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Gouvernance financière publique au Maroc : le cas

des marchés publics


Trésorerie Générale du Royaume

Mme Rabha Zeidguy


Professeure à l’Ecole Nationale d’Administration

11 août 2014
1
Sommaire

I. Clarification des concepts :


1. La notion de « Gouvernance »
1.1. La notion de « gouvernance financière »
1. 2. La notion de « gouvernance financière publique »
II. Vers une gouvernance financière publique rénovée
1. Les principales réformes en matière de Gouvernance financière publique
2. La nouvelle impulsion insufflée par la Constitution du 29 juillet 2011
III. Le cas des marchés publics
1. L’importance des marchés publics
2. Les principaux risques inhérents aux marchés publics et leurs conséquences
3. Comment se prémunir contre ces risques?
4. Ex. d’initiative au niveau international : Les principes de l’OCDE
5. Application pilote des principes de l’OCDE au Maroc : Etude d’apprentissage
mutuel OCDE/TGR
6. Initiatives entreprises au niveau national
IV. Atouts2 et Contraintes
Clarification des concepts

1. La notion de « Gouvernance » :

 Origine :

-Etymologiquement, vient de « Gouverner »,


-Jusqu’au milieu 15ème siècle : charge domestique de la
gouvernante
-Passe dans la langue anglaise au XIVème siècle :
« Governance »
-Remplacé par le terme « gouvernement » dans la langue
française à partir du Moyen Age et tombe en désuétude

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Clarification des concepts

-Réapparaît dans le monde des affaires à partir des années1970


« Corporate Governance » « Gouvernement d’entreprise » : mode de
gestion de l’entreprise fondé sur l’interaction entre management et
actionnaires.
-Introduction du terme dans le management public avec l’apparition du
« New Management Public » à la faveur de la révolution néolibérale
des années 1980 dans les pays anglo-saxons : désengagement de
l’Etat, recentrage sur ses missions régaliennes : législation, contrôle,
planification et régulation.

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Clarification des concepts

* Quelques définitions :
L’ONU :
« Une approche participative de gouvernement et de gestion des
affaires publiques, basée sur la mobilisation des acteurs politiques,
économiques et sociaux, du secteur public ou privé ainsi que la
société civile, dans le but de garantir le bien-être durable de tous
les citoyens ».

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Clarification des concepts

La Banque Mondiale :
La gouvernance représente « les traditions et les institutions à
travers lesquelles l’autorité est exercée pour le bien global, incluant
le processus par lequel les autorités sont choisies, surveillées et
remplacées; la capacité du gouvernement à diriger efficacement ses
ressources et à implanter des bonnes politiques; et le respect des
citoyens et de l’Etat pour les institutions qui gouvernent les
interactions économiques et sociales entre eux ».

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Clarification des concepts

L’Union Européenne :

 Notion de gouvernance introduite seulement en 2000 (Accord de


Cotonou)
 La gouvernance : l’un des axes centraux des politiques européennes
de développement.
 La gouvernance désigne :
« Les règles, les processus et les comportements par lesquels les
intérêts sont organisés, les ressources gérées et le pouvoir exercé
dans la société ».
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Clarification des concepts

L’Union Européene (suite) :


 Passe de la« bonne gouvernance » à la « gouvernance démocratique » :
-Respect des DH et des libertés fondamentales
- Appui aux processus de démocratisation et à la participation des citoyens dans
le choix et le contrôle de ceux qui gouvernent
- Respect de l’État de droit et l’accès pour tous à une justice indépendante
-Un gouvernement qui assure une gestion transparente et qui rend compte de ses
actes devant les institutions appropriées et les électeurs
- Des institutions efficaces
-Une gestion durable des ressources naturelles et énergétiques et de
l’environnement
-Promotion d’une croissance économique durable.
 Tout soutien apporté à la gouvernance doit être adapté à la situation
spécifique de chaque pays.
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Clarification des concepts

Le PNUD :
« La gouvernance est le système de valeurs, de politiques et d’institutions par lequel une
société gère ses affaires économiques, politiques et sociales par le biais d’interactions au
sein
de l’Etat, la société civile et le secteur privé et entre ces différentes entités. C’est le mode
d’organisation adopté par une société pour prendre des décisions et les exécuter grâce à une
compréhension réciproque, une entente mutuelle et des mesures consenties d’un commun
accord.
« La gouvernance englobe tous les mécanismes et les processus permettant aux citoyens et
aux groupes d’exprimer leurs intérêts, d’arbitrer leurs différends et d’exercer leurs droits et
leurs obligations reconnus par la loi. […] La gouvernance, dans ses dimensions sociales,
politiques et économiques, fonctionne à chaque niveau de l’organisation humaine, qu’il
s’agisse d’un ménage, d’un village, d’une municipalité, d’une nation, d’une région ou du
monde entier». (Guide de l’utilisateur 2004)

