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Un bilan disparate

ÉVALUATION DES PLANS DES PROVINCES


POUR CONTRER LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

ÉDITION 2006
Un bilan disparate
Évaluation des plans des provinces
pour contrer les changements climatiques
Édition 2006
Un bilan disparate :
Évaluation des plans des provinces pour contrer
les changements climatiques Édition 2006

© 2006 the David Suzuki Foundation

ISBN 1-897375-01-8

Catalogage avant publication disponible auprès


de la Bibliothèque nationale du Canada

Auteur
Dale Marshall

Remerciements
Des remerciements particuliers reviennent à Patrick Bonin, Ian Bruce, Deborah Carlson,
Morag Carter, David Coon, Ann Coxworth, Meinhard Doelle, José Etcheverry, Nicholas Heap,
Paul Lingl, Bruce Pearce, Lewis Rifkin, Hugo Séguin, Nashina Shariff, Justin Smallbridge,
Brian Yourish et Gaile Whelan-Enns

Ce projet a été rendu possible grâce au généreuses contributions financières


de nombreuses personnes et à :

La Fondation Stephen R. Bronfman

Publié par
La Fondation David Suzuki
2211 West 4th Avenue, Suite 219
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Téléphone : (604) 732-4228
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Références photographiques : Getty Images ; page 13, David Dodge, © 2005 The Pembina
Institute ; page 23 par Rolf Hicker – www.hickerphoto.com

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La couverture et les pages intérieures sont imprimées sur papier Save-A-Tree fabriqué
sans chlore et composé à 100 % de fibres recyclées après consommation.
Table
des matières

Introduction .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
Les tendances à l’échelle provinciale . ................................................................................................................................................................ 2
Y a-t-il un peu d’espoir? ..................................................................................................................................................................................................... 3
Le rôle du gouvernement fédéral ........................................................................................................................................................................... 5

Colombie-Britannique .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Alberta . .................................................................................................................................................... 10
S a s k a t c h e w a n ....................................................................................................................................... 13
m a n i t o b a .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
O n t a r i o .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Q u é b e c .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
Nouveau-Brunswick .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Île-du-Prince-Édouard .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
N o u v e l l e - É c o ss e .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
T e r r e - N e u v e e t l a b r a d o r .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
Y u k o n .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
T e r r i t o i r e s d u N o r d - O u e s t .......................................................................................................... 44
Nunavut .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
C o n c l u si o n s .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

références .............................................................................................................................................. 50
1

Introduction

E
n octobre 2005, la Fondation David Suzuki a publié un rapport qui présentait et
évaluait les plans et les mesures adoptés par les provinces et territoires du Canada
pour lutter contre les changements climatiques. Intitulé Un bilan disparate1, le
rapport concluait que la plupart des provinces méritaient une bien mauvaise note (cer-
taines n’avaient pas de plan du tout) et que quelques-unes se tiraient tout juste un peu
mieux d’affaire. En fait, dans presque tous les cas, nous avions constaté que les émissions
de gaz à effet de serre (GES) avaient augmenté par rapport à leur niveau de 1990. Qu’en
est-il aujourd’hui? C’est à cette question que veut répondre le présent rapport. Vous y
trouverez les plus récentes données disponibles sur les émissions de GES, de même qu’une
présentation critique des programmes et des mesures mis de l’avant par les provinces et
territoires au cours de la dernière année.
Dans l’ensemble, les provinces et territoires du pays ne prennent pas au sérieux le pro-
blème des changements climatiques. Les émissions attribuables au secteur des transports
continuent à être problématiques presque partout, le niveau total des émissions des GES
demeure élevé, et il continue d’augmenter (figure 1). Les énergies renouvelables, comme
l’énergie solaire, géothermique ou éolienne affichent un taux de croissance impressionnant,
mais elles demeurent encore marginales en chiffres absolus. En fait, pour plusieurs provinces

FIGURE 1 Augmentation des émissions de GES (1990-2004)

60
Augmentation des émissions (%)

40

20

-20
Canada C.-B. Alberta Sask. Manitoba Ontario Québec Nouveau- Î.-P.-É. Nouvelle- Terre-Neuve- Yukon T. N.-O. et
Brunswick Écosse et-Labrador Nunavut
 INTRODUCTION

et territoires, le développement énergétique prend essentiellement la forme de projets non


durables à grande échelle : centrales au charbon, centrales nucléaires et grands barrages
hydroélectriques. Quant aux émissions de l’industrie du pétrole et du gaz, elles échappent
encore à la réglementation et elles continuent à augmenter de façon inquiétante.

Les tendances à l’échelle provinciale


Il est intéressant d’examiner le parcours historique de chaque province et territoire en ce
qui concerne les émissions de GES. On constate par exemple que c’est dans les provinces
dont l’économie s’est développée en faisant appel à des sources d’énergie à émissions de
GES élevées (pétrole, gaz, charbon) que les émissions ont le plus augmenté depuis 1990.
Autrement dit, les grands émetteurs des GES d’avant les préoccupations relatives aux
changements climatiques ont accentué leur tendance historique. C’est le cas notamment
de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Nouveau-Brunswick (comparer les figures 2 et 1).
Inversement, les provinces qui ont toujours produit moins d’émissions par rapport à la
taille de leur économie (Québec, Ontario, Manitoba et tous les territoires) ont enregistré
des augmentations plus faibles. (Seule la Colombie-Britannique fait exception : jusqu’à
récemment, elle émettait peu de GES, mais elle semble maintenant lancée dans une course
effrénée pour rejoindre les autres provinces de l’Ouest).

FIGURE 2 Émissions de GES par rapport au PIB en 2004

2.0
Mt de CO2e / milliard $ de PIB (1997)

1.5

1.0

0.5

0
Canada C.-B. Alberta Sask. Manitoba Ontario Québec Nouveau- Î.-P.-É. Nouvelle- Terre-Neuve- Yukon T. N.-O. et
Brunswick Écosse et-Labrador Nunavut

À première vue, il peut sembler logique que les grands émetteurs historiques continuent
à enregistrer d’importantes augmentations de leurs émissions. Mais en réalité, c’est le
contraire qui devrait se produire. En effet, pour une province qui pollue déjà beaucoup,
il est bien plus facile de faire d’importantes coupures d’émissions de GES que pour une
province « propre ». En Alberta, par exemple, aux dires mêmes de gens de l’industrie,
on pourrait réduire les émissions annuelles du secteur du pétrole et du gaz de 26 mil-
Un bilan disparate : Édition 2006 

lions de tonnes (Mt) sans qu’il en coûte un sou (les sommes investies pour augmenter
l’efficacité étant compensées par les économies en coûts d’énergie). Déjà ce seul geste
correspondrait à une réduction de 11 % des émissions à l’échelle de la province. De même,
en Saskatchewan, chaque nouvelle éolienne installée permet de réduire l’utilisation des
centrales au charbon, ce qui entraîne des réductions d’émissions plus importantes que si
on installait les mêmes éoliennes au Manitoba où les émissions provenant de la production
d’électricité sont déjà relativement faibles. Bref, techniquement, les provinces qui polluent
le plus pourraient facilement et rapidement faire des coupures initiales importantes de
leurs émissions de GES.
Pourquoi les provinces canadiennes n’agissent-elles pas avec plus de vigueur? Comme
ce n’est ni pour des raisons de technologies, ni pour des raisons de coûts, la seule réponse
logique est politique : les gouvernements n’ont pas la volonté réelle se s’attaquer au
problème des changements climatiques. Plusieurs provinces et territoires n’ont pas encore
de plan d’action, même timide, pour réduire les émissions de GES. Et parmi les autres,
rares sont ceux qui ont adopté des mesures vraiment efficaces et qui ont fait leurs preuves
dans d’autres pays, comme un système de limitation et d’échange des droits d’émissions
ou des barrières financières puissantes (taxes et surprimes pour les pollueurs).
On peut approfondir la question encore un peu plus et se demander pourquoi la
plupart des gouvernements du pays ne prennent pas suffisamment au sérieux la ques-
tion des changements climatiques. En fait, il n’y a pas de réponse unique à cette question.
L’inaction résulte d’un manque de volonté politique, d’une approche qui vise le plus petit
dénominateur commun quand vient le moment de trancher entre les tenants de l’action
musclée et les tenants de la lenteur excessive, d’un manque de tonus politique vis-à-vis
les grands pollueurs et d’une division entre les instances fédérales et régionales qui font
en sorte que chacun pointe l’autre du doigt. Mais trêve de considérations politiques; ce
rapport vise d’abord et avant tout à identifier les progrès ou les reculs des provinces, et à
évaluer les mesures qu’elles ont adoptées.

Y a-t-il un peu d’espoir?


Oui, parce que certaines provinces ont posé des gestes encourageants. Par exemple, le
Québec a dévoilé cette année un plan passablement musclé qui s’attaque, en particulier, à
la question des émissions provenant du secteur des transports et qui prône un développe-
ment éolien sans précédent au Canada. La Nouvelle-Écosse a préparé un document-cadre
sur les énergies vertes qui contient des mesures intéressantes concernant la production
d’électricité. Ce document servira à préparer un plan (d’ici à environ 18 mois) mais ce
plan devra être plus ambitieux et couvrir une plus vaste gamme de secteurs.
Parmi les mesures qui ont été annoncées ou implantées, plusieurs pourraient avoir un
impact réel sur les émissions de GES si elles sont bien coordonnées entre et à l’intérieur
Tableau 1
Politiques des provinces et territoires concernant la lutte aux changements climatiques - 2006
Plan cli- Cibles de Réduction Réduction Politique Politique Mesures Code du Politiques Politiques Politiques Programme Utilisation Stratégie
matique en réduction des des émis- visant les visant les efficaces de bâtiment satisfaisantes satisfai- efficaces de réduction de toutes les approfondie
vigueur des émis- émissions sions entre secteurs secteurs conservation, avec disposi- dans le santes sur pour des émissions mesures pos- d’adaptation
sions depuis 1990 2003 et 2004 aux émis- dont la d’efficacité tions fermes secteur des l’étalement contrôler les attribuables sibles aux change-
comparables (dernières sions les croissance énergé- relatives à transports urbain émissions aux activités ments
à celles de données plus élevées est la plus tique et de l’efficacité de source gouvern- climatiques
Kyoto disponibles) rapide production énergétique industrielle ementales
d’énergie
renouvelable

C.-B. O N N N N N N N N O N N N N
Alberta O N N N N N N N N N N O N N
Sask. N N N N O N O N N N N N N N
Manitoba O O N N N N O N N N N O O N
Ontario N N N O O O O O3 N O N N O N
Québec O N 2 N O O O O O 3 O N N O O O
N.-B. N N 1 N N N N O N N N N O N N
Î.-P.-É. N N1 N N N N O N N N N O O N
N.-É. N N 1 N N O N O N N N N O N O
Terre-Neuve O N 1 N O N N O N N S/O N O N O
Yukon N N O O N N O N N S/O N O N O
T. N.-O. O N N O N N O N N S/O N O N O
Nunavut N N N O N N N N N S/O N N N O
1 La Conférence des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres de l’Est du Canada (GNA/PMEC) a défini comme cible une stabilisation des émissions à leur niveau de 1990 d’ici à 2010.
2 La cible du Québec est une réduction des émissions à 1,5 % sous leur niveau de 1990 d’ici à 2012.
3 Le Québec et l’Ontario ont tous deux annoncé leur intention de préparer un nouveau code, mais ils ne sont pas encore rédigés ni implantés.

Meilleure province Passable Faible Pire province

Québec Manitoba C.-B. Saskatchewan


Ontario Alberta
Î.-P.-É. Nouveau-Brunswick
Nouvelle-Écosse
Terre-Neuve
Yukon
T. N.-O. et Nunavut
Un bilan disparate : Édition 2006 

même des provinces (voir le tableau 1). Le Québec et l’Ontario ont annoncé la mise sur
pied d’un nouveau code du bâtiment qui permettra d’augmenter l’efficacité énergétique
des immeubles (mais il faudra patienter avant de voir les effets concrets de ces mesures).
Le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse ont créé des nouvelles agences d’efficacité
énergétique qui, nous l’espérons, seront aussi productives que celle du Vermont.2 L’Alberta
maintient son engagement d’achat d’énergie verte et de réduction des émissions at-
tribuables aux activités gouvernementales et le Québec a emboîté le pas dans cette direction
aussi. Le Manitoba demeure le chef de file canadien dans le domaine des thermopompes
géothermiques. L’Ontario a imité l’Île-du-Prince-Édouard et offre désormais un pro-
gramme d’accès au réseau électrique à prix garanti pour les petits producteurs d’énergie
renouvelable. Si toutes ces bonnes idées étaient appliquées à la grandeur du pays, le Canada
serait en bien meilleure voie pour respecter ses engagements de Kyoto.
Les plus récentes données d’émissions de GES sont pour l’année 2004 et elles révèlent
que six provinces et territoires ont réussi à réduire leurs émissions par rapport à l’année
précédente. C’est le cas de l’Ontario, du Québec, de Terre-Neuve-et-Labrador et des trois
territoires. Reste à voir, bien sûr, s’il s’agit de tendances réelles ou de baisses ponctuelles.
Cela étant dit, les hausses des autres provinces ont été de loin supérieures aux baisses de
ces six provinces et territoires.

