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EN CRIMEE KANGHIL, SEPTEMBRE 1855 EPUIS son débarquement en Cri- mée, la cavalerie n’avait eu que de petits engagements sans importance et cela tenait 4 ce que Vattaque de Sébastopol, le sige pour mieux dire, avait ‘ immobilisé l’armée anglo-fran- a, aise sous les murs de cette ville. a Apres la prise de Sébastopol, on songea 4 inquiéter la retraite des Russes. L’ob- ne Jectif était tout indiqué : Pérékop qui -* constituait la principale porte de sortie de la Crimée, la fléche d’Arabat ne pouvant Be compter que pour secondaire. " o Il est vrai que jusque-li Von avait laissé, avec une insouciance vraiment incroyable, tous les renforts et tous les approvisionnements venant de Russie passer par 14 sans la moindre inquiétude. Et, comme Sébastopol était bloqué que da céta sud, toute l’armée russe aurait pu s’y succéder si les fortifications de cette place n’avaient fini par céder nos travaux dapproche et a notre assaut. Mais les guerres d’alors n’avaient point pris ce caractére d’in- vasion, d’anéantissement, de lutte pour la vie que les Prussiens ont donné a laguerre par leurs agissements de 1870. On se battait Joyalement, bravement, on rivalisait de courage, de persévérance et Mhabileté ; on luttait pour ’honneur des armes et du dra- peau, on faisait une guerre moins pratique mais plus cheva- leresque; ce n’était pas la bourse ou la vie, on se battait pour la gloire. vetoaecieaat : & a ae eyes as ‘Aussi les adversaires se rendaient-ilsréciproquement hommage, sans rancune, apres chaque nouvelle affaire, comme apres un — assaut descrime, se tendant la main, choquant leurs verres le plus souvent 4 moitié vides et pour cause, se prodiguant en tou- tes circonstances une estime mutuelle que Yon a peine 4 com- prendre aujourd’hui entre deux adversaires depuis les animosités et les rancunes nées de la guerre-de 1870. On s‘invitait d’un camp 4 Vautre 4 chaque suspension d’armes, et ce n’étaient pas seulement les officiers qui fraternisaient, mais Jes soldats eux-mémes qui, aux avant-postes, échangeaint tabac et eau-de-vie. Bref, on ne songeait pas aux petites guerres de chicane sur les jignes de communication, on ne s’attaquait pas par derriére, on se battait front 4 front. Aussi la cavalerie avait-elle été réduite au role de comparse pendant tout le siege. Enfin la place était prise, prise dassaut; cet abordage définit bien le caractére chevaleresque de cette guerre. Il fallait mainte- nant hater la retraite des Russes en inquiétant leurs colonnes qui se reliraient. Des troupes se trouvaient bien placées pour entreprendre cette tache, c’était la garnison d’Eupatoria. On avait laissé 14 des con- tingents turcs et égyptiens pour garder le point oi Yon avait debarqué. Jusque-la cette garnison avait 6té tenue complétement dans Vinaction et ne semblait guére disposée Aen sortir. } Eupatoria était pourtant occupée par une division turque, une — division égyptienne et 24 escadrons de cayalerie. Au lieu de s’é- tendre dans immense plaine, au lieu de pousser dans la direction de Simferopol d’importantes reconnaissances, ou de faire une diversion qui aurait pu, pendant le siége, contrarier singulid- — yement la marche des renforts russes ou Varrivée des ravitaille- ments, cette armée se tenait enfermée dans le périmétre des forti- q fications de la petite place. La cavalerie de ce corps n’avait méme pas tenté daller aux nouvelles et faisait tout au plus un service de patrouilles de stire- té, craignant de s’éloigner hors de vue de leur refuge. La encore, on se garait d’une attaque et Yon croyait faire ainsi tout ce qu’on devait faire. On ne voyait pas au dela de cette con-— signe sommaire : garder notre premier point de débarquement ou Parmée avait laissé une partic de ses impedimenta, Le réle de ce corps, réduit a ces proportions, était quelque oye - peu inutile surtout depuis que notre flotte était mattresse de la Mer Noire. Compris tout autrement, il aurait eu une importance capitale. Néanmoins, cette garnison portéc de la principale ligne de retraite des Russes ne laissait pas que de les inquiéter, aussi leur premier soin fat-il de s’en garantir en détachant, pour la surveil- ler, une grosse force de cavalerie, qu’appuyait, sans se montrer, un corps de troupes prét 4 se mettre en travers de toute entre- prise. Non seulement on se laissa ainsi garder 4 vue, mais la cayale- rie d’Eupatoria ne fit rien pour se renseigner sur ce qui se pas- sait dans la région ni pour éloigner cette surveillance. On ignora jusqu’au dernier moment la force que l'on avait devant soi et, quand vint le moment d’agir, le corps d’Eupatoria était bloqué. Alors on envoya pour le dégager un des chefs ies plus entre- prenants de notre cavalerie, le général d’Allonville, qui s’embar- qia 4 Kamiesh avec les deux régiments de dragons, 6° et 7:, le _ # hussards et une batterie 4 cheval. Cette petite division était ainsi organisée : Général Walsin-Esterhazy : 4 hussards, colonel Simon de la Mortiére. r 7 G dragons, colonel Ressayre, Général de Champéron 7° dragons, colonel Duhesme. Batterie 4 cheval, capitaine Adam. Le 18 septembre, les régiments commencérent leur embarque- ment 4 Kamiesh. 11 fallut une petite flottille pour les transporter. Ainsi le 6° dragons, qui comptait 39 officiers, 672 hommes, 720 chevaux et 30 mulets de bat, fut réparti sur trois batiments anglais; l’état-major sur la vapeur « Empress » ; les 1 et 2¢ esca- drons sur le « Monarch of the sea » ; les 3° et 4 escadrons sur le « City of Manchester ». Le 19 au soir, la petite flotte mouillait devant Eupatoria, et le 20 au matin, les régiments achevaient de débarquer. Il n’y avait cependant encore qu’une faible fraction du 4 hussards ; la plus grosse partie de ce régiment ne quitta Kamiesh que le 23. Le temps était beau, la traversée s’élait effectuée rapidement. Elle avait été réglée de manidre a effectuer le débarquement & la faveur de la nuit. [nese fit pas sans difficultés, il n’y avait pas @appontements sur le rivage; beaucoup de chevaux, en sautant 4 es ns ace egos terre! restérent accrochés par les jambes de derriére, 4 la proue des chalands et tombérent. Enfin Yon s’en tira. veanoudsueos motte 4(llilwee a Vita Le premier soin du général dAllonville fut Wétablir les bi- youacs en de- hors des forti- fications, & un kilométre au sud-est de la place. La frac- tion du 4° hus- sards en pre- miére ligne, les 3 6 et 7 dra- gons en deu- xiéme li- gne, l’ar- tillerie en trojsieme. Le camp retranché @’Eupato- ria avait un déyelop pe- ment de 8 kilométres environ, et les cosaques l’observaient en s’approchant jusqu’a 4000 et 1200 métres des ouvrages. Le général @Allonville résolut tout d’abord Wéloigner cette surveillance de Ja cavalerie russe, ct de faire eae 4 95 des reconnaissances pour savoir Vempiacement des gros de Yennemi. Mais le terrain, qui se présentait A premiére vue comme tres favorable pour une action de cavalerie, était au contraire peu propice pour une opération & grande envergure, il fallait l’étu- dier avant de se lancer 4 l’aventure, Tout était 4 faire dans ce sens, car on ne trouva méme pas ces renseignements sur le terrain qui auraient di étrerecueillis depuis longtemps par la cavalerie d’Eupatoria. On avait devant soi, aussi loin que la vue pouvait porter, des steppes unis et monotones ot quelques points noirs figuraient des Cosaques en vedettes. Pas de rivitres, ni de fontaines ; rien que des puits fournissant une eau saumatre, désagréable au gout, que refusaient les chevaux comme les hommes, et 4 laquelle ils mirent quelque temps a s‘habi- tuer. Puisque la garnison d’Eupa- toria ne pouvait fournir aucune donnée sur l’ennemi qu’onavait devant soi, il fallait s’en rap- porter aux espions. C’étaient pour la plupart des paysans Tartares, musulmans assez dis- posés 4 servir la cause des Tures ; mais assez disposés aussi 4 servir les deux partis. Daprés leurs rapports, un corps de grenadiers gardait Pérékop. Une division de lan- ciers, une brigade de dragons, 18 sotnias de cosaques et trois batteries & cheval, sous les ordres da général Schabelsky, rodaient dans les environs. Le général d’Allonville était Vactivité méme, des le 24 septem- bre, il se mit en mouvement, 4 minuit, pour faire une reconnais- sance entre Je lac Sassick et le lac Touzla. La garnison Turque devait l’appuyer. Le général d’Allonville dirigea le muchir avec quelques batail- oe Jons et escadrons sur Oraz, et, avec sa petite division de cavalerie, sa batterie Wartillerie et 4 bataillons tures,il marcha sur Sack. | Quelques détachements de Bachi-Bouzouks, qu’on avait retrou- ; vés la, précédaient cette petite colonne a laquelle ils servaient déclaireurs. Ces Bachi-Bowzouks, irréguliers tures aux costumes les plus dis- | parates, mal armés, mal équipés, sans discipline, offraient le spec- tacle le plus bizarre. C%étaient les débris de ces bandes irrégu- jiéres, contingents de tous les pays de I'Islam, que Yon avait trou- yoes en Turquie et que le maréchal de Saint-Arnaud avait vaine- ~ ment tenté de discipliner en les encadrant d’officiers et de sous- officiers francais, en leur donnant pour chef le général Yusuf et en les organisant en régiments que Yon avait pompeusement bap- tisés du nom de « Spahis a’Orient ». On s’était d’ailieurs haté de es licencier apres Vexpédition de la Dobrudja, pour ne pas Jes emmener en Crimée, car on les esti- mait A juste titre beaucoup plus dangereux pour Jes troupes amies que pour les ennemies 4 cause de leur amour effrené du pillage et de leurs bravades souvent compromettantes et le plus souvent sans résultat. Mais ces écumeurs de champ de bataille ne s’étaient point rési- gnés si facilement 4 renoncer A cette honne occasion de vivre de la guerre ; et, malgré la force qu’on avait employée a les dis-_ perser et 4 les éloigner du théatre de la campagne, quelques-uns avaient réussi 4 venir retrouver le corps ture qui avait débarqué en Crimée. Drapés dans leurs costumes sordides aux couleurs éclatantes mais fanées, montés sur des petits chevaux alertes har- nachés de la fagon la_ plus baroque, arrogants et fiers de leur yantardise et de importance quils s’attribuaient, on les voyait. partout galoper avec de grands gestes de fantasia. TL avait fallu les subir et on essayait detirer parti de leur esprit dentreprise enlesemployant contre les cosaques, ces autres irrégu- liers dont Paudace insolente inquiétait nos bivouacs. 