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,
HISTOIRE GENERALE
DES
AUTEURS SACRÉS E T
ECCLESIASTIQUES,
QUI CONTIENT LEUR VIE, LE CATALOGUE,
la Critique le Jugement la Chronologie
,
l'Analyfe & le Dénom-
, ,
littp://www.arcliive.org/details/histoiregnra22ceil
, , ,, 2
TABLE
DES CHAPITRES
Contenus en ce Volume.
C H A p. I.
j[fjL ^ -'^ ''^^
' Chanoine ie Brème , Page i
A R T. I. Hijîoire de fa vie ,
ibid.
îv TABLE
Chap. VI. Des Papes Honorius IL Innocent U,
Celejîin IL Lucius IL 6" Eugène IIL Page 82
DES CHAPITRES. v
Çhap. XVIII. Robert Fullus , Cardinal & Chan-
celier de VEglije Romaine ; & Bernard des Portes,
Page 275-
419
§. VIII. Traité des dégrés d'humilité & d'orgueil,
425
"
vj TABLE
§. XIII. Traité du Chant , ou de la correâiion de
rAntiphonier Page 438
Vénérablçj 470
5î^
, ,
626
HISTOIRE
,
HISTOIRE GENERALE
DES AUTEURS
SACRES ET ECCLESIASTIQUES.
CHAPITRE PREMIER.
A DAM 3 Chanoine de Brème,
'esFeli'ièsT
Eglifes du Nord , Adam (ir une recherclieexade des mémoires
Nord, qui pouvoient l'en inllruire, particulièrement des Lettres des
Princes & des Papes il'recueiliit auiiî ce que la tradition vivante
;
Hift'^ire"'"^
pour compcfer fon hlQoire il étoit encore jeune, lorsqu'il ;
fcL -r^T-
-, .(^; AJam. i ! .prfffqt.
( h ) L'h. 4 , cap. ^f .V'^'. 4S. / («') r.'it, ï, atp. 14, B.ircnius ai an^
CHANOINE DE BRESME. 5
fut obligé d'en fortir, n'emportant avec lui que des Reliques
de Martyrs, fçavoir de faint Xyfle ôC de faint Sinnicius. Il gou-
verna l'Eglife de Hambourg pendant feize ans, puis celle de
Brème pendant dix-huit ans , enforte qu'il fut fuccenïvement
trente-quatre ans Archevêque , premièrement de Hambourg,
Aij
^ A D A M,
Cap. î4. enfuite de Brème ,
qui fe trouvoit fans Pafteur , lorfque les Nor-
mans ruinèrent la Ville de Hambourg. Quoique cette tranflation
futconforme aux Décrets des Conciles qui portent qu'un Evê-
que chalfé de fon Siège dans le tems de la perfécution, fera
reçu en une autre Eglife dont le Siège fera vacant, Saint Anf-
chaire fut quelque tems à réliiler à llimpereur Louis le Pieitx
Cap. 17. qui vouloiî cette tranflation. Le Pape Nicolas L qui fut confulté
là-delTus , ota toute difficulté en unilfant l'Eglife de Brème avec
Cl .19. celle de Hambourg. Les Succeifeurs dans l'Archevêché de
Brème furent Rimbert, Adalgaire, Moine de CorbieiHoger,
Reginwart , Unnus &c. ,
Livre c?eu-
xicme, p,w.
Y ]. l£n donnant la fuite de ces Evêquesdansie fécond Livre,
^^^^y^^Q fe contente pas de les faire connoître par leurs noms ,
Cap. I. mais il donne, comme dans le preniier , Un précis de leur vie,
la durée de leur Epifcopat, fépoque de la mort des Papes,
des Empereurs des Rois il fait même remarquer par quel
, ;
Pape le Tallium leur a été envoyé, par qui ils ont été confacrés;
C^F- »• les guerres entre les Empereurs & les Nations feptentrionales ;
habitent.
VIL II palTc enfuite au Royaume de Dannemarc dont la
Roi Harold embrafl^:\ la religion chréùciuie, 6c la favocifa dansf
lesiuedois, les Norvégiens, les Anglois & les autres Peuples 33,54.'
du Nord. Il a foin de remarquer que les Archevêques de Brcme
recevoientl'invefliture de leur dignité par lacrolTe quel Empe- Cap.4^,^0^
reur leur mettoit en main après 'euréledion , & quele Paliium 5' i^ feq.
« A D A M;
nie abbatoltlesEglifeSjfaifoit mourir les Chrétiens par divers
,
8 ADAM;
Livre qua- XIV. Herman , de Bernard, Duc de Saxe, ravagea
fils
Cj?. 4'
XVI. Adalbertvoyant dans Provinces du Nord un nombre
les
fuflîfantd'Evêques , fongea à tenir pour la première fois ua
Concile en Dannemarc fon delfein étoit de réformer plulleurs
:
abus qui s'étoient gliffés dans ces nouvelles Eglifes ; les Evêques
ycndoicnt les Ordinations i les Peuples refufoient de payer les
dix mes
CHANOINE DE BRESIVÎE. 9
dixmcs & s'abandonnoient à de grands excès. Il indiqua ce
Concile à Siefvic par l'autorité du Pape Alexandre II. dont il
^toit Légat, 6c fondé fur l'efperance que le Roi de Dannemarc
lui prcteroit fecours il n'y eut que les Evcques
; d'outre-met
<|ui fe firent longtcms attendre. Adam rapporte la lettre que
le Pape Alexandre II. écrivit fur ce fujet à tous les Evêques de
Dannemarc; ôc deux de celles que l'Archevêque addreila aux:
Evêques fournis à fa Métropole pour les inviter au Concile.
XVII. Il marque enfuite les Evêques qu'Adalbert avoit Cap.Ah^^
•ordonnés, fçavoir neuf en Dannemarc , fix en Suéde , deux en 46.
recevra , &
ils les tiennent dans leurs maifons autant qu'ils
des facrifices.
Pa^.fii. XX. Dans la Nordmannie que l'on appelle aujourd'hui la
Norvège, les Peuples font très-chafles en tout. ôc très-fobres
Ils ont tant de refped pour les Prêtres ôc pour les Eglifes qu'il
n'y a pas de jour que chaque Chrétien ne falTe fon ofi'rande à la
Aleffe qu'il entend. En cette Province comme en plufieurs
endroits de la Suéde , les Nobles , à la manière des anciens Pa-
triarches, gardent les troupeaux ôc vivent du travail de leurs
mains. Le corps d'Olaph , Roi ôc Martyr repofe dans l'Eglife
,
B ij
12 LE VENERABLE KILDEBERT,
CHAPITRE II.
Article I.
HiJIoire de fa vie.
,
HilJebert J. T Elieu de fa naiiTancc flit le Château de Lavardin , dans
Aia'n?^ eft
^^"s , Hocl qui en étoit Evcque , le chargea du foin de l'Ecole
i.itArchiJia- de fon Eglife puis l'en fit Archidiacre en 1092 y qui étoit la
;
cre de ceirr
trentc-cinquiéme année de l'Ape d'Hiluebert. Il lit les fondlions
jcvr. de cette cJiarge pendant cinq ans , c eit-a-dirc , julquen 1097.
Alors l'Evéque Hocl étant venu à mourir, on lui donna pour
fucceffeur Hildebert , âgé de quarante ans.
II efl fait III. Son éieclion foulTrit quelque oppoinion de la part de
1-vcquc en Goifircde , Doyen de la Cathédrale. Mais les fuPrrages du reftc
*"*''*
du Clergé prévalurent , &
Hildebert fut ficré le jour de Noël
de la même année op-- par Raoul , Archevêque de Tours. Cela
1
E V E s Q U E D U M A N s , &c. 15
commencement de fon Epirct.pat "'* eut
I V. Hildebert , dès le ^' , 'r'^
., -, r \rr /\ j "n ' « •
"^n pnlon pat
i
d autres perlecutions a lounnr du cote des Kois a Angleterre, koi d'An- 1,,
fouler aux pieds les Images ôc les Reliques des Saints brifer les ,
fon Diocèfe, ôc ramena à l'unité delà foi ceux qui s'en étoienc
éloignés. Il elt mis
(""onde:
\ I. Ceae vi(?-oire devoit rendre plus fîable la tranquillité "°^
C 111
,
14 LE VENERABLE HILDEBERT,
qu'il avoirtrouvée au retour de fon voyage de Rome. Mais la
guerre s'éunt rallumée entre Foulques Rechin , Comte d'Anjoa
6c Henri L Roi d'Angleterre , Hiidebert fut pris en trahifon par
Rotrou, Comte du Perche, &
mis en prifon ; d'où il ne fortit
que vers l'an i ; 20 , après être rentré dans la bienveillance du
Roi d'Angleterre.
Sa con.^ii'te VII. Rendu gouverna avec beaucoup de
à fon Egllfe , il la
ptncîuin fou
j ^ ^^ ^^jg ^ ^g prudence exemple
, travaillant autant rrar fon
que par fes difccurs , a reparer les brèches que les calamités
publiques avoient caulécs à la difcipline. Sa vie ctoit audere.
Il couchoit fur la dure, pcrtoit le cilice, fe nourrilloit fobre-
ment , veiiloit fouvent , prioit beaucoup, & faifoit de grandes
aumônes.
Il efl f:ilt V11 1. Cependant Gilbert , Archevêque de Tours , étant
Archevêque ^lort en 1 1 ?.
j , , comme
premier fufFragant de cette
Ilildebert
i^iiî."""^'
INÎétropole par le privilège deTon Siège , alla à Tours pour
prendre foin de l'Eglife vacante, l'ous unanimement ,1e Clergé
& le Peuple , lechoifirent pour leur Archevêque. Louis le Gros,
ôc l'autre en i 127.
iKlçmeure IX. En(re plufieurs Lettres que funt Bernard écrivit pour
attaclié au amener tout le monde à l'obéiffance du Pape Innocent, il y en
""°' aune à Hiidebert écrite vers l'an 131. Ce n'efi: pas que ce 1
cent!
Prélat s'en fut féparé; mais faint Bernard craignoit que Gérard
d'Angoulême ne l'attirât au parti de Pierre de Léon.
Sa mort en X. Ce qu'il y a dc certain , c'eft qu'Hildcbert demeura attaché
11350U1154. j,u Pape Innocent lercfîedefes jours , c"efi-à-dire, jufqu'à l'an
A R T I C 1. E 1 1.
§. I.
DA N
aucun égard à
s la , Dom Beaugcndre n'a eu OrJre des
nouvelle édition
que ces Lettres tiennent dans les L-ttresd'Hii.
l'ordre
manuicrits. Jl les a diftribuées en trois claffes, où fans obferver troituvaT
le tems auquel elles ont été écrites , il donne de fuite toutes
celles qui font fur une même matière. La première claiTe contient
les Lettres morales & afcetiques ; la féconde , celles qui
traitent du Dogme ôc la troifiéme , les Lettres familières , ou
;
avec lui. Une troifiéme Lettre explique comment il ell vrai que
Dieu punit quelquefois un péché , jufqu'à la quatrième ci;v &
quiéme génération. Il donne pour exemple ce qui eft dit de
Caïn & de Lamech dans le Livre de la Genefe. Ces trois
Lettres font fuivies de quelques diplômes accordés par tlilde-
bert à divers Monafleres.
III. Guillaume de Cliampeaux avoit par un motif de pie.té Enil, i,
Lettre fut écrite vers l'an loo. "Vers le u ême téms il .envoya
t
EnP,2ji
à un de fes amis, apparerrrment Evêque' oa Frétrc, un'eyen--
,
r^ LE VENERABLE HLLDEBERT,
tail pour chafler les mouches pendant la célébration des Saints
Myftercs. Ce petit inftrumcnt ctoit en ufage , tant en Occident
qu'en Orient, pour éloigner ces infeâes incommodes à celui
quioflroit le Sacrifice. Ilildebcrt donne à cet éventail 6c à fon
Epi/?. 5- ufage une exjilication myftique. Dans fa Lettre à Adèle , femme
d'Eftienne, Comte de Blois , il entre dans le détail des vertus
néceiïaires à un Souverain ; être porté à la clémence , punir le
crime, en fe fouvenant que celui que l'on punit eO: homme;
avoir l'empire furfoi-meme ; fcrvir le Peuple ne mépriler le ;
£}"ji- *•
Lettre vers l'an iioi. Quelque tems après, cette ComtefTe
ayant perdu fon mari , nt voeu de la vie MonaRique. Hildebert
l'en congratula , 6c l'exhorta à fe procurer la perféverance dans
le bien par la pratique de l'humilité , qu'il lui fait envifagec
comme le fondement 6c la confonimation de toutes les vertus.
Jllui écrivit encore vers l'an 1104. fur le même fujet.
Epijl.f.
Evilî î
^^' D^""''' ^"5 auparavant il feiicita Agnès , veuve d'Helic ,
Comte du Mans, ôc filje de Pierre, Duc de Polders, de ce
qu'au lieu de faire le pèlerinage de la Terre fainte , elle s'étoit
confacrée à Dieu dans un JVÎcnaftere. Il donne pour raifon de
cette préférence , que nous devenons Difciples de Jefus-Chrift
en portant fa Croix volontairement , 6c non en allant vifiter fon
bpijt.7 y?'
tombeau. Il écrivit à la PrincelTe Mathilde mariée depuis peu
à Henri I. Roi d'Angleterre, de rendre grâces à Dieu de cette
alliance, ôc d'ufer des Liens du fiécle avec d'autant plus de
rnoderation qu'elle devoit en rendre compte au jufte Juge. Il faut
rapporter cette Lettre à l'an 1 1 ro. Mathilde envoya à Hildeberc
deux cliandeliers d'or bien travaillés. Le Prélat l'en remercia par
Epijl. s. une Lettre écrite l'année fuivante. Il louoitun Eccléfiaflique de
fes amis d'avoir refufé divers préfens en or 6c en argent , fans
EpiJl. 10. fe laifTer éblouir par les raifons qu'on allègue ordinairement
qu'un Clerc doit faire de la dépenfe , 6c avoir toujours par-dcvers
lui, de quoi donner aux pauvres. Le remcdc quilui paroifToit
le plus puiffant contre les tentations , eft la confiance en Dieu.
EpiJl. 11. 'V, Un Evêque de Chartres , que l'on croit être Yves s'étoit ,
E V E s Q U E DU M A N S, &c. 17
que cet Evoque s'en fût plaint à Hildebert, foit qu'il i eut appris
d'ailleurs, il écrivit à ces Moines dû non -feulement
qu'ils auroient
inviter ce Prélat à loger mais vendre même les ornc-
chez eux y
du pèlerinage de faint Jacques , difant qu'il feroit plus utile pour ^''
lui ôc pour fes peuples , de refier avec eux pour les gouverner.
Vît. Hildebert étoit Archevêque de Tours lors de fa féconde Epi^c iS,
Lettre à la Reine Adèle. Comme elle n'avoir point d'enfans
il effaye de la confolcr de fa fterilité , en lui difant qu'elle pou-
levât la nuit pour prier; qu'il multipliât fes jeûnes qu'il mor- ;
^?'j »••
Conciles font décidé. L'Archidiacre peu (lui, fait de cette-
réponfe vouloit paffer outre &
célébrer le mariage. Hildebert
écrivit à l'Evéque de Séez de l'empêcher , pour les raifons
alléguées dans la Lettre précédente. Il y ajoute l'autorité de faint
Chryfoftôme & de faint Ifidore de Seville.
^n'- î- X. Vers le môme tems , Marbode n'étant que Chanoine &
Archidiacre d'Angers , voulut le démettre de fon Canonicat
,
EVESQUE DU MANS,&c. i?
en faveur de fon neveu. La chofc n'ctoit pas airée , à caufe de
roppofition de l'Evêquc ôc des Chanoines. Il eut donc recours
à Hildcbert pour lever ces difficultés. Le Prélat en parla à
l'Evcquc d'Angers , qui parut d'abord favorable mais il changea
;
offrir avec du pain levé. C'cfl fur ce fcandale , & iur la négli-
gence de ce Mmidre, qu'Hildebcrt appuyé le pkis. Du relie.
(n) //.''yiriumcapUli,
EVESQUE DU MANS,6cc. 21
il que ce Prêtre a plutôt péché contre la coutume , que
dit
contrela Foi. CcfL pourquoi il prie l'Evoque d'Angers de rendre
contre lui une Sentence qui tienne plus de la bonté d'un père,
que de la févcrité d'un Ji;ge.
XV. Il
y a dcuxLettresd'Hildebcrt danslefquellesilgéinit fur rpiluG-iî,
les mauvais traitemens que l'Empereur Henri V. avoir f.iit
foufî'rir au Pape Pafchal II. au Clergé &: au peuple Romai-i.
Dans une autre écrite vers la fin de l'an 1 1 2 , il combat un Epijl. zj. 1
( a ) Sentie enim fentio & dico Sanflo- oponet & fxpeifit orare pro nolis.HUdei,
j
42 LE VENERABLE HILDEBERT,
d'un fucceffeur qui ne corrige pas le mal quefon prédécefleuf
Ej^iljoD-ji. a fait. £11 1127 Hildeberc re'forma plufieurs abui dans les
Eglifes de Bretagne, comme Métropolitain, &
aîTembla à ce
fujet un Concile à Nantes. On y fit plufieurs Statuts, dont il
demanda la confirmation au Pape Honorius IL qui l'accorda
par une Lettre airerfée aux SuîFragans de la Métropole de
Tours.
Efjl. 3-. X V IL II y a neuf autres Lettres d'Hildebcrt au même Pape
Honorius. Dans la première , il intercède pour les Chanoines
defaint Martin de Tours , qui en défendant leurs privilèges,
avoient encouru la difgrace du Pape; apparemment en les fai-
fant valoir en des termes peu refpedueux. Parla féconde, il le
prie de ne pas accorder le pallium aux Evoques de Dol en Bre-
tagne , fes Suffragans, attendu que l'ufage n'en avoir jamais été
accordé qu'à Bauditj à caufe de fes qualités perfonnelles, ÔC
^11 -, non à cauie de fon Siège. Il fait dans la troifiéme des plaintes au
Pape contre ceux qui avoient mutilé un de les Chanoines , ôc
Epijl, î6, lui demande comment il
doit le comporter envers eux. La qua-
trième contient auiil une plainte contre le Roi de France , dont
il avoir été maltraité, pour n'avoir pas voulu recevoir de fa main
^'
bert fe difpofa à ce voyage , mais il n'eft pas certain qu'il le Ht. Il
^'; '
phetiques qui font dires de Jeconias dans Jéremie Terra, : J-rsm. tt.
terra , fcribe hos viros abdicatos. Dans une autre lettre qu'on con-
jedure être adrefTée à faint Anfeime de Cantorberi , Hildebert
le remercie des fandales pontificales qu'il lui avoit envoyées ; il
remarque qu'en France elles étoient ouvertes par-defTus , enforte
qu'on voyoit le pied. Il en rend cette raifon myftique que le Epijl. 31;
Prédicateur ne doit ni cacher ni découvrir à tout le monde les
myfleres de l'Evangile , &
ajoute que c'ed de-là qu'ell: venue
la coutume de porter l'Evêquc le livre de l'Evangile ouvcrc ,
à
au lieu qu'on le porte fermé aux autres.
XX 1 I. Il eft incertain fi les trente-deux & trente-troifiémc ^p'-J^-i^^U»
lettres font d'Hildebert. Ce
font des inflructions à des Moines
qui demeuroient en quelque Cellule ou Prieuré. La trente-qua-
trième eft une fupplique au Pape Urbain II. à qui Hildebert
repréfenta en 1099 , dtins le tems qu'il étoit encore Evêquedu
Mans , que fes Prédecefleurs s'étoient clioifi leur fépuîture dans
lAbbayc de Vincent , de même que les Chanoines , ôc
faint
ordonné qu'une du cimetière feroit deftinée aux Clercs;
partie
<ju'à cet effet les Moines de cette Abbaye jouiroient d'une
Prébende; que contrairement à cet ctabliffcment quelques Cha-
noines avoienr porté ailleurs un de leurs Confrères , ôc l'avoient
même enterré en un lieu non confacré. Hildebert prioit donc
le Pape de maintenir les Moines dans leur droit dans la &
jouiffance d,e la Prébende qui leur avoit été adjugée.
§. II.
I.T L y a tant de conformité de ftile entre les Sermons que l'on Sermons
I nous a donnés fous le nom de cetEvêque.ôc fes autresEcrits , ^^^'"'f'?"'
que 1 on ne peut reruler de 1 en reconnoitre Auteur. Un voit ^çg^
l'autre il a livré fon ame ôc fon corps ; ôc c'cft pour les repré-
fenter que nous mettons fur l'Autel du pain ôc du vin , afin
que par le pain fait corps ôc reçu dignement de nous , notre
corps participe en quelque manière à l'immortalité ôc à limpaf-
iîbilité de celui de jefus-Chrift , ôc que par le vin changé en
fang ôc reçu de nous, notre ame devienne conforme à celle de
Jefus-Chrift foit dans ce monde, foit dans la gloire. Il ne faut
pas toutefois s'imaginer qu'en recevant le Sang de Jefus-Chrift
flous ne recevions que fon ame ( ^ ) , ÔC fon Corps feul quand
(a) S'frmon. 55 , pag. 501. fubftantia non remaneat , (c-d colorem &
(i) Ncc tamen iiuelliijendum eft quod (aporem panis voluit Chriûus reiiuMiere,
înfanguinis accepdone (oljin animam , & & lub illa fpecie verani Corporis Chnili
non corpus, vel in acceptione coiporis , lubft-jntiam latere , ne (l in ea qualitate ,
folummodo corpus & non animam acci- inqua reverà eft , vetum bominem ani-
piam\is , fed in acceptione finguinis totum mas hominis fumera abiiorreret
CUriftum verum Deiun & hominem , S: in Débet autem necelFario creJerc Cliriftia-
acceptione corporis (irailiter totum (umi- nus manibus Sacerdotis cujuslibet ,tantuta
mus , & quia bis feparatim corpus & lepa- modo Sacerdotii ordinem habentis, Itve
ratim fançuinem , non tamen bis , -fed mali , (ive boni oequaliter per verba po-
femel Chrirtuni accipimus . . . Nec teftativa benedidionis Corpus Domini
dubitare debemus quin panis per facra pollê conl'ecrari , & tunc Spiritum Sanc-
verba benedidionis Sacerdotisj in verum tum in confecratione illa adeile. Hildeb».
Dotnini Corpus immutetur , ita ut panis Sirm, 38, pag 411, . 4M.
.
23 LE VENERABLE HILDEBERT;
nous recevons fon Corps. Nous recevons J. C. tout entier , vrar
Dieu ôc vrai homme, foit en ne recevant que fon Sang , foit en ne-
recevant que fon Corps; & quoique nous recevions féparémentlc
Sang ôc le Corps , nous ne recevons pas pour cela deux fois J. C
mais une feule fois. L'ufige de recevoir féparement le CorpS'
& le Sang s'eft introduit dans l'Eglife à l'exemple de Jefus-
Chrift qui dans la dernière Cène donna féparement fon Corps
& fon Sang à fes Difciples. L'eau que l'on mêle avec le vin dans
le Sacrement eft pour repréfenter l'eau qui coula avec le fang du
côtéde Jefus-Chril!:. Au reftenous ne devons pas douter que le
pain ne foit changé au vrai Corps du Seigneur par les facrées
paroles de la bénédidion du Prêtre , enforte que la fubflance du
pain ne demeure plus. Jefus-Chrili: a voulu que la couleur ôcla
faveur du pain demeuralfent , ôc cacher fous cette efpece la vraie
fubftance de fon Corps, de peur qu'en fe prJfentant à nous fous
la qualité d homme , nous n'ayons horreur de manger fa chair.
Hildebert pour marquer le changement du pain ôc du vin au
Corps ôc au Sang du Seigneur, fe fert du terme de tranfub-
ftantiation {a), ôc c'efl le premier qui lait employé les autres ;
E V E s Q U E DU I\î A N S , &c. a^
fecourable ne vous abandonne pas. Il enfeigne en un autre
endroit (a) que la grâce de Dieu eft trcs-ofticieufe envers les
hommes , 6c comme engage'e par ferment à les fecourir {b) que •,
( a ) Lib t , f'iij;, i 6 ,
p.i;:. < ^
( A ) S;rm. 4^ , pag. 463.
.( b ) OrticioS.linia eft honiin.bus Fjit'n • ( -«-^ ëtl:confelîio-v<^iaimni",'Sreftcon-'*
Dei&ventin eorum iuratu obieuuium. fell'io mortaliuTi , funt peccata occulta j,
t) ii|
3© LE VENERABLE HILDEBERT,
Prêtre que dans le cas de nécelïïté , c'eft-à-dire lorfqu'il ne fc
trouve point de Miniftre de l'Egliie. on devoit fe confelTec L
avant de commencer le jeûne du Carême (a ) , parce que ceft
renverfer Tordre, de punir les péchés avant de les confelTer. Les
Pénitens étoient exilés de leurs propres maifons {b) pendant le
tems de leur pénitence. On les couvroit d'un cilice (c), oa
iettoit fur eux de la cendre ; il leur étoit défendu de fe rafer la
barbe ôc de fe faire couper les cheveux , on les chalîoit de l'E-
glife pour l'ordinaire ils étoient reconciliés le jour du Jcudy-
;
(/) Serm, 33 ,
pag. ;K7. ( / ) Srrm. 58 , pa^r. jiS.
très facres (a) ,.&c 1 on ne doit ordonner aucun rretre qui ne desPrcirc»,
s'y engage." Celui qui entre dans les Dignités de l'Eglife par la
main des Laïcs , dit Hiidcbert (6) , n'y entre pas par la porte;
ce n'eftpas aux Laïcs que l'on a confié la difpenfation des chofes
fpirituelles , ceft aux Vicaires du Seigneur, c'efl-à-dire à ceux
qui tiennent la place des Apôtres. Etre avare (c) , c'eO être
indigne du nom de Prêtre. Ceux-là font fimoniaques qui vendent
les Sacremens, qui tirent de l'argent pour les Meires,le Baptême^
les confelïions , la Prédication , la fépulture.
§. 1 1 L
5ï LE VENERABLE HILDEBERT;
appelle Hoël, Evêque du Mans, ion Prédeceffeur, d oii il fuît
qu'il Evèque du Mans lorfqu il écrivit cette vie. On la
étolc
trouve dans i)urius au ap d'Avril, ôc dans la Biblioteque de
Cluni , par Dom Martin Marrier , avec les notes d André du
Chefne. h efl: parlé de cette vie dans la Chronique de. Cluni
compoice par Doni François de Rive qui ap.peile Hildeberc
Dilcipie 6c Moine de lliint Hugues, ceit-à-dire de Cluni dont
ce Saint étoit Abbé.
De la piaîn e I IL Le Livre intitulé , de la plainte & du combat de la chair
fif' gendre a trouvé dans deux manuicrits d environ lix cens ans a
1
qui font venus après lui , ils en ont fuivi non-feulement la mé-
thode , ils y ont encore puifé divers argumens , quoiqu'ils les
ayent fouvent rendus en difFerens termes. Hildebert prouve or-
dinairement ce qu'il avance par les témoignages de l'Ecriture 6c
des Pères furtout de faint Auguftin , mais il y emploie auffi des
j
vrage avec celle des Sermons de cet Auteur, elle eft la même ,
& fouvent en mêmes termes.
.(#) Petrus Blefenf. epijl. lo». (6) Orieric Vital, llb. lo , hipr.pag.
|
Tome XXIL Ë
, ,
54 LE VjEKFERABLE HILDEBERT^
Ana'yfe de .VU. Il cft divifé cti quarante-un chapitres, précédés d'un
ce Traité. pçtix pcologue.'Hildebprt traite d'abord , dont il donne
de la foi
^^F' '•
ciç^fc d(îjmicions ; la prenilere, delApotre
féconde en cette ; la
raaxîiere :'La foi eil une certitude volontaire des chofes qui ne
tombent pas fous nos yeux, qui eft au-delTus de Topinion , mais
aAi-deffous dela'fcience. Il dit qu'elle eft au-deffus de l'opinion,
parce que croire eil plus, qu'opiner j qu'elle eft au-d.e(lous de
la fcience , parce que nous ne croyons qu'aiin que nous fçachions,
un jour.- Dieu s'eft: tellement fait comioître dès lecommence-
C.12. 1. ment que comme on n'a pu l'ignorer entièrement , en n'a pi^
,
tout par grâce , au lieu que le Verbe fçait tout par nature qu'il C;;. ; 14, ry,
de la grâce qu'il avoir reçue dans la création ; par ce péché leà 50.
(a) Prxtcrpa (ciencium eft qucd non ponît catlere fed per fo non poteft
,
îdeo dicitur liberum arfeitritim quod xciua- (uigere , juvetur à gratia Dei. Hild,
nifi
litfr le Ii.ibcat ad utrumqiie , l'cilicet ad ho- Traéldt.Theolo^xap. ^o.
num & nd mulum , cutn pcr fe quilque
Eij
5^ LE VENERABLE HILDEBERT,'
peut fe relevers'il n'eft aidé de la grâce de Dieu ; le libre arbitre
eft fuififant de lui-même pour le mal , mais il ne fuffit pas de lui-
mcme pour le bien.
Cjp. ji,3i, XL Kildehert traite après cela des pe'che's , de l'originel &
îî- dePaduei ;le preniiereft ainfi appelle^ parce que nous le con-
, c'e!l-a-dire , de nos parens
tractons dès notre origine qui nous
,
établie ,
que l'on ne peut douter de la catholicité d'Hildebert
fur ce point , ni de fon éloignement des erreurs de Berenger
fon Maitre.
Anaiyfe ^e XIV. Cet Evôquc convient que de tous les myfteres que la
«e Traite,
p^j pQ^g enfcignc , ôc de tous les elfets de la puiftance de Dieu
P-S- II03. ., ,
•
T - I I
il n V en a point ou la railon humaine pénètre moins que dans ce
' •
1
(a) Sacra'îi.-ntoper partes divifo , non fiJei. Rntvo Itîc totum ignorât, fed fides
tarnen Corpus in pr.iifcs Icin-.iiiurj ut & pr^rumit quod r.^fio non capit. lb:d.
jplum iJiviliiTi& per partes lurnatur , fed ( f ) Xam lîtut caro Chrifti quam ::f-
fub pr.r£il>us divilis & in par:ibi;s lîn^tilis fumpf.t in utero vir;jinali , vcrum Ccr-
à fina^ulii pe rcipicnt?bus iûQxm pîrcipitur pLs ejus éft. , S: pro nolira faUite occifum ;
tO!um rtqae imiivifum. Hid. de Eu'ch.i- ita panis q'iicm ("hii.lu!. tr.ldidit DifcipuiTs
panis ic fine iri.ii l\ibftanria , tam panis ut Jum liic &comeJitur, Chriftuî
frangitur
quam vini acciùi.n;ia/ (^uoniodo acciden immoletur &
comcdatur, & tamen inteî;er
tia fin» fuLjeclo , yel lii-c a^cidentia in & vivus permaneàt, HiM. expaf, MiJJie^
quo nan fi»t line (iibjcv'^o ! Viainiftiseft
i£iiot4 raiigui , fej non pcjiitùs ignota. ,
£ iij
58 LE VENERABLE HILDEBERT,
bénédi£lion qui fe donne à la fin de la MefTe , il remarque qu'il
étoit dufage dans un entretien avec un ferviteur de Dieu , de
prendre fa fe féparoit de lui
bénédidion lorrqu'on coutume :
de fon PaHeur.
§. IV.
Traité de
concorae
la
^e
L X E poëmc d'Hildebert fur le facrifice de la Mefle eft
1 ancien & du |
-" *j intitulé diverfement
.
n
. dans les différentes e'ditions qu'on
-n '•
-l -r^
de rans en i^-^S , il a pour titre: De la
i i
qu'il employé audl dans fes autres opufcules fur cette matière,
ôc qui lui eft particulier. ,/'
111. Le fuivant eft encore fur l'Euchariftie ; il n'eft pas fur- Livre fur
prenant qu'Kildebert ait traité fcuvent cette matière dans un l'Euchariftie,
^''^^' "'''*
tems , où les Bcrengeriens répandoient partout leurs erreurs fut
ce Dogme. Il y eniéigne en plus d'un endroit , que le pain ôc
ievin(a) font changés au Corps ôc au Sang de Jefus-Chrift
que ce Corps eft le même qui eft né de la Vierge, ôc qui a été
attaché à la Croix. Ces endroits font cités fous le nom de cet
Evêque dans les manufcrits ; ce qui ne lailTe pas lieu de douter
jque le Livre où ils fe trouvent enchallés , ne foit de lui. Ajoutons
que le terme de y eft aufll employé plus d'une lois. Il fe
Sacrif.'X
.propofe dans cet ouvrage de montrer pourquoi l'on ofîVc du pain
&. du vin dans le Sacrement du Corps ôc du Sang deNotre-Sei-
gneur ; pourquoi l'on y mêle de l'eau enfuite il prouve , que la
; .
chair deJ.C. confacrée fur l'Autel, eft la même que nous croyons
être née de la Vierge, ôc avoir été attachée à la Croix que nul ;
4» LE VENERABLE HILDEBERT;
Polmésfur IV. Hildcbert exerça fa mufe fur divers autres fujets,maîs
Touvrage des
Ex jourf , & mêlant toujours dans fes vers des réflexions édifiantes ,
j j • •
&
•
l'T- •
-rr
donnant aux endroits de IJicriture qui en paroillent le moins
1
autres fujets,
pag. iiùffù- fufceptibles , un fens fpirituel &
moral. C'efl: ce que l'on remar-
quera dans (on poëme fur l'ouvrage des fix jours ; fur les Livres
des Rois , ôc fur divers paflages de l'ancien Teftamcnt. Il mit
auifi en vers le premier chapitre de l'Ecclefiafte ; les plus beaux
endroits des Evangiles ; des remarques fur quelques points de
difcipline ou de morale; la défenfe de Suzanne par Daniel; le
martyre des Maccabées ; celui de S. Vincent; de fainte Agnès
l'Invention de la fainte Croix ; la vie de fainte Marie d'Egypte ,
celle-ci efl: en vers léonins. Tous ces poèmes portent le nom
d'Hildebert dans les meilleurs manufcrits. Son nom fe lit aufli
dans un très-bon manufcrit de l'Abbaye de faint Amand , à la
tête de l'Hiftoire de Mahomet. Mais elle efl: défigurée par
flufieurs anachronifmes , ôc autres fautes contre la vérité de
Hiftoire ;cnforte qu'en l'attribuant à Hildebert, oneft obligé
de dire qu'il l'écrivit étant encore jeune , appliqué à l'étude des
Belles-Lettres ; &. que fon but dans la compofition de cette
Hiftoirc , étoit plutôt d'infpirer par une pièce académique delà
haine contre Mahomet ôc fes Sedateurs , que de les faire con-
noître tels qu'ils étoient véritablement.
Autres poë- V. Ceft du m«me
manufcrit que l'on a tiré le Livre d'Hilde-
«nei a'Kildc- j^gj.j
^ intitulé Mathématique. C'efl: une pièce académique, faite
^'^''
pii»'/,
dans le mêmc-temsque la précédente, mais en dérifion de laftro-
logie judiciaire. Il n'y attaque perfonne en particulier. Ce
pocme ne paroît pas achevé.
Poi-mej fa- VI. Il fit lui-même un Recueil de fes poëmcsfacrés ôc moraux j;
crcs & mo- qu'ilenvoya à un Evêque, qui les lui avoir demandés. On croit
r»ux, ptig.
q^e ç'ç(^ Qyiii^uiiie ^ Evêque de Vinchefl:er, qui en effet lui
demanda quelques-uns de fes opufcules , ôc à qui il en promit,
comme le voit par la trentième Lettre du troifiéme Livre. Ce
on
Recueil trouve fous le nom d'Hildebert dans un manufcrit
fe
d'environ cinq cens ans , avec le titre de Floridus afpe6lus qui efl
le même que l'Auteur lui donne dans le prologue. Il commence
par un poème fur la NaifTancede Jefus-Chrifl. Suit l'épitaphe de
Kobert d'Arbriflel , ôc quantité d'autres , pour des pcrfonnes de
la première condition. Les éloges qu'il donne à Robert, font
voir ou que la Lettre dans laquelle il lui reproche fa familiarité
avec les femmes , n'efl pas de lui , ou que fi elle en efl: , il penfa
depuis plus fainement de ce faint Fondateur , ayant connu pac
iui-mêmç
EVESQUEDUMANS,ôcc. 44
lui-même des bruits répandus fur fon compte. Il y
la faufTeté
contre l'avarice une élégie fur fon exil des vers fur les douze
; ;
Patriarches fur les fept Heures Canoniales fur les trois Ordres
; ;
§. V.
les écrits , tant en profe qu'en vers , une réputation qui s'étendit
jufques dans les Provinces les plus éloignées. Orderic Vital
témoigne ( a ) la même chofe , ôc il va jufqu'à l'appeller un
Verfificateur incomparable à mettre fes vers en paTallelle avec
;
(a) Hic facer h;ros HilJcbertus tam t mu'ta carmina priftis poematibus r.-îra'îa
ïivinarum qu^m fjEcu'.anum eruditiorie 1 vel eminentia condidit. {Jrderx Vltil. Lib»,
littemrum fti'liofus , tîrnponoas iioftris I lo , thjl, jJ^l^. ijo,
incomparabil's vr"'' " - •laruit , & i
Tome XXI L F
42 LE VENERABLE HILDEBERT,
poèmes ^ où il s'eft affujetti avec autant d'exac-
puifqu'ii y a de fes
titude, que nos Poètes modernes aux règles de l'art poétique^
S'il a été moins fcrupulcux en d'autres , c'eft qu'il étoit plus
^
permis à un Evêque ( a ) qui traite des matières d'édification , &
dont le fond eft tiré des divines Ecritures , de ne pas s'aftraindre
fi rigoureufement aux Loix de la Grammaire , qu à des Laïcs
qui s'occupent de matières prophanes. Nous ajouterons qu'écri- .
d'Angleterre fur fon exil ; fur la vraye amitié fur les mathéma-
; ;
CHAPITRE III.
Ti A •
/ - *
F ni
,
45 M A R B O D E
le foin de fon Diocèfe. Tel efl le fujet de ccttz première Lettre.
EpJ^.^. cinquième Lettre efl; une indrudion fur les devoirs de la vie
chrétienne , 6c fur les dangers de renvoyer au tems delà vieilleffe
laconverfion de fes mœurs,
Epijl. <• V1 1 1. La fixiéme ne porte le nom de Marbode dans aucun
manufcrit,ni celui de la perfonne à qui elle efladreffée. Mais
elle lui efl attribuée dans l'édition de fes Oeuvres à Rennes en
I j 24. , 6c infcrite à Robert d'Arbriffelle. L'Editeur ne rend
aucune de cette attribution. Comme il eft tombé dans des
raifon
, on ne doit
fautes trcs-g'roffieres pas l'en croire aifément fur fa
parole. Nous ne citerons qu'un exemple de fon peu d'exactitude.
Au frontifpicc de fon édition , il met la mort de Marbode en
II 80; tandis qu'elle efl: Hxée à 1125 dans la Lettre circulaire
des Moines de faint Aubin d'Angers , qu'il rapporte à la page
fuivante. Il y a apparence que cette Lettre efl de quelques-uns
des Clercs concubinaircs, contre lefquels Robert d'Arbr'iffelle
iiivedivoit louvent dans fes difcours publics, Ôc qui pour fe
,
mais avec trop d'étendue. Il fut engagea ce travail parles Cha- ^ "' ^^ ^*
.
4§ MARBODE;
l'Anonyme avoir compofée^ parce que celle-ci ne paroîtn! dans
Bollandus ni aiileurs.
Hiftoirede XII. Toutes dont on vient de parler font en profe.
les vies
Théophile en
T^Iarbode en écrivit plulieurs autres en vers ,
prefque tous hexa-
vers, & p.u- 'i T-i / •
-i 1 j HT 1 11/
^eu's vipMies mctres Icavoirla vie del heophiie ; le martvre des Macchabées ;
;
Samts pjge
, ^elui de faint Laurent: de faint Victor de faint Maurice & de ;
fio7 Jt^î-
,
j^^ Compagnons la vie de fainte 1 haï; les a fies de la PalTioa
; ;
tîvî
' ^ * Ily^'"'^ ^^^ ^'^^ PrCtres ; une épigramme à Hildebert fur fes
lécrits l'éloge de la chafteté ôc des autres vertus ; une épigramme
;
de la bonne
manière d'é-
———-——-—-—-—-----—---——— ——^—————-^—————^——^—
srire pjgf
, (a) Sigebert de Scriptor. Ecdef. cip. '
(b) BnH.in-'. aâ diem 4 Fd. tcm. i,
J ^ c ; 6wius ad 10 Aii^-
revja
EVESQUE DE RENNES. 451
•tts , fage
Maître d'AbalUard l'épitaphe de Chariemrgne celle de Lan-
; ;
I6I5-
franc ,Archevêque de Cantorberi. Le poëme fur l'Ordre Mo-
l'ag. 1l6z9.
i^aftique & Eccléfiaftique que Dom Beaugendre croyoit n'avoir
pas encore vu le jour fut imprimé à Bailc en 7 5'7 i/z-S°. d^ns le
, 1
porte le nom de Marbode dans les manufcrits des Bibiioteques 'erres pré-
Tome XXIL G
50 M A R B O D E ,
P.:g. 1677. fept cens trente vers hexamètres. Il en donna depuis une expli-
cation morale en profe , qui fe trouve aulfi dans le même
manufcrit de faint Victor , que Ton croit de fix cens ans
ôc plus.
Profe fur XV1 1. On y lit encore une explication morale , en forme de
les douze
profe, des douze pierres précieufes mentionnées dans le vingt-
^
EVESQUE DE RENNES. p
XIX. Monfieur Balufe publia en 1 7 ( « ) , dans le feptiéme i <; Opurctiles
f^'Hildebcrt
tome de fes mélanges trois Chartes d'Hildebert. La première
,
Nous de\'cns l'édition de fon poëme élegiaque fur la création du f"^'] \"i'.5"*
monde & l'ouvrage des lix jours a Polycarpe Leyferus, qui la
fait entrer dans fon Hiiloire des Poètes du moyen âge (fe ) fur un
manufcrit de laBibliotequede Leipfic. Le poëme fur la création'
futauili imprimé dans le Journal théologique en 1725. On a déjà
remarqué que nous n'avions plus l'Hifloirc qu'Hiidebert avoit
faite des miracles (c) derEgliled'Excefire , dont il fiit mention
lui-mcmc dans fa Lettre à Clarembauld {d] ni les Statuts qu'il ;
( c) BeaueendrCj
" Prxfat. gênerai. -pag.
} (/) Va^. i^y.
M. {g) P^g. 5.
{d) Lib. i
, EpiJl. i. I
Gij
, ,,
il n'a pas jugé à propos de mettre parmi les écrits de cet Arche-
devoirs de la pieté Chrétienne , aux exercices de fon état, & 'j"'^; /-'"•
npnlis
^
ad
>
/ M T> 1 / ,
diem j , pog.
France , il s'arrêta à Molefme , attiré par la réputation de ce '^^^>^M-
nouveau Monaderc. Saint Robert qui en étoitAbbé,le quitta
pour bâtir celui de Cîteaux , où il fe retira avec All)eric &
Eftienne. Mais contraint de retourner à?vlo!efme, Robert céda
la place d'Abbé à Alberic , qui donna à Elrienne celle de
Prieur.
II. A la mort d'Alberic arrivée en i locj , la Communauté H eft fait
choifit pour Abbé Eftienne. Elle étoit pauvre ôc en petit ^'''^' ^'^ ^"
,
G iij
j4 E S T I E N N E HA RD I N G ,
E i/?.45
niême que le Roi obtenu des Lettres de fraternité. C'eftlefujet
,
(s ; B.i.iXiis 11,63. *
^J Manriijucl
(. , !oin. i Aiin.u. .id. an,
I 110^.
,
A B B É D E C I s T E A U X, &c. ry
chaque jour en divers lieux , ils crurent qu'il éroit néccfiaire ,
pour maintenir dans l'union de la charité tous ceux qui les com-
pofoient , de d'une môme règle & des
les obliger à l'obfervation
mêmes ufages. pourquoi on donna aux llcglemens qui
C'elt
furent faits à cette occalion , le titre de Charte ou Carte de la
charité , parce que la charité eft le feul but de ces Réglemens.
VIII. Cette Carte efl: compofée de cinq chapitres ; mais C- qu'elle
'^°""*="f-
on peut en rapporter les Décrets à deux chefs, à l'inditution des
mœurs , ôc au régime général de tout 1 Ordre. Quant au premier
chef qui regarde les mœurs , nous voulons dès-à-préfent , (ce
font les paroles de la Carte ) ôc nous commandons à tous les
Abbés & Religieux de f Ordre , d'obferver la Règle de faint
Benoit en tous fes points comme elle efl pratiquée dans le Mo-
nailerc de Cîtcaux , fans lui donner d'autre explication que celle
de nos prédécefTeurs , &
que nous lui donnons encore aujour-
d'hui ^alin que tous l'entendent &
la pratiquent de même. Suc
'{6 E S T I E N NE HAR D I N G ;
tToifc
'^"
Ofwald jufqu au tems de Guillaume le Roux, en 1097. Il fe
(a) Mabillon, Annal, fit^wi. li!/, 75 , (,c) Siidtn , prafat. in iîcriproiLS >o ,
|
Kwn. 148. I Londini, an.iô^i,
fende
, ,
ABBÉ DE CISTEAUX,&c. ^7
fonde fur un manufcrit d'Angleterre de l'âge même de Turgot
6c fur certaines circonftances rapportées dans cette Hiftoire qui
ne conviennent qu'à Turgot. Tel eft l'endroit du troifiémc
Livre , où il eft dit , que l urgot fut bien reçu au Monafterc de
Durham par le Prieur Aklwin qu'il ne voulut pas quitter
;
on l'a dit , au règne d'Ofwald , ou plutôt à l'année que ce Prince '^,,"/"r, Lon-
fonda cette Eglife, c'eft-à-dire , à lan 63 j. Il la conduifit jufqu'en dini,an.i6si..
XV. Un
Tome
autre
XXI L
Moine Anglois ,
"H
mais François de naiflancé ,
'^'Q^^eiin ''
,
5S ESTIENNE HARDING,
Moîne de fe rendit célèbre dans le même tems par plufieurs Ecrits. Il fe
Cajiiorbcn.
nommoit Gotcelin , ou Gotzelin. Moine d'abord de fainr
Bertin , il pafîa enfuite en Angleterre , avec Heremann , Evoque
de Sarisberi. Il étoit habile dans les Lettres , & fçavoit très-
bien le chant ôc la mufique. Après Osberne, on n'en avoit pas
vu qui rt^ur^ît mieux que Gotcelin dans ce genre de fcience.
Audi en laifl'a-t-il des monumens dans tous les Evêchés ôc les
Abbayes mais il s'appliqua furtout à mettre par
qu'il parcourut ;
Viesdefaint
XVI. On avoit déjà riiifcoire de la vie de faint Auguftin
,
Auguftin , & Apôtre d'Angleterre, dans le Vénérable Bede {h), ôc dans la
Hiftoiredeia
chronique de Sigebert de Gemblous. Gotcelin la donna en deux
Opufcules réparés, l'un plus grand , l'autre plus petit. Celui-ci
fe trouve fans nom d'Auteur ( c parmi les Ouvrages de Lanfranc, )
AutresTles
X V 1 1. Il donne dc fuite, mais en abrégé, la vie de faint
icGotccLii. Letard; du Roi Ethelred ; defainte Mildrede avecl'lîifloirede ,
ABBÉ DE CISTEAUX,&c. jp
naftcre. Ilfitun autre écrit pour prouver^ que ceux qui fevan- VTnrthon;
(a) B'Jceus , c-ntur, 15 , cap. 17. . {d) Fibrkius , ton. 3 , Bibliot. Latin.
(4 ) P.ir. ^86. fjg. ii7.
(,c) P^. iSs,. i
Hij
€o ESTIENNE HARDING,
rebâtit leMonaftere de faint Riquier , l'orna , en augmenta les
revenus , &
obtint un Diplôme de Charlcmagne , portant , que-
le Monaftere de Forefl-Montier que l'on en avoit féparé , lui
feroit fournis à l'avenir. Angilbert mourut en 8 14.. On connoît
deux Ecrivains de fa vie ; Hariulfe , Moine de faint Riquier , &
enfuite Abbé d'Aldenbourg (a), mort vers l'an 1130 le ip
d'Avril; ôc Anfcher aufli Moine de faint Riquier, ôc depuis
Abbé du même Monaftere. Dom Mabillon a rapporté ces deux-
vies dans le cinquième tome des aftes (^) de l'Ordre de faint
Benoît , avec des obfervations ôc des notes de fa façon.
Autres Ecrits XIX. Hariulfe compofa auffi en 1114 (c) la vie de faine
d'Hariulfè.
Arnoul , premier Abbé d'Aldenbourg. Il la divifa en deux Livres
aufquels Liliard, Evêque de SoifTons , en ajouta un troifiéme ,
qui comprenoit les miracles du Saine. Hariulfe étoit Abbé de
ce Monaftere , lorfqu'il travailla à cette vie, 6c qu'il Ht lever
de terre le corps de faint Arnoul. Mais n'étant que Moine de
faint Riquier, il acheva l'an 1088 en quatre Livres la Chronique
de ce Monaftere commencée longtems auparavant par Saxo-
Walon. Il ne laifla pas dans la fuite d'y ajouter , comme on voit
par ce qu'il y dit du Pape Urbain II. elle eft imprimée dans le
quatrième tome du fpiciicge de Dom d'Acheri (c/). On le fait
encore Auteur de la vie de Gervin fon prédéceiïcur fécond &
Abbé d'Aldenbourg ; ôc d'un Recueil des miracles opérés en'
cette Abbaye par lintercelTion de l'Apôtre faint Pierre. A la
tête des deux Livres de la vie de faint Arnoul , Hariulfa mit
trois Lettres la première à Lambert, Evêque de Tournai, qu'il
;
?2 E S T I E N N E H A R D I N G
Monallere de faint Augudin par Hunt Anfelme,
Prieur du
fucceffeur de Lanfranc; enfuite Abbé de Burck; puis Kvêque
de Rochefter , en 1114.. II donna dans tous ces Offices des
preuves de fa probité 6c de fa prudence. Son Epifccpat fut de neuf
ans &
quelques jours. Il mourut, comme l'on croit , au mois de
Mars de l'an 1124, âgé de quatre-vingt quatre ans. Quelques
Hifloriens ne mettent le commencement deibn Epifcopat qu'au
mois de Décembre 1115".
Ses Fciifs. XXII. On lui attribue une hiûone{a) de l'Eglife de Ro-
ses Lettres, chefter mais on ne l'a pas encore rendue publique ; & nous ne
;
7. Luc. 16 ,
18. Rom. 7, propolé , ne devoit pas être féparée de fon mari, ne faifoicnt rien
* '"
j/' acttte quedion qu'on devoit les entendre d'une féparation
;
berie de Tribur
, les Epitres décretales des Papes Innocent ÔC
;
ABBÉ D E C S T
E A U X, &ç.
I 6^
faute commife avec fon fils. A
quoi il nf pond que rhomme&la
femme n'étant qu'un corps ôc qu'une chair à caufe de leur union ,
ils méritent d'ctre punis dans ce qui fait qu'ils ne font qu"une
que le môme A potre ayant dit que celui qui s'unit à une adultère
devient un même corps avec elle, il fuit de-là , que la femma
dont il eft quefiion étant devenue par l'adultère un même corps
avec le fils de fon mari , ce mari en habitant avec elle, habitera
en même-tems avec fa femme &
avec fa fille. Il cite l'exemple
de David, qui ne voulut plus connoître fes Concubines depuis
qu'elles eurent eu commerce avec fon fils Abfalon.
XXIII. La féconde Lettre d'Arnulphe, eft une réponfeà '^ecomle Ln-
'^''"''"
cellequ"il avoir reçue d'un homme de pieté nommé Lambert '?„
où illuifaifoitcinq queftions. La première: pourquoi l'on don- 431.
noit alors aux Communians l'Hoftie trempée dans le fang , au lieu
que Jefus-Chrift avoit donné à fes Apôtres , fcn Corps &; fort
Sang féparément. Arnulphe répond , que Jefus-Chrifi étant venu
pour Icfalut des hommes, a enfeigné à fes Apôtres, de vive
voix, ou par fon excmple,ce qui étoit néceffaire pour la réparation
de l'infirmité humaine mais qu'il n'en a pas prefcrit la manière y
;
partie qui lui arrive & quil réferve fur la patène les deux autres
;
parties pour fes deux Minières s'ils font préfens ; ôc qu'en cas
d'abfcnce , le Prêtre les prend pour lui. Ladiviiion de l'IJofcie
en trois peut auffi , félon lui , figurer le Corps myllique de Jefus-
Chrift, qui eft rEglife,compofée de trois Ordres des Supérieurs :
nera pas? S'il ne laillera point après lui de bénédiction? Arnulphe J^^l i, 13
fait voir par les paroles mêmes du Prophète Joël , qui précèdent
( il ) Quid erîTO ? Nonne (îcut dixit virtute eilo inuta'nm in fubftantiam Domi-
facf r(" potuit ? Nowne potuit inutsre p;mein nici' Garnis. Certirtlmè tanirn le mus &
in lubilinti;)!)! c?.rnis , fine ahumptione lènlibus corporeis comprobamus qua;i;a-
qualitatura ipfius c?rnis : Q.uiJ omnipo- tcs panis imniobiliter perip erc , tujus
'
tens faccre non potuit f Creclimits & cer- (ubftantiam quia caro fada eft çredimus
tum tenei" '"^ (!;l-!h<p* ^^i n-inis vetbotuni non mancre. Pdg. 4-1 1.
Tome XXII I
-ï^6 E S T J E N N E H A R D I N G ;
( i ) Mahiiion. lit. ro , Annal, nam. 7^. j ( d) Mabillon, iib. 7 1 ,Aiind. iium. yv.
,
entre les Ecrits de faint Ambroifc le Commentaire fur l'Apo- tà'ire furTA-
calypfeque Tonftalle (e), Evêque de Dunelme , fit împrimet [o:a!ypfe.
fous le nom de ce Père en i Ç48. Les citations fréquences d'Ecri-
vains poflerieurs à faint Ambroife , de lui-même ; la différence &
du ftileôc quelques traits hiRoriques qui annoncent un Ecrivain
plus récent que le huitième fiécle ; tout cela prouve qu'il faut
attribuer ce Commentaire à quelqu'autre qu'à faint Ambroife
mort en 3p7. L'Auteur, quel il foit , a tellement prétendu fe
cacher , qu'il veut bien qu'on le connoiffe en formant fon nom
des premières lettres de fon Commentaire fur les fept chapitres
des vifions. Or ces lettres font B. R. N. G. U. D. S. aufquelles
on doit joindre les voyelles E. E. A. I. U. O, ce qui fldt
ABBÉ DE C I S T E A U X , &c. 69
il maintint le bon ordre dans fa Communauté ; rétablit les édi-
fices qui avoient été confumés parle feu. Le fchifme entre les
Partifans de Frideric ôc d'Alexandre, qui prétendoient l'un ôc
l'Evcché de Liège , mcttoit tout le Dioccfe en trouble.
l'autre à
On Raoul de prendre parti , ou de fortir de fon Abbaye.
preifa
Attaché d'un coté à fes Religieux qu'il aimoit tendrement , il
avoit peine à les quitter ; il craignoit de l'autre de fe féparer de
la communion de l'Eglife Catholique. L'amour de la Religion
l'emporta fur d'abord dans l'Abbaye d'Afflighen
lui. Il fe retira ;
70 E S T I E N NE H A R D I N G,
Lettre ou un Prologue à tous les Abbés fes fuccefleurs aur &
Religieux de fainti roii , préfensôcà venir , à qui il rend compte
de fo'.i travail , il donne la fuite de tous ^es Abbés de ce Uonaf-
tere,avec le nombre des années qu ils ont gouverné, lorfqu'il
a pu le découvrir. 11 marque audi leurs bennes qualités , leurs &
actions mémorables: bur Adalard II. mort en 1082, il dit*
qu'élevé dès l'enfance dans le Monaftere de faint Tron , il
apprit les Belles-Lettres , la Sculpture la Peinture ; qu'il &
Pj^- 3î5- peignoir 6c fculptoit des Images, il commence au fécond Livre
ihilloire de la dévaflation de. L'Abbaye qu'il ne feint pas de ,
Lietbert.Evc- ^Q^t au mois de Mai l'an 075 , a été publiée fans nom d'Auteut
1
brTi ''*tom''.T
dans le neuvième tome du fpicilege ; mais dans un manufcrit de
Spicileg. yag. l'Abbaye d'Anchin(û), elle eft attribuée à Raoul, Moine, le
*'^-
même fans doute qui fut Abbé de faint Tron ce qui Je prouve ;
Lettre à S> XXXV. Il étoit d'ufage autrefois que les parens ofFrilTent
bcrt, Pvicir leurs cufaus à Dieu dans les Monafieres Ôc que le voeu pat ;
de faint l'ai-
jçqye[ \\^ \ç^ confacroieut à Dieu fut irrévocable .félon qu'il eft
\Qgne. dit dans le cinquante-neuvième chapitre de la règle de laint
T3enoît. On voit encore des formules de ces fortes d'oblations.
Dom d'Achcri en a rapporté quelques-unes dans fes Notes fué
Guibcrtde Nogent. La pKipart des parens accompagnoient la
confècration de leurs enfans de grandes libéralités d'où eft
, :
A B B É D E C I s T E A U X , &c. 71
le règne de Louis le Pieux d'abolir cette coutume. Rhaban
alors Moine de Fulde , en prit h défcnfe dans un Livre que
l'on n'a pu encore recouvrer , mais dont il efl fait mention dans fa
vie par le Moine Rudolphe. Soit que fes raifons ayent prévalu ;
foit que l'ufage d'offrir les enfans ait été attaqué foiblenient , il
contraire &
les Pvloines exigeoient de cet avare, qu'il aban-
donnât à fon fils la part qu'il avoir dans les biens de fa
famille.
XXXV L Raoul repondit de fliçon à Sibert , qu'il Aiiaiyfe de
CHAPITRE V.
Fleuri",
JlJ- Abbaye de rleuri-fur-Loire dans le Dioccfe d'Orléans.
1
Canonille. Ses ouvrages n'ont pas encore été tous rendus publics.
Ses Coin- 1 1- Son Commentaire fur les Pfcaumes fe trouve parmi les
niemaircs Si manufcrits des Bibliotcques d'Angleterre. Il eft cité (6) dansla
t "cicîhlfti-"^*'
Biblioteque facrée du Père le Long. On confervc ( c dans celles )
du
,
D E FL E U R I, ôcc; 75
eu Roi &
de S. Victor , fes quatre Livres de l'hiftoire Ecclefiaf-
tique. Hugues les dcdia à Yves de Chartres. Ils commencent à
la création du monde, ôc vont jufqu'en 1034. André Duchefne ,
fttuation &
des Provinces de la Gaule. L'infcription dé cettc'^j -''-^ -
-'^"^V
( a ) Tom. t , rerum Francar. jag. 347. 1 (,d) Diichefne , tom. 3, Scriptor. de reb.
(i ) Mabilhn. lib.ji ,Anniil. nwn.9%. |
Fraac, pag. 347 545», &• tom. 4, pag,
,
^c) Lamb'cnii tom. z ypa^. ii^S,
, 1 141,141,
Tome XXIL K
74" HUGUES
Hiftoîredfs 1 1 î. Mais il compofa pour l'Impératrice Mathilde une
geftes des
hiftoire des Rois modernes de France , c'eft-à-dire , de la féconde
ce tom. ra<^e, afin
1, de faire connoître la nobleffe de fes Ancêtres à la
anecdou Md.r- poftcrité. Hugues dit que jufques-là aucun Hiftorien n'avoir-
tenne , pag.
^q^^£ jg fuite ies geftesdeces Princes mais feulement quelques ;
Ce qu'elle
^ ^' Quoiouc le fragment publié par Dom Martenne foie
contient de petit , il ne lailTe pas de contenir plufieurs chofes remarquables.
n^^^'^^^y^'^' ^" y ^°'f T-^- Charles le chauve bâtit la 'Ville de Compiegne,
}i9.
'
& qu'il lui donna fon nom , voulant qu'on l'appellât Gîrc/opoZ/^/
qu'il enrichit l'Egiife de ce lieu du précieux linceul qui fervit à
enfevelir le corps de Notre-Seigneur ,
qu'il fit prêtent à l'Abbaye
de faint Denys d'un des clnux avec lefquels on attacha Jefus-
Chrift à Croix ôc d'une particule de fa couronne d'épines
la ; ;.
1 <')?-nitc (a-
cerJotale , çoient à fe répandre de tous côtés elfaya de les appaifer par urr ,
Hugues fait voir que l'une ôc l'autre font de Dieu, parce que, Cap. t.
que la tête efl dans le corps, le Roi l'ell dans fon Royaume ; Cap. i.
que tous les Evêques du Royaume lui font fournis , non à raifon
de leur dignité , mais du bon ordre qui demande l'unité, ou
l'union des membres avec leur chef qu'il efl du devoir d'un
; Cap. j.
VIII. L'Auteur defcend dans le détail des devoirs d'un O;;. (î.s,^^
Evêque ôc de fes pouvoirs; difant , qu'il tient de Dieu ôc de
Notre-Seigneur Jefus-Chrift la puifTance d'ouvrir ôc de fermer
le Ciel aux hommes. Ilenfeigne, que les Rois mêmes doivent Cip.io^iu
s'éloigner de ceux que l'Evêque a excommuniés ôc déclame ;
10m. 1
"
A"«ii
Hugues de Pleuri. Mais il femble dire en un endroit qu'il n'a
cd diem s > fait que corriger une ancienne vie du Saint qui étoit demeurée
^ag. 14 . il. j,j,^j, lobfcurité. On lui attribue une petite chronique desGaules^
D E F L E U R 1 , 6cc. 77
imprlmëeàlafindcs Oeuvres d'Yves de Chartres, de I'(^dition
de Paris en 6^j de qui elle foit , on ne la trouve pas digne
1 ;
de foi {a).
X
I. Vers le même tems , un autre Moine Bénédi£tin compofa „
Florent
78 HUGUES
Ravenne. Il(a) de h famille noble des Honeftis , établie
étoit
en cette Ville. En un voyage fur mer il fut attaqué d'une tem-
pête violente. Dans le danger, il s'obligea par vœu, lorfqu'il feroit
: de retour au Port de Ravenne d'y bâtir un Monaftere en l'hon-
neur de la fainte Vierge. Il exécuta fa promelfe; afiembla en
cette maifon un certain nombre de Prêtres, avec qui il vécut
conformément à la règle qu'il leur prefcrivit. Il étoit lui-même
honoré du Sacerdoce.
Sa Rfg>. XIV. Conftantin Cajetan qui a fait imprimer cette règle à la
fuite des Oeuvres de faint Pierre Damien , remarque qu'elle
fut écrite pour les Clercs ôc les Chanoines qui vivoient réguliè-
rement dans les Cloîtres des Eglifes Cathédrales, ou dans les
Collégiales fuivant les Statuts du Concile d'Aix-la-Chapelle
& non pour les Chanoines Réguliers qui fuivent pour règle,
celle de faint Anguftin. Pierre de Honeftis conipola la fienne
fur les écrits des Saints Pères, & prit beaucoup de chofe de la
Règle de faint Benoit. Mais avant de rétablir dans fon Monaf-
cere , il l'adrefla par une Lettre au PapePafchalII.en lefuppliant
de la conlirmer. 11 prend dans cette Lettre le titre de pécheur,
félon qu'il étoit d'ufage alors à toutes les perfonnes qui vivoient
dans la pieté. On a
mis cette Lettre à la tête de la Règle, ôc celle
du Pape du mois de Décembre 1 1 5, ÔC
à la fin. Elle eft dattée i
D E FL E U R r , &c. ^3
offrir d'eux-mêmes leurs enfans à Dieu dans le Monaftere , avant
l'âge de quatorze ans ; mais qu'après cet âge ils ne le pourront
fans le confentement de leurs enfans. Elle ne règle pas le tems
de probation , le laillant à la prudence du Prieur ôc de la Com-
munauté.
XVI. Si le Prieur le trouve utile au bien commun, il mettra Cap, 13.
dans les premières places ceux qui font venus les derniers parce ;
les Ouvriers.
XVII. La Règle défend aux Clercs toute converfation Cz;;. ij,.
particulière avec les femmes , fi ce n'efl: à ceux qui font Prêtres
& de mœurs éprouvées pour les entendre en confefîion. Elle Cap. 24,
,
Pierre règle ce qui regarde la nourriture ôc les vêtemens des '«fcond Livre..
Frères , pour toute l'année. Ils mangeoient de la viande tous les Cap. 1,1,1^
jours de la femaine^ excepté le mercredi ôc le vendredi. Quel-
quefois ils y ajoutoient le famedi. Depuis la Pentecôte jufqu a
la Nativité de faint Jean
, ils s'abftenoient de viande ôc Jeùnoient
pauvres les portions qu'on leur auroit fervies, s'ils euffent été
en vie. Il y a un chapitre particulier pour les vieillards ôc les
i^-
Cip. »î , infirmes habituels un pour l'éducation des enfans ôc des jeunes
;
Cap, 17. gens qu'on élevoit dans le Monaftere ôc un pour former dans
;
"^
L^rè que de jour , ôc des heures aufquelles on doit le célébrer pour la
diftribution des Pfeaumes , ôc autres parties des Heures Cano-
Cav. 1,1,1, niales, la règle s'en rapporte à l'ufage de l'Eglife. Les Frères
^' s'affembloient après Prime au Chapitre où l'on faifoit une
«'g-Vm! ,
Ci;), ij. lecture en commun ,puis on difoit les coulpes. La même chofe
naïUance ^
D E F L E U R I, 5cc; ïïi
nalfTance , &
dans toute forte de litt^ratufe qu'on
fi inflruit IJ
Tome XXI L L
82 LESPAPES
& TEmpirefous les Empereursllenri IV. ôc HenriV. ni touchant
le fchifniede l'Antipape Guibert , connu fous le nom de Clément
III. Ces monumens continent ou en aftes des Conciles , ou en
Lettres des Papes , des Cardinaux , des Evêques , ôc des
Princes fe'culiers , ou en Chartes & Diplômes , ou en formules
de ferment & de profeillon de foi. Il commence par des
épigrammes fur divers fujets par des épitaphes
;
ôc par des ,
CHAPITRE VI.
Des Pares Honorius IL Innocent IL Celestin IL
Luc lus IL 6' ElUGENE IIL
Honorius II. I. A P R e' S la mort de Calixte II. arrivée le 2 de Décembre
1
Papeenn24. ^^J|^
p^^^ ^ i24,on lui donna d'abord pourfuccclTeurThibaud,
Cardinal Prctre de fainte A-naftafie , fous le nom de Celeftin.
Maislhibaud voyant que Ton penfoit à travcrfer fon élection",
céda le jour même, ôc on élut à fa place Lambert , Evêquc
d'Ortie, à qui l'on donnale nom
d'Honorius II. Cette féconde
éledion ne sétoit point paflce fans tumulte ; Lambert craignant
qu'elle ne fût pas canonique, quitta fcpt jours après la mître ÔC
la chape rouge en préfence des Cardinaux. Touchés de cette
démarche édifiante , ils rcclifierent ce qu'il y avoir eu de défec-
tueux dans fonélettion , ôc le reconnurent unanimement comme
Pape.
î?a naifTnnce , I L Cela fe fit le 2 I de Décembre , qui tombant au Dimanche
{1 s e !
lois , en 1 1 24 , il eft probable qu'il fut ce jour-là même facré ôc cou-
avan ^a P
pautc ronné. Il étoit né dans le Comté de Bonh gne a ) d'une famille (
car ces dent Villes ne lirent quelques années après qu'un feul
Diocèfe. En i 121 le Pape Calixte II. l'envoya Légat en Alle-
magne (a) , avec Saxon , Cardinal-Prêtre , vers l'Empereur
Henri pour moyenner la paix entre l'Empire ôc l'Eglife. La
,
appris que Ponce , Abbé de Cluni , mais qui depuis quelque tems |[^"JJ^'^
^,g"'
trouble dans l'Abbaye , le fit excommunier avec fes fauteurs par ^^P^*
Pierre , envoya à Cluni en qualité de Légat,
Cardinal (b) ,
qu'il
avec Hubald , Primat de Lyon. L'année fuivante qui étoit l'an
1126, il lit venir Ponce à Rome pour rendre compte de fa
conduite ; & le trouvant rebele à fes ordres, il confirma réletliou
de Pierre le vénérable, choifi par ceux de Cluni depuis l'abdi-
cation de Ponce. Il excommunia encore Conrad(c), Duc de
Franconie , ôc Frideric, Duc d'Allemagne, pour s'être révoltés
contre Lothaire ôc Roger , Comte de Sicile , parce qu'il s'étoit
;
H N Ô K I U S I i: ôcc. "Sf
H O H O R ï U s I I. &c. 87
XIII. Après quelque féjour en France , le Pape vint à Concile J»
^^^^ ^"
Liège, où ii le tint(£0 une aifemblée noinbreufe d'tv(:ques ,
d'Abbés Allemands ôc Lorrains , & de Seigneurs. Le Roi Lo-
,
d'un voile. Alors le Pape fit pour eux cettePriere Plaife au Dieu :
lui dit-il (d) , a pris votre fils aîné dans l'innocence pour le
faire régner dès-à-prefent avec lui dans le Ciel , vous en iailTant
plufieurs autres pour régner ici bas après vous. C'eft à vous à
nous confoler nous autres Etrangers chaffés de notre Pays :
ijjj.
Pâques de l'an 1132, Etant paflé de-là à Plaifance , il y alTembla
un Concile des livcques de Lombardie , de la Province de
Kavenne ôc de la Bafie-Pvîarche. Il étoit encore en Lombardie
lorfque le RoiLothaire y arriva à la tête de fon armée. Ce Prince
tint à Roncaille avec le Pape & les Lombards une aflemblée
générale pour régler les affaires de l'Eglife ôc de l'Empire. Il eut
avec le Pape une féconde conférence àPife , où il fut convenu de
marcher incefianiment à Rome. Ils y entrèrent le premier
jour de Mai de l'an 1133. Le Pape logea au Palais de Latran ,
,& non au Vatican qui étoit occupé par l'Antipape. Le Roi
campa avec fon arniée furie mont Aventin. Innocent II. pour
reconnoitre les fervices de Lothaire, le couronna Empereur,
& la Reine Ricliife fon cpoufe, Impératrice , dans l'Eglife du
première,
H O N O R I U s I I. ôcc. .
1S>
permit aux Cardinaux de Ion parti de lui donner un luccelleur. Ils , , js.
(a) Vita. Bernardi , lih, i , ça^, 7, I {c) Ckronic, Mauriniac. ad an. 113?*
(6) Falco'uii fupri. yig. jS;.
1 {d) ïalco ai an, 1 139.
TojneXXlL M
^o LESPAPES
vingtième d'Août. Vers le même-tenis , Jean , intrus dans la
RernarJ , dignité d'Archidiacre à Orléans , ne pouvant fouffrir qu'Ar-
epi(l.i4.i Pe-
chambaud Sous-Doyen de
, la même Eglile
, s oppofàt à fcs vexa-
EmLiy'.
''
tions, 'élit tuer. Saint Bernard & Pierre
de Ciuni e'crivirent au
Pape de punir fe'vcrement ces deux meurtriers , ôc de confirmer
la Sentence portée contr'eux dans le Concile de Jouarre. Inno-
cent II. confirma non-feulement la Sentence rendue dans cette
airembléc, mais la trouvant trop modérée , il ordonna de plus ,
que partout où les meurtriers i'eroient préfens, on ne célebre-
roit point l'Otîice Divin ; que tous leurs fauteurs feroient excom-
muniés qu'en outre Thibaud Notier , Ôc les autres qui avoient
;
O H N
O I U s 1 1. &c. R -pY
XXI. Après que le Roi Roger eut fait fa paix avec le Pape Epijl. 9. '
Innocent en 1 39 , le Pape lui confirma le Royaume de Sicile
1
avoit faite à cette Abbaye d'un cens annuel de cent marcs d'ar-
Mij
,
^2 LESPAPES-
gent ; &commutation de ces cent marcs en uii bien fonds
la
Epifl. i8. XXV. On voit par les autres Lettres du Pape Innocent , qu'il
chargea Eftienne , Evêque de Paris , ôc Geoffroi de Chartres ,
de faire reftituer à Archambaud , Sous-Doyen d'Orléans , aux &
autres , que l'Archi-DiacreJean avoit , ou dépouillés ou deftitués,
leurs biens ôc leurs dignités cette Lettre fut donc écrite avant
:
Epijî. j?. le même Evêque de Paris de lever finteruit qu'il avoit jette fut
l'Eglife de fainte Geneviève ; qu'il renvoya l'Abbé de Vezelai
EpiJl. îo. à l'Evcqued'Autun , pour en recevoir la bénédiction Abbatiale ,
en lui recommendant en même-tems ce Monaftere , qui avoit
depuis peu beaucoup fouffert dans le fpirituel le temporel. &
EpiU. zi. L'Abbé de Vezelai fe nommoit Ponce. Edienne , Chanoine
d'Auxerre , fe plaignit de lui au Pape , qui lui ordonna de répondre
aux plaintes en préfence de TEvcque de Langres de faint &
Epi/î. 3 2. Bernard. Ponce répondit au Pape par un Exprès , que fon Eglife
avoit joui pendant plus de trente ans de ce qu'Eftienne lui
conteftoit , ôc qu'elle en avoit joui par un privilège du Pape
EpiJl. 13. Pafchal. Sur cela Innocent II. écrivit à laint Bernard qu'il
falloit laiiïer l'Abbaye de Vezelai dans fa poffelîion.
EpiJl. 14. XX VL Alvife , Abbé d'Anchin , élu Evêque d'Arras ,
refufoit d'accepter cet Evcché. Le Pape ielui ordonna , en lui
remontrant que cette Eglife avoit autant befoin de fes confeils
que de fon bon exemple. Il exhorta Otton , Evêque de Bamberg
EpiJl. --s
à maintenir dans fon Diocèfe , ôc môme dans les Monafteres en
dépendans , le même bon ordre qui s'y étoit obfervé avant lui
ôc de n'y rien changer , fi ce n'étoit en mieux ; d'en bannir furtout
la fimonie , s'il sappercevoit qu'on voulût l'introduire dans les
tutji. 2i.
{<le£l;ions. Le Pape prit fous la prote£lion du faint Siège Hugues,
ALirc ,
qui prit le nom de Celeftin II. Il fut élu le 26 de Sep-
tembre U43 j ôc intronifé le même jour, qui étoit le troifiéme
depuis mort d'Innocent IL fon prédécefTeur. C'ctl ce qu'il
la
marque lui-même dans la Lettre qu'il écrivit aux Moines de
Cluni pour leur donner avis de fon éledion , qu'il dit avoir été Celcfiin;,
faite aux infiances & aux acclamations du Clergé & du Peuple '/'{,'?• i«
51
LESPAPES
p de Mars 1144, n'ayant tenu le faint Siège que cinq mois ôc
treize jours. Arnoul , qui d'Archidiacre de Séez étoit devenu
Evêque de Lifieux , ayant appris l'e'leclion de Celeftin II. dont
il étoit très-aimé , lui
écrivit une Lettre (a) de congratulation ,
Ses Lettres.
XXX. Le ij de Mai 1 144, le Pape Lucius confirma par
Tom.io,Con- une Bulle addreffée à Hugues , Archevêque de Tours , la Sen-
cil.pag.ioi^.
çence rendue cinquante ans auparavant par Urbain II. contre
Epi!}, ai
i'£y£,qye de D^l , portant que cet Evêque tous ceux de la&
tom. I am- Bretagne feroicnt foumis dans laluiteal Eglue de 1 ours comme
,
fUJÇ. colleôl.
^ jgyp Métropole. Lucius voulut bien néanmoins mettre une
Aîar£f«. pag.
j.gf^j.j£|.;Q,^ ^j^ faveur de Geoffroi , alors Evcque de Dol fçavoir , ;
'
'
biens donnes à l'Abbaye de Cluni , 6c tous les droits 6c privilèges
que fes prédéceffeurs , au nombre de dix-fcpt , lui avoienc
J^pijl. 6. accordés. Il marque dans la troifiéme , qu'il lui dqnne 6c à
aux Moines de Savigni , fie à les défendre contre ceux qui les °'-P^^-^^^'
Germain-des-Prez à Paris.
XXXV. Nous apprenons d'Otton de Frifingue , que les £fi/?. »,
Roniuinj voulant fe rctablirdans leur ancienne autorité, aiou- """" '°'^''""
^^6 L E S P A P E S
£> Otto Fri-' terent un Patrice aux Sénateurs qu'ils avoient déjà nommés?
f:ng. L.
r^mc.
VII.
cap.
^ qu'étant allés trouver le Pape , ils lui demandèrent tous les
jj.QJj.g régaliens , foutenant qu'il devoir fe contenter pour fa
fubfiftance des dixnies & des oblations. Le Pape Lucius, dans
cette circonflance Conrad , Roi des Romains , par
, s'adreiTa à
une Lettre, où il prendre l'Lglife Romaine fous fa
l'invitoit à
proteclion. On rapporte cetic Lettre à l'an 1144.. La même
Evijî- -. année ie Pape conlirma par une Bulle dr.tce du 13 de Mai à
Raymond , Archevêque de Tolède , la primatie que le Pape
Urbain IL lui avoir accordée. 11 eft dit dans cette Bulle que les
Diocèfes des Villes qui ont perdu leurs Tvlétropolitains par l'in-
vafion des Sarrafins , feront foumis a l'Archevêque de Tolède,
jufqu'à ce que leurs anciennes Métropc'.cs foient rétablies. Il y a
dans le fécond tome des mélanges de M. Balufe, pag. 220 , une
Lettre d'Alphonfe , Roi de Portugal , au Pape Lucius , avec la
rép.onfe de ce Pape , par laquelle il accepte de la part de ce
Prince 6c de fcs fuccelTcurs un cens annuel de quatre onces
d'or; ôc prend toute la ramilk Royale fous la protection du
faint Siège.
Autres! et-
XXXVL L'appendice du dixième tome des Conciles
très des Pap.s rapporte une Lettre d'Honorius IL aux Clercs de lEglife de
Honorius & il les avertit , qu'étant informé que fon
Xours , dans laquelle
Innocent !(._,'. ^
^ -, , ^ > . .
HONOR I U s I î. &c. $j
fe vanger de cet Abbé , lavoit dellitué, &
cherchoit les moyens
de fouflraire fon Monaftere à la Jurifdidion du faint Siège
d'où il dépeiidoit. Le Pape Innocent lui écrivit de rétablir en
entier l'Abbé , 6c de rendre à l'Eglife Romaine l'obéifTance qu'il
lui devoit , le déclarant interdit de fes fondions jufqu'à ce qu'il
eût obéi. Le Pape ne lui donnoit que vingt jours pour exécuter
l'ordre porté par fa Lettre^ qui ed la troifiéme. Dans la quatrième
adrelTée à Henri, Evoque de ïoul , le Pape confirme l'accom-
modement fait entre lui ôc Frédéric, Comte de Toul ôc règle ;
choifi pour Roi , ôc qui devoit venir à Rome dans peu pour
y jji.
recevoir la couronne impériale. Il les prie de lui prêter fecours
tant pour foutenir fa dignité , que pour la défenfe de l'Eglife.
La féconde eft à Lothaire , à qui il fait part de fon éleûion , pj,._ ,-;o.
en l'invitant de venir à Rome accompagné des Archevêques ôc
des Grands de fon Royaume , pour y être couronné Empereur.
Il dit beaucoup de chofes au défavantage de Pierre de Léon
connu fous le nom de l'Antipape Anaclet.
XX X V II. Après la mort de Lucius II. arrivée le 25- de F.urc.nelII.
Février ii45' , les Cardinaux affemblés dans l'Eglife de faint iapcnii4î.
Cef;;ire , élurent pour lui fucceder Bernard , natif de Pife,
Abbé du Monaflere de faint Anaflafe , de l'Ordre deCîteaux.
AulTitot après fon élcdion , on le mena au Vatican on le fit ;
Bern^.rd ,.
tombeau ; plongé dans le tumulte l'embarras un homme qui&
s'eft confacré au repos ôc à la retraite Vous avez placé au :
(/:) Pagi a(f afl. 1145 ,"«"!. ?• (i) Otîo ïn^ing. lib.7 , Chronk. cup.
(
,
l a) Otto Frifing. ihid. i (d) Eugenii epijl. qute ejl irutr Sugeria^
(b ) Otto , ibid. cap. j4. 1 noi 31.
.( f) -P'^gi ad an, 1146, num. i , ». j
(e) Eugtn. epijl. ad Suger. qux ejl iJ
inter Sugcr.
, ,
quement par le Pape même ; & fur les témoignages que l'on
rendit à la fainteté de cette fiUe^ le Pape lui permit de s'établir
avec fes fœurs , après en avoir eu la permiiiion de fon Evêque ,
au lieu qui lui avoir été révélé , ceft-à-dire, au Mont faint
Rupert , près de Bingue fur le Rhin , à quatre lieues au-deffous
de Mayence , ôc d'y vivre en clôture , félon la Règle de faint
Benoît.
