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ÉDITION 2006
Un bilan disparate
Évaluation des plans des provinces
pour contrer les changements climatiques
Édition 2006
Un bilan disparate :
Évaluation des plans des provinces pour contrer
les changements climatiques Édition 2006
ISBN 1-897375-01-8
Auteur
Dale Marshall
Remerciements
Des remerciements particuliers reviennent à Patrick Bonin, Ian Bruce, Deborah Carlson,
Morag Carter, David Coon, Ann Coxworth, Meinhard Doelle, José Etcheverry, Nicholas Heap,
Paul Lingl, Bruce Pearce, Lewis Rifkin, Hugo Séguin, Nashina Shariff, Justin Smallbridge,
Brian Yourish et Gaile Whelan-Enns
Publié par
La Fondation David Suzuki
2211 West 4th Avenue, Suite 219
Vancouver, BC, Canada V6K 4S2
Site Web : www.davidsuzuki.org
Courriel : climate_change@davidsuzuki.org
Téléphone : (604) 732-4228
Télécopieur : (604) 732-0752
Références photographiques : Getty Images ; page 13, David Dodge, © 2005 The Pembina
Institute ; page 23 par Rolf Hicker – www.hickerphoto.com
Introduction .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
Les tendances à l’échelle provinciale . ................................................................................................................................................................ 2
Y a-t-il un peu d’espoir? ..................................................................................................................................................................................................... 3
Le rôle du gouvernement fédéral ........................................................................................................................................................................... 5
Colombie-Britannique .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Alberta . .................................................................................................................................................... 10
S a s k a t c h e w a n ....................................................................................................................................... 13
m a n i t o b a .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
O n t a r i o .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Q u é b e c .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
Nouveau-Brunswick .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Île-du-Prince-Édouard .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
N o u v e l l e - É c o ss e .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
T e r r e - N e u v e e t l a b r a d o r .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
Y u k o n .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
T e r r i t o i r e s d u N o r d - O u e s t .......................................................................................................... 44
Nunavut .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
C o n c l u si o n s .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
références .............................................................................................................................................. 50
1
Introduction
E
n octobre 2005, la Fondation David Suzuki a publié un rapport qui présentait et
évaluait les plans et les mesures adoptés par les provinces et territoires du Canada
pour lutter contre les changements climatiques. Intitulé Un bilan disparate1, le
rapport concluait que la plupart des provinces méritaient une bien mauvaise note (cer-
taines n’avaient pas de plan du tout) et que quelques-unes se tiraient tout juste un peu
mieux d’affaire. En fait, dans presque tous les cas, nous avions constaté que les émissions
de gaz à effet de serre (GES) avaient augmenté par rapport à leur niveau de 1990. Qu’en
est-il aujourd’hui? C’est à cette question que veut répondre le présent rapport. Vous y
trouverez les plus récentes données disponibles sur les émissions de GES, de même qu’une
présentation critique des programmes et des mesures mis de l’avant par les provinces et
territoires au cours de la dernière année.
Dans l’ensemble, les provinces et territoires du pays ne prennent pas au sérieux le pro-
blème des changements climatiques. Les émissions attribuables au secteur des transports
continuent à être problématiques presque partout, le niveau total des émissions des GES
demeure élevé, et il continue d’augmenter (figure 1). Les énergies renouvelables, comme
l’énergie solaire, géothermique ou éolienne affichent un taux de croissance impressionnant,
mais elles demeurent encore marginales en chiffres absolus. En fait, pour plusieurs provinces
60
Augmentation des émissions (%)
40
20
-20
Canada C.-B. Alberta Sask. Manitoba Ontario Québec Nouveau- Î.-P.-É. Nouvelle- Terre-Neuve- Yukon T. N.-O. et
Brunswick Écosse et-Labrador Nunavut
INTRODUCTION
2.0
Mt de CO2e / milliard $ de PIB (1997)
1.5
1.0
0.5
0
Canada C.-B. Alberta Sask. Manitoba Ontario Québec Nouveau- Î.-P.-É. Nouvelle- Terre-Neuve- Yukon T. N.-O. et
Brunswick Écosse et-Labrador Nunavut
À première vue, il peut sembler logique que les grands émetteurs historiques continuent
à enregistrer d’importantes augmentations de leurs émissions. Mais en réalité, c’est le
contraire qui devrait se produire. En effet, pour une province qui pollue déjà beaucoup,
il est bien plus facile de faire d’importantes coupures d’émissions de GES que pour une
province « propre ». En Alberta, par exemple, aux dires mêmes de gens de l’industrie,
on pourrait réduire les émissions annuelles du secteur du pétrole et du gaz de 26 mil-
Un bilan disparate : Édition 2006
lions de tonnes (Mt) sans qu’il en coûte un sou (les sommes investies pour augmenter
l’efficacité étant compensées par les économies en coûts d’énergie). Déjà ce seul geste
correspondrait à une réduction de 11 % des émissions à l’échelle de la province. De même,
en Saskatchewan, chaque nouvelle éolienne installée permet de réduire l’utilisation des
centrales au charbon, ce qui entraîne des réductions d’émissions plus importantes que si
on installait les mêmes éoliennes au Manitoba où les émissions provenant de la production
d’électricité sont déjà relativement faibles. Bref, techniquement, les provinces qui polluent
le plus pourraient facilement et rapidement faire des coupures initiales importantes de
leurs émissions de GES.
Pourquoi les provinces canadiennes n’agissent-elles pas avec plus de vigueur? Comme
ce n’est ni pour des raisons de technologies, ni pour des raisons de coûts, la seule réponse
logique est politique : les gouvernements n’ont pas la volonté réelle se s’attaquer au
problème des changements climatiques. Plusieurs provinces et territoires n’ont pas encore
de plan d’action, même timide, pour réduire les émissions de GES. Et parmi les autres,
rares sont ceux qui ont adopté des mesures vraiment efficaces et qui ont fait leurs preuves
dans d’autres pays, comme un système de limitation et d’échange des droits d’émissions
ou des barrières financières puissantes (taxes et surprimes pour les pollueurs).
On peut approfondir la question encore un peu plus et se demander pourquoi la
plupart des gouvernements du pays ne prennent pas suffisamment au sérieux la ques-
tion des changements climatiques. En fait, il n’y a pas de réponse unique à cette question.
L’inaction résulte d’un manque de volonté politique, d’une approche qui vise le plus petit
dénominateur commun quand vient le moment de trancher entre les tenants de l’action
musclée et les tenants de la lenteur excessive, d’un manque de tonus politique vis-à-vis
les grands pollueurs et d’une division entre les instances fédérales et régionales qui font
en sorte que chacun pointe l’autre du doigt. Mais trêve de considérations politiques; ce
rapport vise d’abord et avant tout à identifier les progrès ou les reculs des provinces, et à
évaluer les mesures qu’elles ont adoptées.
C.-B. O N N N N N N N N O N N N N
Alberta O N N N N N N N N N N O N N
Sask. N N N N O N O N N N N N N N
Manitoba O O N N N N O N N N N O O N
Ontario N N N O O O O O3 N O N N O N
Québec O N 2 N O O O O O 3 O N N O O O
N.-B. N N 1 N N N N O N N N N O N N
Î.-P.-É. N N1 N N N N O N N N N O O N
N.-É. N N 1 N N O N O N N N N O N O
Terre-Neuve O N 1 N O N N O N N S/O N O N O
Yukon N N O O N N O N N S/O N O N O
T. N.-O. O N N O N N O N N S/O N O N O
Nunavut N N N O N N N N N S/O N N N O
1 La Conférence des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres de l’Est du Canada (GNA/PMEC) a défini comme cible une stabilisation des émissions à leur niveau de 1990 d’ici à 2010.