Le rôle du gouvernement fédéral


Les provinces et les territoires ont le pouvoir d’adopter une grande variété de politiques
et de mesures pour générer des réductions de GES : nouveau code du bâtiment plus strict,
mesures pour favoriser l’efficacité énergétique et le recours aux énergies renouvelables
dans le secteur de l’électricité, politiques d’achat gouvernementales qui favorisent les
produits verts et contribuent au développement du marché et au lancement des entreprises
qui les produisent, meilleure gestion des déchets grâce à l’approche des trois R (réduire,
réutiliser, recycler), limitation de l’étalement urbain et de la consommation d’énergie
qui s’ensuit, etc.
Mais qu’en est-il du gouvernement fédéral dans tout cela? A t-il des responsabilités et
un rôle à jouer? Les gouvernements précédents ont affirmé que le fédéral n’avait pas les
pouvoirs juridiques pour agir vigoureusement dans la lutte aux changements climatiques.
C’est faux! Les gaz à effet de serre sont maintenant sous la juridiction de la Loi canadienne
sur la protection de l’environnement et le gouvernement fédéral a toute la latitude voulue
pour intervenir avec vigueur dans la grande majorité des secteurs qui touchent à la pol-
lution responsable des changements climatiques.
Le gouvernement pourrait instaurer un système de limitation et d’échange de droits
d’émissions (cap-and-trade) destiné aux émissions de source industrielle (électricité,
pétrole et gaz, secteur manufacturier, produits chimiques, production primaire (fer, acier,
 INTRODUCTION

etc.), produits forestiers, fusion des minerais, etc.). Déjà, un pareil système engloberait au
moins la moitié des émissions du Canada. De plus, le gouvernement canadien n’a pas à
intervenir directement dans l’implantation d’aucune technologie puisque ces technolo-
gies existent, que ce soit pour fabriquer des automobiles, des bâtiments ou des appareils
moins énergivores ou pour produire de l’énergie renouvelable grâce aux éoliennes, aux
thermopompes géothermiques, aux micro-centrales hydroélectriques ou à l’énergie solaire.
Il n’a qu’à mettre sur pied une « bourse du carbone » et à imposer une réduction graduelle
du niveau des émissions en fonction des objectifs de lutte aux changements climatiques.
Par la suite, les forces du marché vont faire exactement ce qu’elles font toujours (et ce
qu’elles ont déjà fait dans d’autres pays), c’est-à-dire réagir et s’adapter.
Le gouvernement fédéral a aussi le pouvoir de réglementer les émissions des auto-
mobiles, des camions et des autobus (le transport routier est responsable de 20 % des
émissions du Canada). Le gouvernement peut aussi imposer des normes d’efficacité pour
une foule d’appareils et de produits vendus au pays (en réalité, il le fait déjà, mais ses
normes sont totalement dépassées).
Au Canada, aucun gouvernement ne peut échapper aux critiques pour son manque de
leadership en matière de changements climatiques. Les industries reliées aux ressources
naturelles relèvent en bonne partie des provinces, mais le gouvernement fédéral peut
légiférer sur les polluants émis par ces industries. Cette année encore, les politiques des
provinces et les territoires manquent de tonus et d’orientation. Il est temps que le gou-
vernement fédéral établisse sa propre stratégie, claire, forte et sans équivoque.

1 Marshall.
2 Voir http://www.efficiencyvermont.com/pages/


Colombie-Britannique

forces:
• L’Agricultural Land Reserve, une loi qui protège les terres agricoles contre
le développement et aide à contenir l’étalement urbain.

FA I B L ESSES :
• Aucune cible de réduction des émissions.
• Approbation de deux projets de centrales alimentées au charbon, ce qui À partir de 2010, un tiers de
fera doubler les émissions provenant de la production d’électricité. toute la nouvelle électricité
produite en Colombie-
• Projet de prolongement de l’autoroute 1 jusque dans Vancouver, ce qui
Britannique proviendra de
entraînera une augmentation de l’étalement urbain, de la circulation
centrales au charbon.
routière, de la pollution de l’air et des émissions de GES.
• Plutôt que de s’attaquer au problème de l’augmentation des émissions,
la province continue à miser sur l’accroissement de la production de
pétrole et de gaz, sur terre et en mer.

OCCAS I O N S M A N Q U É ES
• L’appel d’offres déposé récemment par BC Hydro aurait dû avoir un
volet réservé exclusivement aux énergies renouvelables à faible impact
écologique (et n’avoir aucun volet pour les centrales au charbon).
• Malgré la promesse à cet égard faite en 2002, le Energy Efficiency Act
n’a toujours pas été mis à jour.

Émissions de GES
Les plus récentes données indiquent que les émissions de GES de la Colombie-Britan-
nique ont augmenté de façon marquée en 2004. En 2003, les émissions de la province
se situaient à 24,4 % au-dessus de leur niveau de 1990. En 2004, elles avaient grimpé à
29,9 %.3 Le plus important facteur responsable de cette hausse est l’enfouissement des
déchets de bois de l’industrie forestière de la province. À cause des méthodes d’élimination
utilisées par l’industrie, la Colombie-Britannique est le plus important émetteur canadien
de GES provenant des déchets de bois.
 Colombie-Britannique

Le secteur des transports routiers et de la production gazière et pétrolière demeure


la principale source d’émissions de GES en Colombie-Britannique. Les émissions
provenant des véhicules sont à la hausse dans tous les sous-secteurs : automobiles,
véhicules utilitaires sport (VUS) et camionnettes, camions à moteur diesel. Par rapport
au niveau de 1990, les émissions reliées à l’industrie gazière et pétrolière ont augmenté
de 67 %, principalement à cause de l’augmentation de la production et de la hausse mar-
quée des émissions fugitives.4
Les émissions provenant de l’électricité et du chauffage sont relativement modestes en
chiffres absolus, mais elles ont tout de même augmenté de 57 % à cause de l’utilisation
croissante de gaz naturel.5 La Colombie-Britannique est l’une des deux seules provinces
canadiennes à ne pas avoir de programme de commercialisation de l’énergie éolienne.
Pourtant, la province affiche l’un des meilleures potentiels éoliens au monde et son système
de production hydroélectrique bien développé faciliterait l’intégration d’un réseau éolien.
La situation pourrait cependant changer puisque BC Hydro a récemment accordé trois
contrats de production éolienne totalisant 328 MW. Malheureusement, BC Hydro a aussi
accordé donné le feu vert à deux usines alimentées au charbon qui, à elles seules, feront
doubler les émissions de GES de la province dans le secteur de la production électrique
et du chauffage.6

Plan pour contrer les changements climatiques


La Colombie-Britannique n’a pas renouvelé son programme énergétique de 2002 ni son
timide plan de 2004 pour contrer les changements climatiques.7 Ce plan ne contient
aucune cible de réduction des émissions et il estime que de telles cibles seraient de toute
façon inatteignables et inutiles pour l’instant.8 Le programme propose une augmenta-
tion de la production de charbon, de pétrole et de gaz naturel et la construction de deux
usines de production électrique alimentées au charbon (la province n’en compte aucune
à l’heure actuelle).
Espérons que le nouveau programme énergétique, prévu pour l’automne 2006, sera
nettement plus axé sur la production d’énergie durable et la lutte aux changements cli-
matiques. Le gouvernement de la Colombie-Britannique s’est déjà engagé à réduire sa
production de GES per capita en deçà de celle des autres provinces et états de la région,
notamment ceux de Washington et d’Oregon.9 Ce dernier a adopté une cible de réduction
de 10 % d’ici à 2020 et de 80 % d’ici à 2050. En adoptant ses propres cibles et en fixant
des objectifs fermes et ambitieux, le gouvernement de la Colombie-Britannique enver-
rait un message clair à ses citoyens quant à sa volonté réelle de contrer les changements
climatiques. Pour réduire ses GES, la province devra aussi s’attaquer sérieusement aux
émissions provenant des véhicules et de l’industrie du pétrole et du gaz.
Un bilan disparate : Édition 2006 

Différentes autres mesures ont aussi été annoncées au cours de la dernière année, mais
aucune ne s’avère très prometteuse en ce qui concerne les émissions de GES. Par exemple,
la province a dévoilé un programme d’efficacité énergétique pour les immeubles, mais il
s’agit malheureusement d’un programme volontaire et on s’attend à ce qu’il ait très peu
d’impact réel sur la réduction des émissions.10 La seule mesure réglementaire envisagée
concerne la mise à jour d’un programme de normes en matière d’efficacité énergétique (le
Energy Efficiency Act) qui vise notamment les portes et fenêtres, les appareils de chauffage,
les climatiseurs, etc. Le gouvernement avait promis de le mettre à jour en 2002, et il vient
de répéter sa promesse.11
Le gouvernement de la Colombie-Britannique s’apprête aussi à dépenser 1,5 milliard
$ pour agrandir le pont Port Mann et prolonger l’autoroute 1 vers Vancouver. Cela en-
traînera inévitablement un étalement urbain dans la vallée du fleuve Fraser ainsi qu’une
augmentation des déplacements automobiles, de la congestion et des émissions de GES.
Finalement, BC Hydro a accordé des contrats pour deux projets de centrales au
charbon. Ces centrales fourniraient 28 % de nouvelle électricité.12 Si ces projets voient le
jour malgré le désaccord des citoyens révélé par les sondages, on enregistrera une hausse
radicale des émissions de GES attribuables à la production d’électricité en Colombie-
Britannique. Trois provinces ont enregistré des hausses d’émissions supérieures à celle
de la Colombie-Britannique et toutes trois produisent une partie importante de leur
électricité à partir du charbon.

RECO M M A N D AT I O N S
• Adopter des cibles de réduction des GES autonomes (au lieu de cibles qui
dépendent de celles d’autres provinces ou états).
• Réduire les GES qui proviennent du secteur des transports et de l’industrie
du pétrole et du gaz.
• Annuler les projets récemment approuvés par BC Hydro et décréter que
toute augmentation de la production électrique devra désormais provenir
de sources d’énergie renouvelables à faible impact écologique.
• Abandonner le projet d’expansion de l’autoroute 1 et du pont Port Mann.

3 Environnement Canada. Annexe 12.


4 Ibid.
5 Ibid.
6 Environnement Canada. Annexe 12; enlever le mot et après le ; et BC Sustainable Energy Association. -
7 Ministry of Energy and Mines, C.-B. ; Ministry of Water, Land and Air Protection, C.-B.
8 Ministry of Water, Land and Air Protection, C.-B. p. 10.
9 Ministry of the Environment, C.-B.
10 Ministry of Energy, Mines, and Petroleum Resources, C.-B.
11 Ibid. p. 17.
12 BC Sustainable Energy Association.
10

Alberta

FORCES
• Le gouvernement s’est engagé à acheter 90 % de son énergie de sources
renouvelables.
• Réductions substantielles des émissions reliées aux activités
du gouvernement.

Selon une étude réalisée FA I B L ESSES


par des experts de • L’Alberta est le plus important émetteur de GES du pays.
l’industrie du pétrole • Le plan pour contrer les changements climatiques de la province permet
et du gaz de l’Alberta,
une augmentation des émissions de 33 % par rapport au niveau de 1990
la province pourrait réduire
d’ici 2020.
ses émissions annuelles
de 26 millions de tonnes • La majeure partie de l’électricité est produite à partir de centrales
sans qu’il lui en coûte un au charbon.
seul sou. À elle seule, cette
réduction correspondrait OCCAS I O N S M A N Q U É ES
à 10 % de l’objectif • Selon l’organisme Petroleum Technology Alliance Canada, l’industrie du
canadien de Kyoto.
pétrole et du gaz (très importante en Alberta) pourrait réduire ses émissions
annuelles de 29 Mt tout en économisant plus de 1 milliard $ par année.

Émissions de GES
Les émissions de GES de l’Alberta augmentent continuellement. Les plus récentes données
indiquent qu’en 2004, les émissions totales de la province atteignaient 39,4 % au-dessus
du niveau de 1990.13 L’industrie du pétrole et du gaz occupe le premier rang des émetteurs
et elle est le principal responsable de cette augmentation. Depuis 1990, les émissions de
cette industrie sont celles qui ont connu la plus forte hausse en Alberta.14 L’industrie de
la production électrique est le deuxième plus important émetteur de la province et ses
émissions sont 31 % plus élevées qu’en 1990. En 2004, on a enregistré une baisse suite
à la fermeture de plusieurs vieilles centrales au charbon. Malheureusement, cette baisse
ne sera que temporaire puisque la construction de trois nouvelles usines au charbon a
été approuvée en 2001 (et deux autres sont actuellement en processus d’approbation).
Un bilan disparate : Édition 2006 11

La première est entrée en fonction en 2005 et les autres suivront bientôt. Les émissions
de GES de l’industrie électrique vont donc bientôt reprendre leur courbe ascendante.
Dans la plupart des autres secteurs, on enregistre aussi des augmentations. Dans le
secteur des mines, elle totalise 463 % depuis 1990 à cause de l’exploitation des sables bitu-
mineux.15 Les autres hausses touchent notamment les transports routiers et l’agriculture
(à cause de l’augmentation des élevages de porc et de bétail).

