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Remis le 12 Novembre 2008

Projet d’architecture/ Exercice n°2.


“Les usages du lieu”.
Gentrification des Marolles

Stéphanie Verfaille, Inès Zimmermann, Francesca Pagliacci,Margaux Marquézy, Marie-Lou Roederer,

Ibrahima Guerew, Guillaume Boulanger, Gennaro Notaro, Marwan Bendahman, Félicien Umbreit
Table des matières :

-Introduction

-Historique

-Analyse topographique des Marolles

-Analyse anthropologique et interviews

-Introduction
-Interviews
-Impression globale
-Conclusions

Rue des Capucins, Bande dessinée peinte sur un


mur dans la rue (Photo 49)
1°) Introduction

En abordant le principe de gentrification, nous


voulons mettre un accent sur la scission des
Marolles et ses conséquences sur les habitants.
Dans cette optique, il nous a paru nécessaire de
découvrir le secteur en s'approchant, se plongeant
et s'imprégnant du quotidien, en faisant une brève
présentation historique et topographique des
Marolles.

Pour ce, nous avons analysé des documents,


fait des relevés de terrain et enfin questionné
certains commerçants, travailleurs et citoyens du
quartier. L'histoire des Marolles, son étude
topographique et les témoignages nous ont permis
de «comprendre» non seulement l'atmosphère du
lieu et sa population mais aussi sa réalité. Il en
ressort un réel malaise que nous comptons
analyser, comprendre et exposer.

Skatepark entre la rue des Ursulines et rue des


Brigittines, en deuxièeme plan, l’église de Notre
Dame de la Chapelle
(Photo 38)
2°) Historique: d’artisans cultive cette culture de révolte, de lutte Pilote de Rénovation de la Marolle (OPRM). Cette
contre le pouvoir, mise en place au début du XVII opération ne finit qu’en 2000 après beaucoup de
siècles. Ce quartier « mal famé » se retrouva turbulences et de luttes. Mais, le problème demeure,
Avant d'aborder et d'analyser les interviews
complètement emmuré pendant le mandat des des logements décents pour ceux qui sont dans le
des habitants, il est
archiducs Albert et Isabelle. besoin est loin d’être une réalité pour tous.
nécessaire de faire un bref
rappel historique des Marolles
afin de mieux comprendre C’est la construction en 1866 du palais sur le Mais aujourd’hui, le nouveau phénomène qui
son évolution à travers le Mont des pendus, qui était un lieu de pendaisons touche les Marolles est sa gentrification ou
temps et sa situation actuelle. aux Moyen Age, qui donna lieu aux premières « sablonisation ».

A la base, le quartier exportations des Marolles. Cet évènement fut mal

des Marolles n’était qu’une pris par les habitants qui se trouvaient dès lors sous

poignée de la « menace de la justice ». Les Marolles ont

maisons entourant une toujours accueilli les habitants les plus défavorisés

chapelle construite en 1134. Quand Bruxelles fut mais les plus attachés à leur liberté. Le problème de

entourée de la première enceinte, elle laissa les la sécurité a forcé, au XIX siècles, la construction

marolles et ses révoltes à l’extérieur. La raison de d’une nouvelle rue rectiligne pour permettre un

cette décision était simple, les Marolles étaient déjà meilleur contrôle policier, c’est la rue Blaes. C’est

à l’époque un quartier rassemblant les plus pauvres donc tout au long de l’histoire que les autorités vont

et les plus démunis. Bruxelles redoutait plus une craindre cette population jusqu’à nos jours.

révolte de ces populations là que d’éventuelles


attaques extérieures. C’est dans les années 50, suite à la
construction des autorités de la constatation des

Ce n’est quand 1383 que les Marolles seront autorités de la pauvreté et de l’insalubrité du

protégées par la deuxième enceinte, c’est à ce quartier, un programme de construction de

moment là que plusieurs petits métiers sont venus logements sociaux va être mis en place, mais c’est

s’y installer et ont donné leurs noms à certaines seulement en 1977 que de réels plans

rues. Cette population composée en bonne partie d’assainissements commencèrent avec l’opération
3°) Analyse topographique des Marolles:

La compréhension du site est fondamentale


puisqu'elle détermine la situation actuelle des
Marolles et des habitants. En effet, l'accès aux
transports en commun, aux loisirs, aux commerces,
aux écoles, aux lieux de culte, aux asbl, aux
hôpitaux, aux autorités, etc. déterminent totalement
le (bon) fonctionnement du quartier. Mais encore,
l'emplacement et la concentration des logements
sociaux, des buildings et maisons de maître
déterminent le « type » (origine, culture, etc.) et le
statut social de population concentré en un même
point et explique donc cette « fragmentation »
(riche/pauvre) des Marolles. L'emplacement des
grandes voies de passage (voie ferrée, route,
parking, etc.) est responsable, elle aussi, des
coupures du site et de la répartition de la population.

Type de logement avoisinant le terrain d’étude


Rue Vanderhaegen
Types d’habitations et bâtiments du quartier

On remarque que le quartier avoisinant le terrain


d’étude est principalement composé de bâtiments
publics, ici en vert (voir légende). Ces bâtiments
engendrent une baisse considérable de population
du jour à la nuit. Ce changement influence
directement l’ambiance du quartier. Les quartes
‘bloques’, en rouge sur le plan, sont des bâtiments
sociaux où sont placées des familles qui en ont fait
la demande. Ces bloques sont surpeuplés d’après
nos constatations et nos interview. Ils rendent ce
quartier beaucoup moins sûr (voir plan des risques
d’agression pg ) et agréable. Quant aux bâtiments
bleus, ils représentent les résidences privées qui
entourent les quarte bloques sociaux.

1 Ecole secondaire
2 Mosquée et école Coranique
3 Les Architectes Fluviaux
4 Les Ateliers des Tanneurs et le Centre d’entreprise
5 Théâtre les Tanneurs
6 Les Archives de Bruxelles
7 Bâtiment des Ventes Publics
Zone verte et zone de jeux

A côté des bloques, des parcelles de jardin


mais aussi de jeux ont été installés. Malgré les
efforts d’urbanismes de rajouter des arbres, le
quartier reste beaucoup trop sombre et sale. Les
graffitis et d’autres actes de vandalisme le rendent
insalubre dans certaines rues. La rue des Tanneurs
quant à elle est beaucoup plus propre et soigné en
comparaison avec la rue Terre Neuve ou encore la
Rue des Brigittines.

