Beruflich Dokumente
Kultur Dokumente
Forquin Jean-Claude. La sociologie du curriculum en Grande-Bretagne : une nouvelle approche des enjeux sociaux de la
scolarisation. In: Revue française de sociologie, 1984, 25-2. pp. 211-232;
doi : 10.2307/3321840
https://www.persee.fr/doc/rfsoc_0035-2969_1984_num_25_2_3792
Das Wesen des Schulwissens sowie die Bestimmungsfaktoren und die sozialen Auswirkungen der
Auswahl, der Strukturation und der Verteilung des intellektuellen und kulturellen Inhalts des Unterrichts
in Frage zu stellen, hierin liegt der Zweck dessen, was man in Grossbritannien « die Soziologie des
Curriculums » nennt. Eine Reorganisation des theoretischen Felds der Erziehungssoziologie wurde
tatsächlich in diesem Land seit den sechziger Jahren durchgefuhrt, als Antwort auf bestimmte
institutionnelle und soziale Nachfragen im Rahmen von Erziehungsneuerungen. In diesem
Zusammenhang wurde besondere Aufmerksamkeit auf die komplexen interaktiven Prozesse und die
konfliktuellen Wirkungen gerichtet, die die Entscheidungen in Bezug auf Programme und
Schullaufbahn mit sich bringen. In diesem Zusammenhang waren die Beiträge der Strömung der «
neuen Erziehungssoziologie » (Basil Bernstein, Michael Young...) ausserordentlich bedeutend, was die
Theorie angeht, obwohl sie ziemlich heterogen waren. In den siebziger Jahren fand eine lebhafte und
offene Diskussion statt, zu den « relativistischen » Auswirkungen dieser neuen durch die
Wissenssoziologie informierten und beleuchteten Betrachtungsweise des Erziehungswesens.
Abstract
Jean-Claude Forquin : Sociology of curriculum in Great Britain.
The "sociology of curriculum" in Great Britain calls into question the nature of school knowledge and
the determinants and social issues implied in the selection, structuring and distribution of the
intellectual and cultural contents of education. Beginning in the 1960s the theoretical field of the
sociology of education underwent a reorganization in this country in response to a number of social
and institutional demands related to contexts of educational innovation. In this framework particular
attention has been paid to the complex interactive processes and conflicting issues underlying
decisions relating to programmes of study. In this perspective the contributions of the "new sociology of
education" (Basil Bernstein and Michael Young) have been very important albeit quite heterogeneous.
During the 1970s a lively and open discussion took place over the "relativistic" implications of this new
approach to education, informed by the sociology of knowledge.
Resumen
Jean-Claude Forquin : La sociologia del curriculum en Inglattera.
Interrogarse en la naturaleza de los saberes escolares y en los determinantes y los riesgos sociales de
la selección, de la estructuración y de la distribución de los contenidos intelectuales y culturales de la
enseñanza, tal es el objeto de lo que se clama en Inglaterra « la sociologia del curriculum ». Nueva
organización del campo teórico de la sociologia de la education tuvo lugar en efecto en ese país desde
los años 1960 para contestar a ciertas instancias institucionales y sociales ligadas a contextos de
inovación educativa. En ese cuadro una atención peculiar se llevó en los procesos interactivos
complejos y en las posibilidades conflictuales que orientan las decisiones en materia de programas y
cursos escolares. En ese perspectiva la participación de la « nueva sociologia de la educación » (Basil
Bernstein, Michael Young...) fueron muy importantes en el terreno teórico, aunque bastante
heterogéneo. Une discusión viva y abierta tuvo lugar durante los años 1970 acerca de las
implicaciones « relativistas » de esa nueva aproximación de la educación informada y aclarada por la
sociologia del conocimiento.
Résumé
Jean-Claude Forquin : La sociologie du curriculum en Grande-Bretagne.
S'interroger sur la nature des savoirs scolaires et sur les déterminants et les enjeux sociaux de la
sélection, de la structuration et de la distribution des contenus intellectuels et culturels de
l'enseignement, tel est l'objet de ce qu'on appelle en Grande-Bretagne « la sociologie du curriculum ».
Une réorganisation du champ théorique de la sociologie de l'éducation a eu lieu en effet dans ce pays
depuis le courant des années 60, en réponse à certaines demandes institutionnelles et sociales liées à des
contextes d'innovation éducative. Dans ce cadre une attention particulière a été portée aux processus
interactifs complexes et aux enjeux conflictuels qui sous-tendent les décisions en matière de programmes
et cursus scolaires. Dans cette perspective les apports du courant de la « nouvelle sociologie de l'éducation
» (Basil Bernstein, Michael Young...) ont été très importants sur le plan théorique, bien qu'assez
hétérogènes. Une discussion vive et ouverte a eu lieu au cours des années 70 au sujet des implications «
relativistes » de cette nouvelle approche de l'éducation informée et éclairée par la sociologie de la
connaissance.