Plan pour contrer les changements climatiques


Le très timide plan de l’Alberta date de 2002 et il n’a pas été mis à jour depuis. Ce plan
définit uniquement des cibles d’intensité, ce qui signifie que les émissions pourront con-
tinuer à augmenter tant que l’économie sera en croissance. En fait, le plan prévoit que
les émissions de 2010 seront 39 % plus élevées que celles de 1990 (figure 3).16 Or, même
cet objectif très peu contraignant est désormais pratiquement inaccessible puisque les
émissions ont augmenté deux fois plus vite que prévu entre 2000 et 2004.17 D’ici à 2020,
l’augmentation des émissions de l’Alberta pourrait atteindre jusqu’à 83 %.18

FIGURE 3 Émissions de GES de l'Alberta prévues selon son plan pour contrer les changements climatiques
250
Émissions de GES (Mt de CO2 e)

200

150

100
1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025

En réalité, la situation en Alberta n’est pas surprenante puisque son plan ne conte-
nait aucune mesure sérieuse pour l’industrie du pétrole et du gaz (en fait, la province
s’est contentée de discuter avec les principaux acteurs de l’industrie). L’Alberta affirme
qu’elle prépare actuellement un projet de loi sur les GES mais on n’en sait presque rien
jusqu’ici. Au mieux, on peut s’attendre à ce que la province conserve son approche basée
sur l’intensité, ce qui n’entraînera aucune réduction certaine en chiffres absolus. Qui plus
est, on anticipe que la croissance prévue de l’exploitation des sables bitumineux se traduira
par une augmentation de 300 % des GES d’ici 2012.19 Bref, il est clair que l’Alberta ne
semble pas prête à s’attaquer sérieusement au problème des changements climatiques.
Pourtant, le prix à payer pour éliminer les effets des GES provenant de l’industrie du
pétrole et du gaz serait loin d’être exorbitant. En réduisant ses émissions et en achetant des
droits sur le marché, l’industrie verrait ses coûts augmenter de 1 à 5 $ par baril de pétrole,
12 ALBERTa

ce qui constitue une petite fraction du prix courant (et du prix prévisible) du pétrole.20
L’Alberta a aussi mené de nombreuses consultations avec l’industrie de la produc-
tion d’électricité. Il a été question d’efficacité énergétique, d’énergies renouvelables et de
cibles de réduction pour l’ensemble du secteur, mais ces consultations n’ont rien donné
de concret, pas même des recommandations globales. Selon le plan albertain de 2002, des
mesures volontaires devraient permettre à la province de produire 3,5 % de son électricité
à partir de sources renouvelables d’ici 2008.21 Les dernières données disponibles à cet égard
remontent à 2003 et elles révèlent que le pourcentage n’était alors que de 1,2 %.22 Somme
toute, on constate que l’Alberta brille par son manque de leadership dans le dossier des
changements climatiques. Il faut que le gouvernement établisse des cibles obligatoires
de réduction des GES, d’efficacité énergétique et de production d’énergie renouvelable
et il faut qu’il adopte des mesures efficaces pour faciliter l’atteinte de ces cibles.
La seule bonne nouvelle dans le plan albertain, c’est que le gouvernement vise à
réduire les émissions qui résultent de ses propres activités de 26 % par rapport au niveau
de 1990 dès 2005. Notez qu’il s’agit ici d’une cible en chiffres absolus. Le gouvernement
s’engage aussi à acheter 90 % de son énergie de sources renouvelables.23 Pour l’instant,
donc, l’Alberta ne semble pas disposée à adopter des mesures fermes pour contrer les
changements climatiques sauf à l’intérieur même du gouvernement.

RECO M M A N D AT I O N S
• Préparer un plan avec des cibles de réduction réelles des émissions.
• Implanter des politiques fermes pour réduire les émissions des deux plus
grands émetteurs : le secteur de l’électricité et du chauffage et celui
du pétrole et du gaz.
• Profiter de son influence certaine auprès du gouvernement fédéral actuel
pour jouer un rôle constructif et favoriser l’établissement de politiques
fédérales/provinciales/territoriales fermes et efficaces pour contrer les
changements climatiques.

13 Environnement Canada. Annexe 12.


14 Ibid.
15 Ibid.
16 Alberta Environment. 2002. p. 11.
17 Environnement Canada. Annexe 12.
18 Bramley. p. 1.
19 Institut Pembina. 2005.
20 Ibid.
21 Alberta Environment. 2002. p. 3.
22 Alberta Environment. 2006. p. 167.
23 Alberta Environment. 2002. p. 22; gouvernement de l’Alberta. 2003.
Un bilan disparate : Édition 2006 13

Saskatchewan

FORCES
• Une des seules provinces à offrir une remise de taxes à l’achat d’appareils
électroménagers énergétiquement efficaces.
• Création d’une agence ayant pour mandat spécifique d’élaborer des
stratégies de conservation de l’énergie et de production d’énergie
renouvelable.
Per capita, la Saskatchewan
FA I B L ESSES est le plus gros émetteur
• Par rapport à son PIB, la Saskatchewan est le plus grand émetteur de GES de GES du Canada.
du Canada.
• L’augmentation des émissions de la Saskatchewan depuis 1990 a été
la plus marquée du pays.
• La province n’a ni plan ni cibles de réduction des GES.
• La majeure partie de l’électricité est produite à partir de centrales au
charbon.

OCCAS I O N S M A N Q U É ES
• Avec ses terres fertiles et ses cultures abondantes, la Saskatchewan devrait
utiliser ses résidus agricoles pour produire de l’éthanol cellulosique (qui
est beaucoup plus rentable en matière de réduction des GES que l’éthanol
produit à partir de grains).

Émissions de GES
La Saskatchewan demeure l’endroit au pays où l’on enregistre les émissions de GES les plus
élevées per capita et les plus fortes augmentations annuelles. En 2004 (dernières données
disponibles), les émissions de la Saskatchewan étaient 61,7 % plus élevées qu’en 1990.24
Au cours de l’année 2004, les émissions de la province ont augmenté de façon radicale à
cause des industries suivantes :
• pétrole et du gaz (notamment l’agrandissement d’une raffinerie de Regina)
• électricité et chauffage (notamment une importante augmentation de la production
électrique à partir de gaz naturel)
• agriculture (augmentation des élevages de porc et de bétail).25
14 SASKATcHEWAN

Ces trois grandes industries sont les principales responsables, dans l’ordre, de
l’augmentation des émissions entre 1990 et 2004. Vient ensuite le transport routier avec
une augmentation de 47 % depuis 1990. Cette hausse s’explique notamment par le pas-
sage du train au camion pour le transport des marchandises et par le comportement
des consommateurs, qui ont remplacé en partie leurs automobiles par des VUS ou des
camionnettes.26

La Saskatchewan n’a pas de plan


Comme nous l’avions expliqué dans le rapport de l’an dernier, la Saskatchewan n’a pas
de plan pour contrer les changements climatiques. Elle a simplement préparé un docu-
ment de « perspectives » qui explique notamment que la province « ne peut pas encore
accepter la cible de réduction des émissions de Kyoto ni l’échéancier de Kyoto ».27 Cette
prise de position a été répétée cette année alors que les premiers ministres des provinces
de l’Ouest (dont celui de la Saskatchewan) ont publiquement appuyé la décision du
premier ministre Harper d’abandonner le protocole de Kyoto et de le remplacer par un
plan « Made-in-Canada ».28
Malgré cela, il faut souligner que la Saskatchewan a fait un pas dans la bonne direction
l’an dernier avec l’ouverture du Centennial Wind Facility, ce qui a fait passer la capacité
éolienne de la province à 172 MW, soit environ 5 % des besoins totaux.
En mai 2006, le gouvernement provincial a créé une agence de conservation de l’énergie
et de production d’énergie renouvelable.29 L’agence a pour mandat d’élaborer des straté-
gies pour favoriser la conservation de l’énergie et faire en sorte que le tiers de l’énergie
consommée par la Saskatchewan provienne de sources renouvelables d’ici 2020. Des
recommandations de mesures à court, moyen et long terme seront présentées au premier
ministre l’an prochain. Évidemment, l’adoption de cette cible et la mise en oeuvre de
mesures concrètes pour l’atteindre constitueraient une grande amélioration. Mais ce dont
la Saskatchewan a le plus besoin, c’est d’un plan global ferme et précis pour transformer
la forte augmentation de ses émissions en réductions radicales.
Un bilan disparate : Édition 2006 15

RECO M M A N D AT I O N S
• Préparer et implanter un plan avec des cibles de réduction radicales
des émissions.
• Adopter des mesures spécifiques pour l’industrie qui connaît actuellement
la plus forte augmentation de ses émissions, c’est-à-dire celle du pétrole
et du gaz.
• Élaborer un plan à long terme pour éliminer les centrales au charbon.
• Éliminer les subventions au développement de certaines technologies
comme le charbon à combustion « propre » ou le captage et l’entreposage
du CO2 et consacrer cet argent à l’atteinte des objectifs d’efficacité
énergétique et de production d’énergie renouvelable.
• Adopter un règlement pour imposer graduellement l’utilisation
exclusive d’éthanol de type cellulosique dans l’essence.

24 Environnement Canada. Annexe 12.


25 Ibid.
26 Ibid.
27 Gouvernement de la Saskatchewan. 2002. p. 1.
28 Cryderman.
29 Gouvernement de la Saskatchewan. 2006.
16

Manitoba

FORCES
• Plan raisonnablement ferme qui adopte les mêmes cibles de réduction
des GES que Kyoto et qui touche la plupart des secteurs économiques.
• Encourage l’installation et l’utilisation de thermopompes géothermiques
pour réduire la consommation de combustible fossile pour le chauffage
des habitations.
• Engagement envers les sources d’énergies qui produisent peu de CO2.
En remplaçant ses nouveaux
projets hydroélectriques par FA I B L ESSES
des projets de production
• Pas de plan intégré pour réduire les émissions provenant du secteur des
d’énergie renouvelable,
transports (notamment en ce qui concerne les marchandises et les véhicules
le Manitoba pourrait
personnels).
atteindre plus facilement
les objectifs de son plan • Peu de mesures pour contrer les augmentations des émissions provenant
d’action pour lutter de l’agriculture.
contre les changements
OCCAS I O N S M A N Q U É ES
climatiques.
• Grâce à l’abondance de ses cultures et à son réseau hydroélectrique, le
Manitoba serait en mesure d’accentuer fortement sa production d’éthanol
cellulosique et d’énergie éolienne. La province devrait mettre l’accent sur
ces énergies renouvelables de même que sur la géothermie plutôt que
sur la construction de grands barrages hydroélectriques.

Émissions de GES
De 2003 à 2004, les émissions de GES du Manitoba ont aussi augmenté, passant de 8,2 %
à 11,4 % au-dessus de leur niveau de 1990.30 Cette augmentation est principalement due
à l’industrie agricole (qui affiche une croissance des émissions de 45 % depuis 1990). Plus
précisément, on note une hausse des élevages de porc et de bétail et une forte augmenta-
tion de l’épandage de fumier dans les champs et les pâturages.31
Les émissions attribuables au transport continuent aussi d’augmenter. Comme pour la
Saskatchewan, cela s’explique notamment par le passage du train au camion pour le transport
des marchandises et par le comportement des consommateurs, qui ont remplacé en partie
leurs automobiles par des VUS ou des camionnettes.32 Les données concernant les émissions
attribuables à l’électricité et au chauffage sont confidentielles, mais on sait tout de même
qu’elles sont à la baisse par rapport à l’an dernier, de même que par rapport à 1990.33
Un bilan disparate : Édition 2006 17

Plan pour contrer les changements climatiques


Dans le rapport de l’an dernier, nous avions dit que le plan du Manitoba était « possible-
ment plus ambitieux que celui de toutes les autres provinces ».34 Aujourd’hui, ce plan est
toujours en vigueur et il y a de bonnes raisons de demeurer positif, notamment parce qu’il
met de l’avant l’efficacité énergétique et l’utilisation de thermopompes géothermiques et
parce qu’il prévoit l’installation de 1000 MW d’énergie éolienne au cours de la prochaine
décennie.35 De plus, les cibles de réduction demeurent alignées avec celles de Kyoto.36
Cela étant dit, il y a aussi des raisons de s’inquiéter parce que les émissions du
Manitoba continuent malgré tout à augmenter. L’an dernier, nous avions souligné que la
province devrait adopter des politiques plus musclées dans le domaine des transports et
de l’agriculture. Nous maintenons cette affirmation. Par exemple, la principale mesure
relative aux transports adoptée en 2005 prévoit l’ajout de 10 % d’éthanol dans l’essence,37
ce qui réduira les émissions de GES à 16 % au-dessus du niveau de 1990 selon les esti-
mations présentées au plan (en autant que le parc automobile n’augmente pas ou ne
devienne pas plus énergivore).38 Ce n’est pas assez. De même, le Manitoba mise encore sur
les grands projets hydroélectriques plutôt que d’utiliser son réseau pour faciliter encore
plus l’intégration des éoliennes et des thermopompes géothermiques.
La publication du nouveau plan pour contrer les changements climatiques du Manitoba
est prévue pour le début de 2007. Il comprendra une évaluation des réalisations découlant
des mesures du plan de 2002 de même que de nouvelles mesures pour atteindre les objec-
tifs. Le gouvernement a promis que le plan mis à jour comprendra des mesures touchant le
transport et l’agriculture.39 Il y aura sans doute ensuite des lacunes à combler en fonction
du niveau de participation du gouvernement fédéral et du résultat des élections provinciales
(peut-être l’an prochain). Le Manitoba devra donc agir avec fermeté et détermination s’il
veut toujours freiner l’augmentation des émissions et atteindre les cibles de Kyoto.

RECO M M A N D AT I O N S
• Continuer à jouer un rôle de leader en matière de changements climatiques
auprès des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux.
• Veiller à ce que le nouveau plan prévoie des réductions d’émissions pour
les deux secteurs les plus préoccupants : les transports et l’agriculture.

30 Environnement Canada. Annexe 12.


31 Ibid. Annexe 11.
32 Ibid.
33 À la demande d’un secteur industriel en particulier, les données exactes fournies par ce secteur dans le
cadre de l’inventaire national des GES du Canada peuvent être confidentielles. Toutefois, la tendance
générale des émissions dans ces secteurs demeure disponible, de même que les données d’émissions
totales de la province.
34 Marshall. p. 18.
35 Manitoba Conservation. 2002.
36 Gouvernement du Manitoba. 2005. p. 7.
37 Ibid. p. 10.
38 Calculé à partir des données du gouvernement du Manitoba (2005) et d’Environnement Canada (2006).
39 Communication personnelle : Jane Grey, directrice générale du Energy Climate Change & Green Strat-
egy Initiatives, gouvernement du Manitoba. Conversation téléphonique du 6 septembre 2006.
18

Ontario

FORCES
• Engagement à fermer les cinq centrales au charbon de la province.
• Nouvelle politique permettant aux petits producteurs d’énergie
renouvelable d’avoir accès au réseau électrique.

FA I B L ESSES
En investissant massivement • La province n’a ni plan ni cibles de réduction des GES.
dans l’énergie nucléaire, • L’Ontario a décidé de consacrer une importante partie de son enveloppe
l’Ontario réduit budgétaire énergétique de 40 milliards $ à la réfection et à la construction
sa capacité d’appuyer les
de centrales nucléaires.
solutions vertes comme
la conservation, l’efficacité
OCCAS I O N S M A N Q U É ES
énergétique et les énergies
revouvelables. • L’objectif officiel du plan de développement de la région du Golden
Horseshoe est d’intensifier la croissance dans des secteurs donnés
et de protéger les terres agricoles. Mais, en pratique, ce plan
va favoriser l’étalement urbain.

