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CENTRE-ORIENTALE BIBLIOTHEK
DIRIGÉES PÁR HERAUSGEGEBEN VON
E. L U K 1 N I C H
= No 29 =
DOCUMENTA
HISTÓRIÁM VALACHORUM IN HUNGARIA
ILLUSTRANTIA
USQUE AD A N N U M 1400 P. C H R I S T U M
CURANTE
EMERICO LUKINICH
PROF. ORD. UNIVERSITATIS BUDAPESTIHENSIS
ET ADIUVANTE
LADISLAO GÁLDI
EDIDERUNT
BUDAPEST
1 9 4 1
RUMÁNISCHE SIEDLUNGEN LES COLONIES ROUMAINES
DES XIII. UND XIV. JAHRHUNDERTS DU XIII1 ET DU XIVE SIÉCLE EN TRANSYLVANIE "45°
IN SIEBENBÜRGEN UND IN DEN ÜBRIGEN TEILEN ET DANS LES AUTRES RÉGIONS DE LA HONGRIE
OSTUNGARNS ORIENTALE
ZUSAMMENGESTELLT UND GEZEICMNET UNTER DER LEITUNG VON CONQU ET DESSINÉ SOUS LA DIRECTION
DE
PROF. DR. EMERICH LUKINICH, EMÉRIC LUKINICH
von DR. ANTON FEKETE-NAGY, DR. LUDWIG GLASER und PAR
DR. LADiSLAUS MAKKAI ANTOINE FEKETE-NAGY, LOUIS GLASER et LADISLAS MAKKAI
1 1 1 r
23° 24° 25° 26°
ETUDES SUR L'EUROPE OSTMITTELEUROPÁISCHE
CENTRE-ORIENTALE BIBLIOTHEK
DIRIGÉES PÁR HERAUSGEGEBEN VON
E. L U K I NI CH
= No 29 =
DOCUMENTA
HISTÓRIÁM VALACHORUM IN HUNGARIA
ILLUSTRANTIA
USQUE AD A N N U M 1400 P. CHRISTUM
CURANTE
EHERICO LUKINICH
PROF. ORD. UNIVERSITATIS BUDAPESTIHEHSIS
ET ADIUVAHTE
LÁDISLAO GÁLDI
EDIDERUNT
B U D A P E S T I N I
1 9 4 1
DOCUMENTA
HISTÓRIÁM VALÁCHORUM IN HUNGÁRIA
ILLUSTRANTIA
USQUE AD A N N U M 1400 P. CHRISTUM
CURANTE
ET ADIUVANTE
LADISLAO GÁLDI
EDIDERUNT
B U D A P E S T I N I 1 9 4 1
2 7 317 0
I.
Les enseignements des „Documenta Valachica"
1
Voir Louis Tamás: Rómaiak, románok és oláhok Dacia Trajánában.
(Romains, Romans, Roumains dans l'histoire de la Dacia Trajane). Budapest,
1935. (paru aussi dans AECO. I—II.)
2
Cf. Tamás: o. c. p. 218.