R. franc, sociol., XXV, 1984, 211-232
Jean-Claude FORQUIN
La sociologie du curriculum
en Grande-Bretagne :
une nouvelle approche des enjeux sociaux
de la scolarisation
211
Revue française de sociologie
certains auteurs britanniques qui ont réfléchi sur les rapports entre l'éducation
scolaire et la culture (1), les contenus de l'enseignement doivent être considérés
moins comme un reflet, une expression, une image de la culture ambiante que
comme le produit d'une sélection, plus ou moins consciente, plus ou moins
systématique, parmi les savoirs et les matériaux symboliques disponibles au
sein de la culture à un moment donné de l'histoire d'une société.
Mais l'éducation scolaire ne se borne pas à sélectionner parmi les savoirs
et les matériaux culturels disponibles : la transmission scolaire de ce
patrimoine de connaissances, d'émotions, de valeurs, de conflits typiques d'une
société (ou d'une civilisation) à un moment donné suppose aussi un formidable
travail de réorganisation, de restructuration, de reconstruction à fins
didactiques. Jour après jour, l'armée permanente des responsables des programmes
scolaires, des auteurs de manuels et producteurs de matériels didactiques, des
enseignants de tous niveaux et de toutes spécialités se livre à un interminable
travail de mise en forme, de mise en ordre, de mise en scène, de mise en valeur
du répertoire de la culture du monde. Or de nouvelles figures du savoir, des
modes de pensée spécifiques, des habitudes et des compétences typiques
s'inventent et se cristallisent à cette occasion. L'école ne se contente pas en
effet d'emprunter à la culture ambiante, de puiser des richesses dans ce
répertoire cognitif et symbolique aux seules fins de les rendre assimilables pour
les élèves. Comme on le voit avec l'exemple de la pensée scolastique
médiévale, cet « art de penser » typiquement universitaire et cependant
profondément original et subtilement fécond (2), le processus inverse existe
aussi, selon lequel certains segments de la société, certaines régions de la
culture empruntent à l'école des connaissances, des valeurs, des habitus
intellectuels qui avaient été engendrés dans le cadre de l'école et en fonction
de ses finalités didactiques propres, de telle sorte qu'il n'est pas toujours facile
de discerner dans quel sens se fait le mouvement, ni de voir clair dans
l'enchevêtrement des rapports de spécification et de généralisation, de
différenciation distinctive et d'imitation assimilatrice, de contamination, de
délimitation, de condensation, de transposition et de surdétermination qui existent
entre la dynamique de la culture scolaire et les autres dynamiques culturelles.
Il nous semble ainsi qu'on devrait davantage s'interroger sur le « mode
d'existence » (épistémologique, institutionnel, culturel) des savoirs enseignés
dans les écoles et sur les enjeux sociaux de la sélection, de l'organisation, de
la légitimation, de la distribution de ces savoirs. Comme l'écrit Basil Bernstein
dans une formule qui résume fort suggestivement ce que peuvent être la
justification et le programme d'une sociologie des savoirs scolaires, « la façon
dont une société sélectionne, classifie, distribue, transmet et évalue les savoirs
destinés à l'enseignement reflète la distribution du pouvoir en son sein et la
manière dont s'y trouve assuré le contrôle social des comportements
individuels » (3). Dans cette perspective, on peut se demander si un livre comme
L'Évolution pédagogique en France de Durkheim (4) a eu, en particulier dans
(1) Cf. par exemple Williams (1961), Sten- (2) Cf. Panofsky (1967).
house (1967, 1975), Lawton (1973, 1975), Ent- (3) Cf. Bernstein (1971), p. 47.
wistle (1978). Références in fine. (4) Cf. Durkheim (1938).
212
Jean-Claude Forquin
(5) Cf. Karabel et Halsey (1977a), p. 74. (6) Cf. Jackson (1968), Dale (1977).
213
c'est une théorie de l'éducation considérée comme entreprise de transmission
cognitive et culturelle.
Dans ces conditions, la tentation est grande d'identifier la sociologie du
curriculum à toute la sociologie de l'éducation.
Une première spécification est cependant possible : une sociologie de
l'éducation qui s'occupe seulement d'analyser les « inputs » et les « outputs »
de l'éducation (de comptabiliser les entrants et les sortants ou d'étudier les
coûts et la productivité de l'éducation, ou encore les rapports entre les
diplômes et les emplois) n'est pas une sociologie du curriculum. La sociologie
du curriculum suppose de considérer « ce qui se passe à l'intérieur de la boîte
noire » et non pas seulement ce qui se passe aux entrées et aux sorties.
Deuxième spécification : « ce qui se passe à l'intérieur de la boîte noire »
peut être considéré comme un ensemble de processus interactionnels entre des
individus occupant différentes positions et appartenant à différentes
catégories. On peut étudier ce qui se passe à l'intérieur d'un établissement scolaire
avec les mêmes méthodes qu'à l'intérieur d'un service administratif ou d'une
unité de production. On peut observer les rapports de pouvoir, les conflits, les
processus de décision avec les moyens conceptuels et méthodologiques de la
« sociologie des organisations ». La sociologie du curriculum suppose
cependant qu'on adopte un point de vue plus conforme à ce qui fait la spécificité
des institutions d'enseignement, à savoir le fait d'être par destination des lieux
de transmission et d'acquisition de connaissances, de capacités et d'habitus.
Les processus interactionnels au sein de l'institution ne l'intéressent donc
qu'en référence à cet enjeu éducationnel et culturel que constituent la
structuration et la circulation du savoir.