2 La cible du Québec est une réduction des émissions à 1,5 % sous leur niveau de 1990 d’ici à 2012.
3 Le Québec et l’Ontario ont tous deux annoncé leur intention de préparer un nouveau code, mais ils ne sont pas encore rédigés ni implantés.
même des provinces (voir le tableau 1). Le Québec et l’Ontario ont annoncé la mise sur
pied d’un nouveau code du bâtiment qui permettra d’augmenter l’efficacité énergétique
des immeubles (mais il faudra patienter avant de voir les effets concrets de ces mesures).
Le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse ont créé des nouvelles agences d’efficacité
énergétique qui, nous l’espérons, seront aussi productives que celle du Vermont.2 L’Alberta
maintient son engagement d’achat d’énergie verte et de réduction des émissions at-
tribuables aux activités gouvernementales et le Québec a emboîté le pas dans cette direction
aussi. Le Manitoba demeure le chef de file canadien dans le domaine des thermopompes
géothermiques. L’Ontario a imité l’Île-du-Prince-Édouard et offre désormais un pro-
gramme d’accès au réseau électrique à prix garanti pour les petits producteurs d’énergie
renouvelable. Si toutes ces bonnes idées étaient appliquées à la grandeur du pays, le Canada
serait en bien meilleure voie pour respecter ses engagements de Kyoto.
Les plus récentes données d’émissions de GES sont pour l’année 2004 et elles révèlent
que six provinces et territoires ont réussi à réduire leurs émissions par rapport à l’année
précédente. C’est le cas de l’Ontario, du Québec, de Terre-Neuve-et-Labrador et des trois
territoires. Reste à voir, bien sûr, s’il s’agit de tendances réelles ou de baisses ponctuelles.
Cela étant dit, les hausses des autres provinces ont été de loin supérieures aux baisses de
ces six provinces et territoires.
etc.), produits forestiers, fusion des minerais, etc.). Déjà, un pareil système engloberait au
moins la moitié des émissions du Canada. De plus, le gouvernement canadien n’a pas à
intervenir directement dans l’implantation d’aucune technologie puisque ces technolo-
gies existent, que ce soit pour fabriquer des automobiles, des bâtiments ou des appareils
moins énergivores ou pour produire de l’énergie renouvelable grâce aux éoliennes, aux
thermopompes géothermiques, aux micro-centrales hydroélectriques ou à l’énergie solaire.
Il n’a qu’à mettre sur pied une « bourse du carbone » et à imposer une réduction graduelle
du niveau des émissions en fonction des objectifs de lutte aux changements climatiques.
Par la suite, les forces du marché vont faire exactement ce qu’elles font toujours (et ce
qu’elles ont déjà fait dans d’autres pays), c’est-à-dire réagir et s’adapter.
Le gouvernement fédéral a aussi le pouvoir de réglementer les émissions des auto-
mobiles, des camions et des autobus (le transport routier est responsable de 20 % des
émissions du Canada). Le gouvernement peut aussi imposer des normes d’efficacité pour
une foule d’appareils et de produits vendus au pays (en réalité, il le fait déjà, mais ses
normes sont totalement dépassées).
Au Canada, aucun gouvernement ne peut échapper aux critiques pour son manque de
leadership en matière de changements climatiques. Les industries reliées aux ressources
naturelles relèvent en bonne partie des provinces, mais le gouvernement fédéral peut
légiférer sur les polluants émis par ces industries. Cette année encore, les politiques des
provinces et les territoires manquent de tonus et d’orientation. Il est temps que le gou-
vernement fédéral établisse sa propre stratégie, claire, forte et sans équivoque.
1 Marshall.
2 Voir http://www.efficiencyvermont.com/pages/
Colombie-Britannique
forces:
• L’Agricultural Land Reserve, une loi qui protège les terres agricoles contre
le développement et aide à contenir l’étalement urbain.
FA I B L ESSES :
• Aucune cible de réduction des émissions.
• Approbation de deux projets de centrales alimentées au charbon, ce qui À partir de 2010, un tiers de
fera doubler les émissions provenant de la production d’électricité. toute la nouvelle électricité
produite en Colombie-
• Projet de prolongement de l’autoroute 1 jusque dans Vancouver, ce qui
Britannique proviendra de
entraînera une augmentation de l’étalement urbain, de la circulation
centrales au charbon.
routière, de la pollution de l’air et des émissions de GES.
• Plutôt que de s’attaquer au problème de l’augmentation des émissions,
la province continue à miser sur l’accroissement de la production de
pétrole et de gaz, sur terre et en mer.
OCCAS I O N S M A N Q U É ES
• L’appel d’offres déposé récemment par BC Hydro aurait dû avoir un
volet réservé exclusivement aux énergies renouvelables à faible impact
écologique (et n’avoir aucun volet pour les centrales au charbon).
• Malgré la promesse à cet égard faite en 2002, le Energy Efficiency Act
n’a toujours pas été mis à jour.
Émissions de GES
Les plus récentes données indiquent que les émissions de GES de la Colombie-Britan-
nique ont augmenté de façon marquée en 2004. En 2003, les émissions de la province
se situaient à 24,4 % au-dessus de leur niveau de 1990. En 2004, elles avaient grimpé à
29,9 %.3 Le plus important facteur responsable de cette hausse est l’enfouissement des
déchets de bois de l’industrie forestière de la province. À cause des méthodes d’élimination
utilisées par l’industrie, la Colombie-Britannique est le plus important émetteur canadien
de GES provenant des déchets de bois.
Colombie-Britannique
Différentes autres mesures ont aussi été annoncées au cours de la dernière année, mais
aucune ne s’avère très prometteuse en ce qui concerne les émissions de GES. Par exemple,
la province a dévoilé un programme d’efficacité énergétique pour les immeubles, mais il
s’agit malheureusement d’un programme volontaire et on s’attend à ce qu’il ait très peu
d’impact réel sur la réduction des émissions.10 La seule mesure réglementaire envisagée
concerne la mise à jour d’un programme de normes en matière d’efficacité énergétique (le
Energy Efficiency Act) qui vise notamment les portes et fenêtres, les appareils de chauffage,
les climatiseurs, etc. Le gouvernement avait promis de le mettre à jour en 2002, et il vient
de répéter sa promesse.11
Le gouvernement de la Colombie-Britannique s’apprête aussi à dépenser 1,5 milliard
$ pour agrandir le pont Port Mann et prolonger l’autoroute 1 vers Vancouver. Cela en-
traînera inévitablement un étalement urbain dans la vallée du fleuve Fraser ainsi qu’une
augmentation des déplacements automobiles, de la congestion et des émissions de GES.
Finalement, BC Hydro a accordé des contrats pour deux projets de centrales au
charbon. Ces centrales fourniraient 28 % de nouvelle électricité.12 Si ces projets voient le
jour malgré le désaccord des citoyens révélé par les sondages, on enregistrera une hausse
radicale des émissions de GES attribuables à la production d’électricité en Colombie-
Britannique. Trois provinces ont enregistré des hausses d’émissions supérieures à celle
de la Colombie-Britannique et toutes trois produisent une partie importante de leur
électricité à partir du charbon.
RECO M M A N D AT I O N S
• Adopter des cibles de réduction des GES autonomes (au lieu de cibles qui
dépendent de celles d’autres provinces ou états).
• Réduire les GES qui proviennent du secteur des transports et de l’industrie
du pétrole et du gaz.
• Annuler les projets récemment approuvés par BC Hydro et décréter que
toute augmentation de la production électrique devra désormais provenir
de sources d’énergie renouvelables à faible impact écologique.
• Abandonner le projet d’expansion de l’autoroute 1 et du pont Port Mann.
Alberta
FORCES
• Le gouvernement s’est engagé à acheter 90 % de son énergie de sources
renouvelables.
• Réductions substantielles des émissions reliées aux activités
du gouvernement.
