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Tomber sept fois, se relever huit [Philippe

Labro]

Autor(en): Prélaz, Catherine

Objekttyp: BookReview

Zeitschrift: Générations : aînés

Band (Jahr): 34 (2004)

Heft 2

PDF erstellt am: 25.03.2024

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Culture

Philippe Labro
Un homme éparpillé
Un métier passionnant, la
célébrité, une famille aimante: tout pour être heureux,
comme on dit. Philippe Labro a pourtant sombré dans une profonde dépression.
L'homme de médias, le romancier en fait le récit. Un témoignage poignant et généreux.

plus meurtriers que la maladie ment il ne trouve pas d'où ça


ou la dépression, on l'avait dit vient, mais il ne parvient pas à
fini, anéanti. mettre un mot sur le mal.
Oppressé, il croit à un problème
«Une loque» cardiaque, il consulte, refusant ce
qui est déjà l'évidence. Le «pauvre
Philippe Labro raconte, en toute clown» - comme il se désigne
sincérité, deux ans de cauchemar. -
apprendra de son cardiologue
L'effondrement, le fond du que c'est ailleurs que ça se
trou et enfin, le jour où l'on n'y passe. Mais il n'entend pas. Pour
croyait plus, une toute petite que le mot «dépression» prenne
envie de quelque chose pour se toute sa réalité, il faudra une
raccrocher à la vie. Nulle volonté crise d'angoisse absolue, jusqu'à
de nombrilisme dans ses propos, l'idée de se donner la mort.
juste le besoin de dire à quel Avant cela, il continuera de parader.
point c'est terrible, inattendu, «Regardez-le se déplacer, le
désespérant... de témoigner aussi brillant journaliste, le sémillant
que l'on peut en sortir, de ce écrivain, patron de médias, au
«novembre de l'âme». En connaisseur, contact des princes et des voyous
il parvient à expliquer à de ce monde, regardez le gagneur,
ceux qui confondent petite le gagnant, l'autrefois beau
déprime et dépression profonde bel homme mûr aujourd'hui,
garçon,

qu'il y a un monde entre les deux. celui qui a tout pour lui: une
«Qu'est-ce qui se passe pour femme qui l'aime, des enfants
Philippe Labro raconte son chemin pour sortir de la dépression. que, d'un seul coup, ta vie ait qui s'épanouissent, celui qui a
éclaté comme le verre que tu traversé l'Amérique, la guerre
viens de laisser tomber en d'Algérie, les épreuves, une semi-
et dont, à quatre pattes
morceaux mort à Cochin. Regardez cette
Il a failli mourir vraiment, Mais une autre épreuve sur le carreau de la cuisine, tu allure de vaincu, cette démarche

S/ terrassé par une bactérie


qui en voulait à son
l'attendait. Trois ans plus tard, le

goût de vivre le quitte. Pas plus


cherches les éclats, les millimètres
de verre, pour que tu finisses
lassée, ce revenu de tout, fragile,
frileux et vulnérable.»
système respiratoire. C'était il
y a de virus que de bactérie cette par t'écrouler à même le sol,
quelques années et le célèbre fois-ci... juste une intense lassitude, totalement vaincu. C'est quoi, Molécule
homme de médias n'était plus une profonde dépression. tout ça Te voilà couché, bras en
et confiture
qu'un corps souffrant relié à une «Telle est la vie: tomber sept fois croix, dans ta cuisine, une loque,
machine, un homme dans le coma et et se relever huit», dit un poème incapable de te ressaisir. Mais Lorsqu'enfin le diagnostic est
qui fit
un étrange voyage quelque populaire japonais. Philippe Labro, c'est quoi «Je ne sais pas ce posé, accepté, et les antidépresseurs

part entre ici et là-bas. En 1996, il une fois de plus, s'est relevé. Il a que c'est» est une phrase inexacte. prescrits, Philippe Labro
publiait La Traversée, témoignage fallu du temps. Dans le Paris des Il faudrait dire: je ne sais pas ce attend un mieux... qui ne vient
de ces heures sombres dont il médias, des «people», dans cet que je suis. Comment je suis pas. Il faudra du temps encore,
revint plus amoureux de la vie, univers où l'on jase, où les devenu cet éparpillement, cette un autre médecin, un autre
plus serein, plus aimant des siens. couteaux dans le dos sont souvent réduction d'homme.» Non seule¬ la bonne molécule. «Un
traitement,

Février 2004
Livres

matin, au cours du petit-déjeuner, guérison avait commencé. Mais dans la nuit, pour qu'il accepte «Tu apprendras d'elle», lui avait-
alors que je venais de tremper je ne le savais pas.» de se faire aider plutôt que de se on dit. Ce qu'il a appris, Philippe
une tartine de pain dans le Il entame alors un retour, laisser mourir. Son expérience Labro a choisi de le partager. On
thé et que je l'avais portée à ma d'abord timide, à la vie,
puis au nous dit aussi que la dépression tombe, on se relève avec lui... tout
bouche, j'ai eu cette pensée monde. Grandi par l'épreuve, peut frapper à tout âge. Même si au long d'un récit qui nous dit
fulgurante: «Tiens, cette confiture a Philippe Labro rend hommage à Labro avait atteint celui où d'autres autrement ce qu'une certaine
du goût.» Je n'ai pas compris l'ont jamais Barbara a chanté de façon
ses proches qui ne prennent leur retraite, les
tout de suite la signification lâché, même dans les pires plus hautes fonctions professionnelles phénoménale dans Le Mal de Vivre...