Émissions de GES
De 2003 à 2004, les émissions de GES de l’Ontario ont diminué, passant de 18,6 % à 15
% au-dessus de leur niveau de 1990.40 Cela s’explique en bonne partie par la réduction de
10 Mt (équivalent à 23 %) des émissions attribuables à l’électricité et au chauffage.41 Les
émissions provenant des immeubles résidentiels ont aussi diminué, de 1,3 Mt.42
Depuis 1990, les émissions attribuables au transport routier ont augmenté consi-
dérablement (de 42 %).43 Comme pour les autres provinces, cette hausse s’explique
notamment par le passage du train au camion pour le transport des marchandises et
par le comportement des consommateurs, qui ont remplacé en partie leurs automobiles
par des VUS ou des camionnettes. En 2004, la hausse s’est poursuivie et ce secteur est le
principal responsable des émissions de GES en Ontario. Les émissions attribuables à la
production d’électricité ont aussi augmenté (après une année à la baisse). L’électricité est
la deuxième plus importante source d’émissions de la province. En Ontario, la production
Un bilan disparate : Édition 2006 19

d’acide adipique (un composé qui entre dans la fabrication du nylon et de plastiques)
constituait la principale source d’émissions industrielles en 1990. L’introduction de
nouveaux procédés a permis de réduire les émissions de 71 %, ce qui est comparable aux
résultats obtenus ailleurs dans le monde.44

L’Ontario n’a pas de plan


L’Ontario n’a toujours pas de plan pour contrer les changements climatiques, ni de cibles
de réduction des GES. Au cours de la dernière année, le gouvernement a toutefois an-
noncé différentes mesures qui auront un impact – positif ou négatif – sur les émissions
de GES.
Du côté positif, mentionnons d’abord l’adoption d’un programme d’achat de
l’électricité renouvelable produite à petite échelle (capacité de moins de 10 MW). Essentiel-
lement, ce programme – connu sous le nom de Standard Offer Contract – garantit l’accès
au réseau et offre un prix fixe aux petits producteurs d’électricité verte (éolien, biomasse
et micro-centrales hydroélectriques : 11 cents par kWh; solaire : 42 cents par kWh).45 On
a adopté des politiques semblables en Espagne et en Allemagne, et cela a permis à ces pays
de devenir des chefs de file mondiaux dans le secteur de l’énergie éolienne.
L’Ontario a aussi annoncé l’implantation graduelle d’un nouveau code du bâtiment qui
entraînera une amélioration de l’efficacité énergétique des immeubles.46 Il s’agit là d’une
mesure positive, mais la période d’implantation de six ans est non nécessaire et problé-
matique, surtout quand on considère le nombre élevé de maisons qu’on commencera à
construire d’ici à 2012. En comparaison, le nouveau code du bâtiment du Québec entrera
en vigueur dès 2008. De même, la municipalité ontarienne d’East Gwillimbury a adopté
un code du bâtiment pour ses immeubles et il est entré en vigueur presque aussitôt.
Finalement, le gouvernement ontarien facilite les achats groupés d’autobus et d’autobus
hybrides par la commission de transport de la région de Toronto. Les autobus hybrides,
fabriqués à Mississauga, ont une efficacité supérieure de 30 % et ils permettront de réduire
les émissions de GES de la flotte.
Du côté négatif, l’Ontario a annoncé son intention d’investir la majeure partie de
l’enveloppe budgétaire de son plan de production électrique pour rénover ses anciennes
centrales nucléaires et construire des nouvelles réacteurs.47 Cette décision aura pour
conséquence de renforcer le concept des grandes usines centralisées, au détriment d’une
répartition plus décentralisée qui génère moins de GES, affecte moins l’environnement
et s’avère plus efficace et plus fiable. Les importantes sommes d’argent affectées aux
centrales nucléaires auront aussi pour résultat de réduire les sommes disponibles pour
les solutions durables (comme l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables). Ces
solutions sont plus productives, plus économiques, plus rapides à implanter et, contrai-
20 ONTARIO

rement à l’énergie nucléaire, elles ne génèrent pas de déchets toxiques qu’il faudra gérer
pendant des milliers d’années.
Dans le rapport de l’an dernier, nous avions parlé d’un projet du gouvernement
ontarien pour contrer l’étalement urbain. On en sait plus à ce sujet maintenant avec la
publication du plan de développement de la grande région dite du Golden Horseshoe
(une région très peuplée, située le long de la côte ouest du lac Ontario, et comprenant
plusieurs grandes villes, dont Toronto). Malheureusement, ce plan vise un objectif
d’intensification de seulement 40 %.48 Cela signifie que 60 % des nouvelles installations
pourront être étalées, ce qui correspond à peu près au niveau d’étalement typique en
situation de croissance. Or, on sait qu’un pareil étalement entraîne l’élimination de terres
agricoles, la construction d’infrastructures routières coûteuses et une augmentation des
déplacements et des émissions.
Si l’Ontario désire vraiment s’attaquer au problème des changements climatiques,
elle doit d’abord et avant tout réduire les émissions de GES attribuables au secteur des
transports. Et pour ce faire, il faudra bien plus que quelques autobus hybrides, surtout
avec l’étalement urbain qui risque de résulter du plan de développement du Golden
Horseshoe.

RECO M M A N D AT I O N S
• Préparer et implanter un plan avec des cibles de réduction radicales des
émissions.
• Tirer toute nouvelle énergie électrique exclusivement de la conservation,
de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables, plutôt que de
l’énergie nucléaire.
• Revoir les plans de développement pour protéger efficacement les riches
terres agricoles de l’Ontario et pour stopper l’étalement urbain.

40 Environnement Canada. Annexe 12.


41 Ibid.
42 Ibid.
43 Ibid.
44 Ibid. Annexe 12.
45 Ministère de l’Énergie de l’Ontario. 2006a.
46 Ministère des Affaires municipales et du Logement de l’Ontario.
47 Ministère de l’Énergie de l’Ontario. 2006b.
48 Ministère du Renouvellement de l’infrastructure de l’Ontario. p. 14.
Un bilan disparate : Édition 2006 21

Québec

FORCES
• Le plus faible taux d’émissions de GES par rapport au PIB.
• Nouveau plan passablement complet qui vise notamment le secteur des
transports, le principal responsable des émissions du Québec.
• Implication encore plus marquée dans la production d’énergie éolienne.

FA I B L ESSES L’engagement du Québec


• On planifie la construction de nouveaux grands barrages hydroélectriques envers l’énergie éolienne
malgré leur impact sur l’environnement. constitue le plus important
investissement dans les
• Importants projets d’expansion du réseau routier. énergies renouvelables
• Projets d’exploitation pétrolière et gazière dans le golfe du Saint-Laurent. à faible impact écologique
du pays.
OCCAS I O N S M A N Q U É ES :
• Les réductions prévues dans le secteur industriel seront réalisées sur une
base volontaire, ce qui diffère de l’approche plus ferme retenue pour
la plupart des autres secteurs.

Émissions de GES
De 2003 à 2004, les émissions de GES du Québec ont diminué de 1,3 % et elles se situent
maintenant à 6,1 % au-dessus de leur niveau de 1990.49 Cette baisse est principalement
attribuable à une importante réduction des émissions provenant des immeubles com-
merciaux et institutionnels. On observe aussi une réduction du côté des GES dégagés lors
de l’enfouissement des déchets solides (une source d’émissions relativement importante
au Québec).
Le secteur des transports (et plus particulièrement les transports routiers) demeure le
principal responsable des émissions de GES de la province. Les émissions attribuables aux
transports sont en constante augmentation et, en 2004, elles étaient de 27 % supérieures à
leur niveau de 1990.50 Par contre, les émissions sont inférieures aux niveaux de 1990 dans
le secteur manufacturier (-10 %, malgré une augmentation en 2004) et des industries
lourdes comme la production de magnésium et d’aluminium (-27 %).51
22 QUéBEC

Plan pour contrer les changements climatiques


En juin 2006, le gouvernement du Québec a publié un nouveau plan52, trois ans après
l’expiration du précédent. Le plan du Québec, de concert avec sa stratégie énergétique
(dévoilée plus tôt) et sa politique du transport collectif (dévoilée le lendemain), est
passablement ambitieux.
On ne connaît pas encore tous les détails du plan mais, s’il est mis en oeuvre tel que
prévu, il permettra, d’ici 2012, de réduire les émissions de GES du Québec à 1,5 % sous
leur niveau de 1990 (et donc à environ 8 % sous le niveau de 2004).53 Par comparaison,
la cible du protocole de Kyoto est de 6 % sous le niveau de 1990 d’ici 2008-2012.
Le Québec a établi des objectifs élevés en ce qui concerne le développement de l’énergie
éolienne, l’efficacité énergétique des véhicules et des immeubles et la réduction de la
consommation de pétrole. Par contre, le Québec prévoit aussi lancer de grands projets de
développement hydroélectriques qui auraient des impacts importants sur la faune et sur
les paysages. De plus, les sommes d’argent importantes que le Québec s’apprête à investir
pour l’expansion du réseau routier risquent de miner les gains réalisés par ailleurs dans
le secteur des transports.

Secteur des transports


Le secteur des transports est déjà le principal responsable des émissions du Québec et, en
plus, c’est aussi le secteur qui connaît la plus importante croissance annuelle.54 Le gou-
vernement a donc mis au point une série de mesures fortes pour tenter de renverser la
vapeur. Par exemple, le plan explique s’inspirer de la Californie pour améliorer l’efficacité
des véhicules55 et, bien que les véhicules canadiens et québécois soient déjà moins gour-
mands que ceux de Californie,56 il vise quand même une amélioration du même ordre,
c’est-à-dire de 20 à 25 %.
Le plan du Québec prévoit aussi que l’essence devra contenir 5 % d’éthanol à partir
de 2012 et que l’on donnera priorité à l’éthanol de type cellulosique (fabriqué à partir
des déchets forestiers et agricoles).57 Ce dernier aspect est important parce que l’éthanol
cellulosique est beaucoup plus avantageux en matière de réduction des GES que l’éthanol
fabriqué à partir de grains comme le maïs.58 On a récemment annoncé l’ouverture d’une
usine d’éthanol de maïs à Varennes et il reste encore certaines étapes à franchir avant
d’assurer la production d’éthanol cellulosique à l’échelle commerciale. Compte tenu de
son importante industrie forestière et agricole, le Québec aurait intérêt à donner priorité
à l’éthanol cellulosique, tant du point de vue économique qu’environnemental. Reste à
voir dans quelle mesure il le fera.
Le plan de Québec comprend une augmentation des budgets destinés au transport en
commun et aux modes de transports durables comme la bicyclette et la marche. Au cours
Un bilan disparate : Édition 2006 23

des 10 prochaines années, on prévoit injecter près de 7 milliards $ (de sources fédérale et
provinciale) pour améliorer à la fois les infrastructures et les services offerts.59
Le plan prévoit l’adoption de différentes petites mesures fiscales pour favoriser
l’efficacité énergétique. Voici quelques exemples : exemption partielle de la taxe à l’achat
d’un véhicule hybride efficace, exemption sur les laissez-passer de transport en commun
fournis par un employeur à ses employés, élimination de la taxe sur le biodiesel, surprime
de 30 à 150 $ lors de l’immatriculation d’un véhicule à moteur de plus de 4 litres (ces
véhicules représentent un faible pourcentage des véhicules vendus au Québec).60
Le plan comprend d’autres mesures comme l’installation de dispositifs pour limiter
la vitesse et la consommation d’essence des camions.
Somme toute, le plan du Québec est prometteur et il couvre une vaste gamme de
sous-secteurs reliés aux transports. Mais son efficacité risque d’être mise à rude épreuve
par une importante expansion du réseau routier.
En collaboration avec le gouvernement fédéral, les gouvernements locaux et le secteur
privé, le Québec prévoit investir au moins 1,4 milliard $ pour différents projets routiers.61
Plusieurs de ces projets devraient tout simplement être abandonnés. Ainsi, on veut prolon-
ger l’autoroute 25 et construire un nouveau pont, soi-disant pour absorber l’augmentation
de la circulation à Montréal et Laval. Nous croyons que c’est souvent le contraire qui se
produit : le trafic augmente parce qu’il y a de nouvelles routes. De même, on transforme la
route 175 entre Québec et Chicoutimi en une autoroute à quatre voies, en plein coeur de
la réserve faunique des Laurentides. On ajoute une section à quatre voies à l’autoroute 35
entre Saint-Jean et la frontière américaine pour faciliter les déplacements transfrontaliers.
Même le prolongement de l’autoroute 30, qui permettra aux camions de contourner l’île
de Montréal, se fera au détriment des meilleures terres agricoles du Québec.

Secteur pétrolier
La mesure du plan sur les changements climatiques du Québec qui a fait le plus de bruit
est sans doute la taxe sur le CO2 des hydrocarbures. Cette taxe variera en fonction de la
teneur en CO2 des différents combustibles fossiles et on s’attend à ce qu’elle génère des
revenus d’environ 200 $ millions par année, revenus qui seront ensuite utilisés pour
financer d’autres mesures du plan.62 Le taux de la taxe n’est pas précisé dans le document,
mais nous estimons qu’il sera d’environ 3 $ par tonne de CO2 libérée.
Cette « taxe sur le carbone » pourrait créer un précédent intéressant à l’échelle cana-
dienne, notamment parce qu’elle constitue une source de financement intéressante pour
les programmes verts. Mais il faut aussi réaliser que la taxe en elle-même aura probable-
ment peu d’effet sur la consommation des combustibles. En effet, les pétrolières se sont
plaint du fait que la taxe ajouterait 1,5 cents au prix de l’essence,63 mais il s’agit là d’un
24 QUéBEC

impact presque négligeable dans le contexte actuel de la structure tarifaire déjà pour le
moins volatile qui prévaut dans le secteur des carburants...
Dans le cadre de sa stratégie énergétique, le Québec a pour objectif de réduire la
consommation de pétrole de 10 % d’ici à 2015 par rapport à un scénario de statu quo.64
Comme ce scénario prévoit déjà une augmentation de la consommation, la réduction en
chiffres absolus ne sera que de 3,2 % environ,65 et elle sera probablement attribuable à
des mesures autres que la taxe sur le CO2. Quoi qu’il en soit, les émissions provenant du
secteur des transports (responsable de la majeure partie de la consommation de pétrole)
ont augmenté de 25 % depuis 199066. Le fait de stabiliser (et idéalement de réduire) les
émissions de ce secteur constituerait donc déjà une amélioration notable.
Paradoxalement, le Québec souhaite désormais devenir un producteur de pétrole et il
veut permettre le forage et l’exploitation gazière et pétrolière dans le golfe du Saint-Laurent.
Cela serait contre productif dans le contexte de la lutte aux changements climatiques et aurait
pour effet de faire augmenter nettement les émissions de la province à partir de 2012.