Émissions de GES
Les émissions de GES de l’Alberta augmentent continuellement. Les plus récentes données
indiquent qu’en 2004, les émissions totales de la province atteignaient 39,4 % au-dessus
du niveau de 1990.13 L’industrie du pétrole et du gaz occupe le premier rang des émetteurs
et elle est le principal responsable de cette augmentation. Depuis 1990, les émissions de
cette industrie sont celles qui ont connu la plus forte hausse en Alberta.14 L’industrie de
la production électrique est le deuxième plus important émetteur de la province et ses
émissions sont 31 % plus élevées qu’en 1990. En 2004, on a enregistré une baisse suite
à la fermeture de plusieurs vieilles centrales au charbon. Malheureusement, cette baisse
ne sera que temporaire puisque la construction de trois nouvelles usines au charbon a
été approuvée en 2001 (et deux autres sont actuellement en processus d’approbation).
Un bilan disparate : Édition 2006 11
La première est entrée en fonction en 2005 et les autres suivront bientôt. Les émissions
de GES de l’industrie électrique vont donc bientôt reprendre leur courbe ascendante.
Dans la plupart des autres secteurs, on enregistre aussi des augmentations. Dans le
secteur des mines, elle totalise 463 % depuis 1990 à cause de l’exploitation des sables bitu-
mineux.15 Les autres hausses touchent notamment les transports routiers et l’agriculture
(à cause de l’augmentation des élevages de porc et de bétail).
FIGURE 3 Émissions de GES de l'Alberta prévues selon son plan pour contrer les changements climatiques
250
Émissions de GES (Mt de CO2 e)
200
150
100
1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025
En réalité, la situation en Alberta n’est pas surprenante puisque son plan ne conte-
nait aucune mesure sérieuse pour l’industrie du pétrole et du gaz (en fait, la province
s’est contentée de discuter avec les principaux acteurs de l’industrie). L’Alberta affirme
qu’elle prépare actuellement un projet de loi sur les GES mais on n’en sait presque rien
jusqu’ici. Au mieux, on peut s’attendre à ce que la province conserve son approche basée
sur l’intensité, ce qui n’entraînera aucune réduction certaine en chiffres absolus. Qui plus
est, on anticipe que la croissance prévue de l’exploitation des sables bitumineux se traduira
par une augmentation de 300 % des GES d’ici 2012.19 Bref, il est clair que l’Alberta ne
semble pas prête à s’attaquer sérieusement au problème des changements climatiques.
Pourtant, le prix à payer pour éliminer les effets des GES provenant de l’industrie du
pétrole et du gaz serait loin d’être exorbitant. En réduisant ses émissions et en achetant des
droits sur le marché, l’industrie verrait ses coûts augmenter de 1 à 5 $ par baril de pétrole,
12 ALBERTa
ce qui constitue une petite fraction du prix courant (et du prix prévisible) du pétrole.20
L’Alberta a aussi mené de nombreuses consultations avec l’industrie de la produc-
tion d’électricité. Il a été question d’efficacité énergétique, d’énergies renouvelables et de
cibles de réduction pour l’ensemble du secteur, mais ces consultations n’ont rien donné
de concret, pas même des recommandations globales. Selon le plan albertain de 2002, des
mesures volontaires devraient permettre à la province de produire 3,5 % de son électricité
à partir de sources renouvelables d’ici 2008.21 Les dernières données disponibles à cet égard
remontent à 2003 et elles révèlent que le pourcentage n’était alors que de 1,2 %.22 Somme
toute, on constate que l’Alberta brille par son manque de leadership dans le dossier des
changements climatiques. Il faut que le gouvernement établisse des cibles obligatoires
de réduction des GES, d’efficacité énergétique et de production d’énergie renouvelable
et il faut qu’il adopte des mesures efficaces pour faciliter l’atteinte de ces cibles.
La seule bonne nouvelle dans le plan albertain, c’est que le gouvernement vise à
réduire les émissions qui résultent de ses propres activités de 26 % par rapport au niveau
de 1990 dès 2005. Notez qu’il s’agit ici d’une cible en chiffres absolus. Le gouvernement
s’engage aussi à acheter 90 % de son énergie de sources renouvelables.23 Pour l’instant,
donc, l’Alberta ne semble pas disposée à adopter des mesures fermes pour contrer les
changements climatiques sauf à l’intérieur même du gouvernement.
RECO M M A N D AT I O N S
• Préparer un plan avec des cibles de réduction réelles des émissions.
• Implanter des politiques fermes pour réduire les émissions des deux plus
grands émetteurs : le secteur de l’électricité et du chauffage et celui
du pétrole et du gaz.
• Profiter de son influence certaine auprès du gouvernement fédéral actuel
pour jouer un rôle constructif et favoriser l’établissement de politiques
fédérales/provinciales/territoriales fermes et efficaces pour contrer les
changements climatiques.
Saskatchewan
FORCES
• Une des seules provinces à offrir une remise de taxes à l’achat d’appareils
électroménagers énergétiquement efficaces.
• Création d’une agence ayant pour mandat spécifique d’élaborer des
stratégies de conservation de l’énergie et de production d’énergie
renouvelable.
Per capita, la Saskatchewan
FA I B L ESSES est le plus gros émetteur
• Par rapport à son PIB, la Saskatchewan est le plus grand émetteur de GES de GES du Canada.
du Canada.
• L’augmentation des émissions de la Saskatchewan depuis 1990 a été
la plus marquée du pays.
• La province n’a ni plan ni cibles de réduction des GES.
• La majeure partie de l’électricité est produite à partir de centrales au
charbon.
OCCAS I O N S M A N Q U É ES
• Avec ses terres fertiles et ses cultures abondantes, la Saskatchewan devrait
utiliser ses résidus agricoles pour produire de l’éthanol cellulosique (qui
est beaucoup plus rentable en matière de réduction des GES que l’éthanol
produit à partir de grains).
Émissions de GES
La Saskatchewan demeure l’endroit au pays où l’on enregistre les émissions de GES les plus
élevées per capita et les plus fortes augmentations annuelles. En 2004 (dernières données
disponibles), les émissions de la Saskatchewan étaient 61,7 % plus élevées qu’en 1990.24
Au cours de l’année 2004, les émissions de la province ont augmenté de façon radicale à
cause des industries suivantes :
• pétrole et du gaz (notamment l’agrandissement d’une raffinerie de Regina)
• électricité et chauffage (notamment une importante augmentation de la production
électrique à partir de gaz naturel)
• agriculture (augmentation des élevages de porc et de bétail).25
14 SASKATcHEWAN
Ces trois grandes industries sont les principales responsables, dans l’ordre, de
l’augmentation des émissions entre 1990 et 2004. Vient ensuite le transport routier avec
une augmentation de 47 % depuis 1990. Cette hausse s’explique notamment par le pas-
sage du train au camion pour le transport des marchandises et par le comportement
des consommateurs, qui ont remplacé en partie leurs automobiles par des VUS ou des
camionnettes.26
RECO M M A N D AT I O N S
• Préparer et implanter un plan avec des cibles de réduction radicales
des émissions.
• Adopter des mesures spécifiques pour l’industrie qui connaît actuellement
la plus forte augmentation de ses émissions, c’est-à-dire celle du pétrole
et du gaz.
• Élaborer un plan à long terme pour éliminer les centrales au charbon.
• Éliminer les subventions au développement de certaines technologies
comme le charbon à combustion « propre » ou le captage et l’entreposage
du CO2 et consacrer cet argent à l’atteinte des objectifs d’efficacité
énergétique et de production d’énergie renouvelable.
• Adopter un règlement pour imposer graduellement l’utilisation
exclusive d’éthanol de type cellulosique dans l’essence.
Manitoba
FORCES
• Plan raisonnablement ferme qui adopte les mêmes cibles de réduction
des GES que Kyoto et qui touche la plupart des secteurs économiques.
• Encourage l’installation et l’utilisation de thermopompes géothermiques
pour réduire la consommation de combustible fossile pour le chauffage
des habitations.