Ces parcelles se trouvent sur des zone dites


sensibles selon les services de polices (école
secondaire et les quatres bloques). Ces zones ont
été dessinées sur le plan ‘zone à risque’ d’après
l’interview d’un policier du commissariat de quartier.
Zone dite à risque

D’après l’interview d’un policier, les zones


sensibles sont nettement plus dangereuses dans les
rues qui entourent le quartier social de la place de la
Querelle. Il nous explique aussi que les jeunes gens
qui commettent des actes d’agressions ou de vols
agissent près de leur quartier pour certaines raisons.
L’une d’elle est que les auteurs courent se réfugier
dans les tours. Car les policiers ne peuvent rentrer
dans leurs domiciles. De plus, l’architecture des
bloques est telle qu’il est impossible de les suivre
dans les couloirs des bloques. Les agressions et
vols à l’arraché se font près du quartier, quant aux
vols dans véhicules ils s’opèrent sur tout le quartier
des Marolles. La plupart des personnes agressées
ou volées sont des touristes qui ont laissés soit leur
valise, soit leur GPS dans leur voiture. On constate
une soixantaine de faits par semaine uniquement sur
le quartier des Marolles, dont une vingtaine de vols
dans véhicule.

Les patrouilles de polices ne passent pas


particulièrement plus souvent dans le quartier. Ils
descendent de la Rue Haute jusqu’à la Rue Blaes
pour ensuite passé par la Place de la Querelle.
Plan des nuisances sonores

D’après les habitants, le quartier est réputé


assez calme sauf à certain moment. Lorsque les
musulmans sortent de la mosquée, le quartier à
majorité musulmane s’anime.

L’école secondaire Rue des Tanneurs, le vieux


skate park rue des Brigittines, le terrain Place de la
Querelle ou encore les quelques bars rue Saint-
Ghislain animent eux aussi le quartier.
Etonnamment personne ne nous parle de la voie
ferré qui longe d’assez près le quartier. On ne
l’entendrait que légèrement la nuit.

De l’autre côté de la voie ferré, la rue de


Stalingrade est très bruyante de jour comme de nuit.
Avec ces restaurants, magasins ou encore night
shop rendent cette rue très animée.
Loyer moyen du quartier

Dans les interviews les personnes interrogées


ont souvent parlées du loyer qui devient de plus en
plus chère et inabordable pour les Marolliens. Les
Marolliens qui ne peuvent plus se payer une
habitation quittent le quartier.

Les bâtiments sociaux, ici en noir, ont un loyer


minimal indexé par rapport au revenu des locataires
et du nombre d’enfants dans leur famille.
Ces bâtiments influent directement sur les
habitations face à ceux-ci.

Beaucoup d’habitations de types appartements


ou lofts ont été rénovés il y a peu. Ces rénovations
assez généralisé font augmenté eux aussi le prix du
loyer.
Zone dite de richesse
selon la population et notre constatation

On constate une nette différence entre le


quartier Louise et la place du Sablon avec le quartier
des Marolles. Entre ces deux quartiers ont
remarques un quartier en constante modification. Il
se ‘luxifie’ avec le temps. Entrainant une
augmentation de loyer considérable sur ces
dernières années.

Le lien le plus symbolique entre cette transition


est l’ascenseur Poelart qui relie le quartier riche du
quartier anciennement pauvre. La rue Haute et la
Rue Blaes subissent ainsi directement l’influence du
Sablon et de ces antiquaires.

En jaune, les quartiers luxueux. Ensuite en


orange, les quartiers qui subissent directement
l’influence des quartiers riches de Louise au Sablon.
Finalement en rouge les quartiers pauvres qui
résistent tant bien que mal à la gentrification.
Voici quelques représentations 3D du terrain à
étudier et de ces bâtiments qui l’entourent. Les
bloquent rouge traversent l’espace et font de l’ombre
à tous le reste du quartier.
Plan des angles de vue des photos dans le dossier
Plan d’accès au terrain d’étude

Les bus de Lijn passent de l’autre coté de la voie De l’arrêt Stalingrade il faut compter 10 Minute Quant aux bâtiments bleus, ils représentent les
ferrer à l’ârret Stalingrade. Les bus Stib passent jusqu’au site. De la place du jeu de Balle , il faut commerces de la Rue Blaes et de la Rue Haute.
aussi Rue Blaes pour enfin revenir sur la rue Haute. compter un peu plus de temps.
Il y a aussi deux gares, celle du Midi qui se trouve à
l’ouest du terrain et pour laquelle il faut
marché une quart d’heure et celle de La
Chapelle pour laquelle il faut compter le
même temps de marche. Pour l’accès en
voiture, il est tout à fait abordable. Le seul
problème est que l’on n’a qu’une entrer par
le Sud qui traverse tout le quartier.
4°) Analyse anthropologique et interviews: Voici ci-dessous les questions qu'on a posé et qu'on
a adapté en fonction de chaque interview:
A. Introduction :

Il nous a paru intéressant d'avoir les – Habitez-vous les Marolles ?


témoignages de vie des résidents du quartier afin – Où ? Dans quel coin/rue ?
d'avoir leur vision de la situation actuelle des – Combien êtes-vous dans votre logement ?
Marolles vu qu'ils y habitent et y sont les principaux – Estimez-vous que vous êtes aisé financièrement
concernés. C'est finalement à travers eux que se – Où sont les loyers les plus chers dans les
dessine la réalité de la gentrification des Marolles. Marolles ?
On s'est donc rendus dans le quartier, afin d'aborder – Où est-ce que vous vous sentez à l'aise dans le
des habitants du quartier : des passants, des quartier
commerçants, des gérants (de cafés – Au niveau des transports en commun, êtes-vous
principalement), des responsables de sécurité, ainsi bien desservi ?
que des membres d'associations. – Accès en voiture et parking ?
– Trouvez vous qu'il y a beaucoup de loisirs ? Si
Nous n'avons ni filmé, ni photographié les oui, lesquels ?
témoins car ceux-ci ne souhaitaient pas qu'on – Combien d'écoles connaissez-vous dans le
diffuse leur image. Si nous avions utilisé une caméra quartier ?
vidéo ou un appareil photo (démarches, nous – Qu'est ce qui manque/gène dans le quartier ?
semblait-il, plus « agressives »), les gens auraient – Comptez-vous déménager ? Si oui, où et
répondu différemment et nous n'aurions jamais pourquoi ?
récolté autant d'informations. – Qu'est ce qui est positif ? Qu'appréciez-vous
dans le quartier ?
Chaque témoignage a donc simplement été
enregistré à l'aide d'un dictaphone, ce qui nous a
permis de retranscrire objectivement, et mot pour
mot, tout ce qui a été dit.
B. Interviews : pour deux personnes mais qui se retrouvent
finalement à dix dans l’appartement.
Interview n°1
Selon eux, la Place Anneessens, la rue du
En face du théâtre des Tanneurs, vers 20h30. Lavoir ainsi que la rue des Potiers sont à éviter pour
cause d’agressions et de trafics de drogue.
Il s’agit d’un couple, Jacques et Jeanine, Etant en face du théâtre, on leur demande s’ils y
vivant dans le quartier depuis cinq ans. Ils habitent sont déjà allés. Ils nous répondent que ça ne les
juste en face de la salle de sport, dans une grande intéresse pas et qu’ils préfèrent regarder la
pièce pour deux. Avant d’emménager ils habitaient télévision.
Rampart des moines.
Quand on leur demande si le loyer est cher, ils nous
répondent immédiatement que oui. En quelques
années seulement, le prix de leur appartement est
monté de 394€ à 464€. Pourtant, leur immeuble est
en mauvais état : plus d’ampoules, la sonnette ne
fonctionne plus, les murs se dégradent à vue d’œil,
etc.