214
réflexion. Au contact d'un public d'enseignants ou de futurs enseignants, les
sociologues sont amenés à s'intéresser davantage à ce qui se passe dans la
« boîte noire » des classes et des écoles, aux processus, aux conflits quotidiens
de la vie scolaire (8). On découvre à cette occasion les apports théoriques de
la sociologie « interactionniste » américaine, l'« interactionnisme
symbolique » venu de Chicago et issu de la pensée de George Herbert Mead. Mais
l'émergence d'une sociologie du curriculum à la fin des années 60 s'expliquera
davantage encore par un contexte général de transformation ou d'innovations
pédagogiques en Grande-Bretagne, contexte marqué en particulier 1) par les
demandes et propositions en vue d'une amélioration de la formation
scientifique et technologique à l'école (cf. les travaux et projets de la Fondation
Nuffield), 2) par l'allongement de la durée moyenne des études, 3) par le
développement d'établissements secondaires polyvalents (les « comprehensive
schools ») accueillant des élèves de niveaux scolaires et de provenances sociales
beaucoup plus diversifiés qu'auparavant, 4) par la rénovation des contenus et
des méthodes d'enseignement aussi bien au niveau primaire que secondaire,
5) par la création en 1964 et le développement d'un organisme officiel
(subventionné pour moitié par l'Etat, pour moitié par les autorités éducatives
locales), qui va jouer un rôle très important d'impulsion, de coordination et
de régulation des innovations en matière de programmes et de moyens
d'enseignement, le Schools Council (for Curriculum and Examinations).
Dans ce contexte, deux questions semblent avoir été porteuses d'un
important pouvoir de cristallisation polémique : d'une part la discussion entre
« égalitaristes » et « néo-élitistes » au sujet de la « comprehensive school » et
du type de culture qui peut y être dispensé, d'autre part le débat autour de
la disciplinante et de l'intégration des disciplines. Ces deux problématiques,
l'une à implications politiques, l'autre à caractère plus épistémologique, vont
sous-tendre toute la thématisation sociologique sur le curriculum à partir de
la fin des années 60. Deux auteurs, dans ce contexte, semblent avoir exercé
un rôle important de « provocation » intellectuelle : G. H. Bantock et P. Hirst.
Pour l'historien et sociologue de la culture Bantock, il existe en effet une
incompatibilité entre les exigences de la haute culture savante, fondée sur
l'alphabétisme et la pensée verbo-conceptuelle complexe et les possibilités ou
orientations cognitives de la majorité des individus, qui privilégient l'instinctif,
le sensible, le concret, l'immédiat. De ce dualisme culturel radical découle chez
Bantock un dualisme éducationnel : un partage précoce est selon lui nécessaire
entre la minorité qu'on orientera vers la culture écrite et la pensée abstraite
et la majorité, issue le plus souvent des milieux populaires, pour laquelle on
devra concevoir un curriculum résolument anti-intellectualiste, centré sur les
savoirs pratiques, l'éducation de la sensibilité et la préparation aux loisirs de
masse (9). On comprend comment ces thèses ont pu contribuer à alimenter la
polémique néo-élitiste et néo-conservatrice contre la « démocratisation » des
études secondaires, les établissements «polyvalents» {«comprehensive
schools ») et les innovations institutionnelles et pédagogiques tendant à
(8) Cf. Hargreaves (1967), Lacey (1970). (9) Cf. Bantock (1963, 1968, 1971, 1975,
1976, 1980).
215
Revue française de sociologie
proposer des contenus d'enseignement communs pour tous les élèves d'une
même classe d'âge {« common curriculum » ou « common core cultural
curriculum»)^).
A l'opposé de Bantock, le philosophe Paul Hirst réclame, comme John
White, autre philosophe théoricien du curriculum (11), l'accès de tous les
individus aux savoirs théoriques et conceptuels, qui constituent pour lui le
fondement et le noyau de toute « éducation libérale ». Toute éducation a en
effet selon lui pour fin première le développement de la raison et ce
développement n'est possible, pour tout homme, que par l'accès au patrimoine
universel des grands savoirs fondamentaux. Quelles que soient leurs relations
fonctionnelles, ces savoirs appartiennent à des types logiquement distincts,
reposant sur des réseaux conceptuels spécifiques et des critères spécifiques de
validation des énoncés. (Ainsi les vérités physiques sont irréductibles aux
vérités logico-mathématiques, les vérités éthiques aux vérités physiques, etc.).
C'est pourquoi Paul Hirst manifestera une constante méfiance à l'égard des
expérimentations d'intégration disciplinaire. Dans le contexte des innovations
pédagogiques des années 60 et 70, son influence a joué dans le sens d'un
« rappel à l'ordre épistémologique » contre les dangers intellectuels d'un
certain « néo-romantisme » rénovateur et « libérateur » (12).