• Engagement envers les sources d’énergies qui produisent peu de CO2.
En remplaçant ses nouveaux
projets hydroélectriques par FA I B L ESSES
des projets de production
• Pas de plan intégré pour réduire les émissions provenant du secteur des
d’énergie renouvelable,
transports (notamment en ce qui concerne les marchandises et les véhicules
le Manitoba pourrait
personnels).
atteindre plus facilement
les objectifs de son plan • Peu de mesures pour contrer les augmentations des émissions provenant
d’action pour lutter de l’agriculture.
contre les changements
OCCAS I O N S M A N Q U É ES
climatiques.
• Grâce à l’abondance de ses cultures et à son réseau hydroélectrique, le
Manitoba serait en mesure d’accentuer fortement sa production d’éthanol
cellulosique et d’énergie éolienne. La province devrait mettre l’accent sur
ces énergies renouvelables de même que sur la géothermie plutôt que
sur la construction de grands barrages hydroélectriques.
Émissions de GES
De 2003 à 2004, les émissions de GES du Manitoba ont aussi augmenté, passant de 8,2 %
à 11,4 % au-dessus de leur niveau de 1990.30 Cette augmentation est principalement due
à l’industrie agricole (qui affiche une croissance des émissions de 45 % depuis 1990). Plus
précisément, on note une hausse des élevages de porc et de bétail et une forte augmenta-
tion de l’épandage de fumier dans les champs et les pâturages.31
Les émissions attribuables au transport continuent aussi d’augmenter. Comme pour la
Saskatchewan, cela s’explique notamment par le passage du train au camion pour le transport
des marchandises et par le comportement des consommateurs, qui ont remplacé en partie
leurs automobiles par des VUS ou des camionnettes.32 Les données concernant les émissions
attribuables à l’électricité et au chauffage sont confidentielles, mais on sait tout de même
qu’elles sont à la baisse par rapport à l’an dernier, de même que par rapport à 1990.33
Un bilan disparate : Édition 2006 17
RECO M M A N D AT I O N S
• Continuer à jouer un rôle de leader en matière de changements climatiques
auprès des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux.
• Veiller à ce que le nouveau plan prévoie des réductions d’émissions pour
les deux secteurs les plus préoccupants : les transports et l’agriculture.
Ontario
FORCES
• Engagement à fermer les cinq centrales au charbon de la province.
• Nouvelle politique permettant aux petits producteurs d’énergie
renouvelable d’avoir accès au réseau électrique.
FA I B L ESSES
En investissant massivement • La province n’a ni plan ni cibles de réduction des GES.
dans l’énergie nucléaire, • L’Ontario a décidé de consacrer une importante partie de son enveloppe
l’Ontario réduit budgétaire énergétique de 40 milliards $ à la réfection et à la construction
sa capacité d’appuyer les
de centrales nucléaires.
solutions vertes comme
la conservation, l’efficacité
OCCAS I O N S M A N Q U É ES
énergétique et les énergies
revouvelables. • L’objectif officiel du plan de développement de la région du Golden
Horseshoe est d’intensifier la croissance dans des secteurs donnés
et de protéger les terres agricoles. Mais, en pratique, ce plan
va favoriser l’étalement urbain.
Émissions de GES
De 2003 à 2004, les émissions de GES de l’Ontario ont diminué, passant de 18,6 % à 15
% au-dessus de leur niveau de 1990.40 Cela s’explique en bonne partie par la réduction de
10 Mt (équivalent à 23 %) des émissions attribuables à l’électricité et au chauffage.41 Les
émissions provenant des immeubles résidentiels ont aussi diminué, de 1,3 Mt.42
Depuis 1990, les émissions attribuables au transport routier ont augmenté consi-
dérablement (de 42 %).43 Comme pour les autres provinces, cette hausse s’explique
notamment par le passage du train au camion pour le transport des marchandises et
par le comportement des consommateurs, qui ont remplacé en partie leurs automobiles
par des VUS ou des camionnettes. En 2004, la hausse s’est poursuivie et ce secteur est le
principal responsable des émissions de GES en Ontario. Les émissions attribuables à la
production d’électricité ont aussi augmenté (après une année à la baisse). L’électricité est
la deuxième plus importante source d’émissions de la province. En Ontario, la production
Un bilan disparate : Édition 2006 19
d’acide adipique (un composé qui entre dans la fabrication du nylon et de plastiques)
constituait la principale source d’émissions industrielles en 1990. L’introduction de
nouveaux procédés a permis de réduire les émissions de 71 %, ce qui est comparable aux
résultats obtenus ailleurs dans le monde.44
rement à l’énergie nucléaire, elles ne génèrent pas de déchets toxiques qu’il faudra gérer
pendant des milliers d’années.
Dans le rapport de l’an dernier, nous avions parlé d’un projet du gouvernement
ontarien pour contrer l’étalement urbain. On en sait plus à ce sujet maintenant avec la
publication du plan de développement de la grande région dite du Golden Horseshoe
(une région très peuplée, située le long de la côte ouest du lac Ontario, et comprenant
plusieurs grandes villes, dont Toronto). Malheureusement, ce plan vise un objectif
d’intensification de seulement 40 %.48 Cela signifie que 60 % des nouvelles installations
pourront être étalées, ce qui correspond à peu près au niveau d’étalement typique en
situation de croissance. Or, on sait qu’un pareil étalement entraîne l’élimination de terres
agricoles, la construction d’infrastructures routières coûteuses et une augmentation des
déplacements et des émissions.
Si l’Ontario désire vraiment s’attaquer au problème des changements climatiques,
elle doit d’abord et avant tout réduire les émissions de GES attribuables au secteur des
transports. Et pour ce faire, il faudra bien plus que quelques autobus hybrides, surtout
avec l’étalement urbain qui risque de résulter du plan de développement du Golden
Horseshoe.
RECO M M A N D AT I O N S
• Préparer et implanter un plan avec des cibles de réduction radicales des
émissions.
• Tirer toute nouvelle énergie électrique exclusivement de la conservation,
de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables, plutôt que de
l’énergie nucléaire.
• Revoir les plans de développement pour protéger efficacement les riches
terres agricoles de l’Ontario et pour stopper l’étalement urbain.
Québec
FORCES
• Le plus faible taux d’émissions de GES par rapport au PIB.
• Nouveau plan passablement complet qui vise notamment le secteur des
transports, le principal responsable des émissions du Québec.
• Implication encore plus marquée dans la production d’énergie éolienne.
Émissions de GES
De 2003 à 2004, les émissions de GES du Québec ont diminué de 1,3 % et elles se situent
maintenant à 6,1 % au-dessus de leur niveau de 1990.49 Cette baisse est principalement
attribuable à une importante réduction des émissions provenant des immeubles com-
merciaux et institutionnels. On observe aussi une réduction du côté des GES dégagés lors
de l’enfouissement des déchets solides (une source d’émissions relativement importante
au Québec).
Le secteur des transports (et plus particulièrement les transports routiers) demeure le
principal responsable des émissions de GES de la province. Les émissions attribuables aux
transports sont en constante augmentation et, en 2004, elles étaient de 27 % supérieures à
leur niveau de 1990.50 Par contre, les émissions sont inférieures aux niveaux de 1990 dans
le secteur manufacturier (-10 %, malgré une augmentation en 2004) et des industries
lourdes comme la production de magnésium et d’aluminium (-27 %).51
22 QUéBEC
des 10 prochaines années, on prévoit injecter près de 7 milliards $ (de sources fédérale et
provinciale) pour améliorer à la fois les infrastructures et les services offerts.59
Le plan prévoit l’adoption de différentes petites mesures fiscales pour favoriser
l’efficacité énergétique. Voici quelques exemples : exemption partielle de la taxe à l’achat
d’un véhicule hybride efficace, exemption sur les laissez-passer de transport en commun
fournis par un employeur à ses employés, élimination de la taxe sur le biodiesel, surprime
de 30 à 150 $ lors de l’immatriculation d’un véhicule à moteur de plus de 4 litres (ces
véhicules représentent un faible pourcentage des véhicules vendus au Québec).60
Le plan comprend d’autres mesures comme l’installation de dispositifs pour limiter
la vitesse et la consommation d’essence des camions.
