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Le libéralisme est un mouvement intellectuel né dans l’Europe des Lumières aux XVIIe et XVIIIe siècles, qui affirme les

principes de liberté et de responsabilité individuelles. Il repose sur l’idée que chaque être humain possède des droits naturels
sur lesquels aucun pouvoir ne peut empiéter. En conséquence, les libéraux veulent limiter, au profit du libre-arbitre de chaque
individu, les choix imposés à la société par l'État ou par d'autres formes de pouvoir, quels qu'en soient la forme et le mode de
désignation.

Le libéralisme est d'abord une morale individuelle, ensuite une philosophie de la vie en société dérivée de cette morale, enfin
seulement, une doctrine économique qui se déduit logiquement de cette morale et de cette philosophie. Pour les libéraux, la
dichotomie entre « libéralisme économique » et « libéralisme politique » n'existe pas. Il n'y a qu'un seul libéralisme.

Au sens large, le libéralisme prône l'établissement d'une société caractérisée par la liberté de penser des individus, le respect
du droit naturel, le libre échange des idées, l'initiative privée et son corollaire l'économie de marché, et un pouvoir politique
légal et transparent garantissant les droits des minorités.

Sommaire

• 1 Présentation générale
o 1.1 Les différents courants au sein du libéralisme
o 1.2 Courants opposés au libéralisme
• 2 Usages du terme
• 3 Histoire du libéralisme
o 3.1 Origines
o 3.2 Naissance du libéralisme
o 3.3 Influence grandissante en occident
o 3.4 De la Révolution industrielle à nos jours
• 4 Les fondements du libéralisme
o 4.1 Les droits naturels
o 4.2 L’éthique
• 5 Les différents aspects du libéralisme
o 5.1 Aspect social
o 5.2 Aspect politique
o 5.3 Aspect économique
• 6 Critiques
• 7 Références
o 7.1 Bibliographie

o 7.2 Liens externes

Présentation générale

L'individu est au centre du libéralisme. La plus haute tâche de l'État est d'assurer et de défendre la liberté individuelle qui est
considérée comme imprescriptible. La liberté individuelle étant aux yeux des libéraux la norme fondamentale et le fondement
de la société humaine autour de laquelle l'État, l'ordre politique et économique doivent être structurés.

Mais, alors que pour les libéraux classiques, la primauté de la liberté individuelle est un principe absolu qui s'applique à tous
les domaines de la vie en société, il est devenu courant de subordonner l’application de ce principe aux circonstances, de
considérer que les volets philosophique, politique, social et économique du libéralisme sont indépendants les uns des autres,
voire de réduire le libéralisme à ses aspects économiques comme le fait l'usage moderne français.

Les différents courants au sein du libéralisme

Il existe plusieurs courants de pensée libéraux qui se différencient notamment par leurs fondements philosophiques, par les
limites et les fonctions qu’ils assignent à l'État, et par le domaine auquel ils appliquent le principe de liberté (économie,
institutions politiques, domaine social). Il est ainsi courant de distinguer le libéralisme classique d'un Adam Smith du social-
libéralisme et du libertarianisme (minarchisme, agorisme et anarcho-capitalisme).

Courants opposés au libéralisme


Le libéralisme s’oppose en outre aux doctrines holistes telles que le socialisme, l'étatisme ou le communautarisme qui
définissent la personne comme faisant partie d’un corps social (groupe social, société...) auquel ses comportements et ses
choix sont subordonnés. Il s'oppose aussi au totalitarisme et à toutes les formes d'abus de pouvoir qui limitent voire détruisent
la liberté des individus. Il est enfin en contradiction avec les théories prônant soit l'étatisation totale de l'économie (tel le
marxisme) ou en tout cas la régulation de l'économie par l'État (comme le keynésianisme). Si la reconnaissance et
l'acceptation des versants social et politique dépasse le courant libéral, la liberté économique est beaucoup moins acceptée
(nombreuses prestations étatiques obligatoires, tentatives de contrôle de l'économie par le collectif).

Enfin, le mot « libéralisme » est utilisé dans des sens différents, plus ou moins larges, et quelquefois contradictoires. En
partie à la faveur de ce flou sémantique, le libéralisme est l’objet de controverses nombreuses et souvent violentes et ce
surtout en France, qui résultent souvent d’un désaccord sur le sens même du terme. Certains opposants le redéfinissent
comme une idéologie responsable de la plupart des maux du monde, ou comme un courant de pensée étant aujourd'hui
détourné de sa vocation d'origine; la dérèglementation de l'économie n'étant pas automatiquement factrice de libertés
individuelles pour tous les acteurs économiques.

Usages du terme

Dans la tradition la plus ancienne, la liberté individuelle est un principe général qui s'applique à tous les domaines de la vie
en société. Selon ce point de vue, c'est une erreur de séparer différentes formes de libéralisme, car toutes sont des
conséquences indissociables d'un seul et même principe philosophique de liberté. Ce courant est souvent appelé « libéralisme
classique » pour le distinguer des autres usages modernes du mot « libéralisme ».

D'autres auteurs ne voient pas le principe de liberté comme absolu et le prônent selon le domaine. Ils sont rejoints par des
spécialistes qui ne s'intéressent qu'à un domaine bien précis, et qui pour cette raison évitent de parler du libéralisme en
général sur lequel ils ne travaillent pas. On distingue alors trois domaines principaux :

• le libéralisme politique au sens étroit (organisation des droits politiques) ou large (coutumes, mœurs,
éventuellement religion) ;
• le libéralisme économique ;
• le libéralisme en matière de mœurs et sur les questions de société.

Les historiens des idées politiques, de leur côté, s'intéressent aux courants qui se sont réclamés du libéralisme à différentes
époques et en différents lieux. Ils sont ainsi amenés à distinguer un grand nombre de variétés plus fines de courants libéraux 1.
Il apparaît alors que le terme « libéralisme » recouvre aussi des réalités diverses selon les pays et leur histoire politique.

• Aux États-Unis, on appelle « liberals » des progressistes, à peu près équivalents aux sociaux-démocrates européens
mais en moins étatistes, ce qui les place à la gauche voire à l'extrême gauche : l'accent est mis sur la liberté de
mœurs et l'égalité en droits (notamment sur le plan racial). Par contrecoup, les adversaires de l'État ont créé le
terme « libertarian » (dont une des formes les plus radicales est l'anarcho-capitalisme).
• En Europe, au contraire, le qualificatif « libéral » sert la plupart du temps à désigner une personne favorable au
libéralisme économique, sans nécessairement faire référence à la philosophie libérale.

Histoire du libéralisme

Bien que le terme « libéralisme » pour désigner un courant de pensée ne soit apparu qu’en 1823 dans le Dictionnaire
universel de la langue française, les origines de ce mouvement sont lointaines.

Origines

Pour certains historiens, la tradition libérale prolongerait le mouvement d’idées qui, depuis Aristote, Épictète et les Stoïciens,
Diogène et les Cyniques, affirme la primauté de l’individu, réaffirmée par le monothéisme abrahamique (judaïsme,
christianisme et islam), puis l’humanisme de la Renaissance.
Dès le XVIe siècle, les philosophes de l'école de Salamanque reformulent la notion de droit naturel héritée d’Aristote et de
Thomas d’Aquin, et en déduisent les principes de souveraineté du peuple et de séparation des pouvoirs. Dans le domaine
économique, ils justifient la propriété privée, la libre circulation des personnes et des biens et défendent le libre marché. Au
XVIIe siècle, le mouvement libéral s’incarne en particulier dans les levellers de la révolution anglaise de 1642.

La pensée libérale se construit entre le milieu du XVIIe siècle et le milieu du XIXe siècle, sous l’impulsion des philosophes
des Lumières, en opposition à l’absolutisme politique légitimé par des conceptions religieuses.

Naissance du libéralisme
John Locke pose ce qui deviendra les fondements de la philosophie libérale moderne, en organisant et en développant ses
thèmes principaux : théorie des droits naturels, limitation et séparation des pouvoirs, justification de la désobéissance civile,
affirmation de la liberté de conscience, séparation de l’Église et de l’État.

Hume, Condillac, Montesquieu développent les conséquences de leurs positions philosophiques libérales dans les domaines
politique et économique. Des penseurs plutôt connus en tant qu'économistes, comme Turgot, Adam Smith ou John Stuart
Mill, prennent soin de rattacher leurs positions économiques aux racines philosophiques du libéralisme. L’école libérale dite
« classique » se constitue alors comme une pensée cohérente englobant tous les domaines de l’action humaine étudiés à cette
époque.

Influence grandissante en occident

Le libéralisme a exercé une profonde influence sur la révolution américaine de 1775. Une partie des élites, notamment
bourgeoises, ayant soutenu la Révolution française de 1789 et dirigé le pays après la chute de la monarchie constitutionnelle,
était partisane du libéralisme qui se traduisait en France par une pensée subversive à l'encontre de la monarchie absolue de
droit divin. Certains des principes fondateurs du libéralisme sont contenus dans le préambule de la Constitution américaine de
1787, ainsi que dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. La révolution américaine est riche d'auteurs
libéraux, de Thomas Jefferson et Benjamin Franklin à Thomas Paine.
Le début du XIXe siècle voit l’approfondissement des idées libérales, avec, par exemple dans le domaine politique, Benjamin
Constant et le cercle de Coppet qui rassemble des opposants libéraux à Napoléon, et Jean-Baptiste Say dans le domaine
économique. Les libéraux s’efforcent de diffuser largement leurs idées, qui s’opposent aux idées étatistes prédominantes dans
les cercles du pouvoir. Au milieu du siècle sont publiés les célèbres pamphlets de Frédéric Bastiat.

De la Révolution industrielle à nos jours

À partir de la fin du XIXe siècle, des divergences apparaissent au sein du courant libéral qui portent sur le role et la nature des
interventions de l'État. Un courant progressiste apparait avec L.T.Hobhouse qui tente de prendre davantage en considération
les conditions sociales qui permettent la liberté de chacun.

Au XXe siècle, les deux guerres mondiales et les grandes crises économiques (1929) entraînent une redéfinition du rôle et des
contours de l'État dans le sens d’une intervention croissante. Les controverses et les débats autour du libéralisme portent
surtout sur l’économie considérée de façon indépendante. La philosophie libérale classique reste néanmoins vivace bien que
très minoritaire, portée notamment par des philosophes comme Mario Vargas Llosa ou, en France, par Alain, Bertrand de
Jouvenel, Raymond Aron et Jean-François Revel, ainsi que par des auteurs de la tradition dite autrichienne, surtout connus
comme économistes (Ludwig von Mises, Friedrich Hayek, Murray Rothbard, Pascal Salin).

Les fondements du libéralisme

Les droits naturels

Déclaration des droits de l'homme et du citoyen

Le fondement de la pensée libérale est une théorie du droit selon laquelle chaque être humain est seul maître de lui-même et
possède des droits fondamentaux et inaliénables qui découlent de sa simple existence et sont inhérents à la nature humaine,
indépendamment des structures sociales dans lesquelles il est (ou n'est pas) inséré. Ces droits sont le droit à la liberté et le
droit à la propriété.

Du droit à la vie découlent le droit de légitime défense contre toute agression, le droit à la sûreté et le droit de résistance à
l’oppression.

La définition de la liberté individuelle la plus courante est celle de l'article 4 de la Déclaration des droits de l'homme et du
citoyen de 1789 :

« La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque
homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. »

La liberté se traduit par le droit pour chacun d'agir comme il le décide afin de poursuivre ses objectifs propres par ses moyens
propres, d'échanger, de s’associer et de contracter librement, de s'exprimer librement et de choisir librement ses sources
d’information.

Le droit de propriété est le droit pour chaque individu de disposer à sa guise du fruit de son activité et des richesses qu'il a
créées ou acquises de façon légitime, ainsi que de s’approprier toute chose (par exemple l’espace qu’il occupe ou l’air qu’il
respire) qui n'est pas déjà la propriété d'un autre individu. Ces droits ont un caractère universel. Ils sont applicables à tous les
êtres humains, à tout moment et en tout lieu, ce qui fonde l’égalité en droit.

