Département de français. 1ère année master sciences du langage
Module: Pragmatique linguistique.
Enseignant: M.MORSLI.
Année universitaire 2014/2015.
Plan du séminaire. Présentations de la pragmatique (ses rapports avec la linguistique). La théorie des actes de langage de Austin. La théorie des actes de langage chez Searle. théorie de Grice (le principe de coopération et les maximes conversationnelles). La pragmatique intégrée (Ducrot/Anscombre). La pragmatique. Genèse et fondements. 1- Quelques définitions. 2-La pragmatiques et la recherches linguistiques antérieures. 3. Les fondements et les précurseurs. a. Les philosophes et rhétoriciens grecs. a- La philosophie analytique (Russel, Frege, Wittgenstein). b- Les précurseurs: b.1. Frege. b.2. Peirce. b.2.Morris. 4.Quelques courants pragmatiques. 1. Quelques définitions. • « L’étude de l’utilisation du langage dans le discours et des marques spécifiques qui, dans la langue, attestent de sa vocation discursive (A-M. Diller et F. Récanati) ;
• « l’étude du langage comme phénomène à la fois discursif, communicatif et
social (F. Jacques). • La pragmatique est cette sous-discipline linguistique qui s’occupe plus particulièrement de l’emploi du langage dans la communication (L.Sfez) ». (Blanchet, 1995: 09). • «La pragmatique est le domaine qui étudie l’usage qui est fait de la langue dans le discours et la communication, et vise à décrire l’interaction entre les connaissances linguistiques fournies par les différentes unités linguistiques et les connaissances extralinguistiques (ou contextuelles) nécessaires pour comprendre les phrases énoncées ». (Antoine Auschlin, Jacques Moeschler 2009: 18). 2. La pragmatique et les recherches linguistiques antérieures. • Pour se constituer en discipline dans le domaine des sciences du langage, la pragmatique a remis en cause certains points fondamentaux sur lesquels s’est constituée la linguistique structuraliste et générativiste antérieure: • « la priorité de l’emploi descriptif et représentatif du langage ; • la priorité du système et de la structure sur l’emploi ; • la priorité de la compétence sur la performance ; • la priorité de la langue sur la parole. » (F. Armengaud, 1985: 7). Origines philosophiques et précurseurs. • Les rhétoriciens grecs: «Ils réfléchissaient aux liens existant entre le langage, la logique (notamment argumentative) et effet du discours sur l’auditoire » (Blanchet, 1995: 10). • La rhétorique renvoie globalement aux techniques utilisées dans le discours pour emporter la conviction de l’auditoire en se basant sur la manipulation et la connaissance des passions et des mœurs des auditeurs. Ces techniques sont propres au langage, considérée comme le moyen de cette action de persuasion. La philosophie analytique du langage. • Elle doit ses origines à deux philosophes mathématicien: B. Russel et Gottlob Frege. Ils s’intéressait aux langage formels basés sur la logique qui permettent d’établir des proposition scientifiques (langue scientifique), univoques. • Ainsi ils rejettent les langues naturelles considérée comme ambigu. Frege et Russel écartent la langue naturelle en raison de son ambiguïté et équivocité. • Les philosophes du langage tente de construire un langage scientifique fondé sur des propositions univoques et vérifiables empiriquement. • Ces auteurs reprochent aux langues naturelles leur ambiguïté. Ils cherchent à construire un langage purement logique, purement scientifique dépourvue d’ambiguïté. • Wittgenstein: Au sein même de la philosophie analytique, avec d’autres philosophes, ils se proposent d’étudier « les formes usuelles de la pensée (logique des langues naturelle), ainsi que les formes usuelles du langage (langage ordinaire). » (Sarfati, Paveau, 2003: 207). • Wittgenstein propose « la tâche de décrire l’usage courant du langage ordinaire » (Blanchet, 15-16) • Il pose les questions suivantes: « Qu’est ce qui donne la vie au signe? C’est dans l’utilisation qu’il vit. ». Il dit « Pose-toi la question: à quelle occasion, dans quel but disons-nous cela? Quelle façon d’agir accompagnent ces mots (…) pourquoi? » (cité par F. Armengaud: 24). • Il propose la notion de ‘’jeu de langage’’ proche de la notion d’acte de langage d’Austin ». Les jeux de langage. • « Le mot de jeu de langage doit faire ressortir ici que parler une langue est partie d’une activité, d’une façon de vivre. Représente toi la variété des jeux de langage à l’aide de ces exemples et d’autres encore: ordonner ou agir selon des ordres; -décrire un objet en fonction de son apparence ou des mesures (…) inventer une histoire, (…) remercier, maudire, saluer, dire une prière». Wittgenstein, cité par Armengaud pp24-25. G. Frege. • Il «a développé la dissociation «sens/référence». La référence est extralinguistique, c’est ce dont on parle, objet du monde réel ou imaginaire. Le sens est le mode de désignation adopté par la langue. L’un et l’autre ne sont pas identiques. ». • Pour lui «l’analyse doit tenir compte du fait que deux modes de désignation différents comme « le jus de la treille » et « le nectar des dieux » ont le même référent (l’objet vin) mais des sens différents (ils ne sont pas synonymes) ». • Il a établi deux principes: • La «contextualité » (le sens des mots doit être examiné à partir du contexte formé par les énoncés où ils sont employés). • «vériconditionnalité» (le sens des énoncés dépend de conditions de vérité référentielle)». (Blanchet: 20). C.S. Peirce. • Signe type/signe occurrence: «Le type est le signe comme entité abstraite, idéale, situé du côté de la « langue » saussurienne. L’occurrence est l’usage concret, en contexte, du type. Le sens littéral est du côté du type. La signification en contexte est du côté de l’occurrence. • La tripartition du signe: le signe-symbole associé au référent par une convention culturelle ( comme le signe de Saussure), • le signe-index (il ne fonctionne que par occurrence, puisque son existence même est dépendante d’un contexte, la fumée et le feu). • le signe-icône (qui partage quelques-unes des propriétés de son référent, comme un dessin figuratif). Transposé dans l’analyse de la langue, le signe-index correspond à l’embrayeur ou déictique (ex. je), le signe icône à l’onomatopée » (Blanchet: 22). Ch. W. Morris. • Il reprend à Peirce la notion de la sémiosis, la mise en signe (c’est-à-dire la communication) (Blanchet:23). • Pour lui, l’étude de la sémiosis, la sémiotique, se divise en trois partie: • La sémantique: l’étude des relations des signes aux objets. • La syntaxe: l’étude de la relation des signes entre eux. • La pragmatique: il la définit comme la «(…) partie de la sémiotique qui traite du rapport entre les signes et les usagers des signes ». C’est la plus vielle définition de la pragmatique. (Blanchet, 1995: 23). Quelques courants pragmatiques. • Il n’est pas facile de dessiner les contours des différents courants théoriques de la pragmatique, mais on peut esquisser quelques tendances qui cristallisent les recherches contemporaines: • La théorie des actes de langages (avec ses développements). • La pragmatique de Grice et la pragmatique cognitive (D. Sperber, D. Wilson) qui en est issue en partie. • La pragmatique intégrée à la linguistique qui s’est construite autour des travaux de Ducrot/Anscombre.