Concile de X LUI. Le Pape demeura à Trêves c ) depuis le commen- (
Reims eu
cement de Décembre 14-' , jufqu'au mois de Mars de 1 année
1
de R^ib. iiaHœ,
HONORIUS IT. &c: loi
teneur du Cloître la coulle , couchant fur la paille avec des &
draps de laine. A Cîteaux il allîfla au Chapitre, non avec l'au-
torité d'un Pape , mais comme un des Abbés. Nous avons fuivi
la route qu'il tint depuis Reims , pour montrer qu'avant d'y tenir
un Concile , il en avoit convoqué un à Trêves , & que celui-ci
eft antérieur à l'autre ; en quoi Manriquez ôc quelques-autres
Pape , qu'il nauroit la paix avec eux que fur la tin de fon
Pontiticat.
XLVL II mourut en effet l'année fuivanteà Tibur(J) le Mort du
huitième de Juillet, après avoir tenu le faint Siège huit ans ^^p^ Eugène
avec fon armée jufques dans la Natolie. Une partie de fes Troupes
périt dans cette expédition ôc il fut contraint de revenir en
;
iiï in I omn
genernlibus Conciliis aiimitti non foleat : 1 petitionibus veftris ncquielcimus. Eiigei}.,
authoritatî tamcn Ecclcfîx Romana; ,qua: ev'ji. 7 i ndBambergenf,
,
H ON OR us I IL &c; io>
VÛûce au rang des Saints, de l'avis des Archevêques Evêques &
qui fe font trouvés avec lui.
L. Ceux d'Allemagne vouloient l'engager à donner fon Epifl. g.
Evill. 11-
d'excommunier ceux qui troubloient ce Royaume. C'eft en effet
ce qui eft porté dans fa Lettre à l'Archevêque de Sens ôc à fes
•Em'î. 13, Suffragans. Les quatre Lettres fuivantes regardent des affaires
44, î-î,'^*' particulières dont il renvoyé la connoiffance 6c le jugement à
:i7 &- 3°-
Suger ôc à l'Archevêque de Sens. Le Pape écrivit aulfi à cet
Abbé de retirer aux dépens des Chanoines Séculiers 6c Régu-
tréfor de cette Eglife , qui avoit été
£ ' ^8. liers de fainte Geneviève le
;/j
LV.
Il y avoit depuis longtems de grandes difficultés entre Epi'/!, jy , «I
Guillaume, Comte de Nevers , ôc Ponce , Abbé de Vezelai, *'•
Epfc. C-. lique. Il pria encore l'Archevêque Moyfe de recevoir avec bonté
UTB
,
To/<rr. hh. T
, 5^ fes autres SufFrasans difant , qu'ils refufoient de le recon-
,
Biji. cap. 6. ., 'I- r j
noitre pour Primat. Le râpe s expliqua lur ces deux articles
i
Epijl. 74, dans une Leurc au Roi de Caftille. Il dit fur le premier, qu'il
HONORIUS IL kc: 107
n'a jamais penfé à diminuer en rien les droits de la couronne de
Caftille ; &
fur le fécond , que fa volonté eft , que l'Archevêque
de Brague ôc fcs Suffiragans foient fournis à l'Archevcquc de
Tolède comme à leur Primat. Il déclare l'Archevcque de Brague
fufpens de fcs fondions pour fa dcfobéiffance. Par la même
Lettre il donne avis au Roi de Caftille , qu'il avoir charge l'E-
voque de Ségovie , de lui porter de fa part la rofe d'or que le
Pape a coutume de porter chaque année le quatrième Dimanche
de Carême, en mémoire delà Paflion & de la Réfurrettion de
Notre-Seigneur. A la prière du même Roi , Eugène III. permit Epi/!, /y.-
Rome le 3 de Février
I j2. Il y a trois Lettres du Pape tant
1 1 , f^-pi'!.??
fe- 1046. d<f ja à la tête des autres Lettres de ce Pape , dans le même
cette Chapelle ,
quand on l'en prieroit. Mais il veut que cette
grâce ne porte aucun préjudice aux droits de l'Evcque ni de
Ton Eglife.
LXVII. Les quinze Lettres que Dom Martenne a inférées Lettrfs Cut
«l'vedes aft^j-
dans lefécond tome de fa grande coUedlion , font fur divers
fujets & à difierentes perfonnes. La première efl un Règlement amv. cchec-
des droits conteflés entre l'AbbefTe & les Rcligieufes de faint ''""• ^"-
Pierre à Reims , ôc l'Abbé 6c les Moines de faint Nicaife. Il '/^"^"'^
'j^P?|;
Pape Eugène IIL à l'Abbé Suger , l'une eft pour lui recom- p"^''" ^"^^
mander un Sous-Diacre de l'Eglifé Romaine ; l'autre, pour ,
,-
anecd^t'.
^'^'''''
O iii
,
Tio .^ L E S P A P E S
difpofoit à faire avec fon armée dans les Terres de fon frère
Ilobert. Cet Editeur a publié encore deux Buiies du même
Pape; la première, en faveur des Abbé & Moines de Uedon,
^^'^^ prend fous la protection du faint Siège, & à qui il permet
Uid V3S
élection , fuivant la règle de faint Benoit ; cette Bulle eft
'
<oj , 404. la libre
de fan 1147. La féconde ell de l'année fuivante le Pape ;
/76,'ù'c.
'
autre Maifon , capable de mettre la réforme à F'ulde ; enfin
plulleurs Bulles pour divers Monalleres,
H ON O R I U s I I. écc; -
tiï
LXX. Quelques-uns ont prétendu que le Pape Eugène III. TraJudion
'j'""^ ^"'"5
avoit ordonné la traduction latine des Oeuvres de faint Jean ^^
CHAPITRE VIL
RuPERTj Abbé de Tuy 3 ou de Diàîi.
I. ^"^ N
ne connoît ni l'année ni le lieu de fa nailTance ; mais Rupen;,
ou du moins le voifinage de cette Ville, puifqu'il fut élevé dès tion. Mahil-
fon enfance dans le Monaflere de faint Laurent fur la montagne '"''• ^''^- ^^ »
'
de Liège , y ayant été offert à Dieu par fes parens. Il y fit enfuite ^^^[^
profelhon de la règle de faint Benoît , fous l'Abbé Berenger,
qui prit foin de le former dans tous les exercices de la vie Mo-
naftique. Son Maître dans les Belles-Lettres dans les autres &
Sciences , fut Heribraud , fuccefleur de Berenger.
II. Rupert étoit d'un efprit tardif: ôc quoiqu'il fe donnât Sa fciente--
^^°''
beaucoup de foins pour furmonter par un travail opiniâtre ce ji'"*^"
défaut de la nature , fes progrès étoient lents & peu confide-
rablcs. Dans la peine qu'il en refiTentoit , il eut recours à la Mers
de la SagefTe incrééc ; ôc s'étanc mis à genoux devant fon image'
au
Il pafTe
^ V. Vers l'an 1 1 Berenger fe voyant proche de (a
13 l'Abbé
Wonaftere de fin , & Craignant que Rupert , dont il avoit toujours pris le parti
contre ks envieux , n'eût plus à l'avenir de défenfeur , le reconi-
lib^^l^ n m
itfj]
'
manda à Cunon, Abbé de Sibourg. Cet Abbé le reçut en effet
dans fon Monaftere. Mais ceux qui, avant la mort de Berenger,
avoicnt blâmé Rupert d'avoir commenté les divines Ecritures,
expliquées tant de fois avant lui par les Saints Pères ôc les Liter-
pretes Catholiques , lui firent les mômes reproches après la mort
de cet Abbé. Rupert trouva de Tappui dans Frédéric, Arche-
vêque de.Cologne, ôc dans Guillaume, Evcque de Prœnefte ,
&. Légat du faint Siège. Ces deux Prélats l'aimèrent pour fa
vertu ôc fon fçavoir , ôc l'obligèrent malgré fa répugnance , à
continuer fes ouvrages,
llcflcboliî V. Apres mort de Marc ward. Abbé de Tuy , Rupert fut
la
Abbé de Tuy. niis à fa place , 20 , ôc gouverna ce Monaftere quinze
vers l'an i i
voyages.
^^^^^ H uous apprend lui-mêmc qu'étant jeunc , c'cft-àdirc , vers
frJabdlon. hb p^,-, 1
j g , il fit un Voyage en France , dans le deftein de difputer
1
voyage en Italie & palTa quelque tems à Mont-Caiïin. Le motif ue^^Ss^ mon
,
Trinité, foit pour les lui faire approuver ,foit pour lui demander k;;,^-/;*.?/,
fa protection contre ceux qui en vouloient à fes écrits ôc à fa ''"'«• ^3'
'lié R U P E R T,
Genefe, on ne de nous attacher à celui qu'elles ont tenu & de
laifTerons pas ;
Çn trait; de ^j^^j. J'aJUeurs les ouvrages de ce Père que fes Editeurs ncnt
Ip.
1 ^"edit! Mo- pas infères dans leurs collettions. Ils ont mis en premier lieu le
gunriicx art. traité de la Triaifié
,
t-ii ,tjm.i.
&
de fes ouvrages. Rupert le dcdia à Cunon ,
^1^1^^ ^g Sibourg , l'an 1 1 17. Il ell divifë en trois parties dont ,
fur les Juges ; cinq fur divers endroits des Livres des Rois &
des Pfeaumes cinq fur Ifaïe , Jéremie
; &
Ezechiel ; un fur
Daniel , Zacharie &
Malachie un fur quelques pallages des
;
Siège Epifcopal de Ratii'bonne , lorfque Rupert lui ad relTa fon çloirj du Fiis
ii6 R U P E R T,
AiHeb. 1,7. Hebreux vous l'avez couronné de gloire
: d'honneur vous& :
lui avez donné l'empire fur les ouvrages de vos mains. Pour
remplir cette idée , Rupert dès-lors Abbé de Duits , ou Tuy ,
explique tout ce qui eit dit du myllere de ilncarnation dans
l'Evangile de faint Mattliieu ; de la naifiance du Sauveur, de
fes prédications , de fes miracles , de fa mort , de fa réfurrection
de fa gloire dans Ciel , &
defon pouvoir fur toutes les créatures.
L'ouvrage eft divifé en treize Livres. L'Auteur marque dans le
Prologue , qu'avant de l'entreprendre , il avoir achevé celui qui
efl intitulé: de la victoire du Verbe de Dieu; ce qui auroic
du engager les Editeurs à le placer avant celui dont nous
parlons.
Traké cch\ XIV. Suit daus les imprimés une Hymne du Saint-Efprit,
pirire de l- que mis ce femble à la fin de l'^ouvrage précèdent , que
l'on n'a
P^rce qu'il y eft parlé a ) de plulieurs Hymnes que Rupert avoit
h "roce^o" (
&
qu'il efl né dans le tems marqué par les Prophètes , nommé-
Gemf. 49. ment par le l'atriarche Jacob. Cunon s'étant trouvé avec Guil-
Ir.ume, Evêque de Prœnefle, Légat en Allemagne, lui montra
plufieurs ouvrages del' Abbé Rupert. Le Légat, homme fludieux
6c fvjavant , dv^manda s'il n'avult rien écrit fur la proceilion du
ABBÉ DE TU Y, ou DE D U T S. I 117
Saint-Efprit ; ayant répondu que non , il prit occafion de l'etn-
preffement du Légat , pour engager l'Abbé à écrire fur cette
rnatiere. Pv.upert qui travailloit alors au traité de la gloire de la
Trinité, y joignit ce que la Foi nous enfeigne du Saint-Efprit.
C'eft la matière du neuvième Livre.
X V. 11 eil: fait mention dans la Lettre au Pape Honorius If. Commen-
des Commentaires fur i'Evangiiede laiut Jean, lis étoient donc "^''^^ furi'U-
achevés avant que 1 Al hj Rupert mit la main au traité dont oii
j'"fJ^lf
vient de parler, ilsfcnt divifé-, en quatorze Livres ^'7.'
, ôc précédés
dans l'édition de Cologne de l'an 1^26 , dune Lettre à Cunon
Abbé de Sibourg. Ce qui fait voir que Rupert les compofa
avant l'an 126 1 auquel Cunon fut pourvu de l'Evéché de
,
Ratislîonne. Lnc
ces principales raifons qu'il eut de travaillera
ce Commentaire , fut de foutenir la vérité du Corps 6c du
Sang de Jcfjs-Chrift dansTEucharillie , contre les Berengariens.
Audi s'y explique t-il très-clairement fur cefujet, comme on le
prouvera dans la fuite.
XVL Cunon étoitenrnr« all^; Jt oiuuu.t; , luuqu u engagea Commcn-
lur ta-
Rupert à commenter l'Apocalyfe. Il avoir quelque droit ''"'"^«^s
tenoit un jour avec Rupert fur les quatre grandes hctes dont
il efl parlé dans une des viilons de Daniel , Ôc fur les Royaumes
(.0 Rupert, lib. Il , in Hhnhxum , 'b) Sic potuit claufo Chriflus prodire
|
,,
ABBÉ DE TU Y, ou DE D U T S. î iip
liDgue des ouvrages qu'il avoit coniporés jufqucs-là , c'eil-à-dire
julqu'enl'an 1 126.
XIX. Dans
le traité des Oflîces Divins , Rupert rend raifon Analyfe ie
chacun de ces Offices doit être recité dans tous les jours de 'Jjhf.'
l'année. Il tire ces raifons des différentes circonftances de la
vie ôc de la mort de JeCus-Chtift rapportées dans les divines
Ecritures; il en ufe de rncme à l'égard de toutes les parties de
l'Office. Ceft auffi de l'Ecriture qu'il prend les explications
myftiques des ornemensfucerdotaux & pontificaux de ceux des ;
du jour de la Fête , des trois Meffes que l'on y difoit. li fuit dans
fes explications qui font prefque toutes morales ou myfiiquesla
difpolition de la liturgie Romaine. Il remarque fur le premier
Dimanche de Carême , que dès ce jour on couvroit les Autels
d'un voile; que le mercredi de la quatrième (êmaine on faifbit
folemnellement les fcrutins des Cathécumenes pour les difpofer
au Baptême ; quele Dimanche des Rameaux , outre la proceffion
deflinée à repréfenter l'entrée triomphante du Sauveur à Jéru-
falem , on faifoit encore celle que l'on avoit coutume de faire
chaque Dimanche; qu'en ce jour ,1c mardi fuivant, le mercredi,
& le vendredi , on chantoitla Padion félon qu'elle eft rapportée
par les quatre Evangelilles que le jeudi-^faint l'Evêque réconci-
;
Tome XXIL Q
,
t22 R U P E R T,
veut-elle le mal ? Ce dilemme dans Rupert fuppofe que Guil-
laume ôc Anfelme admettoient un genre de volonté du mal ; &
que les différences divilives de ce genre, étoient la volonté qui
approuve le mal & la volonté qui le permet. Pour lui il foutient
,
'^"F^/f '""
qu'il avoir faites avec l'Abbé Cunon fur certains endroits de la '1^
règle de laint r5enoit qu ils prorelioient 1 un & 1 autre par rres de la
;
exemple , fur l'ordre des Offices de la nuit , le nombre des '^s'e de famt
pfeaumes , des levons , ôc des répons. Ces obfervations font ^ul'i^piT^
difiribuées en quatre Livres , mais dont le premier eft occupé 946.
prefqu'entierement à raconter ce qui fe paiïa en France entre
Guillaume de Champeaux ôc Rupert. Il rapporte les objections
que fon (it contre fon fentiment , ôcfes réponfes. Ces objedions
rouloient furies padages de l'Ecriture , où il efl: dit , que Dieu
endurcit le cœur de Pharaon ; que c'eft lui qui aveugle les
impies & qui les rend fourds à fa voix , de peur qu'ils ne fe
convertiffent. Rupert répondit , que Dieu ne livre pas les
méchans à leurs pallions , mais qu'ils s'y livrent eux-mêmes ;
que Pharaon s'étoit endurci , avant que Dieu l'endurcît ôc que
;
doute plus grand qu'un Moine, notre Ordre eft plus élevé que
le vôtre. La conféquence qu'ils tiroient de ce principe étoit
qu'un Clerc ne pouvoit fe faire Moine , ôc que c'écoit te degré
de perfedion à un Moine de devenir Clerc. Ceux néanmoins
qui témoignoient tant de mépris pour les Moines , ne laiffoient
pas de fe donner le nom d'Abbé ôcde porter la croffe ou bâton
paftoral ; ce qui n'appartenoit , après les Evéques, quaux Supé-
rieurs des Moines. Rupert rapporte la Lettre que Frédéric,
Archevêque de Cologne , écrivit fur cet abus à l'Evêque de
Liège. Il y dit que les Clercs , qii ayant reçu les Ordres delà
main de l'Eve jue , font deftin Js au miniilere de l'Autel >.
ABBÉ DE TU Y, ou DE D U T S.
I isy
demeurent fous la verge ou la croffe de l'Evoque ; & que ceux
qui par la profeflion monaftique ont embraflé la vie pénitente,
font fous la crofTe de l'Abbc ; que s'il arrive qu'un Clerc devienne
JVloine , ou qu'un Moine foit admis dans le Clergé , il dépend
alors de l'Evcque 6c de l'Abbé , & ne peut être jugé par l'un des
deux feul. Frédéric ajoute: Suivant ces principes nous ne pou-
vons ni admettre ni approuver la coutume qui s'introduit parmi
les Prélats, ou Prévôts des Clercs Réguliers, de fe faire donner
l'invçftiture par la tradition de la croffe , afin de s'en fervir
comme les Abbés des Moines on ne lit point que faintAuguftin
;
d'Abbés , qui leur eft donné par la règle même de faint Benoit.
Puis s'adreffant aux Clercs qui méprifoient les Moines , ôc qui
fe glorifioient dans la peau dont ils fe couvroient alors tout
le corps , comme d'une marque diilinûive de leur état aux
yeux des ignorans , il leur dit que ces deux états ne font point
tellement oppofés , qu'ils ne puifTent fe rencontrer en une même
perfonne; ôc que la profelfion monaflique eft d'autant plus ref-
pedable , que celui qui l'a embraffée peut être chargé du foin
des âmes.
XXXI. C'eft ce que Rupert entreprend lui-même de Tmiré du
prouver dans un traité fait exprès. Il eft en forme de Dialogue pouvoir :
Q iij
1
126 R U P E R T;
n'a cefTé toute fa vie denfeigner de
vive voix par écrit. &
Traité ae la XXX 1. Un Moine
de l'Abbaye de Stavelo confulta l'Abbé
corruption de
Rupert fuf ce qui fait perdre la virginité dans l'un l'autre &
P«g'P7i.
lexe, & il Ion ptut conlacrer celie qui la perdue. La reponie
de l'Abbé fut , que celui ou celle qui tombe feul dans le péché
d'impureté, perd le mérite delà virginité, mais non la virginité
même &
que puifque , félon les Canons, on peut admettre au
;
facré miniilere celui qui n'eft tombé qu'en fecret dans la forni-
cation , on peut auHi confacrer celle dont le péché efl fécret.
Cequilditdela cérémonie de donner l'anneau aux filles qui fe
confacroient à Dieu , fe pratique encore aujourd'hui.
Dialofi-e X
X X 1 1 J. Doni Gerberon en faifant imprimer l'apologie de
d'unChreti'ii
pAbbé Rupert en 1669 , avertiffcit dans le catalogue des
tom. oy. An ouvrages de ce rere , que 1 on
n avoir plus Ion traité inntuie :
felmi in app. Anneau , ou Dialogue d'un Chrétien d'un Juif, divifé en &
F^S' Jï4. jpQJg Livres. Il le recouvra depuis , & le mit à la fuite des œuvres
de faint Anfelme dans l'édition qu ilen publia à Paris en 1575',
réimprimée en la même Ville l'an 1721. Le nom de l'Abbé
auquel il efl: dédié n'eft pas marqué. Mais il dit lui-même dans
fon prologue furies Livres de la glorification de la fainte Trinité,
qu'il lavoit adreffé à Cunon , Abl é de Sibourg , fon ami , fon
protecteur, & pour ainfi dire, le folliciteur {a) de fes ouvrages, ne
le laiiïant prelque jamais en repos. 11 fallut des infiances fouvent
réitérées pour déterminer Rupert à celui-ci. Il le fit attendre
longtems. C'efl: fuivant fon expreilion , une monomachie contre
,
V
de lamt Benoît , ôc comment r rederic , Arcneveque de Cologne, Mmsn. pa^,
avoit efTayé de faire ceffcr ces jaloufies d'Ordres , fi mefléantes vés.
dans des perfonnes confacrécs à Dieu , ôc qui ne doivent fe
gloriher que dans la Croix de Notre-Seigneur Jefus-Chrift.
Rupert ne dit alors que peu de chofes pour la défenfe de fon
Ordre. Mais voyant que ces Clercs continuoient à répandre
partout , que les Moines étoient incapables de prêcher la parole
,,
128 R U P E R T,
de Dieu , , de gouverner des Pa-
d'adminiftrer les Sacremens
roiffes ; qu'ils renfermer dans leurs cellules
dévoient fc & dans
leurs Cloîtres ; excité par fes Confrères , il prit leur parti, mais
en déclarant qu'il ne mettroit point fon nom à la tcte de
l'ouvrage , content de n'en recevoir aucune louange , pourvu
qu'il tournât à l'honneur de Dieu &
de TEglife.
Ce traité XX X V L II eft en forme de Dialogue , ôc diftribué en cinq
paroit être de Lîvres. Ce qui.prouve que Rupert en eft l'Auteur , c'eft que
"' *^^ deux manufcrits que l'on connoît de cet ouvrage , l'un eft de
e t'^/iii
l'Abbaye de Tuy que Rupert a gouvernée longtems , ôc l'autre
de celle de Graifehaten , dans le Diocèfe de Cologne , où eft auiïi
le Monaftere de Tuy ; &
qu'il eft fait mention d'un traité de
l'Abbé Rupert fur cette matière , dans la Lettre d'Anfelme
d'Havelberg à l'Abbé d'Husberg. Les raifons de Rupert pour
laifier aux Moines le pouvoir qu'ils avoient depuis plufieurs
fiécles , de prêcher l'Evangile ôc d'adminiftrer les Sacremens ,
font les grands fruits qu'ils ont faits par leurs prédications dans
toutes les parties du monde , dont ils ont converti prefque la
moitié , comme les hiftoires en font foi ; le pouvoir qu'on leur
donne, lorfqu'ils font admis à l'Ordre facré de la Prêcrife , de
baptifcr, de prêcher, ôc de faire les autres fondions du Sacer-
doce. A l'égard de la préférence de l'Ordre monaftique, pour
ceux qui veulent vivre dans une plus grande perfedion , il en
donne pour Juges de grands Evêques , qui ont abdiqué l'Epif-
copat pour vivre dans les Monafteres. Il cite nommément
Guillaume de Champeaux , Evéque de Châlons , qu'il a voit
connu particulièrement , qui de Chanoine Régulier étoit devenu
Evéque; ôc qui après plulleurs années d'Epifcopat , fe retira à
Clairvaux où il mourut. C'eft encore une raifon d'attribuer ces
Dialogues à Rupert.
Des ouvra- XXX "V 1 1. Il ne dit rien dans les trois catalogues qu'il a
jres de l'Abbé laiffés de fes ouvrages , de fes Livres apologétiques mais il en
;
^"k perdus" ^^ ^"^'^ mention dans la Lettre qu'on lui écrivit de Stavelo.
Tcm.i, paz. Quoique l'Auteur de cette Lettre eût lu ces Livres étant à
ii/j. Liège , où il étoit allé exprès pour voir Rupert ôc fes écrits
il fouhaitoit de les lire encore , ne fe fouvenant pas bien de la
Tome XX IL R
,
t3o R U P E R T;
penfoît Je crois que c'eftle vrai Corps de Jefus-Chrift qui a
:
été livré pour nous, & je foutiens que c'eft fon vrai Sang quia
été répandu peur nous , comme le croit TEglife Catholique,
Rupert ajoute dans la même Lettre , que riiérefie de Berengec
n'avoit plus alors que très-peu de Sectateurs , du moins qui
cfaiTent la défendre publiquement û) , parce que l'Eglife Catho- (
( il ) Hoc jam ferc nemo palanx profitcri permanente Ucetfpecie exteriori. Rupert ^.:
aut dcfeiidcie nudet , uiuvcrla fciente cap. 7 , lib. I J in Exod.
Ecclclîa Catliolica ,
quia verum Corpus (d) Bcilarmin , ds Scriptor Eccl. ad
& verus r.inyuis Chrifti eft. Ibià. Rupertwn; (j- Vafque/. , in 3, D. So, cap.t,
( i ) Lih. 6 ,in Joan, per totum maxime { e ) Non nemo indigné manducare
cap. 6, pottft , (cd nemo ind;giiè manducare
(c) Specics utrjcque panis & vini de débet ,
panis nannjiic (emel confccratus ,
terra fumunturScd accedens fubflan-
: namquam pofiea virtuteni limdifîcationis
tiaruni ac fpeciarun» creator Deus , non aniittit, aut Clirifti caro elle définit SeA:
fuperficie t_mis inducit , ied cfficaciter non prodell quidquani indigno cujus fides
hx'c in canieiu i^ fanguiiiciu cjui convertit, fine operibus mortua eft. Rupcrtus, iib.f,i/i
Joan. pa^. jii.
,,
fait qu'il n'y a qu'un corps ; enforte que celui qui a été attaché
(a) Mâhillonius , Ub. 76 , Annal, num. < (d) Rup. lïb, i , in regul. S. BnifàiEli
84. Jfag-?5'.
h Lïh. e pa?. y.i. ^ * ^ '^''^'
( ) ,
I ^"P-
ic) Lib.i, ce b§c.ca'^. II. \
Rij
152 R U P E R T;
créés des ténèbres. Rupert répondit ,
que pour être hérétique
il faut ou affirmer ce qui eft nié par l'Ecriture fainte , ou nier ce
,
faifant voir que faint Hilaire avoit penfé comme lui fur le refus
de la Communion du Corps du Seigneur à Judas. V^oyez l'apo-
logie de l'Ai bé Rupert par Dom Gerberon.
JujTcni'" t X L 1. C'en efl; affez pour montrer que cet Abbé ne fut jamais
des écrits ce infecté de Terreur des.Berengariens , ni des 1 mpanateurs, & qu'il
"^'^"*
eut fur le myflere de l'Euchariaie la même fui que l'Eglife
Catholique. Si fon fçavoir le rendit célèbre , fa pieté ne le rendit
pas moins recommandable. Ses envieux ne lui reprochèrent^
ou que des fentimens qu'il n'avoit pas , ou qu'une conduite
qu'ils auroient dû imiter, je veux dire, l'application aux Etudes
utiles ôclérieufes. Le plus grand nombre de fes écrits confifte ,
comme on vient de le voir , en Commentaires fur l'Ecriture.
Ils font, fuivant le goût qui commençoit à s'introduire , mêlés de
diverfes queflions de Théologie , traitées félon les principes de
la dialectique ce qui rend ces Commentaires trop diffus & trop
:
B iij
,,
CHAPITRE VIII.
Le Bienheureux Guiges ou Guigues , cinquième Prieur
de la Chaitreufè.
,.. , ,
laperfedion.
fieurs" Char- IV. Il y avoit dix-lluit ans qu'il gouvernoit la Chartreufe en
weiifes. qualité de Prieur , car il n'y avoit point d'Abbé à la Chartreufe,
l'amour pour les Livres. Il lit chercher les meilleurs , les cHre'^dcs
Li-
&
cxemplaires les plus autentiques ,les tranfcrivit , corrigea ce vres. Lnbbo,&
''^'^'''Jf»
qu'il trouva dedéfeclueux dans ceux qui étoient moins corrects. '*
Nous difons ici rarement la Méfiée , dit Guiges , parce que la fin
Ciii.iT. principale de notre Inilitutefl le fiience ôc la retraite. Nous ne
recevons point d'enfans ni de jeunes gens au-defious de vingt ans ,
Caj». 28. afin qu'ils foient en état de combattre l'ennemi du falut. Nous
n'y enterroient que leurs Confrères , ou quelque Religieux qui y Cip. 41,
fût mort; ôc ne fe cliargeoient d'anniverfaire pour perfonne,
dans la crainte de rendre les prières vénales.
XIII. Il y avoit à la Chartreufe des Laïcs , ou Frères Cip. ^^ , ^y.
Convers ; la plupart ne fçachant pas même lire , ils ne chantoient
pas à l'Office ; mais ils alfilloient à celui que leur difoit le
Religieux du Chœur , charge de leur conduite. En fon abfence
ils récitoient un Parer pourchaque Pfeaume. Occupés du travail
Cip. 3. orgueilleux lui reprochoit ; que plus les chofes paflageres caufent
de plaifir ,
que l'on y a
plus elles font mortelles ;
que l'attache
caufe néceflairement du trouble de vaines , de la douleur , &
Cip 4. craintes que l'ame humaine ne ceffe de foufFrir en elle-même,
;
tant qu'elle aime autre chofe que Dieu , que demander une
Cip. 5,6, longue vie , c'eft fouhaiter d'être tenté longtems ; parce que tout
7, 8 eft pour nous un piège en cette vie, le boire , le manger, les
vêtcmens , lefommeil , le défit de la gloire, des louanges, des
faveurs. Guiges envifage les adverfités du fiécle comme un
moyen dont Dieu fefert pour nous obliger à retourner vers lui.
Il ne veut pas que l'on abandonne le pécheur , mais qu'on l'aime
M-
& qu'on le fupporte , dans Tefperance qu'il fe corrigera. Vous
u. ne devez point, dit-il, vousréjouir,s'ilfe trouve que vous foyez
meilleur que les autres , mais plutôt vous affliger de ce qui leur
17. manque en fait de vertu. Il dit que l'amour du prochain doit
être gratuit, parce quefi l'on ne rendoit amour que pour amour,
ce feroit un change qui ne mériteroit aucune récompenfc; que
ôc les miracles opérés par fon intercelFion. La Lettre efi: dattée ,'/ ad diemi.
de Pife le 22 Avril de cette année. D'autres perfonnes très-
refpedables avoient preffé Guiges fur le même fujet , ôc il s'en
étoit excufé fur diverfes raifons , notamment fur fes infirmités
continuelles. Mais il ne put rclifter à l'autorité de faintPierre
que Pape avoit employée. Ccfî ce qu'il dit dans fa réponfe à
le
la Lettre du Pape. On les a mifes l'une ôc l'autre à la tête de la
vie de faint Hugues compofée par Guiges , &: rapportée par
Surius 6c BoUandus au premier jour d'Avril.
XVIII. On n'efl: plus en doute que la Lettre ou Traité aux l^}"'^
°>»
Cfl/. 4. Celui-là avec qui Dieu n'eft pas. Sa cellule neft plus pour
efl feul
lui une cellule , c'efl une prifon. Le folitaire avec qui Dieu eft y
jouit librement de la joie que lui donne fa bonne confcience ;,
CHAPITREIX.
Gl'/ll^l^;iie de AI a lm es bu ri , ou cle Somerset,
Ù quelques autres Hifioriens Anglais.
cens ans ; en commençant a 1 arrivée des Saxons vers 1 an 44P , i^^re. Édu.
jufqu'à la dix-huitiéme année du règne de Henri I. ou l'an 1 1 27. Francofan.
''^''^*''
Elle efl divifée en cinq Livres ôc dédiée à Robert, Comte de
Gloceftre, fils naturel de ce Prince. Le vénérable Bede avoit
travaillé fur le même fujet ôc conduit bhiftoire des Anglois
jufquà fon tems , c"eft-à-dire , jufqu'à l'an 731. Perfonne n'en-
treprit la fuite de cette hifloire. Eadmer fe contenta de donner un
précis des principaux évenemens depuis le Roi Edgar jufqu'à
la première année de Guillaume le Conquérant. Enlorte qu'il
lailTaun vuide de plus de 223ans.Cefut pourlerempiirôc mettre
dans un plus grand jour les évenemens dcsPvCgncs n-entionnés
bonne heure cette veille , tarda plus qu'à l'ordinaire; qu'on lut
à l'alternative les leçons de l'Otfice tant en grec qu'en latin;
qu'on chanta trois fois Kyrie eleifon , ôc plulieurs chofes en
mufiquc, toujours dans refperance de voir paroître ce feu ; &
que l'on fut obligé de fortir de TEglife fans cette confolation ;
que le lendemain les Latins allèrent en proceffion au Temple
appelle de Salomon , pour y implorer la mifericorde de Dieu;
que les Syriens tirent la même chofe au faint Sèpulchre que ; &
Dieu feniiblc aux infiances des uns & des autres , envoya le feu
facré qui s'étant attaché à une des lampes du faint Scpulchre ,
l'alluma ; ce qui rendit la joie à toute raflembléc. Guillaume
ajoute, que le Patriarche averti par un Syrien accourut, ouvrit
la porte delà Chapelle du faint Sèpulchre , alluma un cierge à
la lampe, & fit enfuite voir le miracle à tous ceux qui y accou-
pV"f!;5."
'
de Malmesburi crut qu'il y avoit de l'ignominie à laiffer dans
l'oubli ceux de qui l'on a reçu les premiers élemens de la foi ôc
les règles de la vie chrétienne dans cette penfée il entreprit d'en
;
faire l'hiftoire. Elle lui coûta beaucoup plus que celle des Rois
d'Angleterre, parce qu'il trouva moins de fecours. Les Chroni-
ques qu'il avoit pardevcrs lui le guidèrent dans le premierouvrage.
Il n'avoit pour le (econd que des hiftoires fort embrouillées.
La tradition vint à fon fecours, ôc apparemment l'archive de
chaque Eglife. Il en a renfermé l'hiftoire en quatre Livres , inti-
tulés : les geftes des Evâques d'Angleterre.
Ce que cor- I X. I.c premier Livre traite des Archevêques dcCantorberi
tiennent ces depuis faint Auguftin, Difciplc de faint Grégoire le Grand,
''^".' ^'^'"'
jufqu'à Raoul , mort au mois de Novemlre de Tan 1122.
* ^
j^j, Guillaume de Malmesburi s'étend beaucoup fur l'Epifcopat de
Lanfranc ôc de faint Anfelme. Il donne enfuitc quelque chofe de
la vie des Evêques dcRucheftcr , don: le Sie^c étoit voifin de
celui dcCantorberi.
,,
ou DE SOMERSET,&c. 147
X. L'Ëvêché de Londres n'ctoit pas non plus éloigne. C'efl livrefeconJ,
*^
pourquoi Guillaume commence fon (econd Livre parle dcnom- ''^^'
brement des Evoques de cette Ville , dès-lors très-opulente par
fon commerce avec toutes les Provinces du monde , furtout
avec l'Allemagne. Le premier Evêque fut iVIellite , envoyé de
Rome à faint Auguftin pour l'aider dans la converfion des
Anglois. L'Auteur donne après cela la fuite des Evêques orien-
taux Anglois , ôc des Evoques occidentaux Saxons; des Evêques
de Dorcheftre , de Wincheflre , de Schirburn , de Velles
d'Excheflrc , de Cridicn , deCornouailles, de Selefig, ôc des
Abbés des divers Monafleres fitués dans ces Diocèfes.
X L La notice des Archevêques d'Yorc ôc des Evêchés Livfe fo»-
^"'^'
dépendans de cette Métropole , occupe le troifiéme Livre. ,'^^_^ '
Paulin en fut le premier Archevêque fous le Pape Honorius,
de qui il reçut le Pallium ôc faint Wilfrid , le troifiéme. Guil-
;
r/id. cep. II. les Dimanches ÔC les Fêtesfolemnelles, il faifoit chanter chaque
léii. lai. i^. jour une Meffe pour les morts; qu'il changea en Autels de pierre
dans fon Diocèfe tous ceux qui n'étoient que de bois fuivant
l'ancien ufage du Royaume.
ou DE SOMERSET,ôcc. 14^
Dc-là vient, que les exemplaires manufcrits en font très-rares;
au lieu qu'il y en a beaucoup des quatre autres.
XVI. Dom Mabiliou a publié *
la vie de laint Adelme dans la
^^"'°'" ^'
cette Vie.
1 /• / / I- 1-
,' I i-i / • X •
à faire des vers en Anglois; qu'il écrivit grand nombre de Lettres Voyei tcm.
& compofa plufieurs difcours. Dans la féconde il fait le dénom- ^7,v'-&T)i-
brement des Monafleres fondés par faint Adelme , des privilèges
& des biens dont il les enrichit. Guillaume rapporte une épi-
gramme, ou, comme il l'appelle, l'épithalame que le Saint fit en
vers hexamètres latins, pour la Dédicace de l'Eglife des Apôtres
faint-Pierre & faint Paul. Il raconte dans la troiliéme les actions
merveilieufes qu'il fit étant jeune , & confirme ce qu'il en dit par
divers fragmens de fes Lettres ou de fes écrits. Enfin la qua-
trième partie eft employée à montrer les progrès du Monaflerc
de Malmesburi , ôc les évcnemens confiderables fous îes Abbés
qui l'ont gouverné fucceffivement jufqu'en 1 laj , quatre cens
feize ans depuis la mçrt de faint Adelme.
XVIII. Galeus a publié deux autres écrits de Guillaume de Autre«çcriti
Malmesburi , l'un intitulé , de l'antiquité de l'Eglife de Gladon , '^^ ^yiH^'ume
'
P
X I X. Ce n'eft là qu'une partie des ouvrages de Guillaume Guii aume
de Malmesburi; il s'en trouve beaucoup d'autres dans les Bi- °"' nom pai
" etc.
enc.o:e
°'
blioteaues d'Angleterre, que l'on n'a pas encore rendu publies. no"lime i s...
T iii
ijo GUILLAUME DE MALMESBURI,
Lelancl. c.ip. Voici ce qui en efl: dit par Lelande , Baleus & Pitfeus quinze :
1^6. Baleus , Livres en vers de différentes efpeces fur les Evangiles quatre ;
"'""prf-'uj
'
Livres de Commentaires fur les lamentations de Jéremie quatre ;
pag. I09.
'
Livres des miracles de la fainte Vierge ; un Recueil des miracles
Lavus , ad an. ^q f^^^t André & des Saints du Pays ; l'abrégé de l'hiftoire
^^1° 'ho2is d'Aymon , Moine de Fleuri , depuis Juftinien jufqu'à Charle-
Gakus ,prœ- magne la généalogie de Henri IL Roi d'Angleterre; Titine-
;
criptor. ng.
^^g^, pjg^^g ^ Moine de fon Monaftere; les antiquités du Mo-
naftere de Gleffobourg vie d Lidracl , Roi d'Irlande; vies de
;
Maîmeîbifri^^
récit des évenemens foit parce qu'il n'en eft point parmi' les
;
anciens de fa Nation qui nous ait donné une plus longue fuite
d'hiftoire. Il eft prefque le feul (a) qui ait rempli les devoirs
d'un Hiftorien. C'eft cequeditSavilledans l'Epîtredédicatoirc,
à la tête de l'édition des œuvres de cet Ecrivain , imprimées à
Londres en i 5915, ôc à Erancfort en \6o\ in-fol. chez Claude
Marnius. Henri Warton ne laiffe pas de fufpetter quantité de
chartes du Monaftere de Malmesburi , inférées par Guillaume
dans fon hiftoire des Evoques d'Angleterre-, furtout celles qui
exemptent ce Monaftere de la Jurifdidion des Evcqucs. Mais ce
"Winchefter
1. * 1 •
o
,
TT
ôc intitulée:
• wrr
du mépris du monde.
i> I II-
Dom Luc
TT •
!1^"". '^^
Hungtington,
d Achericc Henri Warton 1 ont rendue publique. Henri pour :om. s, Spi-
s'imprimcr à lui-même ôc à fon ami le niépris des biens , des "-''^'
f^S-
honneurs, des plaiiirs du monde , propofe piufieurs exemples l^^ An^/fZ'.
d'Evêques, de Princes, de Miniftrcs d'Etat , de Dignitaires pi'g.6?^.
Ihii. par. voit ; au lieu donc de la lui envoyer , il envoya une épicaphe
r»». pour mettre fur fon tombeau. Elle eft en feize vers élegiaques.
Il y fait mention des épigrammes ôc de quelques pièces de
poëfie qu'il lui avoir adreiîées autrefois , &
qui fe trouvoient dans
fon onzième Livre de Ihidoire des Anglois. Les vers en l'hon-
neur d'Elflede (û) , Reine des Merciens , & d'Alfrede , Roi
d'Angleterre , font partie du cinquième Livre. Henri rapporte
dans le troifiéme Livre les Lettres de faint Gregoire-ôc de fes
fuccefleurs touchant la miffion de fiint Auguftin en Angleterre.
Il eftaufii parlé dans le quatrième de la converfion des Angloi^.Lc
feptiémc donne un précis de la Croifade fous Urbain II. de forte
qu'on peut regarder l'ouvrage de Henri de Hungtington comme
une Hiftoire Civile ôc Ecclefiaftique de l'Angleterre. On lui
attribue encore un opufcule fur la Province de Bretagne, dont
le manufcrit fe trouve dans la Biblioteque de Cantbrige ; un &
autre opufcule intitulé de l'image du monde ,
: quelquefois &
du du monde, ou des Evoques & des hommes illuftres de
défit
fon tems mais ce n'eft autre chofe que la Lettre à "Wautier dont
;
l'on a mife à la tête de cette hiftoire , dife qu'il l'a entreprife par
ordre de fes Supérieurs ôc de fes anciens; qu'il l'a compoféc
fut des Mémoires cpars ça ôc là^ après les avoir mis en ordre ;
CHAPITRE X.
Pierre AhnH- I- TL cfl: peu d'hiftoire plus connue que celle d'Abaillard ôc
lard écrit lu'-
J|_ d'Heloifife, ni qui foit plus intéreffante par la variété ôc la
même la vie.
(],-,g,jlarit^ c]es évenemens. Elle a encore cet avantage qu'elle a
été écrite parAbaillard même (a ) ,
qui en rapporte ordinairement
les circondances avec affez de candeur , racontant fes mauvaifes
comme fes bonnes attions ; ce qu'il y avoit en lui de blâmable ,
ou de digne d'éloge. Il y a toutefois des endroits où il paroît trop
de paflion , &
qu'on doit lire avec précaution.
ç
oa
fon
-tr
nailliince,
cduca-
_^i
licucs de Nantes en Bretagne. Son pcre fe nommoit Berenger ,-
o/-
IL Pierre Abaillard naquit en 1 070 au Bourg de Palais à trois
-o
non fon a-
, ç^ f^ mcre Lucie. Ils fe réunirent à faire prendre à leur fils
fnoiir pour les t i i> j i i i •
Lettres. une teinture des Lettres avant de engager dans le parti des J
(a)Abxlard,epif{. i. I
^"^^ ^^'"'•
l.b)Abxlard, epift,*^ l
,
le monde
par la réputation que lui donneroient fes talens. Elle
concluoità ce quelle fut toujours fon amie jamais fon époufc. &
Toutes ces confiderations furent inutiles. Abaillard ne craignit
pas même les mauvais traitemens de l'oncle, que la nièce luî
iaifoitenvifager comme
Renonçant donc à fon Gano-
certains.
nicat, il époufa HeloïfTe dans une Eglife de Paris à PilTue de
Matines en préfence de l'oncle
, de quelques témoins affidés ; &
& après la bénédiction nuptiale , ils fe féparerent.
aufîltôt
Heloiife rcfla chez fon oncle j ôc Abaillard reprit fes leçons
publiques.
n fe fait VL Cependant ayant fçu que Fulbert maltraitoit
fa nièce ^.
Moineafaint
jj l'envova à Argenteuil prendre 1 habit de Rdi-
, où il lui fit
Abaillard en-
VIL Abaillard nc fut pas longtems caché à faint Denys.
feit^iicdaBsun, Plufieurs Clcrcs Ô£ auttes Etudians vinrent l'y trouver, lui
Prifurc dé
reprefcntant qu'étant dans le repos de la folitudc , il pourroit plus
pendant deS. . i., ^ , j a
,
r- i i->- >-\
facilement leur donner des leçons,ôc taire alors pour Dieu ce qu il
i
B^nys.
n'avoir fait étant dans le monde, que pour gagner de l'argent,
ou s'attirer de la gloire. Ils mirent dans leurs intérêts l'Abbé ÔC
lesMoines de faint Denys , qui commençant, à fe laffer d'un
Cenfeur imponundc leur vie, furent bien ailes de s'en défaire»
pas dans le lieu affez de maifons pour les loger, ni de quoi les
faire fubfifter. Quoique principalement fur
fes léchons roulaiïent
l'intelligence de l'Ecriture &
théologie, il ne laiiToit pas
la
VIII. Les Ecoles de la plupart des Villes , nommément de ^' ^,^ ^<'"*
Reims, le trouvant déferres j Alberic &
Lotulphe qui en avoient condie'"de'
foin s'élevèrent contre Abaillard ;
,: &
engagèrent dans leur Soiirons eiJ
des Evêques '"'*
parti, des Archevêques , ôc des Abbés.
, Leurs
raiions étoient ne convenoit pas à un Moine d'enfeigner
, qu'il
les Belles-Lettres & qu'à l'égard de la théologie & de lEcri-
;
Vil};
^j8 PIERRE ABAILLARD , ABBÉ;
points de notre croyance. Clergé & le Peuple en furent
Le
édifiés , ôc n'y remarquant rien que d'orthodoxe , les Auditeurs fe
difoientl'un à l'autre: Voilà cet homme qui parle publiquement,
&c perfonne n'ofe lui rien dire Ne feroit-ce pas que nos Evêques
:
ont enfin reconnu qu'ils font eux-mêmes dans l'erreur , qu'il &
a raifon ? Un certain jour a ) Alberic l'attaqua au fortir de la
(
leurs moeurs. Mais il ne fut pas longtems avec eux , fans les
irriter encore davantage , au fujet de l'hilloire de faint Denys
i'Aréopagite écrite par l'Abbé Hilduin. Comme il avoir lu dans
Bede que faint Denys I'Aréopagite avoit été plutôt Evêque de
Corinthe que d'Athènes , il foutint cette opinion , d'où il fuivoit,
que celle d'Hiiduin , qui le faifoit Evêque d'Athènes , étoit
faufle ; ôc que cet Abbé n'avoit pas mieux rencontré en faifant
faint Denys I'Aréopagite Apôtre de la France. L'Abbé Adam
informé de cette difpute , menaça Abaillard de l'envoyer au
Roi pour en être puni. Il s'offrit de fubirla pénitence régulière,
au cas qu'il fut coupable mais fa foumiffion n'ayant pas appaifé
;
ib)Ep,iJl.i,
ET HELCISSE, ABBESSE DU PARACLET. ifp
cefTeur, lui accorda de fe retirer en quelle folitude voudroit, il
cela lui faifoit regretter fon Paraclet. Mais ayant appris que les
Religieufes d'Argenteiiil , dont Heloïfle étoit Prieure, avoienc
été obligées de quitter ôc de céder ce Monallere à l'Abbé ÔC
aux Moines de faint Denys , il offrit à Heloïfle le Paraclet, où
elle fe retira en effet en i lap , fuivicde huit ou dix Religieufes
d'Argenteiiil. Abaillard vint fur les lieux pour les recevoir, ôc
les mettre en pofTefTion des biens qu'il leur donnoit. Telle fut
l'origine de l'Abbaye du Paraclet à qui l'on donna dans la fuite
de grands biens. Le confentement de l'Evêque de Troyes inter-
vint, ôc il y eut des Bulles de confirmation de la part du Pape-
repalle en France
Sensenii4o S occupa a compoler divers ouvrages. 11 etoit
Tom. ïo avant Tan 1 4-0 , puifqull fut prefent au Concile qui fe tint à Sens
, 1
Concil. pcig.
]ç deux de Juin de cette année. Quelque tems auparavant,
Guillaume , Abbé de faint Thierri , avoir remarqué plufieurs
erreurs dans un de fes Livres.; dont les unes regardoient la fainte
Trinité ; les autres , le libre arbitre , le péché originel , le Sacre-
ment de l'Autel, & divers articles de la Foi, U en donna avis à
faint Bernard , qui avertit Abaillard avec tant de douceur ,
qu'il promit de le corriger. Mais fçachant que l'on devoit tenir
.dans peu un Concile à Sens, il fe plaignit à l'Archevêque des
invectives de faint Bernard contre fes Livres , demanda qu'ils &
fuflent tous les deux appelles au Concile. L'Abbé de Clairvaux
produifit le Livre de la rhéologie d'Abaillard , & les propofitions
gu'il en avoit extraites. Abaillard ne voulant point les défavouer,
ôc ne pouvant les jullifier , fut condamné. Mais il appella de la
Sentence , au Pape Innocent II. {a) qui confirma ce qui avoit
été jugé par le Concile de Sens. Abaillard étrangement furpris
•qu'on l'eût condamné à Rome fans avoir été entendu , ne laifla
pas de fe défifler de fon appel ( 6 ). Il quitta aulTi le deflein d'aller
à Rome &
fur les offres de l'Abbé de Cluni , il çonfentit à pafTer
;
'*
tn édifia la Communauté par fcs exemples & par fes difcours. Il
y
'
'•
écrivit fon apologie , où il défavoue tout ce qu'il peut y avoir de
mauvais dans fes écrits ôc une confellion de foi fur tous les
;
;irticles que l'on avoit condamnés dans fes ouvrages. Quant aux
î'Eglife , foit par fes leçons publiques , foit par fes écrits. Il ne
didimule ni fes fautes ni celles d'Keloifie ; mais il n'oublie pas
aufTi de faire remarquer qu'ils les ont l'un ôc l'autre effacées par
une fcvere pénitence que fi elle parut plus tardive dans
;
Bretagne , lortqu'un de fes amis lui écrivit pour chercher auprès EpUl. t , pas:.
eàr.Pans
de lui quelque confolation dans divers accidens fâcheux , dont ' >
Tome XXI h X
1(2 PIERRE ABÂILLARD,ABBÉ;
qu'il avoit fait profelTion de laReglc de S. Benoît en l'Abbaye de
S. Denys. Elle fe plaignit à lui même d'un Ci long filence, qu'il &
refufat à fon époufe les confolations qu'il accordoit à un ami. He-
loïflene luidiffimule pas qu'elle ne s'étoit faite Religieufe que
pour lui plaire. Mais penfant depuis plus chrétiennement ^ elle lui
témoigne qu'il devroit du moins ne lui pas refufer des Lettres
pour la porter à Dieu ôc à la pratique des règles de fon état ou ;
Epijl. j, étoit , qu elle pouvoir par fa vertu ôc fes talens , faire pour elle-
même ôc pour fes Soeurs tout ce qui étoit nécefTaire dans la
conduite de la vie. Mais , ajouta-t-il , fi vous croyez avoir befoin
de mes inftrudions, ducs-moi fur quelle matière vous voulez
que je vous parle, je tacherai de vous dire ce que le Seigneur
>l>c
fait voir par divers exemples , combien celles des Vierges font
puiffantes auprès de Jefus-Chrid ; & celles des femmes pour leurs
époux. Il y avoit déjà quelques années que la Communauté
du Paraclet faifoit pour Abaillard à la fin de chaque Heure
Canoniale , une prière à Dieu tirée entièrement des Pfeaumes.
Il lui en envoyé une autre pour être récitée auffi à la fin de chaqup
Heure, afin qu'il fut délivré des dangers évidens où il étoit tous
les jours, de perdre la vie. Incertain du moment ni du lieu de
fa mort , il prie HeloïfTe de faire enlever fon corps ^ &
de le
faire porter dans le Cimetière du Paraclet , afin que les Sœurs
ayant toujours devant les yeux fon tombeau , offrifient leurs
prières pour le repos de fon ame.
XIX. Au lieu des confolations qu'Heloïfle attendoit d'A- Lettre d'H»-
A^^'^*
baillard, elle fut accablée de douleur par la nouvelle du danger |°^'^^- "
d'unc mort prochaine. Elle s'explique là-defTus d'une manière EpilL ^.
très-touchante ôc ne ménageant plus les termes , elle s'en prend
;
Lettre toutes fes foibleflcs ; mais c'étoit à fon mari qu'elle les loiffe.
découvroit , âc elle ne le faifoit que pour s'humilier du peu i^i'i'î. î-
larii^*
'^'
^^^^ î ^^ ^"'- ^^^ peines particulières , ni fur leurs infortunes com-
rpijl. 6. munes mais portant fes vues à quelque cliofe de plus utile
;
X ii]
t66 PIERRE ABAILLARD ABBEî ,
Officieres fubalternes
t
,
in
la Portière ,
i
la
/-> ii
Celleriere ,
i
la
-n i
Robbiere
i
double , l'un de filles , l'autre d'hommes , mais dans des enceintes |^p°"e 'lu M -
féparées pour ne pas contrevenir à la défenfe du feptiéme Concile naiiere.
tervale entre ces deux Ollices, les Sœurs prendront leur iomniciL
Les lectures fe feront dans le Cloître. A l'ilfue de Frimes on ira
au Chapitre lire le Martyrologe ; après quoi celle qui préfidc
fera
, ,
l'AbbelTe lavera les pieds & les mains des Sœurs , alïiftée de
celles qui auront fervi à la cuifine durantcette femaine.
Etude Je XXXIII. Le dernier article de la Règle eft conçu en ces
l'Ecruure termes puifque vous vous privez volontiers de toutes les vaines
:
^'"^'
converfations qui ne font que delTccher le cœur , vous «m-
ployerez ce tems à Ictude de l'Ecriture, furtout celles à qui
Dieu a donné plus de talent , plus d'ouverture d'efprit, plus de
grâce pour s'énoncer , afin qu'elles s'mftruifent à fond de ce qui
regarde la pieté ôc la vie fpirituellc.
StatafsattTÎ- XXXIV. Ce fent là les articles principaux de la Règle
bues à He- drelTce par Abaillard , félon les manufcrits de Nantes ôc de faint
•
Vidor. Mais celui du Paraclet en contient quelques autres qu'on
croit être d'Hcloiffe. Il en fera parlé dans la fuite.
Autres Let- XXXV. Viennent enfuite plufieurs Lettres tant d'Abail-
trcs d'Abaii-
j^j-^j perfonnes de fa connoiffance. La première eâ
q^jç d'autres
^'
,17.
'
une Lettre de confolation de la part de Foulques , Prieur de
Deuil, fur l'infulte que Fulbert , oncle d'Heloïffe , avoit iàice
£.,in j^ à Abaillard. Il lui confcille de quitter le dellein qu'il avoit
d'aller à Rome, pour fe plaindre de ce Chanoine. Abaillard
étant un jour avec quelques Moines de faint Denys , ils tom-
bèrent fur un paiïagc du vénérable Bcde , qui dit que f«int ,
notre pain fuperfubjîanûel , & non pas , notre pain quotidien. Il fit
là-deOus des remontrances à HeloïfTe , difant que c'étoit une
nouveauté dangereufe. Elle prouva par le texte grec ôc
hébraïque de faint Matthieu , qu'il falloit dire Notre pain,
:
le jullificr des reproches qu'on lui faifoit fur fa foi. jMais fon
écrit n'eft qu'un tilfu d'injures contre faint Bernard ôc les Evéques
du Concile de Sens , qui avoient condamné Abaillard. Guil-
laume II. Evcque de Nîmes , ritlà-delTus une réprimendefévere
à Berenger. Il reconnut û\ faute, écrivit à cet Evêque pour lui ^pi'i- »7 G*
'^*
en demander pardon; reconnut la fainteté de la vie Ue faint
Bernard , la pureté de fa do£trine , ôc témoigna qu'il ne vouloir
plus prendre la défenfe des articles objectés à Abaillard , parce
qu'encore qu'ils pulTent être pris en un bon fens , ils fonnoient
mal ; qu'il auroit même fupprimé l'apologie qu'il en avoit faite,
s'il n'y en eût eu un grand nombre d'exemplaires répandus par
tous les nôtres, p". Abaillard confefie encore , que ceux qui ont
attaché Jefus-Chrift à la Croix , fe font rendu coupables d'un
grand péché. 10^. Que la perfedion de la charité , qui n'exclut
point une crainte chafte , telle que les Anges ôc les Bienheureux
l'ont dans le Ciel , a été en l'ame de Jefus-Chrift. 1 1*. Que la
puiifance des clefs fe trouve dans tous les Evèqucs , que TEglifc
reconncît pour tels, i 2**. Que tous ceux qui font égaux en amour
de Dieu Ôc du prochain , le font en perfection ôc en mérite.
I j°. Qu'il n'y a aucune différence entre les trois Perfonnes
divines , quant à la plénitude du bien 6c la dignité de la gloire.
14''. Il protefte qu'il n'a jamais penlé ni dit que le dernier
avènement du Fils pouvoit être attribué au Père. 1 5;°. Qu'il
croit que l'ame de Jefus-Chrift eft réellement ôc fubftantielle-
mcnt defcendue aux Enfers. i6°. Il déclare encore qu'il n'a
jamais dit ni écrit , que l'nttion , la volonté , la cupidité , le plaifir ,
ne font pas des péchés , ôc que nous ne devons pas fouhaitec
l'extinction de cette cupidité. 7*. Après avoir défavoué le Livre
1
des Sentences que l'on faifoit pafler fous fon nom , quoiqu'il
ne fiit pas de lui , il prie les Fidclcs de ne pas noircir fon inno-
.ccnce, en lui imputant des erreurs qu'il n'enfeignoit pas ôcde ;
fur fa dotlrine. Il leur envoya à cet effet une profeU'ion de Foi, Epiji. 17»
oppofée à toutes les erreurs qu'on lui imputoit. On jugera de ^'^^" 5°^*
1 FS- 13?»
^'6 PIERRE ABAILLARD ABBÉ; ,
Epijl.il- Pierre au Pape Innocent II. Abaillard étant mort quelque tems
après j Pierre écrivit cette f?.cheufe nouvelle à Heloïffe , mais en
lui donnant des motifs de confolation par le récit de la manière
édifiante qu'il avoit menée à Cluni jufquau dernier foupir. Il
joignit à cette Lettre l'épitaphe d'Abaiilard. Il en a été parié plus
haut. I'«Jous n'avons pas la réponfe d'Keloïfie à cette Lettre. Mais
HeloïnTe ,
qu en auroit l'occafion , il travailleroic
auiïitôt qu'il
à procurer à Aflrolabe une Prébende dans un Chapitre de
Nobles. L'abfolution étoit conçue en ces termes Moi Pierre , :
flantiel.
ET HELOISSE, ABBESSE DU PARACLET. 177
fi:anticl au lieu de quotidien
, comme lifoit faint Luc. Il
,
dans la ledure de fes écrits philol'ophiques , comme dans les logie ^ Lg.
compofés fur les Belles-Lettres, les engagea à
traités qu'il avoit ptj.
'
qu'il croit ncceflaires au falut , comprenant lEfperance dans la ^^^^^j^^
Foi , ccmnie lefpece dans fon genre. 11 définit la Fci , la croyance
des cbofes qu'en ne voit pas,c'eft-à-dire, qui ne lont pas à la
portée des fens corporels. La Foi regarde le bien & le mal , le
préfent & le futur. L Elperance au contraire n'a pour objet que
les biens futurs, on la définit l'attente de quelque bien. 'Et la
Charité , un amour honnête dirigé à la fin que l'on fe doit pro-
pofer ; en quoi elle eft oppofée à la cupidité , qui eft un amour
honteux 6c desl^onnête. Quant au Sacrement, Abaillard le définit
un figne vifible de la grâce invifible de Dieu: Ainfi, lorfque
l'homme eft baptifé , l'ablution extérieure que nous voyons eft le
figne de l'ablution intérieure de l'ame. Ces principes pofés, il
vient à l'objet de la Foi , qui eft un Dieu en trois perionnes Il :
Fils , lui a attiré de grands reproches , comme s'il eût nié que le
Pa^. lûSj, Saint-Efprit fut de la fubftance du Père ôc du
Fils. Il dit en effet
i- iqS6. que le Fils, parce qu'il eft engendré , eft de la fubftance même
du Père , étant la Sageffe même ; mais que fi l'on veut parler
proprement ôc avec précifion , on ne doit pas dire que le Saint-
Efprit eft de la fubftance du Père , quoiqu'il lui foit confubftan-
tiel , parce qu'il ne procède pas de lui par la voye de généra-
tion , comme le Fils, mais par voye d'amour. Quoique cette
,
Tout-puifiant , non qu'il puifle tout faire , mais parce qu'il peut
faire tout ce qu'il veut , ôc il eft néceilaire qu'il veuille ce qui eft
convenable ; d'oij il fuit , que ce qu'il ne fait pas , n'eft pas conve-
nable. Abaiilard avoue que cette opinion lui eft particulière. Par, ms.
Saint Bernard s'éleva contre ces propohtions , ôc Abaiilard en
rétratta la doctrine dans fon apologie , où il déclare (a), qu'il
croit que Dieu ne peut faire que ce qu'il lui convient de faire ;
mais qu'il peut faire beaucoup de chofes qu'il ne fera jamais. II
traite après cela de Timménfité de Dieu , de fa fageCe , de fa
bonté , de fa fcience ôc de fa préfcience des chofes futures. Sur p j
pag. 1131, cette forte de liberté ne convient pas à Dieu, mais à ceux-Ik
feulement qui peuvent changer de volonté prendre un parti
, ôc
contraire. Ce qu'il dit fur l'Incarnation du Verbe, efl: entièrement
conforme à la foi Catholique. Ce troifiéme Livre eil imparfait.
Profe d'A- L V I. Il a été remarqué en parlant du Prologue d Abaillard
'^'^'
^iixT^
fur fon recueil de Sermons , qu'il en avoitfait un autre d'Hymnes
ôc de Séquences , ou de Profes pour les Oiîiccs divins. On a
dans le Bréviaire ( a) du Paraclet plufieurs de fes Hymnes ; mais
nous ne connoiiîons de lui d'autre Profe que celle qui cft im^-
primée à la fin de fes (Euvres , ôc qui eft en l'honneur de la Sainte
Vierge. L'Editeur l'a tirée de VElucïdatorïum de Jofle Clithou,ÔC
juge par la facilité, 1 élégance ôc la grâce de cette Profe, qu'elle
peut être d'Abailiard.
Théologie L 1 1. Il compofa plufieurs autres ouvrages qui n'ont vu le
V
^m% a«i?c- J^u"^ ^"^ depuis quelques années. Le plus confidérable eft celui
dq:. Manenn. qu'il a intitulé , Théologie chrétienne , divifé en cinq Livres,
fag. 114-8. Dom Martenne ôc Dom Durand qui l'ont inféré dans le cin-
quième tome de leurs Anecdotes , fur un manufcrit de
l'Abbaye de Marmoutier , ne doutent pas que ce ne foit
le même qu'Abaillard fut obligé d'apporter au Concile deSoif-
fons en 1 120 , ôc de jetter au feu de fa propre main ou l'un des :
raifon , &
font encore méritée en quelque forte par la fobriété ,
& que faint Hilaire s'étoit fervi des Verfions ôc des Homélies
^'Origene. Saint Jérôme fçavoit , dit Abaillard , que l'on trouve
quelquefois des grains de bled dans les pailles, ôc des perles fur
les fumiers , plus précieufes que fur les couronnes des Rois. Il Pa^. nojj
'-°'*'
avance même, mais fans l'alTurer pofitivement, que tous les
Philofophes ont eu le don de la foi , ôc que les myfteres de la
Trinité ôc de l'Incarnation ont été révélés à quelques-uns d'en-
tr'eux d'où il conclut, que rien ne nous oblige à defefperer du
:
Père n'eft pas autre chofe que le Fils 6c le Saint Efprit, c'eft-à-
dire , autre en nature , parce que chacune ( a ) des trois Perfonnes
efl; abfolument la même fubllance divine , quoique chacune per-
7-
une même chofe ; il répond aux difllcultés que l'on formoit contre
la génération du "Verbe. C'efl: dans ce Livre qu'il répète ce qu'il
Ce Livre contient, ainfi qu'on l'a déjà remarqué , à peu près les
mômes chofesque l'Introdudion à la Théologie. Il enfeigne que
& donner le nom à tous les animaux. Sur les volatiles, il dit,
-qu'étan: créés des eaux, comme les poiffons, ils font moins nour-
•riffans que la chair des animaux à quatre pieds ; que c'eft pour cela P-^g. ij88,
Pe?. part i, Dom Bernard Pez l'a fait pafler dans le troifiéme tome de fes
jmg.6i6. Anecdotes; il porte aufli ce titre ComioiffeT^-vous vous-même ;
:
A^a iij;
,po PIERRE ABAILLAPvD , ABBE';
quelque différence de ftyle , qui en effet n'eft pas fi e'iegant dans
ces Statuts, que dans les lettres de cette Abbeffe. Mais quel
Légillateur s'eft avifé de chercher l'éiegance dans des règles de
vie , qui doivent être à la portce des moins intelligens ? La tradi-
tion du Paraclct cft que ces Statuts font d'Hcloïffe, ôc ils portent
fon nom dans un manufcritduParaclet, où ils font joints à fes
lettres & à celles d'Abaillard.
'
€e qirel'e LX V 1 1 1. Lhabit des Religieufes doit être fimple & grof-
contient àe
^ de laine , leur linge , les peaux d'agneaux
j^^^g robes feront
remarquable. ^ , ,
r t
i -t'
VAL
prix; elles coucheront fur une paillaffe, ayant un oreiller de
plumes ôc des draps ; elles mangeront du pain de bled , s'il s'en
trouve dans la Maifon, finon elles fe ferviront d'autres grains.
Les racines j les légumes , &
les herbes du jardin de la Maifoa
-n'eft qu'il fût néceffaire d'en envoyer quelqu'une dans les fermes;
des endroits dans les lettres où elle s'eft furpaflee. Les penfées en
font fines ôc délicates , les idées nobles, la latinité pure, le tour
naturel. Il y a moins de feu ôc moins de légèreté dans le flyle
des lettres d'AbaiHard , mais elles font écrites folidementôc avec
élégance, remplies, comme tous fes autres ouvrages, d'érudi-
tion fac ré e &
prophane. Un Anonyme Florentin, prefque con-
temporain d'AbaiHard (6 ) , écrivit en France pour avoir le recueil
de fes lettres , difant , qu il n'en avoit jamais lu de plus agréables.
Ses autres écrits n'ont pas eu un fort fi heureux. Plus Philo-
fophe que Théologien , il voulut, darïs les premières années qu il
fe montra au Public , enfeigner des matières qu'il n'avoir pas
approfondies, ôc pénétrer par les lumières de la raifon , dans des
myfteres au-deffus du raifonnement humain. De- là les reproches
d'Abaillard &
d HeloilTe , & celui de la vie Monatlique attaqué
dans cette tradutlion en donna une nouvelle à Paris en 1725 ,
,
CHAPITRE XL
Gilbert de la Porrée, Evêque de Poitiers;
Abandus i Francon Abbé d'Affîighen. f
faint Paul un fur le Traité delà irinité par Bocce, & un furie
,
tablement baptifés.
,
vv^T •A^""' reflante. Dom Lued'A-cheri l'a publiée dansfes(a) Notes fur
Guibert deJNogeiit ; iJom Martenne ( ; , dans le premier tome t?
( a ) Credo itaque quod pnnem quem Quivis facilL- vident alLedinem feu rotim-
acccpit benedicendo, Corpus fuum tecit.
, ditatem ab ipfo Corjiore quod albu n vel
Ideoque Corpus fuum fregit , & de eodem rotundum eu fepardri non pofll^. Ibhl. pag.
Corpore liio jam beneditho & fraâo , DiC-
H- _
cipuljs dixit : Hoc Corpus nicura.
cil (i)
^
Llabillon analec. fcl. pag. jî^ jj.
Abi/id. in. Anïi:âiis MuHUonii , pug. ji.
Bb iij
. ,
hiiot.Pat.pag.
»?î' vous le conduirez jufqu'au dernier jour auquel le Fils de Dieu
viendra dire à fes Elus Venez les Bénits de mon Père , recevez
:
pa^. 3*7.
'
Clérical. Lantbertpenfoit le contraire, ôc s'appuyoit fur ce que
la bénéditlion folemnelle de l'habit Monaflique ne au fàifoit rien
falut, ôc fur divers exemples, entr'autres, du Solitaire Abraham ,
qui prit un habit de Soldat pour aller retirer fa nièce du défordre
où elle vivoit. Francon répond qu'on ne peut fans impiété,
regarder comme inutile , la confécration des habits, des orne-
mens , des vafes deftinés au faint Miniflere , telle qu'elle fe fait
Marie.
XVIL Vers l'an 1140 Achard Moine de Clairvaux , en , AcharJuj,
dirigeoit les Novices, fous les ordres de faint Bernard. Il écrivit Mojne de
la vie de faint Gotcelin , Hermite, imprimée à Douai en 1626 "^Ucrherz
in- 12 , par les foins d'Arnold Raifius. On a de lui de courts lib. i, d; mi-
Sermons à fes Novices , mais qu'on n'a pas encore mis au jour. '"'"'"••
"?• ^ *
11 cft parlé d'Achard dans le premier Livre des miracles des Ber'narh,pag'.
Moines de Cîteaux par Herbert. 1140, edh, ,
X V 1 1 1. 11 faut ajouter à ce qu'on a dit du Moine Alulfe , que Abife AJal- '
( « ) Apuà^Mil'illonium in Analeilis,
«00
ou Prologue (a)
HUGUES;
dans le premier tome des Anecdotes de
, Ce lit
CHAPITRE XII.
Hugues , Chanoine Régulier de Saint Viâior.
(«) Mantn. tom. i, ancalot. pag. 84, 1 Iprenfî tcnitorio orri;s , à pucro exiilnvit.
(è) Edic. Hdii'.jf.ii. an. ifiSS. I Ft lixc & plura alit lui ingenii luonu-
(c) Atino ;ib liK-.irna'iciiir Domini I mi'm?i.rc\\i\u\t. A}!Uif D^lcJnUon.in ande&'u,
s I Ml j ol^iit Dùniiiuis Hu:;o Canonicus 1 tcin.i , pa/. i6j , &" edit. fol. yag. tjv
o.Viftoris, III. iJus Fcbr-jarii. Qui ex |
Vid: NhbUlon. lih.Tj, ann<il.n\m. 141.
huiius f
CHANOINE ÏIEGULTER DE S. VICTOR. 20 i
liuflus, Gobelin Perfona , Tritheme, 6c autres, qui n'ont dcrit
que dans le quinzième (iécle.
IL D'un goiit décidé pour l'étude , Hugues ne négligea Ses ctudeï<
& après fes épreuves il prononça fes vœux entre les mains de ^e-g"e.
Gilduin. C'ctoit en 1 1 1 , la dix-huitiéme année de fon âge;
j'
TonieX^lL Ce
,
202 H IT G U E S,
qu'il avoit déjà reçu deux jours auparavant. Hugues d'un aîr 6c
d'un ton qui inarquoit fa furprife &
une efpece- d'indignation :
Bon Dieu , lui dit-il j vous me demandez fi je veux recevoir mon
Dieu Allez vite à lEglife (a),
! &
apportez-moi le facrc Corps
de mon Seigneur. Osbert y courut auilitôt , l'apporta, Ôc tenant
entre fes mains ce Pain de vie , il dit à Hugues voici celui que :
(n) Ciirre rit» in Ecclelîam & affer I lens utrarqiie manus funs r.J fanda ill;
cito Corpus Domini mti. Quod
cura adorOj inquit, coram omBilms nobis, Do-
prout juflerat fi-ciiTem: Vciii ;in(c Icâuni niinum mcum "caccipio ut lalutem meani
ejus , Si. tcnens p;iiien» (anflum vice &c. Ojl?r!us tpij}. ad Joan. lom, 1 , Oj",-
ïternif manibus mcis: Adora, inquio, Hugcn. in vita ejus,
Evangiles. On verra dans la fuite qu'elles font de l'Auteur des j_^ nouv"a\i
vingt-quatre Livres d'Extraits, ôc que cet Ecrivain étoit pofte- Tcnameut,
"''*
rieur de plufieurs années à Hugues ; que ces allégories faifoient ^'^^'
la féconde &
troifiéme parties de ces Extraits ; ôc que la pre-
mière qui eft imprimée dans le fécond tome a un objet tout
différent , ne traitant que des Arts ôc de l'Hiftoire. Ce qui fuit
tant fur l'Evangile de faint Jean , que fur les Epîtres de f?.int
Paul , n'eft pas non plus de Hugues de faint Vi£lor ce n'c^t ni :
les tentations de ceux qui vivent dans les Monafteres , & les
avantages de Religion. Hugues dit dans le fécond , où il traite
la
(a) MSaUlon. iih.y$i , Ann,-.I, num, ^7 , l (c) Tritkem. de Saipt. Ecdef. cap;'-
Si.ù'feq. 374.
( h) Ibid.
Cc ii]
^og HUGUES,
dans îe fécond Livre avoit été approuvé de tous , excepté de
quelques Frères Laïcs ou Convers, qui ne fupportoient le joug
qu'en murmurant, quoiqu'ils fuffent plus à Taife dans le Mo»
naflere qu'ils n'étoicnt dans le monde. Le quatrième Livre a
pour objet le cloître qui n'eft pas fait de la main des hommes ,
c'eft-à-dire , le Ciel. Hugues y explique ce que c'eft que la
Jéiufaleni terreftre ôc la Jérufalem célefle ; les chemins qui y
conduifent ; la beauté de cette demeure ; la félicité de fes Habi-
tans les mouvemens qu'on doit fe donner pour être du nombre.
;
tures qui fervent comme d'un miroir, où elle peut voir quels
ornemens lui conviennent ; enlin les moyens d'elTacer les fautes
eommifes depuis le Baptême. Ce foiiloque Hnit par une con-
felBon où l'homme ôc lame fe répandent en fentimens de-
reconnoilTance, d'amour envers Dieu, ôc de regrets de leurs
péchés pafTés.
XX. L'éloge de la charité ôc la manière de prier portent le L',îiope de
nom de Hugues de faint Vidor, tant dans les manufcrits que '^ charité ,
dans les imprimés, ôc dans 1 ritheme(c ). Hugues compofa le P'S-.'^^i- La
premier pour le renouveller dans le louvenir d un de les amis prier, pag.-
nommé Pierre , ôc ranimer fon amitié envers lui. Il fait voir ^>''*
que c'eft la charité qui a fait d'Abel un Martyr engagé Abraham ;
(a) Mabiilon. uhi fu-ra. I (c) Montfaucon , Bih.ict. mjf. tcm, i,, .
, il
par lui-même. Nous pouvons donc ians les lui expofer toujours ,
mêler dans nos prières des pfeaunies , qui n'y ayent point d'autre
rapport, que de nous faire fouvenir de nos miferes, en louant
la bonté de Dieu , & fes mifericordes. En nous fouvenant de nos
•miferes , nous en devenons plus humbles en nous rappellant fcs ;
^'^Livrcs des XXIL Les deux Livres des Noccs chamelles 6c fpirituelles ,
Nucas&deia dont il haut , paroiflent être de Hugues Foliet.
a été parlé plus
"^ •' Tritheme n'en dit rien dans le catalogue des écrits de Hugues de
7."
de 6
ôcifij." faint Viecor. il y fait mention de l'ouvrage, qui a pour titre:
de la vanité du fiécle; mais il paroît n'en avoir connu que le
premier Livre , dont il rapporte 1-e commencement. Il y en a
quatre Livres dans les imprimés, qui font en forme de Dialogue.
Quelques-uns les donnent encore à Hugues Folict. Je doute
qu'ayant prefque toujours vécu dans la retraite , il ait allez connu
le monde pour en faire la peinture , telle qu'on la trouve dans ces
Livres.
Livres de la XXIII. Hugues enfeigne dans fon Opufcule de la manière
'"•'''^'V"" ? à s'inftruire dans les divines Ecritures de ce que
de méditer ,
^ l'on
& de l'Arche ^ ' , , . v . .
, . .
1.84 &i86. cœur , leur origine, leur but; enfuitc à régler tellement fcs
mœurs que le prochain
,
en foit échfié ,6c que la confcience n'aie
jrien Apres avoir donné ojne defcription myflique
à reprocher.
Peg. 15c. ,<le l'Arche de Nop , il en donne une morale en quatre Livres,
Tome XXII. Dd
2Cio HUGUES,
divers fujets , dont on va parler. La troifiéme partie qui n'eft
que de quatre Livres , comprend resplication des quatre Evan-
giles , qui fe trouve à la fuite des allégories de l'ancien Teflament
imprimées dans le premier tome.
Livres des XXV. Parmi les manufcrits d'Alexandre Petaw , qui font à
, il y en a un fous le nom de Hugues de faine
trois Colon.- prefent an Vatican
jiidafcaliques
, leûure , il remarque qu'il y a trois chofcs dans la lecture 1°. De :
pag. I.
f(çavoir ce qu'on doit lire. 2". En quel ordre on doit lire.
5°. Comment on doit lire. Les préceptes qu'il donne fur ces trois
articles, regardent également la letture des Livres qui concer-
volonté; Hugues après avoir rapporté les difficultés qu'ils for- |^eDieu°^""r
moient là-dcifus, décide en difant , que comme la puiffance J5.
de Dieu n'eft point reflrainte en ce qu'il ne fait rien fans fa
volonté de même fa volonté n'eft point relTcrrée , pour ne pas
:
-
(a) P3^. i;^. I
(c) P^^- »Si.
( fc) Ex tau. i6, lib. 7. 1
Ddij
Des quatre
212
XXIX. Il
HUGUES,
étoit encore queftion du nombre des volontés
Jefus'-Chrift"
^^^ Jefus-Chrift. Hugues établit d'abord le dogme des deux
pag. 5é. volontés , l'une divine , l'autre humaine; parce que Jefus-Chrifl:
eft Dieu & homme tout enfemble. Puis il divife la volonté
l'union du corps & de l'efprit ôc l'autre , de l'unité du Verbe de jl" «^OT* & <^e
;
*
Dieu font tirés du premier Livre des mélanges , dont il fera luiiiié du'
,
'
cft qu'un office ôc non pas le lien ; enforte que fans lui , le mariage Pag. 8j.
peut fubfifter. L'Adverfaire obje£loit ces paroles d'Adam , en
voyarnt la femme que Dieu lui avoit donnée pour aide: Cejî-lû
Vos de mes os , G* la chair de ma chair : cefl pourquoi Vhomme Genef. 1, sj,
quittera fon père G* fa mère , *> s'' attachera à fa femjiie , &• ils
feront deux en une chair ^ ^uÇc\uQ[[es il joignoit celles que Dieu
prononça en bénillant le premier homme ôc la première femnoe
qu'il venoit d'unir: CroijJqG' multipliei-vous. Ce qui prou voie,
Dd iij
y ,
214 HUGUES,
première ôc principale caule du mariage efl k
difoit-il, que la
propagation. Hugues repond que ces paroles j il s'attachera à fa
j'e.nim , doivent s'entendre de l'affection du cœur, &
du lien de
l'amitié qui unit le mari &
la femme, en quoi conflue le pade
matrimonial; &
que les fuivantes -.ils feront deux m
une chair.
défignent le mariage , qui a pour but la propagation ; mais
qu elles n'en conftituent pas l'eîfencc. Il ajoute , que depuis
même que Jefus-Chrift a élevé le mariage à la dignité de Sacre-
ment, la vertu du Sacrement conjugal neft pas dans la chair.,
mais dans l'efprit 6c le cœur des Conjoints.
p gjf^jjj. XXXIII. fa première propo-
Hugues trouve la preuve de
fition dans la réponfe de Vierge à l'Ange Comment cela
la fainte :
llid- îî- vertu du Très Haut vous couvrira de fon ombre. Le Saint-Efprit
forma en elle 6c de fa chair , la chair de Jefus Chrift. La vérité
de la troifiéme propofition fuit de la féconde. Si Marie a con^^u
du Saint-Efprit, elle a dii enfanter fans douleur; parce que les
douleurs de lenfantement dans les femmes , font la fuite du
péché.
Pag. sr. XXXIV. Les réponfes de Hugues de faint Vider n'ayant
pas eu tout l'effet qu'il en atten doit , il fit une nouvelle reiitative
pour mettre (in aux difcours indécens des ennemis de l'intégrité
de la f\inte Vierge. C'eft la matière du quatrième chapitre de fa
Lettre, &
de fa quatrième propofition comprife dans la pre-
.
'^^
1« Livre intitulé Miroir des myfteres de l'Eglife , dont le Pro-
:
re^lifr
logue feul fait voir qu'il eft d'un Ecrivain plus accoutumé à
de logique ou féculieres , que de théologie;
traiter les matières
ce qui ne fe peut dire de Hugues. D'ailleurs le ftile en eft bas ,
barbare Ôc négligé ; il y a des puérilités dans fes explications
Kiyftiques fes applications de l'Ecriture ne font pas heureufcs ;
;
&
ce qui fait voir qu'il n'étoit ni Chanoine Régulier, ni Béné-
didin, c'eft qu'en parlant de l'heure de Prime, il dit: à cette
heure nous chantons chaque jour cinq pfeaumes, aufquels nous
joignons l'e.xpofition de la Foi Catholique , c'efl-à-dire , le
fymbole Quicumqm; ce qui ne fe fait dans ces deux Ordres que
le Dimanche l'heure de Prime aux autres jours de la femaine ,
;
voque d'Amiens.
Remarques XXXVIII. Le premier Livre de cet Auteur traite delà
furlcTraitéde Pédicace de l'Eglife, ôc des cérémonies ufitées dans cette con-
\n\\\T tom!^i,
ftcration, dont il donne une explication allégorique morale. &
Oj>. Hugon. \\ traite auffi des Sacremens. On faifoit encore alors le fcrutiii
à- S. l lâior.
jg ceux qu'on deftinoit au Baptême à la Fête de Pâques , c'eft-
P<ig' 357.
à-dire qu'on les inftruifoit de la foi qu'ils dévoient profeffer. Cela
(a) Mdillon. in Prœfac. ad tom. 3 , Aôbr. Oràin. S. Bencdiéli. pajy. 35, edit.