Un droit naturel se distingue d'un droit positif en ce que son exercice ne suppose rien quant à l’action d’autres personnes et
qu'il ne découle pas d'une définition législative. « Personnalité, Liberté, Propriété [...] sont antérieures et supérieures à toute
législation humaine »(Bastiat).

La thèse des droits naturels est largement développée par John Locke. De cette théorie est issue la conception moderne des
droits de l'homme qui a fourni historiquement une partie de la justification idéologique de la Révolution américaine et de la
Révolution française.

Cependant, la théorie des droits naturels a été vigoureusement contestée par Jeremy Bentham et John Stuart Mill. Selon ces
deux auteurs, dont les idées sont déjà présentes in nucleo chez David Hume (Enquête sur les principes de la morale, Section
V, Pourquoi plaît l'utilité, Deuxième partie), les principes du libéralisme ne ressortissent pas au respect de droits naturels dont
Bentham et Mill nient par ailleurs l'existence, mais à la contribution essentielle de la liberté à notre bonheur. Pour les
utilitaristes, une société heureuse est une société libre où chacun vit comme il l'entend tant que cela ne nuit pas à autrui. C'est
le principe de non-nuisance développé par J.S. Mill dans son On Liberty. L'utilitarisme pose donc que les sociétés libérales
sont celles qui maximisent notre bonheur.

On voit dès lors où se situe la différence entre l'école libérale des droits naturels dont Kant est un des représentants les plus
marquant, et le libéralisme utilitariste. L'utilitarisme admettra par exemple le sacrifice de certains au bonheur du plus grand
nombre tandis que le libéralisme d'obédience kantienne tiendra la vie humaine pour sacrée et inaliénable puisque le respect
absolu de la vie d'autrui est imposée par le droit naturel. Se pose alors la question de savoir si une démocratie libérale a le
droit d'enrôler ses citoyens lorsqu'elle est en danger. Faute d'envisager des cas tels que la guerre, la théorie libérale des droits
naturels s'interdit de penser le rôle de l'État (dont la version extrême libertarienne conteste du reste la légitimité) dans les
relations internationales. Inversement, l'utilitarisme libéral court le danger grave de justifier les raisonnements du type la fin
justifie les moyens. Jusqu'où a-t-on le droit de sacrifier le bonheur de certains au bonheur du plus grand nombre ? Ou bien
encore : y a-t-il place pour l'eugénisme dans une société libérale ?

L’éthique

La morale libérale peut se résumer par un seul précepte : Tu ne violeras pas les droits naturels d’un autre être humain. Elle
laisse chacun libre de choisir ses propres fins, ses propres moyens et sa propre morale, dans la mesure où il n’empêche pas les
autres d’en faire autant.

Réciproquement, ces droits impliquent des obligations qui forment le noyau d'une morale personnelle. Ils impliquent
l’interdiction de toute agression contre l’intégrité de la personne, du meurtre, du vol et de l’esclavage sous toutes leurs
formes, et de toute forme de dictature. Ils commandent la tolérance à l'égard des idées, des croyances et des actes d'autrui.

À part cela, le libéralisme ne prescrit aucun comportement particulier au niveau individuel. Il considère que la morale et les
religions sont hors de son domaine et se borne à interdire l’usage de la contrainte en matière religieuse ou morale, comme
dans toutes les autres matières.

La responsabilité, inséparable de la liberté et de la propriété, dit que chaque individu doit supporter les conséquences de ses
actions, bonnes ou mauvaises. C'est une condition de la liberté : si autrui devenait responsable de nos actions, il devrait
acquérir l'autorité pour nous imposer ses vues et donc restreindre notre liberté. C'est aussi une composante de la sûreté
d'autrui.

La notion de liberté est liée à celle d'égalité en droit : la liberté des autres implique de leur reconnaître les mêmes droits que
ceux qu'on s'accorde. Pour les libéraux, tous les êtres humains doivent être traités comme des égaux quelles que soient leurs
différences.

Le libéralisme n'est pas l'anomie comme absence de règles de droits. Le droit est formé d’une part par le droit naturel, et
d’autre part par le droit positif qui est le produit des contrats passés entre les individus.

Les différents aspects du libéralisme

Aspect social

Le libéralisme exige de la société le respect des droits naturels et la limitation des compétences de l’État (voir l'essai de
l'Allemand Wilhelm von Humboldt sur ce thème). Une société libérale est le résultat des choix et des actions effectués
librement par l'ensemble de ses membres, ce qui lui permet théoriquement de prendre des formes très diverses.
Cependant, la plupart des auteurs libéraux forment un pronostic explicite ou implicite sur la forme que doit prendre une
société libérale. Ils partent du constat que l’être humain est un animal profondément social, qui est attentif aux sentiments et
au bien-être de ses semblables et sait que l'association avec eux est le moyen de sa propre survie et de sa propre satisfaction.
Tout en reconnaissant l'extrême diversité des êtres humains, les penseurs libéraux ont a priori confiance dans leur action
spontanée, et pensent que les individus sont conduits par leurs instincts et leur raison à coopérer et à mettre en place des
solutions efficaces d'un point de vue individuel et social (principe revendiqué par les libéraux depuis Mandeville et Adam
Smith).

Rien dans le libéralisme ne s'oppose aux actions collectives, à condition que les associations qui les entreprennent soient
entièrement volontaires et n'exercent aucune contrainte ni sur leurs membres, qui doivent pouvoir les quitter librement, ni sur
les autres individus.

Selon les projets auxquels il veut participer, chaque être humain peut appartenir à un nombre quelconque de communautés,
chacune ne pouvant lui demander que ce qui est nécessaire à la réalisation de son objet particulier. La société libérale idéale
n’est ni une juxtaposition d’individus égoïstes étrangers les uns aux autres, ni une juxtaposition de communautés séparées,
mais plutôt un enchevêtrement d’associations volontaires de toutes natures à travers lesquelles chacun peut travailler aux fins
qu’il se donne, en coopérant librement avec ceux qui partagent tel ou tel de ses idéaux.

Par l’exemple et l’imitation, les objectifs, les règles et les méthodes adoptés par certains groupes peuvent se diffuser à
l’ensemble de la société, faisant émerger un ordre spontané que les libéraux considèrent comme le seul légitime, à condition
qu'il ne viole pas les droits naturels des individus.

Aspect politique

Le libéralisme classique admet que l’institution de l’État est nécessaire pour faire respecter l’interdiction de la violence.
Chacun doit renoncer à utiliser la violence, selon le principe fondamental de responsabilité individuelle, et en confier à l’État
le monopole, au service de la protection de chacun contre tous les autres.

L’État étant une organisation humaine, les libéraux pensent que le risque que les hommes qui le composent abusent de ce
monopole de la violence est permanent. En même temps qu’il est le garant des libertés, l’État est donc perçu comme la plus
grave menace pour ces mêmes libertés. Lui accorder « le monopole de la violence légitime » (Max Weber) a pour
contrepartie nécessaire de limiter son domaine d’action de façon rigoureuse.

Pour les libéraux classiques, les seules fonctions légitimes de l’État sont celles qui assurent la protection du citoyen : police,
justice, diplomatie et défense nationale. Ces fonctions forment l’État minimal limité à ses fonctions dites régaliennes. Dans
l’exercice de ces fonctions, l’État doit être soumis aux mêmes lois que les citoyens, et ne pas faire de lois qu’il ne
s’appliquerait pas à lui-même.

Le libéralisme classique ne se prononce pas sur la forme institutionnelle de l’État, mais seulement sur l’étendue de ses
pouvoirs. Il préfère néanmoins les dispositions qui permettent de limiter effectivement ces pouvoirs, comme la démocratie et
la séparation des pouvoirs.

Le libéralisme classique ne reconnaît pas de droits particuliers aux majorités, même démocratiquement élues. De la même
façon qu’il interdit à un plus fort d’imposer sa volonté à un plus faible, il interdit à un plus grand nombre d’individus
d’imposer leur volonté à un plus petit nombre. Le rôle de l’État libéral n’est pas de faire régner la loi de la majorité, mais au
contraire de protéger la liberté des individus et des minorités contre les plus forts et les plus nombreux. En particulier, le
libéralisme classique refuse qu’une majorité même démocratique puisse étendre le domaine d’action exclusif de l’État au-
delà de l’État minimal.

Ces positions ont été développées au XXe siècle par l’École des choix publics, qui analyse les actions de l’État comme celles
d'une organisation comme les autres (qui défend les intérêts particuliers de ceux qui la composent ou qui la soutiennent) et
constate la non-existence de l’« intérêt général » (dans la mesure où il est impossible d'en donner la moindre définition ou
caractéristique). Les libéraux les plus radicaux, les libertariens ou anarcho-capitalistes, affirment que la sphère des
attributions légitimes du pouvoir politique est vide, et que le risque pris en confiant à l’État le monopole de la violence est
trop grand pour valoir d’être couru. Ils considèrent donc l’État comme un ennemi et prônent sa disparition totale et la fin du
politique. Par opposition, les tenants des positions classiques sur l’État minimal sont souvent appelés minarchistes.

Les démocraties modernes sont qualifiées de libérales car y sont institués l’État de droit, la séparation et la limitation des
pouvoirs ainsi que la liberté de la presse. Elles prennent soit la forme d’une république (exemple : Allemagne, Inde, France)
soit d'une monarchie constitutionnelle (exemple : Espagne, Norvège, Pays-Bas, le Royaume-Uni et son Commonwealth,
Suède).

Aspect économique
Deux positions coexistent dans la tradition classique. À la suite d’Adam Smith, l’école classique anglaise (Smith, Malthus,
Ricardo, Stuart Mill) légitime une certaine intervention de l'État dans la sphère économique en lui assignant d'abord trois
devoirs :

Au fil de la Richesse des nations, Adam Smith ajoute d'autres prérogatives à l'État. Il prévient que la « main invisible »
n'intervient que dans des situations de concurrence, comme dans le petit artisanat, et avertit que, pour leur part, les industriels
conspirent toujours ensemble afin de faire monter les prix. L'État a donc le devoir de sauvegarder les conditions de la
concurrence contre les capitalistes. Enfin, certaines activités de l'industrie ont des effets non souhaitables (principe des
externalités) : la division du travail abrutit les hommes ; et il faut souhaiter que l'État prenne en charge ces désagréments, en
assurant l'éducation de la population par exemple.

Pour les classiques français (Turgot, Condillac, Say), le libéralisme économique est essentiellement l’application de la
philosophie libérale aux actes économiques : l'économie n'est qu'un des domaines de l'activité humaine où l'État n'a pas de
légitimité à intervenir autrement que comme un acteur économique sans privilèges particuliers, et dans le plus petit nombre
de domaines possible : la protection des citoyens, l'exécution de la justice et la défense contre d'éventuels agresseurs. Ils
jugent inutile et dangereuse toute intervention supplémentaire, considérant d'une part que l'initiative privée, informée par le
marché, est à même de suppléer avantageusement la plupart des fonctions de l'État, et, d'autre part, que l'extension de la
sphère d'intervention de l'État conduit à une croissance non maîtrisée de la sphère publique au détriment de l'initiative privée,
à des inefficacités chroniques, et même à des dérives totalitaires.

À cette forme du libéralisme classique, l’École autrichienne ajoute l'idée que tout accord librement consenti ou ensemble
d'échanges librement consentis augmente la satisfaction des participants telle que perçue par chacun d'entre eux, car s’il en
était autrement, celui qui se sentirait lésé refuserait cet accord qui n’aurait donc pas lieu. La liberté d’échanger et
d’entreprendre est vue par ces auteurs à la fois comme un cas particulier du principe philosophique de liberté, donc un
impératif moral qui s’impose indépendamment de ses conséquences, et comme un moyen qui conduit le plus probablement à
la plus grande satisfaction générale.