(10) Cf. par exemple Сох et Dyson (1969, mesure Hargreaves, 1982), soit d'un point de vue
1969a, 1970), Wilson (1975), Cooper (1980). On marxiste (cf. par exemple les critiques portées
remarquera cependant que cette idée d'un « cur- par Ozolins, 1979 ou Whitty, 1981, contre les
riculum commun » (cf. Lawton, 1973, 1975, propositions de Lawton, jugées vagues et politi-
Holt, 1978, Entwistle, 1978, Skilbeck, 1982) se quement peu lucides),
trouve également critiquée ou contournée «sur (11) Cf. White (1969, 1973).
sa gauche» soit par les partisans d'une plus (12) Cf. Hirst (1965, 1969, 1974); cf. aussi
grande adaptation des contenus d'enseignement Lawton (1969), Musgrove (1973), Pring (1970,
aux réalités communautaires locales et aux 1976), Brent (1978).
spécificités socio-culturelles (cf. par exemple (13) Cf. Young (1967).
Midwinter, 1972, 1973, et dans une certaine (14) Cf. Musgrove (1968), Kerr (1968).
216
Jean-Claude Forquin
seulement comme des systèmes intellectuels, mais encore comme des systèmes
sociaux, des communautés sociales qui définissent et défendent des frontières,
exigent fidélité de la part de leurs membres et leur confèrent un sentiment
d'identité. On « est » « philosophe » ou « littéraire », mathématicien ou
physicien, historien ou sociologue, et tout ce qui suppose de nouveaux
regroupements, de nouveaux découpages de savoirs (par exemple les « études
sociales », l'écologie, la technologie dans renseignement secondaire) est perçu
comme une menace pour l'identité intellectuelle et sociale, une déstabilisation
de rôles longuement et péniblement intériorisés au cours des années d'études,
et peut même être ressenti, comme le dira Bernstein en référence aux travaux
ethnologiques de Mary Douglas (15), comme une souillure, l'atteinte portée à
un ordre sacré.
Un autre texte est souvent considéré comme ayant ouvert la voie à une
sociologie du curriculum en Grande-Bretagne : c'est l'article de Hoyle, « How
does a Curriculum Change ? », publié en 1969 dans une revue qui venait d'être
créée, le Journal of Curriculum Studies (16). Fort significativement, cet article
reposait presque exclusivement sur des références à la sociologie américaine
des processus d'innovation.
La même problématique du changement social et de l'innovation
pédagogique paraît avoir inspiré la conception du numéro 6 du périodique Paedagogica
Europaea consacré aux changements dans les curricula en Europe et publié
sous la responsabilité du sociologue britannique John Eggleston (17). Dans son
article introductif à ce numéro, Eggleston s'interrogeait sur les variables
idéologiques qui peuvent sous-tendre les décisions en matière de programmes
et de cursus scolaires : 1) l'opposition entre une orientation tournée vers la
préservation du patrimoine culturel du passé et une orientation centrée sur le
changement et l'adaptabilité; 2) l'opposition entre un rationalisme privilégiant
les disciplines et une tendance à l'intégration des savoirs en fonction des
occasions et des demandes; 3) l'opposition entre une conception
«initiatique » de l'enseignement engageant totalement les personnes et une conception
« contractualiste » ; 4) l'opposition enfin entre une vision «
déterministe-fataliste » (qui voit le curriculum comme effet et reflet de la société) et une
conception « volontariste » (le curriculum facteur de changement social). Dans
le même numéro, Musgrave distingue également trois façons de considérer le
curriculum : tel qu'il est, tel qu'il devrait être pour correspondre aux
changements sociaux actuels, tel qu'il devrait être pour provoquer des changements
sociaux souhaitables (18).
(15) Cf. Bernstein (1971), Mary Douglas (17) Cf. Eggleston ( 1970-1971).
(1966). (18) Cf. Musgrave (1970-1971) et aussi
(16) Cf. Hoyle (1969). (1972, 1973).
217
Revue française de sociologie
après 1970, mais avec souvent une accentuation plus marquée de la dimension
conflictuelle des processus de changement dans le curriculum : conflits au
niveau intra-institutionnel, conflits au niveau societal.
Déjà Raymond Williams, dans le chapitre de The Long Revolution consacré
à l'histoire de l'éducation en Grande-Bretagne, avait souligné la possibilité
d'analyser les curricula comme des compromis entre des intérêts sociaux
divergents, comme on le voit par exemple à travers l'affrontement, au
xixe siècle, entre les partisans de l'éducation « libérale » pure, ceux qui mettent
l'accent au contraire sur la nécessité de faire acquérir aux élèves des
compétences socialement et économiquement utiles, et ceux qui visent surtout la
promotion des masses par le biais de la scolarisation universelle. De même,
l'étude de Wilkinson sur les « public schools » au xixe siècle s'inspirait en partie
de la théorie wébérienne selon laquelle l'éducation reflète les postulations
culturelles des groupes en position dominante. On citera aussi, dans le même
sens, l'étude de Vaughan et Archer (19) sur les rapports entre conflits sociaux
et changements éducationnels en Angleterre et en France entre 1789 et 1848,
marqués par l'opposition entre « groupes dominants » et groupes «
revendicateurs », entre « possédants » et « prétendants », comme dirait Pierre Bourdieu.
La nécessité d'une référence au contexte historique particulier de l'émergence
des curricula est ce qui ressort également des travaux de Layton sur le
développement de l'enseignement scientifique en Angleterre au xixe siècle, de
Davie sur l'enseignement des mathématiques à l'Université d'Edimbourg, de
Johnson ou de McCann sur l'enseignement élémentaire au xixe siècle (20).