Monsieur a également habité dans un


logement social à Laeken. Même si « il y a
beaucoup de noirs, qui sont très gentils », il préfère
habiter ici. Jeanine acquiesce.
D’un point de vue sécurité, ils ne sont tout de même
pas à leur aise (surtout le soir) car Jeanine s’est fait
agressé dans la rue du Lavoir « par des
Rue des Tanneurs, entrée du théâtre des tanneurs
marocains ». En parlant de ceux-ci, elle ajoute
(Photos 45)
qu’elle en connait dans la rue samaritaine qui louent
Interview n°2 des groupes de gens « bien habillés » devant ce
théâtre.
En face du théâtre des Tanneurs vers 21h.

Dans la même rue, on aborde un homme qui


promène son chien. D’origine flamande, Jean-
Marie, 50 ans, vit au rez-de-chaussée d’un
logement social dans la rue Querelle. Il y a
emménagé avec une belge depuis 2002. Il est
Terrain de basket en le rue du Lavoir et la rue
croyant et va parfois à l’Eglise près de la Bourse.
Vanderhaegen, Terrain entouré de béton, de
Avant d’habiter à Bruxelles, il a vécu au Portugal, à
grillages et d’immeubles sociaux (Photos 18)
Haïti, à Courtrai, puis à Toulouse et enfin à Namur.
Etant pilote, il a énormément voyagé. Il n’aime pas
beaucoup les Marolles car il trouve qu’il « n’y a pas
d’ambiance ». Pour l’instant Jean-Marie travaille
dans une pâtisserie.

Il s’est également fait agressé « par un


marocain » Place Breughel quand il a voulu retirer
de l’argent au « Mister Cash ». Depuis cette
agression, il porte toujours une arme sur lui.
Jean Marie n’a pas de voiture, il prend le tram ou le
bus.

Rue du Lavoir
Tout comme l’interview précédant, on lui
Mise en évidence de sous-sol, de lieux noirs
demande s’il connait le théâtre des Tanneurs. Il nous
(Photos 16)
répond qu’il le connait de vue, mais qu’il n’y
a « jamais mis les pieds ». En été, il voit souvent
Interview n°3 payait 650 alors qu’aujourd’hui le loyer est monté à
800. Place Breughel
En face du théâtre des Tanneurs vers 21h20. Photo de
Tout comme Jean-Marie, Choui n’a pas de l’ascenseur
Cette fois-ci, il s’agit de Madame Choui, 54 voiture. Le bus, le métro, le tram (Porte de Hal) lui Poelart avec le
ans, d’origine magrébine. Cela fait dix ans qu’elle conviennent parfaitement. Choui n’est jamais allé au palais de justice
habite rue St Gislain avec son mari et ses deux théâtre des Tanneurs, car elle « n’a pas le temps ». en arrière plan
derniers enfants (une fille de 16 ans et un petit Photo 3
garçon de 10 ans). La famille vit dans un grand Selon elle, il y a un manque d’activités dans le
appartement de 150m² avec trois chambres à quartier. Il faudrait plus de salles de sport, d’écoles
coucher et un grand salon. du soir, etc. Elle connait beaucoup de jeunes de 20-
21 ans qui ne vont plus à l’école et qui trainent près
« Je ne mettrai pas mes enfants dans les de « la place de l’ascenseur » (Place Breughel).
écoles des Marolles » dit-elle, car « il y a du trafic de Elle évoque aussi les agressions fréquentes au
drogue». Elle ne connaît pas vraiment les écoles du « Mister Cash ».
quartier, sauf Anneessens Pub, une école
néerlandophone. Son fils de 10 ans est dans une
école à Woluwe-Saint-Pierre.

Elle aime beaucoup ce quartier, car elle le Angle de la rue Haute et de la


trouve calme (on n’entend pas le bruit du train). Elle rue des Capucins
n’a pas encore eu de « gros » problèmes. Elle nous Mise en évidence d’une
dit spontanément que c’est un « quartier de boutique chic qui contraste
pauvres », que « les riches n’habitent pas ici ». La avec la pauvreté d’un clochard
rue Haute est une « rue de clochards ». et la bande dessinée populaire
« Quick et Flupke »
Par contre, elle trouve que le loyer a fort (Photo 6)
augmenté « à cause de l’index ». Il y dix ans, elle
Interview n°4
Place du grand Sablon
Au café « La Brocante », rue Blaes 170.
 Ce café, Vue en direction de la rue des Minimes et de la rue
situé sur l’angle entre la rue Blaes et la rue des Joseph Stevens, l’église de Notre Dame de la
Renards, est ouvert depuis 22 ans. Chapelle en arrière plan.
(Photos 39)
On fait la connaissance de Manu, marollien de
naissance, qui
travaille en tant
que Barman au
café. Il a
habité juste au Le loyer a fort augmenté, les vraies marolliens
dessus du café partent car les prix deviennent trop chers.
pendant des
années. Les Le « coin des riches » est disséminé. A partir
Marolles, c’est «son petit village à lui». de la rue des Minimes, au plus on descend en
Il n’a pas beaucoup de temps pour nous répondre, direction de la Place Breughel, au plus on « va vers
mais il trouve que le quartier a évolué positivement. les pauvres ». Le secteur des Querelle est
En effet, grâce à la police qui circule très « sombre et malfamé ».
régulièrement dans le quartier, il y a moins
d’agressions. Il y a 30 ans, on ne vendait que des
lustres et du papier peint dans la rue Blaes, mais
maintenant on vend des antiquités. Depuis que le
« Sablon est arrivé, le quartier se luxifie » dit-il.