La vision utilitariste du rôle de l'État est devenue prédominante de nos jours avec la conception néoclassique, qui ne voit la
liberté des échanges que comme un moyen d’arriver à un optimum économique défini par ailleurs. Dans cette approche
utilitariste, la liberté peut être remise en cause s’il existe d’autres moyens d’atteindre cet optimum. L’État doit alors faciliter
l'enrichissement des citoyens, jouer un rôle primordial en tant qu'arbitre des échanges économiques, assurer le respect de
l'exécution des contrats, encadrer les échanges marchands par une législation adaptée afin de corriger les défaillances du
marché, gérer les biens publics, ouvrir des voies commerciales, etc.

De même, le keynésianisme ou les diverses formes du « libéralisme de gauche » 2, tout en se réclamant du libéralisme,
recommandent une intervention « raisonnable » et limitée de l’État dans l’économie pour assurer le plein emploi, la stabilité
économique et la croissance ; mais aussi pour mettre en place un « plancher » sous la société libérale afin d'aider les plus
démunis, tout en gardant à l'esprit qu'il importe d'interférer le moins possible avec les libertés économiques et politiques
fondamentales.

Critiques

Ne sont évoquées ici que les critiques générales. Les critiques de nature économique et sociale sont détaillées dans l’article
Critique du libéralisme économique.

Certains avancent que la liberté et le libre arbitre seraient des illusions (déterminisme, fatalisme…). Ou encore que les
présupposés individualistes du libéralisme seraient scientifiquement faux car contraires à la réalité humaine : l’unité sociale
active serait essentiellement le groupe, et l’individu ne pourrait être appréhendé dans sa totalité sur des bases uniquement et
strictement individuelles. Selon le groupe qui est considéré, on trouve différentes variétés de holisme prenant en compte des
réalités collectives telles que l’entreprise, l’association, la famille... Selon ces critiques, l’« individualisme bien compris passe
par l’action collective ».

D’autres avancent que les êtres humains devraient se soumettre à des principes supérieurs de nature morale, religieuse ou
politique. Cette position n’est pas en soi contraire aux principes libéraux tant que cette soumission reste volontaire ; mais elle
le devient quand, par exemple, certains hommes, même élus démocratiquement, entreprennent de faire des lois selon le
principe de l’intérêt général.

Une autre objection, transversale à plusieurs courants de pensée, est que le « libéralisme philosophique » n’aurait pas
d’existence réelle dans la pratique économique, sociale, et même philosophique. Selon ce point de vue, le libéralisme
constitue un corpus idéologique disparate utilisé par ses adeptes pour « justifier » les inégalités dont ils profiteraient. Outre
que cette attitude passe à la trappe des auteurs aussi importants que Locke, Montesquieu ou Kant, les libéraux voient, dans
cette personnalisation de l'argumentation, un essai d'autres penseurs de justifier leurs propres ambitions de prise en main de la
société, quitte à l'uniformiser. Pour une partie des anarchistes, la liberté économique défendue par les libéraux seraient une
source d'inégalités et de restrictions de libertés qui nuiraient en réalité à la véritable liberté, notamment politique. Dans les
sociétés libérales actuelles, ils critiqueraient en plus l'incitation à la consommation (par la publicité normalement) qui
limiteraient la liberté économique.

D'autres critiques de nature économique se fondent sur la différence entre libertés formelles (droit de circuler, par exemple) et
libertés réelles (capacité économique de réellement circuler, par exemple) et reprochent au libéraux de ne considérer que les
premières.

Selon les libéraux, les critiques les plus nombreuses ne reposeraient que sur une divergence d’interprétation du terme
libéralisme, ce que ses adversaires dénoncent sous le nom de « libéralisme » n’étant qu’une construction intellectuelle bien
éloignée de la position des libéraux eux-mêmes qui se considèrent comme « les premiers à réprouver les restrictions aux
libertés individuelles », comme le montre la citation suivante : « Les adversaires du libéralisme [...] sont partis en guerre
contre les fictions que sont l’ultra-libéralisme et le néo-libéralisme, deux concepts construits de toutes pièces par les
collectivistes et dans lesquels les libéraux ne se reconnaissent pas » (Pascal Salin)

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L'anarchisme est une philosophie politique apparue au XIXe siècle comme surgeon de l'arborescence socialiste1. Fondée sur
la négation du principe d'autorité dans l'organisation sociale et le refus de toutes contraintes découlant des institutions basées
sur ce principe2, l'anarchisme développe depuis ses débuts une critique radicale du système capitaliste et de l'état bourgeois3.

A l'aube du XXe siècle l'anarchisme se divise en deux voies distinctes, parfois incompatibles : le syndicalisme libertaire et
l'anarchisme individualiste1.

Sommaire

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• 1 Étymologie
• 2 Définition
o 2.1 Principes généraux
o 2.2 Courants
 2.2.1 Courants socialistes
 2.2.2 Courants individualistes
 2.2.3 Courants écologistes
 2.2.4 Courants indéterminés
 2.2.5 Conflits entre courants
o 2.3 Vers une société anarchiste
• 3 Expériences historiques
o 3.1 En périodes révolutionnaires :
o 3.2 En périodes non-révolutionnaires :
o 3.3 Sur ces diverses périodes expérimentales
o 3.4 Période contemporaine
• 4 Les anarchistes célèbres
• 5 Voir aussi
o 5.1 Bibliographie
o 5.2 Références
o 5.3 Filmographie
o 5.4 Liens internes
o 5.5 Liens externes

o 5.6 Notes
Étymologie

Comme tous les mots de la même famille, le terme anarchisme est un dérivé du grec
« αναρχία » (« anarkhia »)4. Composé du préfixe a- privatif « an- » (en grec αν, « sans »,
« privé de ») et du mot « arkhê », (en grec αρχn, « origine », « principe », « pouvoir » ou
« commandement »)5. L'étymologie du terme désigne donc, d'une manière générale, ce qui est
dénué de principe directeur et d'origine. Cela se traduit par « absence de chef6 », « absence
d'autorité2 » ou « absence de gouvernement7 ».

Définition

Principes généraux ]

L'anarchisme est une philosophie politique qui présente une vision d'une société humaine sans
hiérarchie, et qui propose des stratégies pour y arriver, en renversant le système social actuel.

L'objectif principal de l'anarchisme est d'établir un ordre social sans dirigeant. Un ordre basé
sur la coopération volontaire des hommes et des femmes libres et conscients qui ont pour but de
favoriser un double épanouissement : celui de la société et celui de l'individu qui participe au
premier.

À la source de toute philosophie anarchiste, on retrouve une volonté d'émancipation


individuelle et/ou collective. L'amour de la liberté, profondément ancré chez les anarchistes, les
conduit à lutter pour l'avènement d'une société plus juste, dans laquelle les libertés individuelles
pourraient se développer harmonieusement et formeraient la base de l'organisation sociale et
des relations économiques et politiques.

L'anarchisme est opposé à l'idée que le pouvoir coercitif et la domination soient nécessaires à la société et se bat pour une
forme d'organisation sociale et économique libertaire, c'est-à-dire fondée sur la collaboration ou la coopération plutôt que la
coercition.

L'ennemi commun de tous les anarchistes est l'autorité sous quelque forme qu'elle soit. L'État est le principal ennemi des
anarchistes : l'institution qui s'attribue le monopole de la violence légale (guerres, violences policières), le droit de voler
(impôt) et de s'approprier l'individu (conscription, service militaire). Les visions qu'ont les différentes tendances anarchistes
de ce que serait ou devrait être une société sans État sont en revanche d'une grande diversité. Opposé à tout credo, l'anarchiste
prône l'autonomie de la conscience morale par-delà le bien et le mal défini par une orthodoxie majoritaire, un pouvoir à la
pensée dominante. L'anarchiste se veut libre de penser par lui même et d'exprimer librement sa pensée.

le « A » inscrit dans un « O », un des symboles de l'anarchisme de l'origine maçonnique

Certains Anarchistes dits "spontanéistes" pensent qu'une fois la société libérée des entraves artificielles que lui imposait
l'État, l'ordre naturel précédemment contrarié se rétablirait spontanément, ce que symbolise le « A » inscrit dans un « O »
(« L'anarchie, c'est l'ordre sans le pouvoir », Proudhon). Ceux-là se situent, conformément à l'héritage de Proudhon, dans une
éthique du droit naturel (elle même affiliée à Rousseau). D'autres pensent que le concept d'ordre n'est pas moins « artificiel »
que celui d'État. Ces derniers pensent que la seule manière de se passer des pouvoirs hiérarchiques est de ne pas laisser
d'ordre coercitif s'installer. À ces fins, ils préconisent l'auto-organisation des individus par fédéralisme comme moyen
permettant la remise en cause permanente des fonctionnements sociaux autoritaires et de leurs justifications médiatiques. En
outre, ces derniers ne reconnaissent de mandats qu'impératifs (votés en assemblée générale), révocables (donc contrôlés) et
limités à un mandat précis et circonscrit dans le temps. Enfin, ils pensent que le mandatement ne doit intervenir qu'en cas
d'absolue nécessité (le moins souvent possible donc).

Le rejet du centralisme, pour le fédéralisme, aboutit donc à un projet d'organisation sociale fondée sur la gestion directe de sa
propre vie et la décentralisation, où chacun est en mesure de participer à la vie commune, tout en conservant son autonomie
individuelle, selon les conceptions parfois diamétralement opposées que s'en font les différents courants anarchistes.

Courants

À la genèse de l'anarchisme politique, on trouve les travaux pionniers de William Godwin : en 1793, il publie Enquête sur la
justice politique et son influence sur la morale et le bonheur (traduction française), œuvre largement inspirée par la
Révolution française. Il y propose une critique radicale de la société et de toutes les formes de gouvernements qui, selon lui,
empêchent l'épanouissement des individus et les mènent à leur corruption. Les travaux de Max Stirner (qui refusait
l'appellation "anarchiste") auront également un rôle très important dans le développement de l'anarchisme individualiste.
Celui-ci publie en 1845 L'Unique et sa propriété, une œuvre qui s'inscrit dans la pensée hégélienne (de par ses critiques des
divers libéralismes) et qui va marquer durablement la pensée anarchiste.

Les libertaires considèrent qu'une société anarchiste devrait être construite sans hiérarchie et sans autorité ; les institutions
telles que le capitalisme, la famille patriarcale, l'Église, l'État, l'armée sont qualifiées d'autoritaires (dans le sens d'une
présence d'autorité par opposition au système libertaire qui s'en passe) et contraires aux libertés individuelles.

Trois mouvements principaux existent au sein de la mouvance anarchiste, l'une socialiste, l'autre individualiste et une autre
écologiste. Il existe également d'autres tendances peu connues et plus récentes.

C'est dans l'espace délimité par ces conceptions, globalement peu représentatives de l'ensemble, que se situe la pensée
anarchiste.

Aujourd'hui, il existe donc de nombreuses théories anarchistes distinctes. Différents groupes peuvent donc se définir comme
anarchistes et néanmoins avoir des positions (au niveau tactique, stratégique, organisationnel, comme au niveau de leur
philosophie politique, économique et sociale) différentes, voire opposées.

Courants socialistes

Les socialistes libertaires, selon les tendances, considèrent que la société anarchiste peut se construire par mutualisme,
collectivisme, communisme, syndicalisme, mais aussi par conseillisme. L'abolition de la propriété et l'appropriation
collective des moyens de production est un point essentiel de cette tendance libertaire. Par propriété, on n'entend pas le fait de
posséder quelque chose pour soi, mais de le posséder pour d'autres afin d'en tirer des revenus (locations, lieux de travail...).
Ce courant, composé initialement de Proudhon (et ses successeurs), puis de Bakounine était le courant majoritaire au sein de
la première internationale, jusqu'à la scission menée par Marx, excluant les anarchistes proudhoniens et bakouniniens.
L'anarchisme socialiste est considéré comme une politique qui établit un pont entre le socialisme et l'individualisme (par le
biais du coopérativisme et du fédéralisme libertaire) combattant tant le capitalisme que l'autoritarisme sous toutes ses formes.