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Clarification des concepts

Le PNUD (suite) :

 Rejette expression « Bonne Gouvernance » :

 Retient « la gouvernance démocratique » dont l’objectif est de développer des


institutions et des processus qui répondent davantage aux besoins des citoyens et
qui intègrent les spécificités de chaque pays.

 Part du principe que ce qui n’est pas porté par les personnes concernées ne peut
être durable.

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Clarification des concepts

L’OCDE :
« La gouvernance est un processus large, multidimensionnel intégrant
la démocratie, les droits humains, la participation et l’Etat de droit.
Elle peut être perçue comme le moyen pour une société de développer
les règles, processus et comportements nécessaires à sa survie et à son
accomplissement.
La gouvernance est la gestion des relations entre les hommes, les
sociétés, entre l’espèce humaine et la biosphère. C’est « réussir
l’unité là où la diversité est grande ».

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Clarification des concepts

L’OCDE (suite) :
« La bonne gouvernance se caractérise par la participation,
la transparence, la reddition des comptes, l’Etat de droit,
l’efficacité, l’équité, etc… » (Glossaire)

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Clarification des concepts

Conclusions :
 La gouvernance est une notion à géométrie variable du fait de l’existence
d’approches divergentes du développement, même si l’objectif final demeure
similaire : réduire la pauvreté (OMD) et promouvoir la démocratie et les droits de
l’Homme
 « concept valise » : Gouvernance stratégique, politique, démocratique,
économique, publique, privée, locale, urbaine, technologique, mondiale, globale
…..
 Il n’existe pas un modèle unique de gouvernance, mais des systèmes de
gouvernance

Toutefois : on relève l’existence d’un « socle irréductible » :


Les principaux piliers de la gouvernance

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Clarification des concepts

Les principaux piliers de la gouvernance :


-L’Intégrité : système de règles d’éthique et de valeurs encadrant l’action
publique : lutte contre la corruption
-La transparence : l’accès à l’information (exacte, pertinente et mise à
jour)
-La participation de l’ensemble des acteurs de la société dans
l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques
-La responsabilisation et la reddition des comptes pour une gestion
optimale de la chose publique
-La culture/éthique professionnelle/méritocratie
-Protection de l’environnement et développement durable
-Une Justice et des institutions de gouvernance indépendantes
-…

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Clarification des concepts

1.1. La notion de « gouvernance financière » :


 Rattachée au monde de l’entreprise
 Elle signifie : « L’ensemble des procédures et des mécanismes qui
accompagnent les décisions de création de valeur, de gestion des risques et de
stratégie financière d’une entreprise. La GF doit permettre de maximiser la valeur
actionnariale dans le respect des règles éthiques et prudentielles ». (Lexique
finance).
Elle vise notamment à :
*Garantir la transparence et l’intégrité dans la gestion de l’entreprise
*Protéger les droits des actionnaires et faciliter leur exercice
*Assurer un traitement équitable des actionnaires y compris les minoritaires
*Garantir la diffusion en temps opportun d’informations exactes, précises et
actuelles, notamment sur la situation financière, les résultats et toute
information susceptible d’affecter le bon fonctionnement de l’entreprise.
15
Clarification des concepts

1.2. La notion de « gouvernance financière publique » :


 De « la gestion des finances publiques » à « la gouvernance financière
publique » : induit l’application des principes de la bonne gouvernance aux
finances publiques
 La gouvernance financière publique : « utilisation du pouvoir et de
l'autorité dans la gestion des ressources financières d’un pays avec intégrité,
transparence, obligation de rendre compte et équité »
 Une bonne gouvernance financière signifie que les fonds sont utilisés :
* aux seules fins prévues (répondre à des besoins pertinents)
* dans le cadre d’une gestion axée sur les résultats
* dans le respect des bonnes pratiques administratives, techniques,
financières, environnementales et de développement
* avec le souci de l’efficacité (atteinte des objectifs fixés) et de
l’efficience (ajuster les coûts aux résultats atteints)
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II. Vers une gouvernance financière publique
rénovée