Électricité
Grâce à son importante production hydroélectrique, le Québec est la province dont la produc-
tion d’électricité est la plus efficace en matière d’intensité des émissions de GES (c’est-à-dire la
quantité de GES émise par rapport à chaque unité d’électricité produite).67 Le Québec entend
poursuivre sur cette voie puisqu’on construit actuellement des installations hydroélectriques
d’une capacité de 1000 MW et que des projets sont en cours d’étude environnementale pour
ajouter 888 MW supplémentaires. De plus, la stratégie énergétique prévoit aussi la construc-
tion de centrales d’une capacité de 4500 MW au cours des quatre prochaines années.68 La
grande majorité de ces centrales seront alimentées par des grands barrages.
Cette approche constitue la plus grande faiblesse du plan québécois. En effet, même
s’il est vrai que les émissions de GES attribuables aux grandes centrales hydroélectriques
sont plus faibles que celles des centrales thermiques (notamment celles au charbon), il n’en
reste pas moins que les grands barrages ont des impacts environnementaux importants,
notamment sur la faune en aval, en amont et à proximité des barrages. De plus, il ne faut pas
oublier que les réservoirs eux-mêmes produisent aussi des émissions de GES. Bien sûr, ces
émissions sont moins importantes que dans le cas des centrales au gaz ou au charbon, mais
elles devront bientôt être comptabilisées aussi en vertu des protocoles internationaux.
Heureusement, le Québec prévoit aussi produire 4000 MW d’énergie éolienne d’ici
2015 (dont 500 ont été ajoutés dans le plan).69 Compte tenu de la production totale du reste
du Canada, qui est d’à peine plus de 1000 MW, il s’agit là d’un engagement important et
significatif. Après 2015, cependant, le Québec prévoit ajouter seulement 1 MW d’électricité
éolienne par tranche de 10 MW d’énergie hydroélectrique. Pourtant, avec ses immenses
All over the map: 2006 Status Report 25

réservoirs qui peuvent se remplir quand le vent souffle et produire quand le vent tombe,
le Québec pourrait très bien abandonner tous ses nouveaux projets hydroélectriques et
miser uniquement sur les éoliennes et les autres sources d’énergie renouvelables pendant
des années. Au Danemark, 20 % de l’électricité provient des éoliennes (et ce taux pourrait
doubler70). Le Québec pourrait très bien faire de même.
Le plan comprend aussi des mesures pour améliorer l’efficacité énergétique, mais
ces mesures ne seront pas suffisantes pour faire baisser la consommation électrique de
la province. Selon les estimations, la consommation électrique augmentera d’environ
7.5 % d’ici 2016.71 Cette augmentation, ajoutée à celle de la consommation du gaz naturel
(11 %), ne sera pas compensée par la baisse de consommation de pétrole (-3,2 %), de
sorte que la consommation nette augmentera d’environ 4 % au cours des 10 prochaines
années (figure 4).72

FIGURE 4 Consommation d'énergie prévue au Québec, 2006-2016

10.0

8.0
Différence de consommation (%)

6.0

4.0

2.0

-2.0

-4.0
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

CONSOMMATION TOTALE (STATU QUO) CONSOMMATION TOTALE (SELON LE PLAN)


GAZ NATUREL (SELON LE PLAN) PÉTROLE (SELON LE PLAN)
ÉLECTRICITÉ (SELON LE PLAN)

Immeubles et activités gouvernementales


Le plan du Québec sur les changements climatiques prévoit l’entrée en vigueur d’un
nouveau code du bâtiment aux normes plus strictes dès 2008.73 On s’attend à ce que le
code reprenne en bonne partie les normes volontaires du programme Novoclimat qui
visent notamment l’enveloppe du bâtiment (isolation, portes, fenêtres), la ventilation, le
chauffage, la climatisation et l’éclairage. L’objectif est d’améliorer l’efficacité énergétique
des bâtiments neufs de 20 à 25 %.
Les nouveaux bâtiments gouvernementaux devront répondre à des normes encore plus
strictes et surpasser de 20 % les niveaux d’efficacité prescrits par le Code modèle national de
l’énergie pour les bâtiments.74 Quant aux bâtiments gouvernementaux existants (incluant
les universités et les hôpitaux), leur efficacité énergétique devra être améliorée encore de
10 à 14 % d’ici 2010 (ces bâtiments avaient déjà fait l’objet d’une amélioration de 15 %
depuis 1990).75 Finalement, le gouvernement provincial devra réduire sa consommation
26 QUéBEC

de carburant de 20 % d’ici 2010. Au total, on peut qualifier de substantielle la contribu-


tion du secteur public à la réduction des GES.

Déchets et sites d’enfouissement


L’élimination des déchets solides, principalement par l’intermédiaire des sites
d’enfouissement, est responsable de près de 10 % des émissions de GES du Québec (prin-
cipalement sous forme de méthane).76 Le plan prévoit que les sites qui reçoivent plus de
50 000 tonnes de déchets solides par année devront être munis d’un système de récupéra-
tion du méthane.77 Les plus petits sites auront la même obligation mais ils auront droit
à une aide financière du gouvernement. Par ailleurs, comme l’ont souligné différentes
organisations écologistes du Québec, la meilleure façon de réduire les émissions des sites
d’enfouissement sera toujours de produire le moins de déchets possibles.78 Le Québec
devrait aussi adopter des politiques en ce sens.

Secteur industriel
La stratégie du Québec est décevante en ce qui concerne les émissions de source indus-
trielle, parce qu’elle repose sur une approche volontaire qui contraste avec l’ampleur de
la réglementation prévue dans les autres secteurs. Pourtant, les activités industrielles sont
la deuxième plus importante source de GES au Québec, après les transports.79 Selon les
données du plan du Québec, le secteur industriel a réduit ses émissions de 6,8 % depuis
1990, mais rien ne garantit que les réductions se poursuivront à l’avenir.80 Pour atteindre
ses objectifs, le plan prévoit des réductions supplémentaires dans le secteur industriel. Il
serait donc plus logique et plus prudent d’avoir une réglementation à cet effet. Cela est
d’autant plus vrai quand on tient compte que la réglementation fédérale sur les grands
émetteurs finaux (qui n’est toujours pas en vigueur) fixe des cibles si timides qu’elle risque
dans les faits de permettre des augmentations des émissions.

Adaptation
Le plan du Québec sur les changements climatiques est assorti d’une stratégie d’adaptation.
Pour l’instant, il s’agit essentiellement d’un outil de suivi et d’alarme en cas de changements
problématiques, ce qui est sans doute approprié dans un premier temps, mais il faudra
éventuellement mettre au point un système pour réagir concrètement aux changements
en question.
Voici quelques-uns des paramètres qui feront l’objet d’un suivi :81
• répercussions sur la santé (maladies infectieuses, vagues de chaleur, événements
météorologiques extrêmes)
Un bilan disparate : Édition 2006 27

• fonte du permafrost et effet sur les infrastructures, érosion des côtes (le long de la
Côte-Nord du Saint-Laurent, par exemple)
• modification des zones forestières et de leur contenu en carbone
• quantité et qualité de l’eau (dans les réservoirs hydroélectriques et dans les aquifères).

Conclusion
Le plan du Québec semble solide et réaliste. Bien sûr, différents points restent à régler et le
plan devra être effectivement implanté, mais il a le mérite d’attaquer de front le problème
des émissions de GES en visant clairement plusieurs secteurs, dont le plus important au
Québec, celui des transports. La cible de réduction globale du plan ne rejoint pas celle
du protocole de Kyoto, mais le gouvernement a clairement indiqué qu’il s’y engagerait
s’il recevait l’appui promis par le gouvernement fédéral. (Le gouvernement québécois n’a
toutefois pas indiqué comment il utiliserait l’argent le cas échéant.)
Le plan du Québec a aussi des faiblesses. La construction de nouveaux grands barrages
hydroélectriques aura un impact sur la biodiversité et les réservoirs créés émettront des
GES. Les investissements massifs dans le réseau routier auront un impact négatif sur les
gains apportés par les mesures destinées au secteur des transports. Il en va de même en ce
qui concerne le projet d’exploitation gazière et pétrolière dans le golfe du Saint-Laurent.
Finalement, les objectifs d’amélioration de l’efficacité énergétique sont insuffisants pour
réduire la consommation globale d’énergie. Malgré cela, ce plan est un premier pas dans la
bonne direction. Espérons que le gouvernement fédéral et les autres provinces prendront
exemple sur le Québec et qu’ils iront encore plus loin pour réduire leurs émissions de GES
et s’attaquer au problème des changements climatiques.

RECO M M A N D AT I O N S
• Implanter aussi rapidement que possible les mesures présentées au
plan, notamment le nouveau code du bâtiment, la taxe sur le CO2 et les
nombreuses mesures qui touchent le secteur des transports.
• Poursuivre les négociations avec les représentants de l’industrie pour fixer
des cibles de réduction et rendre ces cibles obligatoires.
28 QUéBEC

49 Environnement Canada. Annexe 12.


50 Ibid.
51 Ibid.
52 Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du Québec. 2006.
53 Environnement Canada. Annexe 11.
54 Ibid.
55 Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du Québec. 2006. p. 22.
56 An and Sauer. p. 1.
57 Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du Québec. 2006. p. 22.
58 Voir par exemple Hammerschlag, Roel.
59 Ministère des Transports du Québec. 2006.
60 Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du Québec. 2006. p. 21.
61 Description des projets et coûts au http://www.mtq.gouv.qc.ca/fr/actualite.asp#dossiers
62 Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du Québec. 2006. p. 29.
63 Brethour.
64 Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec. 2006. p. 44.
65 La réduction a été calculée en comparant les économies d’énergie projetées pour 2015 par le Ministère
des Ressources naturelles et de la Faune du Québec (2006) à la consommation projetée dans le cas d’un
scénario de statu quo pour 2016 par le Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec
(2005).
66 Environnement Canada. 2006. Annexe 12.
67 Environnement Canada. 2006. Annexe 12.
68 Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec. 2006. p. 18.
69 Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec. 2006. p. 19.
70 Hund and Munster.
71 Calculé à partir des données du Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec (2006) et
du Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec (2005).
72 Ibid.
73 Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec. 2006. p. 20.
74 Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec. 2006. p. 26.
75 Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec. 2006. p. 26.
76 Environnement Canada. 2006. Annexe 12.
77 Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec. 2006. p. 25.
78 Voir par exemple le Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets.
79 Environnement Canada. Annexe 12.
80 Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec. 2006. p. 24.
81 Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec. 2006. pp. 32-35
29

Nouveau-Brunswick

FORCES
• Engagement à produire 10 % de son électricité à partir de sources
d’énergie renouvelables à faible impact écologique d’ici 10 ans.
• Adoption de certaines mesures positives et création d’une agence
d’efficacité énergétique en 2006.

FA I B L ESSES Les émissions attribuables


• Le Nouveau-Brunswick n’a pas de plan pour contrer les changements aux combustibles fossiles
climatiques et ses cibles de réductions sont volontaires et très peu ont plus que doublé
contraignantes. depuis 1990 au Nouveau-
Brunswick.
• La province a enregistré une importante augmentation de ses émissions
depuis 1990. En 2004, elle a connu la plus forte augmentation au pays.
• Aucun plan pour réduire les émissions des secteurs en forte augmentation,
comme les transports et les combustibles fossiles.

OCCAS I O N S M A N Q U É ES :
• Plutôt que de rénover la vieille centrale nucléaire de Pointe Lepreau,
le Nouveau-Brunswick aurait pu investir des sommes importantes pour
favoriser le développement de solutions durables comme l’efficacité
énergétique et les énergies renouvelables.

Émissions de GES
De 2003 à 2004, les émissions de GES du Nouveau-Brunswick ont connu une augmenta-
tion de 16,1 %, la plus forte au pays, et elles sont maintenant à 46,9 % au-dessus de leur
niveau de 1990.82 Le Nouveau-Brunswick remplace maintenant l’Alberta au deuxième rang
des provinces ayant connu les plus fortes augmentations depuis 1990 (la Saskatchewan
demeure loin devant avec 61,7 %).83 Même si les chiffres exacts sont confidentiels, nous
savons que la forte hausse des émissions du Nouveau-Brunswick provient principalement
du secteur de la production d’électricité.84 La province a exporté plus d’électricité, ce qui
a entraîné une hausse des émissions provenant de la centrale au mazout de Coleson Cove
et de la centrale au charbon de Belledune.
30 Nouveau-Brunswick

Au total, les émissions provenant de l’électricité et du chauffage ont augmenté d’au


moins 80 % au Nouveau-Brunswick depuis 1990.85 Le secteur des transports routiers vient
au second rang avec une augmentation de 22 %.86 Entre-temps, les émissions provenant
des combustibles fossiles ont plus que doublé, principalement à cause de l’agrandissement
de la raffinerie Irving à la fin des années 1990.