• l'anarchisme socialiste ou socialisme libertaire, qui propose une gestion collective égalitariste de la société
(mouvement largement influencé par les écrits de Bakounine) ;
• l'anarchisme communiste ou communisme libertaire, qui de l'adage « À chacun selon ses besoins, de chacun selon
ses capacités » veut, d'un point de vue économique, partir du besoin des individus afin de produire par la suite le
nécessaire pour y répondre ; ce qui politiquement est lié étroitement avec l'anarchisme qui part des volontés de
chaque individu réel, par la liberté politique pour créer/construire la société à l'échelle des humains
vivants/désirants (mouvement largement influencé par les écrits de Errico Malatesta, Pierre Kropotkine, etc.) ;
• l'anarcho-syndicalisme, qui propose une méthode : le syndicalisme, couplé à l'anarchisme, comme moyen de lutte
et d'accès vers une société anarchiste (mouvement largement influencé par les écrits d'Émile Pouget, Pierre
Monatte, Fernand Pelloutier, etc.) ;
• l'anarchisme proudhonien, qui défend l'autogestion fédéraliste, un travaillisme pragmatique, un justicialisme idéo-
réaliste et une économie mutualiste. Le travail, fondement de la société devient le levier de la politique, le
réalisateur de la liberté. Le justicialisme permet un pluralisme à travers un équilibre des forces physiques et
sociales. Le fédéralisme permet le dynamisme et l'équilibre de la société pluraliste. (Auteurs : Pierre Joseph
Proudhon, James Guillaume, Maurice Joyeux, etc.) ;
• L'anarcho-indépendantisme, qui définit la nature anarchiste de la lutte pour l'émancipation des peuples (une
tendance clairement de gauche à ne pas confondre avec le national-anarchisme)
• l'anarchisme insurrectionnel qui prône l'insurrection, la révolte, la désobéissance civile (Auteurs : Wolfi
Landstreicher, Alfredo M. Bonanno, etc.) ;
• le post-anarchisme qui s'inspire de la pensée post-structuraliste et post-marxiste.
• L'anarcho-sionisme est un courant politique qui naît après le sentiment d'échec de l'action révolutionnaire des juifs
à l'issue des grands pogroms des années 1890, les anarchistes comme les socialistes viennent à penser que la
question juive ne peut faire l'économie d'un projet de société séparée en attendant la révolution mondiale. Pour les
anarcho-sionistes, il s'agit de fonder un foyer national sans État. Ce courant n'adhérera pas au sionisme de Théodore
Herzl (auteurs français : Bernard Lazare).

L'ensemble de ces courants se caractérisent pas une conception particulière du type d'organisation militante nécessaire pour
avancer vers une révolution. Ils se méfient de la conception centralisée d'un parti révolutionnaire, car ils considèrent qu'une
telle centralisation mène presqu'inévitablement à une corruption de la direction par l'exercice de l'autorité.

Courants individualistes

Les individualistes libertaires, selon les tendances, considèrent au contraire que seul l'individu peut légitimement posséder
son bien propre, soit par l'abolition de la propriété, soit par la possession individuelle, soit par propriété privée. Selon cette
tendance, les institutions autoritaires doivent être supprimées, en les désertant ou en les combattant, la question essentielle est
la liberté de l'individu face à l'oppression de la société (et de ses composantes). Les institutions intermédiaires, nées de la
collaboration entre individus et susceptibles de tenir l'État en échec, sont considérées avec bienveillance, pour autant
évidemment qu'elles ne participent pas à l'oppression étatique (exemple typique : les fabricants d'armes).

• L'anarchisme individualiste, qui défend l'autonomie individuelle contre toute forme d'autorité et d'aliénation (État,
Religion, etc.), et propose l'association libertaire entre les individus (mouvement largement influencé par les écrits
de Max Stirner, John Henry Mackay, Victor Bash, Émile Armand, etc.)
• L'anarchisme chrétien. Courant anarchiste se basant sur la révolution personnelle et les enseignements de Jésus
Christ dans leur dimension critique vis-à-vis de l'organisation sociale. (Auteurs : Léon Tolstoï, Jacques Ellul, Ivan
Illich, etc.)
• L'anarchisme de droite. Ce courant littéraire français regroupe des auteurs qui s'opposent aux formes
gouvernementales traditionnelles comme la démocratie, le pouvoir des intellectuels et le conformisme. Il s'agit
d'une attitude et d'une esthétique plutôt que d'une idéologie structurée, qui se cristallise autour de valeurs « de
droite » telles l'anti-égalitarisme aristocratique, l'individualisme et l'esprit « libertin ». (Auteurs : Cercle Proudhon,
Louis-Ferdinand Céline, François Richard, Michel-Georges Micberth, etc.)
• L'anarcho-capitalisme, mouvement issu de la pensée libérale, libertarienne et anarchiste individualiste. Il veut
rendre à l'individu tous les droits usurpés par l'État, y compris les fonctions dites « régaliennes » (défense, police,
justice et diplomatie). L'anarcho-capitalisme défend la liberté individuelle, le droit de propriété et la liberté de
contracter.

Courants écologistes

L'anarchisme écologiste rejette toute forme d'économie industrielle et d'exploitation du monde naturel (mouvement proche de
certaines composantes du communisme anarchiste) dans une mesure plus ou moins importante, et forme un troisième pôle de
la pensée anarchiste. Les anarchistes écologistes proposent, selon la tendance, soit le retour à la nature (sous forme de société
primitive), soit la mise sous contrôle par les individus de la technologie.

• L'anarcho-primitivisme qui mélange les idées primitivistes et anarchistes. (Auteurs : Fredy Perlman, John Moore,
etc.)
• L'anarchisme vert. Mouvement au croisement de la philosophie anarchiste et de l'écologisme. (Auteurs : Murray
Bookchin, Élisée Reclus, etc.)

Courants indéterminés

Des courants récents, peu connus ou ayant leur autonomie propre, et ne rentrant pas dans le cadre des tendances précédentes
existent.

• L'anarchisme épistémologique. Mouvement qui s'oppose à l'autoritarisme intellectuel et politique s'appuyant sur la
transmission coercitive du savoir, la hiérarchie intellectuelle et la censure, et qui prône au contraire la liberté de
pensée et d'expression, la diversité de pensée et de culte, et la libre adhésion aux idées. (Auteur : Paul Feyerabend)
• L'anarcho-féminisme qui croise les idées féministes et anarchistes. (Auteurs : Emma Goldman, Voltairine de
Cleyre, etc.)
• Le mouvement anarcho-punk qui radicalise les idées du mouvement punk.
• Le mouvement anarcho-skinhead.
• L'anarcho-transhumanisme qui fait la synthèse entre le transhumanisme et l'anarchisme.
• Le crypto-anarchisme qui promeut l'utilisation de la cryptologie à des fins de protection sur internet contre une
autorité internet qui devient de plus en plus présente.
• L'anarchisme non-violent : mouvement dont le but est la construction d'une société non-violente. Les moyens
utilisés pour arriver à cette fin sont en adéquation avec celle-ci : écoute et respect de toutes les personnes présentes
dans la société, choix de non-utilisation de la violence, respect de l'éthique (la fin ne justifie jamais les moyens),
place importante est faite à l'empathie et à la compassion, acceptation inconditionnelle de l'autre. Apolitique,
profondément humaniste, il vise à rassembler les hommes pour construire une société où chacun est poussé à se
réaliser (la société est au service de l'individu) et en même temps incite l'individu à collaborer, à contribuer au bien-
être de tous les acteurs de la société(l'individu est au service de la société).
• L'anarchisme queer, ou le Pink Bloc -dans lequel se manifeste le mouvement anarcho-queer- qui cherche à
radicaliser le mouvement gay et lesbien d'un côté, et de l'autre à "queeriser" les réseaux anarchistes à travers
l'intrusion des questions d'homophobie et de transphobie.
• Etc.

Conclusions

Ces différents courants/tendances se rejoignent dans la volonté de mettre en place une société libertaire, où la liberté politique
serait la règle, c'est-à-dire qu'aucune institution (syndicale, communautaire, droit, ou autre) ou individu n'aurait à contraindre
des formes d'organisation politiques libertaire différente. Surtout après la Seconde Guerre mondiale, apparaissent d'autres
courants dans différents domaines : politiques, philosophiques et littéraires. Ils se démarquent parfois assez radicalement des
doctrines libertaires classiques.

Cette diversification de la philosophie anarchiste montre que l'anarchisme tend à se disperser en fonction de l'attachement des
penseurs à des sensibilités politiques ou philosophiques très diverses. Certes, toutes ces tendances ont en commun de rejeter
le pouvoir et l'autorité, mais les « programmes » des différents courants sont parfois incompatibles entre eux (cependant,
l'anarchisme n'étant pas monolithique, cela n'altère en rien le mouvement).

Conflits entre courants

Les tendances de l'anarchisme historique (anarchisme socialiste/syndicaliste/proudhonien/communiste et individualiste


stirnerien) sont également les plus actives politiquement et idéologiquement, et les mieux organisées. Elles peuvent en outre
revendiquer un héritage historique très riche, qui s'est construit au fil des décennies autour d'un militantisme et d'un activisme
très vivaces. Elles constituent encore de nos jours le noyau dur de l'anarchisme actif, et une majorité d'anarchistes considère
que ce sont les seuls mouvements qui peuvent légitimement revendiquer l'appellation d'anarchisme.

Au sein du mouvement anarchiste, d'autres mouvements non traditionnels sont plus ou moins bien accueillis (selon les
tendances), certains sont considérés comme un enrichissement de l'anarchisme, d'autres non.

Néanmoins, les diverses tendances se rejettent parfois mutuellement, des individualistes libertaires pouvant rejeter la
composante socialiste et réciproquement.

Pour l'ensemble des socialistes libertaires, les courants tels que le national-anarchisme, l'anarcho-capitalisme et l'anarchisme
de droite sont rejetés, considérant que les idées de ces mouvements sont extérieures à l'anarchisme politique et historique, et
qu'elles n'ont aucun point commun avec les leurs et leur sont même fondamentalement opposées. La plupart estime
également qu'ils emploient abusivement le terme « anarchisme ». Les anarcho-capitalistes rejettent également le national-
anarchisme et l'anarchisme de droite.

Vers une société anarchiste

Exemple d'action directe: Le "london social centre", un squat politique initié par des anarcho-syndicalistes à Russell Square.

Le rejet des contraintes qui entravent l'individu, dans ses désirs ou ses besoins, aboutit à une remise en cause des institutions
qui ont été créées, selon les anarchistes, afin de perpétuer ces contraintes. L'État, le Capital, l'Armée et l'Église font parties de
ces institutions que les anarchistes essaient de combattre (voire d'abattre). Ce combat contre l'autorité prend souvent la forme
d'une action directe (un exemple en est le Do it yourself du mouvement punk), étrangère aux formes traditionnelles de la lutte
politique. En fait, les systèmes politiques contemporains étant très souvent dotés d'un pouvoir centralisé, le passage à
l'anarchisme implique un changement radical. C'est pourquoi les anarchistes proposent l'abolition de ce système par différents
moyens : désobéissance civile, grève, résistance passive ou résistance active, hacktivisme, obstructionnisme, etc. Certains
anarchistes considèrent qu'il faut préparer l'avènement d'une révolution sociale radicale (le recours aux armes pouvant être
aussi parfois nécessaire pour se défendre contre un système oppressif, qui lui n'acceptera pas le droit aux individus de
s'organiser afin de déterminer par eux-mêmes leurs libertés), afin de laisser les sociétés s'organiser sans maîtres et selon leurs
besoins et désirs ; d'autres estiment qu'une révolution non violente est possible, avec une extinction progressive des pouvoirs.