1. Les principales réformes en matière de Gouvernance financière


publique (GFP) :
1.1 : La loi n° 62-99 du 13 juin 2002 formant Code des juridictions
financières (Cour des Comptes et Cours Régionales des Comptes) :
 Les juridictions financières sont une composante essentielle de la GFP 
Constitutionnalisation dès1996
La loi n° 62-99 offre une vision globale et intégrée du système national de
contrôle supérieur des finances publiques
 Renforcement de leur pouvoir de contrôle qui passe du simple
contrôle de régularité au contrôle de gestion : pertinence, efficacité et
performance
 Prérogatives renforcées par la Constitution du 29 juillet 2011 (infra n°30)

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II. Vers une gouvernance financière publique
rénovée au Maroc
1.2 : La gestion budgétaire axée sur les résultats :
 Migrer d’une logique de moyens vers une logique de résultat
Démarche innovante fondée sur la contractualisation entre les administrations
centrales et leurs services déconcentrés
La contractualisation vise notamment :
*une plus grande responsabilisation des services déconcentrés
*la mise en place d’un système de contrôle de gestion permettant de
mesurer la réalisation des objectifs sur la base d’indicateurs de suivi
/évaluation et de performance (budgets programmes, plan d’actions,
indicateurs, tableaux de bord…)
*une meilleure coordination de l’action de l’administration centrale et
déconcentrée

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II. Vers une gouvernance financière publique
rénovée au Maroc
1.3 : La réforme du système de contrôle des dépenses publiques :
Décret du 4 novembre 2008 : refonte du système de contrôle de la dépense
publique
Rapprochement du CED et de la TGR : lutter contre la redondance des contrôles
et leur fragmentation
Responsabilisation accrue des gestionnaires et des contrôleurs à travers
notamment :
*le renforcement de leur capacité de gestion budgétaire et financière
* la mise en place de dispositifs d’audit interne et de contrôle au niveau des
services ordonnateurs
Allègement des contrôles a priori
Automatisation des contrôles (rôle des NTIC)

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II. Vers une gouvernance financière publique
rénovée au Maroc

1.4 : La modernisation de la gestion de la commande publique :


Le décret du 5 février 2007 fixant les conditions et les formes de passation
des marchés de l’Etat
Renforcement des mécanismes garantissant la libre concurrence
 Dématérialisation de la commande publique : 4 composantes :
*Mise en place du Portail marocain des marchés publics (2008)
- Renforcement de la transparence et de l’intégrité dans la passation
des MP à travers la réduction de l’intervention humaine, l’obligation faite
au maître d’ouvrage de publier sur le portail, le programme
prévisionnel des achats, les dossier d’appels d’offres, les résultats de
ces AO et les rapports d’achèvement

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II. Vers une gouvernance financière publique
rénovée au Maroc

- Introduction pour le 1ère fois de mesures pour lutter contre la fraude et la


corruption pour les maîtres d’ouvrage et les concurrents :
 Engagement de tout concurrent de ne pas recourir à la fraude ou à la
corruption dans sa déclaration sur l’honneur
 Obligation du maître d’ouvrage de s’abstenir de recourir à tout acte
susceptible de compromettre son indépendance
 Obligation du maître d’ouvrage d’informer systématiquement et par écrit, les
concurrents des raisons de leur éviction
 Publication sur le Portail des décisions d’exclusion des concurrents ayant fraudé
 Généralisation de l’audit à tout marché supérieur à 5 millions de dhs
 Publication des résultats des AO sur le Portail
 Possibilité de recours devant le maître d’ouvrage, le Ministre des Finances et la

Commission des marchés.

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II. Vers une gouvernance financière publique
rénovée au Maroc

*La Base de données des marchés publics :


-Mise à la disposition de l’ensemble des acteurs de la commande publique,
d’informations relatives aux marchés passés, à des fins d’analyse et de
statistiques pour éclairer leurs décisions d’achat
*La Plate-forme de dématérialisation des offres :
-Permet la soumission électronique des offres et la mise en œuvre de la
procédure des enchères électroniques inversées
*la Base de données des fournisseurs

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II. Vers une gouvernance financière publique
rénovée au Maroc

1.5 : La gestion intégrée de la dépense (GID) :


 Le système GID a été mis en place en 2010
 Il permet aux sous ordonnateurs et aux comptables de traiter les
actes de dépense sur un système informatique unifié et performant
 Il assure la mise à disposition de l’information financière
relative à la dépense en temps réel
 Il constitue un gage de transparence et de rationalisation de la
gestion publique (dématérialisation)

