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du gouvernement : de retour
aux déficits
@HEC Montréal
Décembre 2010
Introduction
• Le Canada est une économie mixte où le secteur public prélève
une part importante des revenus et compte pour une large part
des dépenses globales (20 % du PIB selon comptes nationaux).
• Après deux décennies de déficit budgétaire et d’endettement, le
gouvernement fédéral a finalement pris les moyens d’assainir les
finances publiques canadiennes à partir de 1996-1997.
• Depuis 1997-1998, le gouvernement canadien a réalisé dix
surplus budgétaires consécutifs qui ont eu pour effet de mettre
fin à la dynamique insoutenable de l’endettement.
• Le gouvernement fédéral a ainsi diminué significativement sa
dette et le service de cette dette (intérêts). Les surplus ont
également permis au gouvernement fédéral de réduire les
impôts, de réinvestir dans la santé et l’éducation et d’accroître
les paiements de transferts aux provinces.
• La crise économique et financière a évidemment remis tout cela
en question. Les gouvernements fédéral et provincial devraient
enregistrer des déficits budgétaires au cours des prochaines
années fiscales (2010-2011 à 2014-2015) en les finançant par
une augmentation de leur dette (164 milliards au fédéral et 12
milliards au provincial).
• Pour amenuiser les effets de la récession, le gouvernement
fédéral a mis en place un plan de relance sur deux années (2009-
2010 et 2010-2011), représentant plus des trois quarts des
déficits prévus et un peu moins de 2 % du PIB.
• Le retour à l’équilibre budgétaire est anticipé pour 2013-2014,
au Québec et pour 2014-2015 au Canada. Par contre, les
stratégies divergent. Le gouvernement fédéral mise sur le
caractère temporaire de son plan d’action et le retour de la
croissance économique. Le gouvernement québécois désire
maintenir la croissance des dépenses à 3,2 % par année et
prévoit des hausses de revenus à partir de 2011.
Plan de la présentation
• Les comptes du secteur public et le budget 2010 du
gouvernement fédéral:
– Solde budgétaire, solde primaire, service de la dette
– Surplus et déficit budgétaire : interprétation
– Solde budgétaire cyclique et structurel
• La politique budgétaire et la stabilisation du cycle
économique
• La contrainte budgétaire du gouvernement et la
dynamique de la dette publique
• Les prévisions budgétaires et les chocs
macroéconomiques
Les comptes du secteur public
Le budget 2010-2011 du
gouvernement fédéral
La comptabilité du secteur public
• Avant d’analyser les impacts macroéconomiques de ces
décisions, il serait bon d’examiner la comptabilité du secteur
public.
• Le solde budgétaire du gouvernement (SB) est égal à la
différence entre ses revenus totaux (RT) et ses dépenses totales
(DT).
SB = RT - DT
• A court terme, le gouvernement a peu de contrôle sur les
paiements d’intérêt sur sa dette. On distingue donc deux types
de dépenses: les dépenses de programme (DP) et le service de la
dette (SD).
SB = (RT - DP) - SD
• Le premier terme (RT - DP) est le solde primaire (SP). On peut
donc écrire:
SB = SP - SD
Surplus et déficits
– Le solde budgétaire du gouvernement est en équilibre
(SB=0) si SP = SD
– Le solde budgétaire est positif (il y a alors surplus
budgétaire): SB >0
• si le solde primaire est positif et supérieur au
service de la dette (SP SD).
– Le solde budgétaire est négatif (il y a alors déficit
budgétaire): SB < 0
• si le solde primaire est négatif (SP < 0).
• si le solde primaire est positif mais inférieur au
service de la dette (SP < SD).
Le budget fédéral 2010: les revenus
(en milliards de dollars)
Impôt sur le revenu 148,0
Particuliers 117,0
Sociétés 25,5
Non résidents 5,5
Taxes et droits d’accise 41,0
Taxes sur les produits et services 27,3
Droits de douanes à l’importation 3,4
Autres taxes et droits 10,3
Recettes fiscales totales 188,9
Recettes non fiscales
Cotisations à l’assurance emploi 17,6
Autres recettes non fiscales 24,8
Recettes totales (RT) 231,3
Le budget fédéral 2010: les dépenses
(en milliards de dollars)
Dépenses de programmes directes 120,4
Transferts aux particuliers 72,0
Prestations aux aînés 36,7
Prestations d’assurance emploi 22,6
Prestations pour enfants 12,7
Transferts à d’autres gouvernements 56,8
Santé et programmes sociaux 37,1
Arrangements fiscaux 16,4
Paiements de remplacement - 2,9
Villes et collectivités au Canada 2,0
Autres 4,3
Dépenses de programmes totales (DP) 249,2
Budget fédéral 2010: sommaire des opérations
(en milliards de dollars)
Composantes 2009-2010 2010-2011
RT (Recettes totales) 213,9 (14,0) 231,3 (14,4)
DP (Dép. programmes) 237,8 (15,6) 249,2 (15,6)
SP (Solde primaire) - 23,9 (1,6) - 17,9 (1,1)
SD (Service de la dette) 29,9 (2,0) 31,3 (2,0)
SB (Solde budgétaire) - 53,8 (3,5) - 49,2 (3,1)
B (dette fédérale) 517,5 (33,9) 566,7 (35,4)
PIB nominal 1 526,5 (100) 1 600,8 (100)
Chiffres entre parenthèses en % du PIB nominal
Solde budgétaire cyclique et structurel
• L’évolution du solde budgétaire dépend non seulement
des décisions gouvernementales mais également du
cycle économique et de la bonne gestion des fonds
publics.