Venuœ.
fe
,,
,
2i8 H U G U E S,
le célibat ; répond , que cela ne leur efl; arrivé qu'après
à quoi il
Dans le trente-
fuivant la variété des tems 6c des circonftances.
deuxième chapitre du fécond Livre , il marque en termes fort
clairs , le changement du pain ôc du vin au Corps ôc au Sang
de Jefus-Chrift par la vertu des paroles facramentelles , ou de la
vertu divine , qui opère le changement dans le moment que le
Lih. 1. Prêtre prononce les paroles. 11 met le commencement du
^'^P- 3*- Carême au mercredi de la Quinquagcfime ôc dit que dès ce jour ,
Canon At la X
L II. Le petit Livre intitulé , de la Cène myfliquc , ou des
Ccne myfii- fepj ordres de la Melfe , a été imprimé à Rome en jp dans le i i
?c!*t o.îrés
R^cucil des Autcurs Hturgiques , ôc dans le di'xiéme tome de la
e'e
l:iMe!re,p3„. Biblioteque dcs Peresà Paris. C'efl une explication des fignes de
^^^'
Croix ôc des prières du Canon de laMeile. L'Auteur , que les ma-
nufcrits d'Angleterre prouvent êtrejean deCornuuaille, yrecoa-
noît clairement en deux ou trois endro.cs [a) le changement réel
( a ) Cap. 1,4,5,
CHANOINE REGULIER DE S. VICTOR. 21$
du pain ôc du vin au Corps ôc au Sang de Jefus-Chriil. Jean de
Cornouaille écrivoit vers l'an 170. Il eft aulîi Auteur de l'apo-
i
aîo HUGUES;
même qui félon la divinité eft inctéé , a été créé 6c fait fcloo
l'humanité. prouve toutes ces propofitions par l'autorité de
Il
l'Ecriture ôc des Pères , 6c répond a toutes les difficultés en
diftinguant en Jefus-Chrift les deux natures unies en une per-
fonne. Il ne diffimule pas que Gilbert de la Porrée ôc Pierre
Abaillard nayent favorifé les femimens qu'il combat ; mais il
déclare avoir oui-dire de Pierre Lombard , en préfcnce de fes
Auditeurs , un peu avant qu'il fût Evêque de Paris , qu^ ce
qu'il avoit dit là-defTus , étoit moins fon opinion que celle de
fon Maître, c'eft- à-dire, de Pierre Abaillard. Dom Martenne
a donné place à ce Traité de Jean de Cornouaille dans le cin-
quième tome de fes anecdotes. Lelande ( a ) , Baloeus 6c Pitfeus
aittribuent à Jean des Commentaires fur l'Ecriture , des Lettres
fie quelques Opufcules , qui ne font point imprimés.
laLoi <;crite*'
relie Ôc la Loi écrite. Thritheme ôc Hean de Gand n'en dilent
SP h- •
^g,^ Lsland. caf. 1,00, Balaus Cent, ut , (, Pitfeits , pa£..x.}6.
CHANOINE REGULIER DE S. VICTOR, aa»
rien. Mais on trouve dans ce Dialogue pluficurs explications
fcmblables à celles que Hugues donne dans fes Notes fur la
Genefe, & dans le quatrième chapitre de l'onzième partie des
Sacremens , notamment fur la formation de la femme d'une
côte d'Adam. Je ne vois rien d'ailleurs dans cet écrit qui ne foit
digne de Hugues de faint Vidor.
XL VI. Le premier de fes Ouvrages dans le Catalogue de Somme
Sntfnce$,
Je«
Ec iij
Ail HUGUES,
de tonte éternité monde n'en efl pas pour cela
foit ea lui , le
éternel. Dans la Trinité eft le Père, le Fils,, & le Saint-Efprit.
?ag. joj». Le Père de lui-même, le Fils du Perefeul, ieSaint-Ei'prit du
eft
Par. 571. L. Hugues de faint Vidor met cette différence entre les Sacre-
mens de la L.oi de nature , ôc ceux des deux Loix écrites que ;
mis dans le tombeau félon fon corps qu'il eft defccndu aux ;
Ce que nous voyons (a), eft l'efpece du pain ôc du vin Ce que : Pa^. 633,
nous croyons être fous cette efpece , eft le vrai Corps de Jefus-
Chrift qui a été attaché à la Croix , Ôc fon vrai Sang. qui a coulé
de fon côté. Il ajoute Par les paroles de fantlification ( /> la vraie
:
)
(fl^ Qiiod videmus , fpecies eftpanis (il) Ptr TPrba fanâificationis vcra
& v:ni Quod
: autem fiib fpecie illa crcdi- panis & vcra vini fuLfiantia in> Vi-um
mus , verum Corpus Chrifti eft & veriis
: Corpus & Saiiguinem Chrifti cofivir.i'ur:
Sanguis Jclus Chrifti quod pcpeiiJit in vSoIa îpfcie p:.nit & vini ren aiieine Sib-
:
Cruce , & qui fluxit de laierc. Lu^c. lib. ftsntia in Se û.bflant;aiii (r-inleunte. Uii!*
x yde Saaui.i. f)ar:. 8 , luj,-, 7. cap, f.
,,
non impH- entr'autres une Chronique des Papes ôc des Empereurs. Alberic
mes, de Trois-Fontainesen parle dans la Tienne , fur l'an 1 jo , ôc dit 1
(«) Trithem. de Scripwr. Ecd. ap. j6j, &• Hcnric. Gandxv. ccL'p, ij &• 17.
CHAPITRE
.
yV, -j»M liy* 'Vlr. -^*r. '^ -jfc^ 'jfc, -JV. "ifc^ ^U . liy' . 'JV% .^ 'Mn. "Ur- -Jlr. '^C^ -JV- '»!>-. -41-. '^V,
CHAPITRE XIII.
Hu GUES 3iET ELLu S Chanoine i Régulier de Tout,
I. "VT E en cette Ville vers la fin de l'onzicme fiécle, d'une Hugues Mei
X
1 famille honnête ôc opulente,ilcutTiecelin pour Maître t'^l'us- S«
dans les Lettres humaines , & s'y rendit habile. Inflruit des '''"''"*
Tome XXI L Ff
S25 HUGUES METELLU S,
Hugues deux ( a Lettres à Simon , Abbé de faint Clément à
)
qui eft relatif eft propre à ces trois Perfonnes; engendrer eft;
propre au Père être engendré, propre au Fils procéder , propre
; ;
fait une peinture alTez vive des défordres qui regnoient alors dans
que dans fon Diocèfe , c'eft qu'on lui avoit donné pour Suftra-
gans de jeunes Prélats de qualité , qui au lieu de l'aider , le tra-
verfoient & le contrarioient que Ci ces Suft'ragans manquoient
;
il lui donne avis qu'il fe trouve dans fon Diocèfe des hommes
Ohferviir i" par l'iufcription même qu'on doit les diftinguer ; Gérard y efl
"^F' ^e^Ana- appel'^ Moine d'un efprit éprouvé, ôc on voit par le corps de
la Lettre qu'il faifoit fon étude de la Théologie, ôc fon occu-
'
leil'or.
( ,; ;
v eitu 11 oft qi:;a éventas rei c^r- t autfm Ecclefia in pridida tiiie Cor:>oriï
tifi-;'.t fi! m Ronian.ï tcc!efî.t locundain
[
Clirifti fuit & fideliter perAitit , Se p.fr
promiiliuii Dei nuniquam defecilTe , nec pncones fuos eam longi latcque diflènô»
aliiiiù hsrcû tcmeratam elle. Ro;nana I nat. Hi^o. epip. 16.
232 HUGUES ME TEL LUS;
eétoitfur la prédeftination ; il fuit dans fa folutionle fentiment de
faint Auguftin.
Epijl. i9. XV 1 1 L II y a deux fautes dans la Lettre de Hugues à
Foulques , l'une de dodrine, l'autre de fait la première , en ce :
Auguftin , &
foutenoit que ce Père avoir pris dans un fens
ligure les paroles de Jefus-Chrlft à fes Difciples, touchant l'obli-
gation de Hianger fon Corps ôc de boire {ou. Sang. Hugues
iVîctellus lui écrivit pour le détromper , ôc le mettre au tait du
vrai fentiment de faint Auguftin ; il dit que ce Père reconnoilToic
en efll't dans les paroles du Sauveur , un fens figuré , mais qui
fuppofoit la réalité; qu'il entendoit les paro'e? de Jefus-Chriftà
fes Apôtres, delà Communion fpirituelle de fon Corps de fon &
Sang , qui n'eft commune qu'aux bons, 6c non de la facramen-
telle , qui eft commune aux bons aux méchans ; &
que telle &
écoit la penfée du Sauveur , comme on le voit par le texte
Joxn. 6 , 5'4 ^ Evan?elique , car après avoir dit Si vous ne mcuige? la Chair du
:
( .i
) .[fuR\ l;i:vruinfm qvcm fudpn.:nt | faiiftificntum non Jam panem , feiî vinuiii
JuiLti pcr.tquct.us , poft modum biberimt Corpus Hu^. c: ijl. j.
Chrifti cfle .'
Judïi crukiufs. Auguflin , Strnon. 77, i (i' ) Verum eil iidem Pc tri de Corrorç
Cflu. 5 , psg'. 4») , i<^n'-. î , &S:rn. 81. j
& Sanguine Domini , ab eo dcrjv..tam,
(6) Nonne vides reliçioios vires & j
ulijue ad temporr' noftra pcr P.;cctfri,):'.f5
tnaçni nominis Dodorcs in hac fentrntia I Apollolicorum virorum manaire inu.iie-
ihre , i;i h-^c fde rerftnrp p.;neni al.iris l ratar.i. Ibid.
Tome XXIL Gg
,
236 HUGUES M E T E L L U S ,
fut que l'Ange avoir été créé de même , avec pouvoir de perfé-
verer dans foii état primitif ou d'en déchoir; & que l'homme
,
ayant été fait pour remplir la place des Anges apoflats , Dieu lui
alaiffé, comme à eux, la liberté de perféverer , ou de ne pas
perféverer dans l'état d innocence. Il s'explique dans cette
Lettre fur la différence de la crainte filiale , de la crainte &
Epjf. 44. fervile,fuivant les principes de faint Auguftin qu'il fuit ordi-
,
CHAPITRE XIV.
O RD E R 1 c Vital, Moine de Saiiit Evrout.
238 O R D E R I C V I T A L;
Citoyen de cette Ville; mais étant paffé en Angleterre avec
Roger de Montgomery,il s'établit dans un des Fauxbourgs de
Scrobefburi. Il eut trois enfans , dont Vital fut le premier.
L'année même de fa naiflance il reçut le Baptême la veille de
Pâques à Ettingesham dans l'Eglife de faint Catte , Confeffeur
& fut nommé Orderic,du nom du Prêtre qui le baptifa. Cefî
pourquoi il l'appelloit depuis fon Parein ( a ).
Ses études. II. A l'âge de cinq ans, Odeliri fon père le mit entre les
Il efl admis
n^^itis du Prêtre Siwade , pour apprendre les premiers élémens
dans le Ck -
a J-
'
T^
T 1 TI
des Lettres, c elt-a-dire, de la Langue Latme. 11 y apprit aulii
1 iT- • •
gé.
les Hymnes , les Pfeaumes , 6c les autres chofes néceflaires pour
remplir fes fondions dans le Clergé de la Bafilique des faints
Apôtres, oii on l'avoit admis. Cette Bafilique netoit dans fon
origine b ) qu'une Chapelle bâtie de bois dans un Fauxbourg de
(
'^^
fàcrcs
ordonner Diacre par Gillebert , Evoque de Lizieux ; il fervit dans
ce grade pendant quinze ans, au bout defquels il fut ordonné
Prêtre aux Quatrc-Tems de Décembre de l'an 1 107 , par Guil-
laume , Archevêque de Rouen , qui ordonna le même jour
deux cens quarante-quatre Diacres ôc cent-vingt Prêtres. Orderig
Evroul , &
les obfervances de fon état , ne lui permettoient point
des recherches fi étendues. Il fe borna donc à la Normandie , &
aux Provinces voillnes, pour les chofes qui fe palTerent de fon
tems: il divifa fonHiftoire en trois tomes , &. le tout en treize
Livres.
V I. Dans le un précis des principaux évene-
premier il fait Premier Li-
teur ; c'étoient les actes que nous avons fous le nom des Prêtres-
ia^. 470. il fçavoit fe faire aimer des bons , ôc craindre des méchans. Aifidu
à la prière, il aimoit auffi le travail des mains; il réufùflbit à
tranfcrire des Livres ; un art fi utile ne pouvoit erre trop mis
en pratique ,il l'enfeigna aux jeunes Religieux de fon \Ionallere>
oii l'on vit par ce moyen fe former une aombreuR' Bibliothèque.
Outre les Livres d'Églifc , les miffels , les ledionnaires , les
antiphonaaires , les graduels, il copia lui-même, ou fit copier
tous les Livres de l'Ecriture fàinte, les ouvrages de faint Gré-
goire^ de faint Jérôme^ de faint Auguftin, de faint Ambroife,
de faint liidore, d'Eufebe , d'Orofe , ôc de plufieurs autres
Docteurs de l'Eglife. Cet Abbé avoit coutume de dire à fes
Moines qu'il vouloit préferver des tentations du démon Priez, :
MOINE DE S. E V R O U L. 2^1
ëd'ifiantcque Guitmond , Moine de la Croix de faint Leufroi au
Diocèfe d'Evrcux , rit à ce Prince qui le preflbit d'accepter un
plus cher , femme , enfans , père ôc merc que les voleurs même
;
& les fcélérats confeflbient leurs péchés, efpérant les expier par la
guerre fainte.
Livre dixic- XV. La Ville de Jerufalem fut prife par les Croifés quel-
le, pdg.jei. ques jours avant la mort d'Urbain II. arrivée le vingt-neuvième
de Juillet 1099. L'Antipape Clément étoit mort quelque tems
auparavant. Henri IV. mourut le feptiéme d'Août 1106 aban-
donné de tous fes amis , & excommunié. Son corps que font
avoit d'abord inhumé dans une Eglife de Liège, fut déterré &
mis en un lieu prophane. Henri V. fon fils &
fon fucceffeur
imita la tyrannie de fon père; il fit des vexations fur fes Peuples
& fur le Clergé , affiéga Rome , y répandit beaucoup de fang , fe
faifit du Pape, obtint de lui tout ce qu'il voulut, notamment
MOINE DE S. E V R
O U L. 245
XVI. L'onzième Livre continue Thiftoice delà Croifade; Livroon/î?-
l'hiftoire d'Henri , Roi d'Angleterre; fes démêlés avec Louis, ^"^'"'^ » F"^*
244 O R D E R I C V I T A L
cent II. ÔC Anaclet II. Les calamités dont on fut affligé en
divers endroits l'an 1
1 54 &
mort de Louis , Roi de 1
1
36 ; la
(a; f'.^: (id .in, U4' > «"'". 7 , '^-itu.^r.. :om. 4 , Aiin.i'.. -çag, 345 ,51'), î^j.
MOINE DE S. E V R O U L. 247
(Î53 ,
en 1275 ;
6c finit des Seigneurs de divers Catalogues
Normandie, qui fuivirentle Roi Guillaume en Angleterre , ÔC
rei^urent de lui des Fiefs dans ce Royaume les noms des Che- ;
G II A P I T R E X V.
l'Abbaye de faint Denys , l'Abbé Adam qui remarquoit en lui ^^^^ ^^ ^'^'
^^"*
de l'efprit ôc des difpofitions pour les Sciences [c), l'envoya
faire fes humanités dans une Ecole famcufe aux environs de
Tours ôc de Poitiers, mais affcz près de Fontevrauld , dont
l'établiffement étoit tout récent. Il aima toujours depuis cette
Maifon , ôc pria le Pape Eugène de la prendre fous fa protection.
( (j ) Ordtric , infnc Uh. 1 3 , G' i/i limine (c) Ihid. v> tom. 4. Duclitfiio ,
}'ag.
XL pag. 80 î. {12.
(0 ) Mibilion. lib. 70 , Annd, num. z i ^
&• Suger. in tejia.i.tnt.
Hh l'J
1 ,,
24<? s U G E R;
De retour à faint Denys , il y acheva fes études de philofophie
ôc de théologie.
Il eil fait III. Ses études ordinaires ne i'empêchoient pas de feuilleter
Prevot de
quelquefois les Archives de l'Abbaye. 11 s'appliquoit furtout à la
difculfion des Chartes ( a ) qui en contenoient les privilèges Ôc les
immunités; ce qui le mit en état d'en prendre la défenfe en i 07 1
aux Conciles gy^que de Segni & Cardinal. Il dit lui-même qu'il étoit revenu
dctxÇims ix. (le
Latraji.
.
i/if" AVI"
tcut récemment des études. Six an? après c eir-adirej en 12,
\
j 1 1
"
wllV Royaume, le Roi Louis envoya au-devant de lui {à) Suger
chargé de préfens. Il fut encore envoyé en Italie par le même
Prince en 1122 pour quelques affaires d'Etat. En chemin
il apprit la mort de l'Abbé Adam, 6c qu'on l'avoit élu pour fon
ABBÉ DE S. D E N Y S , &c. m7
V I.L'année fuivante 1 1 23 , le Pape Callixte II. tint à Rome n afTifte au
111'
dans le Palais de Latran un Concile o,énéral de plus de trois cens
A <-
Eveques , ôc de plus de iixcens Abbes. ouger , que ce Pontife
1 11
1 ' ^
^«"^'''K^""^-
'31 tic Latran
en ii2j.
aimoit , y alla ( a ) , & fit un féjour de fix femaines en cette Ville ,
carefle de toute la Cour , ôc logé dans le Palais duPape. En 1 24. i
(a) Luifcivic. rira, pa^. jii , 3 ri, i ( tf) Bernard , ffi/?. 377.
(S) Mabilhn. lib. 74, Annal, num. I (f) A'.alilkn. iib.1% , num. fo.
ï'M. I ^/) BiriurJ, epljl. ?«•
( c ) Bcrnar J , .fjl.
. .
248 S U G E R ,
jo par le Pape Eugène III. ôcle Roi Louis , pour (a) mettre
1 1
de s'Ahnin"
^landa quon le conduifit au Chapitre ^ où après quelques mots
d ediHcation , il fe profterna aux pieds de fes Religieux , 6c les
pria de lui pardonner les fautes qu'il avoir commiles contreux ;
ce qu'ils lui accordèrent les larmes aux yeuv. Il avoit fait quelque
tcms auparavant le pèlerinage de faint Martin de Tours ; 6c
voyant qu'il ne pouvoit faire celui de Jérufalem , quoiqu'il en
eut la dévotion , il en chargea un des principaux Seigneurs
François, à qui il fournit tous les frais du voyage. Pendant fa
maladie , il difoit fouvent la Méfie ; ôc ne pouvant quelquefois
fe foutenir lui-même , il fe faifoit aider de fes Confrères.
Mon de X. Saint Bernard le fçachant en danger de mort (c) , lui
Suger eniryi,
écrivit une Lettre pleine de tendrede ôc de pieté , pour l'encou-
rager à cette dernière heure, ôc lui témoigner l'on défir de le
voir encore 6c de recevoir fa bénédiction. Suger lui répondit en
des termes qui marquoient le peu de cas qu'il faifoit d'un plus
long féjourfur la terre ; fon défir fincere d'aller au plutôt à Dieu ;
fa confiance dans la feule mifericorde de Dieu , ôc dans les
prières du faint Abbé de Clairvaux ôc de toute fa Congrégation.
Il en écrivit une autre au Roi Louis pour lui recommander
l'Eglife de faint Denys , affurant ce Prince , que de fon côté il le
recommandoit , ôc fon Fvoyaume à Dieu. Ces deux Lettres nefe
trouvent que dans les Annalles de l'Ordre de faint Benoît.
Quoique Suger vît avec joie approcher la mort , il fouhaitoic
néanmoins qu'elle n'arrivât qu'après les Fêtes de Noël , pour ne
pas en troubler h joie par des cérémonies funèbres. Il ne mourut
que le de Janvier i i i
treize ^^
Eloge de X
I. Guillaume , Moine de faint Denys , qui avoit afiTiflé
Suger. l'Abbé Suger à la mort, en donna avis partout par une Lettre
circulaire ( d), où fans entrer dans le détail des grandes aftions
de fa vie, il ne touche que fes qualités perfonnelles ôc les cir-
conftances de fa maladie. Il relevé en lui une grande pénétration
d'efprit une facilité admirable d'exprelTion , foit lorfqu'il parloit.
;
(b) Mabillin. lib. 7?, Annal, num. 1 3 ^« I {<^) Mibiilon. lib. 79 , Aiuul. num. i ; ?
foit
ABBÉ DE S. D E Y S , &c. N 24^
folt lorfqu'ii écrivoit ; un efprit cultivé par les fciences une ;
(a) Hanc autem facratifTimi Corporis illum eumdem effe qui de latere ejus in
eju6 Euch:iriftiam , ilU\J iiistn credimus Crucc penJentis defluxit , & firmifliTic
Corpus, quo.l alTumptum eft de Virgme , credimus , & ore & corde confitcmur,
quoi Difcipulis fuis ad confxJtrandum Vïti. Ludovici-GroJJi.tcm. ^. Duchefne,
& unlendum & :n fe commanendum tra- pd^. 510.
didit. Hune facr.^ti^'imu^l fansuinem |
2^o S U G E R,
d'André "Wechel en i yp5 , avec Glaber , Helgaud , ôc quelques
autres Hiftoriens François.
Hiftoirede XIII. Quclqucs-uns oHt attribué
à Guillaume, Auteur de la
ce que fit Su- yie de Sugcr , de ce qu'il fit dans l'Abbaye de faint
le détail
eouverne-
^
Dcnys , pendant qu'il en fut Abbé ; mais Suger à chaque page
mentdel'Ab- s'en fait lui-même honneur. Il dit dès le commencement,
^y^
f^ 1^*"/ qu'étant
au Chapitre général , la vingt-troifiéme année de fon
pag. 33 1.
'
ce qu'il avoit fait pour l'Abbaye de faint Denys , foit par de nou-
velles acquifitions ; foit en recouvrant des biens aliénés; foit en
bonifiant les biens dont l'Abbaye jouifloit ; foit en bâtimens foit ;
p-t,-
}5c.. le.tranfport , il joint le: doux ôc la couronne de I\'oire Se-gneur
ABBÉ DE S. D E Y S, &e. N
sjt
& un bras du vieillard Synieon. Il s'y trouva dix-fept Prélats ,
tant Archevêques qu'Evêques , avec les Principaux de leurs
Eglifes Cathédrales le Roi Louis , la Reine fa mère , & tous
;
X V. Il n'y avoir pas longtems que Sugcr étoit Abbé de faint f^onOitutions
affeoir avec les Princes , quoiqu'il fut né pauvre d'une famille & -o.
Xi ij
,
»J2 S U G E R ;
I>i/Î. 4«,47. Ses deux Lettres au Pape Eugène regardent l'introduâron des
^M'Jf' ti'- Ce fut pour y remédier , que l'Abbé Suger indiqua une iiHemblée
à SoilTons le Dimancl.e d'avant les Rogations , où fe dcvo;eut
tnouvc g^randt nombre d'Hvêques Ll de Seig^iieurs..
,
que ces Chanoines avoient mis fous fa garde; parce que s'ils
étoient privés de leurs Offices ôc du Lcnélice de FEglife, ils-
l'avoient mérité par leur mauvaife conduite. Ces Clercs ayant
pris les devants , le Comte ne put fe faifir que de peu de
chofe.
XXI. Eudes élu ôc béni Abbé de Compiegne, alla à Rome
pour raconter au Pape Eugène tout ce qui s'étoit paffé. Suger le £p/7. i^ 3,
chargea d'une Lettre pour le Pape , à qui il dit en peu de mots
ce qui étoit arrivé au fujet de la réforme de fainte Geneviève ôc
de faint Corneille. Il cliargea Eudes de deux autres Lettres; ^^Phf.i6y,
l'une pour l'Abbé de Cluni , qui étoit Pierre le 'Vénérable; "^*
l'autre pour faint Bernard , par lesquelles il les prie de le recevoir
avec bonté , ôc de le recommander au Pape.
XXII. Parmi un grand nombre de Lettres adreffées à l'Abi-d Autres tcr-
Suger , Dom Martenne en rapv:'orte quelques-unes de cet Abbé "" '^^^"S".
même. 11 y en a une a Henri , Evcque de beauvais au Cierge dot.Minenne-^
;
& au Peuple de cette Ville , pour les détounier de k révolte F'iT- 41? &«- •
T • •
•
J'î-
J ^
1 j.. njj
,
CHAPITRE XVI.
Alg ERj Diacre & Scholajlique de Liège.
Alger. Sci J, "V T ATF de cette Ville , il y fit fes études fous les meilleurs
I
commence-
menç. 11 en-
I
O- "« ^
Maîtres ,
v 1
r
&
1 f
•
ri
elle en avoit d'excellens ; Hezelon Teze-
'
r
&
feigneàLiege. Im. Ses progrès dans les Icienccs turent ii grands, quen Gonli-
deration de fon mérite feul , on l'admit dans le Clergé de l'Eglifc
de faint Barthclemi , où il fut enfuite fait Diacre , &
chargé du
foin de l'Ecole. L'Evêque Otbert le fit Chanoine de la grande
Eglife. Il y demeura jufqu'à la mort de l'Evoque Frideric en
Il 21, c'eil-à-dire,
pendant environ vingt ans. Sa réputation
s'étendit en Saxe & dans les autres parties de rAllemagnc.
Plufieurs Evêques le demandèrent , lui offrant des richclTes &
des honneurs. Content de la médiocrité de fes revenus , il préfera
le féjour de la Ville de Liège aux honneurs qu'un iui olFroit
ailleurs.
,
A L G E R , &c. ajj
1 1. Plus touché encore de fon falut que des biens qu'il H Ce f.iît
c:i nji.
Règle de faint Benoît. Pierre le Vénérable en étoit alors Abbé.
Ecrivant à Alberon {a) Evcque de Liège , il tait l'éloge d'Alger
,
fujet ; mais il donne aufli à ces deux Ecrivains les éloges qu'ils
méritent. 11 y a toutefois dnns le Traité d'Alger quelques expref-
fionspeu correctes. Nous les remarquerons dans l'analyfe.
IV. Alger rapporte dans le Prologue les diverfcs erreurs Anaivfe t!*
Traué
répandues lur cet auçufte mvflere. Les uns dit-il crovent que , ,
^''
&
o 1
le vin
•
nous fi nous faifions un menfonge ,cn difant que celui que nous
;
adorons dans le Sacrement , eji dans le Ciel. Alger remarque que dp. 14-
le Prêtre formant fur l'Autel d'ici-bas , le Corps du Seigneur
en la place de Jefus-Chrift même , ne s'attribue rien de ce qu'il
fait, mais rapporte tout à la puilTance ôc à la grâce divine lorf- ,
creJillit, & it.i (u'vata eft, fufïicicnter ram l'atris , miferere nobis : Si quem
Eftniftuin eft quoi] vera ("hrifti caro verul- adoramus in Sacramento , mentiremur
que Sniiguis in menla Dominica immo- effe in calo. Cap. 14,
letur. Qip. II.
Tome XXIL Kk
5;S
Fils de Dieu
ALGER
félon l'ordre de fon Père, eft tout enfemble dans
,
le Ciel i
& rOfîrant , l'Hoftie, & &
l'Auiel fur lequel on l'offre.
Auffi nous appuyant avec une parfaite conliance en la iidélité
,
force &
le foutien de notre ame &
de notre corps, qui ne f&
confume point , qui ne fe corrompt point, ôc ne va pas au retrait :
(a) Hoc eft purum illud & incrucn- noftri firmamenfum cedens , quoJ non
mn> rificium cjuod ab ortu foJii ufqixe
!:ii confumiur , nec coriuinpitur , i:ec in
f.ii occ 'fum filii per Prophe-
obl;'.nini iri fecelluin projrcditur i abïit , nbiîr. Da.'-
Wm r>orninus ait , Corpus nimiruni Se m.ifcea- lib^ 4 , dejid: Ortkoiaxx , cjp, i .4.
dit Celui qui mange ma Chair ôc qui boit mon Sang, a la vie
:
tout entier fous chaque efpece mais que telle eft la coutume de
;
après avoir combiné les raifons des Grecs des Latins fur &
Cap. 10. Tufagedu pain fermenté & du pain azyme, il dit, qu'encore que
l'on puilTe fe fervir de l'un &
de l'autre, il eft mieux de faire
ufage dans le Sacrifice du pain azyme, dont l'Eglife Latine s'eft
fervi dès le commencement.
Livre troi- XXL Dans le troifiéme Livre Alger examine fi les Prêtres qui
Ccme , fag. font hors de l'unité de l'Eglife Catholique, les Hérétiques , les
*^^'
Schifmatiques confacrent véritablement TEuchariftie. il rap-
Cjj, I.
porte quelques palTages de faint Auguftin , de faint Jerame , du
Pape Pelage, ôc de quelques-autres Anciens, qui femblent dire,
que hors de l'Eglife il n'y a point de vrai Sacrifice qu'ainfi les ;
Cap. t ,
3- Enfuite il remarque que ce fenrimenc eft fujet à de grands incon-
véniens parce qu'il s'enfuivroit que les Sacremens dépcndroient,
,
en détruiroit l'unité.
Cjp.\,u XXIL
Alger ayant donc pofé pour principe, que la vali-
'» 7* dite des Sacremens ne dépend ni de la foi , ni de la piété du
Minifire, puifqu'un Laïc même peut baptiferen cas de néce'Àité,
fut-il encore Payen ;il en conclut que, comme les Schifmatiques
&
les Hérétiques peuvent baptifer vaiidement , ii= peuvent aulli
foit par malice , foit par négligence , Ion ajoute, ou l'on change
quelque chofe aux paroles facramentelles , il dit par rapport au
Baptême , que pourvu que l'on prononce les paroles eftentielles
de la forme ordinaire, le Sacrement a fon effet, eut-on omis
quelque cérémonie , ou changé par ignorance quelque chofe
dans les paroles facramentelles. C'eft fur ce principe que le Pape
Zacharie approuva le Baptême conféré en cette forte par un
Prêtre qui ne fçavoit pas le latin Baptifo te in nomine Patria , Cs"
:
Lar.fra.ic Ôc Guitmond d'Averfe ont écrits fur le même fujet. Ses ena faàe'.
,
2^4 ALGER,
paroles font remarquables. Lanfranc , dit-il (a) , d. bien écrit fur
Traitédela
mitencodeSc
XX V IL Le Traité d'Alger intitulé, de la Miféricorde ôc
JuHice
^ j^ Juftice ?, eft demeuré lonç-temps caché dans les Biblio-
-^
de la »» i^'ri ^^ j n /r
tom. 5 , anfc- thcques manulcrites. Uom Mabuion en donna la rrérace dans
i i
dot.Martenne,
fes (r) Analcdcs , avec la vie d'Alger par Nicolas de Liège.
pas. loio V -r^ '
T\ ^x
Depuis, 1 ouvrage entier a été public pat Uom Martenne, dans
,, . f f . v\- ' j
l-gj^
le cinquième tome de fes Anecdotes. 11 eft divifé en trois parties,
•dont la première traite de la miféricorde prefcrite par les Canons
envers les pécheurs. Alger examine en quelle manière on doit
enufer, ôc jufqu'à quel tems. La féconde traite delà juftice;
l'Auteur y fait voir comment, ôc en quel ordre elle doit fe rendre
dans l'Eglife, pour le maintien de la difcipline. Il eft queftioii
dans la troifiéme des diverfes héréfies , en quoi leur dottrinc
diffère de celle de l'Eglife Catholique , ôc en quoi elles font
différentes entr'elles. Alger n'avance rien q.u'il ne le prouve par
l'autorité des Papes , des Pères ôc des Conciles mais il ne ;
{a)
(a ) Pitrus contra Htnrkian.
fitrus ntnncuin. tm.
lih. i.
^, i
1 ( c ) Mabillon. in andeSis , p,7g. 1 jo.
(i ) Erafm. epill. »8 , edh, Londinsnf. I
[pr.
pas- I. i
xxvin.
DIACRE ET SCHOL ASTIQUE DE LIEGE, a^f
XXVIII. Nous remarquerons dans la première partie ,
qu'il Analyfe dt
autres Sacremens; que quand le mal s'eft emparé de la multi- &* »°î^'
tude,il nerefteauxbons qu'à gémir ôcà fouffrir , de peur que la pa^. losi.
féverité de la correction n'occafionne un fchifme.
XXIX. Il dit dans la féconde partie , qu'encore que la Second»
pénitence d'un Prêtre , dont le crime eft public , doive être partie.
'°^'*
connue de tout le monde , elle doit fe faire fecrettement , ^^'
comme dans un lieu féparé du Cloître ou du Monaftere ; ôc que
s'il fait une digne pénitence de fes fautes , on doit le rétablir dans
fa dignité ; qu'il faut punir de verges celui qui a attaqué la repu- p^g. n>gj.
tation de quelqu'un publiquement , foit de vive voix , foit par
écrit. Alger entre dans le détail des qualités des Juges, des
témoins , des accufateurs ôc de leur nombre , ôc de la manière
dont les accufés doivent fe juftifier.
XXX. Dans la troifiémc partie il donne la différence de Troifiéme
l'héréfie d'avec le fchifme. L'hérciis eft un dogme contraire à la partie. Pig.
"°°^/'^î-
foi Catholique le fchifme
: une féparation de l'Eglife Catho-
,
Tome XXI L Ll
s6S ALGER.;
à ceux qui ayant été baptifés par les Hérétiques , embraflTent la
foi Catholique, pourvu que le Baptême leur air été conféré au
nom des trois Perfonnes de la fainte Trinité. Alger s'élève forte-
ment contre la fmionie ; ôc diflinguant entre la puifTance Royale
ôc la Pontificale, il dit, que comme les Prêtres doivent être
fournis aux Rois en ce qui regarde les chofes terreftres , les Rois
doivent être encore plus fournis aux Prêtres en ce qui regarde la
Religion. Il établit les prérogatives du Siège Apoftolique fur
p '
toutes les Eglifes , fon droit de juger leurs caufes par appel , de
p j
condamner feul les Hérétiques, 6c d'abfoudre ceux qui auroienc
été condamnés injultement dans quelque Synode.
Hiftoirede
XXXI. Alger s'étoit appliqué à recueillir tout ce qu'il
TEgiiCe de avoit oûi , OU trouvé par écrit touchant la dignité 6c les privi-
2*'
leges de i'Eglife de Liège ôc afin qu'à l'avenir quelques Clercs
;
(a) Tom.. ir antcéot. Mjrten. pag. | -tiS ,(!' !ib. x ^ capt 90, ii iUui'rih. Ori,
ICI • 16". E'-n'c'ifù.
i^b) Tiith^m. ie Script, Ecclef. a^. '
{^c j iutr^ '.,m:cdpt.i\}arte.i pjj.io: :.
• ,
par nos mérites ôc par nos prières obtenir une place parmi les
prédeftinés , parce que Dieu en prédeftinant les bons, lespré-
deftinc de façon qu'ils obtiennent ( a ) eux-mêmes par leur»
mérites 6c par leurs prières cette prédcftination. Mais il faut Cag. a
remarquer qu'encore que notre libre arbitre foit excmt de cott-
trainte extérieure , il peut bien de lui-même vouloir le mal , mais
noripas le bien fans l'infpiration de la grâce de Dieu. Alger dans
ce Traité n'allègue aucune autorité des Percs de l'Eglifc , ni
même de l'Ecriture , qui ait un rapport direft à fa matière. Il ne
procède que par voye de raifonnement. Tritheme ( h ) parle de
ce Traité , & il porte le nom d'Alger dans le manufcrit d'Uffen-
bach fur lequel il a été donné au Public par Dom Pez. Nicolas
de Liège n'en dit rien , peut-être le comprenoit-il dans le
nombre des Lettres de cet Auteur. C'cft la conjedure ( c ) de
l'Editeur.
CHAPITRE XVI L
GuiLLAu ME t Abbé de Saint ThierrL
V^ jufqu'à mort uni d'une étroite amitié avec S. Bernard, j^^^^^ ^°*
fa
Guillaume étoit originaire (d) de Liège, 6c né d'une famille m»,
noble. Envoyé à Reims avec Simon fon frère pour y faire leurs
études , ils fe confacrerent l'un 6c l'autre au fervice de Dieu dans
l'Abbaye de faint Nicaife, célèbre alors par l'exa^litudc de la
difcipline régulière que l'on y obfervoit. Ils la pratiquèrent eux-
mêmes avec tant de zèle , qu'on les jugea dignes de la fairo
obfccver aux autres. Simon fut choifi pour Abbé de faint Nicolas
( a ) Sed cum Dominui bonus ad vitam 1 ( 6 ) Trithem. de Script. Ecclef. cap. ? i8.
prideftinaverit eos pracdeftinavit ut
, ita I ( c ) Pf^. dijjertat. in tom. 4 , pag- X.
ipfa fua prrJelUnatio mentis & precibus (d) MabiUon. notis in epijl. 8f, B«r-
aoftris obtineacur. Cap. 4. 1 nardi, tom. i ,pag. 34
LHj
irfg GUILLAUME,
aux Bois dans le Diocèfe de Laon ; ôc Guillaume envoyé à
l'Abbaye de faint Thierri proche de Reims, pour prendre la
place de l'Abbé Geoffroi que l'on venoit de transférer à faint
Mcdard de Soiflbns , c'étoit en 20. i i
faintThiern, i-
'
r -l- j i
j- / j
•
& fe retire à laume y remplit les ronctions de cette dignité pendant quatorze
Shni en ^^g gc cinq mois. Il fit vœu de fiabilité à Signi en 1 5 j ,
ôc y 1
(« .
Ld'^. 6. (c) IbiJ.
I
ih Ca^. 383. \
L1 iij
,
270 GUILLAUME,
Guillaume dans fes formules de méditations ôc de prières , fe
,
inour^divin* vrai Chrétien , par quels dégrés 6c en quelle manière il peut par-
lom. i Op. venir à la pcrfetliou de l'amour de Dieu , telle qu'on peut l'avoir
Bcrnardi,pag.
^^ ^^^^^ ^j^^
*
Traité de la VII. Le Traité de la contemplation de Dieu a été attribué
contempla- quelquefois , de même que le précédent , à faint Bernard, fous
t!fm ! 'n*,' le titre de Soliloques ; mais Guillaume fe reconnoît Auteur de
Uernarà.pi^. l'un 6c l'autrc , dans le catalogue de fes ouvrages rapporté par
***'
Dom TifTier. Ils font aufll fous fon nom dans la lifte de fes écrits
r^^iemedela l'autre , l'énigme de la Foi , ont un même but , qui efi de nous
Foi ; de la na- apprendre en peu de termes , mais très-clairs , ce que nous devons
turc du corpi
Dans le petit Traité de la Phyfique , c'eft-à-dirc , de la
& de lame,
tom. 4 , Bi-
f.,Q\^Q^
'''^
,«ji. -i ^^
nature du corps ôc de 1 ame , il apprend au Letteur a le connoître
Jin, -^
que fcs écrits paiïbient les Mers , ôc traverfoient les Alpes > ^''°'
*'*-.S''"*
272 GUILLAUME,
il ne le conduifit que jufqu'au troiliéme verfet du chapitre
troifiéme. C'eft ce Coniaientaire qui efl: imprimé dans le qua-
fur les deux premiers chapitres du méina Livre , qui n'ell qu'un
abrégé des Sermons de S. Bernard fur le Cantique des Cantiques.
P<ig- î75. Dom Mabillon l'a publié dans le fécond tome des œuvres de ce
remarque
,, .
matière. «
XIII. L'Abbé de faint Thierri s'expliqua une féconde fois .^^"""^ .^"
fur l'Euchariftie dans une Lettre à l'Abbé Rupert , dont la façon ^j;^"*"
*" "^ '
( a ) Quia ab nmio liindi- EclIcIiï e,iuc?ni rc k:b cis reJ8a lunt, quz banc
ufque ad noitra pêne tempora , hxc ab dida , vel obfcurius , utpote ab eu qui,
omnibus queûio intada relifta eft , lanfti ut liomines renturas omnes errorum ca-
Patres, quodnon impusjnabatur, non Je- lumnia? nonpoterant prxvidere,nialéintef-
fendçbant : Nifî aliquando in traftatibus leCta , materiam errandi vel contrndcndi
fuishoc inde proferebant , quod res poftu- per-ditis vidpntur prEflare. Gnulelmus
lïbat , qui
in manibus habebatur. Quod tom. 4 , Bibliot. Cijlerc. pag. 131.
quia quïftionibus non relpondebat , qux (b) Panis fubftantiam poftconlecrationem
rondùm erant ; pariim mouo iufficere vi- in altari fupereffe femper horruit pie:a«
detur ad Cas, cum exfurijunt , compei'cen- Chriftiana , nuperque damnavit in Btren-
das. Contra quas , quia tune non vii^labat gario Turonenfi , cjufque fequacibus : Nam
intentio eorum ; plurima de Sacramentis C\ lioc admittsretur ,
jam Verbum non
fanais , in fuis fcnptls reliqueruat ; qus incarnatum tantùm , fed etiam fi dici
fuo loco , fuo fenlu benè dida , ab eis qui pollct impanatum , fi ficut ille diccbst ,
contendere , vel errare amant ; eruta de panis fie in Corpus Domini tranfire: , S:
locis fuis , aliud per fe videntur fonâre , tamen panis effe non dcfifteret. Gu'dlelm.
quamibi fonent uncie (unita funt , & quani epi'}. ad rjuimdam Monacli. mm. 4 , Bihliot.
fenferit qui fcripdc ; le<i & inulta de OJiercisnfis pag. 130,
Tome XXI I.
,
Mm
a74 GUILLAUME, ABBÉ, &c.
pain ^toit tellement changé auCorps de Jefus-Chrift,qu'il ne cefîat
pas d'être pain on diroit , fi cela le pouvoit dire , que le Verbe a
;
114.^ , c'eft-à-dire ,
quelques années avant fa mort. Il dit clai-
rement dans la Préface ,
qu'il avoir entrepris cet ouvrage à l'infçu
du faint Abbé de Clairvaux. Ce qu'il en a écrit fait le premier
Livre de fa vie. On latrouve dans les éditions des Oeuvres de
ce Père ,& dans les agiographes au vingt du mois d'Août.
Lettre ou XVI. On a prouvé de Guignes , cinquième
dans l'article
Traité aux
Prieur de la ChartreufeAuteur de la Lettre ou Traire
,
qu'il eft
CHAPITRE XVIII.
KoBERT P U L L U S f Cardinal & ChancelieT
de l'EgliJe Romaine i Ç/ Bernard des Portes.
I. A Nglois de Nation , il s'appliqua de bonne heure k Robert Pul-
(a) Jacob, i Sanii} Carolo , Prafat. I (i) Gen.af.i Chron. ai an. 1147.
in oper.i ? utii. \
Mm ,
ij
i-f^. ROBERT P U L L U S ;
pelle àRomp. l'appclla à Rome vers l'an 1 142. Lucius IL fon fuccefTeur , le
fait^Ca di'nal
^^ Cardinal du titre defaint Eufebe en 1 144., & Chancelier de
'
l'Eglife Romaine Saint Bernard ayant appris l'éledion d'Eugcne
III. be'nit pre'paré à ce Pape un fecours fi puiffant
Dieu d'avoir
en perfonne de Robert. Car l'Abbé de Clairvaux n'ignoroit
la
_ ^ ^ _
(n) Eernard, epid. zC-t. (f) MabU'on. in nous ad epij}. jé»
[
{b ) Konajlkon Ant^ncan.rom.i ,pag. SaJi3i Bfrrardi.
fag. 6 10,-
,
admettant des Dieux plus jeunes ou plus puiflans les uns que les
autres , ignorent la vraie eflence de la Divinité , qui ne reconnoît
ni d'inégalité d'âge , ni de puiffance que fi ie Fils étoit d'une
; Cap. 3.
autre fubflance que le Père , le Fils feroit un monflre , parce que
chaque efpece doit engendrer fon femblable. C'efl un raifonne- AïK^uf'in,
menttiré de faint Auguftin. Pullus cite, comme de faint Jérôme, 5'™.°"" ^""
que nous confcflons non-feulement les noms des trois Perfonnes
divines , mais audi leurs propriétés, c'eft-à-dire que le Père eft ,
Cof.p, 10. il en tout. Comme Dieu eft tout entier en tous lieux,
lui eft égal
ainfi l'ame de l'homme eft toute entière dans le corps qu'elle
anime; n'étant pas compofée de parties, elle cfl: indivifiblc. PuUus
enfeigne, que le Père &
le Fils font deux principes du Saint-
Cap. 6. Efprit , non à raifon de leur nature , qui eft une ; mais parce que
ce font deux perfonnes diftinguées l'une de l'autre. Il n'a donc
pas cru , comme il fenible le dire d'abord , que le Père ôc le Fils
font deux principes diftingués en fubftance ; mais feulement que
ces deux Perfonnes en produifent une troifiéme , par une aiSlion
ou fpiration , qui , quoique réellement la même , peut être
regardée comme diftindc, à caufe des deux perfonnes qui la
Cap. II. produifent. Il admet les deux prédeftinations dans le fens de faint
Cap. M. Auguftin; ôc dit en parlant de la prière des Fidèles pour les
morts , qu'elle profite à ceux qui ont mérité en cette vie , qu'elle
Âur. Ançhi' leur profitera en l'autre ; ce qui eft encore le fentiment de faint
nd.cap. iio.
Auguftin^
Livre fe- I X. Dans le fécond Livre PuUus enfeigne que Dieu a créé
cond ptig.
quand il a voulu ; qu'il pouvoir le créer plutôt ôc en
,
|ç jYionde ,
Cap. 1. créer plufieurs , fi c'eût été fa volonté. Moyfe dit que l'ouvrage
,
Ecdi. i8 , i. de la création fut achevé en fix jours ; on lit ailleurs que toutes
chofes furent créées enfemble. L'Auteur explique cette contra-
riété apparente , en difant , que Dieu a fait tout à la fois, parce
que depuis le jour du repos qui étoit le feptiéme , il ne créa
plus rien. Il agite plufieurs queftions touchant les Anges , le
moment de leur création , leur demeure , leur pcrféverance dans
cela , eft qu'ils ont été créés avec le Ciel ôc dans le Ciel qui
devoir leur fervir d'habitation ; qu'ils ont été créés tous bons ôc
dp. j, 4. fages doués du libre arbitre Ôc d'une liberté fupcrieure à celle
; ,
l'orgueil ; que les autres pour avoir ufé avec reconnoiiïancc du-
fecours de Dieu , ont perféveré dans la vérité &
y ont été confir-
més; enforte qu'ils ne peuvent plus en déchoir, comme l'homme C«/. f,
ne pourra plus pécher après la réfurredion. PuUus ne doute pas
que les Anges nayent connu Dieu clairement , &qu'ils ne l'ayent
vu dès le moment de leur création ; &c'cft dans cette vue intui-
tive de Dieu qu'il fait confifier leur béatitude. Quant aux Anges
apoftats, ileft dans l'opinion deplufieurs Anciens, qu'ils ne font
pas encore tourmentés par les flammes de l'Enfer ; qu'en attendant
ils fouffrent dans les airs , par les différentes vicilfitudes des
quand Dieu l'a créé, mais très-bon ; qu'après fon péché, fa fub-
ftance n'eft plus bonne , ni créature de Dieu ; ce qu'il explique
enfuiteen dlîant qu'il a corrompu lui-même , ôc dégradé fa nature
par fon péché. PuUus , fuivant la do£lrine de quelques Théolo-
giens de fon tems , ne diftinguoit pas la fubftance ou la nature
de fes facultés.
X. Il croit que l'ame n'eft unie au corps, qu'après que ïeCip. 7,
corps efl: formé ; qu'elle eft créée de Dieu , & ne vient point par
la génération comme le corps qu'unie à un corps corrompu
;
dans fon origine , elle contracte le péché originel , dont elle Cap. s ?,. ,
'"'' ^'*
n'eft délivrée que par le Baptême dans la Loi évangelique ; par
la Circoncifion fous la Loi de Moyfe ; ôc auparavant par la foi
des parens , ou les facrifices qu'ils offroient à Dieu.
X1. C'eft ce que PuUus établit dans le troifiéme Livre. Mais Livre trot-
il met cette différence entre l'obligation du Baptême & de la '"''"' ' P'^^'
Circoncifion, que la Loi du Baptême étant générale , oblige en c^i?. 1, j.
tout tems ôc toutes fortes de perfonnes; au lieu que celle de la
Circoncifion n'obligeoit queles mâles , ôc feulement au huitième
jour ; enfone que les enfans qui mouroient auparavant , n'encou-
roient aucune faute ni châtiment pour n'avoir pas fubi cette
Loi. Il remarque que l'on n'inhumoit pas dans le Cimetière-
commun des Fidèles , les enfans morts fans Baptême , ceux
mêmes que l'on tiroit du fein de leur mère dans le dcflein de.
les baptifer s'ils avoient vie. Il s'étend fur la différence des pré- Cip.e^ 7,8,
ceptes ôc des obfcrvances de la Loi ancienne ôc de la nouvelle ;
ôc après avoir montré que la grâce étoit moins abondante pour
le Juif que pour le Chrétien , il fait mention de l'ufage ancien Cip.9„.
ôc qui duroit encore , d'adminiflrer le Sang du Seigneur aux
lideles {_'ar les mams des Diacres , dans la céitbration des divins.
i%o R O B E R T P U L L U s ;
*"•
a coutume d'objefter fur le myfiere de Tlncarnation. i>on fenti-
ment eft , que le Fils de Dieu s'unit fuccelïivement à la maffe du
fang dont il forma fon Corps ; puis au corps ôc à l'ame humaine
lorfqu'elle anima ce corps; ce qu'il prouve par les paroles du
Symbole de Conftantinople , où les Pères du Concile difent
d'abord Il a été fait chair par V opération du Saint-Efprit ; ÔC
:
enfuite il a été fait homim. A quoi il ajoute , qu'il n'y a pas plus
:
de répugnance que le Verbe ait été uni à une chair inanimée dans
le fein de la Vierge , que dans le tombeau , lorfque fon ame def-
cendit aux Enfers. Il croit que Jefus-Chrift a eu toutes les foi-
C<i];.xi,ii, bleffes de la nature humaine, excepté le péché ôc l'ignorance;
*3' mais il ne penfe pas qu'il ait eu dès le moment de fa conception
cette connoiflance humaine que nous appelions expérimentale j
ôc il ne doute pas qu il n'y ait liait des progrès avec âge. Pour ce 1
{ai Krgo Juin S.;r,î^u;s tibi iiifuiiJitnr Ctirilli qusf; contorcn.Iuin orj Imnii- ,
Chnftum fuoiire ex latere ; Dum Corput PuUus , lib. 3 , Sent. cap. f par. 105.
lui
,
,
ont cru qu'il pouvoir pécher , parce que n'ayant rien rejette de
ce qui eft effentiel à la nature humaine, il a pris le libre arbitre
qui de fa nature peut pécher ou ne pas pécher; d'autres fou- ^iderwai,
tiennent que 1 homme Chrift n'a pu pécher i & il paroît que Ctp.^1*'
Pullus penche plus pour cefentiment que pour l'autre. Il prouve
que les trois Perfonnes divines font égales en puiflance ôc que ,
des trois Perfonnes. Que fi l'on dit que le Fils ne peut engendrer
comme le Perc, ni procéder comme le i)aint-Efprit ; Pullus
répond , qu'engendrer en Dieu , n'efl pas opérer , ôc ne marqu»
pas dans le Perc une puiflance, mais la propriété finguliere de fa
relation avec le Fils.
XIV. enfeigne que la crainte qui eft féparée de la charité
Il Cap. ».
parfaite , en Jefus-Chrift ; mais qu'il a eu cette crainte
n'a pas été
iaintc, qui demeure même dans les Bienheureux, ôc qui, à
proprement parler, n'eft que le refpe£l 6c la révérence que l'on
doit à Dieu ; qu'au lieu de la foi , qui eft comme un miroir dans Cap. t.
non plus fouffrir, à caufe que leur foi rendoit leurs fautes excu;
Cj;». is, 19, fables, Pullus dit beaucoup de cliofes fur la détention de ceî
Juftes dans les enfers , ôc fur leur délivrance par le mérite du
fang de J.C. &
fa defcente en ces lieux où ils étoient ,jufqu'à ce
Ctk tî r-
trouve point d'eau ,nide Miniftre du Baptême. Puîius enfelgac
»4, 15- avec toute l'Eglife, qu'on ne peut baptiieravec d'autre liqueur
que de l'eau ; que leau ne fufiit pas fans l'invocation de lafainte
Trinité; que cette invocation eit nécefiaire; qu'il convient de
conférer le Bapt6ine par la triple immerfion; que le défaut de
probitsé dans le Miniftre n'empêche point l'effet du Baptême,
pourvu qu'il obferve ce qui eu prefcrit pour le Baptême , quand
même il tourneroit intérieurement cette cérémonie en dérifion ;
qu'au contraire celui qui le recevroit par dérifion feroit fruftré de
fon effet, quand mêmeleMinifrrelelui confereroit félon la règle
de l'Eglife. Il ajoute qu'il en eu de même de l'abfolution des
péchés dans le Sacrement de Pénitence. En faifant le parallellc
du Baptême & de la Paffion du Sauveur, il dit , que l'on plonge
Cap. y?, trois fois en baptifant , non-feulement en l'honneur des trois
Perfonnes de la Trinité , mais auffi à caufe des trois jours que
Jefus-Chrifl fut dans le tombeau que hors le cas de néceffité l'on
;
Cip. 1?. doit différer le Baptême jufqu'à Pâques , afin de prendre le loifir
d'infîruire les Cathécumencs , de faire fur eux les prières , de dé
s'affurer de leur fui , comme d'une condition néccffaire à la
validité du Baptême; que c'eft la raifon de donner aux enfans
desPareins, parce que ne pouvant avoir la foi que demande ce
Sacrement, il eft befoin qu'ils foient préfentés au Prêtre par le
miniûere de ces Pareins , afin que témoins de leur Baptême , en
Cap. ir. n'ait dans la fuite aucun doute qu'ils ne l'aient rec^u ; car toutes
les fois qu"il y a doute fur le Baptême d'unenfiuit, on doi-t îé
Liptifer, de crainte qu'il ne périffe éternellement , faute de ce
Sacrenient ; les faints Pères n'ont pas cru que ce fût réitérer
le Baptême, quand on ne fçavoit q.ril ei.t déjà été conféré.
Il eft du devt)ir des Pareins de répondre pour les enfans qu'ils
*
produit un effet contraire quand on la reçoit mal. Pullus met cette ''* "
]/ irtis ,
ù- ng~
Dieu , mais il ne croit pas qu'elle obtienne le pardon feule; il ne ur.pag, 3 4S.
la regarde que comme une difpofltion que Dieu met dans le
r
'*
P^^2 dans Ihomme avant & après leBapreme, c'eftà-dirc , du
^' '*
péché originel ôcconcupifcence , avant que ce péché foit
de la
Cap. 19. leurs pays. Dieu fe fert de mauvais, commede bons Minières ,
pour exécuter fes volontés tantôt des Anges, tantôt des hom-
,
Ob.1i, 13, mes , même des démons. Il croit que chaque ame, tandis quelle
t^.ù-Jeq. eft unie au corps, a fon bon Ange pour la garder; qu'il y en a
Cap. 17 , 15».
puiffanccs de l'air pour porter les prières des Fidèles aux pieds
,
que les larmes etfaccnt les péchés que l'on confcfle avec pudeur;
& qui s ne s'effaceroient point par les ris , ni en les confeiranc
avec impudence. Quant au Prctre , FuUus veut qu'il examine Cap. fi , r?.
martyre pour la Foi de Jefus-Chrift. Les épreuves du feu de ^-W- & 1^-
gile nepeuvent pas être maniés par une même main qu'autre-
, ,
ment ils ne le feroient pas , comme il faut ; que l'un clr confié
aux Clercs , l'autre- anx Laïcs que le premier appartient à la ;
font fecrers. La connoiffance la punition des premiers appar- Cav. & or-
nent à l'Evêque les Prêtres peuvent connoître des autres ,
; les &
punir. 11 fcmble dire que le Prctre ne remet point les péchés en Ci. fi , ^
>'*^-
donnant l'abfolurion , mais qu'il neYait que les déclarer remis P'-i-
par le Sacrement: ce n'ell pas-là néanmoins fon fentiment. Il
reconnoit quelques lignes plus bas , 6c en d'autres endroits de
fon ouvrage, la puiiTance judiciaire dans les Prêtres de la Loi
nouvelle, ôc dit nettement (a) , que comme il ablbut, il lie
aulli le pécheur; qu'il le lie, quant à la peine, ôc quant à la
p ^^^^
^a i>iv.ut liutein oactrios (o.vit , ita j veniam conicc,»! Jeiiuntiat ; & lîc itiinet-
ft li^at , dum utriulijuc rei <>actiu»ernMim peccata , rticnta quoijue apuu Deum Siiut
célébrât. SacerJos ergo lig»t \i£U£ , liirat c conira ceiTanti 5f conMreoti ab oivem'o
culps , dum illum pro deliftis ufque rem\ttit pecc^fa , rem.fTà <jUOijue apiUcf
ad teinpus poft confeflTionem onerat. liium Deum. Pulius , Ut. 6 , ap. 6 1 , p.tg. »-i7^
UKem à.maioceii4L'â voientein , non poile i
Nn iij -
,
a/. 3.4.
diques ôc qu'à l'égard des œuvres fui s facto ires on ait égard aux
; ,
3 , pjj. jiii. dixième fiécle. Il dit que nos prières foiit inutiles aux Sainis qui
font dans le Ciel , à ceux qui font morts dans leurs péchés, aux
enfans morts fans Baptême ; mais qu'elles peuvent profiter à ceux
qui ayant vécu négligemment , ont péanmoins donné en mou-
Can. ^_ ranc des fignes de pénitence ôc de piété , 6c qui pour leur
négligence ont befoin d'être purifiés par les peines du Purgatoire.
Cap. 6. XXII. Pullus en parlant de la dixme,dit, qu'on doit la
payer à Dieu pour l'entretien des Clercs occupés à fon fervice ;
qu'on la doit non-feu!ement des fruits delà terre , mais auffi des
animaux ôc de toutes fortes de grains ; que les Laïcs n'ont rien à
voir fur la vie des Clercs , ôc que quelque foit leur vie, ils ne
font pas difpenfés de leur donner ce qui leur efl dû ; que quand
même les Clercs auroient du bien en fuffifance , ce n'ed pas une
raifon aux Laïcs de les priver de ce qu'on leur doit que c efl à ;
tamen &tancc> Deo gratior,quaiuo humi- ) nuùum. PuUus , Ub. j , ca^i. j .[u^. iio.
I
CARDINAL ET CHANCELIER, &c. 287
vrcs ; qu'il pourra même
revenus fonr abond;>ns , en defli- , fi les
tion ,ne peut pafl'er à une autre fans n'écéiTtté. Dc.ns tous les
qu'il
degrés" au-deifous du Sous-Diaconat il eft encore permis de fe .
.„,.•)
font appelles facrés. Néanmoins ils ne font pas a haute voix Cav. n.
profeiïion de continence, non plus que les Woines. Leui;I\at)it
6c leur état font les preuves de leur engagement. La place des
Clercs cfl dans le Cliœur celle des Laïcs hor^; du Chœur. Pullus ,
(a) Qiiod (i tcnt^ ell rtnim 1- c^ i' lire vaut ad ptrpetuum jUs. ilid. lOf. 6 , ^ag.
rflfiii n-i;i , ut & iptï luffitcre , ,S- ;tliis
J
;ij. ,
fUeant proJcife; ra>ionr.bili?Pr'ftr' p^r'-ft"' '
ff~),'fli!e6 ruMque f(?rirèmi' tr^ç r^r^rt
s.tûe f9 ijsoclexubêrat,^ailiii«ia?iiiin oon- Ordintes nuac«pa«tu**-'f iflaj'y -iiifj^^jlli'
ventui fratruin iu.lrageiur , att aJ t ni£us iaf. ii-
'
^^i
j. ^,, j
,
qui a coulé de fon côté , ôc qui eft encore dans fa chair. Pullus
prouve tout ce qu'il dit fur ce fujet par les paroles delaconfé-
cration rapportées dans l'Evangile ; ôc pour ne laifTer aucun Matu is.
doute (t) fur fa croyance à cet égard, il répète plufieurs fois
que le pain eft changé en chair , ôc ie vin en fang, de façon que
la fubftance du pain ôc du vin celle d'être ce qu'elle étoit , ôc
devient ce qu'elle n'étoit pas , quoiqu'elle conferve après la
confécration les mêmes propriétés extérieures qu'elle préfentoit
avant à nos fens qu'il n'en eft point du Corps de Jefus-Chrift,
;
& per fe &pcr Miniflros p.Tiiem in Corpii; vinum quoque viituie Chrifti vcvt?tiir in
fuum , vinumque in San:;uiricm (Dvni innpuinem , (uliftantis utiqu? vini \ panî»
convertit : Ita ut neque panis , neqiia dflinit eifc quod fuerat , itiquefit quod
inique in alinm , niiî in illam qi.am pro nem inveniant quoi anté conieçi;'.tionem
nobis ccelis invenii. Neque alius eft San- invcnicbant. Ibid. p.ii;. i55.
puisinquem vinum tr/nfa , ni/i ille oui ( f ) Contritio S: fraftur.i (pecicmcomir
Bianavit d? latf re , quique adhuc manet in tantiir non et.atn rem. Itid. ., .1
<arneChfi;li. Pul W; .Uh.'^ c. î , p. l'jj. .
Tome XXII. O.
,,
Veut que l'on s'en tienne du moins dux décrets des Pères ôc des
Conciles qui ordonnent de conimunier trois fois l'année j à Noçl
à Pâques & à la Pentecôte.
Cap. 12,13
XXVIII. PuUus traite enfuite du Jugement dernier, de ce
•^'^'
qui le précédera , ôc de ce qui le fuivra , des Miniftres de l'Ante-
chrift , des Elus , du dernier feu qui purifiera les âmes deS
Fidèles , de la réfurreftion des morts , de l'état des hommes
après la réfurredicn , de celui des bienheureux ôc des damnés.
Il fait fur tous ces articles des recherches très-intereffanies , fit
dans tout fon ouvrage il montre un efprit éclairé Ôt jude dans fes
raifonnemens. Il feroit à fouhaiter qu'il eût apporté plus de
•netteté Ôc de facilité drais fon ftyle. On lui reproche d'avoir
donné dans quelques fentimens particuliers. Nous en avons
remarqué quelques-uns dans Tanalyfe de fes oeuvres. La feule
édition que l'on en ait faite cft celle de Dom H ligues Matthoud
à Paris chez Piget en lôjj , infcl. L'Editeur y a ajouté le
Livredes Sentences de Pierre de Poitiers, Chancelier de l'Eglife
de Paris , mort en 1205', avec des Notes théolcgiques de fa
fa<^on , dans le goût de celles qu'il a faites fur les endroits difficiles
du texte de Pullus.
Pernrrd Jç3 XXIX. La Chartreufe des Portes , que l'on compte pour
Ponce, Fon- la ttoifiéme de l'Ordre, eu égard au tems de fa fondation , fut
CARDINAL ET CHANCELIER, 5cc. 2^j
bâtie en II I
j par Bernard , connu depuis fous le nom de Bernard J»*^"' <l« •*
la même année , fcs infirmités autant que fon grand âge l'ob i-
gerent à fe démettre de cette charge entre les mains d'Antelmc
ou Nantelme , qui avoit été autrefois fon Novice. Bernard mourut
le 12 de Février 1 ja. i
fonnes. On lit dans un manufcrit de la Chartreufe des Portes^, J^îd^ Bern. '
qu'elles étoient fur des matières de pieté , particulièrement fur 10m. 14 Bi- ,
manufcrit.
XXXI. Les données parle PercChifflet,
trois Lettres Lettres pu-
api
-.•.t\
dangereufe , ce n'eft pas nous qui mettons fin à nos crimes, mais
Dieu , en nous faifantfortir de cette vie.
Epijl. 1 ,piig.
'^°**
XX XII. La Lettre auxReligieufes deLyon , c'eft-à-dire , de
fainte Eulalie , qui étoit alors le leul Monaflere de Filles en cette
Ville, eft pour les exhorter à perféverer avec joie dans la vie
régulière qu'elles venoient d'cmbraffet. Bernard veut , que celles
qui avoient pris avec zèle le parti delà reTorme , confolent celles
qui ne s"y étoient foumifes qu'avec peine ; qu'elles prient pour
&
elles , les invitent par leur exemple , à prier elles-mêmes , & à
faire de néceffité vertu. Il leur expofe les différentes manières
dont nous fommes tentés en cette vie , & leur fait voir qu'il n'y
a que leconfentement aux fuggeflions de l'ennemi, qui foit un
péché.
EA!^. 5 ,pûg. XXXIII. Le MoineRaynaud vivoit enReclus dans un Kermi-
's°>- tage à deux lieues delà Chartreufe des Portes. Il avoir demandé
à Bernard une règle de vie. Voici celle qu'il lui preTcrit En Été
:
vous refiera aux pauvres , fans rien retenir auprès de vous, dottt
vous n'ayez pas befoin.
P«£:- 15-4. XXX IV. N'ufez point de chemifcs dclin mais de laine ;
, &
pour vos vêtcméhs extérieurs, fcrvcz-vous de peaux. Ne vous
livrez point à de grandes abfiinences ; 6c contentez-vous de
jeûner tous les vcHoredis', nepreriaiit en ce jour qu'un repas, faris
vin ; à moins que ce ne foit un jour de Fcte. Si vous voulez en
Ofer de mén^e les mercredis c'cft tout ce qtie vous pourrez faire.
,
neveu de h penfée où
, de quitter l'Ordre des Chartreux
il droit
pour pafTer à un autre. Il lui repréfente , que les raifons de fanté
ôc d'aufterité ne doivent point rompre fon engagement , parce
que le falut éternel eft préférable à la fanté ; qu'à l'égard des
aufterités , on n'eft tenu qu'à ce que l'on peut.
Lettre d'Ef- XXXVîI. La Lettre d'Eftienne de Chalmet efl fur le même
liî"?* ^ fuiet. Il récrivit à des Novices , qui encore dans leur année de
Chai met, pa^. ' . . ,,.,. j r- o j
probation, dans 1 Abbaye de lamt oulpice, Ordre de Citeaux,
>-> r
•
^ i
15 18.
fondée au Diocèfe de Bellai par Amedée , Comte de Savoye ,
en 1 1 30 , fembloient vouloir en fortir pour fe faire Chartreux.
Edienne leur fait envifager cette inconftance comme une tenta-
tion du Démon &
pour les engager à perféverer dans l'état
;
qu'ils avoient choifi , il leur cite ces paroles de faint Paul aux
I Cor. 7 , io. Corinthiens Que chacun demeure dans Vétat où il etoit quand Dieu
:
Va appelle. Il leur repréfente , qu'il n'efl: pas dit Celui qui aura :
*^'n"\ ^^ibà
Livre des quatre exercices de la cellule , qu'il croit être de Gui
Prieur général de la Chartreufe , qui ayant abdiqué le généralat
'
pa^. 1469.
en 1175 , mourut en i 188. L'Ouvrage eft dédié à Bavon ,
Prieur des Pauvres de Jefus-Chrift, de \ ittehamen Angleterre ;
c'eft ainfi qu'on nommoit les Chartreux dans les commencemcns
de leur Inftitut , à caufe de la pauvreté de leur nourriture ôc de
leurs habits. Gui y traite des moyens de fanttificr le féjour des
Chartreux dans leurs cellules , fçavoir en évitant de s'y occuper
l'efpritdes affaires du monde ; en méditant les vérités de la Reli-
gion ; en s'appliquant à la prière , &
en certaines heures au travail
des mains. Le premier ôc le I y*, chapitre regardent le Chapitre
général ôc annuel de la grandeChartrcufe ; ôc l'avantage qui en re-
vient à tout l'Ordre pour le maintien de la difcipline. L'Auteur
cite aux 1 2*. ôc trente-fixiéme chapitres les Statuts de l'Ordre ré-
digés par écrit parGui^ cinquiémcPricur de la grande Chartreufe,
dont il a été parlé plus haut. Dans le trentième il s'explique d'une
manière orthodoxe fur la trinité des pcrfonnes en Dieu dans
de fubftance ; ôc fur
l'unité la procefïlon du Saiiu-Efprit , du
Père ôc du Fils. Fabricius n'eft pas éloigné d'attribuer à Gui
,
H E R V É , ôcc. 2^;
IVchelle du Paradis , ou des Cloîtresde la , intitulée auffi Faincius^
"""•
manière de prier, ôc de la vie contemplative, imprimée parmi 3 '
^^"
CHAPITRE XIX.
Hervé Moine Bénéiiâin
, ; & plufieiirs autres Ecrivains.
I. "V T A T du Mans ^ il en fortit de bonne heure , pour aller
I F Hervi
^^"^-
la Règle de faint Benoît , dans le Monaflere
embrafler
J[> f^'
du Bourg de Dol, au Dioccfe de Bourges. Pendant environ
cinquante ans qu il y demeura , il s'appliqua également à former
fes mœurs dans la pieté , ôc à cultiver fon efprit par l'étude des
fciences utiles. Il apprit à connoître à fond la bonne tliéologie ;
Il
y
paHoit les jours ôc les nuits
, ôc toujours dans la recherche
i^6 HERVÉ,-
î'opinion commune efl qu'il florifîbit vers le milieu du douzième
fiécle.
Se; Ouvra- III. Cette Lettre circulaire , qui a été donnée d'abord au
gts, tûm. i ,
Public dans le fécond tome du SpicileF^e deDom Luc d'Acheri
514. Oudin. eniuite par Oudin , puis par xJom liernard rez , contient le
tom. 1 , catalogue des Ouvrages d'Hervé, dont la plupart fe" trouvent
pag.
Prxfat. al' encore dans les Biblioteques , mais manufcrits. Le premier dans
tom. 3,a/!fr- cc catalogue , efl: une explication du Livre de faint Denys
pag.
^. intitulé: De la Hiérarchie des Anges. Enfuite il expliqua tout
dût.
Prcefat. in qu'il n'a pas fait. L'Auteur de la Lettre circulaire dit , que les
operaAnfelmi.
Commentaires d'Hervé fur faint Paul furent fi eflimés de fon
teras, que l'on convenoit entre les Sçavans, qu'on n'avoit rien
de plus exa£l fur cette matière qu'on trouvoit aufii admirables
;
(a) Tniktnu de Scri^^ior. Ecdef. cap. j7i . & de illuflnh. Benii'iSin. ii. pxgt
JO/,
,
An?xdot.
tems un Traité théologique ôc moral divifé en vingt-fix articles , ' '
Ppij
^oo HERVÈ,MOINE BENÊDICTIN^,.
l'Ecriture ne définit rien fur l'origine de l'ame ; maisilparoit
pcrfuadé qu'elle ne vient point comme le corps , d'Adam par la
voie de génération, &
qu'elle eft créée de Dieu à la formation
de chaque corps. Il ajoute que fon union avec le corps fe fait par
des liens invifibles , &
qu'unie à une chair qui a en elle le
foyer du péché , elle pèche librement quand elle confent aux
mouvemens déréglés de cette chair.
Lettres tou- XIV. Cette Lettre eft fuivie de deux autres dont la féconde
thoJe & i^r-
^^ ^ ^^^ nommé Hugues, foit celui de qui on vient de parler ,
dredelirel'E- foit de
quelqu'autre. Elles font l'une ôc l'autre fur la le£ture
«ti^urejzintt.
l'Ecriture fainte. L'Auteur de la première confeille de s'attacher
^^ •
P'^i-
d'abord à l'intelligence de la lettre de l'Ecriture avant de recher-
cher d'autre fcns , comme le fpirituel ou le moral. Pour faciliter
la connoiffance du fens littéral , il renvoie aux Canons d'Ammo-
nius d'Alexandrie 6c d'Eufebe de Cefarée , où Ton voit d'un
coup d'oeil ce que les quatre Evangeliftes ont dit fur un même
fait , en quoi ils font femblables , en quoi ils font différens. Il
remarque que Julien l'Apoftat , faute d'avoir recouru à cette
faij'on ds concordance , avoit accufé les Evangeliftes d'être
fion fut
, préfent a la réception que le Pape Innocent il. fit aux
Légats de 1 Empereur de Conuantmople, & tcmom du récit /inpka. p.ir.
que fit un Archevêque des Indes du miracle qui fefaifoit annuel- 41^4, edit.ik-
lement dans fon Eglife huit jours devant 6c huit jours après la ^°'-
Fête de faintThomas. Le corps de cet Apôtre repofoit dans cette
Eglife, & quoiqu'environnéed'un fleuve très-profond, pendant
les quinze ou fcize premiers jours on y entroit à pieds fecs , l'eaiv
prenant fon cours ailleurs. Le jour de la folemnitc l'Archevêque y
tous les Grands & tout le Clergé de la Province s'y aifembloient
avec le Peuple, L'Archevêque sapprochoit du tombeau du faint
Apôtre ,. prioit avec ferveur ôc avec larmes, tiroir enfuite le
corps-du tombeau, le pofoit décemment fur la chaire Pontifi-
cale, &après s'être mis à genoux , ofiTroit au faint Apôtre fon
préfent le Saint étendant fon bras ôc ouvrant fa main le recevoir,
5.
Âiem T J^n. aptès avoir été délivré d'une fièvre quarte par l'interceflion de ce
^ag. 190. Saint. On ne l'avoit pas encore canonifé. Ofbert écrivit à Henri
Evêque de Wincheitre , Légat du faint Siège , pour i'eng:îger à
-travailler à cette canonifacion , 6c au Pape Innocent IL mais la
Bulle n'en fut eApéJiée que par le Pape Alexandre III. en i5i« 1
tlh. 71'! An
diâion Abbatiale de Humbaldd'Auxerre Evêque Diocèfain ,U ,
nd.-ps.g. 571. Ivù promit foumiilion , révérence ôc obcilTance , félon les Statuts
des Pères &c la Règle de faint Benoît , de même qu'à fes fuccef-
feurs élus canoniquement, fauf les droits 6c les privilèges de fon
Ordre ; 6c cette formule de profeilion fut fuivie dans la fuite par
lâeinthi.
^^^g jgg ^bbés de Cîteaux". Hugues gouverna le Monaftere de
*' '
Pontigni jufqu'à l'an 135, qu'il fut élu Evêque d'Auxerre. Il
i
mourut en 1 i p
après quinze ansd'Epifcopat. En 1 14.S il allida
.;iu Concile tenu à Reims contre Gilbert de la Porrée. Il eft fait
une grande autorité dansle monûe 6c dans l'Eglife vous avez "^^^^fi'i- :
icrnara
de la fcience , de la fermeté , le don de la parole , une éloquence
£ n ,
de lui fliire perdre un procès qu'il avoit avec l'Abbé les- &
Moines de faint Cyprien. Il fut auffi du nombre des Evêques-
affemblés à Beaugenci l'an 1 1J2 , qui , à la requête du Roi.
Louis VIL dit le Jeune , ordonnèrent la diffolution de fon'
mariage avec la Reine Eleonore. Geoffroi mourut le 1 8 de-
Juillet de l'an X s-8 , &
fut enterré dans la Chapelle de la fainte
1
de Clair vaux.
Geoffro'da y cut vers le même tems un au-tre Ecrivain de
XXI. Il
e:>
BT-tei:ii.
Chanoine réoulicr de fainte Barbe dans -la Neuftrie,
Lettres, tom. ,..-,'
j^^^.,^-jg iiq^-j
/ i*^]it
2 Anecào'- dont il reuc un grand nombre de Lettres rapportées au premier
,
M^irteii. p%' tome des Anecdotes de Dom Martcnne. La plupart font adref-
£."i/?- '• dans -le Diocèfe de Tours. Geoffroi élevé depuis peu à la
dignité d'Âbté fe plaignoit que pour en faire les fondions , il
,
""
le trouvait obligé de quitter la méditation des chofes fpirituelles ,
pour s'occuper des temporelles ; de ferviraux moeurs différentes
de fes Frères , Ôc d'enfcigncr ceux qui en fçavoient plus que lui.
Ejiljî. 1. L'Abbé de Beaugcncy lui répondit qu'il pouvoir , en fe déchar-
geant fur des Officiers fubaltcrnes du foin des affaires tempo-
telles, continuer à jouir du pîaifir que lui caufoit l'étude des
fcicnces , ôc la pratique des exercices fpirituels , ôc maintenir en
même tems la régularité de la difcipline dans fon Monaftere.
^j'ijl. 7. Dans une autre Lettre au même Abbé, Geoffroi le prie, fa &
Conimunauté , de faire mémoire pendant le facrilice de la
^' M^f
^'
enfans ; ôc voyant que la Ville ôc le territoire de Tarragone que le
l!!r*
Got'vcrneurà (Jomtc Raymond Ocrenget lui avoit donnés , ne pourroit jamaig
"^^xl'^^
'^
fc peupler û cstte Ville u'ctoit gouveriide par im honiuie. Je
450, 45» 1.
ET PLUSIEURS AUTRES ECRIVAINS. 507
guerre, en état de ladéfendre contre les Infidèles , il en établit
Gouverneur Robert d'Aiguillon, Gentilhomme Normand, à
qui il donna Tarragone pour la polTeder comme Vaffal de
l'Eglife, en fe retenant feulement les dixmes &
les biens Eccle-
fiaftiques. L'aûe de cette donation efl: de l'an 1128, 6c en forme
de Lettre adreffée par Oldegaire à Robert. A cette Lettre efl:
l'Eglifc , fur les devoirs des Pafteurs , fur la Religion , fur la foi
6c les bonnes mœurs, fur l'office Sacerdotal , fur l'obéiflance ,
ôc fur le Saint-Efprit. Il ne nous rcfte rien de tous ces difcours.
XXIX. Nous fçavons de cet Ecrivain même qu'il avoit Herma««,
'"'
cmbraffé étant jeune la profeilion Monaftique dans l'Abbaye de
l^i^^f^'^da
faint Martin de Tournai, Ordre de faint Benoît , 6c qu'il en fut Tournai.
enfuite Abbé. Il fit deux fois le voyage de Rome. La première
fois , il en revint avec Samfon , Archevêque de Reims , ÔC
rapporta des Lettres du Pape Innocent II. par lefquelles il écoit
ordonné au Clergé ôc au Peuple de Tournai de fe choifir un
Evêque particulier , le Pape les ayant abfous de l'obéiffancc
qu'ils rendoient à l'Evêque de Noyon , dont l'Evêché étoit uni à
celui de Tournai. Ils élurent Abfalon , Abbé de faint Amand,
qui engagea aulFitôt Hermann à retourner à Rome pour les
affaires de fon Eglife, ôc les fienncs propres , c'eft-à-dire, pour
faire confirmer fon élection par le Pape. Hermann , nommé
aufli quelquefois Herimann , fut Abbé de Martin depuis
faint
1127, jufqu'en 1 3 <5 ou 3 7 qu'il abdiqua. On ne
l'an 1 1
1
f^ait pas
combien de tems il vécut depuis.
XXX. Les Religieux de fon Monaftere l'avoicnt fouvent ^onîiîftoîre
prié de mettre par écrit ce qui s'y étoit pafTé depuis que les
'^f.^^\^^l\^,
•bâtimens en avoientété réparés ,
delà difci- h^ve .le faint
6c le rétablifiement
pVme régulière. Il y trouvoit deux difficultés l'une , que ne '^"tln rom.
; ,
'
n. • •
A * Mil. Sricileg. •
euviâ e.
'
conduite que jufqu'à la mort de Raoul , l'un des Bienfaiteurs de
la Maifon , Ôc qui avoir à fes frais réparé l'Eglife , pour la plus
grande partie. Le nombre 103 qui fuit la relation de cette morr,
ôc les luivans, contiennent tant de chofes à la louange d'Her-
mann , homme d'une grande modeflie, qu'on ne doit pas l'ea
fuppofer Auteur. Le Continuateur a pouffé fa narration jufqu'à
l'an / 160. Toute cette hiftoire a été inférée par Dom Luc
d'Acheri dans le douzième tome de fon Spicilege. Elle eft inte-
reiTante par l'hifloire des Rois de France des Comtes de
,
^ ^'
Saints, ôc de leur donner l'Extrême-Onction avant le Viatique '
du Corps du Seigneur.
XXXIII. Nous avons auflî de l'Abbé Hermann un Traité j^^"^"''^. ^^
Si vous aviez ,lui répondit fiint Bernard, autant de foi que ie^s
femmelettes, peut-être pourrois-jeVous readfe fervice. L'Evê'-
que reprit Si je n'ai pas de foi , que la vôtre me guérifTc. Saint
:
Eugène III. dans le courant du mois de Mars, le Pape lui dit, ^vec'ks'"*
qu'il avoit reçu depuis peu un Evcque en qualité dAmbaffadeur Grec»,
paroilToit bien inflruit des Livres des Grecs , lui avoit propofé
plufieurs objeûions touchant leur dodrine &
leurs rits , préten-
dant en prendre la défenfe , en particulier de ce qu'ils enfei-
gnoient fur la proceiïion du Saint-Efprit, 6c fur les Azymes:
C'eft pourquoi , ajouta le Pape , informé que vous avez été
autrefois Ambalîadeurde l'EmpereurLothairc à Confiant inople^
6c que pendant votre féjour eu cette Ville vous y avez eu des
conférences , tant publiques que particulières fur ce fujet avec,
les Grecs, je vous prie de compofer un Traité en forme de
dialogue, où vous rapporterez ce qui s'eft dit de part 6c d'autre.