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II. Vers une gouvernance financière publique
rénovée au Maroc

1.6 : La Loi organique des lois de finances (LOLF) :


La réforme s’articule autour des principaux axes suivants :
 Le renforcement de la performance de la gestion publique à travers
notamment :
*Une programmation triennale glissante actualisée annuellement
*L’introduction d'objectifs et de résultats dans la gestion des finances
publiques, ce qui induit la réforme de la nomenclature budgétaire pour passer
d'une approche normative des dépenses à une présentation par
programme et projet/action, tout en retenant la dimension régionale
*Responsabilisation accrue des ordonnateurs en contrepartie de la souplesse
dont ils bénéficient au niveau du redéploiement des crédits
*Audits de performance par l’IGF pour évaluer les résultats en termes
d’atteinte d’objectifs et de performance (rapport présenté au Parlement).
24
II. Vers une gouvernance financière publique
rénovée au Maroc

 Le renforcement de la transparence des finances publiques


Notamment en introduisant de manière explicite le principe de sincérité
budgétaire en vue de conforter la pertinence des hypothèses qui président à la
préparation de la loi de finances.

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II. Vers une gouvernance financière publique
rénovée au Maroc

 L'accroissement du contrôle parlementaire sur les finances publiques :


*Augmentation des informations communiquées par le gouvernement : 14
nouveaux rapports et 2 annexes
* Implication du Parlement dès les premières étapes de préparation du projet de
loi de finances
*Mise à la disposition du Parlement de données précises et de qualité afin de lui
permettre d'exercer son rôle de contrôle des politiques publiques
*Réaménagement du calendrier d'examen et de vote du projet de loi de finances, à
travers l'introduction d'une phase de préparation du cadre de programmation
pluriannuelle de référence dans lequel la loi de finances doit s'inscrire, ainsi
qu'une phase de concertation avec le Parlement avant la fin du mois de juillet pour
discuter des grandes orientations et du cadre général qui sous-tendent le projet de
loi de finances

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II. Vers une gouvernance financière publique
rénovée au Maroc
 La Réforme Comptable :
*Le projet de LOLF consacre son chapitre 6 aux Comptes de l’Etat
*La bonne gouvernance financière publique repose sur la tenue d’une
comptabilité permettant la sincérité et la fiabilité des comptes publics qui
donnent une image fidèle de la situation financière de l’Etat : rôle de la TGR
* Passer d’une « comptabilité de caisse » vers une comptabilité fondée sur les
normes de qualité, de transparence et de reddition des comptes en phase avec les
standards internationaux (normes IPSAS : International public accounting Standards, les
normes IFRS : International Financial Reporting Standards (normes comptables d’IF destinées aux Sociétés
cotées ou faisant APE), certification des comptes de l’Etat…)
*Adoption des principes de comptabilité du secteur privé : Comptabilité
d’exercice et Comptabilité analytique

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II. Vers une gouvernance financière publique
rénovée au Maroc

2. La nouvelle impulsion insufflée par la Constitution de 2011


 Rôle accru et plus grande responsabilisation du Parlement à travers :
*La prééminence en matière de finances publiques accordée à la
Chambre des Représentants (Art. 75)
*Le renforcement du droit à l’information. La LOLF déterminera la
nature des informations, documents et données nécessaires pour enrichir les
débats parlementaires sur le projet de loi de finances(Art. 75)
*L’obligation pour le Gouvernement de motiver l’irrecevabilité de toute
proposition ou amendement du projet de LF par le Parlement, lorsque leur
adoption aurait pour conséquence, soit une diminution des ressources
publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique (Art. 77)
*L’obligation pour le Parlement, au même titre que le Gouvernement, de
veiller à la préservation de l’équilibre des finances de l’Etat.
28
II. Vers une gouvernance financière publique
rénovée au Maroc

Pluri-annualité budgétaire :
* L’art. 75 dispose que « les dépenses d’investissement nécessaires à la
réalisation des plans de développement stratégiques ou des programmes
pluriannuels, ne sont votés qu’une seule fois, lors de l’approbation de ces
derniers par le parlement et sont reconduites automatiquement pendant leur
durée »
Constitutionnalisation de la loi de Règlement :
*Obligation pour le Gouvernement de soumettre annuellement au
Parlement une loi de Règlement de la LF au cours du deuxième exercice
qui suit celui de l’exécution de ladite LF. Cette loi inclut le bilan des
budgets d’investissement dont la durée est arrivée à échéance (Art. 76)