On envisage même de changer le nom des


rues, pour faire « plus joli » (la rue des Renards Vue sur la place Breughel depuis l’ascenseur Poelart
deviendrait par exemple l’impasse des Renards). (Photos 2)
L’ascenseur qui relie le bas et le haut de la ville est, Fati nous a donné la délimitation nette du
pour lui, une coupure entre les riches et les pauvres. quartier, nous a indiqué les quartiers insécurisés, les
« C’est en quelque sorte les riches qui viennent voir rénovations actuelles, la répartition précise des
comment vivent les pauvres ». Ils descendent pour « riches » et des « pauvres » sur les plans. Elle nous
les antiquaires. également expliqué le principe de gentrification et sa
vision des choses: l'installation des riches dans les
Nous avons également eu la chance de nouveaux « beaux » quartiers, leur répartitions et
rencontrer Fati (42 ans)dans ce même café, agent leur évolution « tentaculaire » vers les « bas
de sécurité dans les Marolles qui connait très bien le quartiers » (noms des rues).
quartier. Elle nous a donné quelques adresses utiles
pour continuer nos recherches : Ci-joint, vous trouverez les plans qu'elle a
dessiné.
 Plus de 160 ASBL dans le quartier dont une Angle entre la rue Blaes et la rue du renard, vue sur
située rue Haute, le « Caria » la place du jeu de balle. Marché aux puces du
 Ecoles : 17, rue Haute (Emile André), rue des samedi matin (Photo 9)
Capucins (Diderot), rue de Lenglentier (Saint-
Thomas), rue des Minimes (Catteau), rue
Blaes (Daschbeck).
 « De fluyt », rue des Tanneurs
 « Le Bazar » (café de « Bobo »)
 « Maison du quartier » : on demande
Louisette, Philo et Mimi de la part de Fati la
« Steward ».
 « Chez Marcel », Place du Jeu de Balle (café
où l'on trouvera des vrais Marolliens) (Photo 7)

Elle résumerait les Marolles à: « BISTRO- Bar Bazar situé sur la rue de Capucins
BOUFFE- MEUBLES –OBJETS » Lieu fréquenté par les bobos du quartier
Interview n°5 Concernant les activités du quartier, elle sait habitations pour en reconstruire d'autres. Ces
que plusieurs « maisons de jeunes » (écoles de mêmes personnes ont été logées dans d'autres
Rue des Visitandines, vers 16h. devoirs) existent. immeubles en attendant la fin des travaux.

On décide d’aborder un groupe d’enfants Il y a également une salle de sport (minifoot,


jouant au foot dans la rue, et on se dirige vers la basket…) près de la rue Terre Neuve.
plus grande, Sarah,18 ans. A l’opposé des interviews précédentes, elle connaît
le Théâtre des Tanneurs qui organise des activités Place de jeu entre la rue Vanderhaegen et un
pour les jeunes du quartier : ils assistent à des immeuble social
pièces de théâtre gratuites, ils jouent dans des Terrain peu fréquenté par les enfants. On y a
petites pièces de théâtre. retrouvé un couteau dans les buissons . (Photo 20)

Au printemps et en été, certaines associations


organisent des « petites fêtes » pour les habitants
du quartier : on met des tables et des chaises
dehors. Pour elle, il n’y a pas de quartier à éviter, à
Elle vit dans un logement social (gros bloc) part peut-être la rue des Querelles.
juste derrière nous avec ses parents et son petit Terrain de basket,
frère. Ses deux grands frères sont mariés et ne Elle est au courant que pas mal d'habitants de vue en direction
vivent plus à la maison. Ils louent un grand la rue des Minimes se sont fait expulsé de leur de la rue du
appartement de 90m² avec 3 chambres. Le loyer est immeuble, car la commune comptait détruire des Lavoir
à plus ou moins 740€. (Photos 19)

Quand on lui demande si elle se sent bien


dans son quartier, elle répond, comme si c’était une Sarah
évidence, que oui. Sarah va à l’école près de trouve que l'ascenseur de la Place Breughel est très
Aumale à Anderlecht. utile, elle le prend tous les jours pour aller à l'école.
Elle ne voit pas vraiment de différence entre le
quartier du Sablon ( « du côté de la chapelle » dit-
elle) et le quartier dans lequel elle habite. Elle aime Elle nous explique alors que la plupart des
les deux. « Mais comme on a grandi ici, on est nés étrangers vivant dans des logements sociaux,
ici, on ne regrette pas ». économisent leur argent pour acheter une « belle
maison, chez eux, au bled ». « Là bas, ils vivent
Les rénovations du quartier ne lui posent aussi comme les gens du sablon, vous savez » nous
aucun problème, au contraire même (« le quartier dit-elle. Ces gens habitent dans les logements
sera plus habitable, plus chaleureux »). On lui sociaux depuis des générations.
demande alors si elle sait pourquoi ces rénovations
sont faites. « Les touristes qui viennent se Il y a quelques années, elle trouvait que le
promener » nous répond-elle immédiatement. quartier était plus joyeux, plus vif. Maintenant les
Elle trouve qu'il faudrait construire plus de terrains immeubles se sont assombris. Avant, il y avait des
de foot, d'aires de jeux et de parkings car les enfants bancs, des jardins, de l'herbe, maintenant c'est du
sont obligés (« comme aujourd'hui d'ailleurs ») de béton.
jouer dans la rue.
Couteau retrouvé
En parlant de parking justement, ce qui la dans les buissons
gène, c'est que, le dimanche, « les antiquaires de la place de jeu
viennent garer leur voiture chez nous ,un peu rue Vanderhaegen
n'importe où ». (Photo22)
« Vu qu'ils ont peur de se faire casser la voiture, ils
se garent dans le parkings, et du coup, les habitants Gros plan sur un immeuble social

de l'immeuble sont obligés de se garer à Ces immeubles donne l’immage de cages à poules

l'extérieur », nous dit-elle. (Photo 21)

La famille de Sarah comptait déménager.