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Le socialisme désigne un courant de pensée et un ensemble de mouvements politiques apparus au cours du XIXe siècle,
fondés sur une opposition au capitalisme, et ayant pour objectif d'établir une société égalitaire. Celle-ci est classiquement
caractérisée par la propriété collective (aussi appelée propriété sociale) des moyens de production1,2,3 et la primauté donnée à
l’intérêt général sur l’intérêt particulier4,5,6.

Les moyens envisagés pour atteindre ce but diffèrent selon les courants. Parmi les courants actuels se revendiquant du
socialisme, on trouve les différents marxistes, divers anarchistes et libertaires, et les sociaux-démocrates.

Pour leur part, les universitaires Georges Bourgin et Pierre Rimbert définissent « le socialisme comme une forme de société
dont les bases fondamentales sont les suivantes :

• 1- Propriété sociale des instruments de production ;


• 2- Gestion démocratique de ces instruments ;
• 3- Orientation de la production en vue de satisfaire les besoins individuels et collectifs des hommes. »7

Sommaire

• 1 Étymologie
• 2 Des sens différents
o 2.1 Selon les points de vue géographiques
o 2.2 Selon les points de vue politiques
• 3 Historique synthétique du socialisme
o 3.1 La question de l'État et l'éclatement du mouvement socialiste
o 3.2 Les socialismes aujourd'hui
• 4 Les différentes théories socialistes
o 4.1 Le socialisme utopique
 4.1.1 Origines et affiliations
 4.1.2 Analyse et philosophie
 4.1.3 Quelques théoriciens
o 4.2 Le socialisme marxiste
 4.2.1 Origines et affiliations
 4.2.2 Analyse et philosophie
 4.2.3 Quelques théoriciens
o 4.3 Le socialisme libertaire (anarchisme)
 4.3.1 Origines et affiliations
 4.3.2 Analyse et philosophie
 4.3.3 Quelques théoriciens
o 4.4 Le socialisme réformiste et la social-démocratie
 4.4.1 Origines et affiliations
 4.4.2 Analyse et philosophie
 4.4.3 Quelques théoriciens
o 4.5 Les autres socialismes
 4.5.1 Socialisme chrétien
 4.5.2 Socialisme de la chaire
 4.5.3 Socialismes du Tiers-Monde
• 5 Critiques
• 6 Notes et références
• 7 Voir aussi
o 7.1 Bibliographie
 7.1.1 Ouvrages de précurseurs du socialisme
 7.1.2 Ouvrages de théoriciens ou de dirigeants socialistes
 7.1.3 Ouvrages historiques
o 7.2 Articles connexes
 7.2.1 Génériques

 7.2.2 Spécifiques

Étymologie

Du mot latin socius, nom commun signifiant compagnon, camarade, associé, allié, confédéré et adjectif signifiant joint, uni,
associé, allié, mis en commun, partagé.8. Le mot socius dérive du verbe sequi : 'suivre'.

Sa première utilisation remonte à l'abbé Sieyès qui dans les années 1780 évoque un « traité du socialisme » devant parler
« du but que se propose l’homme en société et des moyens qu’il a d’y parvenir ». Dans cette utilisation éphémère, le mot
signifie alors « science de la société »9.

Dans son sens moderne, le mot socialisme remonterait à Pierre Leroux, qui l'aurait employé en 1831 selon Branca-Rosoff et
Guilhaumou10 et selon Pierre Leroux lui-même11 ; ou en 1832 dans son ouvrage Discours aux Politiques sur la situation
actuelle de l'Esprit Humain selon son fils12. En mars 1834, Pierre Leroux emploie le néologisme dans un texte intitulé De
l'individualisme et du socialisme, publié dans la Revue encyclopédique. Pierre Leroux revendique son « invention », qu'il
définit aussi comme « la doctrine qui ne sacrifiera aucun des termes de la formule Liberté, Égalité, Fraternité ».

Selon certains, ce serait Saint-Simon qui aurait utilisé pour la première fois le mot « socialisme » en 182713. D'autres font
remonter l'origine du mot à l'anglais socialism (1822) ou à l'italien socialismo (1803)14.

Des sens différents

Selon les points de vue géographiques

Le mot socialisme a pris des sens différents selon les pays. Il s'agit là d'un glissement sémantique : c'est moins la définition
du mot « socialisme » qui diffère selon les pays (il demeure un système opposé au capitalisme, basé sur l'abolition de la
propriété privée des moyens de production) que l'usage de l'adjectif « socialiste ». Ainsi, actuellement,

• En Europe méditerranéenne et méridionale, le terme « socialisme » désigne ce qui correspondrait dans les pays
de culture allemande ou scandinave à la social-démocratie. Les partis socialistes français, italien, espagnol, etc.
défendent ainsi une ligne majoritairement social-démocrate.
• Dans les pays scandinaves et anglo-saxons, le terme "socialisme" désigne des courants plus révolutionnaires et en
rupture plus nette avec l'économie capitaliste. Les pays de l'ancien bloc soviétique se revendiquaient également
socialistes. Ainsi, en anglais, le terme socialist a gardé un sens très radical. Il est utilisé par l'extrême-gauche et a
pratiquement le sens de "communiste" sans pour autant se référer à l'histoire de l'URSS stalinienne. Ainsi, par
exemple, en Écosse, le parti Solidarity (Scotland's Socialist Movement), Solidarité (Mouvement socialiste
d'Écosse), est-il un parti d'extrême-gauche issu du trotskisme.

Selon les points de vue politiques

Le mot socialisme a pris des définitions différentes selon le point de vue politique de celui qui l'emploie, donnant lieu à
plusieurs débats qui portent en fait sur sa définition.

Au sein du mouvement socialiste, une définition plus ou moins large peut-être donnée au mot socialisme :

• Une définition révolutionnaire ou réformiste : le socialisme ne peut être que l'abolition complète du capitalisme et
son remplacement par une société socialiste, que cela soit le fait d'une révolution ou d'une série de réformes.
• Une définition sociale-démocrate : le socialisme peut être réalisé par des réformes en restant dans le cadre du
capitalisme, et par compromis (provisoires ou durables) avec l'économie "libérale". Cette vision du socialisme,
qualifiée de sociale-démocrate dans le langage politique actuel, ou de "modérée", n'est pas reconnue comme
véritablement "socialiste" par les autres tenants du socialisme.

La question du régime soviétique. Le terme socialisme a été utilisé par les dirigeants des États staliniens (aussi appelés
"marxistes-léninistes" par les propagandes de ces régimes) pour désigner leur propre régime (voir le nom de l'Union des
républiques socialistes soviétiques). Le « socialisme » fut défini par des théoriciens léninistes comme l'étape préliminaire et
nécessaire vers le communisme, la société idéale sans classes ni propriété. Ce régime fut appelé aussi au départ la dictature
du prolétariat, terme abandonné vers 1936 pour le « socialisme triomphant » et ensuite, vers les années 1970, le « socialisme
développé ». Sur le plan politique, l'usage du mot "socialiste" par ces régimes est dénoncé par les socialistes non léninistes et
par les léninistes non staliniens. Sur le plan historique, pendant la guerre froide, il a été fait un usage assez général du terme
de "camps socialiste" (derrière l'URSS et le pacte de Varsovie) par opposition au "camps capitaliste" ou "occidental" (derrière
les États-Unis et l'OTAN).

La question du rapport du socialisme avec la démocratie repose elle aussi sur une différence de définition du mot
"socialisme" :

• Pour les universitaires traitant spécifiquement du socialisme, ainsi que pour les socialistes, les deux notions sont
inséparables, le socialisme étant vu comme le prolongement naturel dans l’ordre économique de ce qu’est la
démocratie dans l’ordre politique. D'après la définition de Bertrand Russell, « L'essence du socialisme est par
définition la revendication de la propriété commune de la terre et du capital. La propriété commune peut signifier la
propriété par un État démocratique, mais n'inclut pas la propriété par quelconque État qui ne serait pas
démocratique. »15.
• Pour certains auteurs, la notion de « démocratie » n’apparaît pas dans la définition qu'ils donnent du socialisme,
considéré principalement comme un système économique marqué par l’abolition du capitalisme.

Historique synthétique du socialisme

les origines du socialisme font l'objet d'un débat lié à la manière d'aborder le sujet. Tandis que certains s'attacheront à dater
l'origine de l'idée socialiste d'un point de vue philosophique (remontant à certains philosophes antiques tel Platon, aux utopies
sociales, à certains mouvements religieux ou laïcs antérieurs à 1789), d'autres le dateront à l'apparition de manifestations
concrètes d'un mouvement identifié comme socialiste.

Du point de vue idéologique, l’analyse matérialiste situe le socialisme dans une perspective historique de volonté de la
suppression du rapport « dominé / exploiteur », et se place dans la lignée de la plupart des luttes d'émancipation depuis
l'Antiquité : héritage revendiqué notamment par les spartakistes de Rosa Luxemburg. Les intellectuels français rationalistes
de l'entre-deux-guerres comme Paul Valéry se référèrent par contre davantage à René Descartes, en tant que « chef des
conjurés », c'est-à-dire selon la formule de d'Alembert et la vision des Lumières, en tant que premier penseur laïque.

Du point de vue historique, un consensus général des historiens distingue deux phases dans la genèse du socialisme
moderne. La première phase est le fait de penseurs de la première moitié du XIXe siècle, avec des hommes comme Saint-
Simon, Robert Owen ou Charles Fourier puis Proudhon. La seconde phase tient compte de la naissance du terme
« socialisme », ainsi que de l'apparition au milieu du XIXe siècle d'un mouvement, certes divisé, mais qui partage de grands
points d'analyse. Ce mouvement nouveau a ainsi fait son apparition à l'époque des Révolutions industrielles du XIXe siècle et
a trouvé un terrain de lutte intimement lié à la société moderne de classes (par opposition à la société des ordres), et
notamment à la classe ouvrière. Le penseur principal de cette seconde phase est Karl Marx. La constitution des puissants
États-nations à partir de la fin du XVIIIe siècle ont également été un élément d'analyse et de réflexion.

La question de l'État et l'éclatement du mouvement socialiste

Le mouvement socialiste est divisé dès son apparition, notamment quant aux moyens d'arriver à la socialisation des moyens
de production. Les uns estiment que l'État est un ennemi par sa nature même, dont rien de bon ne peut sortir ; d'autres
estiment qu'il est un outil dangereux mais utile, pourvu que l'on puisse en prendre le contrôle, avec là encore des divergences
sur la méthode. De manière générale, l'on peut distinguer trois courants de pensée :

1. Les partisans d'une disparition de l'État à long terme, mais partisans de s'en servir pendant une phase de transition.
Afin d'organiser cette disparition, ceux que l'on a désigné au début du XXe siècle par communistes marxistes
prônent ainsi l'accaparation des leviers de pouvoir de l'État par les prolétaires organisés, de manière violente s'il le
faut, afin d'instituer la dictature du prolétariat. Les représentants de ce courant ont longtemps été les partis
communistes affiliés à la IIIe Internationale. L'application revendiquée du socialisme dans les pays du bloc
soviétique après la Seconde guerre mondiale a été violemment critiquée par d'autres groupes communistes, de type
trotskistes ou appartenant à la gauche communiste. Actuellement, les partisans de cette idéologie se retrouvent
davantage dans les mouvements d'extrême-gauche que dans les anciens partis staliniens, bien souvent associés au
pouvoir « bourgeois ».
2. Les partisans d'une transformation sociale s'appuyant sur l'État, par principe par des moyens non-violents
(élections, groupe parlementaire socialiste). La violence est rejetée car inutile, tant que l'application progressive du
socialisme ne produit que des bons effets qui contribuent au mouvement. Ce courant, un temps socialiste réformiste
(où le mot « réforme » est à opposer à « révolution », mais encore dans une analyse marxiste) donna naissance aux
partis socialistes de gouvernement, qualifiés selon les pays et les traditions de partis « socialistes », « travaillistes »
ou « sociaux-démocrates ». Ils sont héritiers de la IIe internationale, reconduite après la guerre en IIe Internationale-
bis puis refondée en Internationale socialiste. Les partis se réclamant de ce courant constituent actuellement en
Europe l'une des deux principales forces politiques, et dirigent plusieurs pays. Ils sont la principale force politique
de gauche au Parlement européen.
3. Les partisans de l'abolition immédiate de l'État (sous forme de l'autonomie ouvrière par exemple), libertaires et
minorité des marxistes, refusant l'utilisation d’un appareil d’oppression (l’État). Les libertaires défendent le
fédéralisme au sein de la classe ouvrière. Le syndicalisme ou le communalisme était l'un des moyens pratiqués vers
l'union des travailleurs, avant qu'il ne devienne subventionné par l'État « bourgeois » au cours du XXe siècle. Le
conseillisme constitue quant à lui un autre mode d'action vers cette autonomie. Cette troisième voie ne réussit
jamais à réellement peser sur les vies politiques nationales, à quelques rares et très transitoires exceptions près,
toujours dans des contextes particuliers.