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II. Vers une gouvernance financière publique
rénovée au Maroc

Renforcement du contrôle financier à travers l’élargissement de la mission


et des pouvoirs de la Cour des Comptes
*mission : la consolidation et la protection des principes et valeurs de bonne
gouvernance, de transparence et de reddition des comptes de l’Etat et des
organismes publics (Art. 147)
*Constitutionnalisation de certaines missions : auditer les comptes des partis
politiques et vérifier la régularité des dépenses des opérations électorales,
assurer le suivi des déclarations de patrimoine
* Indépendance garantie par la Constitution
*Nouvelles missions à caractère consultatif :
-Assister le Parlement dans les domaines du contrôle des finances publiques. Elle
répond aux questions et consultations en rapport avec les fonctions de
législation, de contrôle et d’évaluation du Parlement en matière de finances
publiques
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-Assister les instances judiciaires et le gouvernement dans les domaines relevant
de sa compétence en vertu de la loi
II. Vers une gouvernance financière publique
rénovée au Maroc

*Publication de l’ensemble de ses travaux y compris les rapports particuliers et les


décisions juridictionnelles
*Soumission au Roi d’un rapport annuel sur l’ensemble des activités de la Cour,
transmission au Chef du Gouvernement et aux Présidents des deux Chambres du
Parlement et publication au BO. Un exposé des activités de la Cour est présenté
par son Premier Président devant le Parlement. Il est suivi d’un débat (art. 148)
 Constitutionnalisation de certaines infractions d’ordre financier (art. 36) :
*Conflits d’intérêts et délits d’initié, trafic d’influence, privilèges, abus de position
dominante et monopole et toute pratique contraire aux principes de la concurrence
libre et loyale
*Oblige les pouvoirs publics à prévenir et réprimer, conformément à la loi, toutes
formes de délinquance liées à l’activité des administrations et des organismes
publics, à l’usage des fonds dont ils disposent, ainsi qu’à la passation et à la
gestion des marchés publics
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Corrélation entre responsabilité et reddition des comptes (Art. 1er)
II. Vers une gouvernance financière publique
rénovée au Maroc
 Un Titre entier consacré à la bonne gouvernance : Titre XII
*La bonne gouvernance : l’un des fondements du Maroc en tant qu’Etat moderne (Préambule
§1er ) et en tant que « Monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire, et sociale »
(Art. 1er)
*Soumission des services publics aux normes de qualité, de transparence, de reddition des
comptes, de responsabilité et aux principes et valeurs démocratiques consacrés par la
Constitution
*Les agents des services publics exercent leurs fonctions selon les principes de respect de la
loi, de neutralité, de transparence, de probité et d’intérêt général
*Ils sont à l’écoute des usagers et assurent le suivi de leurs observations, propositions et
doléances
*Ils rendent compte de la gestion des deniers publics et sont soumis aux obligations de
contrôle et d’évaluation
*Déclaration de patrimoine
*Charte des services publics fixe l’ensemble des règles de bonne gouvernance relatives au
fonctionnement des administrations publiques, des régions et des autres collectivités
territoriales32
et des organismes publics
III. Le cas des marchés publics

1. L’importance des marchés publics :


 Les marchés publics sont une composante essentielle de l’économie
marocaine
 La masse globale des commandes de l’Etat atteint plus de 160 Md de Dh,
en 2011, soit l’équivalent de 24% du PIB. Elle a crû en moyenne de 30%
entre 2007 et 2011 (source : CESE)
 Importance stratégique de ces dépenses pour le développement du pays :
Grand nombre de projets d’infrastructure et de développement dans
lesquels les marchés publics jouent un rôle déterminant, en termes de
répartition rationnelle et efficiente de la dépense publique

33
III. Le cas des marchés publics

2. Les principaux risques inhérents aux marchés publics et leurs conséquences:


2.1 Les principaux risques :
L’importance des montants engagés, la multiplicité des intervenants, la complexité
des procédures, font que les marchés publics constituent un domaine exposé à un certain
nombre de risques
Ces risques peuvent revêtir diverses formes:
*corruption
*Collusion
*Manque d’accès à l’information concernant les appels d’offres
*Non respect des obligations de publicité
*Clientélisme et favoritisme dans le choix des adjudicataires
*Faiblesse du contrôle en matière d’attribution et d’exécution des marchés
*Fraude, malversations et autres sortes de pratiques illicites
*…..