3
Voir particuliérement Etienne Kniezsa: Ungarns Völkerschaften im
XI. Jahrhundert (mit Kartenbeilage). AECO. 1938. p. 241 et suiv.
Transylvanie, seules 17 chartes authentiques y mentionnent des
Roumains au XIII e siécle, Dans ce nombre ne sont pas comprises
les chartes qui ne font que répéter les mémes données, Jusqu'á
1283 il n'y est pas question de colonisation roumaine. Quant
aux premieres données provenant de 1223, 1224, 1250 et de
1252, elles constatent, sans exception, la présence des colons
roumains dans le mérne terrítoire déterminé, d'une étendue li-
mitée, á savoir dans le coín Nord-Ouest du comitat de Fogaras,
Ce n'est qu'en 1247 que des Roumains apparaissent aussi dans
une autre région de la Hongrie. 4 Le deuxiéme fait d'ímpor-
tance capitale, c'est que selon le témoignage des documents
authentiques de l'époque, une population roumaine fort nom-
breuse vivait, au XII e siécle, en Serbie et en Bulgarie. Aux
XII e , XIII e , et XIV e siécles les princes serbes édictérent nom-
breuses chartes relatives aux pátres roumains de Serbie, mais
dés le début du XV e siécle les documents ne font plus mention
d'eux. 3 En Bulgarie l'élément roumain jouait, au XII e siécle, un
róle tellement ímportant que l'on désignait l'État de Bulgarie
recréé du nom de ,,Bulgaria et Vlachia"; la premiére dynastie
était d'origine roumaine, et le plus grand roi, Ionitza que les
Grecs appelaíent Kalojoannes (de 1197 á 1207), se faisait donner
le titre de roi des Bulgares et des „Vlachs". Cependant, sous le
régne de ses descendants, on ne se servait plus du second terme:
le pays et la dynastie prirent tous deux un caractére exclusive-
ment bulgare. La population roumaine de la Bulgarie disparut
complétement. 6 Est-íl permis de voir dans ce fait le phénoméne
d'une simple absorption? Mais comment expliquer alors le main-
tien des Roumains jusqu'au XII e siécle parmí les Serbes et les
Bulgares avec lesquels ils avaient vécu en communauté dés le
VII e siécle et leur survivance jusqu'á nos jours en Transylvanie,
au milíeu des Hongrois? Comment expliquer ces deux faits si
l'on admet que deux ou troís siécles auraient suffi pour que les
Roumains de Serbie et ceux de Bulgarie fussent absorbés par
les peuples au sein desquels ils vivaient? II ne s'agit pas dans
ce cas d'absorption, mais de Tévacuation d'un terrítoire, de l'émi-
gration de toute une population. La langue, la culture et les
4
Voir notre Collectíon de Chartes aux années correspondantes,
5
Silviu Dragomír; Vlahii din Serbia. Anuarul Instit, de Istorie Na{. Cluj.
I. 1922. p. 279 et suiv.
6
Voir C. C. Giurescu: lstoria Románilor. Bucure?ti, 1935, I. p, 296 et suiv.
institutions des Roumains qui habitent au Nord du Danube, con-
courent á appuyer cette thése.
On ne peut indiquer avec une entiére certitude la cause de
cette émigration de grandé envergure dans la direction de la
Hongrie, mais on ne risque pas de se tromper en cherchant
ses motifs dans le grand soulévement des Bulgares et des Rou-
mains, en 1185, contre l'empereur byzantin. Les guerres qui
durérent dix ans, troublaient les Balkans. 7 Elles paralysaient
surtout la vie pastorale qui était la principale occupation des
Roumains. Tout autre était la situation en Hongrie. La paix
régnait dans les montagnes de la frontiére. Ces circonstances fa-
vorables expliquent le commencement de l'émigration. Les cau-
ses qui lui donnérent un caractére régulier et eurent pour résul-
tat le déplacement de la majorité des Roumains balkaniques,
nécessitent un examen plus approfondí. II est certain qu'on les
trouve dans les conditions de vie trés favorables de la Hongrie
et dans les priviléges que les rois de Hongrie ne tardérent pas
á accorder aux nouveaux venus.
7
Voir la note précédente.
8
Cf. Tamás: o. c. p. 47.
9
Ibid.
10
Etienne Szabó: Ugocsa megye (Le comitat d'Ugocsa). Budapest,
1937. p. 193.
légére une interprétatíon ethnique du mot de ,,vlach ", mais elles
attirent aussi notre attention sur le fait que l'occupation ances-
trale des Roumains était la vie pastorale, á savoir la vie des
pátres nomades.
Les pátres roumains étaient des montagnards, D'aprés le
témoignage de nos chartes, les animaux élevés par eux indiquent
qu'il s'agit dans leur cas d'un élevage d'animaux en haut pátu-
rage ou dans les bois: ils élevaient, en premier lieu, des moutons,
des chévres, en second lieu des porcs et des chevaux. Le fait
qu'il faut entendre dans ce cas des chevaux de petite taille, es-
péce que l'on peut páturer en haute montagne, est suffisamment
prouvé par la situation actuelle et aussi par le texte d'une
charte de l an 1381, reproduite au no. 260. Les bétes á cornes
qui préférent les páturages de la plaine, sont beaucoup plus ra-
rement mentionnées chez les Roumains de Hongrie au cours du
XIII e et du XIV e siécles; cependant, elles sont signalées, dés
1381 et 1392, chez les Roumains habitant le territoire appelé
plus tard le Banat, oú la colonisation était dans un état trés
avancé. De ce poínt de vue il est caractéristique que nos char-
tes du XIII e et du XIVC siécles, parlant des impóts payés par
les Roumains, ne font mention, d'une fa^on constante, que de leur
élevage de moutons, de porcs et de chevaux, Signalons pourtant
quelques cas sporadiques d'oü il ressort que les Roumains s'ac-
quittaient de l'impőt aussi en argent comptant (Voir no. 303.)