Par ailleurs, des militants ont tenté des expériences concrètes de socialisme utopique, notamment dans le cadre des
colonisations. Les résultats pratiques de ces expériences ne furent guère convaincants, mais contribuèrent à nourrir la
réflexion.

Les clivages initiaux de la pensée socialiste évoluèrent littéralement vers son éclatement en multitudes d'idéologies et de
conceptions de la société souvent bien distinctes et qui recouvrent désormais aussi bien l'extrême-gauche que la gauche
gouvernementale.

Les socialismes aujourd'hui

Les courants politiques se revendiquant aujourd'hui du socialisme sont : le socialisme marxiste, la social-démocratie (soit le
mot "socialisme" tel qu'employé couramment en France), et les socialismes autogestionnaire ou libertaire (Socialisme
libertaire). Le socialisme utopique dans sa manière d'envisager la société et le rapport à l'économie n'a pas connu de filiation
politique homogène, bien qu'il a été revendiqué par certains courants hippies et qu'il a influencé certains systèmes de pensée
de la gauche non marxistes et en rupture avec la social-démocratie (économie solidaire, alternatifs, autogestion,
communautarisme de lieux de vie). La pensée écologiste notamment, dans un certain aspect peut se situer dans cette filiation.

Les différentes théories socialistes

Le socialisme utopique

Origines et affiliations

Le socialisme est né aussi dans les années 1820-1830 avec des penseurs – les précurseurs – comme Saint-Simon (ne pas le
confondre avec le duc de Saint-Simon, mémorialiste), qui s'inscrivit dans la lignée de l'école des idéologues. D'autres
penseurs comme Charles Fourier, Proudhon, et Louis Blanc en France ou encore Robert Owen au Royaume-Uni, considéré
comme le premier à mettre en pratique ses idées avec la création d'une communauté de travail.

Ces premiers socialistes, ainsi que Saint-Simon furent qualifiés par la suite d'utopiques par Friedrich Engels. Ce dernier leur
reprochait de négliger beaucoup trop la réalité sociale, l'existence du prolétariat et l'importance de la lutte des classes.

L'héritage de Saint-Simon sera multiple. Ses écrits ont été repris après sa mort en 1825 par Barthélemy Prosper Enfantin
(polytechnicien), pour engendrer le courant du saint-simonisme. Ce courant a subi assez rapidement un « schisme » entre les
partisans d'Enfantin, plutôt libéraux (Prosper Barthélemy Enfantin, et Michel Chevalier), et les partisans d'Armand Bazard
(polytechnicien également), qui ont initié un socialisme scientifique. Armand Bazard peut être considéré comme l'un des
précurseurs du marxisme.

Les socialismes utopiques n'ont jamais connu d'unification aboutie et cohérente de leurs théories : ils regroupaient plusieurs
penseurs et praticiens aux analyses divergentes. Pourtant, des caractéristiques ont pu être identifiées pour qualifier ce qui fut
l'embryon de la pensée socialiste ou en tout cas la première réflexion réelle et localisée sur la société proto-industrielle et la
montée du capitalisme. Ils se caractérise généralement par l'idée de formation de petites communautés plus ou moins
autogérées et organisant, à côté de la vie professionnelle, la vie sociale (logements, services sociaux et culturel, voire mœurs).
La multiplication de ces communauté, fraternellement fédérées, devant modifier l'ensemble de l'organisation de la société.
Le socialisme utopique a décliné après 1870 lorsque le marxisme s'est imposé comme l'idéologie majeure du socialisme. Il
s'est cependant poursuivi à travers le mouvement coopératif et de nombreuses expériences communautaires auxquelles on
doit rattacher les "milieux libres" libertaires, plus ou moins durables, plus ou moins organisées autour du travail, de
l'épanouissement personnel (Les Rencontres du Contadour de Jean Giono), de valeurs morales (Les Communautés de
l'Arche, etc. Les nombreuses mais souvent éphémères communautés hippies (1967 aux États-Unis) et héritées du mouvement
de mai 1968 constituent la forme récente de l'ancien socialisme utopique.

Aujourd'hui, le socialisme utopique n'existe plus en tant que théorie revendiquée, sauf peut-être implicitement par le groupe
« Utopia », nouveau courant interne au Parti socialiste français. Aussi, la démarche analytique et certaines propositions
peuvent rappeler parfois certains traits de la pensée écologiste.

Analyse et philosophie

Le socialisme utopique prône la transformation sociale et l'édification d'une société idéale, fondée sur l'abondance et l'égalité.

Le socialisme utopique n'entend pas fonder de distinction entre les différentes classes sociales ; elle s'adresse à tous, qu'ils
soient riches ou pauvres, exploiteurs ou exploités et ne projette pas de s'appuyer sur un groupe humain, plus que sur un autre
dans sa stratégie de transformation de la société. Philanthropes, les socialistes utopiques tournent l'ensemble de leurs critiques
du capitalisme autour de ses conséquences néfastes sur le développement de l'homme.

L'homme est avant tout le produit de ses conditions familiales et sociales, mais aussi de son environnement : la société fait
l'homme. Malgré l'édification théorique de sociétés idéales fondées sur des systèmes économiques et sociaux aboutis (le
phalanstère de Fourrier, le communisme colonial de Robert Owen), ils considèrent de façon pragmatique comme prioritaire la
lutte contre les conséquences les plus dures de l'économie capitaliste. Ils prônent entre autres la réduction du temps de travail.
De manière générale, l'amélioration des conditions de vie des travailleurs est le meilleur moyen de lutter contre des maux
sociaux tels que l'ivrognerie ou le besoin de charité privée. Dans une société idéale, la police, la prison, les procès,
l'assistance publique n'ont ainsi plus lieu d'être. Cette élévation du prolétariat au niveau de la dignité humaine passe
notamment pour les plus petits par l'existence de crèche et d'un système éducatif efficace.

Le socialisme utopique repose sur une vision très optimiste de l'homme : l'homme est bon par nature, ce qui implique qu'on
peut faire confiance en sa raison pour faire évoluer la société et aboutir à une civilisation de la Raison et du bien-être.
L'édification sur papier de ces sociétés idéales a aboutit à des constructions intellectuelles complexes et complètes. Des
expériences de « communisme primitif », c'est-à-dire de communauté alliant une organisation sociale harmonieuse et la mise
en commun des richesses et des moyens de production ont été menées et expérimentées dans quelques colonies du nord de
l'Amérique. Ce type d'organisation sociale n'a pas connu de suite réelle, sauf peut-être sous une forme un peu différente par le
biais des kibboutz juifs du Proche-Orient. Cette vision de petites communautés en copropriété et cogestion rappelle
également une autre réaction face à l'industrialisation : un certain retour à la terre et à une volonté d'harmonie avec la nature.

Le socialisme utopique diffère d'autres socialisme par sa méthode. Il ne prône généralement pas de révolution violente, et ne
fait pas confiance en l'action de l'État. Au delà des nombreuses théories, il prône une mise en œuvre pratique immédiate de
sociétés socialistes à petite échelle (les communautés) à partir d'initiatives « privées » ou « citoyennes ». La pérennité des
communautés, leur capacité à survivre dans une univers capitaliste, à perdurer malgré l'évolution personnelle des fondateur a
constitué le principal défi. L'idéal de modification sociale à grande échelle par diffusion des communautés et fédération de
celles-ci au niveau mondial est alors resté au niveau de simple rêve.

Le socialisme marxiste

Origines et affiliations

Le socialisme marxiste est une théorie politique basée sur la conception matérialiste de l’Histoire, et caractérisée par
l’objectif de la mise en commun des moyens de production et d'échanges ainsi que par la répartition des biens équitablement
à tous. Ce courant a été principalement marqué par la pensée de Karl Marx, d'où le terme « marxisme ». Il lutte pour un
monde sans classes sociales et sans oppression.

Analyse et philosophie

Les marxistes défendent l'édification d'une société égalitaire où les hommes vivraient heureux, sans la présence d'un système
économique exploiteur, ni d'un État autoritaire et « bourgeois ». Les marxistes s'appuient largement sur les sciences
humaines, notamment l'Histoire pour fonder leurs théories. Ils pensent que dans l'Histoire, les forces économiques et
politiques déterminent les idées, plus que l'inverse.

Pour Karl Marx, le travail permet à l'homme de transformer profondément la nature. Le travail est ainsi source de progrès,
mais devient, sous la forme de l’esclavage, du servage et du salariat, une source profonde d'injustices. Le travail est alors
pénible et abrutissant. Cette « aliénation », au sens marxiste, désigne le fait que le prolétaire produit les richesses
économiques mais ne les possède pas, et qu'elles se retourneraient contre lui sous la forme du mépris et de la violence
affichés des bourgeois possédants. Pour le marxisme, la source principale de cette aliénation à l’époque contemporaine réside
dans le capitalisme, caractérisé par la propriété privée des moyens de production (les machines, les entreprises, les usines et
les capitaux), le salariat, la domination d'une classe sociale sur les autres. Le prolétaire désigne ainsi le travailleur qui est
obligé de se salarier pour vivre.

La théorie marxiste de la valeur dérive de celle du libéralisme classique : la valeur d'un bien est définie par la quantité de
travail qu'il incorpore (théorie ricardienne de la valeur). En effet, afin de pouvoir confronter les valeurs des marchandises, il
est nécessaire de se rapporter à une unité commune et stable : or la seconde propriété des marchandises, leur utilité, n'ont pas
de valeur commune, et ne peuvent donc être comparées. C'est donc le travail, la dépense de force humaine, qui est leur
dénominateur commun et permet d'estimer leur valeur relative.

La force de travail, est-elle même un marchandise, que doit vendre la prolétaire au capitaliste afin de pouvoir créer, à l'aide
des moyens matériels possédés par le capitaliste (le capital) de la valeur. La force de travail est vendue au prix de sa valeur
d'échange, mais ce qu'en gagne le capitaliste est sa valeur d'usage (le travail lui-même) : comme les deux valeurs différent, il
réalise un surplus, que Marx appelle plus-value.

La différence entre les deux valeurs vient du fait que la valeur de la force de travail est définie par un panier de bien qui
permet sa reconstitution : au XIXe siècle, il s'agit en fait du coût de la survie (alimentation principalement). Cette valeur est
celle que reçoit l'ouvrier en guise de salaire (W). Or il est possible que dans une journée, l'ouvrier fournisse un travail dont la
valeur (N) est supérieure à celle nécessaire à son propre entretien : c'est ce surplus de travail que lui extorque le capitaliste qui
forme la plus-value (PI= N-W).

Le taux de plus-value est alors défini par PI/W. Pour l'accroître le capitaliste peut :

• Faire baisser W, c'est-à-dire le salaire. Cette baisse est par exemple obtenu grâce à une armée de chômeur qui fait
pression à la baisse sur les salaires. Il produit alors de la plus-value relative.
• Accroître PI, en augmentant l'intensité du travail ou sa durée. Il produit alors de la plus-value relative.