4 Le général d’Allonville avait donc songé 4 s’en servir comme éclaireurs dans le steppe, en souvenir sans-doute de Vusage de nos Goums d’Algérie, avec lesquels ils offraient plus @’un point. de ressemblance. q Que le service de découverte soit confié aux Goums en Algérie, - est nécessaire et méme Yon ne saurait faire autrement quand — on opere contre les Arabes ; parce que les Goumiers par leurs SEO, a= accointances et leurs parentés ont toujours quel qu’intelligence avecl’ennemi; mais que ce service ait ¢t¢ abandonné aux Bachi-Bou~ zouks en Crimée, quand on opérait contre les Russes, ¢’était peut- étre par trop compromettre le réle le plus important de la cavale~ rie. Il faut dire, il est vrai, que ces éclaireurs malgré leurs pré~ tentions d’audace ne s’éloignaient guére hors de vue. Partir 4 minuit était aussi une habitude d’Afrique que l’on avait conservée en Crimée et qui n’avait pas pen contribué 4 abuser des forces des hommes et des chevaux dont le sommeil du matin - est reconnu le plus réparateur. Il n’y a pas de fatigue plus grande que la privation de sommeil. Or, partir 4 minuit pour la cavale- rie, cela veut dire qu’on s’y prépare au moins une heure avant, si ce n’est plus. Cela met donc le réveil 4 dix heures et demie, Encore fant-il compter que pour faire le café et vaquer aux soins de Ja levée d’un bivouac bon nombre de soldats sont obligés de s’y prendre 4 Vavance. Il n’y aque ceux qui n’ont jamais yu une marche de nuit de la cavalerie qui puissent supposer qu’on peut ainsi se lever juste pour partir. D’ailleurs quand les hommes savent qu’ils doivent partir de nuit, pour une marche au combat surtout, ils ne dorment guére ; ils sont préoccupés ‘d’étre préts 4 Vheure fixée et l’on a toutes les peines 4les empécher de se lever trop tot. Sitdt qu’un deux a demandé s’il n’est pas Vheure de par- tir, le camp est éveillé et l’énervement commence. D’autre part, Ja retraite a beau sonner de bonne heure, on ne fera jamais que Jes hommes s’endorment avant nuit close, les bavardages, surtout 4 la veille d’une affaire, se prolongent longtemps aprés la chute du jour, et, au mois de septembre, les jours sont encore longs. Ce ne fut done qu’aprés quelques heures de sommeil que l’on partit. Il était minuit quand la colonnes’ébranla. Les Bachi-Bouzouks ne tardérent pas 4 se heurter aux cosa- ques. On vit aussitot des signaux de feu se répéter de vedette en vedette et des fusées s’élever en lair, annongant aux Russes l’ap- proche des Frangais. A-4 heures du matin la colonne du général d’Allonville attei- gnit Vextrémité de la presquile qui sépare de la mer le grand lac Sassick environnant Eupatoria au Nord-Est et 4 Est. Les co- saques, surpris se retiraient au galop. ; Quand Vhorizon s’éclaircit, on vit que l’on avait devant soi, 4 porfée de canon, une douzaine d’escadrons formés en bataille, OG Tout le monde s’attendait 4 voir cette ligne de cavalerie ac- cepter le combat et déji circulaient dans les rangs toutes les petites recommandations d’usage; mais les escadrons ennemis se retiraient, se maintenant toujours 4 la méme distance, s’arrétant quand on s’arrétait, reculant quand on avangait. Parfois notre artillerie leur envoyait quelques obus; mais cela ne les décida ni attayuer ni 4 se retirer plus vite, ils semblaient obéir & une con- signe qui avait pour but sans doute de nous attirer plus loin dans Je steppe, loin de nos communications et de nos approvisionne- . Maents, espérant nous lasser d’une marche sans issue et assez aven- tureuse étant donnée la rarcté de l'eau dans cette région. Un moment cependant action faillit s’engager sérieusement. Plusieurs de os escadrons avaient déja mis le sabre 4 la main pour se déployer, les hommes trés désireux de se mesurer avec Jes cavaliers russes et enhardis par leur recul langaient des plai- santeries a leur adresse, et leurs gouailleries gauloises passaient de bouche en bouche en un bourdonnement de cranerie qui faisait sourire les officiers. Mais un brouillard épais, presque subit, vint s'interposer entre les deux adversaires comme le rideau d’un théatre pour suspendre la petite comédie sur cet éclat de rire, et il fallut en effet arréter le mouvement en avant. Ce ne fut qu’a 8 heures que la brume se dissipa et que l’on put reprendre la marche sur Sack. Les quatre bataillons turcs et égyptiens avaient rejoint la cavalerie, on combina une attaque avec eux. Ils devaient se porter droit sur l’ennemi, avec la bat- terie; onleur laissait le chemin le plus court, et la cavalerie devait pendant ce temps essayer d’un mouvement tournant ou tout au moins de flanc avec une section de lartillerie. La cavalerie russe qui avait deux batteries avec elle, pouvait étre estimée 4 2000 cavaliers réguliers et 1000 cosaques : elle ne tarda pas a s’apercevoir de Ja manoeuvre combinée par le général dAllonville, et, voyant notre cavalerie prononcer son mouvement enveloppant, se retira. On entra dans le village de Sack qui ne nous fut pas disputé et Yon reconnut qu’il venait d’étre évacué avec une grande précipi- tation. On saisit quelques papiers intéressants et l'on mit le feu a plusieurs meules de foin. Enfin, 4 ’heure ot l’on fit halte pour donner l’orge aux chevaux, les Bachi-Bouzouks offrirent le spectacle d’une fantasia. Ils s’avan- gaient isolément au galop jusqu’a la barbe de l’ennemi, déchar- OT geaient leurs armes en pousantdes cris qui étaient sans doute des défis au combat et revenaient du méme train pour recommencer un instant aprés. Les Russes, dédaignant ces bravades, n’y répondaient pas. De sorte que les deux partis avaient l’air détre les Spectateurs de cette représentation équestre. Elle plaisait beaucoup aux cosaques parce que leur Djighitowka ressemble beaucoup 4 la fantasia arabe, et, au dire des officiers Tusses, plus d’un n’aurait pas été faché de rivaliser de prouesses ayec les Bachi-Bouzouks. A force d’avancer on finit par atteindre des puits sur lesquels on comptait pour abreuyer les chevaux ; mais les Russes avaient eu soin de les combler. Il fallut revenir sans boire. La retraite sur Eupatoria commenga 4 midi. Alors ce fut 4 notre tour d’étre harcelés par les cosaques. Pour se mettre 4 ’abri de leurs insultes, le gros des escadrons se serra en masse en se couvrant, Adistance, de tirailleursetde flanqueurs. Les Russes qui avaient battu en retraite devant nous, le matin, nous suivirent le soir jusqu’aux points marqués pourl’emplacement de leurs grand’gardes. Notre cavalerie rentra 4 son camp quinze heures apres en 6tre * partie, avec des chevaux trés fatigués. Crestainsi que se passérent sans grandes variantes presque tou- tes nos reconnaissances. De quelque cété que Ton se dirigeat, au large d’Eupatoria, toujours l’éternel Steppe, aride et désolé, les prouesses des Bachi-Bouzouks et des Cosaques, quelques coups de canon, la méme privation de boire, sauf du coté de Sack, ot Peau saumatre du lac de ce nom remplagait celle des puits comblés. Lrennemi cherchait toujours & nous entrainer au loin et Von était foreé de renoncer & sa poursuite. Cependant le 4 hussards, qui s’était embarqué le 23 septembre a Kamiesh avait débarqué le 25 4 Eupatoria. Notre petite division de cavalerie avait done un régiment de plus. Le général d’Allonville décida une reconnaissance offensive pour Je 29.11 prévint le Muchir Abmed-Pacha, pour qu’il puisse appuyer Son mouvement enavantavec ses troupes. Son but était de forcer Pennemi d’abandonner la rive nord du lac et de le rejeter sur la route de Simféropol. Trois colonnes doivent partir d’Eupatoria : Au centre, le général d’Allonville avec ses 42 escadrons fran. gais, la batterie 4 cheval et 4 bataillons égyptiens ; i A droite, ’infanterie égyptienne, avec son artillerie, passera en- tre le lac Sassick pour prendre position 4 Vextrémité de Visthme. A gauche, Abmed-Pacha se dirigera sur Oraz et Altchin pour rallier ensuite le général d’Allonville 4 Djoltchak. Notre petite division decavalerie monta 4 cheval 4 3 heures du — matin. 