Le Nouveau-Brunswick n’a pas de plan


Le Nouveau-Brunswick n’a pas de plan pour contrer les changements climatiques, ni de
cibles de réduction des GES. La province fait partie de la Conférence des gouverneurs de
la Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres de l’Est du Canada (GNA/PMEC), mais
la cible de ce regroupement – ramener les émissions à leur niveau de 1990 d’ici à 2010
– semble tombée aux oubliettes au Nouveau-Brunswick.
Cela dit, la province a tout de même posé certains gestes positifs, notamment en créant
l’an dernier l’Agence d’efficacité et de conservation énergétiques du Nouveau-Bruns-
wick. Son premier geste a été de créer un programme d’aide financière pour favoriser les
rénovations qui améliorent l’efficacité énergétique des maisons. Le budget de l’Agence a
été récemment augmenté à 12 millions $.87 La province s’est aussi engagée à ce que, d’ici
2016, 10 % de sa production électrique provienne de sources d’énergie renouvelables à
faible impact écologique (dont 400 MW d’énergie éolienne).88 Pour s’attaquer sérieuse-
ment au problème des changements climatiques, il faut adopter des mesures concrètes
de conservation d’énergie, d’efficacité énergétique et de production plus verte, mais le
Nouveau-Brunswick n’a posé que peu de gestes en ce sens.
Énergie NB songe à multiplier par deux et même plus ses exportations d’électricité au
cours des 10 prochaines années. Si ce projet était accepté, l’augmentation des émissions
provenant des centrales au mazout et au charbon annulerait complètement toutes les
autres réductions prévues par ailleurs.
Le gouvernement du Nouveau-Brunswick devrait élaborer un plan pour contrer les
changements climatiques qui comprend l’élimination graduelle des centrales au char-
bon, l’adoption de mesures de conservation et d’efficacité énergétique et la production
d’électricité de plus en plus propre. Ce n’est que de cette façon que le premier ministre
Lord pourra espérer respecter son engagement, énoncé dans le discours du Trône, de
réduire la pollution du Nouveau-Brunswick de façon plus marquée que dans toute autre
province au cours des cinq prochaines années.89
Un bilan disparate : Édition 2006 31

RECO M M A N D AT I O N S
• Préparer et implanter un plan avec des cibles de réduction des émissions.
• Abandonner le projet de réfection de Pointe Lepreau et investir dans les
énergies propres et renouvelables.
• Élaborer un plan à long terme pour éliminer graduellement les centrales
au charbon et au mazout lourd C.

82 Environnement Canada. Annexe 12.


83 Ibid.
84 À la demande d’un secteur industriel en particulier, les données exactes fournies par ce secteur dans le
cadre de l’inventaire national des GES du Canada peuvent être confidentielles. Toutefois, la tendance
générale des émissions dans ces secteurs demeure disponible, de même que les données d’émissions
totales de la province.
85 Environnement Canada. Annexe 12.
86 Ibid.
87 Agence d’efficacité et de conservation énergétiques du Nouveau-Brunswick.
88 Énergie NB.
89 Cabinet du premier ministre du Nouveau-Brunswick.
32

Île-du-Prince-Édouard

FORCES
• Objectif de produire 15 % de son électricité à partir de ressources
renouvelables d’ici 2010.
• Politiques efficaces pour appuyer le développement des énergies
renouvelables.

FA I B L ESSES
Les émissions du secteur
des transports ont • Le plan de l’Île-du-Prince-Édouard est échu (mais de nouvelles mesures sont
augmenté, mais elles ont prévues pour bientôt).
été presque entièrement • Les émissions du secteur des transports ont augmenté considérablement,
compensées par une mais la province n’a adopté que de timides mesures pour les contrer.
diminution dans le secteur
de l’électricité et du
OCCAS I O N S M A N Q U É ES
chauffage.
• Lorsqu’il a lancé son programme de remises pour les véhicules hybrides,
le gouvernement aurait dû l’étendre à tous les véhicules à faible
consommation de carburant, et imposer une surprime aux plus énergivores.

Émissions de GES
De 2003 à 2004, les émissions de GES de Île-du-Prince-Édouard ont augmenté légèrement
pour atteindre 10,1 % au-dessus de leur niveau de 1990.90 Plus précisément, les émissions
du secteur des transports (bateaux, VUS, camionnettes et gros véhicules à moteur diesel)
ont connu une hausse, mais elle a été presque entièrement compensée par une baisse dans
le secteur de l’électricité et du chauffage et des véhicules hors-route.
Depuis 1990, les émissions attribuables aux camions légers et aux camions lourds à
moteur diesel ont doublé.91 Les émissions provenant de l’industrie des produits chimiques
ont aussi augmenté de façon substantielle.

L’Île-du-Prince-Édouard n’a pas de plan


L’ancien plan de l’Île-du-Prince-Édouard est venu à échéance il y a quatre ans92 et la
province n’a toujours pas de nouveau plan pour lutter contre les changements climatiques.
On s’attend cependant à ce que le gouvernement annonce différentes mesures d’ici à la
fin de 2006. Ces mesures seront basées sur les recommandations et les mesures (la plu-
part volontaires) proposées par un comité spécial sur les changements climatiques à la
suite de consultations publiques.93 L’Île-du-Prince-Édouard fait partie de la Conférence
des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres de l’Est du Canada
(GNA/PMEC) et elle a adopté les objectifs du regroupement : ramener les émissions de
GES à leur niveau de 1990 d’ici à 2010.
En matière de production électrique, le gouvernement a adopté une politique intéres-
sante qui exige notamment que 15 % de l’électricité provienne de ressources renouvelables
d’ici 2010, et il se pourrait que la province atteigne cet objectif dès 2007. On a aussi mis
en place un programme qui garantit l’accès au réseau aux petits producteurs éoliens
(communautés, coopératives, fermiers, etc.), une politique aussi adoptée récemment en
Ontario. L’Île-du-Prince-Édouard avait aussi prévu exporter une partie de son électricité
de source éolienne en dehors de l’île, mais le projet a été suspendu parce que le programme
de cofinancement avec le fédéral a été annulé par le gouvernement Harper.
Certaines mesures ont aussi été adoptées pour favoriser l’efficacité énergétique dans le
secteur des transports, notamment un programme de financement partiel pour l’implantation
d’un système de transport en commun à Charlottetown et un programme de remise de
3000 $ à l’achat d’un véhicule hybride. Le ministre de l’Environnement Jamie Ballem a aussi
mentionné qu’il aimerait adopter une norme établissant un contenu d’éthanol de 10 % dans
l’essence.94 Il faut cependant préciser que les réductions de GES découlant d’une telle mesure
dépendent du type d’éthanol ajouté et qu’elles pourraient s’avérer minimes.
Somme toute, l’Île-du-Prince-Édouard a encore besoin d’un plan d’ensemble et de
stratégies concertées pour réduire les émissions dans tous les grands secteurs, et plus
particulièrement ceux des transports, de l’agriculture et du bâtiment (l’Île est la seule
province a n’avoir aucun code du bâtiment). Espérons que les politiques que présentera
bientôt le gouvernement iront dans ce sens.

RECO M M A N D AT I O N S
• Élaborer et adopter un nouveau plan avec des cibles de réduction des GES
plus ambitieuses.
• Prendre des engagements supplémentaires pour favoriser le
développement des énergies renouvelables à court terme.
• Adopter des mesures pour contrer l’augmentation des émissions provenant
des véhicules personnels et du transport des marchandises.
• Adopter un code du bâtiment musclé pour améliorer l’efficacité
énergétique de tous les nouveaux bâtiments.

90 Environnement Canada. Annexe 12.


91 Ibid.
92 Gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard.
93 Special Committee on Climate Change, Île-du-Prince-Édouard.
94 Gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard. 2006.
34

Nouvelle-Écosse

FORCES
• Un nouveau document-cadre sur l’énergie verte qui définit certaines
politiques pour réduire l’usage des centrales au charbon.
• Un timide engagement à répondre à 5 % de la nouvelle demande
électrique à partir de ressources renouvelables d’ici 2010.
• Une nouvelle agence d’efficacité énergétique.
En investissant dans
l’énergie éolienne, la FA I B L ESSES
Nouvelle-Écosse réduirait • La Nouvelle-Écosse n’a pas de plan (et aucun n’est prévu avant au moins
sa dépendance aux
un an) et ses cibles de réduction sont volontaires et peu élevées.
centrales au charbon
et ses émissions de GES. • La stratégie adoptée n’a engendré aucun résultat significatif jusqu’à
maintenant.
• La province n’a prévu aucune mesure pour contrer les émissions du secteur
en plus forte progression : le pétrole et le gaz.

OCCAS I O N S M A N Q U É ES
• Les côtes de la Nouvelle-Écosse offrent un potentiel éolien élevé, mais
le gouvernement n’a que de très faibles objectifs de production
d’électricité de sources renouvelables.

Émissions de GES
De 2003 à 2004, les émissions de GES de la Nouvelle-Écosse ont augmenté, passant de
14,7 % à 16,5 % au-dessus de leur niveau de 1990. Le secteur de l’électricité et du chauffage
est celui qui a connu la plus forte hausse depuis 1990 et il est le principal responsable des
émissions de la province. On sait que les émissions de ce secteur ont augmenté encore
en 2004 (même si les données exactes sont confidentielles) et qu’elles sont environ 37 %
plus élevées qu’en 1990.95
Les émissions provenant des bâtiments institutionnels ont aussi connu une hausse
importante en 2004 et depuis 1990. À l’opposé, les émissions des immeubles résidentiels
ont baissé pour les mêmes périodes. Les émissions attribuables au transport routier con-
tinuent aussi d’augmenter. Comme pour les autres provinces, cela s’explique notamment
Un bilan disparate : Édition 2006 35

par un usage accru des véhicules pour le transport des marchandises et par le comporte-
ment des consommateurs, qui ont remplacé en partie leurs automobiles par des VUS ou
des camionnettes.

La Nouvelle-Écosse n’a pas de plan


La Nouvelle-Écosse n’a pas encore de plan pour contrer les changements climatiques. En
octobre 2005, le gouvernement a publié un document-cadre sur les énergies vertes intitulé
Choices for Cleaner Energy - The Green Energy Framework96, mais il faudra vraisemblable-
ment attendre jusqu’en 2008 pour que la province se dote d’un véritable plan intégré.97
Ce délai lointain révèle le manque de détermination de la province face aux changements
climatiques. Le document-cadre a le mérite de mettre l’accent sur les sources d’énergie
durables, mais le plan de la Nouvelle-Écosse devra être considérablement renforcé et élargi
pour viser tous les secteurs dont les émissions sont élevées.

Le document-cadre sur les énergies vertes


Le document-cadre sur les énergies vertes vise en priorité le secteur de la production
d’électricité. Ce secteur est le principal émetteur de GES de la province et aussi celui dont
la croissance annuelle est la plus forte. Pour améliorer la situation, le document préconise
le remplacement des centrales au charbon par ses solutions plus vertes : éolien, biomasse,
cogénération au gaz, système de chauffage collectif.98 L’ajout de 280 MW aux 32 MW ac-
tuels constituerait une très bonne nouvelle.99 Les projets de cogénération et de chauffage
collectif (à l’aide de déchets forestiers) sont aussi intéressants.
Le document examine aussi la question de l’efficacité énergétique et indique qu’on
pourrait réduire de 1 % par année la consommation d’électricité de la province, mais sans
fixer d’objectif précis.100 Nova Scotia Power investit 5 millions $ pour la conservation et
l’efficacité énergétique.101 La province a lancé un programme de conservation, appelé
Conserve NS, modelé sur celui, prometteur, du Nouveau-Brunswick.

Il faut renforcer le document-cadre


Les mesures préconisées par le document-cadre constituent un bon départ, mais elles
devront être considérablement renforcées si la Nouvelle-Écosse veut vraiment s’attaquer au
problème des changements climatiques. Par exemple, la cible de réduction totale actuelle
a un caractère purement indicatif et elle est imprécise (on parle de réductions « pouvant
atteindre jusqu’à 1 Mt »), et il en va de même des cibles de réduction secondaires. Pour
élaborer un plan crédible, il faut fixer des cibles de réduction précises et fermes et établir
des objectifs concrets de conservation et d’efficacité énergétique.
36 nouvelle-Écosse

La cible de réduction « pouvant atteindre jusqu’à 1 Mt » est pour un horizon de 15 ans
et il s’agit d’une cible de réduction par rapport à un scénario de statu quo, qui comprend
sans aucun doute des augmentations des émissions. Entre 1990 et 2004, les émissions de
GES ont augmenté de 3,3 Mt en Nouvelle-Écosse; même si on atteint la cible, en 2020 les
émissions de la province pourraient atteindre 28 % de plus qu’en 1990.102 Pour mettre ces
chiffres en perspective, rappelons que d’ici 50 ans, les pays les plus développés devront
avoir réduit leurs émissions d’environ 80 % pour éviter les conséquences dangereuses des
changements climatiques.103
Pour accentuer ses réductions de GES, la Nouvelle-Écosse pourrait aussi être plus
à l’écoute des suggestions des experts en énergies renouvelables, en conservation et
en efficacité énergétique. Ainsi, un groupe recommande que 5 % de toute l’électricité
provienne de ressources renouvelables d’ici 2010.104 Cela constituerait déjà un net pas
en avant par rapport à la cible actuelle de 5 % de la nouvelle production électrique.
La firme de consultants Summit Blue proposera aussi des solutions pour réduire la
consommation énergétique de la province.

Le plan devra viser d’autres secteurs


Le véritable plan pour contrer les changements climatiques de la Nouvelle-Écosse devra
aller beaucoup plus loin que le document-cadre et il devra s’attaquer aux autres secteurs
responsables des plus importantes émissions des GES, notamment les transports et le
pétrole et le gaz.
Le secteur des transports n’a été que brièvement abordé dans le document-cadre. On
parle de « vision » et de « transport durable » mais en termes très vagues et sans établir
de politiques concrètes ou de cibles de réduction.105 Les émissions attribuables au secteur
des transports routiers ont augmenté de 28 % depuis 1990.106 Or, ces émissions sont plus
difficiles à réduire que celles de la plupart des autres secteurs. C’est pourquoi le plan du
gouvernement devra comprendre des mesures concrètes, diversifiées et efficaces, un peu
comme celles proposées dans le plan du Québec.107
L’industrie du pétrole et du gaz de la Nouvelle-Écosse comprend notamment des
activités de raffinage et d’exploitation gazière en mer, dont les émissions ont augmenté
de 69 % depuis 1990.108 Il faudra aussi adopter des mesures fermes pour freiner les émis-
sions de ce secteur.