Quand on lui demande dans quelle commune,
elle nous répond en souriant «plutôt dans quelle
pays !».
Interview n°6 pousse les marolliens à partir. «Maintenant, c’est les bourgeois qui viennent
s’installer ici !». Elle est obligée de faire des
Rencontrée dans la rue, Rose Marguerite rénovations. « On voit que le quartier bouge alors tu
habite dans les Marolles depuis 45 ans, rue de dois la (sa maison) voir bien entretenir », nous dit-
Nancy, n°9-11 dans une maison de 150 ans. elle. Le quartier est, apparemment, en pleine
rénovation et risque fort de l’être encore longtemps
« Avant la rue était plus calme, nous dit-elle, vu qu’ils veulent que les loyers soient plus chers
parce qu’elle était plus étroite. Les voitures et les Rue des Tanneurs, « comme ça on les (les marocains, les chinois, etc.)
camions ne passaient donc pas. Mais maintenant, immeuble des ateliers fait partir ». Elle trouve ça normal puisqu’elle a vécu
depuis les rénovations, la route s’est agrandie, les des Tanneurs. et travaillé là depuis 45 ans : elle avait un
camions passent et le bruit y est bien plus présent ». (Photos 42) commerce. « Chaque jour, pendant 45 ans, je
« Ça, c’est un problème !». nettoyais et nettoyais la rue, et maintenant : jeter et
jeter. Pas normal quoi ! Mais la faute au
« Ils font beaucoup de rénovations ! », bourgmestre, la faute à lui !».
s’exclame-t-elle. Ça vient du Sablon, le petit
« tronçon » n’est qu’un début (église de la Chapelle), Elle nous dit qu’il n’y a pas tellement de
ils sont en train de faire un quartier culturel. problème dans le quartier, on s’y sent assez bien. Il
y a, tout de même, la place Anneessens à éviter. Il y
Elle travaille dans une association qui aide les Rue St-Ghislain, photo aussi, rue de la Querelle, des ventes, des
personnes âgées « en collaboration avec prise à l’angle de cette « rançons » entre les bandes de truands « noirs,
l’association de la paix ». Un numéro gratuit est à même rue et de la rue marocains, etc. », on vol aussi. « On fait toutes ».
disposition : le 0800. des tanneurs Où elle se trouve c’est un « quartier qui ça va ».
Ils aident les personnes en difficulté du quartier des (Photos 44) « En haut, c’est calme, en bas, c’est plus mauvais».
Marolles (« rue Blaes, rue Haute et au marché) à Et lorsqu’on lui demande pourquoi, elle nous répond
faire les démarches nécessaires pour s’en sortir, que : «C’est, c’…est, je ne sais pas expliquer,
« faire les papiers, etc. ». c’est…euh les blocs ! Les blocs ! Les bâtiments
sociaux ! C’est la plaie des les choses qu’on pouvait
Selon elle, les loyers ont fort augmenté,ce qui faire… ».
sorte que les habitants précédents n'arrivent plus à habitent les logements sociaux travaillent au « noir »
payer leur loyer et qu'ils se trouvent dans l'obligation « parce qu'ils n'ont pas de fiches de paye » et
de partir. » gagnent de l'argent sur « le dos des autres ».
Apparemment, la majorité qui habitent dans ces
Selon elle, l'ascenseur a été construit pour logements sont des « vieux et des chômeurs ».
permettre aux riches de descendre dans les
quartiers. « le gouvernement qui construit des Rose Marguerite nous dit que la raison pour
commodités sur les épaules des les pauvres », laquelle les « jeunes chômeurs » traînent dans la
précise t elle. rue c'est que: « Ils n'ont pas de diplôme, pas assez
d'activités et qu'en plus ils gagnent chaque mois (à
Immeuble sociale des Brigittines (Photo 34) Elle est au courant que le palais de Justice a vie) assez d'argent pour vivre. Ils ne font donc rien
été construit sur d'anciennes habitations pour sortir de cette situation ». Selon elle, ils sont
Elle ajoute : « J’ai reçu les informations qu’ils marolliennes, et que la population a été expulsée, responsables de la saleté du quartier et elle est
allaient les démolir ». Les appartements sont s'est retrouvée à la rue. « les marolliens sont persuadée qu'ils pourraient changer leur situation et
apparemment insalubres. « C’est tous les quartiers descendus et ont logé 3 mois dehors avec l'aide du celle du quartier si on les faisait travailler et s'ils
qu’ils vont rénover ». Elle nous parle des curé. ». Elle nous avoue, confidentiellement: « Ils ont étaient payés pour nettoyer le quartier ».
« Brigittines » et des tout nouveaux appartements mis les antiquaires rue Blaes pour faire partir tout le
(en fin de construction) destinés aux artistes. Elle se monde mais aussi pour que la commune
lève et nous montre. « Ici, il y a aussi des anciens s'enrichisse. ».
bâtiments qui ont soixante ans qu’ils vont rénover
pour faire des appartements de trois à quatre Selon elle, la situation actuelle de gentrification
chambres ». Elle nous explique qu’ils font ça pour des Marolles est liée au gouvernement qui désire
les artistes, entre autres, pour qu’ils soient plus près que la commune de Bruxelles soit plus riche, « plus
de leur travail. attractive », touristique ment et socialement parlant.
Elle pense que dans cinq ou six ans les gens Petits cafés sur la place du jeu de balle
« Ils démolissent les anciens bâtiments et partiront. « Tout va flamber ». Fréquentation par des personnes qui sont venus
comptent détruire les bâtiments sociaux afin d'en faire le marché auparavant. (Photo 11)
reconstruire, et d'en augmenter le loyer, de telle Elle nous explique que la plupart des gens qui
Interview n°7 que si on « balance des signes extérieurs de
richesse », on risque de se faire agresser dans ce
Rue des Tanneurs, au 3ème étage d' une nouvelle quartier.
construction.

Charles Demaret est un jeune étudiant de 20


ans qui étudie l'agronomie à l'ULB. Il nous accueille
dans son studio de 150m² qu'il partage avec deux
autres étudiants de l'ULB. Il habitait à Uccle avec
ses parents et cela fait un mois qu'il a emménage
rue des Tanneurs. « Je ne suis pas du tout
autonome » nous dit-il, parce que « ma mère me
paye le loyer ». A trois, ils payent 700 € par mois
(250 € par personne); « mes parents connaissent le
patron » rajoute-t-il. Il trouve que c'est Rue du Lavoir
« étonnamment pas cher » Photo volée d’un clochard qui a passé la nuit
dehors. Il a aménagé son lit juste à côté du terrain
Quand on lui demande ce qu'il entend par la de basket entre les bâtiments sociaux.
« restructuration » du quartier, il nous répond qu'il se (Photo 17)
considère comme la partie de la population (non
immigrée) qui rachète « des vieux trucs » pour en
faire des « trucs tout classes ».

Rue des Tanneurs, en fond, on aperçoit le train qui


L'impression qu'il a du quartier est relativement
passe le long de la rue des Brigittines
bonne, même si il ne « se sent pas tout à fait en
(Photos43)
Belgique » parce qu'il y a « la cité juste derrière ». Il
apprécie le quartier pour son côté vivant, surtout le
marché au puces qui est fort animé. Il est conscient
Dans ce quartier, il a l'impression qu'on a
toujours mis les gens les plus pauvres dehors pour
faire venir des gens plus aisés. Cela commence à
faire un genre de « patchwork » entre des maisons
qui ont 100 ans, des cités et des lofts. Les vrais
marolliens sont en train de « crever », ils partent.
Il trouve qu'il y a beaucoup d'activités: centre
culturel, piscine, théâtres.
D'un point de vue esthétique, il changerait les
logement sociaux mais d'un point de vue social c'est
inimaginable.