5 Le dispositif de marche était le méme que les jours précédents. Les Bachi-Bouzouks en éclaireurs, des pelotons du 4° hussards en — flanqueurs. Bient6t le contact est pris par les Bachi-Bouzouks avec les ve- dettes cosaques qui surveillaient la ville d’Eupatoria au nord et qui d’ailleurs se retirentdevant eux. Mais, selon leur coutume, ces éclairenrs cosaques s’agglomérent en reculant, leurs postes les recueillent et-ils deviennent de plus en plusnombreux. On envoie — @abord un peloton du 4° hussards, commandé par le lieutenant Garcin, pour servir de soutien aux Bachi-Bouzouks. Puis, la ligne de tirailleurs ennemis devenant plus dense, on détache deux autres pelotons de hussards pour nettoyer le terrain. Notre colonne en marchant ainsi a contourné le lac Sassik en passant par le petit village d’Arta~-Mamat. Il est 8 heures, les essaims de cosaques disparaissent, mais c’est pour démasquer huit escadrons de cavalerie russe, que l’on apergoit sur notre droite se dirigeant sur Djoltchak. Le brouillard les a dissimulés jusque-la, ainsi que cet autre brouillard, la ligne de cosaques, qui” se dissipe aussi subitement. Bient6t on apercoit également dix autres escadrons russes qui débouchent du village de Tioumen et manceuvrent sur notre gau- che pour nous couper la retraite. Toute cette cavalerie est, dit-on, sous les ordres du général de Korff. Le général d’Allonyille, comptant, pour couvrir sa gauche, sur lacolonne d’Ahmed-pacha, prend le parti d’attaquer les huit esca- drons qui merchent sur Djoltchak. La division est disposée en échelons, par régiment 4 demi-dis- tance, la gauche en avant. Le 7° dragons est premiére ligne, le 6 fait la deuxieme, le 4 hussards la troisiéme. On arrive 49 heures et demie 4 hauteur de Djoltchak et on se forme en bataille ;.la batterie se met en position, entre le 6° dra- gons A gauche et Je 4° hussards a droite, le 7° dragons doit opérer un mouvement tournant sur la droite de l’ennemi. Mais, au mo- ment oii le 7° dragons prend le trot en mettant lesabre 4 la main pour exécuter son mou- yement, les escadrons Tusses font brusquement demi-tour 4 toute allure pour éviter le choc. Tl faut renoncer & charger ; mais on con- tinue de se porter en avant et Yon marche ainsi jusqu’d 10 heures, yennemi reculant tou- jours. Enfin Vordre est donné @arréter ; le 6° dragons et le 4° hussards se por- tent la hau- teur du 7: dragons et Yon met pied 4 terre pour permettre aux hommes et aux che- yaux de man- — 100 — ger et donner le temps 4 l’infanterie turque Warriver. Les Russes profitent de cette halte pour se dérober et disparaitre, couverts par quelques éclaireurs. La déception était grande et se traduisait par une sorte de murmure. Le général d’Allonville, pour calmer Yeffervescence, passa devant le front des régiments en disant « Rassurez-vous, vous aurez votre charge aujourd’hui. Qu’on fasse sortir du rang tout ce qui n’est pas susceptible d’une mar- che longue et rapide. » A 11 heures, le Muchir Ahmed-Pacha débouche sur notre gau- che et les Russes qui nous m2nacaient de ce cété disparaissent. Des lors la cavalerie ennemie qui avait cherch 4 tourner notre droite se trouvait abandonnée et ne pouyait plus compter sur son autre groupe ; de plus elle se trouvait engagée entre nous et le lac. Le général congoit aussitdt le projet de se porter rapide- ment contre elle par un mouvement de flanc vers Kanghil et Orta- Mamai. Il fait demander au Muchir 8 escadrons tures pour établir ses communications, et lui fait dire de prendre position & Djoltchak pour observer les Russes vers le nord. On monte 4 cheval. La patterie d’artillerie qui doit rester sar Vemplacement oi elle a mis pied a terre, recoit pour soutien le 4° escadron du 6° dragons, capitaine Raabe (4) et le 1° escadron du 7° dragons, capitaine Petiet. Puis on rompt par pelotons, a droite, au trot. Les trois régiments se trouvent done formés encolonne de pelo- tons, un derriére l'autre. Le 4° hussards en téte est conduit par le général Walsin-Esterhazy. 1 On marche dans cet ordre pendant une demi-heure environ. Peu a peu le trot s’est accélére, les hussards communiquant leur ardeur A leurs montures, les dragons, les lanciers tures et Vartil- lerie sont distancés. Ce est pas cependant que les hussards aient des chevaux plus yites que les dragons, au mois de mai, ils avaient cédéau 1* hus- sards les chevaux turcs avec lesquels on les avait remontés quand jls étaient arrivés en Turquie, et avaient regu, en échange, 900 chevaux normands. Mais ils étaient impatients de se mesurer avec un ennemi tou- jours insaisissable et @aborder ces simpiternels cosaques montés (1) Gest ce méme capitaine Raabe qui est Yauteur de cette méthode d’équi- tation qui a fait tant de bruit. — 101 — _ sur des haridelles, dont on s’était tant moqué et que néanmoins _ Yon ne pouvait jamaisatteindre. Le 4 hussards arrive donc seul ea vue de l’ennemia 2 kilome- tres environ du village de Kanghil. Sa marche a été dérobée aux éclaireurs de la cavalerie russe par les plis de terrain. On avait devant soi le large ravin de Kanghil et l’on apercevait sur la créte een _ opposée six escadrons de lanciers russes bad a en bataille dont le flanc gauche était couvert par deux autres escadrons adossés au village. Entre ces deux groupes, un peuenarriére, huit pieces d’artillerie étaient établies en position de combat. Trois sotnias de cosaques formaient un épais rideau de tirailleurs devant les escadrons de droite. Le général d’Allonville donna aussitét ordre au général Esterhazy de faire former le 4° hussards en a ae Sabi — 102 — pataille au galop, et de charger; et il ajouta: « Ne vous occu- pez pas ni de vos flancs, ni de vos derriéres, je suis sur Vos talons ». En effet, les 6° et 7° dragons arrivaient sous les ordres du général de Champéron. v Le colonel Simon de la Mortigre commande le déploiement et les hussards partent 4 toute allure entrainés par le général Esterhazy qui galope devant le front avec ses deux officiers dordonnance. Les cosaques tournent bride et démasquentle front ennemi. La batterie russe tire 4 mitraille et les lanciers, aprés avoir fait feu de leurs carabines, attendent de pied ferme nos cavaliers avec les lances croisées. é Le déploiement des hussards, un peu trop hatif et fait 4 une al- 4 lure trop rapide, aoccasionné un peu de désordre. Le chef d’esca- drons Tillard, qui commande les deux escadrons de droite,a réus- si cependant 4 avoir tout son monde derriére lui, il aborde vi- goureusement le centre et la gauche ennemie, Jes traverse et. sa- bre les canonniers sur leurs pidces. Mais le deuxiéme demi-régi- ment ne peut point se déployer a la hauteur du premier. La téte du 3° escadron était A peine dans l’oblique 4 gauche, quand le capitaine d’Anglars, qui commande ces deux escadrons, com- | mande: « En ayant en bataille » et immédiatement « Chargez >. La formation, faite ainsi obliquement, a V'inconvénient de créer un grand intervalle entre les deux escadrons de droite et les deux de gauche, et d’offrir ainsi aux Russes la facilité de crever notre ligne; mais elle a cette compensation, bien autrement heu- reuse, de permettre au capitaine d’Anglars de culbuter la droite” russe qui débordait de beaucoup le front du 4° hussards, etde Vem- pécher ainsi de nous prendre de flane par notre gauche. 4 Niles balles, ni la mitraille qui, du reste, ne touchérent pres- que personne, n’ont pu ralentir nos hussards qui traversent et — chassent la ligne ennemie. Une mélée générale et corps & corps sengage. Nos cayaliers sont dans la batterie dont ils sabrent les servants. Deux seulement des huit piéces ont pu ¢tre rapidement attelées aprés avoir fait feu et se sauvent au galop. Cependantleslanciers russes, revenus de leur premiére surprise, et voyant l’infériorité numérique de leursadversaires, comptant en — outre sur Vintervention de leurs deux escadrons adossés au village et qui jusque-li n’ont pas bougé, reviennent a V’attaque contre les deux escadrons du commandant Tillard pour leur reprendre Vartillerie. Is parviennent 4 dégager trois de leurs piéces. Les deux escadrons du village s’ébranlent pour prendre nos cavaliers par derriére. Le général Esterhazy, pour parer 4 ce danger, donne Vordre au commandant Tillard de rallier ce qu’il pourra de monde et de charger. Mais 4 ce moment les deux escadrons de gauche des hussards, apres avoir refoulé la droite de la ligne russe et l’avoir poursuivie en partie, reviennent dans la mélée qui avait lieu vers Kanghil. En outre, apparition des deux lignes de casques des 6° et 7° dragons, décide les Russes a céder le terrain. q Les deux régiments de dragons, qui se sont formés en bataille Yun derriére l'autre en exécutant le méme mouvement que le 4° hussards, dépassent les hussards au galop et chassent les Russes devant eux. Le général d’Allonyille lance le 6° dragons pour achever la déroute et permettre aux hussards de se rallier. Le colonel Res- sayre enléve énergiquement son régiment, le général de Cham- péron est en téte ; le 6° dragons méne vigoureusement la poursuite pendant un kilometre ou deux. On le voit s’enfoncer au loin dans le steppe. Bientdt les cava- liers un peu égrenés par cette course folle, et sentant leurs che- yaux 4 bout de souffle s’arrétent pour tirer des coups de fusil dans le tas des Russes qui a fait halte pour se rallier. Ceux des dragons qui sont restésen arriere tachent de rejoindre les premiers en frappant 4 coup de plat de sabre Ja croupe de leurs chevaux. Tout ce que l’on atteint jette ses armes et se rend prisonnier. Cependant les Russes, s’étant rendu compte du petit nombre de cavaliers 4 leur poursuite et de leur égrénement, veulent re- prendre l’offensive, dja ils poussent leurs hurrahs; mais leurs chevaux n’en peuvent plus et le reflet des casques du 7° dragons, qui arrive en soulevant un nuage de poussiére, les détermine 4 ne rien tenter. La victoire nous reste. Le général de Champéron fait sonner le ralliement, et forme le Ge dragons en tirailleurs avec des groupes de soutien, puis le gé- néral d’Allonville ayant donné le signal de la retraite, il la fait couvrir par le 7°dragons, maintenu jusque-la. en bon ordre. On fait halte pour permettre aux chevaux d’artillerie de repren- dre‘haleine. i Laffaire avait duré un quart d’beure environ. Les Russes y avaient perdu 469 prisonniers dont 2 officiers, 250 chevaux, 50 blessés ou tues, 6 piéces, 12 caissons et une forge de campagne. Parmi les tués était le colonel Andreosky du 48° lanciers. Par- mi les prisonniers était un tout jeune officier, le lieutenant Pro- copwitch du 48° lanciers. La mélée avait été chaude, nous avions trente-cing 4 quarante tués ou blessés, presque tous du 4° hussards, On se hata de les re- lever. Parmi eux étaient deux officiers de V’état-major du général Esterhazy, le capitaine Pujade son aide de camp, qui se tenait accroupi, couvert de sang et criblé de blessures et M. de Sibert Cornillon, son officier d’ordonnance, appartenant au 6° dragons, qui gisait criblé de coups de lances. On disait que M. de Sibert Cornillon avait recherché la mort en désespoir d’avoir été accusé quelque temps auparavant de pusillanimité par des malveillan- ces. Le général Esterhazy s’était également brave ment exposé et il ne devait la vie qu’au hussard Wermarre. — 105 — Les médecins s’empressérent auprés des blessés et