Somme toute, le plan du Québec est prometteur et il couvre une vaste gamme de
sous-secteurs reliés aux transports. Mais son efficacité risque d’être mise à rude épreuve
par une importante expansion du réseau routier.
En collaboration avec le gouvernement fédéral, les gouvernements locaux et le secteur
privé, le Québec prévoit investir au moins 1,4 milliard $ pour différents projets routiers.61
Plusieurs de ces projets devraient tout simplement être abandonnés. Ainsi, on veut prolon-
ger l’autoroute 25 et construire un nouveau pont, soi-disant pour absorber l’augmentation
de la circulation à Montréal et Laval. Nous croyons que c’est souvent le contraire qui se
produit : le trafic augmente parce qu’il y a de nouvelles routes. De même, on transforme la
route 175 entre Québec et Chicoutimi en une autoroute à quatre voies, en plein coeur de
la réserve faunique des Laurentides. On ajoute une section à quatre voies à l’autoroute 35
entre Saint-Jean et la frontière américaine pour faciliter les déplacements transfrontaliers.
Même le prolongement de l’autoroute 30, qui permettra aux camions de contourner l’île
de Montréal, se fera au détriment des meilleures terres agricoles du Québec.
Secteur pétrolier
La mesure du plan sur les changements climatiques du Québec qui a fait le plus de bruit
est sans doute la taxe sur le CO2 des hydrocarbures. Cette taxe variera en fonction de la
teneur en CO2 des différents combustibles fossiles et on s’attend à ce qu’elle génère des
revenus d’environ 200 $ millions par année, revenus qui seront ensuite utilisés pour
financer d’autres mesures du plan.62 Le taux de la taxe n’est pas précisé dans le document,
mais nous estimons qu’il sera d’environ 3 $ par tonne de CO2 libérée.
Cette « taxe sur le carbone » pourrait créer un précédent intéressant à l’échelle cana-
dienne, notamment parce qu’elle constitue une source de financement intéressante pour
les programmes verts. Mais il faut aussi réaliser que la taxe en elle-même aura probable-
ment peu d’effet sur la consommation des combustibles. En effet, les pétrolières se sont
plaint du fait que la taxe ajouterait 1,5 cents au prix de l’essence,63 mais il s’agit là d’un
24 QUéBEC
impact presque négligeable dans le contexte actuel de la structure tarifaire déjà pour le
moins volatile qui prévaut dans le secteur des carburants...
Dans le cadre de sa stratégie énergétique, le Québec a pour objectif de réduire la
consommation de pétrole de 10 % d’ici à 2015 par rapport à un scénario de statu quo.64
Comme ce scénario prévoit déjà une augmentation de la consommation, la réduction en
chiffres absolus ne sera que de 3,2 % environ,65 et elle sera probablement attribuable à
des mesures autres que la taxe sur le CO2. Quoi qu’il en soit, les émissions provenant du
secteur des transports (responsable de la majeure partie de la consommation de pétrole)
ont augmenté de 25 % depuis 199066. Le fait de stabiliser (et idéalement de réduire) les
émissions de ce secteur constituerait donc déjà une amélioration notable.
Paradoxalement, le Québec souhaite désormais devenir un producteur de pétrole et il
veut permettre le forage et l’exploitation gazière et pétrolière dans le golfe du Saint-Laurent.
Cela serait contre productif dans le contexte de la lutte aux changements climatiques et aurait
pour effet de faire augmenter nettement les émissions de la province à partir de 2012.
Électricité
Grâce à son importante production hydroélectrique, le Québec est la province dont la produc-
tion d’électricité est la plus efficace en matière d’intensité des émissions de GES (c’est-à-dire la
quantité de GES émise par rapport à chaque unité d’électricité produite).67 Le Québec entend
poursuivre sur cette voie puisqu’on construit actuellement des installations hydroélectriques
d’une capacité de 1000 MW et que des projets sont en cours d’étude environnementale pour
ajouter 888 MW supplémentaires. De plus, la stratégie énergétique prévoit aussi la construc-
tion de centrales d’une capacité de 4500 MW au cours des quatre prochaines années.68 La
grande majorité de ces centrales seront alimentées par des grands barrages.
Cette approche constitue la plus grande faiblesse du plan québécois. En effet, même
s’il est vrai que les émissions de GES attribuables aux grandes centrales hydroélectriques
sont plus faibles que celles des centrales thermiques (notamment celles au charbon), il n’en
reste pas moins que les grands barrages ont des impacts environnementaux importants,
notamment sur la faune en aval, en amont et à proximité des barrages. De plus, il ne faut pas
oublier que les réservoirs eux-mêmes produisent aussi des émissions de GES. Bien sûr, ces
émissions sont moins importantes que dans le cas des centrales au gaz ou au charbon, mais
elles devront bientôt être comptabilisées aussi en vertu des protocoles internationaux.
Heureusement, le Québec prévoit aussi produire 4000 MW d’énergie éolienne d’ici
2015 (dont 500 ont été ajoutés dans le plan).69 Compte tenu de la production totale du reste
du Canada, qui est d’à peine plus de 1000 MW, il s’agit là d’un engagement important et
significatif. Après 2015, cependant, le Québec prévoit ajouter seulement 1 MW d’électricité
éolienne par tranche de 10 MW d’énergie hydroélectrique. Pourtant, avec ses immenses
All over the map: 2006 Status Report 25
réservoirs qui peuvent se remplir quand le vent souffle et produire quand le vent tombe,
le Québec pourrait très bien abandonner tous ses nouveaux projets hydroélectriques et
miser uniquement sur les éoliennes et les autres sources d’énergie renouvelables pendant
des années. Au Danemark, 20 % de l’électricité provient des éoliennes (et ce taux pourrait
doubler70). Le Québec pourrait très bien faire de même.
Le plan comprend aussi des mesures pour améliorer l’efficacité énergétique, mais
ces mesures ne seront pas suffisantes pour faire baisser la consommation électrique de
la province. Selon les estimations, la consommation électrique augmentera d’environ
7.5 % d’ici 2016.71 Cette augmentation, ajoutée à celle de la consommation du gaz naturel
(11 %), ne sera pas compensée par la baisse de consommation de pétrole (-3,2 %), de
sorte que la consommation nette augmentera d’environ 4 % au cours des 10 prochaines
années (figure 4).72
10.0
8.0
Différence de consommation (%)
6.0
4.0
2.0
-2.0
-4.0
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Secteur industriel
La stratégie du Québec est décevante en ce qui concerne les émissions de source indus-
trielle, parce qu’elle repose sur une approche volontaire qui contraste avec l’ampleur de
la réglementation prévue dans les autres secteurs. Pourtant, les activités industrielles sont
la deuxième plus importante source de GES au Québec, après les transports.79 Selon les
données du plan du Québec, le secteur industriel a réduit ses émissions de 6,8 % depuis
1990, mais rien ne garantit que les réductions se poursuivront à l’avenir.80 Pour atteindre
ses objectifs, le plan prévoit des réductions supplémentaires dans le secteur industriel. Il
serait donc plus logique et plus prudent d’avoir une réglementation à cet effet. Cela est
d’autant plus vrai quand on tient compte que la réglementation fédérale sur les grands
émetteurs finaux (qui n’est toujours pas en vigueur) fixe des cibles si timides qu’elle risque
dans les faits de permettre des augmentations des émissions.
Adaptation
Le plan du Québec sur les changements climatiques est assorti d’une stratégie d’adaptation.
