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Xavier Jacob

La Vie de saint Léontios, ascète en Lycie


In: Revue des études byzantines, tome 43, 1985. pp. 237-242.

Résumé
REB 43 1985 France p. 237-242
X. Jacob, "La Vie de saint Léontios. ascète en Lycie". — Traduction de la "Vie de saint Léontios", qui est conservée seulement
dans une version turque de Seraphim de Pisidie.

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Jacob Xavier. La Vie de saint Léontios, ascète en Lycie. In: Revue des études byzantines, tome 43, 1985. pp. 237-242.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1985_num_43_1_2176
La Vie de saint Léontios, ascète en Lycie

Xavier JACOB

La Vie de saint Léontios est transmise uniquement dans une version


turque de Séraphim de Pisidie1. Georges Ladas, en signalant le texte2, où
il est question d'une église de l'Archistratègos à Athènes, a supposé que
Léontios eut aussi son église dans sa patrie ; elle aurait été voisine des
Taxiarques (près de la porte de l'Agora) et son vocable aurait été déformé
en Elias3. Notre but est de donner simplement une traduction complète de
cette Vie.
A la fin de l'ouvrage de Séraphim de Pisidie existe aussi en grec
l'acolouthie de Léontios, non enregistrée dans le recueil de Louis Petit ; elle
est suivie d'une autre acolouthie d'un ascète Nikodèmos, qui se distingua
sous Jean (V ?) Paléologue ; c'est encore une mention unique. Mais ces
pièces liturgiques n'ajoutent rien à la Vie, quand celle-ci est connue, et ne
sont pas faciles à interpréter, quand il n'y a aucun récit.

1. Séraphim de Pisidie, Παχάρι Χεγιάτ, Venise 1783, p. 195-199. Cet ouvrage karamanli
(turc en caractères grecs) est décrit en détail par S. Salaville et E. Dalleggio, Karaman-
lidika, I, Athènes 1958, p. 80 s.
2. Ό Συλλέκτης 1, 1947, p. 4-6.
3. R. Janin, Les églises et les monastères des grands centres byzantins. Paris 1975,
p. 308-309, 335-336.
Revue des Études byzantines 43. 1985. p. 237-242.
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Le 22 du mois de février. Exposé de la biographie de notre vénéré


père saint Léontios, qui était sur le chemin de Dieu, lui qui s'est
fixé et a habité sur la montagne dénommée Kontobakion, dans les
limites du pays d'Attaleia.

Ce saint vénéré ne trouve pas son pareil en vertu, et notre père Léontios,
qui constitue la règle dans la mesure de la sainteté, capable de faire des
prodiges, était originaire de la ville vertueuse, renommée, appelée du nom
d'Athènes, dans la région de Mora. Le nom de son père était Nikolaos,
celui de sa mère, Elisabeth ; ses parents étaient des gens se contentant de
leurs possessions bénies et c'est surtout par leurs bonnes œuvres qu'ils
brillaient.
Ainsi, saint Léontios, né de telles personnes, fut remis par ses parents à
son grand-père, dont le nom était également Léontios ; et il lui fut donné
pour lui apprendre à lire, faire son éducation. Il y avait une église, que le
grand-père de celui-ci avait fait construire, érigée au nom de FArchistratè-
gos ; c'est dans cette église qu'habitait ce saint Léontios, et continuellement
il lisait les Livres, les apprenait par cœur, y puisait de l'instruction. Et il ne
manquait jamais de se dominer en pratiquant le jeûne et l'abstinence ; il se
montrait très soucieux de propreté, se gardant surtout des malpropretés
corporelles.
Or un homme possédé d'un esprit mauvais vint de la ville d'Athènes et
entra dans l'église de l'Archange ; rendu furieux par l'esprit impur, il était
la terreur de tout le monde. Or cet homme, possédé du démon, se saisit
quelque part d'un (morceau de) bois, frappe le saint et le rosse plutôt. Avec
cela le saint trouve force et vigueur ; lui aussi donne au possédé un bon
soufflet, et par ce soufflet le possédé retrouve la maîtrise de lui-même ; et
cet homme s'assied, délivré du démon ; d'une voix puissante il remercie
Dieu tout-puissant et manifeste au saint sa satisfaction.
Une fois les parents du saint se rendent dans le district appelé Korin-
thos ; ils prennent leur enfant Léontios avec eux. Or, pendant la nuit, (une
voix) se fait entendre à Léontios, comme le grondant : « Pourquoi as-tu
laissé ma maison seule et es-tu venu ici ? », dit-elle. Mais le saint, sans
donner aucune réponse, se lève, retourne, entre dans cette église de
l'Archange.
Quand il fut arrivé à l'âge de vingt ans, le seigneur Mousellim, qui était
chef du district, voyant ses vertus, l'adopte comme fils, fait du saint son
enfant et le considère comme son enfant ; et ainsi la maison de ce seigneur
abonde en bien-être, l'abondance de toutes choses augmente dans cette
maison.
Or ils font pression sur le saint pour qu'il devienne prêtre, et celui-ci ne
l'accepte pas ; il savait que même pour les anges la participation à cette
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dignité était lourde, difficile. Or, l'archihiérarque d'Athènes, du nom de


