci [Prousias], se jetant dans la guerre avec l’ardeur que nous avons dite,
enleva aux Byzantins la position appelée Hiéron sur l’embouchure du détroit, 3 place
que, peu de temps auparavant, les Byzantins avaient acquise en la payant fort cher à
cause de l’heureuse position des lieux, pour ne laisser à personne aucune base de
départ contre les marchands qui naviguent sur le Pont ou encore contre le traic des
esclaves et contre ceux qui vivent de la pêche sur mer». (Traduction de J. de Fou-
cault, Polybe, Histoire, CUF, partiellement modiiée)

Si l’on en croit ce récit, l’achat d’Hiéron par Byzance était motivé par la volonté
d’assurer la sécurité des commerçants et d’exercer un contrôle sur les marchés pon-
tiques d’esclaves et de poisson (ou, au sens large du terme, sur «ceux qui vivent du
métier de la mer»).43 Ce passage de Polybe est corroboré par Denys de Byzance, qui
ofre au IIe siècle ap. J.-C. d’autres renseignements sur l’achat d’Hiéron. Le texte grec
de cet auteur ne nous est pas parvenu intégralement et pour cet événement nous ne
disposons que de la citation en latin du moine français Petrus Gillius (Pierre Gilles
d’Albi) publiée dans son ouvrage De Bosporo Thracio (paru à titre posthume en
1561). On apprend ainsi que de nombreuses puissances maritimes se disputèrent
Hiéron, lieu de refuge pour les navigateurs; les Chalcédoniens notamment en reven-
diquaient la possession en raison d’un héritage. Denys de Byzance ajoute qu’Hiéron
resta néanmoins toujours aux Byzantins (une exagération certes, mais qui met en
évidence l’intérêt constant de la cité de la rive européenne du Bosphore thrace d’oc-
cuper ce lieu stratégique). Cette occupation s’explique par le fait que les Byzantins
contrôlaient jadis la mer grâce à leurs nombreux navires (multis enim navibus mare
possidebant); plus tard, ils achetèrent Hiéron à Kallimédès, un général de Séleucos
(Callimede, Seleuci exercitus duce).44

récente de Moreno 2008: 655−709. Cf. aussi Bresson 1994: 47 (= 2000, 131). Pour les divinités
honorées à Hiéron, voir Lehmann 1921: 173−176; Avram 1998−2000: 149; Moreno 2008: 669.
43 Les mots τὰς ἐξ αὐτῆς τῆς θαλάττης ἐργασίας peuvent être traduits soit par «ceux qui vivent de la
pêche sur mer», soit dans un sens plus large, «ceux qui vivent du métier de la mer». Cf. Walbank
1957: 504; Gabrielsen 2007: 314, 323sq., n. 85. On retrouve dans des décrets d’Iasos (Pugliese
Carratelli 1969–1970: 376, no 4a, l. 5), de Léros (Manganaro 1963–1964: 305, no 2, l. 11–12)
et d’Athènes (IG II3 1315, l. 3) l’expression κατὰ θάλασσαν ἐργασίαι, qui est à rapprocher à des
activités de pêche (dans la mer d’Iasos), ou qui est employée au sujet des commerçants maritimes
(à Léros et à Athènes). Voir à ce propos J. et L. Robert, BE 1973, 419; Gauthier 1982: 283–284.
44 Dion.Byz. Anaplus Bospori, fr. 92, p. 29−30, éd. R. Güngerich: post Chelas esse nuncupatum Hieron,