Mais c'est une chose de poser ou de saisir une relation entre contenus et
structures ou contenus et contextes d'enseignement, comme le font la plupart
des études socio-historiques qu'on vient de citer, et autre chose d'analyser les
processus sociaux réels à travers lesquels et au fil desquels une telle relation
peut se constituer et se perpétuer. Il semble qu'un apport spécifique de la
sociologie du curriculum au cours des années 70 consiste en un tel travail
d'élucidation. Dans cette perspective, on soulignera l'importance d'un ouvrage
comme celui de John Eggleston, The Sociology of the School Curriculum (21),
ouvrage de synthèse à portée didactique, mais dans lequel la part la plus
originale revient, semble-t-il, à la question de la décision et des processus de
décision en matière de conception de programmes et cursus scolaires, que ces
processus soient appréhendés au niveau central (administration, organismes
officiels de recherche et d'innovation) ou au niveau local des établissements
et des classes. Eggleston souligne que dans un contexte où les rôles et les
curricula sont moins fortement prescrits qu'autrefois, davantage construits par
les acteurs sociaux, la définition des programmes et cursus scolaires est un
enjeu beaucoup plus conflictuel qu'auparavant, autour duquel s'affrontent des
(19) Cf. Williams (1961), Wilkinson (1964), sation sociale des contenus de l'enseignement,
Vaughan et Archer (1971). certains apports des études sociologiques de
(20) Cf. Davie (1961), Layton (1973), John- Banks (1965), Cotgrove (1958), William Taylor
son (1976), McCann (1977). A côté de ces (1963), Blyth (1965).
contributions de nature historique, on citera (21) Cf. Eggleston (1977); cf. aussi (1973,
aussi, dans la même perspective de contextuali- 1973a, 1979, 1980).
218
Jean-Claude Forquin
(22) Cf. Shipman (1974); cf. aussi Shipman (24) A ce propos, cf. aussi par exemple la
et Raynor (1972). critique de Whitty (1981) contre certains auteurs
(23) Cf. la critique de Reid (1978) contre associés au Centre for Applied Research in
l'approche «rational-managerial » du « curricu- Education (Care) de l'Université d'East Anglia
lum development » et l'appel pour une approche (cf. Walker et MacDonald 1976, Elliott et An-
plus «humaniste». De même Lawton (1981) derson, 1976) et, dans une moindre mesure,
oppose deux façons d'entrer dans la problémati- contre Skilbeck (1976), trop centrés selon lui sur
que de la construction des curricula : par la la dimension interactive et intersubjective des
définition d'objectifs comportementaux, par processus de mise en œuvre des curricula au
l'analyse culturelle (cf. par exemple Skilbeck et niveau de l'école et de la classe aux dépens de
Harris, 1976, et Reynolds et Skilbeck, 1976). la dimension «macro-structurale» (et politi-
Parallèlement, Eggleston et Gleeson (1977) op- que).
posent à la perspective superficiellement « fonc-
tionnaliste » de nombreux théoriciens et prati- (25) Cf. Hamilton (1973, 1975, 1977); cf.
ciens du « curriculum development » la nécessité aussi Reid et Walker (1975), Harris, Lawn et
d'une approche «socio-structurale». Prescott (1975), Warning (1979).
219
Revue française de sociologie
(26) Cf. Goodson (1981); cf. aussi (1983, (28) Cf. Blumer (1969, 1969a), Becker etal.
1983a). (1961, 1968), Waller (1932).
(27) Cf. notre étude de synthèse sur la (29) Cf. Schutz (1962, 1964, 1967), Dale
«nouvelle sociologie de l'éducation britanni- (1973), Foster (1976).
que» (Forquin, 1983). (30) Cf. Young (1971a).
220
Jean-Claude Forquin
son « livre fondateur » est l'ouvrage publié en 1971 (à la suite des travaux de
cette conférence) par Michael Young sous le titre Knowledge and Control —
New directions in the Sociology of Education (31) : ouvrage en fait assez divers
(comprenant en particulier deux traductions d'articles de Pierre Bourdieu) (32),
mais où certains commentateurs, s'appuyant essentiellement sur les
contributions de Bernstein, Young, Esland et Keddie (33), ont cru pouvoir saisir
l'émergence d'un « nouveau paradigme théorique » en sociologie de
l'éducation (34), quelquefois identifié à la sociologie du curriculum tout entière (35),
parce que l'organisation des savoirs au sein du curriculum est le point de vue
privilégié, la variable illuminatrice à partir de laquelle ces sociologues tentent
d'élucider l'ensemble des fonctionnements et des enjeux sociaux de
l'éducation.
En réalité, de même que les sources intellectuelles de cette « nouvelle
sociologie » sont fort diverses (Durkheim, Marx, Max Weber, George Herbert
Mead et l'interactionnisme symbolique, Alfred Schutz, la phénoménologie
sociale et le courant « ethno-méthodologique » américain actuel (36),
Mannheim et la sociologie de la connaissance (37), etc.), de même ses apports à une
théorie du curriculum sont conceptuellement hétérogènes. Ainsi Bernstein
semble occuper une place à part, plus influencé par Durkheim que par
l'interactionnisme, tandis qu'Esland est plus marqué par la phénoménologie
et que Young paraît plus proche du marxisme.