Il résumerait le quartier à : « un bourge qui


rentre dans son loft, un type qui sort de son
logement social, et un type qui va s'installer sur son
matelas dans la rue... »

Terrain, place, entre


l’immeuble sociale des Rue des Brigittines,
Brigittines, la rue du Contraste entre l’immeuble moderne du
miroir et la rue des Centre d'Art contemporain du
Brigittines (Photo 35) Mouvement et de la voix de la Ville de
Bruxelles et l’immeuble social des
Brigittines (Photos36)
Interview n°8
Selon lui, après tout ce qu'on a détruit comme
Place du Jeu de Balle, en face de l'Église. bâtiments classés (La maison du Peuple de Victor
Horta, par exemple) et qu'on a remplacé par du
Avant d'habiter dans les Marolles ( rue de béton, ça ne le choquerait pas qu'on fasse de même
l'hectolitre depuis 6 mois), Vincent, âgé de 28 ans, aux « HLMS du bas du quartier ». Ce ne serait pas
habitait Place Rouppe. plus mal de refaire des logements sociaux (plus
aérés, plus jolis).
Il s'est installé dans la quartier pour sa mixité
sociale, pour ses « étudiants diplômés comme lui »,
pour son vieux Bruxelles, pour le quartier
homosexuel, pour la Gare du Midi et sa « population
Angle de la rue des Brigittines et
maghrébine ». Il aime habiter dans ce quartier
de la rue du miroir,
populaire (vie de quartier, moins de voitures) tout en
Bâtiment social en premier plan, et au fond à
ayant les facilités du centre.
gauche on peut apercevoir
l’église de Notre Dame de la chapelle
Pour lui la gentrification n'est pas encore
(Photo 32)
prononcée dans les Marolles. Ce n'est pas encore
« très typé Bobo ».

Il trouve que c'est nettement plus marqué au


Parvis de Saint-Gilles, aux Halles Saint-Géry ou à la
Porte de Halle.
Photo de l’immeuble social des Brigittines avec
en fond à droite le palais de justice
(Photo 33)
Interview n°9

On rencontre une femme, Patricia, et sa fille,


Noémie qui sont venues dans le quartier pour
manger une soupe et voir le marché au Puces. Elles
habitent Schaerbeek. Elles y viennent depuis
longtemps tous les dimanches pour « l'ambiance et
les petites rues ».

Elles ne sont jamais allées plus bas que la rue Rue des Capucins, vue en direction de la rue des
des Tanneurs. La journée c'est « très chic »et le soir Tanneurs (Photo 48)
c'est « fort insécurisé .
« Les gens arrivent surtout par au-dessus », dit
Noémie et ils s'arrêtent souvent à la Place du Jeu de
Balle.

Patricia a travaillé dans le « bas du quartier »


pendant une quinzaine d'années ( il y a 10 ans de
cela) et elle n'a jamais eu de problèmes. Ceci dit,
rajoute Noémie, « même dans la rue Haute ça peut
être dangereux ».

Rue des Capucins, en premier plan on voit une Angle de la rue des Capucins et la rue des
bande dessinée populaire et en arrière plan le Tanneurs, vue sur la croisée de la rue des Tanneurs
palais de justice (Photo 47) et la rue de la Querelle
(Photo46)
Interview n°10
Elle se sent totalement en confiance lorsqu'elle
Rue des Tanneurs, en face du Théâtre des traverse le quartier le soir.
Tanneurs. Il y a un vrai problème de propreté, mais ça ne la
dérange pas parce qu'elle récupère pleins d'objets
On rencontre Lucile (française, de pour son appartement qu'elle a meublé entièrement.
Strasbourg), qui travaille presque tous les
dimanches dans un café à la Place du Jeu de Balle La vie aux Marolles est surtout active le matin, et
pour aider des amis, lorsqu'il y a trop de monde. l'entraide est importante.
Elle a habité à Porte de Halle, « limitrophe », nous
dit-elle entre les Marolles et Saint-Gilles. Elle vit en
Belgique depuis à peu près 2 ans et cela fait 6 mois Vue d’ensemble de la Rue Haute (Photo 40)
qu'elle habite Schaerbeek.
Elle dit qu'il y a plein de touristes de France,
d'Hollande, d'Allemagne qui viennent dès 6 du matin
pour la marché aux puces ouvert 365 jours sur 365.
Elle pense que les Marolles n'existerait plus si le
marché disparaissait.

Elle nous parle spontanément du Sablon avec Palais de justice, vue


ses Antiquaires qu'elle qualifierait de « bourgeois » depuis l’entrée de
et le changement progressif quand on descend vers l’ascenseur Poelart
la « cité », plus pauvre. Mais c'est dans cette cité (Photo 1)
qu'il y avait l'ancien quartier « super populaire ».
C'est à partir des années 80-90 que le quartier « se
gentrifie ».« Je suis très au courant de la situation ,
j'ai un ami qui travaille sur le sujet depuis 15 ans, il a
même réalisé un film ». Rue Haute (Photo 41)
Interview n°11 marionnettes, il semble intéressé et dit : «Peut-être
que j'accompagnerais mon petit frère ».
Rue des Capucins Il apprécie beaucoup les animateurs qui encadrent
les projets de Théâtre et il trouverait ça intéressant
Moctar âgé de 13 ans, habite dans une d'avoir la même chose pour son petit frère.
grande maison que la famille a acheté il y a 2 ans et
ils sont en train de tout rénover, rue des Capucins.
Avant ils habitaient à Saint-Gilles mais il apprécie
autant les Marolles que Saint-Gilles.
Il va à l'école secondaire Saint-Thomas rue De
Lenglentier.

Il aime trainer rue de la Querelle et à la plaine


l'après-midi, mais « jamais le soir », nous dit-il, car
« il y a des grands qui fument là bas, et ce sont de
mauvaises fréquentations ».

« Avant, les façades étaient moches et


maintenant elles sont belles » explique-t-il. Il aime Angle de la rue Rog Van der Weyden et rue
prendre l'ascenseur pour la « belle vue (sur terre Neuve, vue sur un îlot de bâtiments
l'atomnium) qu'on a là haut ». D'ailleurs il préfère (Photos 31)
être en haut, « c'est plus beau ». Par contre, « il n'y
a pas de rénovations dans le bas, près du train ».
Angle de la rue Vanderhaegen et rue terre
Il fait de la boxe et du minifoot dans le quartier. Neuve, mur peint, image d’une vie de quartier
Il va également au théâtre, parce qu'il est obligé par heureuse (Photo 28)
l'école, mais il n'aime pas. Il préfère le sport.
Quand on lui expose le projet du théâtre des
Interview n°12

Rue des Tanneurs


Rue D. Hévreuil
On aborde un passant, Zaccharia, ne parlant Rue animée par les cafés un peu plus haut, le
pas très bien le français, il n'a pas beaucoup de brocanteur et la bande dessinée (Photo12)
temps. Il vit dans le quartier depuis 6 mois près du
Palais de Justice. Le loyer est d'approximativement
700 €. C'est très calme, nous explique-t-il.

« Haut, c'est bien, bas c'est pas bien », puis il


ajoute « En haut c'est bien, en bas c'est mélange,
c'est dangereux... ». Il y a beaucoup de pauvreté au
marché aux puces et « il n'aime pas ça ». Par
contre, il apprécie énormément l'ambiance du
samedi et du dimanche, parce qu ' « il y a beaucoup
de monde ».