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30 Adrian Robu

Il importe peu pour notre propos de savoir si Kallimédès était un oicier de


Séleucοs II ou III;45 ce qui est certain, c’est que les Séleucides réussirent à occuper
cet endroit avant 220 et que les Byzantins furent par la suite obligés de le racheter. Il
n’est pas exclu que cette occupation séleucide soit à situer à l’époque de la guerre
pour Tomis, et plus précisément lors de la campagne d’Antiochos II contre Byzance
mentionnée plus haut. Selon Memnon, l’intervention des Héracléotes sauva les
Byzantins, mais cela n’exclut pas que le roi séleucide ait pu conserver des places
fortes dans la région.46 Posséder Hiéron était sûrement un moyen de diminuer la
puissance des Byzantins. Et on voit que Prousias Ier suivra plus tard le même pro-
cédé, vers 220, en occupant à la fois la pérée byzantine en Mysie et plusieurs forte-
resses (phrouria) byzantines, parmi lesquelles Hiéron.47
L’intention des Byzantins d’assurer la sécurité des navigateurs et d’exercer un
contrôle sur le commerce en mer Noire rapproche l’occupation d’Hiéron de l’inter-
vention byzantine dans les afaires pontiques. On peut supposer que Tomis était vers
le milieu du IIIe siècle l’un des emporia qui participaient activement au commerce
en mer Noire. L’essai des Callatiens et des Istriens de s’emparer de ce site avait alerté
les Byzantins, qui n’avaient pas hésité à répondre favorablement à la demande d’aide
des Tomitains. À cet égard, V. Gabrielsen a récemment estimé que par cette action,
Byzance empêchait d’autres cités d’instaurer un monopole sur la côte ouest du Pont-
Euxin, ce qui aurait pu faire concurrence à son propre monopole autour des
Détroits.48 En même temps, il convient aussi de souligner qu’aucun récit n’atteste
que les Byzantins aient voulu contrôler eux-mêmes l’emporion du Pont Gauche,
comme cela fut le cas d’Hiéron.
Pour Callatis, l’occupation de Tomis visait très probablement le même but que la
possession d’Hiéron par Byzance: exercer un contrôle sur le commerce dans la
région ain d’obtenir des revenus supplémentaires. Les «droits de la cité» (τὰ τᾶς
πόλιος δίκαια) évoqués à la ligne 15 du décret de Callatis IScM III 7 en l’honneur de
Stratônax et du peuple des Apolloniates font peut-être référence à ces revenus.
Enin, concernant la situation économique de Byzance vers le milieu du IIIe siècle,
on ajoutera que les monnaies conirment la mise en place à cette époque de mesures

hoc est Fanum, a Phryxo Nephelae et Athamantis ilio aediicatum, cum navigaret ad Colchas, a By-
zantiis quidem possessum, sed commune receptaculum omnium navigantium. supra templum est
murus in orbem procedens; in hoc est arx munita, quam Galatae populati sunt ut alia pleraque Asiae.
possessio autem Fani controversa fuit, multis ipsam sibi vindicantibus ad tempus mari imperantibus,
sed maxime omnium Chalcedonii hunc locum sibi haereditarium asserere conabantur; verumtamen
possessio semper remansit Byzantiis olim quidem ob principatum et domesticum robur – multis enim
navibus mare possidebant –, rursus vero cum emissent a Callimede, Seleuci exercitus duce.
45 Cf. Moreno 2008: 669.
46 Cf. Avram 2003: 1209, qui pense qu’après la guerre pour Tomis, Antiochos II a pu conserver
certaines places en hrace.
47 Plb. 4,52,7, rapporte que le traité de paix conclu entre Byzance et Prousias Ier stipulait que le roi
bithynien rendrait aux Byzantins non seulement les forteresses qu’il avait occupées, mais «aussi
les bois, les pierres et les tuiles provenant de la place forte de Hiéron» (καὶ τὰ ξύλα καὶ τὴν λιθίαν
καὶ τὸν κέραμον τὸν ἐκ τοῦ Ἱεροῦ χωρίου).
48 Gabrielsen 2007: 314sq.; Gabrielsen 2011: 223−227 rapproche, et à juste titre, dans son com-
mentaire les afaires de Hiéron et de Tomis.

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Les relations de Byzance avec les cités du Pont Gauche 31

inancières destinées à augmenter les revenus de la cité, sans doute aussi à cause du
tribut qu’elle devait payer aux Galates. En efet, entre 260 et 220, outre l’émission de
tétradachmes pseudo-lysimachéens, Byzance et Chalcédoine ont aussi frappé des
monnaies communes, des tétradrachmes dits «phéniciens». Portant au droit le buste
de Déméter, une divinité commune aux deux cités, et au revers le Poséidon de
Byzance ou l’Apollon de Chalcédoine, ces émissions témoignent de l’alliance moné-
taire et politique des deux cités.49 On constate donc qu’à l’époque de la guerre pour
Tomis, les Byzantins et les Chalcédoniens modiiaient leur numéraire ain d’établir
un monopole monétaire dans la région du Bosphore. Pour avoir des monnaies valides
sur le territoire des deux cités, les commerçants étrangers étaient désormais obligés
de changer à Byzance et à Chalcédoine leur monnaie en monnaie civique ou de payer
une taxe pour l’impression d’une contremarque sur leur numéraire.50

Conclusions

Il est important de souligner qu’en dépit du tribut qu’elle devait payer aux Galates,
vers le milieu du IIIe siècle la cité de Byzance avait non seulement les moyens inan-
ciers et militaires de réaliser avec sa voisine Chalcédoine une aire économique com-
mune de part et d’autre des rives du Bosphore thrace, mais également ceux de par-
ticiper à l’organisation du traic pontique et de s’impliquer dans les relations entre
les établissements du Pont-Euxin.
Dans ces conditions, en appuyant les Tomitains, les Byzantins montraient leur
capacité à garantir la sécurité des commerçants, ils empêchaient sans doute une
taxation supplémentaire, tout en prouvant aussi l’appartenance de leur cité au
«monde pontique». Car, comme le suggère le décret de Byzance en l’honneur
d’Orontas/Orontès d’Olbia, les habitants du Bosphore thrace se considéraient eux-
mêmes, au moins au début de l’époque impériale, comme des membres de la com-
munauté pontique.51