M. Darnis, Ie digne aumdnier de la division, remplit les pénibles devoirs de son ministére auprés des mourants et des morts. Le capitaine Chopelet et 4 hommes du 6° dragons étaient bles- sés. Le lieutenant Hazotte et le sous-lieutenant Janin du 4: hussards étaient blessés ainsi que les maréchaux-des-logis Bourseul, Ga- briel, Piat et Caylat, les brigadiers Régis et Faucillon, plus 23 hommes du méme régiment. Le maréchal des logis chef Ditch et quatre hussards étaient tués. Un maréchal-des-logis et cing des hussards blessés moururent de leurs blessures, entre autres Wer marre qui avait si bravement sauvé la vie A son général. Le maréchal-des-logis Bourseul, qui s’était élancé Yun des premiers sur les canons ¢tait littéralement couvert de bles sures. Lestraits de bravoure du 4° hussards étaient nombreux: Le commandant Tilliard avait tué de sa main un officier de lanciers. Le capitaine Lenormand, qui commandait le 4 escadron, ayait ramené deux fois son escadron sur les piéces que les Rasses défendaient avec acharnement. Le lieutenant Garcin avait chargé avec une partie de son pe- Joton sur la portion de la batterie qui rétrogradait, avait été maitre un instant de deux pieces et de trois caissons et quoique entouré de toutes parts avait su conserver Pune de ces pieces. I avait ot6 fortement secondé dans cette circonstance par le maré- chal-des-logis Robillard, les brigadiers Jonastir et Rogé et le hus- sard Cornary. : Le capitaine Charmeux, qui commandait le 4° escadron, avait mené son escadron 4 la charge en yéritable officier de cavalerie légére. Le maréchal-des-logis Rougeot, toujours en téte, avait tué un Russe et en avait blessé plusieurs. Le maréchal-des-logis Camelot avait dégagé son officier de pe- Joton. Le hussard Cantarel avait tué un lancier et en avait blessé un autre. Le hussard Crass avait sauvé la vie a son Officier de peloton. Le hussard Brosse avait tué trois cavaliers russes dans le combat. = 108 — Le mussard Achon et le brigadier Michel avaient tué plusieurs Russes et avaient été désignés par leurs camarades comme les plus braves. Bien d’autres cavaliers encore s’étaient fait remarquer par leur — brayoure. Aussi le général d’Allonyille vint-il devant Je front du 4° hussards avec un visage satisfait en s’écriant : — « Merci, braves hussards ! vous étes bien les enfants de la vieille sabretache ; les premiers vous avez eu Yhonneur d’abor- der ’ennemi en rase campagne, et vous avez fait avec une telle vigueur qu'il foutra toujours le camp devant la pelisse rouge ». Les dragons recurent, a leur tour, les félicitations qu’ils méri- taient, et la colonne rentra 4 Eupatoria, les piéces russes encore chargées, conduites par leurs propres servants, sous l’escorte de cavaliers frangais. Quand notre cavalerie rentra 4 son bivouac, il y avait dix-huit — heures que les hommes n’avaient mangé et vingt-quatre heures que les chevaux n’avaient bu ; beaucoup d’entre eux tombérent fourbus. La rapide marche d’approche que Yon avait di faire pour ne pas laisser échapper Yennemi, avait coupé les jarrets des chevaux © et ils étaient arrivés au combat presque & bout de souffle. Il est presque superflu d’insister sur la nécessité d’entrainer la cavalerie et de la tenir en haleine pour que des circonstances comme celles-ld ne puissent ainsi la compromettre. Mais qui aurait osé le dire alors ? 4 Le lendemain de cette brillante affaire de Kanghil, Vofficier de grand’garde en face du pont du lac, le lieutenant du Cheyron, du 7° dragons, vit s’avancer dans la plaine quelques cavaliers russes. Un officier se détacha au galop du groupe, et levant le pavillon parlementaire, demanda 4 entrer en communication avec le général d’Allonville. Pendant que Yon portait au général le pli remis par le capitaine russe, celui-ci et le chef de la grand’garde se tinrent silencieusement sur le pont & quelques pas l'un de Yautre. Pientot, un officier d’état-major, le lieutenant de Cools, arriva du quartier général, accompagné de V’officier — russe fait prisonnier la veille. Le capitaine envoyé ainsi en parle- mentaire avait perdu, au combat de Kanghil,la plus grande partie _ de son escadron ; il apportait un sac d’argent pour ses hommes, ainsi qu’une petite somme pour son ordonnance, vieux serviteur qui V’avait suivi dans plusieurs campagnes et dont il regrettait — 107 — vivement de se séparer. La conversation s’engagea en buvant quelques verres de champagne et en cassant du biscuit de troupe. Le jeune officier, notre prisonnier, avait les yeux humides de larmes. — « Jen’ai pas besoin de vous le recommander, Messieurs, dit le capitaine, vous le traiterez certainement bien, et il va faire un fort joli voyage; mais il sort récemment de Pécole militaire, ilest tout attristé de commencer ainsi sa premiére campagne, vous de- vez donc comprendr2 son émotion ». Puis, avant de se retirer, le capitaine remit sa carte de visite 4 chacun des ofliciers présents en les priant de Ini donner la leuren échange. Elles étaient rares en ce moment! Le lieutenant-colonel de Landrive, du 7° dragons, en avait dans son carnet de poche, et lorsque le capitaine Alexander X... eut yu cette adresse : «8, rue de la Chaussée-d’Antin ». — « Nous sommes voisins, mon colonel, Ini dit-il, car jhabite tue de la Ferme des Mathurins; laissez-moi espérer qu’avant long- temps je pourrai avoir Phonneur de vous rendro visite 4 Paris. On se serra la main, et chacun en se retirant se disait tout has: « Aurevoir, 4demain peut-étre ! », Cette entrevue amicale n’est qu’un exemple entre mille des re- lations courtoises et fraternclles qui existaient entre les officiers des deux camps 4 chaque suspension d’armes, Commandant Picanp. Matslots de la Garde Consulaire 1803 Unarrété des Consuls en date du 23 brumaire an X (14 novem- bre 1801), prescrit que dans la Garde consulaire, le général Mortier sera nommé commandant. en chef de lartillerie et des ma- telots. Ainsi, en 4801, Vadmirable corps (élite qui devait,plus tard, sous le titre de Marins de la Garde Impériale, prendre une part glorieuse 4 toutes les cam- pagnes de l’Empire, était créé, Mais il ne fut pas formé de suite, Ce n’est que par un nouvel ar- rété daté du palais de St-Cloud,. le 30 fructidor an XI (17 septem- bre 1803), que Bonaparte ordon- na la formation 4 Courbevoie, dun corps de marins qui ferait partie de la Garde consulaire sous le nom de Bataillon des matelots de la Garde. Créés et formés au moment oi Napoléon avait réuni une formi- dable armée au fameux camp de Boulogne, afin de porter la guerre aucoeur de PAngleterre qui avait violé le traité d’Amiens, en refu- sant @évacuer Malte, et dont les navires capturaient nos batiments. a oa Hig: CHET ag» de commerce sans aucune décla- a ration de guerre, les Matelols MATELOT DE LA GARDE CONSULAIRE (quartier-maitre 1808, — 109 — de la Garde devaient, dans cette grande entreprise qui avorta par la ruse de Angleterre qui réussit 4 faire entrer dans une . nouvelle coalition, l’Autriche, la Russie et la Suéde, faire le ser~ vice aupres de la personne du futur empereur, manceuvrer le navire qui le porterait au deli de la Manche ou conduire les péni- ches sur lesquelles les corps de la garde devaient embarquer. Napoléon, obligé de faire face 4 Vest, abandonna momentané- ment l’envahissement. de l’Angleterre, qu’il comptait reprendre plus tard lorsque les circonstances le permettraient, etenvoya ses troupes sur la frontiére du Rhin tout en conservant néanmoins les Marinsde la Garde,se réservant de les employer au moment opportun pour le passage des cours d’eau, la construction de ponts de bateaux, etc.,et méme faire le service 4 pied ou monter A I’as- saut comme de simples fantassins. Nous croyons intére-sant de donner ici le texte de V’arrété du 17 septembre 1803, publié dans le 3° volume du carnet dela Sabre- tache (1895), page 148, sous la signature de M. le Commandant Saski, prescrivant la composition du bataillon des Matelots dé la Garde : a « Saint-Cloud le 30 fructidor an XI de la République (17 septembre 1803). «Le gouvernement de la République sur le rapport du ministre de la ma- rine et des colonies, arréte: « Article 4. — Il sera formé un bataillon de marine qui portera Ie nom de Bataillon des Matelots de la Garde. « Article 2. — Le hataillon sera composé de 5 équipages. « Article 3. — Chaque ¢quipage sera composé de 5 escouades. « Article 4, — La force du hataillon se composera comme suit : Etat-Major. 4 capitaine de vaissean, commandant du hataillon. 4 lieutenant de vaisseau, adjudant, 5 capitaines de frégate ou lieutenants de vaisseau, commandants @Squipages. 25 lieutenants ou enseignes, commandants d’escouades, 25 maitres. 25 contremaitres. 25 quartiers-maitres. 625 matelots. 5 trompettes. ‘37 hommes, officiers, officiers mariniers et trompettes compris Total... 7 — 110 — ‘¢ article 5. — Chaque équipage sera composs comme-suit : 4 capitaine de frégate ou lieutenant devaissean commandant. 5 lieutenants de vaisseau ou enseignes, commandants Wescouales. 5 maitves d’équipage. 5 contre-maitres. 5 quartiers-maitres. 425 matelots- _{ trompette. Total. 447 x “« Article 6. — Chaque escouade sera composée comme suit : { lieutenant de vaisseau ou enseigae commandant, 1 maitre d’équipage + 4 contre-maitre. 4 quartier-maitre. 25 matelots. 