Adaptation
La Nouvelle-Écosse en est aux premières étapes de l’établissement d’un plan d’adaptation
pour réagir aux changements climatiques. Un peu comme le document-cadre sur les éner-
gies vertes, il s’agit pour l’instant encore d’une liste d’intentions, qui devra éventuellement
Un bilan disparate : Édition 2006 37

se traduire en mesures plus concrètes. Le plan d’adaptation comprendra un meilleur


système de cueillette d’information sur les impacts des changements climatiques, la mise
au point de scénarios d’avenir et la préparation d’un choix de stratégies pour chacun des
différents secteurs.109

Conclusion
Dans le secteur de l’électricité, la Nouvelle-Écosse est sur la bonne voie grâce à ses mesures
sur la conservation, l’efficacité énergétique et la production verte. Mais pour qu’on puisse
enregistrer une réduction de l’ensemble des émissions de la province, il faudra faire bien
plus, notamment en établissant des cibles et des politiques fermes dans le secteur des
transports, du pétrole et du gaz et de l’électricité. En fait, il faudrait que la province pré-
pare un plan avec une vision d’ensemble et des mesures concertées, ce qui ne sera sans
doute malheureusement pas le cas avant le début de la première période d’engagement du
protocole de Kyoto, soit le 1er janvier 2008. Il faut compter un certain temps avant qu’un
plan ne soit bien implanté et qu’il commence à générer des réductions mesurables. Le
temps presse. Il faut que la Nouvelle-Écosse développe un sentiment d’urgence.

RECO M M A N D AT I O N S
• Préparer et implanter aussi rapidement que possible un plan musclé avec
des cibles précises de réductions d’émissions.
• Implanter les mesures préconisées par le document-cadre.
• Établir un objectif de production d’électricité renouvelable plus ambitieux
et réduire l’utilisation des centrales au charbon.

95 À la demande d’un secteur industriel en particulier, les données exactes fournies par ce secteur dans le
cadre de l’inventaire national des GES du Canada peuvent être confidentielles. Toutefois, la tendance gé-
nérale des émissions dans ces secteurs demeure disponible, de même que les données d’émissions totales
de la province.
96 Ministry of Energy, Nouvelle-Écosse. 2005.
97 Communication personnelle. Geroge Foote, directeur (par intérim), Intergovernmental Affairs and
Climate Change, Department of Energy, Nouvelle-Écosse. 11 juillet 2006.
98 Ministry of Energy, Nouvelle-Écosse. 2005. p. 17.
99 bid. p. 5.
100 Ibid. p. 11.
101 Ibid. p. 11.
102 Calculé à partir des données d’Environnement Canada. Annexe 12.
103 Bramley. p. 12.
104 Communication personnelle. Geroge Foote, directeur (par intérim), Intergovernmental Affairs and
Climate Change, Department of Energy, Nouvelle-Écosse. 11 juillet 2006.
105 Ministry of Energy, Nouvelle-Écosse. 2005. p. 12.
106 Environnement Canada. Annexe 12.
107 Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du Québec. 2006.
108 Environnement Canada. 2006. Annexe 11.
109 Ministry of Energy, Nouvelle-Écosse. 2005. pp 14-15.
38

Terre-Neuve-et-Labrador

FORCES
• Diminution des émissions attribuables au secteur de l’électricité
et du chauffage et diminution des émissions totales en 2004.
• Engagements modestes pour la production éolienne et l’efficacité
énergétique.

Malgré une diminution FA I B L ESSES


en 2004, les émissions • Le plan pour contrer les changements climatiques ne contient pas
attribuables au secteur de cibles précises.
du pétrole et du gaz
• La plupart des mesures du plan sont volontaires ou à caractère
de Terre-Neuve-et-Labrador
purement éducatif.
demeurent deux fois plus
élevées qu’en 1990. • Le plan ne comprend pas de mesures pour réduire les émissions provenant
de l’exploitation pétrolière en mer.

OCCAS I O N S M A N Q U É ES
• Grâce à ses grands réservoirs hydroélectriques au Labrador, la province
pourrait ajouter une importante production éolienne.

Émissions de GES
De 2003 à 2004, les émissions de GES de la Nouvelle-Écosse ont diminué sensiblement,
passant de 12,9 % à 4,4 % au-dessus de leur niveau de 1990. 110 Les secteurs de l’électricité
et du chauffage et du pétrole et du gaz sont les principaux responsables de cette baisse.
Une importante partie de la production électrique de Terre-Neuve-et-Labrador provient
de l’hydroélectricité. Or, en 2004, les précipitations ont été abondantes, de sorte qu’on a
moins utilisé la centrale au mazout de Holyrood.111
Les émissions attribuables au secteur du pétrole et du gaz ont connu une baisse en
2004, à la fois parce que la production de pétrole marin du projet Terra Nova a diminué
et parce que l’industrie a adopté de meilleures pratiques.112 Malgré cette baisse ponctuelle,
les émissions de ce secteur demeurent deux fois plus élevées qu’en 1990.113 Du côté du
secteur des transports, on enregistre une légère hausse, surtout attribuable aux camions
Un bilan disparate : Édition 2006 39

et autobus à moteur diesel, de même qu’aux véhicules hors route et aux camionnettes
et VUS. Les mines et le secteur de l’électricité et du chauffage affichent des baisses (les
données exactes sont confidentielles).114

Plan pour contrer les changements climatiques


La province a publié un plan pour lutter contre les changements climatiques en juillet
2005.115 On y retrouve de bonnes mesures, notamment en ce qui concerne les activités
gouvernementales et l’adaptation aux changements climatiques. Dans l’ensemble, toute-
fois, le plan n’est pas très ambitieux : il ne définit pas de cibles précises de réductions ni
d’échéancier et, dans la plupart des secteurs, il accorde trop d’importance aux mesures
volontaires et aux seuls programmes de sensibilisation.
Au printemps 2006, le ministre de l’Environnement et de la conservation de Terre-
Neuve-et-Labrador a mené des consultations publiques pour préparer une première loi
sur le développement durable, dont l’objectif est d’incorporer les principes et les valeurs
du développement durable dans les politiques, les programmes et les activités du gou-
vernement.
En 2005, le gouvernement avait aussi publié un document de base et sollicité les com-
mentaires du public pour la préparation d’un plan énergétique.116 Ce document accorde
une importance excessive aux secteurs du pétrole et du gaz et de l’électricité, mais il aborde
aussi la question des changements climatiques et traite de conservation, d’efficacité éner-
gétique et d’énergies renouvelables.
Dans le contexte de ces deux démarches, la question qui se pose est la suivante : Com-
ment incorporer les objectifs de développement durable de la province dans son plan
énergétique? La première étape devrait consister à adopter une vision à long terme avec
un objectif de réduction des émissions de 80 % d’ici 2050, ce qui correspond à l’objectif
établi par la communauté scientifique pour stabiliser le climat de la planète.117
Terre-Neuve-et-Labrador devrait établir des plans à court et moyen terme et identifier
pour chacun les mesures à adopter dans chaque secteur pour réduire les émissions. Cela
implique notamment de déterminer comment implanter les nouvelles sources d’énergie
durables (avec étude des coûts) et d’analyser tous les coûts des différentes solutions
énergétiques (notamment les coûts reliés à la santé et à l’environnement).
Pour réellement protéger l’environnement et assurer un développement durable, il faut
adopter ce genre d’approche systématique. La province a fait un premier pas dans cette
direction avec son plan pour contrer les changements climatiques, mais ce plan doit être
renforcé. Le gouvernement a fait un appel d’offres pour 25 MW d’énergie éolienne et il a
reçu 13 propositions différentes qui totalisent plus que ces 25 MW, ce qui dénote un intérêt
marqué des gens d’affaires pour les énergies renouvelables.118 Tout ajout supplémentaire
40 Terre-Neuve-et-Labrador

d’énergie éolienne signifie aussi que la centrale au mazout d’Holyrood fonctionnera moins
souvent. Il faut lancer autant de projets éoliens que possible. Entre autres, le gouverne-
ment devrait se pencher sur un projet de 1000 MW au Labrador proposé conjointement
par un promoteur éolien et une communauté autochtone de la région.
Terre-Neuve-et-Labrador a aussi lancé un programme d’amélioration de l’efficacité
énergétique des maisons de 6,9 millions $, destiné aux ménages à revenu modeste. Ce
programme pourrait être avantageusement complété par d’autres mesures, comme un
code du bâtiment plus sévère, l’amélioration de l’efficacité des appareils et la création d’une
agence de conservation et d’efficacité énergétique (inspirée de celle du Vermont et de celles
que s’apprêtent à mettre sur pied la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick).

RECO M M A N D AT I O N S
• Adopter des cibles de réduction ambitieuses.
• Adopter des mesures pour contrer les émissions des secteurs qui affichent
la plus forte croissance : le pétrole et le gaz et les transports.
• Établir des objectifs plus élevés d’efficacité énergétique et d’implantation
d’énergies renouvelables.
• Prélever une partie des revenus de l’exploitation pétrolière en mer pour
créer un fonds permanent d’aide à la transition d’une économie axée sur
les combustibles fossiles vers une économie axée sur les emplois dans
le secteur des énergies renouvelables.

110 Environnement Canada. Annexe 12.


111 Communication personnelle : Darren Hicks, Policy, Planning and Research Analyst, Department of
Natural Resources, Gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador. Courriel du 27 juin 2006.
112 Ibid.
113 Environnement Canada. Annexe 12.
114 À la demande d’un secteur industriel en particulier, les données exactes fournies par ce secteur dans le
cadre de l’inventaire national des GES du Canada peuvent être confidentielles. Toutefois, la tendance
générale des émissions dans ces secteurs demeure disponible, de même que les données d’émissions
totales de la province.
115 Gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador. 2005a.
116 Gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador. 2005b.
117 Voir par exemple Bramley.
118 Newfoundland and Labrador Hydro.
41

Yukon

FORCES
• Le Yukon est la seule région du Canada où les émissions de GES sont
maintenant inférieures à leur niveau de 1990 (à cause de la fermeture
de la mine Anvil Range).
• Une nouvelle stratégie sur les changements climatiques qui comprend
engagement public, recherche et stratégies d’adaptation.
La stratégie du Yukon pour
FA I B L ESSES combattre les changements
• Le Yukon n’a pas de plan (mais il s’apprête à en présenter un). climatiques vise uniquement
les émissions de GES qui
• Pas de cibles de réduction supplémentaire des émissions.
découlent des activités
gouvernementales.
OCCAS I O N S M A N Q U É ES
• La partie réduction d’émissions de la nouvelle stratégie sur les changements
climatiques vise uniquement les activités gouvernementales. Espérons
que le gouvernement élargira la portée de sa stratégie à la suite des
consultations publiques.

Émissions de GES
De toutes les provinces et territoires du Canada, le Yukon est la seule région où les émis-
sions de GES se situent sous leur niveau de 1990. De plus, les émissions du Yukon ont
baissé encore en 2004 (dernières données disponibles) pour atteindre -18.9 % par rapport
à 1990.119 Cette situation s’explique en bonne partie par la fermeture, à la fin des années
1990, de la mine Anvil Range, et à l’arrêt des générateurs au diesel qui l’alimentaient en
électricité. En 2004, par contre, les émissions ont diminué encore, cette fois grâce à la
réduction des émissions attribuables aux bâtiments commerciaux et institutionnels et
aux véhicules personnes (camions et automobiles).120
Dans les autres sous-secteurs des transports (véhicules hors-route et camions et
autobus à moteur diesel), les émissions ont augmenté.121 Dans son ensemble, le secteur
42 Yukon

des transports occupe le premier rang pour les émissions de GES au Yukon et il est
maintenant dominé par les camions et autobus à moteur diesel. Les émissions attribuables
aux immeubles résidentiels ont triplé et ce secteur occupe maintenant le deuxième rang.

Le Yukon n’a pas de plan


Le Yukon a divulgué sa stratégie climatique en septembre 2006.122 Pour l’instant, la stratégie
fait surtout état de grands objectifs, et elle devrait éventuellement être suivie d’un « plan
d’action concret et détaillé » suite à un vaste processus de consultations.123
On ne peut évidemment pas s’opposer aux quatre objectifs du document : réduire les
émissions de GES, mettre au point des stratégies d’adaptation, sensibiliser le public aux
changements climatiques et appuyer la recherche et l’innovation.124 Par contre, on peut
s’interroger sur le fait que le Yukon veuille réserver les réductions d’émissions unique-
ment aux activités gouvernementales.125 Cette approche risque de limiter sensiblement
le potentiel de réduction du Yukon puisque ce sont les secteurs des transports et des
bâtiments qui génèrent la majeure partie des émissions (les transports et les bâtiments
gouvernementaux ne représentant qu’une partie des émissions de ces secteurs).
Espérons que les consultations publiques démontreront que les citoyens du Yukon
veulent qu’on attaque le problème des changements climatiques de façon plus globale.
D’ailleurs, une importante partie du document de stratégie du territoire est consacrée aux
impacts biophysiques et socio-économiques des changements climatiques sur le Yukon.126
Ces impacts sont nombreux et importants. Le territoire doit donc non seulement avoir
une stratégie pour s’attaquer aux conséquences des changements climatiques, mais aussi
une stratégie concrète pour contribuer à la réduction des GES.
Cela étant dit, le Yukon a adopté des mesures qui ont donné, et pourraient continuer
à donner des résultats positifs, bien que dans une proportion difficile à évaluer. Ainsi,
la mesure la plus importante a consisté à relier Dawson City au réseau de distribution
électrique du territoire, de sorte que la ville est maintenant principalement alimentée par
hydroélectricité, ce qui a permis de réduire les émissions provenant des génératrices au
diesel. Un programme de prêt à taux d’intérêt réduit permet aux propriétaires de troquer
leur système de chauffage électrique peu efficace pour un système moins énergivore, ce
qui entraîne de petites réductions d’émissions.127 Le gouvernement offre aussi un service
de visites à domicile pour évaluer l’efficacité énergétique de la maison, suggérer des amé-
liorations et proposer l’installation d’accessoires peu coûteux comme des fluorescents
compacts. Toutefois, si on ne fait pas le suivi de ces mesures, il est difficile de connaître
leur impact réel sur la réduction des émissions.
43

RECO M M A N D AT I O N S
• Élaborer et adopter un plan avec des cibles de réduction supplémentaire
des GES.
• Viser des réductions d’émissions dans tous les secteurs.
• Établir des mesures pour réduire les émissions des camions lourds à
moteur diesel.