221
Revue française de sociologie
222
Jean-Claude Forquin
(44) Cf. aussi Maxine Green (1971), ou la (45) Cf. Vulliamy (1976, 1977, 1978); cf.
critique de Chris Jenks (1977a) contre Paul aussi Shepherd et Vulliamy (1983).
Hirst. (46) Cf. Young (1971b).
223
Revue française de sociologie
(47) Sur la résistance des élèves à une inno- des sciences sociales enseignées à l'école, cf.
vation en mathématiques comme indice de Whitty (1977a).
l'intangibilité des savoirs institutionnalisés, cf. (48) Cf. Young (1972), Whitty (1978), Whitty
Spradbery (1977). Sur l'image de la science dans et Young (1975, 1976).
l'enseignement, cf. aussi Young (1974, 1976, (49) Cf. Keddie (1971); cf. aussi (1970, 1973,
1977) et Hine (1975). Sur le positivisme latent 1976).
224
Jean-Claude Forquin
(50) Cf. Pring (1972, 1976), Hirst (1974), (1980), Holly (1977), Frith & Corrigan (1977),
White (1975, 1976), Flew (1976), Dawson (1977), Sarup (1978).
Hand (1977), Warnock (1977), Cooper (1980), et (53) Cf. Whitty (1974).
les réponses de Clark et Freeman (1979, 1979a), (54) Cf. Young (1973, 1973a).
Bates (1980). (55) Cf. Dale et al. (1976), Cosin et al.
(51) Cf. Shipman (1973), Banks (1974, (1977), Young (1975), Whitty (1977), Young et
1978), Karabel et Halsey (1976, 1977a), Ahier Whitty (1977, 1977a).
(1977), Bernbaum (1977), Demaine (1977, 1980, (56) Cf. Shaw (1973), Heyman (1976), Clark
1981). (1981).
(52) Cf. Sharp et Green (1975), Sharp (57) Cf. Lawton (1975, 1977).
225
Revue française de sociologie
Bibliographie
Ahier J., 1977. Philosophers, Sociologists and Knowledge in Education. In Young et Whitty,
eds., o.c. (59-72).
Apple M.W. et Wexler P., 1978. Cultural Capital and Educational Transmissions : An essay
on Basil Bernstein's "Class, Codes and Control, III". Educational Theory, 28, 1 (34-43).
Archambault R.D., 1965. Philosophical Analysis and Education. London, Routledge and Kegan
Paul.
Banks O., 1955. Parity and Prestige in English Secondary Education. London, Routledge and
Kegan Paul.
Banks O., 1972. Sociology of Education in the United Kingdom. International Review of
Education, 18, 1 (95-99).
Banks O., 1974. The "New" Sociology of Education. Forum, For the Discussion of New Trends
in Education, 17, 1, automne (4-7).
Banks O., 1978. School and Society. In Barton et Meighan, eds, o.c. (37-46).
Banks O., 1982. The Sociology of Education, 1952-1982. British Journal of Educational Studies,
30, 1, février (18-31).
Bantock G.H., 1963. Education in an Industrial Society. London, Faber and Faber.
Bantock G.H., 1968. Culture, Industrialisation and Education. London, Routledge and Kegan
Paul.
Bantock G.H., 1971. Towards a Theory of Popular Education. Times Educational Supplement,
12 et 19 mars. Reproduit in Hooper R., ed. (1971), o.c. (251-264).
Bantock G.H., 1975. Equality and Education. In Wilson B.R., éd., o.c. (110-154).
Bantock G.H., 1976. Quality and Equality in Curricular Provision. In Skilbeck M. et Harris
A., eds. o.c. (88-98).
Bantock G.H., 1980. Dilemmas of the Curriculum. Oxford, Martin Robertson.
Barton L. et Meighan R., eds. 1978. Sociological Interpretations of Schooling and Classrooms :
A Reappraisal. Driffield, Nafferton Books.
Bates R.J., 1980. New Developments in the New Sociology of Education. British Journal of
Sociology of Education, 1,1, mars (67-79).
Beck J., Jenks C, Keddie N. et al. (eds), 1976. Worlds Apart : Readings for a Sociology of
Education. London, Collier-Macmillan.
Becker H.S., Geer E., Hughes E.C. et Strauss A.L., 1961. Boys in White : Student Culture in
a Medical School. Chicago, The University of Chicago Press.
Becker H.S., Geer B. et Hughes E.C, 1968. Making the Grade : The Academic Side of College
Life. New York, John Wiley and Sons.
Berger P.L. et Luckmann T., 1967. The Social Construction of Reality. A Treatise in the
Sociology of Knowledge. Hardmondsworth, Penguin Books (lre éd. : Garden City,
U.S.A., Doubleday and Co., 1966).
Bernbaum G., 1977. Knowledge and Ideology in the Sociology of Education. London,
Macmillan.
Bernstein В., 1967. Open Schools, Open Society ? New Society, 14 septembre. Reproduit in
Bernstein B. (1975), o.c. (67-75).