29 Total. ‘Au fur et & mesure de leur formation, les matelots de la garde consulaire étaient dirigés sur Boulogne et le Havre pour armer les batiments de la flotille chargés de transporter les trou. pes en Angleterre. L'uniforme des matelots de la garde était splendide, Jl se composait : 6 de tresses jaunes ; collet bleu ; parements de arap rouge. Gilet de drap rouge & tresses ot boutons jaunes. (Les boutons du paletot ot da gilet sont en cuivre, plat, entourés un cable auquel se rattache ~ Whe anere traversant dans sa longueur le faiseoan de lictour de la Républi- que: de part et Wautre de lembléme, les lettres R. F. En légende: Garde des Comauls), culotte en drap bleu avec un galon de laine orang® et une tresse & Jahongroise de méme couleur aux ouvertures du pont. shako noir, sans visiere, avee pourtours supéricur et inféricur, ganse de cocarde et cordon en laine, grange, plumet éearlate. (La cocarie se trouve placée sur le ebté gauche du Shako, le plumet est sur Ie devant). Plague en eulvre & V'anere sit Je devant. Contre-¢pauleties en cuivre & écailles. Baudrier porte-sabro on ouir noir, Drax gonne orange. Bottes 4 1a hongroise avec galons et glands orange. ‘in tonue d’été les matelots portaient le méme unilorme mais en nankin prodé de soie blanche. Les officiers mariniers étaient assit portaient les marques distinetives 5 assimilation était la suivante: ‘Los mattres porfaient les galons des maréchaux des logis chefs. ‘Les contre-maitres, ceux des maréchaux des logis. Les quartiers-maitres, coux des brigadiers. D'un paletot de drap bleu orn milés aux sous-oficiers de la garde et en —1u— Les officiers portaient l'uniforme des officiers de vaisseau avec Tépaulette de leur grade et laiguillette en or. L’armement fut régié de la maniére suivante: Un tiers des bataillons dut porter des sabres; Le second tiers des haches ; Le troisiéme tiers des piques. En outre tous les hommes portaient des pistolets a la ceinture (1). LaF. ’ETAIS adjudant au 6° lanciers, lorsque Jappris ma nomination de sous-lieu- tenant aux Guides... quel bonheur !... au lieu de garder mon joli uniforme de lancier, je trouvai plus chic de me faire habiller en civil par un tailleur du Mans. Tu vois, mon cher fils, cette coupe dici! Mais j’avais tellernent peu Vhabitude des choses du monde que je me croyais fort élégant ainsi. Et c’est dans cette tenue que je devais faire mon entrée chez les brillants Guides! J’en frissonne encore quand j’y pense! (1) Par suite de Tabondance des matiéres, nous sommes obligés de nous arréter 1a pour les Matelots de la Garde. Nous aurons l'occasion de revenir plus lard aux Marins de la Garde. ES eae te eee — 112 — Adieu done, le 6° lanciers, le nouveau Guide est parti!... J/Epopée des Guides! Elégant comme je t’ai conta, je débarquai — chez mon ami du Dognon qui était au régiment depuis un an. Il logeait cite Valadon, au Gros-Caillou. Il m’indiqua un petit ap- partement tout 4 coté oi je m‘installai. Mon bagage n’étant pas Jourd; peu de vétements mais 4 la derniére mode du Mans. En me voyant du Dognon dit : « Tuas l’air d’un petit musicien alle- mand! Tu devrais prendre une clarinette! » Je fus surpris. Alors nous alldmes chez son tailleur, Deux jours apres j’étais trans- formé (voir Lucien de Rubembré). En méme temps, commandes duniformes, armes, harnachements, cout ! 3,000 fr. — Régiment économique, s’il en fut! Le Mess des officiers occupait un trés beau rez-de-chaussée précédé d'une cour, rue de Grenelle. Grace 4 Vhabitude que cha- que nouvel officier donnat une piéce d’argenterie en arrivant, nous étions assez magnifiques de ce cdté. Les salons, bien meu- blés. Les gens bien tenus. Maitre d’hétel en noir, valets de pied — en livrée vert et rouge. A table, on se plagait 4 sa convenance, sans distinction de grades. Tous les 15 jours nous donnions un diner avecinvitations. La musique venant jouer. Ces diners étaient tres gais et fort courus. Seulement la solde s’en ressentait 4 la fin du mois. Excellentissime la Musique, sous la direction du pere Mohr, — composée en partie de gagistes payés trés cher. Un hautbois, surtout, tout 4 fait remarquable. Un timbalier 4 cheval. Comme uniforme les couleurs étaient renversées : Dolman rouge et pan- talon vert. LEmpereur l’envoyait souvent jouer a létranger. En Angle- terre et en Belgique, succes énorme. Le colonel Fleury avait été Yami de jeunesse de ’Empereur. C’était un grand bel homme, trés froid, tres « gentlemen ». Il avait un si rude chic sur son magnifique cheval, couvert d’or de ~ la téte aux pieds, ses multiples décorations répétées sur sa pelisse flottante. D’origine ordinaire, il avait l’air du plus grand sei- gneur. Il logeait au Louvre, au batiment des écuries de l’Empe- reur. Nous ne le voyions guére, du reste, qu’ Voccasion desgran- des revues. L’'Empereur l’aimait beaucoup. L’Impératrice le détes- _ tait. Selon Vhabitude, il m’invita 4 déjeuner peu aprés mon arriyée ; ony allait en grande tenue de service, giberne. Fort intimidant Je colonel. Pas Ja moindre envie de lui taper sur le ventre! — il avait auprés de lui un lieutenant d’état-major, M. de V... aujour- Whui général — Fort de mes amis. Les officiers, pas aussi « seleet » qu'on pourrait le croire. Beaucoup de jeunes gens trés bien nés, plusieurs portant de grands noms, mais un bon tiers tres communs et parfaitement bourgeois. Nous appelions cette fraction « la petite Pologne ». Veus le bon esprit d’étre en trés bons termes avec elle. Comme officiers supérisurs: Le liewlenant-colonel Comle de Montaigu. M. de Nansouty, mon chef d’escadrons, wn type de vieil africain, & moustaches et barbiche énormes, embouché comme un porte-faix, égrénant un chapelet de jurons a faire dresser les cheveux sur la t¢te, passant pour un brave 4 trois poils, un sabreur fini... C’est Ini qui villégiature aujourd'hui sur le-pic du Midi. Le capitaine Mathéron, un type resté legendaire dans Varmée, gros comme un tonneau, embouché encore plus mal que M. de Nansouty ; mais beaucoup d’esprit naturel, du meilleur esprit de yoyou parisien. Trouvant surtout, le mot Juste, insolent comme pas un. A un grand diné chez la Vicomtesse de Ch..., il interpelle tout haut le maitre d’hotel: « Hé, Bedeau, donnez-moi done a boire ». Réellement cet homme avait lair d’un bedeau. A la suite d’un attentat contre ’Empereur, le capitaine Mathé- ron eut une idée assez dréle, il me dit un beau matin: « Nous allons perquisitionner. Moi je serais le chef de la police impé- riale et yous mon secrétaire ». Nous voila partis, moi un cahier sous le bras et nous commencons une tournée chez des petites dames qui ne nous connaissaient pas. D’abord ca marchait tres bien. Ellesavaient une peur bleue, jurant qw’elles ne connaissaient aucun italien. Enfin chez l'une, Mathéron fat si drdle, que je ny pus tenir et que je partis d’un fou rire. La petite dame compre- nant que nous étions des farceurs, se mit a crier, furieuse; et nous n’etimes que le temps de déguerpir au plus vite... ily en aurait comme ga 4 remplir des pages. Froidefond, un Lieutenant, bon garcon mais violent; il avait des amusements ¢tonnants. Un jour j’entre chez Ini il était en train de briser ses meubles. Dans un coin était blottie sa maitres- se. « Tu tombes bien me crie-t-il, je suis en train de jouer a la cB oes te tt te ia Ta ee ville prise d’assaut. Les horreurs de la guerre, quoi! La-bas tu vois la jeune épouse du vieuxduc. Toi, tuvas fairele vieux Duc! » Ce que je fis demi tour! Ses duels avaient parfois une issue tragique. Le jeune duc Cata- neo s’en apergut: il recut un tel coup d’épée qu’il en trépassa net. Froidefond, Ini, fut tué 4 Magenta. : Le Lieutenant marquis de G. Gentil, bon camarade, inteili- gent, revenant tout jeune de Crimée ot ilavait été envoyé pour une frasque. Et il en faisait souvent ! Trés riche alors... Un jour que nous étions au bain des hommes, a Milan, je lui pariais qu’il ne sauterait pas dans la Seine 4 cheval, sabre au cété, traversant Vétroite passerelle et tres longue d’ot les hommes piquaient des tétes. Son matin de cheval suivit tranquillement la passerelle branlante, santaet regagna la rive, son cavalier snr le dos. Un matin il avait passé la nuit Paris au bal masqué, il man- que le train de Melun, étant de semaine. Le chef de gare est avisé qu’un train spécial arrive. Il se précipite avec ses employés pour ouvrir la portiére, trop tard! un chinois a bondi et se sauve en courant. C’était G... Déja a cette époque, il était trés actif, ne dormant presque pas. Personne ne se doutait alors du chemin qu'il parcourrait. C’est au Mexique plus tard, étant capitaine et off. d’ordonnance de l’Empereur, qu’il recut une balle dans le ven- tre. A la suite de cette blessure il dut porter la specnaaite plaque @argent. Trés aimé- de l’Empereur. Le Ve de Chaselles, le M* de Massa, le Pe de Sagan, le Vie de Sentenac, la tournure et la démarche d’un paysan, l’ame dun chevalier du moyen-ige. Un original. Un jour il donna sa démission et pour ne pas faire comme tout le monde, il s’en re- tourna chez lui, 4 Pamiers, 4 cheval : un mois et plus de route! D...ts, mon ami trés cher, qui fut aimé quinze jours par la belle et suggestive Desclée. Quand elle le lacha, il devint fou. Le bon capitaine d’Assier,le Lieutenant Renaull-Morliére, au- jourd’bui général. Hdoward-André dit « le guerrier économe » bien que richissime. Prince Murat sous-lieutenant, tres gentil ; on Vappelait Mon- seigneur. Moi, en arrivant, parole d’honneur, je pronongais : Muratte. Le Comte de Comminges sous-liewenant ; Comte Léonor de Chabot qui avait obtenu V’extréme faveur de s’engager au — 115 — régiment.ou on ne recevait que des hommes ayant 2 ans de ser- vice. Le terrible adjudant-major de Gressot, le Baron de Roques surnommé « l’Amiral ». Le capitaine Corot, type de Boulevar- dier, tres amusant et plein d’esprit, etc... etc. Tenue du matin, pantalon bazané jusqu’aux genoux a double bande d’or, tunique verte trés courte, 4 un rang de boutons, bon- net de police, c’est ainsi qu’on ya déjeuner, puis le café pris, chacun prend son bonnet de police dans l’antichambre et sillonne Tavenue de la Motte-Piquet pour s’en retourner chez soi. A 4 heures les élégants montaient 4 cheval au bois de Boulo- gne. Les heures ne sont plus les mémes ! — Crest aujourd’hui, grand mercredi, jour de diné prié 34 7h. 1/2, j’entre au mess. Les salons sont éclairés agiorno, toutle monde en habit noir et cravate blanche, sauf les officiers de semaine. M. Jamin, le maitre d’hétel s’avauce, solennel : « Ces Messieurs sont servis ». Rudement chic, la