Rue du Lavoir
Malgré les arbres plantés, la rue paraît bien triste
(Photo 15)

Petits cafés sur la place du jeu de balle


Fréquentation par des personnes qui sont venus
faire le marché auparavant (Photo11)
Interview n°13 Elle se retourne et nous montre une
magnifique Jaguar grise et dit : « Tiens, celle-là
Rue du Chevreuil appartient à mon voisin, il n'a jamais eu de
problèmes, peut-être que les habitants du quartier le
Laurence, 36 ans, habite les Marolles depuis connaissent et que c'est pour cela qu'on ne l'embête
8 ans. C'est une artiste belge d'origine hongroise, pas ».
plus précisément une chanteuse de chambre. Elle
habitait rue du Chevreuil et actuellement, rue des Laurence évite clairement le secteur
Tanneurs. « Querelle », l'estimant trop dangereux, parce qu'elle
connait 3 femmes qui se sont fait agressées dans
Elle apprécie le quartier pour sa centralité, les parages (hôpital s'en suit).
pour sa proximité aux transports , pour sa population
mélangée, pour les aménagements et les Ils vont construire un nouvelle maison à côté
rénovations qui ont été faits (« parce que l'état des de chez elle.
lieux était exécrable »), et enfin pour les artistes
présents.

Elle trouve que l'ascenseur n'est pas assez Rue du Renard, rue piétone entre la rue Haute
efficace car il ne concerne que le haut des Marolles. et la rue Blaes (Photo 8)
« Il devrait commencer ici ( rue du Chevreuil), on a
trois montées à faire jusque là. »

Au plus on descend dans le quartier, au plus


on assiste à l'appauvrissement du quartier ( « c'est
sale » dit-elle). Elle trouve qu'il n'y a pas assez de
rondes de police: « c'est un peu dégoutant toutes
ces voitures qui sont fracassées ». Marché aux puces, place du jeu de balle (Photo 10)
Interview n°14 « haut » et le « bas ». « Le bas concentre bien plus
d'étrangers et est bien plus pauvre que le haut des
Rue Blaes. Marolles.

Venant d'Etterbeek, Aïcha, mère de deux


enfants, est âgée de 42 ans.

Elle s'est installée aux Marolles, un peu par


hasard, en fonction du loyer et de la qualité du
logement (appartement peu humide, 2 chambres,
propre etc.). « Ici, à Bruxelles, c'est très difficile avec
deux enfants de trouver un loyer honorable, de
qualité ». Ça a augmenté, mais cela reste encore
plus ou moins abordable, précise t elle, par rapport à Photo prise depuis le skatepark situé entre la
Etterbeek et Ixelles, communes environ 100€ plus rue des Ursulines et rue des Brigittines, vue
chères. Elle habite au niveau de la Place du Jeu de Les riches descendent du Sablon jusque rue sur les voies de chemins de fer. (Photo 37)
Balle, elle a une magnifique vue sur le marché: elle Blaes pour le marché et les antiquaires et puis
est satisfaite. De plus, elle a tout à proximité: lavoir, après, c'est stop. En effet, les gens arrivent et puis Elle pense que malgré la sablonisation, il y
boulangerie, boucherie, petits bars, etc. dès qu'ils ont la possibilité de s'enfoncer dans les aura tout de même une majorité qui restera sur
Marolles, ils tournent net, que ce soit, à gauche ou à place, car les maisons sont souvent achetées.
Quant aux rénovations, tout de même, « c'est droite mais jamais tout droit». De plus, les touristes Il y a ceux qui ont déjà acheté il y a longtemps( les
galère », nous dit elle. En effet, elle possède une qui visitent les parages jettent des regards hautains, anciens habitants), ceux qui louent (logements
voiture et à cause des travaux rue Blaes mais aussi nous dit elle, « dégoûtés » aux Marolliens sociaux entre autres) et ceux qui ont les moyens de
du marché, il lui est impossible de la garer et de (« typiques, bons belges »), ainsi qu'aux étrangers, s'acheter de nouvelles maisons ou appartements .
l'utiliser. C'est pourquoi, elle utilise les transports en « ça ne fait pas le bonheur de ces gens là » (les
commun chaque jour. touristes, etc.). Elle précise que, selon elle, les
Marolliens et les étrangers cohabitent bien
Elle trouve évidente la différentiation entre le ensemble.
Elle a entendu, explique t elle, qu'on allait
détruire les logements sociaux. « J'ai entendu et vu
des affiches concernant l'«exclusion » mais aussi
des commentaires de la population qui est
présente ». « Ça m'a marqué parce que c'est dans
l'ordre du jour. ».

Quant à la sécurité du quartier: « il faut faire


attention, ici, rue Blaes, le soir, aux gros soulards.
Quand on est soul on ne sait pas ce qu'on fait ».

Elle nous explique également qu'elle ne


mettrait jamais ses enfants dans une école du
quartier parce que le niveau est bien trop bas. Elle
surenchérit en disant: « c'est une population à faible
taux intellectuel ». Rue terre Neuve
C'est pourquoi, elle a décidé de mettre ses enfants Photos prises à 5 minutes d’intervalle un peu avant
dans une école au cimetière d'Ixelles. la prière de midi à la mosquée qui se trouve dans les
bâtiments à gauche sur les photos (Photo 24)

Rue terre Neuve, graphe sous la voie des chemins


de fer (Photo 30)
Interview n°15 Elle constate qu'il y a énormément d'étrangers qui
viennent se garer en périphérie, des Allemands, des
Rue Blaes n°237 Français, etc. pour venir voir le marché aux puces.

On aborde Slim, une maman de 46 ans,


accompagnée de sa fille, Sana, bientôt 14 ans. Elle
vit dans le quartier (rue Blaes) depuis 25 ans et elle
a déménagé 3 fois d'affilée dans la même rue.
Il y a trop de bruit dans sa rue, la discothèque étant
juste en face.

Elle trouve qu'il y a un fameux changement comparé


à avant: « les jeunes trainent beaucoup plus dans le
quartier parce qu'ils n'ont rien à faire, ils ne vont plus
à l'école. ».

Sa fille est dans une maison de jeunes mais ils


sont tellement peu (« la dernière fois, ils n'étaient
plus que six ») qu'ils vont bientôt fermer.