Anfclme obéit avec humilité, u'affeclant dans fon écrit ni l'air, 4'„r.im. in
ni l'autorité d'un Maître, mais fe contentant de rapporter ce Prolog. wm.
qu'il avoit appris. On avoit choifi pour difputer avec lui, i
? » ^^-''^'^f
'
Nechitès, Archevêque de Nicomedie , le plus renommé des, *
'"
\ ne connufT-înt pas pleinement tous les articles de la foi Chré-
'
tienne , on ne laifTe pas de croire qu'ils ont été fauves par la foi
Cil- 5. qu'ils avoient au Meiîie futur ; que la doctrine établie dans l'an-
cienne ôc dans la nouvelle Loi, a été autorifée par des prodiges;
que Cl la première ne parloir claire nient que de Dieu le Père ÔC ,
*^'
olfjurement du Pils, fa Divmiié, comme celle du Saint-Efprit,
a été manifellée dans ia féconde.
Cap. 7' XXXIX. L'Auteur explique les fept fceaux de l'Apoca-
lypfe , des fept états différ^-ns de l'Eglife. Elle brille dans le
premier par les miracifs que Dieu fait pour fon établiflement
Cap.i. ÔC par l'accroilîementdu nombre des Croyans. Dans le fécond ,
[es Prélicareurs difperfés dans tout l'Univers font perfécutés;
mais enfin les Rois ôc les Princes reçoivent eux-mêmes fa
doctrine avec ardeur ; ôc l'on bâtit partout des Temples magni'
Cap. 9. fiques en l'honneur du vrai Dieu. Troublée dans le troilicme par
les erreurs des Hérétiques , elle les condamne ôc les dilfipe dans
fes Conciles; ôc après avoir établi folldement la foi Catholique,
elle fait des Loix ôc des Statuts pour le règlement de la difcipline
ôc des mœurs. A couvert delà perfécution des Infidèles , ôc de
la
ET PLUSIEURS AUTRES ECRIVAINS. 3.15
la perfidie des fauxFrères, elle prefcrit dans le quatrième état
tout ce qui eft nccciTaire pour la décence du culte de Dieu , & ^''''" '*"
ajoute, que le Fils ayant de Dieu le Père, d'être Dieu lui- Op. i*.
même, puifqu'il efi: Dieu de Dieu , il a aulTi de lui que le Saint-
Efprit en procède; ce qui fait qu'il efi: avec le Père un même
principe du Saint-Efprit , à caufe de l'unité de fubfiance. Il
rapporte lespaflages de l'Ecriture qui prouvent cette procefifion,
fie dit, que fi lEvangile ne dit pas expreffément que le Saint- q.. ,,.
Efprit procède du Père &: du Fils, il ne dit pas non plus le
contraire , ni que le Saint-Efprit procède du rere fcul qu'on ;
peut fans témérité ajouter aux Symboles delà foi, des cxpref- q.. ,j t.-
lions qui ne font pas dans l'Evangile, comme on l'a fait plulieurs
fois dans les Conciles. Il y fut décidé que le Fils efi: confubfian-
tiel.au Père; que Marie efi mère de Dieu;qu'il faut adorer le
Saint-Efprit exprefhons qui font reçues par les Grecs , quoi-
:
Terne XXI I. Rr
314 HERVÉ, MOINE BENEDICTIN,
qu'elles ne foient pas formellement dans TEcriture , mais feule-
ment eu fubflance.
C;/. 14. XLI. ïï produit plufieurs paffages des Pères Grecs, de
Didyme ,faint Cyrille , de laint Chryfoftôme , ôc du
de
Symbole qui porte le nom de faint Athanafe, où ces Pères difent
que le Saint-Efprit procède du Fils comme du Père. Il rapporte
aulfi des témoignages des Pères Latins, de. faint Jérôme, de
P«^»ij. Auguftin, defaint Hilairc, dans les écrits defquels on voit,
faint
comme dans ceux des Grecs , que , quoique le Saint-Efprit
procède du Père ôc du Fils , il procède proprement ôc principa-
lement du Père , comme delà première caufe. Il rejette le lan-
C-rp. ic gage de ceux qui difent que le Saint-Efprit procède du Père par
le Fils, ôc fait pafier pour ridicule l'exemple qu'ils apportoient
pour le jufcifier. La fin de la première Conférence fut que l'on
Çap.ij. ibuhaita des deux partis, qu'il fe tînt un Concile général de
fuivre en tout, ni que les Grecs dulTent quitter leurs rits , pour
recevoir ceux de l'Eglife Romaine dans lufage des Sacremens ,
fans les avoir auparavant examinés par la raifon ôc l'autorité des
Ecritures.
ç ,
. X L III.
L'Evêque d'Havelburg , qui avoir déjà prouvé par
de l'Ecriture, que la Primauté de l'Eglife Romaine efi:
l'autorité
de Droit divin, ôc non par conceOîon de quelques Conciles;
qu'elle a par-dciïus les Fglifcs Patriarchales d'Orient le privi-
ç g lege de n'avoir été infe£tée d'aucune héréfic ; que Libère , l'un
de fes Pontifes , n'avoit pu être engagé ni par les promclTes , ni
par les menaces de l'Empereur Conftantius, à foufcrire l'héréfie
ET PLUSIEURS AUTRES ECRIVAINS. 51?
'Arienne , condamnation de fai'.it Athanafe , interrompit
ôc à la Cap.'^;
l'Archevêque de Nicomedie, pour Taire connoître à i'Afiemblée
que ce Prélat ne connoiiroit ni la Religion de l'Eglife Romaine,
ni fa fincerité , ni fa douceur, nifon équité, ni fa fageiîe , ni fa
charité envers tout le monde, ni fon exactitude dans l'examen
des caufes Ecclefiaftiques , ni fa liberté dans les jugemens ; &
que s'il eût connu en elle toutes ces grandes qualités, comme
elle les a en effet, ainfi que l'expérience
le fait voir, il n'en auroit
pas parlé de la forte , rangé de lui-mcme à fa com-
mais fe fcroit
munion 6c à fon obéifTance. Enfuire après avoir prouvé que
l'établiffement du Patriarchat de Conilantinople étoit une entre- Qp. tii,
par fes Légats ôc il en donne des preuves par le détail des Con-
;
nm' ^P^ ^^i a donné place dans le quatrième tome de fes Anecdotes ,
"
gulîcrs
4 , A.'ircdot. fur un manufcrit de la Bibliothèque d'Hanaerlebe, dit qu'elle
pag. 304.
CHAPITRE XX.
Saint Bernard, premier Abbé de Clairvaux
Doâleur de l'EgliJk
Article I.
Hijîoire de fa Vie,
Bourgogne > à une demie lieue de Dijon , fur la fin de l'an Sesândcs^
Rr ii]
3iS SAINT BERNARD,
1090, ou au commencement de 1091. On fixe l'annce de fa
naliTaace fur l'époque de fon entrée en Religion. Il ctoit dans fa
vin^t-troifiéms ( a ) année , félon Guillaume de faint Thierri , ôc
Jean l'Hermite, lorfqu'il entra à Citeaux ; ce fut ( ^ en 1 1 5. & ) i
l,l_^, 1 {c)nid.caf.A.
ic)jibtd.cap. X, * {g)(JuilUlm.cap.^.
PREMIER ABBÉ DE CL AIRVAUX , &c. 5 ip
entrent dans le cœur; à peine leur accordoit-il la liberté nccef-
faire pour le commerce de la vie civile & extérieure. Il fe iit de
cette conduite une habitude qui fe changea prefque en nature ,
ne vivant plus que pour les chofes fpirituc-lles ; enforte que
voyant des yeux du corps , il ne voyoit pas écoutant , il n'écou- ;
(i ) Mibllloa. Vu). 71 , Aand, num. 77. j MahilUn. lib. 71. Annai. nani.s^, 9e, 97.
^,,
viv.re dans cette Maifon , il faut que vous lailfiez dehors les corps
.que vous apportez du monde ii n'y a que les âmes qui doivent ;
Conci-
A
———
(a '
Tome XXIL Si
522 S A I N T B E R N A R D,
toujours auprès de trouva à ce Concile , affin-ant avec les
lui , fe
Cardinaux aux délibérations publiques. Les Particuliers s'adref-
foient môme à lui pour leurs affaires, dont il faifoit enfuite le
rapport à la Cour.
S. Bernard VIII. , Evoque de Gènes , étant ( a ) mort en
Sigefroi 1
3 o, 1
"i"-*' 1 (d)Id.iiil
Sf ij
524 S A T NT B E R N A R D,
conférence, pour offrir les faints Myfteres , le Duc n'ofant '5^'
entrer , parce qu'il étoit d'une autre communion , refta à la porte;
Après la confécration le Saint donna la paix aux Fidèles; puis
pouilé par un mouvement plus qu'humain , il met le Corps de
JefuG-Chriil: fur la patène , le porte avec lui , de le vifage tout err
feu , &
les yeux dtincellans,iifort de l'Eglife , non en fuppliant,
mais en menaçant &
adreffe au Duc ces paroles terribles: Nousr
;
''^^"'"^e crv
Roger , Grégoire, Prêtre-Cardinal à qui ils donnèrent , le nom ^^
de Vidor. Mais par cette élection , ils avoient moins en vue de
perpétuer les troubles inféparables du fchifme , que de fe faire
des conditions avantageufes en fe reconciliant avec le Pape. Les
parens d'Anaclet fe réconcilièrent en effet avec Linocent II. &
Vittor étant venu de nuit trouver faint Bernard , ce faiat Abbé
lui fit quitter tous les ornemens Pontificaux, le mena aux pieds &
d'Innocent II. qu'il reconnut pour feul Pape légitime , le jour de
i'Odave de la Pentecôte, 25 de Mai 1138. Cinq jours après
Bernard fortit de Rome pour retourner à Clairvaux, a) n'em- (
portant avec lui qu'une dentde faint Cefaire , quelques autres &
reliques des Saints. Le Clergé , la Noblefie le Peuple le &
reconduifirent hors de Rome , le regardant comme fauteur de la
paix.
XIV. Avant fon départ il réconcilia Pierre de Pife, Car- Concile de
dinal ,avec le Pape, qui lui rendit fa dignité dont il l'avoit L-tmu en
privé pour s'être attaché à l'Antipape Anaclet; mais dans le '^^'
Concile qu'il tint à Rome le huitième d'Avril 1 1 3 (j , il l'en priva
une féconde fois. Bernard s'en plaignit au Pape môme , par
une {b) Lettre très-forte, où il prend la défenfc de Pierre de
Pife, ôc fait voir que le Pape ne pouvoit , fans ternir fa propre
réputation , révoquer ce qu'il avoir accordé à ce Cardinal en le
rétabiiiTant dansûi place ôc dans tous fes honneurs. Je ne parle
pas ainfi , lui dit-il , pour trouvera redire à la rigueur Apoflolique,
& au zèle ardent dont Dieu vous dévoroit contre les ennemis de
l'unité mais quand la faute n'eft pas égale , la punition ne doic
;
OojfaJe.
^g ^^ p^l^ entre le Roi Louis , ôc Thibaud Comte de Cham-
pagne. L'année d'après le jeune Roi ayant reçu du Pape Eugène
xinc lettre, où il exhortoit tous les François à fecourir l'Eglife
d"Orient déclara à quelques Seigneurs dc fa Cour qu'il étoit
,
refufia.
loufe, comme
Légat du Pape Eugène, pour combattre Ihéré- Henricien»
tiqueHenri , Difciple de Pierre de Druis , prit avec lui Geof- e'^ inr.
froi , Evêque de Chartres , & l'Abbé deClairvaux. Henri étoit
un ( c) Moine apollat , qui étant retourné dans le fiécle s'y ,
libre arbitre. Lors donc qu'il difoit (è) à fes amis , qu'il n'avoit
eu d'autres Maîtres dans l'étude de l'Ecriture fainte que les
chênes ôc les hêtres , il ne vouloit dire autre chofe , finon , qu'il
avoir plus ( c ) de confiance en la prière, qu'en fa propre induflrie
ôc en fon travail. D'où vient qu'après avoir (d) dit , qu'il avoit
reçu principalement dans les champs ôc dans les bois l'intelli-
gence des Ecritures , il ajoute, par la méditation ôc par la prière.
On ne peut mieux juger de l'autorité ôc du crédit qu'il s'étoic
acquis dans le monde ôc dans l'Eglife par fes vertus ôc par fa
fcience, que fur le rapport de Guillaume, Abbé de faint Thierri,
témoin oculaire. S'eft-il trouvé , dit-il, (e) un homme, en
parlant de faint Bernard, à la volonté duquel les plus grandes
Puiflances de la terre, foit du fiécle, foit de l'Eglife, ayent
déféré avec tant de foumilfion ôc aux confeils duquel elles fe
,
foient rendues avec tant d'humilité ? Les Rois , les Princes , les
Tyrans les plus fuperbes , les Gens de guerre, les Ufurpateurs
les plus violens le craignent , ôc le révèrent de telle forte, que
(a) Tom. lo, Concil. pig. 1576 , &• (c) Id. lib, 3 , cap. num. i.
i ,
Mabillon, Pnrfat. in po. B.T/nrrfi , num. 1. (à) Id. lib, I , aip, 4 num. 13.
,
{b) GuiUdm. vir.: Bernard, lib. i , num, (f ) llid cap, 14, num. 70.
»} , ca?. 4. 1
Tom XXI L Tt
.
'5t5« X
.•->^ "S' A, T B E R
N A T) ,N R
l'on voit en quelque façon en lui cette parole de Notre-Seigncut
Luc, i<j.
^ fçg Difç^ples Je vousiai donné le pouvoir de fouler aux pieds
;
*''
A R T I CL E''II.
§. I.
De Jes Lettres.
Lettres de J. T E
premier tome des Ouvrages de faint Bernard , félon
ernar
.
| j de Paris en 1719 , comprend fes Lettres
l'édition
qui y font au «ombre de quatre cens quarante-fept , rangées pour
la plus grande partie fuivant l'ordre chronologique. Nous
fuivrons cette difpofition. Pendant que ce faint Abbé féparé de
"Epifl.ijeà'.t. fa Communauté pour caufe de maladie, vivoit feul dans une
"""•
'•
cellule hors de Tenceintc du Alonaflere , le Grand Prieur de
Cluni,que l'on croit être Bernard furnommé le Gros, vint à
Clairvaux fous le prétexte de s'y édifier , mais en effet pour en
retirer Robert , coufin germain de faint Bernard \ qui après
avoir été d'abord offert à l'Abbaye de Cluni avoir fait profellion
,
Cluni ,
venu
qu'il étoit à Cîteaux qu il avoit demandé d"y être
;
des mains, 6c les autres auflerités. Cette Lettre écrite vers l'an
1 1 ip fut pour lors fans effet mais en 1122 Pierre devenu Abbé
;
careffes & les promefTes de fon oncle, avoit quitté fon Moiallere
pour vivre dans le monde en Clerc féculier lui écrivit qu'il ,
devoir plutôt obéir à Dieu avec qui il s'étoit engagé par vœu >
qu'à fon onc'e qui ne cherchoit qu'à le perdre en le tirant da
Cloître pour le jetter dans les délices du fiécle. Vous qui
,
fils , que vous avei reçu vos biens da.ns votre vie. Mais quels font.
par fa Lettre , lui fit une réponfe dans laquelle j après s'être loué
de l'accueil qu on lui avoit fait à la Chartreufe il traite de
,
T t iij
$54 SAINT BERNARD,
îi tnOrit'e qu'élis conllfte dans un cœur pur, une confciencé
droite, ôc une foi fincere qui nous fait aimer le bien de notre
prochain , comme le nôtre qu'il n'y a que la charité , cet amour
;
pur ,
qui détachecœur de lamour du monde & de foi-nièmc>
le
pour l'attacher à Dieu feul que l'on peut dire en un fens crès^
',
véritable que la charité eft Dieu même, & qu'elle eft un don de
Dieu, enCorce que la charité ei'Icntielle communique la charité
accidentelle ;
que cette charité nous rend léger le joug de la
Loi , en nous la faifant aimer avec une pleine liberté ; qu'elle
purilie la crainte en fe mêlant avec elle, mais fans l'anéantir. Il
diftingue dans l'homme quatre dégrés d'amour. L'homme com-
mence à s'aimerpour lui-même , p:uce qu'il eft charnel ; mais
faifant réflexion qu'il tient de Dieu fon être, il fe fent obligé ds
recourir à lui par la foi , 6c de l'aimer. Mais il s'aime pour foi-
&
même, non pour Dieu , jufqu'à ce que prefTé par fcs propres
befoins , il fe familiarife pour ainfi dire , avec Dieu , en s'occu-
,
père, c'eft la honte d'en être redevable, non à mon mérite , mais
a l'idée qu'on vous en a donnée. Je fuis confus d'être fufceptiblc
du vain plaifir de voir qu'on honore, ou qu'on aime dans ma
perfonne, non ce que je fuis , mais ce qu'on veut que je fois. Ce
n'eft point moi qu'on aime alors , mais je nefçai quoi qu'on met à
ma place, c'efl-à-dire, rien du tout. C'cd ainfi que faint Bernard
penibit de lui-même. Il difoit de tous ceux qui louent les uns :
autres parlent félon leur opinion , & ce font des ignorans trop
crédules mais dans quelqu'efprit qu'on nous loue , nous fommcs
;
Pfalm.izf, de pouvoir dire: J'étois doux & paifible au milieu des ennemis
dance eft plus propre à gagner les cœurs. Saint Bernard marque
Epijl. »(=.
en quatre lignes à Guf, Evêque de Laufanne, les devoirs d'un
Evêque. Vous êtes chargé d'un emploi très-pénible, vous avez
befoin de courage vous êtes établi furveiilant de la Maifon
;
fous ôc aux fages , vous avez befoin d'équité. Enfin , pour ne pas
vous perdre en fauvant les autres, vous avez furrout befoin de
Efifi.iitf\t. tempérance ôc de fobrieté. Les deux Lettres à Ardution élu
Evêque
PREMIER ABBlê DE CLAIRVAUX,&c. î57
Evoque de Genève , ont pour but de l'engager à rapporter à
Dieu fon élection , à y coopérer avec fidélité, ôc à fe rendre
digne de l'Epifcopat. Il l'exhorte à prendre pour modèle faint
Puul à rendre, comme lui ,.le facre' Miniftere honorable par fa
;
difant fur la fin de fa Lettre :Si vous jugez qu'il vaut mieux
endurer tout ce que je vous repréfente , que de renvoyer ce ^Pl^- 3+'
Terne XX IL Vu
538 SAINT BERNARD,
Religieux , c'eft votre affaire, je ne m'en mêle plus. Saint Ber-
nard félicita même Drogon d'avoir paffé à un Monaflere dont
l'oLfervance étoit plus étroite , & l'exhorta à y perféverer , fans
s'inquiéter des traits envenimés , ni des menaces de fes en-
nemis.
^p'i^- 35. XI. En répondant au Dofteur Hugues de FatrutjAbbé de faint
''•' Jean aupiès de Chartres , qui fe plaignuit qu'il eut brûlé fa
Lettre j làint Bernard faifure qu'il la coiifcrve chèrement , mais
qu'il y a un endroit qui ne paroît pas conforme à la créance de
l'Êglife fur les Sacremens. L'Abbé Hugues s'expliqua ; & faint
Epijt, 16,
Bernard ne douta plus de la pureté de fa foi. Mais il le pria de ne
pas inquiéter les cendres d'un faint &
fçavant Evêque , qu'il
avoit laifTé en repos pendant fa vie de peur qu'en devenant fon
;
5 'j^' .0^41' i"3nde à Hugues l'affaire d'un certai'.i Humbert que l'on avoit
-encore qu'on eft plus hardi à piller ce qui refte^ parce qu'on efl:
téfte qu'il ne s'y eO: trouvé qu'après y avoir été appelle , &
m jme
entraîné ; qu'il eft depuis longtems dans la réfolution de ne fortir
de fon Cloître, que pour les affaires de fon Ordre, ou par le
commandement d'un Légat du Saint Siège , ou de fon Evêque ,
parce qu'en ces cas ceferoitun crime à un fimple Religieux rie
ctéfifter. Cependant le Pape Honorius prit le parti de l'Evcque d^ E^ià. 4/.
yu ij
540 S A I NT B E R N A R D ;
E;)i/7. 58. XV. L'Abbaye de tous les Saints, dans le Diocèfe de Châ-
lons, étant vacante , il pria Eubale, Evêque de cette Ville,
d'établir pour Abbé le faint Religieux <]uela plus faine paeiie de
la Communauté avoit élu , pourvu qu'il fiit tel en elTet qu'on le
publioit ; que ii cela ne fe pouvoit d'en c!ioi(ir un autre qui
,
'^
•i
*,
s A T N T B Ë R N A R D,
Epi/î. 66. ouverte. Il envoya Lettre àGeoffroi , Abbi d-^ faint ^-îeiard ,
fa
en le priant de la faire palTer à Alviie, 6c de lui écrire lui- m .^me ,
pour donner du fuccès à fa Lettre. Il en écrivit une fur un fujet
Epjl. 67. pareil à Hildegaire, Abbé de faint Germer de ¥\zy. Ceidi-ci
avoit écrit à fainr Bernard avec beaucoup d aigreur, le reprenant
furtout d'avoir reçu chez lui un Religieux d'un iMonaftere
connu ce qui , défendu par la Règle de (aint Benoît. L'A.bbé
eft
n'y avoit aucune malice dans les uns ni dans les autres. Néan--
«îoins , afin de calmer les troubles 6c les fcrupules de l' Abbc Gui
PREMIER ABBÉ DE CL AIRVAUX,&c. 345
ôc pour ne pas donner occafion par Timpunité de cette faute , à
quelque plus grand mal, il lui inipofa pour pénitence de réciter
tous les jours juiqu'à Pâques , les lept Pieaumes pénitentiaux ,
vin n'ait pas été changé au Sang de Jefus-Chiili par la vertu des
paroles facramentelles , je penfe qu'il eii devenu comme facré
par raitouchement du Corps du Seigneur. Il rapporte le fenti-
'
,,
anort d'Adam fon Abbé, on le choifit pour hji fucceder. Sugef
•n'étoit que Diacre. Il fut ordonné Prêtre le Samedi de la qua-
.triémc feniaine de Carême l'an 1122, 6c le lendemain il rc<;ut la
bénédidion Abbatiale. Les premières années de fon gouver-
.nement il donnadans le fille, menaiu une vie toute féculiere. Les
.gens de bien cenfuroicnt fesdélbrdrcs. Ce qui révoltoit le pl-us,
•étoit de le voir marcher en public dans un habit &
un équipage
trop fuperbe. Ses Moines n'édificient pas par leur conduite mais ;
Epijl. i6. Dans la féconde, faint Bernard lui confeille de continuer à tra-
vailler au bien de ceux dont il avoit la conduite C'eft, dit-il :
Nous ne voulons pas être meilleurs que nos Pères. Ils déclarent ,
dit-il par-là, qu'ils font enfans de Pères tiedes ôc relâchés mais
,
;
s'ils fe font gloire d'être fortis de Pères faints qu'ils les imitent,
dans leur fainteté, au lieu de fe faire une loi de ce qu'ils ont fim-
plement toléré en difpenfant de la Loi.
Ep'r''.
'3> ^4.
91 , XXV. En faifant paffer en Angleterre quelques Religieux
de fon Ordre pour y fonder l'Abbaye de Rieva'le, faint Bernard
les recommanda au Roi Henri. Sa Lettre à lEvêque de Vin-
chcfler efl de pure polireffe. Il en écrivit une à Geoffroi Abbé de ,
548 'S A I N T B E R N A R D
au rang des Martyrs de l'ancienne Loi que félon la manière ;
dont ils ont fouftert , ils font au nombre des Martyrs de la Loi
nouvelle. Ils furent foUicitds, comme nos Martyrs ^ de facrifier
aux idoles, &
à fouler aux pieds la Loi de Dieu. Etant morts
comme nos Martyrs, pour la dét'enfe de la Loi de Dieu, ils ont
mérité le même honneur de la part de lEglife.
Epijl. loo. XX VI IL En louant la libéralité d'un Evcque envers les
pauvres , faint Bernard dit : Il fied bien à un Evoque dette
Kien ne fignaîe tant votre Sacerdoce , n'illuiire tant votre
libéral.
dignitéj que de faire du bien aux pauvres , &: de montrer par-là
défaire le bien, &. Ion craint d'y faire le mal, parce qu'il eft ^P'Jf- «if»
d'abord appcrçu au lieu que da.'.s la retraite on pèche avec
:
^^° '
cette PrincelTe avoit en lui , & de l'efcime qu'il faifoit de fa vertu. [[1/
Sa Lettre à une Uame iliuflre nommée Beatrix , ell dans le
même goût, il écrivit à 6imon , Duc de Lorraine, 6c à Adela'ide
fon époufe , de conlirmer à l'Abbaye de Clairvaux l'exemption
du droit de paiTage qu'ils lui avoient accordé , & que leurs Offi-
ciers vouloient exiger. 11 parok que cette PrincelTe lit un voyage
à Clairvaux dans la vue de contribuer à la fondation de cette
J\îaifon. Saint Bernard s'employa auprès de Mathilde, Ducheiïe
de Bourgogne , femme de Hugues 1. pour l'engager à confentir
au maricge d'un de fes Sujets. D'où l'on peut inférer, ceiemble,
qu'en Bourgogne un Sujet ne pou voit fe marier fans l'agrément
de fon Souverain.
XXX. La réputation de faînt Bernard fe rcpandoit de tous £.-{/?• i^^>
''''
côtés. On faifoit par-tout l'éloge de fes vertus. Tout le monde de
concert n'avoit qu'une voix pour le louer. Hildebert alors Arche-
vêque de Tours, en conçut un ardent déiir de lier avec lui une
étroite amitié. C'eft le fujet de la Lettre qu'il lui écrivit vers
l'an 1 50. Les louanges qu'il y donnoit à faint Bernard , ne lui
firent rien diminuer des bas fentimens qu'il avoit de lui-même.
Votre Lettre, lui répondit-il, me repréfente moins tel que je
fuis, que tel que je voudrois être, 6c que j'ai honte de n'être
pas. Il en écrivit une féconde à Hildebert pour l'engager à recon- ^P^-'^-' ^^'
noître le Pape Innocent II. reconnu par les Rois de France,
d'Angleterre , d'Efpagne , 6c par l'Empereur. Il ne fe trouvoit
que Gérard d'Angoulefme qui demeurât attaché au parti de
l'Antipape Anaclet. Saint Bernard interefla aulli en faveur du
Pape Innocent, Henri, Roi d'Angleterre Geofroi de Lorroux, Epi!l. lîf
;
Xx ii]
,
5^0 S A I N T B E R N A R D,
Poitou , en lui écrivant au
nom de Hugues , Duc de Bourgo"
gne les Sénateurs
; &les Citoyens de Pife 6c de Milan. Il y a
leur difoit faint Bernard , deux chefs de conteftations l'un
;
que cet Abbé y faifoit de fes progrès dans la vie fpirituelle. Saint
EplJl. 146. Bernard qui l'avoit formé dans la pieté en rapporte à Dieu toute
la gloire, ôc dit à Burchard ReconnoilTez mon Frère, que vous
:
,
avez été prévenu dans les grâces abondantes que vous avez re-
çues que ce n'eft pas moi qui vous ai prévenu, mais celui de qui
;
ne fuis au plus que celui qui a planté , ôc qui a arrofé mais que ;
pat
PREMIER ABBÉ DE CL AIRVAUX , &c. ^i
par mort de l'Antipape Anaclet ,
la &
de Gérard d'Angoulême
fon principal fauteur. Par une autre Lettre il pria cet Allé de ne
pas pouffer avec tant de chaleur Tes prétentions fur l'Abbaye de
laint Bertin, aujourd'hui faint Orner , attendu qu'il lui feroit Epijl. 149-
avoir fon avis fur les premiers avant de les continuer. Il arriva r-^-„
'
que le Pape Innocent jetta les yeux fur Bernard des Pcriet pour •
"'
le faire Evêque ,
peut-être dePavie. S. Bernard qui connoilToit
Terne XX IL Yy
5?4 SAINT BERNARD,
combien ce Diocèfe étoit déréglé ôc difficile à gouverner par un
Religieux d'une fanté déjà ufée,pria le Pape de le réferver pour
un autre Evêché. Il fut en effet Evêque de Bellai. Saint Bernard
Èpift. 1^6 , écrivit encore au Pape & au Cardinal Haimeric Chancelier du
IÎ7 léi
. , faint Siège, en faveur de l'Egiife d'Orléans opprimée dans plu-
*'
ficurs de fes Clercs , parce qu'ils avoient pris le parti du Pape
Innocent. Hugues , Doyen de cette Eglife revenant de la Cour
,
fait vivre encore après fa mort, ôc ce qui me fait mourir , avant que
de de vivre.
cefTer
Epi/I. 1^4. X XX "V III. Guillaume de Sabran, Evêque de Langres,
même penfé qu'on dut jettcr les yeux fur lui néanmoins il ;
;
qu'elle n'a été accordée à aucun autre. Enfuite faint Bernard
réfute les raifons fur lefquelles on Ibndoit la Fcte de fa Concep-
tion. La première étoit que , fi la Conception de la (aintc
Vierge n'eût précédé , on n'auroit pu honorer fa Nailfance. La
féconde , que la Fcte de la Conception avoit été révélée. Saint
Bernard répond à la première , que fi l'on doit honorer la Con-
ception de Marie, on eft en droit, par la même raifon , d'infti-
tuer des Fêtes en 1 honneur de fon Père 6c de fa Mère , même
defes Ayeux &
Bifayeux, ce qui iroit à multiplier les Fêtes juf-
qu à l'infini qu'encore qu'il ait été néccffalre que fa conception
;
l.-»int«vV
PREMIER ABBÉ DE CL AIRV A UX , &c. ?J7
réferve de Jefus-Chrift ,
qui devant fanctifier tous les hommes
ôc expier le péché , en devoit feul être exemt , parce que lui feul
eft faint avant d'être conçu; que tous les cnians d'Adam doi-
vent s'appliquer ces paroles de l'un deux f aï été conçu dans
: P/i.'m. 50,
que fon caprice, & qui faifoit tout par empire, fans confulter
jamais la volonté de Dieu. Dans celle qu'il écrivit à Conrad , Roi
Epil. iS;. des Romains, il l'exhorte à rendre au Siège Apoûolique 6c au
'Vicaire de faint Pierre , l'hommage &
l'obéiffance qu'il exigeois
lui-même de fcs Sujets. On demandait de tous côtés à faint Ber-
nard des Religieux de Clairvaux pour faire de nouveaux éta-
blilTemens , ce qui diminuoit beaucoup fa Communauté enforte ;
au fond des envers ce téméraire qui oie monter au plus haut des
Cieux.
^P}fl' m- X L I V. Cet homme, dit faint Bernard dans fa Lettre au
Chancelier Haimeric , employé les paroles de la Loi pour la
combattre , profane les chofes faintes ôc les richelT^s de TEvan-
gile, corrompt la foi des fimpies, fouille la pureté de l'Egiife. Ce
corrupteur des Fidèles propre à pervertir les âmes frnples , pré-
tend comprendre par la raifon ce qui eftréfervé à une foi vive
. &
docile. Non content d'avoir Dieu pour garant de fa créance^ il
veut que fa raifon en foit larbitre. Il fuppofe dans la Trinité des
dégrés , comme Arius ; élevé le libre arbitre au-deffus de la
grâce, comme Pelage; divife Jefus-Chrift , comme Neflorius.
Saint Bernard écrivit plufieurs autres Lettres {a) au fujet des
erreurs de Pierre AbaiUar d , furtout aux Cardinaux de l'Egiife
Romaine. Il y en a encore trois (6 )au Pape fur la même matière ;
mais la plus confiderable eft celle oà il réfute les principales
erreurs d'Abaillard , aulfi l'a-t-on placée parmi les Traités de
faint Bernard. Nous en donnerons néanmoins ici le prc'cis.
Ecdef. 19 4. Czlui qui croit ygerement ejî un téniiralre , difoit que croire légè-
rement ,c'étoit faire marcher la foi avan: a raifon. Saint Bernard
foutient que Salomon ne parle pas de la foi que nous devons à
Dieu , mais de la créance que nous avons les uns aux autres , qui
ne doit pas être trop facile. II prouve par l'autorité de faint Gré-
goire , que la foi divine efl fans mérite dès que la raifon lui tburnit
Mxrr. 14, »î. des preuves que fuivant le témoignage del'Evaigile, les Difci-
;
I-«c. i> 8. pies furent blâmés d'avoir été trop lents à croire que Marie fut ;
Efpnt
,
plus grande ôc la plus parfaite efl: la feule qui foit Dieu puifque ,
parfait en tous fens , eft plus parflut qu'un tout qui ne l'efl: que
dans fa partie. Mais au vrai le Père efl tout aufîi-bien que le Fils
ôc le Saint-Efprit. Le Fils eft tout comme le Père ôc le Saint-
Efprit. Le Saint-Efprit efl tout comme le Père ôc le Fils; ôc ce
tout n'eft qu'un dans les trois Perfonnes , fans partage ôc fans
diminution. Saint Bernard rejette toutes les comparaifons dont
Abaillard fefervoitpour appuyer fes erreurs, ôc fait voir qu'il n'y
eft tombé , que parce qu'il a cherché la diflindion des Perfonnes
divines dans les attributs efientiels communs à toutes les trois,au
lieu de chercher cette diftin£lion dans les propriétés perfonnelies
6c relatives.
X V L I. Saint Bernard dit à cette occafion qu'il n'en eft pas ib'd.
exprime parle nom de Fils, non ce qu'il eft en foi, mais ce qu'il
eftpar rapport au Père. Il n'en eft pas de même des noms abfolus
de puiflance, de fageffe ôc des autres attributs, ils font communs.
à toutes les Perfonnes divines les noms feuls de Père , de Fils ôc
;
efl le fondement des chofes que Von efpere , G' une preuve certa'me de
avoir quelque reiiemblance. Comme tous les homm:s meurent dans i Cor. ij, n.
yidam , dit l'A pôtre , ils font vivïjî.'s par Jcjus-C'irijl. Ce parailelle
efl: égal. Ainfi la vie que Jefus-Chrill nous donne n'étant autre
,
nes qui avoient des immeubles ; que tous ces biens appartenoient
au Prince; qu'il avoit feul pouvoir de les donner, mais auxLa'ics
feulement; que le Clergé devoir vivre des dixmes &: des obk-
tions volontaires du Peuple, ôc fe contenter de ce qui fuflitàune
vie frugale.
EpiJl. 197. X L I X. Nous avons deux Lettres de faint Bernard en faveur
de Gui ,Abbé de Charlieu dans le Diocèfe deBefançon: l'une à
Pierre , Doyen de la Cathédrale, qui s'étoit déclaré contre cet
Abbé l'autre au Pape Innocent , qu'il prie de le protéger
: contre
.„ -g le Moine qui le perfécutoit. Vous le pouvez, lui dit-il ; il eft
P
^
' '
inconteflable que le pouvoir du faint Sicge s'étend généralement
'
ment des Religieux de Clairvaux dans fes Etats. Saint Bernard *'^^ ^°'' '
Epif. îî8. -
LV. On voit par fa Lettre à Pierre, Abbé de Cluni , qu'il
avoir réfolu de ne plus forcir de Clairvaux , que pour aller au
Chapitre général qui k tenoit tous les ans à Cîteaux. Il fe plai-
Epij}. iif. gnoità Guillaume j Abbé de faint Thierri, qui lui avoit demandé
fon Apologie contre les Moines de Cluni , que quand il travail-
loit à ces fortes d'ouvrages , fa dévotion s'afFoibliiîoit , parce qu'il
recueilli 6c moins difpofé à fOrailon. Ladivifion
étoit moins
Evéque de Metz , & de fon Chapitre duroit toujours.
d'Ëftienne ,
E?!/î. 17S& Saint Bernard en écrivit d'abord au Pape Innocent, puis aux
ijo.
Evêques dOdie, de Frefcati ôc de Paieftrine , pour les prier
Epijî. Î31. de la faire ceffer. Il pria encore ces trois Evêques de prendre
fous leur protection l'Abbé de Lagny , qu'il juiiiiie fur tous les
reproches que fes ennemis lui failoient. Cécoit, félon faine Ber-
nard , un homme eftimé de tout le monde pour fes vertus , doux,
fobre, chafte, humble, plein de zèle pour la difcipline régu-
Epifl. 131. liere. Il ne les interefTa pas de même dans la défenfe de l'Abbé
de faint Chafîire au Diocèfe duPuy;au contraire, il rendit un
EpiJl. 133. bon témoignage au Délateur de cet Abbé. Celui de Buzay dans
le Diocèfe de Nantes avoit quitté le gouvernement de fon Mo-
naflere, furie rapport qu'on lui avoit fait que faint Bernard vou-
loir lui oter la conduite des âmes qui lui étoient coniiées. Le
rapport étoit faux. Le Saint fen allura
, &
le conjura de fe réunir
lui à Rome ôc en Angleterre pour empêcher fou Sacre. Sa Lettre ^P'^» *3^»
à toute la Cour Romaine elt fur le même fujet. Comme il étoit
perfuadé que Guillaume avoit été élu par fimonie,il dit aux
Cardinaux ôc aux Evêques de cette Cour Il vous efi: plus glo-
:
1
,
Croifade. Par la quatrième Lettre faint Bernard avertit le Pape Epifi. 14s.
de fe méfier de l'Evcque deSéez,qui fous de faux prétextes
vouloit ôter les Chanoines réguliers de fon Eglife pour y mettre
des léculiers. Dans la cinquième il lui recommande le Prieur de EpijI. 1.^9,
Pape d'être k\nhé de faint Anaftafe mais voyant que le Pape ^î^^--®-'
;
avoit faite.
Terne XXII. B bb
37« S A I NT B E R NA R D ;
fon autorité, toutes les fois que le Clergé étoit divifé. Il le pria
donc de confentir à l'éledion d'Alain, l'affurant que ce Sujet
étoit digne du choix qu'on en avoit fait, ôc d'ailleurs très-dévoué
au fervice de fa Majefté,
Epi,'?. 183 & L XI X. Suivent cinq Lettres de recommandation adreffées-
^ ^' au Pape ôc à l'Evêque d'Oftie pour diverfcs perfonnes. Dans
Epijl. iSS.
celle que faint Bernard écrivit à fon oncle André, Chevalier du
Temple, il déplore le mauvais fuccès de la Croifade, qu'il fait
retomber fur la méfintelligence des Princes Chrétiens, fur &
leur inaction. Comme il fe fentoit proche de fa fin , il auroit
fouhaité voir cet oncle avant de mourir mais il n'ofoit le prier
;
'^^ '^
PaflTavant , Evoque du Mans, Prélat d'une candeur 6c d'une pro- '
fans vous rendre refponiable de ceux d'autrui ? Quand il vcnoità -Fi''- '^î'
aulfi attendrir par les regrets de ceux qui , après avoir quitté leur
habit , fouhaitoient de rentrer dans leur Monaftere pour y faire
pénitence , &
il inrercedoit volontiers pour eux.
nard pendant fa vie, finit par celle qu'il écrivit quelques jours
avant fa mort, qui fut le 20 d'Août in > ^ Arnold Abbé de
i
X
L X V 1 1. On avoit rendu fufpede au Pape Innocent la fpi/î. î^.
fidélité de l'Archevêque de Milan , dont la réputation étoit toute-
fois fans reproche. Saint Bernard travailla à le iuftifier,& ah
attendant qu'il pût aufli ramener à l'obéilTancc 6c à l'union les
Villes de Crémone 6c de Milan , il le pria de fufpcndre l'effet de
fes menaces. La mort de l'Antipape Anaclct, arrivée le fepticmc Epi]!. ;Tr.
de Janvier 1 1 3 S, mit fin au fchifme ôc au féjour de S. Bernard en
Italie. Quelques années auparavant il écrivit à Mathildc, Reine E^iJ}. y^.
d'Angleterre, pour la prier d'accomplir la promeffe qu'elle lui
avoit faite , de céder le droit d'une certaine dixme à l'Abbé de la
Chapelle au Diocèfe de Boulogne. Il s'employa auffi auprès de ^pi^- î'^-
Henri, Archevêque de Sens, ôc du Chancelier Haimeric, pour
faire remettre à un Religieux un Bénéfice polTedé par un Olfi-
cicr de guerre, qui en avoit jufques-là confumé les revenus à
fervir le Roi dans les Armées. La Ville de Reims étoic à la
veille de fa ruine par les révoltes ôc les divifions qui y regnoient.
Saint Bernard ne voyant pas de moyen plus elFicace pour la E^il. jtï.
réunir , que de lui donner un Evêque , fupplia le Pape Innocent
d'en faire hâter l'éledion. Il diOuada ïuritin , Archevêque
d'Yorck, de fe démettre de fon Archevêché, ne trouvant pas
fuffifans les motifs qu'il en alleguoiti mais au cas qu'il en eue
quelque raifon fecrettc , il lui confeilla de ne faire fa démifiion Epjl. 31^.
qu'avec l'agrément du Pape, ôc de fe retirer alors dans une Mai-
fon Religieufe la mieux réglée , fans faire attention ni à fa pau-
vreté , ni à l'auflerité de la Règle.
L XX
V 1 1 1. Saint Bernard ayant appris la vacancede l'Ab- EpiJ}. j,i«
baye de Fontaines en Angleterre, propofa pour la remplir l'Abbé 5'-''
de Vauclaire , nommé Henri de Murdach. Il fut choifi par la
Communauté , ôc enfuite fait Archevêque d'Yorck. Voici une
partie du difcours que le faint Abbé tint à un jeune homme de
qualité qui penfoit à renoncer aux vanités du monde , pour fc
faire Religieux. Reconnoiffez la grâce que le Seigneur vous E-iJl. 511^
fait ayez le courage d'un homme formé , ne foyez enfant qu'en
;
malice. Pour n'être point rebuté dans votre tendre jeunelle par
les auflerités de la Règle , comparez les rudeffes des habits aux
troubles des mondains; la paix intérieure, à une confciencc
déchirée de mille remords. Dieu vous fera fentir une joie fecrette.
Le Prophète afiaifonnera avec un peu de farine les viandes les ^..P.fg.i.
plus infipides. Dès que vous fentirez les aiguillons de la tenta-
tion, jettez les yeux fur le Serpent d'airain , baifez les playcs ,.oa
384 SAINTBERNARD,
plutôt fucez les mammelles de Jefus-Chrifl: crucifié. Il vous
tiendra lieu de mère , ôc vous chérira comme fon lils. Les doux
dont il eft attaché à la Croix , ont percé fes pieds ôc les mains
avant de percer les vôtres. Saint Bernard rappelle à ce jeune
homme les paroles dont faint Jérôme fe lervit pour engager
Heliodore à ne faire aucune attention aux obftacres que laten-
drelTe de fes parens apportoit à fa retraite puis il ajoute Evitez
; :
fy'jl- 358. furie même fujet. Au contraire il prit auprès du Pape Innocent
pour fon Etat , ôc que cette affedion ed: d'ailleurs réglée fou- &
tenue d'une rare prudence. Il faut en effet qu'un Minillre d'Etat
.polTede ces deux qualités , qu'il foit aff'etlionné , quAÏ foit pru-
dent. C'eft l'ordre ôc la règle qu'on doit fuivre dans cette efpece
de choix. Dès qu'un IMinilire rafTembleces deux caractères , il ne
peut donner que de bons confcils mais lorfque fon affection n'eft
;
Poitiers celui qui avoit été élu d'une voix unanime, ôc en dillri-
buant aux pauvres ôc aux Eglifes un legs tait par un homme
mourant , il n'avoit fait que fe conformer aux faints Canons.
L XX XII. Les douleurs &c les miferes du corps huma,in r.piJI. 34^.
xne touchent de pitié , difoit faint Bernard , en écrivant aux
Aloines de faint Anaftafe àj^ome^m^is les maladies de l'amc
Tome XX IL ". *' '
Ccc
385 SAINT BERNARD;
me font frémir. Il ne convient point , il n'efl: pas même expédient
38S S A IN'T B E R N Â R D;
tpift. i6f. écrivit à cet Archevêque ,
que ce Moine n'ayant point cîî^
miffion ni de Dieu, ni des hommes , devoir demeurer dans le-
Pfalm, ï8 , dé TEelife qui prie Dieu de lever de delTus leur cœur le voilo
ix ,
Se n.:,m,
ténébreux qui leur dérobe la lumière de la vérité ; &
de l'Ecris
ture qui défend de les faire mourir j parce qu'ils doivent fe con---
vertir un jour.
Epji. }6i. L X XX VI. Auffitôt après la promotion du Pape Eugène*
au mois de Février 1 14'4' , faint Bernard écrivit à Robert Pullus,
Cardinal &
Chancelier de l'Eglife Romaine, pour l'exhorter à
s'acquitter de ia Charge avec un zèle mêlé de fermeté 6c de pru*
dence, pour préferver le Pape des furprifes aufquelles la multi-
tude des affaires l'expcfoit continuellement. Saint Bernard en
Epijf. 5«^. étoit accablé lui même. C'eft la raifonqu'ildonnoitàHildegarde^.
Abbeffe'du Mont-Saint-Robert au Diocèfe deMayence, de ce
qu'il ne lui écrivoit pas plus au long. Elle lui avoit demande de?
inftrudions. N'avez- vous pas, lui réporrd-il , un Maître intérieur,
de qui l'onttion vous enfeigne toutes chofes ? J'apprends,en effctj
que l'Efprit-Saint vous développe les fecrets du Ciel ,. vous révèle
ce qui efl au-deffus de la portée des hommes. Il dit à Gui, Car-
Epijf. 3^?, dinal-Diacre: J'ai montré à nos Religieux votre Lettre où vous
peignez fi bien votre cœur , 6c les fentimens de charité 6c de
Religion dont il eft plein. Je leur ai fait voir aufli le préfent que
vous faites à notre Maifon, ôc je leur ai recommandé , comme
vous le fouhaitez , de célébrer la Meile dans les vafes que vous
nous envoyez , à votre intention , 6c à celle de vos parens 6c
amis,
^pis j,;^-.. L X X X V I î. Le Pape Eugène III. avoit ordonné que l'on
mît des Moines à la place des Chanoines dans l'Abbaye defainte
laiflez point toucher , lui dit-il , aux louanges que je vous donne ;
je ne qu'un pécheur dont les douceurs doivent vous être
luis
fufpeftes. N'en goûtez jamais d'autres que celles qui nailTent
d'un cœur pur, d une bonne confcience, ôc d'une loi rmcerc. Si
je vous loue c'efl afin de publier en vous les eiîets de la grâce
,
du Royaume, y en a une où il lui confeille d'employer les It^ ' 5^8 p>
il
^'^'
eenfutes Eccléfiaftiques pour réprimer Vufage diabolique des jii/
G oc iij,.
590 SAINT BERNARD,
duels, que quelques Seigneurs revenus depuis peu delà Croî-
fa !e , e'toient fur le point de renouveller. Il écrivit fur le même
Epi/T. 581. fujet aux Archevêques de Reims , de Sens, aux Evêques de
Soillons ôc d'Auxerre , au Comte Thibaud , & au Comte Raoul.
Dans fa Lettre à Leonius , Abbé de faint Bertin , il l'exhorte à
ne pas détourner un de fes Religieux d'entrer à Clairvaux.
L'Abbé Leonius fe fondoit fur ce que les parens de ce Religieux
l'avoient voué au Monaftere de faint Bertin. Saint Bernard
répond, que la difpofition la mieux fondée efl: celle que nous
faifc;ns de nous m-êmes ; qu'en tout cas le vœu des parens fe
trouve alors accompli plus parfaitement , le fils ratifiant p'ar fon
choix l'ofi'rande de fes père ôc raere. Les libéralités desÂIoines
de faint Bertin envers ceux de l'Ordre de Citeaux , l'engageoient
à des remerciemens; mais quelquefois il les acccmpagnoit d'avis
E^ijl. sîî^- Salutaires. Il écrivoit aux Religieux de ce Monaftere : Qu'aucun
de vous ne dife j'en ai afiez , je veux demeurer comme je fuis ,
,
je veux être aujourd'hui tel que j'étois hier. Quiconque cil dans
cette difporiîion , s'arrête en chemin avant d être parvenu au
terme. Où efl: l'ambitieux qui fe borne aux honneurs où il eft
mont-é ? Le vain ôc le curieux qui ait jamais aflouvi fes yeux ôc
fes oreilles? Notre négligence ne trouve-t-elle pas fa condam-
nation dans l'infatiable avidité de la volupté , de la vaine gloire ?
Rougiiïons d'être moins ardens pour des biens fpirituels. Ayons
honte d'avoir eu pour le péché plus de vivacité, que nous n'en
avons pour la vertu. Aprèsavoir foulé aux pieds le monde entier,
rompu les liens de la chair ôc du fzng pourquoi perdre par notre
;
toit que la ligure de celui que .vous habitez. L'un eftauffi diffé-
rent de l'autre , que l'ombre de la vérité. L'Archevêque de Lyon Ê/;';.'. 354.
avoit condamné &
dépofé l'Abbé d'Aifnay fans aucune formalité
dejuflice, &
quoiqu •! fut eftimé univerfellement ; faint Ber-
nard en fit à ce Prciat de vifs reproches , en le priant de révoquer
fa Sentence 6c de rétablir l'Abbc dans fa dignité. Il repréfenta à. r.r[(l, ^9'r
Alvife, Evêque d'Arras, qu'il ne pouvoir, fans blefier fa conf-
cience, renvoyer de Clairvaux à l'Abbaye de faint Bertin le ,
falut de l'enfant qu'il eft mieux de manger deux , ou du moins £,71 ,^-.
;
une fois par jour, que d'en palTer plufieurs fans rien prendre.;
qu'un dépôt étant une ch.ofe facrée, on doit le reftituer , à quelque e ^c7.
j,?.
prix que ce foit, fallùt-il vendre un vafefacré que les avantages £^,7. 41,.
;
4ju'un honneur.
XCVL Les deux dernières Lettres regardent quelques Lettres com
Itfiiiires temporelles. Elles font fuivies de trois Chartes , dont »™'^-» -
Tome XX IL Ddd
3^4 SAINT B E R N A R D ;
coulant ôc plus affecté. L!le ne fe trouve fous fon nom que dans
un feul manufcrit du Vatican, non dans le recueil de (es Lettres,
mais à la fuite du difcours (ur le mépris du monde. On y établit
d'alleurs une maxime qui ne paroît pas s'accorder avec la doctrine
de faint Bernard; fçavoir que, comme Jefus-Chrift a glorifié-
dans toutes fes oeuvres Dieu fon père , nous devons le glorifier
de même dans les nôtres, ôcdire, s'il nous condamne, que fon
nom foit béni , parce que nous l'avons mérité s'il nous fauve,
;
*' '
faint Benoît , ni le génie , ni le ftyle, ni la modeftie de faint Ber-
nard. On ne le reconnoît pas non plus dans celle qui eft adreffée
Ef'i'?. 4ié au Roi Louis. La Lettre au Comte ôc aux Barons de Bretagne ,
,
I
PREMIER Abbé de CLAIRVAUX, &c.5p;
Eftienne deGarlande. GeoiTroi , Evêque de Chartres, coafeilla
au premier de prendre pour arbitre faint Bernard ; c'eft le fujet de
3a Lettre 4^0. Toutes les Lettres fui vantes font de divers
Auteurs , &. aucune de faint Bernard. Il y en a une de lui
<ians le fécond tome ^ de la Bibliothèque des manufcrits de
( )
ï» T "\ An s les éditions des (Euvres de faint Bernard par Uvxf 3i»
\ J
Horftius , le fécond tome préfente d'abord fes Sermons '•* C .nhJcras
4u tems ôc des Saints , enfuite ceux qui traitent de divers fu jets i
Ils ôfit cti 1 1. Auiït dès que l'ouvrage parut , chacun s'emprefla de
l'avoir & à le lire. Saint Bernard le compofa pour l'édification &
'^''
enTr/j
la confoiation du Pape Eugène & il s'y propofa de lui donner ;
Bc-rnaru. :n
^^ confeiis moins comme tm maître que comme une mère ,
, ,
'W" 7.
vaux au Pape. Le fécond n'étoit pas fiit alors, faint Bernard ne
le finit qu'après que l'on eut reçu des nouvelles de l'expédition
infructueufedans la Terre-Sainte, c'efl-à-dire , en i i j'o, auquel
il envoya ce fécond Livre à Eugène. Le troifiéme fut achevé
après la mort de Hugues d'Auxerre arrivée erî nja. Lequa-»
triémc êc Is cinquième quelque tems après, ôc avant le huitième
de Juillet de l'an 3 > ^'•'^ ^^^ ^^ P^^ ^^ ^^ mort de ce Pape-^
5"
1 1
An^Jyfe C\i 1 1 L Quand faint Bernard eut conçu le defi^ein d'un ouvrage
prvnvcrLivre, Pape Eugène ÏH.
^fj \[ p{;,j. é^ii^erôj; confoler le il com-
fc rrxDuva
battu par
'
le refped:
"
& par l'amour qui kii
" "
commandoient
-.-..-deux
'
ch
:hofeK oppofées j l'amour le prelToit d'écrire ;-!e refpecl lui défeii''
> dIbi't. L'amour l'emporta fur une timidité refpedueufe voicf ; &
Proi'ff, la raifon qu'en donne faint Bernard. Je fçai Lien, dit-il à Eugène^
il dit aulïi que la manière de penler de fon fiécle , n'étoit pas celle
des Apôtres. Ils ont été cités devant les Tribunaux pour y être
ï71imot.ii,4. ji-igés, 6c non pour y faire l'oMice de Juges. Occupés unique*
ment du fervice de Dieu , ils ne s'embarraffoient point d .iiîaires
Luc. Il , H- féculieres^ Jefus-Chrift ae voulut pas fe rendre arbitre entre deux
frères.
dp.. 7. V. Votre pouvoir, ajoute faint Bernard , s'étend fur les coaf-
clences des hommes , &: non fur leurs biens ; les clefs du Royau-
me des Cieux vous ont été données pour l'un, non pour&
l'autre. Les Rois ôc les Princes de la terre font Juges des affaires
terreftres; pourquoi ufurpez-vous le droit d'aurrui? Il cite ce
patTageduPfeaume.j.j' : Co?ifidcre^ù' voye-^ que je fuis Dieu , 6c
en prend occafion de traiter de la Confidération , qui fait le fujet
de fon ouvrage. Son premier effet efl:, dit-il , de purifier l'ame ,
enfuite clen diriger les défirs 6c lesadions, de corriger les excès,
d'adoucir les mœurs, 6c de porter l'efprit à la connoiflance des
Cap. 8. çiiofes , tant divines qu'humaines. C'ell elle aula, qui , comme
Juge entre la volupté ôc la nécelfité , leur prcfcrit des bornes
raifonnables , donnant à l'une ce qui fuffit, ôc otant à l'autre ce
qu'elle a de trop; ce qui produit la vertu qu'on appelle tempé-
rance. La Confidération forme auffi la juflice , la prudence ôc la
force, en nous apprenant à ne faire à autrui que ce que nous
voulons qui nous foit fait , ôc à renfermer notre volonté dans
les bornes étroites d'entre le peu ôc le trop ; ce qui ell un effet de
la force 6c de la prudence.
^00 s A I N T E E R N A Pv D
Cap. 4, î. VOUS êtes. Ce que
VOUS êtes, regarde la nature; qui vous êtes, la
,peifonne ; quel vous êtes , les mœurs,. Saint Bernard paile légè-
rement, fur ie premier objet de xonlîdération qui fe borne à la
nature de Vhomme 4 mais il s'étend davantage fur le fécond ,
Cap. 6. c'eit-à-dire , fur les devoirs attacliés à la dignité de Pape. Ils
condftent, dit-il, à arracher & détruire , édilier 6c planter. La
Papauté eil: un miniftere, ôc non une domination- Le Pape efl
aiïis fur une Chaire élevée , mais c'eft pouti voir de plus loin ; &r
:mœurs , dans la fermeté de la foi , datis l'hu milité , qui cft l'orne-
ment le plus éclatant d'un fouverain Pontife.
Cip. 8. I X- examine quelle en efl la dignité & l'autorité , -ôc dit à
Il
l'on a. confié les clefs, à qui l'on a commis le foin des brebis. Il cft
•vrai -qu'ily a d'autres Portiers du Ciel, ôc d autres Pafteurs des
trouvieaux ; mais ;vc^us avez hérité de ces deux qualités au-delTus
des autres , avec d'autant plus de gloire, que vous les polledez
.avec une plus grande ditiérence. Cliacun d'eux a fon troupeau
particuiicj-. Tous vx)us {a) font commis, de forte que tous ces
troupeaux n'en font qu'un dont vous êtes le feul Pailcur , ôc noii-
feulemcnt le Pafteurdes Brebis, mais des Pafleurs mêmes. Saint
Bernard le prouve par les paroles de Jefus-Çhiilt à faint Pierre ..
Jean, it , 1 -. Pierre , firous m'aime^ , paijjei; mes brebis, h dit b ) néanmoins •{
ailleurs ,
que les Evcqucsfont les f^^idïtres de Jeftis-Chrijî.
(évetité envers celui qui lui a ©ccafionné tous ces maux. Saint
Tome XXII. Eec
,
402 SAINTBERNARD,
Bernard exhorte le Pape à réprimer les appellations inutiles , &
celles que l'une des Parties faifoit quelquefois avant la Sentence
mêire , foit pour vexer fa Partie adverfe, foit pour gagner du
tems & à ne pas écouter ceux qui fe fervoient de l'appellation
;
d'arracher les bornes que vos' Pères ont pcfécs ? S'il eftde là
PREMIER ABBÊ DE CL AIR VAUX, &c. 40?
juftice de rendre à chacun ce qui lui appartient, n'eft-ce pas
commettre une injuftice que doter le bien à qui que ce foit?
Vous vous trompez fi vous pcnfez que votre puilTance Apofto-
,
ques, fon Conleil. Votre Clergé , lui dit faint Bernard , doit vivre Q'. t.
dans une grande perfe£lion , puifque c'eft de lui que le Clergé de
toute l'Eglife a pris fa forme ôc fa règle. Quant au Peuple Ro- Ca^, t.
main ,
quoiqu'il en faffe un portrait odieux , ôt qu'il le repréfente
E ee ij
404 SAINTBERNARD,
comme endurci dans le mal , il ne laifTe pas d'exhorter Eugène à
travailler à le réformer , en employant la parole , ôc non le fer , le
C^P- 3- glaive fpirituel , &
non le matériel le premier devant être tiré
;
recevoir aucun préfcnt, pas même deux plats de bois bien tra-
vaillés , qu'une Dame lui offroir par dévotion.
Ihld. XVII. Il étoit d'ufage dans les folemnités que les Officiers
du Pape fuflent proches de lui , pour la commodité du fervice ;
mais ils prétendoient encore tenir la même place dans toutes les
Aiïemblécs régulières. Saint Bernard fait voir qu'il étoit indécent
que ces Ofliciers euffent rang devant les Prêtres , ôc que la cou-
Ccrp.6. tumeà cet ég?rd devoir paiTer pour une ufurpation. Il confeille
la Confidération, ils ne
de contenir plufieurschofes vre'|pW.\5i.
laiffent pas
qui ont rap'oort à la vie adive. Le cinquième au contraire ne r
traite que de la Loniidcration , ou contemplation, c eu-a-dire j
des objets qui font au-deilus de nous. S. Bernard entend par-là,
non le Soleil, ni les Etoiles, qui ne nous font fupérieures que par
leur pofuion, ôc non en valeur ni en dignité, n'étant que des
Lues purement corporels , ôc conféquemment inférieurs à nous
par rapport à notre anie, qui eft fpirituelle; mais il entend Dieu
ôc les Anges. Dieu, en eli'et, nous eft fupérieur par nature ;ôc
les Anges par grâce feulement , puifque la raifon nous eft com-
mune avec eux. Il propofe trois moyens de parvenir à la con-
noilfance de Dieu & de les Anges , l'opinion , la foi , l'entende-
ment ôc commence par la confidération des Efprits célcftes ,
; O;». 4.
dont il rapporte la Hiérarchie. Sur les Anges, il dit, (a) que
l'on croit que Dieu en a donné un à chaque homme pour le
fervir , ou le garder, Enfuite il pafTc à la contemplation de Dieu ,
de fon eiTenoe , ôc des inyftercs de la Trinité , ôc de l'Incarna-
tion.
XIX. La divinité par laquelle on dit que Dieu eft Dieu , Cay.c,^.
n'eft autrechofe que Dieu même. Il eft lui-même fe forme, fon
elTence , un fimple , indivilible. Il n'cft point compofé de par-
,
(«) Putemuss Anjrclosdici, qui finguli j nam , pr»pter eos oui hareJi
prapter haTeJitatcm capiunc
»n-;ulis hominibus Aui creduntur, inifil
ibus (liui 1
j falutis. Lia. j fjp 4.
, Jf Co/zy'.i.^. fj;
in mmiiterium J fecuiidiiui
i
'"
'' "
Pauli doiftri-
\
E e e Uj,
,
§. III.
ne faifant pas attention qu'ils étoient Moines par état , & Abbés
par nécellité. Ils difoient, qu'ils ne cherchoient à fefouftrairc
de la Jurifûidion des Evêques, que pour procurer la liberté à
leur Monaftere. Saint Bernard leur répond Qu'y a-t-il donc
:
§. IV.
LWrc
Reforme
de
des
l«
j^ ^
^A N T Bernard fe trouvant en 1122 dans les environs de
p^^.^
I
de Lglue
1 ,
o
&
qui s engageoient „a^. ^g,,
• ' . '^ ce difcours a
*
III. Saint Bernard trouve que les remords de confcîcncc Cap. s%;\\\
font avantageux au pécheur pour le détourner du péché , qu'ainfi
il ne doit pas étouffer le ver rongeur qui le pique en cette vie. Il
Pénitent ne doit pas fe lailTer abforber par la trifleffe i il faut qu'il C:.: n, i<|
^douciffe l'âcreté de fes larn;ies par refpéj:gnçe dp la confolation . '"*>
XXJL "
Terne '
'
Fff
fio -
SAINT BERNARD*;
douceurs que ceux qui font véritablement convertis , go(ï«^
6c des
tent dans les délices de la vie fpirituelle..
€ap. ij. V- Au fujet des Clercs avides des fondions Eccléfiaftiques ^,
,
^
"."iV^'.x:.-:
iMais quoiqu'il fe plaigne amèrement du grand nombre des Mi-
jiiftres indignes , il reconnoît qu'il y en avoit encore dans rEgUfe
.'- . plufieurs qui s'y conduifoient d'une manière conforme à leur
>^ '
Cap. î«' ;état ; ôc donne, pour marque diftindive des bons Pafteurs d'avec
les Mercenaires de fuir, ou de foutenir la perfécution pour U-
_,
':«• juflicc^
§. V. !
. . i . , . .
PREMIER ABBÉ DE CLAIRVAUX^&c. 4.^1
Imife à la têtede ce Traité , que ce fut lui qui exhorta faintBer-. "^'^^'^'F.ê'*
nard à lui donner tant d'étendue; qu'il le lui adrefTa pour le
remettre à l'Abbé Udon , & enfuite aux Moines de Ton Monaf-
terc, fcachant que les Moines ne peuvent, fuivant la Règle de Epil. >id Al^
b-u. Cilumbt
faint Benoît, ni écrire, ni recevoir de lettres qu'avec la per-
mifFion de leur Abbé ; ôc que ce qui engagea le faint Abbé de-
Clairvaux à ne pas répondre à leur première , fut qu'ils l'avoienr
écrite fans en avoir obtenu l'agrément de leur Supérieur. Il fur-
monta cet obflacle en confiderant la confiance qu'ils avoient en P'-e/jf*
lui, 6c qui étoit fondée fur l'expérience qu'ils avoient de fon ,->!>•
fçavoir , foit pour l'avoir oui parler , foit pour avoir lu fcs
iécrits.
&
Pape Gelafe de faint Léon , qui décident , que l'on doit invio-
iablement obferver les Décrets des Petes, à moins que l'utilité
!de l'Eglife n'oblige à en difpenfer.
I V. Il remarque que faint Benoît , en laifiant à l'Abbé de ^''^ S-
fance que l'on rend par amour , eft préférable à celle que l'on na-
rend que par crainte l'une étant de néceiFité, l'autre de charité ;.
;
&
que pour obéir parfaitement, il faut faire ce qui eft commandé,,
^<'i'' ^•- dans l'intention même de celui qui l'a ordonné. Il décide que
celui qui pèche par mépris pour fa Règle , eft plus coupable que"
celui qui y contrevient par négligence ; la raifon qu'il en donne,
eft , que la défobéiifance du premier vient de fon orgueil ; &
que:
."-'; la défobéiftTance du lecond n'eft que l'effet d'une langueur de.
V«
pareffe. Il infère de-là que le mépris rend mortel le péché qui;
ne feroit que véniel par lalégerecé de la matière, ou s'il n'y cntroic
que de la négligence.
Cap.f. "VII. On doit obéir au Supérieur, comme à Dieu même
dont il eft le Vicaire ; fi ce n'eft qu'il commande quelque chofe.
contre la Loi de Dieu. Il n'importe, en effet, que Dieu nous,
commande ou par lui-même , au par fes Miniftres par des ;
€ap.io. II. Anges, ou par des hommes. C'eft le fait des imparfaits de dif-
cuter ce qui leur eft commandé , avant d'obéir , ôc de ne fe
foumettre qu'après s'être fait rendre compte du précepte. Tout
péché contre la Loi de Dieu n'étant pas mortel, ceux que
l'on commet contre la Règle, ne peuvent conféquemment être.
Cap. 11. regardés tous comme mortels. Et quoique toute défobéiffance
foit inexcufable , aucune n'eft mortelle , que celle dont on ne fait
pas pénitence, ou qui a pour principe l'enflure de l'orgueil.
i
PREMIER ABBÉ DE CLAIRVAUX ,&c. 415
VIII. Les Moines de Saint-Pere avoient dit dans leur Cip. 13.-
Lettre ,
peut à peine obferver les Commandemens de
que l'on
Dieu ; mais que l'on ne pouvoit abfolument accomplir ceux de
l'Abbé. Saint Bernard leur lait voir qu'ils ne s'étoient exprimes
ainH,que parce qu'ils n'avoient pas encore goûté combien le
joug du Seigneur eft doux , ni fait attention au précepte que
Jelus-Chrift nous fait d'obéir à ce qui nous e(l commandé , mcmc M^tt. ij , 3^
par des Pafleurs de mauvaifcs mœurs. Enfuite il les tire de
terreur où ils étoient , qu'en faifant profellion de la Règle de
faint Benoît, on s'engageoit par vœu à ne point contrevenir à
ce qui y efl: prefcrit. 11 faut, leur dit-il , divifer l'obfervance
régulière en deux, en préceptes, &
en remèdes. Les préceptes
nous cnfeignent à vivre de façon que nous ne péchions pas Les :
Fffiii..
4T4 SAINT BERNARD,
fans l'avoir auparavant obligé à le reprendre; ce- qu'on doit &
Au^. lib. rf? penfer de faint Auguftia , lorfqu'il enfeigne que le mariage
l}io./id.c.p. contracté par une perfonne qui a fait vœu de continence , eft
"''
indilfolubie. Saint Bernard fe contentede répondre , que tel a
été le fentiment de ces deux Pères c'étoit à eux à le défen- ,
que
dre. Mais nous avons remarqué ailleurs (a) que TEglife n'avoit
pas encore alors fait du vœu de continence un empêchement
dirimant du mariage; &
que faint Grégoire tit non-feulement
tout fon pollible pour obliger Venantius à reprendre fon premier
état , mais que le fçachant à l'extrémité , il écrivit à TEvcque de
Syracufe de l'y prefler de nouveau, avec menace d'ctre condamné'
éternellement au Jugement de Dieu.
Cap. 17' X
I. Il eft dit que ce même Pape renferma plufieurs Evêques
élection.
Cap. ip. XII. Sur une autre queftion que ces Moines lui avoient pro-
pofée dans leur féconde Letrre ; fçavoir , fi celui qui eft tellement
tons dans ce corps nousfonimes éloignés du Seigneur : parce qu'on ** ^'- î '6w
,
terre, nous fomnies déjà dans le Ciel , par refperance d'y arrivei
un jour comme dans notre patrie.
§. VI.
I. 13 I E N ne fouleva plus les efprits contre lui , que fon A[>o\o?,lé cftr
'"^""'^'^"«'^5
iV Livre contre les Moines de Cluni. Ils étoient alors en Ci
bonne odeur dans le monde & en fi grand nombre , que l'on ne
,
f,
perfonnages, & allez éclairés, pour qu'on les regardât comme
les flambeaux de l'Univers. S il nous arrivoit, dit-il, de nous
'
défendant expreffément. Saint Bernard avoue fans peine que les '"" '*' '*
§. V I L
I./'A UoiQUE cet écrit foit dans quelques manufcrits adrefle Eloge de»
\J en général aux Chevaliers du Temple, néanmoins à Chevaliers du
c'eft
Hugues feul , leur premier Maître , que faint Bernard parle dans ji^étoient.
le prologue mais il paroît indifférent que ce Livre foit dédié ou
;
Gggij
420 SAINT BERNARD",
Gonfacrésau fervice de Jefus-Chrift entre les mains du Patrîatr--
ehe , par les trois voeux de chafteté, d'obéiflance 6c de pauvreté }•
rensde ceux qui font engagés dans la Milice féculiere , où fou vent
celui qui tue péchc morfellement,&celui qui efl tué périt éternel-
lement. Ils font la guerre de Jefus-Chrift leur Seigneur , fans
craindre de pécher en tuant leurs ennemis , ou de périr, s'ils font Cip. j^-
tués eux-iYicmes ; puifque foit qu ils donnent ie coup de la mort
aux autres, foit qu ils le reçoivent , ils ne font coupables d'aucua
crime^ au contraire il leur en revient beaucoup de gloire. S'ils
tuent , c'ell le profit de Jefus-Chrift s'ils font tués , c'eft le leur.
;
(a) Quamobrem Minirtros Verbi Sa- I tenus eos nequaquàm à verbo confeffionis
cerdotes cautc neceffc eft ad utrumque j exterreant; (ic corda apcriant , ut or;i non
Yigilare follicitos , quo vidclitet ikliii- | obnrucnt, led ncc abibivant etinm com-
qiientium cordibus tanto inoileraniine ver- |
punifium , nifi viderint & cotifeirum. Btr/i.
bum timoris & contritionis iiifligaiif , qua- ] de Miliiibus Temyli , cap. j%.
PREMIER ABBE DE CLAIRVAUX ,6:c. 425
de Thorreur & de la douleur de leurs péchés ,
qu'ils ne empê-
les
chent pas de , enforte qu'en ouvrant leur
les confeflTcr cœur à la
contrition, ne leur ferment pas la bouche; parce qu'ils ne
ils
§. VIII.
V_7 Bernard jdevroit en être le premier , îelon l'ordre des ^-^^^^ ^'^^-
"^'
tcms, puifqu'il le met lui-même le premier dans la lifte de fes "*'
ouvrages, enécrivant (fl) au Cardinal Pierre, 6c qu'il eft aulfi _ ^•î*'?^'"''
nommé le premier par b ) Geoffroi , Auteur de fa vie. Sa Lettre opufcul.
(
fruit de cette vertu. Après quoi il diftingue trois dégrés dans la Cap. i.
vérité; la connoifTance de fa propre mifere, pour en gémir, en Cap. 1,4.
devenir plus humble ôc plus doux ; la connoilfance des infirmités Cap. % , é-
du prochain , pour y compatir ; ôc fçavoir purilier l'œil du cœur
pour pouvoir contempler les chofes céleftes ôc divines. Toutes
ces connoilTances font en nous l'ouvrage de Dieu, ou, comme Cip. 7,8,^.-
dit faint Bernard, c'eft la fainte Trinité qui les opère en nous.
^Venant à l'explication des douze dégrés d'humilité , il dit , que
( a.
) Epi/!. 18.. ]• ( i) Lil. , cap. S.
î
42^ SAINT BERNARD ,
§. IX,
•qu'il s'elî donné à nous lans que nous le méritions qu'il nous dp. t^
, ;
Cap. II. la perfedion de la charité que cet état n'eft que pour les Bien-
;
§. X.
c'efl: Dieu qui fait tout ? Ce fut pour répondre à cette objedion
plus amplement qu'il n'avoir fait fur le champ , que faint Bernard
entreprittfon Traité de la grâce ôc du libre arbitre. Il remarque
que deux chofes font nécclîaires pour faire le bien,rinftruîlion
6c le fecours ; qu'il cft befoin que Dieu qui m'éclaire par fes
Miniftres , me donne la force de faire ce qu'il me fait connoîtrc,
6c me confeille ; que félon l'Apôtre , c'eft lui qui donne le vou- Rom. '8 i( , ,
loir ôc le parfaire. Que fi l'on me demande, ajoute faint Ber- ^^. 'S; * ^
"'•-' 'î*
nard, où font mes Maîtres dans le bien ? Je répondrai avec le
même Apôtre // nous a fauves ,
: ?ion à caufe des œuvres de jujlice AdTit. 3 , u
que nous eujfions faites maïs à caufe de fa nûfé rie or de. Et encore;
y
Lefalut ne dépend ni de celui qui veut , ni de celui qui coure , mais de R^m- 9, i^ ;
•
'-"'• '* '
Dieu qui fait mifericorde , Cs" fans lequel nous ne -pouvons rien '^
faire.
III. Il remarque en fécond
,
que lorfque la grâce opère c.î-'.
lieu \.
point de mérite D'où vient que dans les enfans, dans les infenfés,
:
428 S A I N T B E R N A R D,
liberté naturelle de la grâce, la liberté de la glorrt;'
; la liberté
Nous a\ons reçu la première par la création, cette liberté nous-
exemte de la nécefTité ; la féconde par la régénération , elle nous--
délivre du péché la troifiéme , qui ne nous fera accordée qu'a-
;
avec cette différence feule , que dans les Juftes elle cft plus
Cap. (. réglée. Ceux qui veulent faire le bien, ne le peuvent, ne- &
laiifent pas d'être libres, puifqu'ils ont la volonté; mais ils ne
font pas libres de la liberté du péché , qui ne fe trouve que'
dans ceux qui ont la grâce. Car c'eft le libre ( a ) arbitre qui nous-
fait vouloir, mais c'eft la grâce qui nous fait vouloir le bien.
C'efl par le libre arbitre que nous avons le vouloir , c'eft de ta &
grâce que nous vient le bon vouloir ; foit que nous appartenions
à Dieu , comme bons , foit que itous foyons au démon , comme
mauvais , nous confervons toujours notre liberté qui eft la caufe
de notre mérite, ou de notre démérite. Cependant, quoique
nous nous rendions (t) efclaves du démon par notre volonté
ce n 'eft pas par elle que nous nous affujettiitons à Diea , c'eft
par fa grâce qui donne le vouloir partait pour le bien.
€ p. 7. V. Outre la liberté naturelle , faint Bernard en diftingue
deux autres qu'il appelle Liberté de confeil & de complaifance ;
& il demande fi elles étoient toutes les trois dans Adam ? Sur laf
( a ) I.iberuii-. arbitriurn nos f.icit volcn- ( b ) Sanc iliabolo noflra nos mancipat
tes , gratis, lienevolof, ex ij fo nobis tft voliiDtns, Dco (iib)icit cjuè gratia, noa
velle, rx ijifa bonum vcUt, Lernard, tV iiuflra va'unus. llid.
grar. (.iip. 6.
PREMIER ABBÉ nEiCLÂlRV'AtJX, &c. ^^p-
V I. Le premier homme a bien pu pai* lui-même du Cap.
pafTer »,
troublé. Saint Bernard eft de fentiment que c'eli dans ces trois Cip.9.
efpeces de liberté que confifta notre rellemblance avec Dieu ;
que les Anges pofledent cette reffemblance dans un degré fupé-
rieur, étant confirmés dans le bien ; que nous ne la poffedons que
dans un degré inférieur , lors même qu'elle nous eft rendue par la^
grâce du Sauveur, c'efl-à-dire, que nous n'avons plus qu'eff
partie la liberté de confeil & de complaifance. Nous pouvons
bien , avec le fecours de la grâce, n'être pas furmontés par le
péché, ni par la milere, mais nous ne pouvons généralement être
fans péché.
Vil. Au reftc , il ne faut pas croire que le libre arbitre ^"P- '°''
confifle à pouvoir également &: avec la môme facilité , fe porter
,
doit plutôt l'appeller libre arbitre , parce que foit que la volonté-
fe porte au bien , ou au mal, elle le tait librement , rkom-me ni*'
pouvant être bon ,oumauvais, que par fa volonté.
VIII. Saint Bernard fait voir que la grâce ne dérope en rien ^'i'- "••
au libre arbitre ; qu'encore qu'il foit dit dans l'Ecriture que Dieu
nous attire à lui , ii ne nous fauve pas pour cela malgré nous que' ;
fuccomba. Cet Apôtre aima mieux mentir que mourir , & con-
ferver la vie de fon corps, quecelle de fon amc. Il aimoit Jefus-
Chrift, mais il s'aimoit encore plus foi-mênie. Cet amour dd
préférence fut entièrement libre en lui, comme il préicra libre.-
Hhh ny
,
43dfr- ./ S A I NT BERNARD,
.i .",
"
ment la vie de fon corps à la vie de foname. Il ne renonça Jeftis-
Ghrift,que parce qu'il le voulut. Or ce qui eft volontaire eft
libre fila volonté peut être contrainte, ce n'efl que par elle-
;
Gç. 13. même. Il fuit de-là quWrcxception du péché originel , tous les
autres péchés font l'effet de la volonté qui s'y porte fa:i3 con-
trainte de la part des objets extérieurs. Mais le libre arbitre qui a
dans lui-même le principe de, ù damnation , n'a pas celui de fon
falut. Ses efforts ( a) pour le bien font vains , fi la grâce ne les
aide ôc il n'en fait aucun , Ci la grâce ne lexcite. Les mérites du
;
libcri arbitrii ail bonum co- fecunilum nobiftiim , tertium per noi {«cit.
( a ) Cuius
& cafll funt à s:ratia non a^ljuven- Si quidem iniinittenvlo honam co-Hrntio-
natus ,
fi
niilli non excitemur. Ibid. cap. nem nos pri'venit ; )inm\itan,lo Et;am m'-
tur. Si. <i
fàlut. C'ell elle qui (a) exCite le libre arbitre , lorfqu'clle feme eu
nous de bonnes penfces;qui le guérit, lorfqu'elle change fon
affection , fa volonté ; qui le fortifie , pour le conduire à l'accom-
plilTcment de la bonne adion ; qui le conferve de peur qu'il ne
fente quelqu'affoibliffement dans le bien.Ailais ce que la grâce a
commencé feule, s'accomplit par elle, ôc par le libre arbitre.
Leur opcmtion eft commune, & non particulière; ils agiflent
conjointement , & non féparémcnt. La grâce ne fait pas une
partie de l'œuvre , &
le libre arbitre l'autre ils opèrent enfenible ;
les plus grands volumes fur la même matière; que leftyle en eft f.n.lnopufcd,
'vif ôc lumineux, les termes propres ôc convenables au fujet , le '•
difcours aifé naturel, fans art , ni foible , ni languiffant, mais
,
( a "1
Ipf"^ liberum excitât arbitrlum ,
(îmvil , non vicifl'iix! cer fin^^ulos profe.'nis
cnm feminat coçitaium , (anat cum immu- operentur. Non parum erati,! , partira li-
tatatïedum, roborit ut perJucai a.l aiSum, berum arbitrium. Sed toturn
opero finj^iila
fervat ne fen: at defedum. I a timen quoi indivjduopeiaçunt. Totum quidem hoc &
.à fola gratia coeptum eft ,
parité- ab utro- totum ifh fed ur totum in jllo , (îc totuiB
;
Baptême'^
'"
^' ^^'Etoit dans Ics anciennes éditions la foixante-dix-
Mahll.Fra;-
\^ feptiéme des Lettres de
faint Bernard. H orftius la mife
j,^, nombre des opufcules , en quoi il a été fuivi par Doni
Jdt.inopujcu . -.Ti-il Ti n irr/vTT /^^ i-i >•
Mabillon. 11 eft adrelle a Hugues, Chanoine régulier de 1 Ab-
t
19.
baye defaint Vitlor à Paris , connu par un grand nombre d'ou-
vrages , &
mort en 1 1 5^2 ce qu'il eft bon de remarquer , pour
;
faint Vifîor lui avoit fait part de plu (leurs propoGtions peu
exacles qu'un Anonyme venoit de publier. 0\-\ ne fçait qui étoic
cet Anonyme. Il y a là-deilusdiverfesconjeiflures, aucune affez
forte pour nous déterminer que ce (oit Jean , Archevêque de
Seville \ Hugues Ferfuc , ou queiqu autre , cela eft égal. Voici
CCS propofitioiTS :
rance.
y avoit ^^-
Saint Bernard enfeigne qu'avant Jefus-Chrifl: *•
1 1 ï. il
faint Ambroifc &: à faint Auguftin, qui ont cru l'un 6c l'autre Amhmf. ie
que celui qui dc'lire fincerement le Baptême, en reçoit le fruit f-„-"„;.
iorfqu'il fe trouve dans l'impuiffance de fe faire baptifer réelle- Augujlin,
ment - &
penfent que fi le martyre fupplée au Baptême , c'efl: l'*' ""'• '^
',,
uf,io,i4.
pj-Q-p]iQiQ^ ont fouhaité vainement de voir ce que vous voye^, Csf
tion ,
que le précepte du Baptême donné en fecret à Nicodeme,;
obligeoit même ceux qui ne pouvoient en avoir connoiflance,
il fuit de-là néceflairement qu'il y a des péchés d'ignorance.