salle 4 manger ! Entre les beaux surtout d’argent, de masses de fleurs, profusion de lumiéres, le valets de pied tres corrects. La musique dissimulée derriére un massif de verdure attaque la Marche du Prophéte. Linvité est sérieusement « tué ». Au dessert, quand la musique commence la Marche des Guides de rigueur, c’est avec une effu- sion sincére, tres rouge — les vins étaient bons — que le dit invité léve son verre, pour boire 4 la santé es Guides : on se tutoie. Le colonel Fleury, qui nous lionore, ce soir, de son au- nce est debout et choque son verre contre celui de ses és le Comte Nigra, ambassadeur d’Italie, et le Comte de Niewerkerke, surintendant des beaux-arts... —.Les semaines, dures 4 monter. Dans aucun régiment, con- trairement 4 la légende, ona serviavecune rigueur aussi eaxtré- me. Et quelle magnifique troupe. Hommes et chevaux écrémés dans tous les régiments de ligne. Comme service : nous n’avions que les Escortes de l’Empe- reur et plus tard celles de l’Impératrice. L’officier d’escorte dinait le lendemain aux Tuileries. Pas commode pendant ’hiver ce trot allongé, a la portiére ! Pour le prince Impérial nous devions la couvrir entigrement. Pour VEmpereur, au contraire, il fallait rester un peu en arriére. Les jours Wescorte, nous arrivions aux Tuileries 4 44 heures, pour 24 heures. L’officier couchait dans un entre-sol donnant sur Je quai du Louvre. Il pouvait recevoir des visites, mais pas passé minuit.. Pauvre petit rpmatel Yétais allé avec mon régiment & la céré- monie de son baptéme a Notre-Dame. C’était beau : Quel enthou- siasme alors? L’Empereur rayonnait dans son carrosse doré, surmonté de lacouronne Impériale et trainé par 8 chevaux. Qui edit prédit alors cette accumulation de Ce que V'ave- nir tenait en réserve? Aus bals de la Cour. ly avait deux sortesde bals : les grands pals aux Tuileries ot tout officier pouvait aller, avec une carte facilement obtenue: grande tenue de service, culottes soutachées Wor et bottes 4 la Souwaroff. Les bals intimes de l’Impératrice, le lundi: Pour ceux-la ij fallait avoir 6te présepté: habit noir, culotte noire, bas de soie MOMMA. Lie Tes go pie artes tessa e “aReu igs es ven alae ee Sl-Germain.... St-Cloud. Un mois de détachement 4 St-Cloud avec l’Escadron d’Assier pour assurer le service d’escorte. Escortes de l’Empereur 4 Paris, chacun notre tour, assez dure 4 temps de trot allongé et & la Francaise jusqu’é Paris! Il était défendu de galoper, mais je m’étais carrément sou- mis au petit galop dés le départ, l’Empereur le regardait vague- ment. Un jour, il avait le Grand-Duc Constantin dans sa voiture. Je crois bien qu’il ne savaient plus que dire tous les deux. Le Grand- Duc se penche du cété de mon petit galop: « Votre propriété. Monsieur Vofficier, ce cheval? ». — « Non, Votre Altesse, 4 ’E- tat ». — Bel animal ! » et.il se retourne du cété de ’Empereur en ayant lair de luidire: « Matin! mon vieux! comme vos ofticiers sont montés! ». Et ’Empereur souriait. . . 2... . + — Défense d’aller A Paris pendant le détachement. . . . Puis retour 4 St-Germain pour peu de temps, je crois . . + Camp de Chdlons. Toutde suite aprésSt-Germain? je ne m’en souviens pas. Au camp, toute la Garde. Nous Vinaugurions; grandes tentes céniques pour chaque officier. Une baraqueen bois pour le mess. On s‘%tait payé pour cette occasion, un service de table orné d’un — U7 — joli motif représentant une tente. En banderolle: « Camp de Cha- lons. Régt des Guides ». Notre service 4 Paris avait ’Ecusson ae et une bande vert et or. ee Nous ne pensions pas ae ce camp, inauguré avec en déclat, serait incendié quel- ques années plus tard, par larmée francaise elle-méme, deja battue... Melun. — & cette époque, le colonel Fleury étant passé géné- ral, nous avons, comme colonel, M. de Mirandol. Il gasconnait et n’était point beau. Nous le surnommames « Bernard ». Pour- quoi? Compiégne. — Habité 4 Compiégne de moitié avec mon ami @ Etienne, wn gentil et bon camarade qui devait mourir 4 Saumur des suites d’une chute de cheval. A Compiégne le capitaine en 2° Corot, fut remplacé 4 Vesca- dron par Barbancois (Cte de)... En Italie, pour se faire donner un lit, il faisait le blessé, en disant: « Arété un letto per un ferito ». Et ¢a collait. Campagne d'Italie. — Comptant guerroyer sans doute 40 ans je fis fabriquer une caisse immense dans laquelle j’empilai toutes mes affaires et je les expédiai chez nous dans la Hte-Garonne, D’abord cette caisse causa 4 ma mére une impression pénible et puis cela lui cotta fort cher de port. Mauvaise idée. Route de la Corniche. — Le régiment fat embarqué en chemin de fer qui le conduisit 4 Marseille. De 1A, route de la Corniche & cheval. Par exemple, cette route un enchantement. A Nice. — I n’y avait pas assez de fleurs pour nous en couvrir. Elles pleuvaient et les Nigoisesnous arrétaient dans les rues pour nous offrir des bouquets. Le soir représentation de gala. La garde nationale avait mis un poste au théatre et nous ne pouvions sor- r... pour prendre l’air... sans qu’ilne prit chaque fois les armes. Menton, — Sdjour. Puis de merveilleuses chevauchées le long de la mer, sous le ciel bleu, déjeunant sous des bois dorangers en fleurs ! Que nous étions gais! Et 26 ans! Jamais je n’oublierai ce moment de ma vie. Les entrées dans les villes étaient amu- santes. Nous quittions nos pelotons pour aller nous mettre en ligne derriére Je Cne d’Assier et c’était 4 qui crierait plus fort des « Evviva! » Les bouquets nous bombardaient. Genes, — Curieux le café de la Concordia hondé dofficiers de ae — 18 — toutes armes. Mon escadron a été détaché pour fournir l’escorte de !’Empereur et nous avons gardé cette situation agréable tout le temps de la campagne. Ceétait assez dur. Mais nous avions de pons chevaux. L’Empereur faisait les étapes en poste a 4 chevaux et ca filait bon train. Pas de cantonnements. Presque toujours pivouaqué. Mais il faisait si beau! Et du reste, si nous avions le mallieur de coucher dans une auberge, nous étions littéralement ‘dévorés par les punaises. Nous étions couplés, mon ami André et moi. Comme il avait un domestique civil et 2 chevaux de bat, il fai- sait suivre une tente assez grande : nous avons bien ri sous cette tente. Je ne conterai pas la campagne. Jo Yai oubliée 4 peu pres, seulement par ci, par 1a. Yai eu peu de chance, va que jraurais di revenir décoré. — Deux fois j'ai manqué le coche. La veille de Magenta, jétais commandé d’escorte pour le len- demain. Comme j’étais assez souffrant de dyssenterie, je priai un. camarade, d’Angleville, de me remplacer. On nese dontait guére quil y aurait une bataille le lendemain. Un autre ett été vexé, moi j'étais fou de rage... L’escadron moins son peloton Wescorte, n’arriva 4 Magenta que quand tout était fini. Je vois d’ici le premier mort que nous yencontrames. C’était un grand auirichien plond, a Yuniforme plane, allongé dans un fossé, pieds nus. Aux approches de la ville ils étaient en monceaux. Crest 14 que mourut mon ami Froidefond dont je rencontrai. le cadavre et celui du général Espinasse, cote & céte sur Un cacolet. ‘Affreuses chaleurs. Nous marchons toujours dans des tourbil- jons de poussiére. Soif dévorante, un coup de gros vin bleu de temps en temps, ou par ponheur de la limonade glacée que font : sibien les Italiens. Milan.— Oh! une vraie féerie que notre entrée. Lescadronsui- yait ’Empereur quimarchait sur des monceaux de roses aumiliew @un peuple vraiment en délire. Les cloches sonnaient A toute vo- lée, le canon tonnait, nos chevaux s‘effrayaient des fleurs qui tombaient de partout. Etle soir, & la Scala! quand ’Empereur est entré avec le Roi, j'ai cra que la salle s’effondrait sous les trépi- — 119 — gnements, les acclamations. On jouait « La Fille du Régiment ». Les danseuses avaient des jupes tricolores, 4 un moment donnée, tout le corps de ballet s'est mis 4 genoux du cété de la loge royale en agitant des drapeaux. L’Empereur, ému, sou- riait... Pendant qu’avaient lieu ces magnificences, on se_battait ferme 4 Melegnano, 4 20 kil. de Milan. Je fus chargé d’escorter avec mon peloton le général Pajol qui s’y rendait. Pour le coup, le spectacle du champ de bataille dépassait en horreur ce que j’avais vu et ce que je devais voir plus tard. Des monceaux de cadavres encombrantles rues, les ruisseaux étaient rouges et nous avions une peine infinie 4 nous frayer un passage. J’observais 14 une particularité que Zola a signalée, je crois,dans la Débdcle. Beau- coup de cadavres dont la mort a été foudroyante conservent l’at- titude qu’ils avaient quand ils ont été frappés: par exemple, comme s‘ils tenaient leur fusil en joue, la main droite 4 la hauteur de la gachette, etc... Alors expression de la figure est calme, ceux qui ont été atteints dans le ventre, ont une physionomie convulsée. Leur bouche est ouverte. On voit qu’ils ont souffert et crié. Hor- rible chose, un champ de bataille et son odeur ! Cing ou six jours de repos 4 Milan : Nopces et festins. Nous ne nous embétons pas du tout. Puis, de nouveau, les galopades sous le soleil de plomb fondu, au travers des nuages de poussiére, toujours gais. Ce que j’ai été insulté, dans ces galopades! Souvent je devais aller attendre ’Empereur 4 un point assez éloigné pour relever une autre escorte. Alors j’avais 4 marcher bon train traversant des corps de troupe d’infanterie que j’aveuglais de mes torrents de poussiére. On voulait m’arréter! Mais : « Service de ’Empe- reur! » et il fallait bien me laisser passer. Et je les entendais hurler, comme disait mes hommes, les « pousse-cailloux », y com- pris leurs Généraux. Pas mauvais contre le soleil nos énormes Kolbachs. Ca préser- vait des insolations ., mais ne préservait pas le teint par exemple ! Ma figure était couleur cuivre. Solférino. — Je rejoignis ce jour-la mon escadron au lieu dési- gné. Nous n’avions pas d’ordres et nous dimes assister A cette grande bataille en