• Les décisions gouvernementales relatives aux impôts,
aux taxes et aux dépenses relèvent de la politique
budgétaire.
• Le cycle économique influence surtout les recettes
fiscales et, dans une moindre mesure, les dépenses
(assurance emploi).
• Le solde budgétaire a aussi une composante structurelle
qui est défini par rapport au PIB de plein emploi; on
peut la relier à la bonne gestion des fonds publics.
Équilibre budgétaire et plein emploi
RT, DT
RT
Il n’y a pas de
solde structurel
SB = 0 au plein emploi
RT=DT
DT
YPE PIB
Déficit budgétaire structurel
RT, DT
RT
DT
SB < 0
RT DT
PIB
YPE
Surplus budgétaire structurel
RT, DT
RT
RT
SB > 0
DT
DT
PIB
YPE
Solde budgétaire et cycle économique
RT, DT
RT
Surplus
cyclique
Déficit
cyclique
DT
Y0 YPE Y1 PIB
Solde budgétaire Solde budgétaire Solde budgétaire
Année observé Structurel conjoncturelle
1990 - 33 309 - 37 026 + 3 717
1991 - 37 214 - 29 575 - 7 639
1992 - 35 787 - 24 810 - 10 977
1993 - 39 696 - 29 365 - 10 331
1994 - 35 088 - 30 455 - 4 633
1995 - 31 700 - 26 538 - 5 162
1996 - 16 957 - 8 013 - 8 944
1997 + 6 476 + 12 575 - 6 099
1998 + 7 676 +12 246 - 4 570
1999 + 8 770 + 7 693 + 1 077
2000 + 20 028 + 13755 + 6 273
2001 + 12 010 + 11 794 + 210
2002 + 9 396 + 9 247 + 149
2003 + 4 121 + 6 250 - 2 129
2004 + 10 830 + 10388 - 442
2005 + 1 019 - 425 - 594
2006 + 11 150 + 8 785 + 2 619
2007 + 15 154 + 13769 + 1 385
2008 + 2 668 +13 801 - 11 133
Applications canadiennes
• Épisode de 2006-2007
1. Écart inflationniste , fin de cycle économique
2. Surplus budgétaire en partie structurel de 14
milliards de dollars qui a servi à rembourser
la dette
• Épisode de 2009-2010
1. Écart récessionniste important à cause de la
crise économique et financière
2. Déficit de 34 milliards de dollars,
essentiellement cyclique
La politique budgétaire et la
stabilisation du cycle économique
La politique budgétaire
keynésienne
Politique discrétionnaire vs automatique
• Une politique budgétaire qui contribue à la stabilisation
du cycle économique relève essentiellement du choix
volontaire des gouvernements d’utiliser leur pouvoir de
dépenser et de taxer dans le but ultime d’assurer le
maintien du plein emploi et la stabilité des prix.
• Il existe toutefois un mécanisme de stabilisation
automatique du cycle économique relié simplement au
fait que les fluctuations du PIB influencent directement
les dépenses (ex. assurance emploi) et surtout les
revenus (ex. hausse des recettes fiscales lorsque
l’activité économique augmente).
Politique budgétaire et solde primaire
• À court terme, seul le solde primaire peut être affecté par
les décisions du gouvernement.
• En principe, le solde primaire pourrait devenir une cible
intermédiaire par laquelle le gouvernement cherche à
influencer la demande globale et l’équilibre
macroéconomique (la cible finale).
• Les instruments dont dispose le gouvernement pour ce
faire sont ses dépenses et ses taxes:
– Si le gouvernement veut stimuler la demande globale, il peut
réduire ses taxes et/ou augmenter ses dépenses
• dans ce cas, le solde primaire (SP) se détériore
– Si le gouvernement veut réduire la demande globale, il peut
augmenter ses taxes et/ou diminuer ses dépenses
• dans ce cas, le solde primaire s’améliore
Politique budgétaire et demande globale
P
OG
DG+ (SP)
DG
DG -(SP)
Y- Y
Y+
La recette keynésienne
• L’idée selon laquelle le solde primaire peut être utilisé
comme cible intermédiaire pour stabiliser l’économie est au
cœur de la politique budgétaire keynésienne.
• Pour les keynésiens, le gouvernement devrait avoir un déficit
primaire en période de récession et un surplus primaire en
période de forte activité économique.
• Ainsi, le solde primaire serait égal à zéro en moyenne et il
n’y aurait pas de croissance de la dette publique (si le SD est
nul).
• Malheureusement, de nombreux pays n’ont appliqué pendant
longtemps que la première moitié de la recette keynésienne
et leur dette a crû à un rythme insoutenable à long terme.
Politique budgétaire keynésienne
Surplus
primaire
Période de forte activité économique
0
temps
0 temps
Période de forte activité économique
Déficit
primaire Période de faible activité économique
La contrainte budgétaire du
gouvernement et la dette publique
@HEC Montréal
Décembre 2010