Pfalm. 1^,7- David ne demande-t-il pas pardon des péchés commis par
Lei'it. s , 17-
ignorance ? La Loi de Moyfe n'ordonne-t-elle pas des fatis-
factions pour les péchés d'ignorance ?
Cap. j.
Y j^ Lg^ dernière propoiition de l'Anonyme regardoit fainC'
Bernard, qu'il accufoit de s'être trompé en difant dans fes Ho-
mélies , que le myftcre de l'Incarnation n'avoit été révélé à
aucun Ange , avant de l'avoir été à la fainte 'Vierge. Ce Perc
répond qu'il ne s'étoit pas expliqué affirmativement fur ce point ,.
& qu'il avoir laiilé au LeiSleur le choix des deux fcntimcns , dont
l'un efl que les Anges ont connu ce Myftere avant fon acconi-
plilTement; l'autre, qu'ils ne l'ont pas connu. 11 en prend un
troifiéme qui tient le milieu, fçavoir, qu'il a été révélé aux
Anges; mais que les circonftances de ce Alydere, le tems , le
lieu , la manière , la perfonne de qui devoir naître le Aleflle , leur
ont été inconnus.
Tiaitécon- VIL Lc onzième Bernard réfute
opufcule par lequel faint
condamnées dans Abaillard au Concile queles Evê-
i'AbaJlUrdr' I^s erreurs
ques de P'rance tinrent à Sens en i 140 en préfence de Louis le
Jeune, Roi de France, a été mis au nombre des Lettres dans les
éditions antérieures à celles de Horftius ôc de Dom Mabillon,
Ce qui nous a engagé à fuivre ces anciennes éditions, c'cft le
grand nombre de Lettres que faint Bernard fut obligé d'écrire au
lujet des nouveautés^ q^ue ce Théologien continuoit de rcpandcew
,
d'Abaillard, &
donné de fuite dans l'analyfe générale des Let-
^c^t-e .so^au
$. X 1 1.
les
c r
années
. r.
autant pour honorer fon i>iége, que pour remplir toutes
cérémonies aufquelles , fuivant l'ufage de l'Eglife , fa
le Pallïumj
,. Malachic,Ar-.
jj^pv^ilaued'lr^
lanJc.
& riches, fut élevé à Arinac , où il fit aulïi fes études. Sa mère remarquable,
qui avoit beaucoup de piété, s'appliqua à lui faire connoître le ^j^ j.
Rome vers l'an n 3^. Le Pape le recçut avec honneur, lui accorda
une partie des grâces qu'il demandoit^ôc le fit fon Légat dans toute
l'Irlande.
VIL Ce voyage lui procura de voir deux foisClairvaux, où Cip. 16.
Pour ce qui eft de mon amc. Dieu qui (îuive ceux qui efperent
en lui , en prendra foin , s'il lui plaît. Il ajouta , qu'il n'avoir pas
peu (a) de confiance au jour que les vivans rendent tant de bons
offices aux morts voulant parler du jour auquel l'Eglife fait la
,
lii iij
438 SAINT BERNARD,
§. XIII.
Tnité i^u I- T E
treizième & dernier des opufculcs de faint Bernard
Chant.
J dans le fécond tome de fes <Êuvrcs , eft intitulé du
^ :
des
1
bufes à lamt
Pères par Jacques Homey , Auguftin, à Paris en 16S6 m-S°. ^sinarti.
L-ritè
Sermons
des I. T ES
Sermons , ou Homélies des Pères de l'Eglife font,
pour l'ordinaire , moins bien travaillés que leurs autres
S. Bernard J f
ouvrages j foit parce qu'ils faifoient fouvent ces difcours fur le
fatintom'.'^C champ, n'ayant pas le lolfir de les préparer; foit à caufe que
ji'ayant pour but que d'inftruire les Peuples des rayfleres delà
Foi , & des règles de la vie Chrétienne , ils affeiloient un ftyle
commun & plus populaire. Il n'en ed: pas ainli des Sermons de
faint Bernard. Ils ne cèdent en rien à fes autres ouvrages , foit
pour la vivacité du ftyle , ou pour la variété des fentimens ; foit
pour la fublimité Jespenfées , ou pour l'ondion ôc la tenjreflfe de
fes expreifions.
Garaftcre ie J {^ Mais au lieu que les Pères de l'Eglife avoient à parler à
fes Sermons.
^^_ perfonnes de toutes conditions , faint Bernard n'avoit entre
fes Auditeurs que des hommes , la plupart très-éclairés dans les
chofes fpirityelles , ôc dans les divines Ecritures; qui avoient
yêcu dans le monde avec diftinifiion , autant par leur nailTance ,
que par leurs qualités perfonnelles. Voilà, ce femble, la raifoii
delà différence qu'il y a entre fes Sermons ôc ceux des autres
Pères de TEgiife. On convient toutefois qu'il y a dans fa fiço de 1
prêcher moins d'art que de naturel; mais fon Ilyle efl vif, agréa-
ble , propre à remuer le cœur, à entretenir la ferveur Ôc la
piété.
Va quels Suivant le foixante-feptiéme chaptitre des Us de Cîteaux,
j j [^
^'^~
!iho?t
'
o" préchoit dans l'Ordre qu'aux Fcres principales de l'année ,
'"-£
fouven.t, môme
en ces jours-là. D'où vient que dans fon pre-
mier Sermon fur la Septuagefune, il dit à fes Frères Je vous :
, ...
.,y parle fouvent , contre la coutume de notre Ordre. Il en donne
pour rajfon fur la fin de fon dixième difcours fur le Pfeaume 5>o ,
'
*
que les Abbés de fon Ordre l'y a voient engagé; quefafmté nelui
pcrmettoit pas de s'occuper du travail des mains , ôc le zèle qu'il
fe fentoit pour l'avancement de fes Religieux dans la perfedion
^vangelique, IV. Quand
,
les Rogations ; cinq pour la Fête de l' Afcenfion trois pour celle ;
Il
voir qu'il les prononçoit de vive voix. Cela paroît encore par le
trente-fixiéme , où il reprend ceux , qui accables de veilles,
dormoient pendant qu'il prêchoit. Il donne dans le neuvième
une explication que je n'avois, dit-il, pas préparée. C'efl: qu'il
fe préparoit à l'explication du Cantique , par la méditation ôc
par la prière ; mais quelquefois aufïï il parloit de la plénitude
de fon efprit , fans préparation , & fans écrire. Les Novices
aflTiftoient à ces difcours, comme
Cela fe voit parle
les Profès.
foixante-troifiéme. On alloit du Sermon , tantôt au travail des
mains , tantôt à laMefTe, &
quelquefois à Complies. Ce qui
niarque qu'il prononçoit fes difcours fur le Cantique , à peu près
dans les mômes tems que ceux dont nous avons parlé plus
haut.
X I. Lorfqu'il eut achevé fes difcours fur le commencement En quel
de ce Livre il les envoya ( a à Bernard des Portes , autant f
, )
''^ ?."' ?''^
pour s'acquitter de fa promeffe envers lui, que pour avoir fon Mubii'l. ibid.'
fentimcnt fur cet ouvrage , afin qu'il le continuât jJbu qu'il
n'allât pas plus loin.Ses vingt-quatre premiers Sermons furent
achevés en 1138,1a même année qu'il alla en Italie travailler à
éteindre le fchifme. De retour à Clairvaux l'année fuivante, il
continua fes difcours fur le Cantique , 6c mit un nouvel exorde ,
& une autre fm au vingt-quatrième. Les foixante-cinq 6c foixantc-
fixiéme font centre certains Hérétiques de Cologne , dont
Cuervin , Prévôt de Steinfeld en Veflphalie , de l'Ordre de
Prémontré , donné connoiflTance, par une Lettre que
lui avoit
l'on a mife à la tête de ces deux Homélies dans la nouvelle
édition. Le quatre-vingtième difcours efl poftérieur au Concile
de Reims de l'an 14.8 , auquel Eugène III. aififta.
1
^o'" '"
XII. Prefque tous les manufcrits portent quatre-vingt-fix ^'^,
H,,. ^^ r
omelies , ou Sermons lur /^ J /^ •
Senten.es e
<
^^ Maxiuies , OU de Seutenccs tirées des écrits de faint Bernard ,
^^ plupart très-bien choifies ; d'une Chronologie de fa vie , à
Chronolo-'c
"
iefavie. commencer depuis l'an lopi , jufqu'en ifjj; de la cenfure
qu'Efdenne, AbbédeCîteauXjfiten lo»? , de quelques endroits
i
cet avantage, qu'ils font écrits d'un llylc net 6c facile, enforte
que le Lecteur ne fe trouve prefque jamais embarralfé. Voici ce
qu'ils contiennent d'intérefiant pour notre fujet.
S-rrr..
\ , de XV. L'orgueil eft Ic commencement de tout péché. C'eft
\^^[ quj ^^ premier des Anges en a fait un démon , ôc qui a fait
Adtimu,p^>g.
^^'*'
tomber l'homme pour avoir con<;u le deffein de devenir fem-
blableàDieu. S il n'y a point de rédemption pour les Anges, c'efl
qu ils font toaibcs par leur propre malice i au lieu que Ihumiae--
,
leurs mœurs ; parce que nous devons conliderer en eux celui de ^J'-
Veille de Noél, dit, qu'elle eft infaillible dans ces fortes d'appli- p^'l'^^''"*'''''
cations. Encore (a) de fon tems on poufiToit le jeûne du Carême
jufqu'au foir. Dans les aucres tems les Moines jeûnoicnt feuls
jufqu'à Nones ; mais en Carême, les Rois , les Princes , le ^tw. j i,i-
Clergé & le Peuple, les Nobles ôc les Roturiers, les Riches & ^"'''^''"^'i^-
P=>g.-
qu'il attribue à faint Ignace, efl une de celles qui lui font fup-
pofées la féconde , que le titre de Porte-Cliriil n'y eft pas
:
Serm. 4 in cciinus dans fc. préfcience , il les a avjji prédejîinés ; G* ceux qu'il
Vom. I Noi. (i prédejlijiés , il Us a aujfi appelles Cs" jufùfiés ; Gr ceux qu il a
»»£• fil'
jujlifiés, a aujjl glonfiis , faint Bernard dit iMon {a) com-
il les :
Serin, ^vec moi. Il ne doutoit point que la ftinre Vierge n'eût été
i in
'AJJumpt. pag.
gj^igyée au Ciel auiTitôt après fon trépas ôc dit , qu'étant notre ;
Serm.inNu- Avocate auprès de Dicu fjTi fils j nous devons recourir de tout
pag.
tivitcLt.
à fon intercefiion.
j^otj-e cœur
^o*"' j XIX.
Quoiqu'il fe foit beaucouo appliqué à connoîtrc l'état
S.Bernard fur dcs ames laintes apres qu eilcs lont leparécs de leurs corps , oc
rétatdesaines q^'\[ croyc avoir fuivi en cela les lumières du Saint-Efprit
,
P^S- 7ï,*-
avoir diitingué trois états des ames des Juftes; le premier,pendant
leur union au corps corruptible; le fécond , quand elles en font
réparées le troifiémc dans un corps glorieux il s'explique fur
; , ;
(fl> Itn'juc i!i!t'um r-riim fo'ii;' rrutist fané ab opère jufl'ficationis alienus f.iiTi ;
avoir été écrits par les Prêtres d'Achaïe. C'eft dans ce même '^'"^' P^S'"*
difcours que faint Bernard donne pour raifon de l'inftitution des
jeûn-es aux veilles des grandes Fêtes, l'obligation de nous puri-
fier de nos péchés , afin de célébrer ces faints jours avec plus de
décence ôc de piété. Il parle du Baptême, comme étant encore
conféré par la triple immerfion. Il rejette plulieurs endroits S-rnï.if,de
des écrits d'Origene, ôc confeille à fes Auditeurs de ne les lire '''f-f'l.'r?^*''*
qu'avec précaution. Voici ce qu'il veut que l'on dife à un pé- jTpag.uj^,'
cheur qui a peine de fe confefler Pourquoi {b) avez-vous honte '"^°'
:
( a ) AJeft enim nobis etiam nunc Gar- tireri j non potes aLiicondi
lujus oculis .'
nis iplms yera fubftantia, haud Jubium fane Quûd (îpu or elt tibi uni homiiii St.
forte
quin in SaLramento. Serm. S Martini , p'ccatori petcatum trum exponere , c(a\A
fog. \oi;3. f'durus et in die judicJi, ubi omnibus expo-
I
ci; Dicaturilliquem pudoraflficit : Cur 1 fiu tua confcient-a patebit f ^erm, io^ ydg
fepudet pe;,i.atum tuum dicere, quem non j diverjis ,yJg. l^li,
fusiuitfacere ^ Aut tur cruDeicis Deo con- J
j
448 SAINT BEPv-NARD,
Serm. 104
,'
.f,','
'
font les jeunes , les veilles . les prières j ôc les autres exercices d(?
la pénitence.
o
Sur , „
la grâce.
X XI. Lorfque
1
nous fouîmes dans la tiédeur
.
, n'abandonnons
,
cnfemble. Au reflc , c'eft envain que les Sages du fiécle ont tant
difputé â^^i quatre 'Vertus Cardinales ; ils ne les ont point pof-
fcdées , n'ayant pas connu celui que Dieu a fait pour nous
Sagefle, en enfeignant la prudence Juftice, en remettant les ;
rance , ôcc.
Sur PuGre XXII. Saint Bernard applique aux Clercs qui font un mau»-
dcs biens de vais ufap,e des biens de l'Eglife, ces paroles d'Ifaïe Il a commis :
l'abils''^' ^u on ^*^ méchantes aâ'ions dans la terre des Saints , (y il ne verra point la.
eti fait, g/ojre Ja ieig/iewr. Que les Eccléfiaftiques que les Mi-
, dit-il,
Serm lî in
uiflrcs de l'Eglife foient touchés de Crainte , cux qui Commettent
Camk. pag. tant d'injuliiccs dans les terres des Saints qu'ils poiïedent , 6c
'^*^'
qui ne fe contentant pas de ce qui eft fufiifant pour leur fubfif:-
tance , retiennent pour eux ,
par une impiété 6c un facrilege
horrible reûe dont ils devroient nourrir les pauvres ; ôc n'ap-
, le
préhendent point d'employer la nourriture dc l'indigent , à
entretenir leur vanité ôc leurs défordres; coupables d'un double
crime, ôc dc ce qu'ils diflipcnt un bien qui n'eft pas à eux, ôc de
g.
;„ ,-,j
ce qu'ils abufent des chofes facrées pour fatisfaire leur ambition
Çantk. png. 6c leut débauche. Voyez , dit-il encore , en parlant des Pafteurs
W?°-- de
PREMIER ABBÉ DE CLÂIRVAUX,6cc; 4^p
ide l'EgUfe, comme ils font polis ôc parés, vêtus comme une
ils ne lailfoient pas de convenir quelquefois qu'en prenant leur ["S- 1+^°'
les morts ; & regardoient comme inutiles les jeûnes , ôc les autres
mortifications que l'on impofe pour la rénrilfion des pèches i
traitant ohfervances de l'Eglife , que Jefus-
de fuperflitions les
Clirid n'a pas établies lui-même, ôc qui ne l'ont pas été par fes
Apôtres , depuis qu'ils fe furent féparés de lui.
S. Bernard XXV. La divifion qui s'étoit mife entre ces deux forte*
les rcfute en
fj'h^rjftiques
^ ,
'
foumit l'occafion de découvrir leurs erreurs^
deux Ser-
Cuervin , après les avoir expliquées a lauit u
.
i-
.
r J/ > • '
premier S< r-
prjpcipes. Jurez ,
parjurez-vous , fe difoient-ils l'un à l'autre,
^'''^'
ciel , ni par la terre. Il ajoute, quêtant de la gloire de Dieu
s'il ne l'eft pas , ils n'en font un myflere, que pour cacher leur
4^2 S A I N T B E R N A R D;
ces Hérétiques font fous le boiiï'eau, leur erreur fuit le jour; ÔC
au lieu que l'Eglife eft répandue par tout le monde , toujours & '
vifible, ils font enfermés dans des cavernes. Saint Bernard réfute
en peu de mots leurs erreurs fur le Baptême des enfans, fur lô
Purgatoire, ôc le pouvoir des Pafteurs de l'Eglife, même pé^
F^g. i5ti. cheurs. Et après avoir remarqué qu'ayant été mis (a) àlepreuvé
de l'eau , ils avoient été trouvés menteurs, ôc convaincus des
erreurs qu'ils nioient auparavant cette" épreuve , il dit , qu'on
ne doit point s'étonner de la confiance que quelques-uns deui
avoient montrée dans les fupplices, ni la comparer à celle des
Martyrs ; parce que dans les Martyrs la confiance eft l'effet de
leur piété, ôc dans les Hérétiques c'efl l'endurciffementdecoeutî
qui caufe le mépris de la mort.
§.. XV,.
Cînquîùne I.
Tome.
/^ Es deux TomCs contiennent
(Êuvres à qui l'on ït
les
0^ i quelquefois fait porter le nom
de faint Bernard mais ,
taire dc-Gi!!e- dont on a depuis dccouvcrt fes vrais Auteurs, ou qui ont été
bert de Hoi!-
rejettes comme indignés de lui. Gillebert de Hoillande , appelle
'°
Camique!"^ ainfi, du nom'd'uiie petite Ifle entre l'Angleterre ÔC fEcoffc , oià
Tom.i,})ig.u étoit fituée fon Abbaye , fit en quarante-huit Sermons l'explica-
tion du Cantique des Cantiques , commençant à l'endroit du
troifiéme chapitre où faint Bertiard avoitfini, jufqu'au dixième
verfetducinquiemechapitre.il avoir été Moine dé Clairvaux
fous faint Bernard , ôc étoit pafTé depuis eil riile de Hoillande,
OLiilfut chargé de la conduite de deux Monafleres, l'un d'hom-
mes , l'autre de filles , tous les deux du Diocèfe de Lincoln. Ce
fut-là qu'il compofa fes difcours fur le Cantique. Les dix-fcptiéme
ôc dix-huitiéme furent prononcés en préfence de la Commu-
nauté de filles , les autres devant celle d'hommes. Quoique ces
difcours foient beaux , ils ne font ni fi fublimcs , ni fi onclueu^
que ceux de faint Bernard ; mais la lecture en fi^ra toujours très-
édifiante , non-feulement pour les Moines, mais aufîi pour les
mais c'eit une nouvelle grâce, parce que c'eft une nouvelle
fubflance. Nouvelle , non eu elle-mCnne, mais dans cette efpcce.
C'ed , en elfet , quelque chofe de nouveau, que la fubflance de la
Chair du Seigneur , prife fous une autre efpece, confère à l'ame
ïâ vertu de fanclification; ôc que cette Chair immaculée purif.e
dans le myflere de l'Autel, la fubftance fpirituelle de l'ame.
Chofe encore nouvelle, ôc qui ne fe trouve point dans l'ufage
des autres Sacrennens , c'eft que non-feulement lagrace de fandi^
fi'cation eft donnée dan^ rEuchariftie , mais }a fubilance natu-'
relie du pain & du vin
( ell changée. Car paria bénédiclion du'
)
fumpta , Iknftilic.itionis virtufcin amnis: tione , hzc vivificatrix eratia in Carnem '.
L'IÎ iij.
4r4 SAINT BERNARD,
par Gerfon, Chancelier de TUniverfité de Paris , fe trouve en
effet fous fon nom dans quelques manufcrits alTez récens ; mais
les plus anciens , entr'autres, celui de Pontigny de l'an 1 1 y6,
& celui deCharlieu le donnentàGuy, cinquième Prieur de la
grande Chartreufe. Ajoutons que le ftyle eftdiffe'rent de celui de
faint Bernard , & que l'Auteur de l'ouvrage intitulé Fleurs de :
Geort'rofu!".
Pieff" ^ Jefus-Chrift, /^oi/i) que nous avens tout quitté , (ont de
'^
f,pr.
' Geoffroi, Difciple de faint Bernard , qui les compofa de divers
endroits des Sermons de ce Père. Geoffroi, après avoir été foa
Secrétaire , fut fait Abbé d'Igny , 6c enfuite de Clairvaux. C'cft
de lui que nous avons la vie de faint Bernard en deux Livres , ÔC
un difcours à fa louange. Il adrefla fes déclamations à Henri de
Pife, Cardinal de l'Eglife Romaine. En i^oi elles furent impri-
mées à Spire , fous le nom de faint Bernard.
L'F.hellci!u VILLe Traité qui a pour titre l'Echelle du Cloître , ou de
:
Cloître p.îjr.
, jjj imprimé plufieurs fois parmi les
nianiere de prier, a été
^''^'
ouvrages de faint Auguftin. Les Codeurs de Louvaiu ne le
croyent ni de ce faint Do6lcur, ni de faint Bernard. Son titre
«jansles éditignsdefaint Augullin^ cft i'Echellq du Paradis. Un
PREMIER ABBÊ DE CL AIRVAUX,6:c. 4rr
manufcrit de la Chartreufc de Cologne l'attribue à Guy , fans
fpécifier , Il c'eft le même compte pour
que l'on le cinquième
Prieur de la grande Chartreufe. Fabricius le donne à Guy, Prieur
de la même
Chartreufe jufqu'en ii7(5 , dont on a parlé plus
haut. L'ouvrage ell: adrelTé à Gcrvais, que l'Auteur appelle Ion
frère.
VIII. PrefquGtous les manufcrits mettent fous le nom de M^iitarionf
^^^'
faint Bernard , les Méilitations pieufes fur la connoifTancc de la T,'!'/'
'
IX. On a mis aulîi entre les écrits de Hugues de faint TraKc Je î'c-
Vidor, le Traité de l'édification delà Maifon intérieure , ou de iaM',i(on in-
la confcience ôc il y efl le troifiéme Livre de l'Ame. Il efl: t'rkme,p.z£,
,
Sermons de
faint Benoît.
, ^
X ,_ .
I
a.) ^aft.'i , num, 14.
parnji
I
fur la miilic!. C'eft une raifon de lui attribuer celui qui fe trouve
fur ce fujet parmi ceux qui font fuppofés à faint Bernard. On
met de ce nombre l'explication de la Parabole des dix Vieig.^s.
Le Sermon pour la Fête de faint André, eft de Nicolas de
Clairvaux, de même que les Panégyriques de faint Nicolas,
Evêque de Myre , ôc de fainte Magdelaine.
XX. Les fréquentes citations des Poètes inufitées dans les P^ig-rj*
Tom XX L Mmm
4îS S A I NT B E R N A R D,
écrits de faint Bernard y la différence du ftyle , ôc les façons dé
penfer , font des raifons fuffifantes pour lui ôter les quatre dif-i
Eglifes.
Tag.rfé. XXI. Les huit difcours fuivans ne font pas du flyle de faint
Bernard. On ne le reconnoît pas plus dans le Livre des Sen-
tences , renvoyé déjà par Horftius parmi les Livres douteux.
On met même parmi les ouvrages fuppofés à ce Père, la difpute
d'un Judc avec Dieu ; le Soliloque la forme d'une Vie honnête.
;
à
PREMIER ABBÉ DE CL AIR VAUX, &c. 4j^
vers , mais qu'il a même On
ne peut donc
négligé la rime.
«lui attribuer avec vraifembbnce, le Pocme à Rainaud , qui efl:
•
en vers hexamètres , ni les autres petites pièces de poclie qui
fuivent, ni même la Profe rimce fur la Naiffance du Seigneur.
XXIV. Le (ixicme ôc dernier Tome des (Èiuvres de faint Sixk'mcTp-
Bernard, comprend les Sermons de Guerric , Abbé digny, '^sermons de
.pour les Fêtes de lannc'e. Il avoit été Chanoine de Tournai , Guerric, Ab-
.
avant de fe retirer à Clairvaux pour y vivre fous ladifciplinede ^'^^ '^^^"y r
-faint Bernard. Ce fut vers l'an 1 5 1 , après la mort de Humbert ,
1
"' *
XXV. Horfiius avoit déjà mis dans l'Appendice des (Euvres Lsttres &9
Guillaume de faint Thierry , qui , de cette Abbaye dont il ttoit nii,u Thierri'
Supérieur , pafia à Signi pour y vivre en fimple Moine. Il étoit ^'^g- ïo77^
lié d'une étroite amitié avec faint Bernard, qui l'eftimoit pour
fa fagefle & pour fon fçavoir. Mais quelqu'eftime qu'il eût pour
l'Abbé Guillaume , il ne voulut pas lui permettre de quitter
fon Abbaye pour venir demeurer à Clairvaux. Demeurez , ce E'M. s^
font les termes de la Lettre qu'il lui écrivit à cette occafion ,
demeurez , fi vous m'en croyez , en l'état où Dieu vous a mis,
^ travaillez pour le bien de ceux' que vous avez à conduire.
Guillaume écrivit le premier Livre de la vie de ce Saint , de fon
•vivant même , mais à fon infçu. C'cfl: ce qu'il dit dans la préface,
où il marque qu'il l'écrivoit à Signi, Monaflere dans le Diocèfe
deReims. Helin lui avoit fuccedé en 1 1 5 dans l'Abbaye de faint
5:
Mm ai ij
, .,
4do SAINT B E R N A R D
fpacleux ôc plus commode, & après
que faint Bernard eut éteînr"
dont l'Eglifc avoit été agitée...
les fchifmes, ôc réfuté les héréiies
On doit donc mettre ce premier Livre de fa vie après l'an i i-jo,
ou 1147. Guillaume niourut avant faint Bernard.
B^narî^'Tr ^>^VII. Après la mort de ce Saint , Arnaud, Abbé de-
l'Abbc de Bonneval, Ordre de faint Benoît, dans le Diocèfe de Chartres,
^.onaeyal. continua l'ouvrage commencé par l'Abbé Guillaume , &: fit le
fécond Livre de la vie de faint Bernard. On a une de fes Lettres
à cet Abbéj qui eft la trois cens dixième. Il y avoit alors k
Clairvaux plufieurs perfonnes de Lettres , capables de faire la
vie de ce Saint mais ils aimèrent mieux en charger Arnaud,
; .
Sermons.
Recueris des XXIX. Dom Mablllon ne doute point que le même Geof- -
•mmacjes de S.
f^Qj ^e foit du nombre de ceux qui ont recueilli les miracles de
faint Bernard , dont on a compofé deux Livres imprimés à la:
fuite de fa vie. Le premier eft divifc en trois parties, dont la
première " '"our Auteur Fliilippe , Moine de Ciairvaux, qui
l'adreffaàSamfon j Archevêque de Reims. La féconde efl dédiée
au Clergé de l'Eglife de Cologne , par cinq Moines delà même
Abbaye, entre lefquels Gcoffroi ôc Philippe font nommés. La
troifiéme eftde Geoffroi feul , ÔC adrcflee à Hermann , Evêque
de Conftance. Ce Livre, avec les cinq précédons fe trouvei^t
ilîi»s. ic6-J3ollandiftes , au 20. d'Août , de même que daus la
PREMIER ABBÉ DE CL AIRV AUX, ôcc. ^(Si
deux Livres la vie de faint Bernard, qu'il dédia à Pierre, Evoque ^^"^^^\'rF~^'
de Tufculum , fait Cardinal en 178 parle Pape Alexandre IIL mue.
1
Ôc à fa ver tu.
iVl mm iij
4<?2 SAINT BERNARD,
Doarlne de XXXï Lcs Hiftoriens de fa vie ôt de Ces miracles en ont
I.
S. Bernard fur rapporté des circoiifiances dont il eft important de faire ici
mention , parce qu elles lont des preuves évidentes de la roi tut
la prcfence rdeile dans fEuchariftie. Arnaud de Bonneval, dit
quefaint Bernard étant à Milan pour les atiaires de l'Hglife , on
luiamena par force une Dame de cette Ville , poircdéc du
démon, qui l'agitoit fi violemment , que dans le tems de fcs con-
vulfions , elle refTembloit plutôt à un inondre qu à une femme ;
Tia: (îijuidctn calicis facrum Domini Corpus ut ab hàc ancillii ejus cprcdiciis contin-
impontns , & mulieris capiti fuperponcns gerc eamdcinccps non prrfliinas
.talia loqutbntur : Hoc illud Corpus Fusaio diabolo, mulier mentis C\ix compoj
quod de coi-pore Virginis funipium tll ; etleda, redditis cum r.itione fcnfîbus ,
quod in ftipite Crucis extt nfum cil ; quod Dcuni conlcffa f^ratias egit, &;c. Ar/sdiL
intumulo jacuit quod de morte furrcxit ;
;
honnM'ailis , Ub, i , vit. Bernjrdi,cap. 3 ,
,£jiod vidcntijjus Pillipulis alcendir in Coe-
PREMIER ABBÉ DE CL AIRVA UX , ôcc. 463
crire ( a ) ici en latin , celles qui atteftent fa croyance fur la
réalité du Corps & du Sang de Jefus-Chrift dans l'Euchariflie.
§. XVL
De quelques Ecrits de faim Bernard , publiés depuis ta
dernière édition de fes Œuvres.
L TI Es
,• r
Bernard dont nous avons parlé iuf- „ '^"^"«'^'^S-
Ecrits de faint
•
j A j j -i^ KcriiarJ, pu-
dans le même ordre dans la dernière biicsciepuisk
I 1 1
P i qu ICI, le trouvent
édition qui en a été faite par Dom Mabillon , ôc que l'on a mife Jemiirrc édi-
plus d'une fois fous la prelTe fçavoir , en 1666 , (5po 6c 1715), cXuvrcs. '*
; 1
(a) Vir Dei jara non fe agens ut homi- ' Ecclefî.-Bquam cuperfêqueris Nunr-
nem , Corpus Domiiii luper patenam ponit quid & ipium Ipernes ; riumquid & ipfuni
& kxuin tollit , atque iHiiea facie & !-lam- licut fcrvos eius coiitemnes ? . . . . Viucns
meis oculis non liipplicans , led minax Cornes Abbatemii- fpiritu v=her.K'n'i prc
foras Ch:reJiiur ,& vei bis terriiÀlibus a:;- ccJentcm& facratiliiniuniDoniini Corpus-
greJitur Duteni : Rogavimus te, inquit /& fcrentem in manibus , expavir. ... & quaff
fpreviiU no^^ Hcce ad te proce.Tit amens Ibk) provolvitoi'. M. ilid, Cdp, 6 ,
kiiius Virginia c]ui eil C^vut Dominas &
4^4 SAINT B E R N A KD ,
1
,,
Novice en cette Abbaye,frere du Roi Louis. Cette Lettre étoit à dot. Mdrtiti
P'S- jys».
la tête du recueil des miracles que S. Bernard avoir faits en Alle-
magne. Ce recueil , dans les éditions de fes (Euvres, eft adrcffé
à Samfon , Archevêque de R-eims; mais il eft vraifemblable que
les Compagnons de faint Bernard l'envoyèrent d'abord à ce
jeune Prince qui s'étoit lait Novice à Clairvaux, foit pour lui
faire plaifir , foit pour fa confolation , 6c celle de tous les Frères ,
6c qu'enfuite ils l'adrefTerent à l'Archevêque de Reims. Cette
Tome XXI L Nna
^66 SAINT BERNARD,
Lettre fe trouve dans le premier tome des Anecdotes imprima
jL Paris en 1717.
§, XV 1 1,
& une éloquence fans enfiure &; fans fard , plus embellie des
grâces de la Nature, que dei'Art. Son ftyleeft vif, ferré, plein
d'ondion , varié , fuivant la diifcrence des matières & des fujets.
Ses penf^'es font élevées fes feutimens ne refpirent que la vertu ;
•,
,
plus correcte , à tous égards , lorfque la mort rompit fon deîfein ,
le 20 dAvril \6^^. Alors Dom Chantelou , Bénéùidin de la
Congrégation de faint Maur , reçut ordre de fes Supérieurs de
revoir ôc corriger le texte de faint Bernard fur les manufcrits
,
Il s'en fit une autre édition chez Jean Dupuis. £t une troifiéme
en i585 chez Léonard Plaignard. A l'égard des Lettres de ce
faint Do£teur , on en connoît deux traducrions Françoifes, l'une
de M. Roy, à Paris, en 1702 , chez Jean Moreau , en 2 volumes
i/z-S**. L'autre de ^l. de Villefcrt, en 171^ , aulli en deux vo-
CHAPITRE XXL
F i li RRE , Abhé de Cla?ih funiommé le' Ven ARABLE.
Pifrrc le I. /^~\ R I G N A R E de
1 I la première (a) Nobleffe d'Auvergne,
Yéner^b.c.^^
'''''
^^ Maurice fon petc, ÔC Raingarde mère, l'oftrirent à fa
pcmc-nf. Dieu dès l'enfance. Saint Hugues, Abbé de Cluni, étant fur la
fin de fa..vie, le reçut à profeifion. C'étoit ( b ) l'ufage de n'y
A B B É D E C L U N I. 471
publiques. II y en peu de teras de grands progrès. A peine ea
fit
(a) jvjaoïu.
\a) Mdlill. iuia.
ibid. Lia. 78 , num. loz
Ub. 70 loi ,; e>;
5: 1 (d)
\.i. Mahillon. lib. 74 , Annal, num.
Petrus , /i'i, 4 ,epijl 37. 14S,,
( b) Petrus , lib. 6 , epijl. \6\&. MMU. (f ) Mabillon. lib. 77. Annal, non,
lii). 79 , Annal, num. 104. 114.
(c) Pccrus,tib. 6 ,
.71J?. 4^ ; icMalill. (/) llid. !i Petru! , rpjl. 1 1 , lib. 4.
iih, 79 , Amud. num. iH.
dans
ABBÉDECLUNI. 475
dans ce Royaume, il s'appliqua à connoître les dogmes impies
des Sarrazins, ou Arabes , dans le delTeiiî de les réfuter, quand il
en auroit le loifir. Il traduifitauiïi d'Arabe (a) en Latin , la vie
de Mahomet.
VIII. Ce fut fur le tcmois;nao;e de l'Abbé de Cluni , que le ^^"^ "*°" "*
Evijl. 1. ^""^is
de l'Eglife. Il écrivit à Matthieu , Evéque d'Albane, que la
mort du Roi d'Arragon ayant occafionné des troubles en Efpa-
gne , pourroit bien en occafionner auffi dans les Monafteres de
ce Royaume dépendans de Cluni. Par la même Lettre il prie cet
Evêque , qui avoir été Moine de Cluni , de s'interefTer , Ci cela
pouvoir fe faire en confcience , à l'union d'une Prébende que
l'Evêque de Troyes étoit difpofé d'accorder à ce Monallere ,
comme il en poiTedoit depuis longtems à Chartres & à Orléans.
Il le prie encore de faire enforte que le Pape lui laifTat le juge-»
J
ABBÉ DE C L U N r. '^ff
motif qu'il employé eft , qu'il dtoit mort muni de tous les Sacre-
mens de l'Eglife , après avoir confefle fes péchés dans des fenti-
mens de pénitence; ôc que ion avoit fait pour lui àCliiai plus
de prières & de bonnes œuvres, que pour aucun autre Prince.
Henri mourut auprès de Rouen le 2 de DccembLe 1155'. Dans
une féconde Lettre au Pape Innocent II. Pierre le pria de cou- Epifi, ir*
fimier la Sentence rendue dans le Concile de Jouarre auDiocèfe
de Meaux , par les Archevêques de Reims , de Rouen , de
Tours, de Sens,ôc leurs SufTragans, contre les meurtriers de
Hugues , Doyen d'Orléans , élu Evoque de cette Ville , & de
Thomas , Prieur de faint Viiîtor; 6c d'ajouter mcme quelque
peine contre les coupables , s'il trouvoit qu'ils n'euifent pas été
alTez punis. Le Concile s'étoit contenté de les frapper d'excom-
munication.
XIII. La Lettre au Moine Giflebert eft une réponfe à celle ^/'J^- »•»
'°"*
mains , ôc la magnificence de leurs Eglifcs. La Lettre de faint ° '^
Bernard, ou, comme on l'appelle, fon Apologie, parce qu'il
y failoitvoir qu'on l'accufoit à tort d'être l'auteur des dillercnds
qui regnoient entre les Clunifles 6c les Cillerciens , ou du moins
de les fomenter, ell adrelTée à Guillaume de fiintThierri, qui
l'avoit excité à fe juflifier. Pierre de Cluni adrelTa la fienne à
faint Bernard môme, pour qui il témoigne autant d'eftime que
d'amitié. Entrant dans le détail des reproches qu'on fùfcit aux
Cluniltes:On nous accufe, dit-il, de recevoir les Novices à
profelllion fans épreuves, & fans ohferver l'année deNoviciat,
amli que ia Règle ie prefcrit. Mais quand leSauveur dit au jeune Mitth. ip^-sr,
homme riche 5i vous voulez cire parfait , allez , vendez ce que
:
Ooo lij,
478 PIERRE LE VENERABLE,
pour les autres habits dedefibus, la garniture des lits, & l'aug-
mentation delà nourriture des Moines.
Troîiléme
ouje ion.
X V1 1 L Nous recevons , dit-on , les fugitifs au-delà des
^^^.^ ^^.^marquées par la Règle, cela eft vrai. Mais Jefus-Chrift
n'a-t-il pas pardonné à faint Pierre ? Ne 1 a-t-il pas chargé du foin
du troupeau , &
conftitué Chef &: Prince des Apôtres , depuis
même qu'il l'eut renié trois fois ? La porte de la mifericorde ne
doit-elle pas être ouverte aux pécheurs jufquau dernier foupir?
La Pvegie même ne défend pas de recevoir au-delà de trois fois ,
celui qui par fa faute fort du Monaftere Elle dit feulement qu'il
:
obieaions. g^s , OU réduits prelque a rien, nous ne croyons pomt nous être
écartés de la Règle de faint Benoît, fi ce n'eft peut être, les
Mercredis & Vendredis depuis la Pentecôte , jufqj'au 13 de
Septembre , où l'on ne doit , ce fenible , manger qu'à Nône , &
les autres jours à Sextc, ou à midi mais la difpofition de ces
;
o1>-'
un mémoire des outils ôc des uflanciles du Monaftere , ôc man- jeâions.
ger en une même table avec les Etrangers; les Religieux abfens
de rOHice commun, doivent le réciter où ils fe trouvent, ôc
faire les mêmes génuflexions qu'ils feroient au Choeur; lorfque
les Frères fe rencontrent , le plus jeune doit demander la béné-
didion àfon ancien on doit mettre à la porte du Monaftere un
;
ancien qui foit fage , ôc qui réponde Deo gratias zious lesfur-
venans. Rien de tout cela ne lé faifoit chez les Cluniftes; Ôc,
quoique la Règle ne parle que d'un feul vœu de ftabilitc, de
converfion ôc dobéiflance , ils le renouvelloient chaque ft is
qu'ils changeoient de Monadere. Pierre répond que l'Abbé ne
pouvant tout taire par lui-même, eft autorifé par la Reele à fe
décharger fur d'autres d'une partie de fcs obligations ; & que
c'eft pour cela qu'elle lui ordonne de choilir des Doyens; qu'il
cfl bien cenfc manger avec les Hôtes , quand ils font nourris de
ABBÉ DE C L U N I. 481
ides prémices, & des dixmes Elles n'appartiennent pas aux
?
^Ffi- 3>-
XXVII. Le Pape Innocent II. étant à Cluni en iiî2 au
mois de Février , accorda , fans en parler à l'Abbé ni à pcrfonnc
de fa Communauté , un privilège à Eftienne , Abbé de Cîtcaux ,
par lequel il exemptoit tous les Ciftcrciens de payer les dixmes.
Ce privilège n'eut d'abord lieu que contre les Cluniftes enfuite
:
que l'Abbé Pierre , & celui de Gigny. Celui-ci avoit des dixmes
confidérables à percevoir furies Terres du Monaflere du Miroir,
Ordre de Cîteaux. Les ayant voulu exiger , le Pape mit en inter-
dit l'Eglife de Gigny. L'Abbé de Cluni , affligé de l'induit ôc
des fuites qu'il avoit occafionnécs , en écrivit au Pape, pour lui
remontrer que l'Eglife de Cluni tiroir depuis plus de deux cens
ans les dixmes indiflin£lement fur toutes fortes de Terres ; que
fi les Cifterciens en étoient exempts , comme leurs Monafleres
435
loifir d'aller à Rome rendre au Saint Siège un compte exa£l de
leurs droits ôc de leur conduite. Pierre écrivit fur le même fujct Epijl. jf,
au Cardinal «Se Chancelier Aimeric , à qui il repréfentc qu'il eft
,
inoiii que quelqu'un ait été dépouillé de fes droits par le Siège
Apofioliquc, fans avoir été entendu ni que l'on ait donné le
;
de Cluni tomba dans une erreur toute femblable à celle des '^^
Apollinariftes, foutenant comme eux, que Jefus-Chrifl: en fe ^'-^ '*
faifant homme n'avoit pris que le corps & non l'ame humaine.
Il n'eft point nommé dans l'infcription de la Lettre qu'il lui
Pppij
,
dans les lieux où cela feroit polîible & que tous les Prêtres di-
;
roient deux Méfies pour elle , fans compter l'Oflice & la MelTe
générale. IladrelTa une autre lettre à Jourdain jPonceôc Armann , Epij}. 17,
Pierre avoit depuis longtenis le deffein d'aller à Rome. Mais le EpiJI. lé, if*
Pape.
XXXIII. On a vu plus haut que les Cluni il es SLyoietit'^piJl. 3;.-
Ppp iij
,
ABBÈDECLUNL 4S7
en quî confdquemment trouvoient tous les tréfors de la fagede
fe
de la Chaftre , &
l'envoya prendre poITelfion. Le Roi Louis le '-''^^' ^'
jeune, irrité qu'on l'eût choifi fans fon confentement, jura publi-
quement, que de fon vivant Pierre ne feroit point Archevêque.
Le Pape jetta un interdit fur la France. Saint Bernard fit tous fes
efforts pour réconcilier le Roi avec le Pape. Pierre de Cluni
lui en écrivit aulli , lui repréfentant la dignité du Roi du &
Royaume de France le péril dont l'Eglife étoit menacée; le
; &
prie d'uferdecondefcendance à l'égard d'un jeune Prince , qu'il
avoitlui-même élevé furie throne en le faerant avec Thuilefainte
le 25- d'Odobre 3 i. Il marque au Pape dans la même Lettre,
1 i
A B B É D E C L U N r. 489
'tradudion , Pierre le VéneraWe de
joignit l'abrégé de Thiftcire
Mahomet &
de fa doctrine , afin que le monde qui dtoit inledé
-de fes erreurs , connût combien on devoit les avoir en horreur.
X X X V I I. Aulfitôt quePierre deCluni eut appris éledioa Ef'i/?- '8-
1 1
6c même prefque tous les jours , depuis que par mes Lettres ÔC
mesfoUicitations il eut été réconcilié au Saint Sicge. Que dirai- je
davantage f II n'étoit occupé que de méditer ou d'enfeigner les
vérités de la Religion ou de la Philofophie. L'Abbé de Cluni
ajoute que l'ayant envoyé à caufe de (es, infirmités , au Prieuré
, ,
Ep^, 30. chaiïent contre la quantité. C'efl: pourquoi ayant oui chanter &
chanté lui-même une Hymne pour la fête de faint Benoît, qui
péchoit également contre la vérité del'hiftoire , contre la pureté
de la langue latine , &
contre les règles de l'art poétique , il en
compofa une autre en l'honneur de ce Saint, où il relevoit fes
vertus ôc fes miracles. Dans une autre Hymne, mais plus courte
que la première , il donna l'hifloire de la tranflation de fes reliques
en France, &
de leur illation , ou tranfport de l'Abbaye de
Fleuri fur Loire à Orléans , &
d'Orléans à Fleuri ; car on faifoit
la fête de ces deux tranfations.
'Epiji- ic-. X L L Saint Bernard dans fa Lettre circulaire pour la Croifade,
difoit , qu'il ne failoit point perfécuter les Juifs, ne les pas tuer,
ni même les chaifer , parce qu'ils étoicnt comme des Lettres
vivantes qui nous reprëfentoient la Palfion de Notre-Seigneur,
& que c'étoit la raifon de leur difperfion dans tous les Pays du
monde. L'Abbé de Cluni penfoit à peu près de même. En
fouhaitant au Roi Louis vers l'an 46 un heureux fuccès dans fa
i 1
Livre SxÎL- X
L V. Cet Abbé , par l'ellime qu'il avoir pour fiint Bernard
^^- ôc ceux de fon Ordre , ibuhaitoit qu il y eût entr'eux ôc ceux de
Efijl. 4. Cluni une union fraternelle, qui fans les obliger à changer la
Q q. 1 'iJ
4P4 PIERPvE LE VENERABLE,
du Château d'Alfon. Les Lettres du Pape ne furent pas rendues
à l'Abbé deCluni;, mais à l'Evêque nicine de Clermont , parce
que le porteur , qui étoit frère du Captif, ne put en obtenir l'é-
largiffemeiit , qu'en donnant ces Lettres à 1 Evêque. L'Abbé
Pierre n'ayant donc pu exécuter les autres Commiifioiis portées
dans ces Lettres , fe contenta d'inftruire le Pape de la mauvaife
^conduite de l'Evêque de Clermont , dont le Diocefe étoit dcC-
.titué de tout fecours fpirituel &
temporel de la parc de ce Prélat.
Il n'entre pas dans le détail de fcs délcrdreS;, ne doutant pas que
d'autres n'en infîruililfent le Pape.
tE^iJl. i:- LL Pierre s'intéreffa auprès de lui en faveur de Humbertde
Beaujeu ,
qui depuis fon retour d'outre-mer , avoir quitté l'Or-
di-e des Chevaliers du Temple, &
repris fa femme. Cette dé-
marche étant contraire au vœu de chafîeté que faifoient les Che-
valiers, Pape ne vouloit pas fouffrir qu'il rentrât dans le
le
•monde ,qu'il demeurât avec fa feinme. L'Abbé de Cluni
ni
,avoit cru d'abord qu'Humbert en pafTant à Rome, avjit ob-
,
donnât fon argent pour gage de fa parole , fes parens & fes amis ;
ôc qu'il confenrît, au défaut de jugement judiciaire, de fe juflifier
par l'épreuve du feu , pourvu qu'ils permiffent de faire fur le
bûcher les exorclfmes ordinaires ; ce qu'ils avoient refufé.
E/iJ!. 7,y. IA\. La Lettre de l'Abbé de Cluni à fes deux nièces , Mar-
guerite & Ponce , eft un éioge de la virginité qu'elles avoient
vouée l'une & l'autre. Il en fait voir les avantages, 6c emprunte
fur ce fujet quelques beaux endroits des écrits de faint Auguflin ,
de faint Ambroife , de faint Cvprien 6c de faint Hilaire. Comme
elles avoient dans leur famille même de grands exemples de
vpa\x 3 Pierre les leur propofe à imiter.
ABBÉDECLUNI. 4^5
LUI. De retour du voyage qu"ilavoit fait à Rome lyo,cil 1 Epiji, j^d
Secrétaire de S. Bernard ,
pour l'inviter à une conférence au'il
devoir avoir avec ce Saint , à Dion , le troifiéme Dimanche d'a-
près la Pentecofle , fi toutefois elle pouvoir fe tenir en ce jour.
LIV. Des huit Lettres publiées de nouveau dans la Biblio- Autres Let-
teque des Pères à Lyon , il y en a trois de Pierre de Gluni à trèsJe P.ei-re
'^'^^'""'*
l'Abbé Suger; la quatrième cft une Réponfe de cet Abbé. Les
trois fuivante.s font de fiint Bernard 6c la huitième , de Pierre
;
pos de fon ame , & les fimples Clercs les fept Pfeaumes de la
Pénitence , & fept fois le Ajiferere md , Dms ; qu'on célébreroic
aulli rO.thce des Morts ôc la Me;ire Conventuelle dans les Prieu-
rés dépendans de Cluni , & que le nom du mort feroit écrit dans
le Nécrologe. Les Chartreux en répondant à cette Lettre, s'enga-
.gereni à rendre les mêmes fervices à chaque Religieux de Cluni,
aufil-tôt qu'ils apprendroient leur mort. Geofifroi , Abbé de Ven-
-dôme, contratla avec les Cluniftes le même engagement, comme
on le voit par la Lettre qu'il leur écrivit , ôc qui eft auiii rappor-
tée dans les Anale6te? de Dom Mabiilon.
Remarques L "V. Ces fortes d'aflbciations tiroieut leur origine de la per--
^ur les (bcic- fuafion où Ton écoit , que les prières de l'Eglile produifoient
&îe Oiiivà^e"
^^^^ ^^^^ ^^'^ ^^^^ ^"' ^" étoient les membres , ôc qu'il y avoit
,entre les Fidèles une communion dî bonnes œuvres. Elles
•avoient auffi pour principe l'ancien ufage de l'iiglife, de nom-
mer dans les facrées diptyques les vivants ôcles morts ,
pe;idant la
.célébration des divins Myfteres. C'eft fur (a) cet ufage que l'on %
introduit dans les M.onafteres celui des Nécrologes où l'on écri-
,
voit le nom des Frères , des Bienfaiteurs ôc de ceux que l'on avoit
affociés aux prières de la Communauté. Comme le jour ôc le
Règle
,
A B B É D E C L U N I. ^py
Règle de S. Benoit , afin que l'on fit en commun
des Prières pour
le dcfunt ou poui- plufieurs , s'il y en avoit plus d'un dont la mort
fut annoncce en un mcme jour. La Matrone Theodetrude , en
faifant quelques donations à l'Abbaye de Saint Denis, l'an 4.5
du Roi Clotaire, exigea que Ion écrivît fon nom dans le livre
de vie. Berchramn , Evèque du Mans , demanda la même chofe
par fon teflament. Le vénérable Bede , dans fa Lettre à l'Evê-
que Edfride &
aux Moines de Lindisfane , leur demande des
Mefles &
des Prières après fa mort ; &
Alcuin obtint par la mé-
diation de Cliarlemagne, des Evoques alTemblés à Francfort,
d'être admis à la communion de leurs fuffrages.
L V L Ce n'étoit jufques-là que des alfociations de quelques Suite,
Tome XX IL R r r
4pS PIERRE LE VENERABLE,
prochain le nom des Chanoines morts depuis le Concile précé-
dent; & que l'on offriroit douze fois pour cliacun le S. Sacriiice,
avec grand nombre de Prières fpécifiées dans l'ade d'aflociation.
&
On en cite une entre les Chanoines de Laon les Moines de S.
Rémi, à Reims, faite en 928 , qui porte pour chaque défunt
quatre Vigiles & autant de Melles ;fçavoir, le premier jour de
fa mort , le troifiéme , le feptiéme , le trentième ôc la récitation
;
loit convaincre infenliblement les Juifs de fa divinité'. Que vous Matt. n, 41.-
fie, qui e/î appelle le Chrijî , doit venir ^ le Sauveur lui répondit:
Fils de Dieu ? Qui efl-il Seigneur , lui répondit cet homme , afin •^'''"'- ? » î?.
que je croye en lui. Jeius lui dit Fous l'avei vu, Cf c'ejl celui-là :
ABBÉDECLUNT. 501
qu'à nous ; ôc ne paroît pas qu'il ait jamais rien écrit contre
il
erreurs enfeignées par les Sarrafins ou Ifmaeiites , fit rcmar- & 'ç^
réfùt^ation*
qucr que la lioclrine de cette Secte, n'efl: qu'un amas confus ibid.
vrer, l'on n'a pi^t encore trouver que les deux premiers livres.
On doit cette découverte à Dom Martenne ôc à Dom Urfin
Durand, qui les ont fait imprimer dans le neuvième to'iie de
leur grande Collection , fur un manufcrit de l'Abbaye d'An-
chin.
LX1 1. Dans le Prologue qui eft à la tête de l'Ouvrage ,
An'.lvfe Je
Pierre de Ciuni entre dans le détail des héréfies qui ont attaqué ^^^^'^ Uv^^i~
la Doctrine de l'Eglife dès fon commencement; ôc après avoir ]).^g. my.
détaillé aulli nommément tous ceux qui ont pris fuccelfivement
la défenfe de la vérité , à mefure quelle étoit combattue par de
nouveaux Hérétiques , il dit que ceft pour imiter le zèle de ces
Défcnfeurs de l'Egiife ,
qu'il fe propofe de réfuter les erreurs
des Mahométans 6c qu'il avoit déjà cette intention lorfqu'il
;
ni perdus , ni altérés.
ABBÉDECLUNI. jo?
LXVI. Venant au point de la Religion Mahomé- Livrefecond.
capital
tane , il l'attaque de front , &foutient que Mahomet ne fut ja- ^^" '*^''
mais Prophète. La Prophétie eft dit-il , la maniledation des
,
diges fans nombre mais ceux qui en ont été témoins ont cru à
:
iT., Bibl. Pat. OU oectatcurs des erreurs de rierre de liruis. Il rut impri-
/>ij^. 1053. nié en i5'46 à Ingolftat , in-'^. avec quelques Lettres &
quelques Sermons de faint Bernard , par les foins de Jean
Hofmeiilerus , ôc dans la Bibliothèque de Cluni en \6ï^ , à
Paris. Pierre le dédia aux Archevêques d'Arles ôc d'Embrun ,
aux Evéques de Die &
de Gap, qui s'étoient employés contre
ces Hérétiques , ôc les avoient fait fortir de leurs Diocèfes. C'efl:
ce que dit Pierre dans fa Lettre à ces Prélats. Mais il ajoute,
qu'encore qu'ils euffent banni les Chefs de cette Secle, parle
fecours des Princes, il en reftoit des membres ; ôc que ceux qui
avoient été chaffés de leurs Diocèfes , s'étoient retirés dans les
lieux voifnis , où ils continuoient de répandre en fecret leurs
erreurs ; que Pierre de Bruis ôc Henri fon Difciple avoient Jmem
Pjt. 113J. été reçus dans tout le Languedoc. Il marque en peu de mots
les crimes commis par ces llérétiques dans les Diocèfes dont on
vient de parier. On a vu, dit-il , rebaptiferles Peuples, profaner
les Eglifes , renverfer les Autels , brûler les Croix , fouetter les
Prêtres , emprifonner les Moines, les contraindre à prendre des
femmes par les menaces ôc les tourmens. Dans une féconde
Lettre que l'on a mife à la tête de celle ci , il rapporte les erreurs
de Pierre de Bruis, qu'il réduit à cinq; fçavoir , de refufer le
Baptême aux enfans avant l'ufage de raifon ; de ne permettre ni
Autels, ni Eglifes de défendre d'adorer, ou d'honorer la Croix,
;
ABBÉDECLUNI. jo?
dans les autres Royaumes. Depuis environ cinq cens ans, dit-il
foi de fon père; dans faint Matthieu, que le Centenier obtint ^an.s , i».
par la grandeur de fa foi la guërifon de fon ferviteur ; dans S.
Marc, que Jefus-Chrift accorda la gucrifon de l'enfant lunatique, A'^'c 9 , n,
à caufe de la foi dans le même Evangelifle, que la
de fon père ;
^i'^irc, î, j^.
fanté fut rendue à la fiile du Maître de la Synagogue, parla
vertu de la foi de fon pcre. Il conclut des guérifons corporelles
aux fpirituelles , ôc dit , que fi la foi des parens peut obtenir à
leurs enfans la fantédu corps par la médiation de Jefus-Chrilt,
ellepeut aulïï leur procurer celle de l'ame par le Baptcme con-
leré en fon nom. Si tout efl: polïible à celui qui croit, ainfi que
ledit Jefus-Chrift, la foi de toute l'Egiife ne pourra-t-elle rien
pour le falut des enfans ? Les enfans des Juifs étoient fauves
par la Circoncifion , pourquoi les enfans des Chrétiens ne le
leroient-ils point par le Baptcme ? Jefus-Chrift n'a-t-il pas dit
à ceux qui repouifoient les enfans qu'on lui préfentoit Laiffei : Ahrc. 10, 14;
venir à moi les petits enfans , car le Royaume de Dieu ejl pour ciu:<:
<^ui leur rejfembknt.
L X X. Il combatia féconde erreur des Petrobufiens , parla P-S- «o^î.
dreffa un auffi par ordre de Dieu , pour y immoler fon fils Jacob ;
& la porte du Ciel. Les Ifraëlites n'ayant point de demeure fixe Exol 40.
dans le défert, avoient un Tabernacle portatif , fur lequel ils
offroient à Dieu des facrifices ; ôc ce Tabernacle, depuis leur
entrée dans la Terre promife , fut fixé à Jerufalem. Salomoii
bâtit en cette Ville un Temple magnifique par l'ordre de Dieu.
C'eft-là où les Juifs, les Rois, les Prophètes venoient offrir au i-^'S-*-
A B B É D E C L U N r. ^07
Exterminateur ; que ce même iigne imprimé, fur le front des
hommes qui gémiffoieiit fur les abominations de Jerufalem, E7eckîel,n
les fauva de la mort ; que la Croix a été en fi grand honneur dès * , u
le fiécle des Apôtres , que faint Paul verfoit des larmes fur ceux p^:/j j ,|^
qui fe conduifoient en ennemis delà Croix de Jefus-Chrift; &
qu'il ne vouloit en autre chofe qu'en cette Croix
fe glorifier ; & Galat. « , i*.
que Jefus-Chrift viendra avec fa Croix pour juger tous les hom-
mes. 11 s'explique fur le culte de la Croix, en difant, que ce n'efl:
pas la Croix , mais Dieu qu'on adore en elle ; qu'on y adore J. C.
«comme y étant attaché.
L X X 1 1. Sur la quatrième erreur ,
qui tendoit à anéantir Paz- ««îri
le Sacrifice de la Melle, Pierre de Cluni dit, que les Petrobu-
fiens étoient pires que les Berengariens , qui en niant la réalité du
Corps de Jefus-Chrill dans l'Euchariliie , convenoienrau moins
qu'iiy étoit en figure. Il ajoute, qu'il lui feroit facile de réfuter
cette erreur par l'autorité ôc les raifons non-feulement des
,
'
ejl grand parmi les Naîio?is; on offre en tout lieu à mon nom une
ablation pure. Il en conclue , que comme la vraie Religion eft
pafféedes Juifs aux Gentils, les facrifices ôc tout le culte divin
Clun^fur la
^""^ ^^ Quiconque, dit-il, ne croit pas, ou.
tranfubflantiation :
prcfenc- r^el doute que dans le Sacrement del'Eglife , le pain foit changé er»
'^"*
\^^'(]- la Chair de Jefus-Chrifl, ôc le vin en fon Sang , penfeainfi , ou»
' " parce qu'il ne croit pas que Jefus-Chrift ait voulu faire ce chan-
liQéz!
(a) Offert Eccîcfia Afinurn Dei , qui vertamr in fans^uinem tnultorum filiorum
mundi , qui nec inimohtus
tollit peccatn liominum Sic quotidie facit , ut per con-.
:
]noritur,nec divifus niinuitur, nec co- fecrationem & virtutem divinam paiiis Se
meftus confuinitur.Offcrt ipfum pro Cc'ipfz, viiuim commutctur in C'rnem & Sangui-
qui fe obtulit pro (cipla , & quod ille fecit nemfuuniihoc eft uniusFilii Dci & homi-
icmel morienJo , hoc illa facit femptr nis, non multorum tilioruni hominum.
ofFcrendo,&c. Petrus, contra Petrolufun. Qui cnini dixit iSi hOa luin , mandavit &
pag. 10^8. creaia Cunt;, quâ pot; ntiâ facit hoc fîngu-
(i) Celïït ert^o infiJelitas , fanctur li'.riter in feipfo ut mutatio fubflantia-
:
ABBÉ DE C L U N I. jo^
tout-puî(Tant de Dieu
par qui toutes chofes ont été faites , fait
,
Bibliot. Pflf. veur, unprime dans la Bibliothèque de Hum, dans cède des
pag.\oSo;& Pères, &
dans la Bibliothèque des Prédicateurs, par le Père
Murtenn.paf. Combehs ; les trois autres ont ete publies parDoiii martenne ,
;i4i5'. dans le cinquième tome de fes Anecdotes. L'un eil à la louange
du Sépulchre de Jelus-Chrift ; l'autre, en l'honneur de faint
Marcel, Pape &
Martyr ;ôcle troiiiéme fur la vénération des
Reliques. Pierre de Cluni fait mention dans fon diicoursfur le
Sépulchre du Sauveur , du miracle qui s'y Hiifoit annuellement
la veille de Pâques. Un feu miraculeux deicendoit du Ciel , ôc à
la vue de tout le monde allumoit les lampes qui étoient autour
du faint Sépulchre. Le Moine Bernard ( fl) qui (it en 870 le ,
( a ) Martenn. noi, in hun: Scnn, tom î , 1 Chronic. Virdurienf. j)<ij. 178. Hijlor. Belli
^<wrrr/of.-p.?[f. T4ji. l fjcri , tom. i ; Aluj'xi halici , num. loi;
(,h) Çh'rervc, Cafm. l'é. 3 , cff. 5 j & | Milmcpur^.lih. 4 , de Ry^ib, Ar.glor.
ABBÉDECLUNI. pi
vie employés au fervice de Dieu. La féconde ,
qu'on ne doure
pas qu ils ne doivent relTufciter pour jouir de la gloire éter-
nelle.
L^ XVI. Il y a eu plufieurs éditions du Recueil des Mira- Livres des-^
clés, une aucrautres à Douai en i jpç in-12. Il ell dans la ?'^'"'^ gj'//^^"''
Cluni
Statuts de
pa^.
LXX VIIL Pendant les vingt quatre premières années de
,
fon gouvernement, l'Abbé Pierre lit plufieurs Regîemens pour
'
*
fon Abbaye & pour fon Ordre. Il changea quelques-uns de ceux
que fes Prédéceffeurs avoient faits; 6c en retrancha plufieurs
de peu d'importance dont il n'étoit plus befoin , parce que les
raifons en avoienc cefle. Il recueillit en 1 145 tous ceux qu'il
avoit faits , f>c fit un corps de foixante-feize articles, rendant fuc
chacun la raifon du changement qu'il y avoit fait, afin de ne pas
fcandalifer ceux à qui elle feroit inconnue. Quoiqu'il fçût par
l!exempLe des changemens faits de tout tems dans la difcipline
de l'Eglife & dans les pratiques des Monafleres ,
qu'il lui étoic
libre d'en faire dans les Statuts de fon Ordre , il prit toutefois là-
deffus l'avis des plus fages de fes Confrères , Ôc lit approuver fon
Recueil par Les plus remarquables de ces
le Cb.apitre général.
Statuts, font ceux qui reforment certains abus que l'on repro-
choit aux Clunifles.
Ce qu'ils
contiennciu
LXX IX. Dcfenfe de manger de la graiffe tous les Ven-
(^^gj^'is , que la Fête de Noël tombe en ce jour.
fi ce n'eft
de remarqua- rr • •
J- •
J / r • u i
•
Cip. i>.
J3^fcnfes de manger de la viande, finon aux infirmes ôc à ceux
'
qui font abfolument caducs. Les Clunifles avoient fait quel-
ques changemens dans les obfervances prcfcrites par la Règle
df
,,
On en excepte les perfonnes de confidération , avec qui le Grand Cip. 19, i»i
Prieur, le Sous-Prieur ôc quelques autres Officiers pourront *'•
parler dans l'appartement des Novices. L'atHuence des étrangers
a Cluni , la multitude des affaires y avoient occafionné du relâ-
chement à l'égard du fdence.
LXXX. Par un autre abus beaucoup plus dangereux, on q„_ ,y^
recevoir dans prefque tous les Monafteres dépendans de Cluni
des paifans, des enfans , des vieillards, des fous, des gens
ineptes à toutes fortes de chofes, ou coupables de grands crimes.
Il y avoit déjà eu des défenfes de les recevoir &
l'Abbé Pierre
;
A B BÉ D E C L U N I. p;
dans tout l'Univers, a été annoncé par Malachie ; que l'Hoftie Mdach. z:
n'eit autre que Jefus-Chrilt , qui en eirTet sert oiTert pour nous Op.s,?.
raciheter de la mort que nous avions encourue par le péché de
notre naifl'ance.
LXXXI V. Enfuite il vient à l'enence du Sacrifice de nos c.-.p. lo n. ,
Autels,& que le Corps qui y ett offert, eft'le même qui a foul-
die
fert fur la Croix & le même Sang qui a été répandu pour la
;
Croix c'eft le même fang qui fera répandu , provoqué par les
;
lance. Il dit à ceux qui doutoient delà réalité de ce changement, Cjp. 12,1?,
''^'
qu'ils ne pouvoient douter de la toute-puiffance de Dieu , à qui
l'Ecriture rend des témoignages fi éclatans aux effets qu'ils en ;
(a) Accipite , hoc rft Corpus , adjun- meum , non permutatiim , vel novhetr
xit meum. Corpus
ciiiim crgo tion r.iterius creatum , (êd quod pro vobis naJ^'tur, pro
dcJit Dilcipulis. llurium ne fonè alicui vobis crucifi£;etur,pro vobis morie.tur. .Sic
co:jiraiio octultaûibreperet : potulifc crea- & de Calice : Hic eÛ, ait, Sangu'is. . . . qui
, Corpus «nioJ ruum<5ui-
re in manibiis fuis pvo vobis fuadetur, flagellis provoca;us
tJcm elu-'t wmeii quod ipfe crat non
, Icd clavis extortus, lancxa exoulTus. Petrut
Ttt ij
,
nauté de Cluni célebroient pour lui chacun une fois ; les autres
récitoient le Pfeaume Miferere mei Dciis , l'on doanoit à &
manger à treize pauvres.
Etatdcl'Ab- LXXXVIL Pierre deCluni.dreffa, la vingt-feptiémean-
baye dtCiuni, j^^g depuis qu'il en fut Abbé, un Etat de cette Abbaye, telle
'
,
id^ircô & Ttiit. Sienim Dei's l mnipo- Perru^ Cuniac. Nucleo deSacrijiCwMi£a\^,
«cns eft, & Chriflus Dcus cft , llqimur | ca£. 14»
A B B É D E C L U N I. py
Pierre mît un autre ordre dans les recettes des Fermes dépen-
dantes de Abbaye. Cet Etat , qui efl repréfenté dans le cinquiè-
1
*S^ Vi:^ '^ Ît4^ "^ .4^ 'V^^ "^ V4^ ^'Vi'^ '^^^
CHAPITRE X X ï I.
I. T 'Abbaye
de Stavelo , fondée par Sigebert , Roi d'Auf- \Vibard. Ses
'^°'^'"^"ce-
\ i dans i'Ardenne au Diocèfe de Tonpres auiour-
trafie, ,
de la bafle Lorraine : car il témoigne auffi qu'il aroit pris naif- Ej^j^-. 3°?'
fance dans le Pays de Liège. Il eut deux frères , Erebert ôc
Erlebold ôc une fœur , nommée Havid. Le premier fit
; le
voyage delà Paledine en 114.8, avec le Roi Conrad, dont il
jl Çg f.,it
IL II fut mis e'tant encore jeune dans l'Abbaye de Stavelo,pour
Moine à Va!'- y apprendre les premiers élemens des Lettres la Grammaire, &
for pu;s a
ç ^^^ vénérable vieillard , appelle Reinard. Enfuite
il pafla aux
Pjg. x^(. cèfe de Liège. "Widric qui en étoit Abbé, y attiroit par fa répu-
EtChronic. çation grand nombre de perfonnes de vertu ôc de fçavoir.
'5^*
accompagna Lothaire jufqu'à Trêves , d'où étant revenu à Sta-
velo pour la Fête de Pâques , il donna le lendemain à l'Abbé
Wibald la bénédiction Abbatiale.
Ilrcrablit le IV. Son premier foin fut de rétablir l'obfcrvancc régulière;
bon orJre à gj- ^^ ^-gt ^{Y;^^ \[ remit les Ecolcs en vigueur, ôc fit rentrer les
Stavelo.
ijiens aliénés, ou engagés par fes prédécefi'eurs. On ne doute
Pag. ijg,
pas que Lothaire, qui connoiffoit Hi capacité dans les allaites,
n'ait pris, étant à Stavelo avec Innocent II. fes avis, fur les
P>^g. \6o. moyens de rétablir ce Pape fur le Saint Siège , ôc d'en chaiïer
Pierre de Léon , comme cela arriva en 1
1 3 3. Mais les Schif-
matiques s'étant remis en forces , il fallut les attaquer de nou-
veau.
1
'
ABBÉ DE STAVELO,&c. pp
V. L'Empereur Lothaire paflfa donc les Alpes en i^6 fuivi \ , lltravaill»
p^î^'^îéz!^
en armes. Il fe rendit devant Salerne avec l'armée de l'Empe-
reur ; ôc après la prifede cette Ville , il palTa en Sicile , oii
l'ennemi s voyant à portée de Mont-Caf-
éroit retiré. "Wibald fe ^^'i- '^-•
fin , y alla autant par dévotion , eue pour engager l'Abbé les &
Moines , qui avoient pris le parti de Pierre de Léon , à rentrer
dans l'unité de lEglife , en reconnoilTant peur Pape légitime
Innocent II. Rainald le Tofcan , c'étoit le nom de l'Abbé, fit
ferment de fidélité à Lothaire & au Pape Innocent ; mais il faufila
bientôt fcn ferment. Il y avoit conteftation fur la canonicité de fon
élection , & l'Empereur penfoit à lui fubfiituer "Wibald , qui pré-
voyant ce qui devoir arriver , étoit allé à Naples fous prétexte
d'affaires; mais en effet pour fefoullraire au fardeau qu'on vouloit
lui impofer.
VI. De retour de Naples^ où l'Empereur l'avcit envoyé ii eft éia
chercher, ce Prince le prcfTa d'accepter l'Abbaye de Mont- A b'deMont-
^'"'"'
Caffin il en fut
-,
prié par l'Impératrice Richife , par les Ar-
''^'
chevêques, les Evêques , les Abbés, les grands Seigneurs qui
fc trouvoient à la Cour de Lothaire. Il le refafa, L'Empereur Chronkon.
le fit prendre de force ôc le livra aux Moines de Caifin, qui C^ln^nf. lib.
l'ayant conduit au Chapitre, le proclamèrent leur Abbé, d'une ''•'"/'• "*•
voix unanime ;ôc l'inflallerent en la manière ordinaire. Lothaire
qui avoit coni^u de l'edime pour Pierre Diacre, Moine de Mont- P'^- '^'^'
S20 \V I B A L D,
Epijl. y. CafTin, il déchargea derobéiflance qu'ils luî avoîent promlfe;
les
ôc leur fit fçavoir qu'il rcnvoyoit le fceau &
l'anneau à l'Abbé
Raynald. C'dtoient les marques de la dignité d'Abbé, avec la
crofle &
le Livre de la Règle.
J
ABBÉ DE STAVELO,&c. jjt
Jde foi.xante mille hommes , après avoir attaqué les Sclaves, fait
tiens. Ainii l'on ne retira pas de cette expédition le fruit que l'on
•s'en étoit promis.
XI. Avant de fe mettre en chemin , Wibald avoit envoyé le
^'b^ld em-
•Corbie devoir fournir ion contingent pour les trais de la Croiirdc. ' '
des premiers fiécles de l'Eglife ; & l'un des plus grands hommes
defcn tems , par la bonté de fon génie , par fa prudence & fes
autres excellentes qualités. Ses olTemens furent rapportés de
Butellie , Ville de Paphlagonie ,. à Stavelo , par les foins d'Erle-
bold fon frère ôc fon fucceileur , ôc inhumés honorablement au.
milieu du Chœur, en préfence de Henri , Evêque de Liège,
qui ht les obfeques.
Lettres de XIV. On conferve dans l'Abbaye de Stavelo un Recueil des
TAbbé Wi- Lettres de Wibald , dont la plupart font intéreiïantes pour l'Hif-
toire de l'Empereur Conrad , de Henri fon his & de Frideric
Pag. 181 , fon fuccefleur. Il s'y en trouve d'autres qui peuvent répandre
*°
beaucoup de jour fur l'Hiftoire des Eglifes de Cologne, de
Mayence, de Brème, de Minden & de plufieurs autres d'Alle-
magne ;& ce qui n'eft pas moins interehant , on peut en tirer
plulieurs traits pour la difcipline Ecclehadique & Monaflique
du douzième fiécle. Il paroît que ce Recueil étoit en deux to-
mes. Le premier n'exifte plus ; & il manque plufieurs feuillets
(fi) Pag. 70 j.
ABBE DE S T A V E L O , &c. f2f
Il s'întérefla aaprès de Menri, Evêque de Liège , pour faire g^;*^ ^o;
reftituer à cette Abbaye
les biens qu'on lui avoit cnlevc's , quoi-
conlirmcs par les Papes Honorins
qu'ils lui euiïentcté Jnno-' &
cent IL &
qu'Eugcne IIL en lui mettant la Croix pour l'expé-
dition contre les Sclaves ,• l'eut mis, &. les biens de fa dépen-'
dance fous la protediondu Saint Siège. Cet Evoque lui demanda Rpifi. 41.
à fon tour de venir à Liège , l'aider à remédier aux défordres qui
regnoient dans fon Diocèfe. Il fe tint à cet ettet un Synode,
maisilétoit fini quand ^5l7'ibald reçut la Lettre d'invitation. Sça-
chant qu'Eugène III. fedifpofoit à venir en Lorraine ^ il le WàVà- Epijl. 4»»
baye de Corbie. Henri , Roi des Romains > l'en priajôc il fut
fécondé en cela par l'Evêque. d'Hildesheim ; par Henri , Duc
de Saxe ; par Herimann , Comte de "W^inccnbourg ; ôc par
d'autres perfonnes confiderables. L'union faite parle Roi Conrad P-^i- f^--
en 1 14.7 eut lieu ; l'Evêque de Minden y confentit, & il en fat £,;,•?. i;,f,
remercié par ce Prince. Le Pape môme lui écrivit, ôcà fEvÔque Epi;!. 6J, -
S26 AV I B A L D
Epilî. (-9 ., l'ordonner Prêtre. L'élection fut déclarée nulle , le Pape &
7o,7i,8i, Eugène ordonna à plulieurs Abbés , entrautres , à celui de
Corbie , de fe rendre à Fuide pour aliifter à une nouvelle.
Wibald y fut invité par la Communauté de Fulde , à qui il
répondit ,
que s'il ne pouvoir y aller , il les aideroit de fes
^'M- 75. confeils. En mcme-tems il écrivit à Henri, Roi dei R.om .ins ,
d'em pêcher que la dellitution de i'éiu caufat aucun trouble à
Fulde,& de ne contrevenir en rien aux Décrets du Pape Eugène,
ôc de TEglife Romaine. Parlant du ConcMe qui venoit defe tenir
à Reims , le vingt-deux Mars 1 148 , parle Pape Eugène , il dit
au Roi Je ne doute point que l'on ne vous ait rendu témoignage
:
qu'ils les hcnoraffent par beaucoup de modeilie & que ceux qui ;
"Wibald chafia de Corbie trois Moines incorrigibles , &c défendit- £ /1, ,o^
à ceux de Stavelo de les recevoir. Le tems dcfliné à l'éledion
d'un nouvel Abbé de Fulde étant arrivé , la Communauté invita
Wibaldày aflifîer; elle écrivit même à celle deCorbie deprcifer e?;'?. 107,
cet Abbé de s'y rendre fans délai. Wibald y alla, mais il ne put '^'S-
engager les Moines de Fulde à fe choifir un Abbé dune autre
Communauté que la leur , quoique le Pape l'eût ordonné ainfi ;
il écrivit far cela deux Lettres à Eugène III. Tune pour lui faire £„;q^ ni^-
connoîrre les foins qu'il s'étoit donnés pour empêcher qu'il ne "4.
fe fît rien à Fulde contre fes ordres ; l'autre pour l'informer des
obflacles qu'il avoit rencontrés à cette életlion ; que plufieurs
avoient demandé pour Abbé celui de Flerevelden , autrefois
membre de la Communauté de Fulde ; que lui ayant propofé Epijl. nj;
d'accepter, il en avoit d'abord fait difficulté, puis confenti. Il
conferva fon Abbaye avec celle de Fulde , comme on le voit
par l'infcription de la Lettre que Wibald lui écrivit en i I4p , £,,,x ,^^..
où il le prie de recevoir avec bonté ceux- de la Communauté de
Fulde , à qui les divifions avoient été une occafion de fortir du
Alonaftere.
XXIV. Au mois de Février 114.9, Thierri , Comte de £•;,'?. l'.u
Huxaire-jfut accule par Rheinere de la Porte d'avoir enlevé ôc
fait tuer les chevaux de l'Abbé de Corbie ; &
celui-ci s'offrit de
prouver fon accufnion par un duel. Wibald, que cette affaire
regardoit , empccha.le duel ;'mais il ordonna que Thierri feroit
ferment fur les reliques de faint Vit , qu'il n'avoit aucune part à
l'enlèvement des chevaux. Il fit non-feulement ce ferment,
mais il protefta qu'il n'auroit aucune liaifon avec l'Abbé Henri
dépofc de ia dignité pour fa mauvaife conduite, ôc donna des
p8 W I B A L D,
otages de fa fidélité envers Wibald foii fuccefTeur.
Epi/î. 14^, XXV. Unjeune homme plein d'ardeur pour l'e'tude lui
'-'•
écrivit une Lettre en forme d eioge , ûù il relevoit &
fes vertus
& fon fçavoir. Wibald reçut cette Lettre comme une marque
d'amitié ;ôc pour en témoigner lui-même une bien fincere à
Manegold.j c'efi: ainO qu'il lé nommoit , il lui donna un plan
d'étude, qui fait voir combien il étoit verfé dans la leâure des
Ecrivains Eccléfiaftiques &
prop'tianes , Poètes, Phiiofophes,
Hiftoriens , Orateurs, Grammairiens. "W^ibald fait dans cette
Lettre Téloge de faint Bexnard.
Ep.ijl. IJ3- XXVL En labfence de l'Abbé de Corbie , un des jeunes
Ecoliers du Monaftere de Kaminat , s "échappa avec un de fes
Condifciples , monta furie toit de lEglife que i"on couvroit à
neuf, tomba fur le lambris , &
de-ià fur le pavé auprès de fautel
de faint Denys , 6c fe tua. On y courut ou examina s'il y avoit
;
une
ABBE DE STAVEL 0,&c. p^?
une MefTe de la Sainte Trinité, pour dcperifTement de
le
la proCperité temporelle ôc la fanté de fon Abbc 6c de ion
Prevot.
XXVIII. L'Empereur Conrad ayant fait fçavoir à "Wibald ^^pj^-^^*»
fon retour du voyage delà Terre (liiiue , cet Abbé l'en félicita
en lui témoignant qu'il l'avoit toujours eu préfent à lefprit pen-
dant le voyage &
n'avoit celle de prier pour lui qu'il auroit ;
ÂBBÊ DE STAVEL0,6cc. n»
porter, toutes les diflicultés feront vraifemblablementapplanics*
ôc notre Seigneur Roi pourra entrer en Italie fans aucun obfla-
ele. La Lettre que l'Empereur
écrivit au Pape auffitôt après fon
retour de Croifadc, marquoit aulli bien clairement qu'il n'a-
la
de cette Légation , 6: lui donnèrent des raifons folides de ne pas ^^' r*^' ',
'
m
301.
1
300' ^toit fa mère; qu'elle l'avoir nourri , & élevé qu'il en étoit
l'Epoux en qualité d'Abbé qu'ils ne confentiroient jamais qu'il
;
ABBÉ DE STAVELO,&c. ni
que fon propre Frideric dtoit trop jeune pour être élu Roi.
lils
voir foufiVir une injure. 11 donna lui-même par fes Députés avis Epil. 34J,
au Pape defon éleélion , & lui promit fincerement de protéger
PEglile Romaine. L'Evêque de Bamberg , l'un des Députes fut ,
ment à la Couronne; mais par une Lettre particulière fur le Epijl. 37?,
même fujet,il témoigna à ce Prince qu'il efperoit de lui les
mêmes fecours que l'Empereur Conrad avoit prêtés à l'Eglife.
XXXVI. "Vers le même tems , c'efl-à-dire, en 1 1 j2 ,les E;;|/7. jEf
Evêques d'Allemagne, croyant faire plaifir au Roi Frideric, î^--
5Î4 W I B A L D,
du Roi, il écrivit au Chapitre de Magdebourg de rejetter cet"
Evêque , comme un ufurpateur; ôcaux Evèques d'Allemagne,
de ne plus s'intéreder pour fa tranflation , mais d'engager le Roi
Frideric à laiiier à l'Eglife de Magdebaurg la liberté entière de
l'élection: car nous ne pouvons, dit-il, rien accorder contre
Dieu ôc lesCanons.