Théodosios, invite le saint, sous prétexte que ses bonnes œuvres lui
donnaient satisfaction ; il se saisit de lui et le fait prêtre ; et en plus il lui
donne des conseils, l'exhorte et le laisse repartir sur la voie du salut.
Après cela, le saint, quittant ses parents, sa famille et ses amis et même
son pays, renonce à tous ses biens, accepte le chemin de la croix sur ses
épaules [sic] et, sa charge sur ses épaules, il se livre au père renommé comme
homme de Dieu, saint Nikolaos, qui habitait lui aussi Athènes alors. Et là
il accède au degré de moine et il est éduqué dans la voie monacale et reste
une année auprès de lui ; puis il prend congé de son père (spirituel) pour
aller vers la Terre Sainte, la visiter et vénérer les lieux saints. Or son père
le bénit et lui donne la permission d'aller visiter, et il lui donne pour
compagnon de route un frère du nom de Klèmentios. Et son père,
participant de la force de l'Esprit Saint, lui prophétisa à lui-même et lui dit :
« Sache, mon fils, que le Saint-Esprit t'a choisi, séparé, pour être le pasteur
de la ville d'Attaleia. »
II entra dans un bateau et partit. Sur mer de nombreux jours passent, un
vent terrible se lève et les gens se trouvant sur le bateau étaient sur le point
de périr avec le bateau ; ils allaient tous se noyer. Et le saint priait, suppliait
continuellement, et une fois qu'il eut fini sa prière, la mer devint calme ;
une tranquillité absolue se fit, grâce à la demande du saint. Sauvés ainsi,
ils remercièrent Dieu et témoignèrent au saint leur satisfaction, pour avoir
été sauvés d'une si grande angoisse.
Or, en arrivant en Terre Sainte, ils y visitèrent tous les lieux saints, se
prosternèrent et restaient à l'endroit où habitait le vénéré père appelé
Théodosios le Koinobiarchos. Ils trouvèrent là le père saint Barnabas ; ce
vénérable était sûr, il avait atteint le sommet de la vertu. Ils devinrent ses
compagnons, habitèrent dans le monastère et habitèrent avec lui durant
cinq ans ; ils rendaient toutes sortes de services agréables à Dieu, car ils
voulaient se conduire selon la raison et utiliser la raison comme guide. Ils
obtinrent de penser toujours à Dieu, d'élever leurs pensées vers les
hauteurs, et ainsi ils furent favorisés de grandes grâces, à tel point que le
saint devint digne d'accomplir des prodiges de toute sorte... [lignes 32-33,
p. 197, passage difficile : de connaître les pensées ?]
Et ensuite il monta au Mont des Oliviers avec le vénérable père Barnabas
et là, tel un second prophète Isaïe, il voit le Seigneur Dieu assis sur son
trône et il entend des milliers de milliers d'anges chanter : « Sauve,
Seigneur ! » Parfois il vient de nouveau à la sainte grotte de Bethléem, il
voit l'étoile lumineuse briller au-dessus de la grotte et il voit la lumière
rayonnante et il tire de là sa maîtrise dans le pouvoir de faire des prodiges
et il entre en possession de l'art victorieux et conquérant, contre lequel les
démons sont impuissants ; il devient la règle suprême du monachisme et la
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pierre de touche de la vertu. Après cela, il devient guide et maître selon le