Enfin pour Marx, le système capitaliste s'engorge irrémédiablement et génère de plus en plus de biens qu'il ne peut plus
écouler. Les solutions de la bourgeoisie étant la publicité (dont le coût est supporté par les acheteurs), la création de faux
besoins, l'inflation ou encore la guerre. Aussi, l'altération sur le long terme du capitalisme (entre autres la baisse tendancielle
du taux de profit) ainsi que l'exploitation de l'homme par l'homme conduisent les marxistes à imaginer une société avec une
propriété collective des moyens de production.

Selon l’analyse marxiste, la classe dominante organise la société en protégeant du mieux possible ses privilèges. Pour cela,
elle instaure l'État, l'instrument politique de sa domination : une police et une armée chargées de maintenir la sécurité et
l'ordre public, l'ordre « bourgeois ». Marx parle également de « l'idéologie dominante ». Dans toute société, il y a certaines
idées, certaines croyances et certaines valeurs qui dominent la vie sociale et culturelle. Ces idées dominantes sont produites
pour l'essentiel par la classe dominante. Dès lors, ces idées expriment majoritairement la domination de cette classe, c'est-à-
dire la justifient et s'efforcent de la pérenniser. Ces idées dominantes imprègnent les esprits, et ainsi les exploités ont souvent
une vision du monde allant contre leurs intérêts réels. Pendant l'Antiquité, la majorité était persuadée de l'inégalité naturelle
des hommes, d'où l'esclavage. Au Moyen-Âge, la majorité pensait que l'ordre aristocratique était voulu par Dieu et
indépassable. En extrapolant à l'époque moderne, la majorité pense que les inégalités et la propriété privée des moyens de
production sont « naturelles ».

Si l'État est une machine répressive qui va à l’encontre des libertés, il faut la suppression de l’État, qui serait une condition
incontournable pour l'avènement d'une société égalitaire et juste. Le dépérissement de l'État devant passer par plusieurs
étapes:

• Prise du pouvoir par le prolétariat : celui-ci soit s'empare des principaux leviers de commande de l'État (armée,
police, administration, capitaux, banques), soit supprime l'État (divergence au sein des marxismes sur ce point).
• Ensuite, il faut passer par une phase où les travailleurs détiennent l'ensemble du pouvoir (parfois appelée « dictature
du prolétariat »). Cette dictature du prolétariat est doublement légitime d'après le marxisme, parce qu'elle est le
pouvoir des anciennes masses exploitées, et qu’elle permet de mettre fin à la division de la société en différentes
classes sociales (permettant ainsi une véritable égalité).
• Dans l'hypothèse léniniste de « l'État prolétarien », il faut que ce dernier disparaisse peu à peu. Seulement, on
rencontre là un problème très difficile : comment gérer la vie sociale sans dominer, comment organiser sans
exploiter ? Au fond, comment réaliser une vraie démocratie ? Pour cela, Lénine disait s'inspirer des mesures prises
par la Commune de Paris en 1871 qui étaient les suivantes : tous les représentants politiques de la collectivité
étaient élus au suffrage universel direct (moins de représentativité politique), étaient révocables à tout instant (les
mandats politiques étant les plus courts possibles) et considérés comme personnellement responsables de leurs
actions. Leurs charges politiques ne leur apportaient aucun avantage particulier : le ministre ayant le même salaire
qu'un ouvrier.
• Le but final est de parvenir à une société libre, égalitaire et fraternelle, débarrassée des rapports de hiérarchie, du
travail salarié, des États et des frontières, et de toute forme d’aliénation.

Le socialisme libertaire (anarchisme)

Origines et affiliations

L'anarchisme a été pendant longtemps une partie intégrante du mouvement socialiste international (voir première
internationale), dont il incarnait la tendance libertaire. Les penseurs principaux de cette tendance seront Pierre Joseph
Proudhon et Michel Bakounine, d'autres penseurs de cette tendance suivront par la suite.

À la genèse de l'anarchisme politique, on trouve les travaux pionniers de William Godwin : en 1793, il publie Enquête sur la
justice politique et son influence sur la morale et le bonheur, œuvre largement inspirée par la Révolution française. Il y
propose une critique radicale de la société et de toutes les formes de gouvernements qui empêchent l'épanouissement des
individus, et qui les mènent à leur corruption. Les travaux de Bakounine sont aujourd’hui une référence importante du
socialisme libertaire.

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Au niveau théorique, le communisme est une conception de société sans classe, une organisation sociale sans État, fondée
sur la possession commune des moyens de production et qui peut être classée comme une branche du socialisme. Il part de
l'adage « de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins ».

Au niveau politique, le communisme désigne une variété de mouvements qui affirment chercher à établir à terme une telle
société. Parmi les communistes, on trouve une considérable variété d'interprétations, principalement portées par les courants
marxistes, mais aussi anarchistes, et chrétiens. La première division s'est opérée entre anarchisme et marxisme au sein de la
Première Internationale. Néanmoins, les courants communistes qui se sont le plus distingués par leur influence sur l'ordre
politique mondial depuis le début du XXe siècle sont d'influence marxiste, directement (Manifeste du Parti communiste) ou
indirectement (léninisme). La lutte des classes joue un rôle central dans la théorie marxiste (et également dans d'autres
tendances communistes). L'établissement du communisme correspond dans cette théorie à la fin de toute lutte des classes, la
division des êtres humains en classes sociales ayant disparu.

L'expression « communisme primitif » est parfois utilisée pour décrire l'organisation sociale des premières communautés
humaines. Dans La République, Platon évoque déjà une organisation de société de type communiste.

Karl Marx, défendant la nécessité de l'autonomie du mouvement ouvrier et de l'internationalisme, soutenait que la société ne
pouvait d'un coup être transformée depuis le mode de production capitaliste vers le mode de production communiste. Elle
nécessitait une période de transition que Marx a parfois décrit comme la révolutionnaire dictature du prolétariat. Dans le
Manifeste du Parti communiste, il définit le communisme comme « une association où le libre développement de chacun est
la condition du libre développement de tous ». La société communiste imaginée par Marx, émergeant d'un capitalisme
largement développé, n’a jamais été établie, et demeure théorique.

Au niveau historique, le mot « communisme » est souvent utilisé pour désigner les régimes politiques et économiques
gouvernés par des partis se réclamant du communisme. Ces régimes prétendaient être des formes de « dictature du
prolétariat ».

Le concept de communisme est donc l'objet d'un débat sémantique, selon deux axes qui interfèrent :

• lutte « interne », entre communistes revendiqués (qui peuvent s'opposer politiquement et théoriquement), divers
courants s'attribuent le terme parfois à l'exclusion des autres ;
• lutte « externe », entre pro-communistes et anti-communistes : les premiers expliquent que les désastres
environnementaux, humains ou sociaux, les crimes de masse commis ou provoqués par les régimes du Bloc
soviétique n'étaient pas liés à l'idéologie communiste, considérant que ces États n'étaient pas communistes et que le
communisme reste un projet de société qui n'a jamais été réalisé. Ils mettent ces crimes et désastres écologiques sur
le fait du totalitarisme, du productivisme ou bien encore pour une partie d'entre eux sur le stalinisme et ses dérivés.

La notion de communisme est par conséquent extrêmement controversée et désigne souvent des réalités différentes selon les
personnes qui l’utilisent.
Sommaire

• 1 Étymologie
• 2 Usages du terme
• 3 La théorie économique et sociale
• 4 Moyens politiques
• 5 Idées connexes
• 6 Le communisme dans l'histoire
o 6.1 Les différentes formes de communisme
o 6.2 Les sociétés présentant des caractéristiques historiquement communistes
o 6.3 La famille, forme sociale présentant des caractéristiques communistes
• 7 Voir aussi
o 7.1 Notions liées au communisme
o 7.2 Philosophie
o 7.3 Sociologie
o 7.4 Littérature
o 7.5 Autres liens internes
o 7.6 Liens externes

• 8 Bibliographie

Étymologie

Le terme communisme vient du terme latin « commūnis », ce qui est commun à un groupe, auquel s'adjoint le suffixe
« -isme » désignant une doctrine. La commune serait également un des termes définissant le cadre du groupe (de ce qui lui
serait commun) dans lequel se définit le communisme (notamment voir les Bêcheux).

Usages du terme

Divers usages existent autour du terme « communisme ». Il est assez souvent assimilé au mouvement marxiste, qui n'est que
sa composante principale, voire avec le collectivisme politique et/ou économique.

Les régimes politiques qui étaient en place dans l'Union soviétique et dans le « bloc communiste » sont communément
désignés aujourd'hui sous le nom de « régimes communistes ». La qualification « communiste » de ces régimes est contestée
principalement par des communistes ou sympathisants. Des marxistes et des anarchistes, minoritaires, ont analysé dès leur
apparition ces pays comme des régimes « capitalistes d'État ». Les trotskystes estiment qu'il s'agit d'une monstrueuse
dégénérescence d'un « État ouvrier » issu de la Révolution russe. La majorité des communistes (staliniens) reconnurent
longtemps ces régimes comme découlant de leurs idées. Les adversaires du communisme considèrent que la nature autoritaire
ou totalitaire de ces régimes découle logiquement de l'idéologie communiste.

Les dirigeants de ces pays les déclaraient « socialistes ». Ce terme fut le plus communément utilisé dans ces pays, il
représenta un régime politique et une économie planifiée. Le « socialisme » fut défini par des théoriciens léninistes comme
l'étape préliminaire et nécessaire vers le communisme, la société idéale sans classes ni propriété. Ce régime fut appelé aussi
au départ la dictature du prolétariat, terme abandonné vers 1936 pour le « socialisme triomphant » et ensuite, vers les années
1970, le « socialisme développé ».

Dans son sens ancien, le communisme prescrivait la mise en commun de tous les biens. C'est par « collectivisme » qu'on
désignait les doctrines de mise en commun des seuls moyens de production.

Quelques années après la répression de la commune de Paris en 1871, et jusqu'en 1917, les marxistes étaient désignés comme
« collectivistes » et la majorité des anarchistes comme « communistes », du fait que le premier courant voulait utiliser un État
dirigé par les travailleurs et la collectivisation comme outil de transition, au contraire du second qui voulait utiliser
directement des moyens libres et autonomes pour atteindre le but recherché.

Une société communiste se définit au plan théorique comme une société sans classes, sans salariat et sans État. L'URSS, ses
nations composites et satellites n’ont jamais réalisé l'idéal communiste, même selon les théories staliniennes : ils se disaient
« en route vers » le communisme.
Ainsi, il est nécessaire de reprendre l'historique du mot et de séparer les différents courants ainsi que les différents concepts
utilisés.

La théorie économique et sociale

Sur le plan de l'organisation sociale et économique, le mot communisme conjecture l'organisation d'une société :

• où, selon le principe « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins », les rapports économiques ne
sont pas réglés par un principe d'échange intéressé de marchandises, mais collectivement organisés en vue de
satisfaire les besoins. Le flux de biens n'a pas besoin d'être réciproque, il est donc basé sur la gratuité. Il n'y a ni
commerce, ni argent, ni tout autre rapport marchand (chacun ayant tous ses besoins couvert par le mode de
production communiste, il n'y a plus d'« échange » à proprement parler). La propriété privée est, sinon abolie, du
moins très limitée, de sorte que la notion de « don » perd également de sa pertinence.

• où les moyens de production (usines, terres agricoles, fermes d'élevage, moyens de transport, distribution, etc.) sont
mis en commun, avec comme but de répondre aux besoins de chacun, et gérés par la population travailleuse elle-
même. Ainsi, les gaspillages dûs à la concurrence et au contrôle d'une minorité sur la production disparaîtraient.