énorme de cet événement moments. honore aussi cette


Il l'attendaient. Aujourd'hui,
Catherine Prélaz
gigantesque: la tartine avait du goût!
-
petite flamme instinct de survie il se dit que sa dépression était
Et j'avais faim. C'était pourtant
-
qui, au fond de lui, a bien peut-être le signe qu'il ne voulait >>> Tomber Sept Fois, se relever
bien de cela qu'il s'agissait: ma dû continuer de brûler même pas d'une telle charge. Fluit, Philippe Labro, Albin Michel.

Talents de femmes

L'œil de la cinéaste avant que des personnalités le récit... mais il y a l'espoir aussi : perdue toujours présente en elle.
masculines. Justice est ici rendue, du «Ne crains rien, les étoiles veillent Une écriture bouleversante, mais
«Un mot s'applique au travail moins symboliquement, à vingt sur toi.» Des extraits de poèmes, au bout du chemin, peut-être, un
de Jacqueline Veuve: le souffle.» femmes. Scientifique ou l'évocation d'œuvres musicales semblant de sérénité.
En une centaine de pages, la tête de file de la lutte
musicienne, glissent une douceur éperdue dans un >>> Les Enfants de la Brume,

plume de Bertil Galland rend ouvrière ou pionnière de la radio texte aussi beau que terrible. Edith Flabersaat, L'Harmattan.
hommage à un regard de femme romande, chacune d'elles, féministe >» Survivre, Gilberte Favre,
qui a choisi le septième art pour déclarée ou non, a su mettre Editions Z.
Besoin d'étoiles
mieux comprendre et montrer le en avant son culot, son talent,
monde. Elle sait comme personne son courage et son sens de Suzy Doleyres a emprunté le
filmer des destins. Ainsi, lorsque l'engagement. Une galerie de beau titre de ce roman historique
la cinéaste éprise de documentaire pleins de vie... pour dire
portraits à Guillaume Apollinaire. Mais c'est
avait consacré un film à son entre les lignes que la femme, une femme qui en est l'héroïne.
propre fils, artiste peintre, «elle aujourd'hui encore, n'a pas gagné Née au 1856 au Lode, Adèle
avait choisi une approche de longue définitivement la place qui lui Huguenin deviendra romancière,
haleine. La cinéaste manifestait revient pourtant de droit. conférencière, et pacifiste. A partir
là son goût des destinées >» Du Salon à l'Usine Vingt - de 1918, dans une Europe laissée
humaines perçues dans le long Portraits de Femmes, Corinne exsangue par la guerre, elle se
terme.» Jacqueline Veuve a dirigé Dallera et Nadia Lamamra, fait appeler T. Combe et collabore
son objectif sur des artistes et des Coédition CLAFV-ADF-Ouverture. notamment à des publications à
traditions, des métiers, des moments but social. La romancière
de notre histoire. De la diversité Ledrame rend hommage à celle
d'aujourd'hui

des thèmes et de la qualité du


des disparus Enfance, souffrance d'hier, clin d'œil d'une femme à
regard est née une oeuvre, constante une autre par-delà le temps qui
et profonde. Depuis trente ans, elle parcourt D'un récit à l'autre, l'écrivain passe. On sent entre les deux cette
>» Une femme de cinéma - le monde, avec une prédilection genevois Edith Ffabersaat révèle communauté d'âme, ce goût du
Jacqueline Veuve et le nouvel pour le Moyen-Orient, tout en une plume à la sensibilité exacerbée, combat pour la paix.
envol du film documentaire, gardant son port d'attache en qui sait dire la douleur avec >>> Il est grand temps de rallumer

par Bertil Galland, Editions de Suisse. En chemin, Gilberte Favre autant de poésie que de pudeur. les étoiles, Suzy Doleyres,
la Thièle/Cinémathèque suisse. portait depuis longtemps en elle Dans la plupart de ses romans, on Editions de l'Aire.
ce magnifique et bouleversant croise des enfants qui souffrent,
récit publié récemment. A travers des adultes qui ont encore mal à
L'histoire au féminin leur enfance. Le destin de Carina
le destin d'un père et de son fils, Suzv Doleyres

A l'initiative de l'Association de Thomas et d'Alexis séparés Vallier a gardé le visage d'une


vaudoise pour les droits de la dans un pays en guerre, c'est petite fille assistant, impuissante,
femme du Centre de liaison des l'histoire d'une quête qu'elle nous à la dislocation de sa famille.

associations féminines vaudoi- fait partager, quête de l'autre et Pauvreté. Solitude. Et le rêve pour
ses, l'année du bicentenaire de ce quête de soi. Elle la dédie à tous échapper au présent, la musique
canton a vu la parution d'un ceux qui, aujourd'hui encore, pour faire danser la vie. Le récit Il est grand
temps
ouvrage consacré à des femmes attendent leurs «disparus». «Où se joue du temps; Carina adulte, de rallumer
qui ont contribué à écrire es-tu, mon petit garçon? Manges- enseignante aux prises avec le les étoiles

l'histoire... alors
que les grandes tu à ta faim? Es-tu heureux, es-tu mal-être des ados d'aujourd'hui,
commémorations ne mettaient en vivant?» L'angoisse du père scande semble dialoguer avec l'enfant

Février 2004

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