Pour l’instant, il s’agit essentiellement d’un outil de suivi et d’alarme en cas de changements
problématiques, ce qui est sans doute approprié dans un premier temps, mais il faudra
éventuellement mettre au point un système pour réagir concrètement aux changements
en question.
Voici quelques-uns des paramètres qui feront l’objet d’un suivi :81
• répercussions sur la santé (maladies infectieuses, vagues de chaleur, événements
météorologiques extrêmes)
Un bilan disparate : Édition 2006 27
• fonte du permafrost et effet sur les infrastructures, érosion des côtes (le long de la
Côte-Nord du Saint-Laurent, par exemple)
• modification des zones forestières et de leur contenu en carbone
• quantité et qualité de l’eau (dans les réservoirs hydroélectriques et dans les aquifères).
Conclusion
Le plan du Québec semble solide et réaliste. Bien sûr, différents points restent à régler et le
plan devra être effectivement implanté, mais il a le mérite d’attaquer de front le problème
des émissions de GES en visant clairement plusieurs secteurs, dont le plus important au
Québec, celui des transports. La cible de réduction globale du plan ne rejoint pas celle
du protocole de Kyoto, mais le gouvernement a clairement indiqué qu’il s’y engagerait
s’il recevait l’appui promis par le gouvernement fédéral. (Le gouvernement québécois n’a
toutefois pas indiqué comment il utiliserait l’argent le cas échéant.)
Le plan du Québec a aussi des faiblesses. La construction de nouveaux grands barrages
hydroélectriques aura un impact sur la biodiversité et les réservoirs créés émettront des
GES. Les investissements massifs dans le réseau routier auront un impact négatif sur les
gains apportés par les mesures destinées au secteur des transports. Il en va de même en ce
qui concerne le projet d’exploitation gazière et pétrolière dans le golfe du Saint-Laurent.
Finalement, les objectifs d’amélioration de l’efficacité énergétique sont insuffisants pour
réduire la consommation globale d’énergie. Malgré cela, ce plan est un premier pas dans la
bonne direction. Espérons que le gouvernement fédéral et les autres provinces prendront
exemple sur le Québec et qu’ils iront encore plus loin pour réduire leurs émissions de GES
et s’attaquer au problème des changements climatiques.
RECO M M A N D AT I O N S
• Implanter aussi rapidement que possible les mesures présentées au
plan, notamment le nouveau code du bâtiment, la taxe sur le CO2 et les
nombreuses mesures qui touchent le secteur des transports.
• Poursuivre les négociations avec les représentants de l’industrie pour fixer
des cibles de réduction et rendre ces cibles obligatoires.
28 QUéBEC
Nouveau-Brunswick
FORCES
• Engagement à produire 10 % de son électricité à partir de sources
d’énergie renouvelables à faible impact écologique d’ici 10 ans.
• Adoption de certaines mesures positives et création d’une agence
d’efficacité énergétique en 2006.
OCCAS I O N S M A N Q U É ES :
• Plutôt que de rénover la vieille centrale nucléaire de Pointe Lepreau,
le Nouveau-Brunswick aurait pu investir des sommes importantes pour
favoriser le développement de solutions durables comme l’efficacité
énergétique et les énergies renouvelables.
Émissions de GES
De 2003 à 2004, les émissions de GES du Nouveau-Brunswick ont connu une augmenta-
tion de 16,1 %, la plus forte au pays, et elles sont maintenant à 46,9 % au-dessus de leur
niveau de 1990.82 Le Nouveau-Brunswick remplace maintenant l’Alberta au deuxième rang
des provinces ayant connu les plus fortes augmentations depuis 1990 (la Saskatchewan
demeure loin devant avec 61,7 %).83 Même si les chiffres exacts sont confidentiels, nous
savons que la forte hausse des émissions du Nouveau-Brunswick provient principalement
du secteur de la production d’électricité.84 La province a exporté plus d’électricité, ce qui
a entraîné une hausse des émissions provenant de la centrale au mazout de Coleson Cove
et de la centrale au charbon de Belledune.
30 Nouveau-Brunswick
RECO M M A N D AT I O N S
• Préparer et implanter un plan avec des cibles de réduction des émissions.
• Abandonner le projet de réfection de Pointe Lepreau et investir dans les
énergies propres et renouvelables.
• Élaborer un plan à long terme pour éliminer graduellement les centrales
au charbon et au mazout lourd C.
Île-du-Prince-Édouard
FORCES
• Objectif de produire 15 % de son électricité à partir de ressources
renouvelables d’ici 2010.
• Politiques efficaces pour appuyer le développement des énergies
renouvelables.
FA I B L ESSES
Les émissions du secteur
des transports ont • Le plan de l’Île-du-Prince-Édouard est échu (mais de nouvelles mesures sont
augmenté, mais elles ont prévues pour bientôt).
été presque entièrement • Les émissions du secteur des transports ont augmenté considérablement,
compensées par une mais la province n’a adopté que de timides mesures pour les contrer.
diminution dans le secteur
de l’électricité et du
OCCAS I O N S M A N Q U É ES
chauffage.
• Lorsqu’il a lancé son programme de remises pour les véhicules hybrides,
le gouvernement aurait dû l’étendre à tous les véhicules à faible
consommation de carburant, et imposer une surprime aux plus énergivores.
Émissions de GES
De 2003 à 2004, les émissions de GES de Île-du-Prince-Édouard ont augmenté légèrement
pour atteindre 10,1 % au-dessus de leur niveau de 1990.90 Plus précisément, les émissions
du secteur des transports (bateaux, VUS, camionnettes et gros véhicules à moteur diesel)
ont connu une hausse, mais elle a été presque entièrement compensée par une baisse dans
le secteur de l’électricité et du chauffage et des véhicules hors-route.
Depuis 1990, les émissions attribuables aux camions légers et aux camions lourds à
moteur diesel ont doublé.91 Les émissions provenant de l’industrie des produits chimiques
ont aussi augmenté de façon substantielle.
RECO M M A N D AT I O N S
• Élaborer et adopter un nouveau plan avec des cibles de réduction des GES
plus ambitieuses.
• Prendre des engagements supplémentaires pour favoriser le
développement des énergies renouvelables à court terme.
• Adopter des mesures pour contrer l’augmentation des émissions provenant
des véhicules personnels et du transport des marchandises.
• Adopter un code du bâtiment musclé pour améliorer l’efficacité
énergétique de tous les nouveaux bâtiments.
Nouvelle-Écosse
FORCES
• Un nouveau document-cadre sur l’énergie verte qui définit certaines
politiques pour réduire l’usage des centrales au charbon.
• Un timide engagement à répondre à 5 % de la nouvelle demande
électrique à partir de ressources renouvelables d’ici 2010.
• Une nouvelle agence d’efficacité énergétique.
En investissant dans
l’énergie éolienne, la FA I B L ESSES
Nouvelle-Écosse réduirait • La Nouvelle-Écosse n’a pas de plan (et aucun n’est prévu avant au moins
sa dépendance aux
un an) et ses cibles de réduction sont volontaires et peu élevées.
centrales au charbon
et ses émissions de GES. • La stratégie adoptée n’a engendré aucun résultat significatif jusqu’à
maintenant.
• La province n’a prévu aucune mesure pour contrer les émissions du secteur
en plus forte progression : le pétrole et le gaz.
OCCAS I O N S M A N Q U É ES
• Les côtes de la Nouvelle-Écosse offrent un potentiel éolien élevé, mais
le gouvernement n’a que de très faibles objectifs de production
d’électricité de sources renouvelables.