• sans division en classes sociales et sans État (sans force de coercition au service d'une classe). Le communisme
admet que tous ne sont pas aussi productifs pour tout, et qu'il doit attendre une production « de chacun selon ses
capacités », mais il considère que chacun peut généralement à son gré se livrer aux occupations de son choix, qu'on
peut abolir la division sociale du travail sans mettre en péril la production et donc la disponibilité des biens (vision
qu'on retrouve dans la théorie, plus récente, de la société post-industrielle évoquée par Herman Kahn), et supprimer
toute force coercitive, comme la police ou l'armée, et plus généralement fonctionner sans État. Il admet que
certaines tâches et fonctions sont plus désagréables ou agréables que d'autres, et compte sur la démocratie directe
pour juguler les conflits, notamment ceux relatifs à la production.

Des difficultés théoriques se posent pour l'instauration du communisme :

• la définition des « besoins » vers lesquels il faut orienter l'appareil de production. Tout le monde n'a pas les mêmes
priorités. La réalisation du principe « de chacun selon ses besoins », implique que chaque individu définit ses
propres besoins, et que ce n'est pas un système ou un appareil qui le définit à sa place ; une solution serait
d'organiser le recensement des besoins des individus au niveau communal ou des conseils ouvriers, pour
conséquemment produire le nécessaire afin de répondre à ces besoins recensés.

• le risque de voir un groupe se constituer en classe privilégiée. Les individus qui parviendraient à maîtriser le
système politique chargé de gérer l'appareil de production formeraient spontanément la bureaucratie. Prétextant
constituer une « avant-garde du prolétariat » mais poursuivant des fins propres (intérêt de classes) et non l'intérêt
général, elle utiliserait le régime à son profit. Les communistes estiment que si de tels dangers peuvent exister,
surtout peu de temps après l'instauration de l'état ouvrier, ils seront contenus par le contrôle de l'ensemble de la
population sur les différents responsables, à tous les niveaux, et leur révocabilité.

Moyens politiques

Le passage d'une société non communiste à une société communiste constitue un moment délicat : les moyens divergent
selon les tendances existantes au sein du mouvement communiste, néanmoins la période révolutionnaire (avec toutes les
conséquences d'une révolution) est une base commune, même si les moyens pour la réaliser ne le sont pas.

En théorie, le communisme est l'aboutissement ultime de l'évolution des sociétés humaines de la commune primitive à
l'esclavagisme, de l'esclavagisme au féodalisme, du féodalisme au capitalisme, du capitalisme au socialisme par la révolution,
et du socialisme (qui n'a pas fini de s'affranchir de toutes les traces du capitalisme ni la propriété privée de biens meubles ou
immeubles familiaux) au communisme (où il n'y a plus ni propriété privée, ni classes). Par définition, celui-ci ne pouvait en
fin de processus qu'embrasser l'humanité entière.

Des expériences, notamment en Espagne en 1936 dans une période révolutionnaire, dans des collectivités (il existera aux
alentours de 3000 collectivités dans toute l'Espagne) aragonaises ou catalanes (et dans d'autres régions), ont effectué des
réalisations partiellement communistes (en laissant, et de manières diverses selon la situation de chaque collectivité, aux
petits propriétaires, lorsque cela ne gênait en rien les moyens de réaliser la subsistance des collectivités, la liberté de garder
leurs biens ou de s'associer ou non aux collectivités). Par ailleurs, dans les pays à régime dit « marxiste-léniniste »
d'inspiration soviétique, l'étape révolutionnaire donnait naissance à des « républiques populaires » ou « démocraties
populaires », l'évolution ultérieure, après liquidation des classes exploiteuses donnait naissance à des « républiques
socialistes », et si le processus s'était poursuivi, on aurait finalement eu, en théorie, une seule « république communiste »
mondiale. Les intitulés officiels de ces États étaient censés refléter l'état d'avancement de leurs sociétés vers l'objectif
communiste. Les appellations de courtoisie officielles reflétaient elles aussi la situation de chaque interlocuteur par rapport à
cet objectif : quiconque était censé le poursuivre était un « camarade » ; quiconque y consentait passivement était un
« citoyen » ; quiconque ne le poursuivait pas était un « monsieur » ou une « madame » (interlocuteurs étrangers issus des
pays non-communistes) et quiconque s'y opposait était un « ennemi de classe » ou « du peuple ».

C'est sur la façon d'organiser ce passage progressif à une société communiste que les courants se séparent en plusieurs
approches :

• Le léninisme (incluant le trotskisme), partant de l'idée de Karl Marx que l'État est une machine au service de la
classe dominante, conçoit le passage de la société capitaliste à la société communiste comme la destruction de
l'appareil d'État de la bourgeoisie dans une révolution mobilisant de larges couches de la population et emmenée
par la classe ouvrière, et de la construction d'un État ouvrier, au service de la majorité de la population. Cet État
doit s'approprier les grands moyens de production et organiser l'activité économique en vue de la satisfaction des
besoins de la population. Cette période historique, appelée dictature du prolétariat, doit être, selon le mot de Lénine,
« un million de fois plus démocratique que n'importe quelle démocratie bourgeoise ». Cette période de transition
doit conduire à la constitution d'une société sans classes, dans laquelle l'État sera amené à disparaître, à
« s'éteindre » (Engels), afin de conduire au communisme.

• Le réformisme s'est développé au sein du mouvement ouvrier avec la croissance et les succès des premiers grands
partis ouvriers, à la fin du XIXe siècle. Les réformistes suggéraient la possibilité d'un passage à une société
communiste sans recourir à une confrontation violente, par l'acquisition de positions institutionnelles et les
nationalisations de pans vitaux de l'économie (transports, énergie…). (Il est à noter que ce réformisme n'a rien à
voir avec l'acception actuelle du mot, qui qualifie aujourd'hui des courants visant à « améliorer » le capitalisme, et
non à le supprimer.)

• L'approche anti-étatique (anarchistes et minorité des marxistes), utilisant les moyens autogestionnaires et
révolutionnaires d'appropriation des moyens de production refusant immédiatement la division en classe sociale de
gestionnaires/gérés, et réalisant le communisme par les moyens utilisés, sans attendre une transition.

• D'autres courants, comme les maoïstes, envisagent la prise du pouvoir comme résultant d'une guerre populaire
prolongée.

Selon Marx, mort en 1883, la Commune de Paris (1871), malgré toutes les imperfections qu'elle comportait, a été
l'expérience historique la plus proche du communisme, par la mise en place d'un début de démocratie véritable (voir La
Guerre civile en France).

Des anarchistes appelleront les associations de travailleurs à se fédérer de manière autonome. Errico Malatesta développe
dans le gradualisme révolutionnaire, la nécessité de l'autonomie du mouvement ouvrier, afin d'éviter toute avant-garde
éclairée, ou de futurs gouvernements « ouvriers ». L'entr'aide (pour réaliser les moyens à l'émancipation sociale) et la lutte
révolutionnaire directe (pour se libérer de l'exploiteur et de ses soutiens) afin de mener à des conditions favorables à la
réalisation du communisme. Le communisme est considéré par les anarchistes, selon la situation, comme une économie
réalisable aussitôt la révolution entreprise ; des auteurs comme Pierre Kropotkine exposeront des possibilités d'économies
communistes, dont la prise au tas, organisé de manière communale.

Idées connexes

On doit également citer des valeurs ou idées inventées ou reprises à son compte par le communisme :

• La conception matérialiste de l'histoire,


• L'entraide et sa variante contemporaine, la solidarité,
• Le gradualisme révolutionnaire tendant à réaliser révolutionnairement des conditions favorables à la réalisation du
communisme (ainsi que de l'anarchisme),
• La prise au tas, comme moyen direct d'organisation du communisme.

Le communisme dans l'histoire

Le mot communisme désigne une idée mais aussi des mouvements politiques, divers et contradictoires, qui militent pour
l'avènement d'une société sans classe sociale, sans salariat, sans propriété privée de moyens de production, sans État et sans
capitalisme. L'objectif proclamé est la liberté et l'égalité de l'Homme.
On trouve parmi les mouvements politiques qui se revendiquent du communisme aussi bien des anarchistes que des marxistes
ou des mouvements de lutte ouvrière.

Les régimes s'étant déclarés « socialistes » ou « vers le communisme » : l'Union soviétique, ses pays satellites, la Chine, la
RDA, Cuba, le Cambodge, l'Albanie, le Vietnam, l'Afghanistan, l'Angola, la Corée du Nord. La doctrine de ces régimes est
issue du léninisme, le plus souvent dans sa variante stalinienne. Ces États se sont livrés au bâillonnement de l'opposition,
pouvant aller jusqu'à l'élimination physique, et à un contrôle pratiquement absolu de la presse et de la liberté d'expression en
général.

Les différentes formes de communisme

Le mouvement politique anticapitaliste naît dans les années 1840. Porté par une classe ouvrière démographiquement
croissante et pauvre, il se développe plus tard au sein de l'AIT, dont il est l'un des principaux courants. Au lendemain de la
défaite de la Commune de Paris en 1871, c'est la scission entre marxistes et anarchistes autour de la question de la méthode
pour éliminer la propriété individuelle caractéristique du capitalisme : les marxistes estiment nécessaire une période de
transition avec collectivisation des propriétés, sous le contrôle d'État « socialiste » devant dépérir progressivement ; alors que
les anarchistes prônent une abolition directe de la propriété, tout en organisant la fédération économique des moyens de
production et de consommation. Le mouvement communiste est donc composé à l'origine de deux branches politiques
principales : anarchistes communistes et marxistes.

Sur les différents mouvements historiques et/ou politiques ayant appliqué le communisme ou s'étant référencés au
communisme (en tant que théorie économique et sociale), et proposant différents moyens (République, Étatisme, fédéralisme,
préceptes de la Bible, conseillisme, communalisme, syndicalisme, révolutions, spontanéisme, etc.), plus ou moins
complémentaires, pour réaliser ce communisme :

• communisme primitif, sur le mode d'organisation économique de certaines sociétés primitives ou traditionnelles ;
• communisme de Platon (dans son dialogue La République),
• communisme chrétien (Bêcheux, la théologie de la libération, etc.),
• communisme marxiste (Karl Marx, dictature du prolétariat, lutte des classes, Rosa Luxemburg, Antonio Gramsci,
Anton Pannekoek, Karl Korsch, Lénine, Trotsky),
• communisme libertaire (Pierre Kropotkine, Errico Malatesta, Prise au tas, Entr'aide, gradualisme révolutionnaire,
communalisme libertaire).

Les sociétés présentant des caractéristiques historiquement communistes

• Le communisme primitif est une société primitive qui aurait existé dans la période préhistorique (toutefois, cette
idée est mise en doute par des anthropologues).
• Certaines sociétés ayant un environnement hostile qui impose de fait une société d'entraide (Inuits, tribus indiennes
des Amériques).
• Dans la Russie tsariste, la terre appartenait généralement collectivement à la commune (le village) et elle était
redistribuée périodiquement aux familles en fonction de leur taille (voir Anatole Leroy-Beaulieu, L'Empire des
Tsars et les Russes, et références citées). C'est exactement le système ayant eu cours pendant la période soviétique
pour la redistribution d'appartements (appartenant collectivement à la nation et affectés aux familles selon leurs
tailles).
• Les premières communautés chrétiennes auraient fonctionné sur un mode communiste (ce dernier point étant
contesté par d'autres chrétiens). Des chrétiens interprètent des passages bibliques comme une indication d'idéal
communiste (le partage des biens). Au moyen âge, des communautés chrétiennes liées par un idéal religieux
mettront leurs biens en commun. Les kibboutzim sont également proches du communisme (collectivisme lié au
réseau marchand du reste d'Israël mais avec mise en commun des moyens de production d'ailleurs souvent basés à
l'identique sur la structure des sovkhozes soviétiques).
• Des collectivités (en Catalogne, en Aragon, etc.) lors de la révolution espagnole réaliseront, selon des anarchistes et
des marxistes notamment conseillistes, pour certaines d'entre elles un début de communisme libertaire.

La famille, forme sociale présentant des caractéristiques communistes

La famille est, selon certains communistes chrétiens, un groupement ayant des aspects communistes (bien qu'une majorité des
communistes refusent la famille comme réalité communiste, du fait entre autres de l'héritage).

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