119 Environnement Canada. Annexe 12.


120 Ibid.
121 Ibid.
122 Department of the Environment, Yukon.
123 Ibid. p. 5.
124 Ibid. p. 6.
125 Ibid. p. 5.
126 Ibid. pp. 9-14.
127 Climate Change Coordinating Committee, Yukon. p. 10.
44

Territoires du Nord-Ouest

FORCES
• Taux d’émission de GES relativement faible par rapport au PIB.
• Financement de projets de planification énergétique et de réduction
des émissions à l’échelle des communautés.

FA I B L ESSES
Le projet de pipeline dans • Le plan des Territoires du Nord-Ouest comprend surtout des mesures
la vallée du Mackenzie ferait volontaires, qui risquent d’avoir peu d’impact sur la réduction des GES.
augmenter radicalement les • Selon les conclusions d’une évaluation publique, le plan se révèle inefficace
émissions totales
dans tous les secteurs.
de GES du Canada.
• La hausse de la production de gaz naturel et la construction d’un pipeline
dans la vallée du Mackenzie auraient un effet dévastateur sur les émissions
de GES des Territoires et de la région des sables bitumineux.

OCCAS I O N S M A N Q U É ES
• L’évaluation publique du plan des Territoires du Nord-Ouest proposait des
améliorations concrètes et un échéancier précis, mais, trois ans plus tard,
on attend toujours un nouveau plan.

Émissions de GES
Les données relatives aux émissions de GES des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut
sont combinées et il est difficile de les différencier. On sait cependant que les émissions glo-
bales des deux territoires ont diminué légèrement en 2004 (dernières données disponibles),
pour atteindre 4 % au-dessus de leur niveau de 1990.128 La baisse est principalement
attribuable aux véhicules hors-route à moteur diesel et au secteur des mines (mais dans
tous ces cas, les émissions sont encore au-dessus de leur niveau de 1990).
Les émissions des camions lourds à moteur diesel ont augmenté encore cette année, tout
comme elles l’ont fait régulièrement depuis 1990.129 En fait, les émissions ont augmenté
dans pratiquement tous les sous-secteurs des transports automobiles diesel et à essence,
camions, véhicules hors-route. Le secteur de l’électricité et du chauffage occupe le deuxième
Un bilan disparate : Édition 2006 45

rang et ses émissions ont augmenté encore en 2004. Par contre, on a enregistré un baisse
dans le secteur des bâtiments (résidentiels, commerciaux et institutionnels).

Plan pour contrer les changements climatiques


Le premier plan des Territoires du Nord-Ouest a été publié en 2001.130 Il s’agissait
d’un plan peu ambitieux comprenant surtout des mesures volontaires de même qu’un
objectif, volontaire aussi, de production d’énergie renouvelable. Évidemment, personne
ne s’attendait à ce le plan apporte beaucoup de résultats concrets en matière de réduction
des émissions. D’ailleurs, les prévisions du plan étaient à l’avenant puisqu’il prévoyait pour
2013 une augmentation à 56 % au-dessus du niveau de 1990, contre 60 % en situation
de statu quo (figure 5).131

FIGURE 5 Émissions de GES dans les Territoires du Nord-Ouest, avec ou sans plan sur les changements climatiques
2.0

1.8

1.6

1.4
Émissions de GES (Mt de CO2 e)

1.2

0.8

0.6

Scénario de statu quo


0.4
En appliquant le plan
0.2

0
1995 2000 2005 2010 2015

Les Territoires avaient mis sur pied un programme qui permettait aux résidents
d’obtenir une seconde subvention égale à celle du gouvernement fédéral dans le cadre
de son programme ÉnerGuide destiné à améliorer l’efficacité énergétique des maisons.
Depuis, le gouvernement fédéral a abandonné ce programme, entraînant aussi la suspension
du programme des Territoires. Par ailleurs, le gouvernement des Territoires participe au
financement de programmes énergétiques communautaires, qui comprennent des mesures
importantes de réduction de la consommation d’énergie et de réduction des émissions.
À la fin de l’été 2006, une organisation non gouvernementale locale a d’ailleurs remis à la
municipalité de Yellowknife une proposition de plan énergétique pour la communauté.132
En 2005, le plan des Territoires a fait l’objet d’une évaluation publique. Conclusion :
on a reproché au plan de ne pas fixer de cibles précises, de ne pas présenter d’échéancier
46 Territoires du Nord-Ouest

d’implantation, d’être sous-financé et d’être laxiste en ce qui concerne l’obligation de


rendre des comptes.133
Selon un document-cadre sur l’environnement, le gouvernement travaille
présentement à la mise sur pied d’un programme sur les changements climatiques qui
comprendrait une stratégie pour réduire les GES, une stratégie d’adaptation et un plan
énergétique.134 Le dépôt de la stratégie pour réduire les GES a été retardé, mais on s’attend
à ce qu’elle soit publiée à l’automne 2006. La stratégie d’adaptation devrait être dévoilée
en 2007.
Il est question d’un projet de pipeline dans la vallée du Mackenzie qui transporterait le
gaz naturel depuis les Territoires du Nord-Ouest jusqu’aux sables bitumineux de l’Alberta.
S’il voyait le jour, ce projet ferait plus que doubler les émissions des Territoires selon
une évaluation environnementale.135 De plus, si ce gaz est utilisé pour l’extraction non
conventionnelle de pétrole brut des sables bitumineux, ce qui semble probable, ce projet
ferait augmenter les émissions du Canada d’au moins 25 Mt, soit 15 fois le niveau actuel
des émissions totales du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest.136
Les Territoires du Nord-Ouest doivent tenir compte de l’impact de leurs décisions
sur les émissions du Canada et sur les changements climatiques. Nos citoyens du nord
sont déjà affectés par les impacts négatifs du réchauffement et il leur sera plus difficile de
demander l’aide des autres provinces ou de la communauté internationale si leur dossier
en matière d’émissions de GES est celui d’un mauvais élève.

RECO M M A N D AT I O N S
• Préparer et implanter un nouveau plan avec des cibles de réduction
des émissions et qui tient compte des recommandations de l’évaluation
publique.
• Abandonner le projet de pipeline de la vallée du Mackenzie et le remplacer
par des projets de développement énergétique et économique durables.

128 Environnement Canada. Annexe 12.


129 Ibid.
130 Ministry of Resources, Wildlife and Economic Development, Territoires-du-Nord-Ouest. 2001.
131 Ibid. p. 29-30
132 Différents documents disponibles auprès de la Ville de Yellowknife.
133 Terriplan Consultants.
134 Ministry of Environment and Natural Resources, Territoires-du-Nord-Ouest. 2005.
135 Moorhouse et al. p. 14.
136 Ibid. p. 19
47

Nunavut

FORCES
• Taux d’émission de GES relativement faible par rapport au PIB.
• Préparation d’un inventaire exhaustif des impacts des changements
climatiques.

FA I B L ESSES
• Le Nunavut n’a ni plan ni cibles de réduction des GES. Le Nunavut n’a pas de
stratégie pour lutter
OCCAS I O N S M A N Q U É ES : contre les changements
• Plusieurs communautés isolées du Nunavut sont alimentées en électricité climatiques ni pour réduire
ses émissions de GES.
par des génératrices au diesel autonomes et coûteuses. On pourrait opter
pour des systèmes hybrides qui incorporent les énergies renouvelables
aux génératrices conventionnelles, mais peu de communautés ont
exploré cette voie.

Émissions de GES
Les données relatives aux émissions de GES des Territoires du Nord-Ouest et du Nuna-
vut sont combinées et il est difficile de les différencier. Voir la section précédente sur les
Territoires pour une description des tendances.

Le Nunavut n’a pas de plan


Le Nunavut n’a pas de plan pour lutter contre les changements climatiques. Le territoire
a plutôt mis son énergie à répertorier et analyser les impacts des changements clima-
tiques et à examiner des stratégies d’adaptation. Ainsi, le gouvernement a mené une vaste
consultation dans diverses régions du territoire et, en novembre 2005, il a publié une
série de rapports qui identifient les changements en cours dans une perspective de savoir
traditionnel autochtone.
Le Nunavut a aussi commandé et publié une revue de littérature et une analyse d’écart
sur la contribution du savoir traditionnel à la compréhension des impacts des changements
48 nunavit

climatiques dans le Nord.137 L’étude a démontré qu’il y avait plusieurs éléments de


savoir traditionnel qui pouvaient apporter une contribution appréciable à la science tra-
ditionnelle. Des éléments du savoir autochtone ont d’ailleurs été incorporés dans le Arctic
Climate Impact Assessment, un rapport exhaustif et rigoureux qui présente les impacts des
changements climatiques sur les écosystèmes et les habitants de l’Arctique.138
Comte tenu du fait que les impacts des changements climatiques se font déjà ressentir
dans le Nord, il est normal que le Nunavut se préoccupe de mettre au point des straté-
gies d’adaptation. Par contre, le Nunavut devrait aussi mettre l’accent sur les mesures
d’atténuation, c’est-à-dire travailler à limiter les changements climatiques en réduisant
ses propres émissions de GES. Pour éviter les impacts catastrophiques des changements
climatiques, il faut que toutes les provinces et tous les territoires adoptent des plans de
réduction de leurs émissions. Le Nunavut sera en meilleure position pour inciter les autres
à agir si son propre bilan de réduction des GES est positif.

RECO M M A N D AT I O N S
• Préparer et implanter un plan qui vise à la fois à réduire les émissions
de GES et à développer des stratégies d’adaptation.
• Adopter des mesures de réduction des émissions des véhicules hors-route
et travailler de concert avec le gouvernement fédéral pour améliorer les
normes d’émissions de ces véhicules.

137 Gouvernement du Nunavit.


138 Hassol, p. 49.
49

Conclusions

Le bilan des performances des provinces et territoires en matière de changements clima-


tiques n’est pas beaucoup plus reluisant que l’an dernier. Quelques-uns ont fait des pas
dans la bonne direction, mais plusieurs continuent à s’enfoncer la tête dans le sable et à
fuir leurs responsabilités.
Cet immobilisme va totalement à l’encontre des données scientifiques qui démontrent
clairement que le climat change et que la grande majorité de ces changements auront des
conséquences destructrices sur les écosystèmes et les populations humaines. Malheureuse-
ment, les populations qui seront le plus touchées – en Afrique sub-saharienne, dans les îles
à basse altitude des Caraïbes et du Pacifique Sud, et dans l’Arctique – sont aussi celles qui
sont le moins en mesure de s’adapter à ces changements. Qui plus est, il a été clairement
démontré qu’il est possible de contrer le phénomène des changements climatiques avec
un minimum de dérangements économiques.
Y a-t-il de l’espoir? Au moins le Québec a fait preuve de leadership cette année en
présentant un plan passablement musclé et prometteur. Certaines provinces ont aussi
adopté des mesures qui réduiront les émissions de GES à court et long terme. D’autres
encore, comme le Manitoba, l’Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse et les Territoires
du Nord-Ouest, préparent actuellement leur plan d’action. Espérons que toutes les prov-
inces et tous les territoires sont maintenant prêts à prendre leurs responsabilités et à mettre
toute leur créativité pour élaborer et mettre en oeuvre des plans innovateurs, efficaces et
ambitieux. Des plans qui révolutionneront notre façon de produire et d’utiliser l’énergie.
Des plans qui ouvriront la porte à de précieuses occasions de développement économique.
Des plans qui s’inspireront d’une nouvelle vision de la coopération régionale, nationale
et mondiale. Maintenant que le Canada semble avoir abandonné ses responsabilités face
au protocole de Kyoto, il est plus important que jamais que les provinces et les territoires
travaillent ensemble, et avec les autres pays, pour relever le défi mondial de la lutte aux
changements climatiques.
50 références

Références
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Depuis, le gouvernement fédéral a préparé différents plans pour lutter
contre les changements climatiques, mais les gouvernements provinciaux
ont aussi un rôle essentiel à jouer.

En fait, les provinces doivent prendre l’initiative et agir d’elles-mêmes.

Comment se comportent-elles concrètement? C’est à cette question que


veut répondre le présent rapport. Nous y examinons les performances
de chacune et nous analysons leur plan de lutte contre les changements
climatiques. Or, vérification faite, les résultats sont décevants, à quelques
exceptions près.

Au cours de la dernière année, certains gouvernements ont fait preuve


de détermination et d’innovation. Mais dans l’ensemble, avec les outils
qu’ils ont en main, les provinces et territoires auraient pu faire beaucoup
plus pour réduire leurs émissions de GES et lutter efficacement contre
les changements climatiques.

Par l’entremise de la science et de l’éducation, la Fondation David Suzuki oeuvre pour la


protection de la diversité de la nature et de notre qualité de vie, aujourd’hui et pour les
générations futures. Nous utilisons les meilleures recherches pour apporter des solutions
innovatrices qui contribueront à bâtir une économie propre et concurrentielle qui ne menace
pas les services naturels soutenant toutes les formes de vie.
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Imprimé sur papier Save-A-Tree® composé à 100 % de fibres recyclées • Conception graphique : Alaris Design
Photos : Getty Images; David Dodge/The Pembina Institute; Rolf Hicker – www.hickerphoto.com

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