49 Seyrig 1968: 186sq. (= 1986: 218sq.), place les monnaies d’argent émises en commun par les
Byzantins et les Chalcédoniens dans la période 235−220; cf. Le Rider 1963: 59. Néanmoins, Ma-
rinescu 2000: 333−337, estime que ces émissions sont plus anciennes, datant de 260−220. À cette
époque, les Byzantins et les Chalcédoniens ont aussi frappé en commun des monnaies de bronze.
Voir à cet égard Schönert-Geiss, 1970: 78−80; et surtout Le Rider – Olcay 1984: 79−102, qui
remarquent aussi que les bronzes et les monnaies d’argent de poids attique portent pendant
«l’épisode phénicien» la contremarque de Byzance ou la contremarque de Chalcédoine, mais ja-
mais les deux ensemble. Autrement dit, «la contremarque de Chalcédoine était donc valable à
Byzance, et inversement» (p. 97). Signalons au passage que pour Le Rider 1971: 152, les tétra-
drachmes des deux cités du Bosphore thrace sont de poids lagide plutôt que de poids phénicien.
50 Le Rider – Olcay 1984: 101; Marinescu 2000: 336.
51 Le décret I.Byzantion 3 atteste que les Byzantins honorent, vers le milieu du Ier siècle ap. J.-C., un
certain Orontas, dont le père, Ababos, est qualiié dans l’inscription d’«homme ayant été le pre-
mier non seulement de sa patrie, mais aussi de l’ensemble de population du Pont» (l. 3−6: ἐπεὶ
Ὀρόντας Ὀλβιοπολείτας Αβαβου | υἱὸς ἀνδρὸς οὐ μόνον τᾶς πατρίδος, ἀλλὰ καὶ | σύνπαντος τοῦ
Ποντικοῦ πρατιστεύσαντος | ἔθνεος); cf. Cojocaru 2010b: 52 (avec la bibliographie); Avram
2012: 186–188.

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32 Adrian Robu

Quant à la participation séleucide (et peut-être aussi lagide) à la guerre pour


Tomis, en l’absence de témoignages explicites, l’appui des Diadoques reste diicile à
établir. De même, sans pouvoir reconstituer le déroulement exact des opérations
militaires, il y a des raisons de supposer que certaines tribus thraces, surtout celle
des Astes, ont pris part à cette confrontation. L’intervention de Byzance dans les
afaires des cités pontiques me semble avoir avant tout des causes locales, liées au
commerce et aux relations existant entre les cités du Bosphore thrace et celles du
Pont Gauche. À cet égard, le désir des Byzantins d’occuper Hiéron illustre bien leur
intérêt de tirer proit des échanges avec les établissements pontiques et constitue un
bon parallèle pour le conlit περὶ Τόμεως τοῦ ἐμπορίου.

Adrian Robu
Chercheur post-doctorant
Labex DynamiTe,
ANHIMA/EPHE, Paris
adrianrobu@yahoo.com

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Abstract: A passage from the historian Memnon certiies that, shortly before the middle of the
IIIrd century B.C., Byzantium intervened to prevent the Callatians of taking exclusive control of
the emporion of Tomis. Experts have placed this war in a context of a confrontation between the
kings Antiochus II and Ptolemy II. his study attempts to show that the conlict for Tomis also
had local causes related to trade and to relationships between the city of the hracian Bosphorus
and those on the let bank of the Black Sea. In fact, another event of the IIIrd century B.C., Byzan-
tium buying Hieron, shows the intentions of the city to take part in the organisation of the Black
Sea commercial traic. By supporting Tomis, Byzantium showed its ability to ensure the traders’
security, probably prevented an increase in taxation and proved its belonging to the “Pontic
world”. he author also examines the decree of Callatis in honour of Stratonax, son of Lygdamis
(IScM III 7), which has also been linked to the war mentioned by Memnon. his inscription
points out that the Callatians appealed to a king (whose name was unfortunately not preserved)
for ending the war. According to the author, this war was not “against Istria” (interpretation of J.
G. Vinogradov), but against the hracians led by Sadalas. his dynast, whose name can be res-
tored in l. 11 of the decree IScM III 7, is attested by an inscription of the IIIrd century from
Mesambria (IGBulg I2 307). Moreover, it is possible that the king to whom Callatis appealed for
help against Sadalas was Antiochus II, since many documents attest that he conducted a cam-
paign in hrace.