34
III. Le cas des marchés publics

2.1.1 : Ces risques sont présents à toutes les étapes de la commande publique
* Au niveau de l’identification des besoins  :
- Le besoin peut être fallacieux et infondé
- Programmé à des fins de clientélisme
- Satisfaisant un intérêt particulier
-…
* Au niveau de l’expression des besoins : CPS, termes de références….. :
-Orientation ou manipulation des spécifications : risque de collusion ou d’ententes,
de corruption…
*Au niveau de la programmation du marché
-Estimations sur ou sous-évaluées
-Les entités « liées » : favoriser une filiale d’un groupe
-Collusion entre le fonctionnaire chargé des spécifications et un fournisseur
- Maintenance « imposée » (marchés informatiques)
-….
35
III. Le cas des marchés publics

*Au niveau de la dévolution du marché


- Les principes de transparence, d’équité, de libre concurrence et d’efficacité peuvent
être ignorés, manipulés ou transgressés : risque de corruption , de collusion,
favoritisme…

*Au niveau de l’exécution, de la livraison, du contrôle, de la réception et du paiement du


marché
*Les dispositions des cahiers des charges peuvent être ignorées, manipulées ou
transgressées. Ex : modification de la commande ou des prestations une fois le marché
passé, commande de travaux supplémentaires par un avenant ou sans lien avec la marché
et au bénéfice personnel du décideur….

36
III. Le cas des marchés publics
2.2 : Les principales conséquences :
 Gaspillage des fonds publics dû à leur allocation irrationnelle et inefficiente 
Réalisation de produits ou de travaux de qualité inférieure, ce qui peut causer de
graves accidents, parfois mortels
 Dépenses injustifiées du fait du renouvellement des commandes ou du dédoublement des
travaux lorsque ces derniers sont mal exécutés 
 Retardement, voire annulation, de plusieurs grands projets d’infrastructure et de
développement
 Etudes inachevées
 Découragement des investisseurs nationaux et étrangers. Seulement 10% d’un échantillon
de 400 entreprises consultées par Transparency Maroc, participent régulièrement aux
marchés publics et près de 60% jugent que les procédures sont complexes, coûteuses et
entachées de corruption.
…
 Impact négatif sur le développement économique et social du pays.
III. Le cas des marchés publics

3. Comment se prémunir contre ces risques? Quelques suggestions :


Adopter lors des réformes, une approche globale qui intègre toutes les étapes
de la commande publique pour répondre aux dysfonctionnements liés aux
phases en amont du processus d’achat (analyse de l’opportunité,
expression des besoins, conception du dossier d’appel d’offres…) et aux
phases en aval (exécution, réception, évaluation et mesure des résultats et
de l’impact).

 Dépasser l’approche exclusivement juridique de la commande publique en :


*Procédant à la codification des textes afin de parer à leur éparpillement
: « Code de la commande publique »
*Evitant les divergences d’interprétation des textes d’application
*Précisant dans les textes l’impact attendu de la commande publique sur
le développement économique et social du pays, pour en faire un vrai
levier de développement.

Assurer la traçabilité des données et échanges qui surviennent au cours de la


procédure
38 et jusqu’à l’achèvement de l’exécution de la commande en
veillant à protéger les données confidentielles des entreprises.
III. Le cas des marchés publics

Promouvoir la simplification des procédures et leur dématérialisation


Renforcer les capacités des différents intervenants
Promouvoir une éthique professionnelle à travers la mise en place d’un cadre
déontologique pour parer aux risques de capture latents. Ce cadre viendrait en
complément d’un arsenal juridique adéquat et viserait notamment à :
*Se prémunir contre les conflits d’intérêts
*Favoriser la transparence et l’intégrité
*Assurer l’égalité de traitement des parties prenantes
*Garantir l’égal accès à une information pertinente
*Assurer une concurrence loyale
* Sensibiliser les parties prenantes

39
III. Le cas des marchés publics

4. Ex. d’initiatives au niveau international : Les principes de l’OCDE pour


renforcer l’intégrité dans les marchés publics :

Ces principes sont regroupés autour de 4 axes :


*Transparence
*Bonne gestion
*Prévention des comportements réprouvés, respect des règles et surveillance
*Obligation de rendre compte et contrôle

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III. Le cas des marchés publics

Transparence :
- instaurer un degré de transparence adéquat à toutes les étapes du cycle de
passation des marchés publics pour assurer un traitement juste et équitable des
fournisseurs potentiels.
- s’efforcer d’assurer une transparence maximale dans les appels d’offres et
prendre des mesures de précaution pour renforcer l’intégrité, en particulier en cas
de dérogation aux règles d’appel à concurrence.
Bonne gestion :
-s’assurer, lors de la passation de marchés, que l’usage des deniers publics est
conforme à ce qui est prévu.
-S’assurer que les fonctionnaires chargés de la passation des marchés publics
satisfont à des normes professionnelles élevées en termes de savoir, de
compétences et d’intégrité.