Bernstein В., 1971. On the Classification and Framing of Educational Knowledge. In Young,
éd., (47-69). Traduit et reproduit in Bernstein В. : Langage et classes sociales : Codes
socio-linguistiques et contrôle social, Paris, Ed. de Minuit, 1975, chap. 10.
Bernstein В., 1975. Class, Codes and Control, III : Towards a Theory of Educational
Transmissions. London, Routledge and Kegan Paul.
Bernstein В., 1975a. Classe et pédagogies : visibles et invisibles (traduction). Paris OCDE.
Blumer H., 1969. Sociological Implications of the Thought of George Herbert Mead. American
Journal of Sociology, 71, mars (535-544). Reproduit in COSIN et al, eds. (1971), o.c.
(2e éd. 1977 : 11-17).
226
Jean-Claude Forquin
227
Revue française de sociologie
Heyman R.D., 1976. The Sociology of Knowledge/The Sociology of Education. The Journal
of Educational Thought, 10, 2, août (142-154).
Hine R.J., 1975. Political Bias in School Physics. Hard Cheese, 4-5 (93-96).
Hirst P., 1965. Liberal Education and the Nature of Knowledge. In Archambault R.D. éd.,
o.c. (113-138).
Hirst P., 1969. The Logic of the Curriculum. Journal of Curriculum Studies, 1,2 (142-158).
Reproduit in Hooper R., ed. (1971), o.c. (232-250).
Hirst P.H., 1974. Knowledge and the Curriculum. London, Routledge and Kegan Paul.
Holly D., 1977. Education and Social Relations of a Capitalist Society. In Young et Whitty,
eds, o.c. (172-191).
Holt M., 1978. The Common Curriculum. Its Structure and Style in the Comprehensive School.
London, Routledge and Kegan Paul.
Hooper R., éd., 1971. The Curriculum : Context, Design and Development. Edinburgh, Oliver
and Boyd et Open University Press.
Hoyle E., 1969. How does a Curriculum Change ? Journal of Curriculum Studies, 1, 2
(132-141) et 1,3 (230-239). Reproduit in Hooper R., ed. (1971), o.c. (374-398).
Hughes P.W., ed., 1972. The Teachers Role in Curriculum Design. London, Angus and
Robertson.
Jackson P.W., 1968. Life in Classrooms. New York, Holt, Rinehart and Winston.
Jenks C, ed., 1977. Rationality, Education and the School Organization of Knowledge. Papers
for a Reflexive Sociology of Education. London, Routledge and Kegan Paul.
Jenks C, 1977a. Powers of Knowledge and Forms of the Mind. In Jenks, ed., o.c. (23-38).
Johnson R., 1976. Notes on the Schooling of the English Working Class (1780-1850). In Dale
R., Esland G. et MacDonald M. eds. (1976), o.c. (44-53).
Karabel J. et Halsey A.H., 1976. The New Sociology of Education. Theory and Society, 3,4
(529-552).
Karabel J. et Halsey A.H., eds. 1977. Power and Ideology in Education. New York, Oxford
University Press.
Karabel J. et Halsey A.H., 1977a. Educational Research : A Review and an Interpretation.
In Karabel et Halsey, eds., o.c. (1-85).
Keddie N., 1970. The Social Basis of Classroom Knowledge. A Case Study. M.A. Thesis.
University of London.
Keddie N., 1971. Classroom Knowledge. In Young, ed. (1971), o.c. (133-160).
Keddie N., éd., 1973. Tinker, Tailor... The Myth of Cultural Deprivation. Hardmondsworth,
Penguin Books.
Keddie N., 1976. Education as a Social Construct. In Jenks, ed., o.c. (9-22).
Kerr J.F., ed., 1968. Changing the Curriculum. London, University of London Press.
King R., 1979. The Search for the « Invisible » Pedagogy. Sociology, 13, 3, septembre
(445-458).
King R., 1981. Bernstein's Sociology of the School : A Further Testing. British Journal of
Sociology, 32, 2, juin (259-265).
Lacey C, 1970. Hightown Grammar. Manchester University Press.
Lawn M. et Barton L., 1981. Rethinking Curriculum Studies : A Radical Approach. London,
Croom Helm.
Lawton D., 1969. The Idea of an Integrated Curriculum. University of London Institute of
Education Bulletin, 19 (5-11).
Lawton D., 1973. Social Change, Educational Theory and Curriculum Planning. London,
University of London Press.
Lawton D., 1975. Class, Culture and the Curriculum. London, Routledge and Kegan Paul.
Lawton D., 1977. Education and Social Justice. London, Sage.
Lawton D., 1980. The Politics of the School Curriculum. London, Routledge and Kegan Paul.
Lawton D., 1981. The Curriculum and Curriculum Change. In Simon B. et Taylor W., eds.,
o.c. (111-123).
Layton D., 1973. Science for the People. The Origins of the School Science Curriculum in
England. London, Allen and Unwin.
McCann P., ed. 1977. Popular Education and Socialization in the Nineteenth Century. London,
Methuen.
229
Revue française de sociologie
Mannheim К., 1936. Ideology and Utopia : An Introduction to the Sociology of Knowledge.
London, Routledge and Kegan Paul.
Midwinter E., 1972. Social Environment and the Urban School. London, Ward Lock.