ou par prestation de boeufs (voir le document no. 424,),
Le métier de pátre nomade est le type mérne de la vie
nomade. La migration des pátres roumains se faisait en deux
directions. La premíére les conduisait d'un páturage á l'autre,
situés sur une ligne paralléle aux grandes montagnes. La carte
ci-jointe montre d'une fa^on suggestive comment les Roumains,
partis de la Péninsule des Balkans, apparurent, toujours pous-
sant vers le Nord, dans la premiére moitié du XIII e siécle, dans
les Karpathes du Sud et, dans la seconde moitié du siécle, dans
le montagnes de Bihar, pour arriver enfin, au XIV e siécle,
dans les montagnes de Máramaros et celles de Bereg. La seconde
forme de la migration est la soi-disante transhumance qui con-
siste pour le pátre á páturer ses troupeaux en été dans les mon-
tagnes et á les mener, en hiver, dans les plaines situées aux
deux versants des montagnes. Au siécle passé on connaissait en-
core cette transhumance des pátres roumains qui, partis des mon-
tagnes de Transylvanie, parvenaient, dans la direction du Nord
et dans celle de l'Est jusqu'en Bessarabie, jusqu'á la Crimée
mérne, dans la dírection du Sud jusqu'au Bas-Danube, dans la
direction de l'Ouest jusque sur la rive de la Tisza. Notre collec-
tion de chartes offre également des données relatives á cette
transhumance. Elle indique par exemple que les Roumains, su-
jets au chátelaín de Sólyomkő, dans le comítat de Bihar, avaient
mené, en 1357, leurs porcs au panage dans les chenaies des raa-
rais de Nyírcsaholy, commune située dans le comitat de Szat-
már et fort éloignée de leur domicile oű ils étaient rentrés l'au-
tomne venu. (Voir le document no. 99) Deux autres cas de trans-
humance sont encore mentionnés dans nos chartes: l'un en 1357
á Kérsemlyén, dans le comitat de Szatmár (voir le document no.
98), l'autre en 1374 aux envírons de Mészpest, dans le comitat
de Zemplén (voir le document no. 209), deux endroits fort éloi-
gnés du territoire peuplé de Roumains. Cette migration á une
distance peu considérable s'entend d'elle-méme, puisque dans les
montagnes le bétail manquait de páture en hiver. 11
Outre ces preuves indirectes (manque de l'élevage de bétes á
cornes et de l'agriculture), nous disposons de données précises dé-
montrant nettement que la majorité des Roumains de Hongrie
menaít, au cours du XIII e et du XIV e siécles, la vie des pátres
nomades. En 1363, á l'occasion du bornage d'un domaine aux
environs de Krassószékás, on se trouva dans l'impossibilité
d'assigner les kénézes roumains „propter eorundem mansionis
seu resídentie íncertitudínem" (voir le document no. 126). En
1373, le Pape écrivit au sujet des Roumains habitant aux envi-
rons de Karánsebes: ,,Wlachi scismatici, quorum nonnulli in pas-
cuis et tentoriis habitant, anímalia, quibus habundant, pascendo."
(Voir le document no. 202) Encore au début du XIV e siécle un
chroniqueur, Antoine Verancsics décrit les Roumains comme suit:
,,rari in apertis locis incolae, montibus ac silvis plerumque cum
suo pecore pariter obditi." 12 II va sans dire que ce genre de vie
déterminait aussi le caractére des établissements roumains. Parmí
leurs habitations les plus primitives sont des cabanes de pátres
dispersées dans les montagnes et ne formánt aucune aggloméra-
tion, ni village. Elles comprenaient une seule piéce que le pátre
employait plus á y préparer et á y mettre en dépőt les produits
de laiterie qu'á y habiter. Nos chartes les mentionnent sous le
11
Pour les deux sortes de migration voir une étude allemande, Alfréd
Malaschofsky: EinflüBe des Hirtenlebens auf die Entwicklung von Volk und
Staat in Rumánien. Südostdeutsche Forschungen. Leipzíg, 1939. III. p. 810.