spectateurs. La tour de Solférino n’était pas loin de nous et avec. nos lor- cri i das meats — 120 — s les bataillons monter 4 Yassaut, les drapeaux ‘etomber pour se relever encore, gnettes nous voyions tomber, se relever, 1" superbes! Quelles angoisses, quelles émotions nous étreignaient le coeur. Nous nous prenions les mains instinctivement, haletants. Vers 4 heures, un épouvantable orage éclata. On ne vit plus rien... — 121 — Nous attendions toujours 4 cheval, courbant la téte sous la rafale. A la nuit seulement, on vint nous prévenir de marcher. Nous dimes traverser une partie du champ de bataille. La lune brillait, heureusement éclatante, sereine. Un instantnous fimes halte dans un petit bois: un rossignol chantait éperdu- ment. Plus loin, je mis pied terre pour traverser un ravin obscur. Tout & coup, je me sens pris par le pied. Je me dégage violem- ment. C’était un mourant qui s’accrochait 4 m Une des péni- bles impressions de ma vie. Le lendemain le général Fleury me prit par le bras : « Mais pourquoi votre capitaine n’a-t-il pas marché? Pourquoi n’est-il pas venu rejoindre Empereur?» —«Mongénéral, nous n’avions pas @ordres. » « Eh! ilest des cas ou il faut savoir s’en passer ! »... C’tait la vérite... et d’Angleville qui, lui, était & ’Escorte, quel- ques jours aprés, était décoré. Villafranca. — L’Empereur monte 4 cheval pour aller au de- vant de l'Empereur d’Autriche... En avant, un détachement de Cent-gardes. En arriére Vescadron d’Assier, puis un escadron de gendarmesde la Garde. Cesderniers trés beaux avec leurs grands bonnets 4 poils. L’Empereur d’Autriche est signalé. Les troupes d’escorte de YEmpereur Napoléon III s’arrétent, font front, présentent les armes et les deux Souverains qui se sont rejoints passent au pas devant elles. Trés noble, ’Empereur d’Autriche, grand, blond, calme et digne. La guerre était finie. Elle avait était suivie par le vicomte de Sentenac, démission- naire, lequel en civil était venu rejoindre le régiment des guides 4 Génes... On le prenait pour un ordonnance, et fut un jour puni par un général pour avoir promené le cheval de son officier au grand galop. Turin, 2 jours. — Ces sales Italiens, depuis la paix de Villa- franca nous regardaient d’un mauvais ceil. Finis les bouquets ! Finis les « Evviva »! Pour peu, ils nous eussent lancé des cail- loux! Entrée dans Paris. — L’armée d’talie fit une superbe entrée dans Paris, par les boulevards jusqu’a la rue Royale et de 1a, elle : ' — 12 — défila devant V’'Emperenr qui tenait le prince impérial sur son cheval. ‘ Partout des arcs de triomphe. Beaucoup d’enthousiasme, un? masse de bouquets dont j’eus ma part. L’Empire était & son apogée, quoique cette guerre fat la plus grande faute de son régne. En passant devant le groupe Impérial, je hurlais : « Vive Em- pereur! » tres excité. A cette égoque, jéprouvais pour YEmpe- reur un vrai fanatisme; quand je fescortais, en Italie, je me sentais tout transporte de yénération et d’amour, je devais res- sembler 4 ce personnage de « La Guerre el la Paia » de Tolstot qui souhaitait tant de mourir pour son Prince... ... Cet animal de d’Angleville portait sa Légion @honneur. Moi, je ne rapportais qu'une modeste croix de Saints Maurice et La- zare! . (Etrait des souvenirs du comte de Callian) Pour copie conforme : Sr-MaRrceET. OLE DE S-GERMAIN 1810 Ecole de Saint-Germain Aso. L’ecole militaire de Saint-Germain, formée par décret impé- rial du 8 mars 1809, sous le nom d’Hcole spéciale militaire de cavalerie, organisée le 17 mai de la méme année, dans le cha- teau de Saint-Germain, était composée de 600 éléves, 4gés de plus de 16 ans, payant 2.400 fr. de pension et se destinant au service de la cavalerie, divisés en deux escadrons de trois com- pagnies, et d’un état-major chargé de leur police et de leur instruction. Luniforme adopté pour les éléves, depuis organisation de Ecole jusqu’au 6 septembre 1810, date 4 laquelle ils prirent Vhabit vert et le casque et sur lesquels il y aura lieu de revenir dans quelque temps, était le suivant: Pour la grande tenue. (Vom HGALEMENT LA PLANGHE cI-JOINTE DE M. L. VALLET). Habit bleu 4 revers blanes, collet, parements et pattes écar- lates, veste ou gilet de drap blanc, culotte de peau blanche, bottes 4 l’écuyére, éperons bronzés. Shako 4 tresse blanche avec plumet de couleur différente, suivant les compagnies. Boutons portant linscription: « Ecole militaire decavalerie ». Petite tenue. Surtout bleu sans revers et culotte de méme couleur. Armement. Fusil et sabre de dragon. — 124 — Garde Baloise 1842. La garde Baloise (garde nationale de Bale), faisait partie des troupes étrangeres au service de la France pendant la campagne de Russie. Le lecteur peut remarquer Yoriginalité de Ja tenue de cette trou pe en consultant la planche en couleurs dessinée par M. Maurice Orange. se Gardes du corps du Roi PENDANT LA CAMPAGNE DE GAND Asis Lorsque Napoléon revint de Vile @’Elbe, Louis XVIII se retira 4 Gand oi il concentra une partie de sa maison militaire. La maison militaire du Roi se composait, 4 son départ, de: six compagnies de gardes du corps (les quatre premivres représen= taient les quatre anciennes compagnies de garde du corps d’avant la Révolution, dont elles avaient conservé les couleurs distinctives, Jes deux dernires étaient de nouvelle création), d’une compagnie de gendarmes, une de vhevau-légers, deux de mousquetaires, une de grenadiers 4 cheval, une de,gardes de la prévété de l’hotel, une de gardes de la porte et une de cent-suisses. On rattachait également 4 cette maison militaire, les deux com- pagnies de gardes du corps du Comte d’Artois. Toutes ces troupes escortérent le roi jusqu’a la frontigre ; les cent-suisses, trois cents gardes du corps et mousquetaires et un pataillon de volontaires royaux (1), accompagnérent seuls le roi dans son exil, le reste de la maison militaire retourna a Béthune out on opéra son licenciement. (1) Formé a Paris avecles élaves de I'école de droit et qui avait marché aveo 1a maison militaire du roi. L'uniforme des volontaires royaux était le méme que celui de Vinfanterie de ligne avec un plumet de grande dimension au shako. GARDE DU CORPS nd) — 125 — D’autres gardes et mousquetaires franchirent individuellement Ja frontiére et vinrent grossir l’effectif du détachement de Gand. D’aprées H. Houssaye (tome I, 1815), la situation de Varmée royale se trouvait la suivante le 22 avril 1815:— Maison du roi 2 619 officiers et soldats gardes-du-corps, mousquetaires et cent- suisses, plus les volontaires royaux et 58 déserteurs de troupes Ces troupes adoptérent pour la tenue de campagne différentes modifications 4 leur uniforme, La tenue représentée par l’aquarelle de M. Vallet, est celle d’un garde du corps appartenant 4 une des deux nouvelles compagnies des gardes du corps. C’est purement et simplement l’habit de petit uniforme ; la coiffure seule a été modifiée par la substitution du Colback au shako. Notons ici, en passant, que bien que la coif- fure réglementaire ftit le casque, les gardes du corps portaient le chapeau en bataille orné d’un plumet. Tiss BY pe LE CHIC MILITAIRE Au peintre de Watertoo & Francois FLAMENG. ES performances de nos ainés engagent Vavenir. Il faut faire plus grand queux pour ne pas sembler moindres; et la Patrie, humiliée, blessée, doutant d’elle, a besoin, pour reconnaitre sa grandeur de l’héroisme de nos sabres et de la folie de nos che- vaux >. Voila certes de belles et judicieuses pa- roles, auteur en est coutumier, je dis, Ogier @Ivry, le grand poate militaire, le Tyrtée du 9 houzards, houzard lui-méme apres avoir été guide, fils de soldat, frere de sol- dat | Et si j'invoque en téte de ces lignes, ce grand nom si juste- (1) Ces déserteurs farent plus tard réunis en une compagnie de volligeurs qui marcha avec les cent suisses, : ere rene — 126 — ment aimé dans armée c’est que nul mieux queluin’asuévoquer Vhéroisme des pelisses galonnées flottant au vent de la charge et des grands plumets ondulant comme les blés au galop des four- - rageurs. Certes une immortelle flamme de patriotisme et Yamour passion- né youd 4 un chef unique dans les annales du monde animaient, remplissaient tous ces copurs de braves qui « cravachant la for- tune » ont su la ranger 4 leurs ordres. Certes tous ces peaux sol- dats du grand Empereur avaient comme on dit: « du coeur au yentre » et un mépris de Ja mort qui les a rendu immortels. JIs nous semblent des géants, et, cependant, étaient pas plus grands que nous. Quwest-ce done alors, qui physiquement nous Jes évoque dune si belle taille? Crest que toutes ces males poitrines bombent sous jes dolmans aux vives couleurs, chamarrées de brillantes tresses que ja pelis- se rouge ou verte ou planche ou bleue, véritable étendard du ré- giment que chaque homme semble porter sur Vépaule, flotte orgueilleusement au galop des chevaux pas toujours de tres pure race, mais fiers de leurs pelles chabraques et des sabretaches qui leur battent le flane. Crest que sous les ponnets 4 poils des grenadiers, les tétes pa- raissent plus guerriéres et que leur ombre fait briller les yeux dune flamme plus terrible. N’est-ce pas seulement quand ces hauts bonnets entrent en Espague, que les braves et fiers Espagnols comprennent que Ja guerre va changer et qu’ils nont eu affaire jusque-li qu’a des shakos sans importance ? : Crest que si nos dragons sont plus petits que les dragons blancs @Autriche, ils portent cranement le grand casque de cnivre qu’a chanté d’Esparbes et que tirant leur pesante latle en étendant le bras, ils peuvent répondre 4 qui gétonne de leur taille: « voila ce qui nous grandit ! » Napoléon aimait et youlaitde beaux uniformes, et les Allemands auxquels ont ne peut refuser le sens PRATIQUE de la guerre Yont bien compris de méme, puisqu’ils conservent avec un soin jaloux et les couleurs distinctives et les dolmans aux nuances variées, et les colbachs et tout ce