Midwinter E., 1973. Patterns of Community Education. London, Ward Lock.
Musgrave P.W., 1970-1971. Towards a Sociology of the Curriculum. Paedagogica Europaea
6 (37-49).
Musgrave P.W., 1972. Social Factors Affecting the Curriculum. In Hughes, éd., о. с.
Musgrave P.W., 1973. Knowledge, Curriculum and Change. London, Angus and Robertson.
Musgrove F.W., 1968. The Contribution of Sociology to the Study of Curriculum. In Kerr,
éd., o.c. (96-109).
Musgrove F., 1973. Power and the Integrated Curriculum. Journal of Curriculum Studies, 5
(3-12).
Ozolins U., 1979. Lawton's Refutation of a Working-Class Curriculum. Melbourne Working
Papers. University of Melbourne.
Panofsky E., 1967. Architecture gothique et pensée scolastique. Traduction : Paris, Editions de
Minuit.
Pring R., 1970. Curriculum Integration. London Institute of Education Bulletin, printemps
(4-8). Reproduit in Hooper R., ed. (1971), o.c. (265-272).
Pring R., 1972. Knowledge Out of Control. Education for teaching, 89, automne (19-23).
Pring R., 1975. Bernstein's Classification and Framing of Knowledge. Scottish Educational
Studies, 7, 2 (67-74).
Pring R., 1976. Knowledge and Schooling, London, Open Books.
Reid W.A., 1978. Thinking about the Curriculum. London, Routledge and Kegan Paul.
Reid W.A. et Walker D.F., eds., 1975. Case Studies in Curriculum Change : Great Britain and
the United States. London, Routledge and Kegan Paul.
Reynolds J. et Skilbeck M., 1975. Culture and the Classroom. London, Open Books.
Sarup M., 1978. Marxism and Education. London, Routledge and Kegan Paul.
Schutz A., 1962. Collected Papers I : The Problem of Social Reality. La Haye, Martinus
Nijhoff.
Schutz A., 1964. Collected Papers II : Studies in Social Theory. La Haye, Martinus Nijhoff.
Schutz A., 1967. The Phenomenology of the Social World. Evanston, North Western University
Press.
Sharp R., 1980. Knowledge, Ideology and the Politics of Schooling. Towards a Marxist Analysis
of Education. London, Routledge and Kegan Paul.
Sharp R. et Green A., 1975. Education and Social Control. A Study in Progressive Primary
Education. London, Routledge and Kegan Paul.
Shaw В., 1973. The Sociology of Knowledge and the Curriculum. British Journal of
Educational Studies, 21,3, octobre (277-289).
Shepherd J. et al, 1977. Whose Musk ? A Sociology of Musical Languages. London, Latimer
New Dimensions.
Shepherd J. et Vulliamy G., 1983. A comparative Sociology of School Knowledge. British
Journal of Sociology of Education, 4, 1 (4-18).
Shipman M.D., 1973. Bias in the Sociology of Education. Educational Review, 25, 3, juin
(190-200).
Shipman M.D., 1974. Inside a Curriculum Project. London, Methuen.
Shipman M.D. et Raynor J., eds., 1972. Perspectives on the Curriculum. Bletchley, The Open
University Press.
Simon B. et Taylor W., eds., 1981. Education in the Eighties : The Central Issues. London,
Batsford.
Skilbeck M., 1976. School Based Curriculum Development. Bletchley, The Open University
Press (Open University Course E 203, unit 26).
Skilbeck M., 1982. A Core Curriculum for the Common School. University of London Institute
of Education. (An Inaugural Lecture).
Skilbeck M. et Harris A., eds., 1976. Culture, Ideology and Knowledge. Bletchley, The Open
University Press (Open University Course E 203, units 3-4).
Smith D., 1976. Codes, Paradigms and Folk Norms : An Approach to Educational Change
with Particular Reference to the Work of Basil Bernstein. Sociology, 10 (1-19).
230
Jean-Claude Forquin
231
Revue française de sociologie
Young M.F.D., 1973. Taking Sides against the Probable : Problems of Relativity and
Commitment in Teaching and the Sociology of Knowledge. Educational Review, 25
(210-223). Reproduit in Jenks, ed. (1977), o.c. (86-96).
Young M.F.D., 1973a. Educational Theorizing : A Radical Alternative. Education for
Teaching, 91, été (7-11).
Young M.F.D., 1974. Notes for a Sociology of Science Education. Studies in Science Education,
1 (51-60).
Young M.F.D., 1975. Curriculum Change : Limits and Possibilities. Educational Studies, 1,
2, juin (129-138). Reproduit in Young et Whitty, eds. (1977), o.c. (236-252).
Young M.F.D., 1976. The Schooling of Science. In Whitty et Young, eds. (1976), o.c. (47-62).
Young M.F.D., 1977. School Science. Innovations or Alienation. In Woods et Hammersley,
eds., o.c. (250-262).
Young M.F.D. et Whitty G., eds. 1977. Society, State and Schooling : Readings on the
Possibilities for Radical Education. Ringmer, The Falmer Press.
Young M.F.D. et Whitty G., 1977a. Locating the Problem. In Young et Whitty, eds. (1977),
o.c. (16-25).
232