rang d'apôtre dans le district d'Attaleia.
Ce saint quitte donc la Terre Sainte, parce que les nations ennemies
l'opprimaient. Ensemble, avec saint Barnabas et trois autres personnes, ils
arrivent dans la région de Parassam [sic. 1. 8, p. 198] ; et dans le pays de
Pisidie ils s'approchent des flancs d'une montagne, et comme la terre était
aride et qu'il n'y avait pas d'eau, sur la prière et l'intercession du saint une
source jaillit. De là ils arrivent à la ville d'Attaleia et là se réalisa ce que le
père (spirituel) du saint, saint Nikolaos, avait prophétisé, comme nous
l'avons dit plus haut : il fallait qu'il aille dans la ville d'Attaleia, qu'il soit
là le guide, le maître et le protecteur pour le peuple de la ville d'Attaleia.
Or les hommes de cette ville d'Attaleia étaient des hommes sans condes
cendance, de relations difficiles, sans pitié, orgueilleux, des gens sans
repentance, ordonnés à l'immoralité ; ils étaient comme des bêtes sauvages.
Il n'y avait pas de crainte de Dieu en leur cœur ; ni la pensée de la mort
ne venait à leur esprit, ni justice humaine ni jour du jugement n'étaient en
leur cœur, et ils ne songeaient pas à la rétribution de leurs actes.
Or, le jour où ce saint se mit à donner des conseils, à faire des prodiges,
qu'il y eut des miracles extraordinaires, le jour où il se mit à prêcher, à
enseigner, ils commencèrent à se repentir et, se repentant, ils quittèrent
leurs péchés ; en se confessant, tous les hommes furent baptisés et accep
tèrent le baptême de la part du saint, comme les Juifs, au commencement,
avaient accepté le baptême de Jean le Précurseur. En peu de temps il les
mena tous à la vraie foi, les fit chrétiens et les baptisa tous.
Après cela il monta sur une montagne, qui se nommait Kontobakion et
n'était pas très éloignée de la région ; là il se reposait, tel un héros, il était
tranquille sur la montagne ; mais il n'y avait pas d'eau, c'était un lieu
aride ; et le chemin qui montait à la montagne était très pénible, à cause du
vent très violent, de la rudesse de l'hiver, de l'ardeur du soleil. Et ainsi dans
toutes les localités augmentait la renommée du saint ; on pouvait voir
quotidiennement un nombre incalculable de gens qui venaient et escala
daient la montagne et, tirant grand profit des conseils du saint, ils acquér
aient de la connaissance.
Or, là-bas, sur la montagne, le saint fit sept églises et rassembla beaucoup
de religieux autour de lui ; il les logea et ils habitaient là. Et ceux-ci, le saint
les équipa de coutumes vertueuses, comme il se doit, de bonnes œuvres
agréables à Dieu, de vrais biens, et il nourrit leur âme de paroles divines,
les protégeant ainsi ; et il leur construisit bon nombre de chambres d'hôte,
et il créa et construisit des logements en foule, à tel point qu'un certain
moment le blé vint à manquer dans les greniers. Ils étaient dans la gêne,
sans qu'ils aient pourtant à souffrir ; par la prière du saint le grenier fut
rempli de blé.
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Favorisé du pouvoir de faire beaucoup de prodiges, d'accomplir des