Epijl. 34?. .XXXVII. "Wibald déjà chargé de la conduite de deux
Abbayes , fut prié par les Moines de ValTor d'être aulli leur
Abbé , à la place de celui qu'ils venoient de perdre. Il ne paroit
EpiJ. I4S. point qu'il fe foit prêté à leur défir , ni qu'il le foit donné aucun
niouvement pour fe procurer l'Eveché de Bremen , après la
'
,^3ron..i ann.^
^^ princc promit de ne faire ni paix, ni trêve avec les Romains
A'j'^sniU ni avec Roger, Fvoi de Sicile, fans le confentement ôc la libre
volonté de l'Eglife Romaine , du Pape Eugène , ou de fes Suc-
ceiïeurs qui voudront garder le traité fait avec le Roi Frideric ;
de travailler de routes fes forces à rendre les Romains aulîi fou-
rnis au Pape , qu'ils l'avoient été depu;s cent ans; de défendre
contre tous la dignité Papale, ôc les Régales de faint Pierre,
comme Avoué de l'Eglife Romaine, ôc l'aider à recouvrer ce
qu'elle avoit perdu ; de n'accorder aucune Terre à l'Empereur
des Grecs deçà la Mer; ôc s'il en envahiflbit quelqu'une, l'en
chafTer au plutôt , félon fon pouvoir atluel , ou s'il ne le peut
alors , d'aider à l'en clialfer. Le Pape promit auffi , par l'autorité
,
lui écrire avec le rcfpeft d'un lils à fon pcre, & la confiance d'un
-ami ; car il y avoit vingt-cinq ans qu'ils étoient liés d'une étroite
amitié. "Kv'ibald fut invité à un Parlement que l'Empereur Fri- ^Pj^. sp?.-
cîeric devoir tenir à Cologne premier de Novembre 1 1 y? j le
Fête de tous les Saints &
ce Prince lui promit qu'on y oblige-
;
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;.
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""'.' '.';:./ ;/); :' '
55-^ W I B A L D;
de fes prédécefleurs , avoit accordé à un Laïc , à titre de Béné-
iîce , des redevances appartenantes à l'Eglife de Stavelo , ce qu'il
lit à cet égard fut conlirmé dans une Aiiemblée où fe trouvèrent
Arnold , Archevêque de Cologne Henri , Evêque de Liège, ôc
;
que
ABBÉ DE STAVELO,&c. ssi
«Jue la contcftatioti traîneroit en longueur , fi on au
la laifibit
ajoutant que s'il n'étoit pas fini pour un certain tems , il fe char-
geroit lui-même de le décider.
X L 1 1 1. Il écrivit en 1 1 j? à "Wibald , de fe rendre le troi- t!:pijt. 41 j.
leur procurer tous les honneurs & tous les fecours convenables; *3°*
Roi des Lombards. W' ibald entra avec lui à Rome au mois de
Mai de l'année fuivante iijj. Frideric y recrut des mains du
Pape Hadrien IV. la Couronne Impériale. Incertain des motifs
Tome XXI L Yyy
^58 WIBALD, ABBÉ DE STAVELO,&c.
qui amcnoient ce Prince à Rome , il envoya au-devant de lui
fag. 616. une députation. Mais il fut bientôt raflfuré par l'Abbé de Corbie,
dont il récompenfa les fervices & lafledion envers rEglilè Ro-
maine, par une Bulle confirmative des droits, biens & privilè-
ges des Abbayes de Stavelo ôc de Corbie. La même Eulie lui
accorde lufcge des fandales & de la dalmatique , dans les prin-
&
cipales folen-inités de l'année , met l'Abbaye de Corbie fous la
protedion du Saint Siège, avec exemption de toute autre Jurif-
Pag. (19. diclion. Il y a deux autres Bulles , où le rnôme Pape unit à l'Ab-
d'être lue , tant pour l'érudition qui y brille de toutes parts , que
pour la beauté des fcntimens & l'aifance du ftyle.
CHAPITRE XXIII.
Chu N N ou C Oi n r a d,, Abbé de Moury en SidJJe.
I. ir Es
A£tes de l'origine de cette Abbaye, fituée au Dio- Adesdela
i Connance , fur les bords de la Rivière de Bintz , !^°"'^''"°\a'
i ccfe de
a une lieue au-defTus de Bremgarten , a fix de la Ville de mus de plu- &
Bade , font devenus célèbres par l'ufage que les Généalogifles en '''^"'^•
ont fait , pour établir leurs divers Syflcmes touchant la Maifoii
d'Habfbourg , d'où defcendent celles d'Autriche de Lorraine. &
Audi-tôt qu ils furent rendus publics , on les reçut avec joie , ÔC
plufieurs en firent autant de cas que des plus anciens originaux.
Guillimann ( j ) les cita fouvent avec eioge, comme des monu-
mens dignes de foi. Chriflophe Hartmann (t) en ufa de môme.
Eccard s'en autorifa ( c ) , pour faire defcendre l'Empereur Ro-
dolphe de Gontrand le Riche , ôc de Radeboton Comte d'Habf-
bourg. Il fit même imprimer ces Attes tout entiers dans le
Recueil des Preuves de la Maifon d'Autriche , à Leïpfic en
1721. Dom Bernard Pez [à) en releva auffi l'autorité ; avant tous &
ces Généalogifles, les Pères Vignier Chifflet entrèrent afTez &
dans l'idée que préfentent ces Ailes ^ fur l'origine de la Maifon
d'Habfbourg.
II. Blondel (e) en penfa difTéremment. La Généalogie des Quelques-
Comtes dHabfDours; qu'on lit à la tête de ces Acl;es , lui parut ""s Joutent de
fautive , &
i autorité des Attcs mêmes tort luipede. Dom Mar-
( a) Guillim^n. in Hahjb. iib. 4 , cap, 5 ; Prafat. pag. 4 ; &' in probat. pag. 1^9.
lib. ^ , cap. 4 ; lit. 6 , eup. i. {dj Pe^. Epijl. ad Ccmit. de Siniendorfi
( h ) Hdrrman. in tinnil. Eremi Deip. in
vitaEmhricii. Alh. v. i e ) Blondel,Genedog. Franc, pag. 37^;
(c) Eccard , de origin. Habfiurg. in & D. Hergctt. Prolegom. 1 , num, ic,
Yyy ij
J40 C HUN O N ou C ONR A n,
faite à Paris en i6\S
,
par Pegreft
trouvant remplie de fautes,
, fe
il s'étoit cru obligé d en donner une nouvelle ,coliationnéeavec
ces Actes.
^^ manufcriî. Dom Gerold alors Abbé - Prince de Moury ,
,
littérairc , nous meneroit trop loin , & feroit inutile à beaucoup M^îron^rHab*-
d'égards. Nous nous contenterons de nous expliquer fur l'autea- ibûurgn'eit
«xade,
ticité de la Généalogie qu'on a mife à la tête des Acles de l'orl- ^''^
gine de Moury ; fur les Auteurs , tant de cette Généalogie , que
de ces Actes, ôc fur le tems où ils ont écrit. La Généalogie de la
Maifon d'Hablltourg eft défedueufe en plufieurs points, i". Il y
eft dit que la iJomteffe Itta , époufe de Radeboton Comte ,
les Sçavans fe'on laquelle le Duc Thierry eut pour fils Frideric
;
11. & non pas Gérard. S'il y a des dcraucs dans la Généalogie de
faint Arnould , on convient que ce n'eil que dans les afcendans^
depuis Thierry jufqu'à faint Arnould que pour les defcen- ; &
dans de Thierry jufqu'à nos jours , elle eft bien fuivie. Elle efl
encore contraire au titre de fondation de l'Abbave de Bouzon-
vilie, &
à tous les monumens les plus inconteftables les plusi &
aurcntiaucs de la Lorraine, rapportés par Doni Calmer dans le
Kecueil (c) des Preuves de l'Hifloire de cettre Province. -1.°. Les
Ades de la fondation de Moury font (ii) la ComtelTe Itta non-
Yyyil),
H2 C HUNO N OU C O N R A D;
feulement fœur du Duc Thierry , maisaufli de Vernaire, Evê-
quc de Straltourg. Mais c'efl: une nouvelle erreur. La Comtefle
Itta avoir , félon Jes mêmes Atles , époufé le Comte Rade-
boton ; 6c ce Comte droit, fuivanc la table généalogique qui fe
voit à la fin de l'Apologie, frère de Vernaire, Evêque de Stras-
bourg. Itta ne pouvoir donc être fa fœur , mais feulement fa
belle-fceur. Les Auteurs de la Gaule Chrétienne ( a ) prétendent
même que Vernaire étoit fils de Radeboton , apparemment &
d'Itta en quoi ils fe fondent fur le Diplôme de la fondation de
;
auquel il vivoit j
baye de faint Blaife ; qu'il s'étoit répandu partout , & qu'on de-
voitle maintenir, en les obligeant de vivre fous la règle & l'o-
béiiTance du Père fpirituel. Il eft aufii d'avis qu'on lailTefubfifler Pag-i^'
le Monafiere de Filles bâti dans le voifinage de Moury , pourvu
qu'il y ait entre ces deux Maifons une diftance convenable , pour
éviter tout foupçon ; ôc qu'on donne à celui des Filles , des per-
fonnes fages pour les diriger. On les transfera depuis en un lieu P.iç. tf?.
Aûes dont nous parlons. Il finit fon ouvrage en priant ceux qui "!"''"" '"'"'"*^
viendront après de mettre par écrit ce qui arrivera de remarqua-
ble dans l'Abbaye de Moury. Ce qui fuit ^ de même que la i able
généalogique des Comtes d'Habfbourg , ont été ajoutés aux
Acles de la fondation de Moury. La chofe eft évidente pour le
fragment qu'on lit enfuite des Ades ; &
elle ne l'eft pas moins à
l'égard de la Généalogie, puifqu'elle va beaucoup plus loin que
Tome XX IL Zz z
S4^ CIWNON ou CONRAD ABBE DE MOURY.&c ,
les A£les , ôc qu'elle eft contraire en faits avec les Actes mêmes."-
La ComtefTe Ittaeft appelle'e dans la Généalogie, Réparatrice
du Monaftere de Moury les Acles l'en difent Fondatrice. Il eft
:
,
1
SUITE DES CONCILES DU HUITIEME SIECLE. ^47
Not-i. L'on
fon côté envoya un Evêque ôc un Abbé pour le même fujet. Le y^.^ '^"y" '
f
Pape confentit à accommoder les Parties ; mais les AmbalTadeurs '^^^^
de Tallillon ayant déclaré qu'ils n'avoient aucun pouvoir pour
régler les conditions du Traité , le Pape mécontent de ce pro-
cédé, prononça anathême contre Tallillon &
fes complices,
s'il n'accomplilToit les fermens qu'il avoir faits au Roi Charles.
7,Condl. ua.
"
9^91- en ordonnaflent deux par chacune année , il avoit faifi le mo-
ment de la paix &
de la tranquilité publique pour en alfembler
un où l'on pût établir la foi , ôc la défendre contre deux nouvel-
les erreurs dont l'une foutenoit que le Saint-Efprit ne procède
:
le même & vos années 72e paijhont point. Il ne s'étend pas davan-
-^•
que l'onne prendra rien pour les ordinations que les Pafteurs ; ir°o„|^
j-'^''
feront par Icxcelience de leur vie le modèle de leur troupeau ^ pig. lo'^i.
^
-Can. 10.
difproportion
f r o^, pour
d'âse i
éviter les occafions dadultere. Celui
r j r r
qui fe fépare de la femme pour caule de rornicanon , ne peut le
remarier tant qu'elle eft vivante, parce que Jefus-Ctirift ea
permettant à un homme de renvoyer fa femme , ne lui a pas
permis d'en époufer une autre., ainfi que le remarque faint Jé-
rôme. A l'égard de la femme coupable, elle ne peut fe remarier
r^ ,
même après la mort de fon mari. Les filles ou les veuves de
quelque condition que ce foit , qui onr une fois pris l'habit noir
en figne de continence , doivent en garder !e vœu quoiqu'elles
,
1
DTJ HUITIEME SIECLE. jn
Evêques du Concile prouvent enfuite par l'Ecriture & par les P-Jg^' «»»
-'''^*
Pères ,
que Jefus-ChriÛleft ôc doit écre appelle le propre Fils de
Dieu ; qu'il ne peut être nommé Fils adoptif, parce qu'il n'y a
point en lui de divifion ni de féparation des deux natures que ;
.j^^. ,0,7,
Can. 3. ges. Il eft dit dans le troiliéme , que Taflillon , auparavant Duc
de Bavière , fe préfenta au milieu du Concile , demanda par-
don des fautes qu'il avoit commifes , tant contre l'Etat des
François, que contre les Rois Pépin &. Charles; que la grâce
lui fut accordée , & que Ton en expédia trois Brevets ;un pour
être mis au Palais Royal le fécond pour TaflTdlon le troifiéme
; ;
comme il efl; porté dans le Diplôme de*ce Prince , datte de l'an ^^ > ^'^"^1-
7P3 de l'Incarnation. Spelman dit que Willigod fut tiré avec ^ii'nÀ^^J.,„i,
plufieurs Moines de l'Abbaye du Bec en Neullrie , pour être tom. pîg, i
,
CHAPITRE XX V.
lur lahn deian 7ij(). 11 y produilit en toute liberté les raHons p^neenyç? &
les pafTagcsdes Feres qu'il croyoit favorables à Ton opinion mais '«7,C:wi/. ;
r
'
lesÈvèqucs que le Roi Cliarles avoir aiïemblés le convainquirent ^g%.'°'
tellement , qu'il renonça à fon erreur. Néanmoins à caufedefes
fréquentes rechutes, ils le-dépoferent delEpifcopat, le Roi &
le relégua à Lyon où il finit fes jours. Etant encore à Aix-la-
Chapelle il donna fon abjuration par écrit en forme de Lettre
adreiïée au Clergé & au Peuple dUrgel. Il y expofela maïucre
dont les Evéques envoyés par le Roi Charles l'avoient engiigé à
fe rendre à Aix-la-Chapelle ; la liberté qu'en lui avoir accordée
de défendre fon fentlmenti la douceur avec laquelle les Evêques
du Concile l'avoient traité; la force des raifons par lesquelles ils
l'avoient convaincu jfurtout par l'autorité des écrits des faints
Pères , nommément de faint Cyrille , de faint Grégoire , Pape ,
de faint Léon , &
de quelques autres qu'il ne connoilioit point
auparavant. 11 raconte encore ce qui s'étoit palTé dans le Concile-
Aaaa iij
,
CHAPITRE XXVI.
CoNCi LES d'Altino , i'Aïx-la-Chavdle , d'Arles»
de Ma.yence , de Reuns , de Tours, de ChJdons-J'ur'-
'Saône , d^ Aix-la-Chapelle,
tous les Canons & les Décrets des Papes , 6c ordonna qu'ils ^'^''^if^i'
feroient obfervds à l'avenir , tant par le Clergé que par le Peuple.
Comme il avoit fait venir à ce Concile les Abbés & les Moines ,
il les obligea au(îi à faire obferver dans leurs Monaftercs la Règle
rence j
porte : Pape convint que, fuivant la dotlrine de
que le
l'Ecriture ôc des Pères, le Saint-Efprit procède du Père 6c du
Fils ; que l'on devoit enfeigner cette dotlrine à
ceux qui l'igno-
roient ; ne fut point d'avis d'ajouter cet article au
mais qu'il
Symbole , moins encore de le chanter qu'il permit toutefois de ;
Bbbbij
y(?4 CONCILES
Baptême & les le précèdent
cérémonies qui &
l'accompagnent;
Cette Lettre occafionna plulieurs Traités dont nous avons rendu
compte dans ce Volume. Deux ans après il afTembla un Parle-
ment à Aix-la-Chapelle , où il ordonna que l'on tiendroit cinq
Conciles dans les principales MétropolesdefesEtats, à Arles, à
&
Mayence , à Reims , à Tours à Châalcns-fur-Saône , que &
les décrets lui en feroient apportés. Ces cinq Conciles fe tinrent
en 813. Les Réglemens que l'on y fit ont rapport à la Lettre
circulaireenvoyée à tous les Archevêques , deux ans auparavant.
Le Concile d'Arles fut tenu le dixième de May dans l'Ëglife de
faint Eftienne. Jean, qui en étoit Archevêque,
y préiida avec
Nebridius deNarbonne, qui fe qualifient l'un ÔcTautre, Envoyés
de leur très-glorieux ôc très-pieux Prince. On y fit vingt-fix
C^/z. T. Canons. Le premier contient une profefhon de Foi avec l'addi-
Can. 1. tion Ex Pâtre ù" Filio. Le fécond ordonne une Afiemblée géné-
rale dans l'Ëglife pour y chanter des fvlefles , Ôc faire des prières
C,!/i. 5. pour le Roi Charles. Il eft dit dans le troifiéme,que chaque
Archevêque exhortera fes Suffragans de fe mettre en état par
l'étude de l'Ecriture fainte, de bien infl.ruire les Prêtres le &
Peuple fur le Baptême , &
tous les Myfleres de la foi ; parce que
l'ignorance étant la mère de toutes les erreurs, elle ne doit pas
fe trouver dans les Prêtres , qui font cliargés de i'inftruction des
autres. Il faut donc qu'ils fçachent ôc l'Ecriture fainte, ôc les
Canons que tandis qu'ils enfeignent les Peuples , ils les édi-
; ôc
Cm.4& î» fient par leur bonne conduite. Les quatrième ôc cinquième por-
tent, que les Laïcs, c'efl-à-dire, le? Patrons, ne pourront chalTer
des Eglifes les Curés à qui les Evêques en ont confié le foin , ni
yen mettre d'autres fans le jugement de leur propre Evêque, de
qui ils recevront les inftrutlions néceffaires, lorfqu'ils feront par
lui ordonnés pour la defferte des Paroifies ; que les Patrons ne
pourront non plus exiger des préfens pour confier à des Prêtres
le foin de quelques Eglifes, parce qu'il arrive fouvent que la
cupidité des Laïcs les engage a préfenter des Miniflres indignes
Car. c. des fonctions Sacerdotales. Le fixiéme veut que chaque Evêque
ait foin que les Chanoines ôc les Moines vivent cliacun , feloa
Can. 7. leur inflitut. Il eft ordonné par le feptiéme que l'on choilira des
hommes de bonnes mœurs , ôc d'un âge avancé , pour le fetvice
des Monaftcres de Filles ; que les Prêtres qui y iront célébrer la
Meffe , enfortiront aulfitôt qu'elle fera finie; qu'aucun Clerc,
ni Moine jeune , n'aura accès dans ces Monafteres , fi ce n eft à
laifon de parenté.
DU NEUVIEME SIECLE. j(?î
•
VII. porté dans le huitième , que dans les Monaftcrcs
Il eft Can. »«
les Prêtres inflruiront de vive voix leur Peuple; que l'on féparera q., ,,
tous ceux qui ont contracté des mariages inceilueux , en leur
faifant d'ailleurs fubir la peine portée par les anciens Canons ;
que chacun contribuera de fon côté à l'entretien de la paix entre Can. n-
les Evêques , les Comtes , les Clercs , les Moines , ôc tout le
Peuple ; qu'à cet effet , les Comtes , les Juges , ôc tout le Peuple , Cw. i j.
obéiront à l'Evêque , &c qu'ils agiront de concert pour le maintien
de la Juliice ; qu'en tems de famine, ou de quelqu'autrc nécef- Can. n,
f\t6 , chacun nourrira ielon fes facultés ceux qui lui appartiennent ;
que les poids ôc les mefurcs feront partout égales ôc juftes qu'on ;
Cn. ly.
que l'on confervera aux anciennes Eglifes leurs dixmes ôc les O/;. zo.
autres biens dont elles font en poffeilion que pour ce qui regarde
; Cm, z 1.
Can 4 ^"^"^
Canons voici les plus remarquables. Le Baptême fera
;
armes que les fpirituelles mais les Laïcs qui demeurent chez les
;
Pan. ji. leurs foncbions. Défenfe de transférer les corps des Saints fans
la permiffion du Prince ; d'enterrer dans les Eglifes les morts , fi
Can. î4. ÔC mères , de lever leurs enfans des P'onts de Baptême ; aux
tom.7M'"cU. a •
r\ '
«I;?. 1154-
^^ 9^ '^ ^'^ ^'^"^ faire. Ils ordonnent d'avertir les F'idelcs , que
'
Can. 41.
les fortileges ni lesenchantemens , ou les ligatures d'herbes ou -
DU NEUVIEME SIECLE, pt
grands crimes. y avoit des Monaderes peu nombreux , dont Can'V/.
Il
les Abbcs qui vivoicnt .plutôt ca Chanoines qu'en Moines, ne
faifoient pas promettre à leurs Moines l'obfervance le Concile ;
ordonne ,
reformés fuivant la Règle de faint Benoît.
qu'ils feront
.11 défend de donner le voile de la Religion aux Hlles avant ii^ge Cm. x».
de vingt-cinq ans , s'il n'y a néce.Iitc. L'Empereur avoit averti q^j ,,
d'exammer (bigneufcment ceux qui prétendoient avoir été dé-
pouillés de leurs biens les Evêques iirent à ce fujec toutes h:s
:
couime celui de 1 ours fans date de mois ôc de jour. Les "-ionecn s'n,
Evêques de Gauie Lyonnoifey alfifterentavec les Abbés, Ôc
la : >'«• ',Co.-:ci2.
''''°'
firent foixante-fix Canons. Il y eil: ordonné que conformément ,
'^//'
""'"' ^*
à l'Edit de l'Empereur, les Evêques établiront des Ecoles, où
lesClercs apprendront les bonnes Lettres & les faintes Ecritures,
non-feulement pour fe rendre capable? d'inflruire les Peuplai ,
maisaulTi pour rélifter aux Hérétiques & détruire leurs erreurs ;
que les Evoques uferont des biens de l'Eglife, non comme de Cj^'-c-
leur bien propre, mais d'un bien qui leur ei!: confié pour en;iider
les Pauvres que ;
les Evêques & les Abbés qui auront perfuadé Cm. 7.
Can,
S12
M. d'eux des redevances
CONCILES
aux Evéques de rien prendre pour le prix",
;
Cvu ip. vant donner lieu à l'avarice. 11 eft ordonné que les familles'
,
fuivant les anciens Canons ;le Concile veut que l'on recoure
à l'autorité de l'Empereur , afin que les pécheurs publics faiTenr
pénitence publique , qu'ils foient excommuniés ôc réconciliés"
Ceui. '-6, (èlon les Canons. Sur les plaintes que les Eglifesqui fetrouvoienr
mais elles feront mifes en pénitence pour toute leur vie. Quel-
Can.ii. ques-uns ne fe confeffoient pas entièrement aux Prêtres. Le-
Concile déclare , que l'homme étant compofé de deux fubflan—
ces , de l'ame ôc du corps, il pèche tantôt par un mouvemenf
de i'efprit , tantôt par la fragilité de la chair, qu'ainfi il doit con--
feffer également les péchés de penfée comme les péchés exté-
,
Can. ;;. ricurs ; qu'il ne fuHit pas de fe confefl'er de fes péchés à Dieu,
Can. 34. Qu'il faut encore s'en confeffer aux Prêtres ; que ceux-ci dans le
jugement qu'ils portent des péchés, doivent prendre garde de
ne fe pas laifler prévenir de quelque paifion envers les Pénitens
foitde haine , foit de faveur, mais prendre pour règle les Canons'
Gi/î. 3:. de l'Eglife. Il blâme ceux qui dans la pénitence penfent moins à'
u/i "^l^^V^ pêcher qu'ils n'en liiTent à l'avenir. On appelloit Faide dans les
•Hift. Lcch!.
f 1 .
j , j. j • > • '
Liv. 4* , tom. Loix barbares , le droit qu .avoient les parens d un homme tue de
1 I 1
.-«I» ,-*v-, .-l'rv, ,-ïii. .s/K. »». -vik .-v^., ,-ïtt- -ïit ^v. .-»K.. '!/v .-ïu- ^-VV; ,<n; .•*i», -y», .-y», .-vit .-»u ,<ii^ ,sr»i
G II A P I T Pv E XXVI I.
.C N c .1 L E s de Conjîaminople ., de Noyon .,
^wr«.
'
^"^
"°P^^ » ^ Antoine ,
qui de Moine ôc d'Abbé étoit devenu
,
DU NEUVIEME SIECLE, n?
Métropolitain de Sylée , ou de Perge , Capitale de Pamphylie.
Aidé de leurs conleils , il attaqua ouvertement le Patriaiche
Nicephore , ôc n'ayant pu l'oblircr à condamner le cuite des
Images , il manda à Conitantinople la plupart des Evoques qui
en dc'pendoient , efpcrant de leur faire embralier fon erreur.
Ceux qui le refufercnt furent mis dans des cachots, où on leur fit
fouffrir beaucoup de mauvais traitemens ; on laiiïa en liberté
ceux qui paroifloient dirpofcs à fuivre la volonté du Prince. Le
Patriarche témoin de cette conduite ,e>;hortoit les Catholiques à
demeurer fermes, redoublant fes prières vers Dieu. Il aiïembla
dans le Palais Patriarchal autant d'Evêques &: de Aîcin.es qu'il
Eut, & après avoir
pafïéia nuit en prières avec eux dans la grande
,glife,il monta fur l'ambon ôcdit anathême à Antoine de Sylce ,
comme prévaricateur. Le peuple qui étoit préfent répondit, a:ia-
thcme. L'Empereur averti de cette afiemblée s'en plaignit au
Patriarche , comme d'une fédition, & lui ordonna de venir au
Palais avec les Evoques & les Moines. Ils y allèrent. Le Patriar-
che Nicephore entra en matière avec ce Prince , & traita à fonds
la queftion des Images. Léon voulant une conférence en règle
entre les Catholiques 6c les Iconoclades, fit entrer les Evoques
des deux partis , avec les Grands & les Officiers de la Cour,
Pépée nue à la main, pour intimider les Catholiques. Nicephore,
après avoir montré que le culte des Images étoit plus ancien que
Leonl'Ifaurien , ôc Confcantin fon fils refufa d'entrer en con-
,
férence avec les ïconoclaftes dans le Palais , difant que , s'agiilLinc >
cap. lo, nu!n. liberté les Eveques Catholiques que ce Prince avoir fait mettre
avoit dit dans fa Lettre aux Evoques de ce Concile pour s'excu- '"-/'"a- 'î°*'
ier d'y aller, qu'il n'avoir été affemblc oui pour renverfer celui
de Nicée , c'eft-à-dire , pour abolir les Images de Jefus-Chrift,
de la Mère de Dieu ôc des Saints, le culte qu'on leur &
rendoit.
III. En France, Windelmare, Evoque de Noyon , & Ro- Coicile de
& des Ecrits des faints Pères. Son deU'ein en celaétoit de fouia-
Tome XX IL Dddd
378
ger les fimples
CONCILES
&ceux qui, faute de capacité ou délivres, ne"
pouvoienc s'inftruire par eux-mêmes ; &
en même tems de met-
tre de Tuniformité dans la vie des Clercs, foit îuperieurs, foit
inférieurs , ôc de les faire niarclier d'un pas égal dans la voye
qu'ils avoient choifie. Il fouriiit à cet effet les livres néceffaires.
Amalaire, Prêtre de l'Eglife de Metz , fut charge de la coni-
miffion ; mais il fe borna aux extraits des Pères & des Conciles.
Les Evêques d'Aix-la-Chapelle achevèrent le refre de la Règle,
ou plutôt des Règles car il y en a deux une pour les Chanoines
: ;
perfonne n'y peut arriver que par cette voye; qu'ainfi les Laïcs
comme les Clercs & les Moines doivent y marcher, s'ils veu-
lent être heureux dans la vie future. C'eft ce qu'il prouve non-
feulement par un grand nombre de paflages de l'Ecriture, mais
encore paries promefles que chaque Chrétien fait dans le Bap-
tême, de renoncer à Satan , à fcs pompes & à toutes fes oeuvres.
Cm. 115. Le Concile convient néanmoins qu'il y a certaines obfervances
qui font particulières aux Moines , parce qu'ils mènent une vie
plus auflere ; mais il foutient qu'il n'y a entr'eux & les Chanoines
aucune didindiion à faire lorfqu'il s'agit de s'éloigner du vice &
de pratiquer la vertu. Il cfl: permis aux Chanoines de porter du
linge, de manger de la chair, de donner & de recevoir, d'avoir
des biens en propre, & de poffederavec humilité & jufaceles
biens de l'Eglife , parce que ni l'Ecriture, ni les Canons ne leur
défendent rien de femblable mais il n'en eft pas de même des
;
,
j
de venir a-^irjr-
Ceux qui néeli^eront d'aififter
conférence , de raire ce
la
dans l'Evangile fai été étranger (jf vous in' avei logé, ctabUront,
:
qu il leur tut permis d avoir des mailons particuheres , ?pparem- 10, jw. lyi..-
devant eux, ôc d'cn-faire des copies conformes à l'original gardé ;,aj. mj?.
clans le Palais. Nous avons les trois Lettres que ce Prince leur
écrivit à cette occafion. Il marque qu'il cnvoycroit au premier
j84 CONCILES
jour de Septembre des CommifTaires pour s'informer fi ces Rè-
gles étoient mifes en exécution. L'Empereur envoya en même
tems à ces
trois Archevêques le poids la mefure dont oa &
devoit fe fervir dans la diikibution du pain Ôc du via aux Cha-
noines ôcaux Religieufes.
Lettre de ^
j j^ £..j confcquence des ordres de Louis le Débonnaire ,
ves. Ibid. in Toul, pour l'avertir de s'informer fi les Règles dont on vient
^'^^'
VsTî ^^ parler s'obfervoient exaclement dans fon Dioccfe , afin qu'il
pût en certifier ce Prince.
Concile (6 XII I. Le vingt-feptiéme de Juillet de la même année 8 1 6",
;:vec les Reliques dans une boëte ou petite châfTe que s'il n'y ;
4^m, j,
^ l'unanimité , on ne fe contenteroit pas de croire de la même
manière , mais que l'on s'uniroit encore de paroles ôc d'actions
dans la fincerité & dans It crainte de Dieu que les Evêques ;
(,;) EuchariÙi;i qur nb Epifcopp pci intininrc non poteft , tamen hoc maxime
idem niinilif nuiu conk'tr.irur , cua> aliis proHcere poiclt , quia Corpus & Sanguins
Reliquiis conJr.tur in c:ip!ul.i , ac fervctur cil Douiini nollri Jcl'u Chrilli. Cait. i.i.
in c.iuCin J^adii^a. Et l! aba» Reli^uias
^
DU NEUVIEME SIECLE. y8;
par les Evoques, ôc que tout autre atle confirme par un figne Cm. 6.
de la Croix feroit inviolablement obfervé; que les Evcques, les Cm.y.
Abbés &
les AbbelTes ne pourroient aliéner aucun fonds des
Eglifes ôt des Monafieres ,
que pour le tenis de la vie d'un
homme du confentement de la Communauté , & que les
ôc
titres en demeurcroient au ?vIonanere; que les Monafteres où Cm.i.
l'en aura une fois établi la vie régulière , demeureront toujours
en cet état , & que l'Abbé ou l'Abbefle feront bénits par l'Evê-
que que chaque Evêque tirera copie des jugemens rendus dans Can. 9.
;
Evoque ôc chaque Abbé en fera dire fix cens, ôc fix vingt Méfies,
6c affranchira trois Serfs en leur donnant à chacun trois fols ôc ;
Can.2,. cœur. Ils feront l'Office, fuivant la Règle de faint Benoît ; ils
Can.-i9. puis la Meiïe étant finie, ils prendront leurs repas. On leur
Can. zz. donnera deux fergettes, deux tuniques, deux cucules pour
fervir dans le Monaftere , deux chappes pour le dehors , deux
paires de fémoraux ou caleçons, deux paires de fouliers ôc des
pantoufles pour la nuit , des gands en Eté , des moufles en Hy-
ver;un froc ou habit de delTus, une pelifle ou robe fourrée. Il
y aura toujours de la graiffe dans la noarriture des iMoines, ex-
cepté le Vendredi , vingt jours avant Noél , ôc depuis le Di-
Mnhll.Vrct-
nianche de la Quinquagefime jufqu'à Pâques. L'ufage de la
num!^i'iil'a\ gf^iAe ^^toit permis en France, parce que l'huile y étoit très-
7o;8iinAiu- rare, Ôc peut-être encore pour montrer qu'on ne s'abftenoit pas
" ''^^°'' '^ de la chair par fuperftition. Dans les Monafteres où l'on manque
Can. 11. de vin, on donnera une double émine de bière. Les Frères fe
fols , à douze deniers l'un , ce qui revient à dix-huit onces avant Prc^fat. in f
Homélie. Ceux qu'on aura mis en pénitence pour des fautes Cm. 40.
confidérables , auront un logement féparé, avec une cour où
ilspuilTent travailler; mais le Dimanche ils feront traités avec Cm. 71.
plus de douceur, ôc ne demanderont point pardon. Quelque Can.-n.
faute qu'ils avent faite , ils ne feront pas fouettés à nud à la vue
de leurs Frères. Si le ravail des Moines eft tel qu'ils ayent be-- Can. ji;
foin de boire après le repas du foir j on leur en accordera la peE-
E e c e ij
,
^SS
miiïlon , même
CONCILES
en Carême : c'eft l'origine de la collation ; &
Ca«. 58.
quand on célébrera l'Office des Morts ils boiront avant de le ,
Can. 6}. commencer. Les Moines lurvenans feront logés dans un dor-
toir féparé & bâti près de TOratcire. On choiiira des Frères bien:
Tom. 7, Con- inftruits pour les entretenir.L'Empereur Louis confirma êc fit
cz/.pj^. 1513
exécuter par ion autorité tous ces Reglemens, ainfi que le re-
'c
*
marque l'Auteur de fa vie. On croit que ce fut dans la même
alTemblée que ce Prince fit drefifer un état des charges que les
Monafteres de fon obéifTance dévoient fupporter pour fon fer-
Bâ/uf- """• vice. Il en a été parlé plus luut. Les principaux Abbés qui y
i , C2phu.v. affifterent , , Arr.ould de Noir-
étoient faint Benoît d'Aniane
]/ag, 1084.
nioutier, Apollinaire de Mont-Cafïin Alveus de faiat Hubert
,
Concil. pag. fiHc du Comte Hugues. Les Seigneurs ôc les Evêques qui avoicnt
M 19 ; Si l'e eu part à la conjuration de Bernard, profitèrent de cette conjonc-
rc ur m.
^^^.^ ^^^^^^ demander leur grâce. Le Prince les ayant fait venir en
i
,
dres , il l'avoit tait venir , & lui avoir ordonne de quitter l'An-
gleterre ,
jufqu'à ce qu'il lui eût abandonné une certaine terre
de trois cens familles , ôc fe rùt fournis à lui payer (ix-vingc livres
de deniers qu'ayant été obligé d'obéir , l'Abbefl'e Cynedrite,
;
rendue fur ce fujct fut fignée par le Roi , par douze Evoques,
quatre AbLés, un Député du Pape Eugène, & plufieurs Ducs ôc
autres Seigneurs.
XIX. On a vu en fon lieu, que Louis le Débonnaire ne Concile
^^
voulant point jus;er par lui-même de la peine que méritoit Ber- f ^"'-^"X
nard , Ivoi d Jtahe , pour avoir conjure contre lui ôc attente a fa Condl. p^.
vie , ôc que quoiqu'il eût été condamné à mort dans une alTem- ^^-^•
Rathertus ,
jpo CONCILES
quelque crime qui méritât pénitence. Pour réparer ce tort;
in^jiM Ade-
p£mpereur Louis leur demanda pardon &: leur laifla la liberté
de revenir à la Cour ou de demeurer dans l'état qu'on les avoit
forcés d'embralTer. ?*Iais ils préférèrent la retraite aux efpérances
du fiécle. On traita dans la môme aifemblée de divers abus intro-
duits par la négligence des Evoques. L'Empereur témoigna un
grand defir d'y apporter remède. Un des plus grands étoit fufur-
pation des biens Eccléfiaftiques parles Laïcs. Agobard , Arche-
vêque de Lyon, qui étoit préfent, parla fortement fur ce fu jet,
6c foutint que violer les Canons, é:oitun attentat contre Dieu
même. Les ASles de ce Conci'e ne font point parvenui jusqu'à
nous , &: nous n'en fçavons que ce que nous ap-^ rennent les Hif-
To.'n.7,Cw toriens du tems. Quelques-uns lui attribuent le Capitulai rc qu'on
cil.pjj.i^j^- lit à la fuite du Concile d'Aix-la-Chapelle en 8i<5, &
corapofé
de trente articles. Mais s'il n'/ a faute dans rinf:ription , il fut
fait en cette même Ville , la troifiéme année du règne de l'Em-
pereur Louis , c'eft-à-dire , en 8 6. Le fécond article eO: plus
i
^V^
,
sta ara ,5ta iali £hra .1^ ^ ir« j;ra iia sa .ita iîa £ia sia ^ û^^
CHAPITRE XXVIII.
Co N c LE I de Paris aujujet des Images ; i'Ingelheim,
de Rome & d'Aix-la-Chapelle.
touchant les Actes du Concile de Paris. Mais cette date eft vi-
fiblement faufie ôc au lieu de 824, il fiut lire 825-. Cela paroît
;
(.1) B.i'.uf. tom, I , Cipitular. pjg. l (l) Concil. P.irif. epijl. cii LuiovkiM'-
*4j. \ Au-giijlum».
,
^^2
mois de Novembre
CONCILES comme le dit Eginhard (a) fur
824., cette
année.
Aaes du 1 1- Les Evêques du Concile de Paris marquent dans la mê-
Conciie. sy' me Lettre, qu'ils s dtoient affemblcs le premier jour deNovem-
nodusVarijifn-
^ felon l'ordre qu'ils en avoient reçu de l'Empereur. Tous
furti , ceux qui avoicnt été mandes s y trouvèrent , a 1 exception de
ann.
^')96, in-iz. Modouin d'Autun qui étoit malade. Jeremie , Archevêque
,
Mabill. 'Pra- cnvcrs Serenus , Evoque de Marfcille. Cet Evéque voyant que
fat. in tom. ^ fon Peuple adoroit les Lnages, les ôra de l'Eglife ôc les brifi.
,
fon aftion , difant qu'on mettoit des Images dans 1 Eglife, afin
que ceux qui ne fçavent pas lire, puifTent en voyant ces pein-
tures apprendre ce qu'ils ne peuvent lire dans les livres. Le Con-
cil« veut donc que l'on continue à mettre des Images dans les
kur rendre compte de ce qui s'étoit pa(lé dans leur affemblée ; F^- '5 > i-^
& à la fin des quinze articles, les modèles des deux Lettres,
""'^î'
'
Malïllon. chevcque de Vienne, demanda le P^zZ/zu/tz à Nicolas I. ce Pape/
Frxfiî.inwn ne demanda de lui ,.que de reconnoitre l'autorité des fix pre--
Balurii '^^Tw
^^^- ^^ ^'^^^^ porte qu'il fut confirmé par l'autorité Apoftolique,.
«47. Le fécond ôc le troifiéme de ces articles prefcrivent des peines
contre ceux qui auront maltraité d'effets ou de paroles quel--
qu'un du Clergé ou des Moines. Le quatrième en ordonne con-
tre ceux qui auront enlevé ou deshonoré une Religieufe, de
même que contre les fauteurs de ces crimes. Le cinquième mec:
en pénitence publique celui qui aura blafphêmé contre Dieu y
&
ordonne de le mettre en prifon jufqu'à ce qu'il ait accompli fa
pénitence. Le fixiémc défend de célébrer la Meffe dans un Ora-
toire particulier, fans la permiffion de TEvôque Dioccfain. Le
feptiéme confirme les privilèges accordes aux Clercs par les Rois
précédcns^ ou par l'Empereur Louis.
DU NEUVIEME SIECLE, ^pj
•
VI. Les Décrets du Concile que le Pape Eugène II. tint à Concile de
CHAPITRE XXIX,
Concile d-e Pa r i s.^
res , fous le nom d'Envoyés du Prince, pour aller dans tout pnj-. l'^pi ,•&
l'Empire , ôc voir par eux-mêmes ce qui s'y paflbir. Vaia , Abbé "''f''"'-'^'
^'*'-
^p8 CONCILES
manière les Evêques pourront fubvenir à ces befoins. II demanda
que l'éledion des Evêques le Ht félon les Canons ; ôc p:iria forte-
ment contre l'ambition ôc l'avarice des Archichapeiauis du Pa-
lais. Puis il expofa le mauvais état des Monaiieres, dont les
Laïcs avoient ufurpé les biens & dit à ces Seigneurs Si quel-
; :
qu'un des Kideles a mis fon offrande fur l'Autel pour être préfen-
tée à Dieu , grande ou petite , ôc qu'un autre vienne la prendre
de force ou autrement , comment appellerez-vous cette action f
Tous, comme s'ils euflent été touchés intérieurement par quelque
nouvelle infpiration , répondirent que c'ctoit un facrilege. Sut
cela Vala s'addreiiant à Louis le DéboPinaire/Iit :Que perfonne ne
vous trompe, très-illuflre Empereur; il eft bien dangereux de dé-
tourner à des ufages profanes , les chofes une fois confacrées à
Dieu , à'I'entretien des pauvres ôc des ferviteurs de Dieu , con-
tre l'autorité divine. S'il eft vrai que l'Etat ne puiffe fubfifter fans
le fecours des biens Eccléfiaftiques , il en faut chercher raodefte-
'Tom.-i,i^or. ment les moyens , fans nuire à la Religion. 'Vala die beaucoup
uèifuprd. d'autres choies qui font rapportées dans l'hiftoire de fa vie, par
Pafchafe Ratdbert. Comme on ne pouvoit en contefler la vérité,
l'Empereur , de l'avis de fon Parlement , ordonna que l'on tie;i-
droit quatre Conciles, où l'on prcndroit les mo-yens de rétablir
la difcipUne Eccléfiaftique ; l'un à ?.îayence , l'autre à P.^ris , le
Tom.7,Con- troiliémeà Lyon, quatrième à Touioufe. Ces quatre Con-
ôc le
ciLpjg.i^8i. j,-jjç„
dévoient fe tenir le jour de lOclave de la Pentecofte , ôc
auiîi-tôt après en avoir tait l'ouverture c'eft-à-dire , dès le
,
t«wi**"aij?^
' cnmpte que trois , on ne doute point gue l'on n'en ait teniL
f'%- 71.
7
DU NEUVIEME SIECLE, f 99
quatre, félon l'ordre de TEmpereur^qui en avoir lui-même déligné
les lieux dans fa féconde Lettre mais il ne nous refle que les
:
été indique. Il ell compté pour le fixiéme de Paris, parce qu'on lom^^Con/u.
ne met point au nombre des Conciles tenus en cette Ville, celui p-ïg. 155)4.
qu'on y aifemMa quatre ans auparavant pour y examiner la
queftion des Images. Il s'y trouva quatre Métropolitains, Eb- Mabïilm,-
bon de Reims , Alderic de Sens , qui ce femble fut confacré ''^- l^yc^nnal.
'?'^^*'
dans le Concile même, ilavoit été Abbc de LerricrcsiRognoard 52,0,'
de Rouen, ôc Landran de Tours, avec leurs SuiTragans , ce
qui faifoit en tout vingt-cinq Evêques. Les Reglemens faits
dans ce Concile font diflribués en trois livres. Le premier con-
tient cinquante-quatre articles le fécond treize , 6c le troifiéme
;
mais elle doit être fuivie des bonnes œuvres. On peut juger !,'^
'
feulement n'ornent point leur foi des œuvres de pieté, mais qui
la déshonorent parleurs m.auvaifes actions. La fainte Eglife de C.7. i.
Dieu ei> un Corps dont Jefus-Chrifl: eft le Chef. Elle e(ï, félon C^. 3.
que nous l'apprenons des faints Pères , gouvernée par deux Puif-
fances , la Sacerdotale ôcla Royale. Gouvernée par les Evêques
fuccelfeurs des Apôtres, ils doivent être les modèles de leurs
Peuples. Quels fruits peuvent-ils efperer de leurs prédications, Cip-'^.
s'ils ne font pas ce qu'ils prêchent aux autres ? Un Evêque qui Cz:^.
y.
vit mal ôc ne fait pas le bien , ne fe rend pas Dieu propice ni
fôn Peuple. Dans les commencemens de l'Eglife on n'admetrcit Cy. e.
perfônne à h fui & au Sacrement de Baptême,fans uneinflruaion
précédente mais la foi étant préfentement établie partout , ôc
;
?oo
lité. Les
CONCILES
parains font obligés d'inftruire leurs filleuls , comme
devant en répondre devant Dieu pourquoi il eft befoin
; c'eft
Cap. S. fénfe de viol^'r à l'avenir les Canons qui excluent des Ordres
ceux qui ont été baptifés en maladie , ou qui nefe font fait bap.-
r„„ „ tifer que par cupidité ôc hors des tems realés. Les Prêtres
auront loin que ceux qui ont ete bapnîcs accomplnient les pro-
melles faites au Baptême , &
ils les avertiront lorfqu'ils feront
D U N E U V I E M E s I E C L E. 6o\
.faifoientfiireux des exaclicns.LeConcile enjoint à cesEvcques de
les empêcl'.er. Dans la perfuafion que les abus qui s'ctoient glilTés Czp. xi,
blables à celles des Benjnmites , ôc veut qu'on les punifie fuivant Lnit. 10, i;
C,» ^,_ Eglifes. Les Evêques font chargés de réprimer cet abus , de &
foumettreà la pénitence canonique les Abbefles , qui après avoir
été averties de ne plus donner de leur propre autorité le voile,,
ni aux Veuves , ni aux Vierges , continueront dans cette prévari-
Giç. 43. cation. Les femmes nobles qui après la mort de leur mari fe
donnent le voile à elles-mêmes, & ne laillent pas de demeurer
dans leur maifon , fous prétexte de l'éducsttion de leurs enfans ,
& y vivent dans la licence, feront averties de ne point prendre
le voile aulhtôt après leur veuvage , mais feulement trejite jours
depuis , félon le Décret de l'Empereur Louis , donné du con-
Cjp. 4^. fentement des Evoques au bout de ce tems elles prendront le
;
D U N E U V r E M E s r E C L E. 60^
que pour leur parler , ce fera clans le Parloir , en préfence
fi c'efl:
fans avoir des entretiens fecrets avec les Religieufes ; que fi c'eft
pour confcller , ce fera dans l'Eglife devant l'Autel , en préfence
de témoins qui ne feront pas trop éloignés. Il ajoute, qu'il ne
paroît pas convenable que les Moines Prêtres quittent leurs
Monafteres pour aller entendre les confeflions des Religieufes
ôcleur impofer des pénitences; qu'ils ne peuvent recevoir que
les confelfions des Moines de leurCommunauté; ôc qu'il n'eft pas
du bon ordre que les Clercs & les Laïcs déclinent les jugemens
desEvcques ôc desPrêtres canoniqucs^pour aller fe confefi'erdans
les Monafteres. Il déclare que chacun doit fe confelTer à celui
qui lui peut impofer la pénitence canonique ôc le réconcilier , Çi
l'Evêque l'ordonne.
VII. Quelques Prêtres fans égard pour les Canons qui de- Ci;;. 47.
fendent de célébrer la Méfiée ailleurs que dans les Eglifes confa-
crées à Dieu , la célcbroient dans des maifons ôc dans des jardins
,011 il y avoir des Oratoires érigés à cet effet avec tous les orne-
moifTon &
de la vendange , de vendre la mefure de bled ou de
vin à plus haut prix qu'ils ne l'avcient taxée d'où il arrivoit:
:
Cap. j4,
efpeces d'ufure ; &
défend de recevoir pour Parains , foit au
Baptême , foit à la Confirmation , ceux qui font pénitence
publique.
Livre fécond, I X. Les treize articles du fécond Livre regardent les devoirs-
f^g . 1636. du Roi envers fes Sujets, & des Sujets envers leur Roi. Ils
font tirés mot à mot d'un Traité de Jonas , Evéque d'Orléans r
préfent au Concile. Nous ne répéterons pas ce que nous en'
avons dit en parlant de fes ouvrages.
Livre troi- X. Après que les Evêques du Concile eurent achevé l'ou-
fieme , p:ig.
y^age de la réformation de la difcipline , pour lequel ils s'étoient
affemblés, ils en (irent part à l'Empereur Louis par une Lettre
qui lui eft adrelTée , &
à Lothaire fon fils, fous le titre iVaugiifies?
invincibles : comme ils lui envoyoient en même-tems les articles
qu'ils avoient dreffés , ils n'en dirent qu'un mot dans leur Lettre ;
mais ils y joignirent fept articles du premier Livre qu'ils regar-
doient comme les plus intéreffans , &
en compoferent vingt
autres dont ils lui demandèrent l'exécution. Ces vingt-fepc
articles compofcnt le troificme Livre des Atles de ce Concile;
Les fept premiers font 'les 4, 31-? pj 23? , ço, ^j-yôc 4^. , du'
Gap. ?. preniier Livre. Les Evêques demandent dans les vingt autres
à l'Empereur de faire enforte que fes enfans &
les Grands de fa
Cour refpettent le pouvoir ôc la dignité ficerdotale , en les faifant-
fouvenir que c'eft aux Evêques qu'eft commis le foin des âmes ;
qu'ils font après les Apôtres, les Fondateurs des Egiifes ; que
Gap. p. ç'g(^ pg^ ç^jj qyg |çg volontés de Dieu nous font connues ; qu'ils
par fon autorité des Ecoles publiques dans les trois endroits les
Cfl^- 'i- plus convenables de l'Empire j d'autonfcr fes Envoyés à faire.
DU NEUVIEME SIECLE. '6c^
relles. On voit par le fécond article de ce troiliéme Livre , que ^T- -•-
GgggiiJ!
,
€o6 CONCILES
CHAPITRE XXX.
Co N c 1 L E s cU Vormes , de Langres, de Nlmegue;
de Vormes , de Londres , de Compiegne ? d'Aix-la-
Chapelle , de Manzoue , de Stramiac , de Kinfion ,
de Châlons-fur-Saone , d'Engelheim, & de Fomenai.
Les ades font dattes de l'an 830, de môme que les diplômes
des Empereurs , ôc la charte de la donation faite par l'iivcque
Alberic.
III. En 831 l'Empereur Louis ayant fait comparoître dans Concile <le
raffcmblée tenue à Niiiieg^ue iur leVahal , les Cheis de la révolte, >fimc2ue ci
Jeilc, iiveque d Amiens, y hit depole par les hvcques mais Cwdl. pa^^;
quelque tcnis après, ce Prince le fit rétablir ;& quoique le.s autres lOii-Tk-gàn,
î'*
coupables euilent été condamnés à mort , il fe contenta de les "^'
reléguer &: de les faire garder , les Laïcs en divers lieux , les &
Clercs dans des Monafteres.
I V. Aldric , Archevêque de Sens , ne prit aucune part à la Concile de
& lui accorda plufieurs fonHs ôc divers privilèges. L'ade de cette 'g^, """Ih^I
mais avant Tan 834, puifqu'en cette année ce Prince étant à Aix
h Chapelle conlirma cette tranflation par un diplôme datte
,
'^o8 CONCILES
aiTemblés à Vormes. Il figna le premier latte de cette tranHation ,'
Thionvilleen
g
\ d-
OU ce r -u
;
J'
rince travailla aux moyens de reparer les maux occa-
i
iom.7,CondL fionnés , tant dans les affaires Civiles qu'Eccléfiaftiques , par les
yr-g. 16S6 ù-
guerres précédentes. On
rapporte au même
Concile le jugomeac
de la conteftation entre une femme noble nommée Northilde
& Agembert fon mari. D'autres difent qu'elle fut jug Je -lans un
Concile tenu en la même Ville en 822.
Voici ce qu'en dit
Hincmar dans fon écrit touchant le divorce de Lothaire 6c de
Teutberge. Northilde fe plaignit aux Evèques de certaines
chofcs deshonnétes qui s'étoient paffées cn:re fon mari elle, &
ies Evêques ne croyant point que de telles matières fuiïent de
leur compétance , en renvoyèrent le jugement aux Laïcs mariés,
avec ordre à Northilde de s'en tenir à leur décifion , à charge
néanmoins que (i elle fe trouvoit coupable ôc demandoit pt'n'ir
tence, elle lui feroit impofée par les Evêques félon les Canons,
Concile V i. Au mols de Février de l'an S^6 , les Evêques s'allem-
dAixia-Cha-
i^lerent à Aix-la-Chapelle par ordre de l'Empereur Louis j qui
iom.7,Cciml. propoui lui-mcmc les matières qu us avoient a traiter. Comme
fig. 1700. elles regardoient les devoirs des Mihillres del'Eglife, ceux &
des Princes temporels , on partagea en deux parties les Décrets
de ce Concile , connu fous le nom de Second d'Aix-la-Chapelle,
Ils ne contiennent rien de nouveau ce ne font que les anciens
;
TomXXll. Hhhh
I
«jio
fe fervent
CONCILES
de tous ces faits qui étoient inconteftables pt)ue
, ,
Saints ne s'en fervent point ; tout eft à lui ; c'eft pour notre&
ufage qu'il a créé tout ce qui eft fur la terre. C'étoit , comme le
remarquent ces Evéques , raifonner fottement 6c faire injure à
Dieu , puifquil avoir lui-même deftiné une partie des biens de
Pag.. 1747 la terre à l'entretien de fes Miniftres. Ils détaillent dans le fécond
^feq. Li\re les fupplices dont Dieu a puni plufieurs Princes pour avoir
ou dépouillé le Temple du Seigneur , ou fait un ufage prophane
des vafes facrés. Ils montrent dans le troifiéme comment i'Eglife
.
Bavière. Ce Prince fe croyant lezé leva une armée pour vanger F"^* '^rc
l'injure qu'il croyoit qu'on lui avoit faite. En même tems
Ebroin , Evêque de Poitiers, avertit l'Empereur des divifions
qui commençoient à s'élever en Aquitaine, ôc lui fit entendre
«?r2 C Ci N, <^ I L E S
Concile d'in- : XL Ebbon dc Reims dépofé depuis l'an 83 ; , ayant appris
gehcim tv {^ mort de 1 Empereur Louis , vint trouver Lotliaire à Vormes,
Concil. poj' poi^f 'e taire fouvenir de rattachement qu'il avoit eu pour fes
.1770, intérêts , ôc le prier de le rétablir dans fon Siège, llcthairc
croyant lui devoir cette marque de fa reconnoiifance , le fît
abfoudre par vingt Eyéques tant des Gaules que de Germanie ,
,
(a.) At quiciimque confcius- fibi, aut fectetè, (êcreti deliAi, & ;cc«ndùin modum
irn , aut odio , uut vnna gi.nia , aut terre culpjE diji;dicrre;ur. T m. 7 , Ccncil.-
quolibet vitio cjuiiiqiam in liac cxpedi- pr.g.178 t ; ^ Vitandus , lih. i',pag, JV-ï 7»
Mone lUafit , vel geilit, euct vue coafcllws tom, z jDuthtjus. s
Hhhhuj,
, ,
«14 CONCILES
qu'après avoir été défait à Fontenai , il venoit d'abandonner fes
i
Etats par une fuite honteufe ; 6c que Dieu les avoit donnés à
j
que lui , ôc plus capables de régner. Mais ils
fes frères meilleurs
;
ne permirent aux deux Princes de s'en mettre en podefTion
qu'après avoir promis en préfence de tout le Peuple , qu'ils fc
régleroient dans leur gouvernement félon la Loi les ordres &
de Dieu. Ils lepromirent. Les Evêques dirent enfuite , en leur
adreflant la parole Recevez le Royaume par l'autorité de Dieu ,
:
'
ôc gouvernez-le félon fa divine volonté Nous vous en aver-
:
CHAPITRE XXX L
deur. On
y rétablit les Images , ôc on en chafïïi ceux qui les
avoient ôtécs , pour donner leurs places à des Orthodoxes.
Concile de \\l. Le Roi Charles fe trouva dans la quatrième année de
ViUdColonu
DU NEUVIEME SIECLE. 6i^
fon Règne, ceft en 84^ , à un Concile qui fut tenu à f^illa tom.j^Condl.
Colonia , près de la Vilie du Mans , félon le Père Sirmond , P'^^- J?»?.
& connu lous le nom
de Coulene, ou , félon d'autres, à Cou-
laine en 1 ouraine , Vienne. Ce Prince y publia un Capi-
fur la
tulaire , qui fut foufcrir de lui , de tous les Evéques , ôc les
Seigneurs préfens. Il contient lix articles , précédés d'une pré-
face, où comparant l'Eglife à un vailleau , tantôt agité de la
tempête , tantôt dans le calme , il fait voir qu'elle a befoin du
fecours de celui qui la gouverne , c'efl-à-dire , de Jefus-Chrift.
Il s'étend dans les lix articles de fon Capitulaire fur le culte
& le refpett que ion doit à Dieu ; fur le foin que l'on doit
prendre des Eglifes fur la vénération due aux Miniflres des
•,
anatlieme contre ceux qui neles obierveroient pas. JLe premier 17^0.
ell contre les tranfgrefléurs publics de la i.oi de Dieu , ôc contre
pas que ces Canons n'ayent été faits contre Lambert, douver-
neur de Nantes , qui avoit fait déclarer le Duc de Bretagne
contre le Roi Charles.
V. Ce Prince éiant à Touloufe au mois de Juin de l'an 844 ,
Capituhire
reçut des plaintes des Prêtres du pays contre leurs Evéques. En g„ g^_|;'" °"^_
attendant qu'on put les examiner avec plus de foin dans un y^L^ndlfag,-
^'^*'
Concile, ii v pourvut par un Capitulaire de neuf articles , où il.
défend en premier lieu auxEvcques de traiter mal leurs Prêtres c.ip. i.
la charité, afin de faire ceffer les troubles que leur divifion avoit
jettes dans l'Eglife rachetée du Sang de Jefus-Chrift , réunie ôc
rétablie avec tant de peine par les Rois leurs prédécelfeurs.
Cap. z.
Qj^ leur demande dans le fécond de remplir au plutôt les Sièges-
Epifcopaux vacans à caufe de leurs querelles , ou d'y faire
rentrer ceux qui en avoientété chaflcs en quelqu'occafion que
ce fût ; mais on les prie en même-tems de bannir la fimonie ,
Cap. 3. ÔC de fuivreen tout la difpofition des Canons. Par le troifiéme
,
ils font priés d'ôter aux Laïcs les Monaileres qui leur ont été
.faire en toutes chofes ce qui eft nccelîliire pour le falut des Peu-
..pies. Les trois Princes promirent d'obferver tous ces Réglemens.
difant, que certe ordination avoit été faite par Venilon , Arche-
vêquedeSens, du confentement defesSuffragans, furletémoi-
Gm. II. gnage du Clergé, & à la demandedu Peuple. Ils renvoyèrent à
un Concile plus nombreux l'examen de î'alïaii'e de Drogon ,
Evêque de Metz ôc Archichapelain de l'Empereur Lothaire,
,
Cnncil. fag. chcvêquc de Rcims, & le choix tomba fur Hincmar, ifTu d'une
'*"• 'ancienne noblelle , ôc parent de Bernard , Comte de Touloufe.
-ëepuis dix ans. Enfuite jls firent huit Reglemcns , que le Roi ;
D U N E U V I E M E s I E C L E. <?i^
•Charles promit d obferver 6c d'étendre à toutes les Eglifes de
fon Royaume. Les Evoques s'engagèrent de leur côte à rem-
plir fidèlement ce qu'ils promettoient au Roi dans ces huit arti-
cles. Hincmar les a infcics dans un de fes Opufcules , parce Hlnmn:
^"^^
qu'ils étoient intéreiïims pour lui. Ils demandent au Roi Char- " " * '
JM.
les par le premier , de leur conferver , comme avoient fait fes
prédéceffeurs , toute l'autorité que leur donnent les Canons ;
par le fécond, de ne point permettre que les Evoques foient des-
honorés pour quelque faute paiïce par le troiiîéme , de leuc
;
(J20 CONCILES
Vcrneuil n'étoient point parvenus à la connoiffance de ce Prin-
ce , ils nen donnent point d'autre , finon que cela étoit arrivé
par lesî.rtiiices du Démon & de les Minidres. Ils ne rapportent
point les articles du Capitulaire de ïouloufe en 844., apparem-
ment à caufe qu'ils n'avoient point été faits dans un Concile.
iNous remarquerons en paffant , que cette Lettre ou Prt'tace n eft
peint des Evêques affemblés à Meaux , mais de ceux du Concile
de Paris en 84.5 ou 847. La raifon de renouveller les Canons
de T'hionville, de Lauriac de Coulaine
, &
de Beauvais, qui
étoient demeurés fans exécution , eft que l'on ne doit pas avoir
moins de foin de donner vigueur aux anciens Canons , que-
d'en faire de nouveaux.
Canons X. Il arrivoit fouvent que les Rois obligés de voyager , ou:
âuConciitile pour leurs propres intérêts, ou pour ceux de l'Etat , logeoient
""^*
dans les Maifcns Epifcopales , y faifoient loger des femmes ôc
des perfonnes mariées , & y féjournoient long-tems; leurs paf-
fages dans les Villes éroientaufïi des occallons de pillage à ceux-
de leur fuite. Les Evêques du Concile font fur cela des remon-
dn. i6. trances au Roi Charles , en lui repréfentant que les Canons'
défendent aux femmes d'entrer dans les maifons des Clercs , à
Cm. -7 P^^s ^onc raifon dans celle de l'Evêque ; & le prient d'empêcher
à l'avenir le pillage des Villes qui feront fur la route , de leur
laiffer à eux le loiiir ôc la liberté de faire les fonctions de leur
Cm. iS. miniftere , furtout en Avent & en Carême de corriger ceux qui
;
Can. î9.
négligent de taire h vifite de leurs Diocèfes de miintenir la fu-
;
Can. 5^- permettre de tenir une ou deux fois l'année les Conciles Provin-
C.w. ;i. ciaux , dont aucun Evêque ne puiiTe fe difpenfer , que dans 1-e-
Can. 35- cas d impoilibilité évidente. Le Concile dit enfuite que dans \g$
explications de l'Ecriture fainte , foit par écrit ou de vive voix,
l'on fuivra celles des faints l'eres les plus approuvés , & que les
Ca/r. 34. Evêques empêcheront les nouveautés non-feulement de dodri-
fouvent que ceux des Fidèles qui avoient prête ces fortes de
fermens , i'e trouvoient parjures; ôc que dans les lieux ou les
malades recouvroient la lanté &
ceux qui ecoient polledc's du
,
'e^ CONCILES
d'un Diocèfe qui demandent d'être ordonnes abfolumenl;,'
xoii(Tcs
Les Loix des Pri:îces Chrétiens , contre les Juifs , feront cbfèr- c.,n, 7j.
Çun. 7p. (ie Charlemagne ôc de Louis le Débonnaire & tous les Règle- ;
qu'ils n'avoient fait ces Canons qu'à fa prière. Mais les princi-
Pig.iS'i?- paux Seigneurs voyant qu'en les recevant, ils feroient obligés
de quitter les Abbayes ôc autres biens de lEglife dont ils jouif-
foient , firent tant auprès de ce Prince , qu'il refufa de confir-
mer les Canons qui les regardoient , qu'il n'approuva que &
ceux qui ne les intéreffoient point.
Concile de XIV. Lcs Evcques du Concile de Meaux , de retour dans
tom\^ConcU. leurs Dioccfcs , tinrent des Conciles Provinciaux , oi:i ils firent
.p2g. 1848, & divers Reglemens , que le Roi Charles fe fit préfenter étant à
Bjluf.wm.i,
£pei-nai en 847. Lothaire mécontent de ce qu'un Seigneur,
^a^jtui .j-i,.
j^Qi^^^j^ (j|f^[ljg^f ^ ^yolf g.-)ley^ 2^ Q'poufé faillie Eraiingonde,
entreprit de s'en venger fur le Roi Charles , dont ce Seigneur
étoit Vaflal. Il exigea (^) à cet effet des Lettres du Pape Ser-
gius pour examiner de nouveau la dépofition d'Ebbon. Il y en
avoit une addrelTée au Roi Charles, portant ordre d'envoyer
Gondebaud , Archevêque de Rouen , avec quelques autres
Evcques de Ion Royaume, 6c Hincmar, à Trêves, où fes Légats
dévoient fe trouver. Le Pape. écrivit fur le même fujet à Gon-
debaud &
à Hincmar. Mais Charles prévoyant que (es Evêques
ne feroient point en liberté à Trêves , qui étgit de la dépendance
àe Lothaire, refufa d'obéir ôc Gondebaud indiqua le lieu de ;
(a) Labbe, No:, tom. 8. Concil, pag. (i) Tom. 7 ,Condl.pag. 1Î16.
|
28 57 j 40 j 4? ^ 47 j
, ) ?<^ ^ J7 j n
<52 , 6j , 6S èa -72 arti-
CHAPITRE XXXI L
Des Conciles de Mayence , de Bretagne, de Quiercy ^
de Pans, & de Favie,
Concile (le
j^ T T* E R S le commencement d'Octobre de l'an 84.7, Rha-
n^iTmn. s"
Conàl. pag.
Vde Mayence
^'^^^^^^ venoit de fuccéder
affembla un Concile
à Otgaire dans rÀrchevê-*-
par ordre de Louis Roi
elle , ,
*^* de
de Bavière,, pour travailler à la réformation
de la difcipline
^"
l'année fuivante S48 un autre Concile àMayence, àl'occafion- p'^^^'^fV
delà dodrine de Gothefcalc fur les deux prédeftinations inévi- ^^.-^nAnnaîi,-
tables; l'une, des bons à la vie; l'autre, des méchansàla mort f^'''ienf.adani-
Redon, affembla les Evêques de la Bretagne , ôc avec eux les ^^z.'é Mor.'.
plus habiles gens de la Province , pour réprimer les abus qui p-tg. ii-r,.
K.k.kk iij.
,
6^0 CONCILES
nommément Subfanne, Evêque de Vannes, étolent accufés de
n'ordonner fans argent ni Diacres. Ils en turent con-
ni Prêtres ,
tinn. S i9. Notaire du lacrc riuais , 6c depuis Evêque de rr.ris ; trois Abbcs,
Pafchafc Ratbert de Corbie, Bavon dOrbais, 6c Hilduin d'Hautr
villcrs. Gothefcalc interrogé fur fa doctrine , fut jugé hérétique
& incorrigible , en conléquence dépofé de l'Ordre de Prêtrife
ôc
qu'il avoit reçu du co-Evêque Rigbold fans l'agrément de
,
a-ucnlC
elle n'arriva qu'après leur dépofiticn. Ce Duc avoitaulîi écrit à
Léon IV. mais craignant que la réponfe à fa lettre ne fur pas
félon fes défirsou plutôt f.iché de ce que le Pape l'avoit adrcUce
,
qa'il mourut en 850 frappéde Dieu par le miniilere d'un Ange. '^'•P''ê-^'-
€32
Ainfi
CONCILES
ne fufvêquit qu'un an à ce Concile, que l'on met ordi-
il
nairement en 849. On croit que cette Lettre fut écrite par Loup
de Ferrieres, Landran Archevêque de Tours, y eft nommé le
premier dans l'infcription. C'eft ce qui a fait croire que ce Con-
cile s'étoit tenu en cette Ville. Et ce qui le prouve encore, c'efl
que les affaires traitées dans la Lettre Synodale étoient du reffort
de la Métropole de Tours ; mais la Chronique de Fontenelle le
met à Paris.
Concile de VII I. Il y en eutunàPavie fur la fin de l'an 8 jo, Tindidion
Pavieen 8îo,
qQ^torziéme étant commencée , fous Lothaire ôc Louis Au^ufte.
pag,6i. Angilbert, Archevêque de Milan , y prelida avec Iheodemar,
Patriarche dAquilée , 6c Jofeph , Evoque ôc Archichapelain de
toute l'Eglife. Baronius dit qu'il y avoit à Ivrée en 84.4. ôc Sjj
un Evêque de ce nom. Ils firent vingt-cinq Canons, qui por-
Cin. I. tent, quel'Evêque aura dans fa chambre, ôc pour les l'ervices
les plus fecrets , des Prêtres ôc des Clercs de bonne réputation ,
qui le voyent continuellement veiller, prier, étudier l'Ecriture
fainte, ôc qui foient les témoins ôc les imitateurs de fa fainte vie^
Can. i.
qu'il célébrera la Meffe non-feulement les Dimanches ôc les
Fêtes principales de l'année, mais tous les jours, s'il eflpoflible ,
ôc priera en particulier pour lui , pour les autres Evêques, pour
les Rois , pour tous les Pafteurs de l'Eglife, pour ceux qui fe
feront recommandes à fes prières , ôc furtout pour les pauvres;
Can. 3. qu'il fe contentera de repas modérés ; qu'au lieu de prefTer fes
Convives à manger ôc à boire , il leur donnera l'exemple de
fobriété; qu'il n'y admettra point les fpe£lacles ridicules , de
fous, ni de bouffons , mais qu'on y verra des pèlerins , des pau-
vres , ôc des infirmes; qu'on y lira l'Ecriture fainte, ôc qu'il
entretiendra enfuite fes Convives de difcours de piété, afin qu'ils
fe réjouiffent d'avoir reçu en mcme-tems une nourriture corpo-
Can. 4. ^elle & fpirituelle ;
qu'il n'aimera ni les oifeaux , ni les chiens ,
contre ceux qui, s'étantfait donner la tutelle des veuves des &
orphelins, les oppriment , au lieu de les protéger. Les Evêques Cm. 15.
un Capitulaire qui tut depuis coniirrae par Lothnirelon père. Il icuh. itid.
efl: compofé de cinq articles, dont deux ont rapport aux matières P-^S- y°-
Eccléfiaftiques. L'un ordonne aux Comtes & à tous les Minières ^'^?- '•
Llllij
,
J5<^ CONCILE S
CHAPITRE XXXII L
Des Conciles de SejiS} de Benningàon, de Kingejhiiric,
de Soijjons , de Cor doue, de Mayence, deQiaercy
& de Verherïe^
foufcrivit le dernier.
Conc! e neveu du Roi Charles ,
d,-
I V. Pépin le jeune , &: fils de Pépin ,
Soii'.ons en
>U,tom,, •
5"
S
Roi d'Aquitaine , entretcnoit dépens longtems la révolte dans ce
,
Concil. inAp Royaume , lorfqu'il fut pris par banche, Comte de Ciafcogne,
\^^'!'" ' '' •^'
ôc livré au Roi Charles , qui , par le couILmI ^z5 Evêques ôc des
Seigneurs, lui lit couper les cheveux,, ôc ie renferma dans le
Monaftere de faint IVIedard de Soilfons en 8 5 1. Hincmar qualifie
63? CONCILES
JWayence en Mayencc ,compofé des Evoques de France , de Bavière & de
851 fom. H
, §^^g ^ convoqué par ordre de Louis de Bavière. Elles aiou-
77; Annal,
Se tcnt , quc pendant que les hveques traitoient entre eux des
Fuld. ad ann. ce Prince s'occupoit avec
matières Ecclefiaftiques , les Sei*
^"
gneurs de celles de i'iitat. Mais dans
elles n'entrent là-deiTus
aucun détail. On rapporte à la même année le
Concile de Sens ,
dans lequel Venilon qui en étoit Archevêque , fit confirmer le
privilège qu'Aldric avoit accordé au Monaflere de faint Rémi.
Il s'y trouva treize Evêques &
deux Abbés.
ConcUe de VII. Au vingt Tixiéme d'Avril de l'année fuivante 85" 3 on
Solfions en jjj^j.
m^ Concile à SoilTons où fe trouvèrent vingt-fix Evêques
Condl. pue. dont trois etoient Métropolitains , Hincmar, de Keims; Veni-
79. Ion, de Sens, ôc Amalric, de Tours. Ricbold , co-Evêque de
Reims, y afTiHa auiïi avec plufieurs Abbés , entr'autres , Loup
de Ferrieres ; Odon ^ de Corbie ; &
Bavon , d'Orbais. Le Roi
Charles qui avoit permis cette afTemblée, voulut y être préfent.
Nous n'en avons pas les actes entiers, mais feulement le précis
de ce qui fc pada dans les huit Sellions. On a mis en premier
lieu les treize Canons ou Décrets du Concile , qui contiennent
en abrégé tout ce qui y fut réglé , foit par rapport aux perfonnes
'Can. T. foit fur les matières Ecclefiaftiques. On y traita d'abord des Ordi-
nations faites par Ebbon depuis qu'il avoit été dépofé ; on les
déclara nulles , ôc on décida qu'ayant été légitimement dépofé,
Hincmar avoit été ordonné légitimement à fa place. Enfuite
Can.z.
f^j. jgg remontrances qu'IIeriman , Evêque de Nevers , étoit
6^0 CONCILES
qui y fut fait par le Roi Charles. Il contient douze articles;
qui font autant d'inflruttions pour les Corn miflaires qui dévoient
être envoyés partout pour viliter les Eglifes &
les Monafteres
mal de fon libre arbitre, a péché ôc efl tombé. Il efl dit dans
Can i. le fécond , que nous avons perdu dans le premier homme la li-
berté , que nous avons recouvrée par Jefus-Chrifl , ôc que com-
me nous avons le libre arbitre pour le bien , lorfqu'il efl pré-
venu ôc aidé de la grâce , nous l'avons pour le mal quand il efl
abandonné de la grâce. Or il efl libre, parce qu'il ell délivré ôc
Can. X. guéri par la grâce. On enfeigne dans le troiliéme , que Dieu
veut que tous les hommes fans exception foient fauves , quoi-
que tous ne le foient pas que c'efl par la grâce du Sauveur que
;
CHAPITRE XXXIV.
Des Concïhs de Rome , de Conjl antinomie j de Valence
& de Pavie.
amis d'abord tous les Ades du Concile de l'an 826, puis ceux
de 8 5'3 , remarque que les 35?, 40, 4 ÔC42 Canons, font
avec la 1
les I , 2 , 3 &
quatrième Canons de ce dernier Concile. Il y eil
Can: i?. dit que pour fe conformer aux Décrets des Anciens , qui défen-
Q,„ Laïcs ne mettront point de Pré':fes d'un autre Diocèfe dans les
Eglifes de leur dépendance , fims le confentement de l'Evêquc
Dioccfain , fous peine d'excommunication contre les Laïcs, ÔC
de dépofition contre les Prêtres. La même peine cîl ordonnée
contre les Abbés 6c autres Patrons Eccléliaftiques ; ôc on en
donne pour raifon, que les Prêtres ne peuvent être placés que"
par ceux qui ont droit de les ordonner 6c de les corriger. Le
Pag. MO. Concile procéda enfuite contre Anaftafe, Prêtre de l'EgHfe-
Romaine, 6c Cardinal du titre de laint Marcellin , qui ayant
quitté Rome depuis cinq ans , avoit fixé fa demeure à Aquilée.
Le Pape, après l'avoir averti jufqu'à quatre fois de retournera
fon Egiife, l'avoit excommunié en deux Conciles pour fa défo-
béiflTance. Ill'anathêmatifa enfuite pour ne s'être point foumis
à l'ordre que l'Empereur Louis lui avoit donné fur le même
fujet;6c voyant qu'il n'avoit point comparu au Concile tenu •
la malice, parce qu'elle efl d'eux , mais qu"il ne l'a pas prédcfti-r
née, parce qu'elle n'eft pas de lui; qu'à l'égard delà peine qui
doit fuivre leurs mauvaifes actions , Dieu l'a prévue , parce
qu'il fçait tout, ,& l'a prédeflinée parce qu'il ed jufte. Ils ajoi^-
tent , que non-feulement ils ne croyent pas que quelques-uns
foient par la puiffance divine prédedincs au mal , comme s'ils
ne pouvoicnt ctreautre chofe niais qu'ils difent anathême avec
;
lira l'abus introduit dans les Tribunaux féculiers de faire prêter Can. n.
ferment aux deux parties qui font en procès , n'étant pas ponible
que l'une des deux ne foit parjure ; que celui qui aura tué ou Cm. iz.
chargé de plaies fon adverfaire en duel , fera foumis à la péni-
tence de l'homicide , ôc le mort privé des prières ôc de la fépul-
ture Eccléfiaflique que l'on fuppliera l'Empereur de confirmer
;
g4^ C O N C I LES
Can. i6. fe foumettre à la pénitence ; que chaque Evêque inftruira , ou
par lui-même , ou par d'autres perfonnes capables les Peuples
Can. 17. tant de la Ville que de la Campagne; qu'il fera la vifite de fou
Cin. 18. Diocèfefans être trop à charge ; que l'on reuiettra fur pied les
Ecoles ,où l'on apprendra les fciences,tant divines qu'hun^aines,
Cil. 19. & le chant Eccléiiaftique ; que les Métropolitains veilleront fu-r
conduite de leurs SufFragans ,
la &
ceux-ci fur le Clergé de
Cxn. 10.
jçyp Diocèfe ; que l'on gardera foigneufement les ornemens des
Eglifes, qu'on en fera ufage fuivant l'intention des donateurs,
&qu'on ne les employera à rien qui foit contraire aux Canons;
Can.ii. que l'on ne fera point d'échange des biens de TEglife que ; &
fi l'on en fait, ce fera avec beaucoup de foin d'exattitude. &
Le dernier Canon menace d'excommunication quiconque con-
tinueroit à inquiéter l'Archidiacre de Vienne , foit. dans fa per-
fonne , foit dans fes proches. Ce Concile efl appelle le trcifiéme
de Valence. L'Empereur pour en confirmer les Décrets, emprun-
ta l'Editde Conftantin , adreffé à Ablavius , Préfet du Prétoire.
Concile de
yj^ L'Empereur Louis , fils de Lothaire , voulant réformer
tpm.s,Coiicii. plufieurs abus dans la difcipline de lEglife, en demanda les
j-^g. i4<^. moyens aux Evêques de Lombardie ,
affemblés à
qu'il avoir
Pavieau mois de Février de l'an S<;'). La
réponfe de ces Evê-
ques contieiît dix-neuf articles, dans lefquels ils fe plaignent
que quelques-uns de leurs confrères ne veilloient ni fur leur
•Clergé ni fu-r leurs Peuples ils demandent toutefois à l'Empe-
, :
^'^*
einq articles, tous fur des matières de police, excepté le pre- ^g^
' •
CHAPITRE XXXV.
ID E 5 Conciles de Vinchejîre , de Boiioil, de Qidercy ,> .
l^i de retour du voyage qu'il avoir fait à Rome au corn- 'V ncheftiem
" * 11, „ 11
,-r -ixT ii8î5, rom. 8
I
6^^ CONCILES
lui-même fur l'Autel de faint Pierre la charte d«
lulfe. Il offrit
cette donation , lignée de fa main. Les Princes ôc Evêques pré-
fens y foufcrivirent , même des Abbeffes & les Evêques ea
;
AAes
1
gneurs qui lui croient demeures fidèles ; il y fut réfolu que cha- ^^'^•
que Evêque remontreroit aux Peuples par l'autorité de l'Ecri-
ture ôc des Canons , la grandeur du péché de ceux qui pilloient
ou prenoient de force le bien d'autrui , ôc quelle pénitence ils
méritoient ; que les Comtes ôc les Envoyés du Prince feroient
de femblables remontrances dans leurs départemens , en les ap-
puyant de l'autorité des Loix ôc des Capitulaires , ôc en me-
naçant de fupplices ceux qui fe trouveroient coupables.il ne rede
de ce Concile que la Lettre fynodale écrite au nom du Roi
Charles, ôc addreffée aux Evêques &
aux Comtes. Les Evê-
q-ues y trouvoient une formule des remontrances qu'ils avoient
à faire. L'autre partie qui regardoit les Comtes , n'a pas encore
été rendue publique.
I V. Il fé tint vers le même tems un Concile à Mayence , Concile Jo
CHX l'on agita plufieurs queftions touchant les droits de l'Eglife. gZ/^^om.
s"
On y lut une Lettre deGonthier, Evêque de Cologne, à l'E- Condl. pag.
*5o-
vôque Alfride, dans laquelle il faifoit la defcription d'une tem-
pête horrible arrivée à Cologne le i j de Septembre de i"an S çy.
Pendant que le Peuple effrayé étoit en prière dans la Balilique
de faint Pierre, ôc que l'on fonnoit les cloches , la foudre, en
forme de dragon de feu , paflTa au travers de l'Eglife , ôc tua
plufieurs perfonnes.
Concilinbue
V. AConftantinople le Patriarche Ignace ne pouvant fouffrir Conftanti-
1
le
r J D J r •
Li-
Icandale que bardas cauloit , en entretenant publiquement
1
'^^
nopleenS58,
fa brià , après avoir chalTé fa femme
légitime , le retrancha de la f^- ^.CûnaU
^'*
communion. Bardas pour venger, le Ik chaffer lui-même du ^'^^'
s'en
Palais Patriarchal ôc réléguer dans l'Ille de Terebinthe , ôc
,
Concil. j'.ig.
6so
de Novembre
CONCILES
pour avifer aux moyens de rétablir l'Eglife ÔC;
,
^^'**
des Evêques qui ne le reconnoiiToient
l'Etat.. ?.îais la plupart
point pour leur Souverain , parce qu'ils voulaient demeurer fidè-
les au Roi Charles, fe contentèrent de s'ailembler à Quiercy,
d'où ils écrivirent à Louis de Germanie une grande Lettre^ au-
nom de tous les Evêques des Provinces de Reims & de Rouen,-
V'enilon, Archevêque de R.ouen, ôc Creanrad de Châlons^,
en furent les porteurs. Nous en avons a ) donné ailleurs le con- (
s^ç^^mn. T '^ d'Avril de la même année , il s'en étoit tenu une dans l'Ab—
Concil. pag. baye des Saints Jumeaux, près de Langres , en préfence du-
*^^*
Roi Charles le jeune , fils de l'Empereur Lothaire. Rémi, Ar-
chevêque de Lyon ôc Agilmar de Vienne , y préfidcrent , alfiflés
d'Ebbon de Grenoble, ôc de plufieurs autres Evêques. On y fit
feize Canons , dont les fix premiers font les mêmes que les CiK
de Valence fur la prédeftination , fi ce n'eft que dans le quatriè-
me il n'eft rien dit des quatre articles de Quiercy. Les Canons
du Concile de Langres furent renouvelles dans celui de Savo-
nieres, dont ils font partie dans la Collection générale des Con-
ciles. Flodoard ( c ) en fait mention dans l'extrait d'une Lettre
d'Hincmar à Charles le Chauve.