12
Monumenta Hungáriáé Historica, Scriptores II. Pest, 1867. p. 143.
nom de „descendus in alpibus" (voir le document no, 252, de
Fan 1830), ou sous le nom de ,,locus estivalis" (voir le docu-
ment no, 131, de l'année 1364). La charte du Pape dont nous
venons de citer un passage, les désigne du nom de tente (en la-
tin „tentorium"). L'archétype de village á cabanes de pátres iso-
lées, tel que l'on en trouve encore dans les régions montagneu-
ses de Hátszeg et de Bihar, puis le type de maison comprenant
une piéce et un réduit s'ouvrant sur l'extérieur et n'ayant pas
de communication intérieure avec la chambre (maison á cámará)
gardent encore le souvenir de cette forme d'établissement primi-
tive qui dévait étre généralement répandue parmi les Roumains,
Quand les pays de l'Europe orientale furent peuplés, la migra-
tion des pátres le long des montagnes cessa pendant que la
transhumance continuait d'étre pratiquée. Ainsi les établisse-
ments provisoires devinrent des colonies définitives tout en gar-
dant, dans leurs grandes lígnes, la forme primitive, Seule la ca-
bane de pátre se modífía et devint cette fois une véritable
maison. 13
13
Cf. La Transylvanie, pp. 712 et 747.
pouvaient apporter, manquait en Transylvanie: les Hongrois,
pátres des plaines et laboureurs, avaient colonisé la partié du
pays quí va jusqu'á la hauteur des foréts de hétres. La région
des montagnes était ínhabitée et économiquement inexploitée. Les
Roumains paraissaíent étre aptes á se charger de la défense des
írontiéres et á exploiter le pays des montagnes. Ainsí les auto-
rités de la couronne cédérent aux premiers émigrés roumains des
páturages dans le comitat de Fogaras, dans le voisinage des
terres des Saxons, des Petchénégues et des Sicules (terra ou
silva Blacorum. Voir le document nos, 1 et 4.) Dans la Hongrie
du moyen ^age, les terrítoires ínhabités ou, pour mieux dire, les
territoíres que les Hongroís de la Conquéte n'avaíent pas occu-
pés étaient la propriété du roí et íls s'appelaíent „desertum"
ou autrement ,,la terre royale" (Könígsboden). Les personnes
qui s'y établíssaient relevaient directement du roi, Celui-ci pia-
cait au-dessus des colons un officier chargé du contrőle et se
réservait á soí-méme de les imposer. La plus grandé partié des
régions montagneuses était possession royale. La région des
hauts páturages habitée par une population slave peu nombreuse
ou, souvent, toute déserte, attírait les Roumains des Balkans.
L'émigration de ceux-ci fut facilitée par les rois de Hongrie eux-
mémes pour des motifs de défense nationale et pour des raisons
d'ordre économique, C'est aínsi qu'aprés avoír apparu dans le
comitat de Fogaras, les Roumains parurent, déjá au XIII e siécle,
dans les comítats de Brassó, de Szeben, de Hunyad, de Bihar et
d'Alsófehér, c'est-á-dire dans la région montagneuse du Sud et
dans celle de l'Ouest de la Transylvanie, partout oü ils trou-
vaíent des hauts páturages, Les montagnes de la frontiére oríen-
tale qui étaient, par manque d'alpages, inaptes á les recevoir, ne
sont habitées, mérne de nos jours, que par des Sícules.
15
Etienne Kniezsa: Die geographischen Namen Siebenbürgens, Étude
dans l'album „Siebenbürgen". Budapest, 1940. p. 77.
16
Ibid.
17
On mentionne en 1364 un village roumain á propos du bornage de
la commune de Szekérberéte. Plus tard il s'allia á la commune et aujourd'hui
les deux ne font qu'un seul village á population mixte, Sans aucun doute,
cela arriva aussi á plusieurs autres villages an nom d'origine hongroise ou
autre mais ayant une population roumaine, Dans quelques-uns de ces vil-
Une forme d'établissement spéciiiquement roumaine est le
village kénézial, répandu dans les montagnes de l'Ouest, dans
les comitats de Hunyad, de Krassó, de Temes, de Bihar, de
Szilágy, de Máramaros et de Bereg. C'étaient de petites agglo-
mérations humaines 18 habitées á peine par quelques hommes que
le kénéze avait conduíts d'un grand village voisin sur le terrain
oü allait s'élever le nouveau village perdu dans une région cou-
verte de bois et jusqu'alors inhabitée. Ordinairement le village
prit le nom du kénéze. Ces colonies sont postérieures aux deux
autres genres d'établissements que nous venons de mentionner.
Leur postériorité est prouvé d'une part par leurs noms compo-
sés (le nom du kénéze fondateur est suivi de falva „village",
de háza „demeure" et de telke ,,tenure" qui ne se repandirent
pas en Hongrie avant le XIV e siécle), d'autre part par le
fait qu'au XIV e siécle nous trouvons souvent le kénéze
vivant encore dans le village auquel il avait donné son nom.19