Émissions de GES
De 2003 à 2004, les émissions de GES de la Nouvelle-Écosse ont augmenté, passant de
14,7 % à 16,5 % au-dessus de leur niveau de 1990. Le secteur de l’électricité et du chauffage
est celui qui a connu la plus forte hausse depuis 1990 et il est le principal responsable des
émissions de la province. On sait que les émissions de ce secteur ont augmenté encore
en 2004 (même si les données exactes sont confidentielles) et qu’elles sont environ 37 %
plus élevées qu’en 1990.95
Les émissions provenant des bâtiments institutionnels ont aussi connu une hausse
importante en 2004 et depuis 1990. À l’opposé, les émissions des immeubles résidentiels
ont baissé pour les mêmes périodes. Les émissions attribuables au transport routier con-
tinuent aussi d’augmenter. Comme pour les autres provinces, cela s’explique notamment
Un bilan disparate : Édition 2006 35
par un usage accru des véhicules pour le transport des marchandises et par le comporte-
ment des consommateurs, qui ont remplacé en partie leurs automobiles par des VUS ou
des camionnettes.
La cible de réduction « pouvant atteindre jusqu’à 1 Mt » est pour un horizon de 15 ans
et il s’agit d’une cible de réduction par rapport à un scénario de statu quo, qui comprend
sans aucun doute des augmentations des émissions. Entre 1990 et 2004, les émissions de
GES ont augmenté de 3,3 Mt en Nouvelle-Écosse; même si on atteint la cible, en 2020 les
émissions de la province pourraient atteindre 28 % de plus qu’en 1990.102 Pour mettre ces
chiffres en perspective, rappelons que d’ici 50 ans, les pays les plus développés devront
avoir réduit leurs émissions d’environ 80 % pour éviter les conséquences dangereuses des
changements climatiques.103
Pour accentuer ses réductions de GES, la Nouvelle-Écosse pourrait aussi être plus
à l’écoute des suggestions des experts en énergies renouvelables, en conservation et
en efficacité énergétique. Ainsi, un groupe recommande que 5 % de toute l’électricité
provienne de ressources renouvelables d’ici 2010.104 Cela constituerait déjà un net pas
en avant par rapport à la cible actuelle de 5 % de la nouvelle production électrique.
La firme de consultants Summit Blue proposera aussi des solutions pour réduire la
consommation énergétique de la province.
Adaptation
La Nouvelle-Écosse en est aux premières étapes de l’établissement d’un plan d’adaptation
pour réagir aux changements climatiques. Un peu comme le document-cadre sur les éner-
gies vertes, il s’agit pour l’instant encore d’une liste d’intentions, qui devra éventuellement
Un bilan disparate : Édition 2006 37
Conclusion
Dans le secteur de l’électricité, la Nouvelle-Écosse est sur la bonne voie grâce à ses mesures
sur la conservation, l’efficacité énergétique et la production verte. Mais pour qu’on puisse
enregistrer une réduction de l’ensemble des émissions de la province, il faudra faire bien
plus, notamment en établissant des cibles et des politiques fermes dans le secteur des
transports, du pétrole et du gaz et de l’électricité. En fait, il faudrait que la province pré-
pare un plan avec une vision d’ensemble et des mesures concertées, ce qui ne sera sans
doute malheureusement pas le cas avant le début de la première période d’engagement du
protocole de Kyoto, soit le 1er janvier 2008. Il faut compter un certain temps avant qu’un
plan ne soit bien implanté et qu’il commence à générer des réductions mesurables. Le
temps presse. Il faut que la Nouvelle-Écosse développe un sentiment d’urgence.
RECO M M A N D AT I O N S
• Préparer et implanter aussi rapidement que possible un plan musclé avec
des cibles précises de réductions d’émissions.
• Implanter les mesures préconisées par le document-cadre.
• Établir un objectif de production d’électricité renouvelable plus ambitieux
et réduire l’utilisation des centrales au charbon.
95 À la demande d’un secteur industriel en particulier, les données exactes fournies par ce secteur dans le
cadre de l’inventaire national des GES du Canada peuvent être confidentielles. Toutefois, la tendance gé-
nérale des émissions dans ces secteurs demeure disponible, de même que les données d’émissions totales
de la province.
96 Ministry of Energy, Nouvelle-Écosse. 2005.
97 Communication personnelle. Geroge Foote, directeur (par intérim), Intergovernmental Affairs and
Climate Change, Department of Energy, Nouvelle-Écosse. 11 juillet 2006.
98 Ministry of Energy, Nouvelle-Écosse. 2005. p. 17.
99 bid. p. 5.
100 Ibid. p. 11.
101 Ibid. p. 11.
102 Calculé à partir des données d’Environnement Canada. Annexe 12.
103 Bramley. p. 12.
104 Communication personnelle. Geroge Foote, directeur (par intérim), Intergovernmental Affairs and
Climate Change, Department of Energy, Nouvelle-Écosse. 11 juillet 2006.
105 Ministry of Energy, Nouvelle-Écosse. 2005. p. 12.
106 Environnement Canada. Annexe 12.
107 Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du Québec. 2006.
108 Environnement Canada. 2006. Annexe 11.
109 Ministry of Energy, Nouvelle-Écosse. 2005. pp 14-15.
38
Terre-Neuve-et-Labrador
FORCES
• Diminution des émissions attribuables au secteur de l’électricité
et du chauffage et diminution des émissions totales en 2004.
• Engagements modestes pour la production éolienne et l’efficacité
énergétique.
OCCAS I O N S M A N Q U É ES
• Grâce à ses grands réservoirs hydroélectriques au Labrador, la province
pourrait ajouter une importante production éolienne.
Émissions de GES
De 2003 à 2004, les émissions de GES de la Nouvelle-Écosse ont diminué sensiblement,
passant de 12,9 % à 4,4 % au-dessus de leur niveau de 1990. 110 Les secteurs de l’électricité
et du chauffage et du pétrole et du gaz sont les principaux responsables de cette baisse.
Une importante partie de la production électrique de Terre-Neuve-et-Labrador provient
de l’hydroélectricité. Or, en 2004, les précipitations ont été abondantes, de sorte qu’on a
moins utilisé la centrale au mazout de Holyrood.111
Les émissions attribuables au secteur du pétrole et du gaz ont connu une baisse en
2004, à la fois parce que la production de pétrole marin du projet Terra Nova a diminué
et parce que l’industrie a adopté de meilleures pratiques.112 Malgré cette baisse ponctuelle,
les émissions de ce secteur demeurent deux fois plus élevées qu’en 1990.113 Du côté du
secteur des transports, on enregistre une légère hausse, surtout attribuable aux camions
Un bilan disparate : Édition 2006 39
et autobus à moteur diesel, de même qu’aux véhicules hors route et aux camionnettes
et VUS. Les mines et le secteur de l’électricité et du chauffage affichent des baisses (les
données exactes sont confidentielles).114
d’énergie éolienne signifie aussi que la centrale au mazout d’Holyrood fonctionnera moins
souvent. Il faut lancer autant de projets éoliens que possible. Entre autres, le gouverne-
ment devrait se pencher sur un projet de 1000 MW au Labrador proposé conjointement
par un promoteur éolien et une communauté autochtone de la région.
Terre-Neuve-et-Labrador a aussi lancé un programme d’amélioration de l’efficacité
énergétique des maisons de 6,9 millions $, destiné aux ménages à revenu modeste. Ce
programme pourrait être avantageusement complété par d’autres mesures, comme un
code du bâtiment plus sévère, l’amélioration de l’efficacité des appareils et la création d’une
agence de conservation et d’efficacité énergétique (inspirée de celle du Vermont et de celles
que s’apprêtent à mettre sur pied la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick).
RECO M M A N D AT I O N S
• Adopter des cibles de réduction ambitieuses.
• Adopter des mesures pour contrer les émissions des secteurs qui affichent
la plus forte croissance : le pétrole et le gaz et les transports.
• Établir des objectifs plus élevés d’efficacité énergétique et d’implantation
d’énergies renouvelables.