Concile de J X. Le Concile de Savonieres , près de Toul , fe tint au
& on les accufa détre parvenus à l'Epifcopat par des voies i!lé- ''"^' ''*
de Sens, &à trois autres Evêques. Anfcaire promit par des Dé-
putés defe défifter ;fu;quoi le Concile lui prefcrivit une formule
d'un ferment , par lequel il demandroit pardon de hn entre-
prife ôc promettoit de ne rien tenter de fembiable à l'avenir.
A l'égard d'Atton, il fut ordonné qu'il comparoîtroit à un autre Cip. 7.
Colombe qui ne lui appartenoit pas & que depuis que lui
;
Canons c)u XII. On lut enfuite les Canons qui avoisnt été faits quelques
Concile de
jq^^s auparavant dans le Concile de Langres. Les (ix premiers
font , comme on 1 a déjà dit, les mêmes que ceux du troiheme
Cm. 7. Concile de Valence. Ilfutordonné parle feptiéme, que l'on prie-
roit les Princes de permettre la tenue des Conciles Provinciaux
tous les ans, ôc une alTemblée générale dans leur Palais tous les
Cm. 8. deux ans. Le huitième porte , que dans la promotion d'un Evê-
rc^parées ou rebâties par ceux qui en tirent les revenus que l'on ;
^
Savonieres, quelques Evéques du parti d'Hincmar voulurent saTonierc^
former quelque ditlîculté mais on les arrêta ;
; &
il fut convenu
que les articles conteflés , c'étoient ceux qui regardoient la grâce C-ip. 10.
<?^4 CONCILE
refuferentfurent envoyés en prifon&
S
punis de diverfes maniè-
res. LeSynodiquedit que ce Conciliabule fut tenu à Blaquerne.
Il en eft parle dans la Préface d'Anailafe le Bibliothécaire ,
Juin de l'an S 60, eut pour but l'établifîement d'une paix folide ^°^^''""p!„ g"'
entre les Rois Louis de Germanie, 6c Charles le Chauve fon Conâi. ^agi
firerc , & leurs trois neveux , Louis Lothaire Charles. Treize û^^*
, &
Evoques & trente-trois Seigneurs furent chargés de drefler le
ferment que ces Princes dévoient fe faire matuellement. Ils y
firent entrer deux articles remarquables , qui étoient inté- &
relTans , tant pour le maintien de la difcipline Eccléfiaftique,
que pour la tranquillité des Etats. Le premier porte, que s'il P.tg.699,
arrive que quelqu'un étant excommunié, ou ayant commis un
crime qui mérite l'excommunication , change de Royaume pour
éviter la pénitence, ou qu'il emmené avec lui celle qu'il aura
'
Concile dans l'Eglife des Apôtres. Il s'y trouva trois cens dix- ^le"'^""^^'
Jiuit Evêques , y compris les Légats du Pape Nicolas I. C'étoient rom. s.Condl.
?S8 CONCILES
obliger Ignace à foufcrire à fa propre condamnation ; mais il
8éi tom. s , où il publia un Capitulaire contre les pillards , avec ordre aux
Concil. pag. Evêques d'impofer des pénitences convenables à ceux qui fe
7i6 &• 15136.
trouveroient coupables ; ôc aux Commiffaires du Roi de les
punir fuivant la rigueur des Loix. Ce fut dans ce Concile que
Rothade de SoilTons fe plaignit de la Sentence rendue contre
lui l'année précédente par Hincmar de Reims fon Métropo-
litain. L'Archevêque , au contraire , en demanda la conHrma-
tion. Rothade en appella au faint Siège , ôc tout le Concile
défera à l'appel.Le Concile où Hincmar priva Rothade de la
Communion Epifcopale , fut tenu à faint Crépin de Soillbns
en 861. Il s'en tint un autre l'année fuivante dans l'Eglifc de
faint Medard , où Rothade, malgré fon appel, fut jugé , dé-
pofé de l'Epifcopat , ôc mis enfuite en prifon dans un Monaflere.
Auffitôt on élut un Evêque de Soilîons à fa place. Il fe tint la
même année un autre Concile en cette Ville , à l'occafion du
mariage entre le Comte Baudouin 6c Judith fille du Roi
Charles , ôc veuve d'Edilulfe , Roi des Anglois. Baudouin avoit
enlevé Judith ; ainfi fon mariage étant contre les Loix , les
Evêques affemblés à SoiOons l'excommunièrent , de même
que Judith qui avoit confenti à l'enlèvement. Le Roi fitfçavoic
au Pape Nicolas I. ce qui s'étoit. palfé en ce Concile; ôc le
Pape répondit, qu'il ne toucheroit point à la Sentence rendue
contre Baudouin ôc Judith, dont ii déteftoit la conduite.
Concile de XXIV. Il aîTembla lui-mêmc un Concile à Rome en 852,
Fomccn8^.i, où il Condamna ceux qui renouvelloient l'hércfie de Valentin ,
T^' ^'u'^'o- ^^ Manés d'Appollinaire ôc d'Eutiches , difant que la Divinité
,
POO il],
,
662
fous le nom de
CONCILES
faint Ambroife , ne leur étoit pas plus favorable :
cà'nrii°'''"va-\
donnoit à Ingelrrude , femme de Bofon , &
de la retraite qu'il
accordoit à Judith fa fiile , enlevée par le Comte Baudouin.
""
7Î4.
Louis de Germanie voulant rétablir la paix entre 1j Roi Charles
& Lothaire , les engagea à fe trouver à Sablonieres dans le Dio-
ch^G de Toul. Charles , avant de s'y rendre , donna à Louis un
Mémoire contenant fes griefs contre Lothaire , marquant en
même-tems qu'il ne vouloit point communiquer avec lui , que
préalablement il ne promît de le foumettre au Jugement du
Pape &
des Evêques. Lothaire l'ayant promis , ces deux Princes
fe virent &
s'embraflerent à Sablonieres , le troifiéme de No-
vembre 852. Il s'y trouva huit Evêques, dont quatre étoient
venus avec le Roi Charles , &
quatre avec le Roi Lothaire. Ils
furent les entremetteurs de la paix.
Concile i!e XXVII. Plufieurs perfonnes , qui fuyoient la perfécutioti
Romeeni?^;?, dcPhotius , étant venues à Rome , y publièrent que les Légats
Tcm.%, Conçu,
j^ Pape à Conftantinople , Rodoalde &
Zacharie , avoient
concouru à la condamnation du Patriarche Ignace. Nicolas I.
voulant effacer cette tache de l'Eglife Romaine, afTembla un
Concile au commencement de l'an 855 , où on lut d'abord les
Acles de celui de Conftantinople ôc les Lettres de l'Empereur
Michel que le Secrétaire Léon avoir apportées. Enfuite on fît
comparoître le Légat Zacharie , qui ayant avoué qu'il avoit
confenti à la dépofition d'Ignace, &
communiqué avec Pho-
tius , fut dépofé de l'Epifcopat &
excommunié. On ne put
procéder contre Rodoalde , parce qu'il étoit abfent. Sn caufe
futrenvfvée au Jugement d'un autre Concile. Celle dePhotius
Ca;'- !•
fut examinée &
fur les preuves qu'il étoit paiTc de la Milice
;
jamais été dépofé ; ôc il fut ordonné que les Evêques ôc les Cap. 4.
ajouta ,
que s'ils étoient accufés de quelque crime , oncommen-
ceroit par les rétablir; qu'enfuite ils feroient jugés, mais feule-
ment par le faint Siège. Enfin on confirma par un Décret la Cap. 6.
P
'
i^'*
* ' Concile par Cleraent Galanus, -en Arménien & en Latin,
Concile XX X L Raimond , Comte de Touloufe , avoit porté fes
d'Aquitaine plaintes au Concile de Toufi en 85o contre Efliennefon gendre,
'°"''
Tconcd ^^ ^^ ^"'^ "^ vouloir point habiter avec fa femme. Mais le
ifiiT'
'
'
Concile après avoir pris quelque connoilTance de latfaire, ne
jugea point à propos de la décider , parce que toutes les Parties
^r intérelTées n'étoient point prefentes. Elle fut renvoyée à un
Concile qui devoit fe tenir en Aquitaine , avec ordre à Eftiennc
-j) d'y amener la fille du Comte Raimond , fa femme , afin qu'elle
y fut interrogée. On fe plaignoit encore qu'Eftienne avoit chaffé
du Siège Epifcopal de Clermont Sigon , ôc mis à fa place Adon.
Le Concile fe tint en préfence des Legats du Pape Nicolas I.
Sigon fut rétabli dans fon Siège , comme on le voit par le troi-
fiémc Concile de Soiifons en 856 , oli il foufcrivit avec les autres
Evêques ; mais on ne fçait ce qui arriva du mariage d'Efticnnc
avec la fille du Comte Raimond , s'il fut déclare nul , ou
légitime.
Concile de XXX I L Le Roi Charles le Chauve fit tenir le vingt-cin-
un Concile dans fon Palais de
Hr^'tl.r, quiéme d'Oaobre de Tan 85 j
Concil. 'yag. Vcrberic , où il fut décidé que l'Abbaye de faint Calez, que
lygs Si A-
l'Evêquc du Mans prétcndoit lui appartenir, refteroit fous la
•
mM. «<}.
Jurifdiaion
DUNEUVIEMESIECLE. ^^f
Jurifdittion des Moines. Ce Prince réfolut da^is la même afTem-
blce d'envoyer Rothade à Rome , félon l'ordre qu'il en avoit
reçu du Pape. Il y reçut auffi en fcs bonnes grâces fa tille Judith
, &le Comte Baudouin ; &
quelque tems après étant Auxerre, l\
•faint Pierre par fes Ennemis. Cette circonftance fit différer la p-^g- ^90 &•
tenue du Concile où on devoir le juger; &
le Pape ayant appris ^^^'
qu'il penfoit encore à s'enfuir, lui fit fçavoir qu'il pouvoir de-
meurer à Pvome en fureté ; que s'il en fortoit , il feroit dès le
moment dépofé & excommunié. Rodoalde ne laiifa pas d'en
fortir-, ôc ayant enlevé de fonEglife ce qu'il put , il fe retira en
Romeenb(:<;,
qui rétablit PvOtiiaûe daus le Siège de Soilïons. Le Roi Charles
^pi^^s bien des deiais lavoit envoyé a Kome, accompagne de-
^--îf. 78*735-
866, tor.?., Concile qui fe tint à Soiffons en S66. Le Pape Nicolas, à qui
CojKil. p-j ^^^^ p^j.j.^' ^^^ plainte:; fur cette aiFal.e , ayant lu les Ades dix
, D U N E U V 1 E M E s I E C L E. (;6^
.
ces Clercs pour s'ctre pourvus devant le faint Siège. Le Concile
fe tint à Soiiïons le 18 d'Août S66. Il s'y trouva trente-cinq
Evoques du nombre defquels étoit Rothade rétabli l'année
,
mtrofrsinsf.
^^S
ap^^g avoir
CONCILES
le procès au Pape Nicolas I. il le de'pofâ-;
fait faire
11
'
Epi t. VJ". „f ^ .
r \ , ' • •
1 ,' '
trouver Hincmar de Pvcims pour le prier de leur don;Tcr pour Cm;/. p.y.
Evêque à la place d'Erchanrade mort depuis peu , "^'illebert, '^^^*
Prêtre du Diocèfe de Tours , qu'ils avoient élu canoniquement
comme l'acte d"éie£tion en îà\(o\t foi. Il fe tint là-defEis uiv
Concile à Quiercy , où avec les Eveques de la Province de
Keims fe trouvèrent Veiiiloii; Archevêque de Rouen^ Herard^
Pppp ;:j
6-70 CONCILES
de Tours ; ^ de Sens. Comme ils ne connoinbîent
5c Egilon
point Willebert , ils l'interrogèrent far le lieu de fa naiffance,
fur Çi condition , fur fes études , fur fcs qualités. Il répondit
qu'il ctoit né dans le Territoire de Tours , de condition libre ;
qu'il avoit fait fes études en cette Ville ; qu'il avoit reçu les
Ordres jufqu'au Diaconat , d'Herard fon Evêque ; qu'avec des
Lettres dimifforiales defa part il avoit été promu au Sacerdoce
tendoit & qu'il vouloit bien s'y conformer, il fit à haute voix fa
. profeliion de foi devant l'alfemblée de fa propre
; il la foufcrivit
main. Sur cela on marqua le jour de fon facre, ce futHincmac &
qui en fit la cérémonie.
Concile des XLL Hugues de Flavigny met au commencement du Pon-
Eveques de
tilîcat d'Adrien II. c'eil-à-dire , en 8 68 , un Concile des Evêques
p^I!!L,.^>>
'
de Gaule &
de Bourgogne. Il ne dit point en quel lieu ils s'af-
tom. i.Concil. femblerent , mais feulement qu ils y repondirent a deux Lettres
fa.g, ip4'-. ^Q ce Pape, dont l'une leur étoit adreffée ; l'autre au Duc Gerarc|;
Adrien défendoit dans toutes les deux d'ordonner aucun Evoque
que de l'agrément de l'Empereur Louis , ceux là feulement à &
qui il auroit donné l'Evcché. Les Evoques du Concile lui écri-
virent fur cela qu'ils obfervcroient inviolablement les décrets
,
Can. 38. de manger avec ceux qui fe porroient bien. Le Maître qui avoit
tué fon Efclavede fon autorité privée, étoit mis en pénitence,
Cm. 41. mais feulement pour deux ans. On chalToit de lEgiiie ceux qui
refbfoient de fe réconcilier avec leurs ennemis, quoiqu'avertis
par les Prêtres de la Ville ; &
l'on en ufoit de même envers les
Laïcs qui , dans le tems que leur Nation , ou leur Ville , ou la,
Puiflance Royale avoient à foufFrir delà part des ennemis, fe
ÇiM. 43. tournoient du côté de ceux-ci ; outre l'excommunication , on
coniifquoit encore leurs biens , & on ne leur rendoit la Com-;
munion qu'à la mort.
CHAPITRE XXXVI.
Qu AT RI ÉME Concile de Coîijîaminople , que l'on
compte pour le huitième général.
Adrien
ôc qu'on les garde dans les Archives de toutes les Eglifcs.
donna au(li à fes Ldgats un modèle de la fatisfaction impoféeà Ps^. j88.
8<5p. .
^
II. Les Légats arrivèrent à Conflantinople le 24. de Sep- fn-,on?"""*
tembre de la mcnie année. Ils eurent leur audience de l'Empe- pja.^yt,
reur le 2d; ôc ce Prince les ayant priés de s'appliquer à rétablir
l'union &
la tranquillité, ils répondirent que c'étoit ie fujet de leur
?ag. 974. Photius , en quatre vers ïambes. Il en eft fait mention dans
l'Hiftoire abrégée du Concile , imprimée à la tête des Ades.
Quatrième VIIL II y eut au commencement de la quatrième felTionj
feffion.
tenue le treizième d'Octobre, quelque conteliation au fujet de
''^- loij.
deux Evêques ordonnés par Methodius, mais qui communi-
quoient encore avec Photius. Le Patrice Bahanes & Metro-
phane de Smyrne, étoient davis qu'on les fit entrer , afin qu'on
entendît leurs raifons , &
qu'ils fçuffent pourquoi on les con-
damnoit. Les Légats au contraire , foutenoient qu'on devoit leur
refi-ifer l'entrée , parce que leur eaufe avoir été jugée parl'Eglife
à haute voix les Lettrci envoyées à fon fujet par l'Eglife Ro-
maine , tant à l'Empereur Michel qu'à Photius lui-môme. Dans-
l'une, qui étoit du 2<; Septembre bô'o ,1e Pape Nicolas approu-
voit fa confelîion de foi , ôc refufoit d'approuver fon Ordination.
La letture de ces Lettres achevée, Elle , Député de Theodofc
Patriarche de Jerufalem , monta fur la Tribune , ôc après avoir
fait remarquer à l'AlTemblée , que de tout tems les Empereurs
qui efl: contre les fauiïaires. Cette lecture achevée, iMétro- Pjg.zjo^j
phane de Smyrne dit quelque chofe à la louange de la vérité
6c de l'Empereur Bafile, qui en la mettant en fon jour avoit
accompli cette ^rédicWon: Les refics des Impies feront exterm'més. Pf.ilm. jtf,
XVIII, L'Empereur étoit préfent au Concile ;âc il y avoit Décret fut
fait amener Théodore Crithin , Chef des Iconoclades. On l'ex-
Ifs In-
Pc"î^. H04»
horta inutilement à donner un libelle d'abjuration il ne fe laiiii no 5.
:
'€^2 CONCILES
impnm(5e furies monnoyes;Bahanes en concluoit qu'il devoit
à plus forte raifon honorer les Images de Jefus-Chrifl ôc de fa
trcs-fainte Mère. Je le ferai ^ repondit Crithin , fi l'on me mons-
tre que ce foit un précepte de Jefus-Chrii"}:. On lut le Décret
du Pape Nicoias touchant les Images, rendu su Concile de'
Home en ^6^. Fuis Légats informés qu'il y avoit d'autres
les
Iconocîafies que Crithin , on les (it entrer. Mais ils reconnurent
doit dans ces Provinces , pour le prier de trouver bon qu'il vînt
quelqu'un d'Alexandrie avec les Lettres du Patriarche , pour
fçavoir fon fentiment touchant la divifion de- I'Egiife de ConC'
tantinople. Ahmed l'accorda ôc jMichcl députa un homme vé-;
ordre ce qui sxtoit paffi dans les huit premières fellion?. Il ap-
prouva par écrit tout ce qui avoit été réglé , tant fur le Schifme
de ConAantinople que fur les Images. Son avis fut lu au milieu
de l'aflemblée par le Diacre Thomas. Jofeph l'avoit mis aupa-
ravant fur la Croix ôc fur l'Evangile.
Ps». 1 '.
'.'.
XX. H reftoit à examiner ceux qui avoient porté un faux
témoignage contre le Patriarche Ignace. On les fit entrer , ôc
•on les interrogea féparement. Tous convinrent qu'ils avoient fait
,
celui qui lui avoit donné la pénitence écoit mort ; que de Ion
vivant il étoit Cartulaire , &
que s'étant fait Moine il avoit palTé
quarante ans fur une colonne Qu'interrogé de nouveau s'il
:
étoit Prêtre, Théodore répondit qui! n'en fçavoit rien, mais qu'il
^toit Abbé
, ôc avoit conlîance en lui. La pénitence prefjrite
par Concile, tant pour les coupables qui étoient préfens , que
le
pour ceux qui fe préfenteroient à l'avenir , portoit qu'ils feroient
deux ans liors de l'Eglife , puis deux ans Auditeurs , comme les
Cathccumenes , fans communier que pendant ces quatre ans ils
;
ce
Canons de
oncie.
XXIII. Ils font au nombre de vingt-fept, dont voici la
{^]-,f[ance On obfervera les Canons tant des Conciles généraux
:
Cm', r.
que particuliers , ôc la doctrine tranfmife par les faints Pères ;
Cin.i. de même que les Décrets des Conciles tenus par les Papes
Nicolas ôc Adrien touchant le rérablilTement dTgnace ôc l'ex-
C:/!. 4. pullion de Photius. Celui-ci n'ayant jamais été Evêque , toutes
les Ordinations qu'il a faites feront cenfées nulles , ôc l'on confa-
D U N E U V I E M E s I E C L E. (?9?
fciences divines & humaines , il cfl: bon aulfi que cela ne fe fade
que par des perfonnes fages. Ceft pourquoi le Concile défend
à tous ceux qu'il a excommuniés de peindre (a) des images 6c
d'enfeigner ,
jufqu'à ce qu'ils fe convertifient. Il déclare nulles C.m. 9.
mettra pas dans le Clergé ceux qui auront gouverné les Maifons
ou les Métairies des Grands.
XXV. Ceux qui font élevés à l'Epifcopat ne l'aviliront Cs'.-. m*
point en s'éloignant de leurs Eglifcs pour aller au-devant des
Gouverneurs ; bien moins s'huniilieront-ils en defcendant de.
cheval ôc en fe profternant devant eux ; mais en rendant aux
Grands les honneurs qui leur font dûs , ils conferveront lau-
torité néceflaire pour les reprendre dans le befoin. Ils ne pour- Can. if»
ront vendre les meubles ni les ornemens des Eglifes , fi ce n'eil
pour les caufes fpécilîées dans les Canons ; ni en vendre les
Terres , ni en lailfcr les revenus à baux emphytéotiques. Au
contraire, ils feront obligés d'améliorer les polTeifions de l'E-
glife , dont les revenus fervent à l'entretien des MiniUres ôc au
foulagement des pauvres. Défenfe aux Laïcs de quelle condition C^t, t^
(a) La première partie de ceCnnoit . (b^ Cote erreur eft attribuée à Fho
eft contre Grégoire i!c S) racule , qui éio^c tins , tl^ns i<: s vers qui le liCent à la fin delà
Peintre. La fecoii.ie contré Fhotius ,
qui neuvième iciiîon.
avojt enicigné les Lcttn. s,
^ ^
K rr r iij
,
eu
qu'ils foient ,
CONCILES
de relever leurs cheveux pour imiter les Clercs , de
porter les iiabits facerdotaux, ôc de contrefaire les cérémonies
de l'Eglife , fous peine d'être privés des Sacremens. Ordre aux
Patriarches & à leurs Suft'ragans d'empêcher. ces fortes diiTV-
pietés , fous peine de dépoiition en cas de tolérance ou de négli-
gence de leur part. Ce Canon regarde ceux qui avoient contrefait
les cérémonies de l'Eglife par ordre de f Empereur Michel. La
pénitence qu'on leur impofe ici , eft d'être trois aas féparés de
la communion ; un an pleurans hors de l'Eglife ; un an debout
avec les Cathécumenes \ la troifiéme avec les Fidèles.
.Ca/î, 17. XXVI. Il fera au pouvoir des Patriarches de convoquer
dans le befoin des Conciles & d'y appeller tous les Métropoli-
tains de leur Reilore , fans que ceux-ci puiiïent s'en difpenfer
fous prétexte qu'ils font retenus par quelque Prince. En effet
puifqueles Princes de la Terre tiennent des affemblées quand
bon leur femble , ils ne peuvent fans impieté empêcher les Pa-
triarches d'en tenir , ni les Evêques d'y allifter. Le Concile
rejette avec mépris ce que difoient quelques-uns peu verfés
dans la fcience des Canons , qu'on ne pouvoit tenir de Concile
fans que le Prince y fôt préfent. Les Canons n'admettent dans
les Conciles que les Evêques ; & à l'exception des Conciles
généraux , les Princes n'ont jamais afiifîé aux aflcmblées d'E-
vêques ; & il y auroit de l'indécence de leur part , à caufe des
afùiires qui arrivent quelquefois aux Prêtres du Seigneur. Les
Can. 18. Egtifes& ceux qui y préfident jouiront des biens & des privi-
lèges dont ils font en polleflion depuis trente ans ; défenfe à
aucun Laïc de les en priver , fous peine d'anathême , jufqu'à
Can, ip. reflitution defdits biens & privilèges. Il eft aufii défendu aux
Archevêques , d'aller , fous prétexte de vifite , féjourner fans
•.'
néceilité chez leurs Sulîragans , 6c confumer les revenus des
Çan.xo. Eglifes qui font de leur Jurifdidion. Si un Cenfitaire emphy-
théotique néglige pendant trois ans de payer à l'Eglife le cens
convenu , l'Evéque fe pourvoira devant les Juges de la 'Ville
ou du Pays pour faire rendre la Terre, ou la poirellion lailTée en
emphythéofe.
Can. iT. XX 'V 1 1. Les cinq Patriarches feront honorés de tout le
monde , même des plus puilTans Seigneurs on n'entreprendra
;
tion des Evoques , s'ils n'y font invités par 1 Eglife ; eu de s'op-
pofer à réîeclicn Canonique^ à peine d'ctre anatherne jnfquà
cequ il ait confenti à cette élection. Il n'eft point permis à lui Oi. xj.
'
'
(?S8
Canons ou
CONCILES ajoutant, que quand
fes , fa définition , les ÊvêqueS
feroient fcparés , il tems , & qu'il ne pardonne^
ne feroit plus
roit à aucun de ceux qui refuferoient de fe fou mettre.
iij6.
f^g' après tous les Evêques , à l'imitation de fes prédéceflTeurs
Conftantin , Théodofe , Marcien , & les autres. Toutefois il
foufcrivit après tous les Légats de Rome 6c d'Orient. Ceux de
Rome inférèrent cette claufe dans leur foufcription Jiifques à :
Lo^is
,
'^=' "^'*
litain de Carie. Le Patriarche Ignace écrivit en même teffls
au Pape 6c pour le même fujet mais ce ne fut qu'après le
;
garie , avoient été gouvernées par le làint Siège ; que depuis &
que cette Province s'étoit convertie , les Romains y avoient
ordonne des Prêtres , confacté des Eglifes , inftruit les Peuples;,
enlin que l'Eglife Romaine en étant en poiïelîion depuis plus
de trois ans , on ne pouvoir l'en déjetter fans en avertir le Pape
Toutes ces raifons ne frappèrent point les Députés d'Orient.
Ils décidèrent que le Pays des Bulgares ayant été autrefois fous
la domination des Grecs , devoir par le Chriftianifme être
réuni à l'Eglife de Conftantinople , dont il s'étoit féparé par le
Paganifme. Les Légats de Rome rejetterent ce Jugement
comme rendu par des Juges incompétens , &
conjurèrent le
Patriarche Ignace , en lui rendant une Lettre du Pape Adrien
fur cette affaire , de ne point fe mêler de la conduite des
Bulgares. Le Patriarche répondit, qu'il ne s'engageroit point
dans des prétentions contre l'honneur du faint Siège. Telle fut:
l'ifTue de cette conférence , où les Parties ne difputant leurs
Rome. Tra- fut bien davantage en voyant leur réfiflance au fujet de la Bul-
dudion «J.cs
garie. Dillimulant toutefois fa. colère , il les invita à manger,. &
cil", iiid paT ^^^ combla de préfcns. Mais il s'intéreifa ii peu à la fureté de leur
N4f embarquement ,. qu'étant tonibés entre les mains des Sclaves on
leur prit tout ce qu'ils avoient, même l'original grec des ades
du Concile, & fiùUirent à perdre la vie. Ils arrivèrent à Rome
dépouillés de tout , le 2 de Décembre 870, ôc racontèrent au
,
D U NE UV I E M E. s I E C L E. '69X
Pape Adrien tout ce qui s'étoit palTé ; mais ils ne purentlui prd-
fenter d'autres écrits que le livre de Vaciion d'Ignace , les libelles
•que les Sclaves leur avoient rendus, ôc une copie des aftes du
Concile que le Bibliothécaire Anaftafe, l'un des Ambafladeurs
de l'Empereur Louis, avoit emportée par précaution. lien fit
CHAPITRE XXXVI L
15 E 5 Conciles Àe Verberie , deMet^^, & autres , depuis
l'an S6c} , jufquen 87p.
X~jL Clergé 6: à fon Peuple par fes injufiices ôc par fes vio- V'^f'^f'^ en
lences, fut accufc devant le Roi Charles , qui lui ordonna de Cnc'iL pag.
répondre aux chefs d'accufations , ou par lui-même, ou par fon 1517.
Avoué. Il refufa l'un ôc l'autre , difant , qu'il ne pouvoit fe pré-
fenter à un Jugement féculier au préjudice de la Jurifdiction
Eccléfiaftique. Charles fit faifir tous les biens de l'Evêque fitués
dans fon Royaume. Hincmar de Reims fon oncle intervint pour
lui auprès du Roi, fit lever la faifie , 6c on convint que l'affaire
de l'Evêque de Laon feroit terminée par des Juges choifis , ou
s'il étoit befoin , par un Concile. La Sentence des Juges ne lui
^.^
mifTlon d'aller à
CONCILE
Rome. On la lui
S"
mais on fufpendit la"
refufa ;
vième du même mois. Ce fut Hincmar de Reims qui lui fit les
onctions du S. Chrême fur le fronts depuis l'oreiile droite jufqu a
•
Concile lie 1 1 L Quclque tems après , le Roi Charles étant à Piftes , y fit
venir plulieurs Evêques pour traiter avec eux des affaires de fou -
tont^^C^n^f
p^i'.iSié. Royaume. Il ne relie d'autres moi;iumens de cette Airemblée,
qu'un Diplôme accordé àEgil, Archevêque de Sens, par lequel
on confirme les donations qu'il avoit faites à un Monaflere 6c à
une Eglife de fon Diocèfe , qui avoieiit l'un &
l'autre faint Pierre
pour Patron. Douze Evêques foufcri virent à ce Diplôme, Egil .
Tours.
Concile IV. Le Roi Charles mécontent de la conduite de fon fiîs
d'Attigny en Carloman qui il avoit fait donner la tonfjre cléricale dès fon
, à
co'.cay. 14.
toucliant le partage du Royaume de Lothaire.
V. PcndcUit qu'Adon de "Vienne tenoit fon Synode en 870, Concile de
M'annon , Prevot du Monaftere de Saint-Ovan ou Mont-Jura , Y'""!?? ,„^"
,
vint lui rtprelenter que les rrcueceneurs avoient accordé a Ion f^cu'oA.p.irr.
Monaftere une iiglife iltuée dans le Diocèfe de Vienne , &• qu'au - *^ ''' >7,' >
Il paroit qu'il fut affemb'é à l'occafion de la dédicace d'une nou- Condl. pag,-
velle Egiife érigée fous l'invocation de faint Pierre. Les ailes de ''^^*
ce Concile ne font pas venus jufqu'à nous. Il feroit même tombé
dans l'oubli fans une ancienne Chronique des Empereurs Fran^-
,
Sfffiij
Douzv en
?P4 CONCILES
Charles depuis le Concile d'Attigny , il n'avoit rien dît à ce
'^"^'
^535! Prince de fbn voyage de Rome; mais il n'avoit pas laiffé d'ea
écrire au Pape Adrien , en lui faifant des plaintes contre le Roi,
&c contre Hincmar de Reims. Il fe joignit même au Prince Car-
loman , qui abufant de la liberté qu ii avoit obtenue , recom-
mençoit fes brigandages ôc fes cruautés. Les Evêques dont il
avoit défolé les Diocèfes publièrent des ceufures contre fes
complices, n'ofant pas rexcommunier lui-même, parce que le
Roi Charles vouloit le fair-e juger par les Evêques de la Province
de Sens dont il étoit Clerc,. Hincmar de Laon fut fommé diverfes
fols par fon oncle de foufcrixe aux ceafures contre les complices
de Carloman , comme les autres Evêques de la Province de
Reims mais il n'en voulut rien faire. Le Roi Charles irrité de
;
autorité.
F.!'. î6p, VIII. Hincmar de Laon arrivé à Douzy ne fe préfentoit
point au Concile. Il fut cité juridiquement par trois fois. Il ne
répondit à la première citation que par un Mémoire pour le
Con.cile, où il difoit qu'il appelloitau faint Siège; mais il obéit
à la troiliéme, ÔC comparut. 0n lut en fa préfence la plainte du
Jioi Charles , on la lui donna pour l'examiner, ôcdu tcms pour y
refondre. Il le préfenta au Concile une féconde fois, fuis qu'il
D U N E U V I È M E s I E C L E. 69s
eût répondu à la plainte du R.oi. Hincmar de Reims !e preflant
là deiius , il dit qu étant dépouille de tous fes biens , il ne répotr-
droitrien à ce qu'on lui ohjectoit. Il récufa le jugeuient de fou
oncle , ôi appella au iaint Sidge. Comme il perlifioit dans fa con-
tumace Archevêque de Reims prit -les avis des Evêques.
, l
îom.9,Concil. Pape Jean VIIL qui avoit permis de les affembler. Il n'eil tou-
t^efols parlé dans fes Lettres au Roi Alphonfe III. que d'un feul
6-'i'iii*'''^°''
Concile en cette Ville , ôc il n'en éroit pas befoin davanta-
ge , puifqu'il ne s'agiffoit que d'ériger en Métropole l'Eglife
d'Oviedo ce qui fe fit d'abord ôc fans aucune difficulté. Al-
:
phonfe avoit fortifié cette Ville pour fervir de barrière contre les
courfes des Normands, ôc rebâti magnifiquement LEglife de
faint Jacques en Compoftelle. Il ne voulut point la faire con-
facrer fans en avoir la permilïion du Pape. Deux Prêtres , nom-
més Severe & Sinderede , ôc un Laïc qui fe nommoit Rainald,
'furent députés à cet effet vers Jean VIII. qui leur donna deux
Lettres pour le Roi. Dans la première il permetroit l'éreclion
-d'Oviedo en Métropole dans la féconde , la confécration de la
;
que de cette Ville, alîifté des Archevêques de Trêves & de Co/idl. p.î^.
tre fut d'abord convaincu d'avoir écrit des lettres pleines de ca-
loiTjnies contre l'AbbelTe; ôc fur ce qu'il nioit avoir abufé de
l)udc,le Concile nomma des Députés, avec ordre de fe tranfpor-
ter au Monaftere avec des Commiflaires du Roi , pour interroger
deux Keligieufes , Berte ôc Erprede , qui s'étoient avouées com-
plices du crime de Dude, ôc recevoir leurs dépofitions. Ils fu-
rent aufli chargés d'interroger Dude ôc le Prêtre Hutnbert fépa--
rement, Ôc en cas d'aveu de leur part, de les faire venir avec
leurs complices devant la Communauté pour ré'iterer leur con-
fedion. Le Concile n'attendit pas la lin de cette procédure ; mais
il régla par provifion la pénitence qu'on devoit impofer, tant à
Humbert qu'à Dude complices, voulant qu'on les traitât
ôc à fes
plus doucement s'ils confeffoient volontairement leurs fautes,
que s'ils en étoient convaincus par témoins.
ConcHe de XV L Hincmar , que l'on regarde avec raifon comme Au-
Reims<^i874.
j j^ Lettre fynodale Ôc du Décret du Concile de Douzi,
pag. 587. en tint un au mois de J.uillet de la même année 874 , a Keims,
où il publia cinq Articles pour les Prêtres de fon Diocèfe. Le
Can.i. premier eft touchant 4es Curés delà Campagne, jqui , négli-
Elles furent auffi confirmées par une Bulle du Pape Jean VIII.
datée du 2^ Avril 878 , c'efhà-dire dans le tems qu'il étoit en;
Eag. 173. France pour la tenue du Concile de Troyes. Odon , Evêque de
Beauvais, confirma à la prière des Chanoines de faint Pierre,
les dotations faites à leur Communauté ; &
pour rendre cet
établifTement plus folide, il en obtint auflî la confirmatioa du
Roi Charles & de plufieurs Evêques, nommément d'Hincniac
de Reims , Métropolitain, L'Ade efl daté de Soiffons le i de .
ibiii, ya^.iHo,
p^^ le Pape Jean VlII. y tint un Concile , où les Evêques l'éli"
rent unanmiemenr pour leur rrotecteur &
leur beigneur, avec
promeiTede. lui obéir en tout ce qu'il ordonneroit pour l'utilité
de l'Eglife & leur falut. L'a£le qu'ils en drefferenc fut foufcrit
par dix-fept Evoques de Tofcaiie ôc de Lonibardie , par ua
Du NEUVIEME SIECLE. 701
!Âbbé ôc par dix Comtes. Les mêmes Evoques Hrent quinze
Canons de difciplinc , que l'on conlirma dans le Concile de
Pontion , ôc qui en font aujourd'hui partte. Les plus remarqua-
bles font le feptiéme ôc le huitième. Il y efl dit que les Evcques Cm. 7.
des Cloîtres avec leurs Chanoines , qui lui feront fournis fuivant
^autorité des Canons.
XXII. Le vingt-unième de Juin de la même année , l'Em- Concile Je
pereur Charles fit tenir un Concile à Pontion , où il allifla avec Po^^ofi en
deux Légats du faint Siège ; Jean , Evêque de Tofcanelle , ÔC Cmalf'^'pa/^
Jean, Evêque d'Avezze. Il s'y trouva cinquante Evcques de '-Si.
France ;Hmcmar de Reims foufcrivit le premier après les Lé- Premierr -
l' t tt iij
Quatrième l'autorltd
702 CONCILES
dcs Légats du faint Siège. Dans la quatrième qu'on ',
feflion.
j.j|^ç Yq lendemain , l'Empereur donna audience aux Amhafla-
Septième X
XV. Le 14. de Juillet on lut encore dans la feptième fef-
.feflTion.
fioHj par ordre de l'Empereur, la Lettre du Pape touchant la
Pag. z8z. primatie d'Anfegife ; ôc le Légat demanda que les Archevêques
promiflent de s'y conformer. Ils répondirent qu'ils n'obéiroient
aux Décrets du Pape qu'en la manière que leurs prèdècelTeurs
y avoient obéi. Comme l'Empereur n'ètoit pas préfent ,
leur ré-
ponfe fut mieux reçue qu'elle ne l'avoir été dans la première fef-
fion. U y eut enfuite plufieurs dif^utes au fujet des Prêtres qui
DU NEUVIEME SIECLE. 705
îfvoient réclanni les Légats. Puis on fit la lefture de la Requête
de Frotaire , par laquelle il demaiidoit , que ne pouvant occu-
per le Siège Epifcopal de Bordeaux, à caufe de rincurfion des
Normands , il lui tut permis de paiTcr à celui de Bourges ce :
^^' ''^^'
habillé à la Greque. Jean d'Avezze , Légat , lut un Ecrit. Odon
de Beauvais en lut un autre , contenant certains articles que les
Légats du Pape, Anfegife de Sens ôc Odon lui-même, avoient
^'^o^n.
dreirés fans la participation du Concile. L'Hiftorien Aimoin dit
ibiâ.
articles, qu'on croit être ceux dont Aimoin parle avec tant de Co^ciie^"^ j*
mépris. Ily efl: dit qu'après la mort de l'Empereur Louis , lePomion.
Pape .Teaii VIII. avoit invité le Roi Charles à venir à Rome , ^^^- -^°*
où il l'avoit choifi pour Défenfeur de l'Eglife de faim Pierre , ôc An. r.
couronné Empereur qu'avant fon arrivée le Pape avoir tenu un
;
plus qu'à la iecon Je monition qui lui avoit été faite par les Lé-
gats du Pape qu'en conféquence le Pape avoit donné fes pou-
;
,''i
Prêtre Adalgand obtint du Concile que fon Eglife lui feroic
renc'ue , Ôc on lui donna quatre mois pour fe purger des crimes
dont onl'accufoit, à condition que s'il ne fe juftilioit point ca-
noniquement dans ce tems, il ne feroit plus admis à prouver
fon innocence.
Concile de XXIX. Quoiqu'on eût accordé les revenus de l'EgUfe
.<âe Rome en de Torcelie à Dommique dans le Concile de Ravenne en 8 74-,
877 ,j:om. 9 , on ne laiflbit pas de le faire paiïer pour un Intrus. Il fut même
ciff^. Cite deux rois a Kome.pour examiner Ion anaireen prcience de
.Pierre , Patriarche de Grade , qui s'étoit oppofé à fon ordina-
tion ; &
nayant point comparu , le Pape lui ordonna de fe trou-
ver au Concile qu'il avoit indiqué à Rome pour le treizième de
P^évrier de l'an 877. Il y appelia aufîl les Evêques de Venetic
;
intérefTés dans cette affaire. Ils n'y vinrent point ; & on ne fit
.autre chofe dans cette Affemblée que de confirmer l'éietHon de
i l'Empereur Cliarles. Jean VIII. y fit un long difcours à la louan-
ge de ce Prince, & entreprit de montrer que fon élection s'écoit
.faite par l'infpiration de Dieu. C'eft pourquoi , après avoir pris
1%
, >
Pape , c'efl-à-dire ceux de fa maifon. Les dixmes feront payées Cm. 18.
au Prêtre prépofé par l'Evêque pour les recevoir, ôc non à d'au-
tres. Les Envoyés des Princes , les Comtes ôc les Juges ne Cm. 19.
prendront point leurs logemens dans les maifons de l'Eglife
fous le prétexte de la coutume, ôc n'y tiendront point les plaids ;
mais dans les maifons publiques, fuivant l'ancien ufage. Le
Concile confirma à Adalgaire , Evêque d'Autun , ôc à fon Eglife
fes droits fur le Monallere de Flavigni ôc fur la Terre de Tili-
niac, qui lui avoit été enlevée. Le Pape Jean VIIL foufcrivit
le premier , ôc après lui Jean , Archevêque de Ravenne , puis
Pierre , Patriarche de Grade. La date des foufcriptions eft du 2 5
Novembre 877. D'autres lifent Septembre.
XXXI. Après la mort de Charles le Chauve , arrivée le 6 ^2i°(^^^ en
d'Odobre 877, Hugues, fils naturel du Roi Lothaire, conçut S7?,ib':d.];.ig.
^"'*
le delTein de recouvrer le Royaume de fon père. Il alTembla 3°^ ^ >
ioari. m. i ,
70?
des troupes, 6c
CONCILES
de grands ravages dans les Etats de Louis îrf
fit
H^.Rijn.cdp.
ggg^g^ Qj-j un Concile tenu en Neuftrie , auquel
g'gj-j plaignit à
Hincmar de Rems préfidoit. Les Evêques engagèrent le Roi
Louis à écrire à Hugues pour le détourner de fës prétentions
furie Royaume de Lorraine, Il lui die dans fa Lettre: Ci vous
n'avez égard à mes remontrances , j'aflemblerai les Evêques
de ma Province &
des Provinces voifines , &
nous vous excom-
munierons vous & vos complices, puis nous dénonceroni l'ex-
communication au Pape , à tous les Evêques ,ôc aux Princes des
Royaumes circonvoifuis.
7oS
& de privation
CONCILES
de toute dignité chrétienne pour les Laïcs. Ot?
lut enîuite la Sentence déjà publiée par le Pape contre Formofe
Evêque de Porto , 6c Grégoire Nomenclateur , & contre tous
leurs Complices, qui continuoient à piller les Eglifes.
Cinquième XXXVL A la cinquième Seflion , Ottufle , Evêque de
Iroyes , le plaignit qu liaac , Lveque de Langres , setoïc
emparé d'un Village de fon Diocèfe. Théodoric de Befançon fit
fes plaintes contre quelques-uns defesSuffragans, qui, appelles
en Concile , n'avoient pas encore voulu comparoitre. On fit
Pag, 31^. enfuite lefture des Canons qui défendent aux Evéques de paflet
d'une moindre Eglife à une plus confiderable. Cela regardoit
Frotaire qui étoit pafTé de Bourdeaux à l'Evêché de Poitiers,
Jozn.
'
Epui. enfuite à celui de Bourges. Le Pape lui ordonna de venir aii
rii&'iiî. Concile & d'y produire les motifs de fa tranflation & les auto-
ritésdont il l appuyoit. Il y cita aulTi le Comte Bernard donc
Frotaire s'étoit plaint ; & ce Comte n'ayant point comparu , il
Po^. 3,7. pour fournir à fii fubliftance. Le Pape termina le Concile par
un difcour" où il exhorta les Evêques à s'unir avec lui pour la
,
& Anfpert ,Archevêque de Milan, l'un &c l'autre avec leurs ^îJ^^^''*' "'''
mais il eut des raifons pour fufpendre fon éledion & elle n'eut
;
'-
de Vereeil. ob-
•
A
y uuu iij
7ior CONCILES
CHAPITRE XXXVIII.
Concile de Cofijîandnople pour le ràahlijjement
de Photius,
que Photius eût repris fes fondions fans confulter le faint Sic^e.
H avoit ordonné à Photius de demander pitrdon en plein Con-
cile , &
à cette condition il lui accordoit l'abfoluticHT. Toutes
ces circonftances font fupprimées dans la traduction grecque,
oia Ton a mis en place de grandes louanges à Photius. A-jfli
J D rC X) 'NT'C L E '
i7?2 .T I :S J
flvdit-aîtcralelfefis ÔC'fupprimé plufieurs circonflances. Cette
achevée Pierre demanda la Jurifdiction fur la Bulgarie ;
-lecture ,'
714 CONCILES
triarche de Conftantinople d'entre les Prêtres &
les Diacres de îa
même Egiife. Le
Concile répondit qu'on le feroit s'il s'en,:
trouvoit de capable finon qu'on le choiliroit dans toute l'Eglife.
;
Pa^.^ie, tion des actes faits contre lui. Les Légats demandèrent que l'on
DU NEUVIEME SIECLE. 71?
foufcrivît de même à toutce qui venoit d'être déciJd dans le
Concile ; & les Evêques y ayant confenti , Paul , Evoque
Lettre i!u
7i(?
XI f. On a
C O N C I L E S
mis à la fuite des actes du Concile une Lettre du"
Pape
^
Jean Pape Jean à Photius, dans laquelle il traite de tranfgrelTeurs de
tius ^ vas. ^^ \>^^o\e de Dieu ^ & de corrupteurs de la doctrine de Jefus-
j4î. Elle pa- Chrift , des Apôtres Ôc des Pères, ceux qui avoient ajouté au
loit luppofcc.
^yj^'^^^g j^ p^xTÛculs fiiioqm. Il les range avec Judas, comme'
déchirans les membres de Jefus-Chrill , par le fcandale qu'ils •
avoient caule dans les Eglifes. Mais après s'être fervi d'cxpref-
lions fi dures , il fe radoucit en quelque forte , difant , qu'on ne
'
doit toutefois contraindre perfonne à quitter cette addition faite
au fymbole ; niais exhorter doucement les autres à renoncer à
ce blafphème. Le Cardinal Baronius(a) a rejette cette Lettre
comme fuppofée par quelque Grec. N'en pourroit-on pas accufec
Photius lui-même? On fçait qu'il en fabriqua une fous le nom
du Pape Nicolas I. ( t ) à qui il faifoit dire fauffement qu'il éta- •
fur ce fujet. Cela eft dit expreflément J\ii voulu vcus éclairàr
:
avant même que vcus iri' en écnviey^. On dira que Photius confulta le
Pape fur le fimbole par un Envoyé. La lettre le porte. Mais en quel
tems cetEnvoyé fut-il àRome. Avant le Concile? Le Papeatiroit
XIII. Ce qui fe palîa depuis le retour des Légats fera voir Suites <în-;
encore que le Pape Jean VIIL ne devoitpoint être porté à écrire Conftanrino-
une Lettre aufli favorable aux Grecs que celle qu'on lui a fuppo- pe.
fée. Ces Légats fe contentèrent de lui faire rapport du rétabiilïe-
rnent de la piix dans l'Eglife de Conftantinople par celui de
Photius de la reflitution de la Bulgarie , ou plutôt de la pro-
;
Aukiiir no-
nom à Photius ? Une dernière preuve de fa fuppofitionjc'efl: qu'il viP. lHh'.wT, •
n'en elt fait aucune mention dans celle que Photius écrivit après ^^'V-'^à- 5^7.
XXXX lij
7i8 CONCILES
la mort de Jean VIII. à l'Archevêque d'Aquilée, quoiqu'il y
combatte la doctrine des Occidentaux fur la proceilion du ^aint
Efprit. Pour montrer qu'il ne procède pas du Père & du Fils ,
Photius citeLeon III. ôc lesLégats au Concile de Conftantinople
auquel il préfidoit. Il ne dit pas un mot de la Lettre préte.idué de
Jean VIII. foit parce qu'on en avoir déjà reconnu la fauiTeté,,
foit qu'elle n'ait été fabriquée que depuis Photius.
CHAPITRE XXXIX.
Des Conciles de Rouen , de Mante , & autres ,
720 Ç O N CI LE 5
peaux , Méfie les Dimanches étant comme les.
de venir à la j
les défendre par l'autorité qu'il a eue fous les Rois précédens ,
ôc par l'afTeclion du Pape Jean VIÎI. qui l'avoir adopté pour fon
fils. Le décret eft fulvi d'une Lettre du Concile au nouveau Roi
pourlui demander fon confentement à réle(flion ,à laquelle on
.fuppofequ'ils'étoitoppofé,ôc pourlui marquer les conditions
de fon éledion f^avoir , de prendre la défcnfe del'Eglife Catho-
;
au cas qu'il continuât fon alliance avec eux. Malgré toutes ces
promedes , & fans égard à l'argent qu'il avoit reçu du Pape pour
fe féparer de ces Barbares, il partagea avec eux le butin. Le
Pape fut donc contraint de procéder contre lui dans un Concile
qu'il tint à Rome au mois d'Avril 881 , ôc de le priver de la
communion Eccléfiadique jufqu'à ce qu'il fe fiât féparé des
Sarrafms. part de cette Sentence aux Evêques voifins , ôc
Il fit
fainte Macre, Martyre. On ne fçait pas les noms de ces Eve- 5 57-
faffent de tout un état exatl pour être , envoyé au Roi alin qu'il
y fut pourvu avec le confeil des Evoques , ôc que l'on aug-
mentât le nombre des Chanoines ou des Moines lorfqu'il fè
trouveroit infutfifant. On devoir aulli lui rendre compte de la
manière dont les Abbés exécutoient les ordres des Envoyés
du Roi. Cétoit une précaution ncceffairc à caufe que les Mo- ,
au-deffus de (on âge 6c prendre dans les deux Ordres des Laïcs
,
& des Clercs , des Confeillers avec qui il s'aiïemblât chaque mois
pour le bien de l'Etat & de l'Eglife. On trouve (a) parmi les
Opufcules d'Hincmar une longue exhortation que le Concile
envoya au Roi , contre les ravideurs qui enlevoient des veu\ es
des lîlles , 6c même des Religicufes ; il
y joignit plulieurs extraits
des Canons fur ce fujer.
X. Le Roi Louis après la mort d'Odon , Evêquc de Beau- -^^^^'p'-^
72^
Beauvais. On
CONCILES
du mettre cette Lettre à la fuite des Acle9
auroit
du Concile de Fifmes , mais elle ne fe trouve que da"ns le re-
cueil des œuvres d'Hincmar, parce qu'en effet ce fut lui qui
l'écrivit. Il y combat une maxime que quelques-uns vouloient
établir; fçavoir, que les Rois font les maures des biens de l'E-
glife, ôc d'en difpofer en faveur de qui il leur plaifoit. Il fait:
envifager au Roi Louis de pareils difcours comme fuggerés pat
le malin Efprit , ôc montre que fuivant la dottrine des Saints , les
biens de l'Eglife font offerts ôc confacrés à Dieu ; que ce font les
vœux des Fidèles , le prix des péchés , ôc le patrimoine des pau-
vres que celui qui en retient une partie e(t digne du même
;
t^m.sfi^ncv. qui règne dans Ja chronologie des hveques ôc des Kois qui les
T?.ig. 190 C- ont affemblés. Au refte il ne s'y paffa rien de bien important.
^^'^'
Les A 6tes ne parlent que d'exconimunications portées contre
des parjures , des homicides , des inceftueux ôc des ufurpateurs
des biens de l'Eglife. Nous ne remarquerons donc que l'ufagede
jurer fur l'Autel par le Saint des Saints , en préfence des Livres
facrés ôc des Reliques des Saints , lorfqu'on vouloit affurer une
vérité qui n'étoit pas connue , ôc ne la pouvoit ctie que pat fer-
ment.
.Concile de XII. Le Conciie affembléledix-huitiémedeMaiàChâions-
ehiions-fiir- fur-Saône dans l'Eglife de faint Marcel fan 88(5, eut pour but
S'cS le rétabliffementdelapaix ôc de la tranquillité publique; ôc de
finir quelques affaires particulières entre des Ecclcfiafliques.
m- 199.
toit alors.
,
Pape Efticnne V. contre un Clerc Efpagnol qui avoir ufurpé c-ncil. va^.
l'Archevêché de Tarragone , & s'étoit t'ait ordonner Tans le con- 3?^
fentement du Métropolitain , cita Tes Ordinateurs ; ils refuferent
de comparoitre, ce qui l'obligea de convoquer un Concile en
un lieu nommé Port dans le Diocèfe de Niiines. Ils y furent con-
damnés; mais ayant demandé pardon avec humilité, on le leur
accorda. Quant à Sclva & à Ermemire qui avoient été ordonnés
contre les règles , on les dépouilla avec ignominie de leurs or-
nemens pontiiicau.\'.
XI V. L'année fuivante 887 ^ k premier jour d'Avril , Guil- Concile Je
lebert Archevêque de Coloîrne, Francon de'l onF,res, ôc ouel- ^„"'%".j ''^
Maurice en Valais, où il fe fit élire & couronner Roi. La céré-; -s^o^ «'^'.^•^C
monie unie , ii envoya des Députés dans les Etats de Lothaire "''-""'^ '*''^'
Y y y nj
1^6 CONCILES
pourfe rendre favorables les Seigneurs fie les Evêques. C'ed tout
ce que Reginon^ Abbé dePrum,qui vivoit alors , nous apprend
de ce Concile.
Concile de XVI. Jl s'en tint un la même année à Tvlayence par ordre
cl7^"/^
^" d'Arnoui qui venoit d'être reconnu Roi de Germanie. Les
,
;Cm. I î 3. étoit réduit en folitude. Les Evêques dans ces circonftances s'ef-
, ,
5-
ti-e qui fe feroit pourvoir d'une Eglife par argent feroit dé-
fait
:Car..6 ,7. l'on anathématiferoit les ufurpateurs des biens de l'Eglife ôc des
Monaderes ; que l'on chalTeroit de l'Eglife ceux qui auroient
maltraité ou calomnié un Clerc.
Can. S, XVII. Arnon, Evêque de Virzbourg, fe plaignit que des
fcéiérats s'étoient faifis d'un Prêtre vénérable, lui avoient coupé
le nez , &
rafé les cheveux , &
donné tant de coups, qu'il étoit
redé à demi mort fur la place. Le Concile les excommunia, ré-
fcrvant à leurs propres Evêques de les abfoudre après une péni-
;Can. 9- tence convenable. Il défendit de célébrer la MclVe ailleurs que
dans les lieux confacrés par l'Evêque ; permettant , au défaut
d'Eglife , de la dire dans des Chapelles , &
même en plein air
dans les voyapcs , fur une pierre d'Autel confacrée. Les anciens
Gi7i. 10, Canons avoient permis aux Clercs de loger chez eux leurs plus
proches parentes on leur défend ici de loger même leurs propres
:
£an. 12. fœurs. Un Evoque ne fera point condamné que fur la dépofition
de foixante-douze témoins fans reproclics ; un Prêtre fur la dépo-
fition de quarante-deux; un Diacre fur la dépofition de vingt-fix,
Çcn. 13. ÔC ainfi des Minidres inférieurs à proportion. On ne privera pas
DU NEUVIEME SIÈCLE. 727
les anciennes Eglifes de leurs dixmes ni de leurs autres revenus
pour en fonder de nouveaux Oratoires. Les Evéques n'entre- Cm. 14, ly.
prendront rien fur les ParoiOes d'un autre Diocèfe fans le confen-
tement de l'Ordinaire.
XVIII. La pénitence de celui qui aura tué un Prêtre cfl Cw. \6.
boira point de vin toute fa vie. Il jeûnera tous les jours jufqu'au
foir, excepté les Dimanches &
les Fêtes. Il ne portera point
•ôc dans Flodoard , d'un Concile tenu à Vormes par ordre du Y'^^fj ^^
4iS.
Tome XXII. Zz zz
73© CONCILES quelle en fut roccafioti. HermatTy
Pape Eftienne V. Voici
Archevêque de Cologne , avoit envoyé des plaintes au faine
Siège contre Adelgaire, Evêque de Hambourg &
de Brème ,
qui de fon coté en envoya auiii contre Herman , qu'il accufoit
dt^ntreprendre fur les droits de fon Egiife. Adelgaire Ht même
le voyage de Rome pour être plus à portée de foutenir fon droit
fur f Ëglife de Brème que Herman lui conteftoit. Le Pape cita
lierman à Rome. N'ayant point comparu, Eftienne écrivit à
Foulques , Archevêque de Reims , de tenir en fon nom un
Concile à Vormes , où les Archevêques de Cologne ôc de
JMayence dévoient alfifler avec leurs Suffragans 6c Adelgaire ,
afin que les droits des parties fuffent examinés en leur prélence.
On ne fçait point ce qui fut décidé alors mais dans le Concile
;
XX VU. En 8i?2 les deux Légats, Pafchal Jean ^ que & ^Concile d«
?9,l)j.j. z'jx'
auprès de Waion , fucceffeur d' Adalgaire ; mais l'Evêque n'ofant
*"
fe charger feul de la décifion d'une aifaire (i importante , la ren-»
voya au jugement de fes Comproyinciaux. Ils s'affemblerent
à Châlons dans l'Egiife de faint jean-Baptifte le i jour de Mai
85)4. Aurelien de Lyon préudoit; ôc dans les Actes de ce Coa-
cile ilPrimat de toute la Gaule. Les autres Evoques
efl qualifié
754 CONCILES
obligé lui-même de fe trouver à l'Audience del'Evêque, mais
dans le lieu de la réfidence de l'Evcque. On aura égard à celui
Cw. ic. des deux qui aura indiqué le premier fon Audience. Un Evêque
ne pourra être dépofé que par douze Evêques ; un Prêtre par (îx ;
Ctn. n. un Diacre par trois. Le Clerc qui aura fait un homicide , même
par contrainte , fera dépofé , foit qu'il foit Prêtre ou Diacre ; mais
s'il que préfent à Thomicide , fans y avoir participé en
n'a été
aucune , il demeurera dans fon grade. Les jours defdnésau
forte
Cm. lî. Baptême folemnel , font les Fêtes de Pâques & de la Pentecôte.
On pouvoitle conférer en tout autre tems , en cas de néceflité.
Il fedonnoit encore alors par la triple immerfion. On fuivoit
Cm. t;. aulii l'ancien ufage pour le partage des dixmes &
des oblations
en quatre parts , l'une pour f Evêque , l'autre pour les Clercs , la
troifiéme pour les pauvres y la quatrième pour les réparations des
Eglifes.
Can. 14. XXXIV. Les dixmes & les autres pofleflions feront con-
fervées aux anciennes Eglifes. Si quelqu'un cultive de nouvelles
terres dans la dépendance de l'ancienne Eglife, elle en percevra
ia dixme, mais s il arrive que celui qui a edarté un bois, ou dé-
friclié une campagne déferre d'une étenJue de quatre à cinq
milles, y bâtit une Eglife avec le confenteaient del'Evêque,
alors la dixme decescantons nouvellement cultivés appartiendra
au Prêtre établi pour la defferte de cette nouvelle Eglife , fauf le
Cm. 1 j, 1!^, pouvoir de TEvëque. Défenfe dejien exiger pour iesfépuîtures
17
& d'enterrer les Laïcs dans les Eglifes. La cérémonie de ia fépul-
turefelaifoitdansi'Eglife du lieu où l'Evcque demeuroit ; mais
Il eiie.écoit trop éloignée, on la faifoit en quelque autre Eglife où
75^ CONCILES
comme homicicie celui qui a fait mourir quelqu'un parle poifon.,
ôc qu'on lui impofe une douille pénitence. Voici comme il règle
celle de rhomicidevolcntairej
Car.. îj. XXX V 1 1. Elle iera de fept ans. Les quarante premiers
jours il ne lui fera pas permis d'entrer à l'Eglife il ne nv-.ngera
;
que du p^'.in & du fel , & ne boira que de ieau , marchera nuds
pieds , ne portera point de linge , fi ce n'efl des paile:çons ; il
n'ufera ni d'armes , ni de voitures , & vivra dans la continence
fans aucun commerce avec les autres Chrétiens , ni même avec
un autre pénitent. En cas de maladie ou que fes enneinis
,
^
cherclient à le faire mourir, on diilferera fa pénitence jufqu'à ce
Can. ',€. que l'Evèque l'ait réconcilié avec eux. Les quarante joursécou-
lés , l'entrée de l'Eglife lui fera encore interdite pendant un an ;
•il s'abfliendra de chair , de fromage, de vin , & de toute boiflbn
'ÀciT"'"^'^ Le
Fere Sirmond n'eu pas éloigné de croire qu'il fut tenu avant
Tan 6'^'ù. C'eft auifi le fentiment du Père le Cointe, qui le met
en 6j<j. Le troiliéme ôc le dixième Canons de ce Concile font
rapportés dans le feptiéme Livre des Capicuiaices. Ils font donc
plus anciens que ce Recueil ,à moins qu'on ne dife qu'ils en ont
fcté tirés. Mais le vingtième où l'on défend le culte fuperfdtieux
i
DU NEUVIEME SIECLE. 757-
quelqu'Etranger pour l'entendre , au mépris de fon propre
Cure, 6c en ce cas de l'obliger de fortir. On excepte ceux qui
étant en voyage ne peuvent entendre la Meffe dans leur ParoifTe.
*"*
Diifenfe aux Prêtres de loger des femmes , même leur mère ôc '"*'
^'^"' 5*
leurs fœurs. Si elles font dans le befoin,ils pourront leur fournir
de quoi fubfider dans une autre maifoii que la leur. Les Curés C.i«.4-
vifiteront foigneufemcnt les malades , prieront pour eux , les
exhorteront à la patience, &
à confcflbr leurs péchés. En entrant
dans la maifon de l'infirme , ils jetteront de l'eau bénite fur lui
& dans la chambre , &
réciteront les pfeaumes de la Pé.ntence.
Ils ne donneront i'aWblution au Moribond qu'à condition de Can. y.
faire pénitence des péchés qu'il aura déclarés s'il.revient en fuite,
La fépukurc fe fera gratuitement , fi ce n'eft que le malade ait ^^ g
offert quelque chofe , ou que fes héritiers donnent par forme
d'aumône volontaire. On enterrera dans le veflibule ou portique
de l'Eglife , ouau-dehors , &
jamais auprès de l'Autel où l'on
confiicre le Corps ôc le Sang du Seigneur.
XXXIX. Défenfe de procurer l'Ordination à quelqu'un, q„_ y,
ou par faveur, ou en vue de préfens. L'Evoque n'aura qu'une c^juS.
Ville; le Prêtre, qu'une Eglife ; mais il pourra avoir fous lui
plufieurs Prêtres avec qui il célébrera fOltice divin de jour ôc de
nuit. Les Curés après avoir pris des pains offerts par les Fidc^les Can.9,
ce qui efl: néceffaire pour la confécrationcouperont le rcde
,
par morceaux ,
pour en donner après à ceux qui n'au-
la ?cîefle
f^t CONCILES
fcndoient des caufes , même pour des hommes. Il paraît quff
les Religieufes &
les Veuves furtout en faifoient métier. Le
Concile ne leur permet d'aller à ces audiences que pour leur
propre intérêt &
avec l'agrf^'ment de l'Evêque,
Concile àe X L. On donne avec juflice le titre de Conciliabule à l'af-
Rome enSç7, femblée que le Pape Eflienne VI. convoqua en Sp-j pour la.
condamnation de Formofe fon préde'ceffeur. Son corps que l'ort
avoirexhumé , fut apporté au milieu de l'afTemblée on le revêtit ;
difant qu'ils n'avoient agi que par autorité du Pape , qu'ils &
avoient été forcés d'affiner à ces Conciles. Le réfukat de la dif-
cuflion fut, que les Evêques qui s'étoient déclarés contre For-
mofe , demandèrent pardon proflernés, ÔC le Pape Jean IX. le
leur accorda volontiers.
XLV. On publia enfuite le Décret du Concile en douze f:^"""'
^^
'^'^^'^"""^*
capitules ou articles ,
qui contiennent en fubftance , que le pré-
77'. I
{c) F tuty , HiJl.Eiclef.lh.^4, pjg.
(i) M^rcji Hifp-^n. c:^p. 833 ; & Mi- i 611 , lom, 1 1
AAaaa ij
,,
C:7. ,
740 CONCILES
tendu Jugement rendu contre Formofe dans le Concile d*E{^-
tienne VÎ. fera rejette j étant inoui que l'on ait jamais fait
comparoître uil cadavre en Juftice , ou l'on n'appelle les accufe's
a. que pour fe de'fendre, ou être convaincus que ceux qui ont
;
entiers dans la CoiiccVion du Pcre Labbe on n y trouve que les; 1 ;m ^co ^itu.-
douze articles que nous venons de rapporter; mais Dom Ma- P'^i'^'^y-
billon (a) z donné un long fragment du même Concile. Il pa-
roit que c en eft le commencement. Le manufcrit d'où il l'a
t-iré contient un autre article, diviféen douze Capitules, qui
(a) Mabillon. TOm, i,Muf,Itdlk. pr.r:. I (b) Concil. tom, 9 ,p.ig. ^oC-.-
»«,f.t^. S6. j;
AA a aa iij
74î CONCILES
Pères &les Capitulaires des Empereurs Charlemagne , Louis,
Lothaire &
fon fils Louis , fera excommunié. L'Empereur
C«p. '. Lambert déclara qu'il feroit permis à toute peribnae d'aller im-
plorer fa protection , &
menaça de fon indignation ceux qui s'y
Cay. 1. oppoferoient. Il promit de conferver inviolabiement le.-, anciens
Cip. 3. privilèges de i'Eglife Romaine. Enfulte le lape le pria d appuyer
de fon autorité ce qui avoit été fait dans le dernier Concile de
Op. 4. Rome, touchant le Pape Formofe de le faire autorifer par les ;
mal intentionnés avoient empêché que Ton coupât des bois pour
le rétablilTemenc de I'Eglife du Sauveur, & fur la pauvreté où
I'Eglife Romaine étoit réduite ,
qui étoit telle qu'il n'y avoit
plus de moyen de foulager les pauvres, ni de fubvenir aux be-
foins des Miniftresôc des DomeUiques. Après qu'on eut achevé
la ledure de ces articles , le Pape s'adreîfant aux nvêques les
exhorta à veiller avec foin fur leurs Peuples, à leur donner
exemple d'une bonne vie , à demander à Dieu rextinttion &
des fchifmeSjôc la confervation de l'Empereur Lambert , en
ordonnant à leur retour dans leurs Evêchés un jour de jeûne ôc
une procellion ou litanie.
Difficulté fur L^ Sigebert fait mention de ce Concile de Ravenne dans fa
Co'ncir/''^'^^
Chronique fur l'an 5)04, & Baronius dans fes Annales fur fan
504. Sigonius (a) ôc le Père Pagi le mettent en 898 , quelque
tems avant la mort de l'Empereur Lambert, arrivée félon eux
en 8pp. Ils fe fondent fur divers Drplômes, dont un ell de Be-
noît IV. en faveur d'Argrim , Evcque de Langres , rétabli dans
fon Siège par Jean IX. Il efl: daté du fécond des Calendes de
Septembre Indiclion troifiéme ,1a féconde année depuis la mort
de Lambert , c'eft-à-dire du 5 i Août de l'an poo, deux ans après
la mort de ce Prince , arrivée conféquemment en Sp8. Mais
^
744 CONCILES ""
-CHAPITRE XL.
Des Conciles deSaint-Oyan, de Narhonm, & autres^
juJquefL L'ail 950..
qu'ils prêt
ium , pjg. taine Chapelle. Iltrouva dans cette Affemblée que des
ne fe
'
*^
Abbés Alexandre étoit fcul d'Evêque. Les par-
6c des Prêtres.
ties ouies , le gain de caufe fut adjugé à Aribert.
Concile de I V. Le troifiémç de Mai de l'an ^0^ ^ Arnufte , Archevêque
de
DU DIXIEME SIÈCLE. 74^
'de Narhonne, s'aiïembla avec dix Evêques
Jonqueres, dans à Mfl?"<*Ione
me. Le Comte fut prcfent a\ec fa femme , fes enfins &. fes fer-
vitcurs. Les Evcques lui donnèrent Tablblution aux conditions
prefcrites par le Métropolitain , ôc joignirent à l'abfolution des
bénédidions en tout genre, lui fouhaitant à toute fa famille &
abondance de biens temporels, de longues années 6c la félicité
-éternelle.
V. Les Evêques de la Province de Reims avoient été pen- Concile de
(a) Nullus occultas miptias faciat , 'vel rere unà cum omni populo ipfe Sacerdoi
quam propinqiius lis'.bu.t l'ucat iixorrm : débet , fi an non , avt
ejus propinqu.i (it ,
frd doî:it.im & à parent. bus tradi'am per al'.'rius uxor , vel fponû , vl adultéra,
benedifti''nem SacerJotum accipiat qui & (îliiita & honcP.a pariter omnia inve.
Yult uxoren'. Cin. 8. B'.Tint , tune per coniîiiuin & l)€ncdiLtio-
(b) Pli is «onvenieniiis efl Sacerilos ncin SacerdoMs , &
confultu aliorum
în cujus Parochia nuptir fieri bent , in j hominum bonjrum eam fponlare , k- &
Eccleflacoramoiniii populo: & ibiinqui- 1 citijnè dotale b^t. Ji'.à.
-'
BBbbbij
-
748 e O N c r L ET 5
treceux qui en avoient été les auteurs ;ôc ce qui avoit été or-
donné dans plufieurs Conciles , pour empêcher qu'à la mort
d'un Evêque on ne s'emparât des meubles ôc autres biens de
l'Eglife , fous prétexte qu'ils auroient appartenus au défunt , le
Concile ce pillage de facriiege , ôc veut que pour obvier
traite
à cet abus , l'Evéque le plus voifin alîiile aux funérailles , qu'il
faffe inventorier tout ce qui fe trouve dans la Maifon Epi/co-
pale , &
qu'il envoyé cet inventaire au Métropolitain, il veut
encore qu'autant que faire fe pourra , deux ou trois Evêques fe
trouvent aux obféques de leur confrère , afin de lui témoigner la
mêmecharité après fa mort qu'ils auroient eue pour lui de fon
,
vivant.
€an.i4,'T). IX. Toutes ces Ordonnances font appuyées de quantité de
pafTages de l'Ecriture, des Conriles , des Pères ôc des Capitu-
&
-,
de Maurienne. On y prit les mefures néceifaires pour rétablir les C^'-xn. pajr.
5^^*'
Eglifes ôc les autres lieux faints détruits , ou ravagés par les
brigands. Il y fut auffi ordonné qu'on rendroit à l'Abbaye de
Charlieu dix Eglifes qu'on lui avoir otées. Ce Concile fe tint en
5125.
X X. Le Comte
Keribert en convoqua un à Trofié en P27 , Concile Je
Concile ik
f.^è
XXI.
CONCILES
la mort de Vigeric,Evcque de Metz, le Roi
Après
o' 7 iLid Si
-lienrimit a la place un nomme bernon qui menoit la vie tiere-
Aâ. ^Ordin. mitique fur le Mont-Eccel aux environs de Zurich. Le Clergé
,S. Benedicu,
^ | Peuple dc Metz n'eurent aucune part à ce choix. Ils en
Flodn-.rd. in a^'oient élu un mais 1 autorité du r rince prévalut, au préjudice
;
Chronic. M Je Bemon car, après avoir gouverné fou Kg! ife environ deux
;
aiji.i^i
°
ans , des mcchans l'ayant fu-rprisfecrettement lui arrachèrent les
yeux , ôc d'autres membres ,
qui le mirent hors d'état de faire les
fontlions de fon Miaiftere. Ce crime occafionna le Concile
d''Uiitourg dans le Duché de Clevcs. On y excommunia les cou-
pables; ôcBernon ayant renoncé volontairement à fon Evêché^
on canoniquement Adalberon pour lui fucceder. Bernon
éîut
foufinc avec beaucoup de patience Tinjure qu'on lui avoit
faite.
^o^Kile àe
XXII. En Angleterre le Roi Ethelflan , fuccelTeur d'E-
Angleterre en douard , aliembla un Concile a Cratelean en 92b , ou, de avis 1
^i8 ,
Tom. p , (Je l'Archevêque Ulfhelme , des autres Evêques de fon Koyau-
par les épreuves ulitées alors , qui étoicnt celles du feu & de
4£r' j. l:eau. Celui qui fefourncttoit à l'une ou l'autre de ces épreuves ,
.C(7j.i.
iiiçme
i
, ,
être réglées fur celle de TEvêque. Il efl ordonné que tous les Cap. w,
.Vendredis les Minifl.res du Seigneur tant dans les Monafteres
,
Concile
754
XXV. On
CONCILES
fçais. rien de ce qui fe pafTa au Concile de
ne
Château-Thierri-fur-la-Mame dans le DiocèfedeSoiffons, finon
Tierrl'en*^^"'
tom.6,ConnL quHildegalre y fut ordonné Evêque de Beauvais par Artaud,
Harduini,pjg. Archevêquc
deR.eims, accompagné de Teutolon de Tours,
&
de quelques autres Evêques de France &
de Bourgogne. Ce
Concile fut tenu en 93 5 , pendant le cours des fix femaines que
dura le fiége mis par le Roi Rodulfe devant cette FortercfTe qui
appartenoit au Comte Heribert.
Concile de XX
V L Deux ans après , c'eft-àdire en 9 3 ç Artaud pré-
, ,
p\r^]bid. & fidaà un autre Concile qui fe tintàFifmes dans l'Eglife defainte
10771. 9-ConcU. Macre, contre ceux qui s'emparoient des biens Eccléfiaftiques ,
ffl^- 593- 5^ contre les pillards. 0\\ les avertit de fe corriger, de faire&
pénitence.
^T^^'\^^
XXVII. On rapporte au même temsles Loix que Hoëli,
en Ans'iêt'er- furnommé le bon Roi de\v'alles,ou deGalles en Ang}eterre,fiten
re, ibïd. ptijT. favcur de r£g!ife,dans uneAfTemblée générale qu'il convoqua de
^Q,jg ^gg Etats. Tous les Evoques, Abbés, & Supérieurs de ,\Ionaf-
,Éoo.
Cap. 7. & pour les réponfes. Les douze principaux Officiers de la Cour
prêtoicnt chaque année ferment dans l'Eglife devant le Chape-
lain , de rendre la juflice gratuitement , avec équité , & fins
f^P- -?• acception de perfonne. Le Prêtre du Roi étoir chargé de bénir
les viandes 6c la boiffon qu'on fervoit à fa table. Lorfqu'il s'agif-
Cap, 40. foit de fe purger d'un crime par ferment , on le répetoit trois
fois en préfence du Prêtre , à l'entrée du Cimetière , à la
porte de l'Eglife , ôc à la porte du Choeur. Il paroît par le dix-
feptiéme article , qu'un homme pouvoir répudier fa femme pour
le feul cas de familiarité avec un autre, fans preu\e d'aduttere.
SoSo'n's en
'' ^^ n V I. A la mort de Seulfe en 9 2 s Heribert , Comte de
,
9^^,ihiA.p^g. Vermandois , lui lïit donner pour fucceffeur fon fils Hugues,
*°*' quoiqu'il n'eut que cinq ans. Six ans après le Roi Rodulfe ayant
pris la Ville de Reims ^ tira du Monadcre de fauit Keiiii Artaud ,
DU DIXIEME SIECLE. j^t
^& le Archevêque. Artaud gouverna l'Eglife de Reims
fitfacrer
huit ans ôc feptmois , au bout defquelscette Ville étant retournée
en la puilTance d'Heribert , ce Comte l'obligea de renoncer à
i'adminiflration de l'Archevêché , ôc de fe retirer en l'Abbaye
de faint Balle. C etoic en 9-4.0. L'année fuivante Heribert ôc
Hugues fon fils affcmblerenc un Concile à SoilTons. Artaud y
fut invité , mais il rcfufa d'y aller ; ôt fçachant qu'on penfoit d'y
facrer Archevêque , Hugues ,
qui étoit déjà avancé dans les
Ordres, il menaça d'excommunication ceux qui oferoient or-
.donner de fon vivant un Arclicvêquc de Reims, ôc appella au
faint Siège de tout ce qui fe feroit à cet égard dans le Concile.
Ses menaces n'intimidèrent perfonne. Le facre de Hugues fut
réfolu ôc les Evêques étant palfés de SoilTons à Reims l'ordon-
;
"
à fa domination. Il recommande dans le premier l'immunité des ^'•''
•& de Laïcs , dans laquelle il fit un grand nombre de Loix , dont in'.
<5uelques-uncs regardent l'Eglife. Odon de Cantorberi , ôc
Wulrtan d'YorcK étoient prcfens avec plufieurs autres Evêques»
C Cccc ij
'
Ca<^. I.
T^e
La continence
CONCILES
ordonnée aux Clercs , fous peine de prîva^-
eft
tion de leur temporel & de la fépulture après leur mort. Les-
Ca;;. y.
Eglifes feront à la charge des Evéques , ôc ils auront foin d^a--
vertir le Roi d'orner celles dont ils ne font pas chargés cux--
O;-. 6. mêmes. Le Prêtre adiftera au mariage qui fe célébrera dans
i'Eglife où il dira la Mefle. Il eft en droit de les unir par la-
Ca.^, II. bénédidion de Dieu qu'il donne aux deux contratlans. Défenfe
'^^' '^'
d'attaquer celui qui s'eft réfugé dans TEglife.
Concile de XXX L Pierre de faint Julien raconte dans fes origines de^'
&
de Befançon y alFifterent avec cinq Evéques, qu'ils déci- &
dèrent unanimement , que l'on envoyeroit à faint Portien en
Auvergne pour redemander les reliques qui y avoient été tranf-
portées trois ans auparavant, à l'occafion d'un différend entre'
les iMoines ôc le Duc qui vouloir leur donner un Abbé indigne
de l'être. Il ajoute , qu'après le retour de ces reliques , les cala-
mités , dont le Monaftere de Toarnus avoit été affligé pendant
leurabfence, cefferent.
Concili:> XXXII. Après la mort d'Eftîenne , qui de Métropolitain-;
»i"nLLV°"'" d'Amafée étoit devenu Patriarche de Conftantinople , on lui'
9<,^,ihià. donna pour fucceiTeur le MoineTryphon a , a condition qu'il' ( )
fait conférer à fon fils Hugues âgé feulement de cinq ans. Le'
d'en fortir , 6c Artaud remis dans fon Siège parles Archevêques ^^^'' •f'^*'
DU D I X I E M E S I E C L E. 7^5)
XXXVII. Après que le Roi Louis eut achevé fa plainte , Piig.6z6,
'^'
Artaud lit la lieniie par un mémoire en forme de lettre , adrclfé
au Légat ôc à tout le Concile , détaillant au long tout ce qui
sétoit palTé entre Hugues &
lui au fujet de l'Archevêché de
Reims , & ce qui avoit été réglé à cet égard dans les Con-
ciles de Verdun &
de Mouzon. Le mémoire étoit en Latin :
ta £
CHAPITRE X L I.
rA:!r^'
Cw.r. les Clercs, depuis l'Evcquejufqu'au Sous-Diacre inclufivement,
de fe marier , fous peine d'excommunication. Le fécond renou-
Can.z. vellela défenfe faite dans un Concile de Tolède aux Eccléfiafti-
par laquelle on voit que le Fape Agapet IL ayant reçu des plain-
tes de Abbc & des Moines de faine Symphorien d.'Autun, qu ui*
i
lîli'ie'Vom^îi"
Citovens ÔC Grands de Rome de lui être toujours fidèle , ôc de
,.
i»c , ib:d. pag. ne prêter aucun fecours à Berenger , ni à (on (ils Adalbcrt. Ottoiv
*''^'
defon coté lît expédier en lettres d'or un Diplôme, qui fe voit
encore au C^haccau Saint-Ange, où. il conlàrma toutes les dona-
tions .faites à l'Eglife Romaine par Pépin ôcCharlemagne , ôc )5
ajouta fept Villes de fon Royaume de Lombardie. Ce Prince
rendit auiîi à cette Eglifcce qu'on lui avoir ôté. il ordonna en-
fuite que le Clergé ôc laNobieife de Romes'obligeroion parfer-
jnent à procéder canoniqucment à l'éleiSlion d'un Pape , avec la
claufe que le Pape élu ne. feroit point facré, qu'il n eût promis
puliiiquement en préfence desCommilTaires de l'Empereur,, de
confcrvçr les droits d'un chacun, ôc quc.perfonne ne troublcroit
cette élection , fous peine d'exil. 11 ajouta,, tant pour l'honneur
du Pape , que pour fe conferverla foiivcraineté fur Ronie , qu'il
Y auroit toujours des Con-vmiffaircs du Pape ôc de l'Empereur
€^d\ lui feroient tous les ans rapport de la manière dont les Ducs
30 de Septembre p6i , Hugues mit tout en œuvre pour rentrer ii-,\nag. 61,7.
dans ce Siège, Il fe tint- à cet effet un Concile daivs le Dioccfe de
Meaux-fur-la-Marnc, oii préfida l'Archevêque de Sens , ailillé de'
douze Evêques des Provinces de' Reims ôc de Sens. La plupart
des Evêqucs opinèrent pour le rétabiiiTement de Hugues; nui*'
ceux de Laon Ôc de Châlons ayant reniontré qu'un hon-vme ex-
communié par tant d'Evêqucs , ne pouvoit être abfous par un
nombre moins conildérable, il fut convenu de confulter le faint;
Siège. La réponfe de Jean XIL ne fut point favorableà f îuaucs.
C'ell: pourquoi on donna pour fucceifeur à Artaud , Odalric qui ,
7^^ CONCILES
de porter cette réponfe au Pape, qui ne voulut ni recevoir la
juftiiication ni par ferment , ni par le duel. 11 fit même revenir à
Rome Adaibert afliegé par l'Empereur dans Monte- Feltro.