qui peut faire croire 4 un régiment, «wil est supérieur au régiment voisin, en lui rappelant son his- toire. De fait, en Allemagne, quand ce ne serait que par une différen- — 27 ce de boutons ou de collet, PAS UN REGIMENT N’EST EXACTE- MENT SEMBLABLE A UN AUTRE, et tous ont encore les couleurs qu’ils portaient a la création. Si le vieux Fritz, le grand Fréderic reve-. nait, il pourrait reconnaitre de loin tous ses anciens régiments, et Jes appeler par leur nom. s Oi le « petit tondu » retrouverait-il son 4° d’Houzards ! Mais indépendamment de la couleur et de la diversité des uni- formes, il y a, il y avait surtout, autrefois, ce qu’on peut appeler « le chic militaire », c’est-a-dire la maniére différente d’ajuster ou de porter tel ou tel objet d’uniforme. C’est ce chic dont n’ont pas toujours tenu compte les militaires, qui donne le «caractére » de l’époque, nous fait dire par exemple en voyant les petits soldats de Détaille ou de Flameng: « ils devaient ¢tre comme cela. » C'est V’omission d’un de ces précieux détails qui, quelque va- Jeur qu’ait I’ceuvre, lui dte toute apparence de vérité pour les connaisseurs. Je citerai cet exemple : M. Gérdéme, dont le talent nest pas suspect, et qui connait comme pas un le vieux Monde Romain et Grec, a été plusieurs fois séduit par le personnage du grand Frédéric. I le fit jadis d’une délicieuse et spirituelle fagon, jouant de Ja fitte au retour d’une manceuvre, et tout derniére- ment le campant sur un vieux beau cheval du Tattersall, il en fit une statnette dont je ne me permettrai certes pas de critiquer la valeur artistique. Mais si le légendaire statuaire du Louis XIV, de la cour de Versailles, a oublié la gourmette du cheval du Grand Roi, lui, M. Géréme a péché par un exces contraire ila mis 4 son Frédéric des éperons ! Or, il est légendaire en Allemagne quele « Alt Fritz » n’en por- tait jamais ou presque jamais. Tous les dessins allemands, ou presque tous, et surtout les statues du temps le représentent sans éperons | (A suivre) L. VALLET. REVOLUTION 4. — Doré. 2, — Dore. 3, — (Gendarmerie). étal argente. 4. — Dore. — 128 — 1° EMPIRE 4. — (mar. de France). ore. 2. — (Gén, de division). Doré. 3. — (Attillerie 4 pied, gde-impériale). Cuivre. 4, — (Médecin, g.-imp.) Doré. —2a22— RESTAURATION jétal argenté. — Doré. NOS HUSSARDS PREMIERE PERIODE. — ANCIEN REGIME (1692 1 Janvier 1891) (suite). 1778 Le 16 aot, un corpsde troupes légéres est formé par le duc de Lauzun, sous le nom de Volontaires étrangers de Lausun. Ce corps, créé pour le service de la marine et des colonies, était composé de huit compagnies et d’une compagnie générale. Les huit compagnies se répartissaient ainsi: une de grena- diers, une de chasseurs, deux de fusiliers, une de canonniers, _ deux de hussards et une d’ouvriers. L’uniforme que prirent les hussards de ce corps, était le sui- vant : Pelisse bleu de ciel, doublée de mouton blanc, bordée de mouton noir, ornée de trois rangs de boutons d’étain et de tresses blanches; dolman entie- rement bleu de ciel, mémes agréments qu’ la pelisse ; écharpe jaune A cou- lants bleu de ciel; shako et flamme.noirs, galon et glands blancs ; sabretache bleu de ciel, bordée dun galon blane et ornée au centre, d’une ancre formée par un galon blane. Buiffleterie blanche. Le 22 novembre, une ordonnance royale porte la création @une place de Colonel général des hussards comme il suit: « De par le Roi. «Sa Majesté jugeant 4 propos de mettre les régimens de hussards sous Yautorité d'un colonel général ; Elle a ordonné et ordonne ce qui suit : ARTICLE PREMIER. « Sa Majesté a eré¢ et crée par la présente Ordonnance, une place de colo- nel général des Hussards, qu’Elle contére & Monseigneur le Due de Chartres, qui lexerce avec les mémes pouvoirs qu’Elle avait ci-devant accordés sur ce corps au colonel général de sa cavalerie. ART. 2 «En consquence de Varlicle précédent, les régimens des Hussards cesse- vont, & compler du premier décembre prochain, d’étre sous lautorité du colo- nel général de sa cavalerie, et passeront sous celle du colonel général des hussards, ART. 3 «Les officiers qui composeront & l'avenir les Régimens de Hussards, se- ront tenus de prendre lattache du Colonel général des Hussards. Art, 4 < Sa Majesté veut que ces régimens conservent entr’eux le rang qu’ils ont — 130 — eu jusqu’a présent, et que le corps entier des Hussards prenne rang immédia- tement aprés la cavalerie et avant les dragons. Art. 5 ‘< Les Régimens de Hussards continueront & se conformer en tout a Yor- donnance du 25 mars 1776, qui les coneerne particulidrement 4 celle du name jour, portant Réglement sur I’Administration des eorps de ses différen- tes armes, ot & toutes celles qui leur sont relatives. * Mndant Sa Majesté & Monseigneur le Due de Chartres, Colonel général des Hussards, de tenir la main a Yexéeution do la présento ordonnance. vc Mando ot ordonne Sa Majest6 aux Offciersgénéraux, ayant commandement sup ses Troupes, aux Gouverneurs et Lieutenans généraux en £05 Provinces, aux Gouverneurs de ses Villes et Places, aux Intendans en ses dites Provinces, aux Commissaires des guerres, et i tous autres ses Offlciers qu'il appartiendra, ‘do tonir la main & Pexécution de la présente Ordonnance. ‘< Fait A Versailles le vingt-deux novembre mil sept cent soixante dix-huit. Signé LOUIS. Bt plus bas, us PRINcE DE MONTAREY « 1779 Le 22 avitt, une ordonnance royale met sur pied les quatre officiers supe- rieurs de l'Etat-major du Régiment Coloned-géntral des hussards, < que Sa Majesté se propose de créer par la suile. : Cette ordonnance est ainsi congue = « De par le Roi, << Sa Majesté ayant agréé la proposition qui Tui a été faite par Mons. le due de Chartres, Colonel-Genéral des Hussards, de eréer dés a présent quatre offi- ciers supérieurs destinés & commander le régiment Colonel-Général des Rus- sards qui sera mis sur pied des que Je bien de son service Vexigere, Elle a ordonné et ordonne ce qui suit = ‘c Anticle 4", — Le mestre de camp commandant, le mestre de camp se- cond, le lieutenant-colonel et le major, destinés & commander ce régiment, se- ont établis en vertu de la présente ordonnance, et en attendant qu'il soient gn activité, ils feront ensemble leur service pendant 3 mois consécutifs, & eommencer du 1* juillet, & la suite d’un des régimens de cette arme, au choix ‘lu Colonel Général des hussards ; et leurs appointemens leur seront payés eonformément & Yordonnance du 25 mars 1776 concernant les hussards, & compter de la date de leurs commissions ou brevets. Liintention de Sa Majeste eat que, pendant les trois mois de service, {i soit fourni une ration de fourra- ge a chaque cheval d’escadron dont existence Sera constatée par le commis saire des guerres. “c Article 2, — Liintention de Sa Majesté est au surplus que les commissions ou brevets des officiers supérieurs ci-dessus, soient expédiés sous le nom de régiment Colonel-Générat des Hussards, comme si ce corps existoit. cart 3. — En attendant que co régiment soit mis sur pied, Sa Majesté 2 réglé que ces officiers supérieurs porteroient Puniforme ci-aprés fagonné & la Hongroise comme les autres régimens de Hussards = — 131 — Savor, & La pelisse, de drap rouge écarlate. < Le dolman, de drap bleu de roi, retroussis en drap écarlate. « La culotte et le manteau de drap bleu de roi. « Les boutons, galons, cordonnets et ganses jaunes. « Le shakos ou bonnet de feutre noir, bordé d'un galon de laine de méme coulezr, doublé de laine écarlate. « La sabretache, de drap rouge écarlate, ornée des armes du colonel géné- ral, et bordée d’un galon jaune. « L’équipement, l'armement et 'harnachement seront ‘semblables, quant & la forme, ce qui est preserit pour les régimens de Hussards. « Mande et ordonne Sa Majesté aux officiers généraux ayantcommandement sur ses troupes, aux Gouverneurs et Lieutenans généraux en ses provinces, aux gouverneurs de ses villes et places, aux Intendans en ses dites provinces, auix commissaires des guerres, et & tous autres ses officiers qu'il appartiendra, de tenir Ja main & 'exécution dela présente Ordonnance. « Faita Versailles, le ving!-deux oat mil septeent soixante-dix-neut signé Louis. Et plus bas, le prince de Montbarey ». « Louis-Philippe-Joseph d'Orléans, duc de Chartres, Princedu Sang, Lieutenan;, général desarmées du Roi, et des armées navales de Sa Majesté, Chevalier de ses Ordres, gouverneur et Lieutenant-général de la province du Poitou, Colonel général des Hussards, « Vu Pordonnance du Roi du22 aoiit 1779...., par laquelle Sa Majesté établit des present les quatre officiers supérieurs de P'Etat-Major du régiment, colo~ nel général des Hussards, qu'Elle se propose de créer par la suite : la dite ordonnance & nous adressée pour tenir la main & son execution ; « Nous, en vertu du pouvoir 4 nous donné par le Roi, a cause de notre place de Colonel général des Hussards, enjoignons aux mestres de camp propri¢tai- res, mestres de camp en second, Lieutenans-colonels, majors et autres officiers des régimens de Hussards, de s'y conformer, et de la faire exéeuter, chacun en ce qui le concerne : Et sera la dite or lonnanee, ainsi que la présente, pu- blige a la téte des régimens de hussards, afin qu'aueun nen prétende cause ignorance ; en temoin dequoi nous avons fait expédier la présente, que nous avons signée ot fait contre-signer par le Secrétaire général des Hussards. «Donné & Paris, le sept septembre mil sept cent soixante-dix-neut «signé L.-P.-J. d’Orléans. Et plus bas, par Monseigneur, signé Chaumont. Pieces ci-jointes, reproduites dans le « Carnet de la Sabretache >, de janvier 1797, n°49, venant des archives dela guerre, concernant V'uniforme du régiment colonel général des Hussards : « Corps des Hussards ». « Uniforme arraté par S. A. S. Mgr le Due de Chartres pour le régiment Colonel général des hussards (1). (1) Non porte. Habillement.

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