Résumé: Un passage de l’historien Memnon atteste que, peu avant le milieu du IIIe siècle av. J.-C.,
la cité de Byzance intervint pour empêcher que l’emporion de Tomis ne devienne le monopole des
Callatiens. Les spécialistes ont placé cette guerre dans le cadre d’une confrontation entre les rois
Antiochos II et Ptolémée II. Cette étude tente de démontrer que le conlit pour Tomis a aussi des
causes locales, liées au commerce et aux relations existant entre la cité du Bosphore thrace et celles
du Pont Gauche. De fait, un autre événement du IIIe siècle av. J.-C., l’achat d’Hiéron par Byzance,
illustre bien l’intention de cette cité de participer à l’organisation du traic commercial pontique.
En appuyant les Tomitains, les Byzantins montraient leur capacité à garantir la sécurité des com-
merçants, empêchaient sans doute une taxation supplémentaire et prouvaient l’appartenance de
leur cité au «monde pontique». Du reste, l’auteur analyse également le décret de Callatis en l’hon-
neur de Stratônax, ils de Lygdamis (IScM III 7), qui a aussi été rattaché à la guerre mentionnée
par Memnon. Cette inscription mentionne l’appel des Callatiens à un roi (dont le nom n’est hélas
pas conservé) pour mettre terme à une guerre. Selon l’auteur, il ne s’agit pas d’une guerre «contre
les Istriens» (interprétation de J. G. Vinogradov), mais contre les hraces de Sadalas. Ce dynaste
dont nous restituons le nom à la l. 11 du décret IScM III 7 est attesté au IIIe siècle à Mésambria par
une inscription (IGBulg I2 307). En outre, il est possible que le roi auquel Callatis avait demandé
l’aide contre Sadalas soit Antiochos II, souverain dont plusieurs documents attestent qu’il avait
mené une expédition en hrace.

Zusammenfassung: Ein Passus des Historikers Memnon bezeugt, dass Byzantion kurz vor der
Mitte des 3. Jh. v. Chr. militärisch intervenierte, um zu verhindern, dass Kallatis das emporion
Tomis unter seine alleinige Kontrolle brachte. Die Forschung hat diesen Krieg in den Rahmen
einer Auseinandersetzung zwischen den Königen Antiochos II. und Ptolemaios II. gestellt. Der
Beitrag möchte zeigen, dass der Konlikt um Tomis auch lokale Ursachen hatte, die den Handel
und die Beziehungen zwischen der Stadt am thrakischen Bosporus und den Poleis an der
Westküste des Schwarzen Meeres betrafen. Ein anderes Ereignis des 3. Jh. v. Chr., der Kauf des
Ortes Hieron durch Byzantion, belegt die Strategie dieser Stadt, auf die Organisation des Han-
delsverkehrs mit dem Pontos Einluss zu nehmen. Mit der Unterstützung für Tomis bewies
Byzantion seine Fähigkeit, die Sicherheit des Handels zu garantieren, verhinderte eine zusätzliche

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36 Adrian Robu

Besteuerung und bekrätigte seine Zugehörigkeit zur „pontischen Welt“. Ferner analysiert der
Autor das Dekret von Kallatis zu Ehren von Stratonax, Sohn des Lygdamis (IScM III 7), das eben-
falls mit dem von Memnon erwähnten Krieg in Verbindung gebracht worden ist. Diese Inschrit
bezeugt, dass Kallatis einen König (dessen Namen leider nicht erhalten ist) dazu aufrief, den
Krieg zu beenden. Nach Meinung des Autors handelt es sich nicht um einen Krieg „gegen Istria“
(Interpretation von J. G. Vinogradov), sondern gegen die von Sadalas geführten hraker. Dieser
Dynast, dessen Name in Z. 11 des Dekrets IScM III 7 ergänzt werden kann, ist im 3. Jh. in Mesam-
bria epigraphisch bezeugt (IGBulg I 2 307). Der König, den Kallatis gegen Sadalas zu Hilfe rief,
war möglicherweise Antiochos II., der nach Ausweis mehrerer Quellen einen Feldzug in hra-
kien geführt hat.

Tanaïs
Olbia

Nikonion
Tyras
Panticapée
Kerkinitis Phanagoria
Theodosia Hermonassa
Nymphaion
Chersonèse Gorgippia
Istros
Tomis
Callatis
Dionysopolis
Bizoné
Odessos

Mésambria Dioskourias
Apollonia Gyénos
Sinope Phasis
Amastris
Tieion
Héraclée Amisos
Trapézonte
Chalcédoine
Byzance

Fig. 1. Carte générale des cités grecques du Pont-Euxin


(© geodata: Natural Earth; cities: A. Robu)

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