L'Empereur l'y fuivit mais le Pape ôc Adaibert informes de foa
;
Concile i!e
X L En Orient , les Empereurs Léon ôc Romain étant morts,
*^ie"cn"i'r' on reconnut Empereur, Nicephore Phocas, illuftreparles vie-
fo/7i.9,Co)L/. toires qu'il avoit remportces furies Sarraiins. Couronné par Ic'
DU DIXIEME SIECLE. 7^7
Patriarche Polyeu£te , le 1 5 d'Août del'an 96? , il époufa Theo-
phanie, veuve de Romain , le 20 de Septembre fuivanr. Le
Pattiarche n'approuva point ce mariage, tant parce que Nice-
phore n'avoit pas reçu la pénitence des fécondes noces , qae
parce qu'on difoit que Nicephore avoir levé des Fonts de Bap-
tême un enfant de l'heophanie. Il voulut môme l'obliger à quitter
fa femme , réfolu en cas de refus , de lui interdire l'entrée de
l'Egiife. Niccpliore alfembia les Evcques qui fc trouvoient à
ConOantinopIc , &
plulieurs Sénateurs. L'aifaire fut difcutée.
Le Cefar Bardas afiura que l'Empereur fon (ils n'avoit été Parein
d'aucun des enfans de Theophanic. Stylien , que l'on faifoit
auteur du bruit contraire ,
jura qu'il n'avoit rien oiii-dire de fem-
blable. Ainfi le Concile laiffa fubfifter le mariage, ôc donna à
Nicepl.ore des Lettres d'abfolution.
X 1 I. Le Pape Jean XII. rappelle à Rome par les Romains , „
^
Concile de
D U T) I X I E M E s I E C L E. 7^<,
Léon avec bâton pafloral qu'il tenoit en main. Le Pape brifa
le
le bâton , fit afTeoir Benoît à terre , lui ota la Chafuble ôc l'Eto'.c ,
& le déclara privé de tout honneur du Pontificat. Néanmoins
en confidération de l'Empereur , qui n'avoit pu voir toute cette
procédure fans verfer des larmes il lui permit de garder l'Ordre
,
Lci>: d'Ed- XlX.On rapporte à'Fan;) 671111grand recueil deLoix faites par
fud.^mty'.èlo. ^^ '^°^ Edgar; mais peut êtrefurent-eiies ie fruit de la pénitence
quefaintDuniian iuiimpola pour avoir ahufc d'une iiiie deltinée
à l'état Religieux. Ce Prince fe fournit avec humilité à cette
pénitence, qui fut de fept ans, pendant lefqueis il jeûnoit deux
jours de la femaine , faifoit de grandes aumônes, & ne portoit
point de couronne. 11 fonda auili, par l'ordre de l'Archevêque,
un Monaftere de filles , afin de rendre à Dieu piulieurs Vierges ,
au lieu d'une qu'il lui avoit enlevée. Ses Loix font didribuées
fous divers titres; mais en général elles ont pour but le règle-
&
ment des mœurs , le rétabiifiement deladifjiplinede l'Eglife.
fa^.6%\. Nous donnerons ici les plus remarquables. Chacun payera la
Num. j. dixme des animaux avant la Pentecôte des grains , avant i'Equi-
;
Num.it,, 1%. ponde; & ne pourra dire que trois Méfies, au plus, en un jour.
Num. -T- O" ne recevra l'Eucliariflie qu'à jeun, linon en cas de maladie.
Num. II-. Lé Prêtre la confervera pour les befoins; mais il aura foin de la
Niim..i'i cenouveller, de peur qu'elle ne fe corrompe. Dans ce cas, il la
brûlera, en mettra les cendres fous l'Autel, ôc fera pénitence de.
DU DIXIEME SIECLE. 771
fa faute. Il ne célébrera pas la Mcffe fans avoir tout ce qui eft Num. j?.
ncceflaire pour l'Eucharillie , une obiation pure , du vin pur , de
i'eau pure, il ne confacrera que dans un Calice de fonte, & non .\'/m. 4t.
de bois. Onnechanrera pas a MeiTe fans luminaire. Le Peuple
i 41. A":;.-.-.
E
E e e c ij
772
ne l'ait pas exécuté
CONCILES
, eil condamné à trois ans de ieûne, un aa
pain &à Tcau jlesdcux autres au jugeaiv.'nt de (on Confeileur.
Nwn. ic. L'aduitere clt puni de feptans de jtunc
donc les trois pre.iiiers
,
Num. 3.;. ^^^ p^i,-j 5j; ^ 1 eau. Celui qui n'en a eu que
la volonté , fans l'exé-
cuter , jeûnera trois Carêmes au pain &
à l'eau ; un en Eté , un
Aum. 3 s. en Automne , le troihéme en H y ver. Trois années de jeûne pour
une pollution volontaire , ôc quaratue jours de jeûne au pain & à
l'eau chaque année avec abiîinence de viande pendant les trois
ans, excepté leDimanciîe. On injpofe auiii trois ans de jeûne à
celui qui, dans le lonimei! , a étouiiéiou enfant. Si! arrive qu'un
tnlant inaiadc meure iaiis Baptême , &. que ce loit de la faute du
Prêtre j il perdra fon grade iic'eiidelafautç des amis , i.s jeûne-
;
ront trois ans au pain 6c à Teau. Orr peut juger par ces exemples ,
de la rigueur de la difcipiinc en Augleterre Lus le règne d'Ed-
gar & l'épifccpat de (aint Duniîan.
,
hoiflbn qui pût enyvrer. Quoiqu'il allât à tous les lieux de dévo-
tion , il n'cnrroit pas dans les Eglifes. Il confeifoit fes péchés,
en demandoit le pardon , &
les déteiloit avec de grandes mar-
tous les Chanoines , les Prêtres , les Diacres les Soudiacres & ihid.pa1.690,
garderoient la continence ou quitteroient leurs Eglifes. On'com-
• mit 1" exécution de ce Décret àfaint Dunfian, ôc a ix deux Eve-
EEeee iij
,
-774'
<jues
CONCILE S
nofnmes par le Roi. Celui de Vorcheflre fit bâtir un grand
nombre de Monafteres dans fon Diocèfe , y mit des Moines
arec un Abbé, à qui il confia le foin desEglifes , après en avoir
chaffé les Prêtres féculiers. L'Evêque de Vincheftre en fit de
même, & ces deux Evêques furent avec faint Dunflan les reflau-
rateurs de la difcipline monaftique en Angleterre. Quelques-uns
des Prêtres qu'on avoir chafTés prirent l'habit monaftique, réfolus
de vivre à l'avenir d'une manière plus réglée mais n e'tant point
;
nication.
Ccmcile de XXV11 1. Il ne refte Rome en p 6$ , que la
du Concile de
'Romecngf?, Archevêque de Bene-
Lettre du Pape Jean XIII. à Landulfe ,
DU DIX I E IM E S I E C L E. 77?
rtaftereà Moufon, par A dalbcron Archevêque de Reims, en
, Tardenois
faint Udalric , Evcque d'AuiLourg, y fut invité , ôc qu'on lui fit ^u. '^
•'
"''^"^*
Albert, E\êque de Bologne, &
Ubert , Evêque de Parme, au ii^i.
fujet de certaines terres qu'ils prétendoient l'un &
l'autre devoir
leur appartenir. L'affaire fut décidée au gré des Parties, ôc on mit-
une r.niende de cent livres d'or, à celui des deux qui refuferorc-'
d'exécuter la Sentence du Concile. Honeftus , Archevêque de^
Ravenne, vpréfida.
XXXIV. Il affembla la même année 5175 un Concile à Concile cfe
77^ CONCILES
Evêques , trois Abbés 6c trois Duc;. En parlant 6e la Mainte
trois
Vierge on a afte£lé de lui donner en caractères Grecs le titre de
,
Concile
Conftantino-
c!e X X X V I. A Conftantinople Bafilc Scamandrin , qui avoit
f^ccedé à Polveudc dans le Siège
» Patriarchal de cette Ville en
pie en 97t , / , c c A
.
l
'
ibid.pag.7%0. P70 , ayant ete acculo de queique crime rut depoie dans un
,
778 CONCILES
fon fucceffcur le Moine Ochtrie , homme de grande r^putatîof^
pour fon fçavoir, ôc ils en donnèrent avis à l'Empereur Utton-
par des Députés. Gifiler qui étoit alors avec ce Prince- en Italie ^
lui demanda pour lui-même cet Archevêché^ & il l'obtint avant
ceux qui ont rompu les portes d'une Eglife, 6c en ont enlevé
quelque chofe. Le fécond frappe de la même cenfure ceux qui
auront volé à un Laboureur , ou à quelque pauvre une brebis ,
<un bœuf , ou quelques autres beftiaux. Le troifiéme défend l en-
trée de l'Eglifeà quiconque aura frappé , ou pris un Prêtre , un
Diacre , ôc tout autre Clerc trouvé fans armes. Tous ces ana-
ïhêmes dévoient durer jufqu'à ce que le coupable eût fait fati-s-
îfadion.
XLVII. Après la mort d'Adalberon , Archevêque de Concile de
''^'=™»<^"^^^»
Reims , Evêques de la Province s'aflemblerent pour lui don-
les
ner unfuccedeur. Les fuffrages fe réunirent en faveur d'Arnoul.
L'éledion fe fit du confentement des Rois Hugues Capet &
Robert. L'Elu leur prêta ferment de fidélité. Fils naturel du Roi
Lothaire, ilétoit neveu du Prince Charles. Celui-ci s'empara de
la Ville de Reims , & emmena prifonnier le nouvel Arche-
vêque, qu'on foupçonna d'avoir livré la Ville à fon oncle , & de
s'êtretait prendre exprès pour couvrir fa trahifon. Arnoul, pour P?^. rjr.
fe purger de ce foupçon , publia une excommunication contre
ceux qui avoient pillé l'Eglife ÔC la Ville de Reims, jufqu'à ce
qu'ils euifent reftitué le tout.
XL VIII. A fon imitation les Evêques de fa Province affem- Concile 4e
78o C O N C r L E S
les Eglifcs de Reims ôc de Laon , qui avoient auflî été pillées , Ôê.
anathême contre le Prêtre Adalger , accufé d'avoir livré la Villo
de Reims ; &
contre tous les complices , jufqu'à ce qu'ila
fc foumilTent à la pénitence. Ils envoyèrent leur Décret aux
Evéques des autres Provinces. Arnoul , en obligeant dans le fiea
les pillansà reftitution , en avoit excepté le boire ôc le manger;
les Evêques du Concile de Scnlis ne 1 exceptèrent pas.
Concile de XLIX. On a parlé dans l'article d'Arnoul, Ëvêque d'Or^
leans, des a6tes du Concile tenu dans l'Abbaye de Taint Balle
fblP^^'^^^l'
proche de Reims. Le Roi Hugues mécontent d'Arnoul , Archcr
vêque de cette Ville, le fit juger canoniquement par les Evoques
de la Province. Ils étoient treize en tout , fix de la Province de
Reims , trois de celle de Sens , trois de celle de Lyon , ôc
Dabert , Archevêque de Bourges. Seguin , Archevêque de Sens ,
préfida au Concile^ comme le plus ancien. On fit venir Arnoul. Il
convint qu'il avoit manqué de fidélité au Roi, renonça al'Epit-
copat. ôc demanda pardon publiquement,, fe déclarant indigne
du Sacerdoce. Sur cela il tut dépofé, ôc on élut à fa place Gerr
bert, Abbéd'Aurillac. On dépoia aulîi le Prêtre Adalger , ôc on
renouvclla l'auathême contre tous ceux qui avoient livré la Ville
de Reims au Prince Charles. Les actes de ce Concile ont été
imprimés féparément à Francfort en i5oo , ôc réimprimés ea
Tom. ',,-pa.g- partie dans le quatrième tome du Recueil d'André
Duchefne,
ôc dans le dixième tome des Annalles de Baronius. Les Pères
LabbeôcHardouin n'ont publié quele Libelle delà renonciation
d'Arnoul, l'acle de l'élettion de Gerbert , ôc fa profeifion de
foi. Il y a dans les ades du Concile une Lettre du Roi Hugues
lom. 4 ^'^^"
copal.
«4».
Concile de L. Gerbert ne pasde.l'occupier pendant 'quelque tems."
laifla
au nombre des Saints , vingt ans après fa mort. Il s'étoit fait de- '^"^•F'i'74«.-
nous a donné la vie & les miracles de faint Udalric remarque (^)
que le terme de canonïfaûon n'étoit point encore en ufage lorf»
que lePape Jean fit cette cérémonie. On peut confulteriur les
canonifationsfolemnelles la diflertation du Père Papebrock , à la
tête du premier (c) tome des Actes des Saints du- aïois de
Mai.
LU. Le même Pape Jean XV. fit indiquer par Léon, fon Concile de
^^^*
Archevêque de Trêves , y ailifta avec les Evêques de Verdun ,
de Liège &. de Munder , &
plufieurs Abbés. Godefroi , Duc de
Lorraine,s'y trouva auili accompagné de quelques Laïcs. Aymon
de Verdun ouvrit la féancepar un difcours en Gaulois , ou Latin
vulgaire , où il expofa les raifons que le Pape avoit eues d'aiTcm»
bler le Concile puis il ouvrit une Bulle de ce Pape fcellée en
;
FF-fff iijj
7S2
fortirf nt cie
CONCISES
raflemblée avec le Duc de Lorraine , & après avoir
conféré enfemble , ils rentrèrent , 6c indiquèrent un Concile à
Reims pour le premier jour de Juillet. On alloit feféparer lorf-
'^^^'
Gerbertfe retira auprès de l'Empereur Otton III. qui le fit Ar- y^^l
chevôque de Ravenne. Le premier de Mai de l'an pjiS il tint un
Concile en cette Ville avec neuf de fesSuffragans, où il (it trois
Canons. Par le premier, il abolit l'abus qui s'étoit introduit. Cm. t..
qu'un Soùdiacre vendoit à l'Evêque le jour de fa confécration
l'hoftie qu'il recevoit en cette cérémonie. On défendit aulîi aux
Archi-Prêtres de vendre le faint Chrême. Le fécond ordonne Cm. %.
aux mêmes Archi-Prôtres de payer chaque année le jour de la
Fête de faint Vital, aux Soùdiacres de Ravenne , deux fois de
cens. On renouvella dans le troifiéme la défenfe faite par les Cw. j..
anciens Canons de confacrer un Oratoire ou une Eglife dans un
Dioccfe étranger , fans la permiffion de l'Evêque Diocèfain ; de
recevoir , de pro-mouvoir , ôc de retenir quelqu'un d'un autre
Diocèfe , fans Lettres formées de fon Evêqne ôc de ne conférer ;
les Ordres qu'à ceux qui en feroient jugés dignes par leur
fçavoir , leurs bonnes mœurs , ôc qui auroient l'âge prefcrit par
les Loix de l'Eglife. On y ajouta la défenfe de rien exiger pour
lies fépultures. Les collections des Conciles mettent celui de
(a) Eft etenim talis Dynaftia Teuto- i nimis CJeri Procf riimque voluntas. Guil-
tricorum ut nuUus reenat fuper I lAnnis Brifo , lïb. 4, verf. 173. Voyez
illoî nifi priùs illum cligat una- | le Père Pngi , tom. 4 , p.Jg. 71 &'/wV
^§4 CONCILES
Denys en France. Mais il faut le mettre un an plutôt , 8c
faint
çn 9^6 ; la raifon en efl: , qu'Abbon de Fleuri n'écrivit fon apo-
logie qu'après la tenue de ,ce Concile , ôc qu'il l'adreda au Roi
Hugues , qui mourut le 24. d'0£lobre pp5. Il fut queftion dans
ee Concile d oter les dixmes aux Laïcs ôc aux Moines , pour
les rendre aux Evêques. L'Abbé Abbon s'y oppofa. Il s'excita
dans le Monaftcre de faint Denys une fédition contre les
Evêques , qui furent contraints de fe retirer fans avoir riea
décide.
Concile de LVIII. L'Empereur Otton III. informé de la conduite
^^^ Sénateur Crefcence avoit tenue envers Grégoire V.
^^
^wTffe"?;!'
partit pour l'Italie ,& ayant trouvé ce Pape à Pavie , il le recon-
duifit à Rome , d'où l'Antipape Jean XVI.. s'enfuit aulTitôt.
Quelque tems après , & comme l'on croit en pp 8 , Grégoire V.
tint en préfence de ce Prince un Concile à Rome , où fe trou-
vèrent vingt-huit Evêques , entr'autres Gcrbert, Archevêque
de Ravenne. Des huit Canons que l'on y fit , il n'y en a point
X^an. I. qui ne regarde des affaires particulières. Il efl; dit dans le premier,
que le Roi Robert quittera Berte fa parente quil avoit époufée
contre les Loix ; qu'il fera pénitence ièpt ans , fuivant les dégrés
prefcrlts par l'Eglife ; 6c qu'en cas de refus de fa part , il fera
looi ou
,
j-appQrté par Glaber Rodulfe, Moine de faint Germain d'Au-
781. xerre,qui ecnvoit dans 1 onzième liecle. 11 y rut derenau aux
Glaber, Uè Evêques d'ordonner des jeûnes entre l'Afcenfion ôc la Pente-
î,cap.i,pcrs.
c^j-g^ excepté la veille de cette dernière Fête; mais on permit
Can.i. les jeûnes de dévotion. On y fît quelques plaintes contre les
Cm. 1. Moines, de ce qu'ils chantoient le Te Deum les Dimanches
d'Avent ôc de Carême , contre lufage de l'Eglife Romaine Et :
TSiura'. qu'elle fut écrite fur la fin du dixième fiécle. Elle efl adrciléc
JH-
,
GGggg ij
, , ,
788
TABLE
DES MATIERES
Contenues dans ce vingt-deuxième Volume.
DES MA T I E R E S. 78P
14S. Aiflions remarquables de ce faint Apges G-AxiliCns 40Î , ^4j
^
750
Archevêque de Reims , excommunie
TA BLE
ceux qui avoient pitié l'Egilie & la B
Ville de Reims , 77^. Le Roi Hueues
le tait canoniqiiement par les
ju^er
Evcques de la Province , 780. Anioul
BA H A N E s , Patrice , afllfte su hni-
ficme Concrle générai , 673 &• 674
eft dcpofé. Sa dépoiîiion annulée à Buprême. Dodrine de Robert PuUus fur
Rome , 780. Arnoul ell détenu dans ce Sacrement, ziz £r 285. Traité du
la Prifon d'Orléans par le Roi Hugues, Baptême contre un anonvine, atiribué à
78 z. Eft rétabli fur le Siège de Reims faint Bernard , 451 ^fuiv. Reyleniens
• par ordre du Pape Gret;oire V. 78? du Concile de Mnyence , ^66. De t.elui
ATckamb-iud, Sous-Doyen d'Orléans , tué.. de Paris fur ce Sacrement , 559 G" 600.
Son meurtrier excommunié au Concile Du tems ds faint Bernard on conferoii
de Jouarre, po encore le Baptême par la triple irnmer-
finhidacres des Evéques. Il leur eft dé- fîon , 447. Baptemep rinfulîon. Quand
fendu de faire fur les peuples des exac- intioduit en Angleterre, 58?
tions , 600 &- éot Baptême adminiftré par un Laie fous cette
Arméniens. Députation des Evéques d'Ar- forme : je îe baprifs au nom de Dieu &
ménie & de leur Patriarche au Pape de la vraie & fainte Croix , eft bon ft Ion
Eugène III. p8 faint Be rnard ,395. Défenfe aux Prêtres
^rniud dti BrefTe. Ses erreurs condamnées, de baptifer , (înon dans les Eglifes bap-
par le Concile de Latran ,365. Arnaud tifmales , excepte le cas de nccefllté ,.
fe retire à Zuric en Suiife , ibid. Portrait 611. De rebaptifer ceux qui ont été bap-
qu'en fait faint Bernard , ibid. G- 364. tilés au nom delà Trinité chez les Hé-
Vient à Rome , y excite le peuple Ro- réti>jues , 7 13
main à la révolte , 371 371 & Bardas excommunié par le Pi'-.risrche
Arnold , Abbé de Ronneval. Saint Bernard Ignace , le fait challer lui-mi.nie du
lui écrit 38 i Palais PatriarcV/al, 6^49
Armilpke , Evcque de Roclieûer , 61. Sa. Bajiie ( lEmpertur) envoyé des Députés
mortjrt^. Ses Ecrits, 6z (y fuiv. au Pape Adrien il. 671. Aftîfte à la fep-
Artaud Archevêque de Reims , eft obligé
, tiéme Seilion du huitième Concile gé-
de renoncera l'adminillration del'Ar- néral , 6$o
chey-cché , 755. Eft rétabli , 757 &< BaJile Scamandrin , Patriarche de Conf^
DES MA T
fon maître des reproches qu'on
I
moui
E R E
de temps ;les
S.
Sermons
7p»
des Saints
jnftifier ;
75>2 T AE L E
blique , f 94. Loi Je Ken? th , Roi d'E- Charles le Chauve fe fait couronner Roi
co: e, contre les B:2(phémateurs , é ii de Lorraine à Metz ; la mort 70^
Bofm , Duc
lie Lombardie , le fait élire Charles , fils de Louis le Bègue , proclamé
Roi Piovence,
dt 710 &facréRoi, 731
Br;roi's. (Quatre Evêques Breton^ fimo- Chartreux. Leurs anciens u(âges écrits par
niaqt-fs lont obligés de rCDoncer à leurs leBienheureux Guiges , 13Î &• fuiv..
Sicçes , 630 Aufteritc des Chartreux , ju
. Brunon fils d'Engelbert , cli'i Archevêque
, Cheveux. Il étoit dufage chez les anciens
de Cologne ,conrulte S. Bernard ,533 de fe couper volontairement quelques
Bulgares. Conférence à Conflantinople cheveux pour attefter la vérité de leur
pour f^avoir à quelle Egiife cette Nation parole, lo
îèroit (buinife , éSp &- 690 Chrt'rrie ( le faint)gardé fous la clef , ^é^
Bunhard , premier Abbé de Balerne dans Ckn'me, (le faint) Défcnfe aux Archi-
le Dioicl'e de Befarçon , «52 prétres de le vendre, 785. Il eft or-
Burgordion , Jurifconfulte & Citoyen de donné aux Prêtres de le conferver fous
Pife traduit pluiïeurs Etrits des Peies la clef, 7i3
Grecs
,
C
m . Cïm;tiere. L'on n'inhumoit pas dans le
Cmctiere commun les Fidèles les en-
fans morts fans E.iptc me, 279
CAlicf. Défcnfe de célébrer les faints Circoncifion. Elle ne remettoit que le péché
Mylteres dans des calices ou patènes or.ginel, 183 , 4-}^
de bois ; de conlacrer le vin fans eau , Clainaux. Abbaye ; fâ fondation, 31P,
734. Il ert ordonné de mettre dans le PriviUge accordé à ce Mor.allere parle
calice deux tiers de vin & un tiers d'er.u Pppe InnocentlI. ;84
734 Clarius , Moi.ie de faint Pierre-le-Vif. Sa
Cancnifiticn des Saints. Elle ne fe devoir chronique, 66
faire régulièrement que dans les Con- Clercs ou Chanoines Réculiers. Les Moi-
ciles généraux, lOî nes ne leur font po nt inléneufS. Preuves
Canonifanon. Premier ade autentique de de ce fentiment, 171. Rétjlemens pour
la canonifation df s Saints 78 r. les Clercs, 549, fy? îy ?9J. Clercs
CaTloman 'àh du Roi Charle?. Son père
., var^abonds leur licence réprimée, 6oi.
;
ert mis en pril'on à Senlis j iFid. ert dé- Moines, 504. Livre Je faint Berni:rJ
pofé du Diaconat, & réduit à la Com- de la réforme des CUercs , 4''3
munion laioue , 6»7 Clercs. Reglemens du Concile d'Aurtjoir»
Carte ou charte de chr.rité. Conftitution touchant la conduite des Clercs ,7616'
de l'Ordre de Citeaux ; ce qu'elle con- 763
tient , Î4 5 îî j Editions qu'on en a Cluni, Le Pape Innocent II. dédie la nou-
faites, îî velle Egiife ,9 1. Confirme tous les pri-
C*2iJat& continence des Clercs ,31,187,- vilèges accordés à Cluni parfesprédc-
671 celîeurs , ibïd. Le Pape Liicius II. con-
Champeaux ( Guillaume de ) abandonne firme tous les biens donnés à cette Ab-
fa chaire de phiJofophie , fe retire dans baye , &c. 94. Saint Bernard fait l'éloge
la Chapelle de faint Vi<Sor, hors des de Cluni, 416. Pratiques de cet Ordre
murs de Paris i f - repréhenfibles félon le même Saint ,418
Chanoines. Règle d'Aix-la-Chapelle pour 41?
0-
les Chanoines, ^j^^fuiv. Reniement Cluni. Fondation de ce Monaftere, 74*
du Concile de Mayence, î6(;. Décret du &'74^
Concile de Reims pour les Chanoi- Son origine ,
Co//af ton. 587 &• 588
nos , (99 Communion, Il eft ordonné aux Pntres da
Ckanoineffes. Reele d'Aix-h-Chapelle communier de ieuis propr..'s mains les
pour Chanoinefles ,
les 58 1 Êr fidv. Laïcs des deux fexes, &c. 718
Cluvles , ou C.harlemagne. Son iroiftme Communion ou alfociatiens de pnercj
voyage à )>onie, 547. Son dittcrcnd établies dans les Monafteres , 4*7 6*
D E s M A T ï ER E S. i^^'
Mans, ip. Lettre i\c Ibint Jiernar.l fur duContiiedc Savonierfs atix Fvtqu-es
la Fcte de la Conception , ^^«i&'jî/ de Bret,ii;iie. Canons du Concile de
Conciks de Vormes ; d'inçelheim , 547. Langres, ^52. Su:te du Concile de
De Narbonne ; d'Acclecli ; de Finien- Savonieres, 6<!x. Conciles de Conftan-
hnlle ; de Frioul , 548. (fanons du tinopie, 653. De Sifteron ; d'Aix-!a-
Concile de Frioul, Ç49 fuiv. Con- ^ <;iiapelle, 654. De Coblents , 65j.De
ciles de Ratilbonne ; de Francfort ,^51 Toufv , 6^6. De Conftantinopie, 6^7
ù'fuii'. D'Angleterre, j^^. De Rome , ù' ('S. De Rome ; de Sens , 650. Con-
îî6.D'Urgei;d'Aix-l.i-L.hapelle, 557. ciles de Piftes ; de Soiftbns ; de Kome
,
De Rome , y 5 8. De Clolveliou , 5î9 ; r.i^o. D'Aix-la-Chapelle ,66t. Oe Su-
d'Altino ; d'Aix InCliapcl e , y6o ; de bloniercs ; de Rome , (-ûi. De Metz
^
Conftantinopie ; de Sahbourg, j6i ; 663. De Senlis ; d'Arménie; d'Aqui-
d'Aix-la Chapelle d'Arles , ySj &•
; taine ; de Verberie, 664. Conciles de
fuiv. de MayencP, 566 de Reims , 568;
; Rome, 66^ù'666. De SoilFons , iJif/,
de Tours, 5(î!> ; de Châlons-lur-Saône , Concile de Conftantinopie , 667. De
J7 '.Cap^tulairede Cliarlemagne , 574. Troyes , 668. Conciles de Rome de ;
75^ T A B LE
biiifement Je Photîu) ,710. Première d'Angleterre , 775. DeConftantinopIff}
738 & fuiv. De Ravenne 741 ù'fuh. , Î74. Sentimem de laint Bernard fur la
De Latran , 745. Conciles de Saint confefllon, 421 , 423 , 447 tj" 448-
Oyan; de Narbonne;de Vienne 744. ,
Conjîr /nation. Il appartient à l'Evcque fe.ul
754, Concile de Soillons , ibld. Sta- jcttée coninie une pièce fuppolée & hé-
D E S M A T I E R E
animaux
S.
L'exemption des liiAin .'s
7^?
lîté, i , 7 1 H .
l
Crffcfncf (le Sénateur) chafle de Rome accordée à l'Ordre de Citiaux caiife de
le Pape Gret^oire V. Il cft excommunié grands différends entre cet Ordre &
dans le Concile de Pavie , 783 celui de Cluni 481 &- 48 j
Croix. Guillaume , Patri.uclie de Jcrufa- Dixmes. Défenfe au Seigneur Laïc de
lem , fait prcfent à (aint KernarJ d'un prendre aucune portion des dixmes de
morceau «Je la vraie Croix , 357. On fon Eglife , c'eft-à-dire de celle dont il
dit qu'on montre encore à Clairvau<
le eft Patron , 727. Règlement du Concile
ibid. Dans TOrdre Je Cluni on prclen- de Tribur touchant les dixmes Si le»
toit aux malades la Croix pour l'adorer, oblations ,754. Des Conciles de Nan-
5 14. Les Petrobuiiens brûlent les Croix, tes , 737 &dc Coblents, 750. En quel
506, Culte de la Croix ; ce n'eft pas la tems on doit payer la dixme , 770
Croix mais Dieu qu'on adore en elle ,
; Donat , Evcque d Ollie , Légat du Pape
on y adore Jefus-Chrift comme y étant au huitième Concile général, 67^
attaché. 507. Croifade des SaKons con- Donations faites à l'Eglife des biens acquis
tre les Sclaves , ^roG-îii injuflement , font nulles, ^69
ÇroJJ'e ou bâton paftoral. Le droit de Dot. La dot des Egliles ne doit point de-
porter la croiïe n'appartient qu'aux meurer au pouvoir des Fondateurs ,
Eveques & aux Supérieurs des Moines. mais des Eveques , 71*
Sentiment de l'Abbé Rupert, 114 Drofron , Evéque de Metz , Archicimpp' 1-
Cunon , Abbé de Sibourg , puis Evcque Je lain de l'Empereur Lothaite , veut f«
Ratilbonne. L'Abbé Rupert lui déJie faire reconnoitre Vicaire Apoftoiiq' e
plufieurs de Tes Ouvrage^ , 1J4 &- 1 j 1 dans le Royaume de Charles , 618
Dude , Religieufe , s'abandonne à un
D Prêtre; elle eft coudaninée au Concile
de Douzi 6^3
DAmascï Traduftion
NE. (faint Jesn ) Diinjliin (laint) Archevêque de Cantor-
latine de fes Livres , intitulés de la beri , met le Roi Edgar en pénitence ,
Foi orthodoxe, 101 770. Tient un Concile général en An-
Dédicaces des Lglifes. Indulgences accor- gleterre, 773. Fermeté de faint Dunf-
dées en ces (blemnités 30 tan , 774, Il préllde au Concile de
Denis Cfaint) l'Aréopagite a été Evéque Vincheftrc, 77^
de Corinthe félon le vénérable Bede ,
170, 171. Hiftoire de la Dédicace de
faint Denis, & de la Tranflation des
Reliques rie ce faint Martyr & de faint
Ruftique & faint Ekutliere fes Compa-
EB B
pofé
oN
& rétabli
, Archevêque de Reims
,
, dc-
Concile de Frioul, 551, Le Concile en faveur des Moines , 7(9, Son péché;
de Rouen ordonne de paver exade- fa pénitence ; fes Lo'x , 770
iDcm la dixtuc , tant des fruits que des Edgar fait confirmer dans un Concile de
HHhhh ij
, , ,,
75«
Londres donations au Monaftere de
Ces
TA BLE porte à lui pour l'éleftion d'un Pape,
Glaffemburi , 774. Sa mort, 77e
Edmond , Roi d'Angleterre , 75 f. Ses EJlienne , Evéque de Nepi , Légat du Pape
. du Fils, 3 '4, Î49- Réponfe aux obicc- d'Alger , Diacre & Sciiolafiique de
/. lions des Grecs contre Iss Latins, tou- Liège, H6 ù-fuiv. de Guillaume, Abbé
; chant la proccHîon eu Saint-Efprit, de S. Thierri , 171 &• lulv. ce l'Abbé
t' 313. On reproche à l'Abbé Rupert d'a- Ruppert, IIP Er'/iiiV. d'Erafme , 1*^4;
. voir dit que le Saint-Elprit s'étoit in- de Robert Pullus , 180, 289 ; d An-
carné dans le fcin de la laime Vierge , lelme , Evcque d'Haveiburg , 3 14 de ;
131. Rupert s'en juftifie , ibid. Confé- faint Kernard , 447 ; 461 &• 463 ; de
rence des François avec le Pape fur Pierre le Vénérable, 508 joji, L'u- &
ladditian. fiioque , ^<j façe général de l'Eglile eft de recevoir
Efliinva. Conc'ie en i tjo où Saint Ber- l'Euchanitii' avant tout autre aliment,
oaid eft :ippe-.é , 311. On s'en rap- 53. Jefu»-Chrift la donna i Judut com-
, ,, , , 71
D E s M A T I E R E S. 7P7
fnc aux autres Apùtrcs , 46. L'ulai,'e de Eugent , Evcque
Légat au Concile de
,
publique , & à ceux qui mènent une vie d'ufage de la donner aux moribonds
honteufe , 1.90. Euchariftie donnée aux avant le Viatique du Corps de Notre-
enfans , 570. Les Laies obligés de com- Seigneur , 509 , 457, 474, 485'.
munier au moins trois fois l'an , 570. Pourquoi on réiteroit l'onction de»
Règle du Concile de Chàions, 575 Zf malades 45
î74,Euchariftie confervéedans l'Eglife, F
^584
Eucharijli;.
finon en cas de
Elle doit être reçue à
maladie, 770. Etre
jei'in ,
FA F.ilcon
I D E.
,
Droit de vengeance ,
Archidiacre de Lyon ,
574
en eft
conlervce pour les bc!oirs ,& renou- élu Archevêque , jjç
vellce de peur qu'elle ne fe corrompe , Fe/i.>r, tivêque d'Lfrgel convaincu d'erreur
770. Les Prttres doivent la porter aux au Concile de Ra'iîbonr.e , ^ç i. L'ab-
Malades, 771 jure à Rome , ihid Le i' ne I.con III.
Evtqucs. Ilsfont les \'icaires de Jefus- prononce d-.^rti un Concile tenu à Rome
Chrift , 400. Traité des moeurs & des la Sentence d'exconinu;nic;'.tion contre
devoirs des Evcques, 406 &- fuiv. Ils Félix , ÎÎ7. Félix renonce à fon erreur,
doivent être élus par le Clergé &c le & eft dépofé de rEpiC opat ç ç
Peuple, & pris dans le Dioccfe même, Femmes. Défenfc aux Prctres & aux Dia-
590. R»glcmens pour les Evêques , des cres d'en avoir chez eux , 78e
Conciles de Rome, ^95 des Conciles ; Fêtes d'obligation félon le Concile de
de Paris , 600 ; de Pavic , (•!,<., 701. Mayence , 567 &- y68
Les Evcques font tenus de (e faire con- Flaosllarhns volontaires , ou impofces par
facrer dans trois mois , 704. Il leur eft Ulâge nouveau ,
le Prêtre. zS6
défenju de palier d une moindre Eglife Ft'tes des douze iVpôtres célébrées avec
a une plus conlîdérable , 708. Dans les folemnité, 7^5
Eglifcs d'Orient on ne permettoit ja- Florent Bravon , Moine Anglois. Ses
miis que des Evcques devenus Moines Ecrits, 77
repriiî'ent leurs premières fondion» Foi. Néceffité de la Foi en Jefus-Chrifl
714 pour être lauvé, it"- &' 17. La Foi divine
_ _
Evétjuf. Ilne peut être dépofé que par eft fans mérite, des que la raifon lui
douze Eveqiies ; un Prêtre par lîx , & fournit des pretivPs , 360
un Diacre par trois, 7j4. Audience Fonds des EgJiles & des Monaileres. Dé-
de l'Evcque prcférte à celle du Comie ,
fenfc aux Evêqi e; , aux Abbés & aux
73?. Funérailles d'un Evcque, 74'i ALbfires de les aliéner , jïj
Eu^enf Pape , 197. Saint Bernard
III. Fontenaj. Monaftcre dans le Dioccfe
écrit aux Cardinaux fur cette éledion , d'Autun 310
^8. Le Pape reçoit à Viterbe les Dé- Formofe , Pape , condamne par Etienne
putés d'Arménie ; retourne à Rome; VI. 738. Son corps exhumé & traité
palfe en France , 99. Tient un Concile indignement , ibid. Remis en la Icpul-
à Paris , ibid. Va à Verdun puis à ; ture des Papes, 739. La et ndamnation
Trêves, 100. Préfide au Concile de de Formofe calice. Ses ordination»
Reims ; ailifte au Chapitre pénéral de confirmées. Les ades du Concil- d'E-
^-!te2ux , iticL Retourne à Rome ; fi tienne contre Formofe jettes au feu, 740
mort ; fes Lettres ,101 Z;'fuiv. Autres FcuJi r , fécond .archevêque Latin de T\ r,
Lettres d'E'agcne III. 1 07 &• /ii.r.
HHhhh iij
A
, , ,, , , , , ,
7p8 T A B LE
foulques , Archevêque de Reims , fait pro- Concile de Paris contre Gilbert , ibid.
clamer Roi le jeune Prince Charles , Ses erreurs ,ibid. 19^- Cond.'mnées &
fils de Louis le Bègue, 751. Le Concile au Concile de Reims, i<P4 Êf 15Ç. Ecrits
de Troflé renouvelle la Sentence d'ex- de Gilbert , ilid. Remarques fur (es
communication contre les meurtriers ouvrages , iii/f, C" 196. Lettie de Gil-
de Foulques , 747 t> 748 bert fur l'Euchariftie ,
ipâ
Francon , Abbé d'Affighen , 157. Ses Gilbert , Archevêque de Tours. Sa mort ,
écrits, ibid. G- 15*8. Ce qu'ils contien- 14
nent , ibid. Ses Lettres , i,çS G' 199 Gilbert , Evéque de Londres Ses , 80
Frédéric , (u.rnommé Barbe-rouiFe , ciû Ecrits, Si
Empertir & couronné à Aix-la-Cha- Gilbert , Evéque de Limeric en Hibernie.
pelh ,533. Reçoit ces mains du Papa Ses Ecrits , S i
la Couronne impcriale , Ç37 Cilleben de Hoillande. Son Commentaire
Frotiire , Archevêque de Bourdeaux , fur le C^antique des Cantiques , 451.
transféré à Poitiers , puis à Bourges , Ses autres Ecrits 4jj
708 Glaive. En quel fens faint Bernard dit
Frotairi Evcque de Toul, ^77. Het-.i
, que les deux glaives , le matériel & le
Archevêque de Trêves lui écrit , 584 fpirituel , appartiennent à l'Eglife
Frcvin, Abbé du Mont des Anges. Ses 40+
Ecrits 56 Gifiler Evéque de Merfbourg , transféré
,
GA L F R E D E , ou Geofroi-le-Gros ,
Moine de Tiron , é>.rit la vie de Ber-
Archevêché par de mauvaifes voyes
'778
,
Geojfvn , Prieur de Cl.rirvaux , élu Evcque Concile de Maycnce , fi9 & dans ;
ckfîaftiques
T s des Clercs
& les
, 30. Les Iic-
Moines doivent
Livres. Sa mort, 13?. Ses écrits. Son s'habiller dans toutes les Provinces fut-
Recueil deo Ufiijes & des Statuts de fon vant leur état éC/
Ordre, 135 ir[\Àv. Autres ouvrages de Hublhourg. Généalo-;ie des Comtrs de
Guides ; un Livre de méditations, 138. fiablbourg, 559. Elle n'eft pas exacte ,
La vie ài laint Hurues, Fveque de Gre- 541 £/ ^41
noble ; une Lettre ou Traité aux Frères Kiimeric , Cardinal, Chancelier du Saint
du Mont-D'.cu , 139 & juir. Lettres di; Siège, 354. Saint l'rma.rd lui écrit en
Guiges , 141, 141. Oi vraies qui lui faveur de rEglifë d'Orléans opprimée
l'ont attribués, 141, î94&*i9Jj 454 î dans plulîeurs de fes Clercs , 3;4. Hu-
45 ^. Ses Lettres , 41 gues de Toubigni & l'Ab'kié de Clair-
GuUUiwne IX. Duc d'Aqurtaine , Chef des veaux lui écrivent conjointement une
Scliilmatiques ,
jij. Converti parfaint lettre, 381. Saint Bernard lui adreife'
Bernard, 3:4 fon Traité de l'Amour de Dieu , 414,-
GuiUaumi de Malmefburi ou de Somerfet. Mort d'Haimcrie , 41^
Ses Ecrits , 14 :;. Son HiiloJre des Ro-is Hariulf; , Moine de Saint Riquicr , écrit'
d'Angleterre, ibid. Ce qu elle contient la vie d'Angilbtrt, 60, Ses autres écrits.
i44C-fu.'i'. Autres ouvrages de Guil- iHd.
laume. Les geûrsdcs Kvcques d'Angle- HiTTold, Roi de DannemarCp embraflè la
terre , 146 & fuh'. Les vies de faint Religion Qirétlenm* 4
Wlfran , de faint -Adelme , 148 , 149. Heloijje cfouk d'AbaiUard, 156. Se re-
Autres écrits ce Guillaume ; ceux qui tire à .Argenteuil , 15p. Abaillard lui
n'ont pas encore été imprimés, 149 &* offre le Paraclet, où elle fe retire , ibid^
lîo. Jugement de (et écrits , 150 Pierre , Abbé de Chmi , hii écrit la
Guillaume, Abbé de faint Thierry , écrie mort d'AbaiUard, 16&, Lettres d'He-
la vie de ftint Bernard , 459 loitre.T Abaillard, réi, 163, i(;4, 16 y.
Guillaume neveu d'Ertienne , Roi d'An-
, Règle d'HeloilFe, i?9 ;ce qu'elle con-
gleterre eil clù Archevêque d'^orck, tient de remarçupble , 190. Ji:gement
369. Saint Bernard écrit au Pape Inno- des écrits d'Heloiilè , lyi. Sa mort,
cent, & au Pape Celeftin II. contre cet ilid. Hugues Metellus relevé fes vertusi
Archevêque, Jf'? &: fon f(,avoir , 119
Çuillaume, Abbé de faiiu Thierri , 167. Henri, Archevêque dp Trêves , 584
Ses liai'cnsavec lairu Bernard ; il quitte Henri de CoiHi , neveu du Rci Eftienne ,
PAbba^e de faint Thierri & fe retire à élu Archevêque d'Yorck. Le Pape In-
Signi, liS. Sa mort, ibid. Catalogue nocent II. reiufe de recevoir fon élec-
de fes Ecrits, :68.0i<!g. Ses ouvrages tion , 3^8
de pieté , z6v îf 170. Sa Lettre à Henri (f.iint) Empereur, eanonifc,' 101
Geofroi de Chinrcs. Son Traité contre Henri de Lorraine , Evêque ce Toul , zx9
îes erreu's de Guillaume de Conches Henri de Hungtin^jwn ; fes écrits i fon
17 !Son Commentaire fur le Cantique
. hiftoire des Anglois, Sic. ifi^MS
des Cantiqi.es , ihià, if 17». Autres Henri ^ Héréti<iue , Difciple de Pieircii*
, ,, .,
ioo
hriiisprêche nu Mans Se à Touloufe ,
T A BLE meure attaché au Papa Innocent. Snlnt
;
3x7. Ses erreurs combattues par HiU Bernard lui écrit , 14 Cr- 349. Mort
debert, Evéque du Mans, 13 d'Hildebert , ibid. Ses écrits , fes let-
Henrkiens répandus dans le Perigord, tres , 15 Z'- fuir. Ses fermons, 15 6*
fuiv. Doftrine d'Hildebert fur la Foi en
Héréjîe. Livre d'Abaillard contre les héré- Je'us-Chrift, z6 fur l'Incarnation;
;
fies , 177 &" 178. Différence de Thç- fur l'Euchariftie , 17 i8. Sur la &
rcfie d'avec lefchifme , l'îj Prédeftination & la Grâce, i8. Sur la
Hérétiques découverts à Colojne & en Conception immaculée & l'Aflomption
Weftphalie. Leurs erreurs réfutées par de la Sainte Vierge. Sur quel(jues
faint Benisrd , ^ 4 ^ C- /j:i'. points (le difcipline , z? &- 30. Sur le
Heribert ( le Comte) convoque un Concile Purgatoire & autres points de doftrine,
à Troflé , 7f I 30 £7- 31. Opufcules d'Hildebert, 31
'
Herluin , Arclievcque de Cambrai , forme ù' fuiv. Opulcules qui ne font point
des plaintes au Concile de Rome contre dans la nouvelle é ition , ou qui font
les iifurpatcurs des biens de fon flgiife perdus, çi. Pocmes d'Hildebert , 38
7S1 &• fuiv. Jugement de lès écrits. Edi-
Herluin ( le Comte ) du vivant de fa fem- tions qu'on en a faites , 41 (rfuiv.
me en cpou'e une autre, 751, 11 eft Hi'dsrarde. ( Sainte ) Ses écrits approuvés
admis à la pénitence, ibii. par Eugène III. 100
Jiermjnn , Abbé de faint Martin de Tour- Hincmar , Moine de Saint Denis, élu
nai. Son hiftoire du rétabli îFement de Archev^'que de Reims, 6i%. On pro-
cette Abbaye , 307. Ce quil y a de po(è au Concile de Trêves d'exammer
remarqiistle 308 G- 30p. Son trai'é
,
de nouveau la canonicité de fon élec-
de l'Incarnation , 309. Autres écrits tion , 668
d'Hermann , 310 yiiKcmar de Laon refufe de répondre aux
Herman , Archevêque de Coloî'ne , porte chefs d'accufàiion formés contre lui ;
fss plaintes au Concile de Rome contre appelle au Pape, 691. Eft accufê dans
Adelgaire , Evéque de Hambourg & de le Concile d Attigny de défobéiirance
Brème , 7^0 envers le Roi , 691. Donne un libel de
Tierolde , Archevêque de Salzbourg , dé- foumiflîon & d obéilFance au Roi Char-
pofé , 269 les & à Hincinnr de Reims , <!93. Se
Hervé, Aloine Bencdidin. Ses études. plaint au Pape du Roi Charles & d'Hinc-
Son éJo<:e fait par l'es Confrères du mar de Reims , 69^. Eft dépofé au
Bourg de Dol , zpî Catalogue de Tes Concile de Douzy , fpy. Forme une
ouvrages, 1:^6. Ses commentaires fur plainte contre Hincmar de Reims
l'Ecriture fainte , ibid. Son Livre des 707. Eft réhabilité, 708
miracles de la fiiinte Vierge , zp6 (y Hoeli , fiirnommé le Bon, Roi de Galles
en Angleterre. Ses Loix , 7^4
Hervé , Archfvcqvie de TroHé , prcfide au Homélies traduites en Langue Romaine ,
Concile de TroHé 74^. Donne rabfo- , Î70
lution au Comte Erlebad mort dans Homicide. Il n'eft pas permis à un Prêtre
l'excommunication, 7fo de répandre le fang humain pour con-
'
Heures Canoniales. Les Evêques & les ferver (a propre vie. 734
autres Prélats obligés à les dire avec Homicide. Celui qui féduit un Chrétien
leurs Clercs Coo poui le vendre eft coupable d'homicide,
Hiliiebert ( Vénérable
le Evcque du ) 7Ç0. Pénitences impofces aux Homi-
Mans , enfuite Aichevcque de Tours cides, 7x7 , 73<; , 787
II. Sa naiiïiînce fon éducation II prc--
; Honorius II. Pape. Sa nailiance, fes em-
fide à l'Ecole du Mans ; eft fait Arclii- plois avant la Papauté , 81. Il excom-
diacre de cette Fglife , ibid. Eft fait munie plufîeurs pcrfonnes étantPape,8 3
E'vcque , itid. Eft mis en prifon par le Il dépofe les Patriarches d'Aquilée &
écrits ; un Commentaire fur les Pfeau- Jem de la Chartreufe des Portes. Ses
mes , 71. Une
Hilloire Fccléfiaftique lettres , i9j
75. Une Hilloire des Gcftes des Rois Jean, Dua
de Venife. Fait précipiter le
de Fr.ince , 74. Autres écrits de Hu- Patriarche de Grade d'une tour avec
gues, iii'tf. &' 75 7É. & d'autres Prêtres , î6
Hugues de Ribomond. Ses écrits ; une Jean IX. Pape , 758 Cr 7?,?
Lettre fur la naure de l'ame, 159. Jean XII. Pape, fe révolte contre l'Em-
Deux Lettres toiich;:nt la méthode & pereur Otton , 76^. Sort de Rome,
l'ordre de lire l'Ecriture fainte, 300 Accufations contre lui au Concile lie
Hugues de Màcon , premier Abbé de Rome , tC'6. Jean eft dépofé , ibid. Eft
roniigni , puis Fvcque d'Auxerre. Sa rappelle à Ron.e par les Romains ; y
mort , 3. 11. Ses écrits , 301 &* joj. tient un Concile , 767. Sijnort, 7(8
Hugues fils ,naturel Au Roi Lothaire. Jeun Xîli. L'Empereur Otton lui rend la
Conçoit le delTein de récupérer le Ville de Ravenne & fon territoire , 769.
Rovaume de fon père , 70c £/ 706 Lettre du Pape Jean à Landulfe , Ar-
Hugues , fils de Heribert , Comte de Ver- chevêque de Kenevent 774
mandois , intrus à c'.nq ans dans le J?J;,e , Evoque d'Amiens , eft dépofé dans
Siège de Reims , 754. Ordonné à vingt- le Concile de Nimegu? , 607. Jefus-
.«inq ans , 715. Efl privé de la commu- Chrirt ne peut ctre nommé Fils adoptif
nion & du gouvernement del'Eglifcie
Reims , 75S( Jeûne. Du tems de faint Bernard on pouf-
Hugues , Comte de Paris , chalTe le Roi foit le Jeune du Carême jufqu'au foir,
Louis de fes Etats, 758. Eft excom- 445 . Les jeunes des Quatre-Tems doi-
munié au Concile de Trêves , 760 vent être obfervés par tous icsChrétiens,
Humbeline , -fanir de faint Bernard. Sa «67. Jeune de ttois jours indiqué pour
converfion 31» le repos des âmes de ceux qui étoient
Humiliré. Traité de faint Bernard des dé- morts dans la Bataille de Tnuriac ,61}
grés d humiliié & d'orgueil 41} Je(me par fuperftition défendu , 753. Jeû-
nes entre l'Afcenfion & la Pentecôte
défendus, 786. Jeûnes de dévotion per-
mis , ihii, L'obfervation des jeûnes de
Carême , des Quatre- f-ns & des Mer»
Tome XXÎL Iliii
, , 1,
, , , , ,
't02 T A B L E
credi & Vendre^'.!, pendant l'armée, re- Juifs de l'ouloufe. Sentence rendue con-
commande e tre eux 7'30
, 75 î
Ignice , ( faint ) Martyr. On confervoit Juifs. Défenfe de manszer avec eux , 718
à Clair\aux de Its Reliques, 44^ Jurement, Canon du Concile de Tou(î
I-^nice , Patriarche de Conllantinople contre les juremens les parjures & les ,
L.
d'Ecofle. Ses Loix »,.
mourir, 187 É> î88 , 4})o. Pierre le 35. De liiitit Bernard , 4:8 Crfuiv.
Vénérable le défend auflî , 450. Traité Lii:inius ,
(faint) Evcque d'Angers. Sa-
de Pierre contre le» Juifs , 4^^ £7-500 vie letouchce par i\larbodc 43»/
, , , , , ,, ,
D ES M A T I E R E S. to3
JJturgle d'Efpnfne. Citée f.ar iilipan:! crit , 46.
/.îarDode écrit les vies de
pour foiitrnir Ion erreur , î î i plufieurs Saints de Licinius , Evcque
;
So4
Bernard lui écrit touchant un mariage
TA BLE teres de mettre les Moribonds fiir li
de les Sujets 349 cendre & fur le cilicc Sfc. 30?
M-ivence. Il ttoit d'ufage qu'en rabfence 3^orf.r.Défenfe d'enterrer dans les Eglifês
du Roi des Romains , l'Archevêque de les morts, fi ce n'eft un Evêque, un
J\1ayence fut le Gardien Se Régent du Abbé , un Prêtre ou les Laïcs fidèles ,
Royaume, 527 568. Les prières & les fotfrages des vi--
i3eiif:nde , Reine de Jerulalem , jéj. S, vans pour les morts rejettes parles Pc-*
Bernard lui écrit 578 trobufiens ,. foo. Ces Hérétiques font
MerCvour^ , Evcché , fupprimc, 784 réfutés par Pierre le Vénérable , 5,09
Mejjè. Les anciens Chartreux la difoient Moury , en Suille. Les actes de la Fonda-
rarf^ment 156 tion de cette Abbaye font cftimés d«
Mejj}s Si Prières ordonnées pour le Roi plu'îetirs ; quekjres-uns doutent de leur
Charles , 5*4 autorité , 5 55». Apologie de ces artes.
Mejfg quotidienne de !a Sainte Vierge éia- Critique de l'Apologie , 540. Lesaâea
blie dans l'Ordre de Cluni, 514 de 1 origine de Moury écr ts dans le
Mefe de ia Sainte Trinité. Extravar^rae • douzième fiécle , <;.vz. L'Auteur de ceâ
d'un Moine qui difoit chaque jour une actes eft Conrad , Abbp de Moury. Ce
Alcfie de la Saince Trinité , pour le d*- qu'il y a de remarquable dans ces actes ,
pcriflement de- la profpérité tempo- Î4J Cr" luivi
relle & la fantc de fou Abhé & de i'on M'-'u-;on Le Pape Tean Xlli. confîr.Tie
Pre ,ot , ^ î ^ &- î î y . Dcicnre aux Fro- ré;a'jliirement d'un Aionai-iere à Mo?:-
feus s 68. Dé-
tre^ de clianter la M:"S'', _z.on, 774&'77?(
fènfe de dire la iVîefTe dans un Oratoire Morambes. Le Pape Eugène III. leur or-
particulier ans ia permillion de l'Evé- donne de fe conformer à la pratique da
que Diocèfain , <9-4. Etdans des iVlai- lEglilë Catholique , 107J
font 5cdans des Jardins , 6oj
N.
i^ejjes célébrées pour les Morts, 148,
196 C-" Î97. Trentains de Meiles , f 1
i-'Sjje. Défen(e de la célébrer ailleurs que
NA R
Eipaïine,
B o N N E reconnue I\IétropoIe en
738;-
dans le- lieux conftcrés par l'Eveque , J^dcrolo^es, Leur ufage dans les Monat
716 , 7z8 770. On ne peut dire que
,
teres 496
trois Meflcs au plus en un jour , 770 hi.ée. L'Fglife Romaine reçoit les Dé-
Mefurts. Défenfe auxLaics&aux Clore s crets du fécond Concile de Nicée au
d'avoir de faux poida & de différentes fu jet desImages , 714
melurcs boj Nicephon , Patriarche de Conftantinople ,
Metsllus. ( Hugues ) Ses ctuder. Se fiiit refufe d'entrer en conférence avec les
Chanoins régulier dans l'Abbaye de S. Iconoclaftes , 575. Eli envoyé en exil ,
LeonàTûul, iif. Ses écrits ; les let- 57^
tres , n.6. Oespoéfies, 137 N'icepkore Phoeas , Empereur ,76,5. Cou-
iWirac/f^. 1. ivres dos Miracles par Pierre le ronné par le Patriarche Polyeude ,
Vénérable , ^ 1 767. Epoufe Thcophanie , ibià.
Mûines. Traité du pouvoir qu'ils cmtde îsicolas I. Pape , dépofé par Photius ,^
prêcher, 115. Leurs habits , 114. Re- 661
gleraens pour les ?.loincs, faits danj les , Secrétaire
Nico!.^.i- ie- fa-nt Bernard,
Conciles de Conftantinoplc , «•58; de abuf; de fon Si. eau , 379. Sort furtive- •
ïiùrthilie
DES MA
femme nobK ronvoycc au ju-
T I
les
E R E S. 80;
, 6 j $
freiiiennles Laïcs maries ,
éo8 Crdination, Règles fur les Ordinations
îsovkcs. Comment admis dans les jMo- 785. Examendes Ordiuaiis , 737, Dé-
nafteres 587 fenfe de procurer l'ordination à quel-
O. qu'un ou par faveur ou par vàe des
prclens, 737
OC iiTR
tlicv>.que
I c,
(le
Moine
Maçilebourg
fçavant, élu Ar-
, 777 &*
Origtne. Saint Eernard rejetts plufîeurs
endroits de fes écrits , S; conseille à (es
77S Auditeurs de ne les lire qu'avec précau—
Cdairic, Archevcquf fie Reims, excom- tfon 447
munie le Comce Regi'-nold , 7^} Ofbert de Stocl ecl; te , Moine Bénédictin,
Odoacre , (lu Evéqur de Beauvais, Hinc- écrit plufieurs vies des Saints 301
ni.-:r ùe Rtinis s'yoppofe , l'excommu- Otton couronné Empcrei'r par le Pape
nio,
_ _
7ij Je.in XXII. 7(^4. Son Diphjme en f'-
^
joi. S^ lettre au (^om te l'homns , 30i Otton m. Sa coaftitutioii pour obvier aux
Cdon , Archevêque de Cantorbcri. Ses fréquentes aliénations des biens de l'V-
Statuts , .755 glile , 785. L'Empereur fait un fécond
Cr.iKon Dominicale. Le? pères & mères voyage h Rome , ibid^
fom oLligé» de l'apprendre à leurs en- Cttrim , Archevêque de Vienne , 7:0'
fans 770 Oviido érigée en Métropole , 636
CJfu j.Roi des Merciens , fonde un Mo-
nrliere en Ihonneur de laint Alban ,
Maityr, ffî
Oldriirure, (Czint) Abbé de Saint Ruf, PAiN b'ni diftribué en^çIu/îeursE^liïeg
puis Evéque de IJarielonue. 11 eft fait aufortirdcla MeîTr, i8î>
Archevêque de Tarragone , ;oç. Il i'iib:. ('oncile de Poitiers en lo^o pour'
rétablit cette Ville, 306. Aflîftc au rétabLr la paix , la jufike & la difv.ipiii:e
Concile de Latvan , ibid. Tient «n Con- deTEglife, 7S5 & 786
cile à Bsrcelonne , ibid. Procure la paix Fallium. Métropolitains obligés de lede--
entre le Roi d'Arragon Se celui de mander à Rome dans trois mois, 704,
Cai'i!le. Ftabljt un Gouverneur à Tar- Il leur eft défendu de s'en fcrvir en d'au-
ra^onne, 506 &' 307. Il fonde lui Hô- tres jours qu'aux jt-urs marqu.'s parle
pital & une Aîailon de Templiers , 307' Siège Apofiolique , 70^
0ri:(/on. Dominicale. Saint Bernard défa- Piïpi , ainfi nommé
parce qu'il el'i le Père
,
prouve la coutume des Religieufcs du des Feres , iiS. En quoi conrfie fon
^ Paraclct ,
qui difoient en l.i récitant: Oifice , ihld. I.e Pape juge tous les
Doniie^-iwus aujourdhui notr: pa'iHfiipfr- Evcqucs , mai' on ne lit point que per-
fubjldntiel; (y nonpas notre pain quin- fonne l'ait jus^é. Sentiment du Pape
171 &' 171. Commentaire d'A- Adrien II. 66i). Défenfe d'écrirecontr*
'
èien ,
baillarJ fur l'Oraifon Dominicale ,176 le Pape fous pr;-texte de quelques pré-
&177 tendues accufations , 68/-. Quels font-
Ôrarium ou étole. Il eft ordonné aux Prê- les devoirs attachés à la dignité de Pape,
tres de la porter toujours,
567- 4^o. Quelle eft la dignité & l'autorité
GrMoires doinefliques. Défenfe dV célé- du Pape félon faint Bernard, ihid. Il
'
brer la Mtile, 6i? n'appartient qu'au Pape de dépoler lin
Qrdfric Vital Sa nailTance , 137. Ses Evcque ; il parta.^e avec d'autres le foin
études. 11 ett admis dons le Clergé d'une EgliCe ; mais il eft le foui qui ait
So<f
i??., qui compofe une re^le pour les
TABLE Ions , 7Î0, 7f!. Rachat dej Péniten-
Reiigieules de ce Monaftere , ifif' &• ces, 7îr , 771 Sr'77î .
.
détourne le Comte d'Angers du pèleri- divers Conriles 471. Fait deux fois le ,
nage de faint Jacques , ibiâ. Il eft plus voyage de , ibiJ. &• 471. Rome
Voya»e
expédient qu'un Moine faiïe pénitence de Pierre (Je Cluni en Efpagne 471. ,
flans fon Monallere , qiied'errerdePro- Sa mort ; fes écrits ,475. Ses Lettres ,
vince en Province fous prétexte de pè- ibid. (y fui:'. Son apologie, 476 ù" fuiv.
lerinage , 3^,5 Suite des Lettres i!^ Pierre de Cluni,
Vémten'-e. Règles duConcdc de Toers , 48 fr fuiv. Son Traité contre les Juifs,
I
Vormes fur la Pénitence , 671 C" 'i/i contiennent de rcma-quable , çii &•
Pénirenct. On contraignoit .à la pénitence fuiv: Son Traité du facrificede la Meffe
par , 7;^. Péniten-
l'autorité féculiere Ji4£7'îiî. Charte de Fondation. Etat
ces canoniques nu neuvième fiécle. je l'Abbaye de Cluni , ^ ifi. Ju;cment
Canons du Concile l'eTribur, 7;?&' des écrits de Pierre de Cluni , J17
fuiv. Règles de la Pénitence , 771 &< Pierre , Evcque de Verdun , fe juftifie par
771. Pénitence impofée à ceux qui le jugement de Dieu dans le Concile de
fi'ctoiejit trouvés à la bataille de Soif- Fraacfort 554
1
, e,,f, , ,,
Pierre
DES MA
Gavle
T I E R E S. S07
, Patri;'. relie ùc 704 , 65;. Société de prières pour les i\lorts,
Pierre , Protre-CarJinal-Lcgat , pour le 6
'1
3
rctabiiilèmcnt lie l'horius , 711 Primauté de l'Eglife Romaine fur toutes
Pierre de h Chafirc , clû Archevêque de les Eglitès ; elle a dro;i de décider les
Kourgcs, eft lacré par le Pape Inno- queftions de la Foi uy
cent , 56^. Se retire fivms les Tcrrci de Profi-£ion. lleligieufe. Saint Bernard ïa
Tliibaud , Comte de Champagne , ^66 reijarde comme un fécond Baptcme ,
Pierre de l'iie , Cirîinal. Saine Bernard 5 / î , 414
le réconcilie avec le P;'pe Innocent II. Puijjance. L'Eglife eft gouvinicc par
31?. Pierre eft prive de fa dignité au deux Puiiiances, la Sactrdotale & la
Concile de Latran. Saint Bernard s'en Royale , 599. Traité fur la PuifTance
pliiint au Pape , ibid. Rovale, 746- fuiv. La Puiffance Sa-
Pierre de Léon , Cardinal , clii Anti-Pape cerdotale & la Royale font établies de
fous le nom d'Anaclet S Dieu pour le faiut & ia pai;; de l'homme,
Piurre de Honeftis , Fonde un Monaftere
au Pûit JeKavcnne. Sa mort , 77. Pierre Puiffance. Diftinc'lion de la Puiffance fpi-
compofc; une règle qui eft confirmée rituelle & temporelle, yu.
par PafchaL II. 78, AnalyTe de cette Pallus i Robert ; Cardinal & Cliancelier
règle , ilid. S^fuiv. de l'Eglife Romaine, 175. H rétablit
Pierre as Bruis. Ses erreurs réfutées par l'Académie d'Oxfort , ell aimé du Roi
Pitrte , Abbé de Cluni , 504 0" fuiv. Henri ; il pa.Teen France, puis à Roine^
Flaids publics & féculiers. D.'fenfe d'en ibid. Le Pape Innocent II. l'appelle i
tenir d.ms les Parvis des Eglifcs , "j^^ Rome. Lucius II. le fait Cardinal i7(;.
Pillages fréquens au neuvième fiécle occa- Saint Bernard écrit à Pullus , ibid.
lîonnent la ruine des Eglifes & des Monde Robert PuUus, C'eil le premier
Monnfteres, 7ii Cardinal Anglois que l'on connoit ,
Plegmoni , Archevêque de Cancorberi ibid. Ses Ecrits ; fes Livres de Senten-
7;o ces ; leur Analyle , 177 O-fuly,
Foheuâe , Patriarche de Conftantlnoj)lf, Purgatoire. Senjiment d'Hildebert du
dcfaprouve le mariage de Nicephore iMans , 50, & de Robert Pullus fur le
Phocas avec Theophanic , 767 Purgatoire,. lyg
Pû.'ice , Abbé de Cluni , renonce à cette Purijtcidon. Le jour de cette £.te on
dignité ; veut la reprendre , 85. Il eft portoit des cierges 30
excommunie p;;r Pierre , Caidinal-
Légat , ibid. Le Pape accorde à Ponce
une fépuliurc honorable , 84
Pons de LazaîC. Sa converlîon ,. 134 QUenulfe, Roi des Merciens
PrédeHinanon. Dodrine d'Hildebert au Concile de Celchvte , 5 84
affifte
Evéque du Mans , fur ce fujet, iS. Quijïun ou tortures. Il ne convient pas
d'Alger , z66 t> 167, Les quatre fa- aux Prenes de la faire donner, 14
meux articles de Quiercy fur la prédef- Quiercy. On y tient un Concile en 853.
rination , la réprobation & la grâce On y dreffe quatre articles contre la
640. Canons du Concile de Valent doftrine de Gothcfcalc , 640. Ces
fur la prédeflination & la grâce, 645 quatre articles drellcs par Hincmar
,
^ [un: font réfutés par Remy , Archevêque de
Prescience. Différence qu'il y a entre la Lyon, é43,
prefcience &
la prédeftination , 34 R.
Prèirs. Perfonne ne doit être ordonné
RA
Prêtre avant l'âge de 30 ans. Canon du o u L ou Rodolphe , fils de Conrad
Concile de Tours , ',6^. \]n Prêtre ne II. fe fait élire & couronner Roi
peut célébrer l'Ofiîce dans une Paroilfe
étrangère fans Lettre de recommanda- Ranhan , Archevêque de Mayence , al-
tion , ibid. ]\hniere dont un Prêtre fenible un Concile pour travailler à la
acculé doit fe juilifieriS; de la qualité des rêformation de la «lifcipline de 1 Egliie ,
Témoins t\: des Accufatcurs , 560. 6i(. Canons de ce Concile, 62.6 Gf
Prciie dégradé comment traité , 573 fuiv,-
Pritres. On peut prier en tou e langue , Ridebcton , Comte de H.iblbourg , 54»
5 H. Prières pour les iMons-àla Alcfie,
,, . , 1,1
, , , ,
8o8
H^idigonde , ( fninte ) Reine de
TABLÉ
Frain.e. 6.1 pa- ie Pape Honoriu? IT. 85. Fait fit
vie écrite par Hildebert , Eveque du paix avec le P.ipe , ibid. Innocent II,
Mans, 5 confirme â Roger le Royaume de Sicile
Refti-unon. Sa néceffité, 71 j avec le titre de Roi 51
-,Rob;rt , Roi de France, cpoufe Berthefa fiojif. Ufage de couronner les Rois à tou-
• parente, 784. Le Concile de Rome en tes les grandes folemnités 371
99S lui impofe une pénitence de le; t Rom.iins. Ils veulent îè ictablir dans leur
ans, 7S4 ancienne autorité , ?5 &" 96. Sakit
Raingarde , mère de Pierre le Vénérable , Bernard en fait un portrait odieux , 40 j
470. Sa mort, 4S?. Son fils ordonne Rohaie , Evc<jue de Soiiîons , privé de la
un Mellès & des aumônes
trcntain de communion épil'copale par Hincmarde
pour repos de fon ame ,
le 48^ Reims ; appelle au Pape, 660. Mais
Rûdo.ilde , Légat du P;ipe , dcpofé & ex- malgré fon appel eft dcpofé & mis eii-
communié par le Pape Nicolas l. 66^ fuite en prifon dan.^ un Monjftere, ibid.
ù- 666 Le Peuple demande fon réta lilîëment,
Règle de faint Benoit. Si tout ce qui eft ^64. Les Evéq'ies du Roymme de
contenu dans cette Règle eft de pré- Charles écrivent au Pape Nicolas pour
ceote , ou s'il y a quelques articles qiii le prier de confirmer la dépofition do
ne foient que de conleil 411 Robade , 6^4. Le Pape Nicolas I. prend
Rameaux. A la Procedlon du Dimanche fa défenfe & le rétablit 6i6
des Rameaux , on portoit des fleurs & Rupert , Abbé de Tuy. Son éducation ;
des palmes , que l'on bénifloit enfem- fa fcience miraculeufe ,111. Il eft fait
ble, 30 Prêtre ;
pafle au Monaftere de Sibourg ;
Riixnaui , Eveque d'Angers , perfécute eft choifi Abbé de Tuy , lii. Fait un
Marbode , 4Î voyage en France. Sa mort, 113. Ca-
Reliques. Refpeft qui dû aux Reliques eft talogue de fes ouvrages , ibid. Ses écrits
des Saims ,
o &' j 1 5^ i fur l'Ecriture faime, 1 14, 1 15 &• 117.
Religiiufes. Reglemens des Conciles pour Ses autres écrits , 1 1 5 &< fuiT. Senti-
les Rcligieufes ; du Concile de Frioul ment de l'Abbé Rupert fur 1 Eucharifiic,
îîo £•" 5 5 I ; du Concile de Paris, 6iz , i.iy &' fuiv. Jugement de les écrits.
fîi j ; du Concile de Verneuil , 617 ;du Editions qu'on en a faites , : 3 1 &- 1 3 j
Concile de Meaux, 613 ;du Concrle
de Mayfnce , fi8 ; du Concile de
Toufi 6')6
Reiienus des biens de l'Eglife. Leur em- SAcFRDOS, ( faint ) Eveque de Li-
ploi ,
1 • (î moges. Sa vie écrite par Hugues de
Ricuin , Eveque de Toul , envoyé un Fleuri, y 6
Saints^
, , , , ,
DES MA
Les âmes de Saints qui rognent
T I
Simniiie.
E R E
Défcnlès
S.
aux Evéqucs &
S05
Saintt, aux
déjà avec Jefus-Chrift , gavent ce que Pn très d'exiger des préfens pour la
nous faifons , & prient pour nous lors- Pénitence ou pour la Confirmation ,
qu'il en eft befoin , 1 1. Leur intercef- 7S6. Défenfe au Soi'idiacre de vendre à
fxon , 389. Dcfenfe de transfcrer les i'Evcque le jour de fa confécration
Corps des Saints fans la perinillîon du l'hoAie qu'il recevoit en cette céré-
Prince, ^68 monie , 783
Sandales pontificales. En France elles Simon Di!C de Lorainc. Saint Bernard lui
,
étoient ouvertes par defïïis , enibrte écrit, 345. Société de prières & do iljf-
qu'on vovoit le pied, 15. Adrien IV. frages , 496 &• 4^7
accorde à VCibald , Abbc de Curbic , Sinuarius ( le Comte ) excommunié par
Tufage des fandales & de la daimatique Evéques de In Province do Nar-
les
dans les principales folemnitcs de l'an- bonne, 74?. Eft abfous dans le Con-
née, Jj8 cile de fllaguelone 7^5
StLtisfaâion. Doftrine de Robert PuUus Sorcières ou Magiciennes punies Je mort,
œuvres fitisfaftoires ,
fur les 186
Saxe réduite en Province. L'on y criée Stabilité, Jufqu'où s'étend la ftabilité que
huit Evêchés , 3. Schifmatiques. Réu- l'onpromet dans la profe.lion Monafti-
nion des Hvéques Schifmatiques au que ,415. Stnvelo , Abbaye fondée par
huitième Concile , £74. Réunion des Sif^ebert , Roi d'Auftrade , 517
Prêtres, des Diacres & des Soùdiacres. StercoraniÇmc condamné desGrccs comme
Le Patriarche Ignace leur impole des des Latins iCa
pénitences, 67 ^ Stercoranijles combattus par Alger, 15?
Sens. Son Archevêché érigé en Primatie Suenon , Roi de Dannemarc, zélé pour la
en faveur d' Anfegife 701 propae; tion de la Foi i
Défenfe de rien exiger pour les
S:!j)ulture. Siiger , Abbé de faint Denys , Minière
fjpultures , & d enterrer les Laïcs dans d'Etat & Régent JuRoyaume de France.
les Eglifes »
7J4> 7^3 Sa nailliiitce; fon éducation , 145. Il va
Serment. Défenfe d'admettre à ferment étudier dans le Poitou , ibid. Il eft fait
celui qui aura été convaincu de faux , Prevcit de Touri' ; aflîite aux Conciles
75 3.Ufage de fiire ferment fur les reli- de Reims & de Latran ; eft choiit Abbé
ques , Î17. Défenfe aux Hvcques de de fiint Denys , 146. Il eft faitConlèil-
prêter ferment fur les chofes laintes , 1er d'Etat & Régent du Royaume , 147.
6zo. Il leur eft encore défendu de faire Converlîon de l'Abbé Suger , 344. il
jurer ceux qu'ils ordonnent en ,
qu'ils met la réforme à lainte Geneviève 3c
font indignes , &c. fyt 3l faint Denys , 247. Lettres du Pape
Ssulfe , Archevêque de Reims , 7J0. Pré- Eu;enc à l'Abbé Suger , 103 ty 104 ,
fide au Concile de Trollé , 751 109&-T10. Suger tombe malade, va
Skon , Hvcque d'Ollie , dépofé , 768 au tombeau de faint Martin, 148. Sa
Siège. ( le faint ) Ses prérogatives établies mort. Son éloge, 1486' 149. Le Roi
par Alger, i66. LesEveques du Concile Louis le jeune lui donne le nom lie
de Rome en 800 déclarent qu'ils n'ofent père de la Patrie , iî4-!Ecrits deSugcr.
juger le Siège A.poftolique qui ert le La vie Je Louis VI. Roi de France ,
Chef de toutes les Eglifes, &c, 558 249. L'hiftoirede ce que fit Suger dans
Simeon , Moine Bcnédidin de Durliam ou l'adminiilration de l'Abbaye Je faint
Dunelme , 57 , 151. Ses Ecrits ,153 Denys, 250. Un Livre Je la confécra-
_
&• IÎ4 tion de l'Eglife de faint Denys & de la
Simoniaques. Ceux-là le font qui vendent tranHation des reliques de ce Martyr ,
les Sacremens , qui tirent de l'argent ibid. Autres Ecrits de Suger. Des conf-
pour les Meffes , le Baptême , la Con- titutions. Son teftament, iç 1. Ses Let-
fisflîon , la prédication , la fépulture , tres ïfi &'/'uiV. Eloge que faint Ber-
,
31. Robert PuUus remarque que l'u- nard fait de l'Abbé Suger 381
fage étoit d'otFrir quelque choie auxMi- Superflitions payennes condamnées , 719
niftres pour l'adminiftration des Sacre- Superlition. Le culte fupertiftieux de cer-
mens , mais qu'il leur étoit défendu de tains arbres & de certaines pierres dé-
rienexisrer, îS7i>iSS fendu par le Concile de Nantes , 73^
S'monie. Défendue par les Conciles , 549
éoo , 71^
Tome XXIL KKkkk
, 3 , , ,
«10 T A BLE-
Tifc.'lin
,
père de fajnt Bernard , 51$
Sa primatie ,
To/?^/'. 9é,io<?&'io7
Tonfurs cléricale. Défen'e de la donner à
oN Duc de Bavière. Son p?rfonne que dans l'âge lé ;itime , 567
T'Adifix'rendiavec
s s 1 1 ,
contre lui & (e.; co:Tiplices , ibid. Eft Tour. C'étoit autrefois Tufage dans les
condamné à mort , ibid. Le Roi Charles Monaftetes de drefl'er un Autel dans la
luiaccorde la vie, à quelles conditions, Tour de l'Egliie , jiS
Î48. Demande pardon au Concile de Tournas. Donations faites à cette Abbaya
Francfort, 554 confirmées par le Concile de Châloni
Tarm^cnc. Le Comte Raymond donne & par le Pape Jean VIII. 700
cette Ville à (àint Oldcgaire Sa à Ces Tranjub'ld'm.vion. L'Eglife a toujours
fuccelFeurs 30^ crû le doc;me de la tranfubftantation,
TauriiC proche de Fontcnai. Il s'y donne 175. Sentiment de Giliebert de Hoil-
une bataille entre Lothaire d'une part, lande fur ce myllere, 4ÎÎ
Charles , Roi de France , & Louis de Trinité. Erreurs de Gilbert de la Poirée
Bavière , (= 1 1 &-
1 (^ lur ce myftere 19} $> i94- Dodrina,
Tiivernes défendues aux Moines & aux de Hu-jnes IMetellus fur la Trinité, 117.
Chanoines, De Robert Pullus , z77 &• 178. De
Te Deum. En quel tems doit être chanté , Pierre Abaillard, 186. De faint Ber-
7S6 nard, 361 , 405 Cf 40S. Prof^rflion de
Templierr. Saint Brrnard f.iit un l ivre à foi du Concile de Vormes fur la Tri-
la lounn?e des Chevaliers du Temple. nité ,
67a
Qui ils étoient ,419. Règle des Tem- Tryphon , Moine , Patriarche de Conftan-
pliers ,
4' o Cf/u/V. tinople pour un tems ,756. Eftdépolé ,
Théodore , Pape ,739. Rétablit les Clercs du Pape Jean VIII. 709. Bartulfe
ordonnés par Formofe, iiid. Archevêque de Trêves , lui défend de
Thffldont Archevêque de Narbonne ,715'
, le porter ïbii,
Thiel'd'id , Kvéque.d'Ams'ns , excommu- V.i!drade. Le Roi Lothaire l'époufe & la
nié comme uliirpateur de cette Eglife, fait couronner Reine , (6x
77-^ Uilalric de Bamberg. Son Recueil épifto-
Tkom.is , Prieur de fiint V'iftor , mafTacré laire , 81 &- 8s
entre Ir; mains d'Fftienne , Fvcque de UJjlric ( faint 1 Evêque d'Aufbourg , veut
Paris , 89. Les meurtriers de Thomas quitter TEpifcopat, 77?. Sa déraiffiom
font excommuniés de au Concile en faveur de ("on neveu efl défapprou-
Jouarre, 90 vée , ibid. Canonifadon d'Udalric ,
Tiron. Monaftere nu Dioccfe de Chartres 78t
par Bernard, Abbé de famt Cvprien à Venilon , Archevêque de Sens. Le Roi
roitierî. Son accroiffement , 198 Charles-lc-Chaute prcJentc une Re-;
,, ,, , , , ,
du Mans on avoit coutume dans l'Eglifè Croifade des Saxons contre les Schvcs,
de prier la l'ainte Vierge avec plus ibid. VJ-'ibald employé les vafes faciès
d'aftêdion que les autres Saints ; Se aux frais de la croifade , 511. Il retour-
lorfqu on prononçoit Ion nom on flé- ne à Stavelo , ibid. Sa mort , yii.
chidoit ks genoux, 50. Saint Bernard Son éloge , ihid. Ses Ecrits ; fes Let-
cro'tquela iainte Vierge a été enlevée tres ,
f'ii Zr fu'iv.
au Ciel aullltôt après fon trépas , 44(^. Windelmar Evcque de Noyon. Son ('!ti"é-
,
Qu'elle eft notre Avocate auprès de rend avec Rotade , Evéque de Soiilbiis
Dieu l'on fils , & que nous devons re-
courir à fon intercelllon , ibid. Wulf.idc & Clercs ordonnés par
les autres
yïrs^inité. Traité de la corruption de la Ebboii dépofés, 666. Le Pape Nico-
Virginité par l'Abbé Rupert iî(î las I. pour eux , 667. Leur caufe
écrit
ViftreiJes Evenues , 5(^5 , 720. Il Imr eft eft examinée au Concile de Soiflons,
défendu de faire des exaâions illicites, 60y. WuifaJe eft rétabli ibid.
Î7I. D'être à charge aux Prctres , &
aux Fidèles , 60 r Y.
Vital. Voyez.Orderic , 157
Voile. Défenle de le donner aux veuves , JL Vrognes excommuniés, j6S
710. 1.'Evéque feiil a le droit de ilonner
le voile aux Vierges ibid.
Volonté en Dieu. Hugues de faint Viélor
en diftingiie deux. La volonté de bon ZAcHARiE , Lésât du Pape Cortlan- .1
lonté de ligne , voluntas fiçni, 2.11 Patriarche Ignace , eft dépcf.- de l Epif-
Uffal, Les Suédois Idolâtres y avoient un copatSc excommunié 66i
ERRATA. ^
delà queftion. Pagf 95 , Pafchal IL llÇer^ Lucius II. l'j-Z- 'i' i Cloj he , ///f^
Elophe , ibid. Ville de Gand , lifc-;^ Grin. Pag. 154, Gui, i/ff? Guiges ou Guifjues.
Va'ie 317 , Pierre de Druis , life\ iie Bruis. Page 578 , Melufine , If/j^ Mciilende.
Page 5 60 , Olivito , /ip^ Olivolo , ilii. Co-Evequcs , lifii Cor Evi ques. Page <77 ,
Rotard, /i/f^ Rotade. Page tf ii , Noves , lifer^ Nones Pa^e 717, dcfenfe aux if i;;ieurg
Laies de prendre ai'cune ponion des dixmes de fon Fflife , c'elt-à-dire , de celle dont il
eft Patron. Je trois qu'il faut dire au (îngulier 6el^neur Littc. Autrement il fndroit Ire
des àixmes de leurs EgUfcs , c'eft-à-dire , de cefes dont ils !ont Patrons ; c'eft ainli qu«
litM.Fleury, Hift. Eccl. tom. II. p.ij. 565. Pj^?78o, ligne d , pillansà rcftitution ,
je crois qu'il faut lire piliards. Page 7SI4 , WerlLourg , tifei Merlbourg,
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