miracles extraordinaires, il sauva également de l'inondation la ville d'Atta-
leia. Une fois, alors que les nations ennemies dévastaient la région, ce saint
la sauva et il sauva aussi beaucoup d'hommes qui étaient malades et
beaucoup de navires qui allaient sombrer en mer. Il les gardait et les
sauvait, à tel point que d'une certaine façon la finesse et l'habileté d'une
multitude d'hommes ne suffit pas, et la langue est impuissante à exprimer
les prodiges innombrables, extraordinaires, sans fin, qu'il a opérés : sa
manière de commander aux démons, ses prières les bras levés vers Dieu, ses
adorations à genoux ; comment il a guéri les gens, construit des monast
ères,érigé des édifices sacrés, les a protégés et soignés, qui pourrait le
rapporter ? Cela dépasse l'intelligence.
Enfin, devenu pour les hommes qui habitaient là-bas le portrait vivant,
l'image vivante de notre Seigneur, le Christ, en recevant d'eux un tel sceau,
il devint leur père et maître, conseiller et père.
Et ensuite il émigra vers Dieu en sécurité. Et de nouveau, après son
trépas, il ne manqua pas, il n'omit pas d'opérer des prodiges ; il ne renonça
pas à répandre toujours les bienfaits pour ceux qui demandaient. Et ainsi,
même son saint corps, étant au tombeau, ne cesse de distiller du myron, de
l'intérieur du tombeau. Ceci démontre et manifeste que son cœur était pur,
son âme droite ; et alors qu'il vivait encore en ce monde, il était digne de
Dieu, le Christ notre Seigneur, qui l'avait gratifié de parure et de grâce, lui
qui donne à ses serviteurs émérites des grâces en abondance et des gloires
éternelles. A lui, le Christ notre Seigneur et notre Dieu, la grandeur pour
les éternités des éternités, amen.

Le commentaire linguistique demanderait une comparaison avec les


autres textes qui composent le recueil et éventuellement avec les originaux
grecs qui pourraient subsister. On se contentera donc ici de remarques
générales.
La langue est très populaire dans les formes grammaticales ; ces formes
se rencontrent encore aujourd'hui dans les villages ; par exemple -lan/-Ien,
au lieu de -la/ -le ; töbev, au lieu de tövbe ; övüt, au lieu de ögüt ; dova, ou
tova, au lieu de dua, etc.
L'orthographe est pour ainsi dire inexistante ; dans les consonnes les
sonores et les sourdes s'interchangent : par exemple, le même mot s'écrit
papas, papaz ; les voyelles sont souvent confondues, surtout i et a.
Malgré son caractère populaire et sa simplicité, le vocabulaire est
parsemé de formes, de termes ou de formules rares ; l'auteur les juge
lui-même parfois difficilement compréhensibles et il cherche à les expli-

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quer ; ainsi pour dire « ensuite » (p. 198, ligne 32), il emploie d'abord le
terme arabe badehou, auquel il joint à la suite le turc sonra, ce qui donne
une expression hybride et redondante : badehou sonra.
Le vocabulaire religieux est fait d'emprunts à l'arabe, au grec et au
persan ; la même notion est rendue parfois par le terme arabe, parfois par
le terme grec, parfois par association des deux. Citons quelques exemples
de la terminologie religieuse.
Dieu est rendu ici régulièrement par le mot arabe Allah ; dans d'autres
biographies (cf. p. 194), l'auteur emploie indifféremment Allah, ou l'ancien
mot turc Tanri, dans sa forme Tengri.
Saint est rendu soit par les termes arabes aziz, veli, mübarek, soit par les
termes grecs osios et agios.
Saint-Esprit prend deux formes : Aziz Ruh ( = Saint-Esprit), Ruh Oullah
( = Esprit de Dieu) ; les deux sont arabes.
démon : djin ou seheyton (tous deux arabes).
prêtre : papas (grec), ruhban (arabe), kechich (persan).
Bible : Kitaplar (arabe et turc), traduction littéraire de ta biblia, les
livres.
sauver : halaseylemek (arabe et verbe turc).
jeûne : orutch (turc).
abstinence : perhiz (persan).
se confesser : exomologisis olmak (grec et verbe turc), ou bien tobe etmek
(arabe et verbe turc).
notre Seigneur : Efendimiz (grec et terminaison turque) ; le terme Rabbi-
miz est réservé à Dieu le Père.
prière : dua, ibadet (tous deux arabes, avec une orthographe variable).
croix : stavros (grec).
grâce : bahchich (persan).

Xavier Jacob
Isiklar Caddesi
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TR-Ankara

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