• Prélever une partie des revenus de l’exploitation pétrolière en mer pour
créer un fonds permanent d’aide à la transition d’une économie axée sur
les combustibles fossiles vers une économie axée sur les emplois dans
le secteur des énergies renouvelables.
Yukon
FORCES
• Le Yukon est la seule région du Canada où les émissions de GES sont
maintenant inférieures à leur niveau de 1990 (à cause de la fermeture
de la mine Anvil Range).
• Une nouvelle stratégie sur les changements climatiques qui comprend
engagement public, recherche et stratégies d’adaptation.
La stratégie du Yukon pour
FA I B L ESSES combattre les changements
• Le Yukon n’a pas de plan (mais il s’apprête à en présenter un). climatiques vise uniquement
les émissions de GES qui
• Pas de cibles de réduction supplémentaire des émissions.
découlent des activités
gouvernementales.
OCCAS I O N S M A N Q U É ES
• La partie réduction d’émissions de la nouvelle stratégie sur les changements
climatiques vise uniquement les activités gouvernementales. Espérons
que le gouvernement élargira la portée de sa stratégie à la suite des
consultations publiques.
Émissions de GES
De toutes les provinces et territoires du Canada, le Yukon est la seule région où les émis-
sions de GES se situent sous leur niveau de 1990. De plus, les émissions du Yukon ont
baissé encore en 2004 (dernières données disponibles) pour atteindre -18.9 % par rapport
à 1990.119 Cette situation s’explique en bonne partie par la fermeture, à la fin des années
1990, de la mine Anvil Range, et à l’arrêt des générateurs au diesel qui l’alimentaient en
électricité. En 2004, par contre, les émissions ont diminué encore, cette fois grâce à la
réduction des émissions attribuables aux bâtiments commerciaux et institutionnels et
aux véhicules personnes (camions et automobiles).120
Dans les autres sous-secteurs des transports (véhicules hors-route et camions et
autobus à moteur diesel), les émissions ont augmenté.121 Dans son ensemble, le secteur
42 Yukon
des transports occupe le premier rang pour les émissions de GES au Yukon et il est
maintenant dominé par les camions et autobus à moteur diesel. Les émissions attribuables
aux immeubles résidentiels ont triplé et ce secteur occupe maintenant le deuxième rang.
RECO M M A N D AT I O N S
• Élaborer et adopter un plan avec des cibles de réduction supplémentaire
des GES.
• Viser des réductions d’émissions dans tous les secteurs.
• Établir des mesures pour réduire les émissions des camions lourds à
moteur diesel.
Territoires du Nord-Ouest
FORCES
• Taux d’émission de GES relativement faible par rapport au PIB.
• Financement de projets de planification énergétique et de réduction
des émissions à l’échelle des communautés.
FA I B L ESSES
Le projet de pipeline dans • Le plan des Territoires du Nord-Ouest comprend surtout des mesures
la vallée du Mackenzie ferait volontaires, qui risquent d’avoir peu d’impact sur la réduction des GES.
augmenter radicalement les • Selon les conclusions d’une évaluation publique, le plan se révèle inefficace
émissions totales
dans tous les secteurs.
de GES du Canada.
• La hausse de la production de gaz naturel et la construction d’un pipeline
dans la vallée du Mackenzie auraient un effet dévastateur sur les émissions
de GES des Territoires et de la région des sables bitumineux.
OCCAS I O N S M A N Q U É ES
• L’évaluation publique du plan des Territoires du Nord-Ouest proposait des
améliorations concrètes et un échéancier précis, mais, trois ans plus tard,
on attend toujours un nouveau plan.
Émissions de GES
Les données relatives aux émissions de GES des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut
sont combinées et il est difficile de les différencier. On sait cependant que les émissions glo-
bales des deux territoires ont diminué légèrement en 2004 (dernières données disponibles),
pour atteindre 4 % au-dessus de leur niveau de 1990.128 La baisse est principalement
attribuable aux véhicules hors-route à moteur diesel et au secteur des mines (mais dans
tous ces cas, les émissions sont encore au-dessus de leur niveau de 1990).
Les émissions des camions lourds à moteur diesel ont augmenté encore cette année, tout
comme elles l’ont fait régulièrement depuis 1990.129 En fait, les émissions ont augmenté
dans pratiquement tous les sous-secteurs des transports automobiles diesel et à essence,
camions, véhicules hors-route. Le secteur de l’électricité et du chauffage occupe le deuxième
Un bilan disparate : Édition 2006 45
rang et ses émissions ont augmenté encore en 2004. Par contre, on a enregistré un baisse
dans le secteur des bâtiments (résidentiels, commerciaux et institutionnels).
FIGURE 5 Émissions de GES dans les Territoires du Nord-Ouest, avec ou sans plan sur les changements climatiques
2.0
1.8
1.6
1.4
Émissions de GES (Mt de CO2 e)
1.2
0.8
0.6
0
1995 2000 2005 2010 2015
Les Territoires avaient mis sur pied un programme qui permettait aux résidents
d’obtenir une seconde subvention égale à celle du gouvernement fédéral dans le cadre
de son programme ÉnerGuide destiné à améliorer l’efficacité énergétique des maisons.
Depuis, le gouvernement fédéral a abandonné ce programme, entraînant aussi la suspension
du programme des Territoires. Par ailleurs, le gouvernement des Territoires participe au
financement de programmes énergétiques communautaires, qui comprennent des mesures
importantes de réduction de la consommation d’énergie et de réduction des émissions.
À la fin de l’été 2006, une organisation non gouvernementale locale a d’ailleurs remis à la
municipalité de Yellowknife une proposition de plan énergétique pour la communauté.132
En 2005, le plan des Territoires a fait l’objet d’une évaluation publique. Conclusion :
on a reproché au plan de ne pas fixer de cibles précises, de ne pas présenter d’échéancier
46 Territoires du Nord-Ouest
RECO M M A N D AT I O N S
• Préparer et implanter un nouveau plan avec des cibles de réduction
des émissions et qui tient compte des recommandations de l’évaluation
publique.
• Abandonner le projet de pipeline de la vallée du Mackenzie et le remplacer
par des projets de développement énergétique et économique durables.
Nunavut
FORCES
• Taux d’émission de GES relativement faible par rapport au PIB.
• Préparation d’un inventaire exhaustif des impacts des changements
climatiques.
FA I B L ESSES
• Le Nunavut n’a ni plan ni cibles de réduction des GES. Le Nunavut n’a pas de
stratégie pour lutter
OCCAS I O N S M A N Q U É ES : contre les changements
• Plusieurs communautés isolées du Nunavut sont alimentées en électricité climatiques ni pour réduire
ses émissions de GES.
par des génératrices au diesel autonomes et coûteuses. On pourrait opter
pour des systèmes hybrides qui incorporent les énergies renouvelables
aux génératrices conventionnelles, mais peu de communautés ont
exploré cette voie.
Émissions de GES
Les données relatives aux émissions de GES des Territoires du Nord-Ouest et du Nuna-
vut sont combinées et il est difficile de les différencier. Voir la section précédente sur les
Territoires pour une description des tendances.
RECO M M A N D AT I O N S
• Préparer et implanter un plan qui vise à la fois à réduire les émissions
de GES et à développer des stratégies d’adaptation.
• Adopter des mesures de réduction des émissions des véhicules hors-route
et travailler de concert avec le gouvernement fédéral pour améliorer les
normes d’émissions de ces véhicules.
Conclusions
Références
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Le Canada a signé le protocole de Kyoto en 1998 et l’a ratifié en 2002.
Depuis, le gouvernement fédéral a préparé différents plans pour lutter
contre les changements climatiques, mais les gouvernements provinciaux
ont aussi un rôle essentiel à jouer.
Imprimé sur papier Save-A-Tree® composé à 100 % de fibres recyclées • Conception graphique : Alaris Design
Photos : Getty Images; David Dodge/The Pembina Institute; Rolf Hicker – www.hickerphoto.com