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III. Le cas des marchés publics

 Prévention des comportements réprouvés, respect des règles et surveillance :


-Mettre en place des mécanismes destinés à prévenir les risques pesant sur l’intégrité
dans les marchés publics.
-Encourager une coopération étroite entre les pouvoirs publics et le secteur privé pour
préserver des normes d’intégrité élevées, en particulier dans la gestion des
contrats.
- Prévoir des mécanismes spécifiques pour surveiller les marchés publics , déceler les
comportements réprouvés et les sanctionner.

Obligation de rendre compte et contrôle :


-Définir clairement la chaîne des responsabilités et mettre en place des mécanismes de
contrôle efficaces.
-Traiter les réclamation des fournisseurs potentiels de manière équitable et dans les
délais prévus.
-Permettre aux organisations de la société civile, aux médias et au grand public de
suivre de près la passation des marchés publics.

42
III. Le cas des marchés publics

5. Application pilote des principes de l’OCDE au Maroc :


 Etude d’apprentissage mutuel OCDE/TGR (2011) :
* L’étude vise à analyser les progrès réalisés par le Maroc dans sa démarche de
modernisation des marchés publics, en mettant l’accent sur la lutte contre la
corruption et la promotion de l’intégrité.
* Elle couvre tout le cycle de la passation des marchés publics (évaluation des
besoins, attribution et exécution).
* L’étude s’articule autour des 3 axes suivants :
-Panorama de la nouvelle règlementation sur les marchés publics de 2007
-Forces et faiblesses du système de marchés publics
-Recommandations : comment améliorer le système.

43
III. Le cas des marchés publics

6. Initiatives entreprises au niveau national :


6.1 Une mesure phare : le Décret du 20 mars 2013 relatif aux Marchés publics
Les principaux apports :
*unicité du cadre règlementaire encadrant la commande publique : Un même
texte pour les marchés lancés par les administrations de l’Etat les collectivités
territoriales et leurs groupements, les établissements publics à caractère
administratif en plus des prestations architecturales.
*simplification des procédures : les attestations fiscales et de la CNSS, ainsi
que le RC ne seront exigés que du concurrent attributaire du marché
*possibilité de soumissionner et de faire des enchères inversées, par voie
électronique
*publication de l’estimation du coût des prestations par le maître d’ouvrage
*Consécration de la notion du mieux-disant pour les marchés de prestation
d’étude
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III. Le cas des marchés publics

*publication du programme prévisionnel des marchés à lancer par le maître


d’ouvrage
*obligation de publication sur le portail des marchés publics en cas d’annulation
d’un appel d’offre…
*mesures en faveur des PME : le maître d’ouvrage est tenu de réserver 20% du
montant prévisionnel des marchés qu’il compte lancer aux PME, au titre de chaque
année budgétaire
*possibilité d’inclure dans le règlement de consultation que le titulaire du marché
est
tenu de choisir une PME de droit marocain comme sous-traitant, lorsque
l’attributaire dudit marché est une entreprise étrangère

45
III. Le cas des marchés publics

6.1.1 : Autres mesures


Ratification par le Maroc de la Convention des Nations Unies contre la Corruption
(CNUCC) en mai 2007
Création de l’ICPC (décret du 13 mars 2007) et constitutionnalisation de l’Instance
nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption, par la
Constitution de 2011, en tant qu’instance de bonne gouvernance (projet de loi discuté au Parlement)
Création du Conseil de la Concurrence (décret du 17 septembre 2001) (activé en 2007) et
sa constitutionnalisation en tant qu’instance de bonne gouvernance en 2011
La loi n° 37-10 du 17 octobre 2011 modifiant et complétant la loi n° 22-01 relative à la
Procédure pénale en matière de protection des victimes, des témoins, des experts et des
dénonciateurs en ce qui concerne les infractions de corruption, de détournement, de
trafic d’influence et autres (BO n° 5988 du 20/10/11).