Elle travaille au CPAS et apparemment ils louent des


Angle de la rue Haute et de la rue des Capucins
locaux pour les gens en difficulté.
Mise en évidence d’une boutique chic qui
contraste avec la pauvreté d’un clochard et la
Elle ne se sent pas tout à fait bien dans le quartier.
bande dessinée populaire « Quick et Flupke »
« J'ai peur le soir, quand ma fille rentre toute seule.
(Photo6)
Pour mon fils, c'est la même chose. Surtout qu'il
porte des bijoux en argent. ».
C. Impression globale phénomène de « gentrification, restructuration ou rue des Brigittines (construction de nouveaux
sablonisation » est bien réel. appartements), en face de la place du Jeu de Balle,
Nous avons décidé de parcourir les Marolles à rue de la Plume et rue de l’Hectolitre.
pied et d’interroger ses habitants. Mais, ce que nous avons également appris
De cette manière, nous avons pu comprendre la c’est que la coupure entre le bas et le haut n’est pas Ainsi, la gentrification des Marolles marque
structure et l’état des lieux du quartier. Nous avons nette. En effet, tout le monde fixait les premières complètement la population et son quartier. Elle
rencontré, aussi bien la pauvreté que la richesse. coupures à « la rue Haute, la rue Blaes et le Sablon poursuit petit à petit son court et, comme le constate
Une manière de s’imprégner et de comprendre la (église de la Chapelle) », pourtant ils nous disaient, la plupart de la population, « elle n’est pas prête de
situation. ensuite, « au plus vous descendez dans le bas et au s’arrêter ».
plus la limite est floue». Leurs explications étaient
Personnellement, nous avons remarqué une claires : « vous savez, les riches viennent rénover
coupure forte entre le bas et le haut des Marolles. les anciennes maisons ou les démolissent
Cela nous a frappé dès la première approche. carrément pour construire ou rénover des
Ce qui était étonnant c’est que lorsque nous posions appartements et des maisons luxueux pour les
la question aux habitants, « Sentez-vous une « artistes » ou les nouveaux riches. On sent qu’ils
différence entre le haut et le bas du quartier ? », ils nous envahissent ! ».
nous répondaient pour la plupart :
« oui, on sent que les quartiers du haut sont forts Suite à ces explications, nous avons fait nos
propres, les maisons sont plus belles et les gens qui petites recherches et nous nous sommes promenés
y habitent, pour la majorité, sont des riches dans les rues : nous avons pu, en effet, constater
antiquaires, des bobos, en quelque sorte. Alors que une flopée de rénovations (dans le bas) notamment :
dans le bas, c’est sale, il y a beaucoup d’étrangers, rue des Tanneurs (nouveaux immeubles : n°80,
des gens dans des situations précaires et une n°84, appartements lofts n°104, 108, rénovations
grande majorité de logements sociaux ». d’anciennes maisons), rue du Chevreuil (nouvelles
maisons), en face des Brigittines, rue des Rénovation de la Rue Blaes
Ce que tout cela nous a appris sur la situation Visitandines (maisons pour les artistes),
des Marolles, c’est que ce sentiment de malaise, en logements/lofts rue Notre-Seigneur (au coin, n°32.),
descendant le quartier, est généralisé et que le la rue Blaes (rénovations : trottoirs et route), petite
Quotidien des Marolliens, les pelleteuses
Qui creuse les vieilles rues bruxelloises

Rénovation encore dans la Rue Blaes

Rue du Miroir, et Rue Blaes,


grand bâtiment en travaux de rénovation
Rue des
Tanneurs,
entièremen
t refaite
D. Conclusion Le quartier perd de son authenticité et les préciser sur quelques rues. Ainsi, le quartier se
marolliens tendent à disparaître. Les loyers, qui morcelle petit à petit. Le bas du quartier est à l'abri
Le quartier des Marolles est depuis peu près ont augmenté, est la principale raison de leur pour l'instant (et sûrement pour longtemps),
de trente ans «envahit » par les nouveaux riches. disparition puisqu'ils ne peuvent plus se payer la actuellement occupé par les logements sociaux eux
On peu approximativement observer la « coupure » « note ». Et l'authentique population des mêmes protégés par la ville. Ces habitations sont
exercée sur le quartier. Elle est définie, selon les Marolles tend à déménager, à partir, à chercher vétustes et largement occupés par des étrangers.
habitants, par le nouvel ascenseur, ainsi que par la un logement moins couteux, ce qui entraîne C'est la deuxième partie des Marolles délimitée par
rue Blaes et la rue Haute. Plus exactement, l'îlot est l'installation des nouveaux riches (les bobos) la rue Blaes et bientôt par la rue des Tanneurs mais
délimité, dans l'ordre -nous dit Fatima-, par le dans leurs quartiers. aussi par le chemin de fer. Cette zone est reculée,
Sablon, la rue des Minnimes, la rue Haute et la rue Leur répartition est aléatoire et tend à se mal entretenue et ses accès entremêlés: le quartier
Blaes: ceinture enfin refermée par l'église de la est réellement enclavé, comprimé. Ce qui l'isole du
Chapelle. reste des Marolles. De plus, comme dit plus haut, s'y
trouvent des logements sociaux et des maisons
On assiste, d'après une des responsables de délabrées, ce qui n'encourage pas la population
la sécurité du quartier, à un « encanaillement » des moyenne à s'y installer. D'où en découle une
riches vers le bas des Marolles. En effet, les riches concentration exacerbée de pauvres et d'étrangers.
descendent du Sablon et de l'ascenceur pour venir Ceux-ci y cohabitent mal: on peut, en effet, y
voir les « pauvres » dans la rue Blaes/Haute. observer un taux élevé de crimes, de vols et
Ils s'attardent dans ces quartiers car ils sont d'agressions. Les habitants s'y sentent mal,
parsemés d'antiquaires mais aussi, et surtout, pour angoissent et prennent peur. On peut alors se
se montrer au marché aux puces sur « la place du demander pourquoi ils y restent: c'est parce que les
Jeu de Balle ». loyers sont moyens et plus « légers » que dans le
reste du quartier et des communes.
Une curiosité « intéressée » des pauvres et de Ainsi le même cycle se perpétue renouvelant
leur quartier. La limite peut sembler claire pourtant continuellement le quartier du même type d'habitants
elle n'est pas si précise que cela. On peut, en effet, et conditionnant de ce fait son rejet aux limites des
observer une sorte d'avancement tentaculaire des Marolles.
bobos vers le bas des Marolles.
lavement en façade de l'église de la Chapelle. Cela
a revalorisé le terrain et le succès économique
entraîné laisse penser à de futures rénovations des
quartiers ascendants (...).

Les marolles se situant au cœur de Bruxelles


à proximité de la Grand Place et attirant beaucoup
de touristes notamment pour ses antiquaires
(reconnus) il paraît normal de penser à une
revalorisation des lieux en périphérique (même si
elle a déjà commencé).
Les bobos s'installent aux Marolles
Théâtre des Brigitinnes puisqu'actuellement l'habitat est de faible coût, au
centre et parce que l'enjeu économique est de taille. Chez Marcel
Un changement des états des lieux n'est pas à
rejeter, au contraire, mais il reste claire que cela
prendra du temps et que, petit à petit les bobos s'y
installeront si, du moins, des travaux sont envisagés
et/ou envisageables.

Il est évident que l' « âme » des Marolles et sa


population « type » tendent à disparaître. Encore,
peut-être, quelques années avant sa disparition.
La « sablonisation », à proprement dite, est un fait
majeure. Ces beaux quartiers connaissent,
aujourd'hui, un réel succès économique par
l'aménagement du Sablon et ses rénovations
passées. Dernièrement encore, on pouvait voir le

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