46
III. Le cas des marchés publics

lancement le 29 novembre 2010 du Portail www.stopcorruption.ma, par l’ICPC


dans le cadre d’un partenariat avec l ’ANPME, la CGEM et les ministères de la
Justice et des Affaires économiques et générales, avec l’appui de la GTZ
*Portail mutualisé d’information dédié aux PME
* Point de contact pour recueillir les informations relatives à des actes, des
pratiques et des tentatives de corruption ou d’incitation à la corruption dans le
cadre de marchés publics ou d’opérations d’investissement
*Outil de promotion des règles de bonne gouvernance financière publique
et de concurrence loyale
*Comporte une fonctionnalité sécurisée autorisant la dénonciation en ligne,
éventuellement anonyme, de tout acte , pratique ou tentative de corruption dont
une PME est témoin ou victime
*Contribue au renforcement du Système National d’Intégrité (SNI)
Etablissement d’une cartographie des risques de fraude et de corruption dans les
marchés publics
47 par l’ICPC et l’IGF (en cours) dans le cadre d’un partenariat.
Atouts et contraintes

Les principaux atouts :


 Une volonté politique de modernisation et de développement du pays
clairement exprimée au plus haut sommet de l’Etat
 L’engagement irréversible du Maroc sur la voie de la démocratie
 La place accordée par la Constitution à la bonne gouvernance
 Des acquis importants en termes de modernisation et de rationalisation de la
gestion publique
 Une société civile très active
 L’initiative Royale de valorisation du capital immatériel

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Atouts et contraintes

Les principales contraintes :


 La résistance au changement : conduite du changement
 La nécessité d’agir sur l’ensemble des piliers de la bonne gouvernance pour
une reddition des comptes efficace : approche globale, intégrée et cohérente
 La nécessité de s’inscrire dans une démarche stratégique : pérennité des réformes
 La nécessité de former et de motiver les ressources humaines : Porteuses des
réformes et acteurs de changement
 Une communication institutionnelle peu développée :lutter contre le déficit
d’image et rétablir la confiance des citoyens dans le service public
 Une implication encore très timide des citoyens par les pouvoirs publics dans la
gestion de la chose publique : approche participative exigée par la Constitution.

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Bibliographie indicative

*Abdesslam Aboudrar
Gouvernance financière au Maroc : Etat des lieux et perspectives (ICPC, 22 mars 2012) (
www.icpc.ma)
*Noureddine Bensouda :
-La réforme des finances publiques : de la logique juridique vers la logique gestionnaire, ENA,
21 mai 2014
-Pour un management dynamique des finances publiques, Chambre française de commerce et
d’industrie du Maroc, 29 mai 2014
-La réforme des finances publiques au Maroc : quels constats et quelle stratégie ? » - Journée du
Maroc à Paris, le 19 février 2014
*Mohammed El Hajjouji :
Bonne gouvernance et transparence financière : de la théorie à la pratique
*Mohammed Mesmoudi :
La gouvernance financière publique au Maroc, du contrôle des finances publiques à l’évaluation
des politiques publiques
Nouveau décret relatif aux marchés publics, la disposition qui va tout changer !

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*Stefan Leiderer et Peter Wolff : Gestion des finances publiques : une contribution à la bonne gouvernance
financière, Annuaire suisse de politique de développement, vol. 26, n°2, 2007, p. 175-195.
*OCDE : Principes de l’OCDE pour renforcer l’intégrité dans les marchés publics, 2011 (disponible sur
site : www.ocde.org
*OCDE/TGR :
Renforcer l’intégrité dans les marchés publics. Etude d’apprentissage mutuel au Maroc (disponible sur
site : www.ocde.org)
*Conseil Economique, Social et Environnemental :
Avis (AS n° 7/2012) sur : la commande publique : levier stratégique de développement économique et
social (disponible sur site : www.ces.ma
*ICPC :
Bonne Gouvernance entre la situation actuelle et les dispositions de la nouvelle Constitution de 2011 (
www.icpc.ma )
*Revue Al Maliya, n°49 janvier-avril 2011
Dossier sur la réforme de la comptabilité de l’Etat (www.finances.gov.ma )
Revue Al Khazina n°7 février 2009, Spécial marchés publics (www.tgr.gov.ma)
NB : Pour plus d’informations : consulter